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JEANNE DAILC

EST-ELLE LORRAINE?

PAR

I1ENBf LEPAGE,

Arcliivisle (lu département de la NemrLlme 2

NANCY,

GRIMBLOT ET VEUVE RAYBOIS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES, IInce Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125.

1852.

I Document VII h II 1111111111 IIIIII III D __00000056192 JEÀNNE DAIIC

EST—ELLE LORRAINE?

Une tradition constante, tt peu prés universellement admise, avait, pendant longtemps, placé le lieu de nais- sance de Jeanne Pare dans la portion de territoire qui formait autrefois les duchés de Lorraine et de ilar; nos contrées senorgueillissaient davoir donné le jour â Ihé- reine qui sauva la :.... On cherche maintenant â leur ravir un genre dillustration dont elles étaient fiè- res, pour en doter une province voisine de la nôtre. Peu importé, aujourdhui que les anciennes divisions provinciales ont disparu, que le berceau de la Vierge de Domremy ait &é en Champagne ou en Lorraine; nous avons tous, comme citoyens de la même patrie, le droit de revendiquer sa gloire. Mais il nen est pas de

• Voir, tour lbrthograpbe du nom de Jeanne Parc, la disser- tation publiée par M. de Haldat dans lExamen critique de lhis- toire defeanne )Jarc. Nancy, 1850. (o) même au point de vue historique, et on peut, on doit même, sans crainte dêtre accusé dun amour propre na- tional étroit, chercher â établir, dune manière positive, Tes droits de chacun de ces pays à lhonneur quil ré- clame. Parmi les historiens qui ont abordé cette question, les uns ne se sont pas donné la peine de la discuter: ils ont, dun trait de plume, dépouillé la Lorraine et le Barrois dune prérogative dont ils étaient en possession depuis des siècles dautres ont bien voulu descendre jusquà la discussion, et essayer, au moins, de prouver ce quils avançaient. De ce nombre est M. Athanase Renard, auteur dun travail intitulé: Souvenirs du Bassqny champenois, qui n été inséré dans les Mémoires de fa Société historique et archéologique de Langres; cest à lui surtout que je me propose de répondre. Je mefforcerai de le faire sans passion, sans entrainement, en imposant silence â la voix de mes affections pour nécouter que celle de la vérité; je mefforcerai surtout de ne pas oublier un seul instant que lhomme û qui je madresse mérite tous mes égards et tout mon respect. Toutefois, etje puis le dire sans offeflser mon adver- saire, je crains que M. Renard nait trop subi linfluence dun sentiment contre lequel lhistorien doit toujours se tenir en garde; je crains que sou patriotisme ne lait entrainé malgré lui au-delà des bornes de la modération et de limpartialité. LI nétait pas nécessaire, pour expo- ser les titres de la Champagne à lhonneur davoir vu naître Scanne Darc, de se livrer à des considérations gé- nérales tout â fait étrangères au sujet; de traiter avec tant de sévérité quelques auteurs lorrains, et de con- - damner la politique suivie vis-»â-vis de la France par les souverains qui ont régné sur notre pays. Petit-être aurait-il fdllu, avant de porter un jugement si rigoureux, examiner de plusprés les faits, tenir plus de compte des temps, des circonstances, de la situationré- ciproquc du royaume et des petits états qui, plus tard, furent réunis â la couronne. Etait-il besoin, surtout, de flétrir la mémoire de Charles JE (I), dont la conduite

(1) . Le duc de Lorraine Charles li, dit M. Renard, séparé de sa femme etvivant en concubinage avec la belle Alizon du May, dont il eut cinq enfants, traînant les restes dun corps usé par se; dé- huches et accablé dinfirmités, se sentait au déclin de sa vie-Cest dans cette situation quayant entendu parler de Jeanne, dont la réputation de sainteté -grandissait tous les jours, il désira la voir et la fit mander près de lui, espérant probablement quelle pour- rait faire un miracle en sa faveur.» - Cette phrase est sans doute la traduaion de cette partie de lin- terrogaLoire de Jeanne « Item confessa fuit quod dux Lotharin- » gix nandavit quodïpsa dticeretur ai cura: ad quem et ipsa • ivit; sibique dixit quel ipso volebat ire in Francium. Et inter-

• rogavit cern dux ipse de reeuperotione $11w sanilatis; sed ipsa • dixit si quel nihit mdc sciebat; et pauca de suo vniagio cidem • duci declaravit. Dixit (amen ipsi -duel quod ipse traderet cl • lilium simm et gentes, pro ducendo eam cd Ftanôiain, et ipsa • deprecaretur Deum pro sua sanitate," (8) privée fut condamnable sans doute, mais qui, par sa valeur, sou amour des arts sa modération et sa bonté, ut racheter ses faiblesses et se rendft digue dit ton.- élevé quil occupait? La Lorraine, dailleuù, ne se montrzi pas; comme on se plait à le dire; constamment hostile à la France et iàujours prête à sallier â ses ennemis. On la voit, au contraire, dès là commencement du XIV siècle, sasso- cier librement à elle: é Thibaut 11 combat à Courtray et à Mons-ezi-Puelle â•cité de Philippe-le-Bel. Son fils, Ferry 1V, est délivré par Chdùles-le. BeI de la captivité où le retenait Louis de Bavière. Depuis lors, éntre les ducs de Lorraine et les rois de France, cest, comme on disait autrefoig , à la vie S â la mort (1). Le même Ferry IV est tué à Casel, sous la bannièrebannière françiise son fils Raout périt sur le champ rie bataille de Crècy. Jean, fils de Raoul, se bat pour la France À Poitiers, à Auray,à B.osebecque;Chantes LI, end, se joint dabord à la Bourgogne; puis se rapproche bientôt de la Franco et lui demeure aussi fidèle que ses devanciers (2).» Mais, je le répiMe;ies faits sur lesquels on .sest plu à sétendre en invoquant le témoignage dhistoriens me- dernes évidemment hostiles à la Lorraine, ces faits sont complètement étrangers à la question; ce quil sagit

(1) Lettres à M. C. de la Tôur sur ta Lorraine et la France, p3 M. Ch. Lenormant (T. XX1W du Correspondant). (2)Lorraine et France, par M. C. de la Tour. n ( 9 ) uniquement de déterminer, cest la véritable origine de .Jeanne Pare. Pour y arriver, je mappuierai sur deux sortes de preuves les ouvrages imprimés et les docu- ments inédits, et jessaierai de démontrer 1° Que Jeanne Pare a toujours été regardée comme Lorraine 2° Que le village où elle est née était mi-partie Cham- pagne et Barrois ° Enfin, que la maison de Pomremy, quhabita .Jeanne Parc, était dans la partie barrisienne,

I.

Ainsi que je le disais en commençant, la tradition est peu prés unanime en faveur de lopinion que je sou- tiens; cette tradition, où avait-elle puisé sa source? Comment, si Jeanne avait été Champenoise, comme on le prétend aujourdhui, les écrivains, qui furent ses con- temporains, ne leussent-ils pas dit, et comment la pro- vince qui lui avait donné le jour na-t-elle point protesté contre un mensonge qui, en se propageant, acquérait toute la force de la vérité? Or, les chroniqueurs, les historiens et les po4ites du XVe siècle, à part quelques- uns qui lappellent la Vierge française, la désignent, presque tous, sous la qualification de Vierge lorraine. Et ce sont non-seulement les écrivains fiançais qui sex- priment dans ce sens; mais cette croyance était devenue tellement populaire, quelle était admise jusque dans les pays étrangers. (40 ) Il suffit, pour sen convaincre, de jeter les yeux sur les nombreux extraits des auteurs du temps, que M. Jules Quicherat a rassemblés, dans les !.° et li e volumes de son savant et consciencieux ouvrage sur Jeanne Pare (t) ; ces auteurs étaient tellement convaincus de lorigine lorraine de Jeanne, que quelques—uns vont même, par une grossiére erreur géographique, jusquà placer Vaucouleurs dans la province où ils croyaient quelle était née. Le premier écrivain cité par M. Quicherat est Per- ceval de Cagny, qui fit mettre par écrit, en 1436, les choses quil avait recueillies sur la Pucelle dOrléans « En iceluy an [nccccxxvuzI], dit-il, le [vi e] jour • dudit mois de mars, une pucelle de leage de xviii ans • ou environ, des marches de Lorraine et de Barrais, • vint devers le roy â. Chinon., Un autre chroniqueur alençonnais, qui fut, comme le précédent, attaché à la personne de Jean H, duc dA- lençon, écrivait, en 4473 «.....Le bon Dieu.....voulant donner remède et fin A laffliction des bons et loyaulx François, et lorgueil des Anglois réprimer et annichiler, suscita lesperit » dune jeune pucelle nagée de dix-huict à vingt ans, nu- » tifve de la ville de Dompretny, duché de Bar, â trois » petites lieues de Yaucouleurs.»

