Université d’Abomey-Calavi Institut National de la Jeunesse de (UAC) l’Education Physique, et du Sport (INJEPS)

SCIENCES ET TECHNIQUES DES ACTIVITES SOCIO-EDUCATIVES (STASE)

Mémoire pour l’obtention du Master II Professionnel

Option : Développement communautaire

SUJET

CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE

D’ : CAS DE LA MARE SACREE « ZÊKPON » ET DE LA FORET SACREE DE KOGBOME

Réalisé par :

OKOU A. A. Albéric

Sous la Supervision du Dr. Emile-Jules ABALOT, Maître de conférences des Universités du CAMES. Enseignant-chercheur à l’UAC/INJEPS

Janvier 2019

Université d’Abomey-Calavi Institut National de la Jeunesse de (UAC) l’Education Physique, et du Sport (INJEPS)

SCIENCES ET TECHNIQUES DES ACTIVITES SOCIO-EDUCATIVES

(STASE)

Mémoire pour l’obtention du Master II Professionnel

Option : Développement communautaire

SUJET CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE

D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACREE « ZÊKPON » ET DE LA FORET SACREE DE KOGBOME

Réalisé par :

OKOU A. A. Albéric

Sous la Supervision du Dr. Emile-Jules ABALOT,

Maître de conférences des Universités du CAMES. Enseignant-chercheur à l’UAC/INJEPS

Janvier 2019 CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ

Dédicace A ma maman Eugénie DEGBO,qui ne marchande pas son soutien à mon endroit.

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ Remerciements Ce mémoire est le résultat de sacrifices et d’efforts de nombreuses personnes. Leurs conseils, connaissances, expériences et dévouement nous ont rendu la tâche beaucoup plus facile. Ainsi, nos remerciements vont à l’endroit:

™ du DrJules-Emile ABALOT, Maître de Conférences du CAMES pour avoir accepté malgré ses multiples préoccupations d’encadrer ce travail et lui apporter sarigueur scientifique. Trouvez ici l’expression de ma profonde gratitude et de mes sincères remerciements ; ™ des membres de Jury pour la disponibilité malgré les multiples occupations ; ™ tout le corps enseignant et administratif de l’INJEPS pour leur sens de responsabilité et la formation pendant ces cinq ans; ™ du DrAdéoty ADEGBININ, Enseignant-chercheur pour ses conseils qui ont été très utile dans la rédaction de ce document ; ™ du Dr Emiles ADAMBADJI et des sieurs Grâce LOGOZO et Malick FASSINOU, pour toute l’assistance et le rôle d’ainé qu’ils ont joué à nos côtés ; ™ du personnel de l’ONG GRABE-, pour avoir accepté partager les informations avec nous ; ™ de mes frères et sœurs Stanislas, Abbé Epiphane, Laurence, Estelle et Ida OKOU pour le rôle de guide qu’ils ne cessent de jouer ; ™ des sieurs Bienvenu HOUNTON, Hervé KOUGBLENOU et Luc TCHINA pour toutes leurs marques d’affection et pour tous les soutiens de tout genre ; ™ de CHABI Arikè pour son soutien de tous les jours ; ™ de mes amis de promotions avec qui j’ai eu à partager des périodes importantes de ma vie.

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ Sommaire

Dédicace ...... i

Remerciements ...... ii

Sommaire...... iii

Sigles et Abréviations ...... iv

Liste des tableaux...... v

Liste des figures ...... v

Liste des cartes...... v

Liste des photos ...... v

INTRODUCTION ...... 1

CHAPITRE I : CONTEXTUALISATION DE LA RECHERCHE ...... 5

CHAPITRE II : PROBLEMATISATION DE LA RECHERCHE ...... 16

CHAPITRE III: DEMARCHE METHODOLOGIQUE ...... 43

CHAPITRE IV : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS ...... 50

CONCLUSION...... 74

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...... 77

TABLE DES MATIERES...... 80

ANNEXES ...... A

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ Sigles et Abréviations INSAE : Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique

PDC : Plan de Développement Communal

RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat

UNESCO : United Nation Educational, Science and Culture Organisation = Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture

CDB : Convention sur la Diversité Biologique

FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture

FS : Forêt sacrée

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PDC : Plan de Développement Communal

UAC : Université d’Abomey-calavi

INJEPS : Institut National de la Jeunesse, de l’Education Physique et Sportive

STASE : Sciences et Techniques des Activités Socio-Educatives

GRABE-BENIN : Groupe de Recherche et d’Action pour le Bien-Etre au Bénin

PME : Petites et Moyennes Entreprise

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

ONU : Organisation des Nations Unies

CNUEH : Conférence des Nations Unies sur l’Environnement Humain

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ Liste des tableaux

Tableau I: Récapitulatif sur la théorie de l’identité culturelle selon Bajoit (1997) ...... 34

Tableau II: Répartition des cibles de l’échantillon...... 47

Tableau III : Répartition des répondants selon le type de gestion………..…………………68

Liste des figures

Figure 1 : Répartition des enquêtés selon leur connaissance des sites sacrés ...... 51

Figure 2 : Répartition de la population selon l’efficacité des modes de gestion ...... 51

Figure 3: Répartition de l’utilisation des modes ou pratiques de gestion traditionnelle ...... 52

Figure 4 : Répartition de la population selon le but de la sacralisation ...... 52

Figure 5 : Répartition de la population selon l’état de la biodiversité sur les sites sacrés ...... 53

Figure 6 : Répartition de la population selon les causes de l’état de la biodiversité sur les sites sacrés ...... 53

Figure 7 : Répartition de la population selon que la gestion de la biodiversité profite à un groupe ou non ...... 54

Figure 8 : Répartition de la population selon les faiblesses des modes de gestion traditionnelle ...... 54

Figure 9 : Répartition de la population selon l’influence des religions modernes sur les modes de gestion traditionnelle ...... 55

Figure 10 : Répartition de la population selon leur avis sur la disparition du site sacré ...... 55

Figure 11 : Répartition des défis à relever face aux menaces de disparition qui pèsent sur les modes de gestion traditionnelle………………………………………………………………56

Liste des cartes

Carte 1 : situation de la commune d’Avrankou…………………………………………..…...6

Liste des photos

Photo 1: Présentation d’un vodoun de zodrè honto ...... 62

Photo 2: Entrée d’un couvent ...... 64

Photo 3 : Porte d’entrée à la source d’eau sacrée Zèkpon ...... 64

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Photo 4 : Une femme portant sur la tête une marmite contenant l’eau sacrée Zèkpon ...... 65

Photo 5 : L’eau de Zèkpon dans une marmite neuve en terre cuite ...... 65

Photo 6: Espace Zodrè Zèkpon réhabilité avec l’appui de GRABE-BENIN ONG………..67

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INTRODUCTION

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Les sites sacrés (forêts, lacs, montagnes, etc.) jouent un rôle important dans la gestion des ressources naturelles et la conservation de la biodiversité dans les pays en développement. En Afrique, en Amérique Latine et en Asie, les sites sacrés, en particulier les forêts sacrées, intéressent de plus en plus les scientifiques et les organismes de protection de la nature, les organismes internationaux. Au Sommet mondial sur le développement durablequi s'est tenu à Johannesburg en 2002, il a été recommandé que des mesures d'encouragement soient prises en faveur de la conservation, de la gestion responsable des ressources et de l'application des lois dans les pays en développement. Ce sommet a souligné la nécessité de soutenir l'utilisation des forêts pour la croissance économique, tout en veillant à leur préservation en tant que ressources de base. Ces recommandations ont eu une résonance particulière dans les pays africains où ces forêts constituent l’une des méthodes traditionnelles de conservation de la biodiversité.

Au Bénin, les sociétés traditionnelles, de par leurs rapports avec la nature ont contribué de manière significative à la protection des ressources naturelles. Dans toutes les communes du Bénin, il existe des forêts sacrées dont les dimensions varient globalement de quelques ares à quelques dizaines d'hectares. Bien que représentant ensemble des superficies non négligeables, ces forêts n’étaient pas prises en compte dans les stratégies nationales de gestion environnementale et forestière. Dans les pays à faible couvert forestier comme le Bénin, l’intérêt des forêts sacrées en ce qui concerne le maintien de reliques de végétations forestières anciennes et de leur diversité biologique, a fait l’objet de plusieurs études (Sokpon et Agbo, 1999; Kokou et Sokpon, 2006 ; Kokou et al., 2005. Kokou et Kokutse, 2006). Dans certaines régions du Bénin, notamment le Sud du Bénin dont la commune d’Avrankou, les sites sacrés dont les forêts sacrées sont pratiquement les seuls témoins du patrimoine forestier. Celles-ci ont plusieurs fonctions dont les fonctions, économiques, socioculturelles, religieuses et écologiques (Note 1) considérables, abritant parfois des sources d'eau simple comme sacrée dont dépendent des villages en toutes saisons. Des récoltes de fruits, de bois, de plantes médicinales, de fourrages, de lianes y sont parfois autorisées (Note 2). Les forêts sacrées ont été mieux conservées jusque dans un passé récent comparativement aux forêts classées de l’Etat. Ainsi, nous constatons que les sociétés traditionnelles disposaient des capacités afin de protéger les espaces forestiers autour du sacré. On note que chaque site sacré était lié à une biodiversité forestière qui lui était propre. C’est donc pour soutenir cette thèse que le botaniste Kokou (1998) affirme que les îlots forestiers sacrés sont une démonstration de la capacité des sociétés traditionnelles à conserver la biodiversité. D’autres soulignent que la gestion

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« millénaire » des forêts sacrées s’inspire de «valeurs très proches de celles du développement durable » (Ofoumon, 1997) et qu’elles sont un « patrimoine vital » pour les communautés (Note 3) locales (Ofoumon, 1997 ; Agbo et Sokpon, 1998). Pour ces naturalistes, les politiques de protection de la biodiversité auraient tout avantage à s’appuyer sur les sites sacrés : ils recommandent leur maintien voire leur « restauration » (Ago, 2000 ) à des fins de conservation. Mais actuellement, la pression foncière, les mutations socioculturelles, la propagation des nouvelles religions,les menaces socioculturelles et les pressions économiques et démographiques constituent les premiers facteurs de désacralisation et d'exploitation des ressources de ces écosystèmes. Ces forêts subissent actuellement des dégradations rapides et massives, entraînant la réduction de leur superficie, voire leur disparition complète et des pertes de biodiversité. Ce constat est le même quand nous descendons vers le niveau local. Ainsi, dans la commune d’Avrankou, les sites sacrés dont les forêts sacrées disparaissent à cause des actions anthropiques et d’autres problèmes cités dessus. Par la signature et la ratification de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), le Bénin a pris l’engagement de conserver et d’utiliser durablement la diversité biologique et d’intégrer sa gestion dans les plans, programmes et politiques sectoriels ou intersectoriels. Et face au niveau de dégradation de ces îlots forestiers et la perte de biodiversité constater au Bénin, la mise en œuvre des activités urgentes pour la conservation et la gestion durable basée sur les modes de gestion traditionnelle de ces sites sur lesquels le Bénin a pris des engagements internationaux, devient nécessaire. C’est soucieux de ces réalités que la présente recherche vise à étudier la contribution des sites sacres à la conservation durable de la biodiversité dans la commune d’Avrankou : cas de la mare d’eau « zêkpon » et de la forêt sacrée de Kogbome. Pour y parvenir, les objectifs ci-après ont été fixés : Objectif général L’enjeu de cette recherche consiste à étudier la contribution des modes de gestion traditionnelle basée sur le « sacré » à la conservation de la biodiversité dans la commune d’Avrankou. Objectifs spécifiques Spécifiquement il s’agit : ¾ d’identifier les modes de gestion traditionnelle de conservation des sites sacrés; ¾ d’analyser l’efficacité de la sacralisation des sites naturels dans leur préservation contre les imprévoyances et les assauts incontrôlés des populations ;

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¾ déterminer les défis auxquels font face les modes de gestion traditionnelle des sites sacrés. Pour atteindre ces objectifs, ce mémoire est structuré en quatre chapitres. Après l’introduction, le premier chapitre décrit le cadre général de l’étude. Le deuxième présente la problématisation de la recherche qui expose la revue de littérature, le cadre théorique, la problématique et les hypothèses de la recherche. Le troisième chapitre aborde l’approche méthodologique utilisée pour recueillir et analyser les données. Le dernier chapitre présente les résultats pour enfin déboucher sur la conclusion.

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CHAPITRE I : CONTEXTUALISATION DE LA RECHERCHE

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1.1 Cadre physique 1.1.1. Cadre physique 1.1.1.1. Situation géographique

La commune d’Avrankou est située dans le Département de l’Ouémé et est comprise entre 6°33’ de latitude Nord, et 2°40’ de longitude Est. D’une superficie de78 km², et à 19 mètres d’altitude, elle est limitée :

¾ au nord par la Commune de Sakété (département du plateau) ; ¾ au sud par les Communes d’ et de Porto-Novo ; ¾ à l’est par la Commune d’Ifangni (département du plateau) et la République Fédérale du Nigéria ; ¾ à l’ouest par la Commune d’Akpro-Missérété

Source : Cahier des villages et quartier de ville de l’Ouémé – RGPH4 (2013) 1.1.1.2. Climat et hydrographie La commune d’Avrankou est caractérisée par un climat subéquatorial humide avec deux saisons de pluies et deux saisons sèches. Les températures y sont moyennement élevées. Une

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ légère influence de l’harmattan balaie la zone entre décembre et janvier.D’une moyenne d’environ 80 jours, les précipitations varient entre 900 et 1.600 millimètres par an. 1.1.1.3. Relief etgéomorphologie La commune d’Avrankou est située dans le département de l’Ouémé au Sud-Est du Bénin. Elle couvre une superficie de 78 km2 et représente 6,0% de la superficie totale du département de l’Ouémé (1 281 km2) et 0,07 % de la superficie du territoire national (114 763 km2). Le relief de la commune est constitué de plateaux de basse altitude. On y distingue deux types de sols : les sols ferralitiques qui sont prépondérants (occupent plus de 80% des sols de la Commune) et les sols hydromorphes dans la zone marécageuse. La Commune est traversée par 16 km2 de bas-fonds soit environ 21,5% de sa superficie totale. La flore de la commune est constituée principalement de forêts de raphia (Raphia hookeri, Raphiavinifera), de Ficus congensis, de Cyperus papyrus, de palmeraies et des îlots de forets abritant le fétiche Oro. 1.1.1.4. Végétation La végétation de la commune d’Avrankou est de type savane arborée où prédominent les palmiers à huile naturels. On rencontre par ailleurs, des formations forestières (forêts, forêts fétiches et autres). Ce couvert végétal est aujourd’hui fortement dégradé à cause des effets des changements climatiques et sous la pression humaine pour des fins de recherche de bois de chauffe, de bois d’œuvre, d’urbanisation et surtout d’expansion du christianisme et de la méconnaissance de la nécessité de protéger de la biodiversité qui affecte les ilôts de forêts. On observe également une forte exploitation du palmier raphia et du bambou à diverses fins artisanales (extraction du vin, fabrication de meubles, de paniers, etc). Malgré la richesse que constituent ces espèces pour la commune, les exploitants ne contentent de prélever les ressources sans les renouveler. L’essentiel du couvert végétal de la commune résiste aux aléas humains à cause de la forte sacralité qui l’entoure. Le tableau suivant présente l’état des forêts sacrées. 1.1.2. Cadre administratif 1.1.2.1. Organisation administrative Aux termes des dispositions de la loi 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin, et du nouveau découpage administratif du territoire intervenu en 2013 au Bénin, la commune d’Avrankou est subdivisée en sept (07) arrondissements qui regroupent désormais 59 villages administratifs. Elle s’étend sur une superficie de 78 km2 sur laquelle vit une population de 128 050 habitants (RGPH4, 2013).

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1.1.2.2. Fonctionnement de l’Administration Communale et des Services Déconcentrés x Organes institutionnels et fonctionnement La décentralisation constitue l’axe fondamental d’impulsion du développement et de la démocratie par les collectivités territoriales que sont les communes. La commune est administrée par le Maire assisté de deux (02) adjoints. Quant à l’arrondissement, il est administré par un Chef d’arrondissement élu par le conseil communal en son sein. Celui-ci est assisté dans ses fonctions d’un Secrétaire Administratif nommé par le maire. Pour un meilleur fonctionnement, la loi fait obligation au conseil communal de créer des commissions (article 36 de la loi 97-029). Ainsi, trois commissions permanentes sont créées. Il s’agit de la commission des affaires économiques et financières, de la commission des affaires domaniales et environnementales et de la commission des affaires sociales et culturelles. Le conseil communal d’Avrankou comprend dix-neuf (19) membres dont aucune femme. Il est dirigé conformément aux dispositions légales et règlementaires par un Maire assisté de deux adjoints. Les trois commissions permanentes sont créées x Services communaux et leur fonctionnement x Services déconcentrés de l’Etat 1.1.3. Dynamique sociodémographique de la commune d’Avrankou 1.1.3.1. Effectifs et évolution de la population La population de la commune d’Avrankou était évaluée en 2002 à 80 402 habitants. Elle a atteint 128 050 habitants selon les données du RGPH4 en 2013. Les femmes environ 65 752 habitants représentent 52% de la population contre 62 298 habitants pour les hommes. Avec une densité de 1 642 habitants par km2 et un taux d’accroissement intercensitaire de 4,2%. La proportion de la population en milieu rural s’élève à 69,8% contre 30,2% en milieu urbain. Le taux de pauvreté multidimensionnelle est de 30,1%. Le taux d’alphabétisation des adultes est estimé à 50,8% dont 39,1% sont alphabétisés en langue française et 11,7% en langue nationale. Le taux brut de scolarisation des filles est largement plus élevé (120,2%) au primaire par rapport au secondaire (57,7%). Cela pourrait s’expliquer par les anciennes mesures de gratuité de la scolarisation des filles au primaire. Par ailleurs, on dénombre à Avrankou, 100 638 personnes de 6ans et plus, une population active de 45 837 personnes dont 98,9% sont occupées. En effet, sur 1030 handicapes, 93,0% des personnes ont un handicap, 6,1% des personnes ont deux handicapes et les malades mentaux sont estimés à 36,1%.

