concert n°97 Conservatoire Lundi 18 juillet 2011 11h00

Iannis Xenakis

Rohan de Saram / violoncelle Jean-Pierre Robert / contrebasse Lori Freedman / clarinettes Geneviève Renon / alto

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Iannis Xenakis (1922-2001) Roscobeck (1996) - violoncelle et contrebasse

Iannis Xenakis Nomos Alpha (1966) - violoncelle solo

Iannis Xenakis Kottos (1977) - violoncelle solo

Iannis Xenakis Charisma (1971) - violoncelle et clarinette

Iannis Xenakis Embellie (1981) - alto solo

Iannis Xenakis Theraps (1975-1976) - contrebasse solo À propos du concert

Iannis Xenakis (1922-2001) ne se contenta pas d’être un des compositeurs majeurs de notre temps, il fut l’un des derniers humanistes, alliant la musique et l’art à la spéculation mathématique, scientifique et philosophique. S’il suivit d’abord la voie ouverte par Kodaly et Bartók, Xenakis emprunta, vers 1952-1953, un chemin plus aventureux où se mêlaient la force des musiques orales méditerranéennes et la nécessité de concevoir la matière sonore brute. Loin de la théorie sérielle qui, alors, dominait la première génération européenne, il élabora ses propres outils théoriques de composition. Depuis il n’a jamais cessé d’étonner le monde musical, réinventant sans cesse les concepts de temps ou d’espace dans la musique. Les œuvres de Xenakis trouvent leurs modèles structurels dans la nature et ses bruits (le vent, l’orage, la grêle sur une toile de tente…), dans le fracas des bombardements ou dans le chaos des mouvements de foule, autant de phénomènes dont la puissance engloutit l’individu, et dont la structure complexe peut être décrite mathématiquement. Si cet univers est toujours reconnaissable du fait de son penchant prononcé pour l’originalité – penchant qui fait de Xenakis l’un des plus éminents représentants de la modernité artistique –, il existe plusieurs entrées. Ses pages pour instrument seul ou pour duo se caractérisent par une extrême difficulté d’exécution qui repousse sans cesse les limites physiques de l’interprète. L’investissement de l’interprète constitue ainsi un véritable « paramètre musical » dans la musique de Xenakis, comme l’atteste ce programme de haute virtuosité.

Roscobeck (1996), violoncelle et contrebasse Les dernières pièces de Xenakis se caractérisent par une intériorisation plus poussée, un univers épuré où la tension même du son est palpable. Roscobeck joue ainsi sur les variations des textures, des graves de la contrebasse et des couleurs particulières du violoncelle, exigeant des interprètes une rare intensité. « Roscobeck, la deuxième œuvre (après Epicycles) que Iannis m’a dédiée, est une œuvre rarement jouée, tellement elle est difficile. » confirme le violoncelliste .

Nomos alpha (1966), violoncelle seul Nomos alpha est certainement la pièce la plus représentative de la musique dite « symbolique » de Xenakis. L’impact immédiat de l’écriture de cette première œuvre pour violoncelle seul est spectaculaire. « Avec cette pièce qui représente un défi à tout violoncelliste, Xenakis a révolutionné le jeu de l’instrument. Il a introduit de nombreuses innovations dont l’utilisation des quarts de tons, de doubles cordes avec articulations distinctes, des glissandi rapides, une polyrythmie impressionnante, qui oblige à accorder par moment l’instrument dans des tessitures extrêmes… A tel point que j’utilise un violoncelle d’étude pour jouer cette œuvre et non, mon violoncelle de trois siècles ! » souligne Rohan de Saram qui a gravé cette pièce en 1991 (label Montaigne) et en a fait un « classique » de son répertoire.

Kottos (1977), violoncelle seul « Kottos est l’un des géants aux cent bras que Zeus combattit et vainquit : allusion à la fureur et à la virtuosité nécessaires à l’interprétation de cette pièce. » (Iannis Xenakis) Il s’agit là de la deuxième pièce pour violoncelle seul, après Nomos Alpha de 1966. Comme à l’accoutumée, Xenakis indique pour l’interprétation un certain nombre de règles, parmi lesquelles on retiendra : « pas de sons jolis mais âpres, pleins de bruit... ». En effet, il y explore un son produit en écrasant les cordes près du chevalet, ce qui provoque une sorte de grincement irrégulier d’où il est impossible de reconnaître quelconque hauteur de son. Cette œuvre tente de dépasser les limites de l’écriture de cet instrument par les glissandi, la tessiture extrême, les quarts de ton, les micro-intervalles, les polyrythmies. Comme dans Dikhthas l’on retrouve cette atmosphère assez rageuse, exprimée par un discours d’un seul tenant, jouant sur la violence. Elle a été composée à l’occasion du concours Rostropovitch de 1977. À propos du concert

