RECHERCHES PANTHÉON-SORBONNE UNIVERSITÉ DE 1 SÉRIE : SCIENCES ÉCONOMIQUES

Krystyna Szymkiewicz Attachée de Recherche au C. N.R. S.

La planification du commerce extérieur

L'exemple polonais

Préface de Jean Marczewski Professeur à l'Université de Paris 1

Avant-propos de Jean Weiller Professeur à l'Université de Paris 1

ECONOMICA 49, rue Héricart, 75015 Paris 1977

rr (Ç) Ed. ECONOMICA, 1977

Tous droits de reproduction, de traduction, d'adaptation et d'exécution réservés pour tous pays. PREFACE

. Un des principaux avantages des économies planifiées est d'obliger les économistes à expliciter les relations existant entre les phénomè- nes qui, dans les économies de marché, se réalisent spontanément et échappent à l'attention d>un observateur peu averti. Il est vrai que la théorie des échanges extérieurs n'a pas attendu l'expérience des pays du Comecon pour formuler ses principes. Elle les présente cependant d'une façon tellement générale et abstraite qu'il est bien difficile de les appliquer à la réalité quotidienne des opérations entre pays et firmes. Cette application est encore moins aisée lorsqu'il s'agit de «modèles» nouveaux obéissant apparemment à une logique qui leur est propre et qui sont destinés, dans l'esprit de leurs protagonistes, à modifier de fond en comble les relations entre les hommes. Des décennies d'expériences coûteuses en terme de bien- être humain sont alors nécessaires pour redécouvrir les vérités élé- mentaires qui sont à la base de l'économie internationale. En parti- culier, les enseignements que l'on peut tirer de l'expérience des pays du Comecon peuvent être résumés de la façon suivante : 1 - Quelles que soient son étendue, sa population et sa richesse, un pays ne peut plus produire rentablement tous les biens qu'il con- somme. A plus forte raison, dans les pays petits ou moyens comme la et la Pologne, la proportion des biens qui peuvent être produits rentablement à l'intérieur des frontières par rapport aux biens qui y sont consommés, décroît nécessairement en fonction du progrès technique et social. Cette constatation élémentaire semble tellement évidente, et a été tant de fois confirmée par l'histoire aussi bien à l'Est qu'à l'Ouest, que nous n'aurions jamais pensé devoir la développer davantage. Et pourtant, à notre grand étonnement, on entend depuis peu, en France, des voix qui, le plus sérieusement du monde, préconisent une «croissance implosive» plus axée sur une di- minution des importations que sur une augmentation des exporta- tions ( 1). Le principal objectif de cette proposition serait de mettre la

(1) Cf., entre autres, les déclarations de notre jeune collègue, Jean Matouk, à France-Inter et dans le journal «» du 5-6 décembre 1976 p. 36. VI Préface

