Le Sabordage De La Iiie République
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Collection Vérités et légendes LES FRANCS-MAÇONS ET LE POUVOIR DE LA RÉVOLUTION À NOS JOURS, par Jean-André Faucher. HISTOIRE DE L'AFRIQUE DU SUD DE L'ANTIQUITÉ À NOS JOURS, par Bernard Lugan. LE COÛT DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE, par René Sédillot. ENQUÊTE SUR LE MASSACRE DES ROMANOV, par Marina Grey. ENQUÊTE SUR L'ÉCHEC DE VARENNES, par Michel de Lombarès. LE SABORDAGE DE LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE DU MÊME AUTEUR AUX ÉDITIONS PLON Jean Moulin, une vie, 1980. EN PRÉPARATION Le « Parlement » de Pétain. La nature du mal - essai. La psychologie de la soumission chez l'homme politique. HENRI CALEF LE SABORDAGE DE LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE Collection Vérités et Légendes Librairie Académique Perrin 8, rue Garancière Paris Si vous désirez être tenu au courant des publications de la LIBRAIRIE ACADÉMIQUE PERRIN, vous pouvez nous écrire (8, rue Garancière, 75006 PARIS), pour demander notre catalogue. Il vous sera adressé gratuitement. La loi du 11 mars 1957 n'autorisant aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d 'exemple et d'illustration, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur, ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (alinéa 1 de l' article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. © Librairie Académique Perrin, 1988 ISBN : 2-262-00519-2 ISSN 0981-7859 Vous ne pouvez ignorer les parlementaires, vous aurez dans beaucoup de cas à les appeler auprès de vous... (Instructions confidentielles aux Commis- saires de la République 1944.) Qu'il y ait un danger de la vérité, j'en conviens. Est-ce une raison pour la fuir en le fuyant? Maurice CLAVEL Mais je voulais comprendre : comment ces gens avaient-ils fait pour composer avec le régime meurtrier qui était le leur? Elie WIESEL Vous pouvez tromper tout le monde quel- que temps et un peu de monde tout le temps mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps. Abraham LINCOLN CHAPITRE PREMIER L'ESPOIR TOUJOURS RECOMMENCÉ... Le 10 mai 1940 la drôle de guerre cède la place à la vraie guerre. Le 18 mai 1940, huit jours après le début de l'offensive allemande, marquée par la violation de la neutralité de la Belgique et la terrorisation de la Hollande, le maréchal Pétain, rappelé de son ambassade de Madrid, entre dans le gouvernement de la République en qualité de ministre d'État. Il apporte sa caution au conflit engagé le 3 septembre 1939 par l'Angleterre puis par la France contre l'Allemagne hitlérienne. Répudiant ses engagements internationaux, reniant sa parole, Hitler avait attaqué la Pologne. Au terme d'une campagne foudroyante, il l'avait rendue à merci, lui imposant, au surplus, une occupation impitoyable de concert avec son alliée la Russie soviétique. Le Maréchal est coutumier de visites inopinées dans la capitale. Il aimait venir se retremper dans une atmosphère de respect, d'adulation, qui lui manquait en Espagne; son dernier séjour datait d'une dizaine de jours. Il avait été reçu par Paul Reynaud, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, le 7 mai dans la matinée. Avait-il été déjà question de son entrée dans le gouvernement ? Le lendemain 8 mai, dans l'après-midi, le général Sikorski, chef du gouvernement en exil de Pologne, lui rendait visite. Le Maréchal au cours de l'entretien s'était vivement intéressé à la réorganisation de l'armée polonaise sur le sol français. Il avait exprimé sa satisfaction pour les résultats obte- nus. C'est la troisième fois que le maréchal Pétain devient ministre de la République. Sa première apparition sur les bancs gouvernementaux s'était produite en février 1934, dans le cabinet de Gaston Doumergue, au lendemain des troubles provoqués par le déchaînement des ligues cherchant à déstabiliser le régime de la France, dans l'espoir de le remplacer par un pouvoir s'inspirant des principes politiques du fascisme mussolinien. Il avait accepté le portefeuille de la Guerre. Il avait ainsi vécu l'application des règles régissant les rapports entre responsables du pouvoir exécutif et ceux du pouvoir législatif. Il avait appris que le président du Conseil des ministres se devait de se présenter devant les représentants de la nation. Il avait constaté le devoir d'exposer un programme de gouvernement et d'obtenir la confiance du Parlement. Il avait découvert le sens de la légitimité démocratique. Pendant ses neuf mois de fonction - du 9 février au 8 novembre 1934 - il avait eu toute liberté d'appliquer ses conceptions et de mettre en place la