(t) Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne Darc, eue, Paris, 1845 et années suiv. C ) Jean Chartier, chantre de Saint-Denis, chroniqueur en titre des rois de France (1449), fait, comme Perceval de Cagny, venir Jeanne des marches du Barrois: « En cellui temps, vint nouvelles quil y avait une pucelle dernprez Vaucolour ès marches de Barrois... Et dist à messire Robert de ,.. et à plu- sieurs autres, qua estait nécessité quilz lamenassent » devers le royde France. Une histoire de la Pucelle, contenue dans le J!firoir des femmes vertueuses, petit livre qui parait avoir dté très-populaire du temps de Louis XII, contient ce pas- sage: « Incontinent après que le siège des Angloys fut assis 2 au devant de la ville dOrléans et durant celluy siège, » messire Robert de Baudricourt, capitaine de Yau- » couleur en Lorraine; lors estant en lest du roy, se » adressa une jeune pucelle dudit Vaucouleur, nommée » Jebanne.» On lit dns une relation du temps, écrite en langue romane, et que M. Quicherat désigne sous ce titre le Greffier de lHôtel de Ville dAlbi Se es assaher que en le mes de mars, lan mil t ccccxxviii verre al dich noble rey de Franssa una » (lIha, Puizela jobe de latge de quatorse à quinse » ans, la calera de! pais et ciel dugat de Loreyne.» « La dessusditte Pucelle estoit de Lorraine, du lieu » de Vaucouleurs ... », dit Mathieu Thomassin, auteur dun livre sur lhistoire, les droits et les prérogatives de ( 12 ) ht couronne deiphinale (t), composé du vivant même de Charles VII, par ordre de Louis XI, alors Dauphin de Viennois, qui, par lettres de commission datées du mois de mai 4456, avait chargé Thomassinde entravai], comme étant le plus ancien de ses officiers et comme ayant beaucoup de lumières et dexpérience. Le témoi- gnage de cet écrivain est ici du plus grand poids cest un contemporain, car il était né en 1504, et il avait environ 37 ans â lépoque du sidge dOrléans; il était conseiller au Conseil delphinal, fonctions auxquelles lavait appelé Charles VU quand ce prince était Dauphin de Viennois, et cest à Paris, il le dit lui-même, quil a écrit une partie de son livre, quon peut considérer comme un recueil officiel. M. Quicherat rapporte encore lextrait suivant dune lettre écrite de Lyon, le 22 avril 4429 (2) &.. Scripsit ulecrius... quod quœdarn Paella oriunda il ex Lotharingia, oetatis xviii annorum vel circiter, est » penespredictun regem. Il faut citer enfin lAbréviateur du Procès, ouvrage qui na pas de titre,- dont lauteur est inconnu 5 mais â diverses époques, on a tiré des fragments plus ou moins longs qui ont été mis au jour5 notamment la

(1)Le Registre Delphinal. V. Lelong, Bibliot. hist. de la France, t. 3, n° 5790. (2) Cet extrait a pour titre : cc Le Greffier de la Chambré des comptes de Brabant.» - -(15) relation qui fait suite â lHistoire et Chronique de No;- rnandie, imprimée â Rouen en 1581 ; relation qui a pour intitulé: Ensuit le livre de- la pucelle natifoc de Lorraine qui réduit France entre les mains du roy.» Voilà pour les historiens et les chroniqueurs français et bourguignons; voici maintenant ce quont écrit- les poètes. - Le premier que cite M. Quicherat est un anonyme, auteur dun po(me latin sur larrivée de la Pucelle et sur la délivrance dOrléans (1); il sexprime ainsi

fdirabilis ecce Paella, Orto parentela perpaupere rurkolarum, Regni liligeri, patrie Barrensis in oris Emicat, ut, virgo, referat nova gaudia muadi.

Le second est Valeran Varanius (2), dont le porne,

(ï) Voici lextrait de quelques-unes des noies placées par M. Quicherat en tête des citations quil a faites des différents au- teurs dont il mentionne les ouvrages. « Anonyme. L Auteur dun poème latin sur larrivée de la Pucelle et sur la délivrance dOr- Jéans... Opuscule inédit transcrit à ta suite du procès de réhabili- tation et de la même main, dans le manuscrit 5970 de ta biblio- thèque royale. Comme il na pu être placé là quavec lassentiment des greffiers, peut-être même avec celui des juges, cette circon- stance prouve quon y attachait nlor&quelque prix.» (2) « Il faut parler de cet auteur à cause de lautorité très-grande dont-il jouit par le fait des historiens de Jeanne dArc. Il était (14 intitulé: Degestis Joannœ virqinis Francce (I), «qregice bellafricis, libri IV, renferme ce passage:

Flaccida quuw magnis lugeret GaDin bellis, Finibus Austrasfœ digressa juvencula, panels Huc veniL comitata vins ......

Et plus loin, dans une autre pièce de vers en forme de dialogue, composée pour labbé de Saint-Victor, qui avait prêté â Fauteur le manuscrit du procès de Jeanne Darc:

Malte tibi, venerande pater, generosa virago Debet et Austrasiœ nobile stemma plag1e.

Enfin, le troisième poite ti citer est François Villon, dans la ballade des Dames du temps jadis, pièce qui fait partie de son Grand Testament, écrit en tAG!

La royne blanche comme un lys Qui chantoit à voix de sereine, Berthe nu gront pié, Bietnis, Allys, Harembourges qui tint le Mayne, Et Jehanne & bonne Lorraine QuAngloys bruslèrent à Rouan.

natif dAbbeville et théologien de la faculté de Paris. o (M. Qui- cherat.) (1) Un manuscrit contemporain de lédition qui est à la biblio- thèque Sainte-Genc y [ève (no 1643), n pour Litre: Libri quatuor de gestis .Jounnœ Puebœ loritnnoi. o (M. Quicherat.) (li)

Les écrivains étrangers ne sont pas moins unanimes. Voici de quelle manière sexprime VEcossais Walter Bower (1) « Circa idem tempus venU de Lotharingia qwvdarn virgo juvencula, nomine Johanna, quai dicebat se fuisse missam ab Altissiino aci propulsandunLet ener- >, vandum Anglorum ,nolimina. Un autre Ecossais, le religieux de Dumferling (2), tient le même langage cln diebusillis suscitavit JJominus spiritum oufvadam » puellai mirabilis, in finibus Franciœ oriundœ, in du- » catu Lolharingim prope castrum regaic de Vauco- » ]Our, in episcopatu Tullensi, versus Imperium. . « En ces mêmes temps, dit Eberhard de Windec- » ken (3), comme le roi de France et les Anglais étaient

(4) « Cet écrivain, Ecossais de nation et gradué en droit de lU- niversité dé Paris, naquit en 1585 ..... Il entreprit, en 1441, de continuer et de compléter Fordun, qui, à la lin du XIV siècle, avait commencé une histoire ou chronique générale de son pays... l3ower, dans son 15 livre, parle de Jeanne dArc, sur laquelle il avait eu des renseignements par un témoin oculaire, » (M. Qui- cherat.) () « A continué Fordun... Il a sur Walter Bower lavantage de sêtre trouvé en France du vivant de Jeanne dArc, de lavoir suivie dans toutes ses campagnes, et même davoir assisté à ses derniers moments. » (Idem.) (5) .. Trésorier de lempereur Sigilmond, à écrit lhistoire du (413 i en guerre, il se leva, en Lorraine, une jeune fille qui » fit en Franco des miracles dont les Anglais furent grau- dement affaiblis..... On lit le passage suivant dans louvrage intitulé De Europa, publié, par le pape Pie IJ, lorsquil nétait encore que le cardinal }Encas Sylvius, et du temps même de la Pucelle: « In regno ipso Franciœ quod nostra oetate Joarcna, » virgo Lothoringensis, diyinitus, ut credunt, admo- flua, virilibus indumeneis et armés induta, gallicas » ducens acies, ex dnqlorum manibus magna exporte, i. mirabiic dictu, prima inter primos pugnans, victo- » rianz eripuit. » Je citerai aussi Philippe de Bergame, dans son livre De clatis electis que mulieribus, quil fit imprimer Ferrare en U97 cfoanna, virgo Gallica, nations Lothoringensis..... in metropoli Rotiiomagensi.....in sumtna castitate decessit, igne cremata. Une des pièces du procès. de réhabilition (ML Pari Maugierpropositio in latinum translata), contient ce qui suit « .... . Ipsa lute ut boum recordationis et bu- » milis Jolianna dArc, pridem vulgariter dicta la

règne de sonmaltre daprès tes renseignements quil avait recueillis sa cour. Son chapitre sur Jeanne dArc est ta reproduction évi- dente de relations officielles envoyées de France ù lempereur. » (M. Quiclierat ) (17) » Pucelle, virgo leumiils et innocens de partibus b,- tharinqiœ; de Do;npno-Ilemigio. Voici enfin une citation quon ne peut accuser dêtre - - entachée des erreurs quont parfois commises les chro- niqueurs ou les poètes; cest un extrait du 8 compte de Guillaume Cbarier, receveur général de toutes les finances: «  Jehan de Mets, escuier, la somme de cent livres pour le deffray de luy et autres gens de la compaignie • de la Pucelle na guieres venue par devers le roy • nostre sire, du pays de Barrois ..... , laquelle somme • a esté aux dessusdictz octroiée par lettres du roy du • xxi jour davril mil ccec xix.» Ces assertions, si nombreuses (1), si unanimes, ne

(1) Voir aussi : Manuscrit dOrléans (143O).— Or en eetemps avait une jeune fille, au pays de Lorraine, aagc (le dixhuiet ans ou environ, nomniée Jeanne. » (Tripauli.) - Mémoires de Saint-Rerny (1454). - e Vrai est quen u6 vil- » laige sur lesmarehcs de Lorraine, avait un homme et ne lune- nie . etc. » (Pauthéàn liLt. Saint-Remy; p. 488.) Ilistoirc de France dc.fluhaillan (1500).— « il y eut unijeune » fille, de lâge de 22 ans, native de Vaucouleurs en Lorraine. (p. 95.)

Joannis .rtTaucLri chronica (1500). — « Ferait ad regem La- n rolum in Franciaru guadam puelta plebeia ex Lotiraringia. n - • :. Pair li .miIii Vcroncnsis, de rebus gestis Fiancerai,,, ( I 530.) ( 18 ) forment-elles pas, jen appelle â tous les hommes de bonne foi, comme un faisceau de témoignages quune

- .JtlhannaLotbariaga ptielia duodcviginti cire iler annos na fa.» (p. ccxxv.)

Aurdliœurbis angiicuna obsidio, auct. L. MiqucIlo ( 1560).— La Pucelle y est nommée partout Virqo Lot haringa.

