DES LIVRES

SPECIAL ALLEMAGNE VENDREDI 16 MARS 2001

LITTÉRATURE BALADE BERLINOISE ESSAIS JEUNESSE Le feuilleton de Pierre Lepape page II pages IV et V Entretien avec le philosophe page VII Panorama historique, p. III Hans-Georg Gadamer, p.XII La jeune génération Heidegger et « l’essence des écrivains berlinois, p.VI de la vérité », p.X HISTOIRE Actualité des parutions en , p.II à XV L’état des débats outre Rhin, page XIV p.XI

Place Marlene Dietrich sur “ tyrans in nucleo ”. Il ne s’agissait sonnes. Je pensais au Chaplin du a la Postdamer Platz pas seulement des nazis. A l’épo- Kid. Mais mon film visait aussi à que, j’avais besoin de cet alibi, mais dépeindre la petite bourgeoisie, est bon est toujours venu de la pro- je crois que cette métaphore est comme un tombeau glauque. Pen- vince : Goethe, c’était Weimar ; aujourd’hui un peu dépassée. dant l’élaboration du film, Grass me Schiller, c’était Stuttgart ; Böll, c’est C’était plutôt un film sur l’adoles- reprochait d’être “ protestant et car- Cologne ; Grass, c’est Dantzig… cence. J’ai continué avec Kleist, tésien ”. Il trouvait qu’à mon scéna- Numéro spécial : » Heinrich Böll, qui déchirait le Michael Kohlaas, le rebelle (1969), rio, il manquait “ l’irruption irration- voile du silence jeté sur le passé hit- qui contient lui aussi une leçon nelle du temps ”. Qu’avec Jean- lérien, puis s’est engagé contre l’hys- sociale : il dépeint ce qu’il y a d’à la Claude Carrière, nous avions mis térie dans laquelle son pays bascu- fois admirable et effrayant chez un trop d’ordre dans son histoire. C’est lait à l’époque de la bande à Baader, héros allemand, lorsqu’il perd vrai, je suis d’éducation protestan- a marqué cette nouvelle vague de contact avec la réalité au nom de te, et lui, c’est un catholique… très son empreinte. Le premier film de son idéal, comme on le vit plus tard païen ! Il croit à une religion qui Jean-Marie Straub, Les Non-Réconci- avec les terroristes. J’ai tourné Baal, s’enfonce dans la sensualité, le liés (1965), histoire de deux lycéens d’après Brecht, pour la télévision, péché, et qui favorise l’irrationnel. qui se retrouvent trente ans après afin de cerner la germanité anar- A cause de cela, on l’a qualifié de les années troubles du nazisme, est chiste, avec Fassbinder dans le rôle baroque ; moi je dirais plutôt adapté de Böll ; Peter Schamoni a de la bête bavaroise. “barbare”. Grass a inventé un réalis- lui aussi adapté Böll… Heinrich Böll » Que je le veuille ou non, je bai- me burlesque. D’où mes difficultés : était un conteur avant tout, le ciné- gne dans la littérature. Et j’ai choisi je suis porté vers le réalisme, je me ma raconte des histoires, et Böll aussi d’adapter des auteurs vivants, méfie de tout ce qui n’est pas con- afin d’avoir un dialogue trôlable par la raison. avec eux. C’est ma » Même quand j’ai adapté Le Volker Schlöndorff façon de réagir contre Coup de grâce (1976), j’ai été captivé une idée de la littéra- par le cadre historique plus que par était celui qui en fournissait le plus. ture guindée, officielle, assomman- la tragédie racinienne, au grand Il est devenu une sorte de te. Je me suis toujours braqué sur déplaisir de Marguerite Yourcenar. conscience. J’ai personnellement, ces questions : qu’est-ce que l’Alle- Proust (Un amour de Swann, 1984), dans un climat de chasse aux sorciè- magne ? Qui sont les Allemands ? c’était un peu mon éducation senti- res, adapté L’Honneur perdu de Qu’est-ce que l’identité nationale ? mentale : je l’avais lu à dix-sept ans, Katharina Blum (1971). Avec Marga- Quelle part de notre Histoire pou- Sans doute ma lecture est-elle plus l’Allemagne rethe von Trotta, je cherchais à faire vons-nous assumer ? Et quelle part expressionniste que celle d’un Fran- un film sur la “ criminalisation ” des rejeter ? Mes lectures m’aident à çais. J’y ai fait ressortir le côté Dos- groupes révolutionnaires, de la gau- répondre à ces questions. toïevski de Proust, son paroxysme. che. Un film qui dénonce la presse à » Günter Grass était devenu un » Aujourd’hui, j’aimerais adapter sensations (la presse Springer) et les monument national en Allemagne : les extraordinaires Short stories d’In- méthodes policières. Böll était des- Le Tambour, ce mélange de conte go Schulze, un patchwork d’histoi- cendu dans l’arène en se mêlant de de fées et de cauchemar, avait res qui s’enchevêtrent dans une peti- l’affaire Baader-Meinhof et avait apporté une libération par rapport te ville de l’Allemagne de l’Est. éprouvé ce qu’est une campagne dif- à l’époque nazie. Grass a été derriè- Hélas !, les droits sont bloqués. famatoire. Il a travaillé aussi avec re l’Ostpolitik de Willy Brandt, il » Les jeunes réalisateurs d’aujo- nous pour ce film collectif que fut donnait l’exemple d’un écrivain qui urd’hui, eux, ont abandonné cette RUDOLF SCHAEFER L’Allemagne en automne (1978), film s’engage en tant qu’écrivain et non forte influence de la littérature alle- à sketches pour lequel il m’écrivit en tant que politicien. Dans Le Tam- mande : ils s’inspirent du cinéma une Antigone, et pour Guerre et paix bour (1974), ce qui m’intéressait, américain des quinze dernières (1983), un film sur la guerre atomi- moi qui avais toujours été un enfant années. » que. Et puis des écrivains se sont sage, c’était la révolte de l’enfant Propos recueillis mis à écrire pour le cinéma, comme contre le monde des grandes per- par Jean-Luc Douin Peter Schneider pour Le Couteau dans la tête de Reinhard Hauff, un film dans lequel la victime d’une bavure policière incarne une Alle- Romans, films : magne amnésique, orpheline de son identité (1979). Nous avions un programme commun : retrouver les traces du passé dans le présent. » De son côté, Rainer Werner Fas- au Salon sbinder a adapté Döblin (Berlin Alexanderplatz, 1980) et Theodor Fontane (Effi Briest, 1974) : lui se souciait peu de fidélité. Il se servait même combat de la littérature comme matériau tographique du Juif Süss), et qui con- pour faire du Fassbinder. C’était Engagé dans tinuaient à filmer un pays baigné d’ailleurs formidable ! Et Hans Jür- d’harmonie, qui exaltaient le coura- gen Syberberg s’emparait de Karl un « réalisme social », ge de nos vaillants petits soldats May (1974), celui que l’on a surnom- dévoyés par un sale dictateur ! Jus- mé le Jules Verne allemand. le cinéma allemand qu’à ce que notre génération refuse » Moi j’étais un cas un peu à part. J des années 1960 à 1980 cette hypocrisie de la restauration, Je suis cosmopolite, j’ai fait mes étu- usqu’aux années 1960, le ciné- et dénonce ce que nous avons appel- des en France. D’abord dans un col- ma allemand s’était désintéressé de lé le « cartel des nanars », pour se lège de jésuites à Vannes, où j’ai la littérature allemande. L’adapta- s’est souvent inspiré ranger derrière la bannière des écri- joué Siegfried et le Limousin de Jean tion de la légende des Nibelungen vains du Groupe 47, dont les livres Giraudoux, et où j’ai pris la décision par Fritz Lang (1924) restait un cas à d’ œuvres littéraires. constituaient à nos yeux une clé que, si un jour je faisais du cinéma, part. Le Faust de Murnau (1926) pour comprendre notre société. ce serait pour prouver à mes cama- n’était pas une adaptation littéraire. Nous avons demandé » A une époque où la vague du rades qu’il y avait une autre Allema- Le cinéma expressionniste s’était cinéma érotique submergeait tout, gne que celle de Nuit et brouillard fait sans aucune référence aux écri- au cinéaste Volker le cinéma s’est rapproché de la litté- d’Alain Resnais, une Allemagne que vains. C’est dommage : Alfred rature quand Alexander Kluge a jeté j’allais chercher chez Büchner Döblin ou Bertolt Brecht auraient Schlöndorff de les bases d’un nouvel art (un peu autant que dans les films de Pabst, pu y jouer un rôle, mais cela n’a pas dans l’esprit de la nouvelle vague de Lang et de tout un cinéma réalis- été le cas. La fascination des gens commenter cette française lancée par les Cahiers du te qui tranche avec l’image tradition- d’image pour une inspiration complicité avec les cinéma), tournant le dos aux recher- nelle d’une Allemagne ténébreuse. Demandez notre supplément romantique à laquelle s’est rattaché ches purement formelles pour décri- J’ai continué mes études à au plus tard Werner Herzog, ce cinéas- re et analyser la société allemande. lycée Henri-IV, je suis devenu assis- te proche d’Arnim, de Jean-Paul, de écrivains de son pays La télévision nous a beaucoup tant de Louis Malle. Et puis, cinéas- Hölderlin, était inexistante. Il n’y a aidés : elle nous a permis de poser te à mon tour, je me suis mis à adap- d’ailleurs qu’en France que l’on goû- » Mais tout a changé avec la nou- les bases d’une production indépen- ter beaucoup d’écrivains, alors que te ce folklore à la Victor Hugo, cet velle vague. Après la guerre, le ciné- dante, de faire des films typique- je rêvais d’un cinéma d’auteur. J’ai exotisme des brouillards du Rhin… ma allemand était resté aux mains ment allemands au lieu de lorgner commencé par Robert Musil, Les Les Allemands ne se voient pas du de cinéastes, de vedettes et de pro- vers les coproductions internationa- Désarrois de l’élève Toerless (1966), tout comme cela ! Et Werner ducteurs qui avaient travaillé sous les. Grâce à elle, nous faisions un pour montrer comment les rap- Herzog n’est pas perçu chez nous Goebbels, comme Veit Harlan (le cinéma presque provincial, dans le ports de force dans un collège font et lire notre éditorial page 20 comme un romantique ! réalisateur de l’adaptation cinéma- sens où en Allemagne tout ce qui naître ce que Musil appelait des www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17462 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 16 MARS 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Monaco : une enquête Le PS est bousculé sur sa gauche b Au second tour, la gauche plurielle retrouvera-t-elle toutes les voix des Verts, de l’extrême gauche pour blanchiment et des Motivé-e-s ? b Les Verts s’imposent en principal partenaire des socialistes, tandis que le PC régresse vise des proches encore au profit de l’extrême gauche b Comment Lionel Jospin répondra-t-il à cette nouvelle donne ? LA GAUCHE CRITIQUE élargit les « listes » qui ont essaimé de Charles Pasqua son espace, le Parti communiste sur le modèle des Motivé-e-s de Tou- régresse encore un peu plus au pro- louse. Ces dernières se sont jointes LE FINANCEMENT du Rassem- fit de l’extrême gauche, la « gauche aux socialistes pour le second tour – blement pour la France (RPF) de plurielle » remodèle ses équilibres fusion à , appel au report Charles Pasqua par des fonds sus- au profit des Verts : le Parti socialis- des voix à Rennes. pects dégagés lors de la vente du te tire les leçons du rappel à l’ordre En revanche, l’extrême gauche casino d’Annemasse (Haute- que lui ont adressé les électeurs au persiste dans sa contestation de la STYLES - VOYAGES Savoie) apparaît au détour d’une premier tour des élections municipa- gauche parlementaire. Elle a obtenu enquête ouverte par le parquet de les. Se situant déjà dans la perspecti- ses meilleurs scores depuis 1977, et Monaco. Auteurs de cette transac- ve de la présidentielle et des législati- c’est Lutte ouvrière qui profite le Temples tion, deux proches de M. Pasqua, ves de 2002, les socialistes analyse- plus des reculs du PCF, ce qui per- Robert Feliciaggi, maire (DVD) de ront de près la manière dont s’effec- met à Alain Krivine (LCR) d’affir- Pila Canale (Corse-du-Sud), et tueront, au second tour, les reports mer, dans Le Parisien, que Robert du soleil l’homme d’affaires Michel Tomi, de voix. Un dirigeant socialiste, pro- Hue sera « sûrement devancé » par présentés comme les « empereurs che de Lionel Jospin, explique, sous Arlette Laguiller à la présidentielle. Notre supplément « Styles-voyages » du jeu en Afrique », sont directe- couvert d’anonymat : « Les électeurs Quant aux Verts, ils s’installent com- consacre douze pages aux grands sites ment visés par ces investigations. ont utilisé tous les moyens pour dire à me des partenaires puissants que archéologiques de quatre continents. Le Les fonds ayant alimenté leurs la gauche qu’elle est trop institution- Lionel Jospin devra intégrer dans sa Mexique des Mayas, au cœur de la pres- comptes à Monaco ont emprunté nelle, de moins en moins attentive, de stratégie. Leur participation massi- qu’île du Yucatan, la Libye et ses super- un cheminement suspect et met- moins en moins modeste. L’opinion ve à la gestion municipale, au côté tent en jeu des particuliers au pro- ne retrouve pas le discours de Jospin des socialistes, permettra, selon le bes ruines gréco-romaines, le Cambod- fil sulfureux, estiment les enquê- sur la modestie, l’absence d’hégémo- PS, de mieux préparer les prochai- ge, qui rouvre ses sanctuaires oubliés, et teurs monégasques. Interrogé par nie. » nes échéances électorales. Pompéi, menacée par l’afflux de visi- Le Monde, M. Pasqua affirme ne Même si la gauche l’emportait à teurs, et bien d’autres lieux. Quelques pas être « concerné » par cette Paris et à Toulouse, l’analyse n’en Lire pages 6 à 9 et la chronique conseils pour apprendre à voyager dans affaire. serait pas modifiée. L’espace criti- de Pierre Georges page 38 que libéré par les socialistes est occu- le respect du passé. Lire pages 10 et 11 pé par l’extrême gauche et aussi par f www.lemonde.fr/municipales Demandez notre supplément Nestlé, concentré L’appel de quatorze intellectuels arabes contre une conférence négationniste A L’INITIATIVE de deux organisations néga- gnés par cette entreprise antisémite. Nous alertons mission d’experts pour la seconde guerre mondia- de performance tionnistes néonazies, la suisse Vérité et justice et à ce sujet les opinions publiques libanaise et ara- le, ainsi que de nombreux autres écrivains, histo- l’américaine Institute for Historical Review bes et appelons les autorités compétentes du Liban riens, sociologues libanais et étrangers ». EN TROIS ANS, le numéro (IHR), une conférence intitulée « Révisionnisme à interdire la tenue à Beyrouth de cette manifesta- Dans un courageux éditorial publié récem- a un mondial de l’industrie et sionisme » est prévue du 31 mars au 3 avril à tion inadmissible », écrivent les signataires de ment par le quotidien saoudien El Hayat, sous le agroalimentaire a vu sa valeur Beyrouth. « Des chercheurs et activistes révision- l’appel, qui font partie de l’élite intellectuelle ara- titre « Les Protocoles des sages de Beyrouth », SAYURI OKAWA boursière tripler. Explication de la nistes célèbres de différentes nationalités doivent y be : les poètes Adonis (Liban) et Mahmoud le Libanais Joseph Samaha n’avait pas hésité à performance du géant suisse : le participer », reflétant ainsi la coopération crois- Darwich (Palestine), l’historien Mohammed Har- écrire de son côté que la tenue d’un tel forum à ENQUÊTE nouveau directeur général, Peter sante entre chercheurs « indépendants » de pays bi (Algérie), les écrivains Jamel Eddine Ben- Beyrouth « déshonore le Liban ». Traitant les par- Brabeck, s’est défait des produits européens, des Etats-Unis et du Proche-Orient, cheikh (Algérie), Mohamad Berada (Maroc), ticipants à cette conférence de « falsificateurs de les moins rentables (comme les peut-on lire sur le site Internet d’IHR. Ce n’est Dominique Eddé, Elias Khoury, Gérard Khoury l’histoire », Joseph Samaha ajoute : la tenue Le Japon surgelés Findus) et a investi dans plus un secret pour personne à Beyrouth que les et Salah Stétié (Liban) Fayez Mallas et Farouk d’une telle conférence dans la capitale libanaise de nouveaux secteurs davantage autorités libanaises sont soumises à de multiples Mardam-Bey (Syrie), Edward Saïd, Khalida Saïd suggérera que « le combat défensif arabe contre de la misère porteurs (comme l’alimentation pressions pour interdire cette conférence. Mais, et Elias Sanbar (Palestine). Israël et ses alliés est, d’une manière ou d’une Pendant les années d’expansion, la pauvre- animale). Dans un entretien au à ce jour, les sources les mieux informées dans la « Cette initiative, qui utilise le Liban comme pla- autre, la prolongation du projet d’extermination té s’était faite discrète au Japon. Aujour- Monde, M. Brabeck évoque aussi capitale libanaise ne sont pas en mesure de dire te-forme de ses propres objectifs, survient au nazie ». d’hui, elle est criante. A Kamagasaki, dans sa stratégie à l’égard du groupe où celle-ci se tiendra, ni qui en est le parrain moment où un groupe d’intellectuels libanais orga- « Au nom des victimes palestiniennes et arabes, L’Oréal, dont il est l’un des deux côté libanais. nisent de leur côté un colloque intitulé “Mémoire cette conférence prendra la défense du bourreau le sud d’Osaka, comme dans le quartier de principaux actionnaires, aux côtés Un groupe de quatorze intellectuels arabes a pour l’avenir” qui propose, pour la première fois nazi et de son crime contre les juifs », écrit encore Sanya à Tokyo, s’agglutinent les exclus du de la famille Bettencourt. « On donc décidé de dénoncer, dans un appel, cette depuis la fin de la guerre libanaise, un cadre de l’éditorialiste, qui refuse que « la cause palesti- système. Les autorités ont fini par prendre peut tout imaginer », répond-il à conférence qui, sous le prétexte plus que proba- réflexion et de débat sur un passé meurtrier », nienne » serve de « faux témoin » à une tentati- conscience que la récession a créé une l’évocation d’une augmentation ble de solidarité avec la cause palestinienne, ajoutent-ils, en précisant que, « parmi les invités ve de réécriture négationniste de l’histoire euro- masse de déclassés et que le phénomène de sa participation. développera des thèses négationnistes, niant la à ce dernier colloque [figurent] l’historien Pierre péenne. réalité du génocide commis par les nazis contre Vidal-Naquet, le juriste Antoine Garapon, le pro- est appelé à durer. Plongée au cœur de Lire page 22 les juifs. « Nous, intellectuels arabes, sommes indi- fesseur Jean-François Bergier, président de la com- Mouna Naïm cette extrême pauvreté. p. 17 La Serbie enquête POINT DE VUE sur son passé Les crimes contre la culture ne doivent pas rester impunis par Koïchiro Matsuura

N crime contre la culture pour autant les justifier – ces attein- ANDY WARHOL vient d’être commis. En tes. La destruction systématique qui détruisant les bouddhas vient d’être commise ne bénéficie EXPOSITION À PARIS Ugéants qui veillaient pas, elle, de ce triste prétexte. depuis 1 500 ans sur la vallée de Ce crime contre la culture a été Les belles SLOBODAN MILOSEVIC Bamiyan, les talibans ont commis commis au nom de la religion. Ou plu- l’irréparable. Ils ont détruit une par- tôt au nom d’une interprétation reli- L’ÉTAU se resserre autour de tie de la mémoire afghane, mais aus- gieuse contestable et contestée. Des années pop Slobodan Milosevic et de son clan. si un témoignage exceptionnel de théologiens parmi les plus grands Warhol (photo), Rauschenberg, Lich- Les enquêtes se multiplient en Ser- la rencontre de plusieurs civilisa- que compte l’islam se sont inscrits en bie pour malversations financières tions et un patrimoine qui apparte- faux contre cette interprétation. En tenstein, les Beatles et les Rolling Sto- et crimes politiques. Mais le nou- nait à toute l’humanité. ordonnant, au nom de sa foi, la des- nes, Easy Rider et Woodstock sont con- veau chef de l’Etat serbe, Vojislav Ce crime a été perpétré froide- truction de chefs-d’œuvre du patri- viés à cette célébration des Golden Six- Kostunica, répugne à les livrer au ment, délibérément. Aucune action moine afghan, le mollah Omar pré- ties. Au-delà du mouvement pop-art, Tribunal pénal international. militaire en cours dans cette partie tend en savoir davantage que toutes l’exposition présentée par le Centre de l’Afghanistan ne peut être invo- les générations de musulmans qui se Pompidou jusqu’au 18 juin, tente de Lire page 2 quée. Au cours des dernières sont succédé au cours des quinze der- années, les grottes – peintes par les niers siècles. Davantage que tous ces faire le portrait d’une époque, les Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, années 1960, et de son foisonnement 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; moines – qui entouraient les boud- conquérants et dirigeants musul- Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; dhas ont été souillées et dégradées mans qui ont épargné Carthage, culturel. p. 32 Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta- gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; par les soldats des différentes fac- Abou-Simbel ou Taxila. Et davantage Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; tions qui y ont installé leurs que le prophète Mahomet lui-même, International...... 2 Aujourd’hui ...... 28 Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; bivouacs. Des armes y ont été entre- qui, à La Mecque, a choisi de respec- Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; France...... 6 Météorologie-Jeux...... 31 Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. posées, tout comme elles l’ont été ter l’architecture de la Kaaba. Société...... 10 Culture ...... 32 aux pieds des bouddhas, ravalés au Régions ...... 16 Guide culturel ...... 34 rang de boucliers. Au cours de ces Lire la suite page 19 M 0147 - 316 - 7,50 F Horizons ...... 17 Carnet...... 35 dernières années, ceux-ci ont aussi Entreprises...... 21 Kiosque ...... 36 été pris pour cibles à plusieurs repri- Communication...... 24 Abonnements ...... 36 ses. C’était déjà intolérable, mais la Koïchiro Matsuura est direc- 3:HJKLOH=UU\ZUV:?a@n@l@g@a; Tableau de bord ...... 25 Radio-Télévision ...... 37 guerre pouvait expliquer – sans teur général de l’Unesco. 2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001

TPIY La Serbie commence à se pen- nal pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de poursuites engagées contre d’autres Kostunica et devraient aboutir à des Serbie. Belgrade demeure réticent à cher sur son passé récent sous le dic- La Haye. Belgrade est sommé par anciens dirigeants. b DES ENQUÊTES arrestations et des inculpations confier son passé de guerre à la jus- tateur renversé, Slobodan Milosevic, Washington de procéder à l’arresta- pour malversations financières et cri- devant la justice serbe. b DES EX-RES- tice de La Haye en dépit des attentes inculpé de « crimes contre l’humani- tion du chef déchu d’ici au 31 mars, mes politiques ont été entreprises PONSABLES poursuivis par le TPIY, de la communauté internationale et té » par le Tribunal pénal internatio- et de coopérer avec le TPIY dans les par le nouveau régime de Vojislav toutefois, se trouvent toujours en des milieux antinationalistes. La Serbie enquête sur les années Milosevic Sous le nouveau régime, l’étau se resserre inexorablement sur le président déchu et son clan. Le président Vojislav Kostunica répugne cependant à livrer l’ancien dictateur et d’autres ex-responsables, inculpés pour crimes de guerre, à la justice internationale

