INSTITUT KURD E DE PARIS

Bulletin de liaison et d’information N°382 JANVIER 2017 La publication de ce Bulletin bénéficie de subventions des Ministères français des Affaires étrangères et de la Culture ————— Ce bulletin paraît en français et anglais Prix au numéro : France: 6 € — Etranger : 7,5 € Abonnement annuel (12 numéros) France : 60 € — Etranger : 75 €

Périodique mensuel Directeur de la publication : Mohamad HASSAN Maquette et mise en page : Şerefettin ISBN 0761 1285

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www.fikp.org E-mail: [email protected] Bulletin de liaison et d’information de l’Institut kurde de Paris N° 382 janvier 2017

• ROJAVA: MALGRÉ LA PRÉSENCE MILITAIRE TURQUE ET LES INCERTITUDES DIPLOMATIQUES, LES FDS POURSUIVENT LEUR AVANCÉE VERS

• KURDISTAN D’IRAK: DAECH RECULE À MOSSOUL, TENSIONS INTERNES AU KURDISTAN COMME EN IRAK

• TURQUIE: JOURNALISTES, ÉCRIVAINS, ENSEI - GNANTS, ÉLUS HDP… LA RÉPRESSION GÉNÉRALI - SÉE, AVANT-GOÛT DE LA NOUVELLE CONSTITU - TION ?

• TURQUIE: LE CO-PRÉSIDENT DU HDP RÉCUSE À SON PROCÈS TOUT APPEL À LA VIOLENCE ET ACCUSE LES DIRIGEANTS AKP D’ÊTRE RESPON - SABLES DU BAIN DE SANG

ROJAVA: MALGRÉ LA PRÉSENCE MILITAIRE TURQUE ET LES INCERTITUDES DIPLOMA - TIQUES, LES FDS POURSUIVENT LEUR AVANCÉE VERS RAQQA ’opération turque «Bouclier allié principal en Syrie la Turquie Times révélait que la Turquie avait de l’Euphrate» s’est pour - plutôt que les Forces démocra - systématiquement retardé l'appro - suivie dans le nord de la tiques syriennes, dont le noyau est bation des missions aériennes L Syrie, notamment l’at - constitué des YPG, les combattants américaines décollant de la base… taque sur al-Bab, tenue kurdes du PYD (Parti de l’union Reflétant l’évolution complexe des par Daech, mais où l’armée turque démocratique), l’ennemi quasi- relations politiques entre Turquie, veut surtout devancer les obsessionnel de M. Erdoğan. Le 5, coalition anti-Daech et Russie, Kurdes… Le 4, Peter Cook, porte- le porte-parole de la présidence celle-ci a annoncé le 19 que 9 jets parole du Pentagone, a annoncé turque, Ibrahim Kalın, a demandé russes avaient pour la première que la coalition anti-Daech avait en direct sur Kanal 24 pourquoi les fois la veille coopéré avec les envoyé des avions soutenir les Etats-Unis, «qui utilisent la base avions turcs pour frapper Daech Turcs au-dessus d’al-Bab… sans d’Incirlik», n’ont pas soutenu «leur dans la banlieue d'al-Bab. Le 30, le opérer de frappes. Les autorités allié au sein de l’OTAN» par des président Erdoğan a déclaré que turques ne décolèrent pas de ce frappes aériennes. Le message les opérations turques dans le qu’elles considèrent comme un était clair: Incirlik contre un nord syrien se termineraient une manque de soutien des Etats-Unis meilleur soutien aux opérations fois al-Bab prise, une inflexion dans leur assaut sur la ville. Elles turques. Le 17, alors qu’un porte- dans un discours officiel selon espèrent que la nouvelle adminis - parole de la coalition annonçait lequel jusqu’à présent forces tration américaine choisira comme des frappes sur al-Bab, le New York turques et rebelles alliés attaque - • 2 • Bulletin de liaison et d’information n° 382 • janvier 2017 raient ensuite , prise par les n’a jamais hésité à interrompre les attaque sur Deir es-Zor depuis un FDS à Daech le 13 août dernier. fleuves naissant chez elle pour faire an, coupant un aéroport stratégique Mais l'armée turque s’est embour - pression sur ses voisins… du territoire tenu par le gouverne - bée devant al-Bab durant plusieurs ment et obligeant le régime, qui tient semaines, perdant 65 hommes, et La présence militaire turque, même la ville, à utiliser des frappes les analystes doutaient qu’elle se si elle constitue un danger évident aériennes. La province de Deir es- risque à avancer plus au sud (au pour les FDS, ne les pas empêchées Zor est en majorité tenue par Daech, risque de se confronter à l’armée de poursuivre avec le soutien de la mais les djihadistes assiègent en vain syrienne) avant de connaître la coalition internationale leur propre sa capitale depuis 2014. position de l’administration opération «Colère de l’Euphrate» Trump vis-à-vis des FDS. Le contre Raqqa, la «capitale» syrienne Toutes ces opérations militaires se Premier ministre turc Binali de Daech. Le «ministre de sont déroulées sur fond d’impor - Yıldırım a cependant déclaré le 28 l'Économie» de Daech a même été tants changements diplomatiques que la Turquie continuerait à frap - tué dans une opération kurdo-amé - dominés par l’initiative turco-russe per les YPG et le PYD. ricaine sur Kibir, entre Raqqa et Deir de «parrainage» d’une trêve nationa - ez-Zor, tandis que les FDS repous - le au 30 décembre consacrant l’ex - Les Turcs n’ont pas limité leurs opé - saient 3 jours d’attaques djihadistes clusion de fait des Occidentaux, en rations en Syrie à al-Bab. Selon plu - sur Swede, un village à l’ouest de la pleine transition politique américai - sieurs communiqués des YPG datés province de Raqqa, pris par les FDS ne. Malgré ses déclarations rassu - de début janvier, ils ont bombardé le en décembre et considéré comme rantes, l’administration du Rojava 30 décembre quatre villages à l’est stratégique pour les mouvements de peut légitimement s’inquiéter, et il de Kobanê et deux autres à l’est de Daech. Le 7, l’OSDH a annoncé que est significatif que le co-président du Manbij, faisant 3 morts et 15 blessés, les FDS avaient pris le château de PYD, , ait déclaré que tous civils, et le 3 janvier, dans le Jaabar, sur la rive du lac Assad, à «les différents pouvoirs politiques canton de Djéziré, loin à l’est, 3 héli - seulement 4 km du barrage de kurdes [devaient] se coordonner», coptères ont pénétré au Rojava pour Tabqa. Selon les rapports de rensei - appelant à la tenue d’une conférence bombarder des villages entre al- gnement, Daech aurait commencé à «inter-kurde». Malikiyah et Çil Axa, tandis que des évacuer vers Raqqa les prisonniers troupes au sol occupaient la région incarcérés à Tabqa. Le vendredi 13, Ajoutant à l’incertitude, le «processus de Terbe Spiye, à l’est de Al- les FDS ont annoncé avoir repris turco-russe» s’est rapidement enlisé. Qahtaniya. La base aérienne de depuis le début de la deuxième Le 31 décembre, le Conseil de sécurité Rmeilan, où sont stationnés phase de leur opération 133 villages des Nations-Unies a bien soutenu quelques centaines de militaires dans l’ouest de la province, et ont l’initiative à l’unanimité, mais dès le 3 américains, se trouve à une vingtai - publié le 17 des statistiques selon janvier, une dizaine de groupes ne de kilomètres à l’est. Et dans lesquelles 2480 km² ont été libérés, rebelles ont suspendu leurs pourpar - Jerablous qu’elle occupe depuis l’été, 260 terroristes de Daech tués et 40 lers avec le gouvernement en raison la Turquie a créé une force de police voitures piégées neutralisées. Le 31, de ses violations du cessez-le-feu: pro-turque, comme pour assurer une le Pentagone a pour la première fois celui-ci ne cesse en effet de bombarder présence longue… fourni aux FDS des véhicules blin - la vallée stratégique de la Barada qui dés, dont les YPG ont pris soin de fournit Damas en eau. Le 16, plusieurs L’armée turque ne respecte pas plus déclarer qu’ils étaient allés aux com - groupes rebelles ont annoncé leur par - les ressources des territoires syriens battants arabes et non kurdes. Le ticipation aux pourparlers entre régi - qu’elle occupe que les villes kurdes porte-parole des YPG pour l’opéra - me et opposition impulsés par les de son propre pays: selon plusieurs tion sur Raqqa, Talal Silo, a déclaré Russes, les Turcs et les Iraniens à médias kurdes de Syrie, elle a coupé que c’était le signe d’un soutien plus Astana au Kazakhstan le 23 janvier. Le sur des terres privées 2.717 oliviers important de la nouvelle administra - 21, le Département d’Etat américain a près du village de Qarmatlaq, dans tion américaine aux FDS. indiqué qu’il ne serait pas présent en la province de Sheyeh, pour prépa - raison du changement d’administra - rer la construction de la longue bar - Daech reste un ennemi déterminé: le tion en cours. Mais ces pourparlers ne rière qu’elle érige entre Kurdistan 4, il a attaqué le QG des YPG au sud semblent s’être tenus qu’en raison des turc et syrien. Déjà, l’an dernier, la de la ville d’Hassakeh, faisant des fortes pressions exercées par leurs Turquie s’était attaquée à l’agricultu - dizaines de morts parmi les combat - sponsors étrangers sur leurs clients re du canton d’Afrîn en coupant sa tants, sans pourtant réussir à syriens et n’ont finalement donné principale ressource en eau, la reprendre les positions perdues un aucun résultat politique tangible. Le Rivière Noire, un affluent de an plus tôt. Puis le 14, après avoir 23, l’Armée syrienne libre a rejeté l’Oronte prenant sa source dans les renforcé ses troupes, l’organisation a l’exigence du gouvernement que les Monts Kartal. On sait que la Turquie lancé selon l’OSDH sa plus violente groupes d’opposition participant aux n° 382 • janvier 2017 Bulletin de liaison et d’information • 3• discussions déposent les armes, et a ou Genève IV, n’avaient aucune l'étudier, et que le PYD devait pou - indiqué que sa délégation n’aborderait chance d’aboutir à un règlement. voir poursuivre ces discussions aux que le cessez-le-feu à l’exclusion de Si les Américains poursuivent leur pourparlers de Genève – une position toute discussion politique si un pro - coopération militaire avec les FDS selon lui approuvée par la Russie. Un cessus de transition politique compre- sans vouloir s’engager au niveau des points positifs pour les Kurdes, la nant le départ du président Bachar el- politique, les Russes quant à eux, ten- proposition russe modifie le nom de Assad n’était pas engagé avec le sou- tent des négociations politiques avec l’Etat en «République de Syrie» tien des Nations Unies. L’ambiance à les Kurdes. Pour ne pas s’opposer de (actuellement République arabe de Astana est demeurée glaciale, l’ambas- front à la Turquie, les Russes ont Syrie) et propose de reconnaître le sadeur syrien aux Nations Unies, paradoxalement contourné Astana, kurde comme langue officielle à côté Bachar Jaafari, qualifiant la délégation invitant les Kurdes de Syrie à plu - de l’arabe dans les régions du nord rebelle de «représentants de groupes sieurs réunions dans leur base aérien- du pays. Le document évite l’emploi terroristes». La conférence a finale - ne de Hmeimim, au sud-est de du mot «fédération», mais suggère ment accouché d’un engagement à Lattaquié, et même à Damas le 13 – un État décentralisé avec des sauvegarder la trêve et à poursuivre la en garantissant la sécurité des partici- Assemblées régionales, aux pouvoirs lutte contre Daech et l’ex-branche pants. Plusieurs partis kurdes ont législatifs et administratifs. Le 31, locale d’Al-Qaïda, signé… exclusive - participé, incluant le PYD et le CNK, cependant, le gouvernement syrien a ment par les organisateurs, Russie, mais certains partis kurdes ont refusé de nouveau rejeté toute forme d'auto- Turquie, et Iran! de se rendre dans un territoire nomie kurde et aurait proposé des contrôlé par le régime. Puis le 27, amendements pour modifier le projet après Astana, la Russie a invité à russe. La Russie semble chercher un Pas plus que lors des rencontres pré- Moscou une délégation du PYD, dont règlement kurde – même contre l’avis cédentes, l’administration du Rojava, Khaled Issa, son représentant en du régime – qui permettrait à celui-ci qui contrôle pourtant environ 20% du France, Asya Abdullah, sa co-prési - de se concentrer sur ses autres pro - territoire syrien, avec 12,5% de la dente et Anwar Muslim, le chef de blèmes, et après avoir sauvé celui-ci, population du pays, n’avait été invi- l'administration du canton de elle serait certainement en mesure de tée, essentiellement en raison de l’op- Kobanê. La délégation a rencontré le lui imposer. De leur côté, les position féroce de la Turquie (le Sergueï Lavrov ainsi que des repré - Américains ont fait un petit «pas en ministre turc des Affaires étrangères sentants de l’opposition syrienne. Le avant politique» en lançant le 27 aux avait déclaré le 14 que si les États- 31, Halit Isa, un représentant du PYD Kurdes de Syrie une invitation à Unis voulaient inviter le PYD, ils en France, a donné des précisions sur Washington pour des entretiens fin n’avaient qu’à inviter aussi Daech…). cette rencontre à l’agence russe février – première invitation officielle Par contre, le 18, la Turquie avait offi- Spoutnik : «M. Lavrov nous a donné du Département d’État à des repré - ciellement invité trois dirigeants du des informations sur le projet de sentants kurdes de Syrie. Mais cette Conseil national kurde de Syrie – qui constitution pour la Syrie préparé par fois, il s’agissait de deux membres du regroupe une douzaine de partis la Russie [et proposé à Astana]. Il a CNK, qui seront donc reçus par la opposés au PYD et soutenus par le dit que le texte n'était pas définitif et nouvelle administration Trump. PDK irakien de Massoud Barzani – que nous étions libres de faire les Dans ces «grandes manœuvres» Ibrahim Biro, Abdulhakim Bashar et amendements que nous jugions diplomatiques qui commencent à Darwish Mirkan. Fort logiquement, appropriés». Il a ajouté que les repré- peine, chacun veut parler aux Kurdes le PYD a déclaré à plusieurs reprises sentants du PYD avaient présenté – et à des Kurdes différents… Rien qu’il ne respecterait aucun accord leur propre projet aux responsables n’est encore écrit, et les risques pris en son absence, ajoutant que des russes et aux représentants de l'oppo- demeurent élevés d’un accord qui se discussions menées sans lui, Astana sition qui avaient déclaré être prêts à fasse sans eux, voire contre eux.

KURDISTAN D’IRAK: DAECH RECULE À MOSSOUL, TENSIONS INTERNES AU KURDISTAN COMME EN IRAK ur le plan militaire, l’opé - Forces anti-terroristes déclarait à quartiers Est, notamment grâce à ration sur Mossoul a l’AFP que les Irakiens tenaient la coopération des habitants, et ont continué ce mois-ci, 60 % des quartiers orientaux de déclaré compter atteindre le Tigre S maintenant essentielle - Mossoul, et au prix de combats dans les jours suivants. Le 9, ils ment conduite par l’ar - acharnés, la progression s’est prenaient le contrôle du quartier mée irakienne, les pechmergas poursuivie quasiment maison par de Baladiyat et encerclaient ayant accompli leur part. Le 1 er maison. Le 5, les Irakiens ont Sukkar, acculant les djihadistes au janvier, un commandant des annoncé contrôler 65-70 % des fleuve. Le 13, l’université de • 4 • Bulletin de liaison et d’information n° 382 • janvier 2017

Mossoul était reprise un nouveau Par ailleurs, il devient de plus en la réduction et les retards de paie - pont sur le Tigre atteint, puis les plus clair que la chute de Mossoul ment des salaires: le 2 à soldats entraient le 16 dans le ne signifiera pas la fin du danger Sulaimaniyeh, Halabja et Kalar, quartier de Shurta, avant d’annon - djihadiste: le 10, le Secrétaire à la puis le 5 et le 14 devant la cer le 18, exactement trois mois Défense de l’administration Direction de l’éducation à après le lancement de l’opération, Obama, Ash Carter, dans le der - Sulaimaniyeh, avant une suspen - la reprise totale de la partie orien - nier point presse de son mandat, a sion provisoire du mouvement le tale de Mossoul. Le commande - indiqué que les États-Unis pour - 16. Le 19, après une manifestation ment a indiqué que l’élaboration raient conserver des troupes en contre les coupures d’électricité, des plans pour reprendre Irak après la reprise de Mossoul en une centrale électrique à Mossoul-Ouest avait déjà débuté. raison des risques de guérilla dji - Chamchamal a été la cible de Le 20, Daech, anticipant l’attaque, hadiste. Le Ministère des pechmer - roquettes, une attaque inédite au a fait sauter près du fleuve le plus gas a annoncé le 21 que les États- Kurdistan. Selon Aras Khoshnaw, grand hôtel de Mossoul-Ouest, le Unis armeraient en 2017 deux nou - responsable du Centre d'informa - Mossoul Hotel , afin d’empêcher son velles brigades de pechmergas. tion et de recherche stratégique de usage comme base ou point d’at - la Région du Kurdistan, les terrissage. Les combats génèrent toujours un dépenses du GRK ont baissé de 70 flot de déplacés de plus en plus % en 2016 tandis que les revenus Les combats aussi ont continué sur difficile à gérer par le augmentaient de 25%, moins les d’autres fronts. Le 5, l’armée ira - Gouvernement régional du recettes douanières. D’autres kienne et des combattants tribaux, Kurdistan (GRK) et les autorités de mesures sont en élaboration, soutenus par des frappes de la coa - la province de Kirkouk, qui héber - comme de rendre payante la col - lition, ont lancé une offensive plus ge actuellement 500.000 déplacés lecte des ordures, soit sur la factu - au sud, dans l’ouest de la province des provinces de Ninive, re d’eau, soit en la confiant à des d’al-Anbar. Des accrochages ont Salahaddine, Diyala et Al-Anbar. compagnies privées… Cela pour - aussi eu lieu dans la région de Selon des chiffres publiés le 14 et le rait ne pas suffire, comme le Kirkouk, demeurée sensible 15, au moins 90.000 déplacés ont montre la déclaration se voulant depuis l’attaque djihadiste d’oc - trouvé refuge dans des camps ins - rassurante de Rabar Sidiq, vice- tobre dernier: Daech contrôle tou - tallés au Kurdistan près de ministre des Finances du GRK, jours au sud la grande ville de Dohouk et Erbil depuis le début selon laquelle les conditions éco - Hawija, pour laquelle aucune opé - des opérations le 17 octobre, et nomiques devraient s'améliorer en ration ne semble prête – probable - 3.000 personnes fuient maintenant 2017… «si le prix du pétrole aug - ment en raison de la priorité don - Mossoul chaque jour, dont 70% mente de nouveau, le système de née à Mossoul. Le 13, trois pech - arrivent au Kurdistan. Suite à la réforme que nous avons mis en mergas ont été blessés en repous - pénurie de vivres en ville, leur place réussit et si la guerre contre sant une attaque de snipers au sud nombre a doublé en 10 jours. Le Daech prend fin». A plus court de Kirkouk. Le 16, les forces de nombre total de personnes dépla - terme, pour alléger le fardeau sup - sécurité de la ville ont arrêté trois cées au Kurdistan atteint mainte - porté par les fonctionnaires dont personnes suspectées d’appartenir nant 29 % de la population, et le les salaires ont été réduits, les à Daech, dont une en lien avec l’at - GRK s’attend à la fuite de 500.000 Conseils de province du Kurdistan tentat perpétré à Bagdad la semai - personnes supplémentaires avec ont approuvé le 10 la création de ne précédente. Le 31, le Conseil de les prochains combats. Le 29, le chèques complétant les salaires Sécurité du Kurdistan a annoncé GRK a officiellement demandé versés en liquide, avec lesquels avoir arrêté dans la nuit du 30 plu - l’aide de la communauté interna - pourront être réglés les services sieurs djihadistes préparant une tionale pour éviter une catastrophe gouvernementaux comme l’eau ou nouvelle attaque sur Kirkouk ainsi humanitaire. l’électricité. que le principal organisateur de l’attaque d’Ainkawa (le principal Le GRK est déjà confronté à de Sur le plan politique interne, la quartier chrétien d’Erbil) en 2015. fortes tensions économiques et situation avance toujours très len - Enfin, plus à l’est, près de la fron - sociales suite à l’impopularité des tement. Le blocage du Parlement tière iranienne, un commandant baisses de salaires et des retards de kurde persiste, et les partis de la kurde fayli des Hashd al-Shaabi , paiement et à l’exaspération des Région continuent à se rencontrer Hayder Ali, au «nom de guerre» habitants face à la dégradation des sans parvenir à s’accorder. PDK et d’Abou Karrar, a été tué dans la services. Une grève enseignante UPK tentent de mettre à jour à nuit du 14 dans une embuscade de avec boycott des cours a commen - deux leur accord stratégique de Daech à 40 km au sud de cé dès la rentrée de septembre, 2007 afin de pouvoir ensuite pro - Khanaqîn. ponctuée de manifestations contre poser un plan commun aux autres n° 382 • janvier 2017 Bulletin de liaison et d’information • 5• partis ; des discussions se poursui - et armée irakienne ou milices la coalition de contrôler». Varto a vaient au sein de l’UPK pour ten - chiites… Le 27, un responsable du appelé à un retrait immédiat des ter de réconcilier deux fractions Ministère des pechmergas a troupes turques stationnées à s’opposant maintenant depuis plu - annoncé avoir demandé des expli - Bashiqa… Le 20, le porte-parole du sieurs mois. Le 7, plusieurs leaders cations aux Hashd al-Shaabi après Premier ministre irakien, Saad al- politiques, PDK, puis Ligue qu’un de leurs groupes a bombar - Hadithi, a déclaré que le gouver - Islamique, ont indiqué que les dé les peshmergas au Sindjar. nement central et le GRK étaient élections prévues en principe en Celles-ci ont répondu en annon - arrivés à un accord pour constituer septembre pourraient être repor - çant une enquête après une une force commune qui se charge - tées suite à la situation militaire et «erreur» et qualifiant les pechmer - rait de «rétablir l’ordre» au Sindjar aux difficultés financières et poli - gas de «frères». Mais au Sindjar, la – en expulser les groupes armés. tiques. Principal point de blocage, situation se complique encore du Le moment de création de cette le mode de désignation du fait des tensions entre les pechmer - force dépendra des progrès de Président de la Région: alors que le gas et une partie de la population l’opération commune sur Mossoul. PDK veut un président fort élu au yézidie qui leur reproche de Pourtant, le lendemain, le maire de suffrage universel, Gorran préfère l’avoir abandonnée à Daech en Sindjar, Mahma Khalil (PDK), a un président aux pouvoirs limités 2014 et s’est depuis rapprochée du accusé le gouvernement central élu par le parlement. La constitu - PKK, que le PDK souhaite voir d’aider le PKK à rester au Sindjar, tion provisoire adoptée par le par - quitter la région. Un accord aurait et le 25, l’agence BasNews , proche lement d’Erbil en 2009 est plutôt été trouvé le 6 entre PDK et PKK, du PDK, a publié des informations présidentielle, mais elle doit enco - aux termes duquel ce dernier se selon lesquelles le PKK aurait re être approuvée par référendum retirerait pacifiquement, seules les formé au Sindjar une unité de – consultation aussi refusée par Unités de Résistance du Sindjar yézidis appelée «Force spéciale du Gorran . Le 24 cependant, après l’at - (Yekîneyên Berxwedana Şengalê �, Sindjar», enregistrée aux Hashd al- tribution par le GRK du budget YBŞ) et des Unités de Femmes Shaabi et comme telle payée par nécessaire, la Commission électo - Yézidies ( Yekîneyên Jinên Êzîdî , Bagdad. Le même jour, les YBŞ ont rale a annoncé entamer les prépa - YJE), formées d’habitants de la annoncé le début de discussions ratifs des élections générales, région, demeurant sur place pour avec le PDK pour créer une force fixées finalement au 6 novembre protéger la population. La ques - commune au Sindjar… pour les législatives comme les tion dépasse le Kurdistan pour présidentielles – une date toujours prendre une importance régionale: C’est sans doute dans ce contexte provisoire. Ces élections pour - le 8, lors de sa conférence de pres - tendu qu’il faut apprécier l’affaire raient aussi comporter un référen - se commune avec le président de de la fermeture – puis de la réou - dum d’autodétermination ouvrant la Région Massoud Barzani, le verture – par le GRK de l’ONG la voie à l’indépendance de la Premier ministre turc Binali d’aide aux yézidis Yazda , créée en Région. Yildırım, arrivé de Bagdad, a 2015 notamment pour apporter déclaré que la Turquie «n’accepte - une assistance psychologique aux Les relations Erbil-Bagdad sont rait pas que le PKK demeure au femmes yézidies libérées des toujours tendues, tant à propos du Sindjar» ni s’étende dans d’autres griffes de Daech. Le lundi 2 après- pétrole que des territoires disputés régions d’Irak. Le lendemain, le midi, la Sécurité ( Asayish ) de entre les deux gouvernements. Le porte-parole du KCK (l’aile poli - Dohouk a fermé les locaux de 5, répondant au Ministre des tique du PKK), Sarhad Varto, a Yazda dans cette ville, accusant affaires étrangères irakien Ibrahim répondu en accusant la Turquie de l’organisation d’«activités illé - Jaffari, le Ministre des pechmergas chercher à provoquer des tensions gales». Selon une chercheuse de a déclaré que ceux-ci ne se retire - entre Bagdad et la Région du Human Right Watchs , Belkis Wille, raient pas des territoires repris à Kurdistan – et entre la raison de cette fermeture pour - Daech avant l’opération sur «frères kurdes» – pour assurer sa rait être un projet de l’ONG pour Mossoul. Le 10, les responsables présence dans le nord de l’Irak: aider environ 3.000 familles à se kurdes de Khanaqin ont exprimé «Les responsables du PKK sont en réinstaller au Sindjar, ce qui impli - leur inquiétude du rapprochement négociation avec Erbil, Bagdad et querait la fourniture de ravitaille - de la ville des milices chiites Hashd la coalition internationale sur la ment risquant de tomber entre les al-Shaabi qui veulent installer une manière de gouverner le Sindjar et mains du PKK… Le 5 cependant, base dans le village de Palkana et le retrait du PKK, et nous croyons le Directeur du Département tenter de recruter des Kurdes. que le Sindjar doit être gouverné kurde des ONG, Akram Jamo, a Cette zone a déjà connu des par son peuple – un processus critiqué cette fermeture et déclaré périodes de tension allant jusqu’à qu’il appartient aux peshmergas, à que seul son bureau pouvait la confrontation entre pechmergas la guérilla, à l'armée irakienne et à prendre une telle décision sur la • 6 • Bulletin de liaison et d’information n° 382 • janvier 2017 base d'ordonnances judiciaires. Au-delà du Kurdistan, c’est l’ave - raient se gouverner et préserver Yazda a rencontré le 10 le respon - nir de l’Irak qui est incertain: le 4, leurs culture et intérêts écono - sable des relations internationales le leader sunnite et vice-président miques au sein d'un Irak uni. du GRK, Falah Mustafa Bakir, et a irakien Osama al-Nujaifi a fait état Déclarant n’avoir aucune confian - publié le 18 un communiqué d’un «plan clair» de sa propre ce dans le gouvernement central, il annonçant sa réouverture, attri - communauté «pour l'Irak d’après a insisté sur l’importance de buant le problème originel à un l'Etat islamique»: mettre en place garanties internationales pour malentendu de traduction ayant des «Régions» où sunnites et l’obliger à respecter tout engage - fait croire à des activités illégales. autres groupes spécifiques pour - ment.

TURQUIE: JOURNALISTES, ÉCRIVAINS, ENSEIGNANTS, ÉLUS HDP… LA RÉPRESSION GÉNÉRALISÉE, AVANT-GOÛT DE LA NOUVELLE CONSTITUTION ?

remières condamnations de prison pour «propagande terro - niers morts de maladie durant liées au coup d’État man - riste» après avoir accepté en soli - l’année 2016. qué du 15 juillet der - darité avec les Kurdes de collabo - P nier: la perpétuité le 5 rer à un numéro du journal Özgür La répression vise aussi tout ce qui janvier au tribunal Gündem – la même affaire pour a rapport aux Kurdes: le 31, un d’Erzurum pour deux officiers, qui laquelle l’écrivaine Aslı Erdoğan a raid de la police a fermé l’Institut avaient reçu des commandements été (provisoirement ?) libérée le 29 Kurde d’Istanbul, fondé en 1992 après le putsch. Ce même jour, 380 décembre. Les journalistes étran - sous la direction de Musa Anter, nouveaux mandats d’arrêt ont été gers courent moins de risques que où sont menées des recherches sur émis contre des hommes d’affaires leurs confrères turcs, mais n’en la culture, la langue et la littérature soupçonnés de «gülenisme». Mais sont pas moins surveillés: Rod kurdes. Ses membres, chercheurs au-delà du putsch-prétexte, la Nordland, du New York Times , a comme étudiants, ont déclaré répression a largement frappé tous été retenu par la police des fron - qu’ils continueraient leurs travaux. azimuts, journalistes, enseignants, tières puis expulsé vers Londres le À Diyarbakir, c’est l’Académie de société civile, élus HDP… Un rap - 17 en raison de ses articles sur les langue Ehmedê Xanî , ouverte en port de l'Association des journa - Kurdes, en particulier celui décri - 2013, qui a été placée sous scellés. listes de Turquie ( Türkiye vant la terrible situation de Ces dernières fermetures ont tou - Gazeteciler Cemiyeti , TGC) en date Diyarbakir. Même écrire des livres ché au total 94 associations accu - du 4 fait état de 780 cartes de pres - devient maintenant risqué: le 28, la sées de constituer «une menace se annulées en 2016, 839 journa - journaliste kurde Arzu Demir, des pour la sécurité nationale» et listes passés devant un tribunal agences ETHA et ANF, a été d’être liées aux PKK. Après la fer - simplement pour avoir fait leur condamnée à 6 ans de prison pour meture, vient la spoliation : les métier, et 144 journalistes en pri - «propagande pour une organisa - biens de l’Institut Kurde ont été son pour le nouvel an. Triste tion terroriste», «apologie du saisis par le Fonds d’assurance et record pour la Turquie, avec un crime et des criminels» et «incita - de dépôt ( Tasarruf Mevduatı Sigorta tiers des journalistes emprisonnés tion au crime»: elle avait écrit deux Fonu , TMSF)! La langue kurde dans le monde, et depuis le coup livres, l’un sur le processus révolu - semble ainsi redevenue une cible d'État, près de 195 médias fermés. tionnaire au Rojava, Devrimin privilégiée: le 8, six enseignants de Le classement de la liberté de la Rojava Hali , et l’autre sur la place kurde de l’Université Artuklu presse 2016 de Reporters sans fron - des femmes parmi les combattants (Mardin) ont été licenciés. Le 24, tières place le pays 151 e, entre du PKK, Dağın Kadın Hali , dont l’administrateur remplaçant le Tadjikistan et République démo - chacun lui a valu 3 ans de prison. maire du district d’Edremit (pro - cratique du Congo, et le représen - Les conditions de détentions sont vince de Van) a fait enlever des tant turc de Reporters sans fron - telles que la Commission rues les panneaux multilingues tières , Erol Onderoğlu, a été lui- «Prisons» du İHD (Association des comportant kurde, arménien et même inquiété: avec Sebnem droits de l’homme, İnsan Hakları anglais… Certains lieux symbo - Korur Fincancı, Présidente de la Derneği ) a organisé une manifesta - liques ont aussi été visés: le 9, la Fondation des droits de l’homme tion à Istanbul le 21 pour les police a détruit dans le parc Rojava de Turquie (TİHV), et le journalis - dénoncer. Les manifestants ont à Diyarbakir le monument com - te Ahmet Nesin, il a comparu mer - demandé la fermeture des prisons mémorant les 34 jeunes victimes credi 8 dans un procès très média - de type «F» et déployé des bande - du massacre perpétré le 28 tisé où tous risquent plus de 14 ans roles portant le nom des 47 prison - décembre 2011 près de ce village n° 382 • janvier 2017 Bulletin de liaison et d’information • 7• de la province de Şırnak par l’ar - avec le PKK amenés de force au campagne contre les changements mée de l’air turque. tribunal par la police pour dépo - constitutionnels devant être sou - ser: la députée de Batman Ayşe mis au référendum d’avril. Les Mais le HDP, formation «pro- Acar Başaran le 20, le député et débats au parlement sur ce projet kurde» progressiste et seule oppo - cinéaste Sırrı Süreyya Önder le 23, ont débuté lundi 9. La porte-parole sition encore active à Erdoğan et à quatre députés le 25: de Sanliurfa, du HDP, Ayhan Bilgen, a twitté ses projets totalitaires, demeure la Osman Baydemir, de Diyarbakir que le parti boycotterait la discus - principale cible de la répression. Imam Tascier, d'Iğdir Mehmet sion: «Nous n’utiliserons pas nos Ses élus continuent à être démis et Emin Adıyaman et de Muş Ahmet voix pour cette réforme illégitime arrêtés par dizaines: le 3, le co- Yıldırım; le porte-parole du parti alors que nos députés sont arrêtés maire adjoint de Dersim, Huseyin et député de Kars Ayhan Bilgen a injustement et empêchés de rem - Tunç, a été remplacé par un admi - été de même emmené de force le plir leur devoir». Les points-clés nistrateur nommé, et le député 30 au tribunal de Diyarbakir. de la réforme ont été approuvés le Ziya Pir a été arrêté pour «insulte à Libéré après son audition, il a été 13, mais les députés en sont venus fonctionnaire». Si la députée Leyla de nouveau arrêté le lendemain aux mains. Le 15, le député HDP Birlik, arrêtée début novembre avant son procès pour «participa - Garo Paylan a été suspendu pour pour «liens avec le PKK», a été tion à une organisation terroriste». trois jours après un discours – relâchée le 4 après avoir témoigné interrompu par les députés AKP – devant le procureur de Şırnak, les Deux autres députées, Huda Kaya où il critiquait les changements co-présidents HDP de la province et la députée d’Adana Meral Danis proposés en faisant référence aux d’Istanbul Aysel Güzel et Doğan Bestas, ont été placées le 28 en «quatre communautés chassées de Erbaş ont été arrêtés le lendemain garde à vue avant leur procès, et le leurs terres dans de grands mas - avec sept autres cadres: Ali İpekli, 31, la consultante juridique du sacres et génocides», Arméniens, Ramazan Çetinçakmak, Tayyip HDP, Meral Danis Bestas, a été Assyriens, Grecs et Juifs. Les Arslan, Ayşe Karadağ, Feremez arrêtée. La police a aussi commen - modifications constitutionnelles Erkan, Muhittin Aslanboğa et cé à enquêter sur des dizaines ont finalement été adoptées le 21 Süleyman Özcan. Deux autres, d’employés municipaux qui par 339 voix sur 550. Le CHP a Nasır Tonguç et Ferit Yalçın ont avaient protesté contre l'arresta - annoncé qu’il ferait campagne été assignés à résidence à leur tion le 7 novembre du co-maire de contre. domicile. Le 6, la co-maire du dis - la municipalité métropolitaine de trict de Kulp (province de Van, Bakir Kaya. Selon les lois Si les décrets du 6 janvier repré - Diyarbakir), Sadiye Süer Baran, anti-manifestation actuelles, ils ris - sentent un avant-goût des futurs celle du district de Viranşehir, quent aussi la prison. Le 30, le textes législatifs, il y a de quoi s’in - Emrullah Cin, et les co-maires du vice-président du groupe parle - quiéter: selon une lettre ouverte du district de Bozova (province mentaire HDP et député de vice-coprésident et responsable d'Urfa), Zeynel Taş et Fatma Diyarbakır Idris Baluken a été des relations internationales du Doğan, ont été arrêtés. Le co-maire remis en liberté conditionnelle HDP Hışyar Özsoy datée du 12, ils du district d'Ömerli (province de après près de trois mois de prison. ordonnent l’expulsion de la fonc - Mardin), Süleyman Tekin, ayant Il risquait la perpétuité aggravée tion publique de 8.398 employés et été arrêté le 5, le maire, Erol plus 23 ans de prison pour quatre 649 universitaires supplémentaires Korkmaz a été nommé administra - chefs d'accusation distincts, dont et l’interdiction de 83 nouvelles teur. Au 6 janvier, on comptait 52 des liens avec le PKK, tous liés à organisations de la société civile. administrateurs non élus nommés des déclarations faites dans le Mais il y a plus grave: selon ces à la tête de municipalités BDP et 76 cadre de sa mission en tant que décrets, les fournisseurs d’accès co-maires en état d'arrestation. Le membre de la délégation HDP à internet devront communiquer à 14, la députée HDP Nursel Imralı. Il est intéressant de noter la police les informations person - Aydogan, arrêtée le 4 novembre en que la plupart de ces accusations nelles de leurs clients sans nécessi - même temps que 11 autres dépu - ont été préparées par des procu - té d’une décision de justice et sur - tés du HDP dont ses deux co-pré - reurs actuellement emprisonnés tout, le gouvernement pourra sidents a été condamnée à presque pour des accusations liées à la ten - déchoir de la nationalité turque 5 ans de prison pour avoir mené tative de coup d'État du 15 juillet. toute personne se trouvant à des activités au nom d'une organi - l'étranger faisant l’objet d’une sation terroriste sans en être Pour le HDP, toutes ces arresta - enquête pour des crimes contre membre: elle avait assisté aux tions de ses élus qui se succèdent l'ordre constitutionnel et qui funérailles d'un guérillero du depuis des semaines – et spécifi - n’obéirait pas sous 3 mois à la PKK. Nombreux sont également quement celle de son porte-parole convocation du procureur le rap - les députés HDP accusés de liens – visent à l’empêcher de mener pelant en Turquie! • 8 • Bulletin de liaison et d’information n° 382 • janvier 2017

Purges et répression ne semblent Le 3, les HPG (Forces de défense Le 10, le gouverneur de Diyarbakir avoir aucun impact sur la violen - populaire, l’aile militaire du PKK) a annoncé des nouveaux couvre- ce où s’enfonce le pays, à com - ont publié les statistiques de leurs feux sur 10 villages dans le district mencer par la première attaque actions pour l’année 2016, selon de Lice. Le 16, quatre policiers ont terroriste revendiquée en lesquelles 3.404 policiers ou mili - été tués et 9 autres blessés dans Turquie par Daech, caractérisée taires turcs ont été tués, dont 38 l’explosion d’une bombe déclen - comme une vengeance des opé - officiers supérieurs, et 1.334 bles - chée au passage de leur véhicule rations militaires turques en sés, un avion F-16, 3 hélicoptères et près du campus de l’Université Syrie: la nuit du nouvel an, un 166 véhicules blindés dont 8 tanks Dicle à Diyarbakir. Durant tout le tireur a ouvert le feu au Reina , un auraient été détruits. Les HPG mois, l’armée de l’air turque a night-club d’Istanbul, faisant 39 donnent pour eux-mêmes le victimes, aux deux-tiers des chiffre de 585 combattants tués au poursuivi ses frappes sur les posi - étrangers, avant de s’enfuir. combat, dont 13 au Sindjar tions du PKK au Kurdistan d’Irak: Après une chasse à l’homme (Shingal). Le 5, un policier et un le 6 au soir sur Qandil, le 10 dans inédite, la police n’a capturé le employé du tribunal ont été tués à la nuit, le 13 dans la nuit sur le dis - coupable présumé, d’origine Izmir dans l’explosion d’une voi - trict d’Amêdî, détruisant plusieurs ouzbèque, que le 17, dans un ture piégée après des combats avec maisons du village de Seferî, le 18 appartement du quartier euro - des militants kurdes. L’attaque a vers 20h, de nouveau sur Qandil, péen d’Esenyurt à Istanbul. été revendiquée par les TAK le 11. et enfin le 24.

TURQUIE: LE CO-PRÉSIDENT DU HDP RÉCUSE À SON PROCÈS TOUT APPEL À LA VIOLENCE ET ACCUSE LES DIRIGEANTS AKP D’ÊTRE RESPONSABLES DU BAIN DE SANG e 4 novembre 2016, 12 pénal de première instance Que ce soit en prison ou non, le députés kurdes du HDP, d’Ankara, un procès pour «insulte HDP et nous, sommes toujours la dont ses deux co-prési - à la nation turque, la République seule option de la Turquie pour la L dents, Selahattin de Turquie et les institutions de liberté et la démocratie. Et c’est Demirtaş et Figen l’État», une accusation basée sur pourquoi ils ont tellement peur de Yuksekdağ, ont été arrêtés sur sus - un discours prononcé sur la chaîne nous. […]» picion de soi-disant «liens avec le de télévision kurde Med Nuçe TV PKK». Mis à l’isolement dans la pri - le 10 octobre 2015; au 10e tribunal Selahattin Demirtaş, déclaration son de haute sécurité de type «F» pénal de première instance du 8/11: «Le fait que nous ayons d’Edirne, ils ont été contraints de d’Ankara, un procès pour «crime» été pris en otage, moi-même et nos témoigner aux audiences les et «insulte à Süleyman Soylu» parlementaires, à la suite de ce qui concernant à distance par téléconfé - (vice-président de l’AKP), pour équivaut à un coup d’Etat civil, rence, un empiètement sur les avoir déclaré le 18 mai 2015 qu’une n’est pas seulement une attaque droits de la défense. Demirtaş a équipe de 3.500 personnes dirigée contre nous en tant qu’individus. aussi témoigné s’être vu refuser des par Soylu «effectuait des simula - C’est un nouveau pas franchi par soins malgré son état de santé (il a tions et des fraudes électorales afin ceux qui, étape par étape, ont mis dû être emmené à l’hôpital pour un de maintenir le HDP en-dessous en œuvre divers complots pour examen le 10 décembre après un de la barre des élections natio - consolider le règne d’un seul spasme cardiaque). nales». homme. […]»

Près de 120 enquêtes et procès ont Suivent des éléments ou extraits Demirtaş a remis en cause la été ouverts contre Selahattin de plusieurs déclarations faites manière dont l’immunité des par - Demirtaş dans une vingtaine de lors d’audiences ou envoyées par lementaires HDP avait été levée, la villes différentes. Parmi eux : au courrier (publiées par la représen - qualifiant d’illégale, ce qui rend 34e Tribunal pénal de première tation du HDP en Europe, ou tra - aussi sa détention illégale: les instance d’Istanbul, un procès duites par les bénévoles du site immunités auraient dû être levées pour «incitation à la haine et à Kedistan ). par la commission parlementaire l’hostilité», une accusation basée prévue à cet effet, après lecture du sur son discours au rassemblement Figen Yüksekdağ, déclaration du dossier d’accusation des députés électoral d’Istanbul du 7 juin 2015 6/11: «Malgré tous leurs efforts, ils visés par la mesure, et ceux-ci (Demirtaş avait… critiqué un ne peuvent pas entamer notre auraient dû pouvoir présenter leur article de journal); au 25e Tribunal espoir ni briser notre résistance. défense. L’immunité a été levée n° 382 • janvier 2017 Bulletin de liaison et d’information • 9• globalement, sans considérer les le tribunal de Diyarbakir a PKK, [mais] coprésident du HDP», cas concernés et sans aucune approuvé l'acte d'accusation pré - ajoutant pour que les choses soient défense. Demirtaş a aussi pointé le paré par le parquet général qui claires : «Je critique toutes les choix du moment des arrestations: requiert contre Demirtaş 1 à 4 ans méthodes violentes et guerrières, six mois après la levée de l’immu - de prison pour «insulte au et je suis opposé à toute politique nité. Pourquoi si tard ? Il s’agissait Président Erdoğan» et «propagan - guerrière. […] Bien que les décla - d’influencer l’opinion au moment de en faveur du PKK» lors d'une rations qui ont mis fin au proces - où l’on allait présenter le projet de apparition télévisée le 9 septembre sus de paix aient été faites par des changement constitutionnel… 2015. Vu le nombre de cas ins - responsables gouvernementaux, je truits, il n’y avait que l’embarras suis tenu pour responsable des Le 17 janvier, les procureurs de la du choix… C’est pour ce cas que, attaques du PKK. Le HDP n'a deuxième cour pénale de la pro - le 6 janvier, le co-président du aucune responsabilité pour le bain vince d'Adana ont requis 142 ans HDP avait déclaré n’être ni «un de sang. Ceux qui ont pris la déci - de prison contre Demirtaş et 83 dirigeant, un membre, un porte- sion politique étaient le président ans contre Figen Yuksekdağ. Le 18, parole ou un sympathisant du et le premier ministre». Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ozeti LE FIGARO mardi 3 Janvier 2017

Abadi, au président de la République, le François Kurde Fouad Massoum et au président du Parlement, le sunnite, Salim al-Joubouri. 11 s’inquiète aussi des risques de retour des combattants étrangers, et notamment des Hollande en dizaines de djihadistes français de Mos­ soul. « Ils sont vernis pour un combat qui n’était pas le leur. Nous allons faire en sorte qu’ils soient mis hors d’état de nuire », dit Irak sur le front le chef de l’État. « Ceux qui seront appré­ hendés seront jugés par la justice irakienne. Quant à leurs enfants, il faudra les déradi- caliser. » anti-Daech Au Kurdistan irakien, le président français a pris, dans l’après-midi, de la hauteur. Chef du proto-État kurde, le président Massoud Barzani lui a réservé un accueil particulièrement amical. Fran­ çois Hollande a pu ainsi voir Mossoul. De loin du moins. Il s’est rendu en compagnie du président kurde sur une ligne de crête, à quinze kilomètres du champ de bataille d’où il a contemplé la ville, à portée de ca­ nons français. affectionne, celui du chef de guerre. Rem­ porter la victoire, « c ’est prévenir des actions de terrorisme sur notre sol», martèle-t-il. Le cortège prend la route de

W L’enjeu, c’est la reconquête de Mossoul. Pour y parvenir, vous devez leur donner les conditions de la réussite François Hollande montre les positions de Daech depuis un avant-poste militaire, FRANÇOIS HOLLANDE AUX INSTRUCTEURS le 2 janvier, au nord de Mossoul. C h r i s t o p h e e n a /a f p DES SERVICES DE CONTRE-TERRORISME

le volet français de l’opération interalliée THIERRY OBERLÉ la « zone verte », le secteur des lieux du au Levant. * (3>ThlerryOBERLE pouvoir irakien protégés par d’autres Sur le front de Mossoul, l’armée ira­ ENVOYÉ SPÉCIAL A BAGDAD ET ERBIL {IRAK). murs. Durant les entretiens politiques, un kienne a lancé une nouvelle phase dans attentat frappe Sadr City, le grand quar­ les combats pour la reprise de la deuxième tier chiite de la capitale où au moins tren­ MOYEN-ORIENT Le cortège présidentiel ville d’Irak, fief des djihadistes de l’État te-deux morts sont dénombrés. « Notre déboule dans l’entrelacs des casernes qui islamique. Exténuée par deux mois d’âpre ennemi commun, c ’est Daech et le fonda­ encerclent l’aéroport de Bagdad, puis lutte et handicapée par des pertes impor­ mentalisme », répète François Hollande s’engouffre dans le dédale des murs de tantes, elle avait observé une pause de au premier ministre, le chiite Haïder al- défense de l’académie des ICTS, les servi­ deux semaines ; le temps de reprendre ces de contre-terrorisme. Une courte vi­ son souffle et de revoir une stratégie mise En septembre 2014, François Hollande site conduite au pas de charge commence. à mal par la résistançe de Daech. Les for­ avait été le premier chef d’État occidental François Hollande a rendez-vous avec les. ces irakiennes contrôleraient désormais à se rendre à Erbil, alors que les djihadis­ généraux des forces spéciales dans des plus de la moitié de l’est de Mossoul et les tes étaient presque aux portes de la ville baraquements militaires. cinq ponts qui ehjambënt le fleuve Tigre kurde après leur offensive d’août contre Les Français de la Task Force Narvik ont été rendus impraticables par le bom­ les minorités chrétiennes et yazidies. Il forment, sur cette base, les soldats d’élite bardement des accès. Mais la progression n’est pas sûr cependant qu’il aura l’occa­ des ICTS qui combattent en première li­ de l’armée et l’appui aérien de la coalition sion de pénétrer dans Mossoul avant la fin gne Daech à Mossoul. Si les instructeurs internationale sont freinés par la présence de son mandat présidentiel pour récolter sont en majorité américains, les Français de centaines de milliers de civils, les voi­ sa part de succès. La chute du bastion isla­ se distinguent en étant les seuls forma­ tures piégées et les snipers de PEL miste est, selon lui, une question de «plu­ teurs internationaux à vivre en perma­ « Cette année sera l’année de la victoire sieurs semaines». «Il nous a été confirmé nence sur le site. Les combats en zone Ur­ en Irak contre le terrorisme » veut croire, que nous pourrions atteindre cet objectif, baine et la lutte contre les engins explosifs malgré les difficultés, François Hollande. autant qu’il sera possible, au printemps, en improvisés, qu’il s’agisse de mines ou de « L’enjeu, c’est la reconquête de Mossoul. tout cas avant l’été», a-t-il précisé au su­ voitures suicides, sont au cœur de leurs Pour y parvenir, vous devez leur donner les jet de l’offensive lancée le 17 octobre pour savoir-faire tactiques. Depuis quelques conditions de la réussite », lance le prési­ reprendre la ville. Le premier ministre semaines, ils intègrent le retour d’expé­ dent français, debout sur une estrade, à un irakien, Haïder al~Abadi, parle, pour sa rience des combattants de la bataille de petit parterre d’instructeurs. « La mission part, de «trois mois, peut-être moins». La Mossoul. « Cela permet défaire évoluer les française, c’est l’appui, la formation et le pacification de la cité sera, quoi qu’il en procédures pour s’adapter, par exemple, soutien direct avec les artilleurs et les, avia­ soit, bien plus longue. Elle passe d’abord aux contre-attaques surprises ou aux dro­ teurs », poursuit-il. Flanqué de son mi­ par une réconciliation nationale entre nes piégés utilisés par Daech », explique nistre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, chiites et sunnites qui semble loin d’être un capitaine de l’opération « Chammal », François Hollande est dans un rôle qu’il acquise. ■

1 Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ozeti ie lîïo n de MARDI 3 JANVIER 2017 Les balcons d’Alep-Est

Les nombreux balcons de cette ville, qui abritaient et accueillaient un riche monde, ont été dévastés. Dans ce paysage, désapprendre la violence sera difficile

Par FAWAZ HUSSAIN che-Orient, autrefois un relais im­ pas dérogé à une habitude séculaire : portant sur la Route de la soie, est DESOMBRES elles riposteraient en temps et en une lancinante oraison funèbre. lieu convenus, ce qui voulait dire ja­ lep tombe officiellement, SE DÉPLACENT mais, au grand jamais. avec sa partie est et rebelle, INHUMAINE, INDESCRIPTIBLE La guerre en Syrie ne finira pas avec aux premiers jours de l’hi­ DANS UN SILENCE Je ne regrette pas le moins du A 2016 la chute dAlep. On sait comment ver . Ce sera le cadeau de Noël, monde la débandade des barbus qui, OUATÉ DICTÉ PAR éclate un conflit, mais personne ne selon le calendrier grégorien, d'un ayant confisqué la révolution sy­ sait dire quand et comment fl finira, Poutine chrétien et orthodoxe à un L’AMPLEUR DE rienne, ont précipité sa chute. Je en particulier dans ce Proche-Orient Assad musulman et alaouite, une plains les civils forcés à l’exil et les où les problèmes une fois nés ne branche du chiisme, religion d’Etat L’HORREUR SUBIE balcons tenus par des barres de fer s’acheminent vers aucune solution. dans la Perse des temps modernes tordues qui céderont tôt ou tard à Quant aux Kurdes alliés du régime, des mollahs post-pahlavites. Les l’appel du vide. Alep était la ville des ils n’auront rien. Ils rendront bientôt images que se relaient les chaînes du balcons, qui constituaient toute une leurs positions à l’armée et aux diffé­ monde entier sont intenables, hallu­ institution avec des codes connus rents services secrets de l’Etat. Ils cinantes, déchirantes. L’ampleur du uniquement des initiés. Autrefois y iront faire leur guéguerre ailleurs chaos dépasse tout entendement, ville d’origine. était étendu le linge fleurant bon le dans la vaste terre de Dieu, surtout fait choir le moral à vingt mille Certains jeunes tracent sur ce qui laurier et la fleur d'oranger y séchait. du côté des montagnes de Qandfl, lieues sous les bas-fonds de l’enfer. reste de murs debout- des phrases En levant les yeux vers le ciel, on dans le Kurdistan irakien. Des immeubles de sept étages pla­ improbables, aussi insensées que captait souvent des silhouettes ron­ Je ne crois pas qu’ils comptent qués au sol, des châteaux de sable « On reviendra, avec la victoire au delettes et furtives, surtout des pour des prunes, tous ces Syriens piétinés par les chenilles d'un char bout du fusil », «Alep, je t'ai dans la mains blanches, potelées, agiles. Etes qui se sont battus pour une nouvelle hystérique à la Mad Max de la Fédé­ peau» ou «Quand s’arrêtera cette Alépines tendres comme le pain de vision du pays et qui sont morts, dé­ ration russe... Dans une étendue guerre pour que je retourne à mon mie mettaient à sécher des chape­ placés ou dans les camps des réfu­ inouïe de débris et de poussière, des poème?» Mais comment p>eut-on lets de poivrons ou des guirlandes giés, C’est triste de le dire, mais la Sy­ ombres se déplacent dans un silence encore espérer au sein de cette folie d’aubergines et de courgettes dévi­ rie ne connaîtra plus la sérénité, ouaté dicté par l'ampleur de l’hor­ avide de meurtres et de ruines? Le dées : de la provision pour l'hiver. d’ailleurs elle ne l’a jamais connue II reur subie. Des hommes et des fem­ cœur fracassé, les rescapés font sem­ Combien de sourires et d'œillades sera de plus en plus difficile de dé­ mes tiennent sous les bras des sacs blant d’être dignes et forts. Le cou­ furent échangés depuis ces espaces sapprendre la violence et d’accepter de provisions, des bidons d’eau de teau chemine, mon frère, dans la maintenant effondrés? Combien de l’altérité. Quant à l’échange des mes­ qualité douteuse et des couvertures. chair, et y élit un domicile fixe. La vies à présent gâchées sont nées de superficie de la plaie, ma sœur, dé­ sages entre amoureux d’un balcon à D neige dru sur Alep et ses environs ces coins de paradis ? Combien ? l’autre, ce n’est pas demain qu’on le d’oliveraies et de pistacheraies. Er­ passe celle du corps. La chute dAlep, Dans leur exil imminent, certains verra refleurir.» rant dans un décor digne qui ne dé­ et de ses balcons, est intenable, in­ s’arrêtent, promènent leurs regards parerait pas dans les superproduc­ humaine, indescriptible. hagards sqr les décombres incar­ tions hollywoodiennes traitant de nant la laideur à l'état pur. Comment ADIEU A LA SÉRÉNITÉ lApocalypse, des Alépins grimpent

2 Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ozeti

LE FIGARO lundi 2 janvier 2017

Erdogan. En parallèle, « la Russie sur­ veille de très près les réseaux Giilen (l’op­ posant accusé d’être derrière le putsch Les zigzags d’Erdogan manqué, NDLR) dans le Caucase »', affir­ mait quelques semaines après au Figaro Beril Dedeoglu, ex-ministre aux Affaires européennes, de passage à Paris. sur le dossier syrien Quarante jours plus tard, alors que le président turc purge l’armée, les uni­ versités, la police et les services de ren­ GEORGES MALBRUNOT (SMaibrunot seignements, Ankara lance Une très audacieuse opération militaire dans le nord de la Syrie. Une intervention sans LA TURQUIE n’en finit pas de payer pour sa politique syrienne aventureuse. précédent, une semaine après un atten­ tat attribué à l’État islamique qui tue Longtemps base arrière des groupes re­ 54 participants à un mariage kurde. belles anti-Bacharel-Assad, y compris Mais en parallèle, Ankara engage d’in­ des plus radicaux, Ankara se retrouve aujourd’hui dans le camp de ceux - tenses contacts diplomatiques avec la Russie et Iran - qui les combattent chez Russie et l’Iran, avec la Syrie comme son voisin syrien, tout en ayant renoncé toile de fond. La Turquie se réaligne. à faire partir du pouvoir - à court terme Sans le dire, un deal est passé entre Mos­ du moins - l’homme fort de Damas. Ces cou et Ankara: contre l’aval donné à zigzags ne font qu’alimenter la rancoeur l’offensive militaire turque dans le nord de ses nombreux ennemis, en particu­ syrien voire l’établissement d’une zone lier les djihadistes de Daeeh qui ont d’influence turque, la Russie et son allié multiplié les attentats sur son territoire. Assad pourront reprendre Alep, la gran­ Pourtant, lorsque la révolution anti- de ville du nord du pays. Alors que les Assad démarre en mars 2011, le pouvoir Occidentaux vont ensuite s’insurger turc - après de vaines tentatives de mé-, contre «le martyre d’Alep», Ankara diation avec celui qui était alors son pro­ restera silencieux jusqu’à la reprise de la che allié - rejoint le camp des États- ville la veille de Noël. Mieux même, la Unis, de la France et des monarchies Turquie fit sortir d’Alep-Est des rebelles sunnites du Golfe - avec lesquelles An­ qui lui sont proches pour aller combat­ kara se rapprochera - pour renverser le tre à ses côtés Daech à Jaraboulous - que raïs syrien qui réprime dans le sang des l’El devra abandonner - et les Kurdes manifestations d’abord pacifiques. La Recep Tayyip Erdogan, mardi dernier syriens à Manbij - que ces derniers de­ Turquie devient le passage obligé des dans son palais présidentiel d’Ankara. vront, à leur tour, céder en novembre. volontaires étrangers en- partance pour M U RAT K U LA /A N A D O LU AG EN CY Sûr de l’appui russe et même améri­ un nouveau djihad. Des financiers privés cain, Ankara menace de représailles les du Koweït, d’Arabie Saoudite et du Qatar Une froide realpolitik fonde désor­ Kurdes syriens s’ils franchissent la ligne - parfois instrumentalisés par les servi­ mais les choix diplomatiques d’Ankara rouge que constitue l’Euphrate pour al­ ces de ^enseignements de ces monar­ qui désigne ses deux ennemis : les Kur­ ler plus à l’ouest vers la ville d’Afrine. chies qui rêvent d’en finir avec un pou­ des syriens, prolongement du PKK chez Finalement, les Kurdes obtempèrent. voir syrien allié de l’Iran - transmettent lui, et Daech. Pas plus que le récent as­ Dans le nord de la Syrie, les militaires des valises d’argent aux rebelles. Ceux- sassinat de l’ambassadeur russe à Anka­ turcs et leurs alliés rebelles veulent aller ci doivent s’organiser pour affronter la ra n’entraînera de rupture avec Moscou, jusqu’à al-Bab, toujours tenue par soldatesque d’Assad. Peu à peu, la rébel­ la destruction en vol d’un avion russe à Daech à 30 km seulement à l’est d’Alep. lion s’islamise. Au vu et au su des servi­ l’automne 2015 par deux chasseurs turcs C’est une autre ligne rouge au début de ces locaux, des djihadistes reviennent en n’avait empêché quelques mois plus tard l’automne pour Moscou et Damas qui Turquie se faire soigner dans les hôpi­ la réconciliation Erdogan-Poutine convoitent également la ville. La semai­ taux du pays. Des agents du renseigne­ qu’un tragique événement va même ap­ ne dernière pourtant, pour la première ment français ou américain mettent en profondir. Le 15 juillet au soir, une véri­ fois, l’aviation russe a couvert des bom­ gardent. Mais leurs capitales n’écoutent table révolte issue de l’armée - plus bardements turcs sur des positions de pas leurs avertissements. La Turquie, al­ qu’un simple coup d’État - ébranle le l’EI à al-Bab. Pour expliquer un tel revi­ liée des Occidentaux au sein de l’Otan, pouvoir turc. Le président Recep Tayyip rement, certaines sources évoquent un est un maillon indispensable dans la Erdogan échappe de peu aux balles des refus américain de fournir un appui aé­ guerre contre Assad. Mais l’émancipa­ militaires putschistes, , présents notam­ rien aux raids turcs, alors que seize mili­ tion progressive de ses ennemis kurdes ment sur la base de l’Otan à Incirlik, ce taires turcs venaient d’être tués dans des syriens et l’apparition de l’État islamique qui, aux yeux d’Ankara, suffit pour ac­ combats face à Daech. sur son flanc sud rebattent les cartes à cuser Washington de collusion avec les Entre-temps, Moscou, Ankara et Té­ partir de l’été 2015 et des premiers at­ félons. La révolte est promptement ma­ héran avaient négocié la sortie des re­ tentats commis sur le sol turc. tée. La nuit du putsch, des dizaines de belles d’Alep-Est, et la relance d’un pro­ milliers de manifestants descendent en cessus politique avec une conférence soutien dans les rues d’Istanbul et d’An­ prévue à Astana au Kazakhstan. La chu­ La semaine dernière, kara. Durant cette nuit de tous les dan­ te d’Alep a acté le basculement turc dans gers, Vladimir Poutine est le deuxième le giron russo-iranien. Mais jusqu’où pour la première fois, chef d’État, après l’émir du Qatar, le Ankara peut-il aller ? «L a Turquie en­ l’aviation russe a couvert cheikh Tamim, grand allié de la Turquie, voie encore des armes à des groupes com­ des bombardements turcs à appeler Erdogan pour le rassurer. De me Ahrar al-Cham et peut-être à l’ex- leur station d’écoutes de Hmeimim près Front al-Nosra (ex-branche locale d’al- sur des positions de Lattaquié en Syrie, les grandes Qàida, NDLR) dans la région d’Idüb et au de l’El à al-Bab oreilles russes aimaient capté de pré­ nord de , souligne le chercheur cieuses informations délivrées ensuite à Charles Lister dans un entretien au site

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Charles Lister dans un entretien au site salles d’opération militaires en Turquie - veulent s’écarter de la Turquie pour SyriaDeeply, mais Ankara tient aussi à se où sont distribuées les armes à destina­ fusionner avec l’ex-branche locale d’al- couvrir dans beaucoup de régions du nord tion des rebelles syriens. sera le Qaida. Mal à l’aise, Ankara a dû démen­ de la Syrie à cause de calculs géopolitiques prochain test des relations russo-tur­ tir un nouveau deal avec la Russie sur le plus larges ». Sa marge de manœuvre ques. Une fermeture des frontières - dos des rebelles. « La Turquie est tou­ face à la Russie n’est pas extensible. comme le réclame depuis des années jours déterminée à voir partir Assad, mais Avec la prochaine bataille d’Idlib, où Damas - paraît inenvisageable. Mais on voit bien que les Kurdes sont la princi­ sont réfugiés la plupart des rebelles anti- conscients du danger, certains groupes, pale menace pour sa sécurité et continue­ Assad, à l’exception de Daech, Ankara comme les salafistes d’Ahrar al-Cham - ront d’orienter les options diplomatiques pourra-t-il refuser à Moscou le gel des en tout cas certains radicaux en son sein d’Ankara », assure Charles Lister. ■

le nouvel - Observateur I 3 janvier 2017 Attentat d’Istanbul : "L'EI réagit à la pression turque en Syrie" Militairement présente en Syrie, la Turquie est sortie de son ambiguïté vis-à-vis de Daech, explique Bayram Balci du CERI-Sciences Po. Mais le pays paye sa tentative de reprise de la ville d'Al-Bab. Interview.

Ursula Gauthier le 03 janvier 2017 D’autre part, si Al-Bab tombait entre les mains http://tempsreel.nouvelobs.com/ des Kurdes, il est fort à craindre que la popula­ tion majoritaire, arabe et sunnite, en soit expul­ sée. On se trouve donc dans une situation L’attentat du 1er janvier à Istanbul n’est ubuesque, où un pays de l’Otan - la Turquie - pas le premier commis par l’EI en s’oppose à un autre pays de l’Otan - les États- Turquie. Mais c’est le premier que l’EI Unis - qui soutiennent militairement les milices revendique. Pourquoi ? kurdes syriennes. Les deux premières armées de C’est une première en effet. Jusque-là, les atten­ l’Otan s’affrontent en Syrie. Devant la politique tats perpétrés par l’EI n’étaient pas revendiqués extrêmement brouillonne des États-Unis en isme. Elle a dû tirer les leçons du fait que le par souci de ne pas se mettre à dos le pouvoir et Syrie, Erdogan a choisi de se rapprocher de la monde entier avait abandonné Alep. Même la population en Turquie où l’EI possède des Russie et de l’Iran, dans l’espoir d’aboutir avec l’Arabie Saoudite et le Qatar se sont retirés, lais­ bases. A défaut d’une alliance, l’EI voulait les puissances réellement impliquées dans la sant la ville seule face aux bombardements russes préserver une certaine neutralité du côté turc. Et région à un règlement de la question syrienne. et à l’armée de Bachar. La Turquie a donc fini par de fait, par le passé, la Turquie a fermé les yeux jeter l’éponge elle aussi, se rangeant derrière la Pourquoi l’EI est-il si furieux de la pres­ sur certaines actions de Daech, sur des objectifs Russie. sion turque à Al-Bab ? Que représente précis. Mais on entre dans une nouvelle phase, cette ville pour l’EI ? liée à l’évolution de la politique turque en Syrie. Il Les milices sunnites d’Alep se sont évidemment semble que l’EI soit maintenant dans une situa­ senties trahies par ce revirement. L’opposition Al-Bab est stratégiquement importante. C’est un tion tellement désespérée qu’il ne compte plus syrienne séculière (non-islamiste) est elle aussi passage vers la Turquie par où transitent les flux sur la neutralité de la Turquie et ne cherche plus profondément déçue. Même au sein des services de combattants ; c’est aussi un moyen de diviser à la ménager. turcs, certaines franges radicales sont furieuses. les Kurdes. Or l’EI subit désormais des pertes si lourdes sous la pression turque qu’il réagit vio­ La Turquie est donc vraiment sortie de Mais Erdogan avait-il une autre option ? Après lemment : deux soldats turcs brûlés vifs, puis l’at­ l’ambiguïté vis-à-vis de l’EI ? avoir soutenu l’opposition sunnite pendant qua­ tre ans, il s’est retrouvé seul. Pendant ce temps, le tentat de la discothèque d’Istanbul. La rupture Sans aucun doute. Depuis l’été dernier, la conflit kurde s’était de nouveau enflammé, est définitivement consommée. Turquie est militairement présente en Syrie. Cela l’obligeant à se concentrer sur cette menace. C’est Que peut faire Erdogan dans ces a un impact direct sur les activités de Daech, y ainsi qu’il faut comprendre son deal avec la conditions ? compris le trafic de pétrole qui représentait une Russie : il abandonne ses alliés d’Alep, et en Il n’a pas de politique, il est totalement désem­ source importante de revenus. Il y a aussi des échange la Russie l’autorise à entrer à Al-Bab, au paré. Malgré l’accumulation des pouvoirs dans combats avec Daech, des affrontements quotidi­ Nord d’Alep, afin de contenir les milices kurdes. ses mains, Erdogan est en réalité extrêmement ens, qui ont coûté la vie à au moins une quaran­ La priorité d’Erdogan, ce n’est plus la cause des isolé. Il répare une brèche d’un côté, puis il doit taine de soldats turcs. C’est probablement à cette sunnites de Syrie, mais la sécurité de sa frontière s’en détourner pour s’occuper d’une autre qui nouvelle donne que réagit Daech en commandi­ turco-syrienne. tant des attentats sur le sol turc. vient de s’ouvrir. D’où l’aspect chaotique de ses Pourquoi la ville d’Al-Bab est-elle si actions. Les solutions qu’il préconise ne Avec la chute d’Alep, il apparaît claire­ importante pour Erdogan ? marchent pas. ment qu’Ankara a abandonné ses alliés sunnites et a laissé la Russie les écraser. La Turquie veut depuis le début contrôler la ville Le rapprochement avec la Russie permet peut- Comment l’EI réagit-il à l’alliance entre la d’Al-Bab, une enclave sunnite arabe qui divise en être de contenir les Kurdes pour l’instant. Mais deux le territoire kurde du Nord de la Syrie lim­ Turquie et la Russie ? au sein de son propre camp islamiste, il est lâché itrophe de la Turquie. Al-Bab est à ce jour par des alliés choqués par ce rapprochement. Ces Daech n’était pas impliqué dans les combats occupée par l’EI. La Turquie pousse donc ses pro­ fractures internes sont beaucoup plus graves d’Alep. Ceux que la Turquie a lâché à Alep, c’est tégés à s’en emparer, dans l’espoir de faire d’une pour lui que l’hostilité de Daech. Elles risquent de l’opposition modérée, les rebelles islamistes mod­ pierre deux coups : chasser Daech et prendre de dresser contre lui une partie de ses propres forces érés qui combattaient Bachar. Pour Daech, la vitesse les milices kurdes qui veulent elles aussi de sécurité, comme l’a démontré l’assassinat chute d’Alep est probablement perçue comme prendre Al-Bab afin de réaliser leur continuité récent de l’ambassadeur russe à Istanbul aux positive, puisqu’elle signe la défaite de rebelles territoriale. mains d’un policier turc qui a clairement invoqué qui lui étaient opposés. Ils ont beau être tous Erdogan redoute en effet l’apparition d’un terri­ Alep. Aujourd’hui, Erdogan apparaît comme salafistes, les divisions sont profondes entre l’EI toire kurde fonctionnel à ses frontières qui servi­ débordé par les défis, contesté par une partie de et les factions islamistes modérées d’Alep. rait de sanctuaire aux milices kurdes de Turquie. son propre appareil, isolé et faible. ■ Pour la Turquie, il s’agit d’un dur retour au réal­

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2 Janvier 2017 Ankara vers le totalitarisme théocratique est également pan-islamiste. C’est Le régime, où se la dernière doctrine de l’Etat turc. confondent le leader, tie du tunnel ou un inattendu re­ Son objectif ultime étant de déso­ son parti et l’Etat, dressement de ce pays car il n’y rienter l’Europe par le biais d’un étouffe toutes les aura pas d’autre étape politique, si islam radical qu’il ria jamais con­ institutions laïques, ce n’est pour annoncer officielle­ damné. bafoue les lois de la ment une dictature basée sur une Alors que faire? En Turquie, une nouvelle Constitution que Re­ République. Face à une dynamique interne existe, la ré­ cep Tayyip Erdogan rêve de mettre volte de Gezi en a été la preuve. Europe qui ne bouge sur pied. En dissimulant de façon Mais le verrouillage de la société pas, il ne cesse de sournoise son projet politique, le par les forces de l’ordre et de la jus­ déraper. Big Brother sunnite a réussi à bou­ tice est tel que la société n’arrive leverser non seulement un pays plus à bouger. Elle résiste contre J inculpation massive des in­ tout entier, mais aussi sa région. le pire, c’est-à-dire contre son éli­ tellectuels, écrivains, jour­ C’est une sorte de fascisme vert aux mination physique. Tout en res­ L nalistes et universitaires en couleurs de l’islam qui s’est imposé tant sur la défensive, elle essaie Turquie pour cause d’«apologie du surtout après le soulèvement du d’éviter une guerre civile, mais terrorisme» ou d’«appartenance à parc Gezi à Istanbul en mai- aussi des génocides (contre les une organisation terroriste», con­ juin 2013 au prix d’une implacable Kurdes et les Alévis). Dans ces con­ firme le changement définitif du répression. Ce nouveau régime pa­ ditions, reste à l’Union euro­ régime dans ce pays. Le fait que la thologique est par ailleurs une péenne, à son tour, d’activer un romancière Asli Erdogan, l’intellec­ preuve supplémentaire que l’islam mouvement externe avec les oppo­ tuelle Necmiye Alpay et le journa­ politique et la démocratie ne peu­ sants et de créer une sorte de liste Zana Kaya soient libérés après vent coexister. La boucle est bou­ synergie. Mais force est de consta­ plus de quatre mois de détention clée en Turquie après l’écrasement ter l’inertie et l’aveuglement de arbitraire ne change rien à cette vé­ de toutes sortes d’oppositions qui l’Europe, paralysée par la crise des rité. Dans son état, la Turquie du rêvaient d’une vraie démocratie, réfugiés qui la fait se taire face aux président islamiste Recep Tayyip mais aussi de l’Union européenne. chantages d’Ankara. Erdogan, avec près de 150 journa­ Un pays où le leader, le parti du Aujourd’hui, l’Union européenne listes en prison, le prouve assez leader et l’Etat écrasent tout dua­ doit isoler ce pouvoir fondé sur une bien. On peut citer Kadri Gürsel, lisme politique, ignore tout clivage idéologie étrangère invasive. Le ancien journaliste de l’AFP et mem­ entre la droite et la gauche con­ parti AKP et son leader violent sys­ bre de l’Institut international de firme le glissement vers le tématiquement le contrat social la presse (IPI), qui est en prison totalitarisme. fondé sur la défense de la républi­ depuis deux mois, ou encore Mais Erdogan dissimule un autre que laïque et séculaire pour cons­ le journaliste d’investigation projet bien plus insidieux: celui truire un Etat islamiste. Nous som­ Ahmet Sik, actuellement en garde de déstabiliser l’Europe et de créer mes en Turquie comme dans la à vue. des failles dans sa sécurité. France des années 40, régis par un Aujourd’hui, une trentaine de lois Il faut le dire clairement : Erdogan gouvernement de Vichy alla turca. menacent la liberté d’expression déteste l’Europe et sa.civilisation. En isolant politiquement le pou­ sous un régime d’état d’urgence, Il le dit haut et fort depuis 1994. voir turc, l’Union européenne ne mise en application à la suite de la Mais l’Occident a préféré voir en lui doit pas pour autant punir le peu­ tentative du coup d’Etat militaire un «musulman m odéré»; un «dé­ ple de Turque mais soutenir la so­ avortée du 15 juillet. Il en va ainsi mocrate musulman». ciété civile dans sa lutte contre le de la liberté de presse dans ce Aujourd’hui, tout le monde regarde fascisme. Il est essentiel de sur­ pays : elle est réduite à néant. Les vers Daech, mais le vrai «cheval de monter la schizophrénie politique quelques vrais journalistes tou­ Troie» de l’islamisme dans le d’un pays qui fait partie de l’Eu­ jours en liberté ne savent plus quoi monde occidental est la -Turquie rope et de l’Occident. Aidons le faire avant leur prochaine arresta­ d’Erdogan qui incarne l’idéologie peuple turc à se séparer du pouvoir tion et les quelques journaux des Frères musulmans. «La nou­ islamique. Erdogan n’est pas la authentiques à faible tirage qui velle Turquie» dont il rêvait depuis Turquie! survivent attendent à leur tour longtemps est donc islamiste, sun­ La France, pays des grandes valeurs une fermeture inévitable. L’épée nite, fasciste, antisémite, raciste et universelles, peut jouer un rôle de Damoclès du régime est sur totalitaire. Mais pas seulement, elle d’avant-garde dans cette nouvelle . la tête de toute sorte d’opposition politique et mettre l’Union euro­ démocratique. péenne sur la voie. Car leurs des­ Protagoniste de la contre-révolu­ tins sont liés. Le régime turc est tion en Turquie, le parti islamiste dans une phase de dérapage qui AKP a donc mis fin à ce processus peut causer des dégâts majeurs après quatorze ans de pouvoir : dans une Europe qu’elle voit c’est une victoire décisive sur le ré­ aujourd’hui comme son ennemi. gime républicain. En asphyxiant Elle est en face d’un «second Mu­ toutes les institutions laïques, la nich» qu’elle ria pas le luxe de rater Turquie court vers un totalitarisme cette fois-ci. La situation est théocratique. Que l’Europe inac­ catastrophique. Le temps tive n’attende pas en vain une sor­ Ecrivain et journaliste presse.

