Le Retour En Eau Des Khettaras De Jorf, Une Oasis Du Tafilalet, Sud-Est
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Programme de lutte contre la désertification et lutte contre la pauvreté par la sauvegarde et la valorisation des oasis, Composante Tafilalet Association de Lutte Contre la Désertification et Pour l’Environnement Le retour en eau des khettaras de Jorf, une oasis du Tafilalet, Sud-Est du Maroc Dynamiques de gestion de l’eau Mémoire présenté par SPOERRY SYLVIE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLÔME D’INGÉNIEUR EN AGRONOMIE TROPICALE DE L’IRC SUPAGRO, OPTION GESTION SOCIALE DE L’EAU Maître de stage : Lhassan Elmrani (ALCDPE) Directeurs de mémoire : Sylvain Lanau (IRC Supagro, Gestion Sociale de l’Eau) Thierry Ruf (IRD, UR 168, Territoires hydrauliques, études rurales : mondialisation, eau et sociétés) 20 novembre 2007 Programme de lutte contre la désertification et lutte contre la pauvreté par la sauvegarde et la valorisation des oasis, Composante Tafilalet Association de Lutte Contre la Désertification et Pour l’Environnement Le retour en eau des khettaras de Jorf, une oasis du Tafilalet, Sud-Est du Maroc Dynamiques de gestion de l’eau Mémoire présenté par SPOERRY SYLVIE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLÔME D’INGÉNIEUR EN AGRONOMIE TROPICALE DE L’IRC SUPAGRO, OPTION GESTION SOCIALE DE L’EAU Membres du jury : Pr. M. Aït Hamza (Université Mohammed V, Rabat) Pr. M. El Faïz (Université Cadi Ayyad, Marrakech) L. Elmrani (ALCDPE) D. Guiraud (IRC Supagro) S. Lanau (IRC Supagro) J. Margat (BRGM) Date de soutenance : 20 novembre 2007 Dynamiques de gestion de l’eau à Jorf, Maroc RÉSUMÉ Les oasis du Tafilalet constituent des îlots de verdure cultivés intensivement dans un milieu présaharien aride, le Sud-Est du Maroc. Au carrefour de routes transcontinentales, elles ont bénéficié de diverses influences orientales et subsahariennes depuis plus de deux siècles. Parmi les innovations qu’elles ont adoptées au cours de leur développement se trouvent les galeries drainantes, appelées localement khettaras et connues en Iran sous le nom de qanât . Ces ouvrages exploitent les eaux souterraines par gravité au moyen d’une galerie horizontale dont l’extrémité amont, captante, se trouve dans l’aquifère, et la sortie aval atteint la surface dans l’oasis. Dans le Nord-Ouest du Tafilalet, autour de Jorf, ces galeries souterraines de 5 à 8 km de long exploitent une nappe Quaternaire, et s’enfoncent à maximum 30 mètres de profondeur. L’oasis de Jorf est irriguée par les eaux souterraines – seules ressources hydriques permanentes – et les eaux de crue de cours d’eau temporaires (principalement l’oued Ghéris). La nappe alluviale Quaternaire est un réservoir de faible capacité, estimé à 28 millions de m 3 (1970) : il se recharge par infiltration des eaux d’oued et d’irrigation et est exploité par les khettaras et par des motopompes. Les pompages privés et en coopérative se sont considérablement développés depuis les années 1950. Le niveau piézométrique moyen a diminué de plus de 10 mètres dans les 50 dernières années, révélant (i) un déficit de recharge de la nappe et (ii) une surexploitation de la ressource. L’entretien des khettaras nécessite de lourds investissements. Leur usage quasi- permanent jusqu’à ce jour, alors que les premières galeries ont été construites il y a plus de 400 ans, n’a pu être maintenu que grâce à une organisation sociale spécifique pour gérer l’entretien des infrastructures, la mobilisation de l’eau, et sa répartition. L’eau mobilisée par les khettaras est appropriée par des ayants droit, possédant un droit d’eau. Ces droits correspondent à un temps d’eau et peuvent être aliénés, indépendamment de la propriété foncière. Les décisions concernant la gestion technique de chaque khettara sont prises par des ayants droit choisis par l’ensemble du groupe hydraulique. Ce type d’institution de gestion locale s’appuie sur le droit musulman et sur des règles coutumières qui privilégient la concertation et la solidarité. Le contexte actuel des oasis change : les ressources hydriques diminuent, leur qualité se détériore et l’espace oasien subit une pression démographique et une urbanisation toujours plus fortes. L’absence de contrôle sur la mobilisation des eaux souterraines par pompage conduit à leur surexploitation, ce qui menace la pérennité de la nappe et l’approvisionnement des khettaras. Une grande partie de ces ouvrages traditionnels tarit. A ce bouleversement des modes d’irrigation s’ajoute l’émigration de la population active, remettant en cause l’agriculture oasienne par manque de main d’œuvre et d’investissement dans la palmeraie. MOTS -CLÉS : khettara, qanât, Tafilalet, oasis, irrigation, pompage, Maroc . Spoerry Sylvie i Dynamiques de gestion de l’eau à Jorf, Maroc