BELGRADE parfois directement par le gouver- membres de son entourage. Les secrète ayant été dénoncés par des l’ONU. Certes, il répète que «la tunica et Milosevic a été très mal de notre envoyé spécial nement de Zoran Djindjic, emprun- enquêteurs l’interrogent égale- témoins. Enfin, il devrait être Yougoslavie respectera ses obliga- acceptée par l’opinion publique, de Le débat sur le passé s’ouvre jour tent trois directions : les crimes ment sur le meurtre du journaliste entendu par les enquêteurs du tions internationales » et que la coo- même qu’il est mal perçu qu’il vive après jour en Serbie. Tandis que financiers, les crimes politiques et Slavko Curuvija, assassiné en TPIY sur des crimes perpétrés pération avec le TPIY débutera dès toujours dans sa villa présidentielle Washington réclame de Belgrade les crimes de guerre. Or, si les avril 1999, et sur le sort de l’ancien durant la guerre du Kosovo. le vote d’une loi adéquate au mois de Dedinje. Les citoyens vont com- des mesures radicales d’ici au enquêtes sur la corruption sont président Ivan Stambolic, disparu C’est là que l’on touche au point de juin. Mais, dans le même temps, mencer à douter de notre volonté de 31 mars, notamment l’arrestation fort populaires dans un pays qui en août 2000. Les policiers espè- sensible de la Serbie, et que des ten- il dénonce un tribunal qui ne consi- mener ces enquêtes à leur terme. » du président déchu, Slobodan Milo- estime que le régime Milosevic l’a rent démontrer que la police secrè- sions politiques surgissent. Si Vojis- dère pas que « les crimes commis Le gouvernement de Zoran Djin- sevic, et l’amorce d’une coopéra- fait sombrer dans la misère, les te n’agissait que sur ordre de Slobo- lav Kostunica a déjà mis en garde par l’OTAN au printemps 1999 » djic, pris en étau entre les ordres tion avec le Tribunal pénal interna- assassinats d’opposants n’intéres- dan Milosevic et de la présidence. le premier ministre Zoran Djindjic relèvent de sa compétence, il pré- présidentiels et les souhaits occi- tional pour l’ex-Yougoslavie sent guère que l’élite politique et Par ailleurs, Rade Markovic devrait contre la tentation d’une « justice vient que la communauté interna- dentaux, désireux d’obtenir une (TPIY), la justice et la presse du médiatique belgradoise, et les cri- témoigner en avril au procès des révolutionnaire » à l’intérieur du tionale doit « tenir compte de la fier- aide économique et aiguillonné pays se sont emparées de certaines mes perpétrés à l’encontre des assassins du chef paramilitaire pays, il est encore plus hostile aux té nationale serbe » et a même reçu par les antinationalistes, tente de des affaires troubles qui ont jalon- Croates, Bosniaques ou Albanais « Arkan », leurs liens avec la police procès menés par le tribunal de à la présidence, sans consulter ses trouver des solutions. Il veut né les treize années de pouvoir du au fil des guerres ne soulèvent alliés politiques, Slobodan Milose- notamment convaincre des crimi- couple Milosevic et de leurs fidèles. aucune émotion particulière hors vic, qualifié de « chef du principal nels de guerre d’aller se présenter Or ce débat est houleux, car trois des cercles très restreints d’activis- Des antinationalistes critiques envers la présidence parti d’opposition serbe ». Et il criti- volontairement devant les juges du camps au moins divisent la société tes antinationalistes. que, bien sûr, ce couperet améri- TPIY, dans la foulée de la reddition serbe : les nationalistes nostalgi- Certaines associations antinationalistes reprochent au nouveau pou- cain fixé au 31 mars, chantage affi- volontaire, organisée avec l’accord ques du régime de Milosevic, qui « PERSONNE N’EST INTOUCHABLE » voir serbe, tout en « préparant l’opinion publique à la punition des crimi- ché à l’aide économique. du gouvernement, le 12 mars, de soutiennent qu’aucun Serbe n’a « Nous avons déclenché des nels, [de] sous-entendre que ce processus est mené sous la pression occiden- « Personne n’aime se voir imposer Blagoje Simic. Des redditions qui commis le moindre crime et que enquêtes qui étaient encore inimagi- tale », selon les mots de Seska Stanojlovic, du comité Helsinki pour les un ultimatum. Mais c’est une réalité auraient l’avantage, pour le pre- leur peuple est victime d’un com- nables il y a peu de temps, se satis- droits de l’homme. « Il est hypocrite, dit-il, d’enquêter pour savoir si Milo- que nous comprenons, commente le mier ministre, de lui éviter d’être plot international ; les nationalis- fait le ministre de la justice, Vladan sevic a triché avec son permis de construire ou ses comptes bancaires. Cet ministre yougoslave de l’intérieur, accusé de livrer des « patriotes ser- tes démocrates qui, à l’image du Batic. La vérité est que plus person- homme est inculpé de “crimes contre l’humanité” par un tribunal de Zoran Zivkovic. Dès que la loi le per- bes » à un tribunal dans lequel le président Vojislav Kostunica, s’op- ne n’est intouchable. » Afin de lut- l’ONU, et la Yougoslavie est membre de l’ONU ! Il faut évoquer les crimes de mettra, la coopération avec le TPIY président Kostunica et une majori- posent aussi à l’action de la justice ter contre la corruption et de dévoi- guerre ! Il faut dire que la Serbie est d’abord coupable pour les crimes com- sera totale. En attendant, je pense té de l’opinion publique, comme internationale, affirmant qu’un Ser- ler l’origine des fortunes bâties mis envers les Croates, les Bosniaques et les Albanais, même si les Serbes que Slobodan Milosevic sera traduit auparavant Slobodan Milosevic, be ne peut être jugé que par son durant l’ère Milosevic, le gouverne- ont souffert aussi. » Seska Stanojlovic affirme avoir « honte qu’après cet- en justice ici. » M. Zivkovic pense voient une marionnette des Etats- propre peuple, et préfèrent évo- ment a créé une commission spé- te décennie désastreuse, la Serbie ait un Kostunica plutôt qu’un Mesic d’ailleurs que l’enquête sur l’an- Unis et de l’OTAN. quer les « crimes de l’OTAN » ciale, placée sous la houlette du [Stipe Mesic, le président de la Croatie], quelqu’un qui reconnaît les cri- cien maître de Serbie devrait être même s’ils ne nient pas entière- vice-premier ministre Vuk Obrado- mes de guerre et demande pardon aux victimes ». – (Corresp.) accélérée. « La rencontre entre Kos- Rémy Ourdan ment la responsabilité de la Serbie vic. Le pouvoir met en avant l’arres- dans les guerres yougoslaves ; et tation, le 23 février, de Rade les antinationalistes, qui siègent à Markovic, le chef de la Sécurité la fois au gouvernement et dans le d’Etat des années 1998-2000. Belgrade abrite d’anciens dirigeants accusés de crimes de guerre monde associatif, qui réclament un L’inculpation du général Marko- examen du passé et la punition des vic serait imminente pour l’atten- BELGRADE fort existant entre le président Kostunica et le jours président de Serbie), Nikola Sainovic, criminels de guerre. tat du 3 octobre 1999 dirigé contre de notre envoyé spécial Parti démocratique serbe (SDS) de Bosnie-Herzé- Dragoljub Ojdanic et Vlajko Stojilikovic. Les enquêtes conduites par la le dirigeant politique Vuk Drasko- Radovan Karadzic, l’ex-« président » des sépa- govine, créé par Radovan Karadzic. M. Kostuni- Interrogée par téléphone à La Haye, la porte- police et la justice de Serbie, voire vic, qui avait coûté la vie à quatre ratistes bosno-serbes, recherché par la justice ca n’a jamais caché sa sympathie pour ce mouve- parole du procureur du TPIY, Florence Hart- internationale pour « génocide »et« crimes ment nationaliste qui s’est opposé à Milosevic mann, se refuse à tout commentaire sur les contre l’humanité » – notamment pour le siège de dès 1993, à l’époque du projet de plan de paix enquêtes en cours. Elle précise toutefois qu’«à Sarajevo et les tueries de Srebrenica – a trouvé Vance-Owen, l’accusant de renier le projet de l’évidence, la Serbie est toujours considérée com- refuge en Serbie après la chute de Slobodan Milo- « Grande Serbie » pour protéger son pouvoir. me un pays d’accueil par les accusés serbes de cri- sevic, le 5 octobre 2000. Il y a notamment passé mes de guerre ». Elle salue la coopération du gou- les fêtes de fin d’année et les fêtes orthodoxes du « UNE SITUATION UN PEU UBUESQUE » vernement serbe de Zoran Djindjic qui, « infor- mois de janvier. Il a ensuite effectué au moins un Par ailleurs, au moins onze des principaux mé, ne s’est pas opposé à la reddition volontaire, le aller-retour avec l’une de ses résidences en Bosnie- accusés serbes de « crimes de guerre » séjour- 12 mars, de l’ancien maire de Bosanski Samac, Herzégovine, selon une source occidentale. On ne nent actuellement, selon nos informations, en Blagoje Simic », mais précise que ce « geste sait pas où M. Karadzic se trouve en ce moment. Serbie. Des inculpés pour la guerre de Croatie : encourageant » n’est pas « le signe concret, atten- Les milieux diplomatiques et judiciaires occi- les trois officiers de l’armée yougoslave accusés du d’ici au 31 mars, d’une coopération de Belgra- dentaux se demandent si de tels déplacements, d’avoir organisé le massacre des patients de de avec le TPIY ». Le tribunal de La Haye espère notamment pour un homme qui n’avait que très l’hôpital de Vukovar, Veselin Sljivancanin, toujours des arrestations. peu accès à la Serbie ces dernières années à cau- Milan Mrksic et Miroslav Radic ; et l’ex-« prési- « Nous vivons une situation un peu ubuesque, se de son divorce politique avec Slobodan Milo- dent » de la « République serbe de Krajina », conclut-elle. Le gouvernement du Monténégro sevic, se sont effectués avec l’aval du président Milan Martic. Des inculpés pour la guerre de coopère avec le tribunal. Le gouvernement de Ser- yougoslave, Vojislav Kostunica. Ils s’interrogent Bosnie-Herzégovine : le commandant de l’ar- bie ne paraît pas opposé à coopérer avec le tribu- notamment sur le degré de contrôle du nouveau mée bosno-serbe, Ratko Mladic, et le chef para- nal. Mais il y a la structure fédérale, présidée par pouvoir de Belgrade sur certains officiers de ren- militaire de la région de Visegrad, Milan Lukic. Vojislav Kostunica, qui continue de mettre des seignement de l’armée ou de la police, qui conti- Et des inculpés pour la guerre du Kosovo : l’ex- obstacles à cette volonté de coopération. » nuent d’assurer la protection des criminels de président yougoslave Slobodan Milosevic et guerre serbes. Ils notent cependant le lien très ses quatre coaccusés, Milan Milutinovic (tou- R. O. « Vérité et réconciliation », projets différents en Bosnie et en Serbie BELGRADE et SARAJEVO des CVR craignent notamment jugés et punis. Nous pensons que le nons un projet qui ne recèle aucune de notre envoyé spécial que le pouvoir de Belgrade ne TPIY est un tribunal indépendant, ambiguïté. Jakob Finci et Srdan La Bosnie-Herzégovine d’abord, modifie l’idée originale d’un tra- alors que nos tribunaux ex-yougosla- Dizdarevic (…) veulent effectuer un la Serbie ensuite devraient se vail d’examen de conscience desti- ves, à Sarajevo ou à Belgrade, sont travail en profondeur dans la socié- doter bientôt, chacune, d’une né pour une communauté à se encore aux ordres des pouvoirs poli- té bosniaque. En Serbie, un problè- Commission vérité et réconcilia- réconcilier avec les autres. Le prési- tiques. C’est pourquoi, si nous sou- me est que Vojislav Kostunica nous tion (CVR), suivant ainsi la voie dent Kostunica, qui considère que haitons une CVR qui serve à établir a présenté la CVR comme un substi- des pays d’Amérique latine émer- seuls les Serbes peuvent juger des la vérité, nous voulons que le TPIY tut au TPIY. L’autre problème est geant des dictatures militaires et Serbes, pourrait se servir de la définisse les culpabilités. » qu’aucune victime de l’armée serbe de l’Afrique du Sud sortant de CVR pour nier le rôle du Tribunal « Le projet de Kostunica, pense ne réside dans le pays. Une CVR décennies d’apartheid. pénal international pour l’ex-You- Srdan Dizdarevic, répond à un pourrait donc être utile à la vérité, Au départ de l’aventure, il y a goslavie (TPIY). objectif politique : satisfaire, voire à ce que les Serbes apprennent la des organisations non gouverne- Président du collectif d’ONG réconcilier les victimes et les nationa- réalité de la guerre, mais serait-elle mentales (ONG) défiant le pou- bosniaques « Vérité et réconcilia- listes. Alors que le projet des ONG utile à une réconciliation ? Kostuni- voir de leurs pays respectifs. Des tion », Jakob Finci dit pourquoi il bosniaques et serbes a pour objectif ca ne veut-il une réconciliation hommes et des femmes viscérale- croit qu’une telle commission est de combattre les nationalistes, de qu’entre Serbes et Serbes ? » ment antinationalistes. A Saraje- nécessaire en Bosnie-Herzégovi- dénazifier l’ex-Yougoslavie, et demande-t-elle. vo, il y a Jakob Finci, le dirigeant ne : « Après une guerre, l’histoire est notamment la Serbie. » La question est de savoir qui de la communauté juive de Bos- toujours écrite par les vainqueurs, et pourra témoigner et où. La Croa- nie, épaulé par Srdan Dizdarevic, ici, parce que nous avons trois vain- « UN TRAVAIL EN PROFONDEUR » tie, le Monténégro ou le Kosovo le président du Comité Helsinki queurs, ou plutôt trois vaincus, cha- A Belgrade, Veran Matic note n’ont aucun projet comparable. pour les droits de l’homme, et par que communauté écrit sa propre his- que le ministre chargé de rédiger En Bosnie-Herzégovine, qui fut le les intellectuels du Cercle 99. A Bel- toire. Or cela va nous mener à une le projet serbe, le chef de la diplo- théâtre direct d’une guerre, l’ins- grade, il y a Veran Matic, directeur nouvelle guerre dans vingt ans, dit- matie Goran Svilanovic, est issu de tance pourra au moins servir à de la radio B-92 et l’un des journa- il. Dans les Balkans, nous cultivons l’Alliance civique, qui fut durant la une communication entre les diffé- listes les plus respectés de Serbie, aisément le mythe de la victime, guerre davantage une ONG qu’un rentes communautés. Mais en Ser- et Sonja Liecht, la responsable de mais personne ne veut endosser la parti politique. « Mais si la Commis- bie, où la guerre n’a jamais eu lieu la fondation Soros. moindre responsabilité. Comme si sion vérité et réconciliation sert les (hormis les raids aériens de L’idée d’une Commission vérité des Martiens avaient atterri dans intérêts politiques des uns ou des l’OTAN) ? et réconciliation naît à Sarajevo en cette région et perpétré tous ces cri- autres, menace-t-il, nous ne la sou- Veran Matic souhaite qu’elle 1998 et à Belgrade en 1999. Elle est mes ! Il faut établir les faits, et il faut tiendrons pas et lancerons une soit un lieu pour les victimes ser- désormais soutenue par des centai- une psychothérapie. » autre initiative. » Il souhaite que le bes de la guerre, mais aussi pour nes d’ONG ex-yougoslaves et gouvernement serbe rassure le Tri- les coupables d’atrocités. Cepen- étrangères. Elle est aussi relayée « DÉNAZIFIER L’EX-YOUGOSLAVIE » bunal pénal international sur les dant, pourquoi des assassins vien- par les nouveaux gouvernements Mais il témoigne aussi de ses objectifs d’une future Commission draient-ils témoigner, alors que des deux pays, celui mené par le craintes envers le projet évoqué en vérité et réconciliation. des lois stipulent que les crimes de Parti social-démocrate en Bosnie Serbie : « Nous soutenons le projet Florence Hartmann, porte-paro- guerre commis dans l’ex-Yougosla- et celui de Vojislav Kostunica et de Veran Matic et des ONG, dit-il, le du procureur du TPIY, note que vie sont passibles de poursuites Zoran Djindjic en Serbie. mais contrairement à Vojislav Kostu- « le Tribunal est favorable au princi- devant le Tribunal international Un débat a toutefois lieu au sein nica, nous ne pensons pas que pe d’une Commission vérité et ou, à défaut, devant les cours de des deux pays, et entre les deux [telle] Commission doit remplacer réconciliation, car c’est un proces- justice de chaque Etat ? pays, sur la nature des futures le Tribunal pénal international. (…) sus complémentaire de la justice. commissions. Car les promoteurs Les criminels de guerre doivent être En Bosnie-Herzégovine, nous soute- R. O. INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / 3

Strasbourg veut une véritable Journée d’action internationale politique communautaire contre les barrages dans plus de trente pays de l’immigration Les ONG dénoncent un coût social et environnemental « inacceptable et souvent inutile » La Journée d’action internationale d’action con- vernementales dans près de trente pays, a ras- ce mouvement a reçu un renfort avec la publica- tre les barrages, organisée mercredi 14 mars, à semblé de nombreux mouvements d’opposition. tion du rapport de la Commission mondiale des Les députés européens ont rejeté cinq projets de loi l’initiative de plusieurs organisations non gou- Lancé au Brésil, dans la ville de Curitiba, en 1997, barrages.

STRASBOURG mutuelle. Une solution que la Fran- DANS PLUS de trente pays, le les années 1970, deux ou trois bar- ple Roberto Epple, directeur du originaux du travail de la CMD est de notre bureau européen ce avait délibérément écartée, en réseau informel des organisations rages étaient mis en service chaque Réseau des rivières européennes. de légitimer les solutions alternati- Les députés européens veulent se disant qu’elle nécessiterait des non gouvernementales (ONG) s’op- jour ! Ce mouvement s’est beau- Si les analyses soulignent que « les ves : d’un côté, pour une meilleure une véritable politique communau- années de négociation. posant à la construction des barra- coup ralenti depuis, mais 1 600 bar- barrages ont apporté une contribu- gestion de l’eau, afin de limiter le taire de l’asile et de l’immigration. Les députés ont, par ailleurs, ges a organisé, mercredi 14 mars, rages sont encore planifiés ou en tion importante au développement gaspillage et donc de rendre éven- Ils l’ont fait savoir au Conseil de rejeté un règlement d’origine por- de nombreuses actions dans le construction, qui soulèvent une humain », la CMB conclut que les tuellement inutiles de nouveaux l’Union européenne, mardi tugaise concernant la période pen- cadre de la Journée internationale opposition croissante. Les projets bénéfices ont souvent été payés barrages, de l’autre, dans le déve- 13 mars, à Strasbourg, en rejetant, dant laquelle les ressortissants de d’action contre les barrages. Lan- des trois gorges en Chine, de la Nar- d’un « prix inacceptable et souvent loppement d’« options à petite à la quasi-unanimité, cinq projets pays tiers exemptés de visas peu- cée en 1997, à Curitiba au Brésil, mada en Inde, d’Anatolie du Sud inutile » en termes sociaux et envi- échelle », surtout dans le domaine de loi concernant ces sujets, au vent circuler librement sur le terri- cette journée est, chaque année, en Turquie sont bien connus, mais ronnementaux par les personnes des énergies renouvelables. motif que leur base juridique était toire des Etats. Ce texte, destiné l’occasion de montrer que les multi- la contestation apparaît aussi dans déplacées – entre 40 et 80 millions Si le rapport a été très bien incorrecte. Les eurodéputés trou- principalement aux ressortissants ples luttes locales s’inscrivent dans d’autres pays : la Pologne (sur la de personnes –, par l’environne- accueilli par les ONG, il a suscité la vent en effet que les Etats abusent américains, déroge au traité. Il ne un mouvement mondial de protes- Vistule), le Portugal (Alqueva), le ment – 60 % de rivières du monde critique des milieux industriels. Par des prérogatives qui leur ont été concerne pas les personnes qui doi- tation qui prend une importance Pakistan (Tarbella), les Philippines sont affectées par les barrages ou exemple, Bert Schultz, de la Com- conférées par le traité d’Amster- vent posséder des visas ou des croissante. Rassemblements, sémi- (San Roque) et le Brésil (sur l’Alto travaux de dérivation –, et enfin mission internationale sur l’irriga- dam entré en vigueur en mai 1999. titres de séjour, alors que la Com- naires, conférences de presse, l’am- Rio Doce). par les contribuables – de nom- tion, estime qu’« il faudra construi- Ce texte prévoit que, pendant cinq pleur des événements est très varia- Le mouvement a connu un ren- breux barrages ont coûté plus que re encore des milliers de barrages ans, les Etats décident seuls (sans ble : de la protestation d’au moins fort décisif avec le rapport de la prévu et n’ont pas rapporté les dans les cent prochaines années, le Parlement, qui n’est que consul- Perdus entre 120 000 personnes à Madrid contre Commission mondiale des barra- bénéfices attendus. sans quoi nous connaîtrons une situa- té), à l’unanimité, de projets de loi le Plan hydrologique national le ges (CMB) rendu à la fin de tion difficile pour l’agriculture et qu’ils ont le pouvoir de rédiger, les côtes marocaine dimanche 11 mars – que les ONG l’an 2000 et discuté en Afrique du CRITIQUES DES INDUSTRIELS pour l’approvisionnement en eau ». alors que la Commission détient rattachent aussi à leur action – à Sud fin février. Créée en 1998 par la La Commission a aussi montré D’autres experts soulignent aussi habituellement le monopole de et andalouse une cérémonie en l’honneur de la Banque mondiale et l’Union mon- que les nuisances des barrages sont l’importance des barrages pour l’initiative législative. Les députés rivière Yom en Thaïlande jusqu’à la diale pour la nature (UICN), la le plus souvent supportées par les fournir de l’énergie, comme en Afri- trouvent que les Etats proposent Les services espagnols de sau- simple distribution d’eau fraîche CMB a élaboré son analyse en con- pauvres ou les indigènes qui n’en que, où ils satisfont 80 % de la con- trop de textes parcellaires sur des vetage en mer ont cessé, mardi dans le golfe de Californie pour sultant des centaines d’experts et tirent, en revanche, que peu de sommation électrique. Les institu- sujets dont la Commission a pour- 13 mars, les recherches des deux symboliser le gaspillage de l’eau en étudiant en profondeur plu- bénéfices. Elle conclut également tions internationales de finance- tant programmé un traitement glo- embarcations portées disparues aux Etats-Unis. sieurs cas de création de barrages. que la « décision de construire un ment, au premier rang desquelles bal. Ils sont surtout mécontents de avec une soixantaine d’immi- On compte dans le monde des Son rapport conforte les ONG barrage est influencée par de nom- la Banque mondiale, n’en sont pas la faiblesse des concessions con- grants clandestins marocains à milliers de grands barrages (plus de dans leur action : « Nous avons été breuses variables qui dépassent les moins de plus en plus réticentes à senties par chacun d’entre eux bord, après avoir découvert une 15 mètres de haut) construits majo- très surpris de l’objectivité de ce rap- considérations techniques », la pers- soutenir les yeux fermés les grands pour mettre en œuvre une politi- barque sur le sol espagnol près ritairement depuis trente-cinq ans : port qui se rapproche beaucoup de pective de corruption n’étant pas la barrages. que communautaire. d’Almeria et avoir secouru dans la période la plus active, dans notre point de vue », dit par exem- moindre. Un des résultats les plus Hervé Kempf l’autre, a-t-on appris auprès des MESURES INÉGALES secours. Le mouvement d’humeur parle- Trente-six immigrés – 28 sur mentaire a d’abord visé une directi- l’embarcation secourue en haute La Malaisie relance le projet controversé du barrage de Bakun ve d’origine française qui tente mer et 8 déjà à terre – ont été d’harmoniser les sanctions infli- interpellés lors de l’opération. BANGKOK Une entreprise d'environ 40 milliards de francs La reprise de ce projet controver- gées aux transporteurs achemi- Les équipes de secours avaient de notre correspondant sé ne concernerait pour l’instant, nant des personnes en situation été alertées lundi soir par des en Asie du Sud-Est THAÏLANDE moyennant un budget de 17 mil- irrégulière sur le territoire euro- proches des immigrants perdus Le Dr Mahathir Mohammad, BANGKOK BRUNEI SABAH liards de francs, que la construc- péen. Prévues par la Convention en mer d’Alboran, entre les côtes âgé de soixante-quinze ans dont CAMBODGE tion du barrage et de l’usine hydro- Mer PHILIPPINES de Schengen, ces sanctions sont marocaine et andalouse, et qui vingt au pouvoir, n’est pas homme SARAWAK électrique. La pose de câbles sous- de Chine aujourd’hui très disparates – avaient utilisé leur téléphone à jeter l’éponge. La crise asiatique Barrage marins pour desservir la péninsule MéridionaleBelaga 500 francs par personne en Belgi- portable pour prévenir leurs de 1997 avait notamment Golfe Kuching de Bakun ne serait pas envisagée. Dans cette de Thaïlande Sibu que, 10 000 francs en France, familles. Les services de secours contraint la Malaisie à geler un pro- Rajan g hypothèse, l’électricité produite ne 20 000 francs au Royaume-Uni, et ont découvert mardi la première jet grandiose, celui du barrage de VIETNAM disposerait donc pas de marché. 200 km 5 millions de francs en Finlande –, embarcation sur le sol espagnol, Bakun. INDONÉSIE L’opposition souligne que la repri- ce qui ne permet pas de lutter à alors que les immigrés se disper- Moins de quatre ans plus tard, se des travaux pourrait relancer le armes égales contre l’immigration saient, puis ont réussi à localiser les appels d’offres ont été relancés secteur sinistré de la construction, clandestine. et à secourir l’autre barque dont et Bakun figure de nouveau sur la MALAISIE BRUNEI SABAH alors que des élections locales sont Les ministres de l’intérieur sont les passagers étaient en difficul- liste des grands travaux d’un pre- KUALA prévues au Sarawak en septem- favorables à une harmonisation, té en pleine mer. – (AFP.) mier ministre qui veut conforter LUMPUR SARAWAK bre. Quoi qu’il en soit, le risque mais ils ne veulent pas déroger à son legs de bâtisseur : il a déjà Kuching écologiste demeure identique leurs codes pénaux respectifs. Leur inauguré une nouvelle capitale SINGAPOUR pour un résultat de moindre inté- volontarisme tout relatif est, dans mission a prévu une proposition administrative, Putrajaya, fait éle- rêt. « L’habitat et la culture des com- certains pays, combattu par les globale en avril. ver à Kuala Lumpur les tours jumel- BORNÉO munautés autochtones dans le sec- KALIMANTAN ministres des transports, qui refu- Le Parlement s’est enfin insurgé les les plus hautes de la planète et INDONÉSIE teur seraient dramatiquement affec- sent d’imposer à leurs compagnies contre deux règlements qui réser- doté l’ensemble d’un aéroport tés », ont estimé les quatre partis aériennes des sanctions suscepti- vent au Conseil – en raison de la ultramoderne. 300 km de l’opposition dans une dénoncia- bles de leur faire perdre des bénéfi- « sensibilité » du sujet – les pou- Le barrage de Bakun est ce que BARRAGE TRACÉ PRÉVU DU CABLE DE TRANSMISSION tion commune du projet. Les ces. Pour l’instant, le Conseil s’est voirs d’exécution des règles adop- l’on appelle un mégaprojet. Situé Source : International Rivers Network mégaprojets sont « importants donc seulement décidé à établir tées pour l’examen des demandes dans l’Etat malaisien de Sarawak, pour le développement national »,a une fourchette d’amendes, allant de visa, ainsi que le contrôle et la dans le nord de l’île de Bornéo, Sabah, le petit sultanat pétrolier Déjà, pourtant, les critiques rétorqué le Dr Mahathir. de 3 000 euros à 500 000 euros. Il surveillance des frontières. Le rap- l’ouvrage ferait plus de 200 mètres de Brunei et peut-être Kalimantan, avaient été nombreuses. Les écolo- Le gouvernement fédéral a décla- s’interroge, d’autre part, sur l’op- porteur, Gérard Deprez (PPE, Bel- de haut, créerait un réservoir dont la partie indonésienne de la gran- gistes, en particulier, s’étaient ré qu’il financerait « entièrement » portunité de sanctionner les trans- gique), a rappelé que c’est à la la superficie serait équivalente à de île. inquiétés du déplacement de quel- la construction du barrage, sans porteurs qui acheminent des Commission que le traité confère celle de Singapour et produirait, que dix mille personnes et de la dis- pour autant préciser de quelle demandeurs d’asile. Les députés ces pouvoirs d’exécution (fixation comme le barrage égyptien d’As- DÉPLACEMENT DE POPULATION parition, sous les eaux, d’une vaste façon. Les circonstances ne sont, ont demandé à la France à des points d’entrée dans l’espace souan, 2 400 mégawatts, soit 20 % Avant la crise asiatique, Bakun surface de forêts primaires, de leur toutefois, guère propices. Le fort 463 voix contre 26 de retirer sa Schengen, définition des mentions de la capacité actuelle de la Malai- représentait, câbles compris, un faune et de leur flore, avec le ris- taux de croissance enregistré en directive, il y a eu 8 abstentions. devant figurer sur les visas). Il a sie. investissement d’environ 40 mil- que inconnu d’une modification 2000 (aux environs de 8 %, contre L’ire parlementaire s’est ensuite reçu les félicitations du commissai- Sarawak étant peu peuplé et liards de francs. A cette époque, le du climat sur une île de Bornéo 5,8 % en 1999 et une contraction de portée sur un autre texte d’origine re en charge de la justice et des peu industrialisé, l’usine hydroélec- taux de croissance en Malaisie dont les forêts sont de plus en plus 7,4 % l’année précédente) a été lié, française, qui autorise une recon- affaires intérieures, Antonio Vito- trique de Bakun devait être reliée était proche de deux chiffres et la saccagées dans sa partie méridio- en grande partie, à une nette repri- naissance mutuelle des décisions rino. Dans les couloirs, M. Deprez à la péninsule malaisienne, princi- demande d’électricité exponentiel- nale. se d’exportations qui commencent d’éloignement des ressortissants protestait : « À quoi bon avoir com- pal centre de consommation, par le. Si le boom s’était poursuivi, la Les économistes, de leur côté, à pâtir du ralentissement de l’éco- de pays tiers. Les députés ont con- munautarisé Schengen, si les Etats 1 000 km de câbles sous-marins. Malaisie aurait eu besoin de étaient préoccupés par le coût nomie américaine. En outre, le défi- sidéré qu’il fallait harmoniser les continuent de mener une politique Mille cinq cents kilomètres supplé- 30 000 mégawatts supplémentai- d’une opération menée loin des cit budgétaire pour 2001 s’élève réglementations nationales sur le intergouvernementale ? » mentaires de câbles devraient per- res pour réaliser son ambitieux centres de consommation et dont déjà à 30 milliards de francs. séjour et l’éloignement, pour ren- mettre d’alimenter le reste de Bor- projet de devenir une puissance le montage financier se révélait dre possible cette reconnaissance Rafaële Rivais néo, dont l’Etat malaisien de industrialisée en l’an 2020. compliqué. Jean-Claude Pomonti L’extradition de Vladimir Goussinski examinée en Espagne MADRID envers la presse indépendante. » ce nationale, Eduardo Fungairino, de notre correspondante Après plus d’une semaine de déten- devrait, ainsi qu’il l’a déjà annon- C’est en principe jeudi 15 mars tion préventive, M. Goussinski cé, demander que l’extradition après-midi que l’Audience nationa- avait été remis en liberté sur- requise par les autorités russes soit le, la plus haute juridiction pénale veillée, contre l’avis du parquet, accordée. espagnole, examinera la demande par le juge Baltasar Garzon, en M. Fungairino en estimant que d’extradition pour « escroquerie échange d’une caution de 6 mil- les accusations portées contre qualifiée, à grande échelle », dépo- lions d’euros. M. Goussinski « ne sont pas plus de sée par le Kremlin, à l’encontre du nature politique que la demande magnat de la presse russe Vladimir QUELQUES JOURS DE DÉLIBÉRATION d’extradition » n’a pas, en effet, Goussinski. Soumis à un contrôle rigoureux, retenu les arguments du patron de Recherché par les autorités rus- le patron de presse russe ne pou- Media-Most qui s’estime l’objet ses depuis le 20 novembre et finale- vait utiliser son passeport et avait d’une attaque frontale du Kremlin ment arrêté en Espagne à la aussi pour obligation de ne pas qui, selon lui, veut mettre la main mi-décembre, Vladimir Goussins- quitter sa résidence de Sotogran- sur son groupe de presse et notam- ki, patron du groupe de presse de, une luxueuse station balnéaire ment sa chaîne NTV. indépendant Media-Most, qui près de Cadix, en Andalousie. Pré- Aucune décision ne devrait tou- avait été très critique envers le pré- cautions qui ont toutefois été tefois intervenir immédiatement. sident Vladimir Poutine, est accu- jugées insuffisantes à l’Audience Et même si l’Audience nationale, sé par les autorités de son pays nationale qui, pour s’assurer de la au terme d’une délibération qui d’une escroquerie, commise au présence de M. Goussinski, lors de pourrait prendre quelques jours, moyen de cessions frauduleuses et sa comparution prévue pour jeudi se prononçait en faveur de l’extra- de fausses estimations financières, à Madrid, a ordonné en début de dition, les avocats de la défense portant sur 250 millions de dollars. semaine son entrée en prison pourraient encore épuiser tous les Accusations que nie l’intéressé d’abord à Algésiras, puis à recours. La décision finale reve- qui estime, au contraire, que l’ac- Valdemoro, dans la banlieue de la nant au conseil des ministres. tion en justice intentée contre lui capitale. par le Kremlin est « une attaque Le procureur en chef de l’Audien- Marie-Claude Decamps 4 / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 INTERNATIONAL Heurts entre extrémistes albanais Israël évoque une levée conditionnelle et forces macédoniennes BELGRADE. Des affrontements ont opposé, mercredi 14 mars, poli- du « bouclage interne » entre villes palestiniennes ciers et extrémistes albanais à Tetovo (au nord-ouest de la Macé- doine), après que neuf hommes armés ont ouvert le feu contre les forces de sécurité macédoniennes. Les tirs ont fait un mort et qua- A New York, Shimon Pérès rejette le déploiement d’observateurs de l’ONU torze blessés. A Skopje, le premier ministre macédonien, Ljubco Geor- gievski, a indiqué que son gouvernement réfléchissait « à l’introduc- Deux Palestiniens ont été tués et dix autres bles- de protestation contre le bouclage des territoi- avait l’intention d’alléger, en certains endroits, tion de mesures d’exception » pour faire face à l’extrémisme albanais. Il sés, mercredi 14 mars, lors de heurts avec l’ar- res. Le cabinet de sécurité israélien, réuni sous le « bouclage interne » qui interdit aux Palesti- a toutefois affirmé que « la source [du problème] est au Kosovo », mée israélienne à l’occasion de manifestations la présidence d’Ariel Sharon, a annoncé qu’il niens de se déplacer d’un point à un autre. administré par l’ONU depuis juin 1999. Mercredi, l’armée yougoslave est entrée – sous l’œil attentif de la DE NOUVEAUX affrontements « Des mesures seront prises pour pé à une réunion à huis clos du te a soulevé la question du KFOR – dans le sud de la zone de sécurité qui borde le Kosovo, pour ont eu lieu, mercredi 14 mars, faciliter la vie de la population civi- Conseil de sécurité. Le Conseil déploiement des observateurs prévenir les mouvements de la guérilla albanaise sur la frontière Ser- entre l’armée israélienne et des le » comme « l’entrée de matières s’est ensuite réuni pour entendre qui, aurait-il dit, « ne seraient pas bie-Macédoine. C’est la première fois que les forces yougoslaves sont manifestants palestiniens, faisant premières et de marchandises dans le représentant palestinien, Nas- armés, mais équipés de caméras ». autorisées à se déployer dans cette bande de 5 kilomètres de large, ins- deux morts – l’un à Gaza et l’autre les territoires sous contrôle palesti- ser El Kidwa. « Dans notre région, aurait rétor- tituée par l’OTAN en juin 1999 autour du Kosovo. – (AFP.) en Cisjordanie – et dix blessés. nien, l’autorisation à Gaza de la A la demande des Palestiniens, qué M. Pérès, ce ne sont pas les Une femme de quarante-huit ans pêche et des travaux de construction le Conseil devait débattre, jeudi caméras qui manquent, il y en a souffrant de diabète, Amina Nas- d’une centrale électrique, ainsi que en séance publique, de la situa- même trop. Les caméras sont une Travailleurs forcés : Gerhard Schröder ser Abou Seif, est par ailleurs décé- la libre circulation des Palestiniens tion dans les territoires occupés, source de provocation, les terroris- dée après que des soldats eurent entre leurs villes », ajoute le texte. les pays arabes souhaitant que cet- tes les attendent pour commencer empêché le véhicule dans lequel te séance aboutisse à l’adoption les violences. » réclame la clôture des plaintes elle se trouvait de se rendre à Jéni- COMMISSION D’ENQUÊTE d’une résolution sur le déploie- M. Pérès a confirmé aux journa- ne, la forçant à une marche longue Le cabinet de sécurité invite à la ment d’observateurs non armés listes que son gouvernement avait BERLIN. Le chancelier Gerhard Schröder et les groupes allemands et pénible, a indiqué son fils, Firas. « poursuite des négociations en vue de l’ONU dans la région. Cette l’intention d’alléger « dans les parrainant le fonds d’indemnisation des travailleurs forcés sous le Un Palestinien souffrant de problè- d’arriver à des accords, mais pas idée, lancée il y a plusieurs mois jours à venir » les restrictions IIIe Reich ont exigé, mercredi 14 mars à Berlin, la clôture des plaintes mes cardiaques était décédé la sous la pression du terrorisme ». Il par la France, semble pour l’heure imposées aux Palestiniens. Israël, aux Etats-Unis avant de commencer tout versement aux victimes. veille dans des circonstances simi- estime qu’« à ce stade, il n’y a pas vouée à l’échec, les Américains fai- a-t-il dit par ailleurs, « veut repren- Cette demande intervient alors que le fonds vient d’annoncer avoir laires, après que l’armée eut refusé de volonté de la part de l’Autorité sant valoir que l’accord d’Israël dre les négociations, mais pour cela réuni la totalité des 10 milliards de marks de contributions prévus. Le de le laisser passer alors qu’il se ren- palestinienne d’arrêter la violence, est indispensable. il faut un retour au calme ».Ila chancelier veut qu’une « garantie juridique soit établie » pour les entre- dait à Naplouse (nord de la Cisjor- d’appliquer les accords convenus et indiqué que le premier ministre prises allemandes aux Etats-Unis. « Il n’y a pas de garantie à 100 %, danie). le principe de résolution des diver- RÉUNION À HUIS CLOS israélien, Ariel Sharon, s’entretien- mais nous voulons parvenir à ce que les entreprises n’aient plus lieu de Par ailleurs, le cabinet israélien gences par voie pacifique ». A l’issue de la réunion, M. Pérès dra, le 20 mars, à New York avec craindre des poursuites », a-t-il ajouté. M. Schröder n’a pas pu s’enga- de sécurité, réuni pour la première De passage à New York, mercre- a rejeté la proposition française : le secrétaire général des Nations ger à ce que les paiements débutent avant l’été. – (Corresp.) fois mercredi sous la présidence du di, le ministre israélien des affai- « Nous n’avons pas besoin d’obser- unies, Kofi Annan. premier ministre, Ariel Sharon, a res étrangères Shimon Pérès a vateurs, nous avons besoin de « Shimon Pérès est un homme décidé d’alléger le blocus des villes rejeté le déploiement des observa- reprendre les négociations », a-t-il relativement modéré, mais le gouver- Découverte de charniers palestiniennes, qui a été vivement teurs de l’ONU dans la région, rap- dit. En revanche, le gouverne- nement de Sharon ne reflète pas les critiqué notamment par l’Union porte notre correspondante, Afsa- ment israélien serait prêt à rece- vues de M. Pérès », a commenté le européenne et les Etats-Unis. «Le né Bassir Pour. Il a en revanche voir la Commission d’information représentant palestinien. « Reste à au Congo-Brazzaville blocus interne entre les villes palesti- annoncé la décision de son gou- internationale sur les violences en savoir si le gouvernement en Israël niennes sera levé là où il sera possi- vernement de coopérer avec une Palestine, dirigée par l’ancien sera influencé par M. Pérès ou si BRAZZAVILLE. Des fosses communes contenant des ossements ble de le faire », indique un commu- commission d’enquête internatio- sénateur George Mitchell. c’est lui qui fournira une couverture humains de personnes « exécutées par des éléments de la force niqué, qui précise que, « pour l’heu- nale. Le chef de la diplomatie A en croire des diplomates, lors modérée au gouvernement. » publique » lors des combats de 1998-99 ont été découvertes à 80 kilo- re, il n’est pas possible de lever le bou- israélienne, qui devait se rendre, de la réunion à huis clos, l’ambas- mètres au sud de Brazzaville, dans la localité de Mbandza-Ndounga, a clage de la Cisjordanie et de Gaza ». vendredi, à Washington, a partici- sadeur français Jean-David Levit- f www.lemonde.fr/israel annoncé, mercredi 14 mars, l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH). Dans un rapport publié l’an passé, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH, à laquelle l’OCDH est affilié) avait déjà imputé des exécutions extrajudiciaires Le régime des talibans ferme le bureau de la BBC à Kaboul aux forces gouvernementales. Les autorités congolaises les avaient alors niées, accusant les miliciens « ninjas» de l’ancien premier minis- KABOUL gne contre le Coran. La BBC, qui a des services affirme « profondément regretter » cette mesu- tre Bernard Kolélas d’avoir commis ces exactions. de notre envoyée spéciale en langues pashtou et dari, les deux principales re. La BBC ajoute qu’elle poursuivra sa couvertu- Mbandza-Ndounga a été une base des miliciens rebelles « ninjas », Accusant la BBC de reportages biaisés, les langues d’Afghanistan, est de loin la radio la re de l’Afghanistan « à partir du Pakistan ou avant d’être reprise par des forces du président Denis Sassou Ngues- talibans au pouvoir à Kaboul ont décidé, mer- plus écoutée des Afghans. Les talibans n’ont pas d’ailleurs ». L’organisation de défense de la liber- so. Des milliers de civils, réfugiés dans les forêts alentour, avaient tran- credi 14 mars, la fermeture du bureau de la apprécié les interviews d’intellectuels afghans, à té de la presse Reporters sans frontières (RSF) a sité par Mbandza-Ndounga pour regagner Brazzaville. – (AFP.) radio britannique à Kaboul et l’expulsion dans l’étranger ou dans le pays, condamnant le condamné, dans une lettre au ministre de l’infor- les 24 heures de sa correspondante, Kate Clark. décret de destruction des statues. L’un d’eux, mation et de la culture, Qadratullah Jamual, Dans une note écrite, le ministère des affaires Ashraf Ghani, qui vit aux Etats-Unis, avait dans « toute pression sur les correspondants de la pres- La vieille garde reste en charge étrangères affirme que les reportages de la BBC un entretien en pashtou, la langue parlée par les se étrangère » et l’a invité à revenir sur la déci- « n’étaient pas basés sur la réalité et contredi- talibans, traité ceux-ci d’« illettrés ». sion. saient la mentalité de l’Emirat islamique ». La fer- Mardi, alors qu’elle venait de rentrer à Dans la lutte d’influence au sein du mouve- à l’issue du congrès du PC laotien meture du bureau a été confirmée oralement Kaboul, Kate Clark avait envoyé un reportage ment taliban entre les pragmatiques et les durs, par les affaires étrangères. sur les réactions très négatives des Afghans de qui ont déjà triomphé avec la destruction des BANGKOK. Le VIIe congrès du Parti populaire révolutionnaire laotien Cette décision est liée à la récente destruction la rue face à ce décret. Le 16 décembre, déjà, le bouddhas, les durs semblent marquer des (PPRL, parti unique depuis 1975), réuni du 12 au 14 mars à Vientiane, a des statues pré-islamiques du pays et en particu- traducteur de la BBC, Saboor Salehzai, avait été points et cette nouvelle affaire illustre un raidis- confirmé l’emprise de la vieille garde sur le parti. Son président, Kham- lier des deux bouddhas de Bamiyan. Dans son arrêté et accusé de « violer les règles régissant le sement supplémentaire du régime. tay Siphandone, 77 ans, demeure à la tête d’un bureau politique porté message à l’occasion de la fête de l’Aïd, le chef travail des Afghans avec les médias étrangers ».Il de huit à onze membres. Chef d’état-major de l’armée de terre, le géné- suprême des talibans, Mollah Mohammad avait été libéré le 20 décembre. Françoise Chipaux ral Douangchay Phichit y fait son entrée, à la différence de Somsavat Omar, avait nommément accusé la BBC et les La BBC demande aux talibans, dans un com- Lengsavad, vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères. autres radios étrangères d’engager une campa- muniqué, de « reconsidérer leur décision » et f www.lemonde.fr/afghanistan L’Assemblée nationale doit prochainement se prononcer sur un rema- niement du gouvernement. Le général Khamtay, ancien commandant en chef de l’armée, pourrait alors abandonner ses fonctions de chef de l’Etat pour se consacrer à la seule gestion du PPRL. Le Laos, l’un des Le président ougandais Yoweri Museveni, réélu, a perdu de son aura pays les plus pauvres de la planète, traverse une grave crise économi- que et de nombreux incidents ont eu lieu en 2000, notamment des NAIROBI Yoweri Museveni n’avait pas Julius Nyerere. Yoweri Museveni y rale. Les privatisations vont grand explosions de bombes d’origine inconnue à Vientiane. – (Corresp.) correspondance volé son succès. Arrivé au pouvoir croise John Garang, aujourd’hui le train, le téléphone mobile se Le temps d’une élection prési- en 1986 après avoir combattu chef de la rébellion au Sud-Sou- répand en Ouganda, en même DÉPÊCHES dentielle, remportée avec 69,3 % dans le bush les dictateurs sangui- dan. Enfin, c’est le feu : après une temps que les proches du président a QATAR : quelque 3 000 soldats qatariotes et 1 500 français des voix et les vives contestations naires ougandais, il eut le mérite formation dans le maquis au s’adonnent en toute impunité à la seront mobilisés, du 14 mars au 14 avril, par un exercice conjoint dans de restaurer la paix dans un pays Mozambique, il intègre en 1979 le corruption. La hiérarchie de la l’émirat de Qatar baptisé « Faucon du Golfe ». Les deux pays sont liés PORTRAIT livré au chaos, puis d’y insuffler, contingent tanzanien parti déloger rébellion a revêtu les habits de par un accord de défense qui date de 1994. Les forces armées du Qatar, avec le fort appui de créanciers, le régime d’Idi Amin Dada en l’Etat. Et, comme le souligne soit 10 000 hommes, sont dotées à 80 % de matériels français. – (AFP.) L’ancien guérillero une croissance économique de Ouganda. C’est la première équi- Patrick Okumu Ringa, député de a FIDJI : la nomination d’un nouveau gouvernement intérimaire marxiste tombe dans 6 % pendant une décennie. pée militaire africaine pour chasser Nebbi et proche du président : a été annoncée, jeudi 15 mars, par le président des îles Fidji, Ratu Jose- l’immobilisme des chefs Il a fallu, pour la première fois, un régime voisin. Museveni retien- « L’armée constitue le noyau de fa Iloilo. Ce gouvernement, qui sera essentiellement chargé d’organi- d’Etat inamovibles la confrontation électorale avec dra la leçon. l’Etat, sa locomotive. » ser des élections parlementaires anticipées, sera dirigé par Laisenia un rival sérieux pour que Yoweri En 1981, il prend à nouveau le L’armée ne chôme pas. Elle com- Qarase, le premier ministre du précédent gouvernement intérimaire, Museveni jette aux orties sa pano- maquis, cette fois en Ouganda, bat, sans parvenir à les éteindre, qui avait été démis de ses fonctions la veille pour être remplacé par de ses rivaux, qui l’accusent de plie de président modèle. Mais son ministre du travail. – (AFP.) « fraude », le charme de Yoweri lorsque l’ancien guérillero marxis- a TUNISIE : la lutte pour l’emploi est le principal défi de la Tunisie, Museveni s’est fané. « Il a montré te, qui déclarait vouloir « changer Début de désengagement militaire au Congo estime le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique du un visage laid qu’on ne lui connais- le monde », fait désormais enton- Nord et le Moyen-Orient, Jean-Louis Sarbib, en visite jusqu’au sait pas », constate un diplomate ner par ses supporters « No chan- A partir de jeudi 15 mars, tous les belligérants en République démo- 14 mars dans ce pays. Pour combattre le chômage, estimé à 15,6 %, la en énumérant les méthodes dou- ge ! No change ! » à chacun de ses cratique du Congo (RDC) – six pays et trois mouvements rebelles – se Tunisie est appelée à développer les investissements et les exporta- teuses d’un président en campa- meetings, il tombe dans l’immobi- sont engagés à replier leurs forces de 15 km de part et d’autre des tions et à accélérer les réformes, particulièrement dans le secteur gne qui a affirmé que son principal lisme des « dinosaures » – des pré- lignes de front. Conformément à une décision prise en décembre à financier. La Banque mondiale est l’un des principaux bailleurs de concurrent, Kizza Besigye, était sidents inamovibles – au pouvoir Harare, inscrite dans une résolution adoptée le 22 février par le Con- fonds du pays. Depuis 1962, elle a accordé à Tunis 185 prêts pour un malade du sida et a envoyé sa gar- en Afrique. seil de sécurité, ce retrait partiel devra permettre, sous quinzaine, le montant total de 4,3 milliards de dollars. – (AFP.) de personnelle pour brutaliser les déploiement d’observateurs des Nations unies. Les pays étrangers par- a POLOGNE : à la veille de la visite en Pologne du président ukrai- partisans de ce dernier. La décep- EN VOIE DE FOSSILISATION ties prenantes au conflit en RDC doivent soumettre d’ici au 15 mai des nien Leonid Koutchma, très contesté par son opposition, le président tion est grande pour ceux que le Après avoir concilié la dictature plans pour le retrait total de leurs contingents expéditionnaires. polonais Alexandre Kwasniewski a rencontré, mercredi 14 mars, des « charisme présidentiel », mélange du prolétariat et celle des marchés, L’Ouganda va retirer 750 soldats, s’ajoutant au millier d’hommes figures de l'opposition ukrainienne. Le président polonais s'était dit d’humour et d’outrance, avait cou- Yoweri Museveni est en voie de fos- déjà retirés fin février, sur un total de quelque 10 000 soldats ougan- prêt, mardi, à proposer à son homologue ukrainien la « table ronde » tume de toucher comme une grâ- silisation, malgré ses implants libé- dais en RDC. L’intervention au Congo avait été l’un des principaux thè- polonaise qui avait servi en 1989 au premier dialogue entre le pouvoir ce, en premier lieu les bailleurs de raux. « Il sombre dans une dérive typi- mes de la campagne électorale de Kizza Besigye, le principal challen- communiste et le syndicat Solidarité. – (AFP.) fonds, Etats-Unis en tête, qui que chez les gauchistes vieillissants, ger de Yoweri Museveni. avaient trouvé en lui leur leader estime un ancien compagnon de lut- africain favori. te. Ceux qui contestent son autorité Algérie : les trappistes diffèrent sont des “réactionnaires dangereux” pour chasser les nouveaux maîtres des foyers rebelles dans le nord et ou des égarés qu’il faut amener vers de Kampala, qui se sont révélés l’ouest de l’Ouganda. Elle inter- la lumière, au besoin de force. » pires encore qu’Amin Dada. Pen- vient dans le Sud-Soudan, avec l’ap- leur retour à Tibéhirine Né en 1944 dans une famille dant cinq ans de guerre, armé par probation de Washington. Depuis d’éleveurs, parmi l’ethnie des le colonel Kadhafi, Museveni s’ins- 1996, elle mène la guerre au ALGER. Cinq ans après l’enlèvement et l’assassinat, revendiqué le Banyankoles de l’Ouest ougandais, pire de l’expérience mozambicaine Congo, où le président idéologue 21 mai 1996 par le GIA, des sept moines de Tibéhirine, l’ordre des cis- Yoweri Museveni se passionne et libyenne pour former des prétend poursuivre le rêve du pana- terciens-trappistes a décidé de surseoir à la réouverture du monas- pour la politique dès l’école secon- conseils au sein de la population, fricanisme, revu et corrigé par la tère. Une communauté provisoire de cinq membres, dirigée par Jean- daire. Il réunit déjà autour de lui les encadrés par les structures de son nécessité de l’intégration régiona- Claude de Metz, moine de l’abbaye de Citeaux, et comprenant le frère membres de son futur entourage ; appareil politique, qu’il baptisera le : l’effacement des frontières Amédée, qui avait échappé à l’enlèvement de 1996, attendait, à Alger, il s’affirme. En 1967, il rejoint l’uni- finalement le « Mouvement ». En pour ouvrir un vaste espace à la l’autorisation du gouvernement algérien de réintégrer le monastère. versité de Dar es-Salaam, la capita- entrant en 1986 dans Kampala, il libre circulation des marchandises. Mais celui-ci, fondé par l’ordre en 1843, se trouve dans la région de le tanzanienne où prospèrent les abandonne officiellement le En réalité, l’opération s’est transfor- Médéa, à cent kilomètres au sud d’Alger, l’un des principaux fiefs du mouvements armés anticoloniaux. treillis, instaure une « démocratie mée en un pillage à grande échelle terrorisme islamiste. Devant l’aggravation de la violence et l’impossibi- On y milite aussi pour l’union des sans partis » qui, de fait, érige le des ressources congolaises. lité des autorités de délivrer un feu vert, la nouvelle communauté a pays africains – le panafricanis- Mouvement en parti unique. Muse- provisoirement décidé de se séparer. me – sous l’autorité du président veni se convertit à l’économie libé- Jean-Philippe Rémy 6 LES ÉLECTIONS MUNICIPALES LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001