LHistoire tragique de la Pucelle, par Fronton du Duc (I8l)

n Messieurs, &est à lhonneur du pays de Lorraine..... n n Aux terres de Lorraine elle naquist aussi ..... n

Syhilla fronctea sen de admira&iU Pueita Johonna Lotharinga. Orseiiiis, 1606.

Cubent Genebrardi Chronographia (1609). - Johanna

an !.Jaréia Puelia sive virgo, inopa pastorc, in Lotharingoruin » Domprcmio pago cria. » (p. .692.)

Puellw aureiiancnsis causa, anctore Jacoba Jolie (1609). - Dejohannœ Lotliaringe judiaio. (p. 4.) lieroïna nobitissinaœ Jofrannw Dore Lotharinga historia, asic- tore Bordai. Pontiinussi, 1612.

Jajouterai encore ce passage de la déposition de Guillaume de flicarville, lors do procès de réhabilitation n Dixit quod, ipso exgisrente infra vitiam Âtsreiiauensern.... cum Domino de Ihi-

a uoys et piuribus allis eapituneis, vencrunt nova quodpea viilom de Gnon tronsiverat une bergcreta, vocata la Pucelle, quant duo aut Ires nubiles viri de patria Loiharingke, ex qua trahebat or- n tum, co:nduccbant. » ( 49 ) simple dénégation ne saurait détruire? Ne démontrent- elles pas que la tradition qui faisaituaitre Jeanne Darc en Lorraine, ne puisait pas seulementsa source dans une prophétie devenue alors populaire, mais quelle sap- puyait sur lopinion générale de presque lotis les histo- riens, les chroniqueurs et les poètes contemporains? Cest là un fait qui pourrait, au besoin, servir à lui seul de preuve, sil ny en avait pas dautres bien autrement concluantes. Ainsi donc, il est bien établi quaucun écrivain du temps de Jeanne Pare, na eu lapensée daccoler au non) de la Pucelle lépithète de Champenoise; et que quelques-uns seulement lont qualifiée de Française. lroyons maintenant quels témoignages on invoque petit- avancer 1c contraire. Ce sont: dabord la Chronique de la Pucelle, différents passages de filM. Ilenri Martin, Rerriat Saint-Prix et Michelet, puis les géographes Nicolle de la Croix et Vosgien, puis lextrait dune lettre de Perceval de flou- lainvilliers, enfin les lettres-patentes de Charles VIII, qui anoblissent Jeanne Parc et sa famille. La Chronique 41a Pucelle, dit M Renard, un des • plus anciens documents qui nous soient panenus sur • Jeanne 11arc, et lun des plus souvent cités, fait dé- pendre Pomremy de leslec: ion de Langres. On verra tout à lheure que cette assertion est vraie dans un sens, mais quelle ne peut sappliquer quà une portion du village de flomremy 5 en attendant, il est bon (. 20 ) peut-être de faire voir ce que pense de cette fameuse Chronique de la Pucelle, quon invoque comme une si grande autorité, lhistorien qui n réuni le plus graud nombre de documents relatifs à Jeanne flare: « Voici, dit M. Quicherat, un ouvrage sans nom dau- teur, qui, à en croire le titre quon lui a donné, serait • le document par excellence sur Jeanne dArc.... Il • sen faut quelle (la Chronique) ait le caractère dori- • ginalilé quon lui attribue. Une partie de ce quelle • contient sur la Pucelle, nest que la copie, légèrement » modifiée, soit dejean Chartier, soit.du Journal du y siége dOrléans, paraphrasant Jean Chartier; de sorte » que ces seuls emprunts en reculent la composition au- » delà de 1467. Dautres portions du récit sont faites avec le procès de réhabilitation.... Toutefois, divers » détails, appartenant en propre à la chronique de la Pucelle, doivent avoir été fournis par des témoins ou » des acteurs des événements de 11.9. , Peut-être serait-il permis, après un tel jugement, de rejeter complètement la preuve quon prétend tirer de cette Chronique; je veux bien, cependant, laccepter. II en est de nme des assertions de colle de la Croix et de Vosgien, lorsquils disent que Domremy était dans la Champagne et dans le Bassigny; cela est vrai encore, mais, joie répfSte,seulement pour unepartie de ce village. La même observation sapplique encore à la lettre écrite, le 21 juin 1429, A Philippe-Marie Visconti, duc de Milan, par Perceval de Boulainvilliers, conseiller- ( 2!) &iambellan du roi et sénéchal de Berry; voici comment il sexprime en parlant de Jeanne Parc; c Mata est in • uno parvo viilagio nominaeo Dornpremii, in baihvia • Bassignata, infra et finibus refui Franciœ, Super fluvium de Mense, qua, fuxta Lottrinqianz, jusds et » sirnplicibus parentibus noscitur progenita. » Quant aux passages empruntés à MM. fleuri Martin et Michelet, ils ne peuvent pas être discutés; car, ou ils sont trop vagues, ou ils ne concernent que des faits gé- néraux et ne prouvent absolument rien. Je nie borne â renvoyer ceux qui pourraient avoir des doutes à cet égard, au mémoire de M. Athanase Renard. M. Berriat Saint-Prix, sappuyant sur une déclaration de Jeanne Dare, et linterprétant ii sa manière, prétend que les habitants de Domretny, à lexception dun seul, "taient dardents royalistes; ce qui nest pas tout-â-fait, on en conviendra, la traduction littérale de ces paroles de la Pucelle c Interroguée si ceux de Pomprerny te- • noient le parti des Bourguignons ou Ârmignacs, res- • pond :.quelle ne counaissoit que ung Bourguignon. » On n prétendu tirer, aussi des arguments de deux autres parties de linterrogatoire de Jeanne : celle mi elle raconte les espèces de combats que se livraient les en- khnts de Doruremy et de Maxey, et celle mi elle dit que quand on signalait larrivée de gens darmes, elle aidait ses frères fi conduire les troupeaux c ès prés, en un chaste] nommé lIsle. » Cechâteau, que M. Renard appelle complaisamment une forteresse françai3e, è4ait (2) justement, comme on le verra bientôt, une seigneurie comprise dans la partie barrisienne de Domreniy, et dont les possesseurs faisaient hommage aux ducs de Bar. Les lettres-patentes de Charles VU, portant anoblis- sement de Jeanne Parc et de sa famille, et celles par les- quelles il affranchit de tous impôts les habitants de Dom- remy et de Creux, paraissent, au premier abord, con- cluantes, car il y est positivement dit que i)omremy dépendait du bailliage de Chaumont; mais, encore une fois, je ne nie pas ce fait, puisquil est vrai, sauf restric- tion. Charles Pulys a donc eu raison aussi de dire que Pomreiny était de ce même bailliage de Chaumont et de la prévôté dAndelot; mais il a eu tort de laffirmer dune nianiére absolue. Au reste, la reconnaissance qui atta- chait les flulys à la France, explique facilement lerreur commise par un des membres de cette famille, lequel, dailleurs, en raison des fonctions imporLantes quil tenait de la bonté du Roi (il était avocat-général à la cour des aides), ne devait ni ne pouvait rien écrire qui fùt contraire aux prétentions de la couronne. Il me reste â parler maintenant dun document que nos adversaires ont essayé demployer comme une arme contre nous, ?t qui leur a servi de prétexte pour tourner en ridicule plusieurs écrivains lorrains et pour (rainer dans la boue la mémoire de Charles 11. Ce do- cument est la Chronique de Lorraine, autorité plus que coxjtestable sans doute, mais oi se trouvent cependant ( 25 ) rapportés des faits qui furent également racontés par les témoins appelés lors du procès de réliâbilitation de Jeanne Hait. Voici le passage de la Chronique ;je suis loin de linvoquèr comme un témoignage â lappui de la thèse que je soutiens, mais il métait impossible de le passer sous silence: « En lan mil quatre-cent dix-sept, au lieu de Domp- " remys sur Meuse y must une jeune fille nommée la Pucelle, en lange de dix-huict ans, inspirée de Dieu..., n dont cette fille disoit que si elle estoit â Bourges vers le Roy, quelle garderoit bien les Anglois daussi cruel- lement persécuter le royauluie. Mesure Robert de » flaudrecourt, qui pour lors estoit cappilaine de Vau- » couleurs, ladicte fille vers luy alla et loy diet Cap- » pitaine, pour votre honneur et proflict, je vous prie » que me nienié â Bourges vers le Roy, je vous profliect »-par tous que je liens de Dieu, premier quil soit un an, » tous les Anglais hors du royaulme les mettray, et vous certifie que la puissance en moy est. Lediet Bau- > drecourt voyant la hardiesse de la fille... luy dict » Mafille, â Nancy vous veux mener vers ic duc Charles • qui est vostre souverain seigneur, et de lui congié • prendre, pour vous en venir et emmener... Quand • ledit J3audrecourt avec la fille à Nancy vint vers le • duc Charles, ledit Baudrecourt la présenta au duc en - • lui disant comment elle désiroit daller vers le Roy » Charles pour te remettre en France et chasser les An- » glois hors. Le Duc luy demanda si elle avuiL cette ( 24 ) » volonté? elle respondit que ouy, Monsieur, je vous promeci que il me darge beaucoup que je ny suis. Comment, dit le duc, tu ne portas jamais armes, ne zi cheval ne fus. La fille respondit que quand elle au- roit un harnois et un cheval, dessus je monteray, là » verra-t-on si np le sçay guider. Le Duc pour lors son escurie cstoit où les pieds desehaux (les Cordeliers) » sont à présent. Le Duc luy donna un arnois et un » cheval, et la fit amener: elle estoit légiire; on amena » le cheval et des meilleurs, tout sellez bridez; en pré- sence de tous, sans mettre pied en lestricr, dedans la selle se rua; on luy donna une tance, elle vient en la » place du Ctiasteau, elle la courut; jamais homme darmes mieux ne la courut, toute la noblesse esbaby » estoit; on en fit le rapport ait Duc, bien eongneut » quelle avoit vertu. Le Duc dit Messire Robert Or, lemmenay, Dieu lui veuille accomplir ses désirs. Ledit Baudrecourt sans sarrester droit à Bourges Iem-