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> RÜDAW 'ir French president hails ‘sacrifice of the Peshmerga’

Rudaw.net 2/1/2017 of the Peshmerga.” Hollande also pledged assis­ ERBIL, Kurdistan Region - After tance so that displaced persons can visiting the Kurdish frontline a mere return to their homes and stressed 20 kilometres from Mosul, French the need for a political solution for President François Hollande saluted Mosul after the military battle “so the “courage and self-sacrifice of the that the residents can all live toge­ The tivo leaders greeted each other with a hug at Erbil's airport. Peshmerga.” ther.” Photo: Rudaw video “Here, what you do to allow This is Hollande’s second visit to France to be safe and for the local the Kurdistan Region, a fact noted people, I congratulate you,” by Barzani. “Kurdistan was under your nation took.” rent autonomy. She is affectionately Hollande said in a joint press confe­ threat from the most brutal terrorist Hollande and Barzani visited the known as the Mother of Kurds. rence with Kurdish President organization when you first visited Peshmerga frontline together at Le Figaro, France’s oldest daily Masoud Barzani on Monday eve­ us. The war was very close to our Mount Zartik near Bashiqa where newspaper, described Barzani’s ning. capital. You ventured coming to the they were updated on the military greeting of Hollande on Monday as “It would not be possible to Kurdistan Region at that critical situation, which Barzani described “particularly friendly.” defeat Daesh without the sacrifices time. It was a great support for us as “a tough war” that has come “at Kurdish political leaders high­ and a brave stance that you and the cost of the brave Peshmerga lighted the strong ties between the and support from coalition forces.” two nations. Barzani hailed France’s support Safeen Dizayee, Kurdistan as an essential member of the inter­ Regional Government spokesper­ national coalition. “Mr. President, we son, referenced France's historic have always seen France as a sup­ support for the Region on Twitter. porter of the Kurdish nation. We Hemin Hawrami, head of foreign have hope in you. We hope that relations for the Kurdistan France continues to support us in Democratic Party, also mentioned the future so we realize our hopes.” the historic and strong bond bet­ France and the Kurdistan ween the two nations. Region have a long history of close France has been one of the relations. Danielle Mitterand, first main backers of the Kurdish forces lady of France in the 1980’s and in the war against ISIS in the last early 1990’s, advocated for the two years and the country maintains Kurds suffering under Saddam a consulate general in Erbil and a Hussein’s brutal tactics and was ins­ cultural center. ■ trumental in campaigning for the no- French President François Hollande (L) and Kurdish President Masoud fly zone that effectively allowed the Barzani held a joint press conference Monday. Photo: Rudaiv video Kurdistan Region to develop its cur­

Le Point 13 janvier 2017 Turquie: cinq soldats arrêtés en lien avec une attaque ayant tué 14 militaires

Istanbul, 13 jan 2017 (AFP) eu lieu le 17 décembre à Kayseri dans le centre de ces bus, qui transportait des soldats en repos de la Turquie, selon l'agence progouvernemen­ depuis la base vers le centre-ville de Kayseri. oupçonnés d'avoir participé à une attaque tale Anadolu. Les cinq militaires arrêtés étaient Les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), Smeurtrière revendiquée par la rébellion affectés dans la même base que les 14 soldats un groupe radical kurde proche du Parti des kurde en décembre, 5 soldats turcs ont été arrê­ tués dans l'attaque, a précisé l'agence. travailleurs du Kurdistan (PKK), avait revendi­ tés et placés en garde à vue, rapportent les qué cette attaque, qui avait également fait des médias locaux vendredi. L'attentat en question Ils auraient notamment fourni des informa­ dizaines de blessés. Ce même groupe est égale­ a coûté la vie à 14 de leurs camarades. Les 5 sol­ tions aux auteurs de l'attaque sur les horaires ment à l'origine du double attentat ayant fait 38 dats font partie de 23 personnes arrêtées jeudi de départ des bus transportant les militaires morts le 10 décembre dans la ville d'Istanbul. dans le cadre de l'enquête sur l'attaque qui avait depuis la base. L'attentat meurtrier a visé l'un

6 Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ôzeti c o u n c i l o r . JANUARY 5. 2017 FOREIGN RELATIONS Are Conditions Ripening for Iraqi Kurdish State?

Author: Steven A. Cook, Eni Enrico Mattei Senior Fellow for Middle East and Africa Studies January 5, 2017 http://www.cfr.org/

he failure of , breakdown of , and Tchanges in Turkey have created opportuni­ ties for Kurds in all three countries. They are not quite the regional kingmakers that some Kurds have boasted they might become, but Kurdish political and military power is now a growing factor in Middle East geopolitics. This has produced not only unique challenges, but also new possibilities for U.S. policy in the region. As President-Elect Donald J. Trump shapes his administration and officials look at the Middle East beyond the battles against the so-called Islamic State in Mosul and Raqqa, they will have to come to terms with the Kurds, some of whom are intent on using their new clout and political developments around them to push for a sovereign Kurdistan.

It is unlikely that Syria’s Democratic Union Party (PYD) or its fighting force, the People’s Protection Units (YPG), or Turkey’s Kurdistan Workers’ Party (PKK) will realize their objec­ Kurdistan Regional Government President Masoud Barzani visits the town of Bashiqa, tives of statehood, but Iraq’s Kurds may be in a east of Mosul, after it was recaptured from the Islamic State. (Photo: Azad far more advantageous position to press for Lashkari/Reuters) independence. Significant obstacles remain for Iraqi Kurds, but the combination of regional with one another, albeit often uneasily, to fighting. In fact, the Kurds have needed Iraq as instability, the coming liberation of Mosul, and administer the KRG. Gorran, an offshoot of the much as Iraq has needed the Kurds. Without the state of Iraqi politics may help advance the PUK, emerged out of frustration over alleged each other, they would both find driving the historic goals of Kurdish leaders. corruption in the KRG and the dominance of Islamic State from Mosul and northeastern The Kurds of Iraq the two better-established parties. All three Iraq significantly more difficult. Despite the have been locked in a confrontation over mistrust between Erbil and Baghdad, Iraq’s In the two-and-a-half years since the Islamic Barzani’s extended presidential term and progovemment Arab forces and the Kurdish State overran Mosul, Iraqi Kurdish leaders, unfulfilled promises of political reform. When peshmerga have bolstered each other in terms especially the president of the Kurdistan Barzani calls for independence, he is goading of manpower, fighting skill, and weaponry. Regional Government (KRG), Masoud Barzani, other Kurdish politicians to oppose him, a have spoken openly about “Iraq’s failure” and stand that would cost them politically. Neither BEYOND MOSUL signaled their intention to move forward with the PUK nor Gorran are against independence, independence for their three provinces, which but the PUK in particular differs with the KDP After the Islamic State is wrested from Mosul, would be governed from the KRG’s capital, over the conditions of the Kurdish region’s however, the Kurds may have less reason to Erbil. In February 2016 Barzani declared, “The independence. This is because the PUK’s lead­ remain within Iraq. Kurdish officials maintain existence of the Kurdish people in the Middle ers do not want Barzani and his party to domi­ that Iraq’s political system will continue to be East is a reality and the Kurds can, like all other nate a new Kurdish state. dysfunctional, and thus incapable of ensuring nations, achieve their rights and benefit from Kurdish rights. Still, the Kurds have shifted them. These are natural and God-given rights The Kurds have also raised independence to their position on how the KRG should secede and can under no excuse be denied.” Of course, gain leverage with Iraq’s central government from Iraq. Rather than pressing for the unilat­ the referendum on independence that Kurdish on a variety of issues, including oil exports eral approach implicit in Barzani’s declarations leaders have promised has never materialized. and the KRG’s share of Iraq’s revenues. Iraqi during the summer of 2014 and spring of 2015, And although Barzani’s statements often seem leaders have long resisted Kurdish independ­ Kurdish officials now indicate that they prefer a forthright, they are often full of caveats and ence, especially since the Kurds want the oil- negotiated exit, reasoning that good relations short on details. This suggests that he and his rich region of Kirkuk to be incorporated into with Baghdad will be critical to securing a pros­ advisors may be more interested in brandish­ their state. Baghdad has also opposed Kurdish perous and stable independent Kurdistan. ing independence to advance other interests. independence on principle, regarding it as an affront to Iraqi and Arab nationalism. A negotiated route to Kurdish independence Foremost among them is placing rivals to does not seem as unlikely as it once might have Barzani’s Kurdistan Democratic Party (KDP) For all of Barzani’s declarations about inde­ been. Voices within Iraq’s governing bloc have on the defensive. The two other main political pendence, the fight against the Islamic State indicated that they might prefer allowing the movements within Iraq’s predominantly has actually driven the KRG closer to Baghdad, Kurds to go their own way, which would allow Kurdish region, the Patriotic Union of if only out of necessity. Throughout the conflict Baghdad to keep the 17 percent of the central Kurdistan (PUK) and Gorran, or the Movement with Abu Bakr al-Baghdadi’s fighters, the government’s budget that would otherwise be for Change party, on the defensive. The KDP Kurds have complained bitterly—and erro­ sent to Erbil (the KRG has never received the and PUK are longtime rivals that cooperate neously—that they have done the bulk of the full amount). This is not the official **

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** position of the government of Iraq, but it in March 2003, Turkey became, after Iran, the state would diminish its regional influence. But nevertheless would be a new and potentially outside power most likely to intervene in Iraqi it seems unlikely that would oppose the fruitful means of addressing the Kurds’ long­ affairs to prevent the emergence of an inde­ KRG’s secession if Iraq dropped its objections term desire for independence. If this were to pendent Kurdish state. Since 2007, however, to Kurdish independence and negotiated a set­ become Iraqi policy, Kurdish independence Ankara has developed strong political, diplo­ tlement with its Kurds. Like Turkey, Iran would would likely not be as destabilizing as is often matic, and economic ties with the KRG. likely accommodate itself to an independent feared. Still, negotiations would likely be diffi­ Turkey’s dominant Justice and Development Iraqi Kurdistan and seek ways to profit from it. cult given Kurdish insistence on holding on to Party (AKP) and the KDP have also cultivated Kirkuk and other contested territories the KRG ties. Because Turkey is the largest investor in The complicated relationships between Iraqi has acquired since the summer of 2014, when the KRG, the region’s largest trading partner, Kurds and the governments of Iran, Iraq, Syria Iraq’s security forces collapsed upon encoun­ and a beneficiary of Kurdish oil exports, it no and Turkey, as well as their ties with Kurdish tering Islamic State fighters. longer defines its relationship with Iraqi Kurds groups in all those countries, are on one level solely in terms of potential threats. It has sig­ significantly destabilizing. And while Kurdish Should Erbil and Baghdad agree on a negotiat­ naled, albeit implicitly, its willingness to accept independence from Iraq remains fraught with ed break, the benefits to the United States Kurdish independence from Iraq. risk for the United States, on another level an would be clear. U.S. policymakers have independent KRG would present opportunities opposed Kurdish independence on the grounds Ankara sees Iraq’s Kurds as a buffer against the for Washington in a dramatically changed that the breakup of Iraq would spill more Iraqi instability spinning out of Iraq. Also, Barzani Middle East. At the very least, it would provide bloodshed, undermine Turkey’s security, and and the KDP have a testy relationship with the Washington with an alternative partner to provoke conflict with Iran. Many analysts have PKK, which Turkey regards as a terrorist group, Baghdad and Ankara, both of which have also contended that a Kurdish state would not as well as its Syrian affiliates, the PYD and YPG. proven to be reluctant or uneven allies in the be economically viable, though this condition is The PKK, meanwhile, has enjoyed support conflict with the Islamic State. The Kurds not itself a barrier to statehood. These are real from the PUK. Because of these dynamics, would welcome additional American invest­ risks, but under a negotiated KRG exit from Turkey’s leadership has invested significant ment in the development of Kurdistan’s oil and Iraq, Washington would be freer to develop ties political capital in the KRG and Barzani. For gas resources, which would be free from the to Kurdistan without antagonizing Baghdad. Turkey, the KRG’s independence would pose threat of sanctions from Baghdad. An independent Kurdistan would require sig­ far less a threat than the terrorism of the PKK Independence would also deepen U.S. ties with nificantly more U.S. military aid than current and the territorial ambitions of the PYD and a society that generally welcomes a relationship training and equipping. It would also need eco­ YPG. with the United States, in a region where few nomic assistance, given the heavy burden of hold Washington in high regard. The KRG’s caring for large numbers of Syrian refugees and Iran, with a population of between five and independence might make Iraq more politically the exposure of Kurdish finances to booms and seven million Kurds, may remain an obstacle to manageable as well. busts in energy markets. Nevertheless, the exi­ Iraqi Kurdish ambitions. Until the battle for gencies of this support would be greatly dimin­ Mosul is over, Tehran and Erbil will have a The doomsday scenarios that have often been ished without the threat of an Iraqi backlash common interest in fighting the Islamic State. conjured by opponents of Iraqi Kurdish inde­ and given cooperative KRG-Iraq economic ties. They diverge on the rightful status of the KRG, pendence are no longer as likely as they once Moreover, the United States would be gaining a however. Iran, echoing the central govern­ were. Kurdish independence from Iraq was not partner that can contribute to U.S. security ment’s official position, supports Iraq’s unity the United States’ intention during the 2003 interests in a manifestly unstable region. and has sought to mediate disputes between invasion, but more than a decade later it may Erbil and Baghdad. Iran worries about the prove to be an opportunity for U.S. policymak­ TURKEY’S TAKE effect an independent KRG might have on its ers to secure American interests in a turbulent own sometimes-restive Kurdish population, as region. ♦ In the three years after the U.S. invasion of Iraq well as how a U.S.- and Turkey-aligned Kurdish

O Uest^à 5 janvier 2017 francelS ------Turquie. Explosion à Izmir : deux morts, deux assaillants tués ouest-france.fr - 05 jan 2017

ne explosion près d’un tribunal d’lzmir, dans l’ouest de la Turquie, a fait Uau moins deux morts et dix blessés ce jeudi. Il s’agirait d’une attaque à la voiture piégée. Deux assaillants ont été tués. Au moins dix personnes ont été blessées et deux personnes ont été tuées, un policier et un huissier du tribunal, dans une explosion près d’un tribunal dans la ville côtière d’lzmir, dans l’ouest de la Turquie, a rapporté l’agence Dogan. Une explosion près d'un tribunal à Izmir, en Turquie, a causé la Cette nouvelle attaque intervient cinq jours après l’attentat qui a fait 39 mort de deux personnes ce jeudi. AFP morts dans une boîte de nuit d’Istanbul. Le maire du district de Bayrakli, à Izmir, a déclaré à la chaîne NTV qu'au moins 10 personnes étaient bles­ sées, dont une grièvement. jeudi que les autorités soupçonnaient les rebelles kurdes du PKK d'être res­ L’explosion a eu lieu près de l’entrée des juges et des procureurs, selon ponsables de l'attentat. « Les premiers éléments indiquent que le Parti des CNN Türk qui a parlé d’une voiture piégée. Les images diffusées à la télé­ travailleurs du Kurdistan (PKK) est derrière cette attaque », a déclaré Erol vision montraient un nuage de fumée, tandis que des ambulances et des Ayyildiz à la presse. véhicules de police étaient dépêchés sur les lieux. La veille, la police turque avait arrêté à Izmir une vingtaine de militants DEUX ASSAILLANTS TUÉS présumés du groupe Etat islamique (El) lors d'une perquisition en rapport, Deux assaillants ont été tués par la police, ont indiqué les services de selon les médias turcs, avec l'enquête sur l'attentat du nouvel an contre une sécurité qui traquent un troisième assaillants. Le préfet d'Izmir a affirmé discothèque d'Istanbul qui a fait 39 morts. ■

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iaCroix -mercredi 4janvier 2017

Le nombre de demandeurs d’asile LAllemagne protège turcs a triplé en un an en Allemagne. — . Kurdes et proches de la confrérie du prédicateur les Turcs opprimés Fethullah Gülen constituent le gros de ces nouveaux réfugiés qui fuient Manifestation de Kurdes, à Cologne le 12 novembre, contre la purge menée la répression en Turquie. par le président Erdogan depuis le coup d’État manqué. Martin Meissner/AP Berlin De notre correspondante deux capitales entretiennent des liens privilégiés car l’Allemagne Comme en Turquie, il faut en­ compte une forte communauté lever ses chaussures pour entrer turque. Mais les récentes purges chez Ergün Kocaakca. Depuis menées contre les médias et les trois mois, ce cuisinier de 36 ans opposants au président Erdogan vit avec sa femme et ses deux en­ crispent les autorités allemandes. fants dans une petite pièce, au En novembre, le secrétaire d’État sein d’un centre d’accueil pour aux affaires étrangères, Michael réfugiés de Berlin. Il y a demandé Roth, a incité les Turcs se sentant l’asile politique après avoir fui sa menacés à demander l’asile. Ber­ ville, Gaziantep, à la frontière sy­ lin a aussi annoncé une hausse du rienne. « En Turquie, il n’y a pas de nombre de bourses de recherche sécurité pour nous », explique-t-il. attribuées à des chercheurs et jour­ Politiquement engagé, il soutient nalistes persécutés dans leur pays. le parti prokiirde HDP dont les Ce soutien de facto aux oppo­ leaders ont été emprisonnés pour sants du président contraste avec can Karakoyun, estime à une qua­ leurs liens supposés avec l’organi­ sortissants turcs. C’est trois fois la signature, en mars 2016, d’un ac­ rantaine le nombre de familles sation terroriste du PKK. «Nous plus qu’en 2015. cord, voulu par l’Allemagne, entre assistons à une répression générale Les Kurdes constituent le gros arrivées ces derniers mois dans la 1TJE et Ankara. Il prévoit le renvoi contre les Kurdes, explique-t-il. Un de ces effectifs du fait de la reprise seule ville de Berlin. « On compte en Turquie des réfiigiés syriens ar­ de nos parents, membYe du PKK, est du conflit avec le PKK, en 2015, de aussi des imams, installés en Al­ rêtés en Grèce. Une situation « ab­ récemment sorti de prison. À sa li­ l’état d’urgence dans l’est du pays lemagne, qui demandent l’asile surde » pour Ergün Kocaakca, le bération, la police a pris notre mai­ et des pressions imposées au parti car ils ne veulent pas dénoncer les cuisinier originaire de Gaziantep. son d’assaut, avec des gaz lacrymo­ politique HDP. Le reste de ces de­ proches de Gülen comme l’exige Il salue toutefois l’accueil qui lui gènes. Pour nous effrayer. » mandeurs d’asile est constitué de A nkara », explique-t-il. Des di­ a été réservé à Berlin. Et comme proches de la confrérie du prédi­ plomates et des militaires au­ Murat, le journaliste, il a bon es­ En novembre, cateur religieux Fethullah Gülen. raient également demandé l’asile poir que sa demande d’asile soit Eux sont accusés par Ankara le secrétaire politique. acceptée. d’avoir fomenté le coup d’Êtat raté Le phénomène, récent, consti­ Delphine Nerbollier d’État aux affaires du 15 juillet 2016. tue une nouvelle source de ten­ Ceux qui le peuvent choisis­ sions entre Ankara et Berlin. Les étrangères, sent l’exil, comme Murat - son Michael Roth, nom a été modifié - qui a travaillé pendant trois ans à la rédaction a incité les Turcs Angela Merkel a été maître du journal Zaman, proche de la r e p é r é s se sentant menacés confrérie Gülen. « Nous savions d’œuvre. Il vise principalement que le gouvernement préparait une à reconduire en Turquie les mi­ à demander l’asile. opération contre nous, mais nous Les demandes d’asîle grants arrivés illégalement de ce ne nous attendions pas à une telle déposées en Allemagne pays en Grèce et à étanchéifier la mise en scène », accuse le jeune divisées par trois en un an frontière entre les deux pays. De confession alévie, une homme pour qui « ce coup d’État branche hétérodoxe de l’islam, a été monté de toutes pièces par En 2016, l’Office fédéral pour Parallèlement, le président Ergün Kocaakca dénonce aussi Erdogan » et dénonce une chasse les migrants et réfugiés (BAMF) turc Erdogan s’est livré à une l’intolérance religieuse dans un aux sorcières: «Lesgens ne trou­ s’attend à comptabiliser près véritable purge dans son pays pays tenu d’une main de fer par le vent pas de travail ou sont pour­ de 300 000 demandeurs d’asile, depuis le putsch manqué de président, Recep Tayyip Erdogan, suivis parla justice, leurs familles soit un tiers du record de 2015 juillet dernier, visant l’admi­ musulman sunnite. A Gaziantep, sont menacées, leurs biens confis­ (890 000 demandeurs). nistration, la presse et l’opposi­ « des membres de Daech circulent qués. » Recherché, Murat s’est tion. 150 000 personnes ont dans la ville, raconte-t-il. Notre lieu d’abord caché avant de passer Cette chute est en partie due été limogées dans l’armée, la à la fermeture de la route des de prière a été fermé, et à l’école, nos la frontière avec la Grèce, « pou r police et la fonction publique. enfants doivent suivre des cours 5 000 € contre 1000 € pour un Sy­ Balkans, au moyen d’un accord Près de 50 000 personnes ont de religion sunnite », regrette cet ' rien. Les peines sont plus lourdes contesté entre l’UE et la Turquie, été arrêtées, selon le parti homme portant un petit bouc. Sa pour les passeurs qui aident des conclu le 18 mars dernier, dont d’opposition CHP. famille n’est pas un cas isolé. Sur Turcs », dit le journaliste qui a les onze premiers mois dç l’année, reçu, en Allemagne, le soutien S 166 demandes d’asile ont été dé­ d’une association liée au mouve­ posées en Allemagne par des res­ ment güleniste. Son président, Er-

9 Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ozeti LE FIGARO 6 janvier 2017

I Quant à la peur, ' elle ne vous quitte pas: peur d'être attaquée dans la rue, peur que la police débarque à tout moment pour vous arrêter. «On vivait avec Je suis libre, la peur. Impossible mais je n’ai pas de fermer l'œil. Mais je sais que été acquittée. la pression internationale À chaque nouvelle m’a permis d'être mieux traitée audience, je sais que d’autres. » que le juge peut BRADLEY SECKER/GETTY IMAGES prononcer de lourdes peines. En fait, une partie de moi-même est toujours en prison ASLI ERDOGAN Asli Erdogan : « Le pouvoir turc veut tous nous réduire au silence» Tout juste sortie de prison, l’écrivain, active militante des droits de l’homme, raconte à notre correspondante son calvaire et ses inquiétudes pour l’avenir de son pays.

tement, saisi mes disques durs, épluché mes docu­ Vous avez été incarcérée à la prison des femmes Dephine Minoui ments, renversé les 3 500 livres de ma bibliothèque. de Bakirkôy. Comment s’est passée votre détention ? <Â)DelphineMlnoul La perquisition a duré 8 heures ! J’ai beaucoup Les cinq premiere jours ont été les plus durs à vivre : PROPOS RECUEILLIS PAR NOTRE d’ouvrages d’histoire, sur les Juifs, sur la Palestine... j ’ai été confinée à l’isolement, privée d’eau pendant CORRESPONDANTE A ISTANBUL Mais ils n’ont pris que ceux qui concernaient la ques­ 48 hemes. Ma cellule sentait l’urine. Puis, on m’a 2 tion kurde. C’est comme s’ils cherchaient désespé­ £ 21 transférée dans une section collective, avec autres rément des pièces à conviction pour m’accuser de femmes, toutes accusées de liens avec le PKK. Ma l y a une semaine, après 136 jours de prison lien avec le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, mère ne pouvait me rendre visite qu’une fois par se­ pour « appartenance à m e organisation ter­ considéré comme une organisation terroriste par An­ maine. Quand l’hiver a commencé, il s’est mis à faire roriste », la romancière turque - simple ho­ kara, NDLR). J’ai ensuite été embarquée au commis­ très froid. Un jour,- je suis tombée malade, j’avais monyme du chef de l’État - recouvrait la li­ sariat, interdite de contact avec ma mère ou mon beaucoup de fièvre. C’était un mardi. Mais je n’ai pu berté. Mais sous contrôle judiciaire et sans avocat. Au bout de trois jours, je suis passée devant le accéder à l’infirmerie que le vendredi. Les prisons autorisation de quitter le territoire. Victime juge. Quand il a annoncé que j’étais envoyée en pri­ sont surpeuplées et les surveillants en sous-effectifs. deI la dérive autoritaire du président Erdogan, et de la son, je me suis évanouie. Depuis la purge après la tentative de coup d’État, qui chasse aux sorcières qui sévit depuis le putsch raté du va au-delà des partisans de Gülen (auteur présumé du 15 juillet, elle attend avec inquiétude la'suite de son Quelles sont les charges retenues contre vous ? . putsch, NDLR), quelque 50 000 personnes ont été ar­ procès kafkaïen. On m’accuse, d’être membre d’une organisation rêtées. Et puis, il y avait cette rumeur selon laquelle terroriste armée, de porter atteinte à l’unité de des personnes allaient venir nous attaquer en pleine LEFIGARO, - La prison,que vous n’aviez jamais l’État et à l’intégrité territoriale du pays, et de faire nuit. On vivait avec la peur. Impossible de fermer connue, est le thème central d’un de vos derniers de la propagande en faveur d’une organisation ter­ l’œil. Mais je sais que la pression internationale m’a romans, (traduit et publié roriste... De quoi être passible de la prison à perpé­ Le Bâtiment de pierre permis d’être mieux traitée que d’autres. Je pense à en 2013 chez Actes Sud). Vous attendiez-vous à finir, tuité. C’est absurde : je n’ai jamais touché une arme cette femme qui partageait ma cellule au commissa­ un jour, derrière les barreaux ? de ma vie. Je ne me suis jamais rendue au mont riat et que j ’ai recroisée brièvement à Bakirkôy ; ses AsÜ ERDOGAN. - Personne n’est jamais prêt à la pri­ Qandil (nord de l’Irak, où siège la direction militaire jambes et ses bras étaient parcourus d’ecchymoses. son. Mais, depuis 4-5 ans, j ’avais comme un pres­ du PKK, NDLR), à l’inverse de nombreux journalis­ sentiment. Mes écrits sur les violations des droits de tes. Mon seul « crime » est d’avoir siégé au comité Qu’est-ce qui vous a aidée à tenir en prison ? l’homme et les minorités n’ont jamais plu en Tur­ éditorial du journal prokurde Ozgür Gündem, où je Au début, quand il ne faisait pas encore trop froid, je quie. Mais ce qui m’arrive dépasse la fiction ; si signais également des chroniques (dont Actes Sud pratiquais mes pas de danse classique dans une petite j ’avais inventé mon arrestation, personne ne vient de publier une compilation, Le silence même cour en béton. Je pouvais également disposer de 15 li­ ip’aurait cru. Imaginez une douzaine de membres n’est plus à toi). Ce qui m’arrive est totalement kaf­ vres, mais pas plus. En prison, tout est quantifié : le des forces spéciales qui débarquent chez moi en plein kaïen. Je suis écrivain et ne milite aù sein d’aucun nombre de pulls, de pantalons, de carnets de notes. En après-midi ! Iis étaient encagoulés, portaient des gi­ parti politique. Le pouvoir turc veut faire de moi un fait, il est impossible de se concentrer. Les gardes dé­ lets pare-balles. L’un d’eux a pointé son arme auto­ symbole, réduire les autres au silence. Il cherche à barquent toujours à l’improviste. Et puis, on est tou­ matique vers ma poitrine en hurlant ; tu te rends ou faire taire tous ceux qui s’intéressent à la cause kur­ jours miné par l’inquiétude : sur son sort, sur celui du je tire ! On m’a interdit d’appeler qui que ce soit. de. Depuis que les accords de paix ont volé en éclats pays. À la télévision, autorisée dans le foyer central, on D’ailleurs, iis ont aussitôt pris mon cellulaire - que je à l’été 2015, il ne fait plus aucune distinction entre le assiste, le cœur noué, à la dérive de la Turquie : l’arres­ n’ai toujours pas récupéré. Ils ont fouillé mon appar­ PKK et les Kurdes. tation des journalistes de Cumhuriyet, l’assassinat de

10 Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ozeti l’ambassadeur russe, les attentats, tantôt imputés à pour un simple lien familial, ou même moins que ça. juge peut prononcer de lourdes peines. En fait, une Daech, tantôt au PKK. Quand c’est la guérilla kurde qui En revanche, ce qui m’a frappée, c’est la façon dont partie de moi-même est toujours en prison. est pointée du doigt, les détenues deviennent toutes les plus anciennes organisent la vie de la cellule : pâles. Celles qui attendent leur procès craignent que le l’heure du réveil, du thé, les séances de discussion Traque des opposants, guerre contre le PKK, juge ne soit encore plus sévère. Du coup, cela crée un idéologique. Une discipline quasiment militaire. La lutte anti-Daech en Syrie... Que cherche le président véritable élan de solidarité entre détenues. À la veille prison pousse à la radicalisation politique. Erdogan en ouvrant tant de fronts à la fois ? de chaque convocation au tribunal, elles organisant 11 est prêt à toutes les tactiques pour renforcer son des « soirées de solidarité » : elles boivent du thé, elles Comment vivez-vous votre liberté retrouvée ? pouvoir, pour que les gens disent : il nous a sauvés. chantent. Quand mon tour est venu, elles ont chanté Avec difficulté. En prison, vous êtes dans un état de Mais c’est le contraire qui se produit. L’oppression Bella Ciao. Et je me suis mise à danser en pleurant. régression : tout est décidé et contrôlé par les autres. mène à la violence. Si j ’étais président, j ’essaierai de Une fois dehors, vous redevenez adulte : vous avez désamorcer les tensions au lieu de mettre de l’huile Vos compagnes de prison étaient-elles toutes liées un compte bancaire, des rendez-vous, des mails sur le feu. Chaque jour apporte une mauvaise nouvel­ au PKK? auxquels vous devez répondre. Quant à la peur, elle le : un attentat contre une boîte de nuit, un reporter À part la linguiste Necmiye Alpay (également récem­ ne vous quitte pas : peur d’être attaquée dans la rue, arrêté à cause d’un tweet. Un créateur de mode s’est ment libérée, NDLR), toutes mes codétenues étaient peur que la police débarque à tout moment pour vous même fait récemment lyncher à sa sortie d’avion. Sur kurdes. Mais à l’exception de quatre ou cinq d’entre arrêter. Je loge chez ma mère, je n’ai pas encore osé Internet, les attaques verbales se multiplient. La vio­ elles, visiblement engagées dans la guérilla, il s’agis­ retourner chez moi. Je suis libre, mais je n’ai pas été lence déteint sur la société. C’est très inquiétant. ■' sait surtout de jeunes femmes, la vingtaine, arrêtées acquittée. À chaque nouvelle audience, je sais que le

Libération M ard i 3 Janvier2017 L’Etat islamique en guerre ouverte contre la Turquie

Le communiqué a été dif­ un succès. Jarablous est re­ fusé en plusieurs langues pris en quelques heures à via la messagerie Telegram. TEL L’alliance entre soldats L’Etat islamique (El) a re­ turcs et rebelles continue de vendiqué lundi être respon­ progresser vers le sud, les jji- sable du massacre commis hadistes reculent. Mais peu dans la nuit du nouvel an au à peu, à mesure que rebelles Reina, une boîte de nuit et soldats turcs se rappro­ d’Istanbul. Trente-neuf per­ chent d’Al-Bab, principal fief sonnes ont été abattues en de l’EI dans la région, les moins de dix minutes. Le ti­ combats se durcissent. L’ar­ reur, en passe d'être identi­ mée turque encaisse les per­ fié selon les autorités tur­ tes -au moins 37 soldats ont ques, était toujours en fuite été tués depuis le début de lundi soir. ÜEI avait déjà re­ l’offensive - et voit deux de vendiqué des assassinats en ses hommes capturés et brû- Turquie, mais jamais d’at­ Hommage à Istanbul, lundi, photo ykarahan. Reu ter s lés vifs par l’EI. L’aviation tentat L’organisation a été russe, qui bombardait ces soupçonnée plusieurs fois le FYD (Parti de l’union dé- nome kurde à sa frontière, mêmes groupes rebelles à ces dix-huit derniers mois mocratique), de s’emparer Elle déploie donc plusieurs Alep, a accepté de venir en d’avoir commis des attaques, de la ville de Jarablous, à la centaines de ses soldats en renfort la semaine dernière dont celle contre l’aéroport frontière turco-syrienne, Syrie. Elle exige aussi de en bombardant Al-Bab. Atatürk en juin qui avait fait contrôlée par l’EI. Les Kur- plusieurs groupes rebelles L’EI n’a donc plus rien à per­ 47 morts. Cette fois, l’EI dé­ des venaient de chasser les syriens qu’ils envoient des dre. Il ne contrôle plus de crit le Reina comme un ras­ jihadistes de la ville voisine combattants vers Jarablous villes à la frontière turco-sy- semblement de chrétiens de Manbij. Us n’ont jamais pour participer à l’offensive, rienne, par où transitaient qui fêtaient leurs «vacances caché leur ambition d’uni- Même si cela les force à af- les jihadistes étrangers. La apostates» et affirme se ven­ fier leurs territoires, le «Ro- faiblir leurs fronts dans la perte d’Al-Bab est program- ger de l’intervention turque java», dans le nord de la Sy- ville d’Alep, ils ne peuvent mée, même si elle pourrait en Syrie. rie. Ce plan est violemment pas refuser : leur ravitaille- prendre plusieurs semaines, Soutien de la rébellion sy­ rejeté par le gouvernement ment dépend de la Turquie Lesjihadistesdel’EInecon- rienne dès 2011, Ankara a turc : le PYD est le pendant et ils font partie du MOM, un frôleront alors plus en Syrie lancé l’été dernier l’opé­ du PKK (Parti des tra- centre d’opérations basé que Raqqa et Deir el-Zor ration «Bouclier de vailleurs du Kurdistan), en dans le sud de laTurquie où (Est). La Turquie s’est dite l’Euphrate». L’objectif est guerre avec Ankara. Or la se réunissent les pays occi- lundi «déterminée» à pour- alors d’empêcher la branche Turquie ne peut tolérer la dentaux et arabes qui les suivre son offensive, armée du parti kurde syrien, création d’une zone auto- soutiennent. L’opération est LUC MATHIEU

11 Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ozeti n°3529 MatcHdu 5 au 11 janvier 2017 FRANÇOIS HOLLANDE _ LA DERNIERE BATAILLE POUR HOLLANDE, QUITTER LELYSÉE AVEC MOSSOUL LIBERE AURAIT DE LÂLLURE. IL EN RÊVE COMME UN LEGS A CETTE En Irak, avec le ministre de la Défense. Jean-Yves Le Drian. juché dans un poste d'observation à 15 kilomètres des positions de l’EI au nord de Mossoul. le 2 janvier. FRANCE MEURTRIE PAR LES ATTENTATS DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL À BAGDAD ET ERBIL ERIC HACQUEMAND

^es moutons ici et là broutent tranquillement Mossoul, nous avons libéré 500 kilomètres de territoires », . de rares touffes d’herbe.Totalement indif­ annonce fièrement le général Sirwan Barzani, chef d’état-major férents à l’interminable cortège d’une des peshmergas. Il y a deux ans, Daech semblait pourtant invin­ kquarantaine de gros 4 x 4 qui filent à cible, poussant son avantage jusqu’aux portes d’Erbil et même 1 vive allure devant eux. Dans le ciel de Bagdad. Depuis, les villages alentour ont été repris. A coups I de la plaine de Ninive, près d’Erbil, de frappes aériennes en appui des combats au sol. Cette année, dans le nord de l’Irak, deux héli­ à Qaraqosh, ville symbole des chrétiens d’Irak, les chants de coptères escortent en permanence la Noël ont même retenti de nouveau. « Daech recule, les progrès BMW blindée du président du Kurdistan sont indéniables», claironne Hollande. Mais il a fallu payer le irakien, Massoud Barzani, et de son invité prix. Celui du sang versé. d’honneur, François Hollande. Daech n’est pas si loin. Le pré­ A l’extérieur de la tente, accrochés aux murs d’une vieille sident français a décidé d’aller au plus près de la ligne de front, bâtisse, des portraits de soldats tués rappellent le lourd tribut située à une quinzaine de kilomètres de Mossoul. des peshmergas à la lutte contre Daech. E t ce, malgré le sou­ Direction un poste d’observation, dont le nom est tenu tien des militaires français. Depuis le lancement de l’opération secret, à une quarantaine de kilo­ Chammal, en septembre 2014, mètres d’Erbil. Dans les environs, outre ses frappes aériennes, la aucune maison ne tient encore France intervient pour former debout, témoignage de la violence les troupes d’élite irakiennes et des combats. Une petite mon­ kurdes et les «appuyer» sur le tagne, quelques virages en épingle terrain. Appuyer ? Dans le ciel, et, alignés, des Kurdes irakiens en on entend un léger vrombisse­ armes, dos à la route, scrutant l’ho­ ment. C’est un petit drone qui fait rizon. Puis l’asphalte disparaît au des cercles concentriques autour profit d’une piste caillouteuse. Le du poste d’observation, au-dessus poste se trouve là, perché sur une de la tête du chef de l’Etat. Au ligne de crête au bout de nulle part. sol, un soldat français scrute des « Mossoul, c’est là-bas, tout droit... », images parfaitement nettes sur sa indique un soldat français, pointant petite console. Plusieurs membres du doigt un horizon où l’on dis­ des Forces spéciales françaises, tingue à peine, dans le soleil rasant cagoulés et surarmés, observent et de cette fin de journée, la deuxième renseignent sur d’éventuels mou­ ville d’Irak. La voiture de François vements de l’ennemi. En chef des Hollande se gare au milieu d’une armées, François Hollande s’est courette de gravats entourée de positionné dans une casemate, sacs de sable et de murs en béton. regard au loin. L’opération de Escorté de ses gardes du corps, communication est bien léchée. équipés pour certains de gilets pare- A ses côtés, Massoud Barzani balles, le chef de l’Etat s’engouffre lui règle une paire de jumelles à dans une tente militaire accompa­ longue portée. Vue imprenable gné de son ministre de la Défense, sur la ligne de front et la plaine Jean-Yves Le Drian. L’un comme en contrebas. «Mossoul behind l’autre sont des grands amateurs de [Mossoul est derrière] ? » demande cartes d’état-major. Façon général le chef de l’Etat dans un anglais en campagne, le président se fait approximatif détailler la grande offensive sur La capitale du califat l’ob­ Mossoul. «Bachiqa, le nord de En haut: arrivée de François Hollande à Erbil, au Kurdistan irakien, le 2janvier, sède. Selon les estimations, envi­ Mossoul, etc. : depuis le 17 octobre, pour une visite éclair de vingt-quatre heures. En bas : avec les Forces spéciales ron 3000 djihadistes y seraient et le début de la reconquête de fra n ça ise s à un poste d’observation près de Mossoul. encore retranchés. Parmi eux, des

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centaines de combattants étrangers, notamment des Français, les soldats d’élite irakiens en partance pour Mossoul. Des tirs considérés comme les plus durs parce qu’ils n’ont plus rien à d’armes légères retentissent soudain à proximité. «Ne vous perdre. Depuis quelques jours, l’offensive sur la ville du nord a inquiétez pas, les Irakiens s’entraînent...», sourit le capitaine repris après deux semaines de pause. «C ’est l’heure du grand «Ludo», un pseudo. Point clé de la formation dispensée par rendez-vous », relève Jean-Yves Le Drian. Les quartiers est les Français, la lutte contre les engins piégés, et notamment les sont en passe de tomber, grâce, notamment, aux militaires véhicules. «A Mossoul, ils se comptent par centaines et même irakiens envoyés en première ligne. « L ’objectif est d’isoler par milliers», poursuit le capitaine «Nils», qui tient aussi à complètement les djihadistes, de couper leurs lignes logis­ garder l’anonymat. tiques», explique un officier d’état-major français. Mais les François Hollande espère une victoire totale pour le prin­ progrès sont lents. L’ennemi se fond dans la population et temps. Mais, il le sait, «la bataille de Mossoul sera très dure». s’est retranché dans les quartiers ouest, faisant craindre bain Le scénario idéal ? Quitter l’Elysée avec Mossoul libéré, voilà de sang et destructions. Barzani se souvient de la reconquête qui aurait de l’allure. François Hollande en rêve comme un legs du village de Bachiqa, quelques semaines auparavant. « Il y à cette France meurtrie par les attentats terroristes, téléguidés avait 59 tunnels dans le bourg. Les djihadistes, on aurait dit depuis la zone irako-syrienne. «Bien sûr, ce serait une fierté des souris et des rats », dit le président kurde. A Mossoul, leur personnelle d’avoir contribué à la reconquête de Mossoul », réseau souterrain serait encore plus étendu. confie-t-il. Il n’a pas oublié le coup de téléphone du président Quelques minutes plus tard, alors que le froid est tombé, kurde Barzani, en août 2014, implorant l’aide française face au François Hollande reprend le costume de chef de guerre qu’il rouleau compresseur djihadiste. Libérer Mossoul pour effacer n’a finalement jamais cessé de porter depuis l’intervention aussi le sentiment d’impuissance des Occidentaux dans le mar­ au Mali, en 2013. Dans un hangar aménagé de l’aéroport tyre dAlep, en Syrie. Lui que l’on disait si éloigné des questions d’Erbil, une cinquantaine de militaires français l’attendent. diplomatiques au début de son mandat pourrait ainsi trouver Avec, en toile de fond, un énorme canon Caesar de 155 mm sur le terrain international une occasion de soigner sa sortie. - d’une portée d’environ 40 kilomètres - utilisé cet été dans Comme n’importe quel monarque au crépuscule de son règne, la reconquête des territoires perdus. «Nous n’en avons pas Hollande, qui a décidé le 1er décembre de ne pas postuler à fini avec le terrorisme ! Ça sera long, mais ça sera victorieux», sa succession, s’interroge beaucoup ces derniers temps, selon harangue-t-il, dans la droite ligne de ses vœux télévisés aux un proche : « Qu’est-ce que les Français vont retenir de mon Français le 31 décembre. Pour la seule journée de lundi 2 jan­ quinquennat? Quelle trace vais-je laisser pour la France?» vier, dix attentats ont en effet La réussite économique paraît ensanglanté le pays... Cerise sur le exclue: si le chômage a baissé gâteau, le lieutenant général amé­ l’an dernier, le pays compte mal­ ricain Stephen J. Townsend, qui gré tout 1 million de chômeurs de dirige la coalition, a fait le dépla­ plus qu’en mai 2012. Reste la place cement. Ainsi qu’un invité de de la France dans le monde et son dernière minute, Bernard-Henri bilan à l’international qu’il se dit Lévy, qui débarque au milieu des «prêt à défendre». Le président troupes. Défenseur de la cause est attendu les 13 et 14 janvier à kurde, le philosophe tourne depuis un sommet africain au Mali, autre le 17 octobre un film dans la région, terre où il a porté le fer contre le « L a bataille de Mossoul», qui djihadisme. Puis ce sera une mini- devrait sortir en mars. «La pré­ tournée en Amérique latine à la fin sence de François Hollande est du mois, avec notamment un pas­ le signe de l’implication de la sage en Colombie pour saluer le France depuis les premiers jours récent accord de paix signé entre le de la bataille. C’est très bien», gouvernement et les Fare. Et, à côté approuve BHL. L’intellectuel, qui de ces longs trajets, l’Europe, avec affirme avoir tourné des scènes à Malte, Chypre, le Portugal, etc. En Mossoul dernièrement, prévient : clair, François Hollande fait tout «Les peshmergas ont ouvert la pour, désormais, se tenir éloigné ville, mais les Irakiens ont du mal à des chicayas de la primaire socia­ y avancer, malgré la présence amé­ liste, sur laquelle il refuse de s’ex­ ricaine sur le terrain...» primer. Par souci de préserver la Alors, les Français mettent les fonction présidentielle... Mais aussi, bouchées doubles dans leur mis­ explique son entourage, «parce que sion d’instruction. A proximité s’immiscer le priverait de sa capa­ de l’aéroport de Badgad, ce lundi cité d’apaisement », lorsqu’il faudra 2 janvier au matin, vers 8 heures, ensuite recoller les morceaux. Et juché sur une estrade montée à éventuellement s’impliquer dans la la va-vite, François Hollande sou­ campagne présidentielle avant de haite «une bonne année de vic­ En haut : Jean-Yves Le Drian et le lieutenant général américain Stephen J. Townsend, livrer une dernière bataille, beau­ toire contre le terrorisme» aux en charge des opérations de la coalition internationale. En bas: François Hollande coup plus personnelle : celle de sa instructeurs français qui forment entouré du m inistre de la Défense et de Massoud Barzani, le président kurde. reconversion. ■ HWrichacquemand

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Sl)e W ashington jlost J a n u a r y i . 2017 U.S. military aid is fueling big ambitions for Syria's leftist Kurdish militia

By Liz Sly January 7, 20 1 7

https://www.washingtonpost.com Recruits at a gradua­ tion ceremony after completing military training provided by AL ABYAD, Syria —In a former high school U.S. Special Forces in Tclassroom in this northeastern Syrian town, the countryside of about 250 Arab recruits for the U.S.-backed war Syria's against the Islamic State were being prepped by province. (Alice Kurdish instructors to receive military training MartinsIFor Tire from American troops. Washington Post)

Most of the recruits were from villages sur­ rounding the Islamic State's self-proclaimed cap­ ital of Raqqa, and the expectation is that they will be deployed to the battle for the predominantly Arab city, which is now the main target of the assistance and hundreds of U.S. military advis­ U.S. military effort in Syria. ers. But first, said the instructors, the recruits must The gains have taken Kurdish fighters far beyond learn and embrace the ideology of Abdullah traditionally Kurdish areas into territory popu­ Ocalan, a Kurdish leader jailed in Turkey whose lated overwhelmingly by , threatening not group is branded a terrorist organization by only to stir up long-standing ethnic rivalries but both Washington and Ankara. also a wider conflict The scene in the classroom captured some of the Turkey, which regards the YPG as an affiliate of complexity of the U.S.-backed fight against the Ocalan's Kurdistan Workers’ Party, or PKK, is Islamic State in Syria, where a Kurdish move­ enraged at the U.S. support for the Syrian Kurds, ment that subscribes to an ideology at odds with and this month called on President-elect Donald stated U.S. policy has become America's closest Trump to sever U.S. support for the militia when ally against the extremists. Manbij Military Council recruits graduate he takes office. As Russia, Syria and Turkey move after completing U.S. military training. The People's Protection Units, or YPG, is the mil­ closer toward a settlement to the overall Syrian (Alice MartinsIFor The Washington Post) itary wing of a political movement that has been conflict, the United States could also find itself at governing northeastern Syria for the past 4 1 / 2 odds with Russia over its military role in Syria. years, seeking to apply the Marxist-inspired To assuage Turkish concerns and avert tensions thereby diluting the influence of the Kurdish visions of Ocalan to the majority Kurdish areas between Arabs and Kurds, the U.S. military is fighters. vacated by the Syrian government during the channeling weapons and ammunition to an war. U.S. officials and military advisers in Syria umbrella organization called the Syrian declined to discuss details of the training being Over the past two years, the YPG has forged an Democratic Forces (SDF), which includes Arab provided to the Arabs in the force. But they said increasingly close relationship with the United fighters as well as the Kurds. The goal, the U.S. they were unaware that the Arab recruits were States, steadily capturing land from the Islamic military says, is to build an Arab force capable of receiving lessons in Kurdish political theory State with the help of U.S. airstrikes, military taking and holding Arab cities such as Raqqa, before their U.S. military training. "What hap­ pens to them before they come to us, we don't Assad regime Kurdish groups Sunni insurgents 4 Islamic State know," said one of the U.S. military advisers in Syria, who spoke on the condition that he not be identified by name or rank.

U.S. officials acknowledge, however, that the Kurds constitute more than three-quarters of the SDF coalition and are leading the fight on the front lines, making them the biggest beneficiary of U.S. military assistance.

And it is the Kurdish vision of a future Syria that is being extended to the Arab areas that are being conquered, despite frequent statements issued by the U.S. government opposing the Kurds’ plans to create any form of new region in Syria.

"The military support has boosted the YPG’s con­ fidence to move beyond Kurdish populated areas and grow their ambitions even beyond Syria," Source: IHS Jane's Conflict Monitor as of Jan 3. said Maria Fantappie of the International Crisis Group. "It has huge political implications not

14 Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ôzeti only for Syria but also for neighboring Those being targeted by the YPG also include countries." people who support the mainstream Syrian opposition, according to an activist from the '’ Arab town of Manbij, which was captured by the On a rare visit by foreign journalists to northern YPG and SDF last August. The activist has cam­ Syria, Kurds were eager to explain Ocalan's polit­ paigned against both the Islamic State and the ical theory, a mix of Marxism and the utopian YPG, and the Kurdish militia wants him to turn dreams of a dead American leftist from Vermont himself in, he said. As a pressure tactic, the group named . is holding his brother, who is not politically involved, said the activist, who lives elsewhere in It seeks to abolish states and eliminate the need Syria and spoke on the condition of anonymity for governments by putting communities in because he fears for his brother's safety. charge of their own affairs. Referred to some­ what vaguely as "democratic confederalism" or SDF recruits read a book written by POTENTIAL CONTRADICTIONS the "democratic nation," the theory places a Abdullah Ocalan outside the school where Manbij offers an illustration of the potential con­ heavy emphasis on egalitarianism, women's they attend classes on ideology before tradictions of the U.S. alliance with the Syrian rights and being kind to animals. going through military training. (Alice Kurds. The town, located in the northern Syrian Martins/For The Washington Post) Originally envisaged by Ocalan as a way of province of Aleppo, is held out by the U.S. mili­ achieving a form of autonomy for Turkish Kurds, tary as an example of a successful handover of who have historically faced severe discrimina­ power by Kurds to Arabs after an area is freed tion by the Turkish government, the theories are from Islamic State control. now being adapted to the circumstances in Syria, But the Arabs who run Manbij are adherents of with its diverse mix of Arabs, Kurds, Christians, the YPG's ideology, making them indistinguish­ Alawites, Turkmen and others. able in Turkey's eyes — and in the eyes of local Far from seeking to redraw borders to give residents — from the Kurdish force, according to Kurds their own entity, along the lines of the Aaron Stein of the Washington-based Atlantic region carved out by Kurds in neighboring Iraq, Council. The YPG-backed Arab force in Manbij the Syrian Kurds are seeking to apply Ocalan's has already fought battles with Turkish-backed vision of a borderless world to all of Syria and Arab rebels in the nearby countryside, and beyond, said Nusrat Amed Xelil, who oversees Turkey is threatening to launch an offensive to the ideological training of the Arab recruits. Tzvo young Arab members of the YPG say take over the town. they joined the group when their home­ 'We don't want confederalism just for Kurds, but At a recent ceremony for 250 Arab recruits who town, Manbij, was recaptured from the for all Syria, and even all of the Middle East," he Islamic State. (Alice MartinsIFor The had just completed training with the U.S. military said. "We don't recognize geographical borders Washington Post) near Manbij, the newly minted soldiers were between this area and th at” told they would be heading not to the Raqqa front lines but to Aleppo, to confront the rebels ‘THERE IS NO STATE' Assad that has ruled Syria for the past four backed by Turkey, a NATO ally of the United decades. In the classroom in Tal Abyad, a majority Arab States. As U.S. Special Operations troops looked town on the Turkish border that was recaptured The difference, the instructor explained, is that on, Abu Amjad al-Adnan, commander of the from the Islamic State in 2015, Kurdish instruc­ the Baath Party favors Arabs, whereas Ocalan’s Manbij recruits, rallied the soldiers to take the tor Agit Ibrahim Heso fielded questions from the theories apply to all ethnic and religious groups. fight to the forces backed by "terrorist Turkey.” slightly puzzled young Arab men, dressed in new In interviews after the class, the men said they U.S. advisers are also present on the ground with green uniforms and seated at desks were happy to embrace the YPG's ideology. the Turkish-backed rebels in Syria, setting up a "What is the role of the state in the democratic scenario in which U.S. Special Operations forces "It is like havin a democratic mother who does nation?" one recruit asked. embedded with opposing sides could confront not discriminate against her children,” said one another. • "There is no state," Heso replied. "The state is an Louay Shammari, who escaped from an Islamic instrument of oppression.” State-controlled town in Raqqa province last summer. "What’s the difference between ‘democratic nation' and the slogans of the Baath Party?" "If we did not agree, we would not be in training asked another recruit, referring to the party of now. We have to learn it,” added Mussab Issa President Bashar al- Sheikh, who is also from the Raqqa area.

Analysts and YPG opponents question how dem­ ocratic or egalitarian the group's ideology really is. Dissent is not tolerated. Photos of Ocalan loom over town squares and in public offices, much in the way Assad's portrait dominates areas the government controls.

Though elected councils are administering day- to-day affairs in local communities, real power is wielded by shadowy military commanders who have fought with the PKK in Turkey, said Rana Khalaf, author of a report on the Syrian Kurds' governance for the London-based Chatham House think tank. "In practice, they are as A large, faded portrait of Abdullah authoritarian as anyone else,” she said. Ocalan is posted at the southern entrance Kurds who support Kurdish parties that are o f Tal Abyad. (Alice MartinsIFor The opposed to the YPG have been jailed or driven Washington Post) into exile.

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%'* - -PUDAW JANUARY 8. 2017 'H'' Erbil-Ankara seek to upgrade economic ties and fight against terrorism

Rudaw.net 8/1/2017 For his part, the Turkish PM said ERBIL, Kurdistan Region—The that his country did not accept the Kurdistan Region is prepared to Kurdistan Workers’ Party (PKK) acti­ upgrade its cooperation with Turkey vities carried out against Turkey in all aspects especially in comba­ from the Kurdistan Region, warning ting the threat of terrorism and broa­ that they will not accept the de-facto dening economic and trade ties, Kurdish administration in northern said Kurdish President Masoud Syria either. Barzani at a joint press conference President Barzani visited Turkey with the Turkish Prime Minister last August on the invitation of Binali Yildirim in Erbil on Sunday. Turkish President Recep Tayyip “We welcome this visit,” Barzani Erdogan after the country’s failed said. “We highly appreciate it. This is coup attempt which Yildrim descri­ a big support from the state of bed as important. Turkey, and its people to Kurdistan “Your visit after the July 15 coup Turkish Prime Minister Binali Yildirim [L], and President Masoud Region. We thank the state of to Turkey was very important.” Barzani [R] in a joint press conference in Erbil on Sunday. Photo: Rudaw Turkey, his Excellency the president, Turkish PM Yildirim said according yourself, and the Turkish people for to the Kurdish translation. “It showed his country, warning the Kurdish your support to the Kurdistan clearly your firm stance against the ted terrorist organization by the EU Region.” FETO terrorist group, “he said, in authorities that it was a security and the USA, and the Kurdish concern for them, too The Kurdish president said that reference to what Turkey calls Democratic Union Party (PYD), and “Our operation against the PKK Turkey and Kurdistan were both Fethullah Terrorist Organization, its armed wing of People’s is continuing both inside Turkey and facing the threat of terrorism. “and for this we are very thankful of Protections Units (YPG). also in here. The PKK activities car­ “We all have faced the disease you.” “PKK equals PYD. It equals ried out against us from here is not of terror and terrorism. And to face PM Yildirim explained that com­ YPG. They make up names, and for acceptable at all. Every necessary the terrorists we need the coopera­ mon fight against terrorism, and the each operation they make one,” he tion between all sides. Thankfully economic and trade ties underpin­ step will be taken to the end [of this said adding that different names do threat]. The spread of this group to not fool the Turkish state. the terrorists have faced a big defeat ned his meetings with the KRG lea­ the west of Sinjar is not acceptable On economy and energy, he in our fronts, and we hope that the ders. to us. This is a security issue. It is terrorists will be uprooted in all other He said: “Regarding terror, the said that there will be meetings and not Turkey’s problem alone, it is your fronts, in Turkey, here [in Iraq], and terrorist ISIS group, the terrorist further cooperation between respec­ problem, too—it is also Iraq’s pro­ all other countries.” PKK, and the terrorist FETO, are not tive ministries from both sides, as blem as well. And to do this, a com­ early as this month. “We are ready to upgrade our Turkish problem alone; it is a pro­ mon effort is needed.” The Kurdish president and cooperation in all aspects,” Barzani blem to here [Kurdistan Region], He added that they are trying to Turkish Prime Minister later visited said, as he explained that they dis­ Iraq, Syria and Turkey.” convince Europe and the West to Peshmerga front line near Bashiqa cussed a whole range of issues in Yildirim went on to say that understand that there is no diffe­ in Zerdik mountain “successful meetings” held today Turkey did not accept the use of rence between the PKK, a designa­ between both sides. Kurdish territory for attacks against

Syrie: la Russie réunit les Kurdes et Dama il Li I iilili ili ni l'ni ni mu

fr.sputniknews.com 14.01.2017 la question de fédéralisation et de préparer le terrain pour les négociations ultérieures avec la participation des représentants du Parti de l'union démocra­ tique (PYD), principal parti kurde en Syrie, et le Conseil national kurde, organisa­ es responsables russes engagés dans le règlement du conflit en Syrie ont orga­ tion politique opposée à Bachar-al-Assad. nisé une rencontre entre les Kurdes et le gouvernement syrien pour leur per­ L « Les autorités syriennes se disent opposées à la perspective d'accorder au mettre de discuter de la fédéralisation du territoire kurde. peuple kurde certains droits », poursuit-il. « Pourtant, la Russie leur dit Grâce à la médiation de Moscou entre Damas et les Kurdes, un groupe d'hommes "Formulez vos souhaits et nous en discuterons avec le gouvernement politiques kurdes s'est rendu hier à Damas pour débattre d'une des questions des syrien. Si Damas vous propose l'autonomie, acceptez-la. Dans les condi­ plus complexes du règlement du conflit syrien: l'autonomie de la région kurde. « tions actuelles, le statut d'autonomie est une bonne possibilité." » Nous avons décidé de participer aux négociations parce que la Russie s'est portée Selon M. Sedun, la résolution du problème kurde « allégera la charge qui pèse sur garante », indique à Sputnik Ferid Sedun, homme politique kurde.« La Russie est le gouvernement syrien. De ce fait, la Russie cherche à trouver une solution à capable d'influencer le gouvernement syrien. » cette question. » L'objectif de cette rencontre, explique M. Sedun, est d'obtenir une avancée sur

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LE FIGARO samedi 7 - dimanche 8 janvier 2017 Istanbul dans l’angoisse des attentats En un an et demi, les attaques attribuées à Daech ou à la rébellion kurde ont fait plus de 4 0 0 morts en Turquie.

DELPHINE MINOU) *(|>Del|jhineMmuui CORRESPONDANT À ISTANBUL

TURQUIE II était parti travailler avec le même enthousiasme qu’à l’habitude, convaincu que la soirée serait longue et festive. Cette nuit du réveillon du 31 décembre, Fatih Çakmak, 33 ans, n’est jamais rentré chez lui. Abattu par huit balles - dont une dans la nuque, visant vraisemblablement à l’ache­ ver-, le jeune agent de sécurité est l’une des 39 victimes du carnage de la discothèque Reina, revendiqué par Daech. Triste ironie du sort : trois semaines plus tôt, U avait échappé de La mère de Fatih Çakmak, le 2 janvier 2017, lors des funérailles de son fils, l'agent de sécurité près à la mort lors du double attentat de la discothèque Reina victime de l'attaque terroriste du 31 décembre, u m it b e k t a s /r e u t e r s signé par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK, proches des rebelles du PKK), aux abords d’un stade pas d’alcoôl, mais aimait la musique, le par un nouvel attentat, à Izmir, qui a d’Istanbul. sport en salle, les cigarettes et les filles. tué deux personnes, la peur est de plus «il venait juste de quitter le stade avec « H avait des rêves plein la tête -. écono­ en plus pressante. « Je ne prends plus le son équipe de sécurité quand une voiture miser de l’argent pour acheter une mai­ métro », souffle Laie, une habitante du piégée et un kamikaze ont tué plus 45 son et sè marier. » Des rêves assassinés quartier Beyoglu. « Je limite les sorties personnes », raconte son frère aîné, en l’espace de sept minutes - le temps et j ’invite mes amis chez moi en me fa i­ Mehmet, les yeux gonflés de larmes. qu’a duré la tuerie, d’après la police, sant livrer des repas à domicile », confie Dans le petit appartement familial, au qui continue à traquer l’assaillant, tou­ Onür, qui travaille dans le marketing. cœur du quartier Bagcilar, amis et pa­ jours en cavale, et apparemment origi­ Ceux qui en ont les moyens préparent rents défilent en sanglots. Les tasses de naire d’Asie Centrale. déjà des plans B : acheter un apparte­ thé circulent au rythme des prières du En cette fin d’année particulière­ ment en Grèce, faire une thèse à Coran. Sur les visages, la tristesse se ment meurtrière, deux semaines après l’étranger... Dans la rue, le moindre sac mêle au désespoir. « On est encore sous l’assassinat de l’ambassadeur russe à oublié provoque des mouvements de le choc. Notre pays a tellement changé. Ankara, la sécurité s’était renforcée à panique. Les visiteurs étrangers, déjà Dès que vous sortez de chez vous, tout Istanbul. Le soir de la Saint-Sylvestre, moins nombreux qU’avant - le touris­ peut arriver. Chaque jour, les risques se quelque 17 000 policiers montaient la m es chuté de 26 % entre 2015 et 2016 - démultiplient. Le danger est quotidien », garde à travers la ville. Pour pénétrer sont de moins en moins visibles. « J ’ai se désole Mehmet. sur la place Taksim, habituellement eu ma dose. Après trois années à Is­ Le destin tragique de Fatih Çakmak, bondée de badauds, il fallait se sou­ tanbul, nous partons la semaine pro­ c’est un peu celui d’Istanbul : une vil­ mettre à une fouille corporelle1: les chaine», glisse une expatriée améri­ le-monde au dynamisme contagieux, à femmes d’un côté, les hommes de caine, mère de trois enfants, qui cheval entre Orient et Occident, rat­ l’autre. Du jamais-vu en centre-ville... préfère taire son nom. trapée par une spirale infernale de vio­ Les mois précédents, Istanbul s’était Au-delà de la peur, c’est aussi la co­ lence. En un an et demi, la démultipli­ déjà métamorphosée, avec ces nou­ lère qui prévaut. Les jeunes Turcs qui cation des attaques, tantôt attribuées à veaux détecteurs de métaux à l’entrée ont vécu la libéralisation et le boom Daech, tantôt liés à la rébellion kurde, du métro, ces murs de parpaings de­ économique des années 2000 accusent a causé la mort de plus de 400 person­ vant les commissariats, ces barrières le président Erdogan d’avoir transfor­ nes à travers le pays. D’abord épar­ de police devant les consulats étran­ mé la Turquie en un terrain de guërre : gnée, la cité cosmopolite tant prisée gers. Une bunkérisation familière pour contre le PKK, contre Daech, contre des touristes étrangers a été touchée en quiconque a vécu à Bagdad, Beyrouth Fethüllah Gülen... Depuis le putsch son cœur, dès janvier 2016, par plu­ ou Le Caire. Le soir du Nouvel An, raté, imputé à ce dernier, une chasse sieurs attentats suicides : dans le nombre de Stambouliotes avaient aux sorcièrès s’abat sur la société. À la quartier historique de la mosquée pointant fait le pari de sortir pour violence des attentats se greffe égale­ Bleue, sur l’avenue Istiklal, les oublier, justement, les traumatismes ment une violence verbale, comme Champs-Élysées d’Istanbul, ou encore de 2016, celle de cës groupuscules nationalistes à l’aéroport Atatürk. Malgré la para­ et ultrareligieux qui avaient dénoncé noïa qui minait son entourage, malgré les célébrations du premier de l’an, l’interdiction du port d’arme pour les Ceux qui en ont considérées comme impies. « La peur agents de sécurité privée, Fatih les moyens préparent déjà d ’être tué s ’est abattue sur la Turquie. Çakmak avait choisi de se moquer des des plans B : acheter un (...) Si vous n’arrivez pas à lutter, dé­ risques du métier. « il aimait son tra­ missionnez », a lancé mardi Kemal Ki- vail. C’était un bosseur », confie un de appartement en Grèce, faire liçdaroglu, le chef du Parti républicain ses amis, Kazim Çakir. À l’image de une thèse à l’étranger... du peuple (CHP) à l’attention du chef nombreux Stambouliotes, son mode de de l’État turc. Dès le lendemain, l’inté­ vie oscillait entre tradition et moderni­ Mais depuis l’attaque contre la célè­ ressé répliquait dans un discours : té : il fréquentait la mosquée, ne buvait bre discothèque, suivie de cinq jours « Aucun mode de vie n’est systémati-

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quement visé en Turquie. » un éditorial publié dans le journal bri­ on fera face à une nouvelle attaque, esti­ C’est pourtant une réalité : la Tur­ tannique The Guardian. Condamnés à me Kazim Çakir, l’ami du défunt. C’est quie est aujourd’hui profondément di­ la routine de la violence, les Stambou- ainsi. U faut désormais faire avec. Il faut visée. « Même le deuil ne peut unir une liotes se résignent, eux, à certains continuer à vivre et travailler comme société aussi polarisée que la nôtre », se automatismes. « D’ici à une semaine, l’avait fait Fatih. » ■ désole la romancière Elif Shafak, dans l’attaque du Reina sera oubliée. Et puis,

euronews. January 10, 2017 Opinion: US must make a hard choice in Syria: Turkey or Kurds?

