La Peinture Ou Les Leçons Esthétiques Chez Marcel Proust = Painting Or the Aesthetic Lessons in Works of Marcel Proust
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La peinture ou les leçons esthétiques chez Marcel Proust = Painting or the Aesthetic Lessons in Works of Marcel Proust Author: Yaejin Yoo Persistent link: http://hdl.handle.net/2345/2508 This work is posted on eScholarship@BC, Boston College University Libraries. Boston College Electronic Thesis or Dissertation, 2010 Copyright is held by the author, with all rights reserved, unless otherwise noted. Boston College The Graduate School of Arts and Sciences Department of Romance Languages and Literatures LA PEINTURE OU LES LEÇONS ESTHÉTIQUES CHEZ MARCEL PROUST (Painting or the Aesthetic Lessons in Works of Marcel Proust) a dissertation by YAEJIN YOO submitted in partial fulfillment of the requirements for the degree of Doctor of Philosophy December 2010 © copyright by YAEJIN YOO 2010 Abstract La peinture ou les leçons esthétiques chez Marcel Proust YaeJin Yoo Dissertation Director: Professor Kevin Newmark This study focuses on the intricate connection between painting and writing in A la recherche du temps perdu, the one and only novel completed by Marcel Proust. Painting and writing, although different in their methods of expression, with the former consisting of visual images and the latter consisting of words, have a fundamental objective in common which is creating images in order to reveal the real essence of life. Proust develops correspondences between paintings (that he describes verbally) and writings not only to portray his novelistic characters, but also to reinforce his aesthetics of writing. This study stresses that correspondence to which Proust gives the name of metaphor. By choosing metaphor as the most important criterion in writing the novel which the Narrator decides to undertake at the very end of la Recherche, he speaks for Proust who elevates metaphor as the central rhetorical figure of his writing. Metaphor gives to the Proustian world a sense of continuity and homogeneity despite its innate fragmentary and dispersed impressions. In the Proustian novel, memories are incomplete, and loves are sporadic. Time and space are never continuous. Yet a homogenous ensemble is brought forth from this universe in fragments. It is metaphor that gives unity to those diverse elements by abolishing the borders that separate them. The principle of metaphor brings distant elements closer. Swann’s way unites with the Guermantes’, past transposes over present. By comparing painting and writing in the Proustian novel, I am able to emphasize the author’s aesthetics, at the foundation of which lies metaphor. LA PEINTURE OU LES LEÇONS ESTHÉTIQUES CHEZ MARCEL PROUST Table des matières Remerciements iii Abréviations iv Introduction 1 Chapitre 1. Ruskin, initiateur de Proust à la peinture 19 1. Les Images de Venise 20 2. J. M. W. Turner 33 3. Les Préraphaélites 44 4. L’Esthétique de la morale 54 5. Le Péché d’idolâtrie 63 6. La Matière de l’œuvre d’art et la mission d’artiste 74 Chapitre 2. Les Peintres italiens et hollandais 84 1. Giotto : la vision personnelle d’une dimension allégorique 85 2. Botticelli : la force de l’imagination 103 3. Carpaccio : Venise revisitée 112 4. Rembrandt : le peintre de la lumière intérieure 131 5. Vermeer : Vue de Delft comme la métaphore de l’écriture idéale 141 i Chapitre 3. L’Esthétique impressionniste proustienne 158 1. Les Impressions personnelles profondes, seul critérium de vérité 161 2. Contre l’intelligence 173 3. L’Ecriture phénoménologique : l’effet avant la cause 186 4. La Métaphore elstirienne 196 5. La Peinture moderne du Temps 209 Conclusion 220 Bibliographie 231 ii Remerciements Je tiens à remercier mon directeur de thèse, professeur Kevin Newmark, qui m’a toujours encouragée à aller au fond de l’analyse. Sans son aide précieuse, je n’aurais jamais compris ce qu’est un véritable travail de recherche et d’interprétation. Je remercie également professeur Matilda Bruckner qui m’a appris à avoir une vue plus large et à voir un tableau d’ensemble. De même, tous mes remerciements vont à professeur Norman Araujo qui a fait preuve d’une lecture si patiente et détaillée. Je voudrais également exprimer toute ma gratitude au Département des Langues et Littératures Romanes de Boston College et particulièrement à professeur Laurie Shepard pour m’avoir accordé les bourses, ce qui m’a permis de continuer les études et de finir la thèse. iii Abréviations Les Ouvrages de Proust A la recherche du temps perdu : CS Du côté de chez Swann JF A l’ombre des jeunes filles en fleurs CG Le Côté de Guermantes SG Sodome et Gomorrhe P La Prisonnière AD Albertine disparue TR Le Temps retrouvé Les Traductions de Proust BA La Bible