)4 mena... » La venue de Jeanne Darc â la cour de Charles IL, de même que son pèlerina ge â Saint-Nicolas-de-Port, rapporté par plusieurs historiens, tic sont pas, au reste, quoique ne prouvant rien des fables dénuées de tout fondement; il est facile d0 sen assurer en lisant les pièces de lenquête Laite, lors du procès de réhabilita- tion, dans le lieu de naissance de la Pucelle. Voici le texte de la déposition de quelques-uns des témoins: JOIJANNES MOJIELLL, DE Gtuux. - ...... 4udivie dici (25) . quod domiaus Karolus, lune dux Lotltarinqhê, vo- , luit eam yidere, et tradidit sihi unum equum, ut dice- lazur, p111 nigri. Lunovicus DE MAIITIGNEIO...... Dixit quod au- » divit déci jquodj, duna volait ire cd Franciain, ipsa ivit... ad dominam ducem Lotharingiw; et dominais • dur dedit sUd wum equuin et pecunias. » JOJIANNESDE NOVEL0NJONT, - ...... Et dam fuit in- • data et Itabuit equunz, ex salyo con ductu domitaj • Karoli, dueis Lot/iaringiœ, ipsa Paella içit locutu,n • dicte domino daci, et iyit secum idem testis us que cd » civitatem Tullensem. »

PunArrnJs LAXÀI1T. - c ..... Idciia testis eam addu-. » xit ad Sanetum iVicolaum (t); et postquam ipsa • fait, ex salvo conducta fait ducta cd dominum Net. • r-clam, ducem Lotîtaringim; et quando ipsedux eaux • vidit, sibi locutus fuit, ac idem dominus Karo las • quatuor francos, quos ipsa .ïohanna sibi testi nions- • travit, sibi dedit. .

kATHARRNA UXOIt lLtNBICI ROTARII. - c .....Et dam » ipsa .ïoltanna vidit quod dictais liobertus noleMt • eam daeere, dixit ipset lestis quod audivit eidem • Jocsnnœ dici quod oportebat quod ira cd dictum b- • cum uli erat Daipitinus, dicendo « Nonne audistis

(1)11 y n, dans te texte, jTallisColorern, mais M. Quicherat dit quil faut remplacer ces mots par Sanction Rite aum, C m quod propliettzatu;n (1) fuit quod Francia p67 mu- » lierem deperderetur, et per imam VirfluZelfl de mur- ), chus Loth.aringiœ rcstauraretur...... Et post hœc, » ipsa testis et mufti alii suis veréis crediderunt, ita » quod quidam Jacobus Main et Durandus Lnart vo- » luerunt cana durci-e, et duxerunt cana us que ad Sane- , tum IVicolaum... » Je ne sais si je mabuse, mais je crois avoir démontré que Jeanne Parc était généralement regardée comme Lorraine; que telle était la croyance populaire, et que la tradition, qui sest perpétuée jusquà nous, repose sur des témoignages nombreux et dignes de foi. Ceux qui ta font Champenoise peuvent-ils invoquer autant dauto- rités? Je vais essayer de démontrer maintenant quune par- tie du village de Pomremy appartenait au duché de Bar.

11.

Ce quia induit en erreur les écrivains que jecombats, ce qui a trompé surtout M. Athanase Renard, cest ce

(1) lI est fait mention de cotte prophétie dans linterrogatoire de Pierre Migerius (Petri Migarii), dans le procès de réhabilita- lion « Dixit etiam (pu (astis quod alias in quodana 110m anti- • quo, ubi recitabatur profcssio (ou prophctia) Merlini, invenit • scriptum quod debebat tcnire quœdani puctia cx quodaan ne- • niera canuto, de partibus Lotliaringiœ.» (27) fait, formellement exprimé dans plusieurs documents anciens: â savoir que Domremy était du bailliage de Chaumont et de la prévôté (lAndelot. Mais si nos adver- saires avaient songé à consulter quelques dénomhrejen(s des villages de Lorraine ou de Barrois, ils auraient vu que plusieurs localités de ces provinces étaient ce quon appelait autrefois mi-partie, cest-à-dire quelles dé- pendaient en même temps de deux souverainetés dis- tinctes. Ces exemples ne sont pas rares, et je pourrais en citer un grand nombre parmi les communes qui composent aujourdhui les départements de la Meurthe et des . Domremy était dans ce cas, et je vais le prouver, dabord par des actes de reprises de cette sei- gneurie aux comtes et aux ducs de Bar, ensuite par dautres documents également inattaquables. Les uns et les autres se trouvent dans le Trésor des Chartes de Lorraine. Le plus ancien de ces titres remonte à lannée 409; ce sont des lettres de Jean dAncel, seigneur de Sainte- Marie, qui déclare que ses hommes et feintes de corps de Vouleroncourt, Domremy, etc., se sont mis sous la protection de Jean de Bar, comme tuteur dEdouard Pr, comte de Bar (I). En 1332, Jean de Sainte-Marie, écuyer, sire de Triconville, donne son dénombrement au comte de

(I) Layette Bar Nicoy, n- 7.

t ( 98 Bar pour ce quil n A Triconville, Domremy, etc. (I). En 1334, Jean de Boullammont donne également son dénombrement â Edouard 1°, comte de Bar, et il soxpiimc ainsi: c Je Jehans, sires de Boullammont, • fils savoir.., que je suis bolus liges de... mon signour • Edouard, conte de Bar, contre tous homes qui puelent • vivre et mûrir, ahores le honniige, la feaultey et la • liegey que je ay et doy avoir A lovesque de Toul et • le Roy de France pour cause de la contoy de Cham- • paigne, et don dit mon signour le conte de Bar teing • je pour cause don diet homaige la fort maison de Don » Itemoy (e)....» Un autre dénombrement, donné par Robert, duc de Bar, au roi Charles VI, en 1397, contient la même dé- claration: « Cest, y est-il dit en commençant, le de- nombrenjent des terres, fiedz et seigneuries que je • Robert, (lue de Bar..., tiens et advoue à tenir ligenient , A Gondrecourt; en la cliastellenie dillee et ses appar- tenances de.....monseigneur le Roy de Franco, â • cause dosa conté de Champaigne. » Et plus loin; « .....Item ce que Jean de Boullemont • Lient de moy en la ville, ban et fanaige de Dompre- • [Dy, en justice haulle, moyenne et basse, la forteresse • appelée Liste rendable â moy, en bois, en eaues et

(1) Lay. Bar fiefs de la ville, n° U. (2) Lay. Gondrecourt, n°IIL

J la

(29) en tous aultres drois, prof{itz et emolumens quel- » conques (I)... » •. - Jai rapproché à dessein ces deux Litres, dont on trou. vent plus loin lexplication; voici maintenant lindication des autres pièces qui concernent le village de Domrcmy. En 4344, Thibaut de Bar, sire de Pierrepont, donne à Gérard de Batilly, écuyer, en fief et hommage, quinze li- vrées de terre, moitié blé, moitié deniers, âprendre sur cc que ledit Thibaut peut avoir en la ville de Domre- my (2). Le dernier novembre 104, Henri, comte de SaIm, recourait et avoue tenir en plein 6cC de son très-redouté seigneur et prince le Roi de Sicile, A cause de son duché de Bar, mêmement de son châtel et châtellenie de Condrecourt, tout ce quil a en seigneurie au lieu .de Donaremy, iet premier une forte maison ainsi quelle • est située et environnée de la rivière de Meuse, avec • toutes ses aisances et appartenances (5). Le 5 août 1558, Wolff, comte de Salin, tant en son nom que comme procureur de Nicolas, comte de Salin et de Neubourg, son frère, vend â Jeau aussi comte de Salin, leur cousin, tout ce quils pouvaient avoir â Salin, Viviers, Rupes, Domremy, etc. (4). -

(1)Lay. Gondrecourt, n 103. (2)Lay. Apremont, 20° liasse, n° 1. (3) Lay. Gondreeourt III, n° 10. (4)Lay. Satin, n° 1I. -

â

( 50 En 1546, Christine de Dannemarek et Nicolas de Lorraine, comte de Vaudémont, reconnaissent que Louis de Dommartin, baron de Fontenoy, a repris de Charles III, lotir neveu, c à cause de son duché de Bar• rois, sa part et portion de Domremy sur Meuse, â cause de la châtellenie et prévôté de Gondrecourt (t). » Aux mois davril et de juin 1574, Jacques de Saint— Biaise et Jean, comte de Salin, reprennent la part et portion de seigneurie quils avaient chacun à Domrenay sur Meuse, dit la Pucelle, « laquelle terre et seigneurie • consiste en une masure qui souloit estre une forte • maison et chasteau, maison seigneuriale du lieu, ap- pelée anciennement Lisle parce quelle souloit estre • environnée de la riviere de Meuse (2). , Enfin, le 8 novembre 1599, Oger de Saint-Biaise reprend la moitié de la terre et seigneurie de Domrerny, du duc Charles 111, « & cause de soit duché de Bar et de son Châtel de Condrecourt (3). ,

1) Lay. Ficts divers, n° 54. (2) Lay. Gondrecourt III, n° 20 et 21. (5) Idem, 0o 6?. - Voici quelques passages de cc dénombre- ment: « Je Oger de Saint Biaise... ..ace tenir en fier de maudit • seigneur (k duc Charles 111) taule la moitié de la terre et sei- • goentie dudit Dompretoy, à cause de son duché de Bar et de • son cuistot de Coudrecourt, partissant et allencontre de mon- • sieur le comte de Saint, la moitié de ladite terre et seigneurie • de Donipreiny ta moi appartenant par le dcees de Jacques de

4

e De ces documents résulte bien évidemment la preuve quune partie de la terre de bomremy, notamment la seigneurie de lIsle, dont la maison forte était ruinée en 1574, dépendait du Marrais, puisque les possesseurs de retto portion en faisaient hommage aux comtes et ducs de Bar, puis plus tard, au ducs de Lorraine, lorsque les deux duchés furent réunis. lien résulte aussi que cette nième partie de Domremy était comprise dans la prévôté et châtellenie de Gondrecourt, laquelle, avec toutes ses dépendances, avait été donnée par Philippe-le-Bel Edoua 1er, comte de Bar, an mois davril 1507, sous lobligation, de la part de ce dernier, den faire hom- mage aux rois de France, A cause de leur comté de Champagne.