France à l'abri de la concurrence internationale, en particulier celle de l'Allemagne Fédérale, en vue d'accroître l'emploi. Les partisans de cette théorie semblent oublier deux faits qui caractérisent le déve- loppement moderne de l'industrie. D'une part, l'indivisibilité crois- sante des équipements les plus efficaces exige, dans la plupart des branches, une production à très grande échelle. D'autre part, la diver- sité croissante des produits conduit à une spécialisation de plus en plus fine, non seulement entre les branches, mais aussi et surtout à l'intérieur des branches. Aucun pays du monde n'est capable de faire face à cette double exigence. Il doit se spécialiser dans un nombre relativement restreint de variétés de produits fabriqués en grande série, éventuellement en coopération internationale. Une politique autarcique conduit nécessairement ou bien à la réduction draconienne du choix offert au consommateur national, ou bien à une production relativement diversifiée mais inefficace. Dans les deux cas, il s'en suit un retard croissant par rapport au reste du monde et un niveau de vie en régression relative sinon absolue. La crise tchécoslovaque des années soixante en est le meilleur exem- ple. Il est bien entendu qu'une telle politique est de nature à assurer le plein emploi (ou plutôt le «plein sous-emploi») mais ce résultat serait obtenu à un prix qu'aucun des Français n'est prêt à payer. 2 - Dans ces conditions, pour pouvoir financer les importations dont leurs producteurs et leurs consommateurs ont besoin, tous les pays, quelle que soit leur dimension,mais plus particulièrement les pays petits et moyens, ont intérêt à adapter le plus exactement pos- sible leur offre de produits exportables à la structure et à l'évolution de la demande mondiale. A l'exception des matières premières et des demi-produits relativement homogènes, cette adaptation ne peut guère se faire à l'échelon central des plans nationaux.Elle ne se réalise efficacement qu'au niveau des entreprises grandes, moyennes et même petites qui, dans ce but, doivent rester en contact permanent et direct avec les marchés intérieur et extérieur. Qu'elles soient publi- ques, privées ou coopératives, ces entreprises doivent disposer de la plus grande liberté de choix en ce qui concerne leurs achats, leurs ventes, leurs investissements et leurs effectifs. 3 - Pour que le calcul économique de ces entreprises les conduise à des choix conformes à l'intérêt général, il est indispensable que les prix intérieurs reflètent aussi exactement que possible les raretés relatives des facteur,$ et des produits par rapport aux besoins sociaux du pays et à la demande extérieure. Ni l'état actuel de nos connais- sances mathématiques ni les capacités de nos plus grands ordinateurs n'autorisent l'espoir qu'un tel système de prix puisse, dans un avenir prévisible, être calculé et tenu à jour par un organisme central de Préface VII planification. Les méthodes de décomposition qui permettent de décentraliser partiellement ce calcul, n-apportent pas non plus de solution satisfaisante. Elles ne réduisent pas suffisamment les di- mensions des programmes à résoudre, les itérations qu'elles impli- quent ne convergent pas, ou convergent trop lentement, et surtout, elles n'aboutissent à des solutions optimales que dans le cas excep- tionnel des programmes séparables. Seul un marché de concurrence, toute imparfaite qu'elle soit, permet d'obtenir un système de prix qui, sans être optimal, est susceptible de fournir aux entreprises une orientation tendancielle suffisamment correcte et rapide pour qu'el- les puissent réagir de façon efficace aux modifications de l'environ- nement économique, intérieur et extérieur, dans lequel elles fonc- tionnent. Cela ne veut pas dire que l'Etat doive s'abstenir de toute action dans le domaine économique. Bien au contraire, le rôle de l'Etat est particulièrement important et difficile. Il consiste à assurer un fonctionnement correct d'un marché concurrentiel, à compléter ce marché par une planification indicative dans les domaines où celui-ci est déficient et, surtout, à maintenir les équilibres essentiels de l'économie au niveau de l'emploi, des échanges extérieurs et des prix. 4 - Ces trois équilibres sont intimement liés. Ils sont fonction de quatre vecteurs de prix : - les taux de salaires - les taux de change - les taux d'intérêt - les prix des biens et services A l'optimum, la fixation d'un seul de ces vecteurs détermine tous les autres. Il est donc absurde de vouloir les fixer tous, sans avoir la moindre possibilité de connaître exactement les relations complexes qui existent entre eux. En particulier, le calcul du taux de change optimal n'a aucun sens si les prix effectivement pratiqués à l'intérieur ne sont pas eux-mêmes optimaux. L'utilisation de prix duaux - même s'ils pouvaient être calculés correctement pour toute une économie - ne -résoud pas le problème. Le taux de change ainsi calculé serait optimal dans une économie où les prix duaux ayant servi pour son calcul, auraient été effectivement utilisés dans les opérations concrè- tes. Comme ce n'est pas le cas, il n'est pas optimal pour l'économie en question. Il vaut donc mieux renoncer à son utilisation en le rem- plaçant par un taux déterminé empiriquement de façon à assurer l'équilibre à moyen terme de la balance extérieure des opérations courantes. C'est ce qui se fait actuellement dans la plupart des pays du Come- con sous la forme de «multiplicateurs de change» complètement VIII Préface

