Anthropologie et Préh'istoire, 102, 1991, 9-28

Présence de matières colorantes dans ltEurope paléolithique

Marc GROENEN

Abstract The operations und'ergonc by colouring matters - search, mining, transport, uari,ouspreparations, stocking - could, but intolae the whole of group, the and, must therefore be considercd as a social fact. On the other hand,, the Ttresence of colouring matter in id'entical hues, which has bcen attested, since the Low Palaeolithic - throughout a tenitory coaeting all Europe far as iron oxid,æ are concerned,, since the Middte Palaeolithic - mainly in - regatding rncrnganeseoxid,e, ond since the Upper Palaeolithic - particularly in , and, France - with regord' to graphite, has to be consid'ered,as a witness whose import must be und,erstood,in cultural terms. Besid,es,the - examination of the conteats in which colouring has been d,iscoaered on the ground around,f,replaces, in graues, in caae art and art mobilief' on certain tools, on ad,ornments, sphcres of kncaded,ochre found, at Arcy-sur-Cure - shows that these colouring matters were part of most of ewryd,ay life actiaities of Palaeolithic men. Finally, careful consid,eration of two types of specific situotions has broaght up the existence of a symbolic link between rcd, haematite (oligist) and d'eath on the one hand, and, red, haematite and, feminity on the other hand. This giaes us an inkling of the fact that colouring matters n'ust hatte belonged,to a conplex symbolic system whose significance uaé polysemous.

Zusammenfassung Die Ver-richtungen, uelchen d,ie Farbstoffe unterworfen wurd,en, - Suche, Fôrd,er-ung, Transport, aerschied,ene - Vorbereitungsweisen, Vonatsbild'ung konnten nur d,ie gesamte Gruppe implizieren, und, m,ti$en d,aher als Sozial- tat betrachtet uetden. Au$erd,em soll d,ie Anuesenheit aon Farbstoffen, in id.entischenFarbtônen, d,ie seit d,ern Alt- poliiolithikam und' d'urch ganz Europa, was d,asEisenoagd, anbelangt, seit d,ernMittelpatiiolithikum - hauptsâ,chlich in - Franlcreich bezûglich d'es Manganoxgd,s, und, seit d,em Jungpaliiotithikum - aor allem in Deutschlanâ, Ôskneich - und, Franlereich hinsichtlich d'es Graphits, bezeugtwird,, als Zeugen gehalten werd,en, d,essenTragweite mit kultarellen Worten aerstand,en werden mu$. Ûberd,ieszeigt tlas Studium dei Kàùente, worin Farbstoffe eitd,eckt wurden Bod'en utn d'ie Feuerstcllen, in Grôibern, in d,er Eôhlenbild,kunst und, in d,er beweglichen Kunst, an n,anchen Gerâten. an Schmuckgegenstd,nden,gclcnetete Oclcersphdren d,ie in Arcy-sur-Cure gefund,en wurd,en -. d,,afid,iese Farbstoffe zu d,en meisten Alltagsaktiuitâ,ten d,er Altsteinzeitmenschen gehtirten. Schlie$tich hat eine sorgfiiltige Prtifung aon zwei Arten uon spezifischenSituationen d'asBestehen eines symbolischenZusammenhangs zwischen rotem Hômàt;t (Roteisenerz) und Tod' cineneits, und' rotem Hiimatit and, Weiblichkeit and,ererseitszur Schau gestellt. Dies d,eutet an, àa$ Faùstoffe zu einetn leompleaensymbolischen Systen,, d,essenBedeutung aield,eutigwar, gehôrt haben m,ii$en.

1. INTn.oDUCTIoN je vais mtoccuper. Bien entendu, je nommerai de temps à autre les couleurs de ces matières colorantes, Les problèmesdirectement rattachés au domaine mais il stagit alors d'une appréciation faite selon nos de la perception, comme la gustation dtun plat, Itaudi- critères culturels, il s'agit autrement dit des couleurs tion de sons ou la vision de couleurs, pour diffi- telles q\e nous les nommons. ciles qu'ils soient déjà en anthropologie sociale, se Par ailleurs, la limite, tant géographique révèlent, dès lors que lthomme dont on veut traiter que chronologique,résulte du seul choix personnel. ntexiste plus, dtune difficulté très vite insurmontable. Il est important de se rappeler que les Ainsi, pour I'homme du Paléolithique, disparu depuis mêmes colorants se retrouvent encore non seulement après bientôt dix millénaires, que pouvons-nousespérer sa- le Paléolithi- que mais aussi hors d'Europe. voir de la façon dont il percevait les couleurs en l'ab- sencede quelconquetémoignage? Il nous faut, en ef- 2. Lns MATTERES coLoRANTEs (Tableau 1) fet, dtembléedistinguer dtune part la couleur, qui im- plique le phénomène de la vision faisant intervenir Les matières colorantes découvertesdans les gi- le physiologique (æil-cerveau) et le culturel (Tornay, sements du Paléolithique sont, en réalité, p€u nom- je 1978) dont ne peux, en I'absencede témoignages- breuses.Elles peuvent être regroupéesen trois caté- rien dire, et dtautre part les matières colorantes,qui goriesdistinctes. La première comprend des pigments constituent les seules traces objectives fournies par à base de fer, la secondedes pigments à basede man- Itarchéologie.Ctest donc de matières colorantes dont ganèseet la troisième des pigments à basede carbone. 10 Marc GnoBNBN

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t q, q) g (u qJ 4) L{ q O o o x x U o 4) .^ OJ o o c, N U E N aâ o 'l a s z F (J rl] Matières colorantes au Paléolithique 11

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Au premier groupe appartiennent essentiellement liséecomme liant plutôt que comme colorant. Son uti- la goethite (Fe2Os. HzO) qui présente une gamme lisation dans l'art est, du reste, comme nous le ver- colorée qui va du jaune au noir et dont la poudre rons, tout à fait exceptionnelle. broyée fournit un jaune olive (Munsell : ?,5YR 516), Oxydes de fer et de manganèse étaient donc (Fe2O3) et I'hématite dont on connaît deux formes : systématiquement exploités par des populations pa- I'hématite de couleur noire utilisée dans I'Antiquité léolithiques qui se rendaient aux gîtes minéraux pour pour la fabrication dtintailles, qui ne peut pas servir s'en approvisionner et ce à des distances parfois signi- de matière colorante, et lthématite de couleur rouge, ficatives.A titre dtexemple,lesrecherches de Couraud encore appelée oligiste, qui fournit une poudre colo- (1978) ont montré qu'en Haute-Garonne et en Ariège, rante rouge foncé (Munsell : de 5R 312 à 7,bR 3/8). les gisements à peintures préhistoriques se trouvent à Elle se présente sous ltaspect rocheux ou pulvérulent environ 11 km des gîtes de minerai de fer, et que et peut former des masses concrétionnées fibreuses, le manganèse de couleur noire provient de gisements réniformes ou oolithiques. Elle est riche en fer (jus- éloignés d'environ 19 km, ce qui représente une dis- que 68 et se travaille %) aisément (dureté b,5 à 0,5 tance déjà respectable. Mais ces chifres représentent sur l'échellede Mohs) (voir pour tout ceci : Bubenicek des moyennes et on connaît des sites où la distance et Pazdej, 1985; Bolfa, 1985). A ce même groupe se par rapport au gisement était beaucoup plus impor- rattache ce que lton nomme communément les ocres tante : on peut citer, à titre dtexemple,les montagnes constituées d'argile riche en minerai de fer et de si- de la Sainte-Croix (Swietokrzyskie) en Pologne, qui lice. Ce terme, qu'un sièclede préhistoire a rendu ba- ont fourni de I'hématite que I'on retrouve dans les gi- nal, soulève cependant des problèmes, comme I'ont sementsfouillés jusqu'à une distance dé 400 km (Mu- bien montré Audoin et Plisson (1982 : 36-32); cette linowski, 1980 : 638)! matière n'a ni réalité géologique, ni définition phy- sique ou chimique, et le terme a été utilisé chaque 3. ANCTPNNETE ET ABONDANCE DES MA. fois qutune substance tinctoriale jaune ou rouge avait TIER,ES COLORANTES été découverte.Il est donc grevé dtune inconsistance En fait, la présencede minerai de fer et de man- sémantique qui rend d'emblée suspecte l'étude des ganèsedans les gisementsdu Paléolithique supérieur publications anciennes. Les analyses ont révélé que a intrigué les fouilleurs dès la première moitié du I'hématite est, et de très loin, le pigment le plus abon- XIX' siècle en Grande-Bretagne, en Belgique et en damment utilisé. Quant à I'ocre proprement dite, France.Ensuite, au début du XX. siècle,de ltoxyde de elle est rare. Dans les échantillons analysés pour la manganèseest signalépar Capitan et Peyrony (1912 : Provence, Onoratini a montré que ltocre ne paraît 84) dans les couchesmoustériennes du Pech de I'Azé, représenter que 8 % des éléments analysés (Onora- de la Tabaterie, de Combe-Capelle et de la Ferras- tini, 1985 z 64, col. a). De même en Ariège, I'ocre sie en Dordogne ramenant au Paléolithique moyen nta été utilisée que dans de rares cas et jamais pour l'usage de matières colorantes.Enfin, dans les années les représentations ayant déjà fait I'objet d'analyses t60, des découvertes d'ocre à Ambrona en Espagne (Clottes et o1.r1990 ; L74, col. b). Au second groupe (Howell, 1966 : 129) et à Terra Amata en France appartiennent des minerais composés de bioxyde de (de Lumley, 1966 : 50) font remonter la présencede manganèse(MnO2) de couleur noirâtre ou noire. Au matières colorantesdès I'Acheuléen en Europe - il y troisième groupe appartiennent des matières colo- a environ 380.000ans pour Terra Amata). rantes minérales telles que le charbon ou le graphite, Mais à cette étonnante continuité ou organiquestelles que le charbon végétal. diachronique, qui relie Honro Sapiens,Néandertaliens et Anténéan- Une mention spéciale doit être faite pour une dertaliens, répond, comme en écho,son énorme répar- matière blanchâtre dont la présencesporadique est tition à travers des territoires tout à fait différents, attestée dans quelques sites du Paléolithique supé- qui vont de la Grande-Bretagne à I'Italie et de I'Es- rieur, et dans laquelle on a vu - mais presque tou- pagne à la Sibérie! jours sans la garantie - dtune analyse du kaolin Aua périod,es anciennes, seuls les orydes de (2SiO2. AlzOg. 2H2O). Cette substance,dont on a re- fer sont présents.Ils sont attestés en Espagne à Am- trouvé des quantités variant de quelques grammes à brona (Howell, loc. cit.) et à El Castillo (Obermaier, plusieurs kilos, ne semblecependant pas avoir été uti- 1925),en France à Achenheim (Wernert, lgb7 :2Lt; lisée comme matière colorante. Son association avec Millotte et Thévenin, 1988 : 59) et à Terra Amata (de des morceaux dthématite ou dtoxyde de manganèse, Lumley loc. cit.), en Tchécoslovaquie (Beëov) (Fli- comme à I' (Movius, tgbg : 220), ou en- drich, 1976: 25; Marshack, 1981.: 18g) et à Isermia La core mêlée de colorant, ,,kaolin comme le bloc de ru- Pineta en Italie centrale où des traces dtocre ont été bané' découvert dans l'Aurignacien II de La FerradSie découvertessur un sol dthabitat daté de ?b0.000ans par Peyrony (Bouyssonie, 1948 : 22.,note 1), laisse au (Cremaschi et Peretto, 1g88 : 1036, 1033). Les quan- contraire à penser que cette substance dut être uti- tités sont en général peu importantes, sauf à Terra Matières colorantes au Paléolithique 13