• Saint Biaise et Catherine de Bompniartiu, nies pore et moto,.... » .... Item doivent les maisons qui sont en la rue appelée la • rue du Claustrait de Liste, et autres qui sont appelées ii rue du • Jardin du Moulin, la somme de trois fraus inonnoie du duché u de Bar. - » Item nous appartient le cours de la rivierc de Mcuse depuis » un lien appelé le Fertel contigu au finage de Couxey. » Plus nous avons audit Dompremy ong deseing ou masure où • souloit estre anciennement une maison seigneuriale que Pou • nommoit Lisle, avec les aisances et apparlenauces, rnesnte un • jardin qui est pour le present en nature de pré potin la plupart, g • contenant environ vin t fauchées, qui se nomme encor de P l e -• seul le Grand Jardin.» ( 52 ) Je pourrais encore, pour établir que Domrem y dé- pendait en partie du Barrois, citer la Notice de Dom Calmet, la Description de la Lorraine, de Durival, le Fouillé du Barrois, par Maillet, etc. ; mais je préfère produire des documents dune autre nature, contre les- quels il me semble impossible délever le moindre doute, à moins de nier lévidence. En lannée 1459, le receveur des aides pour le Roi de France en lélection de Langres, ayant voulu prélever, sur tous les habitants de Domremy, indistinctement, un impôt pour subvenir au paiement et à la nourritwe des gens darmes, une partie des habitants et avec eux le procureur du Roi de Sicile en son duché de Bar, for- mèrent opposition à cette prétention, soutenant « Que • ledit seigneur Roy de Sicile en sondit duché de Bar • n plusieurs et beaux drois seigneuriaulxet entre autres • de tenir et faire tenir tons ses hommes et subgetz, tant • de son domaine que de ses fiedz tenus en foi et hom- • maige de lui, fi-ans et exemps de tous aides, tailles, • sol, gabelle et autres subventions ayant cours on • royaume, et que desdites franchises et exemptions • lesdits sieurs duc de Bar et sesdits hommes en ont joy • et usé sens aucun contredit ou empeschernent de tel • et si long temps quil nest memoire du contraire, et mes-iement que en ladite ville de Dompremy le Conte • de SJmes et le sieur deFenestranges Sont seigneurs • bauDs justiciers de ladite ville et de tout le ban et » linaige dïcellui qui sextand depuis une certaine pierre r

( 33 ) • estant en ladite ville.., en tirant vers le Neufchaseel, • que iodle seignorie ilz tiennent en fa, et lionnnaige • dudit seigneur de Siejllc à cause (le la citastellenje • et prevosté de Condrecourt, et que depuis ladite • pierre en tirant vers la ville de et tout le ban • et finaige dudit Greux qui sextand en ladite ville • de Dompremy et jusques â ladite pierre, estoit du • royaume.....» Il est donc parfaitement établi, par ce passage,. que Domremy était partagé en deux seigneuries bien dis- tinctes, lune dépendant du duché de Bar, lautre du royaume de France, et quune espèce de borne marquait les limites de chacune delles. Ces limites sont encore beaucoup mieux indiquées dans le texte du jugement rendu par les Elus de Langres Disons et declairons par nostre sentence et juge- • ment, que les habitans demourans en ladite ville de • Dompremy depuis ung petit ruisseau sur lequel a une • grosse pierre plate en t aniere de planche, en tirant • depuis ledit ru vers la ville de Creux et tout le ban et • finaige dudit Groux qui sextand jusques en ladite ville • de Domprcmy et jusques ausdits ruiceau et pierre sont • et seront contribuables aux aides et tailles et autres • subventions qui ont et qui auront cours en ce royaume, • comme les autres habitans et subjetz de cestedite elee • (ion ; et au regard desdits autres licbitans dernou- • rans en ladite ville, depuis lesdits ruiceau et pierre, » EN TIRANT VERS LE 1NEL!rdu&5TEL, et on han cl jinaige

5 r

a dudit Dompremjoultrc ladite »icre . ledit P"° cureter dit Jloy na aucunement prouvé son intention » à lencontrè Èeùlx, pour quoyfoyron.t iceulx habi-, tans dautel de kil) et semblable privilège, en tant ,. quiltouche lesdits aides et (aille, que font es feront » les lzabitdns de ladite ville et cîzastellenie de Gondre- a court, dont nous trouvons lesdits luibitans estre inouvans (1)..» Cette sentence, dont les termes sont si explicites, si concluants, nest pas rendue par des hommes quan puisse - accusiVdè partialité en -faveur du Bàrrois; elle lest par :

- (1) La situation dé certains villages sur les limites de la Franco et du- duché dé Par,- eVIeur. division en plusieurs seigneuries, donnèrent fréquemment lu4 à des contestations de la nature (le celle dont il est ici fait:tiÇeiion. Cest ceTui arriva, notamment, en i459, pour DemehgeMi-Eaux. 1k y avait, dans cette localité, cinq seigneuries distinctes, lune appartenant au Roi de Sicile, 5 cause de sa châtellenie de Gondreeourt; la seconde à Pierre de ; lâtroisième, à Vauthiei de Pierrejus, dit Credo; et les deux dèrnèPes au comte de lÀgiy et ans religieux de Vaulx- • en-Ornais: Le procureur du Roi de France ayant Tonic, de même qù Domremy, frapper une imposition sur tous les habitants ni- distinctement, il sen suivit un procès qui fut également porté • devant les Etus de Langres, lesquels déclarèrent que les seigneu- ries do Roide Sicile, de Pierre do Beaufremont et de Vauthier de Pierrejus étaient mouvantes de la châtellenie de Gondrecourt, - et, que par conséquent, leurs -habitants étaient exempts des tailles ayant cours au royaume (Cartulaire de -Loir., registre Gondrecourt). (5) s des Champenois eux—mêmes, par des officiers de Lan- gres, dune ville française! - Et maintenant, quon veuille bien jeter les yeux sur le plan de Domremy (I), on y retrouvera, et lue formée par la Meuse, où sélevait la maison forte, ruinée au XVJO siècle) â labri des murailles de laquelle Jeanne aidait ses frères à conduire les troupeaux lorsquon si- gnalait rapproche de lennemi; on y retrouvera le nus, seau qui partage encore le village en deux portions A peu prés égales, dont lune, celle, qui appartenait â la France, est du côté de Greux,. et dont lautre, celle qui dépendait du duc-hé de Bar; ce du côté de Neufch.àteau. Je pourrais ajouter que cette dernière portion était la plus importante, puisque, outre la moitié de Domiemy, elle possédait encore le château fort et seigneurial pour lequel on faisait hommage aux souverains du Barrois. Au dos de la pièce dont je viens de citer des extraits, et que je reproduis plus loin en entier (2), est un docu- ment non moins précieux que cette pièce elle-mènle: cest une attestation par laquelle les notables habitants de Domremy, ayant .à leur tète .Jelran Tltiecelin (5), allié de la famille Doire, déclarent, sous la foi du s,erment,que la partie de leur villagec depuis ong petit ruisseau sur

(1) Voir le plan c-joïnL. (2) Voir ci-après la pièce justificative n e 1. (3)Voir à la 6° de la pièce jusiiQeative na t. (56)

lequel y aune pierre plate, en tirant vers le Neufchas- tel, , na jamais été contribuable an aides du Roi, parce quelle est t du duchié de Bar â cause de la ville » et chastellenie de Gondrecourt. » Faut-il encore dautres preuves pour établir que flomremy était en partie du duché de Bar? il est facile, quoique superflu, den fournir de nouvelles. lii. Athanase Renard a pris soin lui-même (len pré- senter une dont il na pu se dissimuler la valeur : Le procès-verbal des comparutions à la rédaction des cou- turnes du Bassigny (1), en 1580 (2), mentionne, parmi

ceux qui y ont comparu comme étant c dudict bailliage • au ressort du Parlement de Paris, sçavoir des pre- • vostez de La Marche, Gondrecourt, Chastillon, Con- • flans en Bassigny et des séneschaussées de La Mothe