MUNICIPALES Le premier tour des gauche gouvernementale. b LIONEL JOS- CHE PLURIELLE doit aussi tenir compte, CHE profite de l’affaiblissement du PCF, élections municipales et cantonales s’est PIN et son entourage espèrent une correc- localement, de la demande de renouvelle- qui s’accompagne d’une augmenttaion du traduit par une progression des Verts et tion, au second tour, le 18 mars, des résul- ment portée par des listes associatives ou vote en faveur de Lutte ouvrière, mais aus- un recul du Parti communiste, qui repose tats enregistrés au premier tour dans cer- « citoyennes », telles que celle des Moti- si de la LCR et du PT. LO maintient ses lis- la question de l’équilibre politique de la taines villes gérées par le PS. b LA GAU- vé-e-s à Toulouse. b L’EXTREME GAU- tes là où elle le peut (lire page 7). Les électeurs ont redessiné les contours de la gauche plurielle Le vote en faveur des Verts, qui pariaient à la fois sur l’union et sur l’autonomie, remet à l’ordre du jour la question de l’équilibre entre communistes et écologistes au sein de la majorité. Les listes « alternatives » interpellent des partis dont l’emprise sur la vie locale est contestée

AVEC SA DOUBLE casquette de dans 80 villes. Dans 49, ils ont responsable, « le PS est jugé trop n’est qu’un correctif dans une ten- dat Vert est carrément arrivé transparence, le sens de la fête, le conseiller du premier ministre et de dépassé le seuil de 10 %. hégémonique et trop condescendant, dance qui devrait montrer, après le devant celui du PS, pourtant étique- rejet de la politique classique et pro- délégué auprès du premier secrétai- Sous couvert de l’anonymat, un mais il n’a pas d’alternative sur sa second tour, que la « différence ver- té gauche plurielle : 23,5 % contre fessionnelle : toutes valeurs prô- re du Parti socialiste, Gérard Le Gall dirigeant socialiste parle d’une con- gauche ». « Il est toujours interpellé te » a payé. 19,9 %. nées par les Verts avant leur entrée a tourné et retourné les résultats du testation « transpartidaire » des au premier tour, ajoute-t-il, mais A Nantes par exemple, partis « Dans 80 % des cas, nos scores au gouvernement et de manière premier tour des élections munici- composantes de la gauche plurielle. c’est un parti de deuxième tour. Là, il avec Jean-Marc Ayrault et la gau- sont en augmentation dans le péri- beaucoup moins convaincante pales et cantonales du 11 mars. « Les électeurs, explique-t-il, ont utili- rassemble parce qu’il a des allian- che plurielle aux municipales, les urbain, les banlieues, parce que les aujourd’hui. Autrement dit une Devant le bureau national du PS, sé tous les moyens – de l’échec de Gui- ces. » Verts sont allés seuls aux cantona- électeurs considèrent que l’on a des nouvelle culture politique qui, pour lundi, comme dans la note prépa- gou au score de Bernardini, à Istres, les ou soutenus par le PS : le total solutions que n’ont pas les partis clas- l’instant, échappe à la gauche classi- rée pour Lionel Jospin, en vue de la en passant par ceux des Motivé-es ou DEDANS-DEHORS des voix de gauche aux cantonales siques », observe Jean-Félix Ber- que et même à sa composante la réunion de ministres du 15 mars, de la Ligue communiste – pour dire à Les Verts eux-mêmes se jugent est alors supérieur à celui des muni- nard, membre du conseil national plus neuve. M. Le Gall a fait la même analyse. A la gauche qu’elle est trop institution- confortés dans l’idée que leur élec- cipales, prouvant le « plus » que des Verts. Profitant de l’usure des Sans que le débat ait encore eu l’égard du gouvernement et de la nelle, de moins en moins attentive et torat n’est pas aussi volatil et fragile peuvent apporter les Verts. Ils ont partis de la gauche classique, les lieu, le PS est interpellé sur l’ex- gauche plurielle, il ressort la même modeste. L’opinion ne retrouve pas le que ses alliés veulent le croire. Cet- aussi franchi un pas important dans Verts ne semblent en effet pas avoir istence du modèle de gauche pluriel- « interpellation » de l’électorat discours de Jospin sur la modestie, te poussée électorale leur donne un la région parisienne, au détriment souffert d’être devenu un parti plus le. M. Le Gall estime qu’il y a, qu’aux européennes de 1999. La l’absence d’hégémonie. » Il s’agit, à nouveau poids dans l’attelage de la du parti communiste. A Bagnolet, institutionnel. Ils ont également été depuis dix ans, « une compétitition bonne tenue des Verts, en compa- l’entendre, d’un « rappel à l’or- gauche plurielle, même si quelques Montreuil, Pierrefitte-sur-Seine, portés par des thématiques concrè- historique » entre socialistes et éco- raison avec le nouveau déclin du dre ». Les municipales et les canto- ambiguïtés demeurent, car les trois communes de Seine-Saint- tes – lutte contre l’installation logistes. « Malgré leur inorganisa- Parti communiste et les scores en nales confirment l’existence d’un Verts ont joué sur la commode pos- Denis, ou à Villejuif (Val-de-Marne) d’une déchetterie, alimentation bio tion politique, malgré leur faible nom- demi-teinte du PS, confirme que, « espace critique » à la gauche de la ture dedans-dehors : en position de le rapport PCF-Verts est de un à dans les cantines par exemple – bre de militants, l’air du temps les comme en 1977, en 1989 et en 1999, gauche, mais l’offre qui est présen- faiblesse, ils sont avec la « vieille deux. À Ivry-sur-Seine (Val-de-Mar- dans ces élections locales. met en situation », relève-t-il. En « ils sont plutôt sur une tendance tée, des Verts aux Motivé-e-sen gauche » et en position de force ils ne), les Verts atteignent 18 %, bien En revanche, les Verts ont raté le même temps, il voit dans les résul- favorable ». Dans les 266 villes de passant par l’extrême gauche, est font cavalier seuls pour ratisser le qu’ils soient concurrencés par trois coche qu’ont pris les listes dites tats du 11 mars un double effet posi- plus de 30 000 habitants, les Verts « de plus en plus hétérogène ».En plus large possible, notamment sur autres listes de gauche, avec un citoyennes ou alternatives, fondées tif. Cela va permettre d’« écologi- ont joué la carte de l’autonomie même temps, relativise ce même l’électorat protestataire. Mais ce PCF à 47 %. Aux Mureaux, le candi- sur la démocratie participative, la ser » davantage une idéologie socia- liste trop économique et sociale et de faire émerger « un bon mixage culturel » à travers une gestion « Nous, nous ne distribuons pas les consignes », dit-on à Matignon municipale commune. Les scrutins du 11 mars remettent aussi les pen- VIVEMENT dimanche prochain. A Mati- Avec tout son respect, M. Jospin aurait tiré transparence, la simplicité dans le comporte- une perception encore plus intuitive, plus profon- dules à l’heure par rapport à tous gnon, on attend beaucoup… du second tour profit de leur victoire, mais il leur laisse tout ment, les ministres à plein temps. Les Français de de l’opinion », observe-t-on. L’inscription ceux qui pensaient déjà que la gau- des élections municipales, dont on espère aussi respectueusement la responsabilité de nous ont crus et c’est peut-être pour cela qu’ils au conseil des ministres, dès le mois d’avril, che était sûre de gagner en 2002… qu’il corrigera l’effet sévère produit, le leur défaite. Le premier ministre sait aussi nous ont appréciés. Ils viennent de nous rappe- du projet de loi sur la décentralisation – qui Pour autant, seule une minorité 11 mars, par l’échec de plusieurs ministres. que, au sein de son équipe gouvernementale, ler le message assez brutalement », constate un contient plusieurs dispositions renforçant la de dirigeants socialistes juge qu’il « La coloration politique, c’est vraiment le la « camaraderie » volontiers proclamée en a ministre réélu. Disciplinés, il avait, conformé- « démocratie citoyenne » au niveau des collec- faut redistribuer les cartes au sein second tour qui la donne », observe-t-on pris un coup. Plusieurs ministres n’ont en ment à la règle édictée en 1997, abandonné tivités locales – pourrait en outre fournir à M. de la gauche plurielle. Henri Weber aujourd’hui dans l’entourage de Lionel Jos- effet pas apprécié de voir leurs succès électo- son fauteuil de maire. « Déjà, moi je n’ai pas Jospin un opportun rendez-vous pour tirer plaide, lui, pour une nouvelle lectu- pin, en évoquant le précédent des élections raux, même modestes, totalement éclipsés compris certaines dérogations ! Alors comment quelques leçons du scrutin municipal. re de la stratégie d’alliance. « Le PC, municipales de 1983 qui, en dépit des bons par l’échec de quelques-uns. Et il n’était que voulez-vous que les Français, eux, les compren- En attendant, il a choisi la discrétion. exigeant, pénible mais sûr, était l’allié scores de la droite au premier tour, s’étaient de voir, pour s’en convaincre, l’insistance aga- nent ? », s’interroge-t-il. « Surexposé » avant le premier tour, il ne se privilégié et les Verts étaient des bien terminées pour la gauche. Il n’empêche cée avec laquelle telle ou telle attachée de M. Jospin a entendu le message. Dès la montrera ni ne parlera avant le 18 mars. On a ludions avec lequels on concluait des que la soirée du 11 mars a laissé un goût presse de ministre appelait les rédactions semaine prochaine, indique-t-on dans son su que son « ami » Bertrand Delanoë était accords occasionnels. Cette idée s’ef- amer. « Il y a eu une différence de curseur. On pour signaler que son patron, lui, avait été réé- entourage, il doit s’entretenir avec chacun des venu déjeuner avec lui à Matignon, mardi. face », observe le sénateur de Seine- ne s’attendait pas à de tels décrochages à Avi- lu dès le premier tour ! ministres concernés par une situation de C’est tout. Le bureau du premier ministre, Maritime. Pour Jean-Christophe gnon, à Béziers ou encore à Strasbourg », recon- cumul. Mais s’ils se refusent à indiquer quelle affirme-t-on, n’est pas transformé en stan- Cambadélis, l’artisan de la gauche naît-on. LA QUESTION DU CUMUL règle sera retenue, ses conseillers tentent dès dard téléphonique ou en QG de campagne plurielle, cette construction n’est Si la plupart des ministres battus ou en diffi- Parmi ceux–là, quelques-uns sont venus à présent de faire oublier les propos mala- électorale. Un conseiller insiste : « Nous, nous pas remise en cause, « tout au plus, culté ont eu droit au coup de téléphone ami- dire à M. Jospin tout le mal qu’ils pensaient de droits du premier ministre, qui tentaient dès ne sommes pas à la manœuvre. Nous ne distri- la manière de la faire vivre ». cal de M. Jospin, il n’en reste pas moins que la l’évolution de sa jurisprudence sur le non- l’automne 1999, de justifier par avance les buons pas les consignes. La réserve nous sied phrase la plus répandue ces derniers jours par- cumul des fonctions de ministre et de maire. entorses à ses principes de non-cumul , pour d’autant mieux qu’elle rend plus apparente l’at- Béatrice Gurrey mi ses conseillers est un rappel suave du « res- « C’est un raisonnement simple : on a fait pas- revenir à la « pureté » de la doctrine originel- titude des autres… » et Michel Noblecourt pect-absolu-des-choix-des-ministres » par le ser un message sur la politique autrement. La le. « Les résultats confirment que le discours du chef du gouvernement. Formule magique. parité, la limitation du cumul des mandats, la premier ministre correspondait, sur ces sujets, à Pascale Robert-Diard f www.lemonde.fr/paris Les « citoyens » de Châtenay-Malabry face à la « gauche féodale » A Rennes, les Motivé-e-s se réjouissent DEUX ou trois ballons de bau- ciation prennent les choses en matique, l’ex-autogestionnaire druche tout neufs, marqués du main et potassent les fondamen- Patrick Viveret ou le sociologue d’avoir ramené des électeurs vers les urnes label de la liste « Citoyens unis », taux des finances locales pour Loïck Wacquant, réunissent sou- traînent encore dans leurs sacs : si « passer les exercices budgétaires vent plus de 200 personnes. RENNES où les étudiants représentent un (1,71 %). Puisque la mairie n’est pas les ballons étaient « restés accro- au peigne fin ». Des anciens élus Sur leur route, il y a deux ans, les de notre correspondante régionale quart de la population. Pour un peu, menacée de basculer à droite, Fran- chés dans les arbres » de Châtenay- PS, un peu inquiets, décident d’in- « Citoyens unis » ont découvert En ce dimanche électoral, trotti- elle passait le seuil des 10 % et là, çoise Bagnaud (LCR), de la liste Malabry, la nuit précédant le pre- vestir l’association. Après Que choi- Porto Alegre. « On n’en avait nant sur sa jambe plâtrée depuis pas question de fusion : c’est sûr, Tous ensemble à gauche, ne donne- mier tour des municipales, ils sir ? la revue Territoires s’intéresse jamais entendu parler », sourit déjà plusieurs semaines, le maire de elle se serait maintenue. Pour agir, ra pas non plus de consigne à ses auraient « risqué un recours »,et à ces « bénévoles qui planchent sur M. Laville. « Ça a été un sacré Rennes laisse transparaître sa satis- pas pour embêter M. Hervé. « C’est 4,04 % d’électeurs, tout comme ses ces candidats-experts-là sont plu- les finances de leur commune »,et déclencheur. Là-bas, sortant de la faction. La gauche représente dans un mec que je respecte, compétent, homologues qui ont porté les cou- tôt sages. Sages et déçus : Philippe édite, avec leur aide, un petit gui- dictature dans des conditions autre- la ville « près des deux tiers des suffra- rigoureux, mais je redoute ce qui se leurs de ce récent label régional à Laville, professeur, et Geneviève de, Contrôle des citoyens sur les ment plus difficiles, ils réunissaient ges », se réjouit Edmond Hervé. passera quand il partira… », s’inquiè- Lorient et à Brest. Mme Bagnaud est Colomer, ingénieur, comptaient deniers publics. ce qu’on voulait faire », et notam- L’ancien ministre socialiste, élu sans te M. Mainguené. elle aussi satisfaite de son score à la bien que, le 18 mars, grâce à eux, Profs, médecins, « cultureux », ment ce fameux « budget participa- interruption depuis 1977 à la mairie, Lundi 12 mars, les négociations tête d’une liste hétéroclite, réunis- la gauche battrait le maire (RPF), les voilà vite deux cent cinquante tif » inscrit à leur programme. peut effectivement envisager un n’ont pas posé de problème. Les sant pour l’occasion des membres Georges Siffredi, réélu, le 11 mars, militants-experts à réclamer la Puis, fin 2000, ils ont une autre second tour en toute « sérénité com- Motivé-e-s ont demandé, entre de la LCR comme elle, des militants avec 53,3 % des voix. démocratie locale en rejetant abso- « révélation ». Elle s’appelle Moti- bative », comme il dit, puis un cin- autres, un engagement sur la repré- pour la dépénalisation du cannabis, L’histoire commence au lende- lument tout « apolitisme » : ils se vé-e-s. « Cette fois, c’était la rencon- quième mandat. Pourtant, toutes sentation des étrangers dans un un groupe de lesbiennes, les far- main des élections de 1995. M. Sif- veulent soucieux de « promouvoir tre avec une autre génération », ces voix ne sont pas allées à sa liste, organisme consultatif, sur les con- ceurs gays du RUT, des Verts dissi- fredi vient de ravir Châtenay à une la transparence, la citoyenneté et résume Mme Colomer, qui se rend qui réunit, comme d’habitude, le PS, seils de quartiers, la transformation dents… Comme d’autres dans la mairie socialiste qui s’endormait l’engagement des tous, y compris aux états généraux des listes moti- le PCF, le PRG, Rouge et Vert, un d’emplois-jeunes en contrat à durée mouvance alternative rennaise, elle doucement. Quelques parents des résidents étrangers ». Aucun, vé-e-s, à Toulouse, en février. représentant de l’Union démocrati- indéterminée – « ça, je crois qu’Ed- se soucie du sort des Verts : « Est-ce d’élèves décident de créer une ou presque, n’est encarté. Tous, La dernière rencontre fut celle que bretonne, rejoints par les Verts, mond l’aurait fait de toute façon ». qu’ils sauront résister mieux que le association, Citoyens unis pour ou presque, se disent à gauche, du avec les électeurs : 17,2 % au soir qui avaient fait bande à part en PCF à l’hégémonie du PS devenu un Châtenay-Malabry. Dans cette vil- SNUipp pour l’un à la CFDT pour du 11 mars, trois élus et un groupe 1995. LES VERTS PEU INQUIETS parti gestionnaire ? » le marquée, depuis Emmanuel l’autre en passant par la FSU, de au conseil municipal. La gauche Le 11 mars, la gauche plurielle ren- Alors « on vient de faire une affi- Forts de leurs bons résultats aux Mounier, par une tradition de Ras l’Front au Secours catholique, « officielle », emmenée par la naise a réalisé un score honora- che invitant à voter pour eux », rap- cantonales à Rennes – et agréable- catholicisme social, les forces res- de « la fondation Copernic à conseillère générale socialiste ble – 44,64 % – mais inférieur à celui porte M. Mainguené, qui a accepté ment surpris par leurs performan- tent vives. En 1995, la ville connaît Attac », résume Philippe Laville, Michèle Canet, n’a réuni que du précédent scrutin, tandis que les de venir au dernier meeting de «la ces, dans tout le département, jus- l’une des plus fortes hausses d’im- lui-même ancien du SNES. «Le 29,5 % des voix. « Sans provo, on gauches « alternatives » , elles, gauche institutionnelle ». « J’irai leur que dans des cantons ruraux –, les pôts locaux de France : 76 %. lien, c’est que nous ne sommes pas aurait préféré faire un peu moins et recueillaient au total 18,86 % des dire que 54 000 personnes qui ne se Verts ne semblent pourtant pas Devant la mairie, une manifesta- contre la gauche, seulement contre que la gauche fasse un peu plus. » voix. « Il s’agit d’un vote protestatai- sont pas déplacées pour mettre leur inquiets. Leurs partenaires socialis- tion de 600 personnes est disper- ses dérives féodales et d’appareil ». Les jeunes de Châtenay ne se sont re, qui se portait en partie sur les bulletin dans l’urne, c’est dramati- tes pourraient les gratifier d’une sée sans ménagement. Au centre Jules-Verne, leurs confé- pas inscrits sur les listes électora- Verts avant qu’ils ne s’institutionnali- que », prévient-il. L’homme annon- deuxième vice-présidence à la com- Les militants de la nouvelle asso- rences-débats avec le Monde diplo- les. Mais, surtout, en analysant les sent, analyse Pierrick Massiot, direc- ce le menu du « troisième tour » de munauté d’agglomération ; les éco- résultat bureau par bureau, l’asso- teur de la campagne de M. Hervé. sa liste devenue association : militer logistes n’ont apparemment pas exi- ciation a eu la plus mauvaise sur- De toute façon avec huit listes en pré- contre l’abstention, assister à toutes gé plus. « On aurait pu se présenter prise de la campagne. Sur la Butte sence, nous n’avons jamais prétendu les séances du conseil municipal, fai- seuls comme à Lille et Paris, mais, rouge – l’une des premières cités- gagner au premier tour ! » re de l’animation dans les quartiers. là-bas, il n’y avait pas de liste jardins – devenue un quartier diffi- Si M. Hervé sourit, Patrick Main- Lui qui se présente comme ancien Motiv-é-es, explique Jean-Louis Mer- cile, les scores de Citoyens unis guené, lui, éclate de rire. Cet impri- maoïste, « formé à l’école du centra- rien, un des candidats rennais. Nous sont les plus mauvais de toute la meur de cinquante ans, qui a pris la lisme démocratique »,ilaeu«la avons préféré conclure un bon accord ville. « Un grave échec », résume tête des Motivé-e-s il y a à peine révélation de la participation démo- avant. » De toute façon, la première M. Laville. « Une boîte postale, un trois mois, obtient un inespéré cratique ». hypothèse n’était pas sans risque : répondeur et Internet, c’est pas pour 8,22 %. « La gauche gagne des M. Hervé n’a pas reçu d’autres les Verts en ont fait l’expérience en les gens de la Butte. » Il se souvient points, la droite fait comme d’habitu- soutiens. Inutile de compter sur Ray- 1995 : « À moins de 10 %, Edmond d’une parole entendue, un jour, de, ça veut dire qu’on a rapporté des mond Madec, de Lutte ouvrière Hervé n’ouvre pas la porte entre les sur un trottoir : « Citoyens unis ? voix de gens qui ne votent pas ou (4,89 %), qui se présente régulière- deux tours. » Ah, c’est ceux qui font des tracts plus », analyse-t-il. Gaie, adepte des ment aux scrutins locaux, pour faire qu’on arrive pas à lire …» concerts festifs, plaçant des enfants voter contre « la gauche gouverne- Martine Valo rieurs et métissés en tête de ses mentale », ni sur le candidat du Parti Ariane Chemin tracts, la liste a séduit dans une ville des travailleurs, Jean-Paul Tual f www.lemonde.fr/rennes LA PRÉPARATION DU SECOND TOUR DES ÉLECTIONS MUNICIPALES LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / 7 Philippe Séguin apporte un soutien inattendu aux partisans du droit de vote des étrangers Les socialistes parisiens sont restés silencieux sur ce thème au cours de leur campagne Dans son entretien accordé au Monde du s’attendaient pas. Il s’est prononcé pour « l’exten- reconnu aux étrangers communautaires ». « Les 15 mars, Philippe Séguin a apporté aux partisans sion aux ressortissants des pays de la francopho- choses bougent », constate Nabil Azouz, prési- du vote des étrangers un soutien auquel ils ne nie du droit de vote aux élections municipales, dent du collectif Un(e) résident(e), une voix.