Charisma (1971), clarinette et violoncelle Cette pièce a été composée à la mémoire du compositeur Jean-Pierre Guézec, précocement disparu en mars 1971. « Comme commentaire, j’ai utilisé deux étranges et émouvants vers de l’Iliade d’Homère qui décrivent la mort de Patrocle et comment sa jeune âme entre aux enfers, pleurant l’issue fatale et la perte de la jeunesse et de la force. La musique, bien sûr, n’est pas seulement l’illustration de ces vers. La poésie et la musique font une sorte d’Épitaphe à la mémoire de ce jeune compositeur. » « Son âme, en s’envolant de ses membres, alla chez Adès, déplorant son sort, laissant la virilité et la jeunesse. » (Iannis Xenakis)

Embellie (1981), alto seul Embellie offre une atmosphère plus intimiste. On y retrouve les glissandi familiers chez le compositeur mais de façon plus libre. Quoique plus détendue que beaucoup d’autres pièces, la partition est bien dans la manière de Xenakis avec ces passages rugueux qui le distinguent, cette force et cette intensité qui traversent toujours sa musique. Embellie est ici interprété par l’altiste Geneviève Renon, qui a créé cette œuvre à en 1981.

Theraps (1975-1976), contrebasse seule L’exécution de cette œuvre mène l’interprète « jusqu’au gouffre, et au-delà ». Les premières mesures semblent d’emblée atteindre les limites physiques de l’interprète. Theraps fait alterner deux « zones contrastantes ». Une zone dans laquelle la musique est en état de flux, une autre constituée de paires de son harmoniques. A propos des jeux de main droite et main gauche, Xenakis indique : « Les traits chromatiques sont joués, autant que possible avec un seul doigt qui glisse par saccades d’une note à la suivante sans quitter la corde tout en respectant au maximum les durées des notes pendant les arrêts des doigts. L’archet ne devra pas articuler chaque note du trait, mais il faudra user d’un exécution legato, en changeant l’archet quand c’est nécessaire et en des points judicieux de la musique en prenant grand soin de ne pas casser la ligne. » biographies

Rohan de Saram

Virtuose international du violoncelle, Rohan de Saram travaille depuis 2005 autour de projets réunissant la musique de diverses périodes, d’Orient et d’Occident, classique et contemporaine, musique écrite et improvisation, avec des musiciens qui viennent d’horizons multiples. C’est comme artiste classique qu’il s’est d’abord fait un nom. Etudiant le violoncelle depuis l’âge de onze ans en Italie, il fut récompensé à l’âge de dix-sept ans par le prix Suggia qui lui permit d’étudier avec et . A l’invitation de Dmitri Mitropoulos, Rohan fit ses débuts à Carnegie Hall en 1960 avec le . Célébré comme un champion suprême de la musique contemporaine, Rohan a joué avec les plus prestigieux orchestres d’Europe, USA, Canada, Australie et l’ancienne Union Soviétique avec des chefs tels que John Barbirolli, , et . Berio écrivit pour lui sa dernière Sequenza n°XIV, pour violoncelle seul, qui comporte de longs passages basés sur les rythmes du tambour Kandyan, un instrument que Rohan a joué lui-même depuis son enfance au . Il a travaillé avec Kodály, Shostakovich, Poulenc et Walton, puis plus récemment avec de nombreux compositeurs contemporains majeurs comme Pousseur, Xenakis et Berio. Il a enregistré les Sonates de Vivaldi, les Suites pour violoncelle No 1-3 de Britten, des œuvres de John Mayer, Xenakis et Carter. Son enregistrement de la Sequenza n°XIV de Berio a été publié par Mode en avril 2006 et par Edition Zeitklang en 2010. Depuis sa démarche indépendante en 2005, Rohan a su multiplier et diversifier le répertoire, les musiciens auxquels il s’associe et ses prestations de manière très remarquable. En 2009, son interprétation en première mondiale de Chant, une œuvre pour violoncelle et orchestre de Toshio Hosokawa, a été longuement ovationnée. Avec Hosokawa, le travail se poursuit au Festival de Takefu au Japon. A Los Angeles il a donné un programme comprenant la première de Beyond The Reach Of The World de Param Virfor pour violoncelle seul et des œuvres de J.S. Bach, Pietro Locatelli et Luigi Boccherini.