(1) Coutumes générales du Bailliage du Bassigny. Pontà4lous- son, Melchior Bernard; 1607, in-P, P. 52 et 61. (2) Les Etats du Bassigny avaient été convoqués à Bourmont,cu 1571, pour la rédaction des coutumes de ce bailliage. Un projet fut dressé; mais il parut, ou conseil du duc, contraire, en plusieurs articles, à lancien cahier de coutumes qui devait servir de bas, ù cette rédaetion,eL les choses en restèrent là jusquen 4580.11 y CUL alors une nouvelle convocation des Etats, etc. Cette observation, lit empruntée à lEssai !sistoriqucsto la rédaction des coutumes de Lorraine et du Barrots, par M. Beaupré, explique pourquoi je prends la date do 1580 ut non celle de 17l, donnée par M. Re- nard. ( 37 ) » et Bourmont, pour Iestat ecclésiastique, messire Jean » Grand-Jean, curé de Domremy; pour la noblesse, messire Jacques de Saint-Biaise, chevalier, seigneur » de Changi et de Domremy en partie ; pour le Tiers » Estat dudict siége et prevostdz les habitants de Dom- remy, par Nicolas Noblesse, fondé de procuration. » On voudrait, ajoute M. Renard, inférer de là que Pomreniy était nécessairement Barrois. Je ne tirerai pas une conclusion aussi absoluc;je me bornerai à dire que ce fait prouve que Domremy était en partie du Bar- rois. Le bailliage du Bassigny comprenait, comme on le sait, le Bassigny lorrain, composé des prévôtés de La Mothe et Bourmont, et le Bassigny mouvant, ainsi dési- gnés pour les distinguer du Bassigny français dont le siège de justice était à Chaumont. Le Bassigny mouvant tilait, comme le Barrois mouvant, du bailliage de Bar, réputé fief de la couronne de France. On y comptait cinq prévôtés, qui étaient Conflans, Châtillon-sur-Saône, La Marche, Gondrecourt et Saint-Thiébaut. Le Bassigny mouvant, fief de la couronne de France, tenu par le duc de Bar, puis par le duc de Lorraine, res- sortissait du parlement de Paris, et, comme lien était de même du Bassigny français, qui faisait partie do la province de Champagne, il des( pas étonnant que bon nombre décrivainsJes aientconfondus, et que,pour eux, il ny ait eu quun Bassigny, appartenant à la France, et dont Œaumontenliassignyétait la capitale. Et comme ( 58 bomremy dépendait de la prévôté de Gondrecourt et celle-ci du Jlassigny, on en a conclu, tout naturellement et saris plus ample informé, que Jeanne Darc, née è Domremy, était Française dorigine. Voici, au reste, un dernier argument : En 4603, les officiers du Roi voulurent soumettre à limpôt des aides un nommé Claude Despinal, marchand à Domrcrny. Ce dernier refusa de faire droit à cette prétention, et adressa une requête aux grenetier et contrôleur du magasin à sel de Joinville, lesquels prononcèrent larrêt suivant Disons quil nappert poinct que ladicte maison où demeure ledict deffendeur, asscize au bout du village dudict Pornprcmy assés proche du petit ruisseau , mentionné audit pi-oces, soit scituée en ce royaulme, ny que lediet deltendeur soit des subiectz du Roy, au contraire icelle maison est asscize en la seigneurie du- dict Dompremy la Pucelle, pays de Barrois,et à cause • de ce ledict dettendeur demeurant en icelle est subicct • de Monsieur le duc de Lorraine (t)j Que deviennent, je le demande, en présence de docu- ments aussi authentiques, aussi irrécusables, les asser- tions vagues, sans preuves rappui, quon nous oppose? Ainsi, quelles conséquences peut-on tirer de citations telles que celles-ci: Â lextrémité de la France et de • lEmpire, une étroite langue de terre, appartenant à • la Champagne, senfonçait et se perdait, pour ainsi

(1) Voir la pièce justificative n°

( 59 ) dire, entre le duché de Bar, lévêché de Toul crIe » duché de Lorraine. c Ce petit canton, séparé de » la Lorraine par la Mense, navait dautre ville fermée que Vaucouleurs; le sire de Baudricourt y tenait le » parti du Roi. » - c Jeanne tint sans doute de son » père; elle neut point lâpreté lorraine, mais bien • plutôt la douceur champenoise, la naïveté mêlée de - • sens et de finesse, comme vous la trouvez dans Join- ville. e - Etc., etc. - 0e ce qui précède, je crois donc"pouvoir tirer celte seconde conclusion Domremy dépendait pour une par- tie jajouterai même pour la majeure partie, du duché de Bar. . H ne reste -â établir maintenant que la maison quba bila Jeanne Darc, était située dans la portion de ce vil- lage qui, était comprise dans le Barrois.

III.

Mon honorable et savant confrère, M. de øaldat, n consacré un chapitre de son Exarncn critique de lhis- toire de JewrneDàrc â des recherches sur lauthenticité de la maison de la Pucelle, et n démontré, jusquà la dernière évidence, que la maison acquise par le dépar- tement des Vosges, est bien celle quhabita la libéra- trice dOrléans. Voici, du reste, un des passages de la dissertation de M. de Haldat: t On sait que Jaequernin Pare, qui fut laîné (des (49) frères de Jeanne), demeura à flomremy . et quil y • mourut sans postérité.....; que les descendants du • troisième frère, Pierre Darc, dit le chevalier flutys, » se ihérent dans lOrléanais et la Champagne. Nous » ne pouvons donc trouver le possesseur de la maison de Jeanne Darc que parmi les descendants de Jean » Pulys, prévôt de Vaucouleurs, son second frère. » Claudeflulys,.son fils aîné, qui vivait à cette époque, • se présente naturellement comme le possesseur de • cette maison. Tous les doutes qui pourraient exister à • cet égard sont éclaircis par les preuves qui se tirent • du second écusson accoté A celui de la famille Parc. • Un acte de partage entre Claude Dulys et .ïctvz • • Tliie.sseiin, son beau-père, rapporté par Charles Du- » lys, de Paris5 prouve quil avait épousé Nicole Thies- • selin. Les armoiries des Thiesseliu, comme il est éta- • bU par le Nobiliaire de Lorraine, sont en effet les • mêmes que celles placées â gauche de la porte. • Claude Dulys est le seul de sa famill qui, à cette époque, ait épousé une Thiesselin; il a donc évider»- • ment possédé la maison qui porte les armoiries de sa • famille, réunies à celles de son épouse. Le. second • écusson, composé de trois socs de charrue et dune • molette déperon, nest donc pas, comme quelques • personnes Pont imaginé, lin4ice de la profession agri- » cote de Jacques Darc,mais le signe de lalliance de son » petit-fils avec les Thiesselin. La maison conservée et restaurc par les soins et aux frais du département ( 41) des Vosges, étant bien la même que celle possédée a par le neveu de Jeanne Pare, il ne peut rester de doute quelle nait été celle de Jacques Haro, son a aïeul. Suivant M. Quicherat, cette maison nest pas précisé- ment celle où Jeanne flarc vit le jour, mais une habita- tion que ses parents, devenus plus fortunés, élevèrent â la place ou sur lemplacement (I) de lhabitation primi- tive de la famille - Si modeste que soit ce petit édiilce, JiWI, après

» avoir décrit la maison de la Pucelle, cest â tort quon. a le regarde comme la chaumière où Jeanne dArc vint ,, au monde. La solidité de la bâtisse décèle â elle seule a une recherche qui neût pas été dans les goûts dune simple famille de laboureurs. Les dArc, devenus gen- » tiishommes, élevèrent ce logis plus durable à la place de la cabane paternelle. La date de cette reconstruc-

» tian (1481) est vraisemblablement celle quon lit au-

» dessus de la porte dentrée.....- -

(1) En supposant même que cette traduction ne soit pas rigou- reusement exaete,on ne peut admettre que la première maison de la famille Dire se soit trouvée dans ta partie champenoise de Dom- remy. Les habitants dune seigneurie ne pouvaient, on le sait, changer, à leur volonté, ce quejappellerai leur résidence féodale, et aller sétablir dans une autre seigneurie. Dailleurs, les parents de Jeanne devaient avoir à coeur dhabiter les lieux où celle à qui ils étaient redevables de leur illustration et de leur fortune était venue au monde.. (62) y. La réunion de lécu des Thiesselin avec celui des Dulys sexplique tout naturellement parce fait que le chef de la famille dArc, et par conséquent le posses- seur de la maison, en 1481, était Claude Oulys, fils » aîné de Jean, fière de la Pucelle, marié â Nicole t » Thiesselin ... , Personne, que je sache du moins, nayant jusquà pré- sent contesté lassertion émise par les deux écrivains que je viens de citer; personne nayant prouvé que la maison, acquise par le département des Vosges, nest pas celle quhabita la famille de Jeanne Pare, il mest facile de démontrer, le plan de Domremy â la main, que cette maison était dans la partie de ce village qui dépendait du duché de Bar. En effet, celte partie commençait au ruisseau des Trois-Fontaines qui divise la commune en deux, et comprenait toute la portion située du côté de Neufchâ- teau. Cest bien dans cet enclave que se trouve la maison de la Pucelle, presque â sa limite, il est vrai, mais enfin en-dcç\ du ruisseau, vers la Lorraine. Le titre de 1459 que jai précédemment rappelé, at- teste, en outre, que Jean Thiesselin vint, avec les autres habitants notables de Domremy, certifier par serment quils étaient et avaient toujours été du duché de Bar. Cest ce Jean Thiesselin qui fut le beau-père dc Claude Pulys; lalliance de deux familles, dont lune était bien certainement barrisienne, est une circonstance qui ne doit pas être invoquée comme preuve, mais qui mérite au moins dêtre constatée. ( 45) Je métais proposé do démontrer j0 que Jeanneflarc n toujôurs été regardée comme Lorraine. - Cela est prouvé parle témoignage de la plupart des écrivains du Xve siècle, et par la tradition, à peu près unanime â cet égard. 2° Que le village où Jeanne parc o vu ]ajour dépen- dait â la fois du Barrois et de la Champagne. - Les di- vers actes de dénombrement que jai cités aussi bien que les titrés de 1459, 1571 et 1605, ne peuvent pas laisser subsister un doute sur ce point. - 5 Fallu, que la maison deieanne était située dans la partie barrisienne de Doniremy. - Le même titre de 1459, rapproché du plan de cette localité, ne permet pas, je crois, la moindre contestation. Doù je conclus que Jeanne Darc appartient au Bar- rois par sa naissance; mais quon peut la considérer en même temps comme Lorraine, puisque cest de son vi- vant queut lieu le mariage de René dAnjou avec Isa- belle, fille de Charles 11, mariage qui .eut pour consé- quence la réunion des deux duchés. En revendiquant Jeanne Parc pour sa province, lau- teur des Souvenirs du Bassiqny champenois a obéi i un sentiment que je comprends et que je respecte; à un sentiment de patriotisme, bien légitime, bien honorable sans doute, mais contre lequel, je le répète, lhistorien doit se tenir en garde sil veut rester impartial. Et je suis certain que si M. Renard avait eu connaissance des titres que je viens de produire, il nSt pas choisi la ( 44 ) thèse quil a soutenue. Son admiration peur Jearine Parc, le désir dillustrer la Champagne en y plaçant le berceau de la libératrice dOrléans, ne lui eussent pas, je me plais à le croire, fait méconnattre les droits sacrés de la justice et de la vérité. Au reste, ainsi que je le disais en commençant, peu importe, si ce nest au point de vile historique, que Jeanne Parc soit.née sut tel ou tel point du territoire; sa gloire nappartient ni à la hampagne,— alors même que cette contrée lui aurait donné le jour, - ni au Bar- rois, ni à la Lorraine; elle appartient à la France toute entière. - - PIÈCES JUSTIFICATIVES.