Amata où un total de 75 fragments ont été récoltés, bliées (Couraud, 1983 : 109). Vient ensuite I'oxyde ce qui est significatif puisqu'il s'agit de déchets laissés de manganèse, également abondant dans les gise- pour compte. ments, mais en quantité moindre que I'hématite. Il faut cependant tenir compte du fait que le bioxyde Au P oléolithi que rno g en s'ajo u t e aux rnat ières de manganèsea pu passer plus facilement inaperçu colorantes à base dtoxyde de fer la présence dtoxyde que lohématite, particulièrernent dans les fouilles an- de manganèse.En France, on en a découvert dans le ciennes. En France, on a trouvé des matières colo- Moustérien de tradition acheuléenneau Pech del'Azé (Bordes, 1954) et au Moustier (Peyrony, 1930 : 68 et rantes à based'oxyde de fer dans toutes les couchesdu Paléolithique supérieur, du Châtelperronien au ?0), dans le Moustérien type Ferrassie à Caminade- Mag- Est (de Sonneville-Bordes,1969 : L1L), dans le Mous- dalénien. Dès le Châtelperronien, I'homme a trans- porté I'hématite par dizainesde kilos (Leroi-Gourhan, térien type Quina au site éponyme (Martin, 1923 : 122-L23), dans le Moustérien typique dans le grand 1978 : 36). Le besoin important de ce colorant est prouvé par ttcachestt abri de La Rrrassie (Peyrony, 1934 ; 2L et 23) et dans les nombreuses découvertes,com- (Henri-Martin, le Moustérien à denticulés au Moustier (Peyrony, me à Fontéchevade 1957 z 244) et aux (Bouyssonie, 1930 : 63; réexamen Bordes : Leroi-Gourhan, 1988 : Vachonsen Charente 1948 :22), à Pair- (Cheynier 722,col. a). Ce colorant est donc bien représentédans non-Pair en Gironde et Breuil, 1963 : 59), Itensembledu complexe moustérien. Dtautre part, les à I'abri des Roches dans I'Indre (Septier, 1904), à quantités retrouvées sont parfois étonnantes et on a (Capitan et Peyrony 1912 : 46) et au pu récolter dans certains sites, comme au Pech de Fourneau du Diable en Dordogne oir fut découverte l'Azê, des centaines de morceaux (Capitan et Pey- une réservede plusieurs kilos de matières colorantes - - rony, 1912 : 84; Bordes, 1954). L'hématite rouge hématite et bioxyde de manganèse (Peyrony, est également présente en l\ance, quoiqu'en quan- 1932 : 38), ainsi qu'aux Longrais dans le Vaucluse jour tité moindre, comme en témoignent les morceaux re- oùrfut mise à une cache de plusieurs m3 dtocre trouvés dans le grand abri de La Ferrassie(Capitan (Bonifay, 1967; Edeine, 1967). Les paléolithiques de- et Peyrony,,L9L2 : 84), au Pech de I'Azé (Bordes, /oc. vaient, en outre, garder sur eux, à disposition, un peu cit.),,à Combe-Capelle (Capitan et Peyrony, loc. cit.) de colorant qutils conservaient soit sous forme de pen- et à la Baume des Peyrards (Deydier et Lazard.r1909 : dentifs, comme Itattestent les morceaux dtoligiste per- 173); dans ce site, cependant, et de I'aveu même des forés découvertsà Isturitz (de Saint-Périer, 1.930: 70, auteurs, le pouvoir colorant des morceaux retrouvés pl. \.ry,31 ; id., 1936: 67, 69; id., 1.952: 58-59,fig. 27,3 semble faible. Mais I'hématite est également présente, et 133,fig. 71, 7) ou à Bourdeilles (Peyrony, L932:22; dans des gisements de cette époque, en Hongrie à 33, fig. 26; 47) et les morceaux de bioxyde de man- Tata où une lame dentaire de mammouth a été re- ganèseperforés découverts au Roc-de-Sers(Martin, trouvée couverte de cette matière (Marshack, 1976 : 1928 : 53 et fig. 28, 2-4) , soit sous forme de poudre 278,fr,g. 9-11), en Tchécoslovaquie(Wreschner, 1976 : conservéedans de petits flacons en canon de renne ou 718; site non précisé) ainsi qu'en U.R.S.S. à Ilskaya en os dtoiseau,comme celui encore rempli de poudre d'oligiste provenant de Spy en Belgique (De Puydt et (Miiller-Karpe, L977:333 [n"336])et à MolodovaI en Ukraine (Klein, 1973 : 69-71). En Espagne,des mor- Lohest, 1887: 22,pI. VlI, 3) ou ceux décorésde très ceaux de roche colorante ont été retrouvés à la Cueva bellesgravures que lton a, entre autres, retrouvés à La Morin, à El Castillo, à La Flecha, à El Pendo et à Co- Ferrassie(Capitan et Peyrony,LgL2 z 42,fig.10) (Dor- balejos. Bien que divers auteurs les aient mentionnés dogne), aux Cottés (Vienne), au Chafiaud (Vienne), à La Madeleine (Dordogne), à Laugerie-Basse(Dor- (Kùhn, 1956: 104; Miiller-I(arpe, Lg77:288 [n"129]; etc.), Butzer (1980 : 635) estime cependant incertain dogne) (Breuil, 1906 : 53-54, fiS. 2), etc. Il faut men- le pouvoir colorant des morceaux retrouvés. Il sem- tionner enfin la présencesporadique de graphite au ble donc que, durant cette période, I'utilisation de bi- Paléolithique supérieur,en France au Placard (de Ma- oxyde de manganèseait été essentiellementlimitée à ret, 1879 : 165) et à Arcy-sur-Cure (Couraud, 1980), la France, alors que les colorants à base d'oxyde de mais aussi en Allemagne à Grûbgraben (Streit, 1935 : fer sont présents dans ltEurope tout entière. 111) et en Autriche à Aggsbach(Streit, 1935 : 112). Au P oléolithique sup érieur, les colorants sont 4. IvTpoRTANcE DEs MATIERES coLoRANTEs présentsde manière systématique dans un très grand nombre de gisements. Ctest l'hématite que lton re- Ainsi donc, les colorants ont été non seulement trouve le plus fréquemment et Wreschner(1980 : 632) transportés, mais également stockés. Ot, ces faits a pu dénombrer en Europe, pour cette période, 123 très importants ne semblent guère avoir éveillé I'at- sites qui en ont livré. Ce nombre ntest du reste que tention : dans une économie de chasseurs-cueilleurs très approximatif puisque - le fait doit être souligifé itinérants, les biens sont un fardeau; ils constituent, - des dizaines de kilos de matières colorantes atten- çomme I'a montré M. Sahlins, par le fait même qu'ils dent encore, dans les réservesdes Musées, dtêtre pu- doivent être portés à dos d'homme ou de femme, L4 Marc GnoBNBtl

