« Nous Avons Pour Ordre De Vous Écraser »
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« NOUS AVONS POUR ORDRE DE VOUS ÉCRASER » LA RÉPRESSION CROISSANTE DE LA DISSIDENCE EN IRAN TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES................................................................................................ 2 1. INTRODUCTION..................................................................................................... 4 2. LA LIBERTÉ D’EXPRESSION ET D’ASSOCIATION DE PLUS EN PLUS RESTREINTE.. 11 2.1 LOIS ET POLITIQUES LIMITANT LA LIBERTÉ D’EXPRESSION .......................... 13 2.2 RESTRICTIONS DE LA LIBERTÉ D'ASSOCIATION ET DE RÉUNION .................. 17 3. DE L’ARRESTATION À L’EXÉCUTION : LES SCHÉMAS DE VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS................................................................................................................ 22 3.1 LA TORTURE ET LES AUTRES FORMES DE MAUVAIS TRAITEMENTS EN DÉTENTION ......................................................................................................... 23 3.2 DES CONDITIONS DE DÉTENTION DÉPLORABLES ......................................... 24 3.3 PROCÈS INIQUES........................................................................................... 25 4. QUI SONT LES CIBLES ? ....................................................................................... 28 4.1 LES ORGANISATIONS DE DÉFENSE DES DROITS HUMAINS ET LEURS MEMBRES ........................................................................................................... 28 4.2. LES AVOCATS ............................................................................................... 32 4.3 LES DÉFENSEURS DES DROITS DES FEMMES ................................................ 36 4.4 MILITANTS POUR LES DROITS HUMAINS ISSUS DE MINORITéS ................... 38 4.5 CINEASTES..................................................................................................... 39 4.6 BLOGUEURS .................................................................................................. 40 4.7 JOURNALISTES .............................................................................................. 46 4.8 DIRIGEANTS POLITIQUES ET MILITANTS....................................................... 48 4.9 LES SYNDICALISTES........................................................................................51 4.10 ÉTUDIANTS ET UNIVERSITAIRES..................................................................53 4.11 PERSONNES LESBIENNES, GAYS, BISEXUELLES ET TRANSGENRES ..............56 4.12 MINORITÉS ETHNIQUES ET RELIGIEUSES ....................................................57 4.13 PERSONNES EN LIEN AVEC L’ORGANISATION IRANIENNE DES MOUDJAHIDIN DU PEUPLE (OIMP) .....................................................................64 5. AU‐DELÀ DES FRONTIÈRES IRANIENNES .............................................................66 6. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS..............................................................69 NOTES......................................................................................................................72 4 « Nous avons pour ordre de vous écraser. » La répression croissante de la dissidence en Iran 1. INTRODUCTION « Celui qui l’interrogeait lui a dit : "Nous avons pour ordre de vous écraser et si vous ne coopérez pas, nous pouvons faire ce que nous voulons de vous et si nous n’écrivez pas votre déposition, nous vous forcerons à la manger" ». Mahdieh Mohammadi, épouse du journaliste emprisonné Ahmad Zeidabadi, dans un entretien avec Radio Farda, en septembre 20091 Le 14 février 2011, des milliers d’Iraniens, encouragés par les manifestations de masse qui ont balayé l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, ont défié une interdiction gouvernementale en manifestant à Téhéran et dans d’autres villes. La milice paramilitaire Bassidj et d’autres forces de sécurité ont réagi en tirant sur les manifestants, en leur jetant des gaz lacrymogènes et en les frappant avec des matraques avant d’arrêter un grand nombre d’entre eux. Dans le sillage du renversement des gouvernements autocratiques en Tunisie et en Egypte, les autorités iraniennes ne voulaient prendre aucun risque. Ce sont les dirigeants de l’opposition Mehdi Karroubi et Mir Hossein Mousavi qui ont appelé à manifester par solidarité avec la population de Tunisie et d’Égypte et ces manifestations ont été les premières démonstrations publiques importantes de l’opposition depuis que les autorités iraniennes ont écrasé dans une extrême violence les grandes manifestations qui avaient éclaté et s’étaient poursuivies pendant six mois à la suite des résultats contestés des élections présidentielles en juin 2009, et qui avaient atteint leur point culminant lors de la fête religieuse