Textures N° 21
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TEXTURES N° 21 ACTES du COLLOQUE INTERNATIONAL 16 et 17 janvier 2015 Paris-Sorbonne/Lyon 2 Université Lumière Lyon 2 Laboratoire "Langues et Cultures Européennes" OCTOBRE 2015 Revue TEXTURES N° 21 ACTES du COLLOQUE INTERNATIONAL organisé les 16 et 17 janvier 2015 Paris-Sorbonne / Lyon 2 De la Cuba esclavagiste à Notre Amérique Sous la direction de Sylvie Bouffartigue, Sandra Hernández, Renée Clémentine Lucien Avec la collaboration d©Alvar de La Llosa Laboratoire "Langues et Cultures Européennes" Université Lumière Lyon 2 Nous adressons nos meilleurs remerciements aux laboratoires qui nous ont soutenus : - Langues et Cultures Européennes (LCE, EA 1853), Université de Lyon 2, qui nous a permis de réaliser cette publication et d©organiser le colloque à Lyon le 17 janvier 2015 (Berges du Rhône) ; - Centre de Recherche sur les Mondes Ibériques Contemporains (CRIMIC, EA 2561), pour l©organisation du colloque à Paris le 16 janvier 2015, Institut d'Etudes Ibériques (31, rue Gay Lussac) ; - GRIAHAL (Groupe de Recherche Interdisciplinaire sur les Antilles Hispaniques et l©Amérique Latine, www.griahal.free.fr). Nos remerciements les plus sincères à : - Françoise Moulin Civil, Rectrice de l©Académie de Lyon, fondatrice et directrice du GRIAHAL ; - Ralf Zschachlitz, directeur de LCE. Les organisatrices Sylvie Bouffartigue, Sandra Hernández, Renée Clémentine Lucien L©affiche et la couverture ont été réalisées par SPH Communication. De la Cuba esclavagiste à Notre Amérique TABLE DES MATIÈRES Remerciements 1 Introduction par Françoise MOULIN CIVIL De la Cuba esclavagiste à Notre Amérique : les singularités de l'histoire cubaine 7 De la Cuba esclavagiste… 9 José Antonio PIQUERAS La plantación esclavista y sus condiciones políticas en Cuba 11 Consuelo NARANJO OROVIO Mémoires de la révolution de Saint-Domingue : symbole de liberté et de terreur à travers les récits et les images aux Antilles 29 Renée Clémentine LUCIEN Relaciones entre negros de plantación y marginados, cimarrones y apalencados 41 Elsa CAPRON Mujeres esclavas en las plantaciones cubanas del siglo XIX : ¿qué realidades? 51 Magali KABOUS DURETZ El contexto social de Cecilia Valdés y sus relecturas durante el siglo XX. Entre parodia herética y apología politizada 67 Sylvie MÉGEVAND Au temps de l’esclavage : réflexions sur l’iconographie costumbrista cubaine (période 1840-1870) 81 David CASTANER De l'utopie des plantations à l'abolition de l'esclavage : représentation des esclaves et des affranchis dans la peinture cubaine… 93 … à Notre Amérique 111 Paul ESTRADE Réflexions sur le concept martinien de « Notre Amérique » : genèse, portée et mise en œuvre, héritage 113 Sylvie BOUFFARTIGUE Notre Amérique : un projet pour le XXIe siècle ? 125 Alvar DE LA LLOSA José Martí, América Latina y las Conferencias de Washington: panamericanismo y relaciones internacionales 141 Jean LAMORE Intuición y premisas de « Nuestra América » en unos apuntes de viaje de Martí 157 Hervé LE CORRE Ecrire le paysage, inscrire le politique. Los « Apuntes de viaje » de José Martí 169 Sandra MONET-DESCOMBEY HERNÁNDEZ Abolicionismo y antisegregacionismo en los textos de José Martí 181 DE LA CUBA ESCLAVAGISTE A NOTRE AMERIQUE : LES SINGULARITES DE L'HISTOIRE CUBAINE Françoise Moulin Civil Professeure à l'université de Cergy-Pontoise Rectrice de l'académie de Lyon, chancelière des universités Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'histoire de Cuba s'inscrit dans une linéarité reconnaissable, assimilable à l'histoire d'autres pays de la Caraïbe et, plus largement, de l'Amérique Latine, et pourtant, dans le même temps, elle s'impose par la force de sa singularité. Précoce point d'ancrage entre l'Ancien et le Nouveau Monde, l'archipel cubain, certes à son corps défendant, constitua néanmoins le laboratoire génésique de la "découverte", de la conquête et de la colonisation et, en partie à cause de cette antériorité capitale, resta jusqu'en 1898, un inexpugnable bastion : l'ultime colonie -avec Porto Rico et les Philippines- à s'affranchir du joug espagnol. Cette histoire bouleversée s'écrit aussi sous le signe des flux et des brassages par lesquels les échanges humains, ethniques et culturels, tout autant que les relations commerciales et les enjeux géostratégiques, ont façonné durablement un monde sans cesse tiraillé par des forces contraires, voire antagonistes. A cette instabilité chronique des hommes et des événements ont répondu -pour leur donner corps et sens- des imaginaires modélisants, capables de trouver dans les continuels soubresauts de l'Histoire un fil unificateur et intégrateur qui, en quelque sorte, fasse système. Dès lors, l'objet multiple de ce colloque international, organisé successivement à Paris et à Lyon, en janvier 2015, ne manquait pas de sens en embrassant près de quatre siècles d'histoire cubaine, depuis l'instauration de la plantation esclavagiste jusqu'à l'abolition de l'esclavage et l'avènement de la pensée démocratique martinienne. Les textes ici réunis sont l'œuvre de très grands spécialistes de l'histoire, de la littérature et de l'iconographie cubaines. Leur densité, tout autant