Nouveau, Le Numéro 21 Est En Ligne
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“ Le Petit ColporteurRacines en Faucigny - Société d’histoire locale Année 2014 - N°21 - ”10 € Sommaire 1 Editorial 2 Bonneville vue par les voyageurs 8 La bastonnade de Bonneville du 13 février 1848 13 Pellionnay 14 Diphtérie à Saint-Jean-de-Tholome 16 Photos de l’ancien temps à Marcellaz Les auteurs du Petit Colporteur N°21 : 18 1860 : Où sont-elles les mairies de notre canton ? Beautemps Gentiane 23 A la recherche des moulins à eau de Contamine-sur-Arve Carrier-Dalbion Gilles Chavanne Yannick 27 Histoire de clocher Chavigny Francis 32 Légende de la Gogue Constantin De Magny Claude Corbet Gabriel 33 Problèmes d’école au tournant du XXe siècle à Faucigny Détharré Dominique 37 François Jacquard : un Onnionais illustre Donche Monique Dutailly Didier 46 Ecole de Juffly hameau de Fillinges 1951-1952 Félisaz Claudette 47 Le pèlerinage de Peillonnex Gevaux Marie-Dominique Mercier Pierre 50 Pauvres et vagabonds Périllat Géraldine Pessey-Magnifique Michel 52 1713-2013 Tricentenaire de l’accession de la Maison Poncin Alice de Savoie à la dignité royale Rey-Millet Jeanne 55 Le pipe-lait de Mégevette Rey-Millet Marie (†) Ruckebusch Jean-Luc 58 Les étangs de Bonneville Sermondadaz Aimé 61 Bonneville et son « bourneau » Thévenod Denis 69 Médecin des villes, médecin des champs 74 L’Action Républicaine à Saint-Jeoire en Faucigny Pour tout savoir sur les aquarelles 77 Séjour à Fillinges des grands-parents maternels d’Annick Terra Vecchia, qui a de Michel Rocard mis à l’honneur cette année 83 Pénurie alimentaire pendant la guerre de 1939-1945 Bonneville, se reporter page 84. Le Petit Colporteur N° 21 Editorial Depuis que la Savoie est entrée dans l’ère industrielle et touristique, sa prospérité et sa renommée en ont fait une région française attractive. Les Savoyards sont sans doute très contents de leur situation, mais ils oublieraient assez facilement ce que l’on disait d’eux jusqu’au début du XXe siècle et qui n’était pas très flatteur. Lorsqu’on disait « C’est un Savoyard ! », voilà un préjugé anti-savoyard dont nous trouvons de nombreux exemples. Le maladroit Pichenot, promu archevêque de Chambéry en 1863, écrivait dans sa première lettre pastorale à ses ouailles savoyardes « ‘la Savoie’ nous était à peine connue, nous avions seulement rencontré dans notre enfance cette noire tribu de petits montagnards ! » (en parlant des ramoneurs). Ou bien quand une bonne âme demanda un jour à un de ces braves Savoyards, après l’Annexion : « Je m’étonne qu’en trois ans vous ayez si bien appris le français. Quel langage parliez-vous auparavant ? », celui-ci malicieux lui rétorqua « Auparavant, Monsieur, nous ne parlions pas… » 1. Or il fallu l’arrivée des romantiques, des écrivains, des poètes et des peintres pour exalter la beauté des lieux afin que des touristes en quête de découverte viennent visiter notre région. Plus tard, la conquête des sommets grisa les alpinistes. Dans de larges extraits d’auteurs de cette époque sur Bonneville, Géraldine Périllat a su sélectionner les meilleurs passages pour nous faire découvrir cette ville si attachante. Mme Détharré s’est appliquée à retracer l’histoire de cette place du Parquet désormais restaurée, et M. Dutailly nous conte l’histoire d’honnêtes passants bonnevillois battus sans raison par un carabinier… Dans ce numéro 21 Bonneville est mis à l’honneur, car depuis 2011 une rubrique lui est consacrée, ce qui ne manque pas d’attirer la curiosité historique des bonnevillois. Annick Terra-Vecchia, avec la puissance de sa narration graphique habituelle, a composé trois aquarelles de quartiers typiques de la Bona Villa. J'aimerais également remercier Gilles Carrier-Dalbion pour son article sur l'anniversaire du 3e centenaire de l'accession de la Maison de Savoie à la dignité royale. Bien sûr, le Petit Colporteur a poursuivi sa marche à travers notre contrée et je remercie celles et ceux qui, par l’originalité de leurs textes, font revivre l’histoire des gens dans leur travail, leur intelligence, leurs soucis et leurs joies, façonnant ainsi le monde dans lequel nous vivons. Le Petit Colporteur se tourne aussi vers son avenir, vous avez remarqué je l’espère son évolution dans sa présentation et la diversité de ses articles. Peu à peu aussi l’association s’est agrandie et déjà une vingtaine de membres a rejoint le cercle. Depuis deux ans nous proposons à la fin de l’été un voyage de découverte de notre pays, cela continuera. En tous cas soyez fidèles à cette revue dont les membres rédacteurs s’adonnent avec courage, persévérance et ténacité à le préparer. Un grand merci à tous ceux-ci ! C’est la dernière fois que je présente cet éditorial, après avoir été le président fondateur de cette revue il y a vingt ans. J’ai décidé de passer le flambeau, j’éprouve le besoin de quitter cette fonction pour éviter une usure qui me guette et puis aussi pour qu’une autre fenêtre s’ouvre sur un renouveau. Un changement est toujours source de progrès, ne soyons pas craintifs ! Merci à tous ceux qui pendant vingt ans furent de bons collaborateurs et j’espère que le Petit Colporteur continuera avec encore plus d’innovations. Qu’il trouve auprès des lecteurs l’indispensable savoir de notre histoire… ! Merci à vous tous, Le Président, Michel Pessey-Magnifique 1 - « La Haute Savoie - Récits d’histoire et de voyages », Francis Wey (1865). 