Kenneth White : Et La Poétique De L’Énergie : Épure, Écriture, Monde Christophe Roncato
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Kenneth White : et la poétique de l’énergie : épure, écriture, monde Christophe Roncato To cite this version: Christophe Roncato. Kenneth White : et la poétique de l’énergie : épure, écriture, monde. Linguis- tique. Université de Grenoble, 2011. Français. NNT : 2011GRENL034. tel-01680097 HAL Id: tel-01680097 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01680097 Submitted on 10 Jan 2018 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. THÈSE Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE GRENOBLE Spécialité : Études anglophones Arrêté ministériel : 7 août 2006 Présentée par Christophe RONCATO Thèse dirigée par Denis BONNECASE préparée au sein du Centre d'études des modes de la représentation anglophone dans l’École doctorale Langues, littératures et sciences humaines Kenneth White et la poétique de l'énergie : épure, écriture, monde Thèse soutenue publiquement le 25 novembre 2011, devant le jury composé de : M. Denis BONNECASE Professeur, Université Stendhal-Grenoble 3, Directeur de thèse M. Joanny MOULIN Professeur, Université de Provence, Aix-Marseille 1, Président M. Marc POREE Professeur, Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm, Rapporteur M. Pierre MORERE Professeur émérite, Université Stendhal-Grenoble 3, Examinateur UNIVERSITÉ STENDHAL – GRENOBLE Christophe Roncato Kenneth White et la poétique de l’énergie : épure, écriture, monde. Thèse de doctorat dirigée par Denis Bonnecase Jury : M. Denis Bonnecase, Professeur à l’Université Stendhal, Grenoble, Directeur. M. Pierre Morère, Professeur Émérite à l’Université Stendhal, Grenoble. M. Joanny Moulin, Professeur à l’Université de Provence, Aix-Marseille 1. M. Marc Porée, Professeur à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm. 1 AVANT-PROPOS Nous adressons nos remerciements au Professeur Denis Bonnecase avec qui nous avons eu le plaisir et la chance de travailler depuis notre Maîtrise. Nous remercions également tous ceux qui nous ont encouragé et soutenu au cours de ces cinq années de recherche et d’écriture : parents, amis, collègues de l’Université Stendhal. Nous tenons, par ailleurs, à remercier Kenneth White, avec qui le dialogue a été des plus enrichissants, et les géopoéticiens (notamment Rachel Bouvet et Pascal Naud) pour leur précieuse aide au cours de ces deux dernières années. Merci enfin à Jihane pour avoir vécu pleinement cette aventure. 2 INTRODUCTION GÉNÉRALE L’œuvre de Kenneth White est une œuvre en cours, il est donc impossible de l’embrasser dans sa totalité achevée. Le critique part donc avec un handicap, il lui manque certaines pièces de l’œuvre complète et le recul que pourront avoir les générations à venir sur ce tout qui est, aujourd’hui encore, en mouvement. Mais cet handicap est compensé par la cohésion de cette œuvre qui a été décrite comme l’« une des plus cohérentes de la post- modernité »1. On rappellera que le concept de post-modernité est issue de la sociologie historique et qu’il désigne, dans le monde occidental, une tentative de surmonter le désenchantement du monde propre au XXème siècle et de forger les nouveaux piliers d’une culture en devenir. Là où les pré-modernes avaient renoué avec la tradition gréco-latine et les modernes épousé l’idée de Progrès, les post-modernes sont entrés en lutte avec leur héritage et se sont lancés à l’assaut du présent et de l’ici-bas. En matière de littérature, on notera que la post-modernité est marquée par une méfiance à l’égard des mécanismes de totalisation et, contrairement à la modernité, par un questionnement sur la possibilité même du sens. Si l’œuvre whitienne répond en partie au mode opératoire de la post-modernité (elle est en effet régit par une logique déconstructrice), elle se distingue aussi par une clarté et une cohérence globale qui sont le reflet à la fois d’une ouverture sur une certaine forme de totalisation et d’un désir de donner du sens au séjour de l’homme ici-bas. Là où certaines œuvres de la post- modernité sont allées jusqu’au bout de ce que l’auteur nomme l’« autoroute de l’Occident »2 en insistant avant tout sur les points négatifs de l’héritage, l’auteur cherche à ouvrir de nouveaux sentiers pour la pensée et l’esthétique, à relancer les énergies tout en étant signifiant, à bousculer l’ordre établi sans sombrer dans le désordre. Il suffit d’ailleurs de 1 Michèle Duclos le rappelle dans son dernier ouvrage : « On a dit de l’œuvre de White qu’elle présente la première expression cohérente d’une vraie post-modernité. » Kenneth White : nomade intellectuel, poète du monde. Grenoble : Ellug, 2006, quatrième de couverture. 