une contrainte qui entrave la liberté et la facilité 280" C, l'échantillon prend des teintes brun vif (E68) des déplacements. "Entre propriété et mobilité, il y à rouge jaune (F48). A partir de 700" C et jusqu'à a contradiction." (Sahlins, 19?6 : 50). Ne sont donc 800" C, la couleur passeau brun rouge (II8). Au-delà, transportés que des objets revêtant, aux yeux des le ton stassombritet passedu rouge sombre (Ht2) au paléolithiques, une importance capitale, sinon vitale : brun (D41) (Onoratini, 1985 : 50). les armes, des réserves de silex pour les outils (déjà Ces résultats ont toute leur importance, car ils épannelés pour les débarrasser de la matière super- illustrent en même temps qutils expliquent certaines flue) et des colorants. Dtautre part, le stockage en- découvertes opérées par les archéologues. Ainsi à traîne une série dtactivités qui mettent en jeu ltensem- Terra Amata, site sur lequel de Lumley (1966 : 50) ble du groupe et qui impliquent, en tant que telles, a découvert un des plus anciens foyers connus, les une organisation complexe dont je voudrais mettre 75 fragments d'ocre retrouvés présentent une palette les traits principaux en évidence en me référant aux de coloris qui va du jaune au brun en passant par données fournies par I'archéologie. toute une série de nuances de rouge. Cette décou- Ltimportance des quantités de colorants utilisées verte est remarquable, car elle suggère,dès cette épo- et mobilisées au moins dès le Paléolithique moyen que, Itusage du feu pour la préparation des colo- montre que ceux-ci ne pouvaient pas être récoltés rants, bien attesté - mais beaucoup plus tard - par simple ramassage.Des exploitations importantes dans lthorizon châtelperronien de la devaient être organisées. Mais I'opportunité de les à Arcy-sur-Cure (Yonne), où Leroi-Gourhan a retiré retrouver reste malheureusementexceptionnelle. desfoyers des blocs d'ocre dont les teintes variaient du Deux sites ont cependant été découvertsces der- jaune au violet (Leroi-Gourhan, 1983 : 188), ou plus nières années,qui prouvent de façon indubitable ltex- tard encore dans la couche supérieure de Kostienki ploitation minière de colorant au Paléolithique. Le I en U.R.S.S. appartenant à la culture de Kostienki- premier se trouve en Hongrie, près de Lovas sur les Avdeevo (+ 21.000 à 19.000 avant notre ère) où se bords du lac Balaton (Mészâros et Vertes, L954). Il trouvait un épais foyer recouvert uniformément dtune comprend deux cavités dont la seconde seule a pu couche d'hématite brûlée (I{lein, 1969 : 120). être soigneusementétudiée. Oo y a retrouvé des outils Mais ltexamen dtun certain nombre de docu- ayant servi aux travaux dtexcavation (côtes apointées, ments anciennement découverts va fournir des élé- pics, andouillers de mégacéroset un racloir) dont ltho- ments supplémentaireset nous permettre dtentrevoir mogénéité trahit une exploitation brève mais inten- le soin apporté par les paléolithiques à cette opéra- sive, puisque quelque 12 m3 de colorant pour cette tion de cuisson. Il stagit de pierres calcaires au centre seule cavité en ont été extraits. Mais ce site est égale- desquelles a été creusée une cupule assez profonde, ment remarquable par sa datation; son exploitation qui furent découvertes dans ltAurignacien I du site remonte, en efiet, au Jankovichien, ce qui en fait un charentais de par le Dr Martin (1930 : 34). site de la fin du Paléolithique moyen (+ 38.000 à Ces pierres, dans lesquelleson a vu des mortiers, sont 35.000 avant notre ère). fendillées par I'action du feu et la calcination est visi- D'âge plus récent que le précédent,le secondsite ble sur les cassuresdes fragments. L'auteur note, en minier, découvert en Pologne dans les montagnes de outre, que les traces dtocre étaient importantes. Ces la Sainte-Croix, se compose de plusieurs mines ex- fendillementsntont pas davantageattiré son attention ttmottierstt ploitéesà partir du Magdalénien et jusqu'au Néolithi- et il sembleles attribuer au fait que ces se que, autour desquellesont été découverts et fouillés trouvaient dans les foyers. un nombre important de campements (Schild, 1975 : En réalité, la thermoclastie implique non seule- 325; Malinowski, 1980 : 638). Ce grand nombre de ment une chauffe prolongée, mais aussi, pour en ar- campements a son importance puisqutil suggèrenon river à des éclatementsde fragments, une alternance seulement une exploitation intensive de la part des de chaufieset de refroidissements.Le document porte paléolithiques, mais encore une halte pour le traite- donc en lui-même sa réponse : il servait à chaufier le ment ou la préparation des matières colorantes ex- pigment coloré qui sty trouve encore. traites. De telles pierres calcaires portant des traces de Car les colorants faisaient, en effet, Itobjet de calcination ont également été découvertes dans une préporatioru soigneuses avant dtêtre utilisés ou sto- couche du Magdalénien supérieur de la grotte de La ckés; Itune des plus remarquables est sans doute la Mairie à Teyjat en Dordogne, où elles gisaient parmi cuisson des pigments à base de fer. Des expériences des fragments de colorant dont la palette de coloris menéespar Onoratini ont montré que ntimporte quel stétendait du noir au jaune. Ici encore, les auteurs minerai à base de goethite (couleur jaune olive) con- mentionnent la découverte sans vraiment ltanalyser. duit à la formation d'hématite de couleur rouge (H3S Ils estiment simplement, au vu des teintes qutelles du code Cailleux) lorsqu'il est chaufféà des tempéra- présentent, qutellesont dfi servir comme colorant au tures comprises entre 280 et ?00" C. En dessousde même titre que les pigments qui leur étaient associés Matières colorantes au Paléolithique 15

(Capitan et a1.,1908: 198-199). de I'abri du Soucy en Dordogne, composé dtun mor- Cette conclusion est en réalité intenable. Une tier en calcaire dont Ie fond conserve encore visibles pierre calcaire, fût-elle colorée, ne peut en aucun cas des traces d'oxyde de nranganèsernêlées de grains de servir de colorant : en morceaux, elle ne permettrait quartz en vue, semble-t-il, dten faciliter ltabrasion et pas de tracer le moindre trait de couleur et broyée, dtun pilon en silex qui s'adapte à la cupule du mortier elle ne fournirait qutune poudre grise. Si ces pierres (\Mhite, 1988:31-32, fig. 3-5). Enfin, intéressanteest calcaires comportent à la fois des traces de couleur la découverteà Arcy-sur-Cure de plaques dthématite qui vont, comme le signalent les auteurs, du violet qui constituaient à la fois la source de colorant et la à ltorangé, et des traces de calcination, ctest qu'elles palette pour le broyer (Leroi-Gourhan, 1983 : 210). Si ont servi à être mises au feu avec du colorant dont les les morceaux durs étaient broyés, les blocs plus ten- restes sont encore visibles. dres semblent, en revanche, avoir été raclés, en vue Les avantagesd'un tel procédé sont évidents : le dten obtenir de la poudre comme cela a été montré bloc ou la plaquette de pierre servent d,e régulateurs pour des morceaux dtocre de Caminade-Est (Dor- thenniques et non seulement permettent ltobtention dogne) (de Sonneville-Bordes,1969) et pour ceux de dtune température homogène, mais encore assurent (Leroi-Gourhan et Allain, 1979 : 153- 169). une température soigneusementcontrôlée. En outre, Ces fragments portent des stries caractéristiquesque la chaufie a pu faciliter le broyage qui pouvait, du Iton retrouve d'ailleurs souvent. reste, steffectuer dans le même récipient. Ceci ntest pas sans importance puisque, on lta vu, la tempéra- Une fois pulvérisé, le colorant pouvait soit être ture influe directement sur la couleur du colorant. Or. utilisé ou conservé tel quel, soit être pétri avec de en considérant les pigments du Paléolithique, nous I'argile. En Belgique, dans I'Aurignacien I de Spy, sommes frappés par la constancedes coloris utilisés. Dewez (communication personnelle) a retrouvé des Hormis quelquesrarissimes représentationsviolettes, morceaux dtocre rouge ayant ainsi été préparés au bistres ou jaunes, Itart peint ne nous offre que des mo- départ d'oligiste oolithique provenant vraisemblable- tifs noirs ou rouge foncé. I1 nten va pas différernment rnent du gisernentproche des Isnes.De grandesquan- pour les pigments qui ont servi à recouvrir les cada- tités dtocre, qui ont pu être mises en réserve par les vres dans certaines sépultures : le rouge foncé seul paléolithiques, ont ainsi été découvertesà Pair-non- stobserve,à loexclusionde tout autre coloris. Pair par Daleau (Cheynier et Breuil, 1963 : 59). D'au- La présence obstinée de ces deux couleurs a tre part, de plus petites quantités ont été retrouvées donné à penser à certains auteurs comme Franchet sousdes formes diverseset qui conserventencore par- (L924 : 388) qu'elles étaient seules disponibles. Or, fois le témoignage - mais incomplet - de ltusage nous ltavons vu, tel ntest pas le cas. Des colorants qu'on en fit. Tel est le cas pour deux petites pla- jaunes (goethite) aux colorants noirs (magnétite, oxy- quettes découvertes à Isturitz (Péquart, L962 : zLL- de de manganèseou charbon), toute une palette de 2L2, fr,g. L54, L-2 et L57, 7) ou pour les boulettes coloris était à la disposition des paléolithiques. Et la d'ocre de deux à trois centimètres de diamètre quton présencede rouge et de noir ne peut donc être que a découvertesdans I'Epigravettien de I(adar en You- le résultat d'un choix délibéré de leur part, choix ap- goslavie (Montet-White et aL.r1986 : 53, col. a). paremment généraliséà toute leur culture, puisqu'on en retrouve les options à travers tout leur territoire et durant toute leur histoire. Enfin, les analyses ef- Enfin, une série de pièces archéologiquestelles fectuées pour des échantillons de Provence récoltés que spatules, plaques à cupule et godets -- parfois dans des couches qui vont du Paléolithique au Méso- très beaux comme le godet double de Kûlna taillé lithique montrent que 26 % des échantillons de cou- dans un morceau de défense de mammouth et en- leur rouge ont subi cette opération de cuisson(Onora- core souillé d'ocre (Breuil, 1925 : 286-287, fig. 11, tini, 1985 : 64), ce qui prouve que lorsque I'hématite 7) - attestent également du fait que les pigments venait à manquer, ce manque pouvait être cornblépar ont été mélangésavec un liant. Ltexamen du matériel jaunes la transformation dtoxydes de fer tels que li- qu'a livré un site comnre celui de La Vache en Ariège monite ou goethite, ce qui témoigne bien du caractère démontre ltimportance que pouvaient avoir les opéra- que indispensable revêtait, à leurs yeux, I'hématite. tions de préparation de colorant, puisquton y a re- Mais la cuissondes pigments à basede fer n'était trouvé trente-neuf rneules,quarante-quatre broyeurs pas le seul type de préparation que subissaient les à colorant, des tubes à ocre et des palettes ou des spa- colorants et on sait que les petits blocs durs étaient tules (Buissonet a1.,1989: 184.Ces élémentsne sont broyés dans un mortier au moyen dtun pilon ou dtune d'ailleurs pas faits pour nous surprendre, puisqutil est molette, comme ltattestent les très nombreux exeui- maintenant établi que, pour les peintures pariétaleset plaires retrouvés, encore souillés de colorants. Je rap- rnobilières,les paléolithiques mélangeaientleurs pig- pelle, à cet égard, Itensemble pilon-mortier provenant ments à une charge et à un liant. 16 Ma"rcGnoBNnN