LA REVENDICATION du droit noncés en faveur du droit de vote. pris Nabil Azouz, animateur du col- sé qu’il ne l’imaginait a conduit de vote des étrangers s’est invitée Au Parti socialiste, Pierre Casta- lectif Un résident une voix : « Cette M. Séguin à changer d’opinion con- de façon inattendue, mercredi gnou, qui conduit la liste Delanoë absence de courage sur le droit de cernant le droit de vote et les sans- 14 mars, dans le débat électoral. dans le 14e arrondissement, fut le vote est courante dans les partis classi- papiers : le candidat RPR se pronon- Tandis que trois collectifs d’associa- seul à soutenir la proposition. ques. On a vu que seules les listes ce ainsi pour « l’extension aux ressor- tions tenaient une conférence de Une fois la campagne électorale ouvertes aux questions de participa- tissants des pays de la francophonie presse pour tenter de relancer le lancée, les militants du droit de vote tion citoyenne comme les Verts ou du droit de vote aux élections munici- débat entre les deux tours des élec- avaient invité les têtes de liste à Motivé-e-s ont porté cette revendica- pales, reconnu aux étrangers commu- tions municipales, Philippe Séguin tion. Et c’est ce qui explique une par- nautaires ». Il estimait également se prononçait, dans les colonnes du tie de leur succès », assure qu’« il faudra impérativement, dès Monde, pour son « extension aux res- Le revirement M. Azouz. Les deux collectifs ont lors qu’on ne les expulserait pas, régu- L’extrême gauche progresse sortissants des pays de la francopho- néanmoins persisté, dimanche lariser les sans-papiers, faute de quoi nie » (Le Monde du 15 mars). du responsable 11 mars, en installant une urne sym- on n’arrivera pas à traiter leurs pro- Voici quelques semaines que la bolique dans trois arrondissements blèmes ni à les intégrer », ajoutant : sur le glacis abandonné par le PCF question surgissait en pointillé dans du RPR a surpris de Paris, notamment dans le 18e, « Le ni-ni de Jospin (ni régularisa- le débat municipal à Paris. Après fief de Bertrand Delanoë et Daniel tion, ni expulsion) est insoutenable et AVEC 31 CONSEILLERS munici- la jeunesse ». « Le Parti communiste l’adoption, le 3 mai 2000 par l’As- le milieu associatif Vaillant, ministre de l’intérieur. explosif. » paux pour Lutte ouvrière (LO), ne capte plus ce mécontentement », semblée nationale, de la proposi- Les partisans du droit de vote ont Le revirement du responsable du 25 pour les listes soutenues par la ajoute le porte-parole de la LCR. Au tion de loi accordant aux étrangers reçu mercredi le soutien inattendu RPR a créé la surprise dans le milieu Ligue communiste révolutionnaire second tour, la LCR n’est présente le droit de vote et d’éligibilité aux organiser des actions symboliques du candidat officiel de la droite à associatif. « Ça montre que les cho- (LCR) et 12 pour le Parti des tra- qu’à Savigny-le-Temple, cité de élections municipales, ses partisans en faveur « d’une véritable citoyenne- l’Hôtel de Ville. Philippe Séguin a ses bougent et qu’il faut continuer », vailleurs (PT), l’extrême gauche, qui 18 500 habitants de Seine-et-Marne entendaient se faire entendre dans té de résidence ». Les Verts mis à déclaré au Monde qu’« il y a un déca- assure Nabil Azouz. Les deux collec- n’était représentée que dans moins gérée par le PS. le concert électoral. Les collectifs part, l’appel avait eu peu d’écho. Ni lage entre le pays légal et le pays réel tifs entendent continuer leur lob- de cinq cent villes, connaît ses Même sol, mêmes droits, même le PS ni le PCF ne s’étaient manifes- qu’[il n’avait] jamais mesuré à ce bying dans les semaines à venir. meilleurs scores aux municipales TROIS MAINTIENS voix et Un(e) résident(e), une tés. Le 23 février, jour de clôture point ». C’est ainsi que le député Une manifestation est ainsi prévue depuis 1977. Les trois formations, Avec un triplement de ses voix, LO voix avaient adressé début mars à des listes, Yves Contassot, chef de des Vosges résumait une des leçons le 4 mai à Paris pour demander la aujourd’hui en concurrence, affi- est la principale formation d’extrême tous les candidats un questionnaire. file des Verts dans la capitale, avait de sa campagne après avoir remar- mise à l’ordre du jour du Sénat de la chent des scores très disparates. Le gauche qui mord sur l’électorat PCF. Seuls les candidats Verts, de la symboliquement déposé vingt lis- qué qu’on pouvait « passer un après- proposition de loi votée par les PT connaît ses meilleurs résultats là Sur ses 129 listes, LO enregistre une Ligue communiste révolutionnaire, tes menées par des résidents com- midi complet dans le 18e et ne pas députés. où il est la seule formation trotskiste moyenne de 4,37 %. La formation certains élus du Parti communiste munautaires. voir un électeur ». en présence – 8,82 % à Niort, 6,89 % à d’Arlette Laguiller a recueilli, le 11 comme Henri Malberg s’étaient pro- Ce relatif isolement n’a pas sur- Ce constat d’un Paris plus métis- Sylvia Zappi Saint-Malo – et là où il dispose d’un mars, 120 784 voix. « C’est auprès élu : 5,31 % à Saintes, 5,09 % à Diep- d’un électorat ouvrier, en général déçu pe, ville gérée par le PCF. En revan- par la gauche au gouvernement, et che, là où il est en compétition avec dans les quartiers populaires et les cités LO et la LCR, essentiellement dans HLM que nous recueillons le plus de les grandes villes, il arrive dernier. voix », indique Michel Rodinson de La LCR présente un électorat plus LO. La défaite du PCF à Drancy national, plus urbain, plus jeune et, (41,35 %) et l’échec de la reconquête dans certains cas, plus populaire, à Bourges (44,7 %) du PCF, se lisent comme dans les agglomérations en creux dans les scores de LO, rouennaise et bordelaise, où elle a 7,74 % et 5,1 %. A Argenteuil, dans le bénéficié du renfort des suffrages de Val-d’Oise, la liste LO ne peut se la Voix des travailleurs, un courant maintenir, mais elle a contribué, avec d’exclus de LO qui a rejoint la LCR en celle de la LCR, à affaiblir la position juin 2000. Le score remarquable du du PCF dans cette ville. candidat LCR à Blois – 8,13 % – cor- Pour le second tour, LO se main- respond à l’électorat plus jeune et tient à Laon, où cela devrait permet- urbain, mais aussi plus classe moyen- tre la réélection de l’équipe de droite ne et composé d’employés, de la for- sortante ; à La Chapelle-Saint-Luc, mation d’Alain Krivine. A Paris, Lyon, dans la banlieue ouvrière de Troyes, Marseille, Montpellier, Toulouse, les ville de 16 000 habitants gérée par le listes 100 % à gauche, soutenues par PRG, où LO a obtenu son deuxième la LCR, arrivent systématiquement score national avec 13,4 % des voix ; devant LO, sauf dans les quartiers A Sin-le-Noble, dans le Douaisis, ville ouvriers. détenue par le PCF, où le maintien de Selon M. Krivine, « il y a une vérita- la liste conduite par Roger Marie, con- ble coupure, aujourd’hui, entre le gou- seiller régional LO, peut faire bascu- vernement et une grande partie de ler la ville à droite. l’électorat populaire (…), ainsi qu’avec une fraction significative de Alain Beuve-Méry En Seine-Saint-Denis, les communistes subissent une double concurrence POUR le patron de la fédération Si le PCF est menacé par ses alliés communiste de Seine-Saint-Denis, de la gauche plurielle à Pantin, à fidèle lieutenant de Robert Hue, les Aubervilliers, le maire et ancien résultats du premier tour des élec- ministre Jack Ralite est contesté par tions municipales et cantonales ont son éternel concurrent, Jean-Jac- fait l’effet d’une douche glaciale. ques Karman, de la Gauche commu- Michel Laurent, qui se présentait niste, fils d’André Karman, ancien dans le canton de Pantin-Est, a été maire de la ville. Avec 31,06 % dans distancé, le 11 mars, par le candidat le canton d’Aubervilliers-Ouest, des Verts, soutenu par le PS. Des M. Karman a « explosé » le candi- douze cantons détenus par un com- dat communiste officiel, arrivé en muniste sortant, il est le seul dans cinquième position avec 11,75 % ce cas. Souvent présenté comme le des voix et éliminé. Au second tour, dauphin de Robert Clément pour la M. Karman affronte le candidat du présidence du conseil général, Front national, arrivé en deuxième M. Laurent s’est conformé aux position, le 11 mars, avec 13,71 % accords conclus avec les partis de des suffrages. gauche et s’est désisté au second Pour le second tour des municipa- tour, laissant l’écologiste Didier les, l’enjeu est plus incertain. Segal-Saurel seul en lice au second M. Karman, en troisième position tour. (23,56 %) derrière le candidat UDF Ce n’est pas tout. Huitième sur la (23,72 %), a été distancé de 7 points liste de Jacques Isabet à Pantin, par M. Ralite (30,72 %). Comme il M. Laurent a été mis en minorité, l’avait annoncé avant le premier lors de l’assemblée générale des tour, M. Ralite a rejeté, contraire- communistes de la ville, pour la pré- ment à 1995, toute proposition de paration du second tour. Préconi- fusion avec la liste de M. Karman. sant la fusion avec la liste du socia- Pourtant, des quatre listes en con- liste Bertrand Kern, arrivée en tête, currence au second tour (PCF, il a été coupé sèchement par M. Isa- PC-diss., UDF et divers droite), cel- bet : « Tu arrêtes, nous, on conti- le de M. Karman est la seule qui dis- nue. » pose d’un véritable réservoir de M. Laurent savait qu’il allait au voix. Dispersée entre les trois for- « casse-pipe ». L’examen des mations trotskistes, l’extrême gau- bureaux de vote aux élections légis- che a totalisé 11,04 % des voix, soit latives de 1997 montrait que le PS 6,09 % pour LO, 2,89 % pour la LCR et les Verts, avec respectivement et 2,06 % pour le Parti des tra- 23,7 % et 11,8 % des voix, contre vailleurs (PT). M. Karman estime 23,9 % au PCF, avaient été majori- que « la gauche antigouvernementa- taires dans ce canton où M. Laurent le recueille 34,6 % des voix à Auber- briguait la succession d’un con- villiers, contre 30,7 % à la gauche plu- seiller communiste. « Il y a un effet rielle ». Il ne bénéficie toutefois de décentrage de la gauche plurielle. d’aucun appel officiel à voter pour En Seine-Saint-Denis, l’alliance lui de la part des organisations d’ex- PS-Verts ne s’est pas faite contre la trême gauche. droite, mais contre le Parti commu- niste », analyse-t-il. A. B.–M. 8 / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 LA PRÉPARATION DU SECOND TOUR DES ÉLECTIONS MUNICIPALES Les candidats aux prises avec la justice n’ont pas été sanctionnés Jacques Mellick à Béthune, Patrick Balkany à Levallois-Perret, Jean Tiberi à Paris, François Bernardini à Istres ou Georges Pérol en Corrèze : dans la plupart des cas, les électeurs n’ont pas tenu rigueur de leurs démêlés judiciaires aux élus mis en examen ou condamnés Bon nombre des responsables politiques même en avoir tiré profit en apparaissant Hauts-de-Seine. L’un et l’autre sont en très même, Jean-Jacques de Peretti (RPR) a été aux cantonales. Alors que le Parti socialiste qui ont connu des embarras judiciaires au comme des victimes : Jacques Mellick (PS) bonne position pour reconquérir leur fau- réélu à Sarlat, en Dordogne, dès le premier avait écarté tout candidat mis en examen, cours des dernières années n’en ont pas fait ainsi un retour remarquable à Béthune, teuil de maire. Les scores de Jean Tiberi ou tour, tandis que François Bernardini, mal- tout comme Philippe Séguin à Paris, les élec- souffert lors des élections municipales ou dans le Pas-de-Calais, tout comme Patrick des frères Dominati à Paris témoignent éga- gré son exclusion du PS, est en passe de teurs ne semblent pas tenir rigueur aux cantonales. Dans plusieurs cas, ils semblent Balkany (RPR) à Levallois-Perret, dans les lement de l’indulgence des électeurs. De l’emporter à Istres, aux municipales comme élus de leurs déboires judiciaires.

MIS EN EXAMEN ou coupables Laurent et Philippe Dominati député PS. A Liévin, dans le Pas-de- d’économie mixte. Sans parler de en Corrèze, malgré le choix du sion ». Il a bénéficié de dons et de tous bords, les électeurs vous n’ont été évincés. Loin de là. Mais Calais, le maire socialiste Jean-Pier- sa mise en examen depuis octo- RPR d’investir un autre candidat d’avantages en nature par différen- aiment. En tout cas, ils ne vous il n’y a pas que les Parisiens pour re Kucheida est également passé bre 1999, pour « recel de détourne- que lui. Quant à Gilles Catoire, tes entreprises, d’une valeur totale tiennent pas rigueur de vos démê- défendre les leurs. En province, les au premier tour, avec plus de 68 % ment de fonds publics » dans l’affai- maire socialiste de Clichy-la- de 5,3 millions de francs, contre lés avec la justice pour vous choi- électeurs semblent encore moins des voix, malgré sa mise en exa- re de la MNEF. Son exclusion du Garenne, dans les Hauts-de- Sei- l’octroi de marchés publics dépar- sir à la tête de leur mairie ou au siè- rancuniers. Quinze ans après l’af- men, le 4 janvier 1999, pour « prise PS, le 23 février, ne l’a pas empê- ne, il a également toutes les chan- tementaux. ge de leur conseil général. Dans faire Carrefour du développe- illégale d’intérêts et complicité ché de devancer très largement, de ces de gagner au second tour. Sa Michel Hannoun, maire RPR de certains cas, même, ils vous défen- ment, l’ancien ministre socialiste d’abus de confiance » à propos de plus de 20 points, Serge Gues, condamnation, le 28 juin 2000, à Voreppe, en Isère, depuis 1976, est dent contre ces accusations et ces Christian Nucci reste indétrônable la gestion du patrimoine immobi- investi par la Rue de Solférino. huit mois de prison avec sursis et en plus mauvaise posture encore. procédures qui font de vous des à Beaurepaire dans l’Isère (lire lier des Houillères du Nord - Pas- 20 000 francs d’amende par le tri- S’il arrive en tête au premier tour, victimes. Les succès de Patrick Bal- ci-dessous). C’est de l’histoire de-Calais. M. Kucheida a été le pré- bunal correctionnel de Nanterre, il semble aujourd’hui peu proba- kany à Levallois-Perret et de Jac- ancienne, certes. Avec le temps, sident, de 1993 à 1996, de la Saco- Il y a ceux dans une affaire de fausses factu- ble qu’il puisse gagner contre les ques Mellick à Béthune (lire ci-des- les électeurs ont pu passer l’épon- mi, société d’économie mixte res impliquant une SEM, ne l’a pas listes divers droite et divers gau- sous) parlent d’eux mêmes. Le Par- ge. Mais les succès à répétition de (SEM) qui assurait la gestion de que la justice affaibli. che qui se sont présentées contre ti socialiste, en décidant de n’inves- M. Nucci et des cas plus récents 71 000 logements miniers. Et puis, il y a les malheureux, lui et qui ont fusionné pour le tir aucune personnalité mise en démentent cette hypothèse. Tous les mis en examen n’ont condamne ceux que la justice condamne et second tour. L’ancien député a été examen – ou Philippe Séguin qui Il suffit de constater le succès de pas la chance de passer au premier que leurs électeurs rejettent. Dans condamné, le 28 novembre avait fait le même choix pour ses Jean-Jacques de Peretti, réélu au pre- tour. Mais certains d’entre eux arri- et que leurs électeurs ces cas-là, cependant, il est loin 2000 par le tribunal correctionnel listes à Paris –, faisait le pari que mier tour maire de Sarlat, en Dordo- vent en très bonne position pour d’être évident qu’il y ait une corré- de Nanterre, pour « abus de con- les électeurs sanctionneraient tous gne, malgré sa mise en examen, le le deuxième tour. François Bernar- rejettent. Dans lation entre les deux événements, fiance, abus de biens sociaux et les dérapages judiciaires. Cela n’a 20 octobre 1999 pour « recel d’abus dini, par exemple, est en passe de même si l’opposition ne se prive recel », à dix-huit mois de prison manifestement pas été le cas. de biens sociaux » dans l’affaire Elf- gagner la mairie et le canton d’Is- ces cas-là, cependant, pas toujours pour rappeler aux avec sursis, 200 000 francs d’amen- On peut le comprendre plus faci- Aquitaine. L’ancien ministre RPR tres, dans les Bouches-du-Rhône. électeurs les déboires judiciaires de et deux ans d’inéligibilité, en lement dans le cas d’élus aux pri- des DOM-TOM dans le gouverne- L’ancien premier secrétaire de la la corrélation de leur maire. Ainsi, Jean-Guy marge du procès Casetta sur le ses avec la justice pour avoir eu ment d’Alain Juppé est soupçonné fédération socialiste des Bouches- Cupillard, maire RPR de l’Alpe- financement occulte du RPR. Ses des responsabilités dans le finance- d’avoir bénéficié d’un salaire de du-Rhône et adjoint aux finances n’est pas évidente d’Huez depuis 1983, est en ballot- opposants invoquent bien ces ment de leur parti, mais qui n’en complaisance, de 1990 à 1993, versé d’Istres, a pourtant été condamné, tage difficile. L’ancien vice-prési- affaires, mais plus pour dire qu’il ont pas tiré de profit personnel. par la filiale suisse du groupe pétro- le 25 octobre 2000, à dix-huit mois dent du conseil général de l’Isère a n’est pas certain que M. Hannoun Comme le communiste Robert lier, Elf-Aquitaine International de prison avec sursis, Georges Pérol, directeur général été condamné, le 7 avril 1999, par puisse exercer son mandat que Hue ou le socialiste Jean-Pierre (EAI), après avoir été recruté par 200 000 francs d’amende et deux de l’OPAC, office HLM de la Ville la cour d’appel de Grenoble à pour fustiger sa moralité. Ils préfè- Destrade (encore que le PS, dans Alfred Sirven. La gauche locale s’est ans d’inégibilité pour « abus de de Paris, de 1982 à 1993, n’a pas deux ans de prison dont un avec rent parler des lacunes de sa ges- ce cas, ait préféré soutenir le candi- manifestement peu servie de cette confiance » après avoir détourné davantage pâti de sa mise en exa- sursis, 1,5 million de francs tion municipale. L’argument des dat communiste). Mais il y a aussi arme pour le combattre. Il faut dire des fonds de deux associations men, depuis juin 1995, pour « tra- d’amende et cinq ans d’interdic- affaires, ça ne paie pas ! tous les autres. que, vu de Sarlat dont est originaire para-municipales d’Istres. Il a éga- fic d’influence » dans l’enquête tion de droits civiques pour « recel Les affaires parisiennes, pour- la première épouse de M. de Peretti, lement été reconnu coupable menée par le juge Eric Halphen à et complicité d’abus de biens Virginie Malingre tant très médiatisées, n’ont pas suf- Christine Deviers-Joncour, l’affaire d’« abus de biens sociaux » pour Créteil. Ce proche de Jacques Chi- sociaux et d’abus de confiance, cor- et Cécile Prieur, fi à écarter les candidats qui y sont Elf n’épargne aucune famille politi- avoir contribué à des versements rac devrait l’emporter au deuxiè- ruption passive, participation à une avec nos correspondants mêlés. Ni Jean Tiberi ni les frères que : Roland Dumas en a été le de salaires fictifs par une société me tour des cantonales à Meymac, entreprise frauduleuse et concus- départementaux L’irrésistible retour de Jacques Mellick à Béthune Les époux Balkany surprennent BÉTHUNE autorisé à se réinscrire sur les lis- les terrains de football ou tous les nois se demandent qui les écoute de notre correspondante tes électorales. salons, il n’a jamais cessé d’arpen- aujourd’hui et constatent que c’est tous leurs adversaires à Levallois Jacques Mellick n’en espérait Son retrait de la scène politique ter les rues de sa ville et notam- Mellick qui s’occupe d’eux, comme pas tant ! Après cinq ans d’inéligi- ne l’a pas empêché d’occuper le ment dans les quartiers les plus dif- avant ! », ajoute-t-il pour expli- NANTERRE et la découverte de mouvements bilité, l’ancien ministre socialiste terrain pendant toutes ces années. ficiles. « La ville s’est arrêtée », quer sa performance du 11 mars. de notre correspondant de fonds importants sur un comp- et ancien député et maire de Présent sur toutes les fêtes, tous constate M. Mellick. « Les Béthu- Face à lui, ses opposants ne Patrick Balkany fait celui qui te de l’institut municipal des Béthune (Pas-de-Calais) fait un décolèrent pas. Bernard Seux, le aimerait que les journalistes sports aurait entraîné une saisine retour fracassant sur la scène poli- maire sortant, son ancien premier l’oublient un peu, lui et ses frasques du parquet. tique béthunoise. Il a obtenu plus Christian Nucci indéboulonnable à Beaurepaire adjoint, dénonce même ses métho- du passé. « Quand vous êtes suspen- Faute d’éléments tangibles qui de 44 % des suffrages au premier des de campagne qu’il juge « con- du de permis de conduire, un jour, les auraient bien aidés dans la cam- tour des municipales. « Je pensais Quinze ans après l’affaire Carrefour du développement, Chris- damnables ». « Jacques Mellick on finit par vous le rendre et vous pagne, il ne leur reste plus qu’à ten- bien pouvoir atteindre la barre des tian Nucci l’a, une fois de plus, emporté haut la main à la mairie achète les voix des électeurs des reprenez le volant », lance-t-il à la ter de comprendre l’incroyable suc- 40 %, mais quand mes colistiers me comme au canton de Beaurepaire dans l’Isère. L’ancien ministre quartiers populaires avec des billets ronde. En fait, l’ancien « Pasqua’s cès d’un personnage aussi sulfu- parlaient de 42 %, je les traitais de socialiste de la coopération apparaît même tellement indéboulon- de 200 francs, il va même jusqu’à boy », qui savoure l’instant où sa reux. Un succès particulièrement doux rêveurs ! » nable que la droite n’a pas présenté de liste aux élections munici- distribuer des canettes de bière à réélection à la mairie ne semble fort dans des quartiers sociologi- Condamné à cinq ans de priva- pales. Aux cantonales, où il a totalisé près de 59 % des voix diman- des jeunes de quinze ou seize ans, je plus guère qu’une simple formalité, quement opposés : les Fronts de tion de ses droits civiques pour che 11 mars, il n’avait contre lui que des candidats communiste, ne trouve pas cela très moral ! » Et ne rechigne pas à répondre aux Seine, un secteur entièrement réno- cause de faux témoignage en MNR et FN. le maire sortant de Béthune accu- questions les plus embarrassantes. vé et composé d’immeubles de faveur de Bernard Tapie dans l’af- Dans son fief, personne n’évoque jamais les détournements de se également son adversaire de fai- En 1996, pour avoir fait tra- luxe, et dans les HLM du secteur faire du match truqué Valencien- fonds effectués au profit de Carrefour du développement, une asso- re un usage abusif de l’étiquette vailler pendant six ans des nord, les plus populaires. Pour le nes-, ciation fondée en 1983 et subventionnée par le ministère de la coo- socialiste. employés municipaux dans sa rési- maire RPR en sursis, Olivier de Cha- M. Mellick avait dû renoncer à sa pération. Personne n’évoque non plus la loi d’amnistie de 1990 qui dence privée, l’ancien maire de zeaux (25,37 % le 11 mars) qui vou- mairie et à son fauteuil de député a permis à M. Nucci d’être épargné par la justice, contrairement à LE POING ET LA ROSE Levallois-Perret a été condamné à lait bannir le clientélisme et les jusqu’au mois de janvier, lorsque son chef de cabinet au ministère, Yves Chalier, qui a été condamné Il est vrai que le PS a adopté, à quinze mois de prison avec sursis, colis au troisième âge, les électeurs la Cour de Cassation l’a finalement à cinq ans de prison en avril 1992. son égard, une attitude pour deux ans d’inéligibilité, ont été frappés par le « complexe moins ambiguë : la fédération du 200 000 francs d’amende, et, soli- de Mandrin », ce brigand du Pas-de-Calais ne lui a pas ménagé dairement avec sa femme, Isa- XVIIIe siècle devenu populaire en son soutien et le bureau national a belle, 771 289,91 francs de domma- pillant les caisses des impôts. décidé, le 20 février, qu’il ne serait ges et intérêts. « Une connerie, « ni investi, ni exclu ». Béthune est reconnaît-il. A l’époque, les entrepri- « MÉDIOCRITÉ ET AMORALITÉ » la seule ville de plus de vingt mille ses quittaient la ville, il fallait attirer Arnaud de Courson (UDF), qui a habitants où le PS a donc renoncé les investisseurs. Mon appartement décidé de retirer sa liste divers droi- à investir l’un ou l’autre des candi- était plus adapté aux réceptions que te du second tour, malgré les dats. Pourtant un tract circule la mairie. Si j’avais su, j’aurais fait 12,01 % de suffrages obtenus au dans la ville, arborant fièrement le voter une mise à disposition par premier tour, ronge son frein. Pen- poing à la rose, et illustré d’une mon conseil municipal. » dant la campagne, il n’a pas man- photo de Lionel Jospin en compa- qué de critiquer l’acharnement judi- gnie des colistières de M. Mellick SURNOMMÉ L’« AFFREUX » ciaire de M. de Chazeaux à l’encon- prise à Arras à l’occasion du passa- L’explication peut paraître cour- tre des Balkany, au risque d’en fai- ge du premier ministre venu soute- te, mais c’est celle que, dès son re des victimes. Ses partisans n’en nir les candidates socialistes du entrée en campagne, « l’Affreux » pensent pas moins aujourd’hui. Pas-de-Calais, à l’occasion de la – comme le surnomment ses adver- Quant à Hubert Flahault, ancien journée de la femme. saires politiques – a fournie aux président de la Chambre de com- Bernard Seux, déjà, s’inquiète Levalloisiens. Qui s’en sont appa- merce et d’industrie de Paris, candi- pour l’avenir de la ville : « S’il est remment satisfaits, si l’on en juge dat indépendant aux cantonales élu, ce ne sera que provisoire. Jac- par son score du premier tour contre Isabelle Balkany, conseillè- ques Mellick sera rattrapé par les (35,30 %), très supérieur aux pro- re générale sortante, elle aussi con- affaires ; il ne se passe pas de semai- nostics des sondeurs et d’à peine damnée dans l’histoire des ne sans que la mairie soit perquisiti- 3 points inférieurs à celui qu’il employés communaux, il ironise : onnée et des pièces saisies, qui avait obtenu il y a six ans. « Les électeurs avaient le choix entre datent de l’ère Mellick. » Sonnés par la défaite, ses adver- la médiocrité et l’amoralité. Entre Pour tenter de contrer le retour saires auraient aimé que la justice deux candidats, on préfère toujours de M. Mellick, les listes en présen- hâte sa marche. Car l’ancien maire celui qui a fait quelque chose. » De ce au premier tour auraient souhai- est toujours sous le coup d’une fait, Mme Balkany est arrivée en tête té monter un « front républi- mise en examen concernant la ges- du premier tour, avec de sérieuses cain ». A Béthune, on parle de tion des HLM des Hauts-de-Seine, chances de conserver son siège. « TSM » – Tout sauf Mellick. Mais A gauche où, avec 24,98 %, les seuls Bernard Seux et Jean-Pierre socialistes ont mis en berne leurs Déruelle, à la tête d’une liste indé- espoirs de reconquête, on place en pendante alors qu’il était candidat perspective la situation levalloi- UDF aux dernières législatives, ont sienne avec les succès de Mellick réussi à tomber d’accord et à (lire ci-contre) à Béthune et de Ber- fusionner. Les Verts, jugés trop exi- nardini à Istres. « Les électeurs rejet- geants, ont été tenus à l’écart. tent la classe politique en vrac, cons- Quant à la candidate RPR, Anne- tate un responsable départemen- Marie Duez, contre l’avis de cer- tal. Ils se disent : “La politique est tains de ses colistiers, elle a mainte- faite par des escrocs, autant voter nu sa liste, provoquant une trian- pour un escroc sympathique.” Balka- gulaire qui assure à M. Mellick, ny est le signe d’une crise qui perdu- selon toute vraisemblance, une réé- re malgré l’évaporation du FN et la lection triomphale. croissance économique. »

