Actes Des Congrès De La Société Française Shakespeare, 22
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Actes des congrès de la Société française Shakespeare 22 | 2005 Shakespeare et l’Europe de la Renaissance Actes du Congrès de la Société Française Shakespeare 2004 Yves Peyré and Pierre Kapitaniak (dir.) Electronic version URL: http://journals.openedition.org/shakespeare/33 DOI: 10.4000/shakespeare.33 ISSN: 2271-6424 Publisher Société Française Shakespeare Printed version Date of publication: 1 November 2005 ISBN: 2-9521475-1-5 Electronic reference Yves Peyré and Pierre Kapitaniak (dir.), Actes des congrès de la Société française Shakespeare, 22 | 2005, « Shakespeare et l’Europe de la Renaissance » [Online], Online since 30 November 2006, connection on 25 May 2020. URL : http://journals.openedition.org/shakespeare/33 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ shakespeare.33 This text was automatically generated on 25 May 2020. © SFS 1 TABLE OF CONTENTS Avant-propos Pierre Kapitaniak Le masque dans les comédies de Richard Brome, un divertissement sous influence continentale ? Claire Bardelmann Stereotypical National Characterizations in the Europe of Shakespeare’s Day Pauline Blanc « Petruchio, I shall be your ben venuto » : Shakespeare, Jonson et la langue italienne Christophe Camard Shakespeare et le De Pictura de Leon Battista Alberti Jean-François Chappuit « The bonds of heaven are slipp’d, dissolv’d and loos’d »: Figures de l’espace dans Troilus and Cressida Muriel Cunin Between Topographical Fact and Cliché: Vienna and Austria in Shakespeare and other English Renaissance Writing Manfred Draudt Plotting and Edification in Shakespeare and Wotton Roy Eriksen La Pucelle sur la scène littéraire et politique : le trajet Pont-à-Mousson – Londres Richard Hillman Shakespeare et la géographie imaginaire de l’Europe François Laroque Corporeal Ecology and European Otherness on the Shakespearean Stage Leanore Lieblein Shakespeare’s Possible Use of Polydore Vergil’s Anglica Historia in Henry VIII Roberta Mullini Shakespeare et la gravure morale de l’Europe du Nord Josée Nuyts-Giornal Samuel Daniel et le paradoxe de la frontière : « Thames doth out goe / Declined Tybur » Christine Sukic “Horror… is the sinews of the fable”: Giraldi Cinthio’s works and Elizabethan tragedy Mariangela Tempera Giordano Bruno et Shakespeare : la poétique d’une écriture dans l’Europe de la Renaissance Gisèle Venet To great St Jaques bound: All’s Well That Ends Well in Shakespeare’s Europe Richard Wilson Actes des congrès de la Société française Shakespeare, 22 | 2005 2 Avant-propos Pierre Kapitaniak 1 En ces temps où une nouvelle Europe se constitue, le concept même de « civilisation européenne » devient problématique, car il est facile d’y voir une construction a posteriori qui pose une unité culturelle des pays d’Europe, développée à l’aide d’icônes nationales comme Érasme ou Shakespeare, dont on fait des représentants d’une « culture européenne » homogène, élitiste et ethnocentrique. 2 Dès le début du second millénaire, l’Europe occidentale prend conscience de sa singularité, tout d’abord en opposition à l’Asie et à l’Afrique. Au fil des croisades, son identité se forge dans l’adversité, en prenant appui sur la foi chrétienne. De l’effervescence humaniste du Quattrocento aux changements politiques, économiques et religieux tout au long du XVIe siècle, cet Occident chrétien subit de profondes transformations, qui affectent la perception de son identité. La découverte du Nouveau Monde et l’exploitation des richesses qu’il recèle sonnent le glas d’une économie qui, encore féodale au XVe siècle, est désormais régie par une tendance inflationniste et voit émerger une nouvelle classe de riches marchands. Les foyers de Réforme religieuse allumés par Luther à Wittenberg, par Zwingli à Zurich et par Calvin à Genève, entraînent une riposte catholique concrétisée tout d’abord par la création de la compagnie de Jésus, puis par les décisions du Concile de Trente, et plongent l’Europe dans une longue période de guerres de religion. Ces déchirements internes ne doivent pas faire oublier la menace ottomane qui se fait de plus en plus présente et pressante. Ainsi, les profonds bouleversements qu’apporte le XVIe siècle esquissent un mouvement de sécularisation qui fait glisser l’unité identitaire des nations occidentales de « chrétienté » vers « Europe », glissement que John Hale rapproche notamment de la présence turque en Europe1. Cette nouvelle réalité se perçoit ainsi au tournant du siècle dans l’apparition aux côtés du substantif « Europe », de l’adjectif « européen », et ce n’est sans doute pas une coïncidence si son premier emploi attesté en langue anglaise revient à Richard Knolles à propos de « Europian Tartars2 ». 