Jean-Pierre Robert

Contrebassiste originaire de Tours, Jean-Pierre Robert obtient le premier prix de contrebasse du Conservatoire national supérieur de Paris en 1979. Il devient musicien soliste de l’Ensemble l’Itinéraire dirigé par Michaël Levinas, où il reste jusqu’en 2003. En parallèle, il multiplie les collaborations avec l’Ensemble Intercontemporain de , tout en revendiquant un « furieux besoin de désapprendre ». C’est en 1983 qu’il se révèle par son jeu soliste, créateur de musiques contemporaines, sur les scènes du Centre Pompidou et des festivals d’Avignon, La Rochelle, avec les musiques de Georges Aperghis, Iannis Xenakis, Horatiu Radulescu. À partir de 1995, il développe des recherches particulières dans les musiques avec électronique. C’est l’époque de ses Installations Sonores avec les musiques de Georges Aperghis et et ses 1 Contrebasse - 1 Humain avec les musiques de James Dillon, Brian Ferneyhough, Salvatore Sciarrino, Giacinto Scelsi, etc. Ce travail sur John Cage ouvre la période des Juxtapositions qui mettent en œuvre des formes ouvertes - Bruno Maderna, Karim Haddad, - aux côtés d’œuvres écrites ou d’actions bruitistes ; des juxtapositions aussi de styles musicaux, de la danse et du texte (avec Valère Novarina ou le compositeur et poète Jacques Rebotier notamment). Jean-Pierre Robert a publié « Les Modes de jeu de la contrebasse » (éd. Musica Guild). Lori Freedman

Souvent qualifiée de « révolutionnaire musicale », la clarinettiste Lori Freedman est reconnue mondialement parmi les interprètes les plus créatives de sa génération. Passionnée de musique contemporaine, improvisée et électroacoustique, elle collabore régulièrement avec des artistes du monde de la danse, du théâtre et des arts visuels. Plus de 45 compositeurs lui ont écrit des solos de clarinette basse. On peut l’entendre sur 28 disques, dont les plus récents sont Bridge, Plumb avec le tromboniste Scott Thompson, À un moment donné, (finaliste au prix Opus du Disque de musique actuelle de l’année en 2003,) et Huskless (finaliste au prix Prairie Music du meilleur enregistrement de musique classique); En 1998, elle a reçu le prestigieux prix Freddie Stone pour « avoir fait preuve d’un leadership, d’une intégrité et d’une excellence remarquables en musique contemporaine et en jazz ». Elle a été trois fois finaliste aux National Jazz Awards, dans la catégorie « Clarinettiste de l’année ». En solo, elle a donné récemment plusieurs prestations d’envergure : Échange de Iannis Xenakis à Toronto (festival SoundaXis 2006), Kya de Giacinto Scelsi à Paris (avec l’Ensemble 2e2m), Brief Candles et Xolf autour de ses propres compositions à Zagreb, Bucarest, Vienne, Budapest, Vancouver, Rotterdam, Toronto et Guelph… Membre du sextette sans chef Transmission, elle joue aussi avec l’ensemble Lines of Descent de Queen Mab Trio, en duo avec Frances Marie Uitti et le Joëlle Léandre Quintet. Elle travaille actuellement sur un nouveau projet d’enregistrement solo, Brief Candle, consacré à son nouveau répertoire et à des improvisations. Enfin, Solor, un premier DVD solo illustrant son travail d’interprète et d’improvisatrice en musique contemporaine doit paraître en 2011 chez Mode Records.

Geneviève Renon

Après des études d’alto à Paris avec Léon Pascal et Serge Collot ainsi qu’à Rome avec Bruno Giuranna, Geneviève Renon s’est particulièrement intéressée à la musique contemporaine. Elle rencontrera notamment Giacinto Scelsi, Tristan Murail, Gérard Grisey et plus tard Iannis Xenakis. Co-fondatrice de l’Ensemble « Itinéraire », elle a créé plusieurs œuvres. Des auteurs écriront ou lui dédieront leurs œuvres. Curieuse de toutes les sonorités, elle a étudié divers instruments tels que le sarangi avec Ram Narayan, la viole d’amour, la mandoline, la scie musicale souvent utilisés par les compositeurs contemporains tels que Webern, Boulez ou Georges Crumb dans « ancient voices of children » dont l’Itinéraire a fait la création française. Elle utilise également la voix parlée et chantée. Enthousiaste pour toutes sortes d’aventures, elle a participé à de nombreux spectacles de théâtre musical, avec Kagel, Aurel Stroe, le « théâtre équestre Zingaro » et sous la direction de metteur en scène comme Pintillé ou Béjart. discographies

