FOcus LES MUSÉES POUR L’HARMOnIE SOCIALE

à penser différemment. Les idées conser- Le défi de la coexistence Les musées et vatrices subsistent, saisies dans nos codes déontologiques et les définitions que nous La contribution des ethnographes au débat sur l’harmonie sociale avons nous-mêmes rédigées, mais la profes- la responsabilité sociale sion ne cesse d’aller de l’avant. par an nette Fromm, Coordinatrice du département de muséologie, Cela pourrait expliquer l’adoption de la Florida International University En tant qu’institutions socialement responsables, Déclaration de torreón lors de la réunion annuelle du Comité international de l’ICOM les musées peuvent promouvoir l’intégration pour la gestion dans les musées (IntERCOM), et l’harmonie sociale au Mexique en 2009 ; elle invite les musées à rejeter la notion de neutralité et les incite à être travail de sensibilisation à ce sujet, tout en inclus dans la programmation des événe- par David Fleming, Directeur, National Museums Liverpool des forces motrices en faveur du changement indiquant les différences et les similitudes ments, et la culture populaire émergente de la et du progrès dans le domaine des droits de entre les cultures, la continuité et le change- communauté a été présentée en réponse aux l’homme. ment, ou l’adaptation. De nos jours, la plasticité influences contemporaines. C’est également dans ce contexte qu’un de la culture se reflète dans les musées es musées sont, par nature, des institu- et les motive. Ils identifient même les catégo- nouvel organisme international pour les ethnographiques. De nouveaux publics sont Des emplacements ambitieux tions socialement responsables. Même ries de personnes qui fréquentent peu les musées, la Federation of International Human séduits et se rendent dans les musées. Les collections ethnographiques sont Lquand ils accomplissent les tâches les musées et essaient de les attirer, en partant Rights Museums (FIHRM), a été fondé en 2010. abritées depuis longtemps dans les musées plus élémentaires qui consistent à rassembler du principe que la société entière devrait Lors de sa réunion inaugurale à Liverpool, Des expositions ambitieuses d’histoire naturelle. Ce parti pris visait autre- les collections, en prendre soin, effectuer pouvoir profiter de ces institutions et non une les membres du FIHRM ont observé que les Les Roms, un peuple déplacé dont on peut fois à souligner le lien entre les cultures non des recherches à leur sujet, ils œuvrent au poignée d’individus. Ainsi, les musées se font musées ne se contentent plus des collec- retracer l’origine au nord de l’Inde, vivent occidentales et la nature. Mais qu’en est-il profit de la société. bien sûr, quand elles plus démocratiques, moins élitistes ; plus tions pour trouver l’inspiration nécessaire depuis des siècles sur le continent européen. de la relation entre les édifices des musées sont accessibles aux visiteurs à travers des ouverts, moins rigides ; plus pertinents, moins aux histoires qu’ils rapportent ; ils se tournent

t Des événements politiques récents ont une fois et la nature ? Représente-t-elle un défi ou au expositions et des publications, le bénéfice périphériques. désormais beaucoup plus vers les gens et