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L’âge moyen à la maternité dans la commune d’Avrankou selon le RGPH 4 est de 29ans, le Taux Global de Fécondité Générale (TGFG) c’est-à-dire le nombre moyen de naissance vivante par femme en âge de procréer est estimé à 144,1% pour 1000 habitants et pour chaque habitant dans cette population le nombre annuel moyen de naissances est estimé à 34,9% pour 1000 habitants. Pour les enfants âgés de moins de 5ans, le quotient de mortalité est estimé à 94,9% pour 1000 habitants. Cela peut être dû au paludisme car la plupart des eaux usées sont évacuées au dehors. 1.1.3.2. Migration x Migration interne Les migrations internes constituent des déplacements à l’intérieur du territoire national grâce à la proximité de grandes villes comme Porto-Novo et Cotonou. Celles-ci touchent fondamentalement les artisans qui vont offrir leurs services dans d’autres villes du Bénin, les jeunes chômeurs de la commune qui vont faire le « taxi-moto » dans les villes voisines, les jeunes élèves et étudiants qui vont rechercher des jobs de vacances dans les villes voisines comme ouvriers, agents commerciaux, vendeurs à la sauvette, les femmes qui vont servir comme domestiques dans des familles d’accueil, etc. x Migration externe Sous la pression de la pauvreté et du chômage, bon nombre de bras valides ont émigrés vers le Nigéria où le développement du secteur des bâtiments et des travaux publics et le secteur de l’agriculture offrent bon marché, des opportunités d’emploi. Ces migrations concernent aussi bien les jeunes gens que des enfants employés de force ou de gré par les parents en vue de contribuer aux charges du ménage. Dans l’ensemble, les flux migratoires ont un impact négatif sur les indicateurs sociodémographiques et économiques de la commune. Les taux d’abandon scolaire, le trafic et le travail précoce des enfants comptent toujours parmi les réalités vécues dans la commune 1.1.4. Peuplement et organisation sociale de la commune d’Avrankou 1.1.4.1. Aperçu historique et peuplement La commune d’Avrankou n’est pas auparavant une entité homogène. L’historique de son peuplement ne peut que se baser sur celles des principaux groupes ethniques qui la composent actuellement. En effet, l’hétérogénéité des peuples (Toli, Goun, Yorouba ou Nago) d’Avrankou montre à bien des égards que chaque arrondissement a son histoire de peuplement qui lui est propre. Toutefois, les recherches permettent de s’accorder sur le fait que « le premier habitant de la commune d’Avrankou est un Nago originaire de Sakété. De son vrai nom « Olafa » et surnommé « Avlan », il s’est installé dans la petite forêt de 9

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Kogbomè (arrondissement d’Avrankou). Avlan lia d’amitié avec « Atawe » et « Houenou », deux frères chasseurs venus de Tori-Agué, de l’autre côté de la rivière à Aholouko (Arrondissement de Ouanho), qui l’ont découvert grâce à la fumée émise par sa forge (Flomè : actuelle salle de réunion des Houayénou de Kogbomè). « Avlan » fut assassiné au cours d’un affrontement par Houenou. Ce dernier l’enterra debout à Kogbomè (où sont encore visibles les vestiges de sa sépulcre). A ce moment commença l’occupation de l’espace par le peuple Toli. La nouvelle de « Avlan ti ku » (Avlan est déjà mort) s’est répandue et par déformation donna le nom de « Avrankou » à l’espace communale » (OUSSOU LIO, 2016). 1.1.4.2. Organisation socio-culturelle Il existe dans la commune d’Avrankou plusieurs groupes sociaux désignés sous le vocable ‘’ Akota ‘’. Les principaux sont : les Houayénou, Dohouènou, Ahouandinnon, Azohouènon, Honsanou, Houelanou, Ahikonnou, Sékpo, Houngandolè, Mondonou, Houngbanou, Avoèkomènou, Latchèhouèzounmenou, Adjarranou, Ahovi, Baédoganou, Sitonagnonkpon, etc. Ils se différencient les uns des autres à travers la litanie des salutations, les us et coutumes, les interdits ou totems, les danses et chansons lors des cultes traditionnels ou autres cérémonies de réjouissances et de décès. En dépit des divergences ethnique et culturelle qu’on peut constater à Avrankou, les Tolinou constituent l’ethnie dominante de la commune. Ils ont développé et partagé avec les autres entités ethniques une longue histoire socioculturelle. Leurs traditions et leurs coutumes ont fini par créer une symbiose culturelle à travers le festival identitaire te communautaire « Tolikunkanwxé » qui regroupe les peuples « toli » d’Avrankou, Adjarra, Akpro-Missérété, de Toli et du Nigéria. En ce qui concerne l’organisation de la chefferie traditionnelle, ce sont les « Dansoudandjonou » de LatchèHouèzounmè (arrondissement d’Avrankou) qui ont su conserver une régence avec une succession régulière porté de nos jours par Sa Majesté « GliglimandjègbèAgbantchékon ». Mais la chefferie tradionnelle qui a perdu sa lettre de noblesse depuis les indépendances en passant par la révolution du 26 octobre 1972, commence peu à peu a retrouvé ses lettres de noblesses depuis 1992 avec l’institution du 10 janvier comme « journée des religions endogènes ». 1.1.4.3. Problématique du genre dans la commune d’Avrankou Les conditions des femmes de la Commune d’Avrankou, autrefois déterminées par des pratiques traditionnalistes, connaissent de nos jours, une amélioration. Néanmoins, on enregistre encore certaines pratiques telles que le mariage forcé et précoce, le lévirat, etc. Les femmes participent aux travaux des champs, aux activités génératrices de revenus tels que le

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ petit commerce et la vente de l’essence dite « kpayo ». Par ailleurs, les femmes ne participent pas aux grandes décisions qui engagent la vie de la communauté. L’absence de femme au conseil communal en est bien une illustration. Le même constat est fait au niveau des conseillers locaux car, des 59 villages que comptent la Commune d’Avrankou, il n’y a aucune femme. Mais grâce à des séances de sensibilisation des ONG et autres organismes, elles se montrent plus dynamiques et nombreuses parmi elles, militent dans des organisations ou associations à caractère socioprofessionnel qui interviennent dans des secteurs d’activités tels que l’agriculture (le cas des maraîchères de Toledji), l’élevage et surtout les AGR.

1.2. Principales activités de l’économie locale

1. Agriculture De type familial, l’agriculture est sur le plan spatial, la plus importante activité pratiquée par les populations de la commune d’Avrankou avec un effectif de 2290 ménages agricoles dont 49,5% de femmes et 50,5% d’hommes. Il y existe un nombre important d’hommes chef de ménage agricole (98,4%). L’agriculture dans la commune d’Avrankou est essentiellement une agriculture extensive encore tributaire de la pluviométrie qui est en moyenne comprise entre 1200 mm et 1600 mm par an. En plus des cultures saisonnières et du palmier à huile, la culture maraîchère se développe dans la commune d’Avrankou et est pratiquée en toute saison. La géomorphologie de la Commune présente des formations pédologiques favorables à la production agricole. Il faut, cependant, souligner une utilisation abusive de l’engrais chimique qui a détérioré la plupart des terres et rend dépendants les producteurs. Toutefois, il existe des expériences réussies de culture biologique dans la commune. On distingue deux (02) types de cultures : o les cultures pluviales qui se pratiquent en saison pluvieuse. Les principales spéculations sont le maïs, le riz, le manioc, le niébé, l’arachide, la patate douce, etc destinées généralement à la consommation et à la commercialisation. Ce type de culture occupe une grande place dans la production agricole aux côtés des vieux palmiers et de quelques palmiers sélectionnés qui rentrent dans la production et la transformation des noix de palme. Faut-il le rappeler, Avrankou, jadis abritait la première huilerie du Bénin. Les vestiges sont encore visibles et peuvent être orientés si volonté il y a, vers de nouveaux usages. o les cultures maraichères : elles se pratiquent en toute saison au bord de la zone humide. Les expériences les plus remarquables sont celles des groupements de femmes maraîchères de zounguè, de tchacla et de kotan. Les principales spéculations

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sont le piment, la tomate, le gombo, des légumes feuilles. Les produits sont destinés le plus souvent à la commercialisation. L’agriculture reste dominée par de petits exploitants utilisant des moyens de production rudimentaires notamment la houe, le coupe-coupe et la hache. Le niveau de mécanisation de l’agriculture est quasi nul. Ceci se traduit par une faible production qui s’explique, par ailleurs, par la faible organisation des producteurs, la mise en place tardive des engrais, l’inexistence de crédits adaptés à leurs besoins, l’insuffisance d’encadrement technique, l’insécurité foncière, la prolifération de micro-organismes résistants aux traitements, l’émiettement des terres cultivables pour raison d’héritage, les changements climatiques. L’analyse du système agricole de la commune d’AVRANKOU révèle un certain nombre de contraintes qui le rend peu performant. Il s’agit d’abord des difficultés d’accès aux intrants. Les engrais destinés à la commune sont insuffisants et mis en place avec retard. Les produits phytosanitaires sont quasiment indisponibles. Quant aux semences, la politique de mise en place n’est pas adaptée. Les contraintes majeures à l’agriculture restent la maîtrise de l’eau résultant du non aménagement des bas-fonds, des moyens limités des producteurs pour irriguer leurs champs, des effets du changement climatique, surtout de l’insuffisance de l’encadrement technique. Il faut attirer l’attention sur la non disponibilité des données statistiques sur le secteur agricole au niveau de la Mairie qui est censée promouvoir et dynamiser le secteur. Ceci témoigne qu’une collaboration insatisfaisante entre la Mairie et le CARDER. 2. Elevage

La commune d’Avrankou comprend quelques éleveurs, notamment de volailles et de petits ruminants. Mais la pratique fait état d’un élevage extensif et mal contrôlée. Ainsi, l’élevage apparaît après l’agriculture et le commerce, comme la troisième activité motrice de l’économie locale. L’élevage est caractérisé par un système extensif de production. On distingue deux principaux types d’élevage qui sont : x le premier: Il est caractérisé par une grande divagation des animaux et est souvent à l’origine de certains conflits sociaux quand les animaux vont détruire les biens du voisin. x Le second : se remarque à travers le système parcage des animaux.

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Quel qu’il soit, l’élevage à Avrankou est très peu professionnalisé et bénéficie au même titre que l’agriculture de très peu d’attention et d’encadrement ; ce qui n’est pas sans conséquence sur le taux de mortalité du cheptel. Il n’existe pas de production de viande ni de lait et des dérivés à Avrankou. Quant à l’élevage des porcins, il constitue une source importante de revenus et une forme de garantie et d’épargne. Cependant, il a perdu de sa vitalité à cause des épidémies répétées de la Peste Porcine Africaine (PPA) favorisée par la proximité avec le Nigéria. En ce qui concerne la volaille, elle constitue une source de revenus très appréciée pour les femmes. Certaines vendent leur production dans le marché central d’Avrankou, à Adjarra, à Ouando à Porto-Novo ou même au marché Dantokpa à Cotonou. 3. Pèche/Pisciculture Malgré ses 16km2 de bas-fonds à Avrankou, la pêche n’est une activité développée dans la commune d’Avrankou. Quant à la pisciculture, elle commence par se développer et elle se pratique dans des étangs à poissons creusés dans les bas-fonds ou dans des bacs hors-sols. Le Clarias (poisson chat) est le plus élevé, car moins exigeant en intrants de production, et très prisé sur le marché du Nigéria.

4. Exploitation forestière, faunique et minière

Le couvert forestier de la commune d’Avrankou est estimé à environ 31 ha et est essentiellement composé de forêts sacrées à dominance de Miliciaexcelsa, Triplochitonscleroxylon« Adjrohoin », Adansoniadigitata, etc. Ce couvert végétal fortement dégradé sous la pression des activités anthropiques pour des fins de recherche de bois de chauffe, de bois d’œuvre. Les forêts sacrées de la commune abritent plus d’une vingtaine de fétiches : Oro,Datin, Zèkpon, Zodrè, Ahouanga, Dédjro, Doho, ogou, Ahouanzan, Azogbo, Xêviosso, Ahouandji,Vlékètè, Aylo, Dagbé, Lokoga, Hlahoué, Govè, Gnlanhoué, Djeholou, Sodjamé, Aligonmè, Doudoua,Sègbè, Tolègba, Abikoun, Sakpata et Zounguè etc… Face à la rareté des essences, la production forestière est quasiment inexistante dans la commune. Les produits forestiers non ligneux sont essentiellement des produits de cueillette. Il n’existe pas d’actions majeures mises en œuvre par les populations pour la préservation des ressources. GRABE-BENIN ONG qui intervient dans la commune depuis 20 ans développe des actions d’éducation environnementale à travers les Clubs Nature et Culture, la valorisation des semences et des savoirs endogènes et la protection des Aires et territoires de Patrimoine Autochtone et Communautaire (APAC).Avec à peine deux (02) agents forestiers, la commune

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ peine à concrétiser les ambitions des divers programmes nationaux de protection des ressources naturelles comme le projet 10 MAA, la journée nationale de l’arbre les 1er juin, etc. Toutefois, il existe quelques aires reboisées privées en essences forestières à croissance rapide qui sont mises en places par des propriétaires ou des acquéreurs de parcelles. 5. Production industrielle Le secteur industriel est presque inexistant dans la commune d’Avrankou malgré ses grandes potentialités en matières premières et en main d’œuvre. La seule huilerie qui y a été installée n’est plus fonctionnelle On peut cependant compter de petites unités de transformation de produits agricoles notamment les noix de palme. Il existe également une boulangerie au carrefour d’Avrankou. Il convient également d’attirer l’attention sur l’industrie traditionnelle de fabrication des meubles à base du raphia et du bambou. Face à cette situation, il est indispensable que les autorités communales entreprennent des actions concrètes en vue de la promotion des PME / PMI dans la commune et ce, conformément aux orientations de la charte nationale des PME /PMI. Dans cette perspective, l’ancienne huilerie pourrait-être réhabilitée pour la production et la commercialisation de la noix de palme et de ses dérivés. Les magasins de stockage comme celui de Houngon peuvent être réhabilités et servir à l’industrie de la commune qui peut s’ouvrir à une production intensive du riz, grâce à l’aménagement des bas-fonds. Au regard de tout ce qui précède, il apparaît que la commune devrait insuffler une nouvelle dynamique aux secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche pour faire décoller d’intenses activités économiques en vue de promouvoir les PME/PMI et saisir l’opportunité de sa proximité avec le Nigéria. La promotion de l’industrie donnera un coup de pouce à l’emploi des jeunes, à l’autonomisation des femmes et à la lutte contre l’extrême pauvreté. 6. Artisanat, hôtellerie et tourisme x Artisanat L’artisanat n’est pas développé dans la commune d’Avrankou. La commune est plutôt pourvoyeuse d’artisans de divers corps de métiers (maçons, menuisiers, etc) qui vont servir au Nigéria et à l’intérieur du Bénin. Il faut cependant mettre l’accent sur l’existence d’un collectif dynamique des artisans qui travaille à la promotion du secteur de l’artisanat dans la commune. x Hôtellerie L’hôtellerie est inexistante dans la commune d’Avrankou. Il ne peut en être autrement puisque que le tourisme et l’hôtellerie sont deux secteurs d’activités qui vont de pair. A l’heure actuelle, il est difficile de marquer un arrêt à Avrankou, le soir ou dans la journée et 14

CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ trouver une chambre d’hôtel pour se reposer. Même pour des réunions, il n’y a de choix que la salle de réunion de la Mairie. Le secteur de la restauration qui est intiment lié à l’hôtellerie est également quasi inexistant. En effet, les offres de services dans ce secteur sont également très limitées. x Tourisme L’activité touristique est l’un des maillons les plus faibles de l’économie locale dans la Commune d’Avrankou, malgré les innombrables opportunités dont elle dispose. Le tourisme en effet est très peu développé dans la commune. Les sites touristiques potentiels ne sont pas valorisés et laissés dans un dénuement total (le cas de l’ancienne huilerie). Or, la commune, regorge de grandes potentialités touristiques que constituent les forêts sacrées, la place du « dur combat d’ », les « Yoxo », les temples, la mare sacrée de Zèkpon, la maison de la famille de Sado en référence à « Les aventures de Finagnon », ainsi que les curiosités végétales et animales, les danses traditionnelles etc. A tout ceci il faut ajouter la traversée de la rivière noire entre Adjarra et Avrankou permettant de découvrir l’oiseau « jésus ». Les processus de transformation des noix de palme, de fabrication du vin de palme ou de raphia sont autant de curiosités qui peuvent être valorisées sans oublier le « tolikunkanwxué » et la fête annuelle du 10 janvier : fête des religions endogènes. Il faut remarquer que le secteur du tourisme n’est pas organisé et seule l’ONG GRABE- BENIN (membre de la Fédération béninoise des organisations de tourisme responsable et solidaire : FBOTRS) essaie d’œuvrer à développer une réelle politique de promotion de l’activité touristique.

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CHAPITRE II : PROBLEMATISATION DE LA RECHERCHE

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Dans ce chapitre, il est question de présenter d’abord les réflexions qui ont été menées sur le sujet, c’est-à-dire la revue de littérature. Ensuite seront présentés successivement le cadre théorique de la recherche, la clarification conceptuelle, la problématique et les hypothèses de la recherche. 2-1- Revue de littérature Cette étude n’est nullement la première à aborder un sujet relatif au patrimoine culturel et sa contribution dans la biodiversité. En effet, lorsque l’on s’intéresse à une étude relative au patrimoine culturel et cultuel, on se rend compte de l’existence d’une abondante littérature qui aborde des thématiques assez variées et diverses. Nos investigations nous ont permis de comprendre qu’en réalité, bien d’auteurs et d’institutions se sont intéressés à la problématique liée à la conservation de la biodiversité par les populations traditionnelles dans le monde. La présente revue de littérature suit un plan qui permet de faire référence aux travaux de ces chercheurs sur la question.

2-1-1 Interactions populations-forêt

Les relations de l'Homme avec la forêt ont été variables selon les civilisations et les époques. Une typologie établie par Villeneuve (2012) (cité par Pare,2013) va de l'âge des chasseurs- cueilleurs à celui de l'information avec une modification significative des interrelations. Pour l'auteur, à l'âge des chasseurs-cueilleurs, la relation entretenue par les populations avec la forêt était symbiotique et mutualiste où chacun des deux partenaires bénéficiait de la présence de l'autre. Cette harmonie était codifiée par des règles sociétales qui garantissaient aux espaces forestiers une gestion durable. Les forêts sacrées au Burkina-Faso ou au Benin participaient à un tel équilibre (Houngnihin et al.,2012). En effet, pour Wardell et Lund (2004) (cité par Pare,2013), les terres de réserve ne sont pas des espaces inertes. Elles sont saturées de symboles et de significations et constituent une mosaïque d'espaces traditionnels. Plus particulièrement, dans les forêts, étaient érigés des autels, qui étaient les lieux de communion entre le monde des vivants et le monde supranaturel. La forêt était alors tout un symbole imaginaire qui permettait aux humains de donner du sens au monde, à la vie, à leur vie en dehors ou au-delà de considérations liées à ce qu'elle est ou à ce qu'elle rapporte. Elle n'avait donc pas seulement une valeur économique ou matérielle. Autour de cet espace qualifié par Levee (2005) (cité par Pare,2013) de « territoire sacré », existait une série de représentations, elles-mêmes fondées sur des systèmes de valeurs, qui, pour Muir-

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ leresche(2012) (cité par Pare,2013), sont des valeurs esthétiques, spirituelles et existentialistes qui contribuaient au bien-être humain.

L'âge des agriculteurs va profondément bouleverser cet équilibre et établir une relation écologique de compétition pour les terres agricoles, dans laquelle la forêt va être dominée et, entrer dans le domaine de la propriété privée. Elle est dorénavant entretenue pour ses services économiques Villeneuve (2012). A partir de l'âge industriel, poursuit l'auteur, la forêt va être considérée comme une ressource et, les corpus de connaissances et les pratiques transmis de génération en génération qui ont concouru à leur utilisation rationnelle vont régresser au contact des techniques (Houngnihin et al., 2012). L'homme va s'y comporter en prédateur. Ce sont les marchés qui, désormais, vont déterminer la valeur instantanée de ce qu'on peut y exploiter. A l'âge de l'information, la forêt devient une composante vivante de la planète que nous apprenons à connaître pour ses fonctions écologiques. La Conférence des Nations Unies sur l`Environnement Humain (CNUEH) de Stockholm en juin 1972 et la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CNUED) de Rio (1992) ont beaucoup contribué à impulser cette nouvelle dynamique. Les services rendus à l'humanité par les écosystèmes, difficilement quantifiables, mais indispensables pour le maintien des équilibres planétaires et la satisfaction des besoins humains deviennent une préoccupation majeure. Il faut donc investir dans leur protection et assurer leur gestion raisonnée selon les principes du développement durable. Dans cette perspective, l'humain devient plus qu'un intendant. Il doit pouvoir satisfaire ses besoins dans la nature et laisser aux générations futures, des écosystèmes pourvoyeurs de tout ce dont elles auront besoin.

2-1-2 Le niveau de dégradation de la végétation

En 2016, les chercheurs Amoussou, Zannou, Adebi et Biaou ont affirmé queparmi les principaux problèmes environnementaux du XXIèmesiècle, la déforestation est classée au deuxième rang. Selon eux, au Bénin, la dégradation des écosystèmes est liée aux facteurs anthropiques, notamment les activités agricoles, la chasse et l’exploitation forestière. Dans la forêt Naglanou, située dans la commune d’Athiémé, la dégradation des ressources forestières est très prononcée. Les forêts sacrées sont perçues comme une partie importante du patrimoine des villages riverains. Certaines sont importantes à tel point que leur disparition peut entraîner des perturbations sociales. C’est le cas de la forêt Godjin dont la source d’eau alimente 10 villages riverains. Certains font jusqu'à 8 km à pied pour aller chercher l'eau, d'autres payent pour les

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ frais de livraison de l’eau à domicile. De menus produits sont prélevés dans les forêts sacrées notamment :

x les fruits tel que la papaye, le Baobab, le monbin, Uvariaspp.,Flacourtia et bien d'autres qui sont ramassés surtout par les enfants ; x les plantes médicinales : dans la localité, les forêts sacrées constituent une réserve de plantes médicinales, surtout celles qui sont très rares. Ainsi, non seulement ces forêts contribuent à la santé publique, mais aussi à l’économie domestique car ces plantes médicinales font l’objet d’un trafic commercial vers les grandes villes (Lomé, Tabligbo, Aného et Vogan). En outre, pour des raisons hygiéniques, certains organes végétaux, notamment les tiges et les racines de plusieurs espèces sont utilisées pour le nettoyage buccal et corporel. Depuis quelques années, Griffoniasimplicifolia est massivement exploité et commercialisé comme plante fourragère. Cette plante qui était très fréquente dans les jachères se fait de plus en plus rare et seules les forêts sacrées en renferment encore ; x le bois énergie : en principe le ramassage de bois est interdit dans les forêts sacrées même si ces forêts sont de plus en plus convoitées par les populations, entraînant leur dégradation ; x les lianes : les hommes vont récupérer des lianes pour la réparation des clôtures des maisons et la confession des greniers ; x les animaux : bien qu'interdite, la chasse est pratiquée de nuit comme de jour avec des fusils, des pièges ou des lance-pierres. Les animaux visés sont les céphalophes, l'aulacode, le rat, la souris, l'écureuil, le singe, le lièvre, la tourterelle, le francolin. Les animaux les plus menacés dans cette catégorie sont surtout les singes et les céphalophes devenus très rares et menacés d’extinction dans cette région méridionale du Togo. (Kokou et al., 2005)

2-1-3 Alternatives pour la gestion durable des forêts

Les accords de Durban (2005) ont enjoint les institutions de conservation et les Etats d'impliquer directement les communautés locales dans la création d'aires protégées (Boissiere et Doumenge, 2008). La protection pour être durable, passe nécessairement par l'implication des communautés riveraines dans la gestion des aires protégées et donc par la preuve que les parcs peuvent contribuer au développement local. Yanggen (2010) prévient que les efforts de conservation ne seront efficaces à long terme que si les populations locales trouvent des

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ alternatives viables aux modes actuels d'utilisation des ressources naturelles, qui dégradent l'environnement. Cette approche nécessite pour lui, un équilibre entre une conservation par exclusion des personnes des aires protégées de grande biodiversité et une conservation par promotion de moyens de subsistance de remplacement qui permettront aux gens d'utiliser les ressources naturelles de façon plus durable, à condition que les activités de substitue représentent un réel coût d'opportunité pour les ménages ruraux. L'élevage de petits animaux comme les poulets, les chèvres et/ou les porcs pourrait être une alternative logique pour la chasse, l'amélioration de la gestion de la fertilité par les jachères avec des légumineuses, les amendements par engrais chimiques et/ou organiques du sol, l'utilisation des semences améliorées et les plantations d'arbres sont des alternatives pour l'agriculture sur brûlis. Cette question de mesures alternatives viables, souvent mal évaluée par les projets de développement est capitale et sa mauvaise évaluation a conduit dans bien des cas à des échecs.

