La Relation Bilatérale Franco-Syrienne Depuis 2000 Ruptures Et Continuités À Travers Le Prisme De La Présidentialisation De La Politique Étrangère Française
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BANQUE DES MEMOIRES Master « Sécurité et défense » Dirigé par le Professeur Olivier GOHIN 2017 La relation bilatérale franco-syrienne depuis 2000 Ruptures et continuités à travers le prisme de la présidentialisation de la politique étrangère française Quentin GABIRON Sous la direction du Professeur Nicolas HAUPAIS UNIVERSITÉ PANTHÉON-ASSAS – PARIS II Droit – Économie – Sciences sociales Année universitaire 2016-17 Master 2 Sécurité et défense LA RELATION BILATÉRALE FRANCO-SYRIENNE DEPUIS 2000 RUPTURES ET CONTINUITÉS À TRAVERS LE PRISME DE LA PRÉSIDENTIALISATION DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE FRANÇAISE Mémoire préparé sous la direction de M. le Professeur Nicolas HAUPAIS présenté et soutenu publiquement pour l’obtention du Master 2 Sécurité et défense – finalité professionnelle par Quentin GABIRON JURY Président : M. le Professeur Nicolas HAUPAIS Assesseur : CGA Arnauld CHÉREIL de la RIVIÈRE LA RELATION BILATÉRALE FRANCO-SYRIENNE DEPUIS 2000 RUPTURES ET CONTINUITÉS À TRAVERS LE PRISME DE LA PRÉSIDENTIALISATION DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE FRANÇAISE L’Université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans le mémoire; ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs. TABLE DES ABRÉVIATIONS IDE : Investissement direct à l’étranger IFRI : Institut français des relations AEIA : Agence internationale de l’énergie internationales atomique INA : Institut national d’administration AFP : Agence France presse MAE : Ministre des Affaires étrangères APE : Analyse de la politique étrangère MAEDI : Ministre des Affaires étrangères ASL : Armée syrienne libre et du développement international BITD : Base industrielle et technologique OLJ : L’Orient-Le Jour de défense OLP : Organisation de libération de la BNP : Banque nationale de Paris Palestine BTP : Bâtiment et travaux publics ONU : Organisation des Nations Unies CCG : Conseil de coopération du Golfe PIB : Produit intérieur brut CIDEF : Centre international d’études PKK : Parti des travailleurs du Kurdistan françaises PS : Parti socialiste CMA-CGM : Compagnie maritime d’affrètement – Compagnie générale RFI : Radio France internationale maritime RPR : Rassemblement pour la République CNS : Conseil national syrien jusqu’en SALSRA : Syria Accountability and 2012, puis coalition nationale syrienne Lebanese Sovereignty Restoration Act DCRI : Direction centrale du renseignement SNCF : Société nationale des chemins de intérieur fer français DGA : Direction générale de l’armement TSL : Tribunal spécial pour le Liban DGSE : Direction générale de la sécurité UE : Union européenne extérieure UMP : Union pour un mouvement populaire DRM : Direction du renseignement UPM : Union pour la Méditerranée militaire URSS : Union des républiques socialistes et DST : Direction de la surveillance du soviétiques territoire YPG : Unités de protection du peuple FDS : Forces démocratiques syriennes FINUL : Force intérimaire des Nations Unies au Liban EI : Etat islamique EIIL : Etat islamique en Irak et au Levant ENA : Ecole nationale d’administration GBU : Guided bomb unit SOMMAIRE INTRODUCTION GÉNÉRALE TITRE I - UNE RELATION TUMULTUEUSE, FRUIT D’UNE POLITIQUE ÉTRANGÈRE PRÉSIDENTIALISÉE (2000-2011) Chapitre 1 – L’espoir d’inaugurer une ère nouvelle des relations franco-syriennes Chapitre 2 – De la discorde à la rupture Chapitre 3 – La fin de l’isolement international de la Syrie : ruptures et continuités vis-à- vis de la politique chiraquienne TITRE II – UN BASCULEMENT SANS PRÉCÉDENT DE LA DONNE GÉOPOLITIQUE REMODELANT EN PROFONDEUR LA RELATION FRANCO-SYRIENNE (2011-2017) Chapitre 1 – Un changement de cap brutal de la politique étrangère française en Syrie Chapitre 2 – L’engrenage de l’ « irreal Politik » Chapitre 3 – L’avenir de la relation franco-syrienne : une rupture définitive ? CONCLUSION GÉNÉRALE INTRODUCTION GÉNÉRALE Étudier la nature de la relation franco-syrienne peut sembler une gageure tant l’histoire qui lie les deux pays est longue, tant les enjeux entourant cet État proche-oriental sont nombreux et tant les acteurs qui ont forgé des liens les ont dans le même temps instrumentalisés. La relation est tortueuse, émaillée de nombreux événements ayant conduit à des crises, des ruptures, mais aussi à des rapprochements. Elle est faite de tressautements, de retournements, mais elle est aussi paradoxalement marquée par une certaine continuité. Cette instable stabilité, ce « mouvement sinusoïdal entre des phases positives et négatives » semble être « la seule 1 constante des relations franco-syriennes » . La Syrie a d’abord longtemps constitué un repoussoir pour la France, qui l’a souvent associée à un pays hostile, voire dangereux. Cette image d’Épinal continue d’être véhiculée, nourrie par les troubles politiques qui y ont éclaté en 2011. Dès le départ, lorsque la France se voit confier par la Société des Nations un mandat sur la province syrienne de l’Empire