La Robe En France, 1715 - 1815 : Nouveautés Et Transgressions Charlotte Stephan
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La robe en France, 1715 - 1815 : nouveautés et transgressions Charlotte Stephan To cite this version: Charlotte Stephan. La robe en France, 1715 - 1815 : nouveautés et transgressions . Art et histoire de l’art. 2014. dumas-01547219 HAL Id: dumas-01547219 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01547219 Submitted on 26 Jun 2017 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0 International License ÉCOLE DU LOUVRE Charlotte STEPHAN La robe en France, 1715 - 1815 : nouveautés et transgressions. Mémoire de recherche (2e année de 2e cycle) en histoire de l'art appliquée aux collections présenté sous la direction de M. Denis BRUNA Septembre 2014 Le contenu de ce mémoire est publié sous la licence Creative Commons CC BY NC ND 1 LA ROBE EN FRANCE, 1715 - 1815 : NOUVEAUTÉS ET TRANSGRESSIONS 2 Remerciements En préambule à ce mémoire, je souhaiterais adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes qui m’ont apporté leur aide et qui ont contribué à l’élaboration de ce mémoire. Je tiens à remercier Monsieur Denis Bruna, qui, en tant que directeur de recherche, s’est toujours montré à l’écoute et très disponible tout au long de la réalisation de ce travail, ainsi que pour l’inspiration, l’aide et le temps qu’il a bien voulu me consacrer et sans qui ce mémoire n’aurait jamais vu le jour. Mes remerciements vont également à Madame Esclarmonde Monteil, conservatrice du Musée de la Toile de Jouy à Jouy-en-Josas, Madame Camille Debroise, ainsi qu’à toute l’équipe du musée, pour leur générosité et leur écoute, l’aide qu’ils ont su m’apporter tout au long de ma recherche. Je les remercie également d’avoir mis à ma disposition leurs magnifiques collections pour mon étude. Je tiens à exprimer ma reconnaissance envers Madame Regina Karner, conservatrice du Wien Museum à Vienne ( Autriche ), pour le temps qu’elle a pu m’accorder et les conseils précieux qu’elle m’a prodigué. J’adresse mes plus sincères remerciements à Madame Julie Henry, qui a eu la patience et la gentillesse de lire et de corriger ce travail. Enfin, je tiens à remercier chaleureusement mes parents, mes proches, ainsi que Monsieur Médéric Boëssé, qui ont su m’aider et m’orienter dans mon travail, qui m’ont toujours soutenue et encouragée au cours de la réalisation de ce mémoire. Merci à tous et à toutes. 3 Sommaire Introduction 6 I. Regards sur quatre robes qui ont fait la mode et le scandale (1720 - 1815) 10 1. La robe Volante 11 2. Les robes de jardin 15 3. La chemise à la Reine 19 4. La robe « Merveilleuse » 22 5. La robe « Empire » 27 II. Corps caché, corps montré : l’imaginaire du corps 31 1. Un corps dévoilé : de la transparence au nu 32 a) Le dévoilement du corps par la transparence 33 b) L’indécence du buste : la poitrine, les bras et le dos 38 La poitrine et le décolleté 38 Les bras et le dos 46 c) Le découvrement des pieds 50 2. Un corps caché : la robe volante déforme le corps 62 a) Un modèle : le corps idéal 62 b) La robe volante détourne l’image du corps féminin 67 3. Un corps mou : sensualité et sensibilité 73 a) Le retour au naturel 74 b) L’abolition du corps à baleines: un relâchement du corps 78 c) Un corps sensible sous le tissu : une sensualité exacerbée 85 III. Sphère intime/sphère publique : un vêtement de circonstance 92 1. De la chambre au salon : formes et scandales 95 a) La robe volante dissimule les secrets du boudoir 95 b) La robe volante, robe de grossesse ? 102 c) Le négligé comme robe de cour 105 4 2. De l’importance des étoffes 115 a) Coton, mousseline, percale : des tissus pour l’intime 116 b) Chemise et hygiène 119 IV. Le vêtement révélateur de la condition sociale du porteur 124 1. Marie-Antoinette au Salon de 1783 126 a) «La reine en chemise !» 