Le sculpure garden et vue du OOG de plus braqué les feux de l’actualité internatio- contraire une certaine harmonie ? Prenons public s’en trouve encore accru. Les musées Ensuite, et c’est une attitude beaucoup leurs récits, ainsi que vers les idées. musée d’Art moderne Louisiana, nale sur cette communauté ethnique fortement l’exemple d’institutions telles que le musée ont pour vocation d’éduquer. Aussi, bien que plus stimulante par rapport à la situation La Fédération estime que les musées danemark v DE LEx discriminée, souvent persécutée et margin- d’Art moderne Louisiana au Danemark, le le terme de « responsabilité sociale » soit présente, les musées sont de plus en plus ont un aspect plus émotionnel, et sont ainsi © A alisée. Le Conseil de l’Europe a lancé les Storm King Art Center dans l’État de new relativement récent dans le contexte muséal, souvent impliqués dans les problématiques davantage capables de véhiculer des idées. Routes roms, un projet multinational rassem- York, ou encore le Kröller-Müller Museum près en réalité c’est une valeur que prônent les sociales contemporaines. Ces institutions, En outre, ce ne sont plus des institutions eut-on parler d’harmonie sociale blant des institutions d’Otterlo, aux Pays-bas : musées depuis longtemps. autrefois essentiellement tournées vers le monoculturelles qui se concentrent sur selon la perspective des musées présentes en France, en elles sont toutes à dessein Il semblerait, toutefois, que la généra- passé et obnubilées par leurs collections, sont l’histoire des groupes sociaux dominants, des Pethnographiques, bien que cette Allemagne, en Grèce, en De nos jours, la situées loin des centres de tion actuelle de professionnels des musées devenues des lieux où le public peut découvrir privilégiés, mais, au contraire, des institutions question ait été largement abordée depuis Roumanie, en Espagne, population. Peut-être leur repousse les limites de la responsabilité des points de vue sur l’époque actuelle et où qui englobent l’histoire des minorités ou des l’apparition des collections de musée axées au Royaume-Uni et en plasticité de la culture isolement et l’absence de sociale. Le type de travail que certains les récits humains prévalent. groupes opprimés, aliénés en raison de leur sur l’expression culturelle ? Slovénie, avec pour se reflète dans les lien avec leur environnement musées entreprennent de nos jours est classe, de leur ethnie, de leur genre ou de leur Les collections ethnographiques faisaient objectif « de déconstruire musées ethnographiques renvoient-ils à ce qu’Alex de très différent des missions que se fixaient Le choix de la diversité sexualité. En d’autres termes, les musées ont partie intégrante des ancêtres des musées les idéologies et les voogt, conservateur adjoint auparavant les musées. Cette évolution Ce nouveau rôle est en train de modifier la commencé à s’approprier la notion de « diver- modernes qu’étaient les prestigieux cabinets pratiques d’exclusion […], de l’American Museum of peut s’interpréter de diverses manières. tout relation entre les musées et le public. Il semble sité culturelle ». de curiosité. Avec l’expansion de ce que l’on de renforcer les connaissances sur l’histoire, la Natural History, appelle « une combinaison de d’abord, les musées déploient aujourd’hui être fondamental pour l’avenir des musées, et Ces points de vue peuvent être considérés considérait comme la civilisation moderne, culture, les valeurs et les conditions de vie des nature, d’art et d’architecture ». des efforts importants pour comprendre leurs pourtant il n’est pas du goût de tout le monde comme hérétiques par les tenants d’un certain l’identification et le rassemblement de Roms, d’encourager la contribution des Roms Durant la Conférence générale de publics. Ils ne se bornent pas à ouvrir grand au sein de l’univers muséal. Le devoir de traditionalisme, tandis que pour d’autres témoignages des cultures humaines à travers à la vie culturelle européenne et de concourir l’ICOM qui s’est tenue à , le Comité leurs portes en attendant d’hypothétiques neutralité que seraient censés respecter les ils représentent une bouffée d’air frais. Le le monde ont été à l’origine de la plupart de […] à une image positive des Roms ». international de l’ICOM pour les musées et visiteurs. Ils enquêtent sur leurs publics et musées fait encore débat, même si la nouvelle FIHRM compte plusieurs grandes institutions ces collections. Par la suite, elles ont constitué Le Musée ethnographique slovène, en collections d’ethnographie a assisté à près cherchent à comprendre ce qui les intéresse génération de professionnels commence mondiales parmi ses membres, notamment le les fondements de nombreux musées partenariat avec des OnG roms et non roms, de 30 présentations centrées autour des défis Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa, ethnographiques nationaux dans toute a organisé en avril 2009 le premier Festival que les musées, ethnographiques ou autres, septembre 2010 : Conférence d’inauguration de la federation le Canadian Museum for Human Rights, le l’Europe. Mais avaient-elles l’harmonie sociale de la culture rom en Slovénie, Romano Chon/ adressent à leurs publics afin de les stimuler. of international human rights Museums, www.fihrm.org National Museum of African American History pour objet ? Leur propos n’était-il pas d’illustrer Romski mesec. C’est le mois d’avril qui a été Les intervenants faisaient réfléchir leurs and Culture, la South African Holocaust and la supériorité de l’Occident ? choisi, la Journée internationale des Roms collègues sur la pertinence de leurs collec- Genocide Foundation, ou encore National vers la fin du xxe siècle, des mutations dans étant célébrée le 8 avril et le printemps restant tions en ce xxIe siècle. Il reste à savoir si de Museums Liverpool. la population mondiale ont changé la face du une métaphore pour l’ouverture et l’optimisme. riches expressions culturelles, historiques ou À travers son ferme engagement en faveur monde. La collecte d’éléments du patrimoine Parmi les différents aspects de la culture contemporaines, peuvent servir à célébrer les des droits de l’homme par le biais des musées, culturel, tant matériel qu’immatériel, chez de rom qui ont été présentés à cette occasion, similitudes du genre humain ou seraient plutôt le FIHRM a fixé un nouveau défi à l’ensemble nouveaux voisins obéissait également à un citons des expositions de photos, des à la base d’une réflexion sur la différence qui de la profession muséale. Jusqu’à quel point dessein qui était proche de celui des explora- concerts, des ateliers, et des spectacles de existe au sein de la coexistence. n les institutions sont-elles prêtes à adopter une teurs d’antan qui souhaitaient rapporter des danse. Pendant quelques jours, ces lieux de RPOOL conduite socialement responsable ? Il reste à souvenirs à leurs mécènes. célébration de la riche culture rom ont permis LIvE voir si elles se satisferont d’accorder un simple

