Claude Simon Et Marcel Proust : Lecture D’Une « Recherche Du Temps Perdu » Simonienne
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CLAUDE SIMON ET MARCEL PROUST : LECTURE D’UNE « RECHERCHE DU TEMPS PERDU » SIMONIENNE par Katerine Gosselin Département de langue et littérature françaises Université McGill, Montréal Thèse soumise à l’Université McGill en vue de l’obtention du grade de Ph. D. en langue et littérature françaises Novembre 2010 © Katerine Gosselin, 2010 1 RÉSUMÉ Cette thèse porte sur le rapport qu’entretient l’œuvre de Claude Simon (1913- 2005) avec celle de Marcel Proust (1871-1922). Elle propose d’interroger l’œuvre simonienne, au-delà des nombreuses références explicites à la Recherche du temps perdu qu’elle contient, en tant qu’elle concourt à un accomplissement romanesque proprement proustien. À cette fin, elle étudie quatre romans de Simon : La Route des Flandres (1960), Histoire (1967), Les Géorgiques (1981) et L’Acacia (1989), qu’elle appréhende comme une « recherche du temps perdu » simonienne. La constitution cyclique de l’œuvre simonienne est identifiée comme la forme principale de l’accomplissement proustien vers lequel elle tend. L’œuvre de Simon est constituée pour sa plus grande part d’un cycle de romans familiaux, au fil desquels un narrateur mène une seule et même quête identitaire. Afin de comprendre comment cette « recherche » est menée de La Route des Flandres à L’Acacia, cette thèse suit le cours du cycle simonien parallèlement à celui de la Recherche du temps perdu, de manière à définir chacune des étapes structurelles de la quête, de son énonciation à son accomplissement. L’objectif de cette lecture parallèle n’est pas de comparer le cycle des romans familiaux simoniens à la Recherche, mais bien de comprendre comment, dans quelle mesure et par quels moyens ce cycle reconduit l’entreprise romanesque proustienne. Ainsi, il est établi que la « recherche du temps perdu » simonienne expose une situation précaire du sujet dans le cycle de l’Histoire, laquelle transporte l’entreprise proustienne sur un nouveau terrain, et désigne comme accomplissement de la quête identitaire l’énonciation d’un sujet transgénérationnel. Ce faisant, cette thèse veut donner une nouvelle orientation à l’étude du rapport de Simon à Proust, que la critique a abordé jusqu’à maintenant par le biais des études intertextuelles, thématiques et stylistiques. 2 SUMMARY This thesis is dedicated to the connection between the work of Claude Simon (1913-2005) and that of Marcel Proust (1871-1922). It examines Simon’s work, beyond the explicit references to À la Recherche du temps perdu (In Search of Lost Time) which it contains, as it strives for the fulfillment of a wholly Proustian novelistic project. Therefore, it proposes a reading of four of Simon’s novels : La Route des Flandres (1960), Histoire (1967), Les Géorgiques (1981) and L’Acacia (1989) as a Simonian « search for lost time ». The cyclical structure of Simon’s work is identified as the principal form of Proustian accomplishment towards which it tends. Simon’s oeuvre is predominantly made up of novels tracing a family’s history, during which a narrator leads a singular and ongoing quest for identity. In order to understand how this « search » is undertaken from La Route des Flandres to L’Acacia, it traces the path of the Simonian cycle and that of À la Recherche du temps perdu in tandem, so as to define each of the structural steps in the search, from enunciation to accomplishment. The aim of this parallel reading is not to compare Simon’s cycle of novels to Proust’s À la Recherche du temps perdu, but rather to understand how, by what means this cycle renews the Proustian novelistic project. In this way, it is established that the Simonian « search for lost time » reveals the precarious position of the subject in relation to the cycle of History, transporting the Proustian project to a new domain and designating the enunciation of a transgenerational subject as the accomplishment of the search for identity. In so doing, this thesis aims to provide a new perspective on studies regarding Simon’s relationship with Proust, which criticism has, until present, tackled in light of intertextual, thematic and stylistic studies. 