127 b) La révolte lyonnaise : la primauté de la soie 132 2. La robe Merveilleuse et Empire : le lien avec la prostitution 136 a) Les blanches colombes du Palais-Royal 138 b) Dans la peau d’une Merveilleuse 141 c) Napoléon contre la mousseline 145 Conclusion 151 Bibliographie 156 Sources manuscrites 156 Sources imprimées 156 Ouvrages critiques et articles 165 5 Introduction La mort du roi Louis XIV, le 1er septembre 1715 met fin au Grand Siècle, et donne naissance au XVIIIe siècle, sous l’oeil bienveillant du Régent, Philippe d’Orléans. Un changement radical s’opère alors : la rigueur, la droiture, l’exigence de la cour du Roi Soleil semble disparaître avec lui et laisse place à un véritable renouveau : un nouvel esprit commence et annonce tous les innovations et les bouleversements que va connaître le XVIIIe siècle en matière de moeurs, de plaisirs, de modes. Ainsi, le dur XVIIe siècle cède la place à l’aérien XVIIIe siècle, le siècle de la volupté, de la chair sensuelle. La femme devient désirable et envoûtante, se pare de nouvelles tenues, de nouveaux attraits, qui changent et modifient la vision de la femme, les moeurs, la vision du corps. Un nouveau vestiaire apparaît dès la Régence ( 1715 - 1723 ), donnant à la mode féminine l’occasion de briller. La transformation des modes que cherchaient à réaliser les dames de la cour au soir du Grand Siècle naît sous la Régence, pour s’épanouir au siècle des Lumières. C’est le siècle qui connaît le plus de bouleversement en matières de modes et de moeurs. Si la prédominance en matière de goût et de mode de Louis XlV laisse ses marques de façon durable à la cour de France, les modes ne cesseront de se succéder et de changer jusqu’à la Révolution française. Ces changements rapides et éphémères ne se font pas sans déplaire : les scandales agitent alors la mode française. La mode française est réputée pour être changeante, mais aussi pour être choquante et innovante ; le journal Le Radoteur rapporte en 1777 : « La Nation française est de tout temps en possession de saisir les objets avec enthousiasme, de s’en occuper jusqu’à la satiété, et de s’en dégoûter avec mépris dès que le charme de la nouveauté est épuisé. L’esprit en France a ses modes passagères, comme les ornements du corps ont les leurs ; et tout ce qui est inconnu paroît beau : on le saisit avec avidité, fût-on assuré de le trouver 6 détestable huit jours après. » 1 . De même, le marquis de Dangeau inscrit dans son journal le 1er août 1715 : « Beaucoup de dames n’approuvent pas ces habillements nouveaux, ce qui fait croire que cela n’aura pas de suite. » 2 En effet, la nouveauté, dans l’habillement du XVIIIe siècle induit une idée de transgression. Point de mode sans prestige et supériorité accordés aux modèles nouveaux, et, du coup, sans une certaine dépréciation de l’ordre ancien3. Tout ce qui sort du cadre de l’étiquette et de la bienséance apparaît alors comme choquant et troublant pour les courtisans et la société dans son ensemble. Ces nouvelles modes ne cessent de susciter la critique, de heurter, souvent de front, les normes esthétiques, morales et religieuses des contemporains. Cependant, ce ne sont plus seulement la vanité humaine, l’étalage de luxe et la coquetterie féminine qui sont dénoncés, ce sont les formes mêmes du costume - et donc implicitement, du corps - que l’on considère comme indécentes, scandaleuses, ridicules. Si les instruments de correction du corps sont toujours bien présents sous la Régence pour former la chair molle et malléable qu’est le corps humain ( les corps à baleines ), d’autres apparaissent pour donner à la femme un nouveau corps, une autre dimension sexuelle ( les paniers ). Le corps semble ainsi être au centre des préoccupations esthétiques de ce siècle naissant. Bâtis essentiel dans la formation du paraître, c’est sur lui que vont se concentrer toutes les innovations et qui va susciter le plus de critiques. Le corps, caché ou montré, va soulever les coeurs et les quolibets. Ainsi, du style « à la Watteau » des robes volantes de la Régence, aux robes droites et strictes de l’Empire, nous verrons que la robe en France subit toute une logique de transgression et d’assimilation de la nouveauté. C’est à travers l’étude de cinq types de robe « phares » de ce XVIIIe siècle que nous allons voir l’évolution de la robe en France : la robe volante de la Régence, les robes « de jardin », la robe chemise, dite « chemise à la Reine » de la reine Marie- Antoinette, la robe Merveilleuse du Directoire et enfin la robe Empire. Ces cinq types de robes sont autant de témoins de l’innovation de la mode au cours de ce 1 Le Radoteur, 1777, tome I, n°24, article LII, p.369 2 Marquis de Dangeau, Journal, 1er août 1715, Paris : Firmin Didot frères, 1854 - 1860 3 Gilles Lipovetsky, L’empire de l’éphémère. La mode et son destion dans les sociétés modernes, Paris : Gallimard, 1987, p.29 7 XVIIIe siècle : elles ont pourtant été blâmées, car elles ont été jugées trop choquantes, provocantes, inappropriées, déplacées.