indépendants du taux de change officiel. Mais les structures des coûts de production, calculés aux prix en vigueur à l'intérieur des pays intéressés, sont à tel point différentes des structures des prix étrangers qu'il est nécessaire de compléter les multiplicateurs de change par un système extrêmement développé de subventions à l'exportation et même à l'importation. Cela revient finalement à affecter à chaque produit un taux de change spécifique, incompati- ble avec un calcul économique vraiment décentralisé. En d'autres termes, une contradiction absolue existe entre une planification centralisée, impérative et micro économique et une exploitation efficace des avantages du commerce extérieur. Les pays- continents, dotés de ressources extrêmement variées et disposant d'un marché intérieur immensément vaste, peuvent à la rigueur se payer le luxe de sacrifier l'efficacité de leurs échanges extérieurs à leur «préfé- rence de structure » (1). Ce choix n'est pas offert aux pays moyens et petits, ou plus exactement, la variété des structures qu'ils peuvent se donner est sensiblement moins étendue. Leur survie économique et, à plus longue échéance, politique, dépend pour une large part de leur faculté d'adaptation à l'évolution de l'économie mondiale. Ils peuvent la réaliser, sans pour autant perdre quoi que ce soit de leur personnali- té, en appliquant les qualités spécifiques de leur génie national à l'in- tensification et à la diversification de leur effort productif, au lieu de les gaspiller dans la construétion d'un gigantesque édifice bureaucra- tique qui étouffe toutes les initiatives et empêche toutes les adapta- tions. Car, ce qui compte finalement dans la compétition pacifique entre les nations, c'est la faculté de produire au moindre coût des biens et services désirés par le reste du monde. Parmi les pays du Comecon, la Pologne occupe une position média- ne. Très petite par rapport à l'U.R.S.S., elle est par son territoire et sa population le plus grand des autres Etats du bloc socialiste. Moins in- dustrialisée que l'Allemagne de l'Est et la Tchécoslovaquie, elle était, avec la Hongrie, plus développée au lendemain de la dernière guerre, que la Roumanie, la Bulgarie et même l'Union Soviétique. Dépendant beaucoup moins du commerce extérieur que la Bulgarie, la Hongrie et la Tchécoslovaquie, elle en est tributaire dans une mesure infini- ment plus forte que l'U.R.S.S.. Elle constitue donc à tout point de vue un bon échantillon de la réalité économique des pays du Comecon dans le domaine des échanges extérieurs. De surcroît, elle présente

(1) Concept proposé par notre collègue et ami Jean Weiller. pour l'observateur extérieur un avantage décisif sur la plupart des pays de lEst : c'est, à côté de la Hongrie, le pays où la pensée écono- mique s'exprime avec la plus grande liberté et qui publie le plus grand nombre de statistiques économiques. Cependant la vraie raison pour laquelle le Laboratoire de Compta- bilité Nationale et de Planification a décidé de consacrer sa première étude de planification socialiste par pays (1) à la Pologne, a été d'un autre ordre. Les statistiques et les publications sont certainement une source indispensable de toute étude économique appliquée. Néanmoins, elles ne sont pas susceptibles de remplacer la connais- sance directe du pays que possède quelqu'un qui y est né, y a accom- pli la plus grande partie de ses études et y entretient encore de nom- breux liens de famille et d'amitié. Or ce sont bien les conditions que remplit l'auteur de cet ouvrage, Mademoiselle Krystyna SZYMKIE- WICZ, diplômée de l'Ecole Centrale de Planification et de Statistique de Varsovie et docteur de spécialité de l'Université de Paris I. Tout en restant strictement objective dans l'appréciation des résultats obtenus par son pays d'origine, elle a mis dans son travail autant de cœur que de connaissances acquises en Pologne et en France. C'est ce qui donne à son livre la valeur d'un authentique témoignage.

Jean MARCZEWSKI Laboratoire de Comptabilité Nationale et de Planification (Equipe associée de l'Université de Paris I et du C.N.R.S.).

(1) Jusqu'ici toutes nos études sur la planification dans les pays de l'Est portaient sur l'ensemble de ces pays. Cf. entre autres J. MARCZEWSKI : Planification et croissance économique des démocraties populaires, P.U.F., Paris, 1956 ; Crise de la Planification socialiste, P.U.F. 1973 ; Crisis in socialist planning, Praeger, New-York, Londres, 1974 ; «Le rôle des prix dans un système planifié» Economie Appliquée, Paris, janvier-mars 1966 et juillet-septembre 1967.