5. SITUATIONS ET USA.GESDES MATIERES CO. aux grains de quartz, plus dur que le calcaire de la LOR,ANTES pierre. Nous savons alors ce que le colorant a subi grâce à une analyse qui articule le broyeur Savoir à quoi les colorants ont pu servir, pouvoir et le colo- rant, mais nous ne savons rien de ce en vue de quoi retrouver de quelle manière ils ont pu être utilisés, ce colorant a été broyé. Pour aller plus fait tout naturellement partie des premièresquestions loin, il faut qutun nouveau contexte articule le colorant avec que lton se pose. Or ctest pourtant en dernier lieu un autre élérnent, par exemple le mélange pulvérisé quton peut espérer y répondre. Encore les éléments co- lorant/quartz sur le support pariétal, gui que nous pos#dons sont-ils si lacunaires que le plus atteste de l'utilisation de peintures pour des réalisations souvent c'est I'imagination qui pallie les faits man- artis- tiques. La seule présence,même quants. La notion d'utilisation est, en fait, difficile à répétée, d'un objet ntest, en effet, pas suffisante, car elle manipuler en préhistoire : tout le travail s'efiectue en ne signale rien que son existence au sein du groupe. efet sur des traces ou des restesqui constituent notre Ctest la situa- tion que cet objet occupe dans le site et point de départ obligé et unique et qui ne nous ren- la façon dont il starticule avec les autres objets de seignent jamais immédiatement sur la fonction qutils ce site qui per- mettent dtapprocher le sens qutavait avaient. Ltapproche fonctionnelle, telle qutelle a été cet objet pour les paléolithiques. préconiséepar des chercheurs comme Streit (1935) ou Couraud (1983 et 1988), prête à cet égard le flanc Tout ceci montre qu'il faut distinguer méthodolo- à des critiques méthodologiques. Le fait est que rien giquement trois niveaux d'analyse, dont la présenta- ne garantit une liaison fonctionnelle entre les colo- tion de la situation qu'occupe ltobjet est le premier, "stigmatest' rants et les diverses situations dans lesquelles on les les qui autorisent une reconstitution de la trouve. Avancer que lthématite est fonctionnellement façon dont il a été rnanipulé, le second, et ltapproche liée à loespacedomestique ou à I'art est méthodolo- d,ece en uue de quoi cet objet était d,estiné- permise giquement dangereux, puisque ce faisant on pose au par ltétude de contextesqui articulent de façon univo- départ ce quton doit précisémentessayer dtatteindre, que cet objet avec d'autres éléments - le troisième. à savoir démontrer les diverses fonctions des colo- Une telle approche, si elle est rigoureusementmenée, ((sauts rants. En outre, poser une fonction artistique pour doit déjouer le piègedes interprétatifs" qui ont les colorants revient à opérer un raccourci téméraire : trop souvent permis de passer de la simple présence il n'est, en effet, pas démontré que les paléolithiques de colorant à la définition des usagesquton en a faits. établissaient un rapport fonctionnel entre les deux. Les matières colorantesont été découvertesdans La seule chose que nous puissions avanceï a priori six situations particulières : sur des sols dthabitat, que est les matières colorantes ont servi de matériau dans des sépultures, sur supports pariétal et mobi- pour les représentations pariétales et mobilières. Le lier, sur certains outils, sur des élémentsde parure et problème se pos€ avec plus dtacuité encore lorsquton mélangéesà des matériaux divers. traite de la fonction mortuaire, car rien n'indique ici une relation fonctionnelle avec la mort. Tout indique, 5.1. La présenced'hématite sur des sols d'habi- au contraire, comme on va le voir, qutentre hématite tat a rapidement intrigué les chercheurs et a servi et cadavre la relation est symbolique. de point de départ à de multiples interprétations, Il y ., en réalité, ici un problème méthodologi- parmi lesquelleson peut rappeler : le saupoudrage que qui mérite notre attention. Etudier I'utilisation du sol d'habitat à des fins rituelles ou magiques, les qui a été faite dtun objet implique la connaissance retombées de peintures corporelles, dtenduits ayant des intentions qui entouraient l'objet au moment où servi à colorer ou à polir des armes et à décorer des il a été utilisé. L'objet ne porte, en efiet, pas en lui- peaux, et Ie saupoudrage volontaire de ltespace do- même de façon immédiate ce en vue de quoi il est mestique en vue dtéviter les odeurs désagréablespro- destiné. Il est chargé dtun certain sens par I'homme venant des déchets culinaires. Mais bien que théo- et ctest ce sens qui lui donne sa finalité. Or, ce qui riquement plausibles, aucune de ces interprétations appartient au domaine mental ne nous est jamais ntest vraiment acceptable. donné d'emblée. IIn objet est exhumé; il conserve, Celles qui voient dans le saupoudrageun but ri- - - figée, I'empreinte d'ailleurs incomplète de I'ac- tuel, magique ou domestique ne tiennent pas compte tion qu'on lui a imprimée. Ltexamen de ces traces du fait que les sols d'habitat ne sont presquejamais va autoriser, si son état le permet, une reconstitution recouvertsuniformément dthématite; le plus souvent, théorique des gestesqui ont réalisé le travail dont I'ob- certaines zones en sont seules recouvertes,soit sous jet est le résultat. Ainsi, une pierre à cupule, dont forme de plages plus ou moins importantes, comme à le fond conserve des traces de matière colorante et la grotte du Coléoptère à Bomal-sur-Ourthe en Bel- de quartz, peut être interprétée comme un morlier gique (Dewez, 1975 : 118) ou à I'abri Fritsch dans parce quton y a mis en évidence la présencede traces I'Indre (Allain, L972), soit de façon plus ponctuelle, circulaires et de petites marques d'écrasement dues comme cela a été nris en évidence au Blot en Au- Matières colorantes au Paléolithique t7

Sépulture Région Pays May 1986 Aspect Sinration

Enuheim Bas-Rhin Allemagne 53-54 Ut

Mittlere Klause Bavière Allemagne 9L-92

Obercassel Wesphaiie Allemagne 92-93

Les Hoteaux Ain France 51-53 Lit

L.eFiguier Ardeche France 51

Roc-de-Sers Charente France 50-s1 Morceau

Chancelade Dordogne France 5r-42

La Madeieine Dordogne France 39-40

Pataud Dordogae France 59-60

Saint-Germain- la-Rivière Gironde France 42-45 Lit ?