1 Le Petit Colporteur N° 21 Bonneville vue par les voyageurs Malgré les difficultés et l’inconnu, les Alpes ont été traversées à toutes les époques. C’est un lieu stratégique, voie de passage entre la France et l’Italie, entre l’Europe de l’Est et de l’Ouest. Les hospices construits au sommet des cols par les moines en sont la preuve. Cependant, pendant longtemps, les voyageurs passaient mais ne s’arrêtaient pas : les Alpes n’étaient pas le but du voyage, seulement une étape ; on ne s’éloignait pas des routes principales menant aux grands cols. Theatrum Sabaudiae XVIIIe siècle : l’Arve, la place et le château A Chasteau du Souverain B Eglise paroissiale é Collégiale C Eglise é couvent des Barnabites D Maison de Ville A E La rivière d’Arve F La rivière Borne G Porte du costé de Genève G H Porte du costé de La Roche B D C E H F E ans les récits, les descriptions des voyageurs sont tait pas du circuit ; on se devait d’avoir vu ce qu’il fallait très succinctes et il y a beaucoup d’inexactitudes. voir pour le raconter en rentrant. Petit à petit, depuis DLe Faucigny, par exemple, est en grande partie Genève, les voyageurs partent en excursion aux Glacières à l’écart puisque ne possédant pas de grands cols en de Chamouny avant de reprendre leur route. Et la mode direction de l’Italie : il ne bénéficie que de très peu de est lancée. Au XIXe siècle, la région est de plus en plus visiteurs. fréquentée : les Alpes deviennent un but en soi, on vient uis, à partir du XVIIIe siècle surtout, on voit appa- prendre les bains à Saint-Gervais, voir la Mer de Glace, raître un nouveau type de voyageurs : les jeunes on vient de France, d’Allemagne, des Pays-Bas, etc. Et à Paristocrates anglais. Après ou pendant leurs études, son retour, on raconte son voyage. Des dizaines de récits ils partaient pour « Le Grand Tour »*, un long voyage ont été publiés par des auteurs célèbres tels que Victor (France, Allemagne, Suisse et surtout Italie) à travers Hugo, Théophile Gautier ou Goethe, mais aussi par l’Europe qui leur permettait de parfaire leur instruction d’illustres inconnus, plus ou moins talentueux. Certains ont politique et artistique. Cela devint même un passage d’ailleurs copié sans vergogne sur leurs prédécesseurs ! obligé, nécessaire, sorte de rite de passage pour devenir Evidemment, pour aller de Genève à Chamonix, il un « compleat gentleman », acquérir bonne éducation et fallait passer par Bonneville. C’est comme cela que nous reconnaissance sociale. La plupart du temps, on ne s’écar- avons quelques pages qui concernent notre ville, souvent simplement quelques mots, une phrase, ou plus rarement * Noté de la même façon en anglais. un passage entier. Bien sûr, ces voyageurs appartiennent 2 Le Petit Colporteur N° 21 à une classe sociale élevée, à l’élite, et les récits sont entouré de constructions élevées sur arcades ; une église pétris de ce sentiment de supériorité qu’ont les citadins assez grande, mais sans caractère d’architecture ; un envers la campagne et les paysans, mais cela nous ancien château fort et quelques édifices à l’usage des donne quand même une assez bonne idée de l’aspect de services publics : municipalité, tribunaux, gendarmerie, Bonneville et surtout de l’opinion des voyageurs, qui etc., tout cela donne à Bonneville un certain air n’étaient d’ailleurs pas très tendres ! d’importance. »(28). Mais la concurrence est rude : « Bonneville suffirait à amuser un parisien pendant huit Bonneville : triste ou gaie ? jours, s’il ne se trouvait pas si proche des vallées de Maglans, de Sallenches et de Chamonix »(5) ! Mais, out d’abord, attardons-nous sur le sentiment encore une fois, cela dépend des points de vue : « Comme général des voyageurs sur « Notre Bonneville ». localité, c’est un peu moins momie que Sallanches ! »(13). TLes avis sont très partagés. Cela va de « sous- préfecture riante et gaie »(1), à « triste village triangu- Premières impressions laire »(2), de « jolie petite ville »(3) à « endroit d’air triste et solitaire »(4). Mais les auteurs ne précisent pas forcé- ntrons donc dans Bonneville à la suite de nos ment s’ils arrivent avec le soleil ou la pluie, un jour de voyageurs par la route de Genève, avenue rectiligne marché animé ou un jour ordinaire, ce qui peut tout Ebordée d’arbres de tout son long : « nous changer, comme arriver après le coucher du soleil : « nous approchions Bonneville par une allée d’une magnifique y entrâmes de nuit, elle nous parut charmante.