AVANT-PROPOS

Il serait difficile de ne pas mettre l'accent sur l'esprit de scrupu- leuse attention et d'active, efficace et toujours «coopérative» parti- cipation de Mademoiselle Krystina SZYMKIEWICZ au moment de ses débuts d'étudiante à la sixième section de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes (à présent, Ecole des Hautes Etudes en Sciences So- ciales). Elle venait d'une Pologne encore lointaine : nous attendions un moment opportun - et d'ailleurs tardivement venu, au colloque de Wroclaw de juillet 1976 - pour confronter ce que beaucoup de nos collègues attribuaient à des «illusions» avec une réalité décidément «figée», semblait-il. Les illusions eussent été liées aux préférences de doctrine affichées ici et là, dans le cadre de la C.E.E. et dans celui du C.A.E.M. : préfé- rences de politique économique déjà mais quant à des règles du jeu plus ou moins étroitement liées aux interprétations idéologiques. C'est plutôt l'attachement à une méthode dont nous nous efforcions de discuter au cours de nos séminaires - méthode mettant l'accent sur des préférences structurales : ces «préférences nationales de structure», parfois évoquées à tort comme entachées d'arbitraire de la part des Etat s-nations, mais qui nous semblent avoir effective- ment guidé ceux-ci pour maintenir, dans leurs relations économiques extérieures et en dépit des variations de la conjoncture, certaines lignes d'évolution structurelle, effectivement repérables à l'exporta- tion comme à l'importation. Je ne peux que renvoyer ici à une ultime mise au point ( dans un premier tome de l'ouvrage collectif publié aux Editions Mouton, Economie Internationale, T. 1, en collaboration avec Jean COUSSY et avec d'importantes contributions de plusieurs collègues : Automatismes et Structures, faits, théorie et politique). Il me suffira de rappeler que, pour les pays occidentaux, la tendance à maintenir ces lignes d'évolution structurelle au cours des plus graves crises ou aú lendemain des conflits mondiaux, peut être suivie aussi bien au cours de négociations commerciales en vue d'échanges plus libres que lors de réactions ou ripostes de, protectionnisme géné- ralisé, à certains mauvais tournants de la conjoncture mais qui sont, de ce point de vue, de faux

Jean Weiller Doyen Honoraire Professeur à l'Université de Paris I et à l'E.H.E.S.S. Cet ouvrage est une version remaniée d'une thèse soutenue à l'Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne) sous la présidence de Monsieur le Professeur Jean Weiller. Nous exprimons notre vive gratitude envers les membres du Jury de notre thèse : Madame le Professeur Marie Lavigne, Monsieur le Professeur Jean Marczewski et Monsieur le Professeur Jean Weiller, qui nous ont éclairé de leurs précieux conseils, nous permettant ainsi de mener à bien cette étude. Nos remerciements s'adressent également à toutes les personnes qui nous ont aidé tout au long de notre travail : Monsieur H. Wron- ski maître de recherche au C.N.R.S., Mademoiselle A. Tiraspolsky et Monsieur W. Jampel, de la Documentation Française, ainsi qu'à tous nos collègues du Laboratoire de Comptabilité et de Planifica- tion, et tout particulièrement Madame J.M. Cash et Mademoiselle B. Desaigues. Il va de soi que les opinions exprimées, de même que des erreurs éventuelles, nous sont entièrement imputables. LISTE DES ABREVIATIONS EMPLOYEES DANS CET OUVRAGE

- R. Stat Pol. - Rocznik Statystyczny Polski. - R. Stat. H.Z. - Rocznik Statystyczny Handlu Zagranicznego. - R.Z. - Rynki Zagraniczne - G.P. - Gospodarka Planowa - Z.G. - Zycie Gospodarcze - H.Z. - Handel Zagraniczny - N.D. - Nowe Drogi - Fin. - Finanse - Eko. - Ekonomista - Le CPE - Le Courrier des Pays de l'Est. - R. Est - Revue de l'Est. INTRODUCTION

En décembre 1971, un an après une grave crise politique, une nouvelle stratégie économique est officiellement adoptée en Pologne (1). Une de ses caractéristiques essentielles est l'ouverture plus grande de l'économie polonaise sur l'extérieur. Quels sont les motifs et les objectifs de cette politique dans le domaine du commerce extérieur ? Est-ce vraiment une stratégie nouvelle, et en quoi consiste-t-elle ? Quels problèmes posent sa réalisation, compte tenu de la nature du système économique en place ? En effet, dans le système instauré en Pologne après la deuxième guerre mondiale, l'Etat dirige l'ensemble des activités économiques. Le commerce extérieur obéit aux mêmes règles de fonctionnement que tous les autres grands secteurs de l'économie (industrie, trans- ports, banques, commerce intérieur ...). Notamment, il fait l'objet du «monopole d'Etat» du commerce extérieur, et est soumis à la planification économique. Le monopole d'Etat dans le domaine du commerce extérieur n'est que la transposition de la propriété étatique des moyens de production. Cette règle signifie que l'Etat socialiste se réserve le droit exclusif de diriger l'ensemble des activités liées au commerce extérieur. Depuis 1917, date à laquelle le monopole a été instauré pour la première fois en Union soviétique (2), les formes de son application ont évolué, mais sa substance juridique demeure inchan- gée : l'Etat est seul autorisé à effectuer des actes juridiques dans le domaine du commerce extérieur.