Plusieurs approches visent à abandonner le dialogue entre les Slovènes et les Roms. SEUMS soutien verbal à cette notion ou si elles ont le modèle de la supériorité au profit d’un L’enjeu était de mettre en vedette le patri- Note de l’auteur : Je tiens à remercier Ralf Mencin réellement l’intention de réinventer le musée, Čeplak, du Musée ethnographique slovène, et Alex de modèle de réconciliation culturelle. Les moine d’un groupe culturel qui est souvent Voogt, de l’American Museum of natural History, pour contribuant ainsi à créer un monde sociale-

ethnographes des musées effectuent un dénigré à travers l’Europe. Les Roms étaient leur contribution à cet article. MU nAtIOnAL ment plus harmonieux. n ©

8 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°1 2011 N°1 2011 | LES NOUVELLES DE L’ICOM 9

ICOMnews 64-1 FR feb22.indd 8-9 2/22/11 1:37 PM PATRImOIne en DAnGeR tRAFIC ILLICItE

Depuis 1947, date à laquelle la première notamment à IntERPOL d’alimenter plus notice internationale sur les objets d’art volés facilement sa base de données d’objets volés. Les dix ans de la Liste Rouge Un crime ordinaire a été publiée, le commerce d’œuvres d’art Parmi les mesures à prendre pour lutter En mars prochain, l’ICOM lancera officiel- ? et d’objets culturels n’a fait que gagner en plus efficacement contre le trafic illicite des lement la Liste Rouge des biens culturels importance, ce qui permet naturellement biens culturels, les États sont invités à mettre colombiens en péril. La publication de cette Comment le trafic illicite des biens culturels constitue au commerce illicite de foisonner parallèle- en œuvre la Convention de l’UNESCO de 1970 nouvelle Liste Rouge, la dixième du genre, ment au commerce parfaitement légal. Les concernant les mesures à prendre pour inter- nous fournit l’occasion de souligner les 10 une menace pour le patrimoine culturel mondial destructions causées par la Deuxième guerre dire et empêcher l’importation, l’exportation ans des Listes Rouges. C’est en effet en 2000 mondiale et l’explosion du marché de l’art et et le transfert de propriété illicites des biens qu’était publiée la première Liste Rouge des par France Desmarais des cotes atteintes par les œuvres ont rendu la culturels, à développer des accords bilatéraux objets archéologiques africains (photo). population plus sensible aux biens culturels et et multilatéraux avec d’autres États, à ratifier Depuis, les Listes Rouges recensent les à leur conservation, stimulant ainsi la demande la Convention d’UNIDROIT de 1995 sur les biens culturels en proie au trafic illicite à pour de tels biens. biens culturels volés ou illicitement exportés et travers le monde : l’Amérique latine, l’Irak, Les fouilles clandestines et la contrebande, à accroître leur collaboration avec des organ- l’Afghanistan, le Cambodge, Haïti et la Chine. Leur publication a permis de retrouver en constante et rapide augmentation depuis ismes comme l’ICOM, IntERPOL, l’UnESCO, nombre d’objets culturels, en provenance de 1970, répondent à une demande sur le marché UnIDROIt, l’Organisation mondiale des pays comme le Niger ou l’Irak, qui allaient international des antiquités, associée à une douanes (OMD) et l’Office des nations unies entrer sur le marché noir des biens culturels. ascension fulgurante des prix qui s’est accrue contre la drogue et le crime (OnUDC). La publi- Les listes sont destinées aux services de ces derniers temps. La revente illégale de ces cation par l’ICOM d’une Liste Rouge d’objets police et de douane, ainsi qu’aux profes-

objets est notamment facilitée par l’instabilité culturels en péril peut également permettre aux IA sionnels des musées et du marché de l’art, de la densification du réseau criminel

OR politique ou économique de certains États, pays concernés de protéger leur patrimoine de et ce, à travers le monde. Elles permettent qui lui est lié. HI St la perméabilité des frontières, le tourisme de manière plus concrète (voir encadré). à ces acteurs d’identifier les types de biens Dix ans après la publication de E E masse, les ventes sur l’internet et l’absence de Alors que le musée de bagdad, dont culturels qui sont le plus fréquemment volés la première Liste Rouge de l’ICOM, législations nationales. nombre d’objets ont heureusement été ou achetés illégalement afin d’empêcher leur ces documents sont devenus des POLOGIA