BY FABRICE BALANCHE, associate professor Yet telling the Kurds to leave Manbij and research director at the University o f Lyon The Battle for al-Bab could end their alliance with the 2, visiting fellow at The Washington Institute United States - a troubling prospect 10 janvier 2017 ffli a w i • given their proven efficiency against www.euronews.com IS, seen most recently in the success­ ful SDF offensive toward Thawra Dam, the key to capturing Raqqa. n January 5, Turkish president Recep What are Washington’s options in this OTayyip Erdogan threatened to close delicate situation? Incirlik Air Base to the international coalition against the Islamic State, citing the lack of Doing nothing means upsetting U.S. support for his efforts to take the IS-held Erdogan, who would not hesitate to Syrian city of al-Bab. That battle will likely withdraw access to Incirlik Air Base. force Washington to make some hard choices This would make the coalition’s task about which ally is most important in the more complicated, but not impossi­ anti-IS campaign — Turkey or the Kurds. ble; allied forces could strike the Raqqa region from bases in Jordan, AL-BAB PROVING MORE DIFFICULT THAN Iraq, the Gulf states, or Cyprus (albeit with extra hurdles related to Since November 14, the Turkish army and allied distance and route security). Yet Syrian rebel forces have been advancing on al- Turkey w ill eventually take al-Bab Bab. By December 10, they had entered the with or without U.S. help, likely by city’s western suburbs, seizing Sheikh Aqil hill shelling the city and otherwise caus­ on December 20. Turkish forces likely assumed ing heavy civilian casualties. Erdogan that this position would allow them to put IS might then apply the same technique hlanHcSMeflS) under fire and compel the group to flee, much “ to Manbij if the SDF has not with­ Other irbth like it did during the battle for Jarabulus. drawn by then, leaving Washington with the prospect of major civilian On December 22, however, IS retook the hill, carnage, direct Turkish-Kurdish m ili­ inflicting heavy losses on Turkish and rebel campaign, the city had about 100,000 inhabi­ tary confrontation, and further inter­ forces. Fourteen Turkish soldiers were reportedly tants, along with 50,000 more in the adjacent ference by the Russians, who would likely insert killed; IS also burned two Turkish military prison­ towns of , , and Bzaa. And as in themselves as arbiters between Ankara and the ers alive, and video of their grisly deaths was Mosul, Manbij, and Ramadi before, IS has pre­ Kurds. widely disseminated on social networks. vented local civilians from fleeing, intending to Alternatively, if Washington supports Erdogan in In response, Turkish jets heavily bombed al-Bab, use them as a human shields. al-Bab, it could help lim it the death toll by pre­ reportedly causing the deaths of 72 civilians on To avoid potential carnage, Erdogan will there­ cluding indiscriminate bombardment of civilians. December 23. In total, 173 civilians have been fore need the precision of American airpower. Turkish soldiers and rebels would be assured of killed by Turkish-led operations against the city The Russian air force has supported some Turkish quality air support that hits the right targets, since November 14, according to the Syrian operations around the city, but it is unclear if encouraging them to make progress in the ground Observatory for Human Rights. they have the local capability or willingness to battle against IS. On January 4, Erdogan announced that the battle conduct a comprehensive campaign of precision To be sure, this approach runs the risk of Erdogan would be finished quickly, deploying troop rein­ strikes. building on a victory in al-Bab by attacking Manbij forcements and additional tante to the area. ERDOGAN’S CREDIBILITY, WASHINGTON’S or even the SDF stronghold of Tal Abyad. The lat­ Turkish press reports have noted that 8,000 army DILEMMA ter scenario could foreclose the possibility of troops are participating in the campaign, and Kurdish autonomy in Syria once and for all, even their latest movements suggest Erdogan now The battle’s outcome will likely affect Erdogan’s in divided cantons. Convincing the Kurds to leave intends to encircle al-Bab and cut off its links credibility with the Turkish population. The main Manbij voluntarily could avoid that outcome. And with the IS “capital” of Raqqa. goal of his Syrian intervention is to prevent the while the wider Kurdish goal of unifying their unification of the two large Kurdish cantons along Syrian cantons could die with the fall of al-Bab, Yet this approach raises the question of whether the northern border, and al-Bab is the key junc­ U.S. officials need to carefully consider whether and how Turkey w ill prevent further harm to civil­ tion point between them. The campaign also supporting that Kurdish political dream is more ians. When the Kurdish-led Syrian Democratic plays to Turkish nationalism after the failed coup important than maintaining the U.S. military Forces (SDF) encircled and conquered Manbij in last July. alliance with Erdogan. Whatever the case, avoid­ June-July 2016, they made careful attempts to ing a Turkish-Kurdish confrontation in Syria is cru­ minimize collateral damage against the city itself Moreover, Erdogan has warned that the Turkish cial to liberating Raqqa sooner rather than later, and its inhabitants, but they suffered heavy m ili­ army w ill retake Manbij from the Kurds after al- particularly if the United States wants to do so tary losses in the process. The commander of the Bab. The SDF were supposed to leave the city last without being obliged to cooperate closely with Turkish-backed militia Sultan Murad recently stat­ year, as Vice President Joe Biden promised Russia. ♦ ed that only a few thousand civilians remain in al- Erdogan in August. Ankara may invoke this prom­ Bab, but that claim rings false: before the Turkish ise as the battle for al-Bab develops.

18 Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ozeti DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JANVIER 2017 GEOPOLITIQUE

Ces photos ont été prises entre le 18 et le 21 mai 2016 à Nadjaf, la grande ville sainte d’Irak.

A gauche : des étudiants en théologie dans une bibliothèque coranique. A droite : dans les artères du centre, des portraits de l’ayatollah Khomeyni, fondateur de la République islamique d’Iran. PHOTOS: LAURENT VAN DER STOCKT POUR « LE MONDE »

seignait pas. Il n'avait publié aucune œuvre, n’avait aucune expression politique. Mais il Irak était déjà, de loin, le plus suivi parmi les marja-e taqlid, cette cinquantaine de clercs chiites ayant acquis, par la reconnaissance de Ali Al-Sistani, prophète leurs pairs, la capacité d’interpréter les écritu­ res saintes et le statut de « source d'imitation », intercesseurs entre Dieu et les hommes. Le premier «proconsul» dépêché à Bagdad de l’om bre par Washington, Paul Bremer III, mesure vite l’étendue du pouvoir du «vieux» de Nadjaf A l'été 2014 le grand ayatollah chiite Sistani exhorte, avec succès, Depuis le complexe palatial de Saddam, où il les Irakiens à rejoindre les milices en lutte contre l'Etat islamique. siège, Bremer veut désigner, au petit bonheur, un gouvernement de transition. En novem­ Cet acteur central mais quasi occulte de la politique irakienne est aussi bre 2003, les forces d’occupation subissent un rempart contre l’influence iranienne. Sa succession, liée chaque jour 35 attaques, lancées par l'insurrec­ tion irakienne, à Bagdad et à travers le pays. à son âge, déchaîne aujourd’hui les ambitions parmi les clercs chiites L’Amérique est alors en précampagne : le prési­ dent George W. Bush brigue un second man­ coussin, murmure une prière. «Je ne cherche dat. Il faut désengager les troupes, montrer du LOUIS IMBERT pas le mal», dit-il. Lui qui ne prend jamais la résultat. Bremer consulte. Les alliés irakiens,

NADJAF (Ir a k ) - envoyé spécial parole en public, ni ne reçoit la presse, a ac­ les exilés rentrés au pays se pressent à sa porte. cepté d'accueillir exceptionnellement les en­ Mais, depuis Nadjaf, Ali Al-Sistani dit non. Il voyés du Monde à titre privé - c’est ainsi qu’il renvoie la copie. Et refuse de rencontrer Bre­ as d’or ni d’encens. Pas d’es­ donne audience aux hommes politiques de mer. «Comment? Enfin, les structures politi­ trade. Aucune distance. L’aya­ son pays, a certains dignitaires étrangers et à ques irakiennes de demain ne vont quand tollah Ali Al-Sistani reçoit ses vi­ d'innombrables délégations de fidèles. Il ne même pas être dictées par un seul homme!», siteurs à ses côtés, sur le banc sort pas de ses bureaux, ou peu. Ses proches s’insurge Bremer. L’homme en question exige modeste d’une pièce presque lui rapportent l’actualité, qu’il suit avec atten­ l’élection, au préalable, d’une Assemblée cons­ nue, dans ses bureaux décrépis tion. Sa voix est un filet rauque. Sa peau est tituante. Il convoque de grandes manifesta­ de la vieille ville de Nadjaf. Une humilitégrise, sonà la visage mangé par une barbe blan­ tions dans les mes de la capitale et dans le Sud Pmesure de sa puissance. L’homme n’a pas che, sous le turban noir des déscendants du chiite. Il ne lui faudrait pas plus d’un sermon d’égal en Irak, ni dans l’ensemble du monde Prophète. Un jour prochain, il va mourir. Les pour ouvrir une guerre. Bremer n’a plus qu'à chiite : son aura s’étend de l'Iran au Liban, de séminaristes de Nadjaf évoquent désormais se plier au bon vouloir du marja. lÀfghanistan à l’Inde, et à l’Asie du Sud. régulièrement sa succession : ce grand vide La Constitution, Sistani en aura approuvé A Bagdad, les gouvernants plient devant les qui s’ouvrira dans un pays déjà en guerre. Le chaque ligne - et dicté plus d’une. Il a «béni» édits de ce religieux taciturne, qui méprise peuple chiite l’aime, le révère. Les dirigeants publiquement l’alliance des partis chiites qui ouvertement leur corruption, leur impuis­ sunnites le respectent. L’ayatollah est un prend le pouvoir en 2005, contribuant large­ sance, leurs turpitudes. A 87 ans, Ali Al-Sistani rempart contre les haines sectaires, une ment à leur victoire aux premières élections estvieux et frêle, mais du fin fond d’un dédale béquille pour l’Etat irakien qui s’écroule. générales. Il aura dix ans pour regretter ce sou­ de coursives poussiéreuses, dans son sémi­ Son aura, Ali Al-Sistani l’a acquise en tien. Ses protégés ont mis l’Etat en coupe ré­ naire de Nadjaf, il tient encore la dragée haute avril 2003, au moment où l'invasion améri­ glée : le système clientéliste, corrompu et sec­ à l’Iran, ce grand voisin chiite et puissance tu­ caine mettait un terme à trente-quatre ans de taire dirigé par l’ex-premier ministre Nouri Al- télaire, quasi coloniale, en Irak. Depuis que règne de Saddam Hussein. Nadjaf était alors Maliki, appuyé par l’Iran, arrive à bout de souf­ l’occupant américain a vidé les lieux, en 2011, une ville saignée. Persécutés par le régime fle. A l’été 2014, alors que l'organisation Etat il est devenu l’homme qui fait barrage à la baassiste, ses clercs avaient fui le cœur du islamique (El) s’empare de Mossoul et menace République islamique et à l’emprise de celle-ci chiisme^ le mausolée dAli - quatrième succes­ Bagdad, M. Maliki se voit signifier son congé sur environ 23 millions de chiites irakiens. seur du Prophète mort en martyr en 661 et par une lettre manuscrite de l’ayatollah, signée premier imam des chiites - pour se réfugier et tamponnée, adressée auxv dirigeants du UNE BÉQUILLE POUR L’ÉTAT EN DÉROUTE notamment à Qom, en Iran. Les séminaires parti Dawa, qui abandonnent leur chef affaibli. Les lèvres de l’ayatollah sont bleues. Peut-être étaient peuplés d’ombres. Sistani, qui vivait «Lorsqu'ily a une crise, les gens se tournent vers en raison de l’âge. Il se lève à demi de son jusqu’alors en quasi-résidence surveillée, n’en­ la marja’iyya», l’institution cléricale que

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Sistani incarne, dit une source à Nadjaf. La République islamique d’Iran est la pre­ LES HAUTS CLERCS «Sistani est une sorte de Conseil constitution­ mière intéressée à la succession d’Ali Al-Sis­ nel à lui seul », affirme Robin Beaumont, docto­ tani. Aussi1 est-elle suspectée de vouloir pla­ CHIITES CIRCULENT rant à l’Ecole des hautes études en sciences so­ cer un clerc acquis à sa cause à Nadjaf ou, à dé­ ciales, à Paris. Même si le vieux clerc considère faut, de renvoyer la ville à ses études, à la LIBREMENT ENTRE l’Etat avec une infinie méfiance, même s'il se prière, loin du champ politique. Depuis deux L’IRAN, L’IRAK soucie avant tout de préserver la religion du décennies déjà, l’Iran surveille de près Ali Al- politique, et non l’inverse, il s’échine à mainte­ Sistani, serrant « un fil de coton sur son cou », ET LE LIBAN, DANS suivant l'expression persane. Son principal nir la puissance de la marja’iyya. «Sistani sait UN UNIVERS que Nadjaf ne peut pas exister seule, comme un agent en Irak, le général Ghassem Soleimani, petit "Chiitistan”: elle a besoin de l'Irak», dit a rendu des visites privées à Sistani à Nadjaf, OÙ LES ÉCOLES Sabrina Mervin, spécialiste du chiisme au Cen­ en tant que représentant du Guide suprême tre Jacques-Berque de Rabat, au Maroc. , selon une source iranienne. RELIGIEUSES Besoin de l’Irak, c'est-à-dire besoin, aussi, de Un ancien clerc iranien, Mehdi Khalaji, cher­ sa population sunnite. Attentat après attentat, cheur au Washington Institute for Near East ET LES LIENS ENTRE durant les premières années de l'après-Sad- Policy, affirme que des agents de Téhéran ont FAMILLES PRIMENT dam, lorsque les extrémistes des deux bords acquis des appartements et des bureaux cherchent à déclencher une Saint-Barthélemy, autour de la résidence de Sistani à Nadjaf. SUR LES PASSEPORTS Sistani n'a cessé de lancer le même appel aux masses : «Ne tombez pas dans le piège de la DÉFIANCE VIS-A-VIS DE L’IRAN sion menée par Saddam Hussein. Il y a mené vengeance et de la guerre civile 1» Une voix res­ L’Iran dépense généreusement dans la ville une carrière exemplaire : le Guide suprême Ali tée audible jusqu’au 22 février2006, jour où sainte irakienne, où ses pèlerins se rendent Khamenei, successeur de Khomeyni, lui a con­ deux charges explosives font s’effondrer en chaque année en masse. Un portrait y est pla­ fié la direction de l’institution judiciaire entre partie le dôme d’or du mausolée de Samarra, cardé sur les boulevards, le long d’intermina­ 1999 et 2009. A 67ans, il ambitionnerait dé­ haut lieu du chiisme en Irak. Le soir même, bles rangées de lampadaires : celui de l’imam sormais de s’imposer comme l’un des princi­ près de 200 mosquées sunnites étaient atta­ Khomeyni, fondateur de la République isla­ paux marja du chiisme, avec les ressources fi­ quées, une trentaine incendiées et détruites. mique. En revanche, les affiches à l'effigie d’Ali nancières immenses de l’appareil étatique et La parole du vieux clerc ne porte plus. Il s’isole. Al-Sistani sont rares - à sa demande. «En Irak, clérical iranien. On lui prête la volonté de suc-' si vous voyez un visage partout, cela ne veut céder à Ali Al-Sistani. Son nom est également «UNE ARMÉE EN QUARANTE-HUIT HEURES» pas dire qu’il est populaire - et inversement. De cité parmi les possibles successeurs du Guide A l’été 2014, face à la menace posée par l’EI, son temps, le portrait de Saddam était omni­ iranien, âgé de 78 ans. qui venait.de s’emparer de Mossoul et fondait présent...», dit malicieusement Jawad Al- En 2011, Mahmoud Chahroudi a ouvert u n . sur Bagdad, Sistani était de nouveau sorti de Khoei, un clerc dont le grand-père, le marja bureau de représentation à Nadjaf. Il a fait son long silence. L’homme de Dieu appelait Aboulqassem Al-Khoei, mort en 1992, fut le publier une biographie et ses œuvres en les Irakiens à prendre les armes et à rejoindre prédécesseur et mentor d’Ali Al-Sistani. arabe. Bruissement dans les séminaires. Té­ des milices qui suppléeraient aux forces Nadjaf se défie de l’Iran. Une source proche héran allait-elle envoyer en Irak un agent régulières, en déroute. «En quarante-huit de la marja’iyya, qui désire rester anonyme, d’influence, un homme proche des chefs de heures, il a formé une armée!», s’enthou­ critique vertement « la mentalité impérialiste » milices chiites, qu’il a côtoyés en Iran dans siasme Ali Al-Nadjafi, fils de Bachir Al-Nad- dont ferait preuve une certaine «aristocratie» les années 1980 ? Les marja de Nadjaf ont fait jafi, l’un des trois marja qui régnent sur du clergé iranien. Est-ce une relique de la très savoir que Mahmoud Chahroudi n’était pas Nadjaf aux côtés de Sistani. • vieille querelle arabo-persane? Les hauts reli­ le bienvenu en ville. Depuis quatre ans, il n’y De l’été 2015 à février 2016, il soutient encore gieux chiites ignorent pourtant aisément les a toujours pas mis les pieds. «Les chiites à avec énergie, dans des sermons délivrés cha­ frontières : ils circulent librement entre l'Iran, Nadjaf et à travers le monde veulent une mar­ que vendredi par ses porte-parole, les manifes­ l’Irak et le Liban, dans un univers où les écoles ja ’iyya qui ne se mêle pas des affaires politi­ tants qui exigeaient, sur la place Tahrir de Bag­ religieuses et les liens entre familles priment ques. Cet éloignement, c'est sa force. Ils ne veu­ dad, une profonde réforme de l'Etat. Le succes­ sur les passeports. Sistani lui:même est né en lent pas d ’un marja soutenu par un Etat», dit seur de Maliki, Haïder Al-Abadi, censé mettre Iran. Il y a fait ses premières études religieuses, Jawad Al-Khoei. en œuvre ces réformes, a déçu. Rien n’en sort. avant de s’établir à Nadjaf à 18 ans. Près de Même en Iran, une partie du clergé trouve Depuis, le «solitaire de Nadjaf» boude l’en­ soixante ans plus tard, un lourd accent persan son compte dans la prééminence de Sistani, semble de la classe politique. Il se tait. pointe encore sous son arabe. le marja aux «mystérieux silences», indif­ Si les milices se réfèrent encore à l’autorité Cette querelle entre Nadjaf et l’Iran est aussi férent à l’influence politique de Téhéran. morale d’Ali Al-Sistani, elles lui échappent. doctrinaire : elle ne cesse de tirailler le clergé L’appareil d’Etat iranien veille attentivement Chiites dans leur écrasante majorité, lar­ chiite depuis les années i960. Depuis que sür les séminaires de Qom. Le velâyat-efaqih gement contrôlées par l’Iran, ces milices l’imam Khomeyni a formulé sa lecture du est la norme commune du clergé iranien, concurrencent l’Etat avec leur agenda sec­ velâyat-efaqih, le principe instituant la souve­ mais certains religieux y sont indifférents et taire assumé. Chaque mois, elles s'imposent raineté du juriste-théologien, qui légitima, d’autres, parmi les plus hautes autorités reli­ davantage. A la mort de l’ayatollah, quelle in­ après la révolution de 1979, la suprématie du gieuses d’Iran, s’en tiennent soigneusement fluence aura celui qui prendra sa place sur ces Guide au sein de l’Etat iranien. Khomeyni a en­ éloignés. Des mollahs iraniens critiques, per­ miliciens et leur püissant allié ? seigné à Nadjaf dans les années i960, du sécutés, se réfugient donc à Nadjaf sous la temps de son exil sous la dictature du chah protection de Sistani. «Téhéran étouffe son d’Iran. Sistani y fut brièvement son élève. Mais clergé. Mais cela n’arrivera jamais à Nadjaf», «SISTANI EST Nadjaf est demeurée hostile à l’imam iranien. estime une source proche de la marja’iyya. Sistani lui-même, prudent, n’a jamais exprimé Pour certains, cela veut dire qu’un « apparat­ UNE SORTE d’avis. Qu’il cortdamne cette doctrine et il en­ chik» de bon niveau, un parmi tant d’autres, DE CONSEIL trerait en guerre ouverte avec la République is­ pourrait prendre la place d’Ali Al-Sistani à sa lamique. Qu’il l’approuve, et voilà qu’un clerc mort, à condition qu’il soit dans la ligne du CONSTITUTIONNEL chiite devrait alors prendre la tête de l’Etat ira­ «parti» de Nadjaf. «Ali Al-Sistani n’est pas un kien. Après la mort de Sistani, qui saura encore théologien exceptionnel. Il a très peu publié et À LUI SEUL» imposer ce rapport de dissuasion avec l’Iran ? peu innové, dit Sabrina Mervin. Son rôle est de ROBIN BEAUMONT L’un des hommes qui pourraient faire voler maintenir une tradition et d’assurer la cohésion doctorant à l’Ecole des en éclats cet équilibre se nomme Mahmoud des fidèles autour de la marja’iyya. D'autres hautes études en sciences Chahroudi. Ce clerc né en Irak, qui a fait ses clercs à Nadjaf sont dqnc capables d’émerger du sociales études religieuses à Nadjaf, s’est exilé en Iran à lot et de lui succéder dans cette tâche, dans le la toute fin des années 1980, durant la répres- même esprit par rapport au politique. »

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Alors qui ? Une vingtaine de noms circulent à chiite, pendant que Sistani demeurait à demi tionnaires, tiennent le monde extérieur à Nadjaf, parmi lesquels nul ne saurait trancher. prisonnier dans l’Irak de Saddam. bonne distance. Les religieux iraniens, eux, se Le chiisme ne connaît pas les conclaves du ca­ confrontent aux sciences sociales et publient tholicisme, ces réunions à huis clos au cours «LE DERNIER MARJA» dans toutes les langues. desquelles les cardinaux désignent un pape en Les principaux religieux de Nadjaf se veulent La marja’iyya est aujourd'hui concurrencée, quelques jours. Les fidèles sont libres de choi­ rassurants : les autres marja assureront une en Irak, par de petits clercs aux ambitions bien sir leur marja : ils écoutent les conseils de leurs présence collégiale, durant l'intervalle, qui temporelles. Moqtada Al-Sadr, fils d’un grand imams, de leurs proches les plus versés dans la pourrait être courte. Cependant, certains dou: ayatollah et leader politique, puissant dans les religion. Les moins pratiquants font comme tent que le futur primus inter pares puisse banlieues chiites déshéritées de Bagdad, a tout le monde: ils choisissent aujourd’hui aujourd’hui acquérir la même stature qu’Ali ouvert la voie en 2003. Des clercs sectaires, des Sistani. Demain, ils se tourneront vers une fi­ Al-Sistani. «Ce sont les circonstances qui ont prêcheurs de troupes attachés aux milices gure de consensus, après une période de va­ fait Sistani. Comme tous les chiites d’Irak, ma chiites tentent de lui em boîter le pas. Dans la cance du pouvoir qui pourrait durer quelques mère le connaît et l’aime », dit Hassan Nadhem, ville sainte, Ali Nadjafi et Ezzedin Al-Hakim, mois, voire des années - il a fallu six ans pour titulaire de la chaire Unesco du dialogue inter­ les fils de deux marja en exercice, balaient ces que Sistani s'impose à ses pairs, à la fin des an­ religieux à l'université de Kufa. «Après sa mort, menaces d’un revers de main. Sistani va dispa­ nées 1990. «Comme les clients d’une boutique je crains que la marja’iyya soit déjà trop affai­ raître et Nadjaf s’empoussière, certes, mais la qui ferm e: ils se répartissent chez les voisins», blie pour produire une telle figure publique, du ville sainte demeure. Elle est la gardienlne s’amuse la source proche de la marja’iyya. niveau de ses grands prédécesseurs... » d’une tradition qui n’a pas de visage. ■ Les ayatollahs ne désignent pas leurs succes­ Le chercheur Mehdi Khalaji, lui aussi, voit en seurs et ne transmettent pas les immenses Ali Al-Sistani « le dernier marja » autonome par fortunes de leurs fondations, auxquelles les fi­ sa fortune et ayant autorité au-delà des fron­ dèles pieux versent le khoms, la donation de tières. Les séminaires de Nadjaf, ville de pro­ 20 % de leur revenu « superflu ». Sistani ne de­ vince d’un pays en guerre, font pâle figure face vrait pas faire exception à la règle. Mais il peut à leurs puissants rivaux de Qom, irrigués par laisser des indices. Après la m ort de son prédé­ l’argent de la République islamique, note-t-il: cesseur, Aboulqassem Al-Khoei, certains pro­ «C’est en Iran que l'on fabrique les meilleurs ches avaient ainsi pointé le doigt vers Sistani. marja.» Nadjaf s'appauvrit, les fidèles sont De puissants réseaux cléricaux, à Qpm, en moins nombreux à verser l’écot. La société ira­ Iran, avaient dans le même temps rassemblé kienne n’échappe pas à une forme de séculari­ fonds et soutiens en sa faveur dans le monde sation. Les séminaires, profondément réac­ La tentation sectaire de Nadjaf les combattants d es m il ic e s c h iit e s ira­ tion américaine puis participé à la guerre civile sation. «Nous, les chiites, lorsque nous essayons de kiennes l’appellent la «fatwa du djihad»: l'appel après 2006. Assistés d'officiers iraniens et finan­ nous défendre, lorsque nous prenons les armes aux armes, dans lequel certains entendent une cés pour partie par la République islamique, pour nos maisons et nos familles, on nous voit exhortation à la guerre sainte. Dans ce prêche, lu les groupes parmi les plus aguerris échappent comme des bandes armées», se plaint l’ayatollah par le représentant dAli Al-Sistani dans la ville à l'autorité du gouvernement et à celle de Nadjaf. Ezzeddine Al-Hakim, issu d’une importante lignée sainte de Kerbala, un verfdredi de juin 2014, le Dans les villes sunnites libérées, ils se sont ren­ de clercs, et dont une partie de la famille a été grand ayatollah appelait à la mobilisation géné­ dus coupables d’exactions, éloignant encore cette massacrée sous Saddam Hussein. rale pour défendre l’Irak contre l’organisation Etat communauté de l’Etat, dominé par les partis chii­ Des divergences de fond persistent cependant islamique (El), qui venait alors de s’emparer de tes. «Sistani sait, lorsqu'il prononce son appel, qu’il entre les milices et leur tutelle religieuse. Certains Mossoul et de larges zones des provinces sunni­ lâche les chiens. Mais il se pose en père de la nation, de ces groupes se sont internationalises sous tes. L’El menaçait Bagdad, les forces armées ira­ il s'impose aux politiciens et il adresse un message commandement iranien: ils combattent en Syrie kiennes s’étaient effondrées. Sistani légitime l’en­ aux Iraniens: c'est une profession de fo i nationa­ aux côtés des forces de Bachar A-Assad. En Irak, la trée en guerre des milices, demandant aux ci­ liste», estime Robin Beaumont, chercheur à l'Ecole «mobilisation populaire», organe qui rassemble toyens de bonne volonté de rejoindre le front. des hautes études en sciences sociales, à Paris. les milices sous l'autorité d’un vieil allié de l’Iran L’entourage de l’ayatollah réfute le terme de figurant sur la liste noire américaine du terro­ « djihad » - qui n’apparaît pas dans son prêche. Les milices, intégrées aux forces régulières risme, Abou Mahdi Al-Mohandes, agrège les trois Il s'agissait, rappelle-t-on, de «défendre» la na­ A plusieurs reprises, Ali Al-Sistani a appelé les milices que les institutions religieuses de Nadjaf tion irakienne. Ali Al-Sistani avait pris soin de miliciens à mesurer leurs actes, mais il s’abstient ont créées et financent encore en partie. Le clergé s’adresser à tous les Irakiens, et non aux seuls de les critiquer. Et depuis le début de la bataille de a beau faire bonne figure, il est débordé par la chiites. Il exigera d’ailleurs des miliciens qu’ils Mossoul, en octobre 2016, les milices tentent d'ap­ logique militaire et la solidarité des combats. cessent de brandir son portrait, pour ne pas con­ paraître comme une force respectable et respon­ Peu à peu, les milices menacent d'affaiblir forter leur réputation de force confessionnelle. sable. Un texte de loi, bref et vague, voté dans l'ur­ Nadjaf. A mesure que la reconquête des territoires Pourtant, l'appel de Sistani, décidé dans l’ur­ gence en novembre 2016 par le Parlement, les a in­ de l’EI s’achève, les milices armées s'affirment de gence, reste son héritage le plus ambigu : sa main tégrées aux forces armées régulières, sous l’auto­ façon croissante sur la scène publique à travers a plongé dans le brasier de la guerre sectaire. rité du premier ministre. Fin décembre, le leurs branches politiques. Immensément popu­ Les milices agglomèrent des volontaires issus de principal responsable militaire américain en Irak, laires à Nadjaf et dans le Sud chiite de l'Irak, ces toutes les classes sociales - des pharmaciens, des le général Stephen Townsend, a loué leur «remar­ formations politiques d’un nouveau genre ten­ employés, des garagistes, etc,, chiites dans leur im­ quable discipline » dans la bataille. dent à renvoyer les grands clercs chiites du pays mense majorité. Elles se. sont formées autour de La majorité du clergé sous-estime volontiers les aux affaires purement religieuses. ■ groupes sectaires, qui avaient résisté à l’occupa­ exactions des milices et veut croire à leur normali­ L. I. (NADJAF, IRAK, ENVOYÉ SPÉCIAL)

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InternationaljNeUi jlork(Situes J a n u a r y 6, 2017______accusing it of supporting Turkey’s ene­ mies, including the Islamic State; Kurd­ ish militants; and supporters of an ex­ Turks blame U.S. iled Muslim cleric, Fethullah Gulen, whom Mr. Erdogan blamed for directing the coup — TUrkish officials are also telegraphing something else: that they for multiple crises are willing to open the door and improve relations with the United States once President-elect Donald J. Trump takes office. “Our expectation from the new ad­ ministration is to end this shame,” Tur­ key’s prime minister, Binali Yildirim, said this week while accusing the United States of providing weapons to Kurdish militants in Syria who are fighting the Islamic State, but are also an enemy of TUrkey. “We are not holding the new ad­ ministration responsible for this,” Mr. Yildirim said. “Because this is the work of the Obama administration.” Meanwhile, the nightclub assailant is on the loose. The TUrkish authorities said on Wednesday that they had identified the killer, but refused to release any other details, although photographs of the man, from surveillance cameras, have been released. Also, a video surfaced that appeared to show the assailant re­

OZAN KOSE/AGENCE FRANCE PRESSE — GETTY IMAGES cording himself in Istanbul’s Taksim A security officer outside the Reina nightclub in Istanbul, where a gunman killed doz­ Square. ens on New Year’s Day. The Islamic State has claimed responsibility for the attack. A senior United States official, who has been briefed on the investigation and spoke on the condition of anonymity One story in the Turkish press, based to discuss confidential details, said the ISTANBUL on a routine travel warning issued by TUrks had recovered the video from a the American Embassy in Turkey, was raid on a house in Istanbul. The official that the United States had advance said the Turks now believed the killer knowledge of the nightclub attack, was from Uzbekistan, not Kyrgyzstan, As terrorism escalates which the Islamic State later claimed re­ as many reports this week had first sug­ and democracy erodes, a sponsibility for. Another suggested that gested. stun grenades used by the gunman had The official expressed alarm at the pull away from the West come from stocks held by the American growing anti-Americanism in TUrkey, military. Still another claimed the as­ which seems to accumulate after each BY TIM ARANGO sault was a plot by the United States to crisis here, and said it put the lives of sow divisions in Turkey between the Americans in the country in jeopardy. Turkish officials accused the United secular and the religious. The chaotic investigation has added States of abetting a failed coup last sum­ Rather than bringing the United to the anxiety on Istanbul’s streets, with mer. When the Russian ambassador to States and TUrkey together in the com­ vehicle checkpoints, night raids on Turkey was assassinated last month, mon fight against terrorism, the night­ houses and low-flying helicopters. the Turkish press said the United States club attack, even with the gunman still "There is significant fear in ordinary was behind the attack. on the run, appears to have only acceler- people,” said Aydin Engin, a columnist And once again, after a gunman at the daily newspaper Cumhuriyet, walked into an Istanbul nightclub early who was detained last year as part of the on New Year’s Day and killed dozens, Lashing out at Washington while government’s crackdown on the news the pro-government news media moving closer to Moscow. media. “Fear prevails when it comes to pointed a finger at the United States. going to an entertainment place, being “America Chief Suspect,” one head­ in a crowd, going to a shopping mall, get­ line blared after the attack. On'Twitter, a ated Turkey’s shift away from the West, ting on the metro.” Turkish lawmaker, referring to the at a time when its democracy is eroding With each passing day, public life de­ name of the nightclub, wrote : “Whoever amid a growing crackdown on civil soci­ scends deeper into what many TUrks the triggerman is, Reina attack is an act ety. concede is a mix of darkness and seem­ of CIA. Period.” All of this is a reflection, many critics ing absurdity, with growing fears of vio­ Türkey has been confronted with a say, of what they call the paranoia and lence and expressions of xenophobia set cascade of crises that seem to have only authoritarianism of Turkey’s president, next to reprissions on civic life. accelerated as the has Recep Tayyip Erdogan, whose leader­ In the days before and after the night­ spilled across the border. But the events ship has so deeply divided the country club massacre on the shores of the have not pushed Turkey closer to its that, instead of unifying to confront ter­ Bosporus, nationalists staged a mock NATO allies. Conversely, they have rorism, Turkish society is fracturing fur­ execution of Santa Claus in the name of drifted further apart as the nation ther with each attack. defending Islam ; a reporter for The Wall lashes out at Washington and moves The West, symbolized by the United Street Journal was detained, strip- closer to Moscow, working with the Rus­ States, is the perennial.boogeyman. searched and placed in solitary confine­ sian president, Vladimir V. Putin, to se­ While seeming to pile on the Obama ment — for, according to the newspa­ cure a cease-fire in Syria. administration in its waning days — by per’s account, “violating a government

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ban on publication of images from an Is­ ism threat, the country is also largely at grants Mr. Erdogan’s government ex­ lamic State video”; and a well-known war with itself, with deep divisions traordinary powers to detain perceived fashion designer was beaten up at the along many lines — religion, class, eth­ opponents and hold them in pretrial de­ Istanbul airport and arrested for his so­ nicity — that make unity difficult even in tention. Tens of thousands of people cial media posts. a time of crisis. Perhaps the greatest have either been arrested or been “In a way, it’s basically a breakdown source of division is between supporters purged from their jobs, on suspicion of of order,” said Soli Ozel, a Turkish col­ of Mr. Erdogan, about half the country, having links to Mr. Gulen, who lives in umnist and academic, seeking to ex­ and opponents who assert that he has exile in Pennsylvania. plain the tumult in society. “Everyone become too powerful. Mr. Erdogan, an Islamist, rejected feels entitled to do whatever they want “Turkey is so deeply polarized around criticism that his government, in push­ to do and how they want to do it.” the powerful persona of Erdogan that, ing an Islamist agenda, had deepened Higrul Eryilmaz, another longtime instead of asking why terror attacks are divisions between the secular and the Turkish journalist, recalled the coun­ happening and how they can be pious. Many on social media, in the af­ try’s military coup in 1980 and the crack­ stopped, the pro- and anti-Erdogan termath of the nightclub attack, noted down on civil society that followed, and blocs in the country are blaming each that the Turkish government’s religious said, “I have never been in such a situa­ other,” said Sonér Cagaptay, a specialist authorities had denounced New Year’s tion like today.” on Türkey at the Washington Institute celebrations as un-Isiamic. He brought up the Spanish filmmaker for Near East Policy. “As the president of all 79 million citi­ Luis Buftuel, who was known for surreal Parliament voted late Tuesday to ex­ zens,” Mr. Erdogan said, “it is my duty to and absurd themes. “I feel like I am in tend by three months the state of emer­ protect everyone’s rights, law and his movies,” he said. gency that went into effect last summer spaces of freedom.” • While Turkey faces a growing terror­ after the failed coup. The emergency

International jNciu Jlork Sirncs JANUARY 6, 2017 Water is Syria’s latest casualty

BEIRUT, LEBANON

Like most problems in nation, dry taps in capital are symptom of war

BY BEN HUBBARD For millions of residents, long-term concerns about the direction of the war in Syria have been replaced by worries about where to get enough water to do the dishes, wash clothes or take a shower. For nearly two weeks, the Syrian capi­ tal and its vicinity have been afflicted by a water crisis that has left taps dry, caused long lines at wells and forced people to stretch whatever thin re­ sources they can find. “When the world gets hard for us, we work something out,” said a woman in a Filling containers at a public fountain in Damascus, The crisis began on Dec. 22 when video posted on Facebook showing how water stopped flowing, with each side accusing the other of damaging infrastructure. she used a jury-rigged cola bottle to wash teacups. “When you cut off the wa­ water. damaging the infrastructure. ter, we dig for water. When you eût off Historically, most of the water for the Jens Laerke, a spokesman for the the tap, we make a tap.” capital, which is controlled by the gov­ United Nations humanitarian office in Like most of Syria’s problems, the Da­ ernment of President Bashar al-Assad, Geneva, said by email Tuesday that the mascus water crisis is a symptom of the has come from the Barada Valley north war, which has killed hundreds of thou­ of the city, which is controlled by rebels sands of people, displaced about half the who want to oust Mr. Assad. “It has become our ultimate country’s prewar population of 22 mil­ The crisis began on Dec. 22, when the hope in Damascus to have lion and left its territory divided into water stopped flowing. Each side has ac­ enough water to take showers zones controlled by the government, cused the other of damaging infrastruc­ and wash clothes.” armed rebels and jihadist groups. ture near the spring, halting the flow. While a cease-fire brokered by Russia Antigovernment activists have and Tûrkey and announced last week posted photos online, purporting to “deliberate targeting of the water infra­ has reduced overall violence across the show structures around the spring that structure” had caused the shut-off. country, it has not stopped the fighting they say were damaged by exploding “But we are not in a position to say by everywhere, nor has it resolved what barrels dropped from government heli­ whom,” he said. “The area has been the happens when resources needed by one copters. scene of much fighting, so we have not side are controlled by its enemies, as ap­ The government first accused the been able to access it.” pears to be the case with Damascus’s rebels of polluting the water, then of Now, 5.5 million people in Damascus

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and the vicinity lack water, which has wells around the city, and the United Na­ about the water crisis, instead focusing raised the risk of waterborne disease, tions has rehabilitated 120 wells to cover on the military’s battles with rebels. especially among children, he said. about one-third of the city’s daily needs, “We are fed up with the news of mili­ Fighting near the Barada Valley has Mr. Laerké, the spokesman, said. tary operations,” she said. “We want continued despite the cease-fire. But many residents said they had re­ news about water and water supply Antigovernment activists say that ceived nothing. Some were buying wa­ schedules.” government forces and fighters from ter from men with private tankers, while Despite the water crisis, conditions in Lebanon’s Hezbollah organization have others took advantage of whatever they Damascus are far better than those in continued to attack the area in an appar­ could get. ; Aleppo, the northern city and former ent attempt to take it over. The Syrian A 50-year-old shopkeeper said he had commercial epicenter of the country, Observatory for Human Rights, which not had a shower in 10 days but that he where Syrian and Russian forces pre­ tracks the conflict from Britain through and his sons went to the mosque every vailed last month after prolonged bom­ a network of contacts in Syria, said the day to wash their hands, feet and faces, bardments of its eastern side. While the government launched 15 airstrikes on an option not available to the women of cease-fire appears to be holding there, the area Monday amid clashes between the house.. the formerly rebel-held eastern quar­ rebels and pro-government forces. At home, he said, they used plastic ters are abandoned wastelands, United Turkey’s foreign minister, Mevlut utensils because they could not wash Nations relief officials said. Cavusoglu, accused the Syrian govern­ dishes. “Nothing prepared us for what we ment and its allies on Wednesday of vio­ One 60-year-old woman said she had saw,” Sajjad Malik, the United Nations lating the cease-fire, saying that the new not had running water in her home for 10 acting humanitarian coordinator for violence could derail peace talks meant days. Her two sons have spent hours Syria, told reporters Wednesday in a to be held in Astana, the capital of Ka­ each day lining up to fill jugs from the telephone briefing from Aleppo. “The in­ zakhstan, on Jan. 23. Rebel groups have well at their mosque. They use that to frastructure was destroyed in almost threatened to boycott the talks if gov­ drink and to wash dishes, collecting the every neighborhood.” ernment attacks do not stop. runoff to flush the toilet. Mr. Malik said more than 100 United Few Damascus residents expect “My family’s dream is to get a warm Nations relief workers from several much from the talks or have time to shower,” she said, speaking on the condi­ agencies were helping civil defense think about them. While generally safe tion of anonymity for fear of repercus­ teams remove debris and provide emer­ from the violence that had reduced sions for communicating with a foreign gency food, water, shelter and medical other parts of the country to rubble, they news outlet without government per­ care in the city. were struggling through a cold winter of mission. “It has become our ultimate high prices and scarce commodities be­ hope in Damascus to have enough water Reporting was contributed by Hwaida fore the water crisis, making things to take showers and wash clothes in the Saadfrom Beirut; Maher Samaan from worse. automatic washing machine.” Paris; an employee of The New York The Syrian government has sought to She expressed anger that Syria’s Times from Damascus; and Rick Glad­ ease the crisis by trucking water from state-run news media had said little stone from New York.

INTERNATIONAL BUSINESS TIMES J a n u a r y 5 .2 0 1 7 Isis attacks YPG headquarters in Syria's Hasakah killing and injuring dozens of Kurdish fighters

Kurdish fighters and the Syrian tants "brought heavy reinforcements from Democratic Forces (SDF) are Margada town to the southern suburbs of Shaddadi in preparation for further attacks leading a massive offensive on headquarters of the YPG and allied against the jihadists in Syria. Syrian Democratic Forces". Margada, located on the administrative By Ananya Roy border between Hasakah and Deir ez-Zor January 5, 2017 Govemorates, is reportedly the last Isis stronghold in Hasakah Governorate. ozens of Kurdish fighters were killed or The jihadist group reportedly lost Dinjured in an Islamic State (Isis) attack control over Shaddadi city in Hasakah pro­ on the headquarters of the Kurdish People's vince in mid-February 2016 following a Islamic State militants attacked the head­ Protection Units (YPG) in Syria's northeas­ months-long offensive launched by Kurdish quarters of YPG forces in Hasakah on tern Hasakah Governorate on Wednesday (4 Wednesday, 4 January, killing and injuring YPG units and SDF. They were backed by January). dozens of Kurdish fighters - Pile US-led coalition that provided air support to The attack was reportedly aimed at photoReuters the operation. regaining control over IS (Daesh) positions Even after liberating the city, Isis mili­ that were taken by the Kurdish forces about dozens of mortar shells, a Kurdish officer tants have reportedly continued to attempt a year ago. The YPG and the Syrian told ARA News. "Our forces are now forti­ to infiltrate the area and have carried out Democratic Forces (SDF) are leading a mas­ fying Shaddadi city to repel Daesh's attempt frequent mortar and car bomb attacks. sive offensive against the jihadists to des­ to hit our defences in southern Hasakah," a "More than 275 Isis militants were kil­ troy their so-called caliphate in Syria. spokesman for the YPG added, using the led and 33 Isis vehicles were destroyed at The Islamist militants hit the headquar­ Arabic acronym for Isis. the hands of the SDF fighters in the battle ters, located near the city of Shaddadi in the Local media activist Ismael al-Ahmed for Shaddadi," the SDF spokesman Talal southern countryside of Hasakah, with told the Syrian news agency that the mili­ Silo had told ARA News at that time.

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DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JANVIER 2017 GEOPOLITIQUE

cueille des djihadistes venus du monde entier. Et sert de base de lancement pour une nou­ velle lutte armée internationalisée en Irak.' Mais, en 2003, à l’aube de l’invasion de Adel Bakawan l’Irak par les Etats-Unis, une pluie de missi­ les Tomahawk anéantit ces nouvelles bases. Avec l’occupation américaine, ce .phéno­ « Au Kurdistan irakien, mène d’internationalisation s’étend à toutes les formations djihadistes irakiennes sun­ nites. Le Kurdistan se vide alors physique­ ment de cette deuxième génération, jus­ la grande confrontation qu’en 2011. A partir des révolutions arabes, puis de l’arrivée de Daech, apparaît alors la pourrait bien opposer troisième génération. Quelles sont les caractéristiques de ces nouveaux djihadistes ? Ils sont, pour presque la moitié d’entre eux, forces chiites et kurdes » âgés de 14 à 253ns, en majorité originaires de la ville de Souleimaniyé. Les diplômés sont minoritaires et la plupart n’ont pas connu En Occident, les Kurdes sont souvent perçus d’affiliation politique préalable à leur engage­ ment djihadiste et ne sont pas passés par le comme l'ultime rempart face au djihadisme filtre salafiste. En outre, on trouve parmi eux et à l'organisation Etat islamique. Pourtant, une minorité de Kurdes irakiens disposant d’une nationalité européenne qui ont quitté rappelle le sociologue, la tradition du djihad est leur pays d’accueil pour faire le djihad, souvent avec femme et enfants. implantée de longue date parmi les Kurdes d'Irak Comment expliquer qu’ils soient, en majo­ rité, originaires de Souleimaniyé, ville ENTRETIEN plus ouverte et moins conservatrice que PROPOS RECUEILLIS PAR CÉCILE HENNION la capitale régionale, Erbil, par exemple? ET ALLAN KAVAL (ERBIL, CORRESPONDANCE) Une corruption profonde gangrène Soulei­ maniyé [fief de l’UPK], L’écart entre les revenus ociologue franco-kurde irakien, des plus pauvres et des plus riches, autrement Adel Bakawan est chercheur important qu’à Erbil, n’a cessé de s’y creuser associé à l’Ecole des hautes études au cours des dernières années. De fait, les mé­ en sciences sociales (EHESS), à Pa­ canismes d’exclusion sociale y sont plus forts qu’ailleurs, car le pouvoir est moins centralisé ris. Grand spécialiste du phéno­ COLLECTION PRIVÉE mène islamiste dans le Kurdistan qu’à Erbil. La société n’y est pas aussi encadrée, irakien, il dresse ici un état des lieux. mière génération de djihadistes kurdes. Leurs et une large part de la population est livrée à S groupes, tels qu’Ansar Al-Islam en 1982, ou le elle-même, marginalisée, sans accès aux res­ Combien de Kurdes irakiens ont-ils mouvement islamique du Kurdistan (MIK, sources. Ce contexte social produit un vide rejoint les troupes de l’Etat islamique ? proche des Frères musulmans) dirigé par existentiel dans lequel l’idéologie et les propo­ Selon les sources, entre 500 et 2000 in­ Cheikh Osman Abdulaziz, se multiplient. En­ sitions de l’Etat islamique prospèrent. dividus ont rejoint l’EI, sur une population tre 1992 et 1996, ces groupes entrent en con­ kurde irakienne totale, y compris celle dester- frontation avec les représentants du nationa­ Les jeunes Kurdes ne maîtrisent pas ritoires disputés, d’environ 7 millions. Ils ap­ lisme kurde [l’Union patriotique du Kurdistan la langue arabe. Récemment, ils rêvaient partiennent à la troisième génération du dji­ de Jalal Talabani (UPK) et le Parti démocrati­ encore à l’exil. Qu’est-ce qui les a menés hadisme kurde, des «Daechi Kurdes » [de que du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani/ vers le «califat»? l’acronyme arabe Daech, désignant l’Etat isla­ Leur échec est magistral: les bases militai­ Us s’inscrivent malgré eux dans une certaine mique], pourrait-on dire. Pour retracer l’his­ res djihadistes sont détruites et, du point de continuité historique. Celle du djihadisme des toire de ce phénomène, il faut remonter au dé­ vue idéologique, s'ils voulaient islamiser la générations précédentes qui leur a fourni un but des années 1950, A cette époque, et pen­ question kurde, c'est l’inverse qui se produit modèle, et aussi celle d’une culture politique dant trente ans, s’est développé un courant avec l’intégration de partis islamistes dans le kurde qui, bien au-delà du djihadisme, s’est prosélyte issu des Frères musulmans, qui avait champ politique. Au point qu'Ali Bapir, émir forgée dans la violence. Pour autant, ils ne se pour objectif « d’islamiser» la société kurde. du Groupe islamique du Kurdistan (GIK) et sont pas radicalisés dans les mosquées - étroi­ Cette tendance a pris une autre direction, à partisan assumé de la lutte armée, finit par tement surveillées par les services de sécu­ partir de la révolution islamique d’Iran intégrer le Parlement irakien en 2005... rité- ni dans des programmes de partis en 1979 et de l’émergence du djihad afghan Mais à partir de 2001, la deuxième géné­ politiques islamistes, mais directement sur [contre l'invasion soviétique de 1978 à 1989], qui ration djihadiste kurde réussit à s’offrir Facebook, La diffusion massive de l’Internet et vont l’influencer. Alors que la question kurde le contrôle de territoires... des réseaux sociaux a fortement participé à était jusque-là l’apanage des mouvements na­ C’est une autre génération, tant par l’âge des l’émergence de cette génération. Enfin, pen­ tionalistes de gauche, les Afghans apportent adeptes que par leur idéologie. Elle émerge dant deux ans, le Kurdistan d’Irak a partagé alors le modèle nouveau d’un djihad territo­ en 2001 avec la création de Jund Al-Islam puis avec l’EI une ligne de front qui a pu se prolon­ rialisé, englobant la question nationale. Un d’un « deuxième » Ansar Al-Islam. Avec l’arri­ ger jusqu’à 1025 km ! Cela a créé une proximité modèle seul ne suffisait pas : un soutien politi­ vée, notamment d’Abou Moussab Al-Zarkaoui géographique propice à l’engagement. que, financier et militaire était nécessaire. Il va (qui fondera plus tard Al-Qaida en Irak, l'ancê­ être fourni par la République islamique d'Iran. tre de l’EI) dans la région kurde de Biyâra et Comment les Kurdes sont-ils organisés La combinaison de ces facteurs participe à Tawela, au nord-est d’Halabja, à la frontière auseindel’EI? la naissance, dans les années 1990, de la pre­ iranienne, ce territoire, quoique limité, ac­ Il existe au sein de l’Etat islamique des

25 Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ozeti Irak : Kurdes et diihadistes f e T î t o n d c DIMANCHE 8 - LUNDI 9 JANVIER 2017 de si proches ennemis TURQUIE

L x J Dahouk IRAN Ville tribale, de dialecte kurmandji sous ' influence historique du clan Barzani KURDISTAN Rabia AUTONOME I 1 Souleimaniyé Barrage IRAKIEN Capitale administrative deMçssoul de 1918 à 1976, c'est la ville Hassaké ■ la plus moderne du Kurdistan, le fief de l’UPK et du parti UTalAfar M ossoul I ~1 Erbil Goran ainsi que le lieu Capitale politique de naissance de l'islamisme du Kurdistan irakien. kurde.La population y est Fief du PDK moins encadrée et la corruption plus forte qu'à Erbil. CSb/.iB Gwer

■ Makhmoiïr

Souleimaniyé Kirkouk Surnommée la « Jérusalem des Kurdes », cette ville mixte est Zone située hors des limites du GRK, □ Ankara de peuplement mais sous l'influence de l’UPK du kurde TURQUIE clan Talabani. Ses ressources pétrolières attisent les convoitises. H alabja

SYRIE Touz Khormatou

;ü Dam as

LE KURDISTAN IRAKIEN : UN TERRITOIRE AUTONOME Khanaqin ■ TRAVERSÉ PAR DE MULTIPLES CRISES...

Une crise économique liée à la chute du prix du pétrole Samarrc Zone pétrolière

Part du pétrole dans PIB irakien comparé au PIB le PIB du Kurdistan du Kurdistan irakien mqdadiyt irakien (en milliards de dollars) 9,8 234 228 laqouba

2010 11 12 13 14 Des rivalités politiques internes chez les Kurdes ... QUI FAVORISENT LE RECRUTEMENT DES DJIHADISTES KURDES r>c~l Fief du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) aux mains du clan Barzani Une implantation djihadiste ancienne

Ville sous influence du PDK hors des limites du Kurdistan Ville/zone d’implantation des djihadistes de la première génération (1992-1996) l l Fief de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) O aux mains du clan Talabani Ville/zone d’implantation des djihadistes de la deuxième génération (2001-2003) J Ville sous influence de l’UPK hors des limites du Kurdistan O Un contexte géopolitique favorable à cette résurgence Siège du parti Goran, le « parti du changement », partisan d’une moralisation de la vie publique et opposant Présence de l’organisation Etat islamique (El) farouche au maintien au pouvoir de Barzani ■ ■ Ville tenue par l’EI y Coupure linguistique entre kurde kurmandji et kurde sorani •iïi&t' Zone de front et de contact entre Kurdes et El Des tensions avec le pouvoir central CARTOGRAPHIE Ville de départ de la majorité (80 %) des djihadistes Jules Grandin, Flavie Holzinger et Delphine Papin Limite du Kurdistan irakien autonome dirigé par \ 5 v de la troisième génération (à partir de 2011) SOURCES le Gouvernement régional irakien (GRK) depuis 2005 Institute for the Study of War ; 2016 Terrorist Attacks, PeaceTech (#} Autre ville d ’origine Lab avec Esri ; Mickael Izady, The Gulf 2000 Project, université Territoire que se disputent le GRK et l’Etat Irakien : Columbia ; Le Monde bande de territoire qui concentre la deuxième zone _ Flux de Kurdes djihadistes combattant aux côtés de l’EI de gisements pétrolifères en Irak Carte réalisée à la suite d ’un entretien avec Adel Bakawan, ■ A - Attentats.de l’EI et/ou affrontements entre djihadistes sociologue, chercheur associé à l’Ecole des hautes études en X x x Ville historiquement kurde hors du Kurdistan autonome • d ’une part et forces kurdes ou pro-Bagdad de l’autre sciences sociales, et Allan Kaval, correspondant à Erbil. \ \ "%, SOCIOLOGIE DES DJIHADISTES KURDES IRAKIENS AYANT INTÉGRÉ LES RANGS DE L’EI*

ÂGE PROFESSION ORIGINE SEXE DIPLÔME

Entre 14 Ouvrier/employé 27% Entre 40 Kurdo-Européens et 20 ans et 50 ans Etudiant inconnu - _ g% 18% 11% 4% — Femme au foyer n i o % (18, do n t (si m 7 Finlandais) t v P <12> Imam 1 3% Entre 30 — - Entre 20 Kurdo-Kurdes Fonctionnaire | 2k et 40 ans et 30 ans Chômeur | 2% 89% 12% ------47% (139) (19) (741 Inconnu 38%

‘ échantillon de 157 djihadistes interrogés par t’équipe de recherche d'Adel Bakawan

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brigades composées de combattants kurdes territoire contrôlé par les forces kurdes ? Dans la rue kurde s’est formée l’idée d’un qui ne sont pas dirigées par des Arabes sunni­ Il ne faut pas se leurrer: le retour de cette «Daech chiite ». C’est une expression réguliè­ tes ni parles «internationaux», mais par troisième génération, après la reprise de Mos- rement employée pour signifier que là com­ des djihadistes kurdes de la deuxième géné­ soul, devrait se traduire par des attentats en munauté sunnite n’est pas la seule à produire ration. Ces brigades ont d’abord combattu en territoire kurde. Une fois rentrés chez eux, les des extrémistes. Les Kurdes sont sunnites, il ne Syrie, pays que la première vague de djiha­ djihadistes vont-ils réintégrer la société? Evi­ faut pas l’oublier, et ils sont influencés par les distes kurdes irakiens pouvait rejoindre par demment, non. Ils rentreront clandestine­ images des exactions perpétrées par certaines la Turquie, entre 2011 et 2013. Avec le déclen­ ment. Cette région, épargnée jusqu’en 2014 milices chiites à l’encontre de sunnites ira­ chement de l'insurrection arabe sunnite en par les voitures piégées et les attentats-suici­ kiens. Ces images circulént massivement sur Irak, rapidement prise en main par l’EI, c'est des, est déjà un nouveau champ de bataille les réseaux; sociaux. Beaucoup pensent sin­ par la ville de Kirkouk, située à la charnière pour ces djihadistes. Au cours des, derniers cèrement que le vrai danger n’est pas incarné entre le Kurdistan et l’Irak arabe, que passe mois, des accrochages entre les forces de sécu­ par les sunnites, nj même par Daech, mais par la route du djihad pour une deuxième vague rité et de petits groupes djihadistes kurdes les forces chiites qui monopolisent toutès les de recrutements. sont survenus à proximité de villages dans les ressources à Bagdad! montagnes frontalières avec l’Iran, au cœur du Kirkouk a subi un assaut de l’EI en octo­ territoire kurde et loin des lignes de front. Existe-t-il un risque de confrontation bre 2016. Selon les autorités kurdes, entre milices chiites et forces kurdés ? les assaillants étaient des Arabes « dépla­ Les crises économique et institutionnelle C’est une option envisageable. Le discours de cés ». Que sait-on de ces combattants ? du Gouvernement régional kurde d’Irak la mobilisation chiite met régulièrement en La population arabe sunnite de Kirkouk (GRK) accroissent-elles ce risque? scène les peshmergas comme une «force traî­ n’était pas en cause, ni les déplacés arabes La société kurde dépend struçtürellemerit de tresse » en Irak. Quand,elles y sont présentes, venus des territoires conquis par l’EI et ayant la manne publique. Or, du fait .des tensions en­ les milices chiites refusent de quitter les zones trouvé refuge dans la ville. Il s’agissait en tre Bagdad et Erbil, les salaires des fonctionnai­ disputées du Kurdistan, dans les gouvemorats partie de cellules djihadistes dormantes au res ne sont plus payés régulièrement, ce qui de Diyala et de Kirkouk. La récente reconnais­ sein de la cité. De telles cellules sont nombreu­ crée un grave mécontentement social. Par sance officielle de là « mobilisation populaire » ses dans les territoires disputés par les autori­ ailleurs, Massoud Bar^ani, l’actuel président [qui rassemble sous sa coupe les milices, majori­ tés kurdes et l’Etat central irakien, dont Kir­ du GRK, est toujours au pouvoir, alors que son tairement chiites] comme force irakienne na­ kouk. Il y a une tendance, au Kurdistan d’Irak, à mandat s'est achevé en août 2015. Le gouverne­ tionale renforce aussi l’hypothçse dè cette, présenter les déplacés arabes comme des ter­ ment et le Parlement sont en panne. La société confrontation. La. grande confrontation n’est roristes en puissance. Il faut noter par ailleurs est livrée à elle-même et le sentiment national pas celle qui a opposé les Kurdes à Daeçh. Elle que cette attaque n’était pas ciblée. Il s’agissait, kurde aussi est en crise. Cette situation ne peut pourrait bien être celle qui verra s’affronter pour les 150 djihadistes engagés dans cette qu’accroître le risque de radicalisation. forces chiites et kurdes. Paradoxalement, opération, d’une tentative de contrôler la ville. Daech est devenu le seul élément qui main­ Cette crise a ainsi mis en évidence la fragilité Comment les politiciens kurdes, long­ tient encore l’Irak tekju’il existe depuis 1920. ■ du mythe de la stabilité kurde. temps en lutte contre, le pouvoir sunnite de Saddam Hussein, perçoivent-ils l’Irak Y a-t-il un risque accru d’opérations chiite, à l’heure où la « mobilisation popu­ menées par l'EI en territoire kurde ou en laire » est aux portes du Kurdistan ?

■ r m j 7 janvier 2017 Paris : des milliers de Kurdes défilent pour leurs militantes assassinées en 2013 Leparisien.fr avec AFP / 07 janvier 2017 i. Paris (Xème), samedi. Des es trois militantes kurdes avaient milliers de personnes ont Lété assassinées à Paris en janvier défilé de la gare du Nord à la 2013. Le suspect turc a succombé le République pour réclamer mois dernier à une tumeur cérébrale. justice quatre ans après l'assassinat de trois mili­ Quelque 5.000 personnes ont défilé en cortège à tantes kurdes. AFP PHOTO Paris, samedi, afin de réclamer «justice» pour trois / JACQUES DEMARTHON militantes kurdes assassinées en 2013 dans la cap­ itale française. «Nous voulons la justice», «Erdogan terroriste», scandaient les manifestants réunis en fin de matinée, malgré un froid glacial, sous une forêt de drapeaux. Partie de la gare du nord, la manifestation a rejoint la place de la suspect qui avait toujours clamé son innocence. la source. Les services secrets turcs ont officielle­ République sous forte protection policière. ment démenti en janvier 2014 tout rôle dans les LES SERVICES SECRETS TURCS SUSPECTÉS assassinats. Le 9 janvier 2013, Sakine Cansiz, 54 ans, Fidan Dogan, 28 ans, et Leyla Saylemez, 24 ans, avaient Au terme de l’instruction, les enquêteurs avaient «Il y a 4 ans que cela s’est passé. Nous étions en été abattues de plusieurs balles à la tête, au siège pointé «l’implication» de membres des services colère quand elles ont été assassinées, nous d’une association kurde en plein coeur de Paris. La secrets turcs, le MIT, dans ce triple assassinat, mais sommes d’autant plus en colère à l’heure actuelle première était une des fondatrices du PKK (Parti sans pouvoir établir qui étaient les commandi­ parce que le procès n’a pas pu avoir lieu, les com­ des travailleurs du Kurdistan) et réputée proche taires de ces crimes, selon une source proche du manditaires n’ont pas été retrouvés», a déclaré de son chef historique, Abdullah Ôcalan, Accusé du dossier. Les investigations n’avaient pas permis samedi Cemile Renklicay, co-présidente du Conseil triple assassinat, le Turc Orner Güney, qui devait d’établir si ces agents avaient agi «avec l’aval de démocratique kurde de France. «On a l’impression être jugé fin janvier, est mort à Paris le 17 décem­ leur hiérarchie» ou «à l’insu de leur service afin de que nos camarades ont été tuées deux fois», a-t- bre dernier, victime d’une tumeur cérébrale. Son le discréditer ou de nuire au processus de paix», elle ajouté. ♦ décès a éteint l’action publique à l’encontre de ce entamé à l’époque entre Ankara et le PKK, a ajouté

27 Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ozeti LE FIGARO Bachar el-Assad soumis à la volonté russe La récente évacuation des rebelles d’Alep a montré que le leader syrien devait exécuter les ordres de Moscou. Les relations vont se tendre entre les alliés, à l’approche des négociations sur une relance de la transition.

GEORGES MALBRUNOT * ® M a !b ru n o t ENVOYÉ SPÉCIAL A ALEP

MOYEN-ORIENT « Comme ci, comme ça », sourit en français un officiel sy­ rien, lorsqu’on l’interroge sur l’état des relations entre son pays et Moscou. La récente reprise d’Alep, la deuxième vil­ le de Syrie, par Damas et ses alliés russe, iranien et du Hezbollah a laissé des tra­ ces. Bachar el-Assad a dû avaler des couleuvres. Si le siège imposé aux rebel­ les s’est soldé par une défaite lourde de conséquences pour les anti-Assad, la victoire de Damas s’est faite aux prix de nombreuses pressions qui en laissent présager d’autres. Grâce à l’appui russe, le raïs a probablement gagné la guerre contre ses ennemis insurgés, mais c’est maintenant que les vrais ennuis pour­ Bachar el-Assad répond aux journalistes français à Damas, dimanche dernier. Le président raient commencer, relèvent avec une syrien estime qu’après la reconquête d’Alep, son régime est en position de force certaine inquiétude plusieurs sources avant les pourparlers de paix prévus, fin janvier, au Kazakhstan, sana/afp loyalistes à Damas et à Alep. Tout au long des trois semaines nie de l’histoire : jusqu’à l’évacuation d’évacuation des civils, puis des rebelles mais ont renoncé à beaucoup de fouilles et d’Alep-Est, Moscou ne voulait pas en­ d’Alep-Est, les Russes ont imposé leur à toute une liste de noms », ajoute l’ob­ tendre parler d’Ahrar al-Sham, coupa­ choix. Les responsables syriens ont par­ servateur. Au grand dam des Syriens, ble de.eoopérer ayec le groupe terroriste fois protesté, mais en vain, la plupart du qui exigeaient que les rebelles leur li­ Fatah al-Sham, l’ex-branche locale temps. « Tout le monde avait accepté que vrent les prisonniers qu’ils détenaient. d’al-Qaida (Front al-Nosra). «Mais à les négociations sur l’évacuation soient « Ce fut un moment de tension, les Sy­ Alep, les Russes étaient très deman­ menées par les Russes qui devaient se fa i­ riens voulaient entrer dans les bus pour deurs », se rappelle notre témoin. re accepter par les rebelles. Évidemment, vérifier que les insurgés ne sortaient pas Les insurgés avaient formé un groupe cela nous a mis parfois en porte-à-faux des prisonniers avec eux », se rappelle le de cinq représentants des factions ar­ vis-à-vis d’eux », relève un homme témoin. « Nous avons eu la capacité de mées tenant Alep-Est, dont Fatah al- d’affaires bien en cour à Damas. bloquer les négociations un moment, fait valoir l’officiel syrien précité, car les Sham. « Celui qui était en direct avec les Les Syriens ont dû faire de nombreu­ Russes, c’était le délégué d’Ahrar al- ses concessions, en particulier sur les Russes ne nous avaient pas informés du départ de prisonniers avec les insurgés. » Sham, se rappelle le médiateur, mais il armes légères, voire lourdes, que les devait rendre compte à ses chefs qui sont 6 Finalement, les autorités syriennes 5 000 à 000 rebelles ont été autorisés à dans la province d ’Idlib, et, à la fin, on sortir dans les 1500 camions souvent n’ont eu gain de cause que sur une di­ brinquebalants qu’ils ont exigé d’em­ zaine de personnes, libérées au moment avait l’impression que c ’était le représen­ ». La mener dans leur fuite vers la province des dernières évacuations. En revan­ tant du Fatah al-Sham qui décidait preuve? C’est le chef local de l’ex- d’Idleb. « Les Russes voulaient absolu­ che, une vingtaine d’autres - des sol­ ment un succès », confie un observateur dats notamment - ont été liquidés avant branche syrienne d’al-Qaida qui mena­ humanitaire présent tout au long des ou pendant leur départ. ça de stopper les évacuations des quatre L’alliance syro-russe est un bras de derniers bus de rebelles lorsque au fer. Les deux côtés ne l’ignorent pas, même moment des habitants d’Alep- ** La grande réussite chacun se retranchant derrière une froi­ Ouest célébraient le départ de leurs en­ de real politik fondée sur des intérêts nemis par des tirs de joie. Et durant tou­ de Bachar, c’est d’avoir communs. Les rebelles ne voulant à tes ces semaines de délicates gardé les Iraniens au sol, aucun prix avoir de contact avec les re­ négociations, les ténors de la sécurité les Russes en l’air, et de présentants du pouvoir syrien, les émis­ syrienne, d’ordinaire omniprésents, faire en sorte que les uns saires russes ont été en première ligne. ont dû battre en retraite. « Us ne pi­ Via le Comité international de la Croix- paient mot dans certaines réunions», aient besoin des autres f 9 Rouge, des échanges Skype huent éta­ confie un humanitaire local. Ceux qui UN PROCHE OU LEADER SYRIEN blis entre les Russes et deux représen­ tranchaient étaient les officiers russes, tants de groupes armés - les salafistes un général iranien et des représentants évacuations. « ils se sont contentés de d’Ahrar al-Sham et les combattants plus du Hezbollah; la milice chiite libanaise réclamer le nombre total des rebelles, modérés de Nour al-Dine al-Zinki. Iro­ qui tient le terrain dès que l’on sort

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d’Alep. « C’est vrai que les Russes nous chiites de deux villages, assiégés depuis fin janvier sur une transition politique imposent certaines décisions», recon­ des années par les rebelles sunnites. Nul renforce ces craintes. « Les Russes naît un proche de Assad. doute que Assad jouera des divisions aimeraient faire comme chez eux, que le Pour apaiser les rancœurs, Vladimir entre ses alliés. président Assad devienne premier minis­ Poutine a téléphoné au leader syrien le Mais, en coulisses, ses proches s’in­ tre avant de revenir au premier plan. Mais lendemain de la reprise d’Alep, louant terrogent sur les intentions russes dans chez nous, ça ne peut pas fonctionner, le « les efforts syriens ». Mais dans ce jeu les négociations à venir. O’est leur gran­ premier ministre n’est qu’un fonctionnai­ de billard à trois bandes au moins - en­ de hantise, au-delà des divergences sur re », rappelle l’hommed’affaires. Si As­ tre Russes, Syriens et Iraniens - le raïs la possibilité de reprendre toute la Syrie, sad a rappelé devant les médias français dispose d’une certaine marge de rappelée lundi par Assad à des médias qu’il était « ouvert » aux discussions, manœuvre. « La grande réussite de Ba- français, mais qui ne semble pas parta­ des lignes rouges apparaissent déjà. char, ajoute le proche du leader syrien, gée par Moscou. « On pense que les Rus­ « Les Russes ont préparé un texte pour c ’est d ’avoir gardé les Iraniens au sol, les ses peuvent avoir envie de se séparer de une nouvelle Constitution. On va créer un Russes en l’air, et défaire en sorte que les Bachar en 2021 à l’échéance.de son man­ gouvernement d’union nationale avec des uns aient besoin des autres. » Bon gré dat, observe le proche du président sy­ opposants, mais je vois mal Assad céder mal gré, les Russes ont dû ainsi accep­ rien. Mais nous avons les Iraniens qui, sur les ministères régaliens comme la Dé­ ter, à la satisfaction de Damas, les exi­ eux, ne pensent pas comme les Russes, et fense ou les Affaires de sécurité », insiste gences impromptues de l’Iran et du les Iraniens sont nos alliés historiques. » le proche du raïs syrien. Sans parler de Hezbollah sur la sortie de milliers de L’approche des négociations d’Astana son départ, qu’il a encore exclu lundi. ■

LE FIGARO mardi 10 janvier 2017 Entre djihad et Turquie, le dilemme des salafistes syriens

DÉFAITS à Alep, les insurgés an mate onusien qui suit la guerre en nouvelle' entité «L ’armée al- res musulmans dans un prochain ti-Assad doivent revoir leur stra­ Syrie. Ahrar» sous la direction de Ha- gouvernement d ’union nationa­ tégie. L’examen de conscience . Signe de leur embarras, les sa­ chem al-Cheikh,. un ancien chef le. » Moscou saura-t-il faire plier concerne les rebelles non djiha- lafistes d’Ahrar al-Cham n’ont d’Ahrar. al-Cham. Et depuis la Assad sur ce point ? Décapité par distès, ceux qui ont signé une trê­ pas apposé leur signature à l’ac­ chute d’Alep-Est et le départ des urie mystérieuse explosion en ve après l’évacuation, fin décem­ cord de trêve conclu par la Russie anti-Assad vers la province septembre 2014, le groupe Ahrar bre, des derniers combattants et la Turquie, qui doit déboucher d’Idlib, le débat est encore plus vif. al-Cham n’a dû sa survie qu’à d’Alep-Est. Des 50000 hommes sur des négociations en vue d’une Partisans d’une fusion avec les l’aide apportée, depuis, par la en armes qui ont réussi à survivre transition politique, prévues fin djihadistes de Fatah al-Cham et Turquie et le Qatar. Nul doute à bientôt six ans de répression par janvier au Kazakhstan. « Ils ne s’y' hostiles à un rapprochement qu’Ankara, qui détient les clés du Damas et ses alliés, ce sont les sa­ opposent pas formellement, mais avec la Turquie, les durs sont re­ passage des armes au profit des lafistes du groupe Ahrar al- ils ne veulent pas s’engager», re­ groupés autour de Hachem al- rebelles, et Doha pour son sou­ Cham, la plus puissante de ces grette le diplomate des Nations Cheikh, du responsable militaire tien. financier aux anti-Assad factions non djihadistes, qui fo­ unies. L’an dernier déjà, le grou­ dans le nord Abou' Saleh Tahhan disposent de puissants leviers. calisent aujourd’hui l’attention. pe avait entretenu l’ambiguïté et d’Abou Mohammed al-Sâdeq, Fort d’environ 15000 ou sur l’accord de participation des un chef religieux. Les ultras se­ L’heure de vérité 20000 hommes - en grande ma­ rebelles aux négociations de Ge­ raient minoritaires face au camp «Après la chute d’Alep, et alors jorité des Syriens - Ahrar al- nève, entamées au printemps, des «réalistes», emmenés par le que la prochaine bataille se dérou­ Cham prône une idéologie qui ne mais sans succès. nouveau chef d’Ahrar al-Cham, lera à Idlib, Ahrar al-Cham et Fa­ varie guère de celle d’al-Qaida, Ali al-Omar, désigné en novem­ tah al-Cham se positionnent cha­ mais il limite son action à la Syrie Fusionner avec al-Qaida bre et généralement vu comme cun de son côté comme le groupe et condamne les actes terroristes Deux sujets dé contentieux agi­ proturc. «La Turquie cherche à rebelle qui pourra sauver la révolte perpétrés par les djihadistes en tent les salafistes : leur participa­ ramener le maximum de salafistes anti-Assad», analyse le cher­ Occident. Equipés de tanks et de tion à l’offensive militaire turque de son côté», décrypte le diplo­ cheur Charles Lister. Chez les sa­ missiles antitanks, ils dépendent de cet été contre l’État islamique mate onusien. Mais pour que ses lafistes, les partisans de l’union du soutien logistique turc et qa- dans le nord de la Syrie, et une appels soient entendus, encore avec les djihadistes invoquent tarien, qu’il s’agisse des armes ou éventuelle fusion avec Fatah al- faut-il qu’Ankara ait une carotte l’échec subi par l’insurreetion à de l’argent pour combattre As­ Cham, l’ex-branche locale d’al- à offrir aux plus radicaux des sa­ Alep, et l’incapacité de se ras­ sad. Ils coopèrent assez souvent Qaida (appelée Front al-Nosra). lafistes. Celle-ci ne peut être que sembler face à l’armée de Damas avec les djihadistes de l’ex-Front Le 20 septembre, un mois des engagemehts à voir Assad re­ ■ et aux dizaines de milliers de mi­ al-Nosra, comme ce fut le cas à après Rentrée des troupes tur­ noncer à une partie de ses pou­ liciens chiites du Hezbollah et de Alep-Est durant le siège. Qu’en ques en Syrie et au terme de longs voirs dînant la transition qui l’Iran venus à sa rescousse. Les sera-t-il demain dans la provin­ débats internes, le conseil de la pourrait s’ouvrir après les pour­ autres répondent qu’un tel pari ce d’Idlib, dernier fief de l’insur­ choura d’Ahrar al-Cham édicta parlers d’Astana. «Nous avons les priverait du soutien turc, in­ rection anti-Assad, où Ahrar al- une fatwa autorisant ses mem­ recensé 72 prérogatives accordées dispensable pour tenir leurs posi­ Cham est puissant? C’est toute la bres à lutter aux côtés de l’armée par la Constitution au président tions dans la province d’Idlib, et, question. nuque. Mais aussitôt après, au Assad, décrypte un de ses pro­ au-delà, de l’appui des Occiden­ «Ahrar al-Cham traverse une moins un sous-groupe et deux ches. il peut très bien renoncer à taux. « Est-ce que l’allégeance ul­ crise existentielle, affirme le membres dudit conseil de la certaines de ses prérogatives, sans time des salafistes syriens est à la chercheur suédois Aron Lund. choura rejetèrent T alliance avec pour autant remettre en cause ses révolution ou à un projet islamique Depuis le dénouement de la crise à Ankara. vrais pouvoirs», concède ce pro­ global?» se demande Charles Alep, le groupe est soumis aux Le 10 décembre, en plein siège che. «En revanche, il n’est pas Lister. L’heure de vérité a sonné pressions très fortes de son spon­ d’Alep, seize factions locales question d’accéder à la demande pour les rebelles. ■ sor turc», rénchérit un diplo­ d’Ahrar al-Cham formèrent une turque d’avoir des ministres Frè­ G.M.