Claire Mesureur Dominique Foing LA PRÉPARATION DU SECOND TOUR DES ÉLECTIONS MUNICIPALES LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / 9

La droite et la gauche parisiennes font La droite lyonnaise et refont leurs calculs de répartition des sièges s’est mise sous la coupe La majorité sortante cherche à paraître réunie, l’opposition affiche sa bonne entente de Charles Millon Le mode de scrutin des élections municipales calculs des listes en présence. Mercredi 14 mars, là où leur maintien pourrait donner un siège à la dans les villes découpées en arrondissements ou à Paris, Philippe Séguin et ses alliés ont tenté de gauche. Celle-ci, qui présente partout des listes, secteurs – Paris, Marseille, Lyon – complique les nouveau de convaincre les tibéristes de se retirer espère toujours battre Jean Tiberi dans le 5e.. L’ancien ministre joue sa revanche sur 1998

« CERTAINS pensaient que le tau- ligne de mire, les 8e,10e,11e,18e, si M. Balladur. C’est cela l’union ! » à part : « Y’en a marre, ça va mal LYON Ainsi dans cet arrondissement reau allait mourir dans l’arène. Eh 19e et 20e arrondissements, qui peu- De l’Hôtel de Ville, qu’il ne quitte finir ! » « Dans le 5e, le combat est de notre correspondante important, le député de l’Ain est bien, il n’a pas été mis à mort, diman- vent « faire basculer Paris à gau- plus, M. Tiberi répond immédiate- moins un combat droite-gauche Sur les cendres de l’UDF et avec assuré qu’il n’y aura aucun con- che, à minuit ! » Ses rendez-vous che». Il est même prêt à aller l’expli- ment, sur LCI, qu’il n’a « aucune qu’un combat pour la démocratie », la complicité du RPR, Charles seiller RPR ! M. Millon, en outre, a avec la presse étant maintenant quer lui-même à M. Tiberi. Une ren- intention de s’effacer », mais qu’il commence Mme Cohen-Solal. Millon prépare minutieusement sa pris en main la communication de quotidiens, Philippe Séguin lâche, contre est envisageable, « mainte- est « d’accord » pour rencontrer le « C’est un système qu’il faut abattre, conquête de Lyon. Rompu aux la campagne, après le départ de chaque jour, une de ces formules nant que les choses sont claires ». député des Vosges. continue Mme Filipetti. Il n’y aura campagnes électorales et aux négo- l’équipe de M. Mercier. ciselée dont il a le secret. Après la Puisque ces mystères nous dépas- pas de vraie alternance à Paris si ciations d’appareils, l’ancien prési- Si M. Dubernard semble se satis- « prime à la casserole », mercredi sent, feignons d’en être l’organisa- GRIEFS ENTERRÉS Tiberi reste maire du 5e..»Sous les dent du conseil régional Rhône- faire de son seul titre de « candidat 14 mars, dans un entretien au Mon- teur… Après le coup de tonnerre Plus que quatre jours. M. Séguin cris « Libérez le 5e !», « Votez Ber- Alpes avance masqué, devant des naturel de la droite à la mairie de de (daté 15 mars), le député des qu’elle a déclenché la veille, la prési- a choisi d’aller soutenir le maire du trand ! », M. Delanoë fait son partenaires qu’il a mis au pas. Les Lyon », décerné par M. Millon, si Vosges s’imagine, jeudi, en « tau- dente du RPR, Michèle Alliot- 6e, Jean -Pierre Lecoq, seul en lice à entrée. Il dénonce « les combinai- négociations qui se sont achevées Raymond Barre s’est dit « heu- reau qui n’est pas ‘‘manso’’ » Marie, en adepte de la célèbre maxi- droite. A 15 heures tapantes, il est sons », les « les serments toujours sui- véritablement mercredi 14 mars reux » de cette nouvelle, Gérard – autrement dit qui ne refuse pas le me de Jean Cocteau, revient en scè- attablé au Café de Flore, où M. vis de parjures » et les « mécanos en sont la criante démonstration : Collomb, le candidat socialiste à la combat. ne et déclare, sur Europe 1, que la Lecoq donne la plupart de ses ren- indignes » qui « abîment » et « avi- dès avant le second tour, le prési- mairie, entouré de Bernard Soula- Combatif, M. Séguin veut prou- candidature de M. Séguin au fau- dez-vous. « Jean-Pierre Lecoq con- lissent le débat démocratique».Il dent de la Droite libérale chrétien- ge (PS) et Dominique Saint Pierre, ver qu’il l’est toujours. Qu’il y croit teuil de maire de Paris est « quel- servera, comme je l’ai toujours sou- interroge : « M. Séguin, le candidat ne est en position d’emporter plus (PRG) – les deux conseillers régio- encore. Que la bataille est « gagna- que chose d’évident ». Il est « égale- haité, la mairie du 6e », assure M. de la rupture, proposera t-il un poste de sièges au conseil municipal, où naux qui avaient participé, en 1998, ble ». La veille, le maire de Paris a ment normal et souhaitable », ajou- Séguin, qui a enterré tous ses griefs d’adjoint à Jean Tiberi ? » Il analy- se jouera l’élection du maire, que à la résistance contre la réélection lâché prise en abandonnant les te-t-elle, qu’une rencontre ait lieu vis-à-vis d’un maire, suspendu du se, comptant visiblement sur les Jean-Michel Dubernard (RPR). de M. Millon à la tête du conseil trois arrondissements- clés du scru- entre les deux rivaux. Pour la prési- RPR pour « dissidence », qui n’a voix du séguiniste Henri Guaino, Comment ? Grâce à la stratégie régional avec les voix du FN –, a tin, les 12e ,13e et 14e, que le main- dente du RPR, « Paris peut être jamais coupé les relations avec éliminé au premier tour : « Dans le qu’il a imposée dans chaque arron- mis en garde les électeurs. « Tout tien de listes dissidentes pouvait fai- gagné, il suffit d’une mobilisation M. Tiberi. Bonheur : M. Séguin croi- 5e, dimanche dernier, 60 % des élec- dissement, mais aussi à l’incroya- est organisé pour que, si la droite re basculer à gauche. Le député des supplémentaire de 2 % ou 3 % de se le footballeur du PSG Jimmy teurs ont dit ‘‘non’’ au système. » ble cafouillage qui a suivi l’accord gagnait, Charles Millon soit maire de Vosges s’est aussitôt engouffré nos électeurs ». « Trois fois rien », Algerino. Accolade. « Comment vas- Pendant ce temps, dans le conclu le 13 mars au soir avec Lyon », a déclaré M. Collomb. dans la brèche. Devant la presse conclut-t-elle. Et lorsqu’on l’interro- tu ? Tu joues à l’arrière-gauche main- 11e arrondissment, à côté de M. Dubernard. A minuit, sur le puis, tout au long de la journée, à la ge sur l’éventualité d’une réintégra- tenant ? Droite, gauche, comment Claude-Annick Tissot, M. Séguin bureau de la préfecture, figuraient UN « APPEL CITOYEN » radio, le soir, sur France 3, et de tion de M. Tiberi au sein du RPR, veux-tu que je m’y retrouve ? », plai- calcule toujours. « L’addition des dans trois arrondissements des lis- Des voix s’élèvent pour appeler nouveau jeudi matin sur RTL, il a elle souligne seulement que «la sante M. Séguin. voix des socialistes et des Verts donne tes qui, en vertu des négociations les Lyonnais à se mobiliser. Le martelé le même message : Tiberi, réconciliation est quelque chose de Plus que quatre jours. Plus que 43,66 % du total des suffrages. L’ad- acceptées par les deux partenaires, MRAP invite à « repousser une encore un effort ! normal ». Tiberi, encore un effort… quatre soirées pour les réunions dition des voix de la droite et du cen- auraient dû être retirées (Le Mon- alliance honteuse ». L’ensemble « Un premier pas a été accompli, Edouard Balladur, en ballottage publiques et les meetings. La gau- tre donne 44,56 % », lance-t-il. Le de du 15 mars), deux listes Mercier des représentants des institutions reconnaît M. Séguin, mais il faut dans le 15e arrondissement, est, lui che a décidé, mercredi soir, de s’affi- conseiller politique du RPR, Fran- dans les 1er et 9e arrondissements, culturelles, notamment Denis aller jusqu’au bout des choses. Si on aussi, favorable à une rencontre cher dans le 5e. Environ trois cent çois Fillon, est allé donné un coup une liste Millon dans le 7e.. Trouxe, l’adjoint à la culture de peut admettre des triangulaires dans Séguin-Tiberi. Il le dit sur Euro- personnes se pressent dans un de main à Jacques Toubon dans le Qualifiées d’« erreurs techni- M. Barre, ont signé un « Appel les 7e,16e et 17e, dès lors qu’il n’y a pe 1, tout en soulignant , mezza grand salon de la Mutualité. Yves 13e, où la situation a été « clari- ques » dues au fait que, dans la jour- citoyen pour un Lyon démocrati- pas de danger de gauche, il en va voce, qu’il y a « plusieurs métho- Contassot affiche un sourire fiée », comme dit M. Séguin, puis- née, chaque équipe avait déposé que et solidaire », demandant aux autrement dans six autres arrondisse- des » pour parvenir à une liste uni- radieux. « Le terne se porte au que la tibériste Michèle Laure-Ras- par prudence ses propres listes, ces Lyonnais de voter pour la gauche ments, parce que le scrutin des muni- que dans chaque arrondissement. mieux », sourit-il. Aurélie Filipetti sat, malgré ses bonnes relations bévues étaient, en réalité, une ulti- afin de ne pas « subir demain à cipales à la proportionnelle à la plus « Dans le 5e, je souhaite que les élec- et Lyne Cohen-Solal copinent. avec M. Toubon, a retiré sa liste. me tentative de résister à la fusion Lyon les errements vécus hier à la forte moyenne favorise mathémati- teurs de la liste Séguin, qui ne reste Roger Madec, maire du 19e, qui a Tiberi, encore un effort… imposée par les négociateurs. Pas- région, avec leurs conséquences quement les grosses listes. » pas en compétition, votent massive- visiblement quelques problèmes sé vingt-quatre heures, ces listes ne imprévisibles dans les domaines de Le député des Vosges a, dans sa ment pour Jean Tiberi , explique aus- avec ses Verts, prend M. Contassot Christine Garin pouvaient plus être retirées. la culture, de l’éducation, de la poli- MM. Millon et Dubernard ont dû tique de la ville, de la solidarité, de négocier, mercredi, avec les dissi- la vie associative et de la démocra- dents pour qu’ils acceptent que tie locale ». Les crapauds de Philippe Séguin dans la casserole de Jean Tiberi leur matériel de propagande et Dans la soirée, le ministre des leurs bulletins de vote ne soit pas relations avec le Parlement, Jean- L’AVANTAGE, avec Jean-François Probst, « On en arrive à se demander s’il n’y a pas Tout cela n’est pas digne du niveau de quel- imprimé. Ils ont même menacé de Jack Queyranne, qui participait au c’est qu’il a toujours une précieuse citation une prime à la casserole, indiquait M. Séguin à qu’un qui a été président de l’Assemblée nationa- « bloquer » l’impression chez le meeting de M. Collomb à L’Embar- dans la poche. « Comme disait Clemenceau, si propos des bons résultats de M. Tiberi dans le le et du RPR. Peu de temps, il est vrai. » fournisseur. En fin d’après-midi, cadère, a exprimé l’espoir qu’éclora t’es pas prêt à bouffer un bol de crapauds tous 5e, il faudra peut-être m’en procurer une. » Il en Il n’ira pas plus loin. Pas question de retirer l’équipe de M. Millon diffusait les dimanche « le printemps de Lyon ». les matins, c’est pas la peine de faire de la politi- avait déjà au moins une, qu’il avait théâtrale- les listes tibéristes dans six autres arrondisse- lettres de renonciation des candi- « Lyon joue une part de son avenir et que », expliquait doctement le directeur de la ment posée sur le bureau (Le Monde du ments comme l’exige désormais M. Séguin. dats, mais il restait une candidate de son destin. Qu’avons-nous vu communication du maire de Paris, les pieds 15 mars). « Ça nous a un peu séchés », euphé- « Il veut une reddition en rase campagne, nous virtuelle, Marie Hélène Finas, dans depuis dimanche ? Un effarant spec- sur la table. C’était assez bien vu, et Jean Tibe- mise M. Bled. L’entourage du maire a d’abord voir en robe de bure façon Bourgeois de Calais, le 1er arrondissement, puisque son tacle, une sinistre parade d’une droi- ri a effectivement dû déglutir, mercredi réfléchi aux poursuites judiciaires, avant de se grogne M. Bled. Il est maintenant tout requin- désistement, obtenu trop tard, te aux abois, qui a abandonné ses 14 mars, une couleuvre d’assez belle taille dire que l’affaire des casseroles relevait de la qué, Tartarin de Tarascon a maintenu ses gens n’avait pas permis d’arrêter l’im- devoirs vis-à-vis de cette ville et de ses après les déclarations de Philippe Séguin sur petite cuisine électorale. Le maire, frémissant dans la terreur, il a sauvé la face. » Officielle- pression des bulletins de vote. habitants. Il faut dire aux Lyonnais « la prime à la casserole » dans le 5e arrondisse- mais non bouillant, a finalement reçu France- ment la page est tournée. M. Tiberi accepte « Ma candidature reste inscrite, qu’au-delà d’une simple querelle de ment. Il l’a fait avec le sourire, quoiqu’un peu Inter, France 3 et la Chaîne parlementaire même de rencontrer M. Séguin, jure « ne pas mais je ne participe plus, puisque pouvoir, si Millon l’emportait, on crispé, mais la vengeance est un plat qui se pour un difficile exercice de zen électoral. Il est se tromper d’adversaire », et le mot d’ordre est l’on m’a demandé de me sacrifier. assisterait à un glissement de Lyon mange froid, et le maire saura s’en souvenir. vrai qu’il a l’habitude, mais il faut saluer la per- désormais de filer sur le terrain combattre les Dimanche, nous irons dans les vers l’extrême droite. Ce qui se prépa- La tempête s’était pourtant calmée. M. Tibe- formance. hordes socialistes, au nom du « chef naturel de bureaux de vote pour retirer les bulle- re, c’est le retour d’une vieille droite ri avait le sentiment d’avoir fait « un grand la majorité municipale », c’est-à-dire M. Tibe- tins », a-t-elle indiqué. conservatrice, pétrie d’ordre moral.» pas » en retirant ses listes dans quatre arron- « TARTARIN DE TARASCON A SAUVÉ LA FACE » ri, si l’on a bien suivi. Dans le 8e arrondissement, la La gauche, pour laquelle le com- dissements sensibles, faute de fusion. « Nous « Ce sont des propos irresponsables, et le signe L’affaire, pourtant, a laissé des traces. Et si situation est encore plus compli- bat contre M. Millon est avanta- avions montré qu’on avait jeté la rancune à la d’une certaine forme de désespoir, a assuré les murs de l’Hôtel de Ville ne tiennent plus quée. MM. Dubernard et Millon geux, peut faire valoir que la droi- rivière, explique Bernard Bled, le secrétaire M. Tiberi. Je ne veux pas rentrer pour l’instant que par la peinture, la haine est un moteur avaient décidé de maintenir la liste te s’est mise sous la coupe de l’an- général de la mairie, on avait plutôt bien tricoté dans cette polémique, mon seul objectif est l’inté- puissant. Les conseillers du maire se détestent Mercier, arrivée en tête, en suppri- cien président du conseil régional. notre affaire, et l’équilibre avec les listes Séguin rêt général, je me battrai jusqu’au bout pour fai- cordialement, se soupçonnent mutuellement mant le seul nom de la tête de lis- était presque parfait. » M. Séguin ne pouvait re gagner mon camp et ne pas casser la dynami- de préparer un passage à l’ennemi dans une te, Anne-Marie Comparini (UDF). Sophie Landrin pas se représenter dans deux arrondisse- que de la victoire. » Il n’est pas un peu abattu ambiance florentine ; les têtes de listes survi- Au final, il ne reste qu’une liste, ments, il avait retiré ses candidats dans quatre quand même ? « Abattu ? Pourquoi ? Je reçois vantes, qui ont parfois un peu perdu le sens mais c’est celle de M. Millon, car a FRONT NATIONAL : dans le autres, M. Tiberi dans trois, sa liste du 15e des témoignages de soutien extraordinaires. J’ai des réalités, se voient déjà dans le fauteuil du les conseillers UDF ont choisi de 8e arrondissement de Lyon,le ayant été éliminée. Leurs listes fusionné dans le sentiment profond que les Parisiennes et les maire. Et Bertrand Delanoë ? Il y a tellement se retirer, comme la présidente du seul où le FN a obtenu 10 % des le 9e. Il restait donc des triangulaires dans Parisiens me comprennent sur ce point. » Ça ne d’ennemis à combattre à l’intérieur, qu’il est conseil régional, et les conseillers voix au premier tour, sa liste, con- neuf arrondissements. C’est alors que l’Hôtel l’empêche pas d’être « ulcéré », et il s’accorde bien gentil, mais il faudra qu’il attende son RPR restants n’ont pas réussi à duite par Patricia Chicard, se main- de Ville est tombé, à l’heure du déjeuner et via un seul coup de griffe. « Le style de M. Séguin tour. recueillir à temps la majorité des tient au second tour. l’Internet, sur les déclarations du député des est apparemment subtil, pas très clair, et tout signatures qui leur aurait permis Vosges au Monde. cela est un peu triste, déplore le maire sortant. Franck Johannès de fusionner avec la liste Millon. f www.lemonde.fr/lyon 10 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001

AFFAIRES Deux hommes d’affai- ment. b LA JUSTICE de Monaco sem- blement pour la France (RPF). b LES roye et Prévost-Desprez, Philippe de tait une opération de blanchiment ». res proches de Charles Pasqua ont ble avoir mis en évidence le mécanis- FINANCES du RPF intéressent égale- Villiers, ancien vice-président du RPF, b INTERROGÉ par Le Monde, M. Pas- repoussé, jeudi 15 mars, une convo- me par lequel des fonds provenant ment les magistrats français chargés a estimé que l’opération de finance- qua a estimé qu’il n’était « concerné cation de la police monégasque qui du rachat du casino d’Annemasse de l’enquête sur le trafic d’armes vers ment via Monaco lui semblait « hau- ni de près ni de loin par cette affaire enquête sur une affaire de blanchi- auraient servi à financer le Rassem- l’Angola. Interrogé par les juges Cour- tement anormale » et qu’il « suspec- de blanchiment ». A Monaco, une enquête pour blanchiment vise des proches de M. Pasqua Entretenant des liens amicaux avec l’ancien ministre, Robert Feliciaggi et Michel Tomi, patrons d’établissements de jeux en Afrique, sont présentés par la police monégasque comme les pivots d’une « structure de blanchiment » qui aurait notamment servi au « financement de partis politiques »