RO Lutter contre le trafic illicite des biens retrouvés, prépare sa réouverture tant revente ou leur exportation. outils de référence internationalement nt

A culturels n’est pas uniquement une question attendue, partout dans le monde, tous les L’année 2010 a vu le nombre des Listes reconnus et utilisés par INTERPOL, DE de respect des lois, mais aussi une question jours, de précieux objets sont dérobés pour Rouges s’intensifier remarquablement, signe l’Organisation mondiale des douanes nO nO IA

b de préservation de la mémoire et de l’histoire être ensuite exportés et vendus illégalement de l’engagement constant de l’ICOM dans la et de nombreux autres acteurs interna- collectives. à l’étranger. Avec ces objets disparaissent prévention du trafic illicite de biens culturels, tionaux et nationaux de la prévention OLOM C En effet, les fouilles clandestines de sites des pans entiers de l’histoire qui sont alors mais aussi de l’amplification de ce trafic et du trafic illicite de biens culturels. archéologiques compliquent, voire rendent perdus pour la science et pour la postérité. n StItUtO impossible, le travail des spécialistes qui © In 3 000 objets précolombiens saisis en 2004 ne sont alors plus en mesure de replacer un objet dans son environnement historique. Roland besenval, ancien chef de la mission es images désormais tristement que, d’une manière générale, les pays en archéologique française en Afghanistan, célèbres de la destruction des développement sont généralement davantage indiquait d’ailleurs à ce sujet que « le drame L bouddhas de bamiyan, l’émotion exposés au pillage de sites archéologiques, n’est pas seulement de voir disparaître des suscitée par le pillage du musée de bagdad culturels et subaquatiques. statuettes, des vases, des chapiteaux de ou encore les manchettes des quotidiens Si aucun pays n’est épargné par ce colonne. C’est qu’ils soient arrachés à leur internationaux sur des ventes publiques phénomène, tous les types d’objets sont contexte. Leur disposition en terre, les objets controversées ont contribué à attirer l’attention concernés. Au-delà des tableaux et des antiq- qui les entourent, la profondeur, tout cela générale sur la problématique du trafic illicite uités archéologiques, les biens à caractère raconte la vie quotidienne de civilisations dont des biens culturels. Et à juste titre, car les 30 religieux et documentaire font désormais partie nous ne saurons jamais rien ». dernières années ont vu le nombre de vols des objets menacés et fréquemment dérobés. d’œuvres d’art et d’objets archéologiques La lutte en question croître considérablement. Un phénomène en pleine croissance tous les acteurs de la lutte contre le trafic illicite Le trafic illicite des biens culturels s’appuie Les spécialistes s’accordent pour dire que le des biens culturels sont conscients que c’est en partie sur les mêmes fonctionnements que trafic illicite des biens culturels est en hausse en amont qu’il convient d’agir. Selon Paolo ceux d’autres genres d’activités criminelles croissante à travers le monde. Mais il est en Ferri, ancien procureur italien, « le taux des transnationales organisées. Dans ce secteur réalité très difficile de chiffrer précisément son objets restitués est largement symbolique, ne en particulier, il est d’usage de distinguer trois ampleur. concernant possiblement qu’environ 3 % des types de vols : tout d’abord, les vols sur les lieux Malgré l’absence de statistiques globales, objets issus de fouilles clandestines qui se sont de conservation, comme les musées, ensuite, certains chiffres laissent pantois : selon retrouvés sur le marché des antiquités. » Au ceux dont sont victimes les collectionneurs une étude menée par David Murphy pour nombre des solutions prônées par les experts, particuliers et, enfin, les fouilles clandestines. Newsweek en 1990, on répertoriait plus de la systématisation des inventaires fait figure de Aujourd’hui, le tiers des œuvres les plus 40 000 anciennes tombes chinoises pillées préalable essentiel à la protection des collec- recherchées au monde a été dérobé dans en 10 ans. Ce nombre aurait quintuplé depuis, tions. Les collectionneurs sont vivement invités un musée. L’Europe, et plus précisément la laissant entrevoir une réalité aggravée compte à inventorier et à répertorier leur collection France et l’Italie, est la région du monde la tenu de la défaillance des mécanismes de selon un protocole très précis. Ce protocole, plus touchée par le vol d’œuvres d’art alors contrôle. mieux connu sous le nom d’Object ID, permet