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InternationaljNtar jijorkStmes M o n d a y , J a n u a r y 9 , 2017 In a restive Turkey, some see parallels to post-9/11 America

encies, and it leads to, in an extreme ISTANBUL After the coup attempt, the govern­ case, what we’re seeing in Turkey,” said ment moved quickly to memorialize vic­ Steven A. Cook, a senior fellow for Mid­ tims and places rived by violence, re­ dle East and African Studies at the BY TIM ARANGO naming a bridge in Istanbul and a Council on Foreign Relations in Wash­ AND RICK GLADSTONE square in Ankara, and changing street ington. names to honor citizens who died de­ Still, Mr. Cook said, “It’s not that far a An Islamic State disciple kills 39 New fending Mr. Erdogan’s government. leap to go to an extreme — can you Year’s revelers at an Istanbul nightclub. At year’s end, the prime m inister’s of­ imagine if the attacks in Turkey had hap­ A gunman with a police badge assassi­ fice delivered packages to foreign corre­ pened in the United States?” nates Russia’s ambassador at an Anka­ spondents in Turkey. Inside a black vel­ On Friday, Hilal Kaplan, a columnist ra reception. Kurdish separatist bomb- vet box, with a silver clasp, was a small for Daily Sabah, a newspaper close to erskilll4soldiersonabusin central Tur­ marble chunk, described as rubble from the government, lashed out at Western key and dozens of police officers at an the Parliament building in Ankara, re­ news coverage, including an article in Istanbul soccer match. trieved after an attack was carried out The New York Times, that has empha­ Those assaults were just in the last during the coup attempt. sized conspiracy theories coursing few weeks, which made a car bombing A note said that the rock “is presented on Thursday in the city of Izmir, where through Turkish society that the United to you as a symbol of Turkey’s devotion at least two people were killed, seem rel­ States is behind terrorism in Turkey. to democracy.” atively minor. Describing the article as “an attempt And like American leaders who ex­ The 75 million people of Turkey, the to condescend and affront rather than hort citizens to maintain daily routines NATO member and European Union as­ reflecting an effort to understand Tur­ after terrorist attacks, the Turkish pirant that straddles Europe and Asia key,” Ms. Kaplan said that Turks have prime minister, Binali Yildirim, urged and was once seen as a stable democra­ good reason to be suspicious of the Turks to carry on. “Our citizens should cy, are facing a ferocious onslaught of United States. not change the flow of their normal terrorist attacks unlike anything that She pointed out that Fethullah Gulen, lives,” Mr. Yildirim said in a speech last has been seen in the West. the cleric and former Erdogan ally who week. “If they do, it will be serving the Add to that the tumult from roughly many Turks believe was behind the coup purposes of the terror group.” three million Syrian war refugees, a re­ attempt, lives in Pennsylvania, and that Mr. Erdogan and his allies see a dou­ surgent Kurdish insurgency and a failed a former C.I. A. official had once vouched ble standard in the West’s reaction to military coup — all tied, in the eyes of for Mr. Gulen on his green card applica­ Turkey, and say that some of the same many Turks, to American negligence, or tion. measures Turkey is taking to combat malice, or both. In addition, she called attention to terrorism, like resorting to emergency President Recep Tayyip Erdogan has something else: The United States has rule, have been embraced in the West, responded with a furious crackdown on provided military support to a Syrian particularly in France. an array of perceived enemies, includ­ Kurdish militia fighting Islamic State It is this disconnect — between how ing the news media, and has lashed out extrem ists, a militia that TUrkey consid­ Turkey perceives its own experience at what he regards as W estern complic­ ers an ally of the RK.K., the outlawed and the W est’s reaction to events in Tur­ ity. Kurdish separatist organization re­ key — that has contributed to Turkey While Mr. Erdogan’s critics have de­ garded as an enemy and which the pulling away from its NATO allies, and nounced what they see as a bald usurpa­ United States and the European Union moving closer to Russia. tion of power that has subverted democ­ have designated a terrorist group. “In France there is emergency rule racy and polarized the country, many In her Friday column, headlined for three months, and again for three Turks, frightened and uncertain, are not “Why Turkey is looking forward to months, and lately for six months, in to­ complaining. They view his authoritar­ Trump administration,” she added, "do tal for a year,” Mr. Erdogan said in Sep­ ianism as reassuring and angrily reject they really need such details if their only tember. “Is anyone from around the outsider comments about paranoia and wish is to represent the Turkish people world asking France, ‘why did you de­ conspiracy theories. as paranoid and Erdogan as a villain?” clare emergency rule for a year?’ ” Some are even embracing the advent In another parallel to post-9/11 Amer­ Mr. Erdogan’s supporters say they of President-elect Donald J. Trump, de­ ica, the Turkish government has ag­ are especially upset over how the West spite his anti-Muslim statements, view­ gressively exploited tragic events to has reacted to Turkey’s response to ter­ ing him as a decisive strongman sympa­ stoke patriotic feelings and to frame the rorism, saying they had expected soli­ thetic to Mr. Erdogan, an Islamist with broader struggle within the country as a darity, not criticism. little tolerance for those who dispute fight to secure democracy, even if demo­ “This is an obvious, very serious and him. cratic practices are eroded to do so. problematic disrespect against Turkey’s In some ways, political historians and The comparison was not lost on Turk­ right to defend itself against terror,” said scholars say, what is happening in Tur­ ish scholars, even those critical of Mr. key parallels the aftermath of the 2001 Mustafa Yeneroglu, a member of Parlia­ Erdogan, who were in the United States terrorist attacks in the United States, ment with Mr. Erdogan’s Islamist Jus­ when the World Trade Center and the the 2015 attacks in France and the recent tice and Development Party. Pentagon were attacked. response to attacks in Germany. Mr. Yeneroglu, the head of Parlia­ “I couldn’t believe the extent to which ment’s human rights committee, said In all of them, many citizens were will­ there was a rise in nationalism, even Turkey faced the same conundrum any ing to overlook or forsake civil liberties, among academics,” said Kemal Kirisci, a country faces when traumatized by ter­ government powers grew, fringe groups senior fellow and director of The Turkey rorist acts. strengthened and spread intolerance, Project at the Brookings Institution, re­ “If there is no security, there would be and dissent was regarded with suspi­ calling his own memories of living in no room to enjoy the liberties,” he said. cion. America. "I felt intimidated intellectu­ “This situation leads to prioritizing se­ “I think there are a lot of similar tend­ ally, almost felt censured.” curity while answering questions, ‘secu­

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rity or liberty?’ This is not only valid for Orhan Kemal Cengiz, a prominent hu­ Mr. Pierini also took issue with the Turkey but for all other liberal democra­ man rights lawyer who was briefly de­ government’s contention that its re­ cies.” tained after the attempted coup, put it sponse to threats has been appropriate. Turkish liberals say they understand this way: “Yes, ISIS is attacking. The “As we’ve seen after the coup, the re­ the need for extraordinary measures, P.K.K. is attacking. There was this coup action is way outside of the formal rule but they make two counterarguments. d’état attempt. But what is this to do of law. You started arresting police and One is that the crackdown — in putting with all these journalists? There are gendarmes, now writers, actors, jour­ so many journalists and intellectuals in over 150 journalists in jail. And with ev­ nalists — so there is no limit,” he said. jail — has gone too far, and is seemingly ery passing day, they arrest more and “When you start pulling the thread on unrelated to fighting terrorism. Another more people.” the rule of law, the whole sweater can is that, even with emergency rule, the Marc Pierini, a visiting scholar at Car­ come off. And that’s where we stand.” country has become less safe. negie Europe in Brussels who was a for­ “On the contrary, we have faced more mer European Union ambassador to Tim Arango reported from Istanbul, and attacks, more terror,” said Yaman Ak Turkey, said the postcoup purges in the Rick Gladstone from New York. deniz, a lawyer and professor at Bilgi military, the courts and the police have, University in Istanbul who represents paradoxically, compromised the coun­ many jailed journalists. try’s ability to protect the public.

JANUARY 7th 2017 Soft target at gunpoint. LOSING THE PLOT Many Turkish conservatives refuse to admit that An attack on an Istanbul innocents, including Muslims, are being murdered by a group acting in the name of Islam. They prefer conspiracy theories. A pro-government newspaper nightclub widens the claimed the attack on New Year’s Day was the work of a “mastermind”, shorthand for an alliance of Western powers. An MP from the governing secular-religious divide party blamed—who else?—the CIA. The shooting also raised questions of accountabil­ ity. More than 400 lives have been lost in big ter­ Islamic State is exploiting tensions in Turkish society rorist attacks since the summer of 2015, yet not Jan 7th 2017 | ISTANBUL one minister has resigned. Just over a week before the nightclub attack, Russia’s ambassador http://www.economist.com/ was fatally shot by an off-duty Turkish policeman. The government says it foiled 339 attacks last AFTER a year of terrorist attacks and a violent year. But it has also used the war on terrorism as coup attempt, Istanbul residents are getting used an excuse to silence critics. In December authori­ to the sound of explosions. When blasts rang out ties detained a Wall Street Journal reporter for near the city’s best-known nightclub just after 1am three nights, allegedly for retweeting an image on January 1st, some thought they were new-year from an IS murder video. Days later they arrested pyrotechnics. Yet the skies above them were an investigative reporter, Ahmet Sik, on farcical ter­ empty. A massacre was unfolding below. By the rorism charges. Since the coup, more than 100 time it was over at least 39 people, mostly foreign­ journalists have been locked up. ers, were dead, and dozens more wounded. Largely because of the state’s control over reli­ Autopsies suggested that many had been shot at gious debate, support for IS among Turks is mini­ close range. Some saved themselves by leaping which hit a venue where celebrities dance and mal. Yet the group is determined to pit Turkey’s tra­ into the Bosporus. As The Economist went to drink alongside foreigners and the monied elite, ditionally tolerant brand of Islam against an press the attacker, a suspected follower of Islamic threatens to inflame tensions between Islamists emboldened fundamentalist fringe. IS wants to State (IS), had not been caught. and secular Turks, many of whom blame the pro- galvanise those Islamists who condemn secular Islamist government for the spread of extremism. IS has carried out at least eight big attacks in ways of life, says Rusen Cakir, a journalist. “They Turkey, including the deadliest in the country’s his­ “Islamic State reads Turkish society very well and want to transform Turkey into a battlefield,” he tory, a suicide-bombing that killed more than 100 it knows to strike at the key pressure points,” says says. Hilmi Demir, an expert on Muslim sects and radi­ people in October 2015. The nightclub attack is the The New Year’s Day attack could serve as a wake- calisation. first it has undisputedly claimed. In an online state­ up call. The ruling Justice and Development party ment the group praised the shooting as an attack Those pressure points are multiplying. Instead of is realising that polarisation can win elections “but on an “apostate” celebration and revenge for a healing his divided country after the coup in July, that it makes the country ungovernable,” says Turkish offensive against it in Syria. Turkey’s army Turkey’s president, Recep Tayyip Erdogan, Ozgur Hisarcikli, head of the Ankara office of the cleared IS from strongholds overlooking the border cracked down on his opponents, including Kurdish German Marshall Fund, a think-tank. The Diyanet in early September, and fighting continues near al- activists, leftists and secularists. Official discourse has declared that an attack on a nightclub is as Bab, a town north-east of Aleppo. is increasingly conservative. In December the reprehensible as an attack on a mosque. Mr country’s religious-affairs directorate, the Diyanet, Under pressure in Syria, IS has struck back by Erdogan himself has warned against allowing the joined Islamist groups in proclaiming that new-year destabilising Turkey. The group’s earliest attacks in fault lines in Turkish society to widen, which is festivities were “alien” to Turkish values. 2015 helped to reignite a war between Kurdish mil­ exactly what IS wants. Alas, Mr Erdogan’s populist itants and Turkey’s armed forces. A second wave Meanwhile, a group of young ultranationalists authoritarianism, jingoism and repression are only staged a protest at which they pretended to hold scared away tourists and fanned resentment of the wedging them further apart. Santa Claus—that unwelcome Western intruder— 2.8m Syrian refugees living in Turkey. The latest,

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International;N>UiJlork êntncs T u e s d a y , J a n u a r y io , 2017 Iranian ex-president was known as a centrist ÂLI 1934-2017

BY ALAN COWELL Ayatollah Ali Akbar Hashemi Rafsan- jani, a former and a founder of the Islamic republic who nav­ igated the opaque shoals of his country’s theocracy as one of its most enduring, wiliest and wealthiest leaders, died on Sunday in Tehran. He was 82. His death was announced by Iranian state television. As his career seesawed through peri­ ods of revolutionary zeal and confronta­ tion with powerful conservative rivals, he was portrayed as a Machiavellian and often ruthless player in the power struggles among Iran’s elite factions, protected by his close association with Ayatollah Ruhollah Khomeini, the revo­ lutionary leader who overthrew the Ayatollah AU Akbar Hashemi Rafsanjani in Tehran in 2005. His clout declined shah in 1979. sharply during the presidency of Mahmoud Ahmadinejad, from 2005 to 2013. Known as a pragmatist and centrist inclined toward economic liberalism roles in Parliament and on influential this is intentional, then this is treach­ and political authoritarianism, Mr. Raf- clerical panels, under the tutelage of Ay­ ery.” sanjani was accused by critics of corrup­ atollah Khomeini and then, less durably, For all that, analysts in Tehran sensed tion in amassing his fortune and of a of his successor, Ayatollah Ali that the pendulum was swinging toward readiness for harsh tactics to deal with Khamenei. the moderate camp, in which Mr. Raf­ dissent at home and abroad. Mr. Rafsanjani’s clout declined sanjani played a defining role. Argentina has accused Mr. Rafsanjani sharply during the presidency of Mah­ Ali Akbar Hashemi Rafsanjani was and other senior Iranian figures of com­ moud Ahmadinejad, from2005 to 2013. A born on Aug. 23,1934, in the village of plicity in the 1994 bombing of a Jewish populist conservative, Mr. Ahmadinejad Bahraman near the town of Rafsanjan in community center in Buenos Aires, in had a strong following among poor Ira­ Iran’s southeastern Kerman Province. which 85 people died. In 1997, a German He was one of five sons and four daugh­ nians, many of whom resented the afflu­ court concluded that the highest levels ters born to Mirza Ali Hashemi Bahra- ence that endeared Mr. Rafsanjani to his of Iran’s political leadership had ordered mani, a prosperous pistachio farmer, wealthier compatriots. the killing five years earlier of four ex­ and Mahbibi Safarian Hashemi. In 2013, Mr. Rafsanjani was disquali­ iled Iranian Kurdish dissidents in At 4, he left his home village to study fied from standing in presidential elec­ Berlin. The events added weight to theology in the Muslim holy city of Qum, tions and swung his political weight be­ American assertions that Iran was a Iran, where he became a disciple of Aya­ hind a moderate, longtime associate, sponsor of terrorism. Mr. Rafsanjani tollah Khomeini. Hassan Rouhani, who won the vote and was president from 1989 to 1997. By some accounts, at the time of his went on to bring many of Mr. Rafsanja­ Yet many Western analysts believed death, Mr. Rafsanjani was the last sur­ ni’s supporters into his cabinet and to that he sought a less confrontational re­ viving member of an inner circle of Is­ negotiate the nuclear agreement with lationship with the United States than the United States in 2015. lamic revolutionaries active during Aya­ other powerful figures in the Iranian hi­ But Mr. Rafsanjani, himself an ayatol­ tollah Khomeini’s exile from 1964 to 1979, erarchy, for whom hostility toward lah, clashed with Ayatollah Khamenei, fighting an often bloody cat-and-mouse Washington was a touchstone of ideo­ contest with the notorious Savak secret logical purity. the supreme leader, over the extent to police loyal to Shah Mohammed Reza Mr. Rafsanjani, for instance, was cred­ which Iran should modify its bellicose Pahlavi. ited with suggesting that “Death to stance toward outsiders. In March, Mr. From 1963 to 1978, Mr. Rafsanjani was America” be dropped from the litany of Rafsanjani wrote on Twitter that the jailed five times for his opposition to the slogans at Tehran’s Friday prayers, a “world of tomorrow is one of negotia­ shah, but he remained in close contact weekly moment of fervor in Iran’s poli­ tions, not the world of missiles.” with exiled clerics, including Ayatollah tical and religious calendar. Ayatollah Khamenei responded: “En­ Khomeini, who was living in Najaf, Iraq. emies continue strengthening their mili­ In the closing stages of the Iran-Iraq During that period, in 1962, he mar­ war, which lasted from 1980 to 1988, Mr. tary and missile sectors. How can any­ ried Effat Marashi, whose family includ­ one say the era of missiles has passed?” Rafsanjani was appointed acting com­ ed several respected Shiite clerics. They Without identifying Mr. Rafsanjani by mander in chief of Iranian forces and had five children— two daughters, Fate- name, Ayatollah Khamenei said: “Peo­ was widely credited with persuading meh and Faezeh, and three sons, ple say that tomorrow’s world is a world Mohsen, Mehdi and Yaser. the leadership in Tehran to accept a of negotiations and not a world of mis­ United Nations resolution that ended Information on survivors was not im­ the fighting. siles. If they say this thoughtlessly, it mediately available. For much of his career, he maintained shows they are thoughtless. However, if In the turbulence after Ayatollah

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Khomeini returned to Iran, Mr. Rafsan- own power base. But Mr. Rafsanjani’s many poor Iranians perceived no im­ jani was elected to Parliament, known back-room dealings — often trading on provement in their plight. as the Majlis, and became its speaker, his close relationship with Ayatollah As president, Mr. Rafsanjani showed serving in that position until 1989. Khomeini — earned him the nickname little tolerance of dissent. While he In many accounts of the maneuvering "kingmaker.” sought improved ties with the West, he after Ayatollah Khomeini’s death in During his presidency, Mr. Rafsanjani insisted on Iran’s right to develop its nu­ 1989, Mr. Rafsanjani was credited with faced the challenge of reconstruction af­ clear program and did not lift a fatwa de­ promoting Ayatollah Ali Khamenei as ter the eight-year war with Saddam clared by Ayatollah Khomeini that en­ supreme leader, possibly in the mistak­ Hussein’s Iraq. joined Muslims to kill the writer Salman en belief that he would prove a pliant fig- While his economic liberalism and Rushdie. • ' ure. privatization policies were popular Instead, Ayatollah Khamenei built his among Iran’s entrepreneurial classes,

LE j B u R 9 JANVIER 2017______Les zones d* ombre de la politique turque en Syrie

Anthony SAMRANI | O LJ 09/01/2017 http://www.lorientlejour.com

'un côté, Washington, Paris, Londres et DRiyad, qui considèrent qu'il n'y aura pas Des forces rebelles de solution en Syrie tant que Bachar el-Assad accompagnant l'ar­ restera au pouvoir. De l'autre, Moscou et mée turque dans la Téhéran qui ont décidé de sauver le régime ville d'al-Bab en syrien par tous les moyens. Et au milieu, la Syrie. Khalil Turquie : le principal parrain de l'opposition AshawilReuters qui a décidé de revoir ses priorités en Syrie et qui ne réclame plus le départ de M. Assad comme préalable aux négociations politiques. Et qui décide de mener des négociations sans les Occidentaux, à Astana, en compagnie des Russes et des Iraniens. En découle une situa­ tion pour le moins alambiquée : la Turquie, LE PARI le pari que les Kurdes vont finir par être aban­ deuxième armée de l'Otan, fait ami-ami avec La Turquie a fait de la lutte contre ce qu'elle donnés par leurs alliés respectifs. le pays que l'organisation atlantique consi­ considère être des groupes terroristes, à savoir dère comme la principale menace pour sa la branche syrienne du Parti des travailleurs Dans le cas contraire, Ankara risque de com­ sécurité. du Kurdistan (PKK) et l'État islamique (El), pliquer encore davantage ses relations avec sa priorité en Syrie. Elle cherche à sécuriser sa ces alliés en question. En période de guerre froide, on aurait dit que frontière, alors qu'elle est touchée par une L'armée turque a été profondément affaiblie la Turquie se retrouve coincée entre deux vague d'attentats sans précédent, et à empêch­ par les purges menées par les autorités au blocs. Mais la guerre froide est finie et la er la formation d'un territoire kurde unifié au pouvoir. Les difficultés qu'elle éprouve à logique de blocs n'est pas toujours pertinente. sud de sa frontière avec la Syrie. Combattant, reprendre le fief d'al-Bab aux mains de l'EI en La Russie et l'Iran ont beau coopérer dans de façon plus ou moins continue, le PKK et témoignent. Les risques que l'opération « leur soutien au régime syrien, ils ne forment ses filiales depuis 30 ans, Ankara craint plus Bouclier de l'Euphrate » se transforme en pas un bloc pour autant. Moscou et Téhéran que tout que l'irrédentisme kurde ne désta­ bourbier ne sont pas inexistants. D'autant sont concurrents au moins autant qu'ils sont bilise son territoire et remette en cause ses plus que la Turquie n'a pas été claire quant à partenaires, et leurs intérêts divergents, frontières. De ce point de vue-là, la politique la finalité de l'opération, réclamant vouloir notamment en Syrie, seront un jour source de turque en Syrie est tout à fait logique : les participer à la bataille pour la reprise de tensions, s'ils ne le sont pas déjà. De l'autre Turcs sont intervenus en Syrie parce qu'ils Raqqa tout en affirmant qu'elle va déloger les côté, l'arrivée au pouvoir aux Etats-Unis du estimaient que c'était le seul moyen pour eux Kurdes de Manbij. président élu Donald Trump, qui souhaite d'éviter l'ancrage territorial de deux groupes coopérer avec Vladimir Poutine, risque de ennemis à leur frontière. Avec plus de trois millions de Syriens - dont faire éclater le bloc occidental. Et pourrait la majorité a fui le régime Assad - sur son ter­ faire les affaires des Russes tout en compli­ Le problème est qu'ils n'ont pas forcément les ritoire, la Turquie ne peut pas se permettre de quant le jeu des Iraniens. moyens politiques et militaires de leurs ambi­ s'aligner complètement sur les positions de La situation reste extrêmement instable. tions. Les Kurdes syriens sont toujours Moscou et de Téhéran en Syrie. Elle y lais­ Personne n'avait prévu l'intervention massive soutenus par la coalition internationale serait sa crédibilité, mais aussi son influence des Russes en Syrie en 2015. Tout comme menée par les États-Unis et ils entretiennent historique, dont elle a déjà perdu une grande personne n'avait prévu le revirement turc en de bonnes relations avec la Russie. Si Moscou partie à Alep comme à Mossoul, au profit des 2016 et son intervention dans le Nord syrien. acceptera sans doute de les lâcher en con­ Russes et des Iraniens. Elle a besoin de En 2017, Ankara pourrait bien réserver trepartie d'une offre turque intéressante, on Moscou pour régler la question des Kurdes encore de nouvelles surprises. Pour une rai­ ne sait pas grand-chose sur les intentions de syriens et pour envoyer un message fort aux son très simple : la politique turque en Syrie M . Trump à leur égard. Mais s'il souhaite Occidentaux. Mais à quel point sera-t-elle est pétrie de contradictions et de zones d'om­ combattre l'EI avec des forces locales, comme prête, en échange, à modérer sa position par bre, à tel point qu'on se demande si elle l'ont expliqué ses conseillers depuis son élec­ rapport au régime Assad ? Et pourra-t-elle découle d'une véritable stratégie ou si elle tion, il est difficile de croire qu'il pourra se faire accepter cette position aux membres de navigue à vue en fonction des priorités du passer complètement des Kurdes. La poli­ l'opposition ? La question reste ouverte. ♦ moment. tique turque repose donc essentiellement sur

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De notre envoyé spécial en Syrie, MATHIEU DELMAS

Une féministe kurde à l’assaut de Raqqa Rofda Felat, 55 ans, est à la tête de l'opération Colère de l'Euphrate, qui vise à déloger l'Etat islamique de sa “capitale"syrienne. Rencontre

lle dit s’inspirer de taires arabes issus de la Brigade sur les deux rives de la rivière les vents. Au milieu de cette Napoléon et de Sala- des Révolutionnaires de Raqqa et nous nous trouvons actuelle­ fumée toxique, Rojda Felat din. Ce petit bout ment à 26 kilomètres au donne ses ordres àune centaine de femme au visage À 6 K ILO M ÈTR ES DE DAECH nord de la ville. » Depuis le de combattants masculins, d’Apache, coiffée « Nous sommes à 6 kilomètres 10 décembre, Rojda Felat a talkie-walkie en main et sourire d’uneE longue tresse de cheveux des premières positions de lancé, avec l’appui aérien et ter­ aux lèvres. L’avancée dans les noirs, dirige depuis la ville D aech », explique la chef de restre des forces de la coalition champs de boue situés sur la d’Ain-Issa, bourgade située à l’opération Colère de l’Eu­ internationale, la deuxième rive est de l’Euphrate est rapide. une trentaine de kilomètres phrate, lancée le 6 novembre phase de l’opération qui vise à Aucun abri naturel n’offre de aunord de Raqqa, uncontingent et destinée à déloger les djiha- reconquérir les villages situés refuge aux djihadistes, de 45 000 combattants. Ils sont distes de leur « capitale » à l’ouest de Raqqa contraints de battre en retraite. regroupés au sein des Forces syrienne. La première phase de Dans l’hiver syrien, les Dans le ciel, le bourdonnement démocratiques syriennes l’opération a consisté à appro­ hommes se réchauffent autour des drones de la coalition inter­ (FDS), composées essentielle­ cher la ville par le nord, en sécu­ d’un brasero dans lequel ils font nationale est permanent, et les ment de Kurdes des Unités de risant les deux rives du lit de la brûler des morceaux de plas­ frappes aériennes opérées par Protection du Peuple (YPG- rivière Balikh, « N ous avons tique. Difficile de trouver un les bombardiers américains YPJ), mais également de volon­ avancé vers le sud d’Ain-Issa arbre sur cette terre balayée par ouvrent la voie aux FDS.

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A gauche, Rojcki Felat, à la tête d e 4 5 0 0 0 com battants. Le 19 décembre, les Unités de Protection du Peuple dans le village de Site Rher, repris à Daech.

combattants, hommes comme les Arabes, les Arméniens ou les après sa libération au mois femmes, qui l’écoutent. La chef, Syriaques, cela est à la base d’août dernier ». qui ne parle pas un mot d’an­ même de nôtre idéologie, argu­ La leader kurde explique imi­ glais, rappelle que ce n’est pas la mente la jeune femme. R aqqa ter l’exemple de Leyla Qasim, première fois dans l’histoire du est notre principal objectif car figure de la résistance des peuple kurde que les femmes c’est le centre opérationnel de Kurdes irakiens contre le parti prennent les armes. « Pour leur pseudo-califat. C’est dans Baas. Accusée de fomenter l’as­ nous, cela a une signification cette ville qu’ils ont réduit nos sassinat de Saddam Hussein, particulière. En nous défendant femmes en esclavage, et nous elle fut torturée et pendue en par nous-mêmes, nous prouvons devons combattre le mal à la 1974, à l’âge de 22 ans, devant que nous ne sommes pas juste racine. » les télévisions nationales, destinées à accomplir des tâches La ville de Raqqa, qui comme un avertissement lancé ménagères ou à procréer », compte une écrasante majo­ àl’ensemble de la communauté lance-t-elle en regardant ses rité d’habitants arabes, kurde du nord du pays. « L a jeunes camarades, comme acceptera-t-elle l’entrée de condition de la femme a beau­ pour s’assurer de leur approba­ combattants kurdes inspirés coup évolué dans notre territoire tion. « Nous participons à cette de l’idéologie d’Abdullah depuis le début de la révolution. opération pour en finir avec la Oealan, le leader du Parti des Nous suivons le sentier tracé par barbarie de Daech et libérer Travailleurs du Kurdistan les centaines de fem mes qui ont les milliers de femmes yézidies (PKK) ? Rojda Felat l’assure, lutté pour nos droits contre l’in­ qui ont été kidnappées dans « pour les opérations contre justice. Nous continuerons leur les montagnes du Sinjar à Raqqa, plusieurs milliers de lutte jusqu’à la mort s’il le faut. » »* «Notre objectif est d’atteindre l’été 2014. Pour nous, c’est un combattants arabes nous ont le barrage de Tabqa, explique devoir de libérer les fem mes de d’ores et déjà rejoints, nous les RENONCER À SA VIE Felat. La prise de cette infra­ l’oppression subie par la menta­ avons entraînés et armés. PERSONNELLE structure située en aval du lac al- lité qui prévaut au Moyen- Lorsque Raqqa sera libérée des Dans l’idéologie du PKK, Assad permettra de compléter Orient depuis des siècles. » djihadistes, la ville et ses insti­ lorsqu’une personne rejoint la l’encerclement de Raqqa par Diriger aussi des combattants tutions seront gérées par les guérilla, elle renonce à sa vie l’ouest. » Construit dans les arabes ne lui pose aucun pro­ habitants. Nous avons déjà pré­ personnelle en adoptant un années 1970 avec le concours de blème. « Pour nous, il n’y a pas paré la suite comme nous nom de guerre Les combattants l’Union soviétique, le barrage de de différence entre les Kurdes, ’avons fait à Manbij rompent avec leurs familles. Tabqa eststratégiqueet difficile Il existe au sein de la guérilla à conquérir. Le bombardement une interdiction des relations de cet ouvrage occasionnerait dites « traditionnelles » entre une catastrophe écologique TURQUIE hommes et femmes. Elle est dans les territoires irakiens en justifiée par la volonté d’empê­ aval du fleuve et une catas­ cher lareproductionde«vieilles trophe humanitaire en Syrie; en structures sociétales ». Dans cas de destruction, de vastes l’idéologie d’Ocalan, la possibi­ territoires en Irak seraient lité de ne pas se marier est consi­ inondés, alors que l’est de la dérée comme une avancée pour Syrie serait privé d’électricité. l’émancipation de la femme kurde. Chaque combattante est LIBÉRER équipée d’une kalachnikov, LES FEMMES YÉZIDIES de grenades et de munitions. « Sachez que je ne suis pas la Rojda Felat précise que ce seule fem m e à combattre la bar­ combat pour la liberté ne AU 18/12/2016 PAR: barie de Daech. Nous sommes concerne pas seulement sa tient à préciser Les loyalistes communauté. « des milliers », Les Kurdes Notre situation Rojda, désignant ses com­ ■ i Les rebelles n’est pas encore parfaite mais, pagnes d’armes assises en tail­ Daech après la révolution, nous libére­ leur autour d’elle. Un profond rons l’ensemble des femmes du respect se lit dans le regard des Moyen-Orient! » m

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Propos recueillis par URSULA GAUTHIER

temps tenue à l’écart du monde arabe, s’est-elle tant impliquée dans le conflit syrien? Cefa tient au changement du pouvoir à Ankara. En 2003, la Turquie passe aux mains de l’AKP, qui, contrairement aux kémalistes, se sent des affinités fortes avec le monde musulman, et décide de pacifier ses rapports avec ses voisins. Erdogan ne s’attend pas du tout à ce que le monde arabe bascule dans une contestation massive en 2011. A peine quelques semaines avant les « printemps arabes », en novembre 2010, il recevait le prix Kadhafi des droits de l’homme. Ankara n’avait à l’époque aucune objection à traiter avec les régimes autori­ taires arabes. Avec la rébellion des sociétés arabes, Erdogan prend conscience de la profondeur du changement II y voit la pos­ sibilité de créer une vaste alliance infor­ melle, une sorte de fédération de Frères musulmans et autres partis proches de l’AKP turc : le Parti de la Justice et du Déve­ loppement au Maroc (PJD), Ennahdha en Tunisie, les Frères musulmans en Egypte, en Libye, en Syrie, en Jordanie... Sous la houlette de la Turquie, bien entendu. C’est l’occasion de réaliser ce rêve millénariste : rendre à la Turquie sa place de pilier, de bras Que peut-on conclure de l’accumula­ armé et de leader du monde musulman Le président turc tion de revers subis, ces dernières sunnite, place qui lui aurait été arrachée par semaines, parErdogan? les « puissances ennemies » en 1918. rêvait que son pays Ces développements illustrent la faillite La défaite turque lors de la Première retrouve sa place de totale de la politique étrangère de la Tur­ Guerre mondiale reste donc très pré­ quie. Il y a quelques mois encore, Erdogan sente dans l’esprit des Turcs? bras armé et de leader envoyait des troupes en Syrie, exigeait la Oui. U faut comprendre la vision extrême­ démission de Bachar al-Assad, protestait ment turco-centrée et islamo-centrée qui du monde musulman contre les interventions du grand rival ira­ anime Recep Tayyip Erdogan et l’AKP, nien en Syrie, en Irait, etc. Aujourd’hui, il est selon laquelle la Turquie est un des très sunnite. La défaite clair qu’il a capitulé devant le puissant tan­ rares « acteurs de l’histoire » chargés d’une dem Iran-Russie. Il est contraint de recon­ mission, mission qui dépasse ses frontières de ses alliés àAlep-Est, naître la suprématie de l’Iran en Syrie, en et englobe la totalité du monde musulman. Irak, au Liban, c’est-à-dire précisément En ce sens, la Première Guerre mondiale, l’assassinat de dans tout cet arrière-pays jadis ottoman qui est vue non comme un conflit intra- qu’il rêvait de reprendre sous son aile. européen, mais comme la guerre des puis­ l’ambassadeur russe Quant aux attaques de plus en plus graves sances liguées contre l’Empire ottoman, de l’Etat islamique sur le sol turc, elles n’est pas terminée. Les mêmes puissances à Ankara et l’attentat étaient malheureusement prévisibles. veulent aujourd’hui empêcher la Turquie IJAKP [le Parti de la Justice et du Dévelop­ de réaliser samission unificatrice de l’islam. du Nouvel An à pem ent, N D LRl parti islamiste au pouvoir Ce sont elles qui vont provoquer l’échec du à Ankara, a joué avec le feu en laissant les grand projet fédérateur. Les représentants Istanbul revendiqué djihadistes s’installer en Syrie. Depuis l’en­ des partis frères de l’AKP sont soit battus trée des troupes turques sur le territoire aux élections soit violemment renversés, par Daech, montrent, syrien et l’offensive sur des localités tenues comme Mohamed Morsi en Egypte. Il ne par Daech, la Turquie est en butte à la vin­ reste plus que laSyrie. Erdogan faitpression selon le chercheur Hamit dicte de Daech et doit en subir les consé­ sur son « frère » Bachar al-Assad pour qu’il Boærslan, l’impasse quences avec des attentats sur son sol, des réalise des réformes « démocratiques ». tensions et des conflits difficiles à gérer. Devant le refus de ce dernier, il décide alors de sa stratégie Pourquoi la Turquie, qui s’est long- d’intervenir dans le conflit, histoire de »*

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** donner une leçon à Bachar d’affinités avec les islamistes et Ils sont suspendus pour l’instant, en atten­ et d’utiliser la Syrie comme tête craignait une nouvelle dyna­ dant que la « menace » kurde en Syrie soit de pont dans la conquête arabe, mique d’autonomie kurde dans matée. L’armée turque occupe déjà une à laquelle il n’a pas renoncé. la région Certes il a entamé un enclave qui coupe en deux le territoire Pourquoilastratégieturque rapprochement avec le PKK dès kurde etveut d’abord chasser les Kurdes de a-t-elle échoué? 2013, mais ce processus dit « de l’ouest de l’Euphrate avant de s’en prendre A la fois pour des raisons intrin­ paix » a tourné court. De fait, aux régions plus importantes à l’est du sèques - elle était sans doute Hamit Bozarslan est l’offre d’Erdogan n’était pas fleuve. En ce moment, elle mène une offen­ trop ambitieuse - et à cause historien et politologue, acceptable aux yeux de la sive difficile contre Al-Bab, ville principale de conditions externes. A directeur d'études à société kurde. L’AKP a fait aux de l’enclave. Or Daech, qui occupe cette commencer par l’aggrava­ l'Ecole des Hautes Etudes Kurdes une proposition au fond grosse agglomération arabe de 80 000habi­ tion du conflit syrien sous l’in­ en Sciences sociales. assez proche de celle que l’Em­ tants, est solidement installé. Ankara, qui ne fluence des trois Etats qui inter­ Spécialiste de la Turquie, pire ottoman avait faite aux dispose comme alliés locaux que de viennent : l’Iran, d’une part, de l’espace M e et du Arméniens avant la Grande 2 500 combattants islamistes médiocres, a l’Arabie Saoudite et la Tur­ Moyen-Orient, il a publié Guerre : vous êtes reconnus en déjà enregistré de lourdes pertes. Sans quie, de l’autre, concourent à «Histoire de la Turquie tant que groupe distinct, vos compter l’exportation du conflit sur le ter­ « confessionnaliser » un conflit contemporaine» partis et organisations sont ritoire turc sous forme d’attentats, dont on qui n’était pas religieux à l’ori­ (la Découverte, 2016), autorisés, nos torts à votre égard peut craindre qu’ils ne se multiplient au fur gine. Ces trois pays portent «Comprendre le génocide seront corrigés, mais à une seule et à mesure du durcissement des affronte­ une responsabilité historique des Arméniens. 1915 à nos condition, que vous vous sou­ ments à Al-Bab. majeure dans le drame syrien. jours «(Tallandier, 2015). mettiez au projet d’une Turquie Que sait-on de la présence de Daech en L’Iran va soutenir Bachar dominante définie comme Turquie? al-Assad et mobiliser le Hezbollah libanais turque et musulmane. Le refus des Armé­ On la connaît assez mal. Il y a deux à partir de 2013 contre l’opposition. LArabie niens avait constitué l’une des causes du ans, selon les services turcs, de 1000 à et la Turquie « sunnitisent » de leur côté génocide de 1915. Les Kurdes ne courent 3 000 combattants de l’EI se trouvaient sur l’opposition, qui dès lors glisse vers le djiha­ pas le même risque aujourd’hui, mais ils ne le sol turc, avec des concentrations impor­ disme. La Turquie ouvre ses frontières aux pouvaient accepter ce marché, leur projet tantes à Gaziantep et Urfa, près de la fron­ groupes islamistes et devient « l’autoroute consistant à refonder la Turquie sur des tière syrienne, et des relais à Istanbul et à du djihad », pour reprendre l’expression du bases égalitaires. C’est pourquoi le régime Ankara. Ils peuvent malheureusement journaliste turc Kadri Gürsel (aujourd’hui d’Ankara est entré dans un nouveau cycle passer à l’action, en visant par exemple des emprisonné). A quoi s’ajoute un dernier de répression contre les Kurdes en Turquie. cibles touristiques. L’attentat de la disco­ élément : le facteur kurde, qui devient déci­ Et en Syrie, on l’a vu lors de la bataille de la thèque à Istanbul montre également que sif en juillet 2012. ville kurde de Kobané en 2014, il a claire­ l’EI est capable de s’organiser au sein des Que se passe-t-il enjuillet2012? ment pris le parti des agresseurs de l’oiga- diasporas d’Asie centrale. La connaissance Le 18 juillet, un attentat majeur perpétré nisationEtat islamique contre les habitants. que les services avaient de ces milieux par l’opposition syrienne à Damas décapite A-t-on des preuves de la complicité risque de ne plus être pertinente à la suite largement le régime. Le beau-frère de turque avec l’Etat islamique? de larépression post-coup d’Etat qui conti­ Bachar al-Assad est tué, et son frère en res­ Il existe des preuves innombrables sinon de nue de frapper toutes les institutions... sort sans doute paralysé. La réaction est complicité, tout au moins de complaisance. Quepenserdel’assassinatde l’ambas­ immédiate : dès le iendemain, Damas La presse a publié des vidéos de voitures sadeur de Russie par un policier turc? décide d’utiliser l’aviation et écrase le pays piégées par Daech sur le territoire turc et C’est extrêmement inquiétant Lesorganes sous un tapis de bombes. Et il se désengage traversant la frontière pour aller exploser de sécurité et les forces paramilitaires aux­ des régions kurdes du Nord, parce qu’il ne parmi les Kurdes de Kobané, des photos de quels le régime fait de plus en plus appel peut plus contrôler tout le territoire, mais dirigeants de l’EI soignés dans les hôpitaux sont eux-mêmes radicalisés, et surtout aussi pour punir la Turquie. Enorme turcs, des enregistrements faits par les ser­ tendent à s’autonomiser. La rhétorique déconvenue pour Erdogan, qui doit désor­ vices turcs de conversations entre les pas­ anti-occidentale du régime y contribue mais compter avec la naissance d’une nou­ seurs et les combattants de l’EI, etc. Après grandement : quand l’Etat fait campagne velle région kurde autonome. Baptisé l’attentat d’octobre 2015 qui afait 102 morts contre la « fête païenne » de Noël, on ne Rojava, ce Kurdistan syrien est rapidement dans un rassemblement de Kurdes à peut s’étonner de voir, comme ce fut le cas dominé par le PYD [le Parti de l’Union Ankara, le Premier ministre a déclaré que il y a un mois, des voitures de la municipa­ démocratique], proche de l’ennemi de tou­ son gouvernement possédait la liste com­ lité d’Istanbul participer ouvertement à une jours, le PKK. Les vastes projets d’Erdogan plète des militants de Daech, mais que, la manifestation réclamant le retour du cali­ en sont bouleversés : sa priorité est désor­ Turquie étant un Etat de droit, il ne pouvait fat.. Des analystes réputés tels que Cengiz mais de saper l’émergence de cette menace. intervenir contre eux tant qu’ils n’étaient Candar ou Fehim Tastekin avaient mis en A l’époque, Erdogan était en pourpar­ pas passés à l’acte. Au même moment, des garde contre un risque de « paldstanisa- lers de paix avec le PKK. Pourquoia-t-il centaines de personnes étaient arrêtées tion » : ce pays, qui avait soutenu les tali­ préférés’allierauxgroupesarmésisla- pour une simple insulte au président... bans, avait perdu le contrôle d’une partie de mistes contre les Kurdes de Syrie? Où en sont les grands projets civilisa­ son territoire. Quand on joue avec les tali­ Sans doute parce que l’AKP se sentait plus teurs d’Erdogan ? bans, on se « talibanise »... ■

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InternationaljNeiuJJorktintes T u e s d a y , J a n u a r y io , 2017 Russian airstrikes draw Turkey doser as both shun U.S.

WASHINGTON

BY MICHAEL R. GORDON AND ERIC SCHMITT

Russian warplanes have carried out airstrikes to support Turkey’s offensive in northern Syria against the Islamic State, an important evolution in a bud­ ding Russian-Turkish partnership. The deepening ties threaten to marginalize the United States in the struggle to shape Syria’s ultimate fate. The air missions, which took place for about a week near the strategically im­ portant town of A1 Bab, represent the Kremlin’s first use of its military might to help the Turks in their fight against the militant group. The Russians seized an opening to try to build a military rela­

tionship with Turkey, a NATO member, OZAN KOSE/AGENCE FRANCE-PRESSE — GETTY IMAGES as the United States has sought to keep The ties between President Recep Tayyip Erdogan of Turkey and President Vladimir V. the emphasis on taking Raqqa, the Is­ Putin of Russia could sideline the United States in the fight to shape Syria’s fate. lamic State’s self-declared capital. The Russian bombing is a remarkable turnabout from November 2015, when a TXirkish F-16 fighter jet shot down a Rus­ spoken positively, though in vague ment that noted that Russian warplanes sian Su-24 attack plane that had violated terms, about the possibility of cooperat­ had struck targets the previous day Turkey’s airspace. ing with Russia in the fight against the about five miles south of A1 Bab. Ameri­ Russia and TUrkev had alreadv been can officials, who asked not to be identi­ involved in a joint effort to establish a Islamic State, also known as ISIS or fied because they were discussing intel­ cease-fire in Syria — one that does not ISIL. But the Obama administration’s ligence, said that Russian airstrikes in involve the United States. At the same efforts to forge a common political and the A1 Bab area began at the end of De­ time, ties between the United States and military strategy with the Kremlin on cember, and that Russian aircraft were TUrkey have come under growing strain Syria collapsed after Russia supported flying near A1 Bab as recently as Friday. as the Turkish president, Recep Tayyip Syrian forces and Iranian-backed fight­ The effectiveness of the Russian air Erdogan, has become increasingly ers with its air power in the brutal retak­ operations, which have mainly involved alarmed about the Kurdish forces ing of Aleppo. dropping “dumb,” or unguided, bombs, known as the Y.RG. The United States Turkey began the operation at A1 Bab, is unclear. As Turkey’s casualties have has aligned itself with those forces to . east of Aleppo, without coordinating mounted in the A1 Bab operation, Turk­ combat the Islamic State in Syria. with the United States and without the ish officials have complained about the Some analysts say Russia appears to benefit of American airstrikes, “This is lack of American air support and have have arrived at an accommodation in something that they’ve decided to do in­ even made veiled threats that TUrkey which the Turks are moving to establish dependently,” Col. John Dorrian, the might suspend allied combat flights a security zone in northern Syria to pre­ spokesman for the American-led opera­ against the Islamic State in Iraq and clude Syrian Kurds from setting up an tion against the Islamic State, said in Syria from its major base at Incirlik, autonomous region. In return, the TUrks November. which would be a major blow to the appear to be backing off their efforts to TUrkey appeared to have assumed American-led air campaign. unseat President Bashar al-Assad of that it would make short work of the Is­ American officials suggested that the Syria, who, with Russian help, is lamic State fighters there. But the fight­ holdup in carrying out allied airstrikes strengthening his hold on the country’s ing has been stiff. In late November, the in recent weeks was related to a Turkish major cities to the south. Turkish military’s problems were com­ decision to ban the Americans from fly­ “The Russian-TUrkish rapproche­ pounded when three of its soldiers were ing drones in and around A1 Bab to help ment is largely tactical,” said James F. killed in what Turkish forces said was a, identify targets, as well as bad weather. Jeffrey, a former United States ambas­ Syrian airstrike. Mr. Erdogan later The Turkish military said that measure sador to TUrkey. “Russia can live for now spoke by phone with Vladimir V. Putin, was needed to ensure that no potentially with a Turkish enclave in northern Syria the Russian president, who assured him hostile aircraft flew over its troops, but it if it does not threaten the Assad regime. that Russia had not been involved in the has hampered the United States’ ability And it allows Russia to exploit the U.S. air attack, according to Turkish news re­ to carry-out airstrikes without endan­ shift to Turkey’s rival, the Y.P.G., by pro­ ports. The improving ties between the gering civilians. • viding air support to the TUrks against two autocratic leaders opened the door the Islamic State, which the U.S. inexpli­ to greater cooperation. cably is not providing.” The Turkish military spoke publicly President-elect Donald J. Trump has about the Russian role in a Jan. 2 state­

38 Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ôzeti Russia Acting as Guarantor o ff! Syrian-Kurdish| Talks Federalization! https://sputniknews.com 14.01.2017 between the representatives of PYD and ENKS with the Syrian offi­ c ia ls . Russia is holding negotiations with influential Kurdish politicians in Ferid Sedun said that within two days he is scheduled travel to Hmeymim Syria and is acting as guarantor of their talks with the Syrian govern­ base for talks with Russian representatives and then to return to Damascus ment on federalization. Kurdish politician Ferid Sedun has revealed to for talks with the Syrian leadership. The issue on the agenda is the set-up Sputnik some details of the ongoing negotiation process at Russia's of the federative system of government. However he further specified that Hmeymim Air Base in Syria. it applies not to the whole territory of Syrian but only to the territories of At the end of December, Russia invited 24 Syrian Kurdish parties, includ­ residence of the Syrian Kurds. ing representatives of the Kurdish Democratic Union Party (PYD) and the The Kurdish politician outlined that Russia is acting as guarantor of Kurdish National Council (ENKS), for talks at its Hmeymim air base in these talks and is paying much attention to the negotiations. Syria's to discuss the upcoming peace talks in Kazakhstan. Nowadays, it is holding negotiations with influential Kurdish politicians Delegates take part in a conference where they announced a federal system and is acting as guarantor of their talks with the Syrian government on fed­ in Syria's Kurdish-controlled northern regions, in the town of Rmeilan, eralization, Kurdish politician Ferid Sedun told Sputnik Turkiye. Hasaka province, Syria He said that he has come from the city of Al- in northeastern Syria "We have made a decision to come to these negotiations because Russia has on the border with Turkey to Damascus to discuss a set-up of a federative voiced of its role as guarantor of this negotiation process," he said. system on the territories of residence of the Syrian Kurds. He further explained that Russia has an opportunity to have effect on the "Several days ago Russian representatives came to Al-Qamishli Syrian government which is uneager to grant certain rights to the Kurdish where we held talks. In continuation of these negotiations they people. offered to expand the negotiation process and to set up our meeting with the Syrian leadership," Ferid Sedun told Sputnik. "Russia is telling us: voice your suggestions and we will discuss them with the Syrian government. If Damascus offers to grant you "Russia has also invited us to its Hmeymim air base in Latakia and we have autonomy, agree to it. The status of autonom y is a good opportunity accepted it," he added. in current circum stances," the politician said. The politician explained that he together with two independent He further added that the solution of the existing problems with the Syrian Kurdish politicians have come to Damascus with the aim to gain Kurds will "ease the burden" of the Syrian government, thus Russia is progress in negotiations with official Damascus on the set-up of a eager to solve the Kurdish problem. ♦ federative system and to pave the way for further talks on the issue

g» L January 16, 2017 Diyarbakir blast kills four Turkish police

Ari Khalidi Monday, 1 6 January 2 0 1 7 Diyarbakir Province called the blast a terror attack http://www.kurdistan2 4 .net but did not put the blame on any side. It also said the wounded were in critical condition. IYARBAKIR, Turkey (Kurdistan2 4 ) - A roadside There was no immediate claim of responsibility Dblast in the Kurdish city of Diyarbakir on from any group for the attack at the time of writing Ambulances rushed to the scene of the explo­ Monday killed at least four Turkish police officers this report, though Kurdistan Workers' Party (PKK) sion whose casualties were taken to a nearby and wounded two more. was the main suspect according to Turkish news hospital. (Photo: Kurdistan24) The lED attack around 4:30 PM targeted an outlets. armored police vehicle patrolling near the Dicle PKK and Turkish state forces have been locked in a with the Kurdistan Region, an explosion wounded University campus, just outside the city center, said renewed phase of a decades-long conflict over five people, all civilians. a Kurdistan24 correspondent in Diyarbakir. government repression of Kurdish rights. Two of the injured were a private firm's workers Ambulances and police reinforcements rushed to Diyarbakir's Sur central district now lying in rubbles operating an excavator to fix Sirnak's water net­ the scene of the explosion whose casualties were was the scene of an urban conflict between the work which was much damaged during months of taken to the nearby Medical Faculty of the two sides in late 2015 into 2016 for more than three fighting between PKK affiliates and Turkish forces. University, added the reporter. months. A tentative ceasefire and peace negotiations held In a press release on its website, Covernorate of Meanwhile, in the city of Sirnak near the border for two years collapsed in July 2015.B

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Associated Press Kurdish militants claim car bomb attack in Turkey's Izmir January 12, 2017 ISTANBUL (AP) "

Kurdish militants have claimed responsibility for last week's car bombing attack that killed a policeman and a courthouse employee in western Ibrkey. The Kurdistan Freedom Falcons, or TAK, says that two members of its "revenge team" died in the Jan. 5 Izmir attack, according to a news agency close to Kurdish militants. Firat News Agency, quoting a statement by the group Wednesday, identified the attackers as "comrades" Mustafa Coban and Enes Yildirim, aged 29 and 25 respectively. Party, or PKK. TAK threatened "new acts of revenge" against the "fascist" Turkish state, which is fighting The PKK has waged a decades-long insurgency and is considered a terror organization by Kurdish rebels in the southeast. Turkey and its allies, including the U.S. The two assailants were shot dead after they detonated an explosives-laden vehicle at a TAK has claimed multiple attacks in the past year, including two bombings that killed 45 roadblock and engaged in a shootout with police. people near a soccer stadium in Istanbul last month. • Turkish authorities consider TAK to be an extension of the outlawed Kurdistan Workers'

international b u s t n e ss tt m k s January 17, 2017 Over 600 Isis militants killed and 236 villages near Raqqa liberated, Kurdish-led SDF says The Syrian Democratic Forces launched an offensive to liberate the Isis stronghold in November 2016.

By AnanyaRoy / January 17,2017 reportedly said during a press conference. They so far, three of them were Western fighters [an http://www.ibtimes.co.uk added that in the past two months, they have American, a Canadian and a British] who had liberated a total of 3200sqkm, including 236 volunteered in the SDF ranks. Also, three figh­ The Kurdish-led Syrian Democratic Forces villages. ters from the Syriac Military Council lost their (SDF) said on Monday (16 January) that they The Kurdish-led force, which recently libe­ lives, beside other Arab and Kurdish fighters have so far liberated more than 200 villages rated Manbij, said that they also seized a large within the Euphrates Warth Operation," the from Islamic State (Isis) rule and killed over amount of ammunition and weapons from Isis, SDF leaders were quoted by ARA News as 600 militants under their Euphrates Wrath including number of Isis vehicles. "Over 40 car saying at the conference. Operation to isolate Raqqa - an IS (Daesh) bombs were destroyed before reaching their tar­ SDF, which is facing threats from the stronghold in Syria. gets," the SD F said. Turkey-backed rebel groups in the fight for The SDF forces launched the initial anti- Giving an account of their own casualties, Raqqa, called on the people of the Isis stron­ Isis offensive to free Raqqa in November 2016 the force said that they have so far lost 42 sol­ ghold to "join the SDF ranks in order to liberate and almost a month later, they launched the diers in the operation, but more than 2500 new the entire Raqqa province from Isis terrorists". second phase of the operation on 10 December, fighters have joined them after being "trained Turkey recently threatened to attack SDF 2016. and equipped by the SD F in cooperation with personnel stationed in Manbij, which could "During the second phase, our SDF forces the US-led coalition". The SDF leadership also serve as a strategic position to attack Isis in were able to liberate 2480 square kilometre, said that 28 Arab tribal leaders in the region Raqqa. However, the US-led coalition has clari­ clearing 196 villages and dozens of farms and "will declare their support" for them in the fied that it will target only areas occupied by strategic hills, besides expelling Isis from the coming days. Isis and not the ones liberated from their rule> historic Jaabar Citadel," the SDF leadership "We have lost 42 of our fighters in this fight

R i y a d h 4 * * D a i l y Januafy 16’ 2017______Iraqi Kurdistan rebuffs Iranian call for closure of Saudi Consulate in Erbil

2017-01-16 http://sites.alriyadh.com the right to demand the closure of any diplomatic mission, the statement said. The Iraqi Kurdistan government has strongly rejected a The statement noted that that this was not the first time the Iranian call by a high-ranking Iranian military commander to shut commanders have made such remarks. “This is unjustified meddling in the down the Saudi Consulate in Erbil, denouncing it as a gross internal affairs of Iraq and the Kurdistan Region," the statement added. interference in its internal affairs. “The Kurdistan Region, while wishing to have friendly relations with The Kurdistan government said in a statement that the presence of its neighbors, regional states and the rest of the world, hopes that Tehran foreign consulates and diplomatic missions in the Kurdistan Region was in takes a serious note of these irresponsible statements and takes steps accordance with the autonomous region’s laws. against their recurrence,” the statement said. ■ The Saudi Consulate also operates within these laws and nobody has

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LACROIX vendredi 13janvier 2017

marque la rupture entre un repaire Lors d’une soirée du printemps de la bourgeoisie libérale, sur les 2016, un vernissage a été inter­ hauteurs du quartier de Cihangir, rompu de force par une vingtaine Turquie, et le vieux quartier populaire et de jeunes hommes du quartier, ou­ conservateur de Tophane, qui ré­ trés de voir et d’entendre les invités siste, malgré les tentatives de gen- consommer de l’alcool sur les trot­ trification de ce lieu central, situé à toirs devant la galerie. En juin der­ la révolution proximité immédiate de la tour de nier, au moment du Ramadan, le Galata et de ses touristes. même scénario s’est reproduit chez La rue Bogazkesen est également un disquaire, qui avait organisé une devenue le miroir d’une polarisa­ soirée avec quelques bouteilles conservatrice tion croissante entre deux socié­ pour le lancement du dernier al­ tés qui se regardent en chiens de bum du groupe rock Radiohead. Le Sous l’impulsion faïence. Lors des derniers scrutins, petit groupe d’invités a été insulté du président Erdogan, les bureaux de vote de Cihangir af­ fichaient un soutien massif pour le Le petit groupe les conservateurs étendent Parti républicain du peuple (CHP, leur influence sur une a d'invités a été insulté société déstabilisée Æ i l | g E jn et frappé par une Place Taksim O bande dejeunes à par les attentats Conte ' pli . P. 2-3 d ’or Beyoglu — J cause de la présence T o u r d e ' ------\ d’alcoolavant G a la ta Tophane d’être expulsé manu ISTANBUL S a in te - militari. S o p h ie Bosphore f lkm et frappé par une bande de jeunes à l a C r c : cause de la présence d’alcool, avant d’être expulsé manu militari. kémaiiste) ; les électeurs de To­ Plus encore que les attentats phane ont, eux, voté dans une majo­ précédents, le massacre de la dis­ rité écrasante pour le Parti de la jus­ cothèque Reina, qui a fait 39 morts tice et du développement (AKP), de le 1er janvier dernier à Istanbul, l’ancien premier ministre et prési­ a été vécu comme une attaque dent actuel, Recep Tayyip Erdogan. À Istanbul, dans le quartier de Sisli, le 23 novembre 2016. contre le mode de vie à l’occiden­ Monique Jaques/The New York Times-Redux-REA « Tophane est comme un vieil tale. D’autant que l’éyénement a arbre dont on peut lire l’histoire en eu lieu après des semaines d’une Ista n b u l comptant les cercles de son tronc, De notre correspondant véritable campagne menée contre _ _ Avec plus de 15 millions explique Ilhan Ekmekçioglu, un les célébrations du Nouvel An et d’h ab itan ts, Istanbul ab rite Dans la partie européenne d’Is­ ancien libraire qui vit depuis tou­ contre les symboles de Noël • • • près du quart delà population tanbul, derrière le vieux lycée fran­ jours dans le quartier. C’était un ••• -souvent utilisés en Turquie totale de la Turquie. cophone de Galatasaray, une petite quartier grec et arménien, mais pour marquer la fin de l’année - ■ Au cœur de la mégalopole, rue, Bogazkesen, descend abrupte­ après les pogroms et les vagues de par une partie de la presse conser­ deux quartiers voisins ment. C’est, étymologiquement, la départs des minorités au début du vatrice et les autorités religieuses. illustrent la polarisation « rue qui coupe le Bosphore » : elle XXe siècle, les travailleurs venus Le dernier prêche de décembre, et les tensions qui secouent est perpendiculaire au détroit qui d’Anatolie s’y sont installés. Ils sont rédigé comme tous les vendredis le pays, notamment depuis sépare les deux rives d’Istanbul. venus de toutes les régions du pays par la présidence des affaires reli­ la tentative de c o u d d’E tat. C’est aussi une rue-frontière, qui mais s’agissant d’une immigration gieuses (Diyanet) et transmis aux ancienne, le quartier s’est depuis 80 000 imams du pays, avait été homogénéisé.» virulent. Face au malaise et à l’am­ repères Les arrestations de journa­ Depuis quelques années cepen­ biance lourde, le président Recep listes et les fermetures dant, des petits cafés et quelques Tayyip Erdogan a même cm néces­ de journaux se sont aussi galeries d’art y ont vu le jour, atti­ saire de préciser, lors de son pre­ Plus de 41000 personnes multipliées. Reporters sans rés par la localisation centrale et les mier discours suivant l’attentat, arrêtées frontières (RSF) a ainsi placé prix doux des espaces locatifs. Un que « chacun en Turquie est libre la Turquie au 151e rang de début de transformation qui n’a pas de vivre comme il l’entend ». Depuis le coup d’État manqué, son classement mondial été du goût de tous. Le quartier de Cihangir s’est, plus de 41000 personnes ont été de la liberté de la presse dressé « Il y avait une forte résistance à l’inverse, totalement gentrifié arrêtées et plus de 100 000 ont en 2016. Le procès de son quand je suis arrivé », reconnaît au cours de la dernière décennie, été limogées ou suspendues, représentant dans le pays, Ibrahim, propriétaire d’une petite pour devenir le fief « bobo » de la notamment des professeurs, Erol Ônderoglu, arrêté en juin, galerie ouverte en 2012, qui a fermé métropole turque, à quelques pas des policiers et des magistrats. et de deux autres militants, ses portes depuis. « Ily a eu une de la place Taksim. C’est notam­ accusés de « prop ag an d e crainte de voir le quartier se trans­ ment dans les petites mes de ce Plus de 80 associations terroriste », a été reporté former, et peut-être aussi de voir quartier que les manifestants ten­ accusées d’« activités portant au 21 mars. les prix desloyers flamber. Mais je taient de fuir les gaz lacrymogènes atteinte à la sûreté de l’État » pense que l’incompréhension était des policiers en juin 2013 lors des ont par ailleurs été fermées. Début novembre, onze députés réciproque. Certains se sont installés événements de Gezi, le plus im­ Parmi elles, huit clubs de sport du Parti démocratique ici à la hussarde et sans se soucier de portant mouvement de contesta­ sont concernés, principale­ des peuples (HDP, prokurde), la communauté du voisinage. Je ne tion du pouvoir turc depuis l’arri­ ment situés dans le sud-est le troisième parti au dis pas que c’était facile à faire, mais vée aux affaires du gouvernement à majorité kurde du pays. Parlement, ont été arrêtés. c’est ce qui aurait dû être fait ». de l’AKP en 2002. • • •

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••• « C’est de plus en plus difficile de encore plus vrai après l’attaque du de près de 200 %, tandis que l’oc­ tenir, explique Erdinç, patron d’un Reina. Les gens préfèrent faire des troi des permis de vente d’alcool est « Ce pays est restaurant-bar connu du quartier. soirées entre eux. Si vous ajoutez à plus sévèrement réglementé. Depuis l’attentat à Sultanahmet (en cela les politiques anti-alcool du gou­ Emin, un jeune architecte de musulman à 100 %, janvier 2016, NDLR), le tourisme vernement, dans quelques années, ce 30 ans, a acheté un appartement et que ce soit à est en berne. Après la tentative de quartier ne sera plus que l’ombre de dans le quartier il y a deux ans putsch en juillet, et après l’attentat lui-même ». Depuis l’arrivée au pou­ mais songe quand même à quitter Cihangir ou ailleurs, du stade de Besiktas, en décembre, voir de l'AKP, les prix des boissons le pays. « Au lendemain de la ten­ on dem ande les Turcs sortent moins... et c’est alcooliques ont en effet augmenté tative de coup d’État, les suppor- teurs d’Erdogan sont venus de To- de respecter ça ». phanepour aller célébrer l’échec du putsch sur la place Taksim. Nous étions en terrasse, ils sont passés en construit des routes. Il est en train voiture, en klaxonnant, ils nous re­ de faire la même chose à l’échelle du gardaient en brandissant des dra­ pays. Ce pays est musulman à 100 %, peaux turcs. Je suis contre le coup et que ce soit à Cihangir ou ailleurs, d’État, mais pour moi, ce n’était on demande de respecter ça. » pas joyeux : je suis homosexuel, je Devant le parc se dresse un bois de l’alcool, j ’avais l’impression énorme chantier. D’ici à quelques qu’ils nous disaient: “lesprochains, années, l’un des grands projets ur­ ce sera vous.” » bains voulus par Recep Tayyip Er- Comme, en écho, à 500 mètres dogan devrait sortir de terre : Gala- de là, quelques jeunes Turcs dis­ taport, un complexe commercial de cutent, attablés devant le vendeur luxe destiné aux bateaux de croi­ de thé, face au parc de Tophane. sière géants qui peuvent mouiller « Nous sommes bien sûr allés sur la à quelques centaines mètres de là, place Taksim, explique l’un d’eux, sur le Bosphore. Ironie de l’histoire : Mustafa Karaoglan. Quand Erdo- le quartier de Tophane pourrait Dans une rue d’Istanbul, une affiche du président Erdogan dont gan était maire d’Istanbul (dans les bien être, lui aussi, menacé par les la « stratégie consiste à se présenter comme le seul capable de années1990), il a nettoyé cette ville, ambitions du gouvernement turc. sauver le pays face aux agressions », observe Didier Billion, branché l’eau courante partout, Alexandre Billettè directeur adjoint de l’Institut pour les relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste de la Turquie . Arnaud Andneu/siPA Un président turc populaire et fragile

