Texte et photographies : Pascal Roman Dessins : Jérome Phalippou

Le chef-lieu d’Onnion.

P 2 et 3 : Présentation de la vallée - Le . P 4 : Géographie - Géologie. P 5 : La route. P 6 et 7 : Le Risse. P 8 : La préhistoire - La grotte du Baré. P 9 à 19 : Mégevette - Histoire - Patrimoine religieux - Agriculture - Le pipe-lait - Industries et artisanat - La légende de Pétronille - Mgr Rey. P 20 et 21 : Les colporteurs. P 22 : Paysages d'autrefois. P 23 à 32 : Onnion - Histoire - Patrimoine religieux - St François Jacquard - Industries et artisanat - Les Plaines Joux - Eboulements et catastrophes. P 33 : Fêtes d'hier et d'aujourd'hui. P 34 et 35 : Les ponts. P 36 : L'habitat. P 37 à 47 : Saint-Jeoire - Histoire - Les Franchises - Les châteaux - Patrimoine religieux - Personnalités - Industries et artisanat - Agriculture - Le Môle - Les Brasses - Le tram - Les guerres. P 48 : Cartes postales anciennes.

 Meule portative de rémouleur.

© Editions de l'Astronome 2007 F - 74550 - www.editions-astronome.com Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation strictement réservés pour tous pays. ISBN 978-2-916147-21-5 ISSN 1778-4581 Dépôt légal novembre 2007 Achevé d'imprimer en novembre 2007 par Graphique Productions - F - 73290 La Motte Servolex Auge glaciaire traversée par le Risse, la vallée se situe en Faucigny, au cœur de la Haute-Savoie.

 Armoiries des sires de Faucigny.

AU FIL DU RISSE Mégevette, tout au nord, comme La vallée est orientée du nord au sud en beaucoup de villages savoyards de suivant le cours du Risse. Vaste cuvette montagne, a toujours eu une vocation creusée par les glaciers, elle s'étend agricole. Il lui faut aujourd'hui compter largement à l'ouest et à l'est en plaines avec un tourisme de plus en plus présent. verdoyantes et en pâturages haut perchés Par le col de Jambaz, la commune et ensoleillés, mais elle se resserre en communique avec la vallée Verte et la deux endroits, formant des gorges vallée du Brevon dans le Chablais auquel profondes qui séparent les trois Mégevette a été rattachée durant 549 communes. L'étroit de Bellosey marque années. Onnion, situé entre les deux ainsi la frontière entre Mégevette et communes précédentes, a longtemps Onnion, et l'étroit des Barmes (ou Balmes) vécu de l'exploitation de ses forêts. Au sépare Onnion de Saint-Jeoire. cours des siècles précédents, nombre de ses enfants, s'en sont allés chercher ENTRE AGRICULTURE ET TOURISME fortune sur les routes, exerçant Au cœur de chaque cuvette ainsi formée principalement le métier de rémouleur se sont nichés trois villages de montagne. ambulant (comme cela était également le Saint-Jeoire-en-Faucigny, tout au sud, est cas pour beaucoup d'habitants de la porte de la vallée et s'ouvre également Mégevette). Aujourd'hui, le colportage a vers les vallées du Giffre et de l'Arve. Cette disparu et Onnion, avec son village de situation lui a valu au Moyen Age de vacances, sa piscine, son domaine de ski devenir un bourg marchand et industriel. de fond des Plaines Joux et sa Aujourd'hui, Saint-Jeoire, chef-lieu de participation à la station de ski des canton, a su maintenir et développer ses Brasses, a su faire du tourisme une source activités artisanales et industrielles. de retombées économiques importante.

Vue d’ensemble de la vallée du Risse prise du sommet du Môle.

2  Onnion et le pont de la Tourne après 1908.

LE FAUCIGNY La vallée du Risse fait partie du canton de Saint-Jeoire qui compte sept communes : Saint-Jeoire, Onnion, Mégevette, La Tour, Saint-Jean-de-Tholome, Viuz-en- Sallaz et Ville-en-Sallaz. Elle se situe en Faucigny, région qui se compose des bassins de l'Arve et du Giffre et qui occupe la partie centrale du département de la Haute- Savoie entre le Chablais au nord-est, et le Genevois au sud-ouest. Le Faucigny s'étire sur une centaine de kilomètres, du massif du Mont-Blanc jusqu'aux portes de Genève. La vallée vue de la Au Moyen Age, la puissante famille des sires de Faucigny montagne d’Hirmentaz. régnait sur un territoire occupant approximativement la vallée Au loin, à droite, le Môle. de l'Arve. Leur fief était entouré par les possessions de leurs rivaux, les comtes de Savoie et de Genevois. Les Faucigny ont fait de généreuses donations à l'Eglise, participant ainsi à la création de prieurés, de monastères et de chartreuses (, Vallon). A la mort d'Aymon II, en 1253, le Faucigny revient à sa fille Agnès qui épouse Pierre II de Savoie. Leur fille, Béatrix, épouse du dauphin Guigues VII, hérite du Faucigny en 1268, ce qui provoque un long conflit entre Savoie et Dauphiné. Lors du traité de Paris, qui met fin à cette discorde en 1355, le Faucigny, transmis à la Maison de Savoie, devient l'une des six provinces du duché de Savoie.