14 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°1 2011

ICOMnews 64-1 FR feb22.indd 14-15 2/22/11 1:38 PM cOnFÉRence GÉnÉRALe De L’IcOm SHAnGHAI 2010 ELvAL MFD Des discours clés : © Réunion d’experts promoteurs de diversité e Six intervenants clés ont amené les participants à s’interroger La 22 Conférence sur la complexité des musées et sur leur rôle en ce 21e siècle, qui requiert un engagement complexe en faveur du dialogue générale de l’ICOM interculturel. s’est tenue à Lourdes Arizpe, Professeur à l’Université nationale de Mexico a plaidé en faveur d’un nouveau type d’universalisme Shanghai, en Chine, dans lequel le savoir scientifique et des mesures respectueus- Gauche à droite : Lourdes Arizpe, Xiejun Chen, Gabriella Battaini-dragoni, es du développement durable seraient les priorités. Appel- Alpha Oumar Konaré, fan Jinshi, Okwui enwezor du 7 au 12 novembre ant à réinventer le musée en tant que système dynamique, 2010. Près de 3 600 elle a souligné l’importance du patrimoine immatériel, vérita- ble vecteur de cohésion sociale, de diversité culturelle, de cré- la polarité hégémonique entre Grande et Petite modernités et à professionnels de ativité culturelle et de mémoire historique, mais aussi source questionner la tendance à « provincialiser » l’Europe et sa vision de pur plaisir. du monde. musée représentant Xiejun Chen, Directeur du musée de Shanghai a illustré Fan Jinshi, Conservatrice et Chercheuse à l’Académie de 122 pays, territoires et les différents niveaux de signification des formations urbaines Dunhuang a illustré les différents niveaux de valeurs historiques et les pistes qu’offrent les institutions culturelles pour faciliter et de systèmes culturels qui président à la création des lieux et organisations la compréhension interculturelle au sein d’un monde globalisé la façon dont cette vision pourrait faciliter notre compréhension et régi par des impératifs économiques. contemporaine de la formation d’un patrimoine global. internationales ont Gabriella Battaini-Dragoni, Directrice générale de l’Edu- Alpha Oumar Konaré, ancien Président du a pronon- participé à cet cation, de la Culture et du Patrimoine, de la Jeunesse et du cé un discours en faveur d’un engagement intellectuel plus Sport et Coordinatrice du dialogue interculturel au Conseil de important dans la sphère muséale, invitant les musées à deve- événement triennal l’Europe a prononcé un fervent plaidoyer en faveur de l’action nir des sites qui faciliteraient le changement. concrète, les musées devant être davantage des sites pour La tribune a vibré au milieu des débats passionnés, où l’on d’une importance le dialogue interculturel que des lieux d’archivage et de cata- sentait l’impatience de voir le musée se libérer des frontières majeure pour la logage des cultures. culturelles, pour devenir un outil de communication flexible et Okwui Enwezor, fondateur et éditeur de NKA : Journal of dynamique dans un monde en pleine évolution. communauté muséale Contemporary African Art a exhorté les musées à abandonner par Amareswar Galla, modérateur du monde entier. Ces