d’Amiens SL Sésame et les lys iv Introduction La peinture occupe une place privilégiée dans A la recherche du temps perdu dans la mesure où elle fonctionne comme métaphore de l’écriture. La peinture et l’écriture, toutes les deux créatrices d’images, sont les moyens qui permettent à l’artiste de dévoiler l’essence des choses. Pourtant les images ainsi créées se distinguent de par leur origine. La peinture crée l’image visuelle alors que l’écriture crée l’image non- visuelle. En intégrant la peinture dans son écriture, Proust propose un équivalent visible de l’écriture. La peinture fait sortir du livre l’image visible et la met à la portée du lecteur. Ainsi, grâce à la peinture, l’écriture sort du cadre des mots pour avoir une existence visuelle. A première vue, le choix de la peinture pourrait surprendre le lecteur qui attend plutôt la musique comme l’art de figurer le temps. Là où la musique tient en elle l’élément temporel, la peinture est dépourvue du lien avec le temps. Toute musique a un début, un milieu et une fin, alors que l’image créée par la peinture est immédiate et instantanée. La peinture n’a pas besoin de durée pour créer une impression chez le spectateur. Or, l’impression est à la fois l’image qu’un mouvement particulier de la peinture contemporaine s’est voué à exprimer et l’“écriture”, si nous remontons à l’origine du terme. L’étymologie du terme rappelle que l’impression, c’est une technique qui a rapport avec l’empreinte, la gravure, la typographie, donc l’écriture. L’impression est par conséquent une image qui écrit ou un mot qui dessine. Le choix de la peinture nous permet de relever le défi posé par elle : serrer le lien avec l’écriture afin de lui donner une image visuelle et faire figurer le temps comme en ferait l’art de la musique. Beaucoup de critiques se sont intéressés à analyser l’influence de tel peintre 1 particulier sur Proust, ce qui a abouti à la publication d’études de façon plutôt sporadique et dispersée de type Proust et le peintre X.1 Si ce type d’étude peut éclaircir certains aspects particuliers de l’écriture proustienne, il ne permet pas de saisir toute l’ampleur de la relation que la peinture entretient avec l’esthétique romanesque proustienne. Dans notre thèse, nous proposons d’analyser l’importance significative de la peinture dans la composition de l’œuvre maîtresse de Proust en mettant l’accent sur le principe de la métaphore qui régit l’univers de l’auteur. Dans le monde proustien, la peinture est un prétexte pour parler de la littérature. Qu’ils soient réels ou fictifs, les tableaux et les peintres sont intégrés pleinement à la structure et à la thématique du roman. Parmi tous ces tableaux et peintres, certains ont la particularité d’incarner le principe de la métaphore de l’esthétique proustienne. C’est à ces tableaux et peintres que nous nous intéresserons plus particulièrement. Sous le masque d’une œuvre picturale ou d’un peintre, Proust développe sa propre esthétique métaphorique. Comme l’écrivain qui dévoile l’essence de la vie par les mots, le peintre a pour fonction de traduire la vérité cachée au moyen de ses toiles qui sont les fragments de son monde intérieur. Ce travail de déchiffrage et de traduction doit être accompagné de l’exercice de la vision de l’artiste, la vision que Proust appelle “le style pour l’écrivain” et “la couleur pour le peintre” (TR 202). Grâce à la vision de l’artiste, la vérité qui est distincte du “déchet de l’expérience” peut être révélée. Pour Proust cette vérité, étant quelque chose d’immatériel, d’extra-temporel et de non-intellectuel, existe en chacun de nous et attend d’être révélée par l’artiste doté d’un regard nouveau. C’est à cette vérité que le narrateur de la Recherche voue le reste de sa 1 Les exemples suivants pris au hasard donnent une certaine aperçue du genre d’étude dont la peinture chez Proust a fait l’objet : Patrick Gauthier, « Proust et Gustave Moreau » 237-41 ; John Theodore Johnson Jr., « Proust and Giotto » 168-205 ; Kazuko Maya, « Proust et Turner: nouvelles perspectives » 111-26 ; Sophie Bertho et al., Proust et ses peintres. 2 vie pour la déchiffrer et la traduire. Ainsi, sa tâche est double : nous faire voir un monde nouveau que sans lui nous n’aurions pas vu, mais également nous apprendre à voir le plus clair en nous, nous faire comprendre notre propre identité. Au cours de la quête, le narrateur découvre que la vérité ne se dégage que par ce qu'un critique astucieux appelle “l’autre de la chose” (Boyer 29). L’enfance à Combray se retrouve dans une tasse de thé, les matinées de Doncières dans les hoquets du calorifère, le souvenir de Venise dans les pavés inégaux de la cour de l’hôtel des Guermantes, etc. Cela nous mène au principe de la métaphore qui est à la base de l’esthétique proustienne.