Sceau d’Aymon de Faucigny (1221).

Savez-vous que le Faucigny possède le plus haut sommet d'Europe (le mont Blanc) et le gouffre le plus profond du monde (le Jean-Bernard à Samoëns, d'une profondeur de 1490 m) ?

3  La Pierre qui parle, entre Onnion et Défilés profonds, replis de Saint-Jeoire, doit son terrain, plaines nom à son aspect en forme de bouche ouverte. verdoyantes, nombreux hameaux éparpillés au soleil et alpages haut perchés donnent à la vallée un paysage varié.

UNE VALLÉE OUVERTE Orientée nord-sud, la vallée est bordée à l'ouest par une succession de montagnes : celle d'Hirmentaz, la pointe de Miribel, le plateau des Plaines Joux et enfin le massif des Brasses. Le Môle, qui "ferme" la vallée, et la montagne d'Hirmentaz appartiennent à la zone du Jurassique inférieur (-196 à -183 millions d'années) dont les roches tendres donnent des sommets arrondis couverts vallée est constitué de couches de de forêts et de prairies. A l'est, la vallée matériaux superposés (calcaires du s'ouvre plus largement vers la commune Jurassique, grès, schistes) qui de , dont la paroisse d'Onnion a provoquent des glissements de terrain longtemps été une dépendance. Au nord, résultant de l'érosion due au Risse. à Mégevette, elle communique par le col Glissements qui sont la cause de la de Jambaz avec la vallée du Brevon et la disparition des anciens hameaux des vallée Verte. Au sud, à Saint-Jeoire, elle Boussages et du Bourg, sur la commune s'ouvre vers les vallées de l'Arve et du d'Onnion (voir p 32). Giffre. A Onnion, une départementale sinueuse permet de monter jusqu'aux LE RÉSEAU SOUTERRAIN Plaines Joux et de là, de gagner Villard et Les montagnes de la vallée Boëge. De même, à Mégevette, la route appartiennent aux Préalpes Médianes et de la Combe, tracée en 1974, permet sont riches en cavités naturelles qui se d'atteindre les Plaines Joux. sont formées suite à la dissolution de matériaux karstiques, sous l'effet de la GÉOLOGIE pluie et de la neige. Ainsi le réseau Les glaciers du Rhône, du Giffre et du souterrain permet la pratique de la Risse recouvraient autrefois les spéléologie, notamment à Mégevette, où montagnes qu'ils ont la grotte de La Culaz, creusées, formant un labyrinthe de plus ainsi la vallée, et de 1 000 mètres, a été laissant des dépôts explorée en 1938. morainiques, ainsi que Comme pour beaucoup des terrasses, sortes d’autres grottes, une de plateaux appelés légende raconte que terrasses de khame, des fées y auraient élu où sont nichés les domicile... A Onnion, hameaux de Chounaz des grottes ont servi de et de Cormand à refuge aux hommes Saint-Jeoire. préhistoriques (voir Le sous-sol de la p 8).

 Au fond des gorges du Risse à hauteur du hameau de Pouilly.

4 UNE ROUTE ACCROCHÉE À LA La départementale 26 MONTAGNE a été tracée Autrefois, l'itinéraire reliant Mégevette à après l'annexion Saint-Jeoire était plus étroit que la route de la Savoie actuelle et sinuait au-dessus de celle- à la . ci. Un projet de route plus carrossable est apparu après l'annexion de la Savoie à la France (1860). La difficulté des expropriations et le coût important des travaux (il a fallu dynamiter le rocher entre Pouilly et Onnion, ainsi qu'à Bellossey, pour "accrocher" la route au-dessus du Risse), ont occasionné un chantier long et pénible. Aujourd'hui encore, cette route est difficile à entretenir. La portion qui monte au col de Jambaz est exposée aux glissements de terrain en hiver et à l'automne, ou lors de pluies torrentielles. Quant au lieu-dit La Pierre qui parle (voir photo p 4), il a été le lieu d'un drame en août 2005 : un bloc de rocher a chuté, causant la mort d'une automobiliste. Des travaux (purge des falaises et reprofilage par minage) d'un coût de 1 850 000 d'euros, ont été réalisés en 2005 et 2006.

LES ANCIENS CHEMINS L'ancienne route franchissait le Risse au pont de Piccot à Onnion. Le pont de la Tourne ne sera construit qu'en 1908 (voir p 35). La passerelle piétonnière de Serravaz servait aux habitants de la rive gauche pour se rendre au chef-lieu d'Onnion. Quant au pont du Fillian, il était entretenu par les habitants de Mégevette et d'Onnion, car il était emprunté par les Mégevans pour se rendre aux marchés de Saint-Jeoire, Mieussy et et par les Onnionais de Sévillon et du Jorat pour aller à la messe à Mégevette. Après Onnion, l'ancien chemin montait par La Trappaz et La Culaz, La Charre, et se dirigeait vers Les Parchets en passant par La Combe. Il longeait le flanc de la montagne d'Hirmentaz, pour déboucher sur le plateau des Mouilles à , permettant l'accès vers les autres vallées.

Le route au début du 20ème siècle et en 2007. 

Le tunnel de 40 m, entre Onnion et Saint-Jeoire, a été percé sous le règne de Napoléon III dans les années 1863.

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