3 REMERCIEMENTS Mes remerciements s’adressent en premier lieu à ma directrice de recherche, madame Isabelle Daunais. Je dois énormément à madame Daunais, pour ses lectures toujours attentives et perspicaces de mon travail et pour ses conseils judicieux, grâce auxquels j’ai pu mener à terme cette thèse. Également, je dois remercier ma directrice pour sa grande disponibilité et son soutien constant, qui ont beaucoup compté tout au long de mes études doctorales. De tout cœur, et pour tout, merci. Je remercie madame Frances Fortier pour sa lecture éclairante de mon travail ; ses commentaires ouvrent de riches pistes de recherche, que je compte bien suivre dans un avenir rapproché. Je remercie de même monsieur Arnaud Bernadet et madame Gillian Lane-Mercier pour leurs conseils, qui me guideront dans la poursuite de mes travaux. Je remercie madame Tiphaine Samoyault pour le regard éclairant qu’elle a porté sur mon travail au cours de mon séjour à Paris en 2008. Merci également à monsieur Christophe Pradeau pour sa disponibilité et ses conseils. Je remercie chaleureusement mes collègues, membres du groupe de recherche TSAR (« Travaux sur les arts du roman ») de l’Université McGill, avec lesquels j’ai eu de nombreux échanges ; collègues, amis, merci pour les idées échangées et le soutien apporté. 4 Merci à mon frère et mes parents pour l’intérêt qu’ils portent toujours à mon travail. Merci pour votre confiance, votre enthousiasme, vos encouragements, votre présence. Un énorme merci à mon conjoint Philippe ; merci pour tes lectures et tes conseils, mais aussi et surtout pour ta présence entière, ta confiance inébranlable, ton écoute, qui m’ont donné la force et le courage de me rendre jusqu’au bout de cette aventure. Cette recherche a été rendue possible grâce à des bourses octroyées par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), le Département de langue et littérature françaises de l’Université McGill et la Faculté des arts de l’Université McGill. 5 ÉDITIONS UTILISÉES ET ABRÉVIATIONS Trich Le Tricheur, Paris, Sagittaire, 1945. CR La Corde raide, Paris, Sagittaire, 1947. He L’Herbe, Paris, Minuit, 1958. RF La Route des Flandres, Paris, Minuit, coll. « Double », 1982 [1960]. P Le Palace, Paris, Minuit, 1962. Hi Histoire, Paris, Minuit, 1967. BP La Bataille de Pharsale, Paris, Minuit, 1969. G Les Géorgiques, Paris, Minuit, 1981. DS Discours de Stockholm, Paris, Minuit, 1986. A L’Acacia, Paris, Minuit, 1989. JP Le Jardin des Plantes, Paris, Minuit, 1997. Tram Le Tramway, Paris, Minuit, 2001. RTP (I, II, III, IV) À la recherche du temps perdu, éd. Jean-Yves Tadié, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1987, 4 vol ; vol. 1 : Du Côté de chez Swann, À l’ombre des jeunes filles en fleurs (Première partie) ; vol. 2 : À l’ombre des jeunes filles en fleurs (Deuxième partie), Le Côté de Guermantes ; vol. 3 : Sodome et Gomorrhe, La Prisonnière ; vol. 4 : Albertine disparue, Le Temps retrouvé. Les références à ces œuvres seront indiquées dans le texte même, entre parenthèses, après les citations. 6 TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ 1 SUMMARY 2 REMERCIEMENTS 3 ÉDITIONS UTILISÉES ET ABRÉVIATIONS 5 INTRODUCTION 9 1. Un rapport problématique 9 2. La référence proustienne dans le discours de Simon 18 3. La référence proustienne dans l’œuvre de Simon 30 3.1. De La Corde raide à Histoire ..................................................................... 30 3.2. La Bataille de Pharsale et les romans des années soixante-dix .................... 36 3.3. Les années quatre-vingt : Les Géorgiques et L’Acacia.................................. 44 3.4. Les derniers romans : Le Jardin des Plantes et Le Tramway......................... 47 4. Le rapport de Simon à Proust dans la critique 52 4.1. Intertextualité et filiation : la rupture avec Proust.................................... 55 4.2. Filiation proustienne : thématique, stylistique et esthétique ..................... 65 4.3. Intertextualité et dialogue : le rapport à Proust comme dynamique.......... 70 5. Propositions théoriques : problématique et hypothèses de recherche 75 CHAPITRE 1 – ENTRÉE DANS LA « RECHERCHE DU TEMPS PERDU » SIMONIENNE 88 1. Réflexivité de la « recherche » : une enquête sur un sujet scindé 88 2. L’art d’Elstir et de Van Velden : le sujet réconcilié sur la toile 98 2.1. La photographie de l’atelier dans Histoire ................................................ 98 2.2. Les marines d’Elstir dans À l’ombre des jeunes filles en fleurs.......................106 2.3. La leçon d’Elstir et de Van Velden.........................................................113 3. Situations des protagonistes proustien et simonien 117 3.1. Intensité(s) de l’apprentissage phénoménologique..................................117 3.2. Georges contre Pierre ou voir contre savoir dans La Route des Flandres....123 3.3. Échec de la vision de Georges ...............................................................128 4. Premier détour : La Corde raide ou l’impossibilité de la Recherche 136 5. La « recherche du temps perdu » simonienne : enquête sur un sujet transgénérationnel 145 6. Second détour : L’Herbe, matrice de la « recherche » simonienne 157 6.1. La mort symbolique de Georges ............................................................157 6.2. Georges, un Je sans moi, ou le moi impossible d’un « Je hors je »...........168 6.3. L’Herbe, une pré-Histoire ........................................................................174 7 7. Savoir