(1) Le nouveau programme économique a été adopté par le Vie Congrès du Parti Ouvrier Unifié Polonais, qui a eu lieu à Varsovie en décembre 1971.

(2) Décret du Conseil des Commissaires du Peuple du 22 avril 1918 «sur la nationalisation du commerce extérieur», Sbornik uzakonienij de 1918 ; position 33 p. 432 (cité par S. Maksymowicz, S. Szczypiorski, Organizacja i technika handlu zagranicznego, P.W.N. Varsovie, 1955, p. 136). La planification des échanges extérieurs est une conséquence de la planification globale de l'économie. Relativement aisée dans une économie quasi autarcique, cette planification devient très complexe lorsqu'un pays s'ouvre davantage vers le monde extérieur. Dans la situation de l'autarcie, le commerce extérieur sert unique- ment de «soupape de sûreté», en remédiant aux déséquilibres entre la consommation et la production nationale. La planification des échanges avec l'étranger se greffe sur un plan de production sur lequel elle n'a pas d'influence décisive. Le plan d'exportation et d'importation découle principalement des excédents et des déficits qui résultent du plan économique. Les données quantitatives jouent ici un rôle essentiel et les données qualitatives (comparaison des prix) jouent un rôle tout à fait secondaire (1). Des méthodes relati- vement simples telles que, par exemple celle des balances-matières, permettent au planificateur central d'établir une liste de produits indispensables à la croissance économique que le pays n'est pas en mesure de produire, la répartition géographique des exportations se faisant d'après les balances des paiements avec chaque marché exté- rieur. Le planificateur essaie d'assurer la cohérence intérieure du plan compte tenu des balances de marchandises et des balances de devises sans chercher pour autant à optimiser la répartition des flux commer- ciaux par produit et par pays. Les décisions concernant le volume des échanges sont alors transmises sous forme de directives aux entrepri- ses exécutant le plan ; les prix jouent uniquement un rôle d'instru- ment comptable. La tâche du planificateur central devient beaucoup plus difficile dans une économie où le commerce extérieur doit non seulement fournir les importations strictement nécessaires, mais également tirer avantage de la division internationale du travail et servir de 1 rc% facteur de développement accéléré. Dans ce cas, il ne suffit pas d'équilibrer les opérations en marchandises et en devises, mais il s'agit d'optimiser la composition du commerce extérieur et sa répar- tition géographique. Le postulat d'optimisation pose automatiquement le problème du calcul économique, qui constitue les bases du choix entre diverses solutions possibles. Pour la planification des échanges extérieurs, où le champ décisionnel est plus vaste que dans n'importe quel autre domaine, l'élaboration des critères adéquats de choix des échanges est de toute première importance. Ces critères doivent