En effet, dans son étude sur les alternatives à l'exploitation des ressources de la forêt par les populations dans les environs de la Réserve de Biosphère de Luki (RBL), les résultats auxquels Salmon (2012) a abouti montrent une situation un peu mitigée. Même si les alternatives à l'agriculture par l'amélioration des pratiques culturales et l'accès au micro-crédit, l'élevage ou même la compensation financière ont été reçues avec beaucoup d'enthousiasme. Ils ne garantiront en rien l'abandon de l'exploitation des ressources de la forêt, notamment celle du bois qui, dans le cas de la République Démocratique du Congo, demeure la première source d'énergie. Une autre approche possible est celle de Yanggen (2010) basée sur la contrepartie qui permette une plus grande flexibilité pour répondre aux priorités des communautés locales. En pratique, il préconise d'analyser toutes les catégories d'activités de subsistance alternative, et d'adopter l'approche ou la combinaison d'approches plus logiques et qui tiennent compte du contexte local. De façon plus précise, l'auteur propose qu'en plus des mesures alternatives, l'accent soit aussi mis sur les secteurs sociaux, avec la construction de points d'eau, d'écoles, de centre de santé, etc. Quant à Yelkouni (2004), plusieurs formes de gestions sont possibles. Dans son étude sur la forêt de Tiogo au Burkina-Faso, au regard des coûts onéreux par une gestion par les structures étatiques ou pour le secteur privé, il préconise une redéfinition claire des droits de propriété sur la ressource et le choix d'une institution adaptée pour sa gestion. La piste la plus envisageable pour lui serait l'approche d'une gestion communautaire qui tienne compte des institutions traditionnelles. Il appartiendrait alors aux communautés de décider la manière dont la ressource sera gérée. Pour l'auteur, la surveillance

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Ces approches, et particulièrement celle de Yelkouni (2004), ont reçu de vives critiques de la part de Milol et Ndikumagenge (2010)(cité par Pare, 2013), pour qui, après plus d'une décennie a essayé d'établir un équilibre entre la gestion participative et la gestion durable, et aussi à vouloir atteindre un développement local tout en conservant les ressources, les mauvaises pratiques dans l'environnement n'ont pas cessé. Les populations locales n'ont pas encore adopté les méthodes de gestion participative qui leur ont été proposées. La pauvreté a très peu reculé dans les zones de conservation. La pression sur les ressources a augmenté dans bien des cas, influencée par des facteurs externes à la forêt et relevant généralement du marché. Ce point de vue est partagé par Colchester (1996) qui relate un autre examen, mené par la Banque Mondiale, et portant sur vingt trois (23) aires protégées dans lesquelles on s'est efforcé de concilier les objectifs de développement et de conservation. Des conclusions, il est ressorti que les projets n'ont pas atténué la pression sur les parcs ou réserves qu'ils visaient à protéger. Ces échecs se justifient selon Lavigne-delville (1998) (cité par MILOL et Ndikumagenge, 2010), par les mutations sociales caractérisées par une détérioration des formes de contrôle communautaire sur la propriété privée, individuelle et familiale, et l'effritement de l'influence des autorités coutumières. Pour le cas de la décentralisation de la gestion forestière, elle a, pour Mbairamadji (2009), facilité certes la mise en place des conditions de participation du public, mais pas pour autant contribuer réellement à une gestion durable des forêts. Bien au contraire, elle a contribué à la marginalisation des populations locales du système décisionnel et, à la déstabilisation des rapports de force du système d'action de gestion forestière. Comme autres effets pervers de cette décentralisation, on a noté le contrôle du pouvoir décisionnel des forêts communautaires et des redevances forestières par des acteurs locaux (maire), l'ingérence accrue des élites à la gestion forestière locale, la cooptation des membres des comités locaux et la monopolisation des retombées forestières par quelques acteurs. Par conséquent, l'auteur plaide pour un rééquilibrage des rapports de force qui établirait alors les bases d'une collaboration inclusive et égalitaire, indispensables pour renforcer le sentiment d'appartenance des populations et améliorer leur participation à la gestion forestière locale.

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2-1-4Les pratiques des sociétés traditionnelles en matière de conservation de la biodiversité 2-1-4-1 Les différents sites sacrés Dans l’aire vodun, tous les espaces, toutes les composantes du territoire, sont perçus et gérés en fonction du sacré qui influence tous les usages, qu’ils soient individuels ou collectifs. Cependant, dans certains lieux, les pratiques religieuses prennent le pas sur toutes les autres, en particulier l’agriculture et l’exploitation forestière : ils sont, en effet, considérés comme des endroits de communications avec la divinité, avec l’au-delà et ont en commun d’être le théatre de rituels religieux (Juhé-Beaulaton D. et Roussel B., 2002). C’est dans cette logique qu’une équipe de chercheurs ‘‘Ensemble Allons dans la Paix’’ affirme que : « la variété des rites pratiqués dans ces sites constitue une richesse culturelle exceptionnelle et fondamentale pour l’identité des populations de ces pays. Ils sont les lieux de résidence des dieux et des ancêtres auxquels les populations assignent un rôle protecteur de leur communauté ou de leur village. Les cérémonies y sont régulières pour diverses raisons (danses de purification et d'initiation, intronisation des chefs traditionnels, anomalies climatiques, événements nuisibles aux cultures, épidémies, réparations des dégâts dus à la foudre…). En effet, pour Juhé-Beaulaton D. et Roussel B (2002), les espaces concernés peuvent être des sites naturels : sources, étendues d’eau, chaos rocheux, termitière. Il peut s’agir aussi de divers éléments de la biodiversité : arbres et herbes, buissons, bosquets ou forêts, plantés ou spontanés. Il peut s’agir aussi de sites plus construits : sanctuaires, autels et représentations de divinités protectrices tels les grands legba anthropomorphes des carrefours, des marchés et des bords de chemin. 2-1-4-2 Les processus de sacralisation des sites sacrés Pour Juhé-Beaulaton. et Roussel (2012), les sites sacrés vodun sont plus ou moins étroitement liés à des éléments naturels : les sanctuaires du vodunMamiwata sont souvent situés sur les rivages marins sableux. Ceux de Dansu, aux trois visages, sont généralement au bord des fleuves et des étendues d’eaux stagnantes. Les autels de Dan et ceux dédiés à Aziza, le maître des plantes liturgiques, sont d’anciennes termitières alors que les chaos rocheux abritent les sanctuaires d’Aniygbanto, maitresse de la terre. Mais cela ne signifie pas pour autant que tous ces lieux soient systématiquement considérés comme sacrés. Il y faut en plus une manifestation inhabituelle ou étonnante qui, comme nous l’avons décrit précédemment, pourra être, après interprétation par le Fâ, considérés comme divine. Toutes les termitières ne deviennent pas un autel divin mais lorsqu’elles grandissent au pied d’un logoti, Miliciaexcelsa (Welw) C.C.Berg.ou d’un logoazanti

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(AntiarisafricanaEngl.), ou qu’elles sont habitées par un serpent, elles finissent souvent par être sacralisées. L’apparition spontanée d’une plante liturgique comme son installation volontaire (suivie d’une divination et d’offrandes pour demander l’accord des dieux) peut être à l’origine de la sacralisation d’un lieu : chez les adeptes des vodun comme ailleurs en Afrique et de par le monde(Michalon et Dury, 1998), l’apparition d’arbres de la famille des moracées(Antiaris, Milicia, Ficus) et de celle des Bombacacées (Adansonia, Ceiba, Bombax) ( cf Note 4) est généralement interprétée comme une manifestation divine. Mais bien plus que son identité botanique, l’histoire individuelle de l’arbre peut être à l’origine de son caractère sacré :à SejèDenu, l’arbre planté sur la dépouille mortelle d’un ennemi d’Alisu, fondateur du village, est un véritable gutin (Erythrina_senegalensis D.C.) ; à Allada, un fromager hunti (Ceibapentandra(Linn)Gaertn.) a été planté par Ajahuto afin « d’enterrer sa colère » ; cet arbre nommé Adanhunsa (adam : colère) est un lieu d’offrande. 2-1-4-3 Lien entre site sacré et la biodiversité La liaison la plus fréquemment invoquée par les adeptes eux-memes est celle qui existe entre site sacré et monde végétal. Les plantes, particulièrement les arbres (ati), et les formations végétales occupent une place essentielle dans la religion vodun( cf Note 5) et sont indispensables à l’accomplissement de presque tous les rituels. A chaque divinité est ainsi associé un certain nombre d’espèces ou de variétés végétales, les ama, dont la connaissance et l’emploi sont l’apanage jalousement tenu secret, des prêtres : connaitre toutes les plantes liturgiques d’un dieu et la façon de s’en servir, c’est être capable de le « faire travailler pour soi ». Lorsqu’une plante liturgique n’est pas présente spontanément sur un lieu sacré, elle y sera éventuellement installée par les chefs de cultes et leurs assistants. Ainsi, les couvents, les autels, les abords des legba, les haies des maisons des adeptes sont toujours plus ou moins abondamment complantées de Kpati, Newbouldialaevis (Beauv.nd) Seemann ex-Bureau, qui est certainement la plus utilisée des ama. Les sanctuaires des divinités proches de Hevieso (le dieu du tonnerre) et les sites consacrés aux ancêtres sont aisément identifiables par la présence d’alignement d’anyatin, Dracaena arborea Link. L’installation d’un autel à Tro, le plus répandu des goro vodu (vodunde la cola) nécessite la présence d’un goroti (Cola nitida (Vent.)Schott.et Endl.). Certaines offrandes expiatoires (vosa) appelées adradide (malheur.éloigne) demande que l’on installe près du legba du village une bouture de Ficus politaVahl. C’est ainsi que Souza de et al. (1984) ;Guelly et al. (1993) affirment qu’ils comprennent pourquoi d’une manière générale les sites consacrés aux vodun sont souvent boisés. Cette particularité est d’autant plus accentuée que bien que nous nous trouvions dans

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ une zone de savane(le Couloir du Dahomey) la dynamique actuelle de la végétation est spontanément forestière lorsque les feux et l’abattage sont interrompus. Dans les cérémonies vodun, les lieux couverts de ligneux sont généralement considérés et utilisés comme des endroits fafa ou fifa ; cest-à-dire frais, sains, saints, paisibles (cf Note 6). C’est dans ces forêts que sont récoltés un grand nombre de plantes liturgiques et médicinales (cf Note 7) (ama). Lors des migrations, les déplacements étaient orientés par la recherche de forêts pour installer les vodun et la plupart des installations humaines sont encore actuellement situés non loin d’îlots boisés, restes de couverts forestiers anciens ou créations plus ou moins récentes et complètes (Juhé-Beaulaton et Roussel, 1998).

2-1-5 Analyse du cadre juridique des forêts sacrées au Bénin

L’ONG Grabe-Bénin et la Fondation GIADA ont porté leur interêt analytique sur la forme et le fond du cadre juridique.

2-1-5-1 Sur la forme

Sur la forme, on note une harmonie entre les différents textes juridiques. Les règles de suprématie entre les textes sont respectées et on observe une concordance entre les dispositions des textes supérieurs et celles des textes inférieurs. Il n’existe aucune contrariété entre les motifs et les dispositifs. Les textes sont conséquemment pris jusqu’au niveau communal (les arrêtés communaux) ce qui traduit un souci de proximité dans la mise en place des outils juridiques qui encadrent la gestion des forêts sacrées.

2-1-5-2 Sur le fond

L’intérêt des décideurs au fond est riche ; on peut noter :

2-1-5-2-1 Le champ d’intérêt de l’étude : l’importance des divinités.

La notion de divinités vénérées par les populations est intimement liée à la nature de forêt sacrée. Ces divinités qui relèvent des usages, de la croyance et des cultes pratiqués dans le milieu confèrent à toute forêt son caractère sacré. Il s’ensuit qu’il ne peut y avoir de forêt sacrée sans la prise en compte des pratiques culturelles et religieuses des populations. Les pratiques culturelles et religieuses étant diverses et variées au Bénin, les forêts sacrées auxquelles elles se rapportent sont tout à fait aussi variées et diverses. Mais, cette variété des forêts sacrées se soumet à une même autorité juridique, la loi, qui est par ailleurs de portée nationale.

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2-1-5-2 -2 Un lien de cause à effet entre la forêt et la forêt sacrée

En analysant la démarche du législateur, il est constant de relever que la forêt sacrée n’aurait pas d’existence juridique sans la prise en compte de la forêt tout court. Cette démarche du législateur apparaît comme une évidence : la forêt sacrée est d’abord une forêt qui relève donc de l’environnement, avant d’être baptisée sacrée en raison des divinités qui entourent son existence. La précision est utile pour l’analyse car ce faisant le législateur béninois a pris le soin de soumettre les divinités et leurs manifestations à l’autorité de la loi, comme pour rappeler aux dignitaires des divinités que « nul n’est au-dessus de la loi ». Et c’est là que réside tout l’intérêt des textes de loi portant régime des forêts sacrées au Bénin. En conséquence de ce qui précède, on note une harmonie entre les textes régissant les forêts au Bénin et ceux traitant des forêts sacrées. Mieux, à part certaines dispositions spécifiques aux pratiques de divinités, les dispositions régissant les forêts sacrées tirent leur substance des dispositions qui régissent la forêt au Bénin. C’est le cas des infractions commises par les adeptes des divinités des forêts sacrées. Ces infractions relèvent de la compétence de la loi portant régime des forêts et celle portant régime de la faune. Ce faisant, le législateur béninois a bien voulu encadrer les activités des adeptes des divinités qui ne peuvent pas faire n’importe quoi dans les forêts sacrées, prenant ainsi en compte plusieurs intérêts : la préservation de la biodiversité, la sécurisation et la préservation de la faune, le développement du tourisme, la promotion de l’économie, etc. La protection de la forêt et de la faune a été une constante préoccupation du législateur qui a mis les bornes nécessaires, faites d’interdiction, d’autorisation préalable, voire de répression des actes et activités des dignitaires de divinités.

2-1-5-2-3 L’implication des populations et des acteurs concernés dans la gestion des forêts sacrées

Prenant en compte le contexte démocratique du pays, le législateur béninois a pris des mesures pour fortement impliquer les populations locales et les acteurs concernés dans le processus de gestion, de production et de sécurisation des forêts sacrées.

2-1-5-2-4 Du respect des traités et accords internationaux

Le cadre juridique et institutionnel de gestion des forêts sacrées est respectueux des accords et traités internationaux notamment : x la convention sur la diversité biologique ; x la convention sur la lutte contre la désertification ;

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x la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction ; x la convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage ; x la convention relative aux zones humides d’importance internationale, particulièrement connues comme habitats des oiseaux (convention de Ramsar) ; x la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et le protocole de Kyoto. Des dispositions sont en outre prises pour renforcer la collaboration et la coopération avec les Etats voisins en matière de préservation et de gestion des aires protégées. En dehors des conventions dont le Bénin est partie, il y a également des lois et leurs textes d’application qui régissent le secteur forestier béninois.

2-1-5-3 Des arrêtés communaux ou municipaux

Dans l’esprit du cadre juridique ainsi tracé, les Maires ont pris d’importants arrêtés spécifiques à chacune des forêts de leurs localités respectives. Ces arrêtés ont respecté les dispositions juridiques sus visés et ont réglé la question de l’intégration des forêts sacrées comme défini plus haut.

2-1-5-4 Les limites

La flore a été la grande oubliée de ce dispositif juridique. Très peu d’attention a été accordée à la flore par le législateur. Or, dans les forêts, il y a encore quelques reliques de plantes précieuses en disparition et qui constituent une perte irremplaçable à tous points de vue, pharmacopée, médecine traditionnelle, pharmacie, etc. 2-1-6 Analyse des modes de gestion traditionnelle des forêts sacrées La grande majorité des forêts sacrées sont des espaces à vocation de protection. Le système de gestion est basé sur le respect de la tradition et des interdits et le pouvoir des dignitaires. La gestion des forêts sacrées procède d’un modèle typiquement traditionnel. Elle est basée essentiellement sur des interdits. Or, un système de conservation fondé simplement sur des craintes ne peut être que fragile avec le temps au vu des brassages socio-culturels et de l’évolution des mentalités. Dans le contexte actuel, la gestion des forêts sacrées basée

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ exclusivement sur la crainte du sacré n’est plus pertinente ou efficace dans un système où chacun est libre de croire en ce qu’il veut. (ONG CeSaRen) A l’ONG Grabe-Bénin d’ajouter que la société endogène du Bénin caractérisée par la forte présence du vodun est une société, au départ très structurée et bien organisée autour des valeurs cardinales de solidarité et d’amour. Ce dispositif social ajouté au caractère animiste du vodun a permis, pendant longtemps, de veiller sur la biodiversité en ayant recours à ses sociétés et autres techniques de gestion communautaire et de leadership bioculturel. Elle s’est donnée beaucoup de moyens pour sauvegarder la biodiversité. De l’initiation au bannissement en passant par une surveillance accrue de l’observance des interdits, le vodun et la communauté des vodouisants ont réussi à maintenir toutes les espèces qui entrent dans les liturgies vodun et dans la biomédecine. Cette société a également eu recours à une régulation sous surveillance des exploitations pour protéger les ressources naturelles contre les abus. Tout le monde est d’accord pour reconnaitre que la présence d’un vodun ou de son attribut dans un espace est synonyme de respect et de contrôle. C’est pour mieux expliquer l’apport des communautés locales et autochtones et pour aborder dans le même sens que l’association Forest Peoples Programme (2016) affirme que les systèmes coutumiers des peuples autochtones et communautés locales relatifs à leurs terres et ressources offrent un potentiel considérable de contribution aux efforts pour réduire les pressions sur la biodiversité et développer des formes d'utilisation plus durables. Par exemple, les recherches ont montré que les taux de déforestation des forêts gérées par les communautés dans les zones tropicales sont inférieurs à ceux des aires strictement protégées, et que l’autonomie locale dans l’établissement des règles est associée à une meilleure gestion des forêts. De plus, elles ont montré que si les terres sont suffisantes, les cultures itinérantes traditionnelles de l'Asie du sud et du sud-est sont durables, que la gestion traditionnelle des feux est souvent bénéfique pour la biodiversité, et enfin que de nombreux systèmes coutumiers de pêche limitent les quantités et les effets des prises. Les systèmes coutumiers peuvent contribuer à instaurer à plus grande échelle des pratiques plus pérennes axées sur les écosystèmes. Au moyen de leurs systèmes fonciers coutumiers et d'utilisation des ressources et de la protection des aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire, les peuples autochtones et les communautés locales œuvrent à la réduction des pressions anthropiques sur les récifs coralliens et les autres écosystèmes vulnérables. Ils limitent par ailleurs les niveaux locaux et mondiaux de pollution en préservant et en améliorant les pratiques agricoles traditionnelles. De plus, la surveillance environnementale exercée par les peuples autochtones et les communautés locales joue un rôle de plus en plus important dans