six jours ont été pour MI Une vitrine pour la technologie

les professionnels de bOnO La foire aux musées qui s’est tenue

ARLA durant deux jours et demi a accueilli

musée l’occasion C

© plus de 100 exposants représentant les unique d’échanger musées, les associations des musées u lendemain de l’Exposition universelle, la Les participants ont également eu l’occasion de et les fournisseurs et prestataires des idées et de de services des musées. Ce salon 22e Conférence générale de l’ICOM a offert rencontrer des collègues venus des quatre coins du réfléchir ensemble au présentait aussi bien des prestations Aaux participants une véritable plateforme monde de manière plus informelle. tandis que la céré- liées à la planification et à la concep- thème de la pour le dialogue et les contacts professionnels. Le monie d’ouverture et le buffet de clôture ont présen- tion des expositions que des équipe- prestige de l’événement s’est vu accru par la présence té un aperçu des cultures orientales, les délégués ont ments muséaux (éclairage, sécurité ou conférence : Les système de contrôle de la température), © ICOM 2010 d’intervenants célèbres, dont six se sont penchés eu la possibilité de connaître davantage Shanghai Les boursiers réunis à la Conférence générale de l’iCOM musées pour ainsi que des techniques de conserva- sur le sujet central, Les musées pour l’harmonie et la Chine à travers les multiples activités culturelles tion et de restauration ou encore des l’harmonie sociale sociale, apportant des points de vue de tous les conti- programmées. outils de publication et de multimédia. Comité organisateur ICOM Shang- a été comme une fenêtre ouverte sur nents et de diverses professions. Les 31 Comités Lors de la Conférence générale, se réunissent L’ICOM tenait deux stands, l’un assurait hai 2010 et d’ICOM India Trust. Ils les autres continents. L’ICOM m’a e internationaux de l’ICOM ont organisé plus de 100 également l’Assemblée générale et le Comité con- la promotion de la 23 Conférence représentaient au total plus de 70 donné l’occasion de rencontrer des générale de l’ICOM (Rio 2013), l’autre nationalités, un chiffre qui reflète la gens d’autres cultures. Cette visite m’a sessions de travail et tables rondes, dans le centre sultatif, qui définissent les grandes orientations de présentait la base de données politique d’intégration de l’ICOM au sein permis de changer ma compréhen- de conférence, mais aussi dans des musées environ- l’organisation. Le président de l’ICOM, les membres des membres. même de son réseau. L’ICOM souhaitait sion et mon appréciation de la culture nants de Shanghai. trois tribunes libres ont élargi les du Conseil exécutif, ainsi que les nouveaux présidents notamment accueillir des membres de chinoise et de son évolution. Nous débats à des sujets transdisciplinaires ; cinq ateliers se et vice-présidents du Comité consultatif ont été élus pays africains afin qu’ils contribuent à avons échangé des idées et des problé- sont concentrés sur les activités de communications pour le mandat 2010 - 2013. Des projets de résolu- Bourses de voyage la réflexion sur des questions muséales matiques qui influenceront notre vision Parmi les participants à la Conférence avec l’ICOM. Un participant, Michael du monde pour promouvoir l’harmonie et de programmes de l’ICOM ; et une foire a permis à tions ont été discutés puis votés durant l’Assemblée générale, une centaine s’est vu allouer Gondwe, du Malawi, s’est exprimé sociale. Parfois, penser par soi-même plus de 100 fournisseurs et prestataires de services générale, fournissant ainsi une ligne directrice pour le une bourse de voyage de la part de ainsi au terme de ces six jours : « La consiste à apprendre à ouvrir vraiment pour les musées d’être représentés. futur de l’organisation. n l’ICOM, de la Getty Foundation, du 22e Conférence générale de l’ICOM les yeux. »

La culture chinoise à musique traditionnels : tels ont cultures orientales et ont attiré Tribunes libres pour un étaient : La culture du bénévolat culturelle et le développement l’honneur été quelques-uns des spec- l’attention sur les merveilles dialogue transdisciplinaire et l’esprit du bénévolat dans les des communautés minoritaires La cérémonie d’ouverture du tacles proposés, avec, pour locales à travers des visites Une série de discussions a été musées au XXIe siècle, en parte- dans la transformation sociale, 7 novembre a présenté un finir, les voix hautes d’enfants de musées. Plusieurs Comités organisée sur des thèmes divers nariat avec la Fédération mondiale une collaboration entre ICOM aperçu des anciennes cultures qui chantaient une chanson internationaux ont été conduits qui touchent les professionnels des amis des musées (FMAM) ; Chine, ICOM Afrique du Sud et chinoises teintées d’une touche populaire de Shanghai, Fleur dans les coulisses de certains des musées aujourd’hui. Ces dis- Stratégies économiques et de ICOM Pays-Bas. La publication contemporaine. Danse avec de jasmin (photo gauche). musées de Shanghai, tandis cussions ont reflété l’engagement développement pour les musées, Sense and Sensitivity: the Dutch

des costumes de l’empereur Les diverses activités que 400 participants ont choisi de l’ICOM en faveur du dialogue organisé en collaboration avec un and delicate heritage issues a été nJUn MI Qin, acrobaties chinoises, culturelles organisées lors de de visiter Nantong, où fut interdisciplinaire au-delà des important périodique chinois axé présentée et discutée lors de cette IA A x A

bOnO opéra de Beijing (photo ci- la Conférence générale ont fondé en 1905 le premier frontières. Les thèmes débattus sur le commerce ; et La diversité tribune (photo). 16 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°1 2011 © M RLA dessus) et instruments de offert un petit panorama des musée de Chine. A

© C n°1 2011 | LES nOUvELLES DE L’ICOM 17

ICOMnews 64-1 FR feb22.indd 16-17 2/22/11 1:38 PM cOnFÉRence GÉnÉRALe De L’IcOm SHAnGHAI 2010

Priorité Afrique Une collaboration réussie e L’une des leçons essentielles qui ont émergé de la 22 Conférence générale de l’ICOM a été la nécessité pour les pro- fessionnels des musées de porter leur attention sur le continent Le symposium collectif de quatre Comités internationaux de l’ICOM africain, d’aider à développer et préserver la culture africaine, fournit une synergie d’envergure parmi les experts en muséologie malheureusement souvent négligée. Ce point a été souligné

par l’ancien Président du Mali, Alpha Oumar Konaré, lors de son nG par Stephen Lloyd, historien d’art indépendant discours clé du 8 novembre. La Présidente sortante de l’ICOM, HA YU Z YU