ottoman, à la suite de la conférence de San Remo en 1920, elle s’empresse de la scinder en deux pour y créer un Grand Liban, où elle peut remplir son rôle de protecteur des minorités, et en particulier 2 des Chrétiens . La Syrie vivra cette décision comme une amputation territoriale. Elle restera à jamais attachée à ce territoire, dont elle s’efforcera de faire sa chasse gardée. Tandis que la France bâtit à partir de 1922 un État alaouite à l’ouest de la Syrie, afin d’organiser la cohabitation des différentes confessions, elle doit aussi réprimer les nombreuses révoltes qui joncheront son mandat, druze en 1925 et 1926, puis celle des nationalistes en 1945. Lorsque la Syrie devient indépendante en 1946, elle apparaît comme le berceau du nationalisme panarabe3, rétif aux ingérences étrangères et résolument déterminé à mettre fin à la domination coloniale. Pourtant, cette image d’un État hostile à la France, qui prévaut à la fin de la période mandataire, devra être nuancée, car elle manque de prendre en compte la complexité du pays. Lorsque Charles de Gaulle arrive au pouvoir en 1958, le Liban est le seul pays proche- oriental ayant gardé des contacts avec la France, dont l’action dans le monde arabe sous la IVe République a été ruineuse. En effet, les liens avec la Syrie ont été définitivement rompus en 1956, après que la France se soit illustrée dans l’intervention qu’elle a menée aux côtés des Britanniques et des Israéliens pour reprendre possession du canal de Suez, nationalisé par le 1 Manon-Nour TANNOUS. Un bilatéralisme de levier : les relations franco-syriennes sous les deux mandats de Jacques Chirac (1995-2007). Thèse de doctorat en droit international, sous la direction de Serge SUR, soutenue le 3 octobre 2015, à Paris 2, p. 56. 2 Le traité de Paris qui met fin à la guerre de Crimée (1854-1856) donne à la France le statut de protecteur des Chrétiens. Dès 1860, Napoléon III lance une expédition militaire pour protéger les Chrétiens maronites de la province syrienne de l’Empire ottoman, victimes des persécutions de la communauté druze. 3 Le parti Baas y est fondé en 1947. 6 président égyptien Gamal Abdel Nasser. Ils reprendront en 1962, suite à la dissolution de la République arabe unie4 et à la faveur d’une redéfinition de la présence française au Proche- Orient par le général de Gaulle. Le premier président de la Ve République espère y reconquérir une influence en tirant parti de son non-alignement vis-à-vis des deux blocs s’affrontant dans la Guerre Froide. Ce positionnement remporte l’adhésion en Syrie, où le parti Baas s’est installé en 1963 et compte faire de la France un potentiel soutien anti-impérialiste. Cette orientation se confirme en 1967, lorsque la France met en place un embargo sur Israël après la guerre des Six Jours, à l’issue de laquelle l’État hébreu prend possession de plusieurs territoires, dont une grande partie du Golan syrien. Cette « politique arabe », comme on l’appellera par la suite, s’accorde bien avec les préoccupations de Damas en matière de politique étrangère. En effet, la Syrie a su se construire au fil du temps un rôle de pivot régional, s’érigeant en interlocuteur indispensable pour tout acteur souhaitant intervenir au Proche-Orient. C’est d’abord la position géostratégique de la Syrie qui en fait un partenaire incontournable : avec un accès à la Méditerranée, elle a souvent pu faire pression sur les exportateurs de pétrole –moyen- orientaux– et ses acheteurs –occidentaux. Ce rôle central trouve aussi ses origines dans le sentiment d’avoir toujours été dominé, d’abord dans l’Empire ottoman, puis sous le mandat français. Pour empêcher cette situation de se reproduire, l’État doit être fort et indépendant, d’où un attachement particulier au concept de souveraineté. Ces invariants de la perception syrienne se cristallisent d’abord autour de la question israélienne. En conflit avec l’État hébreu depuis 1948, le régime syrien choisit une posture de défenseur de la cause arabe et se fait le chantre de la résistance contre Israël, notamment depuis 5 6 l’arrivée au pouvoir de Hafez al-Assad, en 1970. Contrairement à l’Égypte ou à la Jordanie , la Syrie s’inscrit dans « le front du refus »7 : elle refuse la normalisation de ses relations avec Israël et n’aura de cesse de vouloir faire échouer tout projet de paix séparée avec un pays arabe, ayant en tête la reconquête du Golan. Pour cela, elle n’hésite pas à nouer des relations étroites avec des groupes radicaux comme le Hezbollah, le Hamas ou le Djihad islamique. Cette position se révèle être source de légitimité pour le régime, et l’agitation de cette menace extérieure justifie la répression à l’intérieur, notamment celle des mouvances islamistes, telles que les Frères musulmans, en vertu de la doctrine laïque du parti Baas. 4 La République arabe unie est un Etat associant, de 1958 à 1961, l’Egypte et la Syrie, tentées par une expérience panarabe. 5 Les accords de Camp David de 1978 signés entre les présidents égyptien Anouar el-Sadate et israélien Menahem Beghin débouchent sur un traité de paix l’année suivante. C’est le premier traité de paix entre Israël et un pays arabe.