No f

Vidimus des letires de sentence données par les eslcu: de Langres au pro //lt des habftans de Domprerny et de Creux pour les tailles et aydes selon aucune limitta- ti9n (f).

• A tous ceuix qui ces presentes lettres verront et errent, Jehari fleschamps.escuier,garde du scelî de la prevosté dAn- delo, salut. Saiclient tuit que Girard Erminoite et Thomas Griment, tabellions jurés et estahlis ad ce faird audit An- delo et en la ehastellerjie de par le Roy nostre seigneur, nous ont certifié et relaté avoir stucs, tenues et de mot à mot levés unes lettres escriptes en parchemin données par messieurs les esleuz sur le fait des aides ordonnées pour la guerre en leleetion de Langres, saines et entieres en sceaulx et escriptures et sellées des seaulx de mesdits sieurs les esleuz.....(lesquelles la teneur sensuit. A tous ceuix qui ces presentes lettres verront et orront, les esleuz pour le Roy nostre seigneur sur le fait des aides ordonnées pour la guerre en lelection de Langres, salut. Sçavoir faisons que le xxvje jour du mois dapvril lan mil cccc cinquante et neuf, proees se soit mou pardevant nous en matiere dop-

(I) Lay. Condrecourl 1, n 180. position entre le procureur du Roy nostre dit seigneur sur le fait desdits aides audit election, prenant le fait et charge polir noble homme Loys de Bauges, receveur desdits aides et tailles, de certaine execution quil avait faicte ou voulait faire sur les liabitans de Dompremy sur Meuse de l eur cette et porcion à quoy les avions imposés du payement et vivre des gens darmes en cestedile election polir ladite anniic, dune part, et lesdits habitons de Dotnpremy sur Mense, le procureur du Roy de Secille en son ducliié de Bar, adjoint avec eulx, deffendOEurs et opposans, daultre part, pour la partie desdits habitants et de leur adjoint, pour sousteuir leur opposition estre bonne, n esté dit que ledit seigneur Roy de Secille en . sondit duehiié de Bar a plusieurs et bèaux drois seigneuriauh et entre autres detenir et faire tenir tous ses hommes et subgetz tant de son domaine que de ses fiedz tenus en foy et houlnaaige de lui, Crans et exemps de tous aides, tailles, sol, gabelle et autres subventions ayans cours on royaume, et que desdites franchises et exemptions les- dits sieurs due de Bar et sesdiis hommes en ont joy et usé sens aucun contredit ou empesehement dc tel et si long temps quil nest memoire du contraire, et mesmement que en ladite ville de Donipreiny le Conte de Saulmes et ic sieur de Fenestranges sont seigneurs i,aulx justiaiers de ladite ville et de tout le ban et finaigedicellui qui sextand depuis une certaine pierre estant en ladite ville, et dont mention est faicte plus aplain ondit proces, en tirant vers te Neuf- Chastel, que icelle seignorie itt tiennent en foy et hommaige dudit seigneur de Smille à cause de la chastellcnie et pre- ( 47 ) sosté de Gondrecoun, et que depuis ladite pierre en tirant vers la ville de Creux et tout le ban et ftnaige dudit Creux qui sextand en ladite ville de Dompremy et jusques à ladite pierre, estoit du royaume et contribuable ausdits aides, milles et subventions, et que non obstant que lesdits liabi- tans de ftompremy demourans on ban et finaige de ladite ville depuis ladite pierre en tirant devers le Neufcbastel, de bute ancienneté eussent esté tenus francs et exemps des— (lits tailles et subventions du Boy, ledit procureur du Boy se efforçoit denouvel de les y vouloir faite contribuer et de les faire gaiger et executer des impostz, à quoy ilz avoi?ut esté gettez et imposés, auxquelx impostz et A lexecution que ledit receveur en avoit faicte ou voulait faire sur euh, lesdits babitans de Dompremy et ledit procureur du Boy (le Seeillc on sondit ducljié de Bar se, sont opposés comme dit est, coneluans tant par les raisons dessusdites que pour plusieurs autres causes et raisons alleguées, quil feust par nous dit et declaird leur opposition estre bonne et valable et que lesdits habitans de Dompremy mesmement ceulx qui sont du fief dudit Condrecourt feissions tenir frans et cxemps desdits aides, tailles et subventions du royaume en imposant silence ausdits procureur du Boy et receveur de jamais aucune chose leur en demander et que ledit pro- cureur du Boy feust par nous condampné en leurs despens, oflrans de prouver leurs faix A souffisance. A quoy par ledit procureur du Boy n esté dit et respondu que ladite ville de Dompremy sur Mense est entierement située et assise on royaume et es fiuset mettes de cesditeeleciion,etquedctoute (48) ancienneté les habitant en icelle ont toujours esté contribua- bics ausdils aides, tailles et autres subventions du royaume comme les autres villes voisines et qui sont de cestedite election, et que iceuix babitans y ontcontribué et payé toutes &t quanteffois quilz ont esté requis sans aucune difficulté. Pour lesquelles causes- et plusieurs autres raisons par lui allcguées disait ledit procureur que à bonne et juste cause avions imposez les habitans de ladite ville de Dompreuiy audit payement des gens darmes et que mal et indeucincut et sens cause lesdits habitans et ledit procureurleur adjoint sestoicnt opposés et quà feussent deboutés de leur oppo- sition et voulsissons donner liabandonnement audit rece- veur du Boy de les executer et contraindre à payer leur impost à quoy ilz avaient esté gettez et imposés pour ledit payement, offrant de prouver ses faix se mestier estoit, et que lesdits liabitans et procureut leur adjoint (eussent con- dampnés en ses despeus, dommaigcs et interestz. Pour la partie desquelx babitans et dudit procureur leur adjoinct a enté repliqué et par ledit procureur du Boy dupliequé plus- sieurs faix, causes et raisons. Pour quoy, les parties ouyes bien au long «une part et daultre, a esté appointié à es- eripre et prouver leurs faix dune part et daultre,lcsquelles ont baillé lettres, esdriptures par devers la court, et icelles accordées ont fait leurs enquestes et rapportées par devers Ji court et produit plusieurs lettres, comptes et ordonnances servans à leur intention, et tant a esté procedé en cesic cause que lesdites parties ont cenelud et renuntié en cause et avoir droit parce quelles vo i ent suis et produit par de- (;9) vers nous et avoient jour ù boy deppendant daultre pour icellai droit leur faire, nous regnerrans instamment icellui leur estre fait. Pour quoy veu par nous le proces, cest as- savoir les eseriptures de chacune desdites parties, les en- questes sur ce faietes et les lettres, tiltres et autres ensei- giiemens qui par chacune desdites parties ont esté mis et produis devers la court, eu sur cc conseil avecques les sai- ges et consideré tout ce que Lait à considerer en ceste par- tie, disons et declairons par nostre sentence et jugement que les liabitans demourans en ladite ville de Dompremy depuis ung petit ruiceau sur lequel n uriegrosse lerre plate en maniere de planche, en tirantdepuis ledit ru vers la ville (le Creux et tout le ban et finaige dudit Creux qui sextand jusques en ladite ville de Donipremy et jusques ausdits rtiiceau et pierre, sont et seront contribuables aux aides et tailles et autres subventions qui ont et auront cours en cc royaume, comme les autres habitans et subgetz de ceftcdiie clecLioli et au regard desdits autres liahitans demourans cii ladite ville depuis lesdits ruiceau et pierre en tirant vers le Neufcliastel et on ban et finaige dudit Doniprcmy oultre ladite pierre, comme dit est, ledit procureur du • Roy na aucunement prouvé son intention à leneontrcdeulx, pont quoy joyront iceulx babitans dautel et semblable privilqL, en tant quil touche lesdits aides et tailles, que fontet feront les liabitans de ladite villeet clnastellenie de Condrecourt, dont nous trouvons lesdits liabitans estre mouvans.Et payeront les liabitans de ladite villeqoe ey dessus declairons estre contri- buables pour leur cotte et portion de la somme à quoy es- t ( 50 ) toient imposés tous les habitans de ladite ville du payement des gens darmes pour lannée passée en laquelle est coin- mancié ce prescrit proces, la somme de dix sols tournois, et imposons scilence aux procureur du Boy et receveur des- dits aides et tailles en cestedite election de aucune chose demander de la somme à quoy ont esté imposés les habi- tans de ladite ville pour le vivre des gens darmes de ceste election, en tarit qui touche ceulx que avons g dessus de- elairés non subgetz à iceulx aides et tailles. Et se aucuns de leurs biens sont prins et arrestés à cause desdits aides et tailles, nous les mettons à pleine delivrance, en reservaiit touteffois audit procureur du Boy que toutes et quanteflois quil trouvera aucune chose servant à son intention à len- contre desdits habitons, que sera receu à le exiber, taons- trer et poùrstir, et les despens faix en la poursuite de ceste prescrite cause compensons dune part et daultre et pour cause. Donné souk nos seaulx, nous seans en jugement audit Langres, le mardi Fuitiesme jour du mois de juillet lan mil ecce soixante. Ainsi signé J. Verost. En tesmoing de laquelle vision nous garde dessus nommé, à la relation desdits jurés et de leurs seaulx et signetz manuelz tais à ces prescrites lettres, avons sellées icelles du seel de ladite prevosté et de nostre propre seel encontre sel, saulfz tous drois. Ce fut fait le xxiiij jour du mois (le juillet lan de grace rail quatre cent soixante et ung.