Paviland Pays de Galles Grande-Bretagne 89-91

[.es Enfants TV Ligurie Italie 6s-66 I ete

Arene Candide Liglde Italie BO-81

Barma-Grande II Ligude Italie 7S-76 Lit

Baousso da Torre II Ligurie Italie 79-BO

Cavillon Ligurie Italie 7t-74 Lit Siilon

Paglicci Pouilles Italie B1-83 LiVmorceau

Brno II Moravie Tchecoslovaquie 96-98

Brno IIi Moravie Tchecoslovaouie 98

Dolni Vestonice II Moravie Tchécoslovaquie 95-96 I ete

Dolni Vestonice III Moravie Tchécoslovaouie 96

Kostienki )f,V Ukraine u.R.s.s. 102 Lit I ete

Kostienki )ô/ Ukraine U.R.S.S. 99-100

Soungir 0 U.R.S.S. 102-104 Têre

Soungir I U.R.S.S. 104 Enveloppé

Soungir II u.R.s.s. 105-106 Côté gauche

Tableau 2 : Les sépultures ocréesdu Paléolithique supérieur. 18 Marc GnoBNpN

vergne (Delporte,1974) ou à I'abri Pataud en Dor- I'interprétation qui explique les traces d'hématite sur dogne (Movius, 1959 : 218). D'autre part, I'hématite les sols d'habitat comme étant dues à des retombées se concentre essentiellement autour du foyer - le fait de couleur qui ont servi à teinter les armes ou à déco- avait déjà frappé Daleau à Pair-non-Pair (Cheynier et rer des peaux. Plus convaincante serait lthypothèse Breuil, 1963 : 40-41), avant d'avoir été montré plus selon laquelle la coloration résulterait de retombées objectivement par Leroi-Gourhan à Pincevent (Leroi- de colorant ayant servi au polissagedtobjets. Malheu- Gourhan et Brézillon, 1972 : 8S93) - et diminue reusement, des expériences efiectuées par Bertrand, dans la mesure où lton sten éloigne, comme l'a bien Buisson et Pinçon (Buisson et al., 1g8g : 185) ont noté Delporte (1962 : 350) à I'abri du Facteur. Autant montré que cette opération très longue ne permet de faits que n'expliquent pas ces hypothèses. En fait, dtobtenir qu'un poli de finition et que les cannelures les données archéologiques se satisfont d'une explica- qui en résultent ne correspondent pas aux traces ob- tion plus simple. A Beëov, en Tchécoslovaquie, Fri- servéessur les pièces archéologiques. drich a fouillé un site d'habitat qui a livré les traces Enfin, il faut considérer avec circonspection I'hy- dtune structure ovale. Sur le sol de l'habitat se trou- pothèse selon laquelle I'ocre aurait été utilisée pour vaient des déchets de débitage et des outils divers, tanner ou assouplir les peaux. Les expériencesintéres- des plaquettes en quartzite, de nombreux morceaux santes présentéespar Audoin et Plisson (1982) nous dtocre rouge et orangée. Il y fut découvert, en ou- indiquent une possibilité mais ne nous garantissent tre, par endroits, de petites accumulations de pou- aucunement le fait que cette possibilité ait efiective- dre de colorant. Ltune dtelles, particulièrement im- ment été employéeau Paléolithique. Bien entendu, la portante, conservait en son milieu deux aires prati- présencede pigments peu traçants ou faiblement co- quement vierges de colorant qui, du point de vue de lorants pose des questions,mais celles-ci,en ltabsence la situation, de la taille et de la forme, correspon- d'éléments supplémentaires, ne peuvent que rester dent à la plante de pieds humains (Fridrich, 1g?6 : sans réponse. 24). Ces éléments permettent de se faire une idée de ce qui stest passé à cet endroit lorsque I'homme 5.2. Une tout autre explication doit, en re- y vivait : Itartisan de Beèov, sans doute assis, stest vanche, s'appliquer aux découvertes de colorant faites appliqué à broyer des morceaux de colorant sur les dans des sépulturesdu Paléolithique supérieur. Cette plaquettes en quartzite afin d'en récolter la poudre. association, qui se retrouve dans à peu près la moitié Au cours des opérations, une partie de cette poudre des sépultures de cette époque, ne peut évidemment a été perdue et est tombée sur le sol, sauf aux en- être que le résultat d'un acte volontaire. Il stagit ici droits où étaient posés ses pieds, endroits dont le co- dthématite qui se présente soit sous forme de mor- lorant a laissé le contour en épargne. Le colorant est ceaux (Roc-de-Sers, Paglicci) (pour les références, donc un reste négligemment abandonné, au même ti- voir tableau 2), soit encore - et ctest de loin le cas le - tre que les déchets culinaires et de débitage ou que plus fréquent pulvérisée. Dans ce cas! on sten est les morceaux dthématite et de noir de manganèse servi pour envelopper le cadavre (Barma Grande II, laissés pour compte qui jonchent les sols d'habitat. Shoungir I, ...), pour le recouvrir (Paglicci), ou enfin Cette interprétation explique la présence préféren- pour noencouvrir que la tête (Les Enfants IV, Dolni tielle d'hématite autour du foyer, puisque ce dernier VestoniceII, ...). constitue le centre autour duquel se déroulaient les 5.3. La troisième situation dans laquelle on re- principales activités des paléolithiques (Perlès, 192?). trouve des colorants est celle, bien connue, des repré- Elle explique, en outre, que les zones ocrées présen- sentationssur les parois des grottes et sur les supports tent des variations aussi importantes dtun site à ltau- mobiliers. tre - fait d'ailleurs incompatible avec la nécessaire constance dtun geste rituel - quant à leur densité 5.3.1. Dans I'art pariétal, les colorants utilisés et à leur situation. Dans la mesure où il s'agit de le plus fréquemment sont I'hématite et le bioxyde de chutes accidentelles,Itemplacement et I'abondancede manganèse qui se retrouvent dans des proportions la poudre colorante est évidemrnent aléatoire. sensiblement égales pour I'ensemble des représenta- tions peintes de France et dtEspagne - respective- Ltinterprétation selon laquelle les traces d'héma- ment 43,7 % et 48 % (les pourcentages proviennent de tite observéesrésultent de retombées de peintures Geofiroy, t974:47). A cela, il faut cependant ajouter corporelles est également insatisfaisante, car les cou- Itusage occasionnel dtoxydes de fer de couleur jaune leurs préparées en vue de la décoration du visage ou (2,8 % de I'ensemble des représentations peintes), bis- du corps sont sufrsamment épaissespour empêcher tre (2,5 %) et celui, exceptionnel, du violet, comme les coulées.Or, pour expliquer la coloration en nappe ctest le cas, par exemple, pour quelques mains néga- de certains sols, il faudrait imaginer que les paléolifhi- tives d'Altamira, et de blanc, qui se réduit à quatre ques aient versé sur eux le contenu dtun récipient mains négatives et à l"'objet négatif' de la grotte de peinture. de Une raison similaire écarte. évidemment. Gargas dans les Hautes-Pyrénées (Groenen, 1gg0 : Matières colorantes au Paléolithique 19 t9). Mais les peintures n'étaient pas seules à récla- Ion laquelle ces traces seraient les restespeints dtune mer ltutilisation de colorantsl on sait que bien des paroi dont lthomrne aurait enlevéen passant une par- gravures portent encore la trace de l'hématite ou du tie de la peinture (Bégouën,1924). La peinture cor- bioryde de manganèsequi les rehaussaient.D'autre porelle, comme mode d'utilisation des matières co- part, une étude soigneusedes bas-reliefs a mis en évi- lorantes, a été avancée par bon nombre dtauteurs dence des restes colorés sur des blocs de Laussel, le (Déchelette, 1907; Capitan et Peyrony, 1912 : 84; salmonidé de I'abri du Poisson et la frise du C"p- Bordes, 1952; Cheynier et Breuil, 1963 : 37; etc.), Blanc (Roussot, 1981). Enfin, dans certains cas, les mais presque toujours sans arguments convaincants. paléolithiques ont tapissé d'hématite des parties de La simple présence d'hématite sur les sols d'habi- grottes - un diverticule à Gargas dans les Hautes- tat et sur les cadavres ne prouve rien, dtautant plus Pyrénées et un plafond à Saint-Marcel dans I'Indre que la couche qui enveloppe ou recouvre le cada- (Leroi-Gourhan, 1964 : 69). vre le déborde et est souvent épaisse de plusieurs Les colorants n'étaient cependantpas utilisés tels centimètres. De même, la présencedtun matériel de quels; des analyses ont, en efiet, montré que ces pig- broyage ne prouve-t-elle rien dtautre, pour le colo- ments ont été mêlés à une charge minérale, puis fine- rant, que le fait d'avoir été pulvérisé et éventuelle- ment broyés ensemble avant dtêtre utilisés en pein- ment mêlé à dtautres éléments. Enfin, des stries très ture. A Altamira, oxydes de fer et de manganèse fines sur des morceaux de colorant ont été interprétées ont été mélangés à du mica, du quartz, ainsi que comme résultant du frottement du morceau de colo- dans certains cas, à de ltambre (Cabrera-Garrido, rant sur un corps mou comme une peau humaine ou 1978). La situation est la même en Ariège où I'ana- animale. Ici encore, dans la mesure où la tracéologie lyse dtun grand nombre d'échantillons a prouvé ltexis- peut établir, de façon d'ailleurs convaincante et avec une relative précision, le type de support qui a en- tence de véritables recettesde peintures dont on a pu (tlustré", établir la constance pour des périodes assezlongues traîné ce il n'est pas possible dten déduire (Clottes et a1.,1990).Par ailleurs,I'analyse d'échan- davantage que le résultat des gestes que l'homme a tillons prélevésà Lascaux, Altamira, Niaux, Cougnac fait subir au colorant. Le passagede cette informa- et Marcenac (pour les références,voir tableau 1) a tion à la définition de I'usage qui en a êtê fait impli- montré que les paléolithiques utilisaient également, que un saut qutaucun élément objectif ne justifie. Les parfois, le charbon de bois pour dessiner certaines observationsde Bégouënsont, à cet égard, précieuses représentations.A Niaux, dans le salon noir, la décou- sans être cependant tout à fait décisives.On peut, en verte dtesquillesde cette matière dans des fissuresde effet, aussi bien imaginer que le colorant se trouvait la paroi suggère qutelles ont été utilisées sous forrne sur un vêtement plutôt que sur la peau. de bâtonnets, tandis que ltétude de leur structure per- 5.3.2. Outre leur utilisation dans I'art pariétal, met de reconnaître dans ces esquilles un bois de rési- les colorants ont également été employés dans ltart neux, sans doute du genévrier (Brunet et al., 1982 : mobilier. Il existe, en efiet, des peintures rouges sur 179, clichés 12-16). Ltexamen au microscopeélectro- plaquettes comme au Parpalld en Espagne (Pericot nique des peintures de ce même salon noir a révélé, Garcfa, 1942 :241-266, fig. 583-648; Villaverde Bo- dtautre part,la présencesimultanée dans bon nombre nilla et Marti Oliver, 1984 : 79-L26) ou à Kostienki d'entre elles dtoxyde de manganèse,dtune charge et I (Lubine et Praslov, 1987), ou noires comme I'at- de gros fragments de charbon de bois identifié comme testent une plaquette de Labastide (Omnes et Clot, ayant appartenu à un résineux. Etant donné sa taille 1982 : L7L-L72, pl. 15, n"14) et quelques-unesdu Par- et en tenant compte de la faible dureté du charbon pall6 (Pericot Garcia, L942 : fig. 600-601, 6L2,6L4, de bois, celui-ci n'a pas pu être broyé avec le pigment 645). Des ceuvres gravées sur support mobilier ont et la charge. Ce dont témoigne ce mélange - et ce également été rehausséesde colorant. Il stagit, le plus quta confirmé ltexamen direct des æuvres à la loupe souvent, de rehauts touges,comme on peut le voir sur binoculaire - est la réalisation dtun dessin prépara- l'os iliaque gravé et peint d'un corps de cheval pro- toire au charbon de bois avant la mise en peinture venant de Laugerie-Basse(Breuil, 1931 : 59, fig. 2c), définitive (Clottes et o1.,1990: 179-1S1). ou sur I'ellipse "au cheval sautant" de la grotte de Enfin, une place à part doit être faite pour des La Vache(Ariège) (Buisson et a1.,1989: 185-186,fig. traces dthématite dont Bégouën a mentionné ltexis- 2, a-d). Les pigments rouges ntétaient cependant pas tence dans des couloirs étroits du Mas-d'Azil et de les seuls à être utilisés à cet effet, contrairement à ce Montesquieu-Avantès. Celles-ci se trouvent sur des qu'a prétendu Marshack (1981 : 189), et