Alissandra Cummins, a enjoint la communauté muséale © asiatique, désormais bien positionnée, à partager ses connais- sances et ses ressources avec la communauté muséale afric- d’observer que l’ICOM avait offert des bourses à des membres aine. Elle a également appelé l’ICOM à soutenir les Nations qui, n’ayant pas les moyens financiers nécessaires, n’auraient ans le cadre de la dernière Conférence générale de l’ICOM Il fut décidé que la structure du symposium comprendrait une ses- Unies dans le cadre de leur Année internationale des personnes pu se rendre à la 22e Conférence générale à Shanghai. Sept à Shanghai, quatre comités internationaux – le Comité inter- sion le matin à laquelle participeraient quatre intervenants clés, cha- d’ascendance africaine en 2011, ainsi que l’UNESCO et son délégués africains ont bénéficié de ces bourses, parmi lesquels Dnational pour les demeures historiques-musées (DEMHISt), cun d’eux représentant l’un des quatre Comités internationaux, puis programme Priorité globale Afrique, en contribuant à promou- la Présidente d’AFRICOM. le Comité international pour les musées et collections du verre une session l’après-midi qui comporterait sept présentations plus voir une meilleure connaissance et un plus grand respect du Immédiatement après la Conférence générale, le Directeur (GLASS), le Comité international pour les musées et collections des courtes, choisies à partir de résumés soumis aux organisateurs. Les patrimoine et des cultures si diverses de ce continent. général de l’ICOM, Julien Anfruns, a assisté à la 5e session du arts décoratifs et du design (ICDAD) et le Comité international pour les intervenants venaient de pays aussi divers que l’Autriche, la Chine, Le sujet a été débattu lors de la réunion de la délégation Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine musées et collections des beaux-arts (ICFA) – décidèrent de travailler la République tchèque, l’Italie, les Pays-bas, le Portugal, Singapour, africaine (photo droite) en présence d’A. O. Konaré. Les par- culturel immatériel de l’UNESCO qui se tenait à Nairobi, au ensemble afin d’organiser un symposium sur le thème : De la route l’Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis. toutes les contributions ticipants se sont interrogés sur la façon dont la communauté Kenya. Il a exprimé ses regrets face à l’absence d’inscriptions de la Soie au porte-conteneurs : artefacts, environnement et déplace- furent auparavant rassemblées et traduites en mandarin. muséale internationale pourrait être plus active en Afrique de la part de pays africains et, dans ce contexte, il a affirmé ments culturels. et sur le type d’actions que l’ICOM pourrait entreprendre l’engagement de l’ICOM à mettre en valeur le patrimoine et les L’objectif de ce projet complexe, réalisé en collaboration avec Au cœur du sujet afin d’encourager cette participation. Ils n’ont pas manqué musées africains en 2011 et au-delà. ICOM Chine, était de prôner les échanges et le travail en équipe entre Dans une des interventions clés du symposium, le professeur Chris- les différents Comités internationaux de l’ICOM. Cette coopération vit tiaan Jörg, de l’université de Leyde, s’intéressa au thème de la porce- le jour à en 2008 lors d’un Comité consultatif de l’ICOM, au cours laine chinoise d’exportation, considérée comme une passerelle entre duquel la présidente de DEMHISt s’adressa à l’Orient et l’Occident, analyse appuyée par des Un nouveau Président, un nouveau Conseil exécutif plusieurs Comités internationaux aux intérêts exposés de la seconde partie qui avaient trait à la proches. Les comités DEMHISt, GLASS, ICDAD Le professeur Robert constitution de collections de céramiques chinois- Hans-Martin Hinz a été élu Président Brandão (Brésil), Luisa de Peña et ICFA étaient tous en faveur de cet élan. Les Bickers attira l’attention es à Malte, ainsi qu’à deux aspects de la chinoise- de l’ICOM le 12 novembre 2010 ; il Díaz (République dominicaine), occupera cette fonction durant les Marie-Françoise Delval (France), quatre Comités accordent une grande impor- rie du xvIIIe siècle, les meubles peints et la verrerie. sur les vicissitudes des trois années à venir. Les 14 mem- Claude Faubert (), Goranka tance à leur réunion annuelle qui se tient chaque Un autre intervenant clé, le professeur Robert bick- statues érigées par les bres supplémentaires du Conseil Horjan (Croatie), Merete Ipsen fois dans un pays différent et s’investissent dans ers, de l’université de bristol, attira l’attention sur exécutif ont également été élus (Danemark), Daniele Lupo Jallà e un débat international autour de problèmes ou puissances internationales les vicissitudes des statues érigées