MONACO par cette enquête. « Si la principau- comptes – ont attiré l’attention de Plusieurs bénéficiaires de ces l’immobilier, le financement de par- Lors d’une perquisition à la SED, de notre envoyé spécial té veut s’occuper de blanchiment, il la justice. Au centre des interroga- remises d’espèces appartien- tis politiques et la mise à disposition les policiers ont découvert un lot de L’enquête a été ouverte le 30 juin y a sans doute des gens plus impor- tions, les conditions dans lesquelles draient, selon un rapport de synthè- d’individus membres du milieu de tampons consulaires d’un Etat afri- 2000. C’était quelques jours après tants à interroger que MM. Feliciag- les bénéfices dégagés par M. Feli- se établi par la direction de la sûre- sommes importantes en liquide ». cain, qui permettait d’octroyer des la publication du rapport de la mis- gi et Tomi », nous a déclaré l’an- ciaggi lors de la revente du casino té publique monégasque daté du Le même document officiel met visas. Ils ont aussi saisi des lettres sion parlementaire française qui cien ministre de l’intérieur (lire d’Annemasse (Haute-Savoie) ont, 6 mars 2001, au milieu du grand en exergue les appuis dont dispose- adressées par des policiers en fonc- qualifiait la principauté de « centre ci-contre). pour partie, été utilisés afin de banditisme. « L’examen des remises rait ce réseau dans la classe politi- tion à Robert Feliciaggi, afin de sol- offshore favorable au blanchiment ». Souvent présentés comme les financer le Rassemblement pour la de fonds, mais également les audi- que insulaire ainsi que sur le conti- liciter ses interventions en leur C’est pourtant sous la qualification « empereurs » des jeux en Afrique, France (RPF). tions, font ressortir clairement les nent. On peut y lire cette phrase, faveur pour obtenir des mutations de « blanchiment » que le juge d’ins- MM. Feliciaggi et Tomi apparais- liens du groupe [Feliciaggi-Tomi] rédigée sans précaution excessive : dans le sud de la France. Dans le truction Jean-Christophe Hullin sent directement visés par l’enquê- COMPLEXITÉ DES FLUX avec des proches ou Jean-Gé Colon- « Au niveau national, le groupe Feli- carnet d’adresses de M. Feliciaggi, mène ses investigations, sur la piste te monégasque. Le parquet de Parmi les fonds ayant alimenté na lui-même », écrivent notam- ciaggi-Tomi est lié au parti politique également saisi, apparaissent les financière de deux personnalités Monaco avait été saisi par le service les comptes de MM. Feliciaggi et ment les policiers. En septem- français dénommé RPF et notam- noms et numéros de téléphone pri- réputées proches de Charles Pas- d’information et de contrôle des cir- Tomi, les enquêteurs ont établi que bre 1998, la commission d’enquête ment son président, l’ancien ministre vés de la plupart des protagonistes qua : Robert Feliciaggi, maire cuits financiers (SICCFIN), qui l’essentiel des sommes provenait parlementaire sur la Corse avait de l’intérieur Charles Pasqua. Des de l’« affaire Elf » (dont les anciens (DVD) de Pila Canale (Corse-du- avait détecté d’importants mouve- d’activités basées en Afrique. La estimé que « Jean-Jérôme Colonna contacts financiers, téléphoniques et dirigeants du groupe pétrolier Loïk Sud), et l’homme d’affaires Michel ments de fonds sur les comptes ban- complexité des flux constatés a ren- [pouvait] être considéré comme le professionnels sont avérés. » Le Floch-Prigent, André Tarallo et Tomi. caires détenus par les deux hom- forcé les soupçons. Plusieurs dizai- seul parrain corse ». Selon les enquêteurs, la base pari- Alfred Sirven) ainsi que les coordon- Convoqués jeudi 15 mars par la mes et par des membres de leurs nes de millions de francs ont ainsi Les enquêteurs de la principauté sienne du groupe est située dans le nées personnelles de M. Pasqua. police monégasque, les deux hom- familles au Crédit foncier de été retirés en argent liquide, soit estiment avoir découvert une 8e arrondissement de Paris, au siège mes ont fait savoir, par leurs avo- Monaco (CFM) et à la banque Mon- directement à Monaco, soit sur des « structure de blanchiment » qu’ils de la Société d’études et de dévelop- « SCANDALISÉ » cats, qu’ils ne répondraient qu’aux te Paschi. comptes ouverts à Paris (notam- suspectent d’avoir « largement utili- pement (SED), prestataire de servi- Interrogé par Le Monde, Robert questions du juge d’instruction lui- Certaines de ces opérations finan- ment à la banque Indosuez, mai- sé le secteur bancaire de la principau- ces pour le PMU-Gabon et le PMU- Feliciaggi s’est dit « scandalisé » même. M. Pasqua a, pour sa part, cières – qui portent au total sur plu- son-mère du Crédit foncier de té et des relais douteux pour se livrer Cameroun, deux établissements d’être l’objet d’« accusations sans indiqué au Monde, jeudi 15 mars, sieurs centaines de millions de Monaco) par des particuliers au à des opérations qui ont permis de gérés par MM. Feliciaggi et Tomi. fondement ».«M. Tomi et moi som- qu’il ne se sentait « pas concerné » francs, réparties sur des dizaines de profil sulfureux. réinvestir dans des activités légales, C’est aussi à cette adresse qu’appa- mes visiblement les boucs-émissaires raissent des sociétés immobilières d’Arnaud Montebourg [le député dans lesquelles les deux hommes (PS) de Saône-et-Loire, rapporteur détiennent des intérêts. Interrogé de la mission parlementaire sur par la brigade financière de Paris le Monaco]. Pourtant, tous nos comp- 1er mars, le gérant de la SED, Antoi- tes sont clairs », a-t-il dit. M. Feli- ne Pantalacci, a confirmé que des ciaggi émet également l’hypothèse employés de la société récupé- selon laquelle on lui « ferait payer raient régulièrement des fonds [ses] liens avec Charles Pasqua » – plusieurs centaines de milliers de – liens qu’il tient toutefois à nuan- francs à chaque retrait – dans des cer, précisant que s’il a bien fondé banques parisiennes. « Il m’est arri- l’antenne corse du RPF, il a récem- vé de constater que des demandes de ment « pris ses distances » avec l’an- retraits d’espèces parvenaient par cien ministre en raison de l’hostilité fax à la SED », a-t-il indiqué, préci- affichée par ce dernier aux accords sant toutefois ne plus se souvenir de Matignon sur la Corse. « ni du destinataire ni des sommes en question ». Fabrice Lhomme En toile de fond, l’achat et la revente du casino d’Annemasse LES CONDITIONS de l’achat et consenti à la SGCA. Le 20 avril de la revente du casino d’Annemas- 1994, elle obtenait l’autorisation du se (Haute-Savoie) par Robert Feli- ministre de l’intérieur, Charles Pas- ciaggi sont au cœur de l’enquête qua, pour exploiter black-jack, rou- monégasque. Les 21 et 22 février, lettes française et anglaise. lors d’une perquisition dans cet éta- Rapidement, M. Feliciaggi blissement, les policiers lyonnais ouvrait des négociations pour ont saisi des documents financiers, revendre le casino. Ce projet sem- à la demande des juges de la princi- ble correspondre à un désengage- pauté. Ces derniers cherchent à ment dans les jeux en France, puis- savoir si ces transactions, étalées qu’au même moment, il vendait au sur plusieurs années depuis 1995, groupe Partouche 50 % du casino ont dissimulé des opérations de de Grasse – contre un montant de blanchiment. 6,6 millions de francs versés sur un Les tractations avec la municipali- compte à Monaco. A Annemasse, il té pour la construction du casino faisait affaire avec le groupe avaient commencé en 1985. Elles Aaron, propriétaire du casino de furent menées par Robert Azoulay, Divonne-les-Bains, situé de l’autre président de la société civile immo- côté du lac Léman, pour un mon- bilière (SCI) de l’Arve, assisté par un tant de 100 millions de francs. «Je bureau d’études dirigé par un élu lui ai demandé : “Pourquoi restez- corse, Toussaint Luciani. « La pre- vous dans les jeux en Afrique et pas mière fois que j’ai vu M. Borrel [le ici ?” rapporte M. Aaron. Il m’a maire (DVG) d’Annemasse],il répondu qu’en France, c’était trop n’était pas très convaincu », se sou- compliqué. » vient M. Luciani. Ses réticences n’ont pas duré. Le casino pouvait « UNE MAUVAISE AFFAIRE » augmenter sensiblement les res- L’accord fut conclu le 31 mars sources de la commune. Dès 1987, 1995. Le groupe Aaron acquit le conseil municipal donnait son d’abord 51 % des parts, M. Feliciag- accord. En 1991, il rédigeait un gi restant actionnaire minoritaire. « cahier des charges pour l’exploita- Les autres 49 % firent l’objet de tion des jeux au casino d’Annemas- deux options d’achat à longue se », fixant les conditions à remplir durée – 15 % au 31 octobre 2000, et pour obtenir son agrément. 34 % au 31 octobre 2003. Un pre- Les travaux ont débuté, mais le mier versement de 34 millions de projet s’est enlisé. L’autorisation francs fut effectué en avril 1995. Le légale du ministère de l’intérieur n’a 4 novembre 1996, le casino d’Anne- jamais été donnée. Au bout de six masse devint une bonne affaire, grâ- ans, M. Azoulay a renoncé, cédant ce à l’arrivée de cent machines à la place à Robert Feliciaggi, figure sous, autorisées par le ministre de du monde des jeux en Afrique fran- l’intérieur Jean-Louis Debré. Le cophone, dont l’implantation fran- groupe Aaron entreprit à son tour çaise se limitait à des participations de revendre l’établissement, qui dans des casinos du sud de la Fran- enregistrait un déficit de 12 mil- ce. « M. Feliciaggi avait l’air banal lions de francs pour sa première d’un hommes d’affaires », se sou- année d’exploitation. Il versa par vient M. Borrel, qui dit l’avoir ren- anticipation 17 millions de francs le contré « environ cinq fois ». 3 novembre 1997, et 47,7 millions Le 18 octobre 1993, la société du de francs, le 9 octobre 1998. grand casino d’Annemasse (SGCA) Revendiquant « la transparen- obtenait de la commune la conces- ce » de l’opération, Me Jean-Domini- sion exclusive des jeux pour vingt que Lovichi, l’un des avocats de ans. L’agrément était assorti de plu- M. Feliciaggi, estime que son client sieurs obligations : rénovation a fait « une mauvaise affaire », d’une friche agricole, construction ayant cédé un casino « qui vaut du casino, versement à la ville d’une sans doute aujourd’hui entre 350 et redevance sur les jeux fixée au taux 400 millions ». maximal. Le 15 décembre 1993, un bail commercial pour les jeux était Pascal Ceaux SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / 11 Le tribunal de Châteauroux se penche sur les conditions de détention à la centrale de Saint-Maur Huit mois fermes pour Farid Nacer, détenu suicidaire qui avait lancé un cocktail Molotov sur des gardiens Mercredi 14 mars, le tribunal correctionnel de Châ- ves de suicide, le 30 janvier, ce détenu de la centra- chronique d’un drame annoncé », a affirmé son teauroux jugeait Farid Nacer pour « violence avec le de Saint-Maur (Indre) a lancé un cocktail Molo- avocat, qui réclamait depuis des semaines, en vain, la menace d’une arme ». Après plusieurs tentati- tov contre le bureau des surveillants. « C’est la son transfert vers la centrale de Poissy (Yvelines).

CHÂTEAUROUX (Indre) Le 30 janvier, son désespoir Poissy (Yvelines), plus proche du giques, alors, comment en est-on arri- de notre envoyé spécial explose. Il lance un cocktail Molo- domicile familial. Transfert qui inter- vé là ? » L’avocat a sa réponse. «La A trente-six ans, Farid Nacer a déjà tov contre la cabine des sur- viendra finalement quelques jours gestion des longues peines dans notre passé quatorze ans en prison, entre- veillants, provoquant un début d’in- après son acte délictueux. pays pose un vrai problème, assu- coupés de courtes périodes de liber- cendie. Mercredi 14 mars, le jeune re-t-il. Dans une société moderne qui té, qui l’ont homme comparaissait devant le tri- TENTATIVES DE SUICIDE condamne un individu à des peines marqué psy- bunal correctionnel de Château- « Quand le substitut du procureur aussi lourdes, on doit aussi penser à chologique- roux pour répondre de « violence m’a appelé, le 31 janvier, j’étais per- l’après, l’enfermer dans des condi- ment et physi- avec la menace d’une arme », après suadé qu’il allait m’annoncer le tions dignes et le préparer à son quement. avoir déjà passé quarante-cinq décès de Farid », poursuit Me Rozen- retour dans la vie sociale si on veut Depuis 1997, il jours en cellule disciplinaire pour bau. En décembre 2000, il avait vou- qu’il ne ressorte pas plus dangereux Les juges parisiens et monégasques purge une nou- les mêmes faits. Interrogé par le lu mettre fin à ses jours en avalant que quand il est entré en prison. » velle peine de président Yves Roussel sur les huit lames de rasoir. Auparavant, il Pour le procureur de la Républi- PROCÈS quinze ans de raisons de son acte, il dit sa solitude s’était automutilé à plusieurs repri- que, Brigitte Blind, la fragilité psy- se croisent sur la piste du RPF réclusion criminelle pour des braqua- et l’éloignement de sa famille qui ses. Ses avant-bras sont un champ chologique du détenu ne fait aucun ges. Au début de sa détention, il a ten- vit en région parisienne. de profondes cicatrices. « L’affaire doute, mais, ajoute-t-elle, « la pri- L’ENQUÊTE menée à Monaco M. Feliciaggi, Me Jean-Dominique té de combler le long temps carcéral « Depuis qu’il est à Saint-Maur, il que vous avez à juger aujourd’hui, son, qui est le lieu de la sanction, doit par le juge Jean-Christophe Hullin Lovichi, les 17,5 millions de francs en reprenant des études. Après son ne reçoit plus de visite, explique son c’est la chronique d’un drame annon- aussi être celui de la reconstruction ». croise celle instruite à Paris par Phi- transférés à Mme Mondoloni corres- transfert, en mai 2000, de la maison défenseur Me François Rozenbaum. cé », affirme l’avocat avant d’évo- Une reconstruction qui « ne doit pas lippe Courroye et Isabelle Prévost- pondraient en fait au rachat des d’arrêt de Fresnes à la centrale de Sa mère, âgée et malade, n’a pas les quer l’histoire de Farid. Après une laisser la place à la violence ». « C’est Desprez, relative aux ventes d’ar- parts que détenait le père de celle- Saint-Maur (Indre), sa vie a basculé. moyens de faire le voyage. » L’avocat enfance particulièrement troublée, ce que doit comprendre Farid Nacer, mes vers l’Angola. Initialement, les ci, l’homme d’affaires Michel Tomi, « Il y a des bagarres tous les jours connaît Farid Nacer depuis près de il commence son parcours délin- dans son propre intérêt, c’est pour magistrats parisiens semblaient sus- dans le PMU congolais. « Les actes dans les couloirs, explique-t-il. Des dix ans. Il sait sa fragilité psychologi- quant à dix-neuf ans. Des vols, pour cela aussi qu’il doit être sanctionné pecter le mouvement dirigé par de cession datent de 1996, mais mon détenus se promènent armés de tourne- que, confirmée par une expertise l’essentiel, qui lui vaudront dix pour son acte. » En condamnant Charles Pasqua d’avoir été destina- client n’a pas disposé de la somme vis. C’est une bande de racketteurs, psychiatrique, et pressentait que le condamnations successives. « Mais Farid Nacer à huit mois de prison taire de fonds provenant de ces ven- avant 1998, ce qui explique que le l’administration le sait mais ne fait pire pouvait arriver. A de nombreu- ce n’était pas quelqu’un de dange- fermes, le tribunal a en partie suivi tes d’armes. La saisie des comptes règlement soit intervenu à ce moment- rien. » Et le détenu de raconter son ses reprises, il enverra des courriers reux à l’époque, explique Me Rozen- les réquisitions de la représentante du RPF les a conduits sur une autre là », explique l’avocat. ras-le-bol, son impossibilité à faire d’alerte à l’administration pénitenti- baum. Même pour s’attaquer à des du ministère public qui réclamait dix piste. face à une situation qui le dépasse, aire et au ministère de la justice banques, il utilisait un pistolet d’alar- à douze mois d’emprisonnement. L’attention des juges s’est portée « UNE VOLONTÉ DE DISSIMULATION » lui qui, pourtant, n’a pas l’habitude pour obtenir le transfert de son me. C’était un délinquant comme sur deux chèques (de 5 millions et Interrogé le 10 janvier en qualité de « se laisser faire ». client vers la maison centrale de tant d’autres, sans troubles psycholo- Acacio Pereira de 2,5 millions de francs), versés de témoin par le juge Courroye, l’an- sur le compte de l’association de cien vice-président du RPF, Philip- financement de la liste de M. Pas- pe de Villiers, avait expliqué avoir qua aux élections européennes de questionné, en octobre 1999, Char- juin 1999. Ces chèques ont été tirés, les Pasqua et Jean-Jacques Guillet le 12 mars et le 14 juin 1999, sur un (alors secrétaire général du RPF) compte ouvert au Crédit foncier de sur ces opérations – qu’il dit avoir Monaco (CFM) par Marthe Mondo- découvertes dans un article de L’Ex- loni, présidente du PMU gabonais press. Désignant Mme Mondoloni, il a – et candidate sur la liste conduite indiqué avoir « trouvé tout à fait par M. Pasqua. anormal qu’une jeune mère de L’enquête a reconstitué la chrono- famille en 55e position [sur la liste logie de ces mouvements de fonds. européenne] fasse une avance aussi Le 9 octobre 1998, l’un des comptes importante » et précisé qu’il s’était de Robert Feliciaggi au Crédit fon- entendu répondre que « le compte cier de Monaco était crédité d’une de campagne avait été jugé régulier somme de 47,7 millions de francs, et qu’[il] n’avait pas de soucis à [se] faire ». M. de Villiers a ajouté avoir eu M. Pasqua se dit concerné connaissance, par la suite, « d’autres anomalies » – « la colistiè- « ni de près ni de loin » re domiciliée au Gabon, un chèque tiré sur une banque monégasque… » Interrogé par Le Monde, Char- – qui semblaient, selon lui, « mon- les Pasqua a déclaré n’être trer une volonté de dissimulation ». « concerné, ni de près ni de loin, « Ces écritures, a-t-il conclu, m’appa- par cette affaire de blanchiment ». raissent hautement anormales et je M. Pasqua indique qu’il « igno- suspecte du blanchiment. » rait l’origine des fonds »versés Les enquêteurs s’interrogent aus- par Mme Mondoloni au RPF. «De si sur les arrière-plans d’un plus, ajoute-t-il, si ces sommes pro- emprunt de 4 millions de francs viennent de Robert Feliciaggi, rien souscrit par M. Pasqua, à la fin du ne prouve, à ma connaissance, premier trimestre 2000, dans le sou- qu’elles soient issues de la vente du ci de combler le déficit du RPF. casino d’Annemasse. M. Feliciaggi Interrogé par la brigade financière, a, me semble-t-il, d’autres sources le 29 novembre, M. Pasqua avait de revenus. » M. Pasqua précise expliqué que ce prêt était adossé qu’il entretient depuis « une dou- au versement de 500 000 francs zaine d’années » des liens « politi- extraits de ses « économies » per- ques et amicaux » avec Robert sonnelles et de 3,5 millions avancés Feliciaggi mais affirme ne s’être par deux de ses colistiers : un chi- « jamais intéressé à ses affaires ». rurgien marseillais, Robert Assa- Il dit aussi avoir refusé, en 1995, dourian, et la même Marthe Mon- un mois avant son départ du doloni – dont il dit « bien connaître ministère de l’intérieur, une auto- [la] famille ». risation au groupe Feliciaggi « Je ne me suis pas posé la question « qui souhaitait reprendre un casi- de l’opportunité d’un prêt direct au no à Nice ». Concernant les liens parti, avait indiqué au juge l’ancien éventuels entre M. Feliciaggi et ministre de l’intérieur. Je pense que le grand banditisme, M. Pasqua les souscripteurs ont pensé que j’étais déclare : « Je n’en sais rien, mais plus solvable moralement que le tout cela ne me semble pas très RPF. » Il ajoutait : « Ce prêt n’a pas sérieux. » été remboursé. Il ne sera pas rem- boursé avant les prochaines échéan- ces législatives. Nous espérons bénéfi- en provenance du groupe Aaron, cier d’une subvention publique qui acquéreur du casino d’Annemasse épongerait nos dettes. » (lire ci-contre). Le 13 octobre 1998, Evoquant un « vrai-faux prêt de Mme Mondoloni ouvrait un compte Charles Pasqua », M. de Villiers a, au CFM. Le 21 octobre, ce compte pour sa part, expliqué avoir été était crédité de 17,5 millions de informé, en juillet 2000, « quelques francs, virés par Robert Feliciaggi. jours après le dépôt des comptes Cette somme fut aussitôt placée 1999 du RPF à la Commission de sous forme de dépôts à terme, puis contrôle du financement politi- convertie par le CFM en sicav « Euri- que », de l’existence de cet bor ». Au mois de mars 1999, puis emprunt. Le député a assuré qu’un en juin 1999, Mme Mondoloni reven- commissaire aux comptes du parti dait ces obligations pour effectuer avait évoqué devant lui « une les deux virements au profit du volonté de dissimuler le nom du vrai RPF. prêteur, parce qu’il pensait que l’ar- gent n’était pas propre ». Accusa- LA VENTE DU CASINO teur, le député a relevé qu’il n’y L’enchaînement de ces opéra- avait « pas d’échéancier sérieux » tions paraît donc attester que les organisant le remboursement, fonds qui ont alimenté les comptes pour en déduire qu’« il s’agit d’un du RPF provenaient indirectement don déguisé, en contradiction avec de la vente par M. Feliciaggi du casi- la loi sur le financement des partis no d’Annemasse. Interrogée par Le politiques qui fixe les dons à Monde,Mme Mondoloni avait assuré 30 000 francs ». « Pour moi, cette que ces sommes provenaient de sa opération n’est pas un véritable « fortune personnelle » (Le Monde prêt, a-t-il conclu, estimant qu’il du 12 janvier). A nouveau sollicitée, s’agit de l’argent blanchi de la cons- mardi 13 et mercredi 14 mars, elle tellation pasquaïenne. » n’a pas souhaité s’exprimer sur ce sujet. Selon l’un des avocats de F. Lh. 12 / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 SOCIÉTÉ

Retraitement nucléaire : la Cogema Procès Dumas : l’ex-directeur financier d’Elf condamnée à indemniser Greenpeace fragilise la défense de M. Le Floch-Prigent Le tribunal de grande instance de Cherbourg a rejeté la demande Selon M. Hustache, un ordre écrit « de la présidence » libérait les commissions de la compagnie tendant à interdire aux militants écologistes de s’approcher Dernier témoin cité à comparaître avant le réquisitoire, versements de 14 et 45 millions effectués à Christine Philippe Hustache, ancien directeur financier d’Elf-Aqui- Deviers-Joncour, qu’Alfred Sirven « n’avait pas autori- d’un navire chargé de combustible usagé approchant de La Hague taine, a affirmé, mercredi 14 mars, au sujet des deux té pour décider de ce type de commissions ».

CHERBOURG cher du navire à moins de cent damnée à verser 5 000 francs à l’as- AVEC OU SANS Alfred Sirven, le de notre envoyé spécial mètres à terre, et à moins de trois sociation Greenpeace. De surcroît, procès de l’affaire Dumas continue C’est l’arroseur arrosé. La Coge- cents mètres en mer, sous peine le tribunal enjoint la compagnie de et, à certains égards, n’en finit pas ma, habituée à poursuivre en jus- d’une astreinte de 500 000 francs fournir les pièces prouvant la régu- de finir. Mercredi 14 mars, alors tice l’association Greenpeace et à par infraction. La compagnie larité du projet de retraitement, que les débats auraient pu être clos voir celle-ci sanctionnée, a décou- arguait des « actions spectaculaires, sous astreinte de 100 000 francs depuis des semaines, s’il n’y avait vert, mercredi 14 mars, l’amertume parfois violentes et souvent dangereu- par jour en cas de non-respect de eu, juste avant le réquisitoire et les de se voir condamnée par le tribu- ses » entreprises dans le passé par cette injonction. plaidoiries prévues début février, nal de grande instance de Cher- l’association. L’avocat de celle-ci, Ce jugement a une portée symbo- l’arrestation prometteuse de l’an- bourg. La Compagnie générale des Me Alexandre Faro, répondait que lique très lourde pour la Cogema, cien directeur des « affaires généra- matières nucléaires avait assigné Greenpeace n’avait pas menacé qui se voit pour la première fois les » d’Elf, l’audience a repris. en référé l’association écologiste, d’entraver l’arrivée du Bouguenais, amenée par la justice à prouver Qu’attend-on ? Alfred Sirven a refu- demandant au juge de l’empêcher et que l’interdiction demandée qu’elle respecte la loi de 1991, ce sé de s’exprimer, conditionnant la d’entraver l’arrivée du navire le constituait une « restriction grave que contestent de longue date plu- levée de son mutisme à l’examen Bouguenais, dans le port de Cher- aux libertés fondamentales, et notam- sieurs associations écologistes. La préalable de l’affaire des frégates, bourg. Ce cargo, parti fin janvier ment à celle d’aller et de venir ». bataille judiciaire n’est pas finie. vendues en 1991 par la France à d’Australie, apporte à l’usine de La Puis il retournait l’accusation con- Car Greenpeace a assigné la Coge- Taïwan. Ce volet du tentaculaire Hague, située non loin du port, un tre la compagnie, en soulignant ma en référé d’heure à heure, dossier Elf est encore à l’instruc- chargement de combustible usagé qu’elle ne disposait pas d’une auto- demandant au tribunal d’interdire tion. Le box des prévenus est vide, issu d’un réacteur de recherche, risation de retraitement, alors que au Bouguenais de décharger sa car- la messe a presque été dite. Et se présence, selon elle, serait seule numérotés appartenant à des tiers, aux fins de retraitement. Ce com- la loi de 1991 interdit l’importation gaison. Me Faro estime que l’absen- sont envolés les espoirs de révéla- garante d’un procès équitable pour c’était forcément des commissions. » bustible nucléaire, à base d’ura- des combustibles étrangers. ce d’autorisation de retraitement, tions ou, plus simplement, peut- sa cliente. « Ça n’a aucune espèce Pour sa défense, M. Le Floch-Pri- nium très enrichi, est d’un type par- donc la violation de la loi de 1991, être, d’éclaircissements. d’intérêt et cela n’est que dilatoire », gent avait soutenu qu’il s’était peut- ticulier, et la Cogema ne possède LOURDE PORTÉE SYMBOLIQUE constitue un trouble manifeste- Une dernière fois, Me Sophie Bot- lui oppose le substitut du procu- être agi de mouvements de fonds pas l’autorisation de le retraiter Le tribunal était présidé par ment illicite. Le tribunal devait exa- taï, avocate de Christine Deviers- reur, Jean-Pierre Champrenault. d’une autre nature, qui auraient dans son usine, mais seulement de Mme Angibaud, mais il siégeait en miner cette requête, jeudi 15 mars Joncour, tente de verser des pièces Quant à Alfred Sirven : « Sa place échappé à la direction générale l’entreposer (Le Monde du 7 mars). formation collégiale étant donné le au matin, alors que le Bouguenais de cet autre volet de l’affaire Elf, est là, il peut revenir quand il veut. » d’Elf et à lui-même (Le Monde du La société, représentée par caractère exceptionnel de l’affaire se trouvait à quelques encablures mais celles-ci sont couvertes par le Comme l’on sait maintenant 1er février). Me Patrick-André Martin, deman- jugée en référé. A la surprise géné- de Cherbourg. secret de l’instruction. Elle y voit, qu’il ne reviendra pas, la présiden- « Compte tenu du montant, ce ne dait au juge d’interdire aux mili- rale, les magistrats ont rejeté la dit-elle, le moyen de faire revenir te, qui a rejeté la demande, veut pouvait être que des commissions », tants de Greenpeace de s’appro- demande de la Cogema et l’ont con- Hervé Kempf sur sa décision M. Sirven, dont la « progresser ». En attendant le assure l’ancien directeur financier, réquisitoire et les plaidoiries de par- qui détaille en outre quel était le ties civiles, fixés à lundi 19 mars, le mécanisme de l’attribution de ces substitut a « suggéré » que l’on sommes – « quelques centaines de entende un dernier témoin, qu’il a millions de francs chaque année » – invité lui-même à venir s’exprimer habituellement versées à des inter- par télécopie, ce qui, ont relevé plu- médiaires chargés, pour le compte sieurs avocats, mi-amusés mi-cho- d’Elf, de prospecter à travers le qués, constitue un procédé assez monde de nouveaux marchés curieux. Le code de procédure pétroliers. En amont : un ordre pénale prévoit en effet que, pour écrit « reçu de la présidence », con- un procès correctionnel, les tresigné d’un des directeurs géné- témoins soient convoqués par raux et transmis à la direction finan- huissier. cière ; en aval, un ordre téléphoni- que de cette direction à l’adresse ORDRES DE PAIEMENT DÉTRUITS de Rivunion, qui procédait alors au Philippe Hustache, cinquante- paiement. Il précise : « M. Sirven huit ans, a été directeur financier n’avait pas autorité pour décider ce d’Elf Aquitaine de 1985 à 1994, type de commissions. » Le témoigna- donc pendant la période des faits ge met à mal la défense de M. Le d’abus de biens sociaux reprochés Floch-Prigent. On expose encore à l’ex-PDG Loïk Le Floch-Prigent que les ordres de paiement écrits (nommé à la tête du groupe en étaient systématiquement détruits. juillet 1989), notamment les deux Une pratique ancienne, indique versements litigieux de 14 et 45 mil- M. Hustache, antérieure à l’arrivée lions de francs accordés, en 1991 et de M. Le Floch-Prigent. 1992, par Elf à Mme Deviers-Jon- cour, via sa filiale suisse Rivunion. Jean-Michel Dumay A la barre, M. Hustache est caté- Dessin : Noëlle Herrenschmidt gorique : « Lorsqu’il y avait des ver- sements de Rivunion sur des comptes f www.lemonde.fr/elf « L’affaire Kadhafi n’est pas terminée », annonce l’avocat de SOS-Attentats « LE COLONEL Kadhafi n’a gagné corder bien davantage qu’une indem- qu’une manche dans la bataille de nisation aux citoyens dont les droits l’immunité », a déclaré au Monde, ont été bafoués. Désormais, le droit mercredi 14 mars, l’avocat de l’asso- français tire les conséquences de la ciation SOS-Attentats, Me Francis justice européenne. Si une décision Szpiner. La veille, la Cour de cassa- de la Cour de Strasbourg affecte sen- tion avait annulé l’arrêt de la cour siblement celle d’une juridiction d’un d’appel de Paris, qui avait validé, le Etat membre, ce désaveu doit néces- 20 octobre 2000, les poursuites lan- sairement être pris en compte. » cées par le juge d’instruction Jean- Les plaignants espèrent que la Louis Bruguière contre le leader Cour de Strasbourg, dont la juris- libyen. La haute juridiction ayant prudence montre qu’elle s’est sou- fondé sa décision sur la « coutume vent opposée aux privilèges de juri- internationale » qui accorde une diction, leur donnera satisfaction. immunité pénale aux chefs d’Etat Une nouvelle plainte contre le colo- en exercice, l’avocat a dénoncé un nel Kadhafi pourrait alors être dépo- « combat d’arrière-garde » et sée, la prescription ne courant qu’à annoncé que « la procédure [allait] compter du 13 mars, date de la déci- continuer » (Le Monde du 15 mars). sion de la Cour de cassation, et Représentant les familles des cent pour une période de dix ans. soixante-dix victimes de l’attentat commis en 1989 contre un DC 10 UNE NOUVELLE PLAINTE d’UTA – et que la justice française a Au mois de mars 1999, la cour attribué à la Libye –, l’association d’assises spéciale de Paris avait présidée par Françoise Rudetski condamné par contumace six res- était à l’origine de cette procédure : sortissants libyens, dont le propre elle avait déposé, en juin 1999, une beau-frère du colonel Kadhafi, plainte visant nommément M. Kad- Abdallah Senoussi, ancien chef des hafi pour « complicité – par instruc- services secrets de Tripoli. Le leader tions données – d’homicides volontai- libyen n’avait pas été poursuivi en res ». Elle s’apprête à engager un personne dans cette affaire, dont recours devant la Cour européenne l’instruction avait été conduite par des droits de l’homme pour contes- le juge Bruguière. ter, devant la juridiction de Stras- SOS-Attentats avait résolu de bourg, le principe de l’immunité déposer une nouvelle plainte après dévolue à M. Kadhafi. le satisfecit officiel délivré par les « En accordant cette protection à un autorités françaises au régime chef d’Etat pour échapper à des pour- libyen, celui-ci ayant versé à la Fran- suites pénales, la Cour de cassation ce l’« indemnité » fixée par la cour met en cause le principe de l’égalité des d’assises. Depuis lors, le ministère justiciables, donc le droit à un procès public s’est constamment opposé à équitable », estime Me Szpiner, criti- la reprise de telles poursuites – qui quant un arrêt qui « revient à admet- pouvaient entraîner l’émission d’un tre implicitement que la qualité de diri- mandat d’arrêt international contre geant d’un pays autorise le meurtre ». le colonel Kadhafi. « La Cour européenne, expli- que-t-il, a désormais le pouvoir d’ac- Hervé Gattegno 14 / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 SOCIÉTÉ

La loi de lutte contre les exclusions a contribué Devant l’Académie des sciences, à faire baisser le nombre des expulsions locatives Lionel Jospin fait l’éloge Pour le DAL, les dispositifs de prévention n’ont pas « endigué significativement cette tragédie sociale » du principe de précaution Avec la fin de la trêve hivernale, jeudi 15 mars, les ans, sous l’effet conjugué de la conjoncture, favora- contenues dans la loi de lutte contre les exclusions expusions locatives pour loyers impayés vont ble aux ménages à « petits revenus », de la revalo- de juillet 1998. Les enquêtes sociales permettent reprendre. Mais celles-ci ont baissé, depuis trois risation des aides au logement et des innovations notamment d’accorder des délais de paiement. Le premier ministre souligne la responsabilité de l’Etat