des rehauts ttlustréestt parois p.t le passagedes hommes et ltau- d'oxyde de manganèseont par exemple été mis en évi- teur y voit des traces de peintures corporelles.Cette dence sur une æuvre gravée du Mas-dtAzil représen- interprétation est justifiée par le fait que ces dernièriis tant une vache et son veau (MAN 47.358) (Piette, se trouvent uniquement sur les saillies de la roche et 1907: pl. LXIX, 1; Clottes el ol., 1990 : 185,fig. 19). non dans les creux, ce qui permet d'exclure ltidée se- Enfin, dans la plaine russe,des gravures sur ivoire de Marc GRopNeN mammouth étaient remplies dtune pâte noire épaisse, 100, fig. 80-81, pl. II, 2) et qui laisse à penser que laissant apparaître les motifs représentés en noir sur ces lames avaient dû être partiellement enduites dtun ((mastictt fond blanc (Marshack, 1979). à base d'ocre avant dtavoir été placéesdans Il faut également mentionner ltusage de ltocre - un support. Sur ltune de ceslames, le mastic conserve mélange dtargile et de pigments à base d'oxyde de fer encoreles traces en négatif du support dans lequel on - pour réaliser des incrustations. Quoique peu nom- I'a placée. quelques breuses, æuvres en conservent des traces L'idée qu'un mastic à base de poudre dthéma- dans les globes oculaires où subsiste encore un peu tite ait pu servir à adapter des outils à un support de cette matière dans laquelle devait être enchâssé est encore confirmée par la présente dtocre dans la petit (navettestt un élément servant à figurer I'ceil. Ainsi en est- fente de certaines dont ltexamen a montré il du propulseur à tête anthropomorphe de Gourdan qu'il pouvait s'agir de pièces à emmancher (Atlain (Haute-Garonne) (MAN 47.259) (Piette, 1907 : pl. et al., 1985 : 43-49). Les expériencesefiectuées par la et c) VIII, et d'une tête de poissonet de celle d'un A. Rigaud montrent la facilité d'une préparation réa- cheval du Mas-d'Azil (Ariège) (Péquart, 1962 : 276- lisee au départ d'un mélange à chaud de résine, de 277, frç. 191, 4 et 282-284, fig. 195-196). De même, cire et dtocre. Ce mélange fournit une pâte qui se so- la tête de cheval décharnée du Mas-d'Azil (MAl{ lidifie très vite. La présence dtocre est dans ce cas 47.026) fut recouverte peinture de rouge et son æil indispensable, puisque sans cet ingrédient les deux fut incrusté (Piette, 1907: pl. LXV,4; Clottes et al., composants demeurent non miscibles (Allain et ol., 1990 : 1.85,fig. 18). 1985 : 46). Rien ne s'oppose à ce que cette prépara- D'autre part, une étude soigneusedes colorants tion ait été réalisée par les Magdaléniens, mais rien sur des æuvres mobilières provenant de la grotte de non plus ne le prouve I les analyses faites au départ La Vache en Ariège a montré, à ltinstar de ce que nous de prélèvementsde mastic sur une lame de Lascaux avons vu pour les euvres pariétales, que les pigments ntont, malheureusement,donné aucune indication à ont été mélangés à une charge, finement broyés et cet égard (Leroi-Gourhan et Allain, L97g: 100, note préparésen peinture avant dtêtre appliquéssur I'objet 5). Dans la grotte de Remouchampsen Belgique, De- (Buisson et aI., 1989 : 186-190). Et la marque du wez a découvert, dans un espacerestreint (moins de soin apporté à la préparation des peintures térnoigne 2 ^'), des produits de débitage en silex noir partiel- clairement du caractère délibéré et réfléchi des æuvres lement ocrés. L'analyse des zones ocrées est révéla- de cette époque. trice du fait que certains nucléi étaient teintés avant Enfin, dans quelques cas, des blocs de colorant dtêtre débités, puisque certaineslames sont ocréessur ont eux-mêmes servi de support artistique. Tel est la face supérieure ou sur un seul pan; que certaines le cas pour un bloc dthématite gravé dtun cheval lamelles et éclats étaient entièrement enduits d'ocre provenant de Lumentxa (de Aranzadi et Barandia- avant dtêtre, dans certains cas, retouchés - le colo- ran, 1935 : 48-49), pour une pendeloque en graphite rant est absent aux endroits retouchés - ou utilisés avec la gravure dtun cervidé de Bourdeilles (P"y- - une chute de burin colorée est vierge de colorant à rony, L932 z 49, fig. 38) et un morceau d'hématite qui I'endroit de la fracture. L'intention des paléolithiques représentesans doute une tête dtours, de la grotte des - dont malheureusementla finalité nous échappe- Trois-Frères (Bégouën, 1951). A cette série de docu- est ici encore indubitable : il n'y a dtocre nulle part ttvénustt ments, il faut encore ajouter deux sculptées ailleurs dans la grotte - la cause de la coloration de en hématite provenant dtOstrava-Petrkovice en ces produits de débitage ne peut donc pas être acci- Silésie, qui gardent encore visibles des traces de cuis- dentelle - et I'adhérenceest telle que la matière co- son (Klima, 1956 : 101). Enfin, quelquesmorceaux de lorante ne peut qu'avoir été appliquée dans des condi- colorant présentent un décor composé de traits gravés tions très particulières (Dewez, Lg74 z 94-95). Cette (Couraud, 1983 : 107). manière d'ocrer les silex avant de les débiter semble 5.4. Une tout autre situation nous montre des être, du reste, une caractéristique des Ahrensbour- pigments à base dtoxyde de fer sur certaines parties giens de Belgique; on retrouve, en effet, de tels do- dtinstruments en silex ou en bois de renne. Rosen- cuments dans les grottes de Fonds-de-Forêt(Dewez, feld (1971 : 176-182) a noté la présencede pigments 1987 : 317) et de Préalle (Dewez, 1g8T: 433). rouges sur I'extrémité de certains outils en silex taillé Enfin, ctest uniquement sur la co-présencede pig- et particulièrement sur les grattoirs. Ces traces sont ments à base d'oxyde de fer et de fines pointes en intéressantes, car elles confirment les données de la silex ou en bois de renne que s'appuie I'interpréta- tracéologie qui nous apprennent que des blocs de co- tion selon laquelle on aurait là des instruments ayant lorant ont été raclés afin doen extraire de la pou- servi au tatouage. Cette hypothèse, du reste avancée dre. Egalement remarquable est la présence d'iine par nombre d'auteurs anciens (Peccadeau de ltlsle, matière rosâtre sur certaines lames provenant de Las- 1868 : 217; Bailleau, 1869 : 387; Girod et Massenat, caux (Dordogne) (Leroi-Gourhan et Allain, 19Zg : 1900 : 79-80; Déchelette, 1907 : 41; etc.), doit être Matières colorantes au Paléolithique 2l considérée avec prudence; rien ne relie a priori les Petersfels(Peters et Tôffier, 1932 : 183-184),sur des deux documents, puisqutil semble que les pointes ne Pecten rnaxirnus de Bédeilhac (Bahn et Cole, 1986 : soient même pas souilléesde colorant. Et quand bien 132) et d,esCyprae lurida de Lespugue (Allard, 1989 : même les deux documents seraient-ilsen rapportr leur 206,fig. 1, 11). co'présence, comme à Badegoule (Cheynier, 1931), Mais le problème que posent ces traces colorées ne suffit pas à définir I'usage qui en a été fait. Il est de savoir si I'hématite a bien été placéeintention- en est de même pour la série de pièces provenant nellement sur ces éléments de parure en vue de les re- du Mas-dtAzil, comprenant des morceaux dthéma- hausser,ou si le colorant, au contraire, est dû à dtau- tite, deux plaquettes dtocre sur lesquelles sont visi- tres circonstances. Un premier fait frappant est que la bles de petits enlèvements de matière, des broyeurs coloration des piècesest, en général, ténue sur la face à ocre, des godets, des spatules, de fines aiguilles en externe du test, alors qutun véritable dépôt en garni bois de renne parfois spatuléesà I'une des extrémités I'intérieur (Cheynier, 1965 : 47; Jude, 1960 : 25). De (Péquart, 1962 : 209-2L5,,fig. 154-157), et dans les- plus, le colorant se trouve aussi bien sur des coquilles quelles les auteurs ont vu un matériel à tatouer. Si les intactes que sur des coquilles percées.Enfin, une pen- pointes ont bien servi à prélever un peu de matière deloque allongéeen os de la grotte de Goyet en Bel- des plaquettes dtocre, rien ne dit que cette matière gique ne conservede traces dtocre que dans la per- ait servi à être posée sous la peau, ni même dessus, foration et au fond des stries de raclage sur le bord en vue dtun tatouage ou de peintures. droit (Dewez, 1987 : 284, fig. 186, 68). En fait, ces 5.5. Un autre contexte associe lthématite et éléments ne prennent leur sens que si I'on veut bien la parure. Des traces colorées ont, en effet, été re- se souvenir du fait que les parur et les coquilles - levéessur des métacarpiens de renne perforés décou- en particulier ont souvent été retrouvées groupées verts à Isturitz (de Saint-Périer, 1930 : 69) ainsi que dans un espacerestreint, soit recouvertesdtocre rouge sur une série de vertèbres de salmonidés percéesde comme c'est le cas à Isturitz par exemple (de Saint- la grotte du Cavillon (Rivière, 1887 : 170). D'autre Périer, 1930 : 67, 69), soit mêlées à la glaise pétrie part, des pendentifs portent encore des traces rouges d'hématite comme à Lachaud (Cheynier, 1965 : a7) qui témoignent du colorant qui s'y trouvait. A Spy, et au Cavillon où furent découvertesensemble quel- trois pendeloques en ivoire doivent avoir été ocrées que 7.868 Nassa neritea et 49 vertèbres de saumon par lthomme, puisqutaucun autre fragment dtivoire (Rivière, 1887 : 170). La coloration de ces pièces ne ne présenteune coloration similaire (De Puydt et Lo- semble,dès lors, pas être le résultat dtun acte volon- hest, 1887 : 19, pl. VI, 1-3). A Laussel, une pende- taire visant à rehausser de couleur ltobjet porté; il loque en os, dont les faces convexes ont été polies, semble, au contraire, résulter du contact de I'objet garde, elle aussi, les traces colorées caractéristiques avec I'ocre dans laquelle il se trouvait plongé. Bien (Lalanne et Bouyssonie, 1941-1946 : L24, fig. 12). A entendu, le sens de cette association nous échappe. (amulettett Gourdan, enfin, une en ocre rouge, dans S'agissait-il d'un dépôt d'offrandes? Rien ne le nie, laquelle dtaucuns ont vu la représentationdtun phal- mais rien ne le prouve. Stagissait-il dtune simple ca- lus, montre que les paléolithiques modelaient égale- chette, comme ltemplacement particulier semble le ment leurs parures (Piette, 1874 : 72-73).Il ne fait, suggérer? Mais pouquoi alors avoir mêlé les objets par ailleurs, pas de doute que des perles étaient réa- avec de I'argile pétrie de matière colorante? Ce qui liséesdans des matières colorantesl les découvertesde est sfir, c'est quton a affaire à une relation symboli- perles en hématite à Isturitz (de Saint-Périer, 1952 : que entre I'hématite et des objets chargésdtune cer- 134,fig. 7Lr 4) et d'une perle en ocre rouge à Gourdan taine valeur. Ne ltoublions pas, les tests retrouvés pro- (Piette, L874:72) en attestent. Enfin, descoquillages viennent le plus souvent d'endroits fort éloignés: les parfois percés, parfois intacts conservent, eux aussi, coquilles ocrées de la grotte de Remouchamps sont les traces tenaces de I'hématite qui les colorait. Les originaires des terrains tertiaires du Bassin de Pa- variétés innombrables qui servaient à la parure nten ris (Dewez,L974: 92-93), cellesde I'abri Lachaud en conserventcependant pas toutes desvestigesl mais on Dordogne des dépôts miocènesdes Faluns de Gironde a pu en relever sur des Nassa du Cavillon à Grimaldi (Léognan) (Cheynier, 1965 z 2a) et la Cyprae lurida (Rivière, 1887 : L70-L7t), d" (Jude, 1960 : de Lespugue est d'origine méditerranéenne (Allard, 25) et de Lachaud (Cheynier, 1965: 49, fig. 20, 2), sur 1989: 206). des dentalesde Rochereil (Jude, 1960 : 25, fig. 17,I et 8) et de loabri Soubeyras (Paccard, 1956 : 30), sur 5.6. Le dernier contexte nous montre des mas- des Littorina littorea L. provenant des différents ni- sesdtocre rouge, contenant dans certains cas des mor- veaux d'Isturitz (de Saint-Périer, 1930 : 67; id., 1936: ceaux de silex ou d'os. Il s'agit de boules de la grosseur 66, 68, pl. VII, fig. 