Discographie Rohan de Saram Rohan de Saram Duo for & guitar - Stephen Dodgson - John Mayer with Jonathan Leathwood (guitar), Neil Jenkins (tenor) and others Cadenza music - 2009 Rohan de Saram Interpretenportrait - Berio, Gehlhaar, Steinke, Zimmermann, Xenakis, Ruzicka, Pröve Edition Zeitklang - 2009 Rohan de Saram Four items for solo cello: Sequenza XIV, Les Mots Sont Allés, Sequenza VIb, Chanson pour Pierre Boulez - The Complete Sequenzas, Alternate Sequenzas & Works for Solo Instruments Mode Records - 2006 Rohan de Saram Ragamalas & Prabhanda with Druvi de Saram & John Mayer EML Records - 2002 Rohan de Saram Orchestral Works & Chamber Music - Morton Feldman with (Conductor), Saarbrucken Radio Symphony Orchestra (Orchestra), (Piano), et al. Col Legno - 2000 Rohan de Saram Suites 1-3 for solo cello - Montaigne/Auvidis/WDR - 2000 Rohan de Saram A Trio of French Styles de Saram, Clarinet, Trio Amethyst Music Productions - 1998 Rohan de Saram Sonatas for violoncello and piano op. 1. and op. 2 - , Franco Gulli, Bruno Canino, Rohan de Saram Philips - 1997 Rohan de Saram Patterns in a Chromatic Field - Morton Feldman with Marianne Schroeder (piano) hatART - 1993

Discographie Lori Freedman Lori Freedman Bridge Collection QB - 2009 Lori Freedman, Scott Thomson Plumb Barnyard - 2008 Lori Freedman, Marilyn Lerner, Ig Henneman Thin Air Wig - 2006 Lori Freedman, Diane Labrosse, James Darling, Gabriel Dionne Dix situations précaires Tour de bras - 2006 Lori Freedman, (trios with Derome, Weins, Tétreault, Lussier, Paardy Roger, Caloia) 3 Ambiances Magnétiques - 2006 Lori Freedman, Marilyn Lerner, Ig Henneman See Saw Wig - 2005 Lori Freedman À un moment donné Ambiances Magnétiques - 2002 Lori Freedman (trios avec Lerner, Krucker, Kiik, Vorvis, Bateman, Lee) Close Spool - 2000 Lori Freedman Huskless ! Artifact Music - 1999 Lori Freedman, Marilyn Lerner Barbie’s Other Shoe Nine Winds - 1997 AU PROGRAMMEÉVÈNEMENTS prochainement

Projection I Auditorium du Conservatoire de Reims Quelque choselundi de 18 riche / 07 | et 17h30 étrange, | Cathédrale un film de Mark Kidel n°98 - entrée libre Suivi d’une table ronde sur le thème de Xenakis Iannis - Alain Xenakis, - Liszt l’homme et sa musique avec : vincent dubois / orgue Nouritza Matossian, biographe de Xenakis Mark Kidel, réalisateur Thomas• Rigail, journaliste ClassiqueInfo Robert Dupuy, ancien assistant de Xenakis Sharon Kanach, vice-présidente du centre Iannis Xenakis / 07 lundi 18 | 20h30Roger Woodward,| Conservatoire pianiste dédicataire de trois œuvres de n°99Xenakis - 10€ (sous réserve) Jean Louis Villeval, modérateur © MichèleMichèle Danièle Daniel Xenakis - Ligeti jack quartet | entrée libre MardiRog 12e rjuillet woodw à 19h30ard / piano

Exposition I Conservatoire• de Reims Iannis Xenakis

jeudi 21 / 07 | 19h30Réalisée | Basilique par le Saint-RemiCDMC (Centre de Documentation de n°100la Musique - 25€ Contemporaine)

concertConception de clôture : Katherine Vayne et Sharon Kanach school malcolm singer / direction

du mardi 12 au É samedivÈnement 16 juillet | entrée libre

4e cycle de Conférences | 18h30 | Auditorium II du Conservatoire de Reims L’histoire de la musique occidentale animé par Francis Albou En collaboration avec l’Opéra de Reims et le Conservatoire à Rayonnement Régional et en partenariat avec le Rectorat de Reims.

© Axel Cœuret pour Les Flâneries Musicales ● billetterie Opéra de Reims - place Myron-T Herrick (ouverture le 21 juin) ● tarifs 5 € par conférence (gratuit pour les moins de 18 ans, 10 places gratuites pour les étudiants, 20 places pour les enseignants et les enseignants du Conservatoire) ● abonnement 56 € pour les 14 conférences

Pour en savoir plus www.flaneriesreims.com