LA TRÊVE HIVERNALE est ter- 29 800 dossiers (contre 32 300 en les FSL, rappellent les services de petit ou ne font rien », poursuit S’EXPRIMANT, jeudi 14 mars, mentaire des tissus potentielle- minée. A compter de jeudi 1997) et accordé 13 900 fois (en M. Besson, « interviennent dans M. Doutreligne. Dans bien des cas, devant l’Académie des sciences ment infectés ou de la « suspen- 15 mars, les expulsions locatives diminution de 3,8 %). Bref, tous les l’élaboration de plans d’apurement les moyens manquent : « La préfec- dans le cadre d’un colloque franco- sion » de l’utilisation des farines pour impayés de loyers repren- indicateurs sont en baisse, excepté de la dette », en amont ou au tout ture de Paris ne dispose que de britannique consacré à l’encéphalo- animales. nent, excepté dans quelques un : celui des interventions effecti- début de la procédure judiciaire. “deux personnes et demie” pour trai- pathie spongiforme bovine (ESB, « Toutes les mesures prises ont pour départements ou communes ves de la police, qui ont été légère- ter, chaque mois, environ six cents ou maladie de la vache folle), ainsi objectif la réduction du risque pesant – comme Paris – où l’on accorde, ment plus nombreuses en 1999 L’EFFET DES ENQUÊTES SOCIALES dossiers de locataires assignés qu’à la forme humaine de cette sur la population, a-t-il expliqué.A aux locataires de bonne foi, un sur- (4 866) qu’en 1997 (4 753). La baisse du nombre d’assigna- devant les tribunaux », déplore maladie neurodégénérative, Lionel travers ces mesures et toutes celles pri- sis jusqu’à la fin du mois. « Des mil- Comment interpréter ces don- tions et de jugements d’expul- Pascal Robin, directeur de la Jospin a, pour la première fois, trai- ses depuis plus de trois ans et demi à liers de familles vont devoir quitter nées ? Au secrétariat d’Etat au sions, observée en 1998 et confir- Confédération générale du loge- té de cette question majeure de san- propos de l’ESB ou d’autres crises sani- leur logement », s’indigne Droit au logement, on se garde de toute mée en 1999, résulterait donc, en ment à Paris. « L’enquête sociale té publique (Le Monde du 14 mars). taires, le gouvernement traduit en logement (DAL), dans un conclusion hâtive. Le dispositif de partie, d’une conjoncture plus est, de fait, le parent pauvre du dis- Il a aussi développé sa conception actes sa conviction profonde : la pro- communiqué diffusé mercredi. prévention a été mis en place en favorable pour les ménages à positif alors qu’elle en est la clé de d’une « politique de précaution ». tection de la santé publique est une Pour l’association dirigée par Jean- période d’embellie économique, « petits revenus ». Mais elle est voûte, au terme de la loi », résume « La responsabilité appelle, en matiè- responsabilité première de l’Etat. » Baptiste Eyraud, le dispositif de rappelle-t-on dans l’entourage de aussi le fruit des innovations intro- André Gachet, responsable de la re de santé publique, la mise en prévention des expulsions (lire Louis Besson ; le nombre de ména- duites en 1998, estime-t-on dans Fédération des associations pour œuvre du principe de précaution,a RÉÉVALUATION RÉGULIÈRE ci-dessous) contenu dans la loi de ges qui ne sont pas en mesure de l’entourage de M. Besson : « Dès la promotion et l’insertion par le déclaré le premier ministre. Ce der- M. Jospin a par ailleurs souligné « lutte contre les exclusions » de régler leur loyer est a priori moins la promulgation de la loi, les juges logement (Fapil). nier a originellement été dégagé à l’importance qu’il fallait accorder à juillet 1998 n’est pas parvenu «à élevé lorsque le marché de l’em- pouvaient accorder des délais aux Les sections départementales propos des questions de protection la réévaluation régulière d’une telle endiguer significativement cette ploi s’améliore. En outre, les aides familles pour qu’elles règlent leurs d’aides au logement (SADPL) pâtis- de l’environnement. Puis, son appli- politique de précaution, ainsi qu’à tragédie sociale ». au logement ont été revalorisées loyers. » sent, elles aussi, d’une cruelle situa- cation s’est rapidement étendue à la la nouvelle articulation entre l’éva- L’évolution des statistiques de plusieurs milliards de francs Les enquêtes sociales conduites tion de sous-effectifs : des mis- santé publique, au point que celle-ci luation scientifique du risque et la témoigne pourtant d’une inflexion depuis la victoire de la gauche plu- auprès des locataires à la demande sions nouvelles leur ont été constitue aujourd’hui un terrain pri- gestion politique de ce dernier. certaine : en 1999, 97 500 procédu- rielle, en juin 1997 ; le « rattrapage du préfet peuvent également contri- confiées mais les personnels sont vilégié de sa mise en œuvre. Ce passa- « Les décisions du gouvernement res ont été engagées devant les tri- de pouvoir d’achat a été notable buer à faire chuter les décisions restés inchangés. Enfin, la coordi- ge d’un domaine à l’autre tient sans s’appuient donc sur des avis révisés bunaux à l’initiative de bailleurs pour les ménages disposant de fai- d’expulsion. « Quand [les enquêtes] nation entre les bailleurs, les doute au caractère irréversible et à aussi souvent que nécessaire par les contre leurs locataires défaillants ; bles ressources », souligne-t-on. sont bien faites, les magistrats accor- huissiers, les services sociaux et les la gravité extrême des dommages agences de sécurité sanitaire », a pré- deux ans auparavant, ce chiffre dent presque systématiquement des magistrats est loin d’être réalisée encourus dans les deux cas : atteinte cisé le premier ministre. était de 113 500. Suite à ces ENVELOPPE BUDGÉTAIRE DOUBLÉE délais aux locataires », affirme partout : en août 2000, les chartes irrémédiable au patrimoine naturel La prise en compte des risques recours, près de 71 500 décisions Enfin, l’Etat a pratiquement dou- Patrick Doutreligne, secrétaire géné- de prévention des expulsions, qui et aux droits des générations futures de transmission interhumaine de d’expulsion ont été prononcées blé son enveloppe budgétaire en ral du Haut Comité pour le loge- sont censées organiser ce partena- dans l’un, disparition de vies humai- l’agent de la vMCJ illustre égale- (contre 88 000 en 1997) ; elles ont faveur des Fonds de solidarité loge- ment des personnes défavorisées. riat, n’avaient, selon Patrick nes dans l’autre. » ment la mise en œuvre d’une politi- débouché sur environ 38 500 com- ment (FSL), qui aident les familles Mais ce travail social n’est pas Doutreligne, toujours pas été De ce point de vue, la maladie que de prévention. « Si le risque mandements à quitter les lieux, en difficulté à trouver un toit ou à toujours mené comme la loi le pré- signées dans un tiers des départe- de la vache folle, dont le premier transfusionnel lié aux maladies à soit une baisse de 19,2 % en deux le conserver : de 275 millions de voit. « Une trentaine de départe- ments. ministre observe qu’elle est une prions reste hypothétique, nous ans. Le concours de la force publi- francs en 1997, celle-ci est passée à ments accomplissent bien cette « source d’inquiétude pour les avons pris des mesures successives que a été demandé dans quelque 500 millions en 2000. Or tâche ; les autres s’y engagent petit à Bertrand Bissuel consommateurs et de désarroi pour visant à le minimiser plus encore », toute une filière professionnelle », a-t-il fait valoir. Quant aux risques s’inscrit pleinement, avec la varian- liés aux actes médicaux et chirurgi- Les étapes de la nouvelle procédure te de la maladie de Creutzfeldt- caux, « ils sont aussi à prendre en Pédophilie : Jack Lang appelle Jakob (vMCJ), dans cette problé- compte, en raison de la présence du b Avant l’assignation. en être informé deux mois avant matique à la fois politique et sani- prion pathologique dans les tissus Si un locataire ne règle plus l’audience. Il diligente une taire. « Pour ce qui est des principes périphériques des patients atteints ses loyers, son bailleur peut, après enquête sociale, qui évalue les enseignants « à la vigilance » qui ont guidé et continuent de gui- de la maladie de Creutzfeldt-Jakob l’avoir relancé, lui adresser par les difficultés du locataire der le gouvernement dans ce qu’il nouveau variant. » Le premier voie d’huissier un commandement et cherche des solutions (examen UN MOIS APRÈS l’affaire de l’instituteur de Cormeilles (Eure), le minis- est convenu d’appeler la crise de la ministre a enfin rappelé qu’une cir- à payer. Cette première étape est des droits de l’intéressé tre de l’éducation nationale a adressé, mercredi 14 mars, à l’ensemble vache folle, nous avons mis en culaire relative à la prévention de obligatoire dans une procédure en matière d’aides au logement, des recteurs et des inspecteurs d’académie, une lettre appelant au œuvre une politique de précaution. ce risque était actuellement diffu- de résiliation de bail. A ce stade, saisine du FSL, plan d’apurement « devoir de vigilance » face aux actes de pédophilie. Le texte reprend l’es- Cette politique a une priorité : la san- sée à l’ensemble des établisse- la Section départementale d’aides de la dette, relogement…). sentiel des mesures de la circulaire de 1997 sur les violences sexuelles : té publique », a souligné M. Jospin. ments de soins (lire ci-dessous)et au logement (SADPL) ou la Caisse Le préfet transmet au juge dans le cas de rumeurs ou de signes de souffrance de l’enfant, le fonc- Il a rappelé les grandes lignes de sa que se mettait en place un système d’allocations familiales (CAF) une fiche de renseignements tionnaire doit « informer les autorités académiques » ; l’écoute de l’en- politique destinée à lutter contre d’assurance de qualité dans le doivent être saisies, avant même sur la situation du locataire afin fant « doit être consacrée » ; l’information des familles « doit être faite l’épidémie animale et prévenir la domaine de la stérilisation doté l’assignation en justice, s’il s’agit qu’il dispose de tous les éléments sans retard » ; si des faits répréhensibles ont été commis ou si une transmission de l’agent pathogène d’un financement global de 1 mil- d’un bailleur social. pour fonder son jugement. procédure pénale a été engagée « une mesure de suspension immédiate à l’espèce humaine, qu’il s’agisse liard de francs. Celles-ci tentent d’élaborer b A l’audience. Le tribunal doit être prise à l’égard du fonctionnaire en cause ».Un« document d’ac- de la surveillance et du dépistage un plan d’apurement des dettes peut suspendre la procédure compagnement » de la circulaire sera publié au Bulletin officiel et diffusé de l’ESB, du retrait de la chaîne ali- Jean-Yves Nau du locataire ou orientent et accorder des délais à la rentrée 2001 à tous les personnels des établissements scolaires. Le celui-ci vers des dispositifs de paiement, en vérifiant ministre promet également « un effort important » en matière de forma- d’aides tels que le FSL par la suite les engagements tion des inspecteurs de l'éducation nationale. Enfin, au titre des mesu- (Fonds de solidarité logement). du locataire défaillant. res de prévention, un livret pédagogique sera publié à l'attention des L’Etat organise la prise en charge des b Après l’assignation et avant Si le juge résilie le bail, équipes éducatives et le « passeport pour le pays de prudence » fera l’audience. Si un locataire – il peut transmettre le dossier l'objet d'une nouvelle campagne de diffusion auprès des élèves. résidant dans le parc social du locataire au préfet, personnes atteintes de maladie à prions ou privé – est assigné devant pour que soit recherchée les tribunaux, le préfet doit une solution de relogement. Création d’une mission d’inspection ÉLISABETH GUIGOU, ministre thies spongiformes subaiguës humai- de l’emploi et de la solidarité, et nes », comprenant « un médecin, Bernard Kouchner, ministre délé- un assistant social, un psychologue sur la sécurité des dépôts d’explosifs gué à la santé, ont signé, mardi et un secrétariat ». Située à l’hôpi- 13 mars, deux circulaires : l’une est tal de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, LE GOUVERNEMENT a décidé la création, mercredi 14 mars, d’une relative au renforcement des mesu- où sont déjà regroupées des struc- mission interministérielle d’inspection sur la sécurité des dépôts d’ex- res de prévention du risque de tures nationales concernant les plosifs, une semaine après le vol de 1,6 tonne de dynamite par un com- transmission des agents non con- ESST, cette cellule, à la disposition mando de l’ETA dans l’Isère (Le Monde du 10 mars). Cette mission, qui ventionnels, comme le prion, dans des professionnels, « ne sera pas TURQUIE devrait rendre un premier rapport en avril, sera composée de hauts les établissements de santé ; un lieu de prise en charge des fonctionnaires de quatre corps de contrôle des ministères de l’inté- l’autre porte sur « la prise en char- patients et n’aura pas vocation à Comment dépasser la crise bilatérale rieur et de la défense, ainsi que du secrétariat d’Etat à l’industrie. ge des personnes atteintes recevoir les patients et leurs et aider les entreprises à mieux évaluer Selon le ministère de l’intérieur, elle aura « pour objet de procéder à d’encéphalopathies subaiguës spon- familles ». Elle sera en relation le risque turc après la dévaluation une évaluation complète des dispositions réglementaires et pratiques giformes transmissibles [ESST] ». avec plusieurs autres structures : mises en œuvre pour assurer la surveillance et la sécurité des dépôts d’ex- Face aux agents transmissibles les deux laboratoires, à Paris et à MERCREDI 21 MARS À PARIS plosifs » et pourra faire « toutes propositions destinées à améliorer la sur- non conventionnels (ATNC), le pre- Lyon, où sont réalisés les examens veillance et la sécurité de ces sites, qu’elles aient un caractère législatif, mier texte demande «lamiseen biologiques permettant d’étayer Nord Sud Export et Le Monde convient les hommes d’affaires réglementaire ou opérationnel ». à une matinée de travail (8 h 30 à 12 heures) afin d’examiner ensemble : œuvre du plus haut niveau de pré- une suspicion d’ESST ; le réseau caution compatible avec le matériel national de neuropathologie de la ● Les conséquences pratiques de la crise actuelle dans les relations DÉPÊCHES utilisé, en fonction des caractéristi- maladie de Creutzfeldt-Jakob ; le franco-turques a ÉDUCATION : deux cents ques du patient ». Il préconise réseau de surveillance épidémiolo- ● L’ajustement économique et financier de ce pays l’an dernier puis enseignants ont manifesté, mer- « l’usage unique pour tout matériel gique des ESST centralisé par l’Ins- à nouveau cette année, à la suite de la crise bancaire. credi 14 mars, devant le ministère en contact avec les tissus à risque, titut national de veille sanitaire. ● Les effets de la récente dévaluation de la livre turque de l’éducation, pour la défense des dès lors que la qualité et la sécurité ● La modernisation du système politique et de la société turque langues vivantes. A l’appel des syn- des soins sont assurées ». Dans le UNE AIDE D’URGENCE ● Le calendrier possible de la candidature turque à l’Union européenne dicats SNES, SUD-éducation, cas où cela n’est pas possible, la cir- La circulaire rappelle par ailleurs Cette rencontre exceptionnelle réunira les meilleurs experts turcs CGC, FO, CGT et d’associations de culaire prévoit « de traiter le maté- les dispositions existantes « per- et français autour de MM. Erkut YACAOGLU et Tuncay ÖZHILAN, spécialistes, ils dénoncent la baisse riel par le procédé d’inactivation mettant de réduire les délais de trai- ancien et nouveau président de la TÜSIAD (patronat turc). des horaires de langues au collège des ATNC le plus efficace qu’il puis- tement administratif des dossiers de et au lycée, les effectifs « pléthori- se supporter. » Les ministres préci- demande d’aide et de prestations ques » et réclament une « diversifi- sent qu’un « plan pluriannuel d’ac- auprès des Cotorep. » Cela suppo- Programme, renseignements et inscriptions auprès de : cation » des langues proposées. compagnement financier est mis en se, précisent les ministres, d’« éla- Christelle TORRES a ASILE : l’Office français de œuvre dès cette année » et que les borer un recensement exhaustif à protection des réfugiés et apa- taux d’évolution de l’objectif natio- l’échelon de chaque département » NORD SUD EXPORT trides (Ofpra) a accordé, mercre- nal des dépenses d’assurance-mala- des différents types d’aide mobili- Tél. : 01-44-97-55-35 - Fax : 01-44-97-55-36 di 14 mars, le statut de réfugié à die ont été fixés en tenant compte sables et de « tenir cette informa- E-mail : [email protected] deux nouveaux membres du des conséquences de ces mesures. tion à jour et disponible pour l’en- Ce séminaire « Entreprises » est une réunion payante groupe de Tziganes hongrois arri- La seconde circulaire a pour semble des professionnels ». Afin de vés à Strasbourg en juillet (Le objectif de fournir aux profession- « couvrir de manière forfaitaire les Monde daté 11-12 mars). Huit nels « les informations nécessaires dépenses exceptionnelles liées à la autres personnes avaient déjà au diagnostic et à la prise en charge maladie, non prises en charge par obtenu ce statut jeudi 8 mars. [des personnes atteintes d’une la Sécurité sociale », la circulaire a JUSTICE : six policiers du nord ESST], ainsi qu’à l’accompagne- invite ses destinataires à accorder de la France qui avaient poursuivi, ment de leurs familles ». Du fait des aux personnes et aux familles qui en septembre 1998, une voiture en difficultés de diagnostic et de prise la sollicitent une aide d’urgence territoire belge ont été condamnés, en charge, la circulaire arrête le dans la limite de 200 000 francs mercredi 14 mars, à des peines principe de la désignation d’une (30 489,80 euros). d’amende par le tribunal d’Avesnes- personne référente par l’équipe sur-Helpe (Nord), pour « violation soignante, en accord avec la Paul Benkimoun des accords de Schengen ». famille, et crée une « cellule natio- nale de référence des encéphalo- f www.lemonde.fr/prion 16 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 L’économie de la Mayenne frappée de plein fouet par la mise en quarantaine Dans ce département d’élevage, un actif sur quatre travaille dans la filière agroalimentaire. Le cordon sanitaire imposé par les cas de fièvre aphteuse inquiète autant les agriculteurs que les chefs d’entreprise, qui craignent un effet négatif à long terme

LAVAL Deux départements concernés principales entreprises agroalimen- advenir des autres. « Un veau de En dépit de leur colère, les agricul- duction. « L’embargo à l’exportation de notre envoyé spécial taires d’Europe. Lactalis, par exem- huit jours, s’il n’est pas vendu, il ne teurs de Mayenne s’interdisent, devrait jouer aussi en sens inverse : MANCHE CALVADOS Mercredi 14 mars, Laval était la ple, dont le siège est à Laval, vaut plus rien », expliquait ainsi un pour le moment du moins, toute tous les abattoirs et les laiteries de la capitale du monde et s’en serait BASSE-NORMANDIE emploie 1 600 personnes dans le exploitant. « Nous n’aurons pas manifestation. « Pour respecter le zone – Mayenne et Orne – devraient ORNE bien passée. Devant des journalis- Alençon département, sur un total de d’autres solutions que de les abattre principe de précaution, nous ne vou- être réservés en priorité aux produc- tes de toute l’Europe venus auscul- 16 000 employés dans le monde. à la ferme et de les brûler, comme lons pas de regroupement d’agricul- tions des deux départements. » ter la région abritant le premier BRETAGNE MAYENNE « C’est une catastrophe économi- s’ils étaient porteurs du virus », ajou- teurs », explique M. Jehan. Les responsables des industries foyer continental de fièvre aphteu- Le Mans que, il faut que les pouvoirs publics tait un de ses voisins. « Ces mesu- agroalimentaires, reçus aussi à la se, les responsables du départe- français et européens mettent les res sont démesurées, on nous a dit PLUS OU MOINS CONCERNÉS préfecture, sont partagés. Certains Laval ment ont tenté toute la journée moyens pour éradiquer le virus et qu’il n’y avait aucun risque pour les Mercredi, avec les autres organi- estiment que les mesures décidées d’abord de comprendre, ensuite SARTHE pour nous aider », déclarait Jean- produits agricoles et voilà qu’on sations professionnelles, ils ont à Bruxelles ne les concernent pas et de réagir aux décisions prises la LOIRE- Angers Louis Viot, président de la cham- impose un embargo sur notre petit notamment demandé aux pouvoirs qu’ils pourront continuer à com- veille à Bruxelles. Sous bénéfice ATLANTIQUE bre d’agriculture de Mayenne, à l’is- pays », s’emporte Philippe Jehan, publics d’organiser la collecte du mercialiser leurs produits, ceux-ci d’inventaire et d’exception, les sue d’une réunion à la préfecture. responsable du centre départemen- lait et de la viande de manière à évi- respectant toutes les directives sani- autorités européennes ont décidé NANTES « Nous avons besoin (…) de réponses tal des jeunes agriculteurs (CDJA). ter au maximum les pertes de pro- taires européennes. D’autres sont d’interdire toute exportation de PAYS concrètes : le lait peut-il encore être plus sceptiques et attendent d’avoir DE LA LOIRE viande et de produits à base de 25 km commercialisé, la viande bovine, les des précisions. « L’effet sera de toute viande ou de lait à partir des dépar- porcs peuvent-ils encore être collec- Vingt exploitations sous surveillance en France façon négatif », estimait le responsa- tements de la Mayenne et de l’Or- VENDÉE tés et commercialisés ? », ajoutait- ble d’une petite entreprise de pro- ne. Ceux-ci se retrouvent en quel- il. Pour lui, la responsabilité est évi- Jeudi 15 mars, le nombre des animaux abattus et détruits dans le duits laitiers. « Nous collectons le que sorte mis en quarantaine à l’in- dente : « L’ESB est venue d’Angleter- cadre de la lutte contre l’épizootie de fièvre aphteuse s’élevait, en lait sur cinq départements, comment térieur même d’une France déjà maintenant une lutte économique re, la fièvre aphteuse, aussi. Il n’y a France, à 36 187. On précise à la direction générale de l’alimentation allons-nous procéder désormais ? », entourée de cordons sanitaires et qui s’engage. Un chiffre permet de pas les mêmes contraintes sanitaires qu’il s’agit de 17 750 ovins importés de Grande-Bretagne, de Belgique se demandait un autre. Reste main- d’une Union européenne elle- comprendre l’ampleur du défi : en Angleterre que sur le continent, et des Pays-Bas, ainsi que de 18 098 ovins, 233 bovins, et 106 porcs tenant à savoir comment vont se même mise au ban du commerce près d’un Mayennais actif sur qua- surtout en France. Je crois qu’il faut ayant été en contact avec ces animaux d’origine étrangère. Vingt mettre en place les contrôles aux mondial. tre travaille directement ou indirec- maintenant éviter que les animaux exploitations situées dans treize départements sont toujours placées « frontières » du département. Alors que la lutte contre le virus tement dans la filière agroalimen- vivants transitent par ce pays. » sous surveillance. L’Agence française de sécurité sanitaire des ali- Pour le moment, 200 gendarmes s’intensifie, avec de nouveaux abat- taire ! Deuxième département A peine 10 % des bovins étant ments a procédé à près de 4 400 examens sur les bêtes importées. Sur sont « sur le front ». tages et la définition probable de d’élevage de France, la Mayenne abattus dans le département, les 2 646 résultats disponibles, 317 sont positifs. Sept analyses virologi- nouvelles zones de sécurité, c’est abrite aussi quelques-unes des éleveurs se demandent ce qu’il va ques sont en cours. José-Alain Fralon Yves Leforban, secrétaire de la commission européenne Bruxelles critique l’embargo nord-américain décrété contre l’Union européenne de lutte contre la fièvre aphteuse à la FAO BRUXELLES L’évolution de l’infection sur dix ans de notre bureau européen L’Europe placée en quarantaine ANNÉES « Il est exclu que l’Europe revienneàla pour cause de fièvre aphteuse ? D’APPARITION C’est sans doute trop dire à ce sta- DES de, mais il est vrai que la liste des PREMIERS CAS vaccination préventive d’avant 1991 » pays qui ont adopté des mesures DE FIÈVRE pour interdire les exportations de APHTEUSE, « A quel titre, et depuis quand, nombre de pays n’étaient pas, il est viande et produits laitiers (voire de PAR PAYS la FAO est-elle impliquée dans la vrai, très favorables à l’arrêt. céréales) en provenance de lutte contre la fièvre aphteuse ? C’était notamment le cas de la Fran- l’Union ou simplement de France, – La commission européenne de ce, où des oppositions s’étaient n’a cessé de s’allonger depuis qua- lutte contre la fièvre aphteuse a été manifestées au niveau des services 1990-1992 rante-huit heures – avec notam- créée en 1954, avant même la nais- vétérinaires. Il fallait aussi compter ment la Russie, le Japon, la Suisse, sance de la CEE, à une époque où la avec la définition, par l’Office inter- la Norvège, la Pologne –, ce qui ris- fièvre aphteuse était endémique en national des épizooties, des caracté- que d’entraîner d’importantes con- 1993-1995 Europe. L’objectif était l’éradica- ristiques permettant à certains séquences économiques pour les tion de cette maladie virale sur l’en- pays de se déclarer indemnes de fiè- Européens. La Commission de semble du continent, à partir d’une vre aphteuse. Ces pays devaient Bruxelles a critiqué, mercredi lutte coordonnée dans les diffé- impérativement avoir arrêté toute 14 mars, ces différents embargos 1996-1998 rents pays. On s’était en effet rendu pratique vaccinale. Et si l’Europe décrétés par des « pays tiers »,les compte qu’il ne s’agissait nulle- souhaitait continuer d’exporter estimant dénués de toute justifica- ment d’un problème devant être vers les pays indemnes, il fallait tion sanitaire, et donc « à la fois 1999-2001 traité à l’échelon national, les épidé- arrêter de vacciner. excessifs et sans nécessité », comme mies aphteuses, comme bien – Au-delà des arguments éco- l’a souligné David Byrne, commis- Source : FAO d’autres, ne respectant pas les fron- nomiques et commerciaux, y saire européen chargé de la santé tières. Actuellement, la commis- avait-il, dans cette décision, des et de la protection des consomma- américaine à l’agriculture, et il a elle bafoue le « principe de régiona- parce que l’Argentine a elle-même sion réunit les quinze pays de arguments sanitaires ? teurs, devant l’Assemblée de Stras- reçu d’elle l’assurance que les lisation », lequel veut que des mesu- suspendu ses exportations de vian- l’Union européenne et, au total, – Il s’agissait d’abord d’une déci- bourg. mesures décidées par l’administra- res sanitaires s’appliquent aux de fraîche vers les Etats-Unis, le trente-trois pays européens. sion prise au vu d’études coûts- La Commission regrette tout spé- tion républicaine (valables pour seuls pays et régions concernés par Canada et le Chili. A ce stade, on – Cette commission a-t-elle bénéfices, mais il y avait aussi des cialement les restrictions impo- deux semaines) seront rapidement une épizootie, en l’espèce le Royau- se garde, à Bruxelles, d’envisager participé au débat, ouvert à la arguments sanitaires, les pays con- sées par les Etats-Unis et le Cana- réévaluées. De son côté, Ann Vene- me-Uni et deux départements fran- une détérioration des relations fin des années 80 au sein de la tinuant la vaccination prenant le da à l’ensemble de l’Union euro- man s’est efforcée d’expliquer à çais, la Mayenne et l’Orne. Ce prin- transatlantiques pour cause de fiè- CEE, sur l’opportunité d’aban- risque de laisser circuler le virus péenne (Washington a suspendu ses concitoyens qu’ils ne devaient cipe trouve son origine dans vre aphteuse, mais David Byrne a donner la vaccination anti-aph- aphteux dans leurs populations les importations de viande, d’ani- pas « paniquer », tout en souli- l’« accord d’équivalence vétéri- rappelé que, « si nécessaire », l’Eu- teuse ? animales. maux vivants et de produits non gnant que l’agriculture américaine naire » existant entre les Etats-Unis rope n’hésitera pas à faire appel – Elle a bien évidemment été – Selon vous, les politiques pasteurisés, alors que Montréal a risquait de perdre « des milliards et l’Union européenne, et qui a été aux règles de l’Organisation mon- très largement associée à ce débat. menées par la Grande-Bretagne étendu cette mesure à tous les pro- de dollars » si l’épizootie de fièvre entériné par l’Office international diale du commerce (OMC) pour On peut même dire que c’est au et la France d’abattage, de des- duits agricoles), mais elle prend aphteuse se propageait aux Etats- des épizooties : le postulat est que obtenir la levée des restrictions sein de cette commission que ce truction et de confinement des soin de ne pas envenimer le débat, Unis. Washington applique donc chacun fait confiance aux services américaines. débat a eu lieu. Nous avons notam- animaux suspects sont-elles sachant que celui-ci présente strictement le principe de précau- vétérinaires de l’autre partie. La Commission estime que, glo- ment mené diverses études pour insuffisantes ou, au contraire, potentiellement le risque de dégé- tion, devenu une politique incon- La Commission rappelle à ce balement, la production de viande préciser au mieux les éléments chif- excessives ? nérer en une nouvelle querelle tournable de l’Union européenne, sujet que les Etats-Unis ne se sont et de produits laitiers représente frés du problème. A la fin des – Non. Ces mesures correspon- commerciale transatlantique, et ce en particulier vis-à-vis des organis- pas privés de souligner leur atta- quelque 40 % des recettes agrico- années 80, nous avons fait diver- dent à une réglementation euro- au moment où les Quinze, en mes génétiquement modifiés chement à cette règle à l’occasion les de l’Union européenne. Selon ses estimations pour savoir com- péenne parfaitement bien définie, dépit de nombreux contentieux (OGM) d’origine américaine… de l’épidémie de peste porcine qui des chiffres assez approximatifs, bien coûtait un foyer épidémique et dûment acceptée. Elles corres- commerciaux, s’efforcent d’établir a frappé la Belgique et les Pays- l’ensemble des exportations agrico- dans chaque pays, et comparé ce pondent aussi aux règles de l’Offi- un dialogue constructif avec l’ad- « PRINCIPE DE RÉGIONALISATION » Bas, en 1997. La Commission s’esti- les européennes aurait représenté chiffre au coût des vaccinations. ce international des épizooties, et ministration du président George Pour Bruxelles, la décision améri- me d’autant plus fondée à criti- une somme globale de 70 milliards Des études conduites en collabora- elles seraient globalement mises W. Bush. caine frappant l’ensemble de quer les manquements à cette d’euros en 1999. Bruxelles s’est, tion avec la CEE ont cherché à pré- en œuvre de la même façon dans David Byrne a pris contact avec l’Union européenne est cependant approche régionale (l’embargo d’autre part, élevé contre les mesu- voir le nombre de foyers pouvant les pays indemnes, s’ils devaient à Ann Veneman, secrétaire d’Etat inacceptable, dans la mesure où américain, a fort diplomatique- res d’embargo décrétées par le apparaître à court et moyen terme leur tour être contaminés. ment souligné un porte-parole, Maroc, notamment, et, sem- dans l’espace européen. Aujour- – L’actuelle flambée épizooti- « n’est pas proportionné »), que ble-t-il, la Hongrie, la Slovaquie et d’hui, on peut dire que ces prévi- que britannique justifie-t-elle de c’est celle-ci qui a guidé sa propre la Tunisie, à l’encontre des exporta- sions se sont révélées exactes, et revenir, comme plusieurs respon- décision de limiter l’application de tions de céréales provenant du qu’elles se situent même dans le sables le demandent en ce mesures restrictives à deux dépar- Royaume-Uni, voire de l’ensemble bas de la fourchette calculée. moment en France, à la pratique tements français. de l’Union européenne : «Jen’ai – Y compris en tenant compte des vaccinations d’avant 1991 ? Les experts européens justifient jamais vu de blé attraper la fièvre de l’actuelle épizootie britanni- – La vaccination durant une épi- a contrario leur décision de décré- aphteuse », a souligné le président que ? zootie interdit de retrouver le sta- ter un embargo (jusqu’au 15 avril) de l’Office national des céréales – Oui. La commission avait pré- tut de pays indemne de fièvre aph- à l’encontre de toute viande fraî- (ONIC), Christian Lapointe. vu, en 1990, pour les dix ans à teuse avant plusieurs années, alors che en provenance d’Argentine, venir, entre un et cinquante foyers que la politique d’abattage-des- notamment par le fait que ce pays Laurent Zecchini primaires (correspondant à l’appa- truction permet de retrouver ce n’a jamais été reconnu comme rition du virus dans un pays), et statut trois mois après la fin de « indemne » de fièvre aphteuse, et f www.lemonde.fr/epizootie vingt-cinq à mille foyers secondai- l’épizootie, dès lors qu’il est prou- res (correspondant à la contamina- vé que le virus aphteux ne circule tion d’autres élevages). L’épizootie plus. Quant au retour à la vaccina- britannique actuelle, avec un peu tion préventive telle qu’elle était plus de 200 foyers, ne modifie pas pratiquée avant 1991, c’est totale- fondamentalement l’analyse écono- ment exclu. L’Union européenne mique faite il y a dix ans sauf, bien ne pourrait se permettre d’adopter évidemment, si elle devait prendre une telle politique alors qu’elle fait une ampleur insoupçonnée. preuve d’un dynamisme commer- – La commission de la FAO cial certain vers les Etats-Unis, le était donc totalement en phase Canada, l’Australie et la Nouvelle- avec cette décision d’arrêt de la Zélande, autant de pays indemnes vaccination dans la CEE à comp- de fièvre aphteuse. Vacciner, ce ter de 1991 ? serait s’exclure de ces marchés inter- – Oui. Le choix, alors, était clair : nationaux. » soit on continuait à vacciner dans le cadre d’une politique commune, Propos recueillis par soit on arrêtait partout. Un certain Jean-Yves Nau LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / 17 HORIZONS REPORTAGE Plongée au cœur du Japon déchu