que la clarification des faits et des concepts qui y est à l'œuvre, sont à même d'apporter un certain nombre de clés de compréhension, non seulement aux étudiants des concours à qui ils sont prioritairement destinés, mais encore à tous ceux qui manifestent de l'intérêt pour un processus historique complexe. L'une des grandes forces de ce travail, somme toute collectif, est de dessiner pour chaque question traitée l'ensemble des contextes, qu'il s'agisse des conditions politiques ayant présidé à l'émergence de la plantation esclavagiste (José Antonio Piqueras), de la réalité quotidienne et tourmentée des femmes esclaves (Elsa Capron), des relations entre noirs des plantations et esclaves marrons (Renée Clémentine Lucien) ou encore de la façon dont la peur du noir se propagea à travers les Antilles, particulièrement depuis Saint-Domingue et sa révolution (Consuelo Naranjo Orovio). Du monde violent de l'esclavage et du long chemin vers l'émancipation ont laissé trace et témoignage les dessinateurs et graveurs qui, particulièrement au XIXe siècle, ont saisi les scènes d'un monde encore figé et pourtant voué à finir (Sylvie Mégevand, David Castaner). Tel est aussi le cas emblématique de la littérature. A cet égard fait figure de parangon du roman anti-esclavagiste la Cecilia Valdés de Cirilo Villaverde, motif initial d'une longue série de relectures et de réécritures (Magali Kabous). Le XIXe siècle fut évidemment, pour Cuba, le siècle des guerres d'indépendance, de l'abolition de l'esclavage, des mouvements réformistes, autonomistes et indépendantistes, tout cela dans un contexte de très grande effervescence intellectuelle. La figure, la pensée, l'œuvre et les hauts faits de José Martí illustrent à la perfection le tournant que prennent les événements à la toute fin du siècle et leur inscription dans le monde désormais ouvert et rédempteur de l'Amérique Latine que le texte martinien consacre (Paul Estrade). Encore fallait-il, pour en comprendre la portée et l'intensité, replacer l'essai de Martí dans la genèse de son œuvre protéiforme, y compris dans ses journaux de voyage (Jean Lamore, Hervé Le Corre), mais aussi dans le contexte des relations conflictuelles avec les Etats-Unis (Alvar de la Llosa). Enfin, il n'était pas inutile de traquer dans l'ensemble de ses textes, en particulier poétiques, les marques de son engagement abolitionniste et antiségrégationniste (Sandra Hernandez), voire de capter la projection d'une œuvre majeure qui, au XXIe siècle, garde toute son acuité et son actualité (Sylvie Bouffartigue). Faire œuvre utile était assurément l'objectif que s'étaient fixé les trois organisatrices du colloque : Sylvie Bouffartigue (Universite de Savoie), Sandra Hernandez (Université Lumière Lyon 2) et Renée Clémentine Lucien (Université Paris- Sorbonne). L'objectif est amplement dépassé. Le livre met à disposition du lecteur une somme considérable d'érudition et de réflexion permettant d'embrasser de façon globale les processus de continuité et de rupture qui font de l'histoire de Cuba une histoire singulière dans le contexte unique d'une Caraïbe proprement transculturelle. De la Cuba esclavagiste… LA PLANTACIÓN ESCLAVISTA Y SUS CONDICIONES POLÍTICAS EN CUBA* José Antonio Piqueras Universitat Jaume I (Historia Social Comparada, Unidad Asociada al CSIC) 1. Explorando la plantación La palabra, de uso reciente en las Antillas hispanas, no pertenece al vocabulario español ni al francés en el sentido que aquí se le otorga. La realidad de la plantación, en cambio, era bien conocida y se remonta en el Caribe a la llegada de los españoles al Nuevo Mundo. En su acepción de hacienda o empresa agrícola sujeta a determinadas condiciones, que a continuación pasaremos a describir, es voz de procedencia inglesa. Difundida desde el siglo XVII en los dominios que los británicos establecieron en las Islas de Barlovento y al sur de Nueva Inglaterra, plantation designa en las colonias la puesta en cultivo de tierras que antes no lo estaban; esto es, alude a la preparación del terreno, a la siembra y a la acción de plantar tallos o estacas de nuevas especies. La temprana especialización en tabaco, en azúcar y otros frutos subtropicales, así como la importancia económica que alcanzaron estos cultivos destinados a la exportación, llevó a identificar el término con una explotación agraria de naturaleza eminentemente comercial que en ausencia de trabajadores en disposición de contratarse eran servidas por esclavos africanos. Este último factor, característico de una larga época, se revela accesorio siempre que se supla con trabajadores abundantes sujetos a una disciplina centralizada. La palabra “plantación” apenas se utiliza en la literatura social y económica relativa a las Antillas españolas hasta que en las décadas de 1950 y 1960 comenzó a buscarse una explicación a un modelo socio-económico histórico que traspasaba fronteras imperiales, idiomas y vocabularios, y empezó a generalizarse su uso1. En Cuba se habló siempre de ingenios de fabricar azúcar, de haciendas de café o cafetales, de algodonales y cacaotales en momentos exploratorios de cultivos a finales del siglo XVIII; las vegas de tabaco se consideraron cosa aparte.