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ les efforts pour contrôler les espèces exotiques envahissantes, tout comme dans les systèmes d’alerte précoce et de prévention des risques. Comme les campagnes et les procédures en justice, cette surveillance exige des pollueurs, qu'ils répondent de leurs actes. A cette association de signaler, que concernant le but C de la CDB, de nombreux peuples autochtones et communautés locales gèrent activement leurs terres et eaux coutumières selon des moyens qui permettent de les conserver efficacement. Ces moyens méritent d’être plus largement reconnus et soutenus. Cette relation positive est illustrée par les aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire, qui figurent parmi les mesures de conservation de territoires ou aires les plus efficaces et couvrent environ 12 % de la superficie terrestre mondiale. De nombreuses espèces menacées, notamment des espèces emblématiques, sont activement conservées par les peuples autochtones et les communautés locales au moyen de règles et lois coutumières qui orientent et restreignent leur utilisation. Par ailleurs, les communautés sont de plus en plus actives dans la surveillance des espèces menacées et l’identification précoce des problèmes ou menaces. Les peuples autochtones et communautés locales contribuent également au maintien de la diversité génétique, en particulier grâce à leurs pratiques agricoles, qui souvent permettent de tirer d’importantes leçons pour établir des stratégies plus générales de protection de la diversité génétique. Le maintien de la diversité des cultures dans les exploitations agricoles et des espèces sauvages apparentées est étroitement lié à la sécurité alimentaire et à la sécurité des revenus. À cet égard, les femmes autochtones jouent des rôles particulièrement importants, puisqu’elles prennent souvent des décisions essentielles concernant les variétés de semences à conserver, propager ou éliminer. Les communautés d’éleveurs de bétail (pastoralistes) sont primordiales pour garantir la survie des différentes espèces, contribuant à préserver la diversité génétique des animaux d’élevage et domestiques. Enfin, concernant le but D de la CDB, l’association Forest Peoples Programme (2016) montre que les peuples autochtones et communautés locales du monde entier s’efforcent de protéger, de conserver et de rétablir la diversité biologique et les écosystèmes sur leurs terres et territoires. Les preuves de l’efficacité de leurs actions sont de plus en plus nombreuses et convaincantes. Certaines actions au niveau des écosystèmes incluent la cartographie territoriale et culturelle de la communauté, la cartographie des vulnérabilités et de la résilience, l'élaboration participative de plans d'utilisation des terres et de plans territoriaux, et la surveillance communautaire afin de faire le suivi des pressions externes, de la santé des écosystèmes et des changements dans l'utilisation des terres. Grâce à leurs systèmes de savoirs traditionnels et de gestion des ressources naturelles, et au moyen de recherches et actions

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ participatives, les peuples autochtones et les communautés locales ont également apporté des contributions majeures à la consolidation de la résilience socio-écologique à la variabilité environnementale et au piégeage de carbone. Les pastoralistes et les petits exploitants agricoles ont mis au point une série de stratégies pour l'utilisation durable des terres infertiles impropres aux cultures. Concernant le partage des avantages, certains peuples autochtones et communautés locales ont déjà commencé à faire usage du Protocole de Nagoya sur l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation en vue d’obtenir la reconnaissance de leurs savoirs traditionnels, de tenter d’obtenir une part des avantages découlant des produits commerciaux fondés sur l’utilisation traditionnelle des ressources génétiques, et de développer des protocoles bioculturels. Les peuples autochtones ont également contribué aux plateformes mondiales qui proposent des occasions d’approches collaboratives, comme l’Initiative de Satoyama, qui adopte une approche inclusive et offre des outils pour mieux comprendre et soutenir les espaces terrestres et maritimes de production socio-écologique. Toujours dans la même perspective,Ctiandrakanth et al.,2004 (cité par Yelkouni,2005) estiment que la prise en compte des traditions dans la gestion des ressources naturelles, à travers des éléments de la culture, est primordiale. Car le culte des ancêtres ou des forêts sacrées a un rôle stabilisateur dans le village (Baland et Platteau,1996). Dans notre étude de cas, l’existence de bosquets sacrés au sein de la forêt de Tiogo est importante. L’entretien des bosquets sacrés consiste, pour les habitants, à couper les mauvaises herbes tout autour. Il est interdit d'y pénétrer ainsi que d'y couper du bois. Enfreindre ces règles est passible de sanction. Cette protection est nécessaire, voire obligatoire, car la disparition des bosquets, selon les chefs de terre, est synonyme de disparition de la forêt elle-même et de la vie dans les villages riverains (Yelkouni,2004). Les bosquets sacrés s'intègrent dans un environnement global qu'est la forêt à celle de la forêt. Leur fonction sociale est alors un atout pour inciter les populations à s'organiser et à s'impliquer de manière collective dans I ‘entretien de la ressource. Il est donc nécessaire de situer la responsabilité des acteurs qui résident autour de la forêt. Ainsi, pour les auteurs (Ostrom, 2003 ; Baland et Platteau, 1996, cité par Yelkouni,2005), la responsabilisation des usagers d'une ressource apparaît lorsqu'ils définissent eux-mêmes, sans une contrainte extérieure, les règles d'exploitation et d'accès au bien. Pour Naba (2000) (cité par Yelkouni,2005), cette responsabilisation se définit comme un ensemble de mécanismes grâce auxquels les communautés rurales, à travers leurs représentants, influencent les décisions qui les affectent. En d'autres termes, pour bien gérer la forêt de Tiogo, il faut des règles établies et acceptées par les riverains. Sur la base des

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ enquêtes et des entretiens avec les chefs de terres, certaines règles semblent être importantes et peuvent constituer un minimum de règles de bonne gestion de la forêt. Une synthèse de ces règles est la suivante :respect des lieux sacrés dans la forêt ; respect des coutumes du village par les autochtones et par les immigrés ; mise en place de règles pour l'entrée dans la forêt ; limitation de la quantité de bois coupée ; fixation du prix du bois par les villageois ; surveillance de la forêt par les villageois ; plantation d'arbres dans la forêt par les villageois ; interdiction d'avoir des champs dans la forêt ; sanctions pour le non-respect des règles établies. Kokou et al,. (2005) ont signalé qu’ils existent des contraintes pour la sauvegarde de des îlots forestiers dans le Sud-est du Togo qui sont les suivantes :

x Les conflits autour de la ressource foncière qui ont déjà fait disparaître des forêts sacrées et menacent plusieurs autres. Ils éclatent souvent au sein des populations riveraines ou de la famille à laquelle appartiennent les dieux de la forêt. Par exemple, un hameau peut contester l'appartenance historique d’une forêt sacrée aux propriétaires légaux ou encore les membres d’une famille responsable d’une forêt peuvent se disputer la terre, une partie peut vouloir la raser pour en faire un champ, l’autre peut vouloir la garder pour protéger les dieux de la forêt ; x La croissance démographique et le développement horizontal des agglomérations. L'extension des cultures vivrières suite à la croissance démographique vertigineuse exige la recherche permanente de terres cultivables. Ainsi, les champs sont étendus jusqu'à la lisière des forêts sacrées (Figure 3). Mais les graminées qui envahissent ces champs après la mise en jachère intensifient les incendies de forêt. Dans l’aire d’étude, notamment dans la région de Vogan, il existe plusieurs bosquets qui ne dépassent pas 100 m2, justement à cause du grignotage. En outre, la croissance horizontale des villes et des villages environnants se fait au détriment des forêts sacrées. Nombre de forêts sacrées sont devenues des décharges publiques ; x La classe de gardien vieillissant. Beaucoup d'îlots forestiers actuels doivent leur existence au rôle religieux ou protecteur des responsables locaux, dont l’autorité est encore reconnue dans certains villages. Mais les personnes qui jouent ce rôle appartiennent à une classe d'âge qui disparaît ; les jeunes n'ayant pas les mêmes visions. Le décès d’un prêtre d’une divinité de forêt sacrée peut conduire à l’abandon de celle-ci par la population, puis à son défrichement ;

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x L'évangélisation des populations qui se désintéressent des pratiques ancestrales. Le développement du christianisme et l'installation d'immigrants, non adeptes du culte vaudou dans les villages, ont considérablement réduit la protection dont jouissaient ces forêts sacrées ainsi que les animaux qu'elles abritent.

2-1-7 Fonctionnement interne de la gestion de la mare sacrée Zèkpon

D’après les études réalisées par Todagban (2017), 67,07% de la population enquêtée déclarent qu’il existe un comité de gestion du site tandis que 12,19% certifient qu’il n’y en a pas. Par ailleurs, 20,73% n’en affirment ne rien savoir de l’existence ou non d’un comité de gestion. Donc la population enquêtée estime majoritairement qu’ils savent qu’il existe un comité de gestion. Et toujours de la même source, on retient que c’est une minorité de la population qui ont connaissance du mode de fonctionnement. Cette population estime que le site de Zèkpon est mal géré. D’aucun affirme que c’est à cause de l’absence d’une politique de gestion et d’autres estiment qu’il y a plutôt une appropriation du site par une minorité.

2-1-8 Patrimoine culturel et collectivités locales Les différentes civilisations qui ont succédé le continent africain ont légué pas mal de patrimoines. Ces derniers témoignent de l’inventivité des peuples africains par laquelle ils ont su exploiter les ressources naturelles pour produire des résultats ingénieux dans le but d’assurer leur survie dans des contextes parfois difficiles ou encore des migrations forcées (Convention France-UNESCO/CRAterre ENSAG, 2006, cité par M’po, 2018). Ces résultats rendent compte de l’originalité des peuples africains dans bien de domaines à savoir la pharmacopée, le mobilier, les objets usuels et culturels, l’habillement, etc. Cette originalité s’exprime également dans la manière d’appréhender et d’aménager le territoire. En effet, l’étude de ces patrimoines permet de comprendre le monde d’aujourd’hui et de préparer celui des générations futures face à l’évolution croissante et sans répit du monde. Toutefois des raisons qui, parfois, ne relèvent pas forcément des détenteurs ou dépositaires de ces biens patrimoniaux, les poussent à délaisser ou à ignorer leur identité, comme vecteur de développement et de stabilité (Convention France-UNESCO/CRAterre ENSAG, 2006, cité par M’po, 2018). Les raisons évoquées par les auteurs du guide à l’attention des collectivités locales africaines intitulé « Patrimoine culturel et développement » sont liées aux éléments naturels (pluie, vent, végétation, etc.) voire les conditions physiques et sociales de leur entretien ou de leur protection qui changent parfois, drastiquement (respect des interdits, savoir-faire, disponibilité des matériaux, etc.).

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Ainsi, pour que ne disparaissent à jamais ces héritages, selon les auteurs dudit guide, les collectivités locales dotées dans le cadre de la décentralisation, d’une personnalité juridique et de l’autonomie financière sont donc amenées à préserver et à mettre en valeur les patrimoines qui fondent leur identité. En réalité, le lien entre patrimoine culturel et collectivité locale n’est plus à démontrer. Ceci devrait être le cas, pour les élites communales d’Avrankou de contribuer à la préservation des sites sacrés et autres lieu de culte qui représentent pour ses populations traditionnelles, l’expression de leur identité culturelle et de leur ingéniosité à contribuer à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable, à travers la conservation de la biodiversité sur les sites sacrés. En effet, si l’engagement de l’Etat reste fondamental, car la politique du patrimoine relève de sa compétence, c’est à l’échelle locale que se joue l’articulation entre patrimoine et projet urbain ou encore, patrimoine et projet de territoire. Les collectivités locales doivent travailler avec les populations à la base sur la base d’un plan de développement local et de sauvegarde du patrimoine contenant les outils de gestion du patrimoine tout en mettant en œuvre des projets de conservation des biens patrimoniaux. Le même guide informe que la principale condition de recevabilité de cette articulation est soumise à une condition d’ordre institutionnel et réglementaire : les responsabilités prises par les collectivités locales en matière de gestion du patrimoine culturel doivent être légalement reconnues et le partage de compétences entre l’Etat et les municipalités clairement défini. Les compétences des collectivités locales en matière de gestion du patrimoine ne posent aucun problème. Mais, il est de mise que les politiques patrimoniales dépendent du dynamisme de ces dernières et de la considération que revêt la culture aux yeux des décideurs locaux. Ils rappellent par ailleurs, que les compétences en matière de patrimoine relèvent des professions spécifiques et en constante évolution qui, d’ailleurs sont absentes dans les communes. Ils préconisent pour ce faire, de former et de recruter des professionnels compétents tels que des architectes, des urbanistes spécialisés, des ingénieurs, des historiens, des ethnologues, des archéologues, des entrepreneurs culturels, etc. Ils appellent les collectivités locales à relever ces défis aux fins de voir leurs identités culturelles sauvegardées à travers les générations car elles sont dotées des compétences nécessaires pour y parvenir. Les modèles de développement appliqués pendant longtemps ne prenaient pas en compte les valeurs identitaires des peuples auxquels ils sont appliqués. Ceci témoigne de leur inefficacité et justifie cet écart entre nations (Bajoit, 1997). Des présents travaux, il ressort que la valorisation du patrimoine culturel, et donc, des traits caractéristiques des peuples est un

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ facteur essentiel de développement. A la suite de la revue de littérature, nous allons présenter le modèle d’analyse utilisé dans le cadre de cette étude.

2-2- Modèle d’analyse Dans le cadre de cette recherche nous avons opté pour la théorie ou l’utopie de l’identité culturelle de Guy Bajoit (1997) comme modèle d’analyse. Cette théorie qui a fait son apparition dans les années 80 est née pour corriger les théories du progrès, qui ne prenaient pas en compte les valeurs identitaires (religion, coutumes, les modes de gestion, les pratiques cultuelles, …) des peuples comme facteur possible de développement. Elle vient inventer de nouveaux concepts et de nouvelles théories, capables tout à la fois d'intégrer le passé et de comprendre l'avenir." Elle se fonde par ailleurs sur les biens patrimoniaux (connaissances, pratiques, biens des générations anciennes) qui constituent le socle de référence capable de booster le développement d’un territoire. C’est le cas pour cette recherche dans laquelle les modes de gestion traditionnelles des générations anciennes constituent une base identitaire pour les différentes couches de la communauté dans la conservation de la biodiversité sur les sites sacrés. Le patrimoine culturel est révélateur des valeurs culturelles d’une communauté donnée et peut faire le bonheur de tout territoire s’il est bien exploité par les décideurs à la base. L’identité culturelle apparaît ainsi comme un facteur majeur de développement. Aussi, la mise en valeur des sites sacrés dont les forêts sacrées et les cours d’eau sacrés qui relèvent de la compétence de la commune favoriserait-elle son développement et permettrait de conserver cette richesse. La théorie de l’identité culturelle est un modèle de développement qui met au centre le « peuple » comme acteur principal de développement. Bajoit (1997), dans sa communication sur les théories du développement (Seconde version), affirme que malgré les beaux discours pour promouvoir le développement, les inégalités de développement ne cessent de grandir : la majorité sauf quelques exceptions des pays est en « stagnation durable » plutôt qu’ « en voie de développement ». Pour lui, la coopération qui existe entre nations n’est pas une mauvaise chose en elle-même mais elle ne constitue pas le facteur essentiel de développement. Il suppose que le facteur essentiel de développement doit nécessairement prendre en compte la dimension culturelle qu’il considère comme la cause première du sous-développement des bénéficiaires de projets de développement. Pour sa part, les modèles de développement sont inefficace parce qu’ils sont inadaptés aux cultures des peuples auxquels ils sont appliqués ; ce qu’il qualifie donc d’impérialisme culturel. Les sites sacrés (la mare d’eau « zêkpon » et la forêt sacrée de kogbomè), en effet, sont des patrimoines

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Tableau I: Récapitulatif sur la théorie de l’identité culturelle selon Bajoit (1997) Cause ? La cause est bien culturelle. Les modèles de développement sont inefficaces parce qu’ils sont inadaptés aux cultures des peuples auxquels ils sont appliqués. Impérialisme culturel.

Définition ? Chaque peuple devrait inventer son propre modèle, conforme à son identité culturelle, son histoire, sa mémoire.

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Que faire ? La base territoriale du développement est le local (non le national) et le culturel (non le politique), ce qui implique une fédéralisation. Il faut sauver du passé tout ce qui peut l’être (religion, coutumes, technologies…) et sélectionner dans la modernité tout ce qui ne nuit pas à l’identité.

Qui ? Les élites culturelles des communautés

Exemples ? Cette préoccupation pour l’identité culturelle est présente dans beaucoup de pays : Japon, Chine, Pays musulmans, Indes, Europe des Régions…

Coopérer ? Mieux vaut ne pas intervenir : la coopération fait partie du problème et non de sa solution. « Restez chez vous ! »

Source : Bajoit, G. (1997), Les théories du développement (Seconde version) Le tableau ci-dessus présente les questions de la grille d’évaluation des théories de développement selon Bajoit (1997) d’une part et d’autre part les réponses possibles. Il fait une analyse profonde de la théorie sur l’identité culturelle et, on peut conclure que cette théorie prône un modèle de développement basé sur la culture des peuples auxquels les modèles de développement s’appliquent. Expérimenté dans plusieurs pays du monde à l’image du Japon, de la Chine, de l’Inde ou encore dans les pays musulmans, cette préoccupation de développement considère la coopération comme faisant partie intégrante du problème qui empêche ces communautés dotées de biens patrimoniaux d’asseoir leur autonomie. Elle stipule que les projets de développement partagés au sein de la coopération ne sont pas adaptés aux réalités culturelles des bénéficiaires. C’est pour cette raison que chaque peuple, en particulier, les élites culturelles des communautés doivent inventer un modèle de développement qui intègre ou prend en compte leur identité culturelle, leur histoire et leur mémoire. Cela suppose de sauver du passé tout ce qui peut l’être et sélectionner dans la modernité ce qui ne nuit pas à l’identité (Bajoit, 1997).

2-3- Clarification des concepts de la recherche Les concepts clés dans le cadre de cette recherche qui méritent un éclaircissement ont fait ici l’objet d’une clarification.

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2-3-1 Culture

Dans la politique culturelle de la République du Bénin (1991: 7-8), cité par M’po (2018), la culture est définie comme « la totalité des manières d’être, de savoir, de faire savoir, de produire et dereproduire nos moyens d’existence ». Selon la même politique, la culture est aussi comprise comme « l’action de l’homme sur lui-même et sur le monde pour le transformer et, par là,elle englobe la totalité de l’outillage matériel et immatériel, oeuvres et ouvrages d’art, savoiret savoir-faire, langues, modes de pensée comportements et expériences accumulées par lepeuple dans son effort de libération pour dominer la nature et édifier une société toujoursmeilleure… C’est dans et par la culture que se développe la créativité, facteur premier detout développement économique ». Ainsi, pour Robinson et Picard (2006), cité par KouaroumaroBaroka (2016) « la culture doit être considérée comme un ensemble de signes distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social et qui englobent, outre l’art et la littérature, les modes de vie, les façons de vivre ensemble, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances». Ce « réservoir commun » évolue dans le temps par et dans lesformes des échanges. Il se constitue en manières distinctes d’être, de penser, d’agir et decommuniquer. La culture est alors, selon le sociologue québécois Guy (1992) cité par KouaroumaroBaroka(2016), « un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d’agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent, d’une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte ». De l’ensemble de ces définitions, nous retenons pour le cas de notre recherche que la culture est un ensemble de manières ou pratiques ou le fait de penser, de sentir et d’agir propre à une communauté, partager par les membres de cette dernière et dont la mise en valeur peut être source potentielle de développement.

2-3-2 Identité culturelle

L’expression identité culturelle désigne selon Onana (2010)cité par Bani (2014), un « ensemble de traits culturels propres à un groupe ethnique, à une nation (langue, religion,etc.) qui lui confèrent son individualité, sa spécificité. C’est le sentiment d’appartenance d’un individu à un groupe (Bani, 2014: 26). Elle est révélatrice des traits caractéristiques que separtagent un groupe ou collectif d’individus par lesquels un individu pris spécifiquement se sent comme appartenant à ce groupe. Selon Seck (1981) cité par Bani (2014), l’identité culturelle désigne « les ressemblancesavec les autres membres du groupe et l’intégration

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ harmonieuse dans la société » (Bani, 2014: 27). Selon la même source, cette identité culturelle se présente pour un individu comme un sentiment d’appartenance à un environnement naturel et à un groupe social qu’il reconnaît comme siens, et dans lesquels il se reconnaît et se sent reconnu. L’identité culturelle, dans le cadre de cette recherche, rejoint la définition telle que l’envisage Bani (2014).

2-3-3. Patrimoine et Patrimoine culturel

La notion de patrimoine recouvre une multiplicité de clarifications. Celle-ci prend son sens suivant le domaine dans lequel il est défini ou étudié. En effet, le patrimoine a longtemps été considéré comme un mot ancien lié à l’origine aux structures familiales, économiques et juridiques d’une société stable, enracinée dans l’espace et le temps. Il est requalifié par divers adjectifs (génétique, naturel, historique, etc.), qui en ont fait un concept. Aujourd’hui, sous la double poussée de l’historicisme croissant et surtout la prise de conscience » de dangers engendrés par l’industrialisation, l’urbanisme et les nuisances qui en sont solidaires, le terme de patrimoine en est venu à désigner la totalité des biens hérités du passé (du plus lointain au plus proche). Juridiquement, le patrimoine est constitué par l’ensemble des biens qui appartiennent à une personne physique ou morale. Il inclut les droits et actions s’y rapportant (Kiki, 2009) cité par M’po (2018). Le patrimoine est ainsi défini comme l’ensemble des biens, droits et obligations ayant une valeur économique dont une personne peut être titulaire ou tenue. C’est aussi l’ensemble des éléments aliénables et transmissibles qui sont la propriété, à un moment donné, d'une personne, d'une famille, d'une entreprise ou d'une collectivité publique (Bani, 2014). Cette définition rejoint celle de Kiki (2009) selon laquelle le patrimoine désigne un bien commun, propre à une collectivité, un groupe humain considéré comme un héritage transmis par les ancêtres. Dans le cadre de cette recherche, on retient que le patrimoine désigne un bien collectif par lequel un peuple se reconnait et s’identifie à travers ce dernier. Par ailleurs, on parlera de patrimoine culturel d'un pays ou d’un territoire lorsqu’on est en face de ce qui est considéré comme l'héritage commun d'un groupe. On peut donc considérer le patrimoine culturel comme l'ensemble des biens, matériels ou immatériels, ayant une importance artistique et/ou historique certaine, et qui appartiennent soit à une entité privée,

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ soit à une entité publique (Bani, 2014). Il prend en compte non seulement les éléments matériels (édifices, monuments, sites, architecture, etc.) mais également immatériels (traditions, coutumes, contes, chants, danses, etc.).