L’« homme de la vague » (« furosha »), le vagabond, est devenu une figure familière des villes nippones.

bles, une pendule accrochée à un arbre, deux poules qui picorent dans un parc d’enfant, un piano sous un plastique. A côté des tentes s’ali- gnent des vélos. A la nuit tombée, alors que dans les allées s’époumonent des joggers, certains abris sont éclairés grâce à des « gégènes » pétaradantes. Dans sa tente de 4 mètres carrés, Akira reçoit avec les civilités d’usage en offrant du thé et en s’excusant du désordre. On s’assied sur des fau- teuils d’osier qui ont connu de meilleurs jours. C’est un petit hom- me de cinquante-trois ans aux bras noueux. Il travaillait chez un fer- railleur qui a fait faillite. Comme il s’était porté garant de l’emprunt d’un copain, il fut poursuivi par les créanciers usuriers et, laissant fem- me et enfants, il s’enfuit. Lâcheté ? En rien. Divorcer et « s’évaporer » étaient le seul moyen de protéger les siens en les dégageant de ses det- tes. Il vit depuis deux ans avec un chien laissé par un SDF qui a été arrêté. « Depuis l’été, on est plus nom- breux », dit-il. Vers 9 heures, un copain arrive ; ils partent sur leurs vélos remorquant une carriole : ils vont chercher des gros déchets (télés, équipements électriques) qu’ils revendent à des ferrailleurs. Ils s’en sortent avec 30 000 à 40 000 yens (2 000 francs) par mois et trouvent leur pitance dans les pou- belles des supérettes qui jettent les produits dont la date est arrivée à expiration. « Pour ça, l’hiver, c’est mieux : c’est plus frais », dit Akira.

ANS la nuit épaisse des fron- daisons, on croise des sil- SAYURI OKAWA Dhouettes silencieuses qu’indi- L arriva à peine à se bais- petits hôtels et garnis où logent ceux bond, est devenu une figure familiè- quent la lueur incandescente d’une ser pour ramasser sur la qui peuvent payer une chambre ou A Kamagasaki, dans le sud re des villes. Les sans-domicile-fixe cigarette, le bruissement des pas sur chaussée le mégot jauni une litière. Dans le rectangle éclairé nippons ne mendient pas et ne sont les feuilles mortes ou des toux caver- encore incandescent qu’il des fenêtres se détache l’ombre de d’Osaka, comme pas agressifs. Les passants les igno- neuses. A l’aube, lorsque les pas cris- planta entre ses lèvres. vêtements qui sèchent. A l’approche rent, et eux font de même. sent encore sur les flaques d’eau gla- « C’est dommage quand du square rectangulaire, on croise dans le quartier de Sanya Avec l’expansion, la pauvreté cée et que la silhouette massive du même », marmonna-t-il. des visages patibulaires : auprès de s’était faite discrète. Aujourd’hui, elle château commence à se détacher Une mince serviette épon- grands feux dans de vieux bidons, à Tokyo, s’agglutinent est criante. Les autorités ont fini par sur le ciel rougeoyant, certains ge nouée autour du men- des voyous ont organisé des jeux de prendre conscience que la récession enfourchent leurs vélos et partent ton pour protéger son crâne dégarni dés. On parie quelques pièces, par- les exclus du système nippon. a créé une masse de déclassés et que en quête de canettes vides. Le jour Idu froid de cette nuit d’hiver lui don- fois des billets. De jour, les mêmes le phénomène est appelé à durer, à se lève. Aux bords des douves, le fou nait des allures de vieille femme. petites frappes font la retape pour De plus en plus nombreux, empirer. Les SDF sont encore relati- a recommencé à « peindre » son Emmitouflé de hardes et traînant les bookmakers. A la porte de l’asile vement peu nombreux : vingt mille tableau imaginaire sur la toile du ses pieds dans des Adidas éculées, il de nuit, Yasuo présenta son ticket et ce sont en majorité de petites selon le dernier recensement, qui a ciel, traçant des traits dans le vide. continua à marcher avec les autres. se retourna, esquissant un sourire eu lieu en décembre 1999. Sans dou- Les ramasseurs de canettes revien- « Un jour, tu sais, j’ai construit Osa- édenté, avant de disparaître. gens, qui avaient une vie te bien davantage aujourd’hui. La nent en fin de journée avec de gros ka », dit-il. Et, s’arrêtant pour scan- Chaque soir, ils sont six cents à situation est sans commune mesure sacs en plastique bourrés en travers der son propos, il tourna vers nous venir dormir dans ces lits superpo- normale et que la crise avec les Etats-Unis (sept cent mille du cadre de leur bicyclette. un visage défait, aux traits creusés sés par rangées de quatre. A 5 heu- pour une population deux fois plus Le visage caché par le capuchon par l’âge et accusés par la crasse : res du matin, c’est l’exode dans le a jetées dans la rue. Voyage nombreuse). Mais, alors que l’on de son anorak, Takeshi écrase des « C’est pas rien ! » Et dans ses yeux sens inverse, puis l’attente de la sou- compte parmi les SDF américains canettes à coups de pied sur une brilla l’ombre d’une fierté. pe populaire de gruau de riz dans le dans l’extrême pauvreté drogués, alcooliques et malades men- pierre : 1 kilo rapporte 80 yens Yasuo a soixante-quatre ans. Il en square. Certains préfèrent la « voûte taux, au Japon ce sont pour la majori- (6 francs). Il a commencé à travailler paraît dix de plus. Pendant quarante bleue » : « Y a des bêtes et ça pue té de petites gens qui, auparavant, à seize ans comme apprenti cuisi- ans, il a été journalier. Il fut l’un de là-bas », dit l’un de ceux-là, enseveli die d’un soutra : c’est l’annonce sur ferrées. Un quartier comme tant avaient une vie normale, un travail, nier. Il en a aujourd’hui cinquante- ces « milans noirs » qui évoluent sur sous des couvertures dans une encoi- un rythme de mitrailleuse des noms d’autres n’étaient les deux cents une famille. Ils sont les silencieux deux. Sans travail, il s’est taillé un les échafaudages des chantiers de gnure. Des fioles de saké vides traî- des bénéficiaires de l’assurance-chô- petits hôtels et garnis, les armées de témoins à charge de la rupture du carré d’existence dans le parc. Par- construction. Puis, lorsqu’il perdit nent autour de sa paillasse. Il sourit. mage. Ils empochent 8 000 yens bicyclettes rangées en épis et une pacte social : leur sort est indissocia- fois, il trouve un petit boulot. Sinon, son agilité, il devint manœuvre. Il a « D’abord c’est bon, et puis sans cela (480 francs) et le carnet à tampons touffeur enclose qui assaille : vieux ble d’un système d’emploi qui faisait il ramasse des canettes. Sa femme passé toute sa vie ici, à Kamagasaki, on ne peut pas tenir la nuit », dit cet attestant qu’ils ont travaillé au moins papiers et débris jonchent la chaus- de la précarité le lot de beaucoup et est partie. Son fils est marié. Il a dans le sud d’Osaka, le plus grand « évadé de la vie ». vingt-six jours au cours des deux sée ; odeur poisseuse des corps, révélateur des « trous » de la couver- pour compagnon un chiot noir : marché de la main-d’œuvre jour- Le jour enténèbre encore le ta- derniers mois, ce qui donne droit à relents d’urine et haleines de saké ; ture sociale de la seconde économie « On est arrivé ici ensemble il y a cinq nalière du Japon. Il a « construit » bleau. Avec les premières lueurs, les treize jours d’assurance-chômage. corps rompus et regards éteints, mondiale (70 % des SDF ont entre mois. » « Oui, ça caille, et l’été c’est l’Osaka de l’Exposition universelle couleurs de la misère se font plus Ils sont vingt mille journaliers à amers. Çà et là, des affichettes écri- cinquante et soixante-neuf ans). l’enfer des moustiques, dit-il en tirant de 1970, puis celui de la « bulle spé- crues. Ceux qui ont du travail ou la Kamagasaki. Une dizaine de milliers tes à la main assorties de photos : A Osaka, ils sont plus nombreux sur sa cigarette. Mais ici je suis pei- culative » des années 1980, ainsi que force d’aller chercher cartons ou trouvent un boulot par l’entremise une sœur qui cherche son frère, une qu’à Tokyo : huit mille six cents nard : pas de contraintes, de patron, le nouvel aéroport du Kansai. Il canettes usagées sont partis. Il ne res- des marchands de travail qui embau- fille son père… Arrivé là, on en repart selon le recensement de la mairie de voisins. » Cette liberté amère- gagnait bien. Puis vinrent la réces- te que les épaves : dos amers des dor- chent à la criée à 5 heures du matin rarement. (1997). Vraisemblablement plus de ment payée, la plupart des sans-abri sion et la vieillesse. Et, depuis six douze mille aujourd’hui. Dans le y tiennent. Ils se parlent peu. Cer- ans, il vit dans la rue. Dans un an, il OMME Sanya, c’est le parc aux abords du château, au cen- tains s’organisent pour résister aux aura droit à une pension. Ce soir, il « Oui, ça caille, et l’été bivouac des déracinés et des tre de la ville, se dressent six cents expulsions de la police, mais la plu- se dirige avec un millier de pauvres Cdéclassés qui, par nécessité, tentes. De toutes formes, de toutes part sont des solitaires. hères vers l’asile de nuit. c’est l’enfer des moustiques. par malchance ou à la suite d’une dimensions. Certaines sont renfor- Aux toilettes publiques, ce soir-là, Comme une armée en déroute, ils rupture délibérée avec la société, y cées de contre-plaqué, de barres une femme d’une cinquantaine d’an- ont attendu en rang, sac aux pieds, Mais ici je suis peinard : pas de contraintes, vendent leurs muscles. Avec les sai- métalliques et dotées de vasistas. nées lavait des bols et des assiettes, que tombent à 18 heures, dans un sonniers venus des campagnes, les Des chiens aboient, tirant sur leur les mains rougies par l’eau glacée. grincement sinistre, les rideaux de de patron, de voisins » Un SDF journaliers furent les soutiers de laisse à l’approche du visiteur. Les Elle vit dans le parc avec son mari. fer du préau de l’agence d’emploi « Japan Inc. », formant une main- abords des tentes sont souvent ran- Tous deux ont trouvé des petits bou- qui, dans la journée, prend des allu- d’œuvre intermittente qui assurait gés au carré, chaussures alignées à lots, mais ils ne leur rapportent pas res de phalanstère de la misère. Puis, meurs cassés en deux, la tête sur ou par l’agence d’emploi ; cinq à six la flexibilité du marché de l’emploi. l’entrée. La majorité des SDF sont assez pour remonter la pente. « Les lentement, ils se sont mis en route leurs genoux et les bras repliés com- mille travaillent par intermittence ; Dans les années 1970-1980, ils des hommes, mais il y a aussi des cou- circonstances… », dira-t-elle sans comme les grognards de la retraite me l’enfant qui se protège d’une ta- cinq mille sont trop vieux ou mala- furent jusqu’à trente mille à Kamaga- ples. Certains ont apporté ce qui leur lever les yeux, éludant les raisons de Russie. Passe-montagnes et capu- loche ; ivrognes hébétés affalés des. Chaque année, une centaine saki et dix mille à Sanya. Avec la ré- restait d’une vie antérieure : des meu- qui ont amené ce couple de petits chons dissimulent des trognes que contre un mur, les mains ouvertes en meurent dans la rue. Des organisa- cession, le travail s’est fait rare et il commerçants à sa situation présen- la vie n’a pas épargnées. Certains une supplique silencieuse. Une tions charitables envoient à la fa- va aux jeunes. Les plus de cinquante JAPON RUSSIE te. Ils n’ont pas dit à leurs enfants, claudiquent, d’autres marchent le ambulance emporte un corps inani- mille l’urne funéraire de ceux qui ont ans sont à la rue. Désormais, les adultes, où ils allaient. « Chacun sa regard au sol, ronchonnant. Parfois mé. Le copain du malade veut mon- été identifiés. La plupart ont choisi « trappes » de la société, que le Hokkaido vie. On ne veut pas être un poids », dit- par deux, le plus souvent seuls. Un ter. Les infirmiers l’en dissuadent. l’anonymat de sans-papiers. Japon bien-pensant voulait ignorer, elle en s’essuyant le nez d’un revers vieux à barbiche peine à pousser un Résigné, la tête penchée de côté com- Kamagasaki comme Sanya à dégorgent vers d’autres quartiers. de la main – 70 % des sans-abri ont chariot surchargé, mais la plupart me le chien qui regarde partir son Tokyo. Les deux grands marchés de Les anciens soutiers de la Mer coupé tout lien avec leur famille. portent un baluchon à l’épaule ou maître sans comprendre, il suit l’am- la main-d’œuvre journalière du croissance ne sont pas les seuls sur le du Japon « C’est ainsi », conclut-elle en nous au bout du bras ; certains ont pour bulance du regard et restera sur pla- Japon de l’expansion sont devenus pavé : au cours des dernières années, regardant pour la première fois dans Honshu tout bagage un sac-poubelle en plas- ce de longues minutes, les bras avec la récession des quartiers de patrons faillis de petites boîtes, chô- les yeux. Comme beaucoup des nou- tique noir. Cette piétaille passe démissionnaires. Certains se dirigent grande pauvreté. A dix minutes à meurs et défavorisés en tout genre TOKYO veaux pauvres du Japon, cette fem- devant les gargotes aux lanternes vers l’agence de l’emploi. L’immense pied du centre sud d’Osaka et de la les ont rejoints. Ils ont envahi parcs Osaka me vit son sort comme un destin. Shikoku rouges, fermées d’un rideau de plas- hall du premier étage, où des corps gare de Tennoji, brillante de lumiè- et berges de leurs tentes en bâches Kyushu tique transparent, où l’on avale sont allongés dans des cartons ou res, on entre dans un autre monde. de plastique bleu et les encoignures OCÉAN Philippe Pons debout un bol de nouilles bouillant sous des journaux, résonne d’une Un quartier gris aux immeubles des rues de leurs cartons. L’« hom- Iles PACIFIQUE 500 km arrosé de rasades de saké, longe les étrange clameur, comme la psalmo- modestes enserrés entre des voies me de la vague » (furosha), le vaga- Ryukyu f www.lemonde.fr/eco-japon 18 / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 HORIZONS-DÉBATS Sécurité : se garder des pseudo-miracles par André-Michel Ventre

N cette période d’échéan- étaient à leur tour étatisées pour plus grande prudence les maires de police à signer le contrat local ces politiques importan- assurer à leurs habitants le même qui rêvent de gérer, y compris au de sécurité, donc à s’engager, mon- tes, le débat sur la sécurité niveau de sécurité qu’à Paris. L’ar- plan budgétaire, la sécurité de leur tre les limites d’un partenariat insti- Erevient sur le devant de la gument de l’égalité face à la sécuri- commune. C’est à la crise financiè- tutionnel qui ne peut pas évoluer scène. Nombreux sont ceux qui té était déjà avancé. Il est toujours re qui a saigné les finances de cette vers un partenariat opérationnel. pensent qu’il doit échapper à une d’actualité, car l’écart entre villes ville dans les années 1980 que peut Les maires demandent, non sans approche partisane mais, pour nos riches et villes pauvres n’a cessé de être attribuée l’insécurité effroya- raison, que leur soient rendus des concitoyens, la sécurité représente progresser. C’est donc la recherche ble constatée dans le même temps. comptes sur ce qui est entrepris en un enjeu déterminant auquel le d’une réponse pertinente à une pro- Le New York Police Department, matière de sécurité dans leur com- politique doit apporter des répon- blématique correctement identi- structure municipale, a dû accepter mune. Ils veulent aussi peser sur ses. Est-il besoin, pour autant, de fiée qui a conduit à l’étatisation des des licenciements massifs qui ont les politiques publiques mises en perdre toute mémoire et d’aller au services de police locaux. profondément affecté son poten- œuvre au bénéfice de leurs admi- plus rapide en prétextant détenir la tiel. En revanche, ce sont aussi des nistrés et cette volonté ne peut être solution miracle ? fonds fédéraux qui ont permis les ignorée. Ils représentent les habi- L’insécurité ne résulte pas d’un Historiquement, recrutements nécessaires dès 1990 tants de leur commune et, au sur- seul facteur. Il n’existe donc pas de et, par conséquent, le redresse- plus, connaissent parfaitement les solution unique. Ainsi la municipali- c’est la police ment spectaculaire qui impression- problèmes. Il faut donc que la défi- sation de la sécurité publique, que ne nos élites. nition des politiques publiques de certains présentent comme l’ex- nationale Faut-il imiter un tel exemple ? La sécurité soit déconcentrée et acces- pression de la modernité et de l’effi- société américaine est très différen- sible aux maires. Les budgets affec- cacité, n’est pas cette solution mira- qui est moderne, te de la nôtre. Ce que le rapport tés à la sécurité doivent l’être aussi cle annoncée à son de trompe. Il très spécial des Américains à leur et pourraient être abondés par les convient de dire clairement pour- et non la police police permet de faire en termes de communes, les conseils généraux quoi. civisme ne peut être espéré objecti- et les conseils régionaux. Cela est le Contrairement à une idée répan- municipale vement en France. droit commun dans les pays du due, la police nationale, issue de la Mais, au-delà, pourquoi récla- Royaume-Uni. La conséquence en police d’Etat de 1941, est de cons- mer une municipalisation de la serait que les services de sécurité truction récente. Historiquement, Le régime de Vichy n’a fait que sécurité dès lors que les parlemen- seraient mieux équipés, les recrute- c’est la police nationale qui est terminer l’œuvre commencée par taires, qui sont aussi en majorité ments de policiers plus pertinents moderne et non la police municipa- une République soucieuse d’égalité des maires, refusent de doter les et que les élus seraient amenés à le dont l’origine se perd dans la et d’efficacité. agents de police municipale de la dépasser leurs différences. Ce der- nuit des temps. La municipalisa- Au plan conceptuel, la municipa- qualification d’officier de police nier aspect n’est pas le moindre, tion est un concept provenant de lisation souffre de vices rédhibitoi- judiciaire ? Cette qualification per- car l’échec relatif des contrats l’Ancien Régime, voire de l’Antiqui- res. L’insécurité ne connaît pas les met de mener des enquêtes, de pro- locaux de sécurité intercommu- té, et conservé par la Révolution. frontières communales dont elle se céder à des perquisitions, de met- naux provient de là. Les raisons qui ont conduit à son moque comme d’une guigne. Le ter- tre des suspects en garde à vue, Beaucoup d’autres réponses peu- abandon sont intéressantes. En ritoire de la délinquance est celui etc., donc de lutter contre l’insécuri- vent être apportées aux problèmes 1907, une commission que nous du bassin d’activité économique, té. Quelle serait l’efficacité d’une liés à l’organisation des forces de devons à Georges Clemenceau souvent identique au bassin de police qui ne ferait pas d’enquê- sécurité. Elles sont connues : concluait à la nécessité d’étatiser transport, c’est-à-dire celui desser- tes ? Présenter la municipalisation déploiement des effectifs de police les services de police municipale en vi par un réseau de voies de com- comme un moyen de lutte contre et de gendarmerie sur le territoire raison de leur inefficacité, de leur munication qui permet des déplace- la délinquance est à cet égard un national, mise en complémentarité inadéquation aux problèmes posés ments faciles et rapides. argument creux. J’ajoute que les de ces deux forces. Il y en a et de la trop grande proximité Ensuite, en avançant l’idée que la maires ont une implication très con- d’autres encore. Elles se heurtent entre l’opérationnel et le politique. prévention serait de la compétence trastée en ce qui concerne la circu- toutes à la résistance de corporatis- Marseille fut ainsi, en 1908, la pre- du maire et la répression de celle lation routière alors que la loi leur mes nombreux ainsi qu’à des mière ville à être « étatisée ». Faut- du procureur de la République, les donne compétence dans ce domai- visions politiques étriquées. C’est il rappeler qu’aux reproches déjà tenants de la municipalisation rani- ne. L’on peut redouter qu’il en soit assez dire que le débat sur la sécuri- énoncés s’ajoutait celui d’un classe- ment l’opposition entre la préven- de même pour l’insécurité s’ils té intérieure de la France n’est pas ment sans suite des plaintes des vic- tion et la répression. Cette appro- devaient en être responsables. près d’être clos. times très important ? Suivirent che est rétrograde. Répression et La solution n’est pas dans un Nice, Toulon, Alger, Oran, Metz, prévention ne peuvent être sépa- retour au passé. Elle peut résider Strasbourg et bien d’autres. En rées dans une politique de sécurité dans un meilleur fonctionnement André-Michel Ventre est 1935, la quasi-totalité des commu- que l’on veut efficace. de l’Etat et une déconcentration secrétaire général du Syndicat des nes de Seine-et-Oise et quatorze Enfin, l’exemple trop souvent adaptée. L’erreur commise en 1997 commissaires et hauts fonctionnai- communes de Seine-et-Marne cité de New York doit inviter à la de ne pas autoriser le commissaire res de la police nationale. Israël revient au parlementarisme classique par Claude Klein UAND, le 29 mai 1996, nière décidait purement et simple- et l’Etat et la crise palestinienne) successeur proposé par cette les électeurs israéliens ment d’abandonner le système de ne favorise guère la stabilité politi- même majorité. élirent Benjamin l’élection directe et de revenir à que. On voit bien l’objectif : éviter QNétanyahou au poste de un système parlementaire plus Quoi qu’il en soit, le rôle des qu’une majorité hétéroclite ne premier ministre (l’écart classique, mais aussi plus rationali- petits partis a perturbé le fonction- puisse se former pour renverser avec son concurrent Shimon sé, qui s’appliquera aux prochai- nement du système parlementaire un gouvernement, sans être en Pérès était de moins de 1 %), le nes élections, au plus tard en dans la formule si particulière de mesure de soutenir la formation pays expérimentait pour la pre- novembre 2003. 1992. La progression du parti d’un nouveau cabinet. De plus, le mière fois un système adopté en On peut tergiverser sur les cau- Shass, représentant l’orthodoxie premier ministre est désormais 1992. Basé sur l’élection directe ses de l’échec de la réforme origi- séfarade, qui a obtenu 17 sièges investi d’un pouvoir que le systè- du premier ministre (système nale adoptée en 1992 et appliquée aux élections de 1999 (contre me antérieur à l’élection directe inconnu ailleurs), il conservait le pour la première fois en 1996. En 26 aux travaillistes et 19 au ne lui reconnaissait pas : le pou- fondement du parlementarisme : particulier, on peut se demander Likoud) représente, par ailleurs, voir de dissolution de la Chambre. la possibilité de voter la défiance si le renforcement des petits par- une menace pour l’équilibre géné- Lequel ne pourra être exercé (à la majorité absolue), laquelle, tis (que l’on a parfois qualifié ral du parlementarisme israélien. qu’avec l’accord du président de en cas d’adoption, provoquait la d’atomisation de la vie politique) l’Etat, dans la mesure où il sera dissolution automatique de la peut être légitimement imputé à convaincu qu’aucune majorité ne Knesset. l’élection directe, c’est-à-dire au Le bilan peut se former sur la base de la Dans un point de vue publié double vote de l’électeur, comme composition de la Knesset en dans ces colonnes (22 mai 1996), si ce dernier, ayant voté pour un de la réforme cours. Un ajout ingénieux peut j’avais pris fermement position en candidat au poste de premier être souligné : la dissolution ne faveur de ce système, dont on ministre, se sentait ensuite libre de 1992, aujourd’hui deviendra effective qu’à l’expira- attendait un affaiblissement des de choisir parmi l’ensemble des tion d’un délai de 14 jours. Au petits partis, notamment en rai- possibilités que lui offre l’échi- abandonnée, cours de cette période, une majori- son de l’apparition d’une logique quier des partis. té de députés pourra faire savoir majoritaire, par l’obligation pour Les choses ne sont pas aussi clai- est évidemment qu’elle est en mesure de soutenir les électeurs de choisir entre deux res. Ainsi, il suffit de faire remar- un premier ministre. Dans cette camps, à l’encontre de la logique quer que l’hégémonie des deux négatif hypothèse, la dissolution n’aurait proportionnelle qui continuait à grands partis (Likoud et travaillis- pas lieu. s’appliquer aux élections pour la tes) sur la vie politique israélien- A nouveau, de grands espoirs Knesset. ne, qui avait atteint un pic en 1981 Avant même son introduction, sont mis dans cette réforme qui Cette logique majoritaire, qui (ils obtenaient 95 sièges sur les l’élection directe avait fait l’objet apparaît comme autre chose fondait la légitimité du premier 120 de la Chambre), n’avait cessé de critiques très sévères. S’était qu’un simple retour en arrière. ministre sur l’élection populaire, de diminuer de manière constan- constitué un véritable lobby – for- Elle s’inscrit évidemment dans le devait le libérer de la pression, voi- te, puisque le total des mandats mé d’hommes politiques de tous mouvement de rationalisation du re du chantage des petits partis. de ces deux partis tombait à 85 en les partis ainsi que de politolo- parlementarisme que les constitu- Elle devait apporter la stabilité, là 1981, puis à 79 en 1984 et à 76 en gues – pour sa suppression. Celui- tionnalistes connaissent bien. où, depuis l’effondrement de la 1992 (dernier scrutin avant l’appli- ci a finalement réussi in extremis Pourtant, dans une large mesure, position du parti travailliste (en cation de la réforme). Le chiffre à la faire voter à la majorité requi- cette réforme, à l’image de la pré- 1977), l’instabilité était apparue. passait ensuite à 66 en 1996 et se (la réforme a été votée par cédente, apparaît surtout comme Cinq ans plus tard, le bilan est évi- enfin à 45 en 1999. 72 députés alors qu’il en fallait au un ersatz au véritable change- demment négatif. M. Nétanyahou En d’autres termes, la réduction moins 61). ment : le remplacement de la pro- n’est pas arrivé au bout de son man- des grands partis était inscrite Dans son principe premier, la portionnelle intégrale par un sys- dat. Ehoud Barak, élu triomphale- dans la réalité politique avant l’in- réforme rétablit la pratique tème qui comporterait une certai- ment en mai 1999 contre troduction de la réforme, laquelle, ancienne : consultations des for- ne dose de scrutin majoritaire (à M. Nétanyahou (avec près de 57 % sans doute, aura contribué à l’ac- mations politiques par le prési- l’image du double vote pratiqué des voix), abandonné de la plupart célérer. On doit ajouter à ces dent de l’Etat après les élections en Allemagne). des partis de sa majorité, a cru remarques deux éléments impor- et désignation d’un député pour Si d’aventure les prochaines jouer habilement en présentant sa tants. D’une part, l’élection direc- former le nouveau gouvernement. élections ne devaient pas permet- démission en décembre 2000, de te a aidé à porter au pouvoir des Celui-ci doit être investi à la majo- tre