15 et L7; id., 1952 : 59, 1.34,19S, du poing, découvertessur un sol châtelperronien de zLg), sur des Clausilio de Lachaud (Cheynier, 1965 : la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure (Yonne). Quatre 47,,frç. 20r 6; 83, fig. 332, 38), sur des Pectunculusd,e d'entre elles avaient été pétries de fragments de silex 22 Ma.rcGnoBxBN et de déchets de taille; une autre contenait un mor- milliers de figures recensées-; les représentations ceau de canon de renne qui y avait été fiché verticale- de souffrance, de mort et de sang sont rarissimes, ce ment. Une dernière enfin contenait une lame de silex, qui fait de l'art paléolithique, comme I'ont si bien la plus grande découverte dans cette couche (Leroi- noté B. et G. Delluc (1989), un art serein. Mais les Gourhan, 1964 : 75 et id., 1983 : 190-19L). L'usage quelques représentations dans lesquelles on a pu voir qui a pu être fait des ces masses dtocre échappe des émissions de sang - dtailleurs pas toujours très complètement. Ltamorce dtune interprétation peut convaincantes - ne lient pas hématite et sang. Bi- dtautant moins être tentée que cette découverte nta sons, ours, ttlionnes saignanttt de la grotte des Trois- actuellement aucun équivalent. F\ères (Breuil et Bégouën, 1958 : 10-11, 35., 47-48; Vialou, 1986 : 110-111, 136) sont gravés. Il en va de 6. L'noIrME ET LEs COLon.ANTS même pour une représentation de vache ttblesséetdu Gabillou (Delluc, 1989 : pour Nous avons vu jusquoà présent que les matières 392, fig. 3a) et un félin du diverticule des colorantes avaient été retrouvées à travers toute ItEu- Félins à tasca mais dans le- quel pourrait rope, depuis le Paléolithique inférieur pour les oxydes on tout aussi bien voir la représenta- tion (Leroi-Gourhan de fer, à partir du Paléolithique moyen pour le bi- dtun félin feulant et urinant et oxyde de manganèse et au Paléolithique supérieur Allain, 1979 : 325 et 327; Letoi-Gourhan, L978 : 365, pour le graphite. Dtautre part, il est apparu claire- fig. 332). Bien mieux, une représentation de bison de la grotte d'Altxerri présente ment que, parmi les couleurs disponibles, seules les un trait gravé avec des rehauts de pigment noir (Delluc, 1989 z 392,,fig. 3d). teintes noire et rouge intéressaient les paléolithiques. "blessurestt La volonté dtobtenir un produit rouge ne laisse au- De même, les de certains bisons de Niaux sont-elles peintes (Vialou, cune place au doute, puisque dans certains cas des en noir 1986 : 22 et 70; oxydes de fer jaunes ont fait loobjet de cuisson soi- Leroi-Gourhan, 1978 : 401). Dans un cas cependant, gneusement contrôlée. au niveau de ltépaule et du flanc, un bison noir a été décoré de deux signes rouges en flèche (Vialou, Arrivés à ce point, il nous faut essayer de voir 1986 : 28), mais on ne peut évidemment pas voir ici dans quelle mesure les faits examinés nous permet- une représentation dthémorragre.Tout indique donc tent de pénétrer dans la sphère mentale des paléoli- qu'entre hérnatite et sang aucune relation ne peut thiques. Pris dans un réseau complexe dtopérations, être établie. Et cette interprétation ne peut, dès lors, présentsautant de dizaines de millénaires sur un ter- pas être retenue. ritoire aussi étendu, les colorants ne peuvent se conce- voir que comme témoins faisant partie du fonds cul- 'Wreschner turel paléolithique, et comme telsolestés dtune charge (1980 : 632) propose une autre in- symbolique (Groenen, 1991). Mais si la valeur sym- terprétation suivant laquelle la dimension symbolique bolique - en ce qui concerne I'hématite au Paléoli- serait née avec les Néandertaliens; et ltétude de ltocre thique supérieur tout au moins - a bien été admise au Paléolithique moyen révèle que cette substance par divers auteurs, la question corollaire de la signifi- était liée au cycle mort-vie et à la parenté. Quant "symboli- cation dont était grevé le symbole a, en revanche, fait aux chasseursdu Paléolithique supérieur,, l'objet dtavis contradictoires parmi lesquels se trouve zers por excellence" ('Wreschner, loc. cit.),,leur systè- fréquemment la liaison entre I'hématite et le sang, me symbolique, qui comprend non seulement ltocre, lui-même symbole de vie. rnais aussi des coquillages,des os et des dents dtani- Telle est I'hypothèse de Boulinier qui estime maux, semble tourner autour de la fécondité, de la procréation, du couple mort-vie et du cycle des sai- quottil est possible que dans Ie cas d,u rouge, la force métaphysigue d,e eet élément ait rejailli impératiue- sons. rnent su,rsa mise en oeuaresymbolique ...tt (Boulinier, 1978 : 470). Cette interprétation avait, du reste, déjà Ltinterprétation de'Wreschnerappelle cependant été proposéepar Leroi-Gourhan (L972 :727), mais ap- quelques commentaires. Tout d'abord, pour établir paremment sans que celui-ci soit lui-même convaincu que le rouge était lié au couple mort-vie au Paléoli- par sa validité (Leroi-Gourhan, 1964 : 69). Cette hési- thique moyen, cet auteur stappuie sur des découver- tation est d'autànt plus compréhensible qu'elle ne tes d'ocre qui auraient été faites dans les sépul- ttblessurestt s'appuie sur rien de décisif. Les dtani- tures du Moustier et de La Chapelle-aux-Saints.Le maux, comme il le suggéra du reste (Bernard et al., fait ne laisse pas de surprendre, car la littérature ne 1.981: 251), auraient pu apporter un argument en fa- mentionne jamais la présencedtocre dans les sépul- veur de cette hypothèse, si leur examen, comme nous tures du Moustier. Peyrony a bien retrouvé, dans allons le voir, ne semblait prouver le contraire. Re- les fouilles qutil a menées dans le gisement - après marquons tout dtabord que le nombre de blesdirres celles peu honnêtes de Hauser -, quelques fragments figurées est étonnament peu élevé - pas même une de matière colorante, mais il stagit uniquement de vingtaine de représentations sur plusieurs dizaines de manganèse.Ces morceaux se trouvaient tous dans les Matières colorantes au Paléolithique 23 couches dthabitat et non dans les sépultures (P"y- considérer les relations privilégiées que cette sub- rony, 1930 : 63, 68, 73). Le cas de La Chapelle-aux- stancenoue avec d'autres éléments,dtune multiplicité Saint, pour être un peu plus ambigu, ne laissecepen- de sens irréductible. Malheureusement, le message dant pas la place au doute. Si les inventeurs ont bien dont étaient chargés les colorants, et lthématite en déclaré avoir découvert, entre autres objets - silex particulier, ne peut guère être précisé davantage par de couleurs variées, quartz, cristal de roche -, des manque dtinformations supplémentaires. Un pas de fragments de grès dur très ferrugineux (Bouyssonie et plus vers la compréhensiondes colorants peut cepen- Bardon, 1913 : 631-632), ils ont eux-mêmes déclaré dant encore être tenté grâce à l'analyse de I'associa- qutil ne stagissaitpas d'ocre (Bouyssonie et Bardon, tion hématite-cadavreet hématite-femme. loc. cit.). Cette conclusion est dtautant plus curieuse La première, déjà examinée, caractérise à peu que ltassociation de I'hématite avec le cadavre n'est près la moitié des sépultures du Paléolithique su- pas attestée au Paléolithique moyen. IJne seule sépul- périeur. Dans la presque totalité des cas, il stagit ture néandertaliennefait exception, mais en dehors de dthérnatite pulvérisée. Or, il n'est pas rare que le co- la zone géographique qui nous concerne : celle de Qaf- lorant enveloppele cadavre dans son entièreté (Pavi- zeh VIII en Israël dans laquelle fut découvert un petit land, Cavillon ...), ce qui a nécessitéla récolte d'une morceau d'hématite (Vandermeersch,1969). Et I'as- 'Wreschner quantité de colorant considérableet un temps énorme sociation que établit entre ocre et sépul- pour le broyer. Ici encore, il apparaît clairement que ture au Paléolithique moyen ne peut donc pas être Itensembledu groupe social était concerné. Dtautre retenue. part, l'étendue de la répartition et la fréquence des Ma deuxième remarque concerne la relation que occurrencesfont de cette association un fait cultu- 'Wreschner établit entre ocre et habitat, apparemment rel dont on retrouve d'ailleurs des variantes, puisque pour justifier un symbolisme lié à la parenté. Pour dans quelques cas le corps ntétait que partiellement séduisante qutelle soit, cette interprétation ne peut recouvert dthématite. Parfois, en effet, seule la tête pas être retenue. Nous ltavons vu, la présencedtocre était recouverte. Que la tête seule ait été ocrée est sur un sol dthabitat montre seulement quton a ma- en soi intéressant; rnême si cela a pu répondre à des nipulé du colorant à cet endroit et qu'une partie de exigencespratiques, telles que le fait d'avoir trop peu ce colorant a taché le sol. Arguer de la seule présence d'ocre comme on I'a avancé, il nten reste pas moins dtun objet dans un site dthabitat sansautres facteurs que la zone ocrée résulte d'un choix significatif et doit ne permet de tirer aucune conclusionsur la définition donc être prise comme telle en considération. Ce rite, de sa fonction. Il en va, du reste, de même pour les qui concerne certains morts - car le faible nombre colorants découverts dans les couchesdthabitat à La de sépultures découvertes laisse à penser que tous Ferrassie, qui consistent en petits morceaux dtocre et ntétaient pas inhumér -, montre sans aucun doute dtoryde de manganèsedont certains présentent des possibleune liaison symbolique entre I'hématite et la traces de raclage et dtautres un lustre qui témoigne mort (de certaines personnes).Préciser la nature de du fait quton a frotté cette matière sur un corps uni cette liaison synrbolique est peut-être possible grâce (Capitan et Peyrony, L9L2: 8a). La seule chose que aux informations que nous a donnéesla sépulture de Iton puisseavancer à leur sujet est que les Moustériens I'homme du Cavillon à Grimaldi (Italie). Dans ce cas, ont employé des colorants à La Ferrassie, que ces co- le cadavre a non seulementété enveloppédthématite, lorants ont été utilisés de plusieurs manières - puis- mais on a, en outre, disposé un sillon rempli dtune qutils portent des traces dtactions difiérentes - et poudre gris métallique - dans laquelle on a vu de qutune fois usés, ces morceaux ont été abandonnés à I'hématite très pure - qui partait de la bouche et des même le sol dthabitat. Ils ont donc la même valeur, le fossesnasales vers ltextérieur du visage (dimensions : même statut que les déchetsde taille ou les déchetsde t8 x 4 x 3,5 cm) (Rivière, 1872 : 1207). L'aménage- boucherie.Rien ne permet donc de voir, dans I'héma- ment d'un conduit rempli de poudre très pure dans le tite, un symbolisme lié à la parenté. En réalité, I'ar- sédiment recouvrant le crâne montre bien, de la part 'Wreschner ticle de pèche par des interprétations dif- des paléolithiques, I'acte intentionnel de signifier le ficiles que ne viennent pas étayer des justifications nez et la bouche qui sont, si l'on veut bien y réfléchir, et un sens critique qu'on attendait. Le problème ap- les deux zonesdu corps humain qui le relient de façon paraît clairement dans les interprétations que I'auteur vitale au monde extérieur (respiration) et qui consti- fournit pour le Paléolithique supérieur, et en particu- tuent un centre d'échange privilégié et fondamental lier pour la liaison qu'il établit entre hérnatite et cycle pour un être dont toute l'existence est aussi étroite- des saisons, dont on ne voit pas quel fait justifierait ment dépendante de la culture (langage verbal). la validité. La deuxièrne association significative est celle qui En fait, Ithématite se retrouve, comme noiis lie I'hématite et le concept de féminité. Les attributs Itavons vu, dans des contextes très différents les uns essentielsde la féminité peuvent se retrouver dans des autres et qui rendent compte, si lton veut bien une série de caractères spécifiquesqui ont fait ltob- 24 Marc GnonNpN