2 Kenneth White utilise cette expression dans la plupart de ses ouvrages critiques : voir notamment L’Esprit nomade et Le Plateau de l’albatros. 3 regarder l’architecture globale de son œuvre pour se rendre compte qu’il y a bien un équilibre entre la structure et les flux et que les énergies ne sont jamais étouffées par un ordre trop strict. Celle-ci, que l’auteur compare volontiers à une flèche, se décline en trois sous- catégories : les essais (valant pour les pennes), les récits de voyage (pour la tige), et les poèmes (pour la pointe). Cette architecture complexe s’accompagne d’un bilinguisme, l’œuvre est écrite en anglais et en français.3 Par-delà l’élaboration de cette œuvre personnelle, l’auteur s’est ouvert sur le collectif. En fondant, en 1989, l’Institut international de géopoétique, Kenneth White a dépassé le stade de l’œuvre personnelle pour être à l’origine d’une œuvre collective. Aussi, d’une organisation tripartite à l’ouverture sur le collectif en passant par le bilinguisme, ce travail est en tension entre l’ouverture et le délimité. Comment donc aborder cette œuvre en évolution ? Comment, jusqu’ici, la critique a-t-elle procédé ? Un des premiers lecteurs de l’œuvre whitienne ne fut autre que l’illustre André Breton. Au début des années soixante, l’écrivain surréaliste rendit hommage au premier texte en prose du jeune écossais en saluant le « haut accent de nouveauté »4 qui en émanait. Mais c’est réellement à partir des années 1970 que l’œuvre whitienne a été l’objet de mémoires, de thèses et d’ouvrages critiques. En dépit d’une thèse soutenue à l’Université de Californie du Sud en 1974 (« Through to the white : initiation and creation in the poetry of Kenneth White »), la critique de la première heure est avant tout francophone. Trois thèses ont été défendues à Paris VII (Université où l’auteur travaillait alors) au tournant des années 1980 : Didier Davoust en 1978 (« De la Beat Generation à Kenneth White, pour l’ouverture du 3 On signalera que tout en étant le travail d’un angliciste cette étude prendra aussi en compte la partie en français de l’œuvre whitienne. On notera par ailleurs que les récits Les Limbes incandescents (1976) et La Carte de Guido, un pèlerinage européen (2011) n’ont toujours pas été publié en langue anglaise et que, par conséquent, ces textes seront travaillés à partir de leur version française. Enfin, on soulignera le fait que les recueils bilingues publiés chez Mercure de France n’ont qu’un titre français : Les Rives du silence (1997), Limites et Marges (2000), Le Passage extérieur (2006), Les Archives du littoral (2011). 4 On retrouve un extrait de la lettre de Breton sur la quatrième de couverture des Limbes incandescents : « Jeudi soir, attablé comme de coutume au fond de ce café des Halles à l’enseigne La Promenade de Vénus, j’avais, la revue en main, longuement insisté sur le haut accent de nouveauté qui me frappait dans cet A la lisière du monde [un des chapitres de l’ouvrage]. Nadeau avait montré grand discernement et même clairvoyance en donnant ce texte en tête de numéro. » Les Limbes incandescents. Paris : Denoël, 1976. 4 champ ») ; Jacqueline Feinte en 1979 (« L’œuvre au blanc – de la cosmicité dans l’œuvre de Kenneth White ») ; Sylvia Metz en 1981 (« Poésie-existence, ou le nomadisme essentiel de Kenneth White »). Depuis cette première période, ce ne sont pas moins de trente mémoires de Maîtrise et D.E.A. ainsi qu’une quinzaine de thèses qui ont été soutenus. On soulignera que quatre d’entre elles5 ont donné lieu à des ouvrages qui constituent autant d’introductions à l’œuvre whitienne. À ces études effectuées par des chercheurs en formation, viennent s’ajouter trois ouvrages en langue française (Autour de Kenneth White ; Kenneth White et la géopoétique ; Littérature, pensée, géopoétique)6 et deux en langue anglaise (The Radical Field ; Grounding a World)7. Ces mémoires, thèses et autres ouvrages personnels et collectifs abordent l’œuvre sous des angles multiples et en éclairent un certain nombre de facettes. On soulignera, ici, que le monde anglophone souffre d’une certaine carence puisqu’il reste aujourd’hui encore coupé de toute la partie en français de l’œuvre. Parce que White n’a pas souhaité que ses essais soient traduits par une autre main que la sienne, le lecteur non francophone n’a pas accès à la dizaine d’essais qui, telles les pennes d’une flèche, dicte la trajectoire que prennent la prose et la poésie. The Wanderer and his Charts, On the Atlantic Edge8, The Radical Field et Grounding a World sont les « seuls » appuis pour le dit lecteur.