Six mois plus tard, alors que Pour l’heure, le terrorisme rouillage total du pouvoir, qui peut ----Six mois après parmi les multiples attentats sur­ conforte l’argumentaire en vue de inquiéter, y compris dans la com­ la tentative de putsch, venus en Turquie, celui qui a fait la révision constitutionnelle, dis­ munauté pro-Erdogan. » Recep Tayyip Erdogan jouit 39 morts dans une boîte de nuit à cutée depuis lundi au Parlement De telles critiques s’expriment d’une image d’homme fort. Istanbul, le 1er janvier, laisse la po­ et censée entériner le transfert des en sourdine, les arrestations et les Mais ses alliances pulation en état de choc, les ingré­ pouvoirs du premier ministre au limogeages, qui se sont multipliés dans le dossier syrien, dients favorables à la popularité du président. « Il n’y aura pas de pre­ après le 15 juillet au sein de l’édu­ les purges et les limogeages président continuent d’être réunis. mier ministre (...), a indiqué Binali cation, de la police ou de la justice, le fragilisent. « Sa stratégie consiste à se présenter Yildirim, qui occupe actuellement nourrissant un climat de peur. comme le seul capable de sauver le la fonction. Deux capitaines cou­ Ceux-ci contribuent également Robuste avant la tentative de pays face aux agressions, explique lent le bateau. Il ne doit y avoir à une fragilisation de l’État; sur putsch, la popularité de Recep Didier Billion, directeur adjoint de qu’un capitaine. » le plan sécuritaire, qui alimente Tayyip Erdogan n’a pas décliné Devant faire l’objet d’un référen­ aussi les inquiétudes. Autant que après la nuit du 15 au 16 juillet 2016. « C'est une stratégie dum au printemps, la réforme doit le retournement d’alliance sur le Bombardements du parlement, être approuvée par 330 des 550 dé­ conflit syrien, Ankara, jusqu’alors foules dans les rues d’Istanbul d e la tension, qui putés. Le Parti de la justice et du du côté des groupes rebelles, et d’Ankara, un bilan de près de entraîne une fuite en développement (AKP) de Recèp s’étant réconcilié avec Moscou, 270 morts et 2 000 blessés... : l’his­ Tayyip Erdogan et la formation de principal soutien de Bachar Al As­ toire, d’une rare violence, a tout à la avant perpétuelle. » droite nationaliste MHP, qui sou­ sad, après des mois de brouille. fois marqué les mémoires et servi le tient le texte, disposent à eux deux La Turquie a payé ce rapproche­ statut du président. de 355 sièges. ment au prix fort le 19 décembre, Deux tiers des Turcs approuvent l’Institut pour les relations interna­ L’unanimité affichée par l’AKP lorsqu’un policier a assassiné par l’action de Recep Tayyip Erdo­ tionales et stratégiques (Iris) et spé­ masque toutefois des nuances. balles l’ambassadeur de Russie lors gan, indiquait un sondage réalisé cialiste de la Turquie. Multipliant « Le projet de révision constitu­ d’une exposition à Ankara, au nom par l’institut MetroPOLL deux se­ les interventions médiatiques, il tionnelle est antérieur au 15 juillet, de la défense des habitants d’Alep, maines après le putsch avorté. La passe pour l’homme de la situation. » mais on en ignorait les détails, in­ alors cibles d’une violente offen­ popularité du chef de l’État dépasse Reposant sur la nécessité d’une me­ dique Dorothée Schmid, respon­ sive du régime de Damas et de ses alors les 50 % pour la première fois nace, une telle méthode contient sable du programme Moyen- alliés. Pour Dorothée Schmid, « on depuis son élection, en août 2014. pourtant ses propres limites. « C’est Orient et Turquie à l’Institut risque de voir émerger des franges Il profite d’un élan national né en une stratégie de la tension, qui en­ français des relations interna­ radicales de l’islamisme qui rési­ réaction à l’adversité, conséquence traîne une fuite en avant perpé­ tionales (Ifri). Or, il s’agit d’ins­ dent au sein même de l’État ». classique en pareille situation. tuelle », poursuit Didier Billion. crire dans la Constitution un ver­ Marianne Meunier

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10 janvier 2017 La Turquie dans le piège de la crise syrienne

Samim Akgonül /10 janvier 2017 1998, avant l’arrivée du Parti de la justice et du développement http://orientxxi.info (AKP) au gouvernement et le décès de Hafez Al-Assad, les rela­ tions turco-syriennes s’étaient réchauffées après l’expulsion par Damas du leader historique des Kurdes de Turquie, Abdullah Depuis une dizaine d’années, la politique Ôcalan. Arrivé au pouvoir en 2002, l’AKP a mené une politique régionale de la Turquie se caractérise par ses volontariste et novatrice au Proche-Orient, surtout sous l’impul­ revirements et ses changements de cap. sion d’Ahmet Davutoglu, d’abord conseiller spécial pour la poli­ Désormais, Ankara est empêtrée dans la crise tique étrangère du premier ministre de l’époque, Recep Tayyep Erdogan, et ensuite son ministre des affaires étrangères à partir syrienne, prise en tenailles entre la revendica­ de 2009 (et premier ministre éphémère entre 2014 et 2016). Non tion kurde et les attentats de l’organisation de seulement les visas ont été supprimés entre les deux pays avec l’Etat islamique. des accords commerciaux multiples, mais Erdogan a en outre noué des relations privées chaleureuses avec Bachar Al-Assad et sa famille, jusqu’à passer des vacances avec eux. e 19 décembre 2016, à la veille de l’ouverture du sommet LTurquie-Russie-Iran au sujet de la Syrie, un policier turc abattait l’ambassadeur de la Russie Andrei Karlov à Ankara. Le LES ILLUSIONS PERDUES corps criblé de neuf balles du diplomate allongé à ses pieds, l’as­ sassin hurlait face à la caméra des slogans djihadistes et nationa­ C’est à partir de 2011 qu’Ankara opère un virage stratégique à 0 listes en arabe (avec un mauvais accent) et en turc à propos 180 et commence à propager un discours identitaire contre le d’Alep. Cet assassinat jouera sans doute un rôle important dans régime Assad en Syrie. En effet, les « printemps arabes » l’ont les recompositions conjoncturelles d’alliances, tandis que la réu­ incité à rêver. L’idée semblait en effet alléchante aux islamistes nion tripartite confirmait la Russie comme acteur principal au turcs : instauration dans l’ensemble du Proche-Orient de gou­ Proche-Orient, imposant sa volonté aux autres prétendants au vernements dirigés par les Frères musulmans dont le leader rôle de leader régional. L’Iran est apparu pour sa part comme la régional, voire mondial, allait être Erdogan lui-même. Une sorte puissance chiite stable qui défend également ses intérêts, notam­ de califat politico-religieux dont l’utopie n’était envisageable qu’à condition d’ignorer totalement les dynamiques internes et ment avec sa politique lente et souterraine de soutien aux alaouites. La Turquie en revanche a dû changer de politique externes de la région. Ce rêve est tombé très rapidement dans les étrangère, bien malgré elle et pour la énième fois, empêtrée dans eaux troubles de la Méditerranée orientale. En Tunisie, Ennahda le bourbier du Proche-Orient qu’elle connaît décidément très a été chassé par les urnes. La Libye est devenue l’arrière-cour de mal. l’organisation de l’État islamique (OEI). Et en Égypte, le coup d’État militaire a ruiné les rêves d’Erdogan en chassant le prési­ Jamais la politique étrangère turque n’était passée par une péri­ dent Mohammed Morsi. ode si incertaine et si dangereuse. Dangereuse pour la Turquie et sa population, tétanisée — telle un lapin face aux phares d’une Ne restait que la Syrie, dominée par les baasistes appartenant à voiture sur le point de l’écraser — , sous les projecteurs con­ la minorité religieuse alaouite, et où un discours identitaire sun­ stants de l’ensemble des médias, qui sont aux ordres. Mais dan­ nite pouvait être entendu. Ainsi, ignorant totalement les intérêts gereuse aussi pour la région, voire pour l’Europe entière. Cette des autres puissances régionales tels l’Iran et la Russie, Ankara situation est certainement due au chaos qui règne dans le s’est jetée dans le bourbier, soutenant d’abord l’opposition syri­ Proche-Orient, mais également à une inconsistance enne et ensuite, pendant un temps, l’OEI et ce, directement ou pathologique dans la politique interne et externe d’Ankara. Ce indirectement, profitant au passage d’alléchantes livraisons de n’est pas tant que la Turquie a fait les mauvais choix et pris de pétrole non raffiné provenant des puits contrôlés par les dji­ 1 mauvaises décisions — chose courante en politique étrangère — hadistes . , c’est plutôt qu’elle n’a pas fait de choix clair, donnant l’image d’un État en faillite auquel ni ses partenaires historiques ni ses LES RAISONS DE L’INTERVENTION RUSSE EN SYRIE alliés conjoncturels ne peuvent faire confiance. Parallèlement, à partir de 2011 mais surtout à partir de la tenta­ Dans sa volonté de se défaire de ses anciens partenaires occiden­ tive de coup d’État de juillet 2016,1e régime sombrait de plus en taux, la diplomatie d’Ankara multiplie les gestes vers les pays plus dans une spirale de violence et d’autoritarisme, s’éloignant du Golfe, notamment vers le Qatar, pour renforcer sa situation substantiellement de l’Union européenne et à la recherche de militaire dans le Proche-Orient et également attirer les nouvelles alliances en Orient. L’Organisation de coopération de investissements arabes, afin de remplacer les capitaux occiden­ Shanghai (OCS)2 dominée par la Russie et la Chine était vue taux dont les détenteurs se retirent de peur d’une instabilité poli­ comme une alternative. Justement, cette même Russie a rempli tique, de la violence ethnique et religieuse, voire de l’absence de le vide laissé par la diplomatie américaine et européenne en garantie sur les biens mobiliers et immobiliers. En décembre Syrie, pour deux raisons principales, l’une conjoncturelle et 2014 et en décembre 2015, les deux pays ont signé un accord l’autre structurelle. militaire permettant l’installation d’une base militaire turque au Qatar. Depuis les « printemps arabes », ils semblent unis dans L’intervention russe en Syrie répond d’abord à des préoccupa­ leur volonté d’imposer leurs politiques, le premier à travers son tions immédiates. L’OEI recrute largement parmi les combat­ armée et son discours sunnite et le second à travers ses pétrodol­ tants tchétchènes3 et pour Moscou, il s’agit d’une occasion lars et son interventionnisme. rêvée de les exterminer « légitimement » sans craindre la réac­ tion de l’Occident. Plusieurs avions russes de chasse ont bom­ Retournons un peu en arrière pour y voir un peu plus clair. En bardé d’anciens villages turkmènes du nord de la Syrie, vidés de leurs habitants et devenus des fiefs tchétchènes. L’un des -*■

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-*• ces avions, un Sukhoi Su-24M, a été abattu par deux F-16 de dont plus de 400 civils. Ces attentats sont tantôt attribués au l’Armée de l’air turque le 24 novembre 2015, au prétexte de la PKK, tantôt aux Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK)6 , tan­ violation de l’espace aérien turc. Cet incident a tendu consid­ tôt à l’OEI ou à l’organisation guléniste, ancienne alliée princi­ érablement les relations russo-turques, faisant brusquement com­ pale de l’AKP jusqu’en 2013. Ainsi, l’assassinat de l’ambas­ prendre à l’administration turque totalement dépourvue de per­ sadeur russe Andreï Karlov le 19 décembre en plein cœur spective concernant la région qu’il fallait désormais compter d’Ankara est mis sur le compte des gulénistes. Toujours est-il avec Moscou dans la question syrienne. que l’assassin abattu sur place (alors qu’il aurait pu être appréhendé vivant selon les observateurs) était un policier titu­ L’activisme russe au Proche-Orient ne peut toutefois être réduit laire, donc un membre de l’appareil étatique en Turquie. Si, pour à la volonté d’exterminer les militants tchétchènes ayant rejoint l’instant, Moscou et Ankara font profil bas sur cette affaire à les djihadistes. Moscou ne possède qu’une base militaire ouverte cause de la convergence de leurs intérêts en Syrie, il n’y a pas de vers la Méditerranée ; elle se trouve à Tartous en Syrie, à 100 doute qu’elle aura des conséquences à moyen terme, et que le kilomètres à l’ouest de . Une chute du régime baasiste, du prix sera encore payé par la population turque, piégée dans les moins la perte de son contrôle sur la zone côtière, n’est pas revirements brutaux de la diplomatie de l’AKP et dans un dis­ acceptable aux yeux du Kremlin. cours identitaire à visée galvanisante, vide de toute rationalité.

ERREMENTS DIPLOMATIQUES 1- Ce pétrole non raffiné a été transporté vers la Turquie pen­ C’est ainsi qu’Ankara s’est retrouvé piégé par sa trop grande dant plus de deux ans par camion. Des photos satellites en font gourmandise en Syrie : vouloir d’un côté la chute du régime foi, publiées par les autorités russes pour faire pression sur Assad et de l’autre, empêcher la victoire des Kurdes de la Syrie Ankara. En échange, le régime turc semble avoir livré une aide du nord, tout en faisant obstacle à une victoire totale de l’OEI logistique et militaire aux opposants syriens — donc à l’OEI — (sous pression occidentale et russe) est, par définition, irréalis­ dont la publication des preuves a valu au quotidien Cumhuriyet able. des emprisonnements et exils, voire une tentative d’assassinat de son rédacteur en chef Can Dündar, exilé en Allemagne. Par Il existe actuellement trois forces internes qui émergent en ailleurs, les liens entre le gendre de Recep Tayyip Erdogan, Berat Syrie : Albayrak, ministre de l’énergie en décembre 2016 et PowerTrans, une société qui achemine le pétrole de l’OEI vers la — le régime de Bachar Al-Assad. Après l’avoir considéré Turquie, ont été établis par Wikileaks en novembre 2016 dans comme son meilleur allié pendant près de six ans, Ankara l’a Berat’s Box, inaccessible en Turquie. Pendant longtemps l’OEI voué aux gémonies pendant quatre ans, le but étant d’aller « prier n’a pas revendiqué ses attentats en Turquie et le premier ministre dans la mosquée des Omeyyades »4. En 2016, Ankara s’est de l’époque Davutoglu a qualifié l’organisation terroriste de « résigné à voir le régime baasiste demeurer et a accepté de quelques jeunes sunnites en colère ». renouer avec Damas. Comme à son habitude, Erdogan change la prononciation du nom de son ancien allié Assad une fois qu’il est 2 - NDLR. Organisation intergouvemementale régionale asia­ devenu son ennemi. Ainsi, pendant la lune de miel avec Damas, tique créée en 2001 dont les membres sont la Russie, la Chine, le le président — et par conséquent tout son cabinet et toute la Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan presse sous contrôle — l’appelaient « Esad ». Passé à l’ennemi, (membres fondateurs), rejoints par l’Inde et le Pakistan. son nom a été changé en « Essed ». De nos jours il redevient « Esad », signe de son retour en grâce... ; 3- Selon le rapport de Soufan Group, l’été 2016 il y aurait eu quelques 30 000 combattants étrangers dans les rangs de l’OEI — l’organisation de l’État islamique : Ankara l’a d’abord dont près de 3 000 venus de Russie (et près de 2 500 de Turquie). soutenu activement et passivement (les militants de l’OEI ont été soignés dans les hôpitaux turcs). Suite aux attentats d’abord non 4- Autrement dit, l’occupation de Damas par la Turquie, décla­ revendiqués commis en Turquie, et à cause de la pression occi­ ration d’Erdogan en 2012. dentale, la Turquie a dû s’engager contre l’OEI, appelé exclu­ sivement Dayi§ par le président et par conséquent tout le pays, ce 5- Le HDP (Halklann Demokratik Partisi) est une coalition dont qui a pour effet de faire passer à la trappe le qualificatif « la locomotive est le mouvement politique kurde, mais il réunit islamique » ; sous sa bannière des démocrates, des libéraux, des écologistes ainsi que la société civile. Le HDP est actuellement constamment — les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) : dans criminalisé par le pouvoir et des centaines de ses élus nationaux l’échelle des animosités nourries par Ankara, les Kurdes occu­ et locaux dont ses deux coprésidents sont en prison. pent la place la plus élevée. L’accord précaire avec la Russie con­ siste justement à accepter la légitimité du régime Assad en 6- Teyrêbazên Azadiya Kurdistan. Il s’agit, pour certains, d’une échange de l’attaque des Kurdes pour empêcher coûte que coûte sous-organisation du PKK fondée pour commettre des attentats l’instauration d’une région autonome au nord de la Syrie. Le dans des zones urbaines. D’autres le considèrent au contraire Parti de l’union démocratique (PYD) est considéré comme comme un groupe dissident du PKK qui trouve ce dernier trop proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) avec lequel mou et circonscrit au Kurdistan. D’autres enfin soupçonnent des la guerre a repris de plus belle après cinq ans de négociations et liens entre le TAK et les services secrets turcs qui l’utiliseraient après la victoire du parti prokurde Parti démocratique des peu­ pour envenimer l’animosité entre Kurdes et Turcs afin de perme­ ples (HDP)5 aux élections de juin 2015. Erdogan, d’une manière ttre à l’AKP de se maintenir au pouvoir en surfant sur des cli­ incompréhensible, prononce la moitié de l’acronyme YPG en vages identitaires.♦ turc et l’autre en anglais : « Yé (turc)-Pi-Dji (anglais) », peut-être pour souligner le support américain. Samim Akgônül Historien et politologue, enseignant-chercheur à l’université de MULTIPLICATION DES ATTENTATS Strasbourg (département d ’études turques et Institut des rela­ tions internationales) et au CNRS. Il travaille plus particulière­ Ankara semble être pris dans un piège inextricable tant en Syrie ment sur l’histoire contemporaine, la politique, les minorités et qu’à l’intérieur à cause d’une inconsistance rarement vue dans les migrations turques. Il a publié The Minority Concept in the les choix politiques. Depuis juin 2015, où les élections ont causé Turkish Context, Practices and Perceptions in Turkey, Greece l’effritement du pouvoir de l’AKP (et, par conséquent, ont été and France, Leiden, Brill, 2013. annulées) il y a eu au total 34 attentats, causant près de 600 morts

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13 janvier 2017 Turquie : une purge totalitaire typique

//www.est-et-ouest.fr En ligne le 13 janvier 2017 epuis les purges entreprises, en Turquie, par le pouvoir sous prétexte de Driposter à l'étrange tentative de coup d'État du 15 juillet on ne compte plus les épurés dans la fonction publique, la magistrature, l'armée, les grandes entreprises et les médias. Or, dans ce contexte plusieurs dizaines d’officiers turcs réfugiés à l’Ouest sont contraints de crier leur innocence : "Nous ne sommes pas des terror­ istes." La question n'est pas de pure théorie. Accusés de terrorisme par le régime Erdogan, qui reste formellement agréé et allié de l'occident, ils risquent aussi d'être déboutés du droit d'asile en Europe. Or, Ils sont capitaines, soulignait Nicolas Gros-Verheyde le 11 janvier sur le site de Bruxelles 2, commandants, lieutenants-colonels, colonels ... parfois de grade inférieur. Tous des officiers (ou sous-officiers) diplômés, formés, t a représentation turque au quartier-général de expérimentés. Il y a quelques mois, ils servaient avec fierté leur pays, portant l'OTAN : décimée l’uniforme turc dans les couloirs et commandements de l’OTAN, au quartier général ou au Shape pour ceux qui se trouvent en Belgique. Depuis le coup taires des autres pays de l’OTAN qui leur procurent une aide matérielle mais d’état en juillet — et surtout depuis la fin septembre — ils sont proscrits, con­ surtout un réconfort moral. sidérés comme des parias, des renégats par leur propre pays et sont passés dans une semi-clandestinité. Après être restés très discrets, ils témoignent L’infamie d’être considéré comme un terroriste aujourd’hui, sous le sceau de l’anonymat. Pour ces militaires, formés, biberonnés au sein de l’État turc, être tout à coup Bruxelles 2 a rencontré certains d'entre eux, en compagnie d'une équipe de traités et considérés comme un terroriste est infamant. "Ils nous ont traités RTL , dans un appartement de la banlieue bruxelloise. Un témoignage cap­ de terroristes” répète l’un d’eux, qui n’en revient pas. "Toute ma vie je me ital. suis battu contre le terrorisme. J’ai été félicité pour cela" précise-t-il. "Un jour, vous êtes terroristes. Mais, si le lendemain, vous soutenez Erdogan, vous Une centaine de militaires proscrits en Belgique devenez un héros." La purge contre l'armée a été massive. Rien qu'en Belgique, ils seraient Tous formés à l’occidentale presqu’une centaine d'officiers ou de sous-officiers à faire l’objet de l’oppro­ bre d’Ankara. Selon des chiffres communiqués par ces officiers, 84 sur les Chacun s’interroge sur les raisons d’une purge aussi large qui touche un des piliers de l’État turc, garante d’une certaine façon de la modernité et de 138 servant dans les structures de l’OTAN en Belgique, au SHAPE à Mons ou au quartier-général à Bruxelles, sont concernés. Ce qu’on leur reproche la démocratie. "On s’est rencontrés parfois pour la première fois, on a cher­ : ils ne le savent pas précisément, à part d’avoir servi avec fidélité l’idéal de ché le point commun. On s’est aperçu qu’on a tous une formation occiden­ la nation turque. Le 27 septembre, très exactement, tout a basculé. Une liste tale", souvent aux États-Unis ou dans le collège de défense de l’OTAN à Rome. "Nous sommes aussi des séculiers" des laïcs. Ce qui va à l’inverse de plusieurs officiers a été établie et diffusée comportant plus de 200 noms. Ankara demandait aux intéressés de rentrer immédiatement au pays, dans de l’orientation religieuse donnée par Erdogan au pouvoir turc. "On ne les trois jours, en abandonnant tout. Sans aucune explication. Certains ont partage pas la vision d’Erdogan. On ne l’a jamais rendu public. Nous hésité... sommes des militaires. On garde cela très discret." "Quand j ’ai vu mon nom sur la liste, je ne savais pas pourquoi. Je suis mili­ Un tournant dans l’ancrage turc euro-atlantique ? taire, pas politique. S’il y a des faits qu’on me reproche, ils doivent m ’avertir, Pour ces officiers, derrière ces purges, il y a en fait une autre réalité : la m ’informer des accusations portées contre moi, conformément à nos droits volonté de changement géostratégique de la Turquie : la vision d’Erdogan constitutionnels, afin que je puisse me défendre. Ils n ’ont rien dit, demandant pour la Turquie est "d’opérer un tournant", de détacher la Turquie "de l’Ouest, simplement de revenir en Turquie. Ils nous accusent d’avoir été membres ou de l’OTAN et de l’Europe, des États-Unis pour la faire évoluer vers l’Est, vers de soutenir les mouvements terroristes et du mouvement Güien, il n ’y a pas une alliance avec la Russie, vers l’organisation de Shangai Five - montée eu de décision de tribunal en aucun cas." autour de la Russie et de la Chine avec les ex-républiques d’URSS d’Asie Arrestation et tortures pour les officiers rentrés au pays centrale - plutôt que vers l’OTAN" soulignent-ils. Ces officiers en sont con­ vaincus, ils ne sont qu’une petite partie de l’iceberg. "Les forces armées sont Peu après, une autre liste a circulé, avec 46 noms de plus ajoutés. "On ne une force importante pour la république turque. Si vous changez, cela vous sait pas pourquoi ces noms ont été rajoutés". Certains ont obtempéré. Mal changez l’âme de la république turque." leur en a pris, aussitôt arrivés à l’aéroport ou, peu après, ils ont été arrêtés, Une bonne majorité de l’effectif turc à l’OTAN victime de la purge traînés en prison, interrogés avec véhémence. Les mauvais traitements et même la torture ont été utilisés. Les militaires ont reçu plusieurs Les militaires établis à l’étranger sont une cible de choix, en général les témoignages concordants. Parfois c'est la femme qui subit "des mauvais officiers supérieurs. Dans tous les pays où se trouvent des bases de l’OTAN traitements ou des tortures". Le tout est enregistré. "La vidéo est montrée au : aux Pays-Bas (à Brunssum), en Italie (à Naples), aux États-Unis (à mari" pour le faire craquer. "Certains militaires (entre 4 à 6) seraient morts. Norfolk), on retrouve un scénario identique. En fait, ils sont décédés de la torture infligée en prison". De quoi augmenter Selon un bilan détaillé établi par nos interlocuteurs, 232 des 400 officiers ou les réticences de la première minute. sous-officiers turcs présents dans une structure de l’OTAN ont été victimes Obligés de demander l’asile de la purge, soit près de deux tiers de l’effectif. Les militaires ont décidé de rester en Belgique et, finalement, de demander Près de deux-tiers des effectifs déployés dans l’OTAN concernés l’asile. Une demande à laquelle ils ont dû se résoudre. Ce n’était pas leur Parmi les 232 officiers ou sous-officiers figurant sur la "liste noire" victimes premier choix. "On ne voulait pas demander l’asile au début. Mais on nous de la purge, la majorité se trouve en Belgique (84) et en Allemagne (45). Les a conseillé de le faire pour rester en Belgique". Les officiers n’entendent autres se trouvent dans tous les pays de l’Alliance à commencer par les cependant "pas rester longtemps en Belgique". Ils souhaitent "seulement États-Unis (28) et l'Italie (28), les Pays-Bas (17) et le Royaume-Uni (17), pouvoir vivre en sécurité. Ouand notre pays sera sécurisé, nous voulons enfin l’Espagne (10), la Norvège (4) et l’Autriche (3). À ceux-là, il faut ajouter retourner immédiatement dans notre pays." C’est là qu’ils ont leurs attaches, 165 attachés ou assistants militaires présents dans les différentes ambas­ leur famille, leur avenir. Le gouvernement turc leur a coupé les vivres : les sades et structures militaires (sur les 264 en poste) qui ont été priés de ren­ rémunérations, les allocations et même les remboursements de soins. En trer au pays. Soit au total, près de 400 militaires sur les 664 en poste à l’é­ attendant, ils ont quitté leur appartement de fonction et opter pour un loge­ tranger... Deux tiers de l’effectif. Ce n’est pas un écrémage, c’est une vraie ment moins cher, en se tenant à l’écart de la communauté turque de liquidation d’un certain capital d’expérience. Bruxelles dont ils craignent les dénonciations car acquise en bonne partie au gouvernement Erdogan. Ils vivent, en partie, grâce à la solidarité des mili­ ♦ ♦ ♦

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International Jîclu JJork Situes J a n u a r y 19,2017 Obamas Syria options: Arm Kurds or let Trump decide

WASHINGTON

BY MICHAEL R. GORDON AND ERIC SCHMITT With just days left as commander in chief, President Obama is confronting a wrenching decision on whether to move ahead with plans to arm Syrian Kurdish fighters battling the Islamic State in or­ der to launch the long-awaited assault to retake Raqqa, the terrorist group’s de facto capital. The choice before Mr. Obama is a stark one. One option would be forging a closer military alliance with the Syrian Kurds to maintain the momentum in the fight against the Islamic State, even though Tbrkey has denounced the Kurdish DELILSOULEIMAN/ACENCE FRANCEPRESSE - GETTY IMAGES American Special Operations troops in Raqqa, Syria, in May. If President Obama pro­ fighters as terrorists. vides heavy weapons to Kurdish fighters in Syria to retake the city, he could rile Turkey. The other would be for Mr. Obama to leave the decision to the incoming Trump administration. Such a move But the American military believes plots against the West. could delay the Raqqa operation for that Raqqa cannot be seized unless the The Pentagon has been urging Mr. many months and would mean that Mr. Y.P.G. is equipped for urban warfare. It Obama to equip the Syrian Kurds, whom Obama would leave office without a is unclear what level of support Presi­ American commanders view as their clear path forward for seizing the most dent-elect Donald J. Trump will main­ most effective ground partner, with ar­ important Islamic State stronghold and tain for opposition groups in Syria com­ mored vehicles, rocket-propelled- its base for plotting terrorist operations bating the Islamic State, especially grenade launchers, machine guns and against the West. those groups that are bitterly opposed other heavy equipment so that the Mr, Obama convened a meeting on by the Turks. American-supported Raqqa attack can Tuesday of the National Security Coun­ Defense Secretary Ashton B. Carter begin in February. cil, which discussed the question, one of stressed Raqqa’s importance during a The weaponry is needed, American the most momentous of the United visit to Fort Campbell, Ky., in January military officials say, because the Iraqi States’ campaign against the Islamic 2016. “The ISIL parent tumor has two push ta capture Mosul has demon­ State, also known as ISIS or ISIL. centers: Raqqa in Syria and Mosul in strated that retaking a city occupied by The White House declined to disclose Iraq,” Mr. Carter said. “That’s why our Islamic State fighters, who are able to what decision Mr. Obama had reached, campaign plan’s got big arrows pointing deploy suicide car bombs, is a difficult but some administration officials be­ at both Mosul and Raqqa.” and bloody operation. lieve it is unlikely that he will resolve the American officials requested ano­ To buttress the Raqqa mission, the contentious issue in the waning mo­ nymity in order to describe the adminis­ Pentagon is also urging that the White ments of his presidency. tration’s internal deliberations. House authorize the use of United That such a pivotal decision has been About 250,000 civilians are in Raqqa, States Army Apache attack helicopters, left to Mr. Obama’s final weeks in office and the Islamic State has fortified the which are equipped with Hellfire mis­ reflects the complexity of the debate city with trenches and mines and would siles. Apaches are supporting Iraqi about working with the Y.P.G., as-the defend it with suicide bombers. Because troops in the fight for Mosul. Syrian Kurdish militia is known, as well the Obama administration has ruled out But arming the Kurds would also ag­ as the caution the president has dis­ the use of American combat troops, the gravate Mr. Obama’s tense relations played about sending American forces United States has to rely on mobilizing with Turkey’s president, Recep Tayyip to fight in the region. local Arab forces to join battle-hardened Erdogan, who has contended that the Mr. Obama has vowed to deal the Is­ Syrian Kurdish fighters. Y.P.G. is linked to the Kurdistan Work­ lamic State crippling blows in Mosul, “Raqqa is very difficult because un­ ers’ Party, which Turkey and the United Iraq, and Raqqa before he steps down on like Iraq, we’re not working with a gov­ States regard as a terrorist group. Friday, Allied airstrikes have increased ernment,” Brett McGurk, the American The administration has been consid­ in and around Raqqa in recent weeks as envoy to the coalition that is fighting the ering ways to ease Turkey’s anxiety, thousands of Syrian Kurdish and Syrian Islamic State, said at a seminar last such as making arrangements to moni­ Arab fighters encircle the city, isolating week. “We’re not working with an army. tor the weapons given to the Syrian it from the resupply of arms, fighters We have to work with local actors and Kurds for the Raqqa offensive and thus and fuel. Last month, Mr. Obama or­ organize them into a military force.” prevent the weapons from being used dered 200 more American Special Oper­ American military officials say it is ur­ elsewhere by the Kurds. In addition, ations forces to Syria to help these local gent to retake Raqqa because it is the Arab forces would occupy Raqqa after fighters advancing on Raqqa, nearly capital of the Islamic State’s caliphate, a the city is taken, and Kurdish fighters doubling the number of American sanctuary for many of its top leaders would be withdrawn. troops on the ground there. and the hub for the extremist group’s The United States also recently began

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carrying out airstrikes near Al Bab, a American air missions that are flown lost its senses,” Ibrahim Kalin, Mr. Erdo- town in northern Syria that Turkey has from the Turkish air base at Incirlik and gan’s spokesman, responded on Twitter. been struggling to take from the Islamic supplies going in and out of the base. In­ Faced with the dilemma, some admin­ State, cirlik has been a major hub for carrying istration officials have suggested that But American diplomats in Ankara, out airstrikes. against the Islamic State American officials go back to the draw­ the Turkish capital, have warned that in Syria and Iraq. ing board and try to cobble together a providing weapons to the Y.P.G. could Turkey’s sensitivity on the issue was more diverse force to take Raqqa that provoke a Turkish backlash, officials clear last week when the United States would include Turkish Special Forces as say. Not only might it cause a deep Central Command, which oversees mili­ well as Turkish-supported Syrian oppo­ breach in the United States’ relations tary operations in the Middle East, sition groups. American commanders with Mr. Erdogan, but the Hirks might posted a statement on Twitter by the say about 20,000 troops will be needed take actions against the Y.P.G. in north­ Syrian Democratic Forces, the umbrella to seize the city. By contrast, Turkey has ern Syria that could ultimately under­ group that includes Syrian Kurds as well been able to muster only about 2,000 mine the offensive to retake Raqqa. as Syrian Arab fighters, affirming that it Arab fighters in its battle to reclaim A1 Anticipating Mr. Obama’s decision, is not part of the Kurdistan Workers’ Bab, and that campaign has been the Turks have been quietly increasing Party. bogged down by fierce resistance. • the pressure by delaying approval for "Is this a joke or @CENTCOM has

January 25, 2017 Syria's new national security force pledges loyalty to Turkey A video of a new police force in Syria trained and equipped by Turkey shows the troops chanting Islamist and nationalist slogans, casting doubt about Ankara's claims that it has no designs on its former Ottoman dominion.

Amberin Zaman January 25, 2017 www.al-monitor.com

hen Turkey intervened in northern Syria five months ago, it claimed it Whad no designs on its former Ottoman dominion and that its only goals were to cleanse its borders of the Islamic State and to eliminate what it cal­ led the terrorist threat posed by the People’s Protection Units (YPG), the US-allied Kurdish militia that is paradoxically the most effective force against the jihadis. But Syrians who saw a video of a new police force trained and equipped by Turkey might very well think otherwise. The video shows rows of armed men in blue uniforms emblazoned with the word “Polis” chanting “Allahu akbar” ("God is great"), “Yayha Turkiya" ("Long live Turkey") and “Yahya Erdogan," ("Long live Erdogan"). The scene is reminiscent of another video clip published by the pro-govern­ ment daily Yeni Safak that showed Turkish special police forces chanting Islamist slogans during a training session in Istanbul. Members of the "Free police" attend a ceremony celebrating their inauguration in the Syrian border town of Jarablus, Syria, fan. 24, In a ceremony marking the formation of the Syrian squad, Ali Yerlikaya, the 2017. (photo by REUTERS/Khalil Ashawi) governor of the neighboring Turkish province of Gaziantep, declared, ‘Today is a very important day. With police forces deployed, Jarablus gives hope for a free Syria. The situation in Jarablus will improve day by day [IS] terror threat posed by rockets launched by mobile platforms," EDAM, thanks to Operation Euphrates Shield.” an Istanbul-based think tank noted in a Jan. 19 policy brief. Yerlikaya revealed that the 440-member force had undergone five weeks he Turkish authorities say nearly 24,000 Syrians refugees have retur­ of training in the southern port city of Mersin, where ships had brought Tned to Jarablus since the town was liberated. Turkey has helped rebuild weapons to the rebels in the early years of the Syrian uprising before the schools, hospitals and water infrastructure, allowing life to gradually flow dried up. resume a semblance of normalcy. euters correspondent Khalil Ashawi reported from the Syrian rebel-held But Turkey’s exit strategy for Syria remains unclear and its troops remain Rtown of Jarablus on the Turkish border, ‘The Police and National bogged down near the IS-held town of al-Bab, with at least 11 tanks immo­ Security Force is a sign of a deepening Turkish influence in north Syria, bilized so far. The lack of progress in al-Bab is disrupting Turkey’s plans to with the new police cars and station having both Turkish and Arabic writing move against the YPG, though it continues to regularly shell YPG positions on them." Ashawi observed, “The new, armed security force is made up of in and around the towns of Afrin and Manbij. Backed by US airpower, the regular police and special forces, who wear distinctive light blue berets. YPG-led Syrian Democratic Forces have meanwhile captured dozens of They are Syrians, but received five weeks of training in Turkey. Some wore villages including Suwadiya, west of Raqqa, and have reached the strate­ a Turkish flag patch on their uniforms at the inauguration ceremony on gic Tabqa Dam. The mixed force of Kurds and Arabs announced that it has Tuesday.” captured over 2,500 square kilometers (1,500 square miles) in the western Raqqa governorate as part of the second phase of the US-backed "Wrath The force formally began work on Jan. 24. rebels took of the Euphrates" Operation, Kurdistan 24 reported.♦ Jarablus from the Islamic State in August. It was the first town to fall to the Turkish-led Operation Euphrates Shield. The Turkish-backed rebels have Amberin Zaman is a journalist who has covered Turkey, the Kurds and Armenia for secured a more than 100-kilometer (62-mile) stretch along theTurkish bor­ The Washington Post, The Daily Telegraph, The Los Angeles Times and the Voice of America. She served as The Economist’s Turkey correspondent between 1999 der and a 2,000-square-kilometer (1,200-square-mile) chunk of territory is and 2016. now under their control. “Gaining this depth has been very important for Turkey's defense in preventing [IS1] rocket attacks, and for overcoming the

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N ^ ionalI January18’ 2017______Interest Why Trump Should Support a Kurdish State Amitai Etzioni January 18, 2017 http://nationalinterest.org

S ome believe that the Trump administration a half of civil war. will finish off the ISIS caliphate and then United States and its allies had very little to say withdraw American forces from much of the Although W estern media frequently refers to about these gross violations of international region. Others hope it will reassert the the peshmerga as a united force, loyal to the law. Much of the problem stems from Turkey’s American role in the Middle East and push back Kurdish Regional Government, m ost peshmerga extreme oppression of its Kurdish population. against Iran and Russia. In either case, the belong to one of the two m ain political parties For decades, Ankara made it illegal for Kurds to United States should support a Kurdish state. in Iraqi Kurdistan: the Kurdish Democratic use their own language, attempted to erase True, such a move will run into opposition from Party (KDP) and the Patriotic Union of Kurdish culture, to deny their distinct identity the governments in Baghdad and Ankara. Kurdistan (PUK). The two parties fought a civil by classifying them as “Mountain Turks,” and However, the Kurds have more than earned the war between 1994 a n d 1998. The parties still banning the words “Kurdish” or “Kurdistan.” right to independence. Moreover, such a move control different areas within Iraqi Kurdistan; (W hen an MP spoke Kurdish, she was charged will help reassure other U.S. allies in the region, the KDP dominates the region around Erbil with treason and sentenced to fifteen years in in Europe and in Southeast Asia that the United (and has Turkish support), while the PUK area prison.) In response the Kurds rebelled, were States will stand by them rather than abandon is centered around Sulaymaniyah. Indeed, each severely punished by Turkish authorities and them, as the United States has done repeatedly of these two m ajor groups contains splinter resorted to terrorism led by the PKK. In 2013 to the Kurds in the past. groups with their own leaders and commanders the PKK agreed to a truce with the Turkish gov­ and loyal fighters. One cannot predict if, after ernment, but in July 2015, after Turkey bombed The time has come to redraw the map. Iraq’s decades of oppression, the Kurds will rise to the Kurdish targets in Iraq and Syria, the PKK with­ borders were forged by the colonial powers at occasion if given a chance to form their own drew and announced a new drive against the the end of W orld W ar I, throwing the Kurds in state, not to m ention find a sufficient level of government. The new U.S. administration with other ethnic and confessional groups, with unity to agree on the foundations of such a state would do well to urge the Turks to grant its whom they have little in common. Ever since, and how it is to be governed. Some people use Kurds autonomy in return for a commitment by the Kurds have been fighting for the right to such a “constitutional m oment” to curb their the PKK to cease all terrorist acts. govern themselves, to the point that even the differences; others let it slip away. However, the tyrannical government of Saddam Hussein Kurds deserve a chance to make that decision B ig powers are known to act rather cynically granted them a high level of autonomy. for themselves. when wars end. Thus the United States has largely abandoned the Iraqis and Afghans who At the same time, the United States often finds upporting a Kurdish state raises a whole risked their lives by collaborating with the itself supporting nations or groups of fighters in host of challenges; there is nothing simple in United States over the last fifteen years, allo­ the Middle East who make for rather dubious the Middle East. First, such a move will antago­ wing only a few them to find a safe haven in the allies. It supported the mujahideen in nize the government in Baghdad. Indeed, one United States. The Kurds, who rose in the past Afghanistan, which turned into the Taliban. The reason the United States was so slow in arming against Saddam’s regime, either because they rebels the United States supported in Libya and financing the Kurdish forces, despite their were urged on by the United States or had rea­ committed about the same level and kinds of dedicated fighting against ISIS, was the legalis­ sons to believe that the United States would atrocities (including ethnic cleansing) as the tic notion that such assistance has to come via come to their aid, found out that they were on Qaddafi forces. The Shia dominated govern­ the national government. (A U.S. court blocked their own when Iraqi forces bombed and gassed ment of Iraq has used U.S.-trained and the Kurds’ independent sale of oil for sim ilar th e m . equipped forces as death squads against the reasons). However, the Baghdad government Sunnis. The Free Syrian Army is a motley crew has continuously disregarded the United States’ If the war in Syria winds down, surely there are of defectors from the Syrian Army, many of urging to form an inclusive government and going to be some realists who will argue that the whom would then go on to join the Nusra instead has continued to be mainly a govern­ United States should side with the Turkish and Front. M ost of these forces turned out to be ment for the Shia by the Shia, under growing Iraqi governments, whose partnership the rather feeble fighters and rather unreliable Iranian influence. Its displeasure is not a suffi­ United States will need in the future, and neg­ a llie s. cient reason for the U.S. to refuse to support a lect the Kurds. This would not only be a moral Kurdish state. failure, but also an unwise policy. U.S. allies all I n sharp contrast, the peshmerga, the Kurdish over the world are watching. They will see in the forces, consistently proved themselves to be a The Turkish opposition is surely going to be way the W ashington treats the Kurds when the very effective fighters. Rep. Ed Royce, the chair­ fierce. The Turks fear that a Kurdish state on fighters are no longer needed, as a litmus test of man of the House Foreign Affairs Committee, their borders will embolden the Turkish Kurds’ the extent to which they can trust the United pointed out in December 2015, “T h e K u rd s a re quest for autonomy, if not for a secession in States to stand by them if they take risks too in the sole US allied force operating on the ground order to join the new Kurdish state. And the support of American policies in dealing with against ISIS in Syria and Iraq.... For the last Turks consider a m ajor part of the Kurdish Iran, Russia, and China. ■ year and a half, we've had one effective fighter forces to be a terrorist organization. In the past, in this fight: It is the 160,000-strong Peshmerga the United States tended to support Turkey Amitai Etzioni is a University Professor and force.” Michael O’Hanlon and Ômer Ta§pmar rather than the Kurds, because it considers Professor o f International Relations at The observed that the Kurds “appear to be the only Turkey a m ajor ally, a NATO m ember and a George Washington University. His latest book element of the so-called moderate opposition country that provides U.S. bases. The United Foreign Policy: Thinking Outside the Box, was gaining any States agreed to label the PKK a terrorist organ­ recently published by Routledge for Chatham real traction, or showing any real military com­ iz a tio n . House’s series “Insights.” Follow Amitai Etzioni petence, within Syria.” Moreover, Kurdistan was on Twitter: twitter.eom/@ICPS_GWU. the one part of Iraq where the United States Recently, two days after Turkey agreed to let the suffered no casualties since the invasion in United States use air bases to launch strikes 2003, a place U.S. troops could go for their against ISIS, Turkey bombed PKK positions in R&R breaks during the meandering decade and Iraq and later deployed troops there. The

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Wt\t Ü)asl)inflt0n Post January 19, 2017 Kurdish president: Independent Kurdistan is ‘neither a rumor nor a dream' Massoud Barzani talks with the Post about beating the Islamic State and forging a separate path for his people.

1 9 ,2 0 1 7 By Lally Weymouth January zation will come to replace ISIL. unconstitutionally to cut our budget This is when Washingtonpost.com ISIL itself will resort to other techniques: clandestine we decided to export our oil. Before they cut our operations, terrorist operations. budget we had not exported any oil to Turkey. I f the ongoing battle to liberate Mosul, once Iraq's Q. President-elect Trump has said he is going Q. Since Turkey is bombing the Syrian Kurds, second-largest city, from the Islamic State suc­ to crush ISIL. How do you see him? does this put you in an awkward position? ceeds, it will be an important turning point in the A. I can say that we are ready to cooperate with A. No, the two issues are not related. war against the fundamentalist movement, also cal­ him and work with him in order to crush ISIL. It is Q. There are rumors that your dream is to led ISIL. One of the key players in this battle is the not an easy task, but we will be with him to achieve have an independent Kurdistan, an independent leader of the autonomous Kurdistan region of nor­ this mission. Kurdish state. Will you declare independence? thern Iraq, Masoud Barzani, whose peshmerga Q. Is it possible? A. It is neither a rumor nor a dream. It is a reality troops are fighting alongside Iraqi forces. Barzani A. It is not only a military war. It is about the that will come true. We will do everything in order to spoke to The Washington Post’s Lally Weymouth in ideology. It is about social and economic and cultural accomplish this objective, but peacefully and Davos, Switzerland, this past week at the World aspects. It is a multifaceted war, and it needs a collec­ w ith ou t violen ce. Economic Forum. Edited excerpts follow. tive effort with American leadership. Q. How long will that take? Q. What would you like from the new Trump Q. Do you welcome the election of Donald A. We will do our best to achieve that objective administration in Washington? Trump? Do you see him as a strong U.S. leader? as early as possible. Because the time has come. Now A. As far as Kurdistan, I expect that they will A. We wish him success. Certainly this is the will is the time for practical steps. There are around 6 continue supporting us. of the American people. It is their business. million Kurds living in what we call "Kurdistan," not Q. Do you mean by giving your troops heavy Q. Do you want a continuing U.S. militaiy pre­ "northern Iraq." I was just a high school student weapons? What kind of support do you envision? sence in Kurdistan? when the Kurdish revolution started in 1961. A. Both military and political support. A. We welcome that because that would assist Q. And your father, Mustafa Barzani, was one Q. What kind of military support? us in order not to allow terrorism to grow. of the most famous Kurdish leaders? A. Whatever a military fighter on the front line Q. Are you worried that once Mosul falls, the A. He was leading the Kurdish liberation move­ needs, in addition to training and capacity-building. U.S. will withdraw? m ent I joined the peshmerga forces when I was 16 So far, tanks and artillery have not been provided, A. I hope that the United States will not repeat years old. From then until now I have been a pesh­ that mistake. I told the military commanders who but we really need them. merga. There are no villages or mountains or valleys Q. Right now you have U.S. air support and were on the ground in 2010 and 2011 that if the U.S. I have not gone through. All my efforts from Day One forces withdrew from Iraq, it would give an opportu­ air strikes. have been to establish a Kurdish state. The day it is A. Yes, good air support and air cover, which has nity for terrorism to grow .... Had a limited number declared, I will not be interested in any [political] been very helpful. of American troops stayed, ISIL would not have been position because that goal will have been achieved. Q. And training. able to take over Ramadi or Mosul. Q. How do you see the situation in Syria with A. Yes, that is true. Q. How strong is Iran in Kurdistan? ISIL? Q. And intelligence cooperation. A. Iran has relations with the Kurdistan Regional A. It is not clear who is a friend and who is a foe. A. Intelligence cooperation is continuing bet­ Government, with the political parties in and outside The international coalition is not united in Syria. The w een ou r agencies and th e U.S. the government opposition is not united. It is so confusing that I per­ Q. How long is it going to take to liberate Q. Will Iran be left with a lot of influence in sonally do not understand what is going on. What Mosul? Iraq? seems clear is there may be a deal between A. The first 100-kilometer-long defensive lines A. It is the reality. Iran [already] has more Washington and Moscow. of ISIL were attacked by peshmerga forces in influence than anybody in Iraq. Q. What do you think of the Russian role, October of last year.... Then the Iraqi troops moved Q. Was that the result of the U.S.-led war to which seems to be so strong in the Middle East? toward Mosul. The Iraqi army did a good job: It is a overthrow Saddam Hussein? A. Russia knew how to play its hand, it knew tough fight; it is bloody.... In a few days, the eastern A. Unfortunately, many mistakes were made. In what it wanted and was very clear from the outset part will be finished. But what remains will be the fact, sometimes people argue in the United States what to do in Syria. It had a clear understanding, a western part of the city. ... It is difficult to estimate that the decision to go to war in Iraq to remove clear vision. They had their own interests and objec­ when the mission will be over, but militarily, ISIL is Saddam Hussein's regime from power was the tives. becoming weaker. wrong decision. No, in fact, it was the best and most Q. It wanted to dominate the area? Q. The city of Mosul is largely inhabited by humanitarian decision. But two mistakes complica­ A. I don’t think they wanted to dominate all of Sunnis? ted the invasion of Iraq. First, the U.S.-led coalition Syria but part of Syria that was of interest to them. A. Yes, right now those who are in Mosul are did not allow the outcome of the London conference And they very successfully defended and protected of December 2002, when the then-opposition had Sunnis. it. Q. Experts worry about the fate of those agreed on the way to lead the country. Then Q. Do you feel the U.S. should have been Sunni Iraqis and whether Shia militias will go American forces turned themselves from a libera­ stronger? after them if and when the city is liberated. tion force to an occupation force. A. I believe the American position on Syria was A. The agreement is that the Shia militants will Q. You have been working quite closely with not clear, and it was not strong. not go into the city. So far they have not gone into the Turkey and exporting oil through Turkey? Q. Did that send a signal to the Russians? city. The Iraqi army and the federal police are there. A. Yes, that is true, and we still will. A. Of course. Q. If Mosul falls, is that the end of ISIL in Iraq? Q. The central government of Iraq does not A. It is an illusion if there are people who think like this. the fall of Mosul means the end of ISIL. We saw ISIL A. It's not right for Baghdad to complain and cri­ become the replacement of al-Qaeda. Some organi ticize when Baghdad decided unlawfully and

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eguardian 20 January 2017______650-mile trench stakes out claim for bigger Kurdish territory in Iraq

Line stretching along northern Iraq symbolises hopes for more land when fighting against Isis ends

Martin Chulov in Erbil Friday 20 January 2017 https: //www.theguardian.com A trench near the Christian town of Bartella marks n the plains north and east of Mosul, far O the extent of from the battle in the city centre, a new Kurdish military frontline is taking shape. Mounds of earth have control in north­ been heaped above a trench gouged out of the ern Iraq. ground along about 650 m ile s ( 1,050km) of nor­ Photograph: thern Iraq, which before the war with Islamic Cengiz Yar State was in Arab hands.

The berm runs from Sinjar, in the north-west, to Khanaqin, near the Iranian border, following the line of Kurdish military control. Woven into it are peshmerga positions, and on top flies the Kurdish flag, a clear statement of the Kurds’ hope that their role in fighting the war has already secured them a bigger slice of Iraq. between the minority Sunnis, who are dominant chancellor of the Kurdish region security coun­ in Mosul, and Iraq’s Shia Muslim majority, cil, M asrour Barzani, of the concept of a unified As Iraqi forces have pushed further into central which fills the ranks of the military. Iraq. “The essence of this relationship should be Mosul over the past week, ousting Isis from the one between Kurdistan and Iraqi Arabs, not a university and reaching the Tigris river that eding ground, or more authority, to the nationalistic approach, but a territorial relation­ divides the city, the Kurds have been putting the C Kurds of the largely autonomous north has ship. We cannot live under the same formula finishing touches on what officials in Erbil, the been strongly resisted by Baghdad, which has anymore. We need to work out how we can be capital of Iraqi Kurdistan, call a m ilitary line that played a diminishing role in Kurdish affairs over good neighbours. commandeers more land than they have ever the past decade. However, senior Kurdish offi­ had in the modem Iraqi state. cials say the end of the war should m ark a tim e of “The fine where we are right now is a military re ck o n in g . fine, not a political line. This is the minimum The trench and berm, the Kurds say, is a recog­ outreach of Kurdistan. W e are not going to com­ nition of their role in securing the city’s eastern The president of the Kurdish north, Masoud promise on anything we did prior to 17 O c to b e r. and northern outskirts in the first week of fight­ Barzani, last year failed to deliver a referendum Anything beyond that is subject to agreements ing, which started on 17 October last year and is he had pledged to hold in November, which he and the will of the people in those areas. The now into its fourth month. Regional officials said would further move the area away from cen­ trenches are not politically binding, but that does expect the battle for Mosul to continue for at tral government control. Facing domestic politi­ not mean we don’t have a say in what happens least three more months, possibly into the sum­ cal paralysis and an economy almost solely beyond those areas.” mer, despite the renewed momentum of the dependent on oil, the sale of which Baghdad Iraqi army. Across the river is the Grand Mosque insists must be coordinated centrally, Barzani he Kurds are hoping that in the postwar sha­ where the Isis leader, Abu Bakr al-Baghdadi, T has hung much on the fate of the Isis war. keout some villages beyond the new, nomi­ proclaimed him self caliph of an Islam ic state in nal border may choose them over Baghdad, fur­ J u ly 2014. He and other senior officials are hoping that the ther increasing their hold in the Nineveh plains. shared burden of the status quo, along with the They have also insisted that Sinjar, which was Out of the fighting, the Kurds have turned their newly carved line in the dirt will give the Kurds reconquered in a peshmerga-led offensive 15 attention to advancing political goals. lev era g e . months ago more than a year after they had sur­ Consolidating military gains made by the pesh­ rendered it, will not be returned to Baghdad. merga in and around the Christian towns of “A lot of Iraqi leaders understand deep down Bartella and Bashiqa have been central to the that it is gone, that it’s a lost cause,” said the A b o u t 12 miles from the foothills of Mount plans of senior leaders. Sinjar, which towers above the Yazidi town, Isis remains bunkered down in the towns of Ba’aj, After losing the Nineveh plains and almost losing Billij and Tel Afar. Not far away, Shia m ilitias, a Erbil as Isis rampaged towards them in August powerful component of the fight against the ter­ 2014, the Kurds have increased the land mass ror group, are preparing for the Iraqi army under their control by up to 40%. In the first assault on Mosul west of the Tigris. To their west week of fighting for Mosul, another 193 s q m ile s is the remaining heartland of Isis, which spills (500 sq km) was added. “W e’re not moving from towards the Syrian border and on towards the frontlines,” said one Kurdish official. Raqqa, one of the group’s two remaining main “Especially the hilltops such as Sinjar.” c e n tr e s o f grav ity .

Focus among the participants in the fight to “There is a lot in this fight for everyone,” said a recapture Mosul is starting to shift to what fol­ senior Iraqi minister. “The Kurds are getting lows Isis’s seemingly inevitable defeat. Iraq’s ahead of themselves as they often do. They weakened central government is hoping to always miscalculate. The spoils of war will be restore its authority in M osul, with the success of divided on many levels when the terrorists are its military seen by many in government as a A frontline outpost in Sinjar in October. defeated. Everyone will want their share.” ■ nation-building measure that could restore trust Photograph: Alessandro Rota for the Guardian

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Sam ed i 14 et D im an ch e 15 Jan vier 2017

La République islamique, forte de bataille majeure pour rappeler que rien ne erreur, a affirmé le président iranien. Ce ne peut plus se faire dans la région en son ab­ sont pas les chiites et les sunnites qui s’oppo­ ses relations apaisées sence. Les avancées décisives de l’Iran sur le sent mais l’islam américain à celui, pur, du avec les Occidentaux, terrain confortent sa position d’acteur mili­ prophète Mahomet.» taire et politique incontournable. se mobilise pour la DISCOURS ANTI-AMÉRICAIN ARGUMENT COMMUNAUTAIRE Plus direct, le général Seyed Yahya Rahim- cause chiite jusqu’à Alep comme Mossoul, deuxièmes villes res­ Safavi, haut conseiller militaire du Guide Mossoul et Alep. pectives de Syrie et d’Irak, débordent du suprême, Ali Khamenei, considère «l’Etat «Croissant chiite», la zone de domination que islamique comme l’armée secrète des Etats- Et conforte sa position l’on prête aux ambitions de l’Iran. Le contrôle Unis». Dans des propos rapportés par de cet «arc» qui va de Téhéran à Beyrouth l’agence de presse officielle, le chef militaire d’acteur militaire et avait longtemps eu pour principal objectif s’interroge : «Comment est-ce possible que politique incontournable l’accès de l’aide au Hezbollah libanais, au les Américains qui jouent de leur influence temps où celui-ci combattait Israël. Traver­ pour empêcher que d’autres pays pratiquent dans la région. sant la plus grande partie du territoire de des échanges en dollars avec nous ne puissent l’Irak et de la Syrie, ce passage était garanti pas contrôler Daechl» Reprenant les fon­ ANALYSE par des régimes alliés à Bagdad et à Damas. damentaux du discours anti-américain et Quand, à partir de 2011, ce dernier s’est re­ anti-israélien de la République islamique Par trouvé menacé par une contestation inté­ d’Iran, le général conclut : «LesAméricains HALAKODMANI rieure, soutenue de surcroît par les pays ara­ ont débuté une guerre par pro- Suite page 4 bes sunnites du Golfe, il était vital pour l’Iran Suite de la page 2 curation en Syrie et en P remier chef militaire à apparaître en de le défendre. La mobilisation autour de la Irak afin de faire entrer la guerre dans photo dans les mes dévastées et déser­ cause chiite a servi dans les premiers temps les pays islamiques pour garantir la sécurité tées d’AIep-Est au lendemain de sa re­ à amener des milliers de combattants du Li­ d ’Israël.» prise par le camp pro-régime syrien, le géné­ ban, d’Irak et d’Iran, venus sauver le mauso­ La menace d’une Arabie Saoudite sunnite ral Qassem Soleimani était venu signer sa lée chiite de Sayeda Zainab dans la banlieue agressive contre laquelle il faut se protéger conquête. Le chef de la brigade Al-Quds, de Damas. Plus récemment, un grand nombre reste une conviction entretenue par le pou­ responsable des opérations extérieures d’Afghans et de Pakistanais de confession voir iranien, même en position de force des Gardiens de la révolution iranienne, a chiite ont participé aux combats en Syrie, aujourd’hui. La volonté de rassembler et dé­ coordonné l’action des milices chiites liba­ notamment à Alep. fendre les chiites, minoritaires dans l’ensem­ naise, irakienne et autres qui ont mené au sol Dans le même temps, le discours officiel ira­ ble du monde musulman, reste au cœur la bataille pour assurer la victoire des forces nien réfute l’argument communautaire. de la politique moyen-orientale de Téhéran. de Bachar al-Assad. «C’est une erreur de parler de croissant chiite «Il y a deux erreurs à ne pas commettre, En octobre, c’est aux abords de Mossoul ou d ’axe sunnite, a déclaré le président ira­ considère Bruno Tertrais, directeur adjoint que la présence du général était signalée, nien, Hassan Rohani, lors d’une conférence de la Fondation pour la recherche straté­ alors que commençait l’offensive pour organisée le mois dernier à l’Université inter­ gique, à propos de la confrontation entre 'déloger l’Etat islamique de sa place forte nationale de Téhéran. Il s’agit de libérer la to­ sunnites et chiites. La première serait de nier irakienne. Il inspectait alors les «Unités de talité de l’Irak et de la Syrie des mains des ter­ la confessionnalisation du conflit en préten­ la mobilisation populaire» et de la milice roristes.» Tel qu’il est présenté par ses dant qu’il s’agit d’une lutte contre le terro­ Badr, formées et dirigées par lui-même. La responsables et les médias locaux, le combat risme. L’autre excès consisterait à ne lire les participation de ces milices chiites irakien­ que mène l’Iran vise à protéger le pays et ses événements qu’à travers la grille de la nes, connues pour leur brutalité, à la libéra­ voisins des groupes salafistes jihadistes, confrontation entre sunnites et chiites.» On re­ tion de la grande ville sunnite n’était pas comme l’Etat islamique. Ces derniers se­ trouve le déni public des termes communau­ nécessaire, ni souhaitée par le commande­ raient à la solde de l’Arabie Saoudite, mais taires dans les pays arabes sunnites qui voient ment américain. Ce dernier avait réparti les aussi des Etats-Unis, selon le récit en vigueur. avec inquiétude l’ascension de la puissance rôles essentiellement entre les forces kurdes «Si certaines puissances ou pays de la région iranienne. Officiels et éditorialistes du Golfe et les unités d’élite de l’armée régulière ira­ pensent défendre leurs intérêts en s’appuyant s’en prennent de plus en plus à «l’arrogance kienne. Mais Téhéran s’est invité dans cette sur des groupes terroristes, ils font une grave perse» et à «son ambition de reconstituer son

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empire aux dépens des Arabes». Une ambition que ne cache plus Téhéran qui considère comme légitime d’être la véritable puissance régionale.

INFLUENCES ET CONVOITISES Reste à savoir si l’Iran a les moyens de capi­ taliser sur ses gains en maintenant sa domina­ CHYPRE M er tion dans une région exposée à toutes les influences et les convoitises. Il a bénéficié du désengagement américain en Irak depuis 2011 pour imposer sa volonté à un gouvernement irakien faible et décrédibilisé. En Syrie, «il peut faire valoir, face aux Russes, la présence ÉGYPTE physique de ses forces sur le terrain et son in­ vestissement humain etfinancier dans le pays pour s’enraciner», note Bruno Tertrais. Per­ sonne ne peut contester l’influence iranienne dans la région. «Ni les Saoudiens, ni les Améri­ Ocean SOUDAN Indien cains, ni les Européens n’ont la capacité ou la volonté d’engager un effort massifvisant un reflux de l’Iran», ajoute l’expert Aussi impré­ Chiites Sunnites 250 km visible soit-il, et malgré ses déclarations SOMALIE Source : the Gulf/2000 project spectaculaires, le président américain élu, Donald Trump, ne pourra pas inverser cette SUNNITES El CHIITES IU MOYEN-ORIENT nouvelle donne. ♦

Une accalmie menacée par Trump

L’Iran s’inquiète pas ses engagements, ce qu’on ap­ pelle un “snap-back” [retour en ar­ de la volonté affichée rière, ndlr]. Mcâsce sera compliqué du futur président car l'Iran prouve depuis juillet 2015 américain de «déchirer» sa pleine collaboration avec les ins­ l’accord signé avec pections de ses sites nucléaires. Obama après plusieurs L’autre possibilité-et ce serait une années de négociations. aberration politique et commer­ ciale- serait, via des réglementa­ tions nationales, d’interdire aux en­ a réunion de mardi entre treprises européennes en lien avec l’Iran et les pays du P5+1 L(Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne) «Cet accord pourra a été organisée à la demande ex­ press de Téhéran. Car les Etats-Unis survivre sans les ont décidé en décembre de renou­ Etats-Unis, avec les veler les sanctions qui n’avaient pas été levées en janvier 2016, à Russes, les Chinois la suite de i’aecordde Vienne signé et les Européens.» le 14 juillet 2015, après plusieurs années de négociations. L’Iran Baki Maneche s’inquiète par ailleurs de l’arrivée avocat franco-iranien au pouvoir de Donald Trump, tifié ce contrat par la création de prises tricolores en République isla­ qui a déjà menacé à plusieurs l’Iran de travailler avec les Etats- centaines d’emplois américains. Un mique, se veut confiant sur l’avenir reprises de «déchirer» l’accord Unis. Ce qui mettrait à mal l’accord tropisme pour les affaires qui ras­ du traité historique: «Cet accord devienne. sans le détruire. “Déchirer” l’accord sure en Iran, mais aussi en France. pourra survivre sans les Etats- Unis, Techniquement, les marges de n’a aucun fondementjuridique car «Nous avons eu une petite frayeur, avec les Russes, les Chinois et les manoeuvres du président américain c’est un traité multilatéral et non concède Navid Elahi, cogérant Européens. Mais Trump devra s’ex­ élu restent étroites. Atoussa Mah- unilatéral.» d’une société d’iraport-export. Mais pliquer sur la pertinence de son acte moudpour, avocate canado-ira- elle est vite passée car on a préféré car c’est la première fois que l’Iran nienne, étudie la question depuis la CONTRATS miser sur le pragmatisme de Trump. respecte à la lettre ses engagements campagne électorale américaine: L’accord a déjà permis à l’Iran de Il reste avant tout un businessman, envers l’Agence internationale de «U existe une procédure claire, expli- reprendre la vente de pétrole et de donc ce n’est pas dans son intérêt de/ l’énergie atomique [AIEA]», indique que-t-elle. Sa seule possibilité est commander des avions neufs àAir- casser l’accord.» l’avocat, surpris de l’absence de de prouver point par point, et sous bus... et à l’américain Boeing (lire Baki Maneche, avocat franco-ira­ réaction de ses clients lors de la vic­ trente jours, que l’Iran ne respecte aussi page 6). Donald Trump ajus- nien chargé d’implanter les entre­ toire de Donald Trump.