réorganisation de l'armée, tant au point de vue des effectifs qu'à celui du matériel. Le 28 juin 1934, au Sénat, il rendait hommage public au travail parlementaire : « Je suis frappé des soins et de la conscience que l'on apporte dans cette enceinte à l'étude des problèmes de la défense nationale et de la compétence technique des orateurs. » Pour sa seconde expérience ministérielle, il s'était fourvoyé dans l'aventure gouvernementale de Fernand Bouisson, d'une durée éphémère - trois jours -, du 1 au 4 juin 1935. Il se retrouvait en compagnie de Pierre Laval, Louis Marin, Joseph Caillaux, Louis Rollin, Ludovic-Oscar Frossard, Georges Mandel, et aussi d'Édouard Herriot. Ces hommes avec qui il partageait la quête des suffrages des députés étaient tous des parlementaires éprouvés, dont il connaissait la carrière. Entrer dans une équipe ministérielle c'est reconnaître la valeur de ses équipiers; c'est, pour le moins, adhérer à certaines de leurs idées. Quelles raisons expliquaient sa présence? Visait-il, bien qu'il s'en défendît, la présidence de la République dont le renouvelle- ment de titulaire s'annonçait à l'horizon de la vie politique intérieure de la France ? A-t-il été sensible à la séduction et à l'habilité manœuvrière de Pierre Laval ? Mais alors, comment ne pas s'étonner de son absence dans le cabinet du même Pierre Laval du 7 juin 1935? Quels arguments lui avait-on fait valoir pour emporter son acceptation ? Le maréchal Pétain avait surpris les arcanes de la vie parle- mentaire. Il s'était plié aux impératifs et aux exigences, parfois aux caprices et aux humeurs des députés et sénateurs. Il a bénéficié de leur part d'une considération toute particulière. Respect et égards avaient été réservés à ses titres de gloire. Il devait cette faveur au fait que la majorité des parlementaires étaient des combattants de la guerre 1914-1918, lorsqu'ils n'avaient pas directement servi sous ses ordres dans les unités qui s'étaient illustrées puis épuisées dans la résistance absolue aux « boches ». Le jour de son entrée officielle dans le gouvernement de Paul Reynaud, sur le front des opérations militaires, « l'intérêt se concentre toujours dans la région centrale du front où l'ennemi pousse son exploitation en flèche avec son audace qui bouleverse toutes les prévisions de l'état-major français 1 ». Ce même 18 mai 1940 le général Weygand, alerté par Paul Reynaud depuis la veille, quitte Beyrouth où il exerce le com- mandement en chef des armées d'Orient, pour se voir investi du commandement général des Armées alliées en remplacement du général Gamelin. Le général Weygand avait, le 2 avril, fait une déclaration au Journal de Genève, disant notamment : « Nous devons être prêts à toute éventualité. » Le 4 avril, il avait rendu visite au général polonais Sikorski et avait eu avec lui un « entretien prolongé ». A peine arrivé à Paris, le général Weygand se rend auprès du maréchal Pétain pour une réunion de « réflexion ». Leur unisson, à ce moment, s'ancre sur deux positions de base, l'une d'ordre militaire, l'autre d'ordre historique. La première consiste à s'ériger en arbitres dans le conflit qui oppose, en pleine bataille et à un moment où se joue peut-être le destin du pays, le commandant en chef des armées du nord-est, le général Georges, au commandant en chef des armées alliées, le général Gamelin. Dans leur esprit le choix est déjà fait : ils sont décidés à se prononcer en faveur de Georges. La seconde se traduit par la recherche des points de « concor- 1. Lyet, la Bataille de France, Payot, p. 68. dance » avec les événements de la Première Guerre mondiale, pour trouver des raisons d'espoir. Pour tous deux, les leçons du passé doivent éclairer et guider l'action présente. Mais une intervention miraculeuse ne pallie pas les faiblesses d'une doc- trine militaire. Au lieu d'opposer à la ruée nazie un sursaut de volonté, la France cherche la solution dans le changement de maître d'œuvre de sa défense nationale, sans même se concerter avec son alliée. Les annales glorieuses de la guerre précédente servent de support à la foi des Français dans la puissance de leur armée. Cette foi est entretenue par une presse quasi unanime. Le cri de Winston Churchill lors du défilé du 14 juillet 1938 aux Champs- Élysées : - Cette armée est imbattable! résonne dans toutes les mémoires avec d'autant plus d'écho que l'homme d'État anglais est devenu Premier ministre. A cette expression admirative s'est ajoutée l'appréciation de l'ambassadeur Phipps : - En Allemagne j'ai vu des parades. Ici je vois une force. Elle est morale autant que matérielle. Personne n'en aura raison.