à la fin du xIx au cours de cette 22e Conférence (Italie), Hanna Pennock (Pays- e de questions qui les touchent tous, tels que les sur le Bund à Shanghai siècle et au début du xx siècle par les puissanc- générale de l’ICOM. Bas), Regine Schulz (États-Unis). conditions environnementales ou le trafic illicite es internationales sur le bund à Shanghai. Cette Les deux Vice-présidents Le Comité consultatif, formé d’objets culturels. Ils encouragent également l’échange d’idées sur collusion entre deux idéologies et deux cultures fut également exam- élus sont George Okello Abungu des présidents des Comités nation- des thèmes comme la constitution des collections, la conception et inée dans des communications de l’après-midi qui envisageaient la (Kenya) et Tereza C. Moletta aux, des Comités internation aux l’architecture des musées. confluence de l’art chrétien avec la Chine sur la route de la Soie entre Scheiner (Brésil). Dominique Ferriot et des Organisations affiliées, a les vIIe et xIve siècles ou encore les relations culturelles et commer- (France) a été nommée Trésorière. élu Knut Wik (Norvège) comme La mise en route ciales, d’un point de vue historiographique, entre la Chine et l’Italie ELvAL Les membres ordinaires élus Président pour la deuxième fois et e e Au terme de longues discussions, un consensus finit par se dégag- du xv au xvIII siècles. Deux autres exposés s’intéressaient, d’une ©MFD au Conseil exécutif sont Ossama Kwame Sarpong (Ghana) comme Le nouveau Conseil exécutif élu avec le directeur général de l’iCOM er sur le thème du symposium et de la réunion de 2010 à Shanghai. part, à un hôtel particulier de Singapour caractérisé par une concep- Abdel Meguid (Égypte), Laishun Vice-président pour la période Le sujet choisi plaisait à tous les membres des quatre Comités ainsi tion hybride et une influence coloniale et, d’autre part, à un pavillon An (Chine), Carlos Roberto Ferreira 2010 - 2013. qu’aux délégués d’ICOM Chine. Un appel à contributions fut lancé d’été royal au vietnam construit dans un style Art déco. La dernière auprès des membres. Une coordinatrice internationale appartenant intervention du matin, prononcée par le docteur Johannes Wieninger à DEMHISt fut nommée en 2009 afin d’établir le programme scien- (MAK, vienne), abordait la notion du musée idéal, opposant l’idée de tifique, et elle travailla en étroite collaboration avec un coordinateur cultures du monde à une culture mondiale aux frontières moins mar- désigné du côté chinois. En mai 2010, après avoir été invité à assis- quées, et s’achevait par un appel à la Chine et au reste du monde afin ter à la réunion annuelle d’ICOM Chine au musée du Guangdong qui d’accroître le niveau des échanges interculturels. Cap sur Rio Le drapeau de l’ICOM a été venait d’être inauguré à Canton, j’endossai le rôle de coordinateur En tant que coordinateur de ce symposium et de cette réunion, j’ai L’Assemblée générale a eu remis par le comité organisateur international pour le symposium, travaillant de front avec ICOM Chine, constaté que les principaux bénéfices de la collaboration entre les l’honneur de recevoir l’ancien chinois à la délégation du Brésil et en particulier avec Zhuang xiaowei, directeur du musée du verre quatre Comités internationaux et ICOM Chine furent les discussions Président français Jacques (photo à droite), hôte de la pro- de Shanghai, dans le but d’élaborer le programme scientifique et le transdisciplinaires et les synergies passionnantes qui se sont dével- Chirac, qui s’est exprimé sur chaine Conférence générale. Les calendrier des événements associés à Shanghai. Grâce au Comi- oppées entre les Comités, les intervenants et les délégués. De tels la diversité culturelle et les représentants brésiliens ont par efforts continus déployés par avance souhaité la bienvenue aux té international GLASS et à Zhuang xiaowei, un des intervenants qui événements collectifs peuvent servir de creusets pour l’élargissement les institutions culturelles à participants et les ont tous chal- prononça une communication sur son musée en pleine gestation, les et l’enrichissement des contacts dans la sphère muséale, en particuli- travers le monde pour construire eureusement invités à assister à quelque deux cents délégués inscrits purent visiter le musée du verre er entre l’Europe et les États-Unis par rapport aux pays en développe- une société pacifique et plus la prochaine conférence qui se de Shanghai, au nord de la ville. ment, lors des futures conférences triennales de l’ICOM. n tolérante. tiendra en 2013 à Rio de Janeiro ! 2010

18 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°1 2011 COM I ©

ICOMnews 64-1 FR feb22.indd 18-19 2/22/11 1:38 PM