jet dtune mise en évidence dans la restructuration Remerciements symbolique telle qu'elle a été opéréedans I'image de (tvénus" Je tiens à remercier Marie-Christine la femme au Paléolithique. Ltexamen de ces Groenen qui a assuré la traduction anglaise et allemande montre une négligencesystématique dans la représen- du résumé. tation des traits du visage et dans celle des membres. En revanche, une importance toute particulière est accordée à la représentations des seins, presque tou- Bibliographie jours volumineux et pendants, ainsi qu'à celle du bas- sin, où sont soigneusement notés le massif fessier à AllntN, J .,,L9T2.Informations archéologiques. Gallia Itarrière et le triangle pubien à ltavant. Dans certains Préhistoire, 15, 2 z 364. cas, la vulve a été ramenée à I'avant et représentée Allatn, J., et ol., 1985. Le Magdalénien à navettes. dans le triangle pubien, comme on peut le voir, en- Gallia Préh,istoire,28, L : 37-L24. tre autres, sur la vénus de Monpazier (MAN 83.303) AueRo, M., 1989. Collection R. et S. de Saint- (Delporte,,L97gz 77-78,fig. 36) et sur "vénus la impu- Périer à Lespugue (Haute-Garonne). Bulletin d,e dique" de Laugerie-Basse(MAN (Del- 38.189.13?2) la Société Préhistorique de I'Ariège, 44 : 203- porte, 1979 : 54-55, fig. 21). Que ces caractèresaient 224. été considérés avec une intention génésiqueou éroti- Auooltt, F. et PllssoN, 8., 1.982.Les ocres et leurs que - ou les deux à la fois - est indéterminable; témoins au Paléolithique en France : enquête et mais ce qui est sûr, ctest que ltaccent a êté mis sur expérience sur leur validité archéologique. Co- les parties qui caractérisent en propre la femme. Et hiers du Centre d,eRecherches préhistorùquesr S z c'est donc le concept de féminité qui est ici souligné, 33-80. quelles qu'aient été les intentions dont était chargé ce concept. Or certains de ces élémentsse retrouvent BIHN, P.G. et Cole, G.H., 1986. La préhistoire dans ltart, où ils ont été soulignésd'hématite, comme pyrénéenneaux Etats-IJnis. Bulletin de lo Société c'est le cas pour des stalactites de Pech-Merle, qui Préhistoriquede I'Ariège,41 : 95-149. évoquent de façon frappante des seins, et qui ont tous Bellleeu, 1869. Grotte des fées de Chatelperron. reçu un point de couleur rouge à ltemplacement de Matériaur pour lthistoire primitiue et noturelle Itaréole,ou comme ctest encorele cas pouï des fissures de I'homme, 2' série, 5 : 384-388. qui évoquent des représentations de sexe féminin et BÉcouËN, Cte., 1951.Un objet orné en forme de tête qui ont été tapisséesde poudre d'hématite. Elles sont d'ours provenant de la caverne des Trois-Frères. connues à Gargas, à Villars et à Font-de-Gaume. En- Préhistoire et SpéIéologieoriégeodses, 6. fin, dans un cas, la représentationdtune vulve sur un BÉcouËN ,, H', L924. Intervention après la communi- bloc gravettien de Laugerie-Haute a été rougie en son cation de Ch. Peabody. Congrès d,eI'Institut In- centre au moyen d'hématite (Delluc, 1989 z 402,,fi,g. tentotional dtAnthropologie, 2' session, Prague : 12). Lthématite, dans parce ce cas, qutelle en souligne 380. les attributs essentiels,est donc en relation symboli- BoRNnRo,J., WttrrRoBE, M., FeunE, que avec le concept de.féminité. E., IIuycHo, R., BereILLE, G., Lnnol-GounuAN, A. et Bt- Au total, par les opérations dont elles faisaient NET, J.-L., 1981.Le sang d'Altamira ou la nais- Itobjet, les matières colorantes ne pouvaient impli- sance de lthématologie. Nouuelle Reauefronça,ise quer que ltensemble du groupe et comme telles doi- d,'Hérnalologie,,23 : 250-25L. vent être considéréesen tant que fait social. Dtautre Bolre, J., 1985. Oxydes et hydro:'rydesnaturels. En- part, leur présence dans des teintes identiques, at- cyclopaed,iaUniuersalzs, Corpus, 12 : 827-833. testée à travers I'ensemble du Paléolithique et sur un Boxlrey, M.E., 1967.Comptes rendus. Gallio Préhis- territoire qui couvre ltEurope, en fait un témoin à va- toire, l0 : 317. leur culturelle. En outre, Itexamen des contextesdans Bonons, F., 1952.Sur I'usageprobable de la peinture lesquels on en a découvert montre que ces matières corporelle dans certaines tribus moustériennes. colorantesétaient intégréesdans de multiples aspects Bull. Soc.préhist. 49 :169-1?0. de la vie des paléolithiques. Enfin, deux types de si- franç., BoRons, tuations particulières ont mis en évidence une liai- F., 1954. Les gisementsdu Pech de I'Azé (Dordogne). son symbolique entre hématite et mort dtune part, L'Anthropologie, 58 : 425. et hématite et féminité d'autre part. Tout ceci nous BouLtNtnR, G., 1978.Préhistoire de I'usagedes mati- laisse entrevoir le fait que l'hématite faisait partie ères colorantes. A la source du symbolisme. In: dtun système symbolique complexe dont la significa- S. Tornay (éd.) : Voir et nommer les couleurs. tion devait être polysémique et démontre, une foi6 de Nanterre, Labethno : 465-476. plus stil en était besoin, le pouvoir dtabstraction et la BouyssoNrn, A. et J. et BaRooN, L., 1919.La sta- créativité de I'homme préhistorique. tion moustériennede la ttBouffiaotBonneval à La Matières colorantes au Paléolithique

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Adresse de ltauteur : M. GnopnoN 'Wilderlaan, IIof ter 6 B-1851 Grimbergen (Belgique)

Manuscrit reçu le 12 février 1991.