2-3-4 Population traditionnelle ou société traditionnelle

Dans le cadre de cette recherche, on retient que le la population traditionnelle ou société traditionnelle désigne l’ensemble des communautés installées autour des sites sacrés et qui entretiennent un lien avec ces sites-là. C’est donc l’ensemble des individus qui pratiquent la tradition au sein de la population. Ainsi, on peut y retrouver : les chefs de culte, les dignitaires, les adeptes, les gardiens des forêts, les prêtres des divinités).

2-4- Problématique La Terre englobe de nombreuses espèces animales et végétales merveilleuses qui cohabitent sur différentes régions du monde et qui participent à l’équilibre de l’écosystème. Malheureusement, au cours des ans, ces espèces ont fait face à des menaces qui ont participé pour certaines, à les voir disparaître complètement. Entre 1970 et 2008, la biodiversité dans son ensemble a diminué de 28 %, selon un autre indice, l'indice Planète vivant du WWF, qui suit 9 014 populations appartenant à 2 688 espèces de mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons. Selon la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), inventaire de référence actualisé chaque année, 19 817 espèces s'avèrent menacées dans le monde, sur les 63 837 que l'organisme a passées en revue: 3 947 sont classées dans une situation critique, 5 766 comme en danger et 10 104 comme vulnérables. Dans le détail, 41 % des espèces amphibies, 33 % des barrières de corail, 25 % des mammifères, 20 % des plantes et 13 % des oiseaux sont menacés. Ainsi, loin de se limiter à la question de la disparition des espèces, cette érosion de la biodiversité touche les écosystèmes dans leur ensemble. L'évaluation des écosystèmes pour le millénaire, rapport publié par l'ONU en 2005, montrait ainsi que sur les 24 services rendus par les écosystèmes, liés à l'approvisionnement (en aliments, ressources naturelles, eau douce, ressources médicales) ou à la régulation (photosynthèse, régulation du climat, prévention de l'érosion ou pollinisation), 60 % étaient dégradés. Cinq grandes pressions sont pointées du doigt : la dégradation des habitats et des milieux naturels, la surexploitation des ressources naturelles (75 % des stocks de poissons sont surexploités), l'introduction d'espèces invasives par le commerce (qui concurrence les espèces locales, essentiellement sur les îles, où les grands prédateurs sont plus

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ rares), les pollutions (hydrocarbures, polluants organiques persistants ou métaux lourds) et le changement climatique. On comprend donc aisément qu’en matière de diversité biologique, les forêts tropicales ont une importance capitale pour l’écosystème mondial : entre 50% et 80% des espèces vivantes, animales et végétales, se trouvent au sein des forêts tropicales humides. Pourtant, des millions d’hectares sont anéantis par la déforestation chaque année, 13 millions d’après la Food et Agriculture Organization (FAO) des Nations Unies. Cela entraîne la disparition de ressources immenses, de terres fertiles, d’habitats, ainsi que la transmission de maladies infectieuses et que le dégagement de 25% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. À l’issue donc des grandes conventions de Rio en 1992, la gestion durable des ressources naturelles et la conservation de la diversité biologique sont devenues une préoccupation majeure pour les États Partis. Nombre d’espaces forestiers qui étaient auparavant négligés intéressent désormais les scientifiques et les organismes de conservation, qui ont engagé des actions de sauvegarde et de gestion durable (Hay-Edie, Hadley, 1998). De plus, lors de cette conférence, les Organisations Non Gouvernementales (ONG) ont fortement insisté sur le fait que les connaissances et pratiques traditionnelles forestières des peuples indigènes doivent être valorisées et maintenues et les droits traditionnels des peuples garantis. Sur le continent africain, les forêts sacrées sont signalées depuis très longtemps (Chevalier, 1933 ;Aubréville, 1937 ; Jones, 1963). Ceux qui soutiennent la thèse d’un déboisement exagéré dans le couloir du Dahomey ont vu en ses îlots de forêt les vestiges d’une ancienne forêt continue sur toute la côte ouest-africaine (Fairhead, Leach, 1998). Des études récentes (Kokou, 1998 ; Sokponet al.,1998 ; Sokpon, Agbo, 1999 ; Kokouet al.,1999 ; Sokpon, Ago, 2001) ont montré que ces fragments de forêt sont essentiellement des forêts sacrées, très nombreuses, relativement petites (entre quelques ares et 40 ha, parfois plus) et variées du point de vue physionomique, ethnique, géomatique, socioculturel et politique. Nous constatons à sa suite qu'une destruction rapide de ces différents éléments de la diversité biologique qui est surtout due aux actions entropiques (…). Le besoin des populations humaines en ressources naturelles s’accroît alors que parallèlement les infrastructures institutionnelles restent inadéquates, l’Afrique subit la destruction et la dégradation de vastes zones naturelles : des forêts et savanes jusqu’aux zones marines et d’eaux douces. Il urge donc de penser à gérer de façon rationnelle et juste la biodiversité pour pallier aux différentes situations ci-dessus citées. C’est ainsi que depuis quelques décennies, la gestion durable des ressources naturelles et la conservation de la diversité biologique sont devenues une préoccupation majeure à tous les niveaux.

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Le Bénin n’est pas considéré comme un grand pays forestier. Selon une enquête sur les forêts sacrées menées en 2003, au total 2940 sites ont été inventoriés pour une superficie totale de 18,360 hectares (environ 0,2% de la superficie du pays). Dans ce pays, 69,4 % des forêts sacrées recensées ont une surface inférieure ou égale à 1 ha, 18,3 % ont une surface comprise entre 1 et 5 ha et les plus grandes forêts (égales ou supérieures à 5 ha) représentent 12,3 % (Sokpon, Agbo, 1999). Ces forêts constituent en effet, un refuge pour beaucoup d’espèces animales, végétales et pour de nombreuses pratiques culturelles et cultuelles identitaires des peuples et des communautés, regorgent de nombreuses ressources génétiques et la nécessité de leur conservation n’est plus à démontrer. La valeur de conservation de ces forêts sacrées ne réside pas forcément dans leur taille mais dans leur valeur en tant que refuge pour la faune sauvage et les diverses espèces, leur importance potentielle en tant que forêts reliques et en tant que jardins botaniques pour les plantes médicinales largement utilisées partout dans le pays. En outre, bien que les forêts sacrées fournissent les mêmes avantages que les autres catégories de forêts, les textes en vigueur ne prennent pas suffisamment en compte la spécificité des aspects écologiques et socio-culturels. C’est ainsi qu’ils subissent ces dernières années des menaces liées à la pression foncière, à la coupe anarchique du bois de feu, à la surexploitation des ressources et aux pressions humaines multiformes. Les lois régissant les forêts et la faune, la loi-cadre sur l’environnement et les autres textes subséquents ne traitent pas des forêts sacrées de façon explicite. En raison du faible intérêt accordé aux forêts sacrées, très peu de ressources financières ont été mobilisées pour la recherche ou le développement d’activités de conservation. En matière de conservation des ressources, ces forêts relèvent du domaine protégé de l’Etat suivant les dispositions de l’article 10 de la loi n°93-009 du 02 juillet 1993 portant régime des forêts en République du Bénin. Elles peuvent certes bénéficier des dispositions prévues par la loi pour la gestion participative des ressources naturelles, mais, de par leur nature et leur rôle, elles méritent un statut de conservation spécifique qui prend en compte les perceptions et les logiques des sociétés traditionnelles. La conservation des forêts sacrées jusqu’ici s’appuie sur les interdits. En dehors du bienfait spirituel, la croyance procure-t-elle consciemment ou inconsciemment d’autres bonheurs à la population ? Avec la poussée des religions nouvelles (christianisme et Islam) au sein des sociétés traditionnelles et la pression démographique et foncière sont aujourd’hui, des facteurs de désacralisation et de dégradation de ces forêts.Au niveau local, bien que certaines sociétés traditionnelles propriétaires de forêts sacrées expriment leur inquiétude quant à la diminution des superficies de leurs forêts au jour le jour, les capacités des leaders traditionnels devant s’impliquer dans

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2-5- Hypothèses de la recherche

Partant des interrogations précédentes, nous postulons que :

H1: la présence des divinités, la pratique des rituels au sein des sites naturels et l’instauration des règles traditionnelles constituent les modes de gestion traditionnelles de conservation des sites sacrés.

H2 : l’efficacité de la sacralisation des sites naturels réside dans son caractère traditionnel de dissuasion des populations face à leurs imprévoyances et assauts incontrôlés.

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H3: les effets des religions modernes, l’absence de transmission intergénérationnelle des connaissances traditionnelles, l’urbanisation grandissante représentent les défis auxquels font face les modes de gestion traditionnelles des sites sacrés.

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CHAPITRE III: DEMARCHE METHODOLOGIQUE

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Suite à la présentation du cadre général de l’étude et de sa problématisation, il s’avère indispensable de préciser la démarche méthodologique empruntée pour mener la recherche. Elle consiste, dans le cadre de cette recherche spécifique, à préciser la nature de la recherche, la population d’enquête, à dégager l’échantillon requis, à préciser sa taille et à présenter la technique et les outils utilisés pour la collecte et le traitement des données.

3. Nature de la recherche, population d’enquête et méthodes d’échantillonnage

3-1 Nature de la recherche

Il s’agit d’une recherche à la fois qualitative et quantitative. Cette recherche vise à rechasser les modes de gestion traditionnelle utilisées par les populations traditionnelles de la forêt sacrée de Kogbomè et la mare sacrée Zêkpon en vue de conserver la biodiversité. Ensuite les forces et faiblesses de ces modes de gestion basées sur le sacré et enfin les défis auxquels elles font face de nos jours. Pour ce faire, une analyse des informations, opinions et apports des différents acteurs interrogés a été faite.

3-2 Population d’enquête

Il a été mis en exergue, à ce niveau, la population concernée par l’enquête d’une part et le processus qui a conduit à déterminer l’échantillon sur lequel a porté la recherche. La population peut être définie comme l’ensemble de tous les éléments au sujet duquel on souhaite faire des inférences (Tito, 2012) cité par Todagban (2017). De façon explicite, la population est constituée par l’ensemble des acteurs, unités ou objets qui sont potentiellement concernés par l’enquête. Dans le cadre de cette étude, la population d’enquête est composée de quatre groupes cibles : x le premier groupe cible est composé des autorités politico-administratives : il s’agit des autorités locales en charge de la gestion des sites sacrés dont des chefs des villages des différents sites sacrés ; x le deuxième groupe cible est composé des comités de gestion des sites, les chefs traditionnels, des sages; x le troisième groupe est composé de la population d’Avrankou notamment les dignitaires, les adeptes, des gardiens des sites sacrés, les communautés installées autour des sites sacrés ; x le quatrième groupe est composé des personnes ressources, des anciennes générations détentrices des informations dans le cadre de cette recherche.

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Dans l’incapacité de mener cette recherche sur toute la population d’étude pour des raisons temporelles, financières et matérielles, il s’est avéré nécessaire de déterminer un échantillon précis.

3-3 Echantillonnage

L’échantillonnage est la méthode utilisée pour déterminer la portion ou un sous ensemble de la population sur laquelle va porter une recherche. En statistique la notion d’échantillon désigne un sous ensemble d’individus extraits d’une population initiale, sur lesquels vont être étudiées des grandeurs aléatoires. Ainsi, selon Fourn (2002) (cité par Todagban, 2017) « l’échantillon est une portion de la population sur laquelle porte l’étude » Autrement dit, ceux auprès de qui les informations sont collectées pour mener à bien cette recherche. Il est procédé pour répondre aux difficultés relatives à certaines variables liées au temps et aux moyens financiers. La présente recherche s’est déroulée dans la commune d’Avrankou et porte sur un échantillon bien défini. 3-3-1 Méthode d’échantillonnage La méthode d’échantillonnage consiste à définir un groupe de sujets appelé échantillon, qui est un sous-ensemble de la population cible. Dans le cadre de cette étude, les méthodes probabiliste (technique aléatoire) et non probabiliste (choix raisonné et boule de neige) ont été utilisées. 3-3-2 Technique d’échantillonnage Dans le cadre de cette recherche, trois techniques sont utilisées : la boule de neige, le choix raisonné et le choix aléatoire. Le choix de la technique de boule de neige se justifie par le fait que les acteurs, surtout les dignitaires, les adeptes, les prêtres vodoun et autres qui ont fait l’objet d’enquête sont difficilement repérables. Nous ne disposons pas de leur répertoire. Pour compléter et rendre plus efficace les résultats, la boule de neige est couplée avec le choix raisonné. Cela se justifie par le fait que, selon Lambin et al. (1982) (cité par Todagban, 2017), « l’échantillon raisonné est l’échantillon pour lequel il y a souci de représentativité en ce sens que l’analyse cherche à inclure les individus les plus susceptibles d’apporter une information ». Le choix aléatoire a été utilisé comme technique pour déterminer dans les villages présentant les sites sacrés, les personnes susceptibles de nous fournir les informations concernant leur interaction avec les sites. A cet effet, les personnes retenues pour l’interview ont été celles capables de fournir des informations utiles à la recherche suivant la grille de critères d’inclusion que nous avons élaborés :

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¾ Autorités politico-administratives en service dans la commune d’Avrankou

- être une autorité politique ou administrative exerçant dans le milieu

- avoir une connaissance des sites sacrés en étude - avoir accepté de se prêter à l’enquête. ¾ les chefs traditionnels, les chefs de culte, les hauts dignitaires - être un chef traditionnel ou un chef de culte ou hauts dignitaires - avoir participé au comité de gestion de site ou détenir un droit de parole dans la population - avoir accepté de se prêter à l’enquête. ¾ Population installée autour des sites d’Avrankou - être natif d’Avrankou - avoir une certaine connaissance sur le site - avoir accepté de se prêter à l’enquête ¾ les personnes ressources - être soucieux de l’avenir des sites sacrés - être une personne ressource dans la communauté - détenir des informations concernant la conservation de la biodiversité - avoir accepté de se prêter à l’enquête 3-3-3 Taille de l’échantillon La taille de l’échantillon équivaut au nombre total d’acteurs auprès de qui les informations ont été collectées pour mener cette recherche. Ainsi, le nombre d’interlocuteurs questionner dans le cadre de cette recherche est indiqué dans le tableau IV ci-dessous : C’est la formule de SCHWARTZ qui a été utilisée pour déterminer la taille minimale (n) de l’échantillon des personnes à enquêter dans la population des arrondissements de kogbomè et Ouanho.

= , où ૛ ࢚ ࢖ࢗ ૛ ࢔(n) est࢓ la taille minimale de l’échantillon ; (t), le niveau de confiance à 95%; (m), la marge d’erreur à 5% (valeur type de 0,05) (p), le taux estimatif du nombre de personnes susceptibles d’être enquêtées (pratiquant de la religion vodoun) dans la commune d’Avrankou. Ce taux est le rapport entre l’effectif total des personnes susceptibles d’être enquêtées sur la population totale de la commune d’Avrankou.

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L’effectif de la population du village de Kogbomè est de 1 264 (RGPH-4, 2013) ; L’effectif de la population du village d’Ouanho est de 3 702 (RGPH-4, 2013) ; L’effectif total des populations des deux arrondissements est de4 966; ¾ Déterminons t ʌ(t)- 1 =1-Į avec Į le risque et varie en fonction du niveau de confiance 2ʌ(t)- 1-1=- Į ʌ(t)- 1-1=- Į ʌ(t)- 2=- Į ʌ(t)= - Į+2 or Į=0,05 2ʌ(t)= -0,05+2 = 1,95 ʌ(t) =1,95/2 ʌ(t) = 0,975 ʌ(t) = ʌ(1,96) t = 1,96 (p)= 14,5% selon le PDC 3 de la commune d’Avrankou (p)=0,145 (q), la population. q= 1-p = 1-0,145 = donc q= 0,855 Partant de ces données, n= (1,96)2x (0,145 x 0,855) / 0, 0025 = 190,504944 Pour des raisons de précision, cet échantillon a été arrondi à 191 sujets. Donc, 191 personnes vivantes dans les villages ont été retenues dans le cadre de ce travail.

Tableau II: Répartition des cibles de l’échantillon

N° de Cibles Effectifs catégorie

1 Autorités politiques et administratives 01

4 Population 191

5 Personnes ressources 02

Total 194

Source : Données issues de l’échantillonnage, Novembre 2018

Au total, 194 personnes sont concernées par les investigations de cette recherche.

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3-4-Techniques et outils de collecte des données

Pour recueillir les données indispensables à la présente recherche, le choix a été porté sur le questionnaire, l’entretien et la recherche documentaire. Mais une pré-enquête et un pré-test ont été réalisés avant le démarrage effectif de la collecte des données.

3-4-1-La pré-enquête La pré-enquête a permis d’avoir une meilleure connaissance de la zone d’étude et une meilleure approche de la problématique de cette recherche. Aussi, a-t-elle permis d’identifier les dignitaires et les chefs traditionnels à considérer dans l’échantillonnage d’une part et de prendre contact avec certaines cibles pour faciliter l’entretien.

3-4-2 Le questionnaire

L’enquête par questionnaire est une technique d’investigation qui a été utilisée parce que la recherche menée est de types quantitatif et qualitatif. Le questionnaire a été élaboré en fonction des objectifs de la recherche, des variables à saisir et des informations à recueillir. Pour administrer les questionnaires, il s’est agit de se rendre librement sur les différents sites identifiés pour la recherche afin de rencontrer des sujets concernés. A chaque fois, quelques minutes ont été sollicitées auprès des sujets rencontrés afin de leur administrer le questionnaire. Les hauts dignitaires, les adeptes, les chefs traditionnels et autres étant majoritairement non-instruits, ils ont été aidés pour remplir les questionnaires. Ceci a permis de limiter les mauvais remplissages, les pertes de questionnaires et de rendre les informations plus aisément exploitables.

3-4-3 L’entretien

L’entretien a été choisi comme technique d’investigation parce que la recherche est aussi de type qualitatif. L’entretien guidé a été choisi parmi les autres types d’entretiens afin de canaliser les interventions. Il a été adressé :

- aux autorités communales, - aux personnes ressources, - aux hauts dignitaires, aux chefs de culte, et aux adeptes du vodoun.

Cette recherche est donc à la fois de type qualitatif et quantitatif. Cela signifie que l’interprétation et l’analyse des résultats se sont basées aussi bien sur le contenu du discours des sujets entretenus que sur des données chiffrées.

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Il est à noter que pour la collecte des données, il s’est agi de solliciter le concours d’un jeune, natifs du milieu, parlant couramment le ‘’tori’’ et le ‘’goun’’ afin de mieux favoriser l’intégration du milieu et susciter la confiance des sujets. Cette phase de collecte s’est déroulée du 28 novembre au 30 novembre 2018.

3-4-4 La recherche documentaire La recherche documentaire, a permis de consulter et lire divers ouvrages, documents, mémoires, thèses, rapports et articles, relatifs aux pratiques communautaires ou modes de gestion des sites sacrés afin de conserver la biodiversité. Elle a été réalisée dans les centres de documentation de la bibliothèque nationale, la bibliothèque de l’INJEPS ainsi que sur des sites internet. Ces documents consultés, ont permis de bien cerner les concepts et d’avoir d’amples informations relatives aux points de vue des auteurs qui ont mené des études sur la conservation de la biodiversité. 3-4-5 Matériels de terrain

Dans le cadre de cette recherche, l’usage des instruments techniques utiles à l’accomplissement des activités sur le terrain a été fait. Il s’agit précisément d’un appareil Tablette de marque (Tecno, 18MGP derrière, 8MGP avant ), un appareil téléphonique de marque (TECNO, C8). La tablette m’a permis de prendre les images de quelques sites qui servent de lieu de culte et de réunion. Lesquelles images que nous avons prise avec l’autorisation des concernés. L’appareil d’enregistrement, quant à lui, a permis d’enregistrer les interviews des chefs de culte, des personnes ressources avant de les transcrire. 3-4-6 Méthodes d’analyse des données Les informations recueillies à partir des questionnaires ont été traitées manuellement (dépouillement, numérotation et codage) et à base de tableaux avec le logiciel Excel. Les questions étant toutes numérotées au départ, le dépouillement et l’exploitation ont été faciles. Pour les questions ouvertes, une analyse du contenu de chaque proposition a été faite. Dès lors, les pourcentages obtenus sont tous représentés par des figures. Concernant les entretiens, le traitement des données a consisté à dépouiller les informations recueillies qui représentent les points de vue des diverses personnes interviewées sur ce thème de recherche, à procéder à leur catégorisation, à leur transcription et à leur analyse. Ainsi, les avis de tous les sujets sur chacune des séquences ont été mis ensemble et analysés Cette démarche méthodologique a permis de recueillir des données sur le terrain. Le chapitre suivant sera alors consacré à la présentation et à l’interprétation de ces données ainsi qu’à leur analyse et à leur commentaire.