ABSTRACT Tafilalet oases are green spots, intensively cultivated, in an arid environment, South-Eastern Morocco. They are located at the crossroad of transcontinental routes, and hence have benefited from various oriental and sub-Saharian influence for the last two centuries. Among other innovations they adopted for their development are the subsurface irrigation channels, locally named khettaras, and known in Iran as qanât. These galleries collect groundwater upslope through their head, sunk into an aquifer, and conduct it by gravity to the ground surface of the oasis, several kilometres down. In North-West Tafilalet, around Jorf, these 5 to 8 km long tunnels exploit a Quaternary water table, and go as deep as 30 meters. The oasis of Jorf is irrigated with underground water – which is the only permanent water resource – and with flood water coming from transient rivers (mostly oued Ghéris). The alluvial Quaternary water table is a low capacity tank, estimated at 28 millions m 3 (1970): it is fed by the seepage of oued and irrigation waters and is exploited by khettaras and motorpumps. The number of private- and cooperative- pumps has considerably increased since the 1950s. The average level of the water table decreased of more than 10 metres in the last 50 years, therefore revealing (i) a table recharge deficit and (ii) an over-exploitation of the resource. The khettaras’ maintenance requires significant investments. Their almost permanent use since their excavation, more than 400 years ago, was only made possible by a specific social order: it has managed the maintenance of the physical structures, and the mobilization and distribution of water. The water withdrawn through the khettaras belongs to claimants who own water rights. These rights allocate a time of use and can be alienated, independently of land rights. The whole group selects a few rightful owners among them, and these are in charge of the decisions for the khettara’s technical management. These local management institutions rely on Muslim right and on customary laws, based on concerted decision making and solidarity. The oasis context is experiencing unprecedented change: water resources are decreasing, while their quality is worsening and oasis space is under growing population pressure and increasing urbanisation. The quarry of underground water by pumping is not subject to any form of control and this leads to over exploitation, which threatens the water table sustainability and the khettaras supply. A large number of these traditional systems are running dry. The emigration of active population further adds to this disruption in irrigation methods and hence puts at risk the existence of agriculture in oases through lacks of labour force and of investment in palm plantation. KEYWORDS : khettara, qanât, Tafilalet, oasis, irrigation, motorpumps, Morocco . Spoerry Sylvie ii Dynamiques de gestion de l’eau à Jorf, Maroc RÉSUMÉ وات رة ر اة ر و و اوي ف ، ادت اات ا وب ااء أآ . اات ا ر هك ات ا ا أر وا ارات وا ف إان . ه ات ا ا اذ ا ة أ ه ا واج ى ا ا ا . ل ا اف ه اات ا أر ل اوح 5 إ 8 آ و ر و أ 30 . وا اف ا – ارد ا ا اا – و ا ه ري ( ر واد ) ا ا ا ان ط ر ب 28 ن 1970 : ى ا ااد و ا وه ف ارات وت ا . ت ا ا أ و وت آ 50 . ل ى ا ا آ 10 م ا اة ا ا ء ا وال رد . ارات ج إ ا رات . إ ها ، أن اات او أت أآ 400 ، ا أ ا ا، ا واز . ا ا ا ارات ه آ . ها ا و و أن ن و ا ار . ا ارات ا آ راة ف ر ف ع اآ . ها اع ت ا ا ان ا و ا اور وا . ا ا ات : اارد ا ، وال اا ف دا و ا ي. ب اا اارد ا ا ا ا ا دي إ ا اط د د ا وو ارات . آ ه ات ا . ا ا ق ا ف هة ان ا ا اا ا ا وار اات . آت ح: ارة ، ا ، ، اا ، ا، اب Spoerry Sylvie iii Dynamiques de gestion de l’eau à Jorf, Maroc Spoerry Sylvie iv Dynamiques de gestion de l’eau à Jorf, Maroc REMERCIEMENTS Ce stage a été réalisé dans le cadre du Programme de lutte contre la désertification et lutte contre la pauvreté par la sauvegarder et la valorisation des oasis, Composante Tafilalet. Je tiens donc à en remercier l’équipe ! Je remercie l’Institut de Recherche pour le Développement d’avoir contribué à ce stage et spécialement Thierry Ruf pour en avoir permis la réalisation. Son enthousiasme pour le Maroc et cette magnifique région qu’est le Tafilalet m’a encouragée dès le début. Merci à lui et à Sylvain Lanau pour leur disponibilité, leurs bons conseils et leurs relectures des étapes intermédiaires du travail. Toute ma gratitude s’adresse à Moulay Lhassan Elmrani, qui a suivi et guidé mon travail au quotidien à Jorf. De lui, toujours disponible pour engager la conversation ou pour m’accompagner sur le terrain malgré ses obligations familiales et professionnelles, je garderai le souvenir de son dynamisme extraordinaire, de ses compétences scientifiques, d’une grande faculté d’observation, d’écoute et de prise de recul, mais aussi et surtout de ses qualités humaines.