d’Achoura en décembre 2009. Apparemment sans ironie, le Guide suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, a célébré les soulèvements en Tunisie et en Égypte, déclarant qu’ils reflétaient un « éveil islamique » fondé sur la révolution iranienne de 19792. Les dirigeants iraniens ont aussi soutenu les Bahreïnites qui manifestaient pour leurs droits3. Cependant, en 2009, l’Iran a exercé une répression sans pitié envers les Iraniens qui exprimaient le même désir que celui des Tunisiens, des Égyptiens et des Bahreïnites manifestant pour leurs droits politiques et la justice sociale. En février 2011, un simple appel à des manifestations de solidarité a suffi pour faire placer Mehdi Karroubi et Mir Hossein Mousavi en résidence surveillée, pour bloquer les sites Internet d’opposition et arrêter des centaines de militants politiques et d’autres personnes. Amnesty International février 2012 Index : MDE 13/002/2012 « Nous avons pour ordre de vous écraser. » 5 La répression croissante de la dissidence en Iran Les manifestations qui en ont découlé en 2011 dans plusieurs villes d’Iran ont été dispersées par la force et des mesures supplémentaires ont été prises pour étouffer l’opposition et faire taire les critiques. Un an plus tard, Mehdi Karroubi et Mir Hossein Mousavi sont toujours assignés à résidence et on estime que des centaines de personnes sont encore en prison, simplement pour avoir osé exprimer leur opinion. Pendant ce temps, les forces de sécurité et en particulier la milice Bassidj, continuent d’opérer en toute impunité pour les crimes commis. Depuis la répression de 2009, les autorités n’ont cessé de renforcer les sanctions à la fois en droit et en pratique, et elles ont resserré leur contrôle sur les médias. Elles ont empêché la tenue de manifestations publiques en utilisant les articles du Code pénal iranien qui rendent les manifestations, les débats publics et la formation de groupes et d’associations considérés comme une menace à la « sécurité nationale » passibles de longues peines d’emprisonnement ou même de la peine de mort. Des avocats ont été emprisonnés en même temps que leurs clients. La diffusion des télévisions étrangères par satellite a été brouillée. Des journaux ont été interdits. Les dissidents et les critiques écrivant dans des journaux ou sur des sites Internet ou s’exprimant dans les médias risquent d’être inculpés d’infractions telles que « propagande contre le régime », « insultes envers un représentant du régime », « diffusion d’informations mensongères dans l’intention de porter atteinte à la sécurité de l’État » ou parfois des « infractions » de « corruption sur terre » ou « inimitié à l'égard de Dieu », des accusations qui peuvent entrainer la peine de mort4. En Iran, la communauté des internautes est sous le coup d’une nouvelle loi relative à la cybercriminalité et les blogueurs entre autres personnes sont conduits en prison. La sévérité des peines prononcées à l’encontre de blogueurs est bien la preuve que les autorités ont peur du pouvoir d’Internet et de la libre circulation des informations vers et hors du pays. Au moment de la rédaction de ce rapport, en février 2012, parallèlement au lancement de la campagne pour les élections parlementaires débutait également une nouvelle vague d’arrestations de blogueurs, de journalistes et d’autres personnes, apparemment pour dissuader les gens de manifester lors de l’anniversaire des manifestations du 14 février ou de chercher à faire ressortir des critiques contre le gouvernement lors des élections parlementaires. Les organes de sécurité iraniens, en grand nombre et agissant souvent de manière parallèle - dont notamment une nouvelle force de cyber-police - peuvent maintenant surveiller de près les militants quand ils utilisent leurs ordinateurs dans la sphère privée. Ces forces ont limité le débit, et travaillent à la mise en service de serveurs gérés par l’État, de protocoles Internet (IP) spécifiques, de fournisseurs d’accès Internet (ISP) et de moteurs de recherche.. D’innombrables sites web sont bloqués, dont le site d’Amnesty International www.amnesty.org. Il en va de même avec de nombreux sites iraniens et étrangers de réseaux sociaux. Une « cyber-armée »relativement récente et mal connue, qui serait liée aux padsaran (également dénommés « corps des gardiens de la révolution iranienne »), s’est livrée à des attaques sur des sites web iraniens et étrangers, notamment sur les sites Twitter et Voice of America. Les restrictions qu’imposent les autorités sur Internet servent également à étouffer toutes les critiques venant de l’étranger. Cette politique est complétée par un harcèlement des opposants qui vivent en exil et des arrestations en Iran de proches des critiques ou des journalistes qui vivent à l’étranger. Selon de nouvelles règles, le fait d’entrer en contact avec plus de 60 institutions Amnesty International février