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-JUgUlh Samedi 14 et D im an ch e 15 Jan vier 20:17 MENACES Le président américain dispose dépend de la bonne volonté aussi d’autres moyens d’action. du mari.» Malgré la levée des sanctions, «Après l’accord sur Sur le plan politique, le cli­ les banques françaises ne souhai­ mat reste très tendu pour tent pas revenir en Iran, échaudées les partis d’opposition. par l’amende record de près Après l’arrivée de Rohani, le nucléaire, rien leur activité a pu redémar­ de 8 milliards d’euros infligée par les Etats-Unis à BNP Paribas rer mais plusieurs leaders, en 2015. L’institution était accusée comme Hossein Moussavi, d’avoir contourné les embargos de n’a changé pour les Mehdi Karoubi et Zahra Ra- plusieurs pays, dont l’Iran. Et cela hnavard, sont toujours assi­ énerve à Téhéran. gnés à domicile sans avoir Les entreprises françaises n’ont été jugés et inculpés. La si­ de cesse de soulever ce point lors droits de l’homme» tuation de la presse aussi des visites officielles du gouverne­ est contrastée. Des jour­ ment, qui se multiplient depuis un Augmentation du nombre d’exécutions, naux ont pu recommencer an et demi. En septembre, Ségolène à être publiés, mais d’autres Royal, avait même conseillé aux climat politique tendu, droits des ont été ciblés par la censure. Français de passer par les banques L’hebdomadaire conserva­ italiennes régionales. Hans David femmes bafoués... L’Iran progresse teur Yalasarat et le mensuel Roux, conseiller au commerce exté­ sur la scène internationale, fém inin Zanan-E-Emrooz rieur de la France à Téhéran, le dé­ ont été fermés plusieurs plore. «Les vraies sanctions qui mais la situation ne s’améliore pas. mois avant d’être autorisés n’ont pas été levées sont celles sur les à reparaître. Selon Repor­ banques. L’administration Obama I l est en grève de la faim Mais le problème, c’est ters sans frontières, ITran se n’a pas joué le jeu. Alors il est trop depuis le 31 octobre. qu’une fois l’accord conclu, classe à la 169e place sur 180, tôt pour spéculer sur Trump, atten­ L’activiste Ali Shariati rien n’a changé.» Selon l’ac­ de la liberté de presse. En dons de voir! Car même s’il décide avait participé en 2014 à tiviste, la situation s’est janvier le journaliste Hus­ de sortir de l’accord, cela ne chan­ une manifestation pacifi­ même dégradée: «Le régime sein Movahedi a reçu gera pas grand-chose. La volonté ques pour dénoncer les at­ vient de présenter un docu­ 4 0 coups de fouet pour la iranienne de travailler avec les en­ taques à l'acide contre les ment sur les droits des ci­ publication des «fausses in­ treprises européennes est très forte. femmes. Cela lui a valu une toyens. Cela nous a fa it rire : formations». Les réseaux Cet accord est un travail de longue condamnation à cinq ans selon les lois actuelles, si une sociaux sont sous sur­ haleine. Les premiers effets seront de prison. Selon Amnesty personne exerce tous veillance. Mais leur impact visibles d’ici quatre ou cinq ans», International, son état de ses droits, elle encourt se fait sentir. «Dès qu’il y a explique l’entrepreneur français, santé se détériore vite. 110nrts-'de ptisrAiT-LTranù une arrestation, la nouvelle implanté en Iran depuis vingt- Plus d’un an après l’accord enfants Saeed Shirzad ou le se propage et provoque un cinq ans. Une vision partagée par sur le nucléaire et la levée dissident Mohammad Reza débat. La société a l’impres­ AtoussaMahmoudpour. «Leprinci- des sanctions, et alors que Nekounam, entament des sion de pouvoirfaire enten­ pal obstacle, ce n’est pas Trump, c’est l’Iran commence à s’ouvrir grèves de la faim. En jan­ dre sa voix et de peser sur le le secteur bancaire. Tant que le rôle au monde, la question des vier, l’écrivaine Golrokh sort des prisonniers», expli­ de Washington ne sera pas transpa­ droits de l’homme y est tou­ Ebrahimi Iraee et militante que Fariba Adelkhah, cher­ rent, les entreprises iraniennes en jours loin d’être une priorité. des droits humains, qui cheuse à Sciences-Po Paris. souffriront.» En 2015,969 personnes ont avait été condamnée à Car malgré l’accord, les menaces été exécutées, soit une aug­ six ans de prison pour avoir Transition. En France, planent sur les sociétés européen­ mentation de 29 % par rap­ écrit une histoire sur la lapi­ Mohammad Sadeghi, an­ nes. «Les Etats- Unis empêchent de port à 2014. Parmi elles, dation, a été libérée après la cien porte-parole de l’oppo­ toute façon les banques européennes 638 l’ont été pour trafic ou grève de la faim de son sant Mehdi Karoubi, tire un de normaliser leurs relations avec usage de drogue. La ten­ mari. Mais ce dernier est premier bilan nuancé de la l’Iran et cela continuera. Les ban­ dance est encore plus mar­ toujours emprisonné. levée des sanctions. «On ne ques moyennes sans intérêts aux quée en 2016: durant le peut pas nier que quelque Etats-Unis continueront, elles, à premier semestre, plus de Nataliste. Les droits des chose a évolué en Iran. s’ouvrir à l’Iran, mais l’impact le 650 personnes ont déjà été femmes restent aussi large­ Avant, le pays avait plus de plus important sera la perte de con­ inquiétée et a adopté une ré­ ment bafoués. Le gouverne­ difficultés économiques, il fiance du côté iranien, qui donnera solution exigeant la fin des ment, qui promeut une po­ était plus isolé au niveau du grain à moudre aux conserva­ exécutions publiques. litique nataliste, a rendu culturel et l’activité politi­ teurs. Malheureusement la sortie Soudeh Rad, féministe l’accès à la contraception que était impossible.» Les possible des Etats-Unis de l’accord iranienne et présidente de plus compliqué. Les fem- idées réformatrices n’ont leur donnerait raison», renchérit TONG Spectrum, accuse le mes sorit obligées de porter pas disparu selon lui : «Elles BakiManeche. régime du président Hassan le voile intégral, le hijab. Et s’expriment différemment. MARIAM PIRZADEH Rohani de ne pas avoir tenu la loi ne les protège pas con­ Après l’échec des manifesta­ : ; Correspondance à Téhéran ses promesses. «Avant, et tre les violences sexuelles tions de2009, les jeunes ont même pendant les négocia­ ou le mariage précoce. «Le décidé d’adopter une straté­ tions sur le nucléaire, ils ont gouvernement veut enfer­ gie moins radicale. Manifes­ fait pression pour que la mer les femmes dans le rôle ter les avait conduits en pri­ question des droits de de mères au foyer, dénonce son, ils devaient changer de l’homme ne soit pas abordée, Soudeh Rad. Le droit de tra­ m ode d ’action.» Et Fariba estimant que ça risquait de vailler, de voyager à l’étran­ Adelkhah d’ajouter: «La faire capoter les discussions. ger ou de fa ire des études, jeunesse iranienne s’est ren-

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ferm ée sur elle-même. C’est extérieure.» des conséquences immenses. politique de Rohani a en l’une des conséquences des Un an après les manifesta­ Et il ne faut pas oublier que outre heurté le bloc conser­ sanctions. Le régime a mul­ tions pour fêter la fin des le pouvoir en Iran repose sur vateur. «Sijam ais ils repre­ tiplié les discours affirmant sanctions, l’Iran est en tran­ un système collégial.» Le naient le pouvoir, résume qu’il était menacé, ce qui a sition. «Le bilan de Rohani Guide suprême, Ali Khame­ Mohammad Sadeghi, ils re­ poussé les jeunes à ne pas n’est pas lamentable, dit Fa- nei, reste la plus haute viendraient sur toutes les s’investir politiquement riba Adelkhah. Il est arrivé autorité politique et reli­ tentatives de réforme.» pour ne pas ajouter une me­ à une période délicate mais gieuse et contrôle les Gar­ MARTINA CASTIGLIANI nace intérieure à la menace il a obtenu un accord qui a diens de la révolution. La

S a m e d i 14 et D im a n ch e 15 Janvier 2017 L’économie iranienne ternationales. Parmi elles, Total a conclu un contrat de 4,8 milliards par jour, dont plus de 2,2 millions de dollars (4,5 milliards d’euros) sont exportés. Pendant les sanctions, pour l’exploitation du grand champ bombe le to rse s la production atteignait à peine gazier Pars-Sud, situé dans le Golfe, 1 million par jour», souligne Thierry devenant ainsi la première grande Coville, chercheur à l'Institut de re­ TURKMENISTAN _ compagnie pétrolière et gazière oc­ lations internationales et stratégi­ cidentale à revenir en Iran. Idem Cœur économique ques (Iris). Ces exportations de­ pour d’autres secteurs, comme la Régions industrielles vraient redynamiser un secteur défense, la finance, la santé ou en­ f l Plaine irriguée pétrolier et gazier en mal d’investis­ core l’automobile. Depuis des mois, Régions désertiques sement. Et surtout faire rentrer des patrons et autres émissaires de ^ Ressources pétrolières grandes multinationales n’ont cessé — Oléoducs devises sans lesquelles il est impos­ de nouer des contacts avec Téhéran. 9 Ressources gazières sible de payer la moindre facture de Histoire de plancher sur d’éventuels — Gazoducs produits importés. Comme la plu­ projets de partenariat industriels et Raffineries part des pays dont les recettes autres business models. Ainsi, en Terminaux pétroliers budgétaires (et donc les dépenses) France, PSA a versé les capitaux ( £ ) Ports dépendent essentiellement du pé­ pour créer la première coentreprise (§) Aéroports trole, l’Iran n’a eu d’autre choix que du groupe tricolore en Iran, entre — Chemins de fer de tenter de diversifier ses sources Peugeot et l’entreprise iranienne de financement pendant toutes les Khodro. Parallèlement, PSA négo­ PAKISTAN années de sanctions. «Mais les ré­ sultats étaient maigres. En réalité, cie l’installation de Citroën en Iran, WM le pays n’a eu d’autre choix que de ré­ toujours en partenariat avec une en­ W*£jk duire ses dépenses sociales et d’in­ treprise locale. Si nombre de multi­ 100 km nationales s’agitent aux portes de ARABES-UNIS j V OMAN frastructures pour s’adapter à la baisse des recettes pétrolières et ga­ l’Iran, elles ne génèrent que peu de Après une phase d’hibernation forcée, l’activité zières» poursuit le chercheur de flux financiers. Du moins avant la l’Iris. Ce temps est révolu. levée des sanctions. Les investisse­ de la République islamique reprend depuis la Certes, beaucoup reste à faire. Mais ments directs étrangers n’ont pas levée d’une partie des sanctions internationales. l’Iran peut désormais bomber le dépassé les 15 milliards de dollars torse, comme lorsqu’il signe, en dé­ en2015, selon la Conférence des Na­ L orsqu’il s’est adressé à ses moyens continuent de s’y attrouper. cembre, un contrat de 36,6 milliards tions unies sur le commerce et le concitoyens, début janvier au Leur objectif? Echanger des riais de dollars pour 100 Airbus, après développement (Cnuced). A titre de cours d’une allocution télévi­ contre des dollars, dont la valeur ne avoir déjà acheté 80 Boeing. Ou lors­ comparaison, la Turquie en attirait sée, le président iranien s’est voulu cesse de s’apprécier. Une manière qu’il convie les mastodontes mon­ dix fois plus la même aimée. rassurant. Certes, l’une des grandes de thésauriser, tout en pariant sur diaux du pétrole à participer aux ap­ Hassan Rohani sait combien l’essor des investissements étrangers est préoccupations économiques des une hausse continue du billet vert pels d’offies pour le développement Iraniens est de se prémunir contre important pour son pays qui Le mouvement est d’autant plus des champs pétroliers et gaziers du toute nouvelle dépréciation de leur compte officiellement près de fort que Donald Trump, prochain pays. Une trentaine de compagnies devise, le rial. Pour autant, ce signe 10% de chômeurs, un taux qui de­ locataire de la Maison Blanche, européennes et asiatiques ont été de défiance monétaire n’empêche vrait être multiplié par deux pour n’exclut pas d’appliquer de nouvel­ sélectionnées par Téhéran. Parmi pas Hassan Rohani de marteler un refléter la réalité sociale du pays. les sanctions à l’encontre de l’Iran. ces sociétés figurent le groupe fran­ message : «Lepays est désormais sur çais Total, l’anglo-néerlandais Shell, Les investissements étrangers sont la voie du redressement.» REVENUS DANS LE JEU le néerlandais Schlumberger, l’ita­ d’autant plus cruciaux pour Téhé­ Et de toute évidence, les principaux ran que le pays «produit» chaque Mais au-delà de ces soubresauts lien Eni, les russes Gazprom et indicateurs plaident pour lui. La année 500000 détenteurs d’une monétaires, la plupart des écono­ Lukoil ou encore le japonais Mitsu­ croissance? Négative en 2015, elle maîtrise ou d’un doctorat... Mais la mistes en conviennent : après une bishi. .. Les Iraniens sont très vite re­ atteindra les 4,5% en 2016. Quant à plupart d’entre eux viennent gonfler importante phase d’hibernation venus dans le jeu pétrolier après la le nombre des chômeurs. Certes, le l’envolée des prix, cauchemar des économique forcée, la levée des levée des sanctions, début 2016, re­ Iraniens durant des années, elle pays bénéficie d’un fort potentiel sanctions il y a un an a favorisé une fusant les injonctions de l’Arabie n’est plus que de 8%, alors qu’elle pour basculer dans le camp des pays reprise de l’activité économique. Saoudite qui leur demandait de par­ frisait les 45% en rythme annuel émergents. Mais il lui faudra pour Avec 10% des réserves de pétrole et ticiper aux coupes de production ré­ lorsque Rohani avait pris la tête du cela réaliser ce que le gouvernement près de 20% des réserves de gaz, clamées aux autres membres de pays en 2013. qualifie, lui-même, de «croissance l’Iran se place respectivement aux l’Organisation des pays exportateurs Mais en ce début 2017, rien n’y fait. inclusive» pouvant profiter aux dif­ quatrième et premier rangs mon­ de pétrole (Opep) pour faire remon­ La tentative d’apaisement du prési­ férentes catégories socio-économi­ diaux. «Lafin des restrictions impo­ ter les cours déprimés de l’or noir. ques. Ce qui signifie tenir un rythme dent iranien semble inopérante. Du sées aux exportations d’hydrocarbu­ de croissance de près de 6 % par an moins dans les mes de Téhéran, là res a permis de démultiplier la NOUER DES CONTACTS et ce, pendant plusieurs années. où on trouve des bureaux de change production de pétrole, qui atteint Des protocoles d’accord ont été si­ VITTORIO DE FILIPPIS libre. Les Iraniens qui en ont les aujourd’hui 3,7 millions de barils gnés avec plusieurs compagnies in­

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Hurriyet V V » JANUARY 17, 2017 DailyHews».T ' « ------Prosecutor seeks up to 142 years in prison for jailed HDP co-chair

ISTANBUL January/17/2017 condition and "the public is waiting for him to http://www.hurriyetdailynews.com be released." "Türk's health condition is poor. It's not Indictments regarding the jailed co-leaders right for him to be transferred to a prison in [the of the Kurdish issue-focused Peoples' eastern province of] Elazig at a time when the Democratic Party (HDP) have been completed, public is waiting for him to be released," lawyer with the prosecutor seeking up to 142 years in Erdal Kuzu told the Dogan News Agency, refer­ jail for Selahattin Demirtag and up to 83 years in ring to Türk's transfer to Elazig from Istanbul's jail for Figen Yiiksekdag. Silivri prison. Among the charges directed to Demirtaç are Kuzu said Türk had been expecting to be "managing a terrorist organization," "making transferred to a jail in the southeastern province Anli had been rejected. terrorist propaganda," "inciting people to vio­ of Diyarbakir. Elsewhere, a prosecutor in the southeastern lence and hatred," and "praising crime and the "Ahmet Türk learned that he was being province of §im ak has demanded a jail sentence criminal," for which the prosecutor demands a transferred to Elazig on the plane as he was of 103 years for Nursel Aydogan, a jailed MP prison sentence of between 43 years and 142 expecting to be transferred to Diyarbakir D Type from the Kurdish issue-focused Peoples' y e a rs. prison," he added. Democratic Party (HDP). Yiiksekdag is charged with "opposing the "He is uncomfortable with being on the Among the charges in Aydogan's indictment meeting and rally law," "inciting people to vio­ agenda with his health problems. But due to his are "m aking the propaganda of an illegal organi­ lence and hatred" and "provoking people to deteriorating health conditions it is a risk for him zation," "praising crime and the criminal" and commit crimes," for which the prosecutor to travel. He needs to be released as soon as pos­ "inciting people to hatred and enmity." demands a prison sentence of between 30 years sible," Kuzu said. Aydogan was previously sentenced to four and 83 years. Kuzu also said he had met the jailed co­ years, eight months and seven days in prison Meanwhile, the lawyer of Ahmet Tiirk, the mayor of Diyarbakir, Firat Anil, who was also over "com mitting a crime on behalf of an illegal ousted and jailed mayor of the southeastern pro­ transferred to Elazig from Kandira prison. Kuzu organization" while not being a member. ■ vince of Mardin, has said his health is in a poor said Türk's application to stay in the same cell as

14 janvier 2017 La Russie dans le rôle de médiateur entre les partis kurdes en Syrie

//fr.sputniknews.com / 09.01.2017

L a base de Hmeimim a récemment accueilli une rencontre, préparée par la partie russe, entre les membres de divers partis kurdes en Syrie. Le leader du Parti progressiste démocratique Mustafa Hanifi et le président du Conseil national des Kurdes syriens Müslim Mihemed décrivent un bref aperçu de la situation dans un entretien à Sputnik. Il y a un certain temps, la Russie a organisé une rencontre sur la base mili­ taire de Hmeimim pour faire vivre un dialogue entre les partis kurdes. Entre autres objectifs, il fallait surmonter les différends kurdes pour réunir les par­ tis en un seul front politique. « La Russie a organisé cette réunion dans le but de dissiper les diver­ président du Conseil national des Kurdes syriens (ENKS) Müslim Mihemed a gences existantes entre les pouvoirs politiques kurdes en Syrie, ainsi aussi reçu une invitation. que de les transformer en un front politique unique », a expliqué le « Étant membres de l'ENKS, nous avons également été invités à la rencontre chef du Parti progressiste démocratique des Kurdes en Syrie Mustafa à Hmeimim, mais aucun des sept partis faisant parti du Conseil n'a été Hanifi. « 24 partis ont été invités à la rencontre sur la base de présent parce que la rencontre se tenait dans une zone contrôlée par la Hmeimim, nous, des représentants du Parti de l'union démocratique Syrie. Nous croyons que les pourparlers de cette sorte doivent se dérouler (PYD) et des partis proches y avons participé. Un général russe et deux soit sur le territoire russe soit dans la ville syrienne de Kameshli. La partici­ représentants du pouvoir sont venus du côté russe ». pation aux pourparlers à Lattaquié serait un signe de notre faiblesse au sens Des négociations similaires sont prévues également pour le futur. « Nous politique ». croyons que les représentants de tous les pouvoirs politiques kurdes en Syrie « Néanmoins, nous avons indiqué à la partie russe que nous sommes prêts doivent se réunir car aucun parti ne peut représenter tout seul le peuple au dialogue », a-t-il résumé, ajoutant que la Russie était une force impor­ kurde ». tante qui a une grande influence dans le processus du règlement syrien. ■ Le membre du Bureau politique du Parti de l'union démocratique de Syrie et

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£ \ ARANEU/S January 20, 2017

alliance incorporating Kurdish, Arab and Assyrian militias. ISIS attacks YPG security The SDF announced on Monday that it has cap­ tured 2480 km2 in western Raqqa Governorate as part of the second phase of the US-backed center, three Kurdish Euphrates Wrath Operation. The polyethnic alliance also confirmed that they had cleared 196 villages and dozens of farms. fighters killed During the first phase of Euphrates Wrath, which began on November 6, the SDF liberated roughly 560 km2 in northern Raqqa. “Thus, since the http://aranews.net - January 20, 2017 The same attack injured at least five others. beginning of the battle for Raqqa, 3200 square The fallen soldiers were identified as Ferhad Haji kilometers have been cleared, including 236 vil­ Raqqa - Three Kurdish fighters were killed on (aka Brusk Kobani), Ahmed Hisen (aka Mazlum lages.” Thursday, when Islamic State (ISIS) militants Kobani) and Bozan Mihemed (aka Zinar Kobani). The SDF launched the second phase of the raked their position with machine gun and mor­ All three were from Kobane, a Kurdish-majority Operation Euphrates Wrath with the objective of tar fire. city in northern Syria. securing Raqqa’s western countryside and Tabqa “Daesh terrorists attacked one of our security Habun Osman, a Kurdish officer, told ARA News Dam, which bridges the Euphrates River. The offices in Suwaydiya village, west of Raqqa,” the that Thursday’s attack “was aimed at impeding first phase of the operation focused on securing People’s Protection Units (YPG) said in a state­ the progress made by the US-backed forces the banks of the Balikh River. ment, using another acronym for ISIS. towards Raqqa city.” The long-term objective of Euphrates Wrath The YPG confirmed that at least three of their The Protection Units are the largest faction remains the elimination of the Islamic State in soldiers had “lost their lives in the offensive.” within the Syrian Democratic Forces (SDF) -an its de facto capital -Raqqa city. ♦

B lo o m b e rg January 23, 2017 Iraqi Kurdistan Pays Oil-Company Dues as Rally Boosts Funds

by Sam Wilkin and Angelina Rascouet 23 january 2017 The oil companies and the regional authorities have agreed on a new https://www.bloomberg.com monthly payment schedule, according to people with knowledge of the matter. Producers have said they need regular remittances in order to T he government of Iraqi Kurdistan paid international oil companies for invest and boost output. They’ve also requested payment for past oil the first time in seven weeks, as rising crude prices gave a much-nee­ sales. In the case of DNO, arrears totaled about $1 billion in November, ded boost to the region’s coffers. almost equaling the company’s market capitalization. DNO ASA, Genel Energy Pic and Gulf Keystone Petroleum Ltd. recei­ DNO operates the Tawke field, which pumped an average of 108,122 ved a combined $53.9 million for oil sold in October as well as arrears, barrels a day in October, the Oslo-based company said in a statement. It they said Monday. The Kurdistan Regional Government, or KRG, paid for received payment of $38.9 million, to be shared with partner Genel. Gulf their September exports on Dec. 5 and still owes them for November and Keystone received $15 million for oil sold from the Shaikan field. December. “Payment is welcome, although they are taking longer to be recei­ The KRG has struggled to keep up regular payments to international ved,” Cenkos Securities Pic said in a note, commenting on Genel and contractors. Hurt by crude’s collapse, it’s also suffered from a long dis­ Gulf Keystone. “The element of back-costs remains small and isn’t pute over revenue-sharing with the federal government, an influx of Iraqi making a huge dent in the receivable.” refugees and a protracted war with Islamic State militants. Financial DNO rose as much as 2.2 percent in Oslo trading, and was up 0.7 per­ strains have eased since oil-rich nations agreed last month to curb sup­ cent at 9.25 kroner as of 1:13 p.m. local time. Gulf Keystone climbed 1 per­ ply, pushing up crude prices almost 20 percent. cent in London, while Genel erased gains to trade down 1.2 percent.*

January 26, 2017 Syrian draft constitution recognizes Kurdish language, no mentions of federalism

Rudaw.net 26/1/2017 which ended Tuesday with so far lit­ try, who could only be elected to tion. tle tangible achievements. office for one term of 7 years, which But the proposed draft avoids A STANA, Kazakhstan— A means that non-muslim candidates direct mentions of a federal system Russian-proposed draft of the According to the draft, which could run for the post and be elec­ while suggesting a “decentralized Syrian constitution falls short of Rudaw has seen, the official name ted, according to the draft. Syria” where regional assemblies, mentioning federalism as a system of the country will be changed from The current constitution, from called “people’s societies”, have of governance in the war-torn coun­ Syrian Arab Republic to the Syrian 1964, specifically indicates that only legislative and administrative try, but hints at larger cultural and Republic with Kurdish as an official a Muslim could hold the office of powers. administrative freedoms within a language in mainly Kurdish inhabi­ presidency. If approved by the rivalling par­ decentralized Syria, according to a ted regions of the country. Russia has in the past shown ties, the draft will be put to a referen­ draft which was prepared by The proposed constitution does solid support for a federal system in dum no later than a year followed by Russian constitution experts for the not see Islamic laws as the “main Syria where Kurds could enjoy their elections. Astana talks. source of legislation” in the country regional sovereignty within a unified The Kurdish ruling factions The draft was presented to although Islam will remain one of country. Russian officials last year which were mainly absent from the Syrian peace-makers during the two the sources. There are no religious openly announced that only federa­ Astana talks, have so far not com­ day meeting in the Kazakh capital criteria for the president of the coun­ lism could hinder Syria from parti­ mented on the draft. ■

56 Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ozeti Ertgüjh Edition asharq alaw sat | i iULMüim 23 January 2017 INTERVIEWS ‘I will declare inde­ pendent Kurdistan if Al-Maliki returns to power,’ warns Barzani kilom eters north of Mosul, Barzani said the city was formed of different eth­ nic and religious groups, including Arabs, Kurds, Christians and Yazidis. He Ghassan Charbel said that ISIS had sealed a strong grip over the city. 23 January 2 0 17 http://english.aawsat.com Barzani said that ahead of the liberation battle, Peshmerga troops imposed a two-week blockade on the city and achieved glorious victory after killing 110 m ilitants and arresting three others, who had sustained severe injuries. avos - President of the Kurdistan Region of Iraq, Masoud Barzani, said Dthat the Iraqi Army’s military achievements in Mosul represented a The Kurdish leader described Baashika as a model of religious and national hard blow against ISIS group. He added that while the Peshmerga has lost coexistence. He stressed the warm welcom e he received by the residents fol­ 1,668 soldiers since the beginning of the battle, 15,000 ISIS militants were lowing the liberation of their city. killed during the fierce confrontation. Asked about the future of Mosul following its liberation, Barzani said that In an interview with Asharq al-Awsat newspaper on the sidelines of the the city would require an exceptional plan due to its hybrid nature. He World Economic Forum in Davos, Barzani said that the latest developments noted in this regard that Mosul was formed of various groups, including in the Mosul battle have seen the army sealing control over the neighbor­ Kurds, Christians, Turkmen, Shi’ite Kurds and other communities. The hoods located on the left bank of the city - a victory considered as a ham­ Kurdish leader said that the government would hold a referendum to m er blow against the terrorist organization. decide on the future o f the city.

Asked about losses incurred by the Peshmerga during the liberation battle, arzani said that he has so far spent “three quarters” of his life fighting the Kurdish leader said: “Unfortunately, we have incurred severe losses on Btyrants, namely Saddam Hussein and al-Baghdadi. the quantity and value levels.” “I was only 16 years-old when I first held a rifle,” he said, adding: “Despots He noted that since 2014, the battle claim ed the lives of 1,668 soldiers, while and Tyrants are many; but each one of them represents a different era.” the number of the injured reached 9,725. Asked about his relationship with the governm ent in Baghdad, Barzani val­ On the other hand, Barzani said that available reports and intelligence ued the cooperation between the Peshmerga and Iraqi forces in the libera­ information have showed that more than 15,000 ISIS militants were killed tion of Mosul. in the battle. However, he said that little progress was achieved in other fields of cooper­ Asked whether his troops have received the desired support from coalition atio n . forces, the Kurdish leader said that air support was very strong; however, “During my last visit to Baghdad in September, I told officials there that, arm am ent provided to the Peshmerga did not m eet expectations. unfortunately, we have failed to establish a true partnership between us, “Undoubtedly, the U.S. Army and coalition forces played a m ajor role in the and that we should work on finding another formula for a successful coop­ Mosul liberation battle,” Barzani said, noting that airstrikes were highly pre­ eration,” Barzani stated. cise and efficient. The Kurdish leader described the relations with Turkey as excellent. He “I am very proud to say that cooperation between the Peshmerga and the added that Iran had a m ajor influence in Baghdad. U.S. and coalition forces was excellent,” he said, adding: “We did not target Asked about the situation of the Sunni community in Iraq, Barzani said: any civilian goal, and not a single civilian was killed during the operations; “Arab Sunnis are not currently at their best.” this is unprecedented in the history of wars.” “Unfortunately, the m ajor problem is that they suffer from the absence of arzani stressed that the Peshmerga had a very strong intelligence body, a religious and political authority,” he added. Badding that the exact location of ISIS leader Abu Bakr al-Baghdadi was When asked about measures he would take in the event that Nouri Al- yet to be confirmed. He noted in this regard that Baghdadi was in Mosul Maliki is reappointed as prime minister in Baghdad, Barzani said: “I hope and used to travel frequently between Syria and Iraq. that this won’t happen for the sake of the Iraqi people.” “However, in the last few months, his moves becam e very restrained and we He added: “I would announce the independence of Kurdistan should Nouri currently know nothing of his whereabouts,” he added. Al-Maliki returns to the premiership.” Com m enting on ISIS’ m ilitary and security abilities, Barzani said: “I cannot say that they have an exceptional military prowess, but brainwashing “During his term, thousands of Iraqi citizens were assassinated. I am not saying that he did this, but it happened under his rule,” he continued. strengthens their determination and makes them unafraid to die.” On the situation in Syria, Barzani said that the Russian intervention has While the Kurdish leader declined to reveal the number of ISIS militants saved the Syrian regime. He added that Syria would never become like it who are currently held by the Peshmerga, he said that those were from var­ ious nationalities. used to be before the war. “I believe that the regions of east and west of the Euphrates River would be He noted that the largest number of foreign ISIS fighters came from divided,” he said, adding that there was a deal between the U.S. and Russia Chechnya, followed by Uzbekistan, Turkmenistan, Kazakhstan, Turkey and over the war-torn country. Azerbaijan. As for Arab fighters, Barzani said that the m ajority came from T u n isia . Barzani added that recent developments in Syria have shown that Bashar al- Assad would not be left out. • Asked about the battle to liberate the city of Baashika, which is located 15

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International jNeUi jjork S in tcs J a n u a r y 21-22, 2017

and regime-held parts of the city be­ came extremely difficult. I went to Aleppo to study* The university is in western Aleppo, and I would constantly hear President Assad’s planes and helicopters drop­ ping bombs to the east. People in west­ I left with refugees. ern Aleppo seemed to be simply going about their lives. I couldn’t bear the laughter on the streets, the diners at restaurants in pretty clothes as bombs pulverized the eastern neighborhoods, just a few miles away. My university became a hub of pro­ test. Campus life alternated between classes and protests and raids by secu­ rity forces. I narrowly escaped prison but a lot of my fellow students didn’t. On Jan. 15,2013,1 was working in a design studio at school when a class­ mate saw something falling by the window. A few seconds later, I felt a gust of air and, in a blink, my desk was covered with dust, glass and wreckage. I got a few scratches on my face and hands ; two of my classmates had head Above, carrying a injuries. dead child after an More than 80 people, including stu­ airstrike in Aleppo dents, passers-by and hawkers selling last year. Left, Lina coffee, were killed by the bombing that Shamy in a Twitter day. We felt that it was a warning from video of her last Mr. Assad. Protests at the university call from Aleppo. and elsewhere in regime-held Aleppo ended after that. I did not want to stay in western had been raised to believe that the Aleppo for even a day after my gradua­ walls in our country had ears. Lina Sham y tion. I went to Turkey to live with my But by April, protests against Mr. mother. While I was there I met Syrian Assad had spread throughout Syria. architects who were working to deal One summer day I joined a group of with the housing problem for refugees young women in an upscale neighbor­ by replacing scattered tents in informal IDLIB, SYRIA I grew up here in Idlib, a . hood of western Aleppo. We walked settlements with cheaply built houses. northern Syrian town and moved to through a market carrying banners We built several houses. And I met Aleppo, about 40 miles away, in 2008 to critical of the regime. A few minutes Yusuf, an architect from Aleppo. Two study architecture at the university. I later, pro-Assad militiamen arrived in years later, in the summer of 2015,1 had loved Aleppo since I was a child, several cars and began circling us. We married Yusuf and moved to rebel-held when we used to visit my maternal ran. A girl and I who sought refuge in a eastern Aleppo to live and volunteer grandfather. I would stare at the wood­ house in an alley were arrested. with him. en houses with latticed balconies in the We were handcuffed, taken to a While we were there, I was con­ alleys that my mother had known as a police station and then the intelligence stantly afraid of bombs dropping any­ girl. headquarters. I remember walking where, anytime. The sound of helicop­ As a student, I spent long afternoons through a corridor filled with men who ters and planes above kept me on edge. at the eighth-century Umayyad had been stripped to their underpants The Umayyad Mosque and the Citadel Mosque with its slender 11th-century with their hands cuffed behind them. that I loved to visit as a student had minaret, a masterpiece. Ialso admired Their backs were bloody. I told my been significantly damaged (St. Sim­ the 12th-century Citadel, its gateways friend to deny that we were at the eon was soon to suffer the same fate). decorated with winged dragons and protest and to say that we were in the Yet around 250,000 people were living serpents. On the outskirts, St. Simeon neighborhood for lunch and had run for in eastern Aleppo, some working in Church, from the Byzantine era, re­ safety from the commotion. At night, grocery stores, pharmacies or vegeta­ minded me of even older histories. we were blindfolded and taken into a ble markets, others working with local The joys of exploring such glorious room full of male voices. Our blindfolds and international aid groups. history and architecture sat uneasily were taken off and we were asked Yusuf, though trained as an architect, with my growing awareness of the about the protest. We repeated our volunteered in all possible ways. He limits of possibility in a Syria under lunch story. A little while later, we were worked as a paramedic, helped move President Bashar al-Assad. If you did released. schools into basements and acted in not belong to the networks patronized As the uprising intensified through plays. I walked past bombed-out homes by Mr. Assad and his cronies, you didn’t the summer of 2012, the regime re­ to work at a school, catching painful have much of a future in the country sponded with increasing brutality. I glimpses of family photographs and anyway. moved brièfly with my mother to a clothes still hanging on hooks on shat­ In January 2011, during my third year Turkish town by the Syrian border, but tered walls. at Aleppo University, the news of the after a month I decided to return to Last July, the Assad forces estab­ Arab Spring uprisings arrived from Aleppo, despite my mother’s anxieties, lished siege lines around eastern Tunisia and Egypt. Many of my friends to complete my degree. Aleppo. We could rarely cook at home felt pessimistic that such a thing could In July and August, the Free Syrian because there was no fuel. A few days happen in Syria because we knew how Army took control of most of eastern after the siege began, Bait al-Falafel, a brutal the regime could be, becaüse we Aleppo. Moving between the rebel-held small neighborhood eatery where we

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Aleppo was close to falling, many of us would get dinner, was bombed. Two would lose my mind when I couldn’t tweeted our last calls for help. I re­ workers were killed. Shops started to reach him on the phone after yet an­ corded my video inside a friend’s close, one after the other. A month into other wave of bombings. house, my voice trembling. I feared a the siege, there was hardly anything One morning during the siege, I’d massacre. left to buy in the markets. People just had coffee with Yusuf when a sud­ A few days later, a cease-fire was bartered. Relief organizations had den blast of air threw open the doors announced. Aleppo had fallen. We were stocked rice, cereals and beans in and windows of our apartment. My anticipation of the siege, which helped. table and my computer were covered granted passage out. Oh Dec. 21, Yusuf Several districts fell to the regime with dust. I was shaking on my sofa, my and I were in one of the last convoys to forces. Tens of thousands of people fled. heart galloping. leave the city. We heard that militias By November, rebel-held Aleppo had Two days later, another barrel bomb aligned with President Assad had shrunk to about fell, on a building close to our house. A attacked one of the convoys and killed 50,000 people. hospital had moved next door. Regime four men. There was no space left on My university The front line and Russian jets were intentionally the buses, and the authorities asked us to go in our cars. Heavy, swirling flakes became a hub was moving bombing hospitals and clinics. We of snow began to fall. closer to our grabbed a bag of clothes and moved to of protest. We waited in our car at the check­ home. Every­ another house. President Assad’s Campus life point, for 36 hours, cold and without thing stopped. forces were inching closer, and our new food. It was still snowing in the morn­ alternated Yusuf went to house was in the firing range. We ing when we were waved out of Aleppo. between fight with the moved again, to a friend’s home. After crossing checkpoints operated by Free Syrian We were desperate for the world to classes and Russians, Mr. Assad’s soldiers and Army. I would hear and help us. I had been frantically protests and Iranian militiamen, we were finally out say goodbye to tweeting images and videos of destruc­ of regime-held territory. Twenty long raids by him every morn­ tion from eastern Aleppo. We relied on minutes lat er, I saw a post with the Free security forces. ing when he left local providers who used Turkish wire­ Syrian Army flag. TearS filled my eyes. as if it were the less networks and satellite routers to last time. I felt I keep Aleppo online. On Dec. 12, as LINASHAMY is an architect and activist.

January 11, 2017 Ankara riled by US push for Kurdish seat at Syria talks US statements that Syrian Kurds should be included in talks on Syria's future have further agitated Turkish leaders, who are already upset about Washington's coalition with the People's Protection Units.

Author Amberin Zaman argue that Turkey will huff and puff, but when presented with the fait accompli January 11, 2017 will eventually pipe down in a replay of when the United States began air-drop­ www.al-monitor.com ping weapons to the YPG during the IS siege of Kobani in October 2014. The YPG and the PYD have been excluded from planned peace talks ensions between Turkey and the United States over the latter’s alliance between opposition rebels and the Syrian government in the Kazakh capital Twith Syrian Kurds in the battle against the Islamic State show no sign of of Astana to be co-hosted by Turkey and Russia. The talks are meant to build abating, as Turkish leaders continue to accuse Washington of working with its on the shaky cease-fire that took hold in Syria Dec. 31. A Russian delegation enemies. ‘Turkey’s allies are still providing weapons to the YPG [People’s arrived in Ankara Jan. 10 to prepare for the summit, the Anatolian News Protection Units],” Deputy Prime Minister Veysi Kaynak fumed Jan. 11. ‘‘And agency reported today. what business does a terror group have at the peace table?” ntil recently, Russia had lobbied hard in favor of PYD participation in dis­ Kaynak was responding to remarks by US State Department deputy Ucussions on Syria's future. In addition, Moscow has repeatedly said that spokesman Mark Toner, who at a Jan. 10 press briefing asserted that the Syrian Kurds need to be given federal status, something the regime of YPG’s political wing, the Democratic Union Party (PYD), needs to take part in President Bashar al-Assad squarely rejects. The Russians have toned down the currently stalled Geneva peace talks on Syria. ‘This process has to such support in recent months, however, mainly to humor Turkey, whose include all Syrians, and that includes the Syrian Kurds,” Toner said. influence over Free Syrian Army rebels remains critical to any peace plan. Turkey’s rants against the YPG have grown louder in recent weeks as the out­ Since August, when Turkish troops moved into northern Syria, Turkey and its going Barack Obama administration continues to weigh arming and training rebel proxies have been simultaneously fighting against IS and the YPG. On the YPG-dominated Syrian Defense Forces, a coalition of Arabs and Kurds, Jan. 7, the Turkish army announced that it had so far killed 291 YPG fighters. in preparation for a planned offensive to take Raqqa from IS. Turkey argues Turkish efforts have to this point succeeded in preventing the YPG from join­ that the weapons will wind up in the hands of the Kurdistan Workers Party ing the large chunk of territory it controls east of the Euphrates River with Afrin, (PKK), which is fighting for Kurdish autonomy in Turkey and is closely linked a Kurdish-majority "canton” to the west. YPG sources contacted by Al-Monitor to the YPG. in Syria have confirmed that the combined Turkish rebel offensive has cut off Obama is widely expected to delay any decision on the issue and throw the the YPG’s westward access to the IS-held town of al-Bab from Arima. Al-Bab, ball into President-elect Donald Trump’s court. Turkish officials who spoke to sitting at the intersection of YPG-held Manbij, Raqqa and the Turkish border, Al-Monitor on strict condition of anonymity claimed that their arguments has become a key battleground between Turkey and the IS jihadis as well as against the YPG had been bolstered by a Jan. 7 article in the Washington Post between Turkey and the YPG. that laid bare the extent of PKK indoctrination within SDF ranks. There are now reports that the Syrian army is inching its way toward al-Bab Turkey’s hopes that Trump will ditch the Kurds will have been dampened by from the south. The YPG sources say it remains unclear whether recent the news that Brett McGurk, the US envoy to the anti-IS coalition, will probably Russian airstrikes against IS in the area are meant to clear the path for the retain his post in the new administration, unlike most other political regime rather than for Turkey. "Notice that the [Russian] strikes are to the appointees. McGurk and Army Lt. Gen. Stephen J. Townsend, commander of south of al-Bab,” said a YPG commander via WhatsApp. "Who does that ben­ the anti-IS Operation Inherent Resolve, are said to be big advocates of mov­ efit? The regime, of course.” ♦ ing forward with training and equipping the Kurds. Proponents of the plan

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I CA LS Kl! K:/' I 16 janvier 2017 ® Surtout si vous n’étes pas d'accord ^ m ASSASSINAT DES MILITANTES KURDES À PARIS: LES SERVICES TURCS EN CAUSE Entretien avec la reporter Laure Marchand

Daoud Boughezala est rédacteur en chef de Causeur, le 16 janvier 2017 let, le Président Erdogan a dénon­ http://www.causeur.fr/ cé l’infiltration des gulénistes dans les services de sécurité turques. On savait la confrérie Le 9 janvier 2013, les trois militantes kurdes du PKK Leyla Soylemez, très puissante dans l’armée, l’ad­ Fidan Dogan et Sakine Cansiz étaient assassinées à Paris rue La Fayette. ministration et la magistrature. Quatre ans plus tard, leur meurtrier présumé venant de mourir, ses liens Est-il possible que les gulénistes avec les services secrets turcs sont au coeur d'une enquête restée infiltrés dans "l’Etat profond” inaboutie. Alors que le procès prévu à Paris ne s'ouvrira pas cet hiver aient voulu torpiller le processus comme prévu, la journaliste Laure Marchand fait le point sur cette de paix entre l’Etat turc et le PKK ténébreuse affaire dans son essai "Triple assassinat rue Lafayette" (Actes qu’avait engagé Erdogan? Sud, 2017). Entretien.

C’est effectivement une possibilité. D’autant que la confrérie est égale­ Daoud Boughezala. Le meurtrier présumé des militantes kurdes assas­ sinées voilà quatre ans à Paris, Orner Güney, est décédé en décembre ment soupçonnée d’avoir contribué à faire capoter des pourparlers dernier, avant l’ouverture de son jugement initialement prévu en janvi­ secrets qui avaient démarré en er 2017. Existe-t-il des preuves de l’implication des services de sécurité 2009 à Oslo entre des représentants turcs (MIT) dans ce crime ? du PKK et des émissaires du MIT. A l’occasion d’un meeting électoral en Laure Marchand-*-. Dans son réquisitoire de mise en accusation, le procureur mars 2014, Recep Tayyip Erdogan a conclut à des assassinats préparés en lien avec des individus se trouvant en clairement accusé la confrérie Turquie, « possiblement liés » au MIT. Sans que l'on sache à quel niveau se d'avoir fomenté l’attentat du 147, situerait les commanditaires. S’agirait-il d’un ordre donné par le MIT lui- rue La Fayette. Mais ces mises en même ou par une cellule clandestine en son sein ? Nous n’avons pas la cause verbales en sont restées là, Extrait de la couverture de «Triple ré p o n se . elles n'ont débouché sur aucune assassinat au 147, rue Lafayette», de action judiciaire. A cette époque, Laure Marchand Actes Sud L’enquête française a permis d’établir des liens entre Orner Güney et le MIT. Erdogan était déjà en guerre totale Tout d’abord, il se livrait à une activité caractérisée d'espionnage de la com­ avec son ancien allié Gülen. Il faut munauté kurde qu’il fréquentait et transm ettait ces informations en Turquie. aussi garder à l'esprit que le mouvement est accusé de tous les maux. Certes, Mais on ne connaît pas l’identité des destinataires. En janvier 2014, il commu­ des gülenistes se trouvaient probablement à l’intérieur du MIT. Cette institu­ nique également un plan d’évasion rocambolesque à un ami lors d’un parloir. tion est cependant dirigée par un très proche d’Erdogan et elle n’était pas Güney lui donne des indications pour se rendre à un endroit à Ankara. En les réputée pour être fortement infiltrée par la confrérie, contrairement à suivant, on arrive au siège du MIT. Son ami devait rem ettre le plan à une per­ d'autres administrations. sonne précise qui connaît bien Güney.

Comment les enquêteurs ont-ils été mis sur la piste des services turcs ? En Turquie, des députés ne se satisfont pas de ces anathèmes contre la con­ frérie. Ainsi, des questions écrites parlementaires ont été adressées à Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre et responsable à ce titre des activités Douze jours après les assassinats, la préfecture de police reçoit un mystérieux des services de renseignement, sur le rôle du MIT. Pour Sezgin Tanrikulu, à mail anonyme qui désigne Güney et le MIT. Un an plus tard, un document l’initiative de cette démarche, le problème n’est pas tant de discuter de l’im­ audio est également mis en ligne sur Youtube. Il s’agit de l’enregistrement plication ou non de la confrérie mais que le gouvernement empêche la vérité d’une conversation entre trois individus qui passent en revue des cibles du d’apparaître, ce qui le rend suspect. Le vice-président du CHP -la principale PKK à éliminer en Europe. Celui qui est chargé de commettre les crimes formation de l'opposition- estime ainsi que l'opération contre les trois mili­ s’adresse respectueusement aux deux autres qui semblent être ses tantes a reçu un aval politique de principe, que ce ne sont « pas deux gars supérieurs. La voix de Güney a été reconnue par son entourage. Même la juge paumés dans un café » qui peuvent la monter. d’instruction qui l’a interrogé pendant des heures l’a reconnue. La police sci­ En tout cas, M. Erdogan disposait de 90 jours pour répondre, il ne l’a jamais entifique de Lyon a, elle, conclu à une forte similitude. fait. De plus, l’AKP a voté une loi renforçant l’impunité du MIT : il est désor­ mais quasiment impossible pour un journaliste ou la justice d'enquêter sur Deux jours après cette mise en ligne, des médias ont reçu le pdf d’un ordre de ses agissements. mission qui émanerait du MIT ordonnant les préparatifs de l'assassinat de Sakine Cansiz. L’authenticité de ce document n’a pas pu être identifiée. Mais il Et en France, comment les autorités ont-elles réagi ? La justice a-t-elle contient des détails exacts. L’individu, nom de code « La Source », peut très pâti de notre alliance avec la Turquie au sein de l’OTAN ? bien collé avec Güney. En tout cas, il est écrit que « La Source » a aidé Sakine Cansiz en octobre dans ses démarches administratives au mois d'octobre Le travail de la justice n’a pas été entravé. Même si les informations fournies 2012. Effectivement, Güney l’a bien accompagnée à la préfecture à cette par les services de renseignements de l’époque (DGSE et DGSI) n'ont pas, c’est ép oq u e. le moins que l’on puisse dire, permis de faire avancer l’enquête d'un mil­ Accablant. Cet été, après l’échec de la tentative de coup d’Etat du 15 juil- limètre. La juge a dû les relancer pour que les notes afférentes soient

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$ transmises. Elles ont fini par l'être mais dans un tel état de caviardage La disparition du seul suspect entraîne automatiquement la fin de l'action qu'elles suscitent plus de questions que de réponses. judiciaire. Mort avant d'avoir été jugé, Orner Güney m eurt « présumé innocent » comme l'ont déclaré ses avocats. En revanche, les faits, eux, restent. Les avo­ Lors de la découverte du crime, Manuel Valls qui était alors ministre de cats des familles des victimes sont en train de réfléchir à des moyens de l'Intérieur, se rend sur place et assure de « la détermination des affaires relancer l'affaire. Ce n'est pas chose aisée. Il faut, par exemple, apporter des françaises de faire toute la lumière sur cet acte ». Quatre ans ont passé, quatre éléments nouveaux pour obtenir une réouverture du dossier. ans de silence complet, ou presque du gouvernement. Pire, la famille de Fidan Dogan, qui vit à Strasbourg, a adressé des courriers à l'Elysée et au ministère Au cours de l'enquête, la juge d'instruction Jeanne Duyé a fait le choix, en de l'Intérieur pour être reçue. Non seulement elle ne l'a pas été mais elle n'a accord avec les familles, de ne pas perdre de temps : le pronostic vital du sus­ même pas reçu de réponse. Cela montre l'embarras de la France. Les autorités pect était engagé, il fallait aller vite. A défaut de traduire en justice les don­ françaises ont clairem ent fait le choix de ne pas se fâcher avec la Turquie. neurs d'ordre, personne ne voulait perdre la possibilité de juger le meurtrier p résu m é. En 2013, Paris cherche à se réconcilier avec Ankara après des années de brouille à cause de l'opposition de Nicolas Sarkozy à l'entrée de la Turquie La lumière sera-t-elle un jour faite sur cette ténébreuse affaire ? dans l'Union européenne et la pénalisation de la négation du génocide armée. Il n'est pas question que trois crimes près de la Gare du Nord m ettent en péril Décision a été prise de ne pas envoyer de commission rogatoire supplémen­ la démarche. Intérêts commerciaux, accord européen sous-traitant les taire à la Turquie, étant donné qu'elle n'avait même pas répondu à la pre­ migrants à la Turquie, coopération au sujet des djihadistes français qui tran­ mière. Cela n'aurait fait qu'allonger la procédure. Certains aspects qui pour­ sitent par le territoire turc... La France a fait son choix. Et peu importe que la raient peut-être permettre de remonter la chaîne des commanditaires n'ont circonstance aggravante de terrorisme ait été retenue dans cette affaire. ainsi pas été exploités. Si l'ordre écrit du MIT ordonnant les préparatifs de D'ailleurs, Antoine Comte, l'avocat des familles, a déclaré à la mort de Güney l'assassinat de Sakine Cansiz est authentique, alors, qui est « Le légionnaire », que celle-ci arrangeait Paris et Ankara qui ne voulait pas de procès. la seconde personne missionnée ? Qui sont les quatre destinataires du docu­ ment ? Il semble que les services secrets allemands connaissent au moins l'un La mort d’Omer Güney des suites d'une tumeur clôt-elle toute enquête d'eux. A qui appartiennent les deux voix dans la conversation publiée sur sur le triple assassinat des militantes kurdes ? Youtube ? En Europe ou en Turquie, de nouvelles informations finiront peut- être par surgir. La répression et les purges qui touchent en Turquie tous les Orner Güney a contracté la légionellose à Fresnes. Vu son affaiblissement services de sécurité font de nombreuses victimes et donc de nombreux général provoqué par la chimiothérapie, l'infection pulmonaire a été fatale. Sa mécontents. Ils pourraient avoir intérêt à faire des révélations. ■ tumeur n’est donc pas la cause directe de sa mort. Sans accusé, plus de procès.

L’EXPRESS Le parquet turc requiert 142 ans de prison pour un leader kurde

Par A FP , le 17/01/2017 nité avait été levée. http://www.lexpress.fr/ Ils sont accusés d'appartenir ou de soutenir le PKK, qui mène depuis trois décennies une stanbul - Le parquet a requis mardi jusqu'à lutte armée pour demander plus de droits et I 142 ans de prison contre Selahattin d'autonomie pour les Kurdes. L'organisation est Demirtas, coprésident du principal parti pro­ classée "terroriste" par la Turquie, les Etats- kurde, accusé d'appartenir au Parti des travail­ Unis et l'Union européenne. leurs du Kurdistan (PKK), un mouvement Le HDP a toujours nié farouchement être interdit, ont rapporté les médias. une vitrine politique pour le PKK. M. Demirtas Le parquet de Diyarbakir (sud-est) a en affirm e être puni pour s'être opposé au projet de outre requis jusqu'à 83 ans d'emprisonnement présidentialisation du système voulu par Recep pour M m e Fiden Yüksekdag, qui copréside avec Tayyip Erdogan. M. Demirtas le Parti démocratique des peuples Les violences entre le PKK et Ankara ont (HDP), selon l'agence progouvernementale repris à l'été 2015 a p r è s l'e ff o n d r e m e n t d 'u n fr a ­ Le leader du Parti démocratique des peuples, A n a d o lu . gile cessez-le-feu qui visait à mettre fin à un Selahattin Demirtas, à l'occasion d’un dis­ Ils avaient été arrêtés en novem bre avec une conflit qui a fait plus de 40.000 m orts depuis cours à Istanbul, le 21 octobre 2015 dizaine d'autres députés du parti dont l'imm u­ 1984. ■

Associated Press Une explosion tue quatre policiers en Turquie

16 janvier 2017 The Associated Press sation illégale. Des images diffusées par l'agence de presse privée Dogan montrent ISTAM BOUL — Quatre policiers turcs ont été tués lundi par l'explo­ des ambulances, un camion de pompiers et des membres des forces de sion d'une m ine im provisée près d'une ville m ajoritairem ent kurde sécurité déployés sur les lieux de l'explosion. du sud-est du pays. Un communiqué publié par le bureau du gouverneur de Diyarkabir Deux autres agents ont été blessés. fournit un bilan identique. L'agence Anadolu rapporte que l'explosion s'est produite près de l'u­ Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie niversité Dicle, dans le district de Sur de la province de Diyarkabir. et ses alliés, dont les États-Unis. • Anadolu attribue l'attaque aux militants kurdes du PKK, une organi­

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LE FIGARO mardi 17 janvier 2017 Dans la Turquie d’Erdogan, minée par un black-out sur En Turquie, la résistance la presse indépendante, ils ont fait de leur smartphone leur nouveau s’organise sur le Web studio d’enregistrement télévisé, La trentaine, ______^ * 1 parfois la vingtaine, une nouvelle génération Delphine Minoui dminoul(â>leflgaro.fr de journalistes turcs défie la censure sur Internet en utilisant Correspondante à istanbul l’application Periscope. c’est résister, donner la parole aux victimes et aux sans - a caméra, incrustée dans un smart­ voix», résume-t-elle en guise d’introduction. Ni phone, zigzague à travers la fouie. Au nom, ni enseigne devant son bureau. Depuis sa créa­ rythme d’un joyeux brouhaha entre­ tion, il y a quelques semaines, la petite télévision est coupé d’applaudissements, elle captu­ hébergée par une agence de publicité, derrière la rue re les premiers sourires, puis balaie lés commerçante Istiklal, Le studio, aux allures de pla­ visages en émoi, encore abasourdis par card, se limite au strict minimum : une caméra, une la bonne nouvelle. «Asli Erdogan, table, deux chaises, et un écran plat sur lequel s’affi­ d’associations indépendantes, partenaires de cette Necmiye Alpay et Zana Kayà sont libres !», commente, che le logo de la cyberchaîne. « C’est ici même que opération, au siège du.journal Cumhuriyet, également Len voix off, la journaliste qui filme la scène. Nous som­ nous avons reçu, üy a quelquesjours, Basak, l’épouse de dans le collimateur du pouvoir, dans l’enceinte du mes le 29 décembre 2016, en plein cœur du tribunal Selahattin Demirtas», dit-elle fièrement. Une occa­ tribunal, comme pour le procès d’Asli Erdogan - et stambouliote de Oaglayan, sous haute surveillance sion en or pour la femme du cofondateur du parti parfois même en pleine nie. L’occasion d’aborder les policière. Dans la petite salle d’audience archibondée, d’opposition de gauche prokurde, HDP, emprisonné sujets occultés par la presse progouvernementale ; le juge vient d’annoncer la libération - provisoire - de depths deux mois, de s’exprimer sans tabou. Et de fai­ trois personnalités intellectuelles embastillées pour droits des femmes, des minorités, atteintes à la liberté re porter sa voix ; le jour de sa diffusion, l’interview a d’expression, traque des opposants... «propagande terroriste ». La vidéo, quasi surréaliste été suivie en direct par 14 000 internautes. Depuis, Direction le quartier des affaires de Lèvent. Lovée dans une Turquie décimée par la censure, est diffusée elle circule sur les réseaux soéiaux : YouTube, Face- dans un ancien atelier photo, et perdue au milieu en direct grâce à l’application Periscope sur HaberSI- book, Twitter... À l’instar de HaberSIZsiniz ou de Me­ d’une rue de réparateurs de voitures, Medyascope est Zsiniz, la petite dernière d’une nouvelle génération de dyascope, WeBiz s’intéresse de près aux failles du sys­ la pionnière de ces nouvelles eybertélévisions. Le rez- télévisions en ligne. Sans filtre préalable, ni montage tème : comme cet incendie mortel dans un dortoir de de-chaussée, enveloppé dans une odeur de café, est sélectif. Une mini- révolution culturelle à l’heure de la filles, oü encore l’effondrement d’une mine de cuivre aménagé en « plateau ouvert » composé d’un studio dérive autoritaire du président Erdogan et du black- dans le sud-est du pays, deux catastrophes survenues équipé de deux caméras sur trépied, d’une cuisine à out sur les médias indépendants. « Avec la fermeture fin novembre et auxquels la cyberchaîne a consacré l’américaine et d’une salle de rédaction. À l’étage, en série des médias, notre espace d’expression est de des émissions spéciales. « Nous avons des programmes plus en plus restreint. H nous a fallu inventer d’autres quelques Pureaux, dont celui du rédacteur en chef, dédiés aux femmes, à l’économie, à l’écologie... Nous façons d’informer, trouver des chemins de traverse. Le Rusan Caker, un vétéran du journalisme d’investiga­ donnons également la parole aux professeurs Victimes Web est devenu notre nouvelle agora », confie Candan tion. Quand il lance la chaîne, il y a un an, à l’aide de de la purge post-coup. Interdits d’enseigner, ils dispo­ subventions internationales, l’idée consiste à créer un Yildiz, la reporter qui a immortalisé cette scène. sent de leur émission hebdomadaire sur WeBiz », pour­ média alternatif en surfant sur la vague des nouvelles suit Funda. Mais au terme « refuge », elle préfère celui technologies. Avec lè temps, c’est devenu un refuge Contourner la censure dé « plate-forme » ou « forum de discussion » pour Quelques jours plus tard, nous la retrouvons au café par défaut. « C’est un des rares médias où tu peux tra­ définir cet espace journalistique d’un nouveau genre. vailler en toute liberté » , avance Burak Tatari, 28 ans, Caribou, à deux pas de l’embarcadère des vapeurs qui « Un refuge soüs-entendrait que nous nous sentons en mettent le cap vers la rive asiatique. D’un bleu éme­ un des 20 journalistes de Medyascope. Il y a quelques sécurité. Or, ce n’est pas le cas. Nous savons que nous raude, le Bosphore tend ses bras aux pêcheurs et aux mois, le jeune homme a claqué la porte du magazine pouvons être inquiétés à tout moment », dit-elle. mouettes. Un sas de respiration, à l’orée d’une folle ac­ Tempo, après qu’une de ses enquêtes réalisée dans le tualité bousculée par l’attentat du club Reina, la nuit de Sud-Est, où les forces de l’ordre combattent la gué­ Guérilleros de l’inf ormation la Saint-Sylvestre, et le chahut politique qui secoue le rilla kurde du PKK, fut restée au marbre. Motif invo­ Dans un pays où le pouvoir s’attaque, pêle-mêle, aux pays depuis le putsch raté du 15 juillet dernier. Boucles qué par sa direction : sujet trop sensible. « Mon article partisans de FethüllahGülen (instigateur présumé du brunes sur pull-over noir, Candan Yildiz, 42 ans, a mis s’intéressait aux civils, notamment les enfants affectés coup d’État avorté), aux pro-Kurdes, aux voix criti­ ses lunettes vertes, couleur espoir. L’ex-joumalisté par la guerre, il ne prenait aucunement le parti du PKK. ques, la répression est sans limite. Et les formes d’in- d’IMC, une des dizaines de télévisions de l’opposition C’est dire à quel point les médias s’autocensurent par timidatdon aussi. Quand ils ne sont pas forcés de met­ », dit- réduites au silence depuis l’été, est une des cofondatri­ crainte d’être taxés de “soutien au terrorisme” tre la clef sous la porte, les médias dissidents-sont il. Aujourd’hui, Burak anime une émission d’actualité ces de HaberSIZsiniz. En turc, le titre - qui se lit com­ soumis à un filtre sur l’Internet et subissent, pour me un jeu de mots - signifie ; «Vous êtes sans informa­ quotidienne. Intervention turque en' Syrie, crise éco­ beaucoup, une asphyxie financière faute de pouvoir nomique, réforme de la Constitution... Aucun thème, tion » ou « Vous êtes l'information». Son logo est un vendre des espaces publicitaires aux annonceurs, de aussi « chaud » soit-il, ne lui échappe. Il lui est ironi­ téléviseur retenu par deux chaînes. « Nous avons lancé plus en plus frileux. Pour continuer à faire leur métier quement très facile d’inviter sur son plateau des ex­ HaberSIZsiniz üy a deux mois pour défendre le droit de la - souvent sous-payé, voire non payé -, ces nouveaux population à être informée », explique la reporter. Elle perts de renom, surtout lorsqu’ils sont « blacklistés » guérilleros de l’informatioH - c’est ainsi qu’ils se sur­ ajoute ; «Depuis cet été, 177 médias ont étéfermés et plus dans les médias officiels. « Ici, tous les intervenants nomment entre eux - cumulent les mi-temps ali­ d’une centaine de journalistes emprisonnés. La plupart sont les bienvenus. Contrairement aux grosses télévi­ mentaires. « L’avantage, c’est que nous ne dépendons des chaînes autorisées parlent d’une seule voix. Il estfon­ sions, nous n’avons pas les moyens de leur payer létaxi. de personne. Nous n’avons paradoxalement jamais été damental de continuer à donner à voir, pour que la Tur­ Mais nous leur offrons du café, et surtout la possmiUté aussi libres », ironise Candan Yildiz, de HaberSIZsi­ quie ne se transforme pas en trou noir de l’information. » de s’exprimer !», rigole-t-il, espiègle. La recette est niz. Sa seule réserve concerne son audience. « Nous Restait à inventer un concept, afin de contourner la payante : quelque 20 000 cyberspectateurs regardent attirons chaque jour de nouveaux visiteurs. Mais à censure à moindre coût. L’option du Web, et plus quotidiennement Medyascope - dont la page Twitter l’échelle de la population turque, c’est dérisoire. Notre précisément l’application Periscope - étrennée lors compté près de 50 000 abonnés. travail a-t-ü un réel impact sur le public ?» , s’mterro- des manifestations antigouvernementales de Gezi, en Combler les silences, éclairer les zones d’ombre, ge-t-elle, À l’heure où d’autres confrères choisissent 2013 - est retenue : pas besoin de payer une fréquence c’est aussi l’objectif de Funda Tasun, À 38 ans, cette l’exil, elle s’obstine pourtant à rester en Turquie, fai­ sur le satellite ou de louer des faisceaux pour faire des anoienne de la télévision privée IMC a récemment sant sien le slogan de HaberSIZsiniz : «Nous continue­ interviews en duplex. « Il suffit d’un cellulaire et d’une lancé WeBiz avec un ex-collaborateur. « Informer, rons à informer tant qu’on nous ne retirera pas notre bonne connexion Internet », précise la journaliste, bé­ téléphone portable. » Çette phrase avait été initiale­ névole à l’instar de toute l’équipe. Fin octobre, le coup Il est fondamental de continuer à donner à ment prononcée par une de ses consœurs, lors de la d’envoi est donné, avec une première émission diffu­ T voir, pour que la Turquie ne se transforme fermeture de la télévision IMC. C’est aujourd’hui de­ sée en direct d’un café d’Ankara; Depuis, des studios pas en trou noir de l’information f venu le « mantra » des cyberjoumalistes turcs. ■ télé s’improvisent un peu partout : dans les locaux CANDAN YILDIZ, journaliste cofondatrke de la télévision en ligne habersizsnz

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January 25, 2017 Syrian opposition calls Kurdish YPG fighters ‘terrorists’, regime rejects federalism

By: Wladimir van Wilgenburg | January 25, 2017 aranews.net/

yrian Kurdish groups were not impressed by Sstatem ents of the Syrian opposition calling for the listing of the YPG and PYD as terrorist groups, and the regime delegation rejecting federalism in a statem ent during the Astana talks that ended on Tuesday.

The Syrian regime and the opposition failed to reach a solution to the six-year-long war, and only Russia, Iran, and Turkey said they reached an agreem ent to fight ISIS and Nusra and to reinforce a truce. This while clashes broke out Tuesday between rival rebel groups in Syria’s northwestern city of Idlib.

Kurdish politicians say any talks that do not include the Kurds or recognise federalism as a solution in Syria “would fail”.

Mohammed Alloush, the head of Jaysh al-Islam , a group that used Alawite civilians as human shields while holding them in cages in Damascus, called for the listing of the Democratic Union Party (PYD) and the People’s Protection Units (YPG) as terrorists.

Aldar Xelil, a leading member of the PYD-affili- ated TEV-DEM (Movement for a Democratic ISIL [ISIS] inside Syria,” State Departm ent “Flowever, I believe the biggest enemy of Society) on Tuesday criticized the Kurdish spokesman John Kirby has said. Kurdish autonomy is Turkey and the Syrian National Council (KNC) -w hose representatives Islam ist rebels, not the regime in Damascus. Moreover, Bashar Jaafari, the regime delegation’s Abdulhakim Bashar and KNC and Yekiti head They are similar to the Iraqi Sunnis who opposed leader in the negotiations, said that the Syrian Ibrahim Biro participated as part of the opposi­ federalism for Kurdistan after 2003,” Sido told Kurds are against federalism and said that those tion’s delegation- for being silent during the A R A N ew s. Kurds who dream of federalism “need Panadol speech of the opposition delegation’s head and Advil:. n Saturday, the Kurds held their own talks A llo u sh . about a solution for Syria. During the confe­ ccording to the Syrian state agency SANA, “We are fully aware that Alloush and other rebel rence on the project of a Democratic Federation fafari said federalism would be decided “by leaders are being backed by Turkey, thus they A of Northern Syria, Kurdish, Arab, and Syriac poli­ all Syrians and not decided unilaterally by a sin­ use a sim ilar discourse describing Kurdish fight­ ticians said they would not abide by any deci­ gle component of the Syrians”, adding: “Such ers as terrorists. But the YPG are fighting terror­ sions made in the Astana negotiations. ideas, even one as crazy as federalism, must be ist groups such as Daesh [ISIS] and Nusra [Jabhat put to democratic vote, but it’s completely unac­ Speaking at the seminar, Foza Yousif, the newly Fateh al-Sham ], with US support, so they are not ceptable for a group of people to decide to create appointed co-chairwoman of the Executive terrorists,” Syrian Kurdish politician Zara Salih a statelet and call it federalism.” Council of the Democratic Federal System of told ARA News. Northern Syria, said that the negotiations for the In an immediate response to Jaafari’s statem ent, “The Astana m eeting was only for a ceasefire Syrian crisis have not succeeded because the several Kurdish parties made clear that the deal between Russia, Iran and Turkey, nothing democratic circles have not been invited to the Kurds in Syria support federalism. except that. Even the Syrian opposition and ta lk s . regime did not sign anything on the last day of “This was the second time for Jaafari to Moreover, the YPG and the US-backed Syrian the talks [Tuesday],” he said. announce the regime’s opposition to federalism. Democratic Forces (SDF) said they will not abide First time he suggested that Kurds should take amal Sido, a consultant for the Society for by any decision taken in Astana. Panadol pills instead of federalism. Today, he Threatened Peoples (STP), told ARA News K advised us to take stronger m edicine like Advil,” “We stress that the crisis in Syria will reach a that Turkey was m ost likely behind Alloush’s Salih sarcastically said. solution with democratic projects, fraternity of demand to list Kurdish groups as terrorists. “I the peoples and Democratic Autonomy,” the YPG think that is what Turkey demands, but it’s very “The best answer to Jaafari and to the Syrian said in a statem ent on Tuesday. difficult for Turkey to realize this demand,” he opposition is an ‘independent Kurdistan’ in sa id . Syria, and it will be the best solution for all “Since we have not been invited to the Astana Syrian people,” Salih told ARA News. talks, the decisions made there will not be bind­ The US earlier made clear that they don’t see the ing for us in any way. Those decisions are only YPG as a terrorist organization, and the new US “I think the regime in Damascus, the Islamists valid for the participants in the Astana m eeting,” Secretary of State called the Syrian Kurds “the and Turkey have the same position on the ques­ the YPG concluded. ♦ greatest allies” in the fight against terrorism. tion of autonomy or federalism. They are against autonomy for Kurds, but the Kurds want federal­ “We don’t consider the YPG a terrorist organiza­ ism,” Dr. Kamal Sido said. tion, and they have proven successful against

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r e l î l û E i f e 18 JANVIER 2017

Pouvoirs illimités pour Dix-huit articles de la Constitution ont été modifiés, le président turc Erdogan de façon que le président La réforme controversée adoptée par le Parlement doit devienne encore être approuvée par référendum au printemps le maître absolu du pays

ISTANBUL - correspondante buant coups de poing et de pied, se jetant des chaises à la tête, détrui­ e Parlement turc a adopté sant le perchoir. Un élu AKP a les amendements consti­ même été mordu à la jambe. tutionnels qui donnent Aux yeux de IM P, la présidentia­ au président Recep Tayyip lisation du système est un gage de LErdogan des pouvoirs illimités. stabilité dans la période troublée Approuvés en première lecture di­ que traverse le pays - purges, crois­ m anche 15 janvier, ces amende­ sance économique en berne, dé­ ments feront l’objet d’une seconde préciation continue de la mon­ lecture, à partir de mercredi, avant naie, attentats à répétition, guerre d’être soumis à un référendum, au contre l’organisation Etat islami­ mois de mars ou avril. que et contre les rebelles kurdes du La réforme m odifie de fond en Parti des travailleurs du Kurdistan comble le système politique hérité (PKK), conflit en Syrie. en 1923 de Mustafa Kemal, dit Ata­ Des députés turcs en sont venus aux mains, le 12 janvier, à Ankara, L’opposition y voit en revanche türk, le fondateur de la Turquie r e u t e r s lors d’un débat sur le projet de réforme constitutionnelle, un effet de la dérive autoritaire du moderne, en instituant un régime chef de l’Btat, doté de pouvoirs illi­ présidentiel sans contre-pouvoir. plume, en convoquant de nouvel­ efficace», s’est félicité le vice-pre­ mités. «Même Atatürk n’én avait Dix-huit articles de la Constitution les élections. mier ministre, Numan Kurtul­ pas autant», a fait rem arquer Ke­ ont été modifiés, de façon que Privée de réels pouvoirs, la nou­ mus, sur son compte Twitter. mal Kiliçdaroglu, le président du M. Erdogan devienne le maître ab­ velle Chambre verra malgré tout le Le poste de prem ier m inistre, Parti républicain du peuple (CHP, solu du pays. nombre de ses députés àugmen- ■ jusqu’ici détenteur du pouvoir la formation fondée par Atatürk). ter, passant à 600 au lieu de 550 ac­ exécutif en Turquie, est aboli. Bi- Le CHP et le Parti démocratique Au pouvoir jusqu’en 2029? tuellement. L'âge minimum des nali Yildirim, l’actuel possesseur des peuples (HDP, prokurde) se élus a été abaissé de 25 à 18 ans. Il Selon les amendements adoptés, du titre, s’en est félicité. «Je suis un sont résolument opposés au pro­ s’agit de créer un ascenseur social le président pourra rester à la tête marin et je peux vous dire que deux jet, accusant M. Erdogan de profi­ pour les jeunes, nombreux à mili­ de son parti politique une fois élu. capitaines pour un même navire, ter de l'état d’urgence actuelle­ C'est lui qui nommera et révo­ ter dans les rangs du Parti de la jus­ c’est le naufrage assuré. Il faut un ment en vigueur pour s’arroger quera les ministres. C’est lui qui tice et du développement (AKP), la seul capitaine en action », a déclaré tous les pouvoirs. formation islamo-conservatrice choisira son ou ses vice-prési- ce proche compagnon de M. Erdo­ Cette réforme «va rendre au Pa­ dent(s). La séparation des pouvoirs au pouvoir. La durée du mandat gan, ingénieur naval de formation. lais les pouvoirs retirés au sultan ot­ présidentiel est fixée à cinq ans, le n’est plus de mise, car c’est le prési­ Adoptée grâce au soutien du toman » il y a un siècle, a ainsi es­ président est autorisé à exercer dent qui dorénavant désignera les ..Parti d’action nationaliste (MïÏP, timé Bülent Tezcan, député du juges, notam m ent 12 des 15 juges deux mandats au maximum. ultranationaliste) qui dispose de CHP, qui dénonce «la dictature de la Cour constitutionnelle, habi­ Elu président en 2014, après trois 39 sièges au Parlement, la ré­ d’un seul homme». Nombreux litée, entre autres, à se prononcer mandats à la tête du gouverne­ forme constitutionnelle a suscité sont les députés d’opposition per­ sur la destitution du président. ment en tant que premier minis­ 'bien-dés remous dans ses rangs. suadés que cette réforme ramène Désormais, le Parlement n’est tre, le «grand homme» (l’un des Un vent de fronde s’est levé, re­ la Turquie au niveau d’une dicta­ plus qu’une chambre d'enregistre­ surnoms de M. Erdogan) pourra se mettant en cause l'autorité déjà ture ordinaire de type moyen- ment. Le président peut aisément maintenir à la tête du pays jus­ bien érodée du chef du parti, De- le contourner, en gouvernant par qu’en 2029. «Grâce à Dieu, la Tur­ oriental. «Nous assistons à un vlet Bahçeli. coup d’Etat civil. Si le putsch raté décrets. Il peut l’abolir d’un trait de quie sera gouvernée de façon plus Yusuf Halaçoglu, vice-président [du 15 juillet 2016] avait réussi, du MHP, a ainsi déclaré qu’il vote­ nous aurions eu à peu près la même rait contre le projet constitution­ chose que ce à quoi nous assistons Istanbul: l’auteur présumé de l’attentat nel, critiquant la perte de souverai­ aujourd’hui », â déclaré la députée du réveillon arrêté neté du Parlement. Pour ramener HDP Meral Bestas. les ultranationalistes à la raison, L’auteur présumé de la fusillade du Nouvel An dans une discothè­ Le mécontentement existe 1ÀKP a menacé de convoquer de aussi dans les rangs de TAKP. que stamboqliote a été capturé, lundi 16 janvier à Istanbul, après nouvelles élections législatives. deux semaines de recherches, ont annoncé les autorités. Selon Ainsi, Sami Selçuk, ancien prési­ Cette menace a suffi à rétablir la l’agence officielle Anatolie, le suspect de l’attaque qui a tué 39 per­ dent de la cour d'appel et sympa­ discipline dans les rangs. sonnes, identifié comme Abdulgadir Masharipov, a été arrêté aux thisant de longue date du camp islamo-conservateur, a qualifié la côtés d’un homme d’origine kirghize et de trois femmes originaires « Coup d’Etat civil » d’Egypte, du Sénégal et de Somalie, dans le quartier d’Esenyurt, réforme, dans une tribune pu­ Dans la nuit du mercredi 11 à jeudi bliée par le 10 janvier, lors d’une vaste opération policière. «Je félicite notre police, qui a Cumhuriyet 12 janvier, des députés en sont de «dangereuse», m attrapé l’auteur du massacre d ’Ortakôy», a déclaré le vice-premier même venus aux mains, distri- ministre turc, Numan Kurtulmus, sur son compte Twitter. M A R I E J É G O

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lü M IT l 18 JANVIER 2017 Les forces irakiennes ont "libéré" la partie est de Mossoul

A FP, le 18/01/2017 le général Yahya Rasool, porte- www.liberation.fr/ parole du commandement conjoint des opérations qui coordonne la a partie est de Mossoul a été lutte contre l'EI en Irak, a affirmé à L"libérée" par les forces ira­ l'AFP qu'il y aurait encore des com­ kiennes trois mois après le début de bats dans l'est dans les jours qui la vaste offensive pour reprendre la viennent. "Il y a des quartiers (de deuxième ville d'Irak au groupe Etat l'est de la ville) qui sont encore en islamique (El), ont affirmé mercredi train d'être libérés et cela pourrait des responsables militaires. encore prendre quelques jours", a-t- il indiqué. Le général Talib al-Sheghati, qui dirige les unités d'élite du contre- ohammed Hayal, un habitant terrorisme (CTS), a annoncé "la Mdu quartier Al-Arabi dans le libération (...) de la rive gauche", en nord-est de cette zone, a d'ailleurs référence à la partie est de la métro­ indiqué à l'AFP que "des combat­ pole du nord de l'Irak, coupée en tants de l'EI étaient toujours pré­ deux par le fleuve Tigre. sents et tiraient des obus de mor­ tier". Un membre des unités d'élite irakiennes du contre-terrorisme "Les secteurs importants" de l'est de célèbre leur succès, le 18 janvier 2017, à Bartalla à la périphérie est Mossoul sont désormais sous con­ Les forces irakiennes étaient entrées de Mossoul / AFP trôle et il ne reste que quelques dans Mossoul en novembre avant de jihadistes à déloger, a-t-il expliqué progresser lentement face à la résis­ lors d'une conférence de presse à tance acharnée des jihadistes. Elles Bartalla, près de Mossoul. ont finalement réussi à atteindre le Les forces irakiennes reprennent l’est de Mossoul Tigre début janvier. Cette annonce marque une étape Quartiers Contrôlés par l’armée irakienne BAGDAD importante dans la bataille de Des responsables irakiens et améri­ Quartier Hadba ■ Disputés Mossoul, lancée le 17 octobre avec cains ont affirmé que la résistance Partie la plus IRAK l'objectif de reprendre la dernière de l'EI s'était étiolée ces dernières •••• Défenses élevée de la ville de l ’EI renforcées grande ville contrôlée par les semaines et que ses attaques suicide X Ponts jihadistes en Irak. à l'aide de camions bombes étaient endommagés Cette opération de grande envergure moins efficaces. implique des dizaines de milliers de Hôtel de Ninive • combattants des forces irakiennes et Mais l'EI a mis en place des défenses Un des QG de l’EI • kurdes, appuyés par la coalition "parfois plus importantes" dans Université internationale antijihadistes menée l'ouest que dans l'est, a expliqué le Quartier de Tammouz Ruines par Washington. colonel Brett Sylvia, qui commande Fief historique des jihadistes de Ninive 1.700 conseillers militaires améri­ Vers la Syrie • • X • Grande L e Premier ministre Haider al- cains détachés en Irak. mosquée Plus grand hôpital de la ville x Abadi a salué "les efforts de ces Vieille ville • braves forces" qui "ont réussi à Les combats dans Mossoul sont ren­ Stade • a x X " V dus difficiles par la présence des Grande mosquée mener à bien la stratégie pour net­ d’AI Nouri v / toyer la rive gauche". habitants, qui étaient estimés à env­ . • • • O iron deux millions avant la prise de 0 Hôpital Al-Salam 2014 la ville par l'EI. Environ 150.000 La perte de Mossoul en juin %* personnes ont été déplacées par les avait représenté une véritable V humiliation pour l'armée irakienne, combats depuis trois mois selon l'ONU. Ancienne base militaire balayée par l'offensive éclair lancée Nombreuses collines au sud par l'EI, qui y avait ensuite auto­ Vers Bagdad proclamé un "califat". ans les quartiers repris, la vie a Le groupe ultraradical sunnite con­ Dcommencé à reprendre son Sources : ISW. Stratford, bureaux AFP. mops4news.com/cHERC OAff trôle toujours la partie ouest de cours même si les services de base Mossoul, où se trouve notamment la n'ont pas été totalement rétablis. "La Mossoul, mais ils jugent que l'issue vieille ville, un entrelacs de ruelles sécurité est revenue, les boutiques de la bataille ne fait pas de doute. Dans la Syrie voisine, la lutte contre impossibles à naviguer pour des du marché ont rouvert et les clients l'EI se concentre autour de son fief véhicules militaires. C'est dans cette sont là", s'était réjouit Haj Fawzi, un "Mossoul est effectivement encer­ de Raqa, cible depuis le 10 décembre partie, un peu plus petite que l'est, boucher interrogé la semaine der­ clée et l'EI n'a d'autre choix que de d'une offensive d'une alliance arabo- que les jihadistes sont les mieux nière dans le grand marché d'Al- se battre ou de se rendre", souligne kurde soutenue par les Etats-Unis. ♦ implantés. Zahraa. Omar Lamrani, expert au groupe de afp réflexion Stratfor. Mais, prévient-il, - RÉSISTANCE AFFAIBLIE - Les experts prévoient une courte "cela ne signifie pas que la reprise de suspension des opérations militaires Mossoul va entraîner la fin de cette Malgré l'annonce de la "libération", après l'offensive sur l'ouest de insurrection".