(1) Cf. Ch. Bettelheim, Problèmes théoriques et pratiques de la planification; F. Maspéro, Paris, 1970, p. 267. d'une part, servir à l'analyse macroéconomique des échanges et, d'autre part, guider les excécutants du plan dans la réalisation des décisions prises par le pouvoir central. De plus, ils doivent servir non seulement à choisir les exportations et les importations avan- tageuses à court terme, mais également à établir un plan d'échanges optimal à long terme, donc à permettre d'opérer un choix à long terme entre les productions nationales et les importations. Dans une économie où les prix sont planifiés par une autorité centrale, sans qu'il soit toujours tenu compte des coûts effectifs, et sans corrélation avec les prix externes, le calcul de l'efficacité des échanges s'avère d'une extrême complexité. Des méthodes très élaborées deviennent alors indispensables pour guider les planifi- cateurs dans leurs décisions concernant les échanges extérieurs. Dans la première décennie du développement de la Pologne d'après- guerre, le problème du calcul économique des échanges et la ratio- nalité du système de planification et de gestion du commerce exté- rieur n'étaient pas encore à l'ordre du jour. Une bonne conjoncture pour les exportations de charbon polonais permettait de payer les importations indispensables, et l'organisation centralisée des achats et des ventes semblait convenir à un commerce extérieur peu diver- sifié. Mais, vers le milieu des années cinquante, l'accroissement des importations provenant de l'Ouest et le fléchissement des exporta- tions de charbon, ont placé la Pologne dans l'impossibilité d'équili- brer sa balance des paiements avec les pays capitalistes. Elle se trouve de ce fait confrontée à un dilemme : faut-il continuer à importer de l'Occident tout en recherchant quelles productions nouvelles sont susceptibles d'être exportées en échange, ou vaut-il mieux créer des industries nouvelles de substitution permettant de renoncer aux importations ? Et, si l'on choisit d'augmenter et de diversifier les exportations, comment calculer leur efficacité ? Enfin, par quelles méthodes intéresser les entreprises au développement des expor- tations ? Les années soixante ont été très fécondes en recherches théoriques mais n'ont pas apporté de solution valable. C'est pourquoi la réalisation de la nouvelle stratégie économique, adoptée en 1971, visant à faire participer plus largement la Pologne à la division internationale du travail, pose au pays de nombreux problèmes d'adaptation. Il s'agit, d'une part, de restructurer la production orientée principalement vers le marché interne et, d'autre part, de modifier les méthodes de planification et de gestion utilisées jusqu'alors. RURARZ (Z.) Handel zagraniczny. Problemy. Perspektywy, Varsovie, P.W.E., 1971. RYDYGIER (W.) Handel zagraniczny jako czynnik rozwoju gospodarczego, Varsovie, P.W.E., 1973. SULMICKI (P.) Planowanie i zarzadzaniegospodarcze, Varsovie, P.W.E., 1973. System funkcjonowania gospodarki socjalistycznej sous la rédaction de J. LEWANDOWSKI, Varsovie, P.W.E., 1973. SZTYBER (W.B.) Teoria i polityka cen w gospodarce socjalistyaznej, Varsovie, P.W.N., 1967. j TRZECIAKOWSKI (W.) Modele posredniego kierowania gospo rka planowa w sterowaniu handlem zagranicznym, Varsovie, P.W.E., 1975. WAKAR (A.) Handel zagraniczny w gospodarce socjalistycznej, Varsovie, P.W.N., 1968. WESOLOWSKI (J.) Rownowaga i wyrownanie bilansu dewizowego, Varsovie, 1970. ZIELENIEWSKI (J.), SZCZYPIORSKI (S.) Zasady organizacji i techniki handlu zagranicznego, Varsovie, 1963. TABLE DES MATIERES

Préface ^

Avant-Propos XI

Introduction 1

CHAPITRE I - Les structures des échanges extérieurs polonais ....5 Section 1 - L'évolution des échanges extérieurs depuis 1945 6 1 - Quelques données d'ensemble 7 2 - Les étapes du développement des échanges extérieurs 10 Section II - La structure des échanges par produit 23 1 - Machines et équipement 24 2 - Combustibles, matières premières, semi-produits 27 3 - Produits agricoles et alimentaires 29 4 - Biens de consommation d'origine industrielle 30 Section III - La structure des échanges avec les différents groupes de pays . 31 1 .- Echanges avec les pays socialistes 33 2 - Echanges avec les pays occidentaux développés 36 3 - Echanges avec les pays en voie de développement 38 Section IV - Les problèmes essentiels du commerce extérieur polonais ... 42 1 - Le problème de l'équilibre de la balance des paiements 43 2 - Le manque des produits compétitifs pour l'exportation 47

CHAPITRE II - Les caractéristiques générales du système du com- merce extérieur 59 Section 1 - Le monopole d'Etat du commerce extérieur 59 1 - Les «modèles» centralisé et décentralisé du commerce extérieur ... 61 2 - L'organisation du commerce extérieur polonais 63 Section II - La dichotomie des prix intérieurs et extérieurs 70 1 - Les caractéristiques de la politique intérieure des prix 71 2 - Les modalités de fixation des prix et le fonctionnement des règlements extérieurs 75 3 - Le système financier «traditionnel» : conséquence de la dichotomie des prix 83 Section III - Le cadre général de la planification 85 1 - La typologie des plans 85 2 - Les organes de la planification 89 3 - Le processus de l'établissement du plan ...... 91