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CHAPITRE IV : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

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4-1- Présentation des résultats

La méthodologie utilisée a permis d’avoir des résultats dont les plus importants se présentent comme suit. Il s’agit à ce niveau de présenter les résultats issus des enquêtes quantitatives et qualitatives.

4-1-1 Etude quantitative - Connaissance des sites sacrés

Connaissance_site 0% sacrés oui 100%

non

Figure 1 : Répartition desenquêtés selon leur connaissance des sites sacrés

Source : enquête de terrain, 2018 Cette figure nous montre que toutes les personnes enquêtées, soit 100%, ont une certaine connaissance de l’un des sites sacrés. La connaissance dont il est question ici n’est pas la maitrise du site mais une simple connaissance de l’existence physique.

- Efficacité de la gestion du site Zêkpon

Efficacité des modes de gestion 60 51,21 50 40 32,92 30 20 15,85 10 0 1

Bonne Mauvaise Aucune

Figure 2 : Répartition de la population selon l’efficacité des modes de gestion

Source : enquête de terrain, 2018 Sur les 191 acteurs enquêtés, 51,21% ont déclaré que la gestion du site est bonne. Par contre, 32,92% ont estimé le contraire et 15,85% disent qu’ils n’en savent rien.

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-quelques modes de gestion traditionnelles

Mode de gestion tradi

8,38 1 6,28 18,32 64,4

0 10 20 30 40 50 60 70

introduction des divinités introduction de certains animaux principe, rituels principe, rituels,interdits

Figure 3: Répartition de l’utilisation des modes ou pratiques de gestion traditionnelle

Source : enquête de terrain, 2018 La présente figure montre que 64,4% des répondants estiment que les modes de gestion traditionnelle sont des principes, rituels et des interdits tandis que 18,32 considèrent les principes et rituels comme étant ces modes. Pour les autres, l’introduction des divinités (8,38) et l’introduction de certaines espèces animales (6,28) sont les modes de gestion traditionnelle.

- But de la sacralisation

But de la sacralisation

culte,couvent et d'alimention pour les 97,38 adeptes

Chose dangereuse [VALEUR]

0 20 40 60 80 100 120

Figure 4 : Répartition de la population selon le but de la sacralisation

Source : enquête de terrain, 2018

Selon cette figure, 97,38% des enquêtés ont affirmé que le but premier de la sacralisation des sites naturels est d’utiliser ces sites comme lieu de culte, de couvent et d’exploiter la biodiversité présente sur ce site pour nourrir les adeptes. Et 2,62%, des enquêtés ont affirmé queles populations traditionnelles sacralisaient les sites naturels pour montrer que ces lieux sont dangereux pour tout le monde.

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- Etat de la biodiversité des sites sacrés

Etat_biod_site sacré

augmentation des espèces dans la forêt diminution de la végétation et disparition des animaux Zèkpon Ne sais pas 60 50,26 40 20 6,8 7,85 0 1

Figure 5 : Répartition de la population selon l’état de la biodiversité sur les sites sacrés

Source : enquête de terrain, 2018 Les résultats issus des enquêtes révèlent que sur l’ensemble des sujets enquêtés, 50,26% estiment qu’il y a une augmentation des différentes espèces dans la forêt au moment où 6,8% disent le contraire ; et donc disent qu’il y a diminution de la végétation et disparition des animaux sur le site de Zèkpon. En outre, 7,85% ont estimé qu’ils ne savent rien sur la biodiversité - Causes de la diminution ou de l’augmentation de la biodiversité CAUSES_ÉTAT sacralisation: pratique des rituels et respect des…

90,58 100

50 9,42 0 1

Figure 6 : Répartition de la population selon les causes de l’état de la biodiversité sur les sites sacrés Source : enquête de terrain, 2018 Sur les 191 sujets enquêtés, 90,58% ont affirmé que l’augmentation des différentes espèces constatée dans la forêt est due à la sacralisation, c’est-à-dire au fait que la pratique des rituels

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ a toujours cours sur les sites. Par contre, 9,42% estiment que la diminution constatée entre temps est due au non-respect du sacré et l’apparition spectaculaire des chefs traditionnels.

- Modes de gestion profit à un groupe

Gestion_profit 100 94,24 80 60 40 20 5,76 0 1

Oui Non

Figure 7 : Répartition de la population selon que la gestion de la biodiversité profite à un groupe ou non

Source : Enquête 2018 Cette figure renseigne sur le profit que tire un groupe dans la pratique des modes de gestion traditionnelle. En effet, 94,24% des sujets enquêtés reconnaissent que la gestion par les modes de gestion traditionnelle profite à un groupe contrairement à 5,76% qui estiment pensent le contraire. - Faiblesses des modes de gestion traditionnelle Faiblesses_mode de gestion

avenement de nouvelles religion et pratiques non acceptées par tous manques de moyens financires pour continuer les rituels

100 79,06 80 60 40 20,94 20 0 1

Figure 8 : Répartition de la population selon les faiblesses des modes de gestion traditionnelle

Source : Enquête 2018

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La présente figure nous renseigne sur les faiblesses des modes de gestion traditionnelle. Tel que présenté par ce graphique, 79,06% de la population enquêtée estiment que l’avènement de religions modernes et les pratiques non acceptées par tous constituent dans un premier temps les faiblesses des modes de gestion traditionnelle. Ensuite, vient 20,94% qui estiment que le manque des moyens financiers pour organiser les cérémonies de prières et autres sont les faiblesses. - Influence des religions modernes sur les modes de gestion traditionnelle INFLUENCE_NOUV_REL

conception diabolique Perturbe la cohésion sociale

100 83,77 80 60 40 16,23 20 0 1

Figure 9 : Répartition de la population selon l’influence des religions modernes sur les modes de gestion traditionnelle

Source : Enquête 2018 A ce niveau, 160 acteurs, soit 83,77% estiment que les religions modernes diabolisent les modes de gestion traditionnelle tandis que 31 acteurs soit 16,23% pensent qu’elles perturbent la cohésion sociale. - Disparition des sites sacrés avec la propagation des nouvelles religions

Disparition_site 120 95,81 100 80 60 40 20 4,19 0 1 Oui Non

Figure 10 : Répartition de la population selon leur avis sur la disparition du site sacré

Source : Enquête 2018

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De la figure ci-dessus, on retient que 95,81% des enquêtés ont affirmé que les sites sacrés vont disparaitre progressivement à cause des religions modernes contre 4,19% qui pensent le contraire.

- Défis à relever pour pérenniser les modes de gestion traditionnelle

Défis_sites sacrés

spécifier les voudounons par rapport à des divinités_sites sacrés 15,71

amener la population à abserver les 35,6 interdits, les principes, les totems d'un …

faire des sacrifices hebdomaires aux divités 18,32 des sites

allouer un fond annuel pour la pratique des 30,37 rituels hebdomadaires

0 5 10 15 20 25 30 35 40

Figure 11 : Répartition des défis à relever face aux menaces de disparition qui pèsent sur les modes de gestion traditionnelle

Source : Enquête 2018 Selon les résultats présentés par ce graphe, le premier défi à relever est d’amener la population à observer les interdits, les principes, les totems quelle qu’en soit la religion de la personne dans la communauté (35,6%). Ensuite vient 30,37% des enquêtés qui estiment que le défi est d’allouer un fonds annuel aux adeptes pour la pratique des rituels hebdomadaires. A cela, s’ajoute 18,32% qui estiment que le défi est de faire des sacrifices hebdomadaires aux divinités des sites.Enfin, viennent ceux qui soutiennent que le défi doit être de spécifier les ‘’vodounons’’ par rapport aux différentes divinités des sites sacrés.

4-1-2- Présentation des résultats de l’étude qualitative

™ Entretien avec les personnes ressources

- Origine de la sacralisation de Zèkpon

A l’origine, Zèkpon n’était pas un cours d’eau. C’est juste une source d’où sortait l’eau et tout le monde pouvait s’y rendre pour chercher d’eau. Alors, les sages, à voire la fréquence à laquelle la population allait chercher l’eau, se sont dit que la source va s’épuiser d’un jour à

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ l’autre. C’est de là qu’ils se sont dit que comme personne n’avait connaissance de l’origine de la source d’eau, que c’est une dame qui s’est transformée en eau. Ainsi, ils ont construit un mythe autour de la source d’eau.

- Mode de gestion traditionnelle

En effet, pour préserver la source d’eau, les sages ont instauré un mythe pour créer la peur au sein de la population. Pour ce fait donc, ils ont inculqué aux populations des savoirs, principes et pratiques que sont :

- Personne ne doit se rendre à la source d’eau Zèkpon entre 12h et 15h. Car l’eau se transforme en femme et vient nourrir ses enfants ;

- Femmes en menstrues sont impures pendant cette période donc elles ne pourront pas se rendre à la source pour chercher d’eau ;

- Personne ne doit bouillir ou mettre l’eau sur le feu ;

- Personne ne doit aller chercher s’il est en situation de conflit avec quelqu’un.

Abordant toujours dans le même sens, les gardiens des forêts sacrées ont pu, par des principes naturels empêcher les gens d’y entrer. Aujourd’hui, les femmes savent par exemple par rapport aux forêts sacrées d’Oro que si tu y rentres pour y faire quelque chose pensant que personne ne te voit, tu vas accoucher des « toholous ». Et après la naissance de l’enfant, les sages demandent à consulter la divinité « Fa » pour mieux expliquer ou pour connaitre les raisons de l’état de l’enfant. Dans l’échange, un responsable d’ONG, considéré ici comme personne a donné comme exemple, une dame enceinte qui a épié les gardiens de nuit appelés « Zangbeto » et qui a accouché un « bébé zangbeto ». Et ceci s’est passé dans la clinique de sa maman dans la commune d’Avrankou.

- conservation de la ressource eau

« De Porto-Novo à Avrankou, il n’y a qu’une seule dépression et qui est située dans la commune d’Avrankou. Ainsi, la chance de rencontrer sur ce parcours est très faible. Et donc, l’urgence de conserver l’eau pour gestion durable s’impose. Le pont n’existait pas. D’où, les populations traditionnelles ont créé le « sacré » autour de tout ça », disait une personne ressource. A cela, il pose une interrogation. Si on ne peut pas bouillir ou mettre l’eau de la source sur le feu, où trouvent-ils l’eau dans le temps pour l’utilisation domestique ?

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Face aux problèmes majeurs de leur société, les populations traditionnelles ont instauré autour des ressources à usage publique. Et dès le « sacré » est ancré, ça se transmet de génération en génération.

- Forces des modes de gestion traditionnelle

Les forêts sacrées servent pour les cultes, pour les retraites spirituelles, de couvent pour les rites d’initiation et de formation. Car les futurs adeptes du vodoun « vodounsi, hounyo ou avosè » vont en formation dans la forêt, ils doivent se nourrir avant et après. Ainsi, on leur apprenait à fabriquer des tam-tams, des paniers et des castagnettes. C’est alors que si vous entrez jusqu’à un passé récent dans le marché d’Adjarra, vous verrez que les artisans qui fabriquent les instruments cités ci-dessus sont des adeptes. Il en est de même pour les vendeuses d’Akassa du marché.

Le bois le plus conseillé pour fabriquer le tam-tam est le « hêtin ». Ils utilisent aussi l’arbre à pain. Autrefois, les arbres étaient disponibles car la nature les avait offerts gracieusement. Et dans le temps, il faut couper les arbres sur les périphéries de la forêt. Ce qui amenait à conserver un noyau qu’on ne doit jamais couper. C’est cet arbre qui marque la présence du féticheOro, d’où une forêt sacrée d’Oro. Cet arbre est frappé d’interdits par des pratiques et des cultes qui lui sont vouées.

Avec ce cheminement, les adeptes sortent des couvents avec des savoirs faire, vivre et être ; et des signes aussi. C’est pourquoi, ils ont des « cicatrices » ajoutait une personne ressources. Ils sortent aussi avec des savoirs en médecine traditionnelle. Et les adeptes ne marchandaient pas les feuilles. Pour un mal, ils te font la tisane et te demandent d’aller l’utiliser. Après satisfaction, tu viens leur donner ce que tu as, affirmait-il. A cela, il ajoute que « les feuilles sont données gratuitement mais la connaissance sur ces dernières, ce sont les privilégiés qui l’ont ».

En balisant l’espace par le « sacré », on occupe les hommes autrement en leur créant la richesse, les savoirs pour qu’ils ne soient pas poussés par la pauvreté à détruire cet espace-là. Pour avoir appris que telle personne a fait telle chose et a eu telle chose pour conséquence, parce qu’elle a porté atteinte aux normes établies par la communauté, un autre membre n’oserait plus.

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- Faiblesses des modes de gestion traditionnelle

Pour exemple une personne ressource s’exprimait en ces termes, je cite : « le fils de celui qui était censé respecter les normes, a porté atteinte aux normes. Et parce que c’est son fils, il a décidé vaillamment qu’on ne lui applique pas la sanction ». A partir donc de ce moment-là, si quelqu’un d’autre enfreint à cette norme, elle ne sera plus sanctionnée. Et ceci se passe actuellement dans la zone de Ouanho, commune d’Avrankou. Avec l’évolution et la propagation des religions modernes, les enfants voient très males les pratiques coutumières ou modes de gestion qui permettaient un tant soit peu de protéger ces sites.

Avec l’avènement de nouvelles religions dites modernes, il n’y a plus la transmission intergénérationnelle des connaissances. Ce qui fait que certains gardiens de la tradition meurent avec leur connaissance, leur savoir.

™ Entretien avec un chef de culte

- But de la sacralisation

La forêt a été sacralisé pour prendre d’air, augmenter la pluviométrie, augmenter la production en bois.

- Modes de gestion traditionnelle

La forêt n’est pas accessible à tout le monde. On n’y rentre pas comme on veut pour ne pas avoir à se retrouver ailleurs sur une autre terre. Seuls les adeptes et les chefs de culte y ont accès et savent quand faut-il rentrer à l’intérieur. Avant qu’une profane ne rentre, il doive lui faire certains rites compte tenu de ce qu’il va faire à l’intérieur de la forêt et il doit se faire accompagner par un adepte pour le guider. Avant de rentrer dans la forêt, on mange ce qui ne contient de sel. De sorte que pendant la durée des cérémonies (9jours environ), on ne mange que des fruits. De même, on ne peut pas garder quelle que chose (nourriture ou non) avec du sel soit pour rentrer dans la forêt soit pour passer devant le « honto ». A cela, il a ajouté qu’on ne salue pas la femme d’autrui et qu’on ne s’assoit pas avec la femme d’autrui. Et même la femme qui est en menstrues ne doit pas préparer ni faire la vaisselle. Et la fin de ses menstrues, elle doit chercher « adjaman » et « ahounman » pour se laver le corps, les ustensiles qu’elle a utilisés et même la chambre qu’elle a utilisée. Il nous a confié que jusqu’à son âge de puberté, qu’il n’a jamais été à l’hôpital parce qu’il utilisait les feuilles pour se traiter.

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- Forces des modes de gestion traditionnelle

Le respect des principes de ces pratiques permet de vivre plus longtemps, d’être en bonne santé.

- Implication des élus locaux dans les modes de gestion

Les élus communaux ont connaissance de la forêt mais n’interviennent pas dans la gestion.

™ Entretien avec un chef dignitaire à Kogbomè

- Modes de gestion traditionnelle

Les modes de gestion ici sont liées aux différentes divinités présentes dans la forêt. Avant d’entrer dans la forêt, tu dois faire dos à l’entrée et faire marche arrière. Ensuite à l’intérieur, quand on finit de manger, les bols ne sortent pas vides. On y met du sable pour les rendre purs. De plus, il y a une divinité installée dans une chambre dans la forêt. Et on ne s’adosse pas contre son mur. Car elle est réputée pour avoir vider plusieurs humains de leur sang. Autrefois, on immolait les animaux ravageurs et leur sang lui était versé. Mais aujourd’hui, les sacrifices se font rares et quiconque s’adosse contre son mur est vidé de son sang.

Quand nous allons faire nos offrandes et tu nous croise, tu nous ne pourras plus faire d’enfants ou concevoir ; la personne n’aura pas la prospérité dans sa vie. Nos ancêtres faisaient ce truc en journée mais nous, compte tenu de l’évolution du temps, nous l’avons ramené dans la nuit profonde. Et si tu ne sais pas faire encore, tu iras en prison pour ça.

- Forces des modes de gestion traditionnelle

Le vodoun « Avran » est protégé et les femmes ne rentrent pas à l’intérieur car elles ne doivent pas le voir. De plus, on ne rentre pas en restant debout ; il faut toujours se courber. Il continue toujours les prières et cultes vouées à cette divinité tous les cinq jours. Nous disposons des pratiques pour faire du mal et du bien. Et ce que nos ancêtres nous ont légué comme connaissance, on ne peut pas tout utiliser.

- Faiblesses des modes de gestion traditionnelle

Il existe ici près de dix divinités. Mais les nouvelles religions empêchent les membres de la communauté de venir prier, faire des offrandes par leur enseignement. Après les échéances électorales, les élus communaux délaissent voire oublient ces divinités-là quand ils sont des

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- Implication des élus locaux dans les modes de gestion

Les élus ne demandent même pas d’après les divinités. Ils ne donnent rien pour soutenir ou aider les prières hebdomadaires.

Les anciens nous avaient envoyé chez le maire quand nous étions plus jeunes, pour demander son aide afin de prier pour les dieux (tévi houhou). Ayant rencontré le maire, il nous demandait si c’est à cause de l’argent que nous sommes venu avec ce papier. Or ce qui est écrit sur ce papier ne dépassait pas 4000F.

™ Entretien avec un dignitaire

- Modes de gestion traditionnelle

Avant, quand nous avons été initié au vodoun (zonhoun) il y a de cela trente-deux ans, un profane n’entrait pas dans la forêt. Il faut être initier ou chef de culte et là encore, il y a des endroits ou personnes ne peut se rendre. Constater que les divinités sont devant ici et la forêt même est derrière ; ceci pour empêcher les gens d’entrer dans la forêt. Seul celui qui veut prier et celui pour qui on veut prier peuvent se rendre là où se trouve les divinités. Il y a des choses dans la forêt qu’on ne doit pas voir. Mais si tu t’entêtes et tu rentes à l’intérieur et que tu rencontres le « vodoun », tu vas mourir dans les heures qui suivent. Nous même adeptes, on rentre dans la forêt à des jours précis. Il y a par exemple, un endroit dans la forêt ou les « Avossè » ne peuvent pas aller avant de quitter cette terre. En somme, comme modes de gestion nous avons le respect les interdits, l’introduction des divinités dans les forêts et la prière hebdomadaire (5jours).

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Photo 1: Présentation d’un vodoun de zodrèhonto

Source : Prise de vue, novembre 2018

- Forces des modes de gestion traditionnelle

La force de ces modes de gestion réside dans le bienfait qu’elles apportent à la communauté. Quand par exemple, nous constatons la rareté de la pluie malgré que nous soyons dans sa saison, nous allons dans la forêt prier ces dieux et nous leur faisons des offrandes. Il en est de pour la fréquence d’accident, pour l’apparition d’une maladie, pour implorer la paix. Quand on constate que la population s’entête pour rentrer dans la forêt, on consulte la divinité « Fâ » et elle nous dit ce qu’il faut à l’esprit de la foret. Et toute personne qui rentrera à l’intérieur, sera punie par cet esprit. De plus, on peut faire des offrandes à la divinité « Ogu » et elle se chargera de punir les récalcitrants.

- Faiblesses des modes de gestion traditionnelle

Normalement depuis trente-deux ans que nous avons fini notre rite d’initiation, d’autres générations devraient être déjà formées. D’habitude, on envoyait nos enfants à bas âge au couvant pour suivre la formation pour trois ans. Un parent peut aussi confier son enfant au dignitaire pour suivre la formation. Et tout concernant l’enfant est pris en charge par le dignitaire. Mais aujourd’hui avec les contraintes de l’école, les nouvelles religions, il est difficile d’organise une formation au couvent pour les futurs adeptes (Avossè, Hounyo). Le monde évoluant, nous ne disposons plus de moyens financiers pour continuer avec les prières et les formations.