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\ l l u n l i c u January 25, 2017

providing security as communities attempt to rein­ tegrate. “Security is paramount and without secu­ rity you cannot go on,” Governor Karim said. Ail Why Iraq Needs the Oil of this is dependent upon Iraqi petrodollars.

Catastrophe is avoidable, however. Dr. Ashdi Hawrami, the K RG ’s Minister for natural Taking it, as Donald Trump resources, emphasized his commitment to cooper­ has mused about doing, is ation with Baghdad. “There is no question that we will be having a dialogue and cooperation,” he not only illegal—it would said. Iraqi Prime Minister Haider al-Abadi will tear the country apart. need to take a firm hand with the Kurds ahead of upcoming Iraqi elections, but he has a good rela­ tionship with the KRG. And all parties agree that a Jack Watling / Jan 25,2017 break in relations would spell mutual disaster. https ://w w w.theatlantic .com It is into this delicate situation that Trump has n his first full day in office, Donald Tmmp pitched himself, without apparent regard to the Ostood before the CIA’s Memorial Wall, which consequences. That his threat to strip Iraq of its oil commemorates the agency’s fallen officers, and survived his transition into the White House railed against the media, boasted about the size of candid Qubad Talabany, the deputy prime minister demands careful consideration of what the propos­ of the Kurdistan Regional Government (KRG), his inauguration-ceremony crowd, and took the al could actually entail. The U.S. military would said the government’s monthly operational deficit opportunity to restate his conviction that “we not, as Trump has suggested, occupy Iraq to over­ was over $460 million by the beginning of 2016. should have kept the oil” in Iraq—a reference to see the illegal extraction of crude from its oil Kurdish civil servants, and even the peshmerga, fields, which are dispersed across the country. But America’s apparent failure to claim the country’s have gone without pay for months as the govern­ in light of Trump’s other stated priorities that does fossil fuels as its own following the 2003 invasion ment has sought to slash salaries. One peshmerga not mean he will not move to try and extract and subsequent war. “Maybe we’ll have another commander told me he could barely afford to money from Baghdad. He could seek to deliver on chance,” he mused, drawing laughter, reportedly replace his men’s threadbare shirts. The KRG is his suggestion that Washington should “reim­ from his own staffers in the room. But there is also months behind on payments to the oil compa­ burse” itself for some of the costs of its military nothing amusing about Tmmp's proposal, origi­ nies operating within its borders. operations in Iraq by negotiating Iraqi payments in nally aired on the campaign trail and dismissed as crude for America’s substantial provision of arms, something between a pipe dream and a war crime. B ut the economic outlook for the Kurds could training and direct military assistance. improve this year, thanks in part to an oil deal Trump’s nonchalant re-airing of the idea betrays a struck with Baghdad in August 2016 that allows O r he could just push the Iraqi government to dangerous ignorance of Iraq’s petro-politics, oil to be exported from the field in Kirkuk and award favorable contracts to American com­ which for years has both bound the country togeth­ splits the resulting revenues evenly between panies like ExxonMobil, whose former CEO Rex er and threatened to tear it apart. Petrodollars Baghdad and the KRG. When ISIS routed the Iraqi Tillerson has just been confirmed as secretary of underpin the Iraqi economy, but as the country army from Mosul in 2014, Kurdish peshmerga state. Tillerson’s previous escapades, of course, struggles to fund the war against the Islamic State, moved to protect Kirkuk from the militants. In present a cautionary tale. Under Tillerson, it has none to spare. Trump’s threat strikes at some doing so, the fighters also took control of Iraq’s ExxonMobil purchased oil rights to land blocks of the most sensitive political fault lines in the country. And if he follows through, it may prove largest oil field. The ensuing dispute with Baghdad controlled by the KRG in 2011—a deal that detrimental, not just to Iraq, but to two of Trump’s saw oil exports from the field stop completely, directly challenged the authority of the Iraqi other stated policy objectives: defeating ISIS and until last August’s oil sharing agreement. government and was partially responsible for an supporting the Kurds. armed stand-off between the Iraqi army and the But the deal was thrown into doubt by OPEC’s Kurdish peshmerga. Baghdad's control of Iraq’s provinces is, in part, surprise decision last November to cut production based on its custodianship of the country’s in a bid to drive up sagging global oil prices. Iraq, Tillerson’s record of aggressively asserting corpo­ petrodollars, with the oil sector contributing up to as a member of OPEC, received a quota that rate interests into decidedly thorny diplomatic cli­ 99 percent of government revenue. The war capped its total exports, turning oil exports into a mates also reflects the lack of common purpose against ISIS, however, forced the government to zero-sum game between Baghdad and Erbil. Now among Trump’s team. James Mattis, Trump’s sec­ divert huge sums of money to the army, as well as any increase in exports for Baghdad will come at retary of defense, has a record of seeking to con­ to the salaries of 110,000 fighters from the Popular Erbifs expense, and with Baghdad desperately in front Iran’s growing influence in Baghdad. Mobilization Forces in November, in a bid to rein need of money for reconstruction and security in Destabilizing Iraq’s oil sector would weaken in Shia paramilitary groups. This siphoned much- territory liberated from ISIS, both sides are gearing Baghdad's hold on the country, thereby strength­ needed revenue from the provinces. up for a confrontation. “The basis for the good will ening Iran’s position. Trump has established a rep­ created by the oil sharing agreement is quickly dis­ utation for letting his staff compete, rather than “We have not received any petrodollars from appearing,” observed Michael Knights, a fellow at collaborate, and in Iraq this risks seeing the Baghdad since 2014. ... Baghdad owes us hun­ the Washington Institute. Pentagon and Foggy Bottom pursuing contradicto­ dreds of millions, and they owe Basra many times Trump’s threat strikes at some of the most sensi­ ry positions, just as tensions in Iraq reach their more,” Dr. Najmaldin Karim, governor of the tive political fault lines in the country. height. northern Iraqi region of Kirkuk, told me. It is the same all over the country, as Nisayf al- If cooperation between Baghdad and Erbil broke What is indisputable is that for Tmmp to wade into Khattaby, president of the provincial council of the down, disaster would ensue. The landlocked KRG this minefield demanding a cut would be destabi­ southern province of Karbala, explained. “We do depends on good relations with its neighbors in lizing. It would, as Edmund Burke once described not receive as much from the central government,” order to export oil. For the Kurdish economy to British efforts to recoup the costs of a foreign war al-Khattaby said. “The main problem is the weak thrive, the oil must flow. “You can’t go independ­ from the people of the United States, be “to tax economy; the budget assigned to us is smaller than ent when you’re bankrupt,” Talabany noted. A where no revenue is to be found,” and the result it should be.” As a result, Baghdad's authority has breakdown would also provide an opening for would be comparably volatile, destroying the fractured, as demands grow for federalization and ISIS. “How do we prevent [ISIS] rebuilding itself KRG’s relations with its neighbors, stripping the devolution of power to the provinces. under a new name?” asked Dr. Hanan al Fatlawi, resources from Baghdad's peace dividend and an Iraqi member of parliament on the foreign helping ISIS to prolong its insurgency. Petrodollars are particularly scarce in the Kurdish affairs select committee. “We have to rebuild the ♦ ♦ ♦ capital of Erbil. At the annual CWC Kurdistan- trust between the components of Iraqi society.” Iraq Oil and Gas Conference, held in London, a Post-liberation reconstruction is expensive, as is

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ajaaiaa)idaTM Sigin*M g»gii I January 26, 2017 Erdogan’s Further Consolidation Of Power Would Cement Turkey’s Demise With more than 20 ethnic and religious minorities, the further centralization of decision-making will only exacerbate the country’s ills.

Aykan Erdemir Former member, Turkish militants. Punishing the HDP for the PKK’s sins is Parliament; Senior fellow, Foundation for destined to backfire: The more Ankara pushes the Defense o f Democracies HDP out of the political system, the more disen­ Merve Tahiroglu Research associate, franchised Kurdish youth will turn to extremist Foundation for Defense o f Democracies groups like the PKK. Ja n . 26, 2017 http://www.huffingtonpost.com Erdogan and his far-right allies in Parliament are presenting the draft constitution to the public as the only solution to Turkey’s terrorism problem, he Turkish Parliament passed constitutional arguing that a powerful presidency is the best way Tamendments last weekend that could allow not only to help secure the country but also to President Recep Tayyip Erdogan to amass unpre­ resuscitate its economy. But further consolidation cedented power. Amidst terrorist attacks by the so- of power in one office and person is not what the called Islamic State and Kurdish militants, Erdogan makes a speech during the opening country needs. Ankara - paranoid of delegating Erdogan and his far-right allies are presenting the ceremony of Eurasia Tunnel in Istanbul. any authority to local governments - is crushed deal as a way out of chaos, promising that terro­ Dec, 20, 2016.Murad Sezer / Reuters under the burden of micromanagement. A 2013 rism will cease once the constitutional amend­ study shows that up to 60 percent of the cabinet ments are approved in the upcoming referendum decisions concerned real estate and zoning issues. in April. But with an 8o-million-strong population last quarter, in December, the economy contracted comprised of more than 20 ethnic and religious urkey’s politics and economy could benefit for the first time since 2009 - interrupting 27 minorities, the further centralization of decision­ Timmensely from subsidiarity by handling deci­ quarters of continuous growth. Even the Turkish making will only exacerbate the country’s ills. sions at the lowest possible level of competence. Statistical Institute’s highly questionable account­ Decentralizing a country as populous as Germany, ing failed to find a way to paper over the slip in With the proposed amendments, Erdogan seeks to and twice as large, would not only strengthen third-quarter economic indicators. As global mar­ consolidate all powers - executive, legislative and governance and boost the economy, but also pave kets reacted to news of contraction, Turkey’s five- judicial - in one office: his palace. The Parliament the way for the political and socio-economic inclu­ year bond yields hit 11.51 percent, the highest since will have little power to hold the president and his sion of Kurdish citizens and the resolution of inter­ the 2009 crisis. Meanwhile, the lira fell to 3.80 a cabinet accountable. Erdogan will also appoint necine bloodletting. Remedying gross inequality in dollar, a record low. two-thirds ofthe country’s most senior judges, fur­ regional income - which hits majority Kurdish ther undermining checks and balances in a coun­ areas hardest - requires more than generous urkey is caught in a downward spiral and try with the world’s worst record of press freedom. incentives and handouts. It necessitates effective needs an urgent reversal of its political and He will now be able rule by decree and even T governance that allows locals to partake in deci­ economic course. But leaders in Ankara are pou­ declare a state of emergency unilaterally. In short, sion-making and implementation. ring gasoline on the fire instead. Turkey - already one of the most centralized sys- This is easier said than done in a country where the In July 2015, the Turkish government’s peace talks public is highly skeptical about decentralization, with the outlawed Kurdistan Workers’ Party seeing it as a threat to the country’s national unity * Ankara - paranoid of delegat­ (PKK) ended after a two-year respite. More than and territorial integrity. The French, however, ing any authority to local govern­ 300 people lost their lives in resumed clashes since have proven with the 1982 Decentralization Act ments - is crushed under the bur­ then. But Ankara’s response has been to crack and 2003 constitutional amendments that the uni- down not only on the PKK but also on the pro- den of micromanagement. » Kurdish Peoples’ Democratic Party (HDP). Incidentally, the HDP - formerly a fringe party — * An overly centralized polity, a became Turkey’s second largest opposition last terns in the world - will turn into an over-central­ weak legislature and Erdogan's June, a success hinged on its vociferous opposition ized regime. authoritarianism have brought to Erdogan’s presidential designs. Turkey to the brink. » Turkey’s political instability, chronic security In the run-up to the constitutional debates in problems and economic volatility have as much to Parliament last month, Turkish authorities do with power-hungry leaders as with the burdens detained hundreds of HDP local executives coun- of top-down and undelegated policy-making. For a tary state model - which the Turks hold dear - can country already marred by economic slowdown go hand-in-hand with decentralization. Moreover, and secular-Islamist polarization, at the brink of * Decentralization would the Council of Europe’s Charter of Local Self- civil war with its Kurds, over-centralized rule is the strengthen governance, boost the Government, which Turkey has been party to for worst course to follow. nearly three decades, provides a roadmap for del­ economy and improve inclusion of egating power to local authorities. Turkey entered 2017 with a devastating, ISIS- Kurdish citizens. » claimed attack at an Istanbul nightclub that killed Turkish voters will head to the polls in April for at least 39 people. But the jihadists are but one possibly the most consequential referendum of group that has been targeting the country. In their lives. An overly centralized polity and a weak trywide. As of today, 11 HDP lawmakers, including December alone, Kurdish militants conducted two legislature unable to hold the executive account­ the party’s co-chairs, Selahattin Demirtas and suicide bombings in Istanbul and another in cen­ able, combined with Erdogan’s reckless and Figen Yuksekdag, are in jail. After vandalizing the tral Turkey, killing 58 citizens. Between ISIS and authoritarian style, are exactly what have brought HDP’s Istanbul headquarters, the police also Kurdish militants, there have been more than 30 the country to the brink. Any steps towards de jure spray-painted threatening graffiti on the walls. bombings over the past year and a half. one-man rule would only accelerate Turkey’s Such retaliation, reminiscent of the extrajudicial downward spiral. ♦ methods of Turkey’s “Dirty War” against Kurdish The economy is suffering, too. Despite a whopping insurgents in the 1990s, only alienates moderate 24 percent increase in government spending in the Kurds while also playing right into the hands of the

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International jNelu Jîork finies J a n u a r y 2 7 ,2 0 1 7 Inside look at war in Mosul

MOSUL, IRAQ

Times photographer faces ISIS militants who are ready to fight to the death

BY IVOR PRICKETT After three months of fighting, the battle to retake Mosul has entered a new chap­ ter, but the Islamic State group’s vast ar­ senal of car bombs and suicide vests is far from spent and most of the civilian population is still trapped. By last Friday, the government forces had pushed the militants across the Ti­ gris River, which divides the city. With a partial victory in sight, a small group of journalists was invited by the govern­ ment to report from the besieged city. The mood among the troops was mostly celebratory: The Islamic State An Iraqi special forces unit clearing an area near an unfinished mosque in A1 Thaqafa was on the run. But the fighting was far neighborhood of Mosul. The unit faced Islamic State booby traps, gunmen and, from over, and the danger still all too perhaps scariest of all, suicide car bombers. real. On the other side of the Tigris — just a few hundred yards away and home to 750,000 people — the militants missile fired by a coalition warplane and were still in control. the car exploding. I was embedded with a special forces At one point, a suspicious car was re­ unit, led by Staff Col. Muhanad Saad. ported nearby and heading straight for These soldiers are among the Iraqi our position. Army’s best troops. They faced Islamic The bomber had broken through a State booby traps, gunmen and, perhaps line of parked cars, intended to stop just scariest of all, suicide car bombers. At such an attack, and detonated his explo­ one point, the troops pointed their rifles sives. The fireball destroyed two skyward to shoot down an ISIS drone Humvees and injured four soldiers. carrying an explosive payload. The bomb shattered nearby windows, As our convoy of tanks, armor-plated left a crater the size of a boulder, and bulldozers and Humvees snaked threw burning pieces of the vehicle into through the city, small groups of com­ the first floor of a nearby house. airstrikes at the end of last year. mandos peeled off to search houses in Slowly, residents emerged from their Utilities like running water and elec­ which they believed militants were hid­ homes to greet and thank their libera­ tricity are nonexistent in many districts, ing. Fearing booby traps, they moved tors. Visibly pale and wan, presumably and the city lacks basic medical care. carefully through buildings, peering from spending days indoors away from As the battle moves west, humanitar­ into cupboards and behind couches, al­ the fighting, men warily peered from ways careful not to move anything that their homes’ front gates, while the wom­ ian organizations are worried about the could trigger a makeshift explosive. en and girls inside waved and cried out. 750,000 people still under Islamic State The militants who remained in eas­ Much of the soldiers’ work was slow control in the western half of the city. tern Mosul were there to fight to the going. Clearing houses, room by room. Although Iraqi forces and coalition death. Slowly, the soldiers picked off Or searching the huge, unfinished airstrikes have tried to avoid civilian fighters, one by one. The body of one mosque in A1 Thaqafa neighborhood. casualties, there is no avoiding the fact fighter was found sprawled in the gated Several military snipers took up posi­ that this fighting is taking place in a driveway of a home on a leafy street in tions on the balconies of the once-luxuri- heavily populated urban environment. the upscale Andalus neighborhood. His ous Nineveh International Hotel. From One man, Khalid Mohammed Qassim, dusty, mangled body was at odds with there they could look across the Tigris. 42, wanted to check on the flour factory what still was a beautiful and serene Many of thé residents able to leave where he had worked for 15 years as a part of the city. have sought refuge at the camps on the driver. While walking, he and his 16- A boy, no more than 10, appeared from edge of Nineveh Province and in Iraqi year-old son, Zaid Khalid Mohammed, the house next door and hardly gave the Kurdistan. were killed when they were struck by a macabre scene on his doorstep a second The humanitarian situation in eastern roadside bomb, Mr. Qassim’s nephew glance. Mosul is dire. Most aid organizations said. Though much of the worst fighting have avoided the front lines because of They were buried together in a ceme­ was over, the soldiers were still on alert security concerns. tery in Gogjali, a suburb, where the for suicide car bombers, a fear well Thousands of people have fled eas­ gravediggers say they bury about 10 founded. Occasionally, a radio would tern Mosul as the fighting has intensi­ people every day. crackle with news that a car bomber had fied and the front lines have shifted. All As fighting spreads to the western been spotted nearby. After a few tense five of the Tigris River bridges that con­ half of the city, they said, they will soon minutes, we would hear the sound of a nected the city were destroyed in be busier.* 68 Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ozeti

i a c r o . x « A v a n t j a g u e , , ^

50 km ;__ Turquie ( K o b a n é 1 PW 5 1 à Kobané, Alep O Rakka Homs SYRIE ° O Liban Palmyre » Irak j'allais à l'école ■ D am as Israël

ÆM Jordanie □ =— Détruite à 70 % pendant l’hiver2014-2015, la ville syrienne, située à la frontière turque, est devenue en deux ans le symbole de la lutte du peuple kurde contre Daech.

Kobané (nord de la Syrie) Correspondance particulière Routes défoncées, bâtiments criblés d’impacts, Kobané est en ruine. Certains immeubles, entiè- remeiit détruits; sont les témoins immobiles de l’effroyable bataille qui s’est tenue dans cette ville Ousman vend desfalafels pour faire vivre sa fam ille pendant que ses amis sont en classe. Chris Huby/Ie Pictorium kurde du nord de la Syrie. C’était en 2014, quelques mois après la plus de 70 ans, raconte : « J ’ai fille de 40 ans portant son bébé proclamation, par Abou Baker perdu six membres de ma famille La région vit sous blocus dans les bras, l’assure : « Nous sur­ Al Baghdadi, du califat à Mossoul. pendant les combats. Mon fils qui depuis des mois. D’un côté, vivons grâce à mes deux fils de 14 et Daech, alors au fait de sa puis­ possédait deux diplômes universi­ la frontière avec la Turquie de 17 ans. Le cadet travaille dans sance, attirait des combattants taires est tombé en martyr. » est délimitée par un mur un restaurant pour3 000 livres sy­ étrangers par milliers. Mustafa Hassan, « vieillard » de construction récente. riennes hebdomadaires (6 €), l’autre En septembre, Daech assiège de 75 ans qui enchaîne frénéti­ De l’autre, la frontière avec est ouvrier sur les chantiers lorsque Kobané et contraint ses habitants quement thés et cigarettes, ra­ le Kurdistan irakien, à l’est, son patron peut s’approvisionner en à fuir en Turquie. Quelques cen­ conte sa fuite en Turquie : « Nous est ouverte sporadiquement. matériaux de construction. » taines de combattants kurdes des avons été entassés dans des camps Dans un restaurant situé face au unités de protection du peuple de l’autre côté de la frontière. Cela « carré des martyrs de Kobané », (YPG), armés et entraînés par le a duré un an. Nous étions heureux gouttes. La situation n’avantage Ousman cuisine des falafels à la PKK (Parti des travailleurs du Kur­ de rentrer chez nous, mais la ville que les contrebandiers et profi­ ch aîn e. « J e travaille dix heures distan de Turquie), font face, bé­ était complètement détruite. Il y teurs de guerre. « Chaque famille par jour, six jours par semaine. néficiant du soutien aérien décisif avait des cadavres partout ainsi a dû reconstruire sa maison par Avant la guerre, j ’allais à l’école. de la coalition internationale. Les que des explosifs. Chez nous, il ne ses propres moyens. Les prix sont Tous mes amis sont en classe en ce F16 américains bombardent sans restait plus rien. Même ma moto inaccessibles. Un sac de ciment moment. Moi, je n’ai pas le choix, relâche les positions djihadistes. avait disparu. » coûte 2 500 livres syriennes (5€)et je dois travailler car ma famille n’a Près de 4 0 0 0 de ses com battants La région vit sous blocus depuis le kilo d’acier 165 livres (0,30 €). Les pas d’argent. » auraient été tués pendant la ba­ des mois. D’un côté, la frontière politiciens corrompus sont respon­ Kobané vit ainsi, entre cicatrices taille. Le siège prend fin au bout avec la Turquie est délimitée par sables de cette situation. Certains et reconstruction. En juin 2015, plu­ de quatre m ois, le 26 janvier 2015. un mur de construction récente. en profitent pour faire monter les sieurs combattants de Daech en­ Kobané devient alors le symbole De l’autre, la frontière avec le Kur­ prix », peste Mustafa. trés en ville ont massacré 120 per­ de la résistance kurde. distan irakien, à l’est, est ouverte Il se souvient de la vie à Kobané, sonnes. «Depuis, les habitants ont Les portraits des martyrs sont sporadiquement. Les matériaux de avant la bataille. «Notre ville était acheté des armes », assure le jour­ affichés par centaines dans le construction et biens de consom ­ magnifique, mais aujourd’hui, nous naliste Jamal Bali. Les éntrées de la centre-ville. Sur un rond-point, mation pénètrent au compte- n’avons pas de travail. » Nahida, sa ville sont barricadées, les véhicules deux tanks déployés symétrique­ n’y pénètrent qu’après d’intermi­ ment trônent autour d’une impo­ repères régions où ils sont alliés avec nables contrôles. Des miradors se sante statue, transportée depuis les djihadistes de Fatah Al- dressent aux points névralgiques la ville kurde irakienne de Souley- Cham (ex-branche syrienne et une profonde tranchée encercle maniyé, à près de 800 kilomètres. Qui contrôle quoi en Syrie? d’Al-Qaida) -1 3 % du territoire. la cité pour em pêcher le passage Elle représente un combattant de véhicules-suicides. Le front est kurde ailé, vêtu de l’uniforme et L’armée syrienm contrôle Daechcontrôle toujours 33 % tout proche. des chaussures traditionnels des 34 % du territoire, notamment du territoire : dans l’est Deir Dans les cafés du centre-ville, com battants du PKK. les principales villes de Syrie Ez-Zor et la majorité de la fron­ les hommes écoutent les der­ Assis à proximité, keffieh noir et - Damas, Homs, Hama (centre) tière avec l’Irak, dans le nord nières nouvelles. Aujourd’hui, les rouge sur le visage, Ibrahim Has- etAlep (nord). Rakka et une partie d’Alep, Kurdes ont conquis deux villages à sap tém oigne. « Je suis resté à Ko­ dans le centre Palmyre. l’ouest de Rakka, à 140 kilomètres. bané pendant la durée du siège. Je Les rebelles, représentés par La guerre avance, kilomètre par ki­ n’ai pas fui en Turquie car notre une myriade de factions en ma­ Les Kurdes contrôlent 20 % lomètre. Deux ans après, Kobané terre est ici. » Entre deux ciga­ jorité d’inspiration islamiste, du territoire et les trois quarts n’est pas encore en paix. rettes, l’homme, qui assure avoir contrôlent - en comptant les de la frontière syro-turque. Matthieu Delmas

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LE FIGARO jeudi 26 janvier 2017 Turquie : la société de plus en plus fracturée Le débat sur la réforme de la Constitution et les attentats ont aggravé la polarisation du pays, déjà très clivé.

DELPHINE MINOUI :-i» goût I p h i m M in o u ! Dans une vitrine du quartier CORRESPONDANTE À ISTANBUL de la basilique Sainte-Sophie, à Istanbul, une affiche montre le président turc, Recep Tayyip MOYEN-ORIENT C’est une rue en pente Erdogan, coiffé du slogan qui part de l’avenue Istiklal, un des « Une nation, un drapeau, poumons touristiques d’Istanbul, pour un gouvernement, plonger en contrebas dans le Bosphore. patrie ». b u l e n t k i l i c a f p | Nichée sur la rive européenne, la rue Bogazkesen est de ces espaces méli- mélo qui font le charme de F ex-Cons­ tantinople : s’y côtoient, tout du long, petites cantines de quartier et restau­ rants bars branchés, épiceries et gale­ ries d’art, femmes en foulard et midi- nettes en minijupe. Un étonnant mariage entre deux quartiers : le tradi­ tionnel Tophane, soutien invétéré du président islamo-conservateur Erdo­ gan et de son parti, l’AKP, et le moder­ ne Cihangir, repère d’une bourgeoisie libérale plus encline à voter pour l’op­ position laïque du CHP (Parti républi­ cain du peuple). L’an passé, le fossé s’était déjà sérieü- « polarisation » du pays dans sa pre­ Pourtant, derrière l’unité en trompe sement creusé sur Bogazkesen. Au mière allocution postattentat. « Chacun l’œil de la rue « Coupe-gorge » (tra­ printemps, d’abord, quand une ving­ en Turquie est libre de vivre comme il duction littérale de « Bogazkesen ») se taine de jeunes du quartier avaient in­ l’entend », a insisté l’hom m e fort du cachent de profondes divisions, à terrompu de force le vernissage d’une pays. Dans le même discours, il n’a l’image de la polarisation croissante exposition, où les verres d’alcool pourtant pas pu s’empêcher de s’en d’une Turquié embarquée dans une spi­ avaient débordé sur le trottoir. Puis, à prendre à ses opposants libéraux. rale d’attentats et de tensions politi­ l’approche de l’été, lorsque en plein ra­ « Qu’ont-ils dit à propos des 56 person­ ques. « Il y a des valeurs qui ne sont pas madan, la clientèle d’un disquaire qui nes tuées à Gaziantep?», a-t-il lancé, en les nôtres et que nous ne saurons accep­ fêtait le dernier album de Radiohead référence à l’attentat du 20 août imputé ter : boire de l’alcool, afficher ostensible­ avait été insultée et délogée par une à Daech, survenu dans cette ville ment des décorations de Noël dans l’es­ bande du coin. À chaque fois, les habi­ conservatrice du Sud-Est. Avant pace public », prévient Aslan Gizel, un tants avaient, de paît et autre, pris sur d’ajouter : « Et je vous rappelle que vous habitant de Tophane, attablé à l’un des eux pour oublier l’affaire au plus vite. n’avez pas prononcé un seul mot sur nos plus anciens cafés de Bogazkesen. Mais depuis le massacre de la discothè­ soldats tués » (lors des combats qui les Un peu plus haut, Furkan, 25 ans, . que du Reina, dans le quartier opposent à la rébellion kurde du PKK). tient une boutique d’objets de création, d’Ortakoÿ, qui a fait 39 m orts la nuit du Dans une Turquie coupée en deux, ouverte l’an passé. « Ici, pour éviter les Nouvel An, un profond malaise flotte chaque nouvel attentat ne fait qu’ac­ ennuis, nous devons respecter certaines sur Bogazkesen, croître davantage la faille. « Chez vous, lignes rouges ■■ ne pas mettre la musique à Au détour des conversations, il y a en France, l’attaque du Bataclan avait plein tube, ne pas servir de bière aux ceux qui refusent de s’émouvoir de la rassemblé les gens. Chez nous, après le clients. Une ambiance peu attrayante tuerie, arguant qu’un tel lieu était de Reina, c ’est tout le contraire qui s ’est pour ma clientèle. Avec les attentats, qui toute façon provocateur dans un pays produit. Le carnage n’a fait que renforcer découragent également les touristes où la majorité autrefois silencieuse fait les divisions », déplore un sociologue étrangers, elle a chuté de moitié en un valoir ses valeurs conservatrices depuis qui préfère taire son nom. En réalité, an », se plaint-il. l’arrivée au pouvoir de l’AKP (Parti de regrette-t-il, le chef de l’État collec­ la justice et du développement) en tionne les occasions ratées d’une ré­ WI1 y a des valeurs 2002. En face, les autres y voient, a conciliation sociale et politique. Et de contrario, une attaque contre leur citer en exemple le coup d’État avorté qui ne sont pas les nôtres : mode de vie. Les plus remontés accu­ du 15 juillet. boire de l’alcool, afficher sent même les partisans d’Erdogan Le putsch, imputé à l’adversaire nu­ ostensiblement d’avoir ouvert la voie aux djihadistes en méro un d’Erdogan, le prédicateur en des décorations de Noël alimentant un discours religieux et an­ exil Fethullah Gtilen, avait été dénoncé ti-occidental. en bloc par toute l’opposition politique dans l’espace public 99 Cherchant à dissiper la discorde, Re- et avait donné lieu à de grands rassem­ ASLAN GIZEL, UN HABITANT DE TOPHANE, cep Tayyip Erdogan s’est empressé de blements convoqués sous la bannière de QUARTIER CONSERVATEUR D'ISTANBUL mettre en garde contre un risque de la « démocratie ». Un rare moment

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d’union nationale - auquel le parti pro­ en menant une double offensive : isla­ les médias'alimentent les divisions. « Il kurde du HDP n’avait néanmoins pas miste d’une part, avec, dernier exemple est désormais coutumier d’allumer la té­ été invité -, qui a rapidement volé en en date, cette récente campagne menée lévision et d ’entendre un intervenant dire éclats : au lieu de concentrer sa purge par la presse conservatrice et les autori­ à propos d’pn opposant ; cette personne sur les milieux gülenistes, le pouvoir tés religieuses contre les célébrations de doit être emprisonnée!»,' regrette là s’est lancé dans une chasse aux sorciè­ la Saint-Sylvestre et les symboles de journaliste Candan Yildiz. Cette an­ res contre toute voix critique: journa­ Noël; nationaliste d’autre part, alimen­ cienne de la télévision indépendante listes, professeurs, intellectuels. «Au tée par une volonté de discréditer toute IMC - contrainte à la fermeture, à l'ins­ lieu de générer un sens de la solidarité option politique pro-Kurde, en accu­ tar d’une centaine d’autres médias - entre les Turcs, la tentative de coup sant les leaders du HDP de « diriger une fait le constat « d’un journalisme d’opi­ d’État du 15 juillet n’a fait que diviser en­ organisation terroriste » (sous-entendu nion, voir de propagande, en pleine as­ core plus cette Turquie à deux vitesses. la rébellion du PKK). Dans un tel cension ». Aujourd’hui, le pays est divisé selon la contexte, chaque clan se réfugie derriè- Aujourd’hui, la fracture est telle loyauté énvers l’État, le parti et une seule qu’elle déteint aussi sur l’intimité des personne», remarque la politologue familles et des foyers. Selon une Aylin Topai. W Turcs contre Kurdes, enquête menée l’an passé par l’institut Ces deux dernières semaines, les ten­ laïques contre religieux... du Fonds Marshall allemand des sions ont de nouveau éclaté au grand De part et d’autre, on crie, États-Unis, plus de 4 Turcs sur 5 s’op­ join, cette fois-ci dans l’hémicycle du on hurle, on s’exprime posent à ce que leur fille épouse le Parlement où députés de l’AKP et par­ partisan d’un autre parti politique, tan­ lementaires de l’opposition en sont ve­ par slogans 99 dis que les trois quarts d’entre eux refu­ nus aux coups de poing à plusieurs re­ LA ROMANCIÈRE ASLI ERDOGAN sent de faire des affaires ou d’habiter à prises . Au cœur de la discorde: le côté de quelqu’un qui ne partage pas les projet de réforme de la Constitution vi­ re ses préjugés et ses peurs. « Dans cha­ mêmes idées politiques. Une recherche sant à élargir les pouvoirs du président. que camp, on assiste à Un rejet de l’autre. qui explique la très fragile cohabitation Le texte hautement controversé a fina­ Le niveau de tolérance s’amenuise de jour qui prévaut sur la rue Bogazkesen. « Je lement été approuvé à la majorité sa­ en jour. Les failles se démultiplient: Turcs n’ai plus ma place dans cette rue. Ni en medi matin et sera soumis au référen­ contre Kurdes, laïques contre religieux... Turquie, d ’ailleurs. Dans quinze jours, je dum populaire au printemps. De part et d’autre, on crie, on hurle, on pars aux États-Unis », souffle Furkan, Dénonçant une « dérive autoritai­ s’exprime par slogans », déplore la ro­ le gérant de la boutique branchée. ■ re », les anti-Erdogan accusent ses par­ mancière Àsli Erdogan. tisans d’attiser sciemment les tensions Un contexte d’autant plus volatil que

LE FIGARO • f r 27 janvier 2017 Les négociations syriennes repoussées, la Russie s'impatiente

Par Pierre Avril le 27/01/2017 Un projet de constitution transmis aux De notre correspondant à Moscou rebelles http://www.lefigaro.fr Ce revers intervient au moment où Moscou cherche, à l'inverse, à pousser les La Russie est impatiente de régler le feux d'une solution politique en Syrie, une conflit syrien et accuse l'ONU et certains démarche jugée précipitée par plusieurs groupes rebelles de faire traîner les choses. pays occidentaux et vue comme une tenta­ Le ministre des Affaires étrangères Sergueï tive de prendre de vitesse la nouvelle admi­ Lavrov a annoncé vendredi matin le report nistration américaine. À Astana, la Russie des négociations de Genève, destinées à avait déjà communiqué un projet de consti­ ébaucher une solution politique. tution aux groupes militaires rebelles, et Initialement prévus le 8 février, ces pour­ entend poursuivre ce travail avec les fac­ parlers sont repoussés à la fin du mois, a Le ministre des Affaires étrangères tions de l'opposition présentes aujourd'hui indiqué le chef de la diplomatie à l'occa­ Sergueï Lavrov accuse l'ONU et cer­ à Moscou. Parmi elles, des représentants sion d'une rencontre avec un groupe d'op­ tains groupes rebelles de faire traîner le kurdes syriens du Parti de l'opposition processus destiné à ébaucher une solu­ démocratique (PYD), assimilé par Ankara posants syriens, à Moscou. Une informa­ tion politique en Syrie. tion que l'ONU s'est refusée à confirmer. à une formation «terroriste». Selon le quo­ La Coalition nationale syrienne, proche de arrêt de nouvelles exigences». Le chef de tidien Kommsersant, le texte de la nouvelle l'Arabie Saoudite, et qui plaide en faveur diplomatie russe a également dénoncé constitution élaboré par Moscou ne fait d'un changement de régime à Damas, a «l'inaction» de l'ONU qu'il juge «inaccep­ aucune référence à l'Islam et limite à deux annulé à la dernière minute sa participation table». L'envoyé spécial de l'ONU en Syrie mandats de sept ans la durée totale du man­ à ces rencontres de Moscou, justement des­ Staffan de Mistura avait pourtant été le dat présidentiel. Lors d'un point de presse, tinées à préparer les négociations de principal médiateur des pourparlers la porte-parole du ministère des Affaires Genève. Cette décision a irrité les Russes. d'Astana, organisés en début de semaine étrangères, Maria Zakharova a démenti «Le groupe de Ryad ne doit pas cher­ dans la capitale kazakhe, qui n'a abouti toute intention du Kremlin «d'imposer un cher des excuses pour faire trainer le pro­ qu'à une vague déclaration de la Russie, de projet de constitution», ajoutant qu'il cessus», a lancé Sergueï Lavrov accusant la Turquie et de l'Iran en faveur de la «revenait aux Syriens eux-mêmes de cher­ cette branche de l'opposition - notamment «consolidation» du cessez le feu. cher des réponses aux idées» russes. soutenue par la France - «d'avancer sans

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LE FIGARO 27 janvier 2017 La défiance s’installe entre l’Otan et Ankara Au sein de l’Alliance, les nations occidentales et la Turquie, qui pactise avec Moscou, sont de moins en moins

sur la même ligne. Moscou et Ankara, la Russie durait don­ né son feu vert à une sorte de zone de sé­ Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lors de son discours devant l'Assemblée A , , curité dans le nord de la Syrie:qui empê­ parlementaire de l'Otan, le 21 novembre / T dernier, à Istanbul. ISABELLE LASSERRE * (Silasserre cherait les Kurdes du PYD djy installer KAYHAN OZER/AGENCE ANADOLU une région autonome. Enj échange, Ankara aurait levé son veto au maintien forger de nouvelles alliances. Les Turcs se OTAN Le torchon brûle, à l’Otan, entre au pouvoir de Bachar el-Assad, l’allié de rapprochent 'de ce qui est le plus fort. les Occidentaux et la Turquie musulma­ la Russie. Cette coopération a franchi L’entente avec la Russie est fondée sur le ne. À Washington, certains cercles une nouvelle étape quand les avions rus­ désespoir», poursuit le spécialiste du conservateurs demandent que le pays ses ont récemment mené des frappes Ceri. Quant aux questions des droits de soit exclu de l’Alliance. Tandis qu’à pour soutenir l’offensive de :1a Turquie l’homme et de la démocratie, elles sont Ankara, des députés de l’AKP - le parti dans le nord de la Syrie. Depuis, l’Otan écartées d’un revers de la main à au pouvoir- comme Samil Tayyar, s’interroge : la Turquie est-elle en train Ankara, qui rappelle que l’Alliance considèrent l’Alliance atlantique comme de changer d’alliance, de remplacer les s’était accommodée des dictatures au une « organisation terroriste » au nez de États-Unis par la Russie, bref, de renon­ Portugal et en Grèce. laquelle il faut claquer la porte. cer à son ancrage occidental ? Le désaccord pourrait-il se solder par Depuis que la Turquie est entrée dans . Les griefs sont tout aussi nombreux du un divorce ? On n’en est pas encore là. l’Otan en 1952, ses relations avec les côté turc. Là méfiance né date pas La Turquie reste un pilier de l’Alliance, autres pays membres ont toujours été d’aujourd’hui. « Les Turcs ont toujours eu sa deuxième armée par le nombre de ses instables. Contrariées par l’invasion de le sentiment qu’en cas de besoin, les autres militaires. Elle est le quatrième pays Chypre en 1974, réchauffées dans les an­ membres de l’Alliance n’assureraient pas contributeur aux opérations de l’Otan. nées 1990, elles se sont à nouveau dégra­ Lleur sécurité », poursuit Bayram Balci. À Pour ies Occidentaux, elle occupe une dées au début des années 2000, lorsque l’époque de la guerre froide, le président position stratégique, verrouillant l’accès l’Europe a refusé de considérer le PKK américain Lyndon Johnson avait menacé de la Méditerranée via les détroits du (Parti des travailleurs du Kurdistan) de ne pas soutenir la Turquie si un clash Bosphore et des Dardanelles. Ancrée comme une organisation terroriste. éclatait entre Ankara et l’URSS sur là dans le Moyen-Orient, proche des « Les relations entre la Turquie et l’Otan question chypriote. « L’Union européen­ Balkans et face à la Russie, elle est un ressemblent à une histoire de couple dans ne à inventé une nouvelle architecture de pays clé pour la géopolitique. L’Alliance laquelle chacun reprocherait à l’autre de sécurité pour le continent, qui n’incluait y entretient des installations militaires : ne pas le soutenir», explique Bayram pas la Turquie», écrit le spécialiste la base aérienne d’Incirlik, utilisée par la Balci, Chercheur au Ceri (Sciences Po). Richard Outzen dans une note pour le coalition contre Daech, celle de Küreeik Mais avec la guerre en Syrie, les motifs Washington Institute for Near East qui sert à la défense antimissile des alliés de discordé se sont multipliés. Policy. Mais c’est le refus de l’Otan de et un centre de commandement à Izmir. La liste des reproches de l’Alliance est considérer la demande de protection Malgré les sentiments dë rejet qui longue. En 2013, la décision d’Ankara de d’Ankara qui craignait des représailles de montent dans les milieux anti-oeciden- s’équiper d’un système de défense anti­ Saddam Hussein pendant: la guerre tâux, l’Otan reste pour Ankara un forum aérien chinois a provoqué un tollé parmi contre l’Irak en 2003, qui a, selon lui, si­ efficace pour défendre ses intérêts na­ les pays de l’Otan, qui ont forcé le gou­ gné « la fin définitive d’une époque où les tionaux. De nombreux experts considè­ vernement turc à reculer. Depuis le intérêts de la Turquie et ceux des Occiden­ rent que le rapprochement entre début du conflit syrien, ces derniers re­ taux étaient alignés ». Moscou et Ankara n’a pas vocation à prochent à Ankara son ambivalence vis- Le récent désaccord prend cependant remplacer la coopération avec les pays à-vis de Daech. Non seulement l’armée sa source en Syrie. Déjà vexée d’avoir été de l’Otan. Les deux pays ont longtemps turque n’a pas combattu les djihadistes, mise à distance de l’Union européenne été ennemis, ils se sont livrés douze mais elle les a laissé circuler de part et parce qu’elle ne respectait pas les critè­ guerres et n’ont pas les mêmes intérêts. d’autre de sa frontière. La Turquie s’est res de Bruxelles, la Turquie réproche aux En 1946, c’est Harry Truman et sa doc­ aussi vu reprocher’sa complaisance vis- Occidentaux d’avoir-aidé et armé les trine du containment qui ont tenu les à-vis de Téhéran dans le difficile règle­ Kurdes de Syrie. « La Turquie a l’impres­ Soviétiques à distance de la Turquie. ment du dossier nucléaire iranien. Les sion d’avoir été abandonnée par les Occi­ « La seule chose qui les réunisse, c ’est la Européens n’ont pas apprécié le chanta­ dentaux dans la crise syrienne. Les signes volonté de'contrer les Occidentaux», ge exercé par Ankara sur la question des de duplicité de l’Otan ont rongé sa analyse Thornike Gordadze, ancien mi­ migrants, dont le robinet se trouve en confiance envers l’Alliance», affirme nistre géorgien chargé rie l’intégration Turquie. Ils préviennent que les atteintes euroatlantique.et conseiller pédagogique aux droits de l’homme et à la démocra­ Bayram Balci. Après la tentative de coup à l’Institut des hautes études de défense tie, qui se multiplient depuis la tentàtive d’Etat, le pouvoir turc a regretté l’ab­ nationale (lHEDN). L’exclusion de l’Al­ de coup d’État en juillet 2016, sont en sence de compassion des pays occiden­ liance rendrait la Turquie encore plus contradiction avec les valeurs de. taux. « Le problème ne réside ni en « incontrôlable», redoutent les spécia­ l’Alliance atlantique. Mais c’est le rap­ Turquie ni en Russie mais chez les Occi­ listes. « Une rupture ne serait dans l’inté­ prochement avec la Russie de Vladimir dentaux. C’est la faiblesse du monde rêt de personne», poursuit Thornike Poutine, qui considère l’Otan comme occidental, son absence dé vision et de Gordadze. Mais la réponse réside en par­ son principal ennemi, qui jette surtout le politique claire, ajoutée à la désintégra­ tie à Washington, et dépend du caractè­ trouble. Dans l’accord passé entre tion de la région, qui poussent Ankara à se re imprévisible de Donald Trump. ■

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News Deeply January 28, 2017 Afrin: Kurdish Town Isolated by Siege, Geography

The predominantly Kurdish district of Afrin in northwestern Syria has been under near-con­ tinuous siege for four years but remained relatively calm, attracting hundreds of thousands of displaced people. Now, it is under threat from Turkish military operations in Syria.

Kurdish ambitions to consolidate their hold on Written by Hiba Dlewati / Jan. 28, 2017 predominantly Kurdish regions in northern Syria. https://www.newsdeeply.com Despite Kurdish-led forces being one of the most effective groups fighting ISIS, Ankara views the B EIRUT - Surrounded by olive trees and an YPG as an extension of its own Kurdish insur­ array of hostile neighbors, the predominantly gency, which has been fighting for autonomy since Kurdish district of Afrin in northwestern Syria has the 1980s. largely escaped the headlines during the war. Its relative calm has drawn hundreds of thousands of “That’s the problem,” said Nada Homsi, a graduate people fleeing violence in neighboring regions but student at the American University in Beirut is now threatened by an advancing Turkish offen­ researching Kurds in northern Syria. “They sive in Syria known as “Operation Euphrates [Ankara] don’t see the difference between self- Shield.” determination and the Islamic State.”

“It’s like an isolated island,” said Mohammad solated from the rest of YPG-controlled areas, Sulayman, director of Zaytoun, a local aid group. Iresidents in Afrin fear their geographic location will make them more vulnerable to Turkish ambi­ Turkish troops near the Syrian border in Government forces withdrew from Afrin in 2012, tions. Afrin’s borders and YPG positions have been Karkamis, Turkey, photographed on August 27, and soon afterwards the Popular Protection Units repeatedly shelled by Turkish forces and the Syrian 2016. Turkey launched its military operation in rebel factions it supports, and earlier this week the (YPG), the main Syrian Kurdish fighting force, took Syria to push back the Islamic State from its Turkish army uprooted thousands of olive trees control. Although the district was declared part of borders as well as stop Syria's Kurds from the self-proclaimed autonomous territory of Syrian around Afrin, Mesto said, as its forces advanced to within 300 meters (328 yards) of the district. consolidating their territory. Ismail Coskun, Kurdistan in January 2014, it is separated from the IHA via AP other cantons by both geography and a multilateral four-year siege. To one side of Afrin is a sealed “There is a fear within Afrin’s residents that the Turkish border; government troops block passage area will be targeted by the Turkish intervention to nearby Nubul and various Turkish-backed rebel after the Turkish military spread along the border Kazakhstan earlier this week sponsored by Turkey factions and the jihadist group Jabhat Fatah al- line,” said Mesto. “It Is trying to provoke the YPG to and the government’s key allies, Russia and Iran. Sham (JFS) block the remaining sides. return fire.” The only Kurdish delegation present at the talks was the Kurdish National Council (KNC), an affili­ Government airstrikes and violent clashes in Ankara’s actions have not been limited to military ate of the Syrian Opposition Coalition (SOC) that neighboring districts in Idlib and Aleppo have driv­ ones. Afrin’s main water supply, known locally as Mesto described as “extremely far from the en hundreds of thousands of people to the relative the Black River, is a tributary of the Orontes River, Kurdish reality.” calm of Afrin. But the nearly four-year siege has which rises from the Kartal Mountains in Turkey. left the small district struggling to manage with the Last year, Turkey cut off the Black River’s flow, he YPG “are being sidelined intentionally,” influx of internally displaced people (IDPs). Its pop­ Mesto said, damaging crops. Residents now largely THomsi said. The YPG controls nearly 20 percent ulation has risen to more than a million, and the depend on wells for drinking water, but the lack of of Syrian territory, and nearly 12.5 percent of YPG has implemented a state of emergency amid electricity and fuel to run generators makes obtain­ Syria’s current population are in Kurdish-control­ fear of potential terrorist attacks. ing the water extremely difficult. Afrin’s electric led areas. line has been out for four years; when ISIS con­ isagreements between Afrin’s neighbors and trolled neighboring Tel Rifaat, it destroyed the Neither the government nor the opposition have Dthe YPG mean residents constantly lack food power plant there and it has not been repaired provided guarantees towards Syrian Kurdish and fuel; prices have skyrocketed as smugglers and since. rights, said Sulayman, further alienating Kurds. businessmen manipulate the market, said local journalist Amina Mesto. “The price of fuel has gone “Turkey is in no way interested in having a success­ “The government is Baathist, nationalist and racist, through the roof, increasing people’s suffering in ful Kurdish population near its own borders,” said and the Islamist opposition is racist as well,” said the cold winter,” said Mesto, who was a philosophy Flomsi, and the YPG does not want to fall for the Sulayman. “They have different points of view, but teacher at an Aleppo high school before the war bait. “They don’t want to fight the Turks and ISIS at the one thing they can all agree on is the Kurds - and fled to Afrin after she was persecuted by the same time.” that they should have nothing.” Syrian security forces for her criticism of airstrikes on civilians. arming ties between Russia and Turkey, Never miss an update. Sign up here for our Syria W which have long supported opposing sides in Deeply newsletter to receive weekly updates, spe­ Complex Turkish regulations and politics, in combi­ the Syrian conflict, could pose an additional threat cial reports and featured insights on one of the nation with further complications and taxes to the Kurds. The U.S. is an important backer of the most critical issues of our time. • imposed by hardline Islamists factions surround­ YPG, but it is unclear whether the new administra­ ing the district, hinder the ability of humanitarian tion will prioritize them in the fight against ISIS, or Hiba Dlewati is a print and multimedia journalist organizations to operate in Afrin, Sulayman said. whether it will be a casualty of President Donald from Damascus, Syria and the assistant managing Small organizations like Zaytoun provide whatever Trump’s desire to strengthen relations with Russia. editor of Syria Deeply. Born in Michigan and aid is possible in Afrin and its two adjacent IDP raised in Syria, she currently lives in Beirut. camps, Robari and Shahbaa. “The YPG are the second largest force in Syria - that determines that they will not be ignored politically Turkey launched its military operation in Syria in or militarily,” said Azad Mamo, a media activist August 2016, with the aim of pushing back the so- and Afrin native. called Islamic State from its border and thwarting But the YPG were excluded from peace talks in

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January 29, 2017 Why did Russia offer autonomy for Syria’s Kurds? Russia seizes diplomatic momentum on Syria

Draft constitution from Russia seeks to decentralize Syrian state authority, limit presidential powers; Turkish forces strug­ gle in two-front campaign against both the Islamic State and Syrian Kurds; Al-Monitor offers in-depth reporting on Syrian Kurdish region.

A/AVX Week in Review January 29, 2017 / f f B l l t www.al-monitor.com

U N Syria envoy Staffan de Mistura praised the Russian-brokered Syria talks in Astana, Kazakhstan, which ended Jan. 24, as a “concrete step” toward imple­ mentation of United Nations Security Council resolutions dealing with Syria, com­ Russian Foreign Minister Sergey Lavrov attends a news conference in mending Russia, Turkey and Iran for setting up a mechanism to ensure com­ Moscow, Jan. 17, 2017. (photo by REUTERS/Sergei Karpukhin) pliance with the cease-fire announced last month.

Russia’s diplomatic blitz did not end in Astana, however. On Jan. 27, Russian Gurcan writes, ‘The Turkish Armed Forces (TSK) is learning on the ground in al- Foreign Minister Sergey Lavrov met with Syrian opposition parties in Moscow for Bab clashes how tough the new generation of urban warfare with the Islamic further discussion of a Russian draft of a new Syrian Constitution that had been State (IS) can be. Turkish troops are experiencing major tests against the defen­ offered in Astana. While representatives of the Saudi-backed High Negotiations sive model IS has developed based on tunnel warfare, anti-tank missiles and Committee of the Syrian opposition and the National Coalition for Syrian vehicle-borne improvised explosive devices, used with lethal effect in urban war­ Revolutionary and Opposition Forces refused to attend, the Syrian Kurdish fare. Ankara is now seriously considering whether the PKK will also be achieving Democratic Union Party (PYD), which Turkey had excluded from the Astana the military technology and modern military capability levels of IS." talks, participated in the Moscow meeting. e adds, “Because of the wars in Iraq and Syria with advanced weaponry Maxim Suchkov reports that the draft constitution includes restrictions on the Hused by all belligerents, the PKK has become a sophisticated force by diver­ power of the Syrian presidency, with most powers deferred to the parliament and sifying its weaponry, ammunition and equipment. The Turkish military notes the a newly created “Assembly of Regions.” Under the draft, the president would PKK and its northern Syrian combat affiliate, the People's Protection Units serve for seven years with no option for a second consecutive term. (YPG), are gradually becoming more of a regular army by constantly improving Most controversial in the draft may be the decentralization of government author­ their conventional capabilities such as armored unit tactics; artillery and rocket- ities and the empowerment of local councils. “One issue that has stirred debate,” fire support without line-of-sight availability; large-scale logistics movements; Suchkov writes, "is a provision allowing for 'autonomy of Kurdish regions,' which coordinating close air support; and providing artillery-forward observation, sur­ Russia sees as an adequate compromise for the country’s federalization. A pro­ veillance and reconnaissance with unmanned aerial vehicles (UAVs) and urban vision stipulating equal rights for Kurds and Arabs on Kurdish territories is also warfare.” remarkable. Moreover, under the proposed draft, every region in the country How are the PKK and YPG obtaining these advanced weapons? Gurcan writes, should be given the right to legalize the use of a language of the region’s majority "A hard reality everyone knows but doesn’t talk about is the weapons black mar­ — in addition to the state language and in accordance with the law.” kets that have blossomed in Syria and Iraq, where one can buy or lease any Not surprisingly, Suchkov continues, the draft elicited strong reactions from the weapons system including tanks and multi-barreled rocket launchers. Particularly parties to the conflict. “So far,” he writes, “the Kurdish issue is the most contro­ widespread in Syria is the sale in bazaars of guns and ammunition sent to oppo­ versial. Turkey, Damascus and the Arab opposition forces all have their own sition armed groups or exchanges with other groups. US, European and Iranian caveats about the proposed autonomy — and it doesn’t please the Kurds, either weapons and ammunition supplied to armed groups such as Kurdish peshmerga as they want more.” forces, the Iraqi army and Shiite militias are sometimes transferred to the PKK or sold on the market. One must also not ignore the PKK/YPG war booty of This is not the first time that Russia has floated the idea of autonomy for Syria’s weapons and equipment — especially from their clashes with IS.” Kurdish regions. Al-Monitor broke the news of a Russian-mediated effort in September that broached the subject of autonomy, but was dismissed by the Khaled al-Khateb reports from the front lines with the Turkish-backed Free Syrian Syrian government. Army near al-Bab that the fight against IS has been difficult. IS fighters are dug in and the Turkish effort is complicated by the role of Syrian Kurdish forces. “The ussian Foreign Ministry spokeswoman Maria Zakharova denied that Russia forces leading Operation Euphrates Shield,” Khateb writes, “which include FSA Rwas backing autonomy for Syrian Kurds, saying, “Only Syrians can uphold factions and special Turkish forces, have been at odds with the [Syrian their country as an integral, sovereign, multi-ethnic and multi-religious country.” Democratic Forces] SDF, of which the Kurdish People’s Protection Units (YPG) Lavrov contrasted the Russian draft with the Iraqi Constitution, which he claimed constitute the backbone. Turkish officials consider the SDF a threat to Turkey's was “forced” on Iraq by the United States. “We have only offered our proposals security as the organization is an extension of the Kurdistan Workers Party, which to the Syrian parties without any intention of forcing them to adopt them,” he said. Turkey considers a terrorist group. The interests of Turkey and the FSA are sim­ “Based on the experience of the past five years, we are convinced that practical ilar, as they both fear the SDF’s separatist goals.” work can only begin if specific proposals are put on the table. I hope that all Al-Monitor goes deep on Syrian Kurds Syrians will read our draft while preparing for a meeting in Geneva and that it will provide an impetus for a practical discussion of ways to achieve accord in Syria In the first of a new series of long-form, in-depth articles, Amberin Zaman in keeping with the Geneva Communique.” describes the complexity of Kurdish regional dynamics from firsthand reporting in Syria and Iraq, including the rationale behind what Syrian Kurdish leaders now Suchkov said, ‘The expectation in Moscow is that, at the end of the day, the par­ call the “Democratic Federal System of Northern Syria.” ties will share the view that extreme, uncompromising positions will mean no end to the civil war in the near future, while the proposed formula may be the best “Cynics say the change is a ruse to mask Kurdish domination over the area,” possible solution under the current circumstances.” Zaman reports. “Rojava's leaders say the federation is a blueprint for the secular, egalitarian, multi-ethnic and federal plan they giddily imagine for the rest of Syria. Turkey bogged down in al-Bab Most people still call the place Rojava, and its administrators make no secret of Metin Gurcan reports that the Turkish military is facing a “new generation of their desire to dilute decades of government-enforced Arabization crafted to urban warfare” in its battles against the Islamic State (IS) in northern Syria, as efface the Kurds.” well as expanded military arsenals of both the Kurdistan Workers Party (PKK) in he continues, “Education is a key pillar of this new order, and mandatory Turkey and the People's Protection Units (YPG) in Syria. S schooling in the Arabic language is being phased out. Kurds, who make up

74 Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ôzeti the largest ethnie group in Rojava, are finally receiving education in the long-ban­ ly Kurdish, its leadership is top-down,” and the PKK is clearly at the top. ned Kurmanji dialect of Kurdish that is spoken here. Arabs continue to send their yria’s Kurds also have a complicated relationship with the leadership of Iraqi children to Arabic schools while Syrian Orthodox Christians, also known as Kurdistan. Syriacs, tutor their children in their own tongue.” S “Massoud Barzani, Iraqi Kurdistan's president and the leader of the Kurdistan “In practice, things are a lot fuzzier,” Zaman observes. “Young Kurdish students Democratic Party (KDP) on which the KDP-S was modeled, is well liked through­ are easily immersed in Kurdish-language education, though the program out Rojava and especially in Derik and its environs, where the yellow KDP ban­ remains very much in the pilot stage. But Kurdish and Syriac high school stu­ ner flutters above entire villages,” Zaman reports. “Muhammad Yusuf, who runs dents who are caught in the middle continue their schooling in Arabic-language a small shop that sells mobile phone accessories, said cellphone covers with facilities affiliated with the Syrian Ministry of Education. Only these schools, which Barzani’s face sell in numbers equal to those featuring Ocalan. Barzani owes his include the Taleyah lycee, offer diplomas that are internationally recognized.” popularity above all to his father, the legendary Kurdish warrior Mullah Mustafa The Kurdish administered regions of Syria have become laboratories for the rev­ Barzani, a central figure in the Kurds’ struggle for freedom. But Barzani's friend­ olutionary, egalitarian ideas of “Abdullah Ocalan, the imprisoned leader of the ship with Turkey and hostility to the PYD are beginning to dent his image here. Turkish-Kurdish rebel group called the Kurdistan Workers Party (PKK). When Still, Barzani is lobbying the United States to pressure Rojava's leaders to let Ocalan and his comrades set up the PKK in 1978, they said they would be fight­ back in some 3,000 KDP-S fighters he helped arm and train. The aim, Barzani ing for an independent Kurdistan that would unite the Kurds of Iran, Iraq, Syria says, is to unify the Kurds. Critics counter that it is to shatter the PYD’s monopoly and Turkey. But overtime the PKK scaled back its ambitions as geopolitical real­ over power to his own advantage. The Rojava administration says it will allow the ities set in. Ocalan now preaches a radical brand of communalism that rejects KDP-S forces to return provided they agree to fall under their command. But they ethnic nationalism and national borders and encourages gender equality and wont.’> environmental friendliness in their stead." Zaman’s exclusive report is part of Al-Monitor’s expansive offerings to provide the most extensive coverage of the Middle East. As always, any feedback is She adds that Ocalan’s world view is influenced in by the “late American libertar­ appreciated at [email protected]. ian socialist Murray Bookchin. Yet for all its talk of diversity, Rojava is unabashed­

JANUARY 31.2017 Syrian Kurds Welcome Russia's Proposed Draft Constitution for Syria

31.01.2017 https://sputniknews.com

IN AN INTERVIEW WITH SPUTNIK, Halit isa, a representative of the Syrian Kurdish Democratic Union Party (PYD) in France, revealed the details of his Friday meeting in Moscow with Russian Foreign Minister Sergei Lavrov. "Mr. Lavrov familiarized us with the draft constitution for Syria prepared by Russia. He said that the text was not final and that we could feel free to make any amends we deemed fit," Halit Isa told Sputnik Arabic. Describing the meeting as "positive," Isa said that Russia was inviting all Syrian opposition forces and representatives of "democratic autonomies" to the negoti­ ating table. Group of Internal Syrian Opposition (Hmeymim), spoke about Friday's consulta­ 'The Russian-prepared draft proposes deleting the word 'Arab' from the coun­ tions in Moscow. try's official name, which reads as the 'Syrian Arab Republic,' because there are "Minister Lavrov spoke at length about the recent talks in Astana and about the many ethnic groups living in Syria, including Kurds, Armenians, Assyrians, international situation and urged us to take part in the Geneva talks. Circassians and others." He said he wanted all sides to come to the negotiating table and carefully listen Halit isa also praised the Russian draft for underscoring Syria's status as a secular to each other," he said. state as compared to the old constitution, which contained articles based on As for [the Russian draft], "it is less than a draft, these are just the broad outlines Sharia law. given us by Deputy Foreign Minister Mikhail Bogdanov. It was published a year "We have representatives of various confessions living in Syria," he noted. ago and was much discussed in Vienna." "During the meeting we presented our own draft to Russian officials and "I believe it is too secular. The problem is that some of its provisions go beyond opposition representatives who said they were ready to study it. We also the constitutional format. It is still acceptable to me and my delegation, especially need to talk with opposition members who were not present in Moscow its part about decentralization. You could call this self-rule or federalization and and then send a delegation to the Geneva talks." we support it, especially when it comes to the Kurds," Masaad said. Halit isa added that Russian representatives had agreed that without PYD repre­ He added that he was "categorically against any political self-rule" though, saying sentatives present at next month's meeting in Geneva the sides would fail to said that it was fraught with separatism. reach agreement because "Kurds are a leading force in this process and must be "In a politically decentralized country a regional council could change its political present in Geneva." affiliation, hold a referendum and break away," he warned. In an interview with Sputnik Arabic, Zuhat Kobane, the man responsible for the Alyan Masaad also voiced disagreement with parts of the draft that are at vari­ PYD's relations with Europe, described the constitutional draft proposd by Russia ance with provisions "written and coordinated with the domestic opposition." as an important and very positive step for the future Syrian state. "The proposed draft says that Syria will be a mix of a presidential and parliamen­ "We welcome this step, just like we do any other initiative aimed at bring­ ing about a political solution to the Syrian crisis," he said, adding that if tary republic, while our blueprint provides for a parliamentary republic where the president will be vested with considerable powers." other influential forces in Syria refuse to join in this would seriously under­ mine efforts to end the crisis. "I'm not rejecting [the proposed draft] and not saying that it is bad, but it is not good for the Syria we have today. The country is fractured and drained by this "Aware of this, some regional powers have already put forward preliminary con­ war. It needs to pull itself together that's why it needs a strong executive branch," ditions for a political settlement, which we believe will lead us nowehere. This is Alyan Masaad emphasized. why all previous rounds of the Geneva talks fell through. We believe that all Syrian political forces should join hands building a united, democratic Syrian fed­ At the January 2 3 -2 4 Syrian peace talks in Astana, Kazakhstan, Russia proposed a eration, not on behalf of some other countries, but as representatives of the draft to serve as a "guide" for the Syrian constitution, outlining that it will be the Syrian people," he emphasized. Syrians who draft the final version, taking into account proposals made by both the government and the opposition> In an interview with Sputnik Arabic, Alyan Masaad, the chief delegate of the

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tla n tic o 30 janvier 2017 Mossoul : pourquoi la bataille contre l'Etat Islamique est loin d'être terminée