G. Erminotte. T. Grimont. (51)

(Au dûs de cette pièce est écrit ce qui suit.)

Saiclaent luit que aujourduy date de ces presentes, sont venus pardevant bous tabellions roynuix soucipts, Jehan Thiecelin, Girard Auliry, Symonin le musnier, le mayre l)ommanget, Jehan Hocart, Baudot Jaquetet, Didier le parinantier, Jehan Joyart, Thevenin Conavrey, Jehan bleus. sel, Jehan de Lisle, Estienne Lesculier, Mongeot ...... le gros Perrin, Jehan blorel et Henry de Treverey (1), tous manans et habitant; en la ville de Domrerny sur Mense et faisans la plus sainne partie des lesqueiz nous ont juré et certifié par leurs serremens que oneques ne ve[rent ne oyrent dire que ladite ville de ftomremy depuis ung petit ruisseau sur lequel y n une pierre plate en tirant vers le Neufehastel feust contribuable aux aides du Boy nostre sei- gneur, dont mention est faicte plus aplain on blanc de ces presentes, ne oucque y furent imposés fors que en lan de

(I) Ces noms sont ceux de quelques-uns des témoins appelés dans le procès de réhabilitation; on y trouve Simonin Musnier; Marguerite, femme de Jean Joyart ; Jeannette, veuve de Thiesse- liii; Jeannette, femme de Thevenin ; Thevenin k rouyer (rotarius, faiseur de roues, charron) ; Perrin le drapier (Perrinus àrappa- tins) - - JeanMorelli, de Creux, dit, dans sa déposition, quune des marraines de Jeanne fut Béatrix, veuve de Thiesselin ; et une au- tre, Jeannette, veuve de Thiesselin de Vittel, demeurant à Neuf- château, (52) Nostre Seigneur mil iii? cinquante et neuf quilz furent imposés par messieurs les esleuz-en lelectiou de Langres pour le fait du vivre des gens darmes, à la somme tIc dix livres tournois, et aussi que oneques nen payeront riens pour ce quils sont du duché de Bar à cause de la ville et eliastellenie de Gondrecourt, et aussi quon ne leur en de- manda oneques riens que en ladite année combien que nen payeront oncques rien comme Hz nous ont ce certifié. Nous ont aussi juré et certifié que depuis ledit ruiceau et pierre en tirant vers Groux est du royaume, contribuable au> aides du Roy nostrediL seigneur, dont mention est faice plus aplain on blanc de cesdites presentes. Ce fut fait le xxiiije jour de juillet lan nu1 eccec soixante et ung.

G. Erminotte. T. Griment.

Jugeaient rendu par messieurs les grenetiers au grenier à sel au lieu de Joinvillo an profil de Claude Despinal, de Dompremy la Pucelle, per où appert ledit Despinal estre subjetde S. 4,, et ledit village de Dompremy de la terre et c/iastellainic de Gond recourt (1).

A tous ceuls qui ces prescrites lettres verront, Loys De- seurre, escuyer, grenetir, et Arnoult Deliault, controleur au grenier et magazin à sel de Joinville, salut. Sçavoir foi—

(4) Lay. Gondrecourt 111, n O. ( H3 ) sons que yen le proces dentre le procureur du 1{oyaudkt ut:igazin, deniandeu, dune part, et Claude Despinal (1), marchant, demeurant à Dompremy la Pucelle, deffendeur, iaultre, sçavoir la requeste prosentée par le deffenilcur à - monsieur M. Vincent lichen, conseiller du Roy et general en sa court des aydes et commissaire sur la reformotion de ses gabelles, le decret dudiet sieur apposé au pied de ladicie requeste en datte du douziesme septembre dernier, par 1e- quel il aurait ordonné que les habituas des paroisses dudiet l)ornpremy et Greulx (2) seroient assignés pardevant nous (ausqueiz il auroit renvoyé la eongnoissauce de la cause) pour estre ouyes sur 1e contenu de ladiete requeste, eu sur Vinterrest quilz y pourroient pretendre, les exploiciz des assignations faictes ausdicts habitans à ceste fin, les procu- rations specialles passées par ieeulx en deux divers volu- mes, les actes de ceste court des vingt septiesme dudict mois de septembre, onze, treize et dixhuictiesme octobre suyvant, nostre sentence interlocutoire rendue entre icelles parties le vingt ungiesme dudiet mois doctobre, nostre proces verbal du clouziesrnc jour du present mois de no- vembre, contenant la dessente par nous faiete sur le lieu où est asseize la maison dudict delîcudeur, mentionnée au- clict proces, la visitation et reeongnoissancc dudict lieu par

(1)Un nominé Cérardin dEpinal (Gerardinus de Spinalo) fi- gure, comme témoin, dans le procès de réhabilitation de banne. (2) bomrciny dépendait de la paroisse de Groux. nous Laide aussy en presciice dcsdietes parties, tcnqucs1e :iussy par nous faicte sur les faictz respectivement par elles posez, avec lacte de cestediete c ourt, du dixseptiesme jour (lu prescrit mois, par lequel icelles parties ont conclut] et renoncé en cause et le proces demeuré erfdroict, joint les conclusions dudiciprocureur du Roy et fout ce qui aesté mis et produict pardevers nous, eu sur ce conseil aux soubzsignez et autres, disons quil nappert poinet que la- dicte maison où demeure ledict de/fendeur, asàcizc au bout du village dudiet Dompremy assés proche du petit ruisseau mentionné audict protes, soit seituée en ce royaulm.e, ny que ledict de//mdeur soit des subiect du Boy, au contraire icelle maison est asscize en la seigneurie dudiet Dompreiny, pays de Barrois, et à cause de cc lediet def/endeur devient - rang en icelle est suljieet de Monsieur le duc de Lorraine. A raison de quoy avons icûIluy deffendeur renvoyé absouli des conclusions dudiet procureur du Roy, despens compen- sez. Signé au dicton .Descurre, Deliault, I)itheau, pro con- silio, et Desinollins. Pronôncé au greffe dudiet grenier, en presence dudici demandeur comparant en personne, et du- die( deffendeur, aussv comparant en personne, et par M° Frnnçoys Cavelier, son Avocat et conseil, ce jourdhuy dix- liuictiesme jour de novembre mil six cens et trois. Et ont esté audict procureur du Boy rendues les pieces, qui sest soubzsigné au dict dicton, et s ledici procureur du Boy protesté dappel.Faict et donné soubz le seul royal dudict grenier, les an et jour que dessus. - Baron, Commis. f 55 )

N 3

Noblesse pour Titiessetin de Dompremy (1).

René, etc. A tuez presens et avenir salut. Reccu avons lhumble supplication de nostre amé Thiesselin de Domp- remy sur Meuze, contenant que feu Thiesselin de Vite[, sou grant pere, Jelian Thiesselin, pere dudit Thiesselin, et autres ses devanciers et predecesseurs dont luy, ses freres et tours sont extraiciz et descenduz, estaient eu leur vivant nobles, pour teiz tenuz et reNtez par joissance de fran- chises et honneurs Jeunes aux gens nobles suivans les ar- mes et teùans terres de fiedz et memcment portons pour enseignes de telle ancienneté quil nest memoyre du com- mencement ne du contraire, les armes telles comme elles sont paintes en la marge de cestes, que encores setrouvent paintes et sculptées cri plussieurs sepultures de cesdits pre- decesseurs et autres lieux enciens, que sont dasur et boys seps de charrue dargent avecques une molete à cinq pointes. dor et timbré de meswes. Mes (mais) poure que aucuns ont voulu mectre et faire double et empescliement à ce que dessus, disons et afermans vaines patelles et langaiges au contraire, il nous a supplyé que oulire la noblesse quil dit

(1) Cette pièce, qui na pas été donnée par M. Quicherat, ma semblé mériter dêtre reproduite; elle se trouve au Trésor des Chartes, registre des patentes de 4493-1496, fos 174 et clxxvij. ses predecesseurs et iny avoir eue du passé, (le encores dahondant, pour pins grande approbation, iesnoblir dii nouvel, ensemble sa posterité et liguée nez en leal nia- ilaige. Savoir faisons que nous, considerant les bonnes meurs, vie et lionneste conversation estans en la personne dudit suppliant, et pie tonziours tics le temps de sa jeu- nesse cest cmptoié en euvres et faliz vertueulx, aussi quil i des biens pour mener et entretenir bon et suffisant eslat en la ruaniere que ont aecousttimé faire les autres nobles de noz pais, aussi quil nous a fait par ey devant et journelle- trient sefforce faire plusieurs bons et aggreables services.

Pour ces causes et autres raisonnables à ce nous mouvans, luyavons concedé, octroyé et accordé, et par ces prescrites couieedons, octroyons et accordons de porter lesdites armes, joie et user (les privileges, prelierninences et prerogatives que usent et joissent et ont acconstumé joie et user tuez autres nobles. Et dabondant entant que mestier seroit, les- nobiissons ensemble ses enLns nez et à naistre en leal

mariaige, leurs posterilcz et liguées à louziours, leur don- nant puissance et àuctorité de prendre ordre de clievailerie, avoir, tenir et posseder touz fiedz nobles de citez, villes, cliasteanix et forteresses, seigneuries queixconques comme font autres nebies. Sy donnons cii mandement, etc ...... Donné à Nancy le xv jour doctobre iiij et quinze....

(Extrait des .1lldmoires de lAcadémie de Stanislas.)

Namicy, imprimerie du votive Itaybtiis et Gomup.