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Aussi, pour les séances de prières hebdomadaires, ce sont normalement ceux qui viennent pour la prière qui viennent avec les offrandes. Mais de nos jours, ces demandeurs de prières ont diminué ce qui fait que nous allons passer toute la matinée sans prier pour quelqu’un. Or, nous devons honorer aux cultes hebdomadaires ; dans ces circonstances, nous payons les offrandes avec nos moyens de bord.

Enfin, faut signaler que le dignitaire ou l’adepte ne peut rien faire comme travail à part prier pour les divinités et utiliser les feuilles pour guérir, or qu’il doit manger. Nous pouvions apprendre un métier ou aller à l’école avant de rentrer au couvent ; mais après la formation, on ne peut plus rien exercer comme métier libéral.

- Défis à relever

Nous savons qu’à un moment donné, il y aura des choses qu’on va changer. Par exemple, nous n’avons pas pu fréquenter après notre initiation parce que nos parents avaient peur qu’on nous frappe sur la tête ou qu’on mette la main sur nos têtes. Car en nous frappant sur la tête, nous pouvons entrer en transe et il faudra dépenser pour qu’on revienne en tant qu’humain; de même si quelqu’un met sa main sur notre tête, il va prendre notre « vodoun » et il faudra lui reprendre automatiquement. De ces faits, nous sommes entrain de prier les divinités pour permettre aux enfants d’aller à l’école après leur initiation. La peur des parents étaient toujours présentes quand les « Avossè » ou « Hounyo » devraient aller se coiffer ou se tresser. Nous demandons la permission au « vodoun » avant d’aller se coiffer ; et arriver chez le coiffeur, nous l’autorisons à mettre ses mains sur nos têtes. Et juste à la fin, nous lui reprenons notre «vodoun ». Si nous gardons les règles serrées comme aux temps de nos parents, personne n’accepterait envoyer son enfant au couvent.

- Implication des élus locaux dans les modes de gestion

Il y a de cela dix ans, il y avait de l’argent qui venait de l’Etat pour encourager les « pratiques du vodoun » (Vodounkwè) chaque année. Mais depuis huit-ans, nous ne recevons plus d’argent. Après nos investigations, nous avons appris que l’argent continue toujours de venir mais il y a une personne dans la commune d’Avrankou qui reçoit l’argent. Or il n’est pas dignitaire ni adepte. Il dispose juste des papiers lui permettant de recevoir l’argent destiné aux « vodoun ». Ce qui empêche les dignitaires, les chefs de cultes et les adeptes d’en bénéficier vraiment.

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Photo 2: Entrée d’un couvent

Source : Prise de vue, novembre 2018

™ Entretien avec le « zêkponklunon »

- Modes de gestion traditionnelle

Pour aller au niveau de la mare sacré « Zêkpon », il faut enlever son haut et faire « marche arrière pour traverser les rameaux». Il faut aussi attacher un rameau au bras, au pied et au cou. Comme l’indique les figures ci-dessous.

Photo 3: Porte d’entrée à la source d’eau sacrée Zèkpon

Source : GRABE-BENIN ONG

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Photo 4 : Une femme portant sur la tête une marmite contenant l’eau sacrée Zèkpon

Source : GRABE-BENIN ONG La photo ci-dessus illustre une femme portant sur sa tête une marmite en terre cuite contenant l’eau de Zèkpon. D’après la coutume elle ne doit porter ni habit ni chaussure et ne doit adresser la parole à personne jusqu’à destination tant qu’elle portera ladite eau sur sa tête.

A cela, on ajoute qu’une femme en menstrues ne peut pas se rendre à Zêkpon pour aller chercher l’eau. On ne se rend pas aussi à la source à 12h car à cette heure, vous verrez la dame même entrain d’allaiter ses enfants.

Photo 5: L’eau de Zèkpon dans une marmite neuve en terre cuite

Source : GRABE-BENIN ONG

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L’image ci-dessus montre une marmite en terre cuite contenant l’eau de Zèkpon. Cette marmite est entourée d’un rameau pour montrer le caractère sacré de l’eau qu’elle contient. Il faut noter que cette eau ne peut être recueillie qu’avec une marmite en terre cuite neuve et jamais avec autre matière comme l’exige la tradition.

- Forces des modes de gestion traditionnelle

Les pratiques et rituels continues toujours sur le site. La population continue toujours de respecter les interdis et autres principes liés à l’utilisation de l’eau. Si c’est un adepte ou une femme qui l’a offensé, Zêkpon punie la personne.

Exemples :- si c’est une femme peut avoir un ballonnement de ventre ;

- Il y a une femme qui s’est rendue à la source et qui a dit qu’elle ne veut plus faire d’enfants à son mari. Et quand elle a commencé par prendre de l’argent chez son mari, elle a oublié qu’elle avait déjà signé de pacte avec Zèkpon. Et à la suite, elle est décédée.

- Faiblesses des modes de gestion traditionnelle

Les gens ne veulent plus respecter ces principes à cause des religions modernes. Ils disent qu’ils appartiennent à telle ou telle religion et balaie du revêt de mains tous ces modes de gestion traditionnelle. Il y avait par exemple une cérémonie appelée « Gozin » qui s’organisait dans les familles et nécessitait la présence de tout le monde. Mais à cause des religions modernes et du décès des anciens, les membres de la famille refusent d’y participer disent qu’ils ne peuvent pas le faire. Certains adeptes ou chefs traditionnels ne respectent plus les interdits, principes et pratiques établies par les anciens. Eux-mêmes, ils font n’importent quoi et s’intronisent adeptes e autres pour se faire de l’argent.

Actuellement à 12h, la dame ne sort plus parce que certaines personnes se sont érigées en adeptes ou chefs de culte vont là-bas à n’importe quelle heure et empêche la dame de sortir.

- Défis à relever

Les chefs de culte ont besoin de soutien pour continuer avec les prattiques et les rituels qui avaient cours dans les communautés.

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Photo 6: Espace ZodrèZèkpon réhabilité avec l’appui de GRABE-BENIN ONG

Source : Prise de vue, novembre 2018

4-2- Interprétation des résultats Après la séquence consacrée à la présentation des résultats, certaines données méritent d’être soumises à une analyse afin de saisir les différentes nuances qu’elles expriment. L’objectif de cette recherche est étudier la contribution des modes de gestion traditionnelle basée sur le « sacré » à la conservation de la biodiversité dans la commune d’Avrankou. Ainsi, nous avons choisi de concentrer nos propos autour de quatre (4) axes clés dont la compréhension s’avère essentielle : ¾ Importance de la culture Bajoit (1997) souligne l’importance de la culture à travers notre modèle d’analyse lorsqu’il dit « la culture est l'état de nature de l'être humain ».Cela veut dire que cette communauté se reconnait à travers cette source d’eau et la forêt sacrée de kogbomè comme étant l’expression de son identité culturelle. La communauté s’en est fière et s’identifie à elle. Ces propos sont justifiés par le rapport de l’UNESCO (2013) qui estime qu’ : « Il y a des choses que nous considérons important de préserver pour les générations futures. Leur importance peut tenir à leur valeur économique actuelle ou potentielle, ou encore à une certaine émotion qu’elles éveillent en nous, ou au sentiment qu’elles nous donnent de notre appartenance à quelque chose – à un pays, une tradition, un mode de vie. Il peut s’agir d’objets qui tiennent dans la

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Tableau V : Répartition des répondants selon le type de gestion

Type de mode de Opacité (oui) Opacité(Non) Total gestion Effectif 183 11 194

Source : Enquète de terrain, novembre 2018

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Il en ressort que le site est mal géré par un comité en place. Or, le modèle que propose Bajoit (1997), repose sur les élites culturelles des communautés. Donc, au cœur du développement, on doit retrouver les chefs de culte, les dignitaires et les adeptes issus des différentes communautés. Ils pourront être accompagnés par les élus locaux pour porter haut leurs actions. D’où, nous ne pourrons pas conserver la biodiversité sur les sites sacrés sans les communautés elles-mêmes. C’est pour appuyer ces dits queBoissierre et Doumenge (2008), écrivent que la protection pour être durable, passe nécessairement par l’implication des communautés riveraines dans la gestion des aires protégées et donc par la preuve que les parcs peuvent contribuer au développent local. C’est aussi ce que signale Yanggen (2010) quand il prévient que les efforts de conservation ne seront efficaces à long terme que si les populations locales trouvent des alternatives viables aux modes actuels d’utilisation des ressources naturelles, qui dégradent l’environnement. ¾ Modes de gestion traditionnelles et leur efficacité dans le processus de conservation Les résultats issus des enquêtes révèlent également que l’introduction des divinités et de certains animaux, l’instauration des principes et interdits et la pratique des rituels constituent les modes de gestion traditionnelle de conservation de la biodiversité. Et qu’elles sont efficaces.

En effet, la majorité des répondants affirment que les modes de gestion traditionnelle sont des principes, rituels et des interdits. Ensuite, viennentdes minoritésqui estiment que les modes de gestion traditionnelle sont l’introduction des divinités et l’introduction de certains animaux. (Cf Figure3).Abordant dans le même sens, une personne ressource intervenant dans la communauté depuis une décennie,a affirmé que « les sages ont instauré un mythe pour créer la peur au sein de la population ». Ceci fait partir des balises instaurer par les sagespour empêcher la population d’avoir accès aux sites sacrés. Il nous a été révélé au cours de nos entretiens que : « personne ne doit se rendre à la source d’eau Zèkpon entre 12h et 15h. Car l’eau se transforme en femme et vient nourrir ses enfants ; les femmes en menstrues sont impures pendant cette période donc elles ne doivent pas se rendre à la source pour chercher d’eau ; personne ne doit bouillir ou mettre l’eau sur le feu ; personne ne doit aller chercher l’eau s’il est en situation de conflit avec quelqu’un.Ensuite, concernant la forêt sacrée, la population traditionnelle a pu instaurer pendant longtemps et jusqu’aujourd’hui, des principes autour de cette dernière. Les femmes savent par exemple par rapport aux forêts sacrées d’Oro que si tu y rentres pour y faire quelque chose pensant que personne ne te voit,

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ tu vas accoucher des « toholous ». Et après la naissance de l’enfant, les sages demandent à consulter la divinité « Fâ » pour mieux expliquer ou pour connaitre les raisons de l’état de l’enfant. Dans l’échange avec responsable de l’ONG Grabe-Bénin, il a donné un exemple que voici : « une dame enceinte qui a épié les gardiens de nuit appelés « Zangbeto » et qui a accouché un « bébé zangbeto ». Et ceci s’est passé dans la clinique de sa maman dans la commune d’Avrankou ». Autant donc de savoirs qui rendaient la gestion de ressources naturelles durables. A cela, s’ajoute la déclaration d’un dignitaire très influent qui estime que quand ils ont été initiés, il y a de cela trente-deux ans, un profane ne pouvait entrer dans la forêt. Qu’il faut être un initié et que là encore, qu’il ne peut aller ni voir certains endroits jusqu’à la fin de ses jours sur terre. C’est ainsi qu’en 2012, Houngnihin et al. affirmaient que la relation entretenue par les populations avec la forêt était symbiotique et mutualiste où chacun des deux partenaires bénéficiait de la présence de l'autre. Cette harmonie était codifiée par des règles sociétales qui garantissaient aux forêts sacrées du Burkina-Faso ou du Benin une gestion durable. Ces différentes sources montrent que les modes de gestion traditionnelle sont de plusieurs ordres et varient en fonction du type de site sacré. Ces différents modes de gestion présentent des forces et faiblesses d’où son efficacité ou non dans la conservation de la biodiversité. Ainsi, se référant à la figure 2, la majorité des enquêtés a déclaré que la gestion du site est bonne contre une minorité qui pense le contraire. Et le tiers qui semble ne pas maitriser les effets de ces modes.Abordant la même logique, l’ONG Grabe-Bénin souligne que la société endogène du Bénin, caractérisée par la forte présence du Vodoun est une société, au départ très structurée et bien organisée autour des valeurs cardinales de solidarité et d’amour. Ce dispositif social ajouté au caractère animiste du vodoun a permis, pendant longtemps de veiller sur la biodiversité en ayant recours à ses sociétés et autres techniques de gestion communautaire et de leadership bioculturel. Elle s’est donnée beaucoup de moyens pour sauvegarder la biodiversité. De l’initiation au bannissement en passant par une surveillance accrue de l’observance des interdits, le vodun et la communauté des vodouisants ont réussi à maintenir toutes les espèces qui entrent dans les liturgies vodun et dans la biomédecine. Cette société a également eu recours à une régulation sous surveillance des exploitations pour protéger les ressources naturelles contre les abus. Tout le monde est d’accord pour reconnaitre que la présence d’un vodoun ou de son attribut dans un espace est synonyme de respect et de contrôle. En outre, un dignitaireaffirme que la force des modes de gestion traditionnelle réside dans le bienfait qu’elles apportent à la communauté. Il continue donc en affirmant que quand « ils constatent la rareté de la pluie malgré qu’ils soient dans sa

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ saison, qu’ils vont dans la forêt prier ces dieux et ils leur font des offrandes. Il en est de même pour la fréquence d’accident, pour l’apparition d’une maladie, pour implorer la paix ».

Néanmoins, ces modes de gestion ont révélé leur faiblesse au fil du temps. Ces modes de gestion ont donc permis de gérer durablement la biodiversité pendant longtemps. Or, un système de conservation fondé simplement sur des craintes ne peut être que fragile avec le temps au vu des brassages socio-culturels et évolution des mentalités. Dans le contexte actuel, la gestion des forêts sacrées basée exclusivement sur la crainte du sacré n’est plus pertinente ou efficace dans un système où chacun est libre de croire en ce qu’il veut (ONG CeSaRen). Ce qui n’épouse pas trop l’avis d’un dignitaire qui estime que « normalement depuis trente- deux ans qu’ils ont fini leur rite d’initiation, d’autres générations devraient être déjà formées.Et que ce temps morts était dû aux contraintes de l’école et à l’enseignement de nouvelles religions. Chacun est libre de croire surtout même que les adeptes et chefs de culte vodoun se convertissent en chrétien ou en musulman ou en toutes autres religions.C’est ainsi qu’un dignitaire affirmait lors de l’entretien que « les nouvelles religions empêchent les membres de la communauté de venir prier, faire des offrandes par leur enseignement ». ¾ Implication des élites culturelles dans la biodiversité sur les sites sacrés

Les résultats issus des enquêtes révèlent qu’il y a augmentation des espèces dans la forêt, diminution de la végétation et disparition des animaux sur le site de la mare sacrée Zêkpon. En effet, concernant l’état de la biodiversité sur les sites sacrés, la majorité des sujets estime qu’il y a augmentation des espèces dans la forêt. Le tiers des enquêtés pense qu’il a une augmentation de la végétation et des animaux sur le site de Zêkpon. Contre une minorité qui dit le contraire. Et le reste affirme qu’ils n’en savent rien(cf Figure 5). Ces données montrent qu’il y a quand même eu de défaillance à certain niveau dans la pratique de ces modes de gestion. Ceci s’explique par le résultat de la Figure 6 qui présente les causes de cet état de chose. Ainsi, la majoritédes enquêtés estime que l’augmentation des différentes espèces constatées dans la forêt et sur le site de la mare sacrée zêkponest due à la pratique des rituelsqui ont toujours cours sur les sites sacrés et au respect des interdits et principes. Par contre, le reste des sujets affirme que le non-respect du sacré et l’apparition spectaculaire des chefs traditionnels expliquent la diminution constatée sur le site de la mare sacrée zêkpon. L’analyse minutieuse de ces donnéesmontrent que l’écart entre ceux qui pensent que la diminution de la biodiversité est liée au non-respect du sacré et l’apparition spectaculaire des chefs de culte n’est pas assez important ; pour ainsi dire qu’au fond des situations conflictuelles demeurent toujours. C’est ce que signale le Secrétaire Général de la

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ mairiequand il parle en ces termes « Le site est géré par les communautés et il n’y a pas d’entente et ça fait partir des risques ; parce que les dignitaires qui sont autour, parfois sont divisés.» (Todagban, 2017). Compte tenu de cette mésentente entre les dignitaires et l’usurpation qu’en fait usage le zèkponklunon et des autres dignitaires au niveau de la forêt sacrée,une importante partie des sujets affirme qu’il y a une gestion à profit. C’est donc l’une des causes de la mésentente qui existent entre eux, affirmait un dignitaire. Et une petite partie pense le contraire (Cf Figure 7). L’écart entre ces deux types de gestion est significatif. Ce qui permet de comprendre qu’il y a un groupe de dignitaires qui s’accapare de tout ce qui est ressources dont disposent les sites sacrés. Or il n’aura pas de développement sans le facteur humain. Les chefs traditionnels, les dignitaires et adeptes doivent se mettre d’accord pour impulser le développement dans sa commune.C’est pourquoiBajoit (1997) met le « peuple » au centre de tout développement.

4.3 Vérification de la validité des hypothèses de travail

En nous référant aux figures 1,3 et 6, aux entretiens y afférant et aux analyses faites d’elles, nous pouvons affirmer que l’hypothèse selon laquelle « la présence des divinités, la pratique des rituels au sein des sites naturels et l’instauration des règles traditionnelles constituent les modes de gestion traditionnelles de conservation des sites sacrés» est confirmée.

Ensuite, quand on fait l’examen minutieuse des résultats des figures 2, 4, 5, 7 et 8 d’une part et l’analyse qui s’en est suivie d’autre part on peut affirmer que la deuxième hypothèse qui stipule que « l’efficacité de la sacralisation des sites naturels réside dans son caractère traditionnel de dissuasion des populations face à leurs imprévoyances et assauts incontrôlés » est aussi vérifié.

Enfin, en considérant les figures 9, 10 et 11 parlant des effets et défis des modes de gestion traditionnelle, des résultats des entretiens ainsi que de l’analyse qui en est faite, on peut conclure que l’hypothèse qui indique que « les effets des religions modernes, l’absence de transmission intergénérationnelle des connaissances traditionnelles, l’urbanisation grandissante représentent les défis auxquels font face les modes de gestion traditionnelles des sites sacrés » est vérifiée.

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4.4 Suggestions/propositions

Pour rendre utiles les résultats de cette recherche, nous avons formulé quelques suggestions à l’endroit des différents acteurs qui sont interviennent dans la protection des sites sacrés. Nous préconisons, en complément aux approches de solution faites par l’ensemble des enquêtés les suggestions suivantes :

Reconstituer des comités de gestion mixtes, constitués deschefs traditionnels et des cadres de la mairie ; Redonner aux chefs traditionnels et dignitaires leur pouvoir afin de leur permettre de participer à la conservation de la biodiversité ; Participer aux prières hebdomadaires avec un financement qui leur sera octroyé ; Reporter les périodes de formation des enfants-adeptes pour les vacances ; Les dignitaires doivent implorer les dieux pour réduire un tant soit peu les règles qui les régissent afin aux jeunes adeptes de suivre une formation et d’aller travailler à leur sortie.

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CONCLUSION

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La grande majorité des forêts sacrées sont des espaces à vocation de protection.Au Bénin, les forêts sacrées sont perçues comme une partie importante du patrimoine des villages riverains.Leur gestion procède d’un modèle typiquement traditionnel, basé sur le respect de la tradition, des interdits et le pouvoir des dignitaires.Cette recherche portant sur l’apport des sites sacrés a été pour nous l’occasion ultime pour étudier la contribution des modes de gestion traditionnelle basée sur le « sacré » à la conservation de la biodiversité dans la commune d’Avrankou.Pour atteindre nos objectifs dans le cadre de cette étude, les méthodes probabiliste (technique aléatoire) et non probabiliste (choix raisonné et boule de neige) ont été utilisées et ont permis de constituer un échantillon de sujetsà savoir : les chefs de cultes, les dignitaires, les adeptes et tous les vodouisants potentiellement concernés par l’étude.

Ainsi, cette étude nous a révélé que les sites sacrés dont la mare sacrée zêkpon et la forêt sacrée de kogbomè représentent des patrimoines culturels et cultuels pour la communauté d’Avrankou. Ils sont donc un lieu de conservation de la biodiversité, mais également un lieu de la mémoire de lignage et de transmission de l’histoire, un lieu d’éducation et d’expression de la culture des populations traditionnelles. Mais malgré l’intégration de ces différents sites dans les aires protégées de la commune, ces espaces sont toujours victimes des actions incontrôlées des hommes. La gestion quoique faite par les chefs traditionnels eux-mêmes avec une certaine implication des autorités politico-administratives de la commune, rencontre encore d’énormes difficultés. Elles sont de plusieurs ordres et sont causées par plusieurs facteurs.Hormis tous ces facteurs, il faut noter aussi le modernisme et l’enseignement des nouvelles religions qui prend le pas sur la tradition, les actions anthropiques comme la déforestation, l’urbanisation grandissante qui réduit progressivement les sites sacrés.Et L’Etat béninois en voulant atteindre les ODD, a voté des textes et lois qui attendent d’être mises en application. Ces dernières n’ont pas empêchées la population qui continue de détruire la biodiversité présente sur ces sites. Il est donc important de revenir aux systèmes anciens c’est- à-dire à la pratique des modes de gestion traditionnelles qui ont pendant longtemps conserver les sites sacrés. Par ailleurs, tenant compte du modèle d’analyse emprunté dans le cadre de ce travail et des éléments exposés ci-dessus, la commune d’Avrankou devrait pouvoir se fonder sur ses patrimoines culturels et cultuels pour bâtir son développement, dont la culture en est le socle. Cela passe par une gestion durable et une meilleure valorisation de cette dernière.