Il convient aussi de noter l’emploi massif Les forces militaires irakiennes, soutenues par leurs alliés de missiles anti-chars sur le front syro-irakien. Ils sont employés à toutes les sauces et pas chiites ont pris le contrôle de l'Est de Mossoul le 24 janvier uniquement pour détruire des véhicules blin­ dernier. Cette petite victoire marque une première étape dés. A l’évidence, des « retours d’expérience dans la chute du groupe Etat islamique. Le groupe terroriste » (RETEX) seront à faire sur l’utilisation mas­ sive de ces armes très précises et destruc­ va devoir être amené à repenser sa stratégie s'il veut garder trices. Cela pose aussi la question de leur son pouvoir de nuisance. provenance dans les rangs de l'Etat Islamique qui ne semble manquer ni de postes de tir ni de munitions. Quelle est la stratégie que pourrait Alain Rodier heureusement ce n’est pas fini et le plus dur désormais adopter le groupe terroriste Alain Rodier, ancien officier risque d’être encore à faire. Il convient de se dans l'optique de maintenir encore son supérieur au sein des services de rappeler qu’au début de l’offensive, les forces emprise sur les territoires qu'il contrôle ? renseignement français, est irakiennes ont subi d’importantes pertes qu’il Au regard de la situation sur le terrain, tant directeur adjoint du Centre est difficile de quantifier car l’état-major, et il a en Syrie qu'en Irak, l'El est-il encore un français de recherche sur le ren­ bien raison, ne communique pas sur ce sujet. groupe que nous devons craindre ? seignement (CF2R). Il est particulièrement Mais quand un camp est capable de rempla­ chargé de suivre le terrorisme d’origine cer les pertes humaines et matérielles subies, La question qui se posait avant le début islamique et la criminalité organisée. il est logique de penser qu’il va dans le bon de l’offensive sur Mossoul était : l'Etat le 30 Janvier 2017 sens. Durant la seconde Guerre mondiale, les Islamique va t-il résister ou s'exfiltrer en www.atlantico.fr Américains et les Russes fabriquaient plus de menant des combats retardateurs comme il chars (et d’avions) qu’ils n’en perdaient. Ce l’avait fait par le passé ? La réponse est n’était plus le cas des nazis à partir de 1942- aujourd’hui connue : il a résisté. Atlantico : Le 24 janvier dernier, les 43. C’est, toutes proportions gardées, le cas Mais la même question se pose à nou­ forces irakiennes et leurs alliés ont repris aujourd’hui. Il s’agit là d’une référence histo­ veau pour la zone occidentale de la ville. En la totalité de la partie Est de la ville de rique et pas d’une comparaison. effet, bien que les milices chiites aient Mossoul, contrôlée jusqu'à présent par Que représente cette reprise pour l'El ? refermé le siège à l'ouest de la ville, il est loin l'El. Dans quelle mesure peut-on parler Est-elle vraiment un coup dur porté à l'or­ d’être hermétique car il y a trop peu de com­ véritablement de victoire ? Comment juger ganisation ? battants pour tenir tout le désert. Une partie de la crédibilité des forces irakiennes dans des forces de Etat Islamique engagées à C’est effectivement un coup très sérieux la poursuite de la lutte contre le groupe Mossoul peut donc « techniquement » quitter qui est porté à l'Etat Islamique. Les rumeurs terroriste ? la ville. les plus folles courent mais il s’agit peut-être Alain Rodier : Je dois reconnaître que j’ai de propagande gouvernementale irakienne. De plus, la vieille ville à l’Ouest présente été surpris de la rapidité des succès militaires Ainsi Abou Bakr al Baghdadi serait furieux des avantages pour les défenseurs : ruelles remportés par les forces de la coalition ira­ contre ses responsables militaires en charge étroites, population civile encore présente, kienne à Mossoul. Il ne faut pas bouder son de la défense de Mossoul-Est. Il en aurait positions préparées à l’avance, etc. Si le GEI plaisir : le fait que l'Etat Islamique ait perdu, démis un certain nombre de leurs postes et résiste, les combats vont être longs et coû­ dans un premier temps les approches de la les aurait obligés à servir comme fantassins teux en vies humaines. Par contre, elle est ville puis, dans un deuxième temps, la rive de base. Des cas de refus de combattre se prenable car si le Tigre crée bien un fossé orientale du Tigre est une excellente chose. multiplieraient - encore qu’à ma connais­ anti-chars important, il peut être franchi après Plusieurs faits ont participé à ces succès. sance, aucun déserteur n’a été présenté à la l’établissement de ponts flottants ou en répa­ D'abord la combativité retrouvée de certaines télévision irakienne. Des témoignages filmés rant un (ou plusieurs) des cinq ouvrages unités irakiennes - particulièrement la « divi­ de déserteurs seraient certainement très détruits par les bombardements américains et sion d'or » - qui ont été correctement entraî­ utiles, si ce n'est pour casser le moral des par les sabotages de Etat Islamique. Les nées et équipées, l’appui massif de la coali­ combattants, au moins leur retirer l’appui des forces irakiennes ont aussi la possibilité de tion internationale, les Américains s'enga­ populations locales-. Les exécutions d'« contourner la ville par le sud-ouest pour, par geant discrètement au sol mais n’hésitant pas espions », de « déserteurs » et de « défai­ exemple, commencer par reprendre l’aéro­ à aller jusqu'au contact avec l’ennemi. Puis la tistes » se multiplieraient (là aussi, cela fait port. Cette prise aurait un côté symbolique sensible diminution des moyens tactiques de penser à la chute du nazisme)... très fort. Daech face à la guerre d'usure qui lui est Ce qui est vérifié, c'est que le nombre des Tout en menant des offensives là où on ne menée depuis des mois en Irak et en Syrie et véhicules kamikazes qui ont fait tant de mal l’attend pas comme cela a été le cas dans les un terrain favorable aux assaillants, les envi­ depuis le début de l'offensive sur Mossoul le régions de Dohuk, Erbil et Soulemaniyeh, le rons de Mossoul étant semi désertiques et 17 octobre 2016, est en diminution. Mais il est GEI peut donc décider de se replier partielle­ l'Est de la ville étant la plus moderne avec de toutefois toujours impressionnant de voir ment vers la Syrie où il conserve une puis­ nombreux axes dégagés. Enfin, la supériorité dans les vidéos de propagande diffusées par sance opérationnelle significative. Sans par­ des effectifs même si des lacunes dans la Daech que ces volontaires (de plus en plus ler de la reprise de Palmyre le 20 décembre coordination des opérations ont été consta­ jeunes) affichent toujours un grand sourire de l’année dernière, il suffit de voir les tées en raison de la diversité des unités enga­ avant d'aller à la mort. Leur idéologie est bien assauts furieux que Etat Islamique lance sur gées : armée régulière et troupes du minis­ solide pour les transformer ainsi en robots la garnison gouvernementale de Deir ez-Zor, tère de l’Intérieur irakien, milices chiites tueurs. Daech tente bien de remplacer ce localité encerclée depuis plus de deux ans. Il (Unités de mobilisation populaires, Hached manque par des drones qui expédient des est même parvenu à isoler la base aérienne al-Chaabi), chrétiennes syriaques, turkmènes grenades ou des petites charges explosives du reste de la ville posant d'immenses pro­ (les Unités de protection de la plaine de mais leur pouvoir létal est infiniment moindre blèmes d'approvisionnements aux forces Ninive), les peshmergas ... que celui des VBIED (vehicle-borne improvi­ gouvernementales syriennes. Alors que sur le Donc, le succès est indéniable. Mais, mal­ sed explosive device). théâtre irakien, Etat Islamique ne sort =*

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=> ses matériels lourds du type blindés ou Islamique de rappeler qu’il continue à avoir mi-janvier organisée à l’initiative de la Russie, pièces d’artillerie que lorsque les conditions une puissance de nuisance considérable. de la Turquie et de l’Iran, résistent autant que météorologiques empêchent l’aviation alliée Sur le front syro-irakien, Etat Islamique faire se peut. d’évoluer, il n’hésite pas à le faire en Syrie, est indubitablement la force rebelle la plus Six mouvements(l) se sont alliés à Ahrar même par beau temps ! puissante. Son concurrent direct, le Fateh al- al-Cham pour combattre Fatah al-Cham et La réponse viendra quand les premiers Cham, ex-Front al-Nosra (qui a « officielle­ Etat Islamique. Ahrar al-Cham (qui n’a pas éléments de la coalition entameront la ment » rompu ses liens avecAI-Qaida « canal participé à la réunion d’Astana mais qui est conquête de la partie occidentale de Mossoul. historique ») tente de conforter ses positions soutenu par Ankara) se pose désormais en Mais une chose semble certaine, les attentats dans la province d’Idlib située au nord-ouest mouvement rebelle majeur. Il va falloir voir ce terroristes devraient se multiplier sur l’ensem­ de la Syrie. Les autres mouvements dont plu­ qui va sortir du conflit larvé avec Fateh ble de l’Irak et ailleurs de manière pour Etat sieurs ont participé à la réunion d’Astana à la al-Cham/Ahrar al-Cham. •

REUTERS Des discussions indirectes entre le gouvernement de Bachar al Assad et cer­ tains groupes rebelles ont débuté lundi dans la capitale kazakhe sous l'égide Syrie: Les Kurdes de la Russie, de la Turquie et de l'Iran. Aucune avancée majeure n'est attendue lors de cette réunion, la première "pas engagés" par les depuis l'échec des pourparlers de Genève, mais les Kurdes, qui en ont été exclus à la demande de la Turquie, ont d'ores et déjà prévenu qu'ils ne seraient pas engagés par leur résultat. discussions d'Astana "Comme nous ne participons pas à ces discussions, nous insistons sur le fait que nous ne serons tenus par aucune décision prise lors de la conférence 23 janvier 2017 BEYROUTH (Reuters) - d'Astana", disent les YPG dans un communiqué. "Nous (...) pensons que les entités qui participent à ces discussions et qui les LES MILICIENS kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) ont sponsorisent font partie du problème de la Syrie", ajoutent-elles. indiqué lundi qu'ils ne se sentiraient pas tenus par les décisions qui pour­ La milice kurde plaide pour la mise en place de "zones démocratiques raient être prises lors des négociations de paix en Syrie menées à Astana, au autonomes qui respecteraient l'intégrité du territoire syrien", estimant que les Kazakhstan, n'ayant pas été invités à y participer. autres belligérants "pourraient bénéficier de (son) expérience en la matière". •

January 9, 2017 PKK will leave Shingal only once it is under Yezidi control

ByRuda.net 9/1/2017 the USA as they all insist that the group should retreat from the region. RBIL, Kurdistan Region - The co­ The issue of the PKK’s pullout Eleadership of the Group of from Shingal officially emerged at a Communities in Kurdistan (KCK) dis­ conference on the independence of missed claims that the Kurdistan the Kurdistan Region held in Workers Party (PKK) have committed December last year at the American University of Kurdistan in Duhok to pulling their fighters out of Shingal. In a statement issued on Monday, when the Kurdistan Regional Government (KRG) Prime Minister the KCK, a political body associated PKK forces in Shingal. Photo: Rudaw video with the PKK, said that Shingal must Nechirvan Barzani stressed that, “The PKK should leave Sinjar. Today's pre­ be administrated by its people and People’s Defence Force (FIPG) from Erbil on Sunday. “Every necessary have their own forces. sence of the PKK in Sinjar causes Sinjar,” said Mohammed Amin step will be taken to the end [of this instability in the region.” “The PKK assists the Yezidis to Penjweni, referring to the armed wing threat]. The spread of this group to the In a later interview with Al- create a self-defense force and admi­ of the PKK. west of Sinjar is not acceptable to us.” Monitor, Barzani said he was ready to nistrative institutions,” reads the state­ The KRG's spokesperson confir­ Fie stressed that the PKK, which ment, adding that “once the Yezidis use force against the PKK if they did med that they have received a posi­ Turkey and the US have named as a not leave Shingal voluntarily. have their own protection force and tive response from the PKK on the terrorist organization, is a threat to independent administration, then the The leader of the PKK and mem­ question of the withdrawal of their Iraq and the Kurdistan Region as well ber of its executive council Murat PKK’s ambitions will be fulfilled in forces from Sinjar. “The only thing left as Turkey. Karayilan has said that negotiations Shingal." to be discussed is mechanisms whe­ In Baghdad a day earlier, Yildirim have been underway with the The statement also noted that reby the PKK forces could leave and Iraqi Prime Minister Flaider al- Region’s ruling Kurdistan Democratic “the more Yezidis create their force, Sinjar,” Safeen Dizayee said. Abadi reached an agreement to coor­ Party (KDP) over the issue of their the less guerrilla force will remain Dizayee also expressed gratitude dinate on many issues, one of which presence in Shingal and that the PKK there.” for the PKK in assisting the was to not allow the presence of any was ready to leave the area at the The KCK is an organization foun­ Peshmerga forces during the fight terrorist organization on their lands, conclusion of the talks. ded by the PKK to put into practice jai­ against ISIS in the region. according to a statement issued by A figure close to the PKK told led leader Ocalan’s ideology of demo­ Baghdad and Ankara have both Abadi's office. Rudaw last week that an agreement cratic confederalism. expressed their opposition to the US Defense Department Press has been reached for the PKK’s pea­ A controversial withdrawal of PKK PKK’s ongoing presence in Shingal. Secretary Peter Cook said last week ceful withdrawal. fighters from Shingal has stirred up “The PKK activities carried out that the US supports Abadi's position “The PKK and the Kurdistan heated debates between the against us from here is not acceptable on the PKK, that the group must with­ Region have reached an agreement Kurdistan Region, Iraq, Turkey, and at all,” Turkish Prime Minister Binali draw. ■ on pulling out the forces of the Yildirim said in a press conference in

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^orienTxxi] 27 janvier 2017 Le blues des Kurdes Nishtiman Project en concert à 1'Alhambra

Jean Michel Morel / 27 janvier 2017 http ://or ientxxi .info

es musiciens du groupe kurde Nishtiman L Project seront en concert à L’Alhambra le 1er février 2017 dans le cadre du festival Au fil des voix organisé par le label Accords croisés. La musique qu’on peut découvrir ou retrouver dans leur album Kobane exprime le pathétique de la situation imposée au peuple kurde tout autant que son immense capacité de résilience.

Lorsque des musiciens kurdes intitulent leur groupe « Nishtiman », c’est à dire « patrie », il s’agit tout à la fois d’un hommage à un Kurdistan s’étendant sur quatre pays (Turquie, Syrie, Irak, Iran) qu’à une musique qui se joue des frontières. Mais qui ne refuse pas les influ­ ences, qu’elles soient iraniennes ou turques, arméniennes ou arabes. Le groupe Nishtiman Project, qui sera en concert à L’Alhambra le 1er février 2017 dans le cadre du festival Au fil des l’alévisme, religion syncrétique rattachée au comme « l’ancêtre du violon » par ceux des voix traduit cette diversité en regroupant des chiisme duodécimain, et en Irak, du zoroas­ plaines. musiciens turcs, irakiens et iraniens, les condi­ trisme, religion monothéiste dont se tions n’étant pas réunies pour que des Kurdes revendiquent les yézidis kurdes. Saïd Assadi en Le saz, sorte de luth à long manche, était l’in­ syriens se joignent à eux. Pour autant, leur témoigne lorsqu’il évoque la légende zoroastri- strument de prédilection des bardes. Mamhut album s’intitule Kobane, du nom de la ville enne qui nous conte que « l’âme humaine refu­ Demir en fabrique et en joue avec virtuosité. Il martyre du Rojava, le Kurdistan syrien. sait de prendre place dans le corps d’Adam explique qu’« à l’instar des musiciens de fla­ jusqu’à ce qu’un ange chante et qu’elle obtem­ menco frappant sur leur guitare, j ’utilise la Fédérant leurs origines géographiques dif­ père. » caisse de résonance de l’instmment comme une férentes, ils ont élaboré un projet artistique qui percussion. » Mais les véritables instruments à nous dévoile une musique singulière, aux Le musicien, chanteur et luthier Mamuht percussion sont le dohol et le tombak, sortes de sonorités rares, aux tonalités tour à tour Demir, originaire de la région de Sivas (centre petits tambours en peaux. Ou encore le santour, entrainantes et mélancoliques, festives et nos­ de la Turquie) où les alévis sont en grand nom­ cithare sur table répandue dans tout le Proche- talgiques, graves et enjouées. Le blues des bre, complète pour sa part la liste des « genres Orient. Kurdes. musicaux » en ajoutant : « les musiques des pleureuses pour les morts et celles qui se Nous savons depuis Alfred de Musset que « les Issue d’une tradition née dans les montagnes lamentent du départ des hommes à la guerre. plus désespérés sont les chants les plus beaux. » parmi les populations pastorales et dans les Sans oublier cette relation particulière que les La musique kurde vérifie l’aphorisme du poète. plaines parmi les agriculteurs sédentaires, la Kurdes de Turquie entretiennent avec les mon­ Telle qu’on la découvre ou qu’on la retrouve musique kurde contemporaine conserve son tagnes, bastions inexpugnables de leur résis­ dans l’album Kobane, par les images qu’elle substrat mélodique et ses chants traditionnels. tance, et qu’ils célèbrent par des chants. » suggère, elle nous donne à voir tout autant qu’à Mais, au fil du temps, comme nous le précise (entretien du 19 janvier 2017). Et Saïd Assadi entendre le pathétique de la situation qui est Saïd Assadi, directeur du label Accords croisés n’oublie pas de confirmer ce que les musico­ imposée au peuple kurde ainsi que son immense qui a produit le groupe : « elle est devenue aussi logues ont constaté : « Les femmes ont joué un capacité de résilience. C ’est ce que l’anthropo­ une musique militante. Elle contribue à la per­ rôle déterminant dans la diffusion de cette cul­ logue Estelle Amy de la Brétèque appelle les « pétuation d’un patrimoine culturel qui permet ture orale. Elles ont été parfois à l’origine de la chants de héros et autres lamentations » parce que l’identité kurde tant malmenée par création des chants et elles sont leurs interprètes que, dit-elle : « la très grande majorité des l’Histoire ne disparaisse pas. Y compris dans la les plus nombreuses. »2. chants épiques que j ’ai pu entendre était dédiée diaspora. Militante, elle l’est d’autant plus en à des héros morts. Il y a quelques exceptions Turquie qu’elle y fut longtemps interdite. Pour elon Kendal Nezan, les instruments dans la bien sûr, tels les chants d’éloge à Ôcalan ou l’instant, elle y est tolérée... » (entretien du 2 musique traditionnelle auraient eu « un rôle ceux pour les maquisards du Parti des tra­ janvier 2017). S secondaire (...), l’accompagnement instrumen­ vailleurs du Kurdistan (PKK). Mais si ces héros tal visant surtout à préparer chez l’auditeur un ne sont pas morts, ils sont pour le moins inac­ omme dans la plupart des sociétés pay­ certain état d’âme »3 . Comme on peut s’en cessibles »4 . ♦ sannes, la musique et les chants recèlent C apercevoir en écoutant le groupe Nishtiman une grande variété de formes qui correspondent Project, dans la reprise de compositions tradi­ (1 ) Document de la fondation Institut kurde de aux moments marquants de l’année : départ tionnelles et encore plus dans la création Paris. dans les alpages, retour pour la tonte des mou­ (2) Pour l’instant, en Iran, les femmes se heur­ contemporaine, les instruments bénéficient tons, célébration du Nouvel An (le 21 m ars), tent à de grandes difficultés pour se produire en d’un rôle plus autonome. Multiples, ils se répar­ moissons, récoltes mais aussi mariages — qui concert, ainsi qu’en témoigne le film No Land’s tissent en deux catégories : les instruments à font la part belle aux dilok, musiques entrai­ Song de Ay at Najafi. vent : la zouma, hautbois turc ou syrien, le bala- nantes propices à la mise en place des dabkas, (3) Document de la fondation Institut kurde de ban, flute arménienne ou le doudouk, hautbois les danses de groupe. Paris. arménien, privilégiés par les musiciens des (4) Kedistan, édition du 20 janvier 2017. montagnes, et ceux à cordes : le oud, le bou- Quant aux chants religieux, ils restituent en Iran zouk, luth arabe, le kamânche persan, instru­ les influences du soufisme, en Turquie celle de ment à cordes frottées que Saïd Assani présente

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Le Matin 31 janvier 2017 Syrie Des forces anti-EI ont reçu des blindés de Trump L'alliance arabo-kurde combattant le groupe Etat islamique (El) en Syrie a annon­ cé avoir reçu des blindés américains ainsi que la promesse de l'administration Trump de «plus de soutien».

Syrie : les zones de contrôle

Un véhicule blindé au nord d'al-Ab ah. Les Forces démocra­ tiques syriennes, alliance de combattants kurdes et arabes qui luttent contre le groupe Etat islamique avec le soutien de la coalition internationale formée par les Etats-Unis, ont dit mardi avoir reçu pour la première fois des blindés américains. !Photo prise le 29 janvier 2017/REUTERS/Khalil Ashawi

(AFP/nxp) 31 jan 2017 - http://www.lematin.ch ZONE DE REPLI DE L’EI es Forces démocratiques syriennes (FDS) ont dit mardi avoir De violents combats opposent depuis plus de deux semaines Lreçu pour la première fois des blindés américains. Ces FDS les djihadistes aux dernières forces gouvernementales syriennes représentent l'alliance de combattants kurdes et arabes qui luttent présentes à Deir Ezzor. La région constitue la première zone de contre le groupe Etat islamique avec le soutien de la coalition repli pour les combattants de l'EI contraints de fuir l'Irak en raison internationale formée par les Etats-Unis. de l'offensive de Mossoul. Le nombre de blindés et de véhicules de transport de troupes «La prochaine phase de notre campagne consistera à isoler livrés «il y a quatre ou cinq jours» est peu élevé, a précisé un porte- complètement Rakka», a dit le responsable militaire kurde, qui a parole des FDS. Il est toutefois selon lui le signe visible d'un sou­ tenu à rester anonyme. «Pour y parvenir, nous devons atteindre la tien accru de Washington depuis l'arrivée de Donald Trump à la route entre Rakka et Deir Ezzor. Ce sera une mission difficile», a- Maison blanche. t-il ajouté. «Nous voyons des signes d'un soutien total de la nouvelle Le porte-parole des FDS a lui aussi évoqué une «nouvelle opé­ direction américaine, plus important qu'avant, à nos forces», a ration» contre l'EI qui devrait débuter «dans les prochains jours». déclaré le porte-parole. «Auparavant, nous ne recevions pas ce Il n'a pas voulu donner davantage de précisions. genre de soutien, seulement des armes légères et des munitions». Les habitants de Deir Ezzor peuvent à nouveau recevoir une Les Etats-Unis ont jusqu'à présent fourni un appui aérien, assistance. Les largages du Programme alimentaire mondial dépêché des membres des forces spéciales et livré des armes (PAM) ont pu reprendre dimanche, a indiqué mardi une porte- légères aux FDS. Ceux-ci cherchent à isoler Rakka, le bastion de parole. Ce dispositif avait dû être suspendu le 15 janvier en raison l'EI, après avoir chassé les djihadistes d'une grande partie du nord- des violences. Une nouvelle zone de largage a pu être établie, est de la Syrie. selon la porte-parole du PAM Bettina Lüscher. HOSTILITÉ DE LA TURQUIE POURPARLERS À GENÈVE LE 20 FÉVRIER Washington a évité d'appuyer trop visiblement les FDS en rai­ Sur le plan diplomatique, les pourparlers de paix sur la Syrie son de l'hostilité qu'une telle politique suscite en Turquie. Ankara sous l'égide de l'ONU ont été reportés au 20 février, a annoncé considère la milice kurde des Unités de protection du peuple mardi au Conseil de sécurité l'envoyé spécial sur la Syrie des (YPG), fer de lance des FDS, comme une extension du Parti des Nations unies, selon des diplomates présents. La date initiale était travailleurs du Kurdistan (PKK), mouvement séparatiste avec agendée au 8 février. lequel Ankara est en conflit ouvert. Staffan de Mistura a expliqué lors d'une réunion à huis clos que La Turquie s'est elle-même engagée militairement dans le le report donnerait plus de temps à l'opposition syrienne pour conflit syrien l'été dernier pour lutter contre l'EI mais aussi contre qu'elle se prépare et permettrait aux pourparlers d'être aussi les YPG. Elle a récemment amorcé un rapprochement avec la ouverts que possibles, ont indiqué deux diplomates à 1 AFP. Russie dans ce but. Les invitations pour assister aux négociations de Genève Fortes d'un soutien américain accru, les FDS ont l'intention de seront envoyées le 8 février, a précisé Staffan de Mistura au poursuivre leur entreprise d'encerclement progressif de Rakka en Conseil de sécurité, toujours selon des diplomates. ■ coupant la route entre la «capitale» syrienne de l'EI et la province de Deir Ezzor, frontalière de l'Irak, a-t-on appris mardi de source militaire kurde.

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’/ Z S S E M M January 30, 2017

of the Iranian population, are indigenous to the region they live in (northwestern Iran). Like the Kurds, Baluch and Ahwazis Ahwazi-Arabs, the majority of the Iranian Kurds are Sunnis, and have been likewise persecuted and discriminated against by the Iranian regime. Deserve Self-Determination Initially they supported the Iranian revolution against the Shah. The Iranian Kurds sought an The Kurds, Baluchi, and Ahwazi aspirations have never autonomous rule within Iran. It led to the Ayatollah Khomeini declaring Jihad against the received the attention the Palestinians have by the Kurdish people of Iran. As a result, there has been International community. a continuous military, economic and psychologi­ cal war waged by the Tehran regime on the civi­ lian Kurdish people. Joseph Puder / January 3 0 , 2 0 1 7 According to the Kurdistan Peace and http://www.frontpagemag.com Development Society, the Tehran regime has led a systematic genocidal campaign against its he Islamic Republic of Iran appears in its Kurdish population, which has claimed the lives of Taggressive arrogance as a solid and intimida­ tens of thousands of innocent people. The ting force. There are however, chinks in the Iranian Kurds seek improved governmental repre­ Iranian regime’s armor - it is beset by rebellious sentation and protection of their basic human minorities who seek self-determination from the rights through the creation of a federal state. Tehran regime. On Decembers, 2016, an interna­ International human rights organizations tional conference on Ahwaz was held in Tunisia by have revealed that Iran executed at least 94 Kurds the Euro-Arab Center for Studies, in conjunction in 2005,117 in 2006 and up to 370 in 2008. In 2010, with the Arab Struggle Movement for the the World Health Organization (WHO) as the at least 16 Kurdish political prisoners were awai­ Liberation of Ahwaz. The conference was titled most polluted city on earth, partly due to deserti­ ting death sentences in Iran. None have been “Ending the Occupation and Restoring the fication and industrial smug. Arab farmers are given access to a fair trial. According to Country - An Historic Duty’’ regularly stripped of agricultural land, and Unrepresented Nations and Peoples Organization The Ahwazis are an Arab minority in a predo­ although there has been loud condemnations of (UNPO) “many of the executions are public, and minantly Persian state. In 1925, Shah Reza Pahlavi Israel’s separation wall, there have been no media often sentences are handed down in absence of annexed the area known historically as Arabistan headlines about the segregation walls hiding legitimate court proceedings.” to Iran, and gave it the name Khuzestan. Ahwaz squalid Arab ghettos from wealthier Persian set­ espite being a signatory to the Convention on is the capital of the province, which is bordering tlements and glossy new towns.” D the Rights of the Child, Iran is the only coun­ Iraq to the West, the Persian (Arabian) Gulf to the One wonders where the hypocritical voices of try in the world to publicly execute minors. An Southwest, and the Zagros Mountains to the East, the Israel boycotters are, especially that of the estimated 134 minors are currently on death row. North, and Southeast, which separate it from Iran Students for Justice in Palestine (SJP) and their Many high profile executions of juveniles occur­ (Persia). Arabistan was a British protectorate that western “useful idiots,” whose boycott and red in the Kurdish area. One in particular was the was governed until 1925 by Sheikh Khazaal bin divestment campaigns punish Palestinian workers execution of Mohammedreza Haddadi, senten­ Jabber, whose family ruled Arabistan for over a in Israeli companies, while ignoring the killing of ced to death for an alleged crime he committed at century. The British, interested in preserving its oil Palestinians in Syria by the Assad regime and their age 15. interests in Iran, gave the Shah a green-light to Iranian and Hezbollah helpers. Where is their out­ Dr. Hossein Bor is a distinguished legal scholar occupy the province. cry about the true apartheid practiced by the with a law firm situated across the street from the The British colonial administrator of Iranian regime against Ahwazi-Arabs, Kurds and White House. A Baluch activist, he once told this Arabistan, Sir Arnold Wilson once said that Baluch Sunni Muslims in Iran? And where is the reporter that “freedom and self-determination Arabistan is “a country different from Persia as is media’s criticism of Iran’s separation walls in does not stop at the gates of Baluchistan (sou­ Spain from Germany.” Indeed, most Arab- Arabistan? theastern Iran) and Kurdistan.” Like the Kurds, Ahwazis are Sunni-Muslims in sharp contrast to riting in the Saudi daily Okaz, Abd Al- most of the Baluch people in Iran are Sunnis, and the majority Shiites in Iran. In addition to religious W Mushen Hilal argued in his column that the are severely persecuted as such. Bor wrote that differences, there is also the ethnic difference. Ahwaz issue is older than the Palestinian issue, “The Baluch people in Iran are going through the The Ahwazis are Semitic Arab people while the and that the Iranian occupation of Ahwaz was as hardest time in their history. They have been sys­ Iranians (Persians) are Hindu-European. bad as the Israeli “occupation” of Palestine. Hilal tematically oppressed, discriminated against, and Culturally, the Ahwazis have been robbed of their asserted that, “There is a pressing need to reco­ deprived of proper education. There are 3.5 mil­ language (Arabic). In short, there is little in com­ gnize the Ahwazi issue, in order to deal with Iran’s lion Baluchis in Iran, (2009) and there has not mon between Ahwazi Arabs and their Iranian efforts to eradicate the Arab identity of the been even one single Baluch high official in the occupiers. There is only repression and apartheid region by expelling its residents, changing its cha­ country in the last 30 years.” practiced by the Ayatollahs regime. racteristics, and obscuring its Arab identity. Its The Kurds, Baluch, and Ahwazi aspirations ignificantly however, Arabistan provides Iran name changed from Ahwaz to Arabistan, and have never received the attention the Palestinians Swith 80 percent of its oil requirements and 50 later to Khuzestan; it is home to 12 million Arabs, have received. Yet, these people have struggled percent of its gas. According to Al-Arabiya and it is as large as Syria, Jordan, and Palestine for freedom and self-determination for a century. (1/25/2017) “Numerous Arab villages are without combined.” They are more numerous than the Palestinians schools and those ‘lucky’ enough to attend school The BBC reported on January 25, 2006 that and are truly oppressed. There are already 22 are educated in Farsi. Some 80 percent of Ahwazi “At least eight people were killed and 46 injured Arab-Muslim sovereign states, yet there is not a women are illiterate as opposed to 50 percent of in two blasts in the south-western Iranian city of single Kurdish state, or a Baluch state. The Ahwazi men. Over thirty percent of the under-30s Ahwaz. Iranian President Mahmoud Ahmadinejad Ahwazis have known a measure of independence are unemployed in this heavily industrialized had been due to give a speech at a religious cen­ as a British protectorate, but their occupation by region, primarily because Persians receive priority ter nearby.” Earlier, “in November, protests erup­ Iran is intolerable. It well is past time for the inter­ and jobs often advertised outside the governo- ted in Ahwaz after ethnic Arabs accused authori­ national community to notice these people. ■ rate. Thousands are without access to drinking ties of discrimination.” water because rivers have been diverted to arid The Ahwazi Arabs are not the only ones to be Persian provinces. Their streets have open discriminated against and oppressed by the sewers; many are deprived of electricity and gas. Islamic Republic of Iran. The Kurds in Iran, estima­ In 2013, Arabistan capital Ahwaz was classified by ted in 2008 to number from 8-10 million, or 11-15%

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January 31. 2017 Syrian militias get more U.S. support for IS fight, plan new phase

By Tom Perry / Jan 31, 2017 / REUTERS Raqqa. He said there had been no change of http://www.metro.us/ policy. "The Department of Defense only provides he U.S.-led coalition fighting Islamic State training and materiel support to the Syrian Arab Thas boosted support for its Syrian allies, sup­ Coalition," Major Adrian J.T. Rankine-Galloway Syrian Kurdish forces get U.S. armoured plying armored vehicles for the first time as they said in a statement. vehicles. Photo: TivitterlYPG prepare for a new phase in their campaign to capture Raqqa, a spokesman for the militia said EUPHRATES DAM STILL IN ISLAMIC on Tuesday. STATE HANDS including the road between Raqqa city and Deir The U.S.-backed Syrian Democratic Forces al-Zor. Cutting off Raqqa city from IS stron­ (SDF) alliance, which is dominated by the The U.S. strategy towards fighting Islamic gholds in Deir al-Zor would be a major blow Kurdish YPG militia, is waging a campaign to State in Syria has generated tension with NATO against the group. capture Islamic State's base of operations in ally Turkey, which views the YPG as an extension "The coming phase of the campaign aims to Raqqa. of the Kurdistan Workers Party (PKK), a group isolate Raqqa completely," said the Kurdish mili­ A Kurdish military source, speaking on that has waged a three-decade insurgency in tary source, who declined to be named. condition of anonymity, told Reuters the next southeast Turkey. "Accomplishing this requires reaching the phase of the Raqqa campaign would aim to seal The YPG forms the military backbone of Raqqa-Deir al-Zor road," the source said. off all remaining roads to the city, including the autonomous regions set up by Kurdish groups "It will be difficult because Raqqa is not a route to Deir al-Zor province, another IS stron­ and their allies in northern Syria since the onset place Daesh will easily give up," said the source, ghold. of the war in 2011. using the Arabic acronym for Islamic State. The SDF is likely to figure prominently in Trump, who pledged in his inaugural ilo of the SDF said preparations were under­ U.S. President Donald Trump's strategy for figh­ address to wipe Islamic State and like-minded Sway for "new action" starting in "a few days", ting Islamic State in Syria, where the jihadist groups "from the face of the Earth", signed an but gave no further details. group still holds large areas of territory stret­ executive order on Saturday asking the SDF forces had advanced to within 1 km ching to the Iraqi border. Pentagon, the joint chiefs of staff and other agen­ (half a mile) of the Islamic State-held Euphrates DF spokesman Talal Silo said the delivery of cies to submit a preliminary plan on how to pro­ Dam to the west of Raqqa, but have yet to cap­ Sthe armored vehicles marked a significant ceed within 30 days. ture it, Silo said, adding that air power could not improvement in U.S. support and attributed the slamic State is being fought in Syria by three be used there in case the dam was damaged. change to the new administration. Trump says Isets of enemies: the Syrian Democratic Forces The Syrian Observatory for Human Rights, eradicating Islamic State will be one of his big­ in northern Syria, the Syrian government and its which reports on the war, said the SDF's pro­ gest priorities. Russian and Iranian-backed militia allies in cen­ gress near the dam had come to a halt due to IS "Previously we didn't get support in this tral and eastern Syria, and the Turkish army and resistance. form, we would get light weapons and ammuni­ its Syrian rebel allies in a strip of land near the Islamic State has been fighting hard in tion," Silo told Reuters. "There are signs of full border. recent weeks to try to capture the last remaining support from the new American leadership — The SDF launched a campaign with the ulti­ pockets of Syrian government-held territory in more than before — for our forces." mate aim of capturing Raqqa in November. The Deir al-Zor city, prompting Russia to dispatch A Pentagon spokesman said the vehicles had first two phases focused on capturing areas to long-range bombers to repel its assault. ■ been supplied to the Syrian Arab Coalition - part the north and west of Raqqa, part of a strategy to of the SDF - and would help it contend with the encircle the city. threat posed by improvised explosive devices The Kurdish military source said the third used by Islamic State as they advance towards phase would focus on capturing remaining areas,

REUTERS Two pro-Kurdish lawmakers in Turkey arrested on terrorism charges

January 30, 2017 REUTERS to peace talks between the government and the PKK, which has carried out a three- decade insurgency in Turkey's largely Kurdish southeast. A Turkish court ordered the arrest of two lawmakers from the pro- In recent months, thousands of Kurdish politicians have been detained, including Kurdish Peoples' Democratic Party (HDP) on Monday, security dozens of local mayors in the southeast. sources said, bringing the total of jailed deputies from the Turkish Turkish authorities in November arrested Selahattin Demirtas and Figen opposition group to 12. Yuksekdag, the two leaders of the HDP, drawing strong international condemna­ HDP's Adana deputy Meral Danis Bestas was detained by police at her home in the tion over what rights groups say is a widening crackdown on dissent under southeastern city of Diyarbakir, while Ayhan Bilgen, the head of the party's parlia­ President Tayyip Erdogan. mentary group chief, was taken by security forces at the city's airport. Prosecutors are seeking jail sentences of up to 142 years for the two on charges Both are accused of being members of an armed terrorist organisation, sources including managing a terrorist organisation, according to the court indictment said. seen by Reuters. Turkish authorities say the HDP, parliament's third-largest party with 59 seats, is Another HDP lawmaker, Idris Baluken, was released on Monday after nearly three an affiliate of the militant Kurdistan Workers Party (PKK), considered a terrorist months in jail on charges including terrorist propaganda and membership of a ter­ organisation by Turkey, the United States and the European Union. rorist group, CNN Turk reported. He is still facing a life sentence pending trial. • The HDP denies direct links to the oudawed group and says it wants to see a return

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Incirlik air force base. Then Pentagon planners would be compelled to ramp up operations from Safe Zones in Syria Jordan, Cyprus, and Iraqi Kurdistan. Tense US-Turkish relations are exacerbated by Trump’s rhetoric about radical Islamic terror, David L. Phillips in the battle to retake Raqqa, the ISIS capital. fisting the Muslim Brotherhood as a foreign ter­ Jan 27, 2017 Safe zones will require the US to expand its rorist organization, and restrictions on immigra­ http://www.huffingtonpost.com deployment of Special Forces. The US would also tion of Muslims. Not only was Turkey the pri­ have to provide a more sophisticated arsenal to mary supporter of ISIS, it has become increasin­ resident Donald J. Trump said he will “absolutely the Southern Front and SDF. gly Islamist and anti-Western. do safe zones in Syria.” Establishing safe zones is P In addition, safe zones will require air ilitary action will not occur in a vacuum. Safe a consequential decision. Benefits and risks must be power. De-conflicting with Russian warplanes carefully considered. Mzones will go hand in hand with US diplomatic will be critical. engagement. The devil is in the details. Where will safe Russia and Turkey have sought to exclude zones be established? How will safe zones be Safe zones could yield substantial benefits. the US from talks aimed at ending Syria’s civil enforced? Which local fighters can the US rely Safe zones will shrink the territory control­ war. The rancorous collapse of last week’s “peace on? led by ISIS. They will be a launch point for rebel conference” in Astana, backed by Russia and groups fighting ISIS. Safe zones will also help Safe zones are viable in Syria’s south, along Turkey, showed the limits to Russian-Turkish mitigate the humanitarian crisis, serving as a its border with Jordan, and in the north on diplomacy and the indispensable role of the US sanctuary for displaced Syrians. Syria’s border with Turkey. in mediating and enforcing a peace agreement. There are also costs. The Southern Front, a coalition of CIA-vet­ Trump must carefully consider both the ted Syrian rebel groups, controls the desert Establishing safe zones will require signifi­ benefits and risks of safe zones. Safe zones will region adjoining Jordan. The Southern Front is cant military assets. US troops will be in harm’s require a sustained military and diplomatic com­ supported by Jordan, Saudi Arabia, the United way. Enforcing safe zones also risks putting the mitment. Shooting from the hip is no way to go Arab Emirates, and Israel. It represents a bul­ US on a slippery slope to further involvement in to war. • wark against Iranian influence and Iranian Syria’s civil war. backed armed groups such as the Islamic he northern safe zone risks a further falling out Revolutionary Guard Corps and Hezbollah. David L. Phillips is Director o f the Program on Twith Turkey, which has staked out its own zone of Peace-building and Rights at Columbia Syrian Democratic Forces (SDF), would influence in Jarablus. Turkey adamantly opposes US University’s Institute fo r the Study o f Human secure the northern safe zone. The SDF includes cooperation with the YPG, which it sees as an exten­ Rights. He served as a senior adviser and for­ 40,000 Kurdish fighters comprising Peoples sion of the Kurdistan Workers’ Party (PKK). A safe eign affairs expert to the US State Department Protection Units (YPG). The provinces of zone along Turkey’s border will be viewed as a nas­ during the administrations o f Presidents Jazeera, Kobani and Afrin encompass the nor­ cent Kurdish state, protected by the US the same way Clinton, Bush, and Obama. thern zone. There is precedent for cooperation that the US protected the Kurdistan Region of Iraq. with the SDF. The US is supporting SDF fighters In response, Turkey could deny US access to

Æ\ ARANEWS Y Pulse oF ti January 30, 2017

defenses around Tedef, just south of al-Bab,” he said. “So, in theory, they could withdraw to refortify their position. Al-Bab Turkey vows to will eventually fall, there is no doubt about that, but the options for Turkey after that are limited, unless they are willing to sustain more casualties and an open-ended military confront ration with various different insur­ continue fighting gent actors,” Stein told ARA News. eanwhile, a former Turkish diplomat, who spoke to ARA News on Mcondition of anonymity, said that he never expected the Turkish army Syrian Kurds to enter al-Bab. “And definitely not for a second that it would turn to Manbij or even further to Raqqa.” By: Wladimir van Wilgenburg / January 30, 2017 “Now with the Russians playing ball with PYD [Kurdish Democratic http://aranews.net Union Party in Syria], it gets even further down the road and the Trump administration seems to prove to become a sour disappointment for urkish President Recep Tayyip Erdogan said that as soon as the Turkey- Erdogan,” the ex-diplomat said. Tled battle for al-Bab city is completed, the Turkish military operations “Turkey is finding out the hard way that fighting ISIS is not any easy in northern Syria will be over. task,” said Amberin Zaman, Public Policy Scholar at the Woodrow Wilson “It is necessary to finish the job in al-Bab and not go deeper down. The International Center for Scholars. work done is in this direction,” Erdogan said. “The Turkish Army is a conventional force. They don’t do suicide bom­ In the meantime, the Turkish army said in a statement that Islamic bings or VBIEDS [car bombs]. ISIS does,” she told ARA News. “Turkish sol­ State’s (ISIS) militants started to withdraw from al-Bab city, as the diers dying in Syria is not easy to explain before the critical referendum on Euphrates Shield Operation -carried out by Turkey and allied rebels- the presidency. Turkey will continue however to put pressure on the YPG entered its 157th day. [Kurdish People’s Protection Units] and the SDF [Syrian Democratic This while in the past Turkish officials suggested that after capturing Forces] in Manbij and Afrin [Efrin].” al-Bab city, the Turkish army forces and Turkey-backed rebels would “Turkey’s future moves will also be determined by those of the Trump attack the city of Manbij -that was liberated from ISIS by the Kurdish-led administration and whether or not they decide to continue working with Syrian Democratic Forces (SDF) and the People’s Protection Units (YPG) the YPG and the SDF. All signs indicate that they will,” she concluded. on 13 August. On Saturday, the Turkish Prime Minister Binali Yildirim vowed that Shortly afterwards, Turkey launched on 24 August the so-called Turkey would continue to attack the Kurds in Syria. Euphrates Shield Operation, fearing that the Kurds could connect their “YPG and PYD are same as the PKK. They can have different names, local canton administrations of Efrin and Kobani, and started to attack but we will clean these terrorist groups from the region,” he said during a YPG, ISIS, and the SDF Northern Aleppo to create a security region. joint press conference with the British Prime Minister Theresa May in The Kurds have denounced the Turkish operation as an occupation of Ankara. Syria, and vowed to resist it with the help of local forces. On Sunday, Syrian regime forces approached six kilometers from al- According to analysts, the al-Bab operation will most likely continue. Bab, while Turkish soldiers and Turkey-backed rebels continued to Aaron Stein, a senior resident fellow at the Atlantic Council, told ARA advance slowly from the north. News that until now it’s unclear if ISIS has withdrawn from al-Bab. Turkish media reported on Sunday that the Turkish Ayhan Elmaci (29) “All available evidence suggests that Islamic State will continue to was killed in al-Bab by an ISIS attack. • fight advancing Turkish forces. However, the group has also built up

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L e M o n d e diplomatique janvier 2017

s’élève, comme si des esprits tourmentés hantaient S y r i e , I r a k la cité. Des hommes en armes entrent et sortent d’une école transformée en quartier général, ou s’asseyent en attendant les ordres. «Nous avons été victimes de massacres par le passé, mais ce nouveau carnage.a eu Heu à l’âge,de la technologie Les Yézidis, avancée! Nous déplorons des milliers de victimes; des milliers de nos sœurs sont encore entre les mains de l'OEI», martèle M. Qasim Shasho, le comm andant des peshmergas de Sinjar, proches éternels boucs du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et d ’origine yézidie.

Cuisinier, Abou Majed organisait les fêtes de mariage. Il a du mal à retenir ses larmes en nous montrant des photographies de sa famille. Ce émissaires fatal 3 août 2014, des djihadistes de i’OEI ont enievé sa femme, ses trois filles et l’un de ses fils. Alors que la bataille pour la reprise de Mossoul semble Seule sa fille de 23 ans, maintenue en captivité à Rakka, la «capitale» de l’OEI en Syrie, a réussi à s’enliser, les Yézidis qui ont fui le nord-ouest de l’Irak donner de ses nouvelles il y a quelques mois. en 2014 hésitent à regagner leur région natale. Persécutés Abou Majed se retrouve seul avec un de ses fils. Des récits comme le sien, toutes les familles par l’Organisation de l’État islamique, qui considère peuvent en raconter. les membres de cette minorité kurdophone comme Si l’on réécrivait l’histoire du Proche-Orient du point de vue des Yézidis, il en résulterait un livre des hérétiques à asservir ou à mettre à mort, ils reprochent bien différent de ceux dont nous disposons. Ce peuple kurdophone (kurmandji) possède une culture aux peshmergas de les avoir abandonnés à leur sort. unique, construite autour d’une religion monothéiste transmise oralement qui plonge ses racines dans le zoroastrisme, auquel s’ajoutent des influences Par notre envoyé spécial chrétiennes et islamiques. Les Yézidis peuplent essentiellement les régions kurdes d’Irak, leur VlCKEN CHETERIAN * principal lieu de culte se situant à Lalish, au nord de Mossoul. On les retrouve également en Trans­ Q la reconquête de la ville par les forces kurdes, le caucasie et dans les diasporas occidentales. En in j a r , dans le nord-ouest de l’Irak, est 13 novembre 2015. Un petit groupe de combat­ Irak, ils s'inscrivent dans un paysage religieux riche encore une ville quasi déserte. Alors que tants marche lentement sous le soleil de la mi- et ancien composé notamment des Chabaks, 80000 habitants ont fui à l’arrivée de l’Organisation journée. Quand le vent fait claquer ce qu’il reste d ’adeptes du mandéisme, des Églises chrétiennes de l’État islamique (OEI), en août 2014, à peine des rideaux métalliques des magasins, réduits en chaldéenne, assyrienne d’Orient ou syriaque. Leur une cinquantaine de familles sont revenues après lambeaux par les bombardements, une clameur communauté est divisée en classes, dirigées par des cheikhs (chefs) ou des autorités religieuses. Le mariage avec des membres d’une autre confession TURQUIE leur est strictement interdit.

Durant l’été 2014, l’OEI mena une offensive- éclair. En juin, quelques centaines de djihadistes créaient la surprise en s’emparant de Mossoul, Zakho deuxième ville d’Irak. Les forces militaires irakiennes, estimées à 30000 hommes, abandonnèrent Kamechliyé DOHOUK rapidement les lieux, dans le contexte d’une lutte Dohouk de pouvoir entre des tribus sunnites privées de leurs droits et des notables urbains mécontents de SYRIE Lalish leur perte d’influence après l’invasion américaine. C’était aussi une conséquence de la politique sectaire du premier ministre chiite d’alors, M. Nouri Al-Maliki. À la surprise générale, après s’être dirigées Hassaké vers Bagdad, les troupes de l’OEI firent demi-tour pour s’attaquer à des régions sous ie contrôle des 1 4 6 3 m ». r Kurdes. L’attaque commença aux premières heures Mont Sinf° r Mossoul du 3 août 2014 dans la région de Sinjar, habitée . Sinjar par des Yézidis. Le commandement peshmerga, . Qahtaniyah pris de panique, ordonna à ses combattants de se Siba Sheikh Khidir NINIVE retirer, laissant la population à la merci des djiha­ distes. La résistance, équipée d’armes légères, IRAK s’effondra en quelques heures. La population tenta de gagner les montagnes, mais de nombreux habitants, surtout ceux qui n’avaient pas de véhicule, ne purent s’enfuir. Les hommes furent séparés des femmes et très souvent abattus sur place. Des civiis s’enfuirent Zone de peuplement yézidi Région autonome du Kurdistan Zone montagneuse jusqu’au Sardasht, le haut plateau au sommet du

Source : Michael Izady, The G u lf/20 00 Project, université Columbia, New York, 2016. Cécile Marin mont Sinjar, où les djihadistes les poursuivirent,

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tout en continuant les massacres et les prises Abou Moussab Al-Zarkaoui, a adopté l’idéologie après l'offensive, des combattants kurdes venus d’otages, jusqu’à ce que des combattants yézidis salafiste djihadiste pour faire face au nouveau de Syrie ont néanmoins réussi à ouvrir un couloir s’emparent d'une mitrailleuse abandonnée par les conflit sectaire. Cette idéologie allait bientôt semer et à sauver des dizaines de milliers de Yézidis peshmergas et les repoussent. Les hommes qui le chaos. Selon sa lecture de la charia, les Yézidis bloqués au sommet du m ont Sinjar. n’acceptèrent pas de se convertir à l’islam furent avaient le choix entre se convertir à l’islam ou périr. tués. Les femmes et les filles, dont des fillettes En avril 2007, des militants arrêtèrent un bus qui Encore des milliers n’ayant pas plus de 9 ans, furent rassemblées dans transportait des travailleurs venant d’une usine des centres, envoyées à Tell Afar, non loin, et textile de Mossoul. Ils ordonnèrent aux chrétiens de femmes captives vendues comme esclaves sexuelles aux djihadistes et aux musulmans de descendre, s’emparèrent de tout le «califat». Le nombre de tués et de des vingt-trois travailleurs yézidis et les assassi­ captifs n’est pas connu précisément, mais les nèrent. Mais le pire allait survenir le 14 août 2007, Après ia contre-attaque des forces kurdes organisations yézidies parlent de 2240 morts, de lorsque quatre camions piégés servirent à des soutenues par l’aviation américaine, en novembre- 1 020 disparus - dont on craint qu’ils aient été attentats-suicides massifs dans deux localités décembre 2015, seuls 50000 civils, sur 300000, exécutés - et de plus de 5800 prisonniers, essen­ yézidies, Qahtaniyah et Siba Sheikh Khidir, faisant ont regagné la région. La plupart des villes et des tiellement des femmes et des enfants. Plus de 500 morts et 1 500 blessés. villages sont en ruine, détruits durant les combats 280 personnes, des enfants pour la plupart, sont ou par les djihadistes lors de leur retrait. Certains mortes de soif et d’épuisement au cours des L’armée américaine ne disposait pas de suffi­ attendent une clarification politique avant de revenir. premiers jours. samment d’hommes pour contrôler cette zone Car Sinjar est désormais divisée entre l’est, sous frontalière. Une grande partie du nord-ouest de l’influence du PDK, au pouvoir dans la région l’Irak, une région stratégique à la frontière syrienne, autonome irakienne, et l’ouest, sous celle du Parti Détruire une culture devint une autoroute pour les volontaires islamistes. des travailleurs du Kurdistan (PKK, originaire de Dans un camp dans le désert près de Sinjar, les Turquie) et de ses alliés syriens. Ces deux forces et un mode de vie soldats américains trouvèrent la trace de quelque appartiennent à des ententes régionales antago­ 700 volontaires venus de plusieurs pays, principa­ nistes: tandis que le PDK de M. Massoud Barzani Aucun groupe humain n’a été autant brutalisé lement d ’Arabie Saoudite et de Libye, pour défendre est allié à la Turquie, le PKK est en guerre contre par l’OEI que les Yézidis. Le but de l’organisation la cause djihadiste en Irak (2). Ankara. Le PKK a même créé une milice locale semble avoir été non seulement d’intimider et de composée de Yézidis payés par Bagdad, mais sous soumettre, mais aussi de détruire une culture et un On ne sait toujours pas officiellement pourquoi son contrôle. mode de vie très particuliers dans la région. La l’armée irakienne s’est effondrée face à l’offensive violence subie par les Yézidis ne date pas d ’hier. de l’OEI. S’ ajoute un autre mystère: pourquoi celle- Les massacres ottomans contre les Yézidis en Pour eux, les événements de 2014 représentent le ci n’a-t-elle pas poursuivi sa percée vers Bagdad, 1892 furent suivis d’une forte réaction, puis d’une soixante-treizième massacre, et ils emploient pour la capitale et le centre du pouvoir en Irak, au lieu renaissance de cette identité et de cette culture le désigner le terme ottoman farman. Ce mot, qui de lancer une opération contre les communautés dans ta région du mont Sinjar (4). Leurs descendants signifie «décret du sultan», se réfère aux tueries yézidies du Sinjar, sous le contrôle des peshmergas réchapperont-ils de l’anéantissement en cours? ordonnées à la fin du XIXe siècle par le sultan Abdül- kurdes ? Cette attaque n’avait pas de sens dans la Rien n’est moins sûr. La majorité d ’entre eux vivent hamid II dans le but de placer les régions yézidies lutte d’influence entre le pouvoir chiite à Bagdad actuellement dans des camps de réfugiés rudimen­ reculées sous le contrôle de l’État, d’imposer à et les sunnites avides de revanche. taires et surpeuplés. Beaucoup d’autres ont pris la leurs habitants le service militaire et les taxes, et route de l'Europe. Malgré l’avancée des milices de les convertir à un islam sunnite. Les Yézidis n’ont Le raid contre Sinjar met en lumière les contra­ chiites pour couper les ravitaillements entre Mossoul pas bénéficié de la protection accordée aux dictions de l’organisation islamiste. Plusieurs Yézidis et la Syrie, des villages yézidis au sud de Sinjar chrétiens et aux juifs, adeptes de religions déplacés nous ont confirmé que l’attaque initiale sont encore sous le contrôle de l’OEI, qui, depuis monothéistes dont l’islam prétend rétablir le avait été essentiellement menée par les tribus ces bases, lance des attaques régulières contre les message originel. arabes voisines (Jiheysh, Abou Mtemet et Khatouni). positions kurdes et yézidies. Quelque 2 000 femmes Leur vœu d’allégeance (bay’a) au nouveau « califat » ont été libérées; 3200 sont encore captives, pour Considérés comme des païens, voire comme a coïncidé avec l’offensive contre Sinjar. En d ’autres la majorité à Rakka, en Syrie. Les Yézidis sont amers des «adorateurs du diable», les Yézidis ont termes, les tribus arabes locales, à l’exception des et se sentent trahis : ils ont été massacrés par leurs souvent été persécutés. Le régime baasiste Chammar de la région de Rabia, se sont jointes à anciens voisins arabes, trahis par leurs frères ethniques, les Kurdes, et oubliés par la «commu­ irakien les a traités de façon discriminatoire. En l’OEI pour attaquer les Yézidis sans raison 1975, dans le cadre d’un vaste projet de moder­ apparente (3). L’une des explications tiendrait à la nauté internationale». Avant de regagner leurs nisation et pour assurer à l’État un meilleur grande diversité des troupes de l'OEI : vieille garde foyers et de se construire une nouvelle vie, ils ont contrôle d’une région montagneuse et reculée, baasiste qui rêve de revenir au pouvoir à Bagdad, besoin de pouvoir espérer que ce soixante-treizième les autorités baasistes les forcèrent à abandonner combattants d’une guerre sectaire contre le régime farman sera le dernier. * leurs villages traditionnels du mont Sinjar pour syrien, djihadistes internationaux qui veulent saper les installer dans des «collectivités» au nord et la société occidentale, Tchétchènes, Turcs, etc. Chaque groupe apporte sa force, mais aussi un au sud de la montagne. L’eau nécessaire à * Professeur d’histoire et de relations internationales à l’université l’irrigation n’arriva jamais dans la plupart de ces nouvel ennemi. En fin de compte, l’OEI se bat contre de Genève et à la Webster University de Genève. Auteur A’Open lieux, obligeant les habitants appauvris à le reste du monde - un combat pour lequel l’orga­ Wounds: Armenians. Turks, ami a Century o f Genocide, Hurst & Company, Londres, 2015. dépendre de leurs voisins arabes plus riches en nisation manque manifestement de ressources. En travaillant leurs terres. attaquant Sinjar, elle a gagné des recrues parmi les tribus arabes, mais elle a ouvert un nouveau front (1) Lire « Et l’Irak accouche d’une nouvelle génération de djiha­ les Turkmènes de Tell Afar, d ’où étaient originaires dans les «territoires contestés» de Ninive et Kirkouk distes», Le Monde diplomatique, décembre 2008. beaucoup d’officiers de Saddam Hussein, ont été entre Kurdes, pouvoir central chiite et notables (2) Joseph Feller et Brian Fishman, «Al-Qa’ida’s foreign fighters mécontents de voir le pouvoir leur échapper. La in Iraq. A first look at the Sinjar records », Combating Terrorism sunnites de Mossoul. résistance armée antiaméricaine a recruté majori­ Center, West Point (État de New York), 2 janvier 2007. tairement dans l’ancienne base du parti Baas, (3) Présente sur tout le territoire, la puissante confédération tribale Depuis 2003, la zone de Sinjar; bien que faisant des Chammar est un ennemi important de l’OEI. qu’une nouvelle force venait alors influencer: partie de la région de Ninive, était sous le contrôle l’internationale salafiste djihadiste. Dans le même (4) Nelida Fuccaro, The Other Kurds. Yazidis in Colonial Iraq, des peshmergas. Leur retrait sans combattre l’OEI I. B. Tauris, Londres, 1999. temps, les Yézidis et d’autres minorités du nord a laissé des tracés. «Les Yézidis attendent toujours de l’Irak, multiethnique, pouvaient travailler dans une explication des dirigeants de la région des bases américaines ou s’enrôler dans la autonome du Kurdistan», nous déclare M. Jamil nouvelle armée irakienne. Shawmar, directeur de l’organisation humanitaire Ceux qui ont rejoint la lutte contre les Améri­ Yazda, sise à Dohouk. Les autorités kurdes ont cains appartenaient à une nouvelle génération, semblé surprises par l’attaque de l’OEI. Et, en beaucoup plus radicale que les Afghans respon­ laissant les régions yézidies sans défense, elles ont sables d’AI-Qaida (1). L’organisation Jamaat Al- alimenté les questions identitaires : les Yézidis font- Tawhid Wal-Djihad, fondée par le militant jordanien ils ou non partie de la nation kurde? Une semaine

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L e M o n d e diplomatique ja n v ie r 2017

L e p r é s i d e n t E r d o g a n , u n e n c o m b r a n t p a r t e n a i r e Ankara et Téhéran, alliés ou concurrents ?

Ravivées par la guerre en Syrie et par l’afflux de réfugiés cun accusant l’autre de soutenir des en Europe, des tensions opposent de manière récurrente «mouvements terroristes». Le président Recep Tayyip Erdogan n’a guère apprécié la Turquie à son partenaire historique allemand et à son les accusations des médias iraniens rival ancestral iranien. Elles devraient persister, malgré concernant l’achat par la Turquie de pétrole en provenance des puits syriens une dynamique de rapprochement diplomatique entre contrôlés par l’OEI. Plus spectaculaire encore, dans un contexte d’intensification Ankara et Téhéran pour la recherche d’un cessez-le-feu des relations avec certaines monarchies durable entre tous les acteurs du conflit syrien. pétrolières, Ankara a inauguré en mai 20K? - et pour la première fois depuis la fin de l’Empire ottoman - une base militaire sur le territoire de son allié le P ar M o h a m m a d -R eza D j a l i l i plus proche dans la région, le Qatar. Cette initiative bilatérale fait écho à l’alliance et T h i e r r y K e l l n e r * sunnite officiellement lancée par Riyad en mars 2016, alliance dont Ankara et Doha sont membres. Cette série de déve­ loppements, sans parler de la pénétration TA. o u t a u l o n g de leur histoire, l’Iran lusse, mais aussi pour mieux se protéger turque dans le golfe Arabo-Persique, que et la Turquie ont fait preuve de pragma­ contre des tirs en provenance de la Syrie. Téhéran considère comme sa zone d’in­ tisme dans leurs relations bilatérales, en Autant de décisions auxquelles la Répu­ fluence naturelle, inquiète le régime ira­ dépit de leur rivalité et d’intérêts parfois blique islamique s’opposait : de son point nien. divergents (lire l ’encadré page 17). Les dé vue, ces installations étaient en partie révoltes du «printemps arabe» ont toute­ dirigées contre elle. Bien qu’opposés sur l’ensemble des fois révélé - et parfois créé - de profonds dossiers régionaux, la Turquie et l’Iran antagonismes. Dès le début de la crise en Pour le régime iranien, la Turquie a restent liés par leurs échanges écono­ Syrie, les désaccords sont apparus (1). abandonné la politique d’indépendance miques et énergétiques. La première Après avoir (en vain) invité le gouverne­ à l’égard des États-Unis amorcée en 2003, achète au second du pétrole et du gaz, ment de M. Bachar Al-Assad à entrepren­ lorsqu’elle avait refusé de faciliter l’inter­ tandis que Téhéran poursuit ses impor­ dre des réformes, Ankara - pourtant vention militaire américaine en Irak. En proche de ce pays dans le cadre de sa poli­ juillet 2015, elle a permis à l’armée amé­ tations de biens de consommation turcs. tique «zéro problème avec les voisins» - ricaine de faire décoller ses avions depuis Signe que les dissensions politiques a offert son soutien à l’opposition. C’est sa base d’încirlik pour sa campagne de pèsent néanmoins, le montant des un tout autre son de cloche qu’a fait enten­ bombardements contre les troupes de échanges commerciaux décline : il est dre l’Iran, dont la stratégie au Levant l’Organisation de l’État islamique (OEI). passé de 21,89 milliards de dollars en repose sur Damas. Téhéran a soutenu le La décision, bien qu’elle contribue à 2012 à 13,7 milliards de dollars en 2014 régime et mobilisé ses alliés libanais, dont contenir l’avancée de l’OEI, a suscité Tire et seulement 9,7 milliards de dollars en le Hezbollah, ainsi que d’autres relais : de Téhéran, qui y a surtout vu un nouveau 2015. Même si la baisse du prix des milices chiites irakiennes et volontaires moyen de rapprochement entre Ankara hydrocarbures explique en partie cette chiites en provenance de divers pays, ces et Washington. L’Iran s’inquiète égale­ évolution, on est très loin de l’objectif derniers s’étant notamment illustrés dans ment de la convergence qui s’est dessinée de 35 milliards que les deux parties les combats pour la prise d’Alep-Est. au début de Tannée 2015 entre la Turquie, s’étaient fixé. À la suite de l’interception Alors que l’Iran devenait le plus important l’Arabie Saoudite et le Qatar sur la Syrie. d’un avion russe par des chasseurs turcs allié du régime syrien - du moins jusqu’à Les trois pays se sont en effet entendus le 27 novembre 2015, l’Iran a proposé l’intervention russe de septem­ pour mieux coordonner leurs actions et ses bons offices dans la crise survenue bre 2015 (2) -, la Turquie autorisait l’Or­ accroître leur aide à l ’opposition (3). Les entre Ankara et Moscou, sans doute pour ganisation du traité de l’Atlantique nord résultats ne se sont pas fait attendre : à améliorer ses rapports avec la Turquie. (OTAN) à installer sur son territoire un partir de fin mars 2015, les forces rebelles Preuve qu’un certain pragmatisme pré­ bouclier antimissile, à la suite de viola­ ont progressé dans diverses régions du vaut, les deux pays ont signé au prin­ tions de son espace aérien par l’aviation * pays. Téhéran a alors poussé Moscou à temps 2016 un accord sur le tourisme et intervenir (4). discutent d’une coopération stratégique dans le domaine du pétrole et du gaz. * Respectivement professeur émérite à l’Institut Eh dépit de la conclusion d’un accord de hautes études internationales et du développement de Genève et maître de conférences au département sur le nucléaire iranien en juillet 2015, La tentative de coup d’État en Turquie, de science politique de l’Université libre de Bruxelles Ankara et Téhéran se sont livrés à une dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, a (ULB). Coauteurs de L ’Iran en 100 questions, guerre des mots à propos de la Syrie, cha­ fourni à Téhéran une occasion inespérée Tallandier, Paris, 2016.

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de se concilier son voisin, dans un deur russe en Turquie deux jours plus la ville de Mossoul, le président turc a contexte où ce dernier avait déjà amorcé tôt. Au-delà de cette entente formelle, condamné la présence des milices chiites un rapprochement avec Moscou. Alors les désaccords entre la Turquie et l’Iran soutenues par Téhéran, considérant que le putsch était encore en cours, le persistent, notamment sur le rôle de qu’elles menaçaient les sunnites. Il a massé ministre des affaires étrangères iranien a M. Al-Assad, ce qui rend leur rappro­ des troupes à la frontière irakienne, laissant envoyé un message de soutien au gou­ chement fragile; De leur côté, les Etats- entendre qu’elles ne resteraient pas inac­ vernement turc sur Twitter. Le Conseil Unis et la Turquie ont travaillé à réchauf­ tives si les sunnites faisaient les frais des supérieur de la sécurité nationale, réuni fer leurs relations, glaciales après le coup opérations contre l’OEI à Mossoul et à Tell sous la présidence de M. Hassan Rohani, d’État raté de juillet : M. Barack Obama Afar (où vit une importante minorité turk­ a ensuite exprimé son soutien officiel au et M. Erdogan se sont rencontrés début mène). Selon certains observateurs, cet «gouvernement légitime de la Turquie». septembre ; et, surtout, la Turquie a lancé avertissement à l’encontre des relais de Cette prompte réaction a tranché avec le 24 août 2016 dans le nord de la Syrie Téhéran en Irak - et, indirectement, de la celle, plutôt lente, des pays de l’OTAN, l’opération «Bouclier de l’Euphrate», politique iranienne dans ce pays - pourrait pourtant alliés au gouvernement Erdogan. en concertation avec Washington mais constituer une base pour un rapprochement Très rapidement après l’échec du coup sans en avertir Téhéran. Surpris, ce der­ entre le pouvoir turc.et la nouvelle admi­ d’État, le président Rohani a proposé des nier a qualifié l’opération de «violation nistration Trump. Un développement qui, discussions sur les problèmes régionaux. de la souveraineté syrienne», accusant s’il se confirme, risquerait de n’être guère Téhéran a donc clairement profité de Ankara de compliquer la situation régio­ apprécié à Téhéran, vu le discours du pré­ l’événement pour inviter le pouvoir turc nale. Cela n’a pas empêché la Turquie sident américain élu et de ses proches à revoir ses positions sur la Syrie. En d’étendre ses opérations pour établir de conseillers vis-à-vis de l’Iran. moins d’un mois, un rapprochement s’est facto une « zone sûre » sur le territoire M oh am m ad-R eza Djalili concrétisé. Le consensus portait sur trois de la Syrie à destination de l’opposition. et T hierry K e l l n e r . principaux objectifs déjà discutés, mais Un sanctuaire dont l’idée prend toute sans succès, lors de rencontres secrètes son importance avec la chute des bas­ qui avaient débuté trois mois après l’élec­ tions rebelles d’Alep-Est, et qui n’est (1) Cf. Mohammad-Reza Djalili et Thierry Kellner, tion de M. Rohani : maintien de l’intégrité pas du goût du régime iranien. «L’Iran et la Turquie face au “printemps arabe”», territoriale du pays, lutte contre tous les Groupe de recherche et d’information sur la paix et mouvements extrémistes et terroristes, et Si Téhéran et Ankara jouent officielle­ la sécurité (GRIP); Bruxelles, 2012. enfin établissement d’un gouvernement ment l’apaisement dans leurs relations, (2) Cf. Mohammad-Reza Djalili et Thierry Kellner, «Iran’s Syria policy in the wake of the “Arab d’unité nationale par la tenue d’élections comme le suggère la rencontre entre Springs” », Turkish Review, vol. 4, n"4, Istanbul, 2014. sous la supervision de l’Organisation des MM. Rohani et Erdogan en septembre der­ (3) «Turkey, Saudi Arabia agree to boost support Nations unies (ONU) (5). nier en marge de la réunion de l’Assemblée to Syria opposition», Anadolu Agency, 2 mars 2015. générale de l’ONU, leurs positions sur la (4) Laila Bassain et Tom Perry, «How Iranian Le 21 décembre, Ankara, Téhéran politique régionale continuent donc de general plotted out Syrian assault in Moscow», et Moscou ont acté - sans associer diverger. Face à la politique étrangère ira­ Reuter's, 6 octobre 2015. Washington à leur initiative - le principe nienne, toujours alignée sur la cause chiite, (5) Julian Borger, «Iran and Turkey’s secret talks d’un «cessez-le-feu élargi» en Syrie. M. Erdogan se pose peu à peu en protec­ on Syria revealed», The Guardian, Londres, 13 décembre 2016. Cette démarche n’a pas été remise en teur des sunnites. En Irak, dans le contexte question par l’assassinat de l’ambassa­ des opérations militaires de reconquête de Condamnés à s’entendre

im ilitudes historiques, affinités culturelles : l’Iran À partir de 1979, deux systèmes politiques de nature se confirme, et les échanges économiques connaissent et la Turquie affichent une singulière proximité. très différente, l’un laïque, l’autre théocratique, doivent un essor sans précédent. Le volume du commerce Contrairement à bon nombre de leurs voisins coexister. Le nouveau régime iranien condamne la passe de 1 milliard de dollars en 2000 à 16 milliards Sau Proche-Orient, ces deux États non arabes sontlaïcité, de rejette le kémalisme et l’occidentalisation de la en 2011 (1). En 2012, l’Iran est le premier fournisseur construction ancienne. Issus de deux grands Empires, société turque. Il réprouve les liens d ’Ankara avec les pétrolier et le deuxième fournisseur gazier de la Turquie, le safavide et l’ottoman, dont la rivalité remonte au États-Unis, avec l’Organisation du traité de l’Atlantique juste après la Russie (2). Les sanctions américaines XVIe siècle, ils se sont souvent combattus; ils sont nord (OTAN) et, plus tard, avec Israël. En politique ayant affecté les relations commerciales et financières également parvenus, parfois, à trouver des terrains internationale, il opte pour le mouvement des non- entre l’Iran et Dubaï, la Turquie joue le rôle de base de d ’entente. alignés et inaugure une «diplomatie islamique» qui repli pour les compagnies iraniennes. Leur nombre rejette à peu près toutes les formes de régime existant explose dans le pays. Selon le ministère turc de l’éco­ Leur développement politique au cours du XXe siècle au Proche-Orient et plus largement dans le monde nomie, on en comptait 3604 en 2014. présente de multiples ressemblances. Tant la révolution musulman. Mais, lors de la guerre Iran-Irak (1980- constitutionnelle de 1906 en Perse que celle des Sur le plan diplomatique, Ankara, en coopération 1988), Téhéran n’a d ’autre choix que de mener une Jeunes-Turcs en 1908 transforment la scène politique avec le Brésil, s’implique dans une médiation sur la politique plus conciliante à l’égard de son voisin: les nationale. Après la Grande Guerre, les deux capitales question nucléaire iranienne; sans succès. Cette relations commerciales bilatérales irano-turques lancent de concert des programmes de transformation initiative soulage cependant Téhéran face aux pressions redémarrent progressivement. Après la fin de la guerre, pilotés par l’État. Dès sa fondation par Mustafa Kemal occidentales. En votant contre la résolution 1929 du malgré le fossé idéologique qui les sépare et l’apparition Atatürk, en 1923, la République de Turquie a mis en Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies périodique de dissensions, les deux pays continuent œuvre une politique de modernisation autoritaire dont (ONU), qui imposait de nouvelles sanctions contre de développer leurs échanges commerciaux, évitant Reza Chah s’est inspiré à l’établissement de la dynastie l’Iran, en juin 2010, la Turquie lui a d’ailleurs confirmé toute aggravation des tensions. Pahlavi, fin 1925. Après la seconde guerre mondiale, son soutien. et jusqu’à la révolution islamique de 1979, Ankara et En 2002, l’arrivée au pouvoir du Parti de la justice et Téhéran redoutent la «menace soviétique»: proches du développement (AKP, à l’époque islamiste modéré) M.-R. D. et T. K. des Occidentaux, et en particulier des États-Unis, ils en Turquie favorise une reprise plus ample de la coopé­ coopèrent sur le plan militaire au sein du pacte de ration. La décennie 2000 se caractérise par un rappro­ (1) «Direction of trade statistics, yearbook 2015 », Fonds monétaire Bagdad (1955-1958), remplacé après la chute de la chement inédit depuis la chute du chah. Les liens international (FMI), Washington, DC, octobre 2015. monarchie irakienne, en 1958, par l’Organisation du politiques se renforcent, les visites officielles se multi­ (2) « Oil and gas security. Emergency response of 1EA countries », traité central (Cento, 1959-1979). plient, la collaboration dans le domaine énergétique Agence internationale de l’énergie, Paris, 2013.

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