3 Étudier les rapports entre Shakespeare et l’Europe de son temps soulève d’emblée la question de la place de l’Angleterre au sein de cet espace européen, tant du point de vue géographique que politique ou encore religieux. Son insularité en fait tout d’abord une région en périphérie et, depuis la perte de Calais, en retrait des conflits sur le sol Actes des congrès de la Société française Shakespeare, 22 | 2005 3 européen. Du point de vue anglais, il y a également une distance vis-à-vis du Continent, et ce dernier suscite autant la curiosité que la méfiance. Cette « exception » anglaise apparaît clairement sous la plume de Sir John Smythe lorsque celui-ci oppose la paix qui règne en Angleterre (« Nation of a singular gift of God ») aux guerres qui font rage outre-mer : they had and haue continual practise and exercise, by reason that they are in the continent, where euerie kingdome and state doth ioyne one to another without anie partition of sea, and therefore driuen to keepe continuall garrisons and exercises of warre3… 4 Cette différence géographique et politique se retrouve également dans la particularité de sa Réforme qui, après les années mouvementées entre la mort d’Henri VIII et les premières années du règne d’Élisabeth, adopte une position modérée, résistant aux pressions catholiques et puritaines. 5 L’isolement insulaire de l’Angleterre n’empêche pas la circulation des biens, des hommes et des idées. Comme ailleurs, même si cela se fait parfois avec un certain retard, on y accueille, assimile et transforme tant les avancées scientifiques que les idéaux de la Renaissance italienne dans les domaines d’architecture, de peinture, de poésie ou de musique. On y accueille aussi des hommes de sciences et de lettres pour qui Londres et Oxford deviennent des centres culturels incontournables, mais aussi parfois des lieux de refuge. On y traduit à profusion et tous domaines confondus, même si en matière de théologie la préférence est donnée aux œuvres protestantes, en raison d’une censure exercée par l’État. 6 À l’instar de celle de ses contemporains, l’œuvre de Shakespeare, qui ne puise pas uniquement dans la culture britannique, mais s’inscrit bien plus largement dans un contexte européen, reflète cette circulation foisonnante de textes et d’idées. Les communications réunies dans ce volume en explorent les différentes facettes. L’une des manifestations les plus visibles de ces échanges est la représentation des autres pays européens dans des pièces dont l’action se déroule en Espagne, en Italie, en Autriche ou en France, et les stéréotypes nationaux qui s’y attachent. D’autres articles jaugent les œuvres de Shakespeare à l’aune des mouvements d’idées politiques et religieux et des courants artistiques, qu’ils soient architecturaux, philosophiques, poétiques ou musicaux. Parfois ces enquêtes mettent à jour l’assimilation et la transformation par Shakespeare d’œuvres précises et identifiables, permettant ainsi de retracer dans le détail le cheminement de tel ou tel texte ou illustration. NOTES 1. John Hale, La civilisation de l’Europe à la Renaissance, Paris, Perrin, 2003, p. 7. 2. The generall historie of the Turkes from the first beginning of that nation to the rising of the Othoman familie, Londres, Adam [?], 1603, STC 15051. 3. Certaine discourses, Londres, Richard Johnes, 1590, f° 27 r°-v°. Actes des congrès de la Société française Shakespeare, 22 | 2005 4 Le masque dans les comédies de Richard Brome, un divertissement sous influence continentale ? Claire Bardelmann 1 Je m’intéresse aujourd’hui aux rapports entre masque et théâtre à l’époque caroléenne sous un angle particulier, celui de l’influence qu’a pu exercer le ballet de cour français de la même période à travers l’exemple d’un dramaturge, Richard Brome. 2 Cette étude part d’un constat : dans le théâtre caroléen se trouve beaucoup de musique, surtout dans les comédies de Richard Brome et de James Shirley. Les masques ou éléments de masques y occupent une place particulièrement importante. Parallèlement, le masque de cour lui-même subit des modifications en profondeur sous l’influence musicale étrangère, c’est-à-dire très prioritairement française. 3 On peut donc se demander en quoi le masque caroléen reflète cette influence française – en l’occurrence, celle du ballet de cour – et si le théâtre s’en faisait l’écho, non seulement à travers des allusions aux pratiques musicales de l’époque, mais aussi dans les éléments de masque que l’on peut trouver à la scène, surtout chez Richard Brome, dont le théâtre est particulièrement imprégné de musique. En effet, cette densité musicale, ainsi que la présence de masques dans certaines pièces, suggèrent une hybridation des formes qui reflète aussi les genres à la mode, et donc, potentiellement, les nouvelles orientations du masque de cour. Les dramaturges ont-ils répercuté ces changements structurels dans les masques insérés au théâtre, et comment l’influence française influe-t-elle sur la dynamique des genres ? 4 Mon but est donc d’étudier les changements structurels du masque caroléen et de voir s’ils se retrouvent au théâtre, et dans quelle mesure ils influent sur la structure dramatique. Je commencerai donc par établir l’influence du ballet de cour sur le masque anglais sous Charles Ier.