De ce point de vue, au regard des résultats auxquels l’étude a abouti et de l’analyse qui en est faite, les hypothèses émises au départ à savoir : « la présence des divinités, la pratique des

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ rituels au sein des sites naturels et l’instauration des règles traditionnelles constituent les modes de gestion traditionnelle de conservation des sites sacrés » ; « l’efficacité de la sacralisation des sites naturels réside dans son caractère traditionnel de dissuasion des populations face à leurs imprévoyances et assauts incontrôlés » ; « les effets des religions modernes, l’absence de transmission intergénérationnelle des connaissances traditionnelles, l’urbanisation grandissante » représentent les défis auxquels font face les modes de gestion traditionnelle des sites sacrés sont vérifiées.

Au terme de cette recherche, il convient de noter que la forêt sacrée de kogbomè et la mare sacrée zêkponsont l’expression culturelle et cultuelle de la commune d’Avrankou. Il urge donc d’y apporter une attention particulière afin de stimuler le développement par le bas, en partant de la culture et en mettant au centre le peuple. Les modes de gestion traditionnelle qui permettaient aux populations traditionnelles de conserver la biodiversité par les sites sacrés doivent être encouragés et rénovés. Elles doivent détenir un pourvoir de décision et être adaptées aux situations de notre époque (avènement des religions modernes, l’urbanisation grandissante). Mais est-ce qu’en balisant l’accès à ces sites sacrés, les populations traditionnelles avaient pour but la protection de la biodiversité ? C’est la principale question qu’on s’est posée dans la rédaction de ce mémoire.

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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12- Juhe-beaulaton D., Roussel B., 2002. Les sites religieux vodun : des patrimoines en permanente évolution. In : Patrimonialiser la nature tropicale. Dynamiques locales, enjeux internationaux. M.-C. Cormier-Salem, 13- KOUAROUMARO BAROKA, J. (2016). Analyse des facteurs de résistance au développement du tourisme dans le département de l’Atacora : cas des Communes de Natitingou et de Toucountouna. Mémoire de Master Professionnel en Développement communautaire, Institut National de la Jeunesse, de l’Education Physique et du Sport, Université d’Abomey-Calavi, Bénin, 127p ; 14- KoukouK., Sokpon N.(2006).Les forêts sacrées du couloir du Danhomey.N°288(2),15-23 15- M’po, F. K. (2018). Le tata somba : un patrimoine architectural, culturel et identitaire en péril chez les tammari dans la commune de Boukoumbé. Mémoire de master en Science et Techniques des Activités Socio-Educatives, Institut National de la Jeunesse, de l’Education Physique et du Sport, Université d’Abomey-Calavi, Bénin, 82p 16- Mairie d’Avrankou, (2017). Plan de Développement Communal D’Avrankou 3eme génération, 181p 17- OUSSOU LIO, A. (2016) : A la découverte de Avrankou, 32p ; 18- Pare, D.S. (2013).Enjeux socio-économiques et conservation des ressources naturelles :dynamique des populations et perspectives de gestion durable de la forêt classée de Dida (Burkina Faso)(« mémoire de DESS », Université de Kinshasa RDC) 19- Savadogo S., Ouedrago A., Thiombiano A. (2011). Diversité et enjeux de conservation des bois sacrés en société Mossi (Burkina Faso) face aux mutations socioculturelles actuelles,. 5(4): 1639-1658,1-20. 20- TodagbanLanvedou, E. (2017).Gestion durable et valorisation des patrimoines culturels et cultuels au benin : cas de la mare sacree ’’zekpon’’ dans la commune d’avrankou. Mémoire de Licence Professionnel en Développement communautaire, Institut National de la Jeunesse, de l’Education Physique et du Sport, Université d’Abomey-Calavi, Bénin, 89p ; 21- UNESCO (2004). Programme Tourisme, culture et développement en Afrique de l’ouest, pour un tourisme culturel au service du développement durable. Paris, Miollis,58p. ; 22- UNESCO. (1998). Rapport final de la Conférence Internationale sur les politiques culturelles pour le développement à Stockholm (Suède) du 30 mars au 02 avril.

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23- Yelkouni M..« La gestion communautaire :une alternative pour la forêt sacrée de Tiago au Burkina Faso », Revue d’Economie Régional et Urbaine 2005/4 (octobre), p. 578

Webographie 24- http://ajol.info/index.php/ijbcs

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TABLE DES MATIERES

Dédicace ...... i

Remerciements ...... ii

Sommaire...... iii

Sigles et Abréviations ...... iv

Liste des tableaux...... v

Liste des figures ...... v

Liste des cartes...... v

Liste des photos ...... v

INTRODUCTION ...... 1

CHAPITRE I : CONTEXTUALISATION DE LA RECHERCHE ...... 5

1.1 Cadre physique ...... 6

1.1.1. Cadre physique ...... 6

1.1.2. Cadre administratif ...... 7

1.1.3. Dynamique sociodémographique de la commune d’Avrankou ...... 8

1.1.4. Peuplement et organisation sociale de la commune d’Avrankou ...... 9

1.2. Principales activités de l’économie locale ...... 11

1. Agriculture...... 11

2. Elevage ...... 12

3. Pèche/Pisciculture ...... 13

4. Exploitation forestière, faunique et minière ...... 13

5. Production industrielle...... 14

6. Artisanat, hôtellerie et tourisme ...... 14

CHAPITRE II : PROBLEMATISATION DE LA RECHERCHE ...... 16

2-1- Revue de littérature ...... 17 80

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2-1-1 Interactions populations-forêt ...... 17

2-1-2 Le niveau de dégradation de la végétation ...... 18

2-1-3 Alternatives pour la gestion durable des forêts ...... 19

2-1-4 Les pratiques des sociétés traditionnelles en matière de conservation de la biodiversité ...... 22

2-1-5 Analyse du cadre juridique des forêts sacrées au Bénin ...... 24

2-1-6 Analyse des modes de gestion traditionnelle des forêts sacrées ...... 26

2-1-7 Fonctionnement interne de la gestion de la mare sacrée Zèkpon ...... 31

2-1-8 Patrimoine culturel et collectivités locales ...... 31

2-2- Modèle d’analyse ...... 33

2-3- Clarification des concepts de la recherche ...... 35

2-3-1 Culture ...... 36

2-3-2 Identité culturelle ...... 36

2-3-3. Patrimoine et Patrimoine culturel ...... 37

2-3-4 Population traditionnelle ou société traditionnelle ...... 38

2-4- Problématique ...... 38

2-5- Hypothèses de la recherche ...... 41

CHAPITRE III: DEMARCHE METHODOLOGIQUE ...... 43

3. Nature de la recherche, population d’enquête et méthodes d’échantillonnage ...... 44

3-1 Nature de la recherche ...... 44

3-2 Population d’enquête ...... 44

3-3 Echantillonnage ...... 45

3-3-1 Méthode d’échantillonnage ...... 45

3-3-2 Technique d’échantillonnage ...... 45

3-3-3 Taille de l’échantillon ...... 46

3-4-Techniques et outils de collecte des données ...... 48

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3-4-1-La pré-enquête ...... 48

3-4-2 Le questionnaire ...... 48

3-4-3 L’entretien ...... 48

3-4-4 La recherche documentaire ...... 49

3-4-5 Matériels de terrain ...... 49

3-4-6 Méthodes d’analyse des données ...... 49

CHAPITRE IV : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS ...... 50

4-1- Présentation des résultats...... 51

4-1-1 Etude quantitative ...... 51

4-1-2- Présentation des résultats de l’étude qualitative ...... 56

4-2- Interprétation des résultats ...... 67

4.3 Vérification de la validité des hypothèses de travail ...... 72

4.4 Suggestions/propositions ...... 73

CONCLUSION...... 74

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...... 77

TABLE DES MATIERES...... 80

ANNEXES ...... A

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ANNEXES Note :

1- Grabe-Bénin ONG : Importance et analyse juridique des forêts sacrées au Bénin 2- Ensemble Allons dans la Paix : situation des forêts sacrées au Bénin et au Togo 3- Ces positions font écho aux recommandations de la Convention sur la Diversité Biologique qui valorise, notamment dans son article 8j, les pratiques des communautés locales en matière de gestion de la biodiversité, définie d’ailleurs comme leur patrimoine et non plus comme un patrimoine commun de l’humanité (Glowka et al, 1996)

4- Faux-iroko et figuier ; baobab, fromager et faux-kapokier. Les raisons invoquées par nos informateurs sont fort diverses : tailles, formes et longévité exceptionnelles, présence de latex, caractère énigmatiques de la reproduction… 5- Un des contes associés aux signes (kpoli) du fa, donne un fondement mythique à cette particularité. A l’origine du monde, le Ciel (ou, dans certaines versions, Hevieso, le dieu du tonnerre) et la Terre (ou, souvent Anygbanto, principe féminin de Sakpata, divinité de la variole) étaient mari et femme, aussi proches d’un de l’autre »qu’une calebasse de son couvercle ». De leurs amours naquirent des enfants ; les premiers furent les plantes ; vinrent ensuite les animaux, puis les hommes. La belle harmonie originelle ne tarda pas à être brisée par le comportement de ces derniers, volontiers querelleurs et bruyants. Le Ciel, lassé de leurs frasques, en fit grief à la Terre et sur les conseils perfides de Dan, le python arc-en-ciel, s’éloigna de son épouse. La Terre maternelle craignant pour sa progéniture, inventa alors les premières prières, fit les premières offrandes et supplia le ciel de ne pas abandonner ses enfants. Il se laissa fléchir et pour ne pas frapper injustement les plus sages d’entre eux, les végétaux, envoya la première pluie, créant ainsi le cycle des saisons dont les hommes et les animaux surent aussi tirer profit. Les herbes et les arbres, apparaissent donc comme les enfants aînés et préférés des dieux, les intermédiaires privilégiés entre l’au-delà et le monde (Roussel, 1994). 6- Dans les arcours thérapeutiques, les malades séjournent alternativement dans les endroits chauds (zozo) et dans des endroits (fafa ou fifa). On leur administre des médecines, dont des plantes, alternativement zozo et fafa. Le but ultime des soins étant

A

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de faire retrouver au patient l’état de « fraicheur » caractéristique de la bonne santé. Dans ce contexte, les forêts sont globalement fafa mais certaines, totalement ou en partie, peuvent être zozo, notamment là où sont enterrés les male-morts (sorciers, accidentés, femmes enceinte…) 7- Des forêts comme celle d’Avokanzoun, près d’Abomey, fondent même leur réputation aux yeux des prêtres vodun, sur le fait qu’elles seraient les seuls endroits où croissent certaines plantes liturgiques particulièrement réputées.

B

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Institut National de la Jeunesse, de Université d’Abomey-Calavi (UAC) l’Education Physique et du Sport (INJEPS)

DEPARTEMENT DES SCIENCES ET TECHNIQUES DES ACTIVITES SOCIO- EDUCATIVES (STASE) OPTION : Développement communautaire Questionnaire Cible : Ce questionnaire s’adresse aux autorités politico-administratives Ce questionnaire est élaboré dans le cadre de la réalisation d’un mémoire de Master 2 Professionnel en Sciences et Techniques des Activités Socio-Educatives (STASE) à l’Institut National de la Jeunesse de l’Education Physique et du Sport (INJEPS), option : Développement Communautaire. Notre recherche porte sur le thème : «Contribution des sites sacrés à la conservation durable de la biodiversité : cas de la mare sacrée « zêkpon » et de la forêt sacrée de kogbome». L’objectif de ce travail est d’étudier la contribution des modes de gestion traditionnelle ou des pratiques communautaires traditionnelles, basée sur le « sacré » à la conservation de la biodiversité dans la commune d’Avrankou.

I. IDENTIFICATION

Nom…………………………………….……………………………………………………

Prénoms………………………………………..………………………..……………......

Sexe ………………………………………………………………..…………………………

Age ……………………………………………..…………………………………......

Niveau d’étude.……………………………………………………..………………………...

Origine......

C

CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ

II. Perception de la population

Oui

1-Connaissez-vous ce qu’on appelle site sacré ? Oui Non 2-Selon vous, comment sont organisés ou gérés ces sites sacrés ? Non

3- Quel but vise la sacralisation de ces sites naturels ?

Oui 4-Connaissez-vous la mare sacrée « zêkpon » et / ou la forêt sacrée de kogbome» ? Non Si oui, depuis quand ? ……………………………………………………………………….

5- Qu’avez-vous constaté sur l’état de la végétation et des animaux sur ces sites ?

Evolution Diminution Autres ………………………………………………..

6- Cet état de chose est dû à quoi ?

Type de site (sacré ou non) mode de gestion Actiondel’homme autres…………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………..

7- Pensez-vous que le fait de sacralisé un site naturel permet de protéger tout ce qui a comme faune et flore sur ce site ? Oui Non

8- Quels sont les modes de gestion traditionnelles ou les pratiquent communautaires que vous connaissez et qui permettent de conserver la biodiversité ? ………………………………………………………………………………………………...

………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………….

9- Est-ce que ces modes de gestion ne profitent à un groupe de personnes dans la population ?

D

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Oui Non

10- Si oui à la précédente, comment procédé pour faire bénéficier les autres groupes de la population des forces (atouts) de ces modes de gestion ? ……………………………......

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11- Les modes de gestion traditionnelles présentent-elles des faiblesses ? Oui Non

12- Si oui à la question précédente, quelles sont ses faiblesses ?………………………………

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13- Pensez-vous que les religions modernes influencent les modes de gestion traditionnelle ? Oui Non

10- Si oui à la question précédente, comment ? Conception diabolique Perturbe la cohésion sociale

Autres………………………………………………………… …..

14- Pensez-vous que le non-respect des interdits et principes feront disparaitre les sites un jour ? Oui Non 15- Face aux différentes menaces dont sont victimes les sites sacrés, quels sont les défis à relever ?......

Merci pour votre aimable contribution !

E

CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ

Université d’Abomey-Calavi Institut National de la Jeunesse, de (UAC) l’Education Physique et du Sport (INJEPS)

DEPARTEMENT DES SCIENCES ET TECHNIQUES DES ACTIVITES SOCIO- EDUCATIVES (STASE) OPTION : Développement communautaire Guide d’entretien Cible : Ce guide d’entretien s’adresse aux personnes ressources Ce guide d’entretien est élaboré dans le cadre de la réalisation d’un mémoire de Master 2 Professionnel en Sciences et Techniques des Activités Socio-Educatives (STASE) à l’Institut National de la Jeunesse de l’Education Physique et du Sport (INJEPS), option : Développement Communautaire. Notre recherche porte sur le thème : «Contribution des sites sacrés à la conservation durable de la biodiversité : cas de la mare sacrée « zêkpon » et de la forêt sacrée de kogbome». L’objectif de ce travail est d’étudier la contribution des modes de gestion traditionnelle ou des pratiques communautaires traditionnelles, basée sur le « sacré » à la conservation de la biodiversité dans la commune d’Avrankou. Vous avez été identifié comme personne ressource, capable de nous fournir des informations utiles pour notre travail. Nous souhaitons aborder les différents points suivants : -les modes de gestion traditionnelles ou pratiques communautaires traditionnelles ; -les forces et faiblesses de ces modes de gestion ; -les défis à relever face à ces modes de gestion ; -l’implication des élus locaux dans les modes de gestion. NB : Les données recueillies seront confidentielles et ne seront utilisées qu’à des fins de recherche. Pour cela, nous vous prions de bien vouloir répondre sincèrement aux questions que nous vous adressons. Nous vous remercions

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ

Université d’Abomey-Calavi Institut National de la Jeunesse, de (UAC) l’Education Physique et du Sport (INJEPS)

DEPARTEMENT DES SCIENCES ET TECHNIQUES DES ACTIVITES SOCIO- EDUCATIVES (STASE) OPTION : Développement communautaire Guide d’entretien Cible : Ce guide d’entretien s’adresse aux chefs de cultes, chefs traditionnels, dignitaires, adeptes, initiés. Ce guide d’entretien est élaboré dans le cadre de la réalisation d’un mémoire de Master 2 Professionnel en Sciences et Techniques des Activités Socio-Educatives (STASE) à l’Institut National de la Jeunesse de l’Education Physique et du Sport (INJEPS), option : Développement Communautaire. Notre recherche porte sur le thème : «Contribution des sites sacrés à la conservation durable de la biodiversité : cas de la mare sacrée « zêkpon » et de la forêt sacrée de kogbome». L’objectif de ce travail est d’étudier la contribution des modes de gestion traditionnelle ou des pratiques communautaires traditionnelles, basée sur le « sacré » à la conservation de la biodiversité dans la commune d’Avrankou. Vous êtes une autorité politique et / ou administrative que nous avons jugée capable de nous fournir des informations utiles pour notre travail. Nous souhaitons aborder les points suivants : -les modes de gestion traditionnelles ou pratiques communautaires traditionnelles ; -les forces et faiblesses de ces modes de gestion ; - face aux menaces qui pèsent sur les modes de gestion, quels sont les défis à relever ; -l’implication des élus locaux dans les modes de gestion ; NB : Les données recueillies seront confidentielles et ne seront utilisées qu’à des fins de recherche. Pour cela, nous vous prions de bien vouloir répondre sincèrement aux questions que nous vous adressons. Nous vous remercions

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CONTRIBUTION DES SITES SACRES A LA CONSERVATION DURABLE DE LA BIODIVERSITE DANS LA COMMUNE D’AVRANKOU : CAS DE LA MARE SACRÉE ZÊKPON ET DE LA FORÊT SACRÉE DE KOGBOMÈ

Résumé

Aujourd’hui, la plupart des ressources naturelles communautaires se retrouve dans les forêts sacrées. Elles sont des sites naturels conservés pour les rôles spirituels qu’elles jouent dans la communauté. Grâce aux certaines, stratégies et modes de gestion de conservation des ressources naturelles mises en place par la population traditionnelle, certains d’entre les sites sacrés ont pu se maintenir en état depuis des siècles. La conservation de ces forêts a été possible grâce aux méthodes ancestrales utilisées par les prêtres de culte, les chefs de cultes, les dignitaires. Le cas spécifique dans la commune d’Avrankouest que, les sites sacrés sont l’expression identitaire, culturelle et cultuelle de la communauté. Face alors à l’enseignement grandissant des religions modernes, à l’urbanisation grandissante et aux contraintes de l’éducation formelle, les modes de gestion traditionnelle disparaîtront progressivement. L’objectif général de cette recherche est d’étudier la contribution des modes de gestion traditionnelle basée sur le « sacré » à la conservation de la biodiversité dans la commune d’Avrankou. De natures qualitatives et quantitatives, cette recherche a procédé à des recherches documentaires, à un dépouillement duquestionnaire adressé à cent quatre-vingt-onze sujets et à une analyse des résultats de ce questionnaire et des opinions de quatre enquêtés auprès desquels des entretiens ont été conduits. Le modèle des identités culturelles de Guy Bajoit (1997) nous a servi de postulat pour le traitement et l’analyse des résultats de terrain. Des analyses, il ressort que les causes de la disparition progressive des modes de gestion traditionnelle sont de plusieurs ordres. D’un autre côté, les résultats ont révélé que les sites sacrés constituent l’identité première de la communauté d’Avrankou, un atout touristique de taille contribuant au développement local et que les élites culturelles doivent taire leurs différents afin de propulser le développement.

Mots clés : développement-biodiversité-conservation-modes de gestion traditionnelle

Abstract

Today, most of the community's natural resources are found in sacred forests. They are natural sites preserved for the spiritual roles they play in the community. Thanks to some of the natural resource conservation strategies and management methods put in place by the traditional population, some of the sacred sites have been able to maintain their status for centuries. The conservation of these forests was possible thanks to the ancestral methods used by the priests of worship, the leaders of cults, the dignitaries. The specific case in the commune of Avrankou is that sacred sites are the expression of identity, culture and worship of the community. Faced with the growing teaching of modern religions, the growing urbanization and the constraints of formal education, traditional management methods will gradually disappear. The general objective of this research is to study the contribution of traditional management methods based on the "sacred" to the conservation of biodiversity in the commune of Avrankou. Of qualitative and quantitative nature, this research carried out a literature search, a recount of the questionnaire addressed to one hundred and ninety-one subjects and an analysis of the results of this questionnaire and the opinions of four interviewees from whom interviews were conducted. ducts. Guy Bajoit's (1997) model of cultural identities served as a postulate for the treatment and analysis of field results. Analyzes show that the causes of the gradual disappearance of traditional management methods are of several kinds. On the other hand, the results revealed that the sacred sites constitute the first identity of the Avrankou community, a major tourist asset contributing to local development and that cultural elites must silence their different in order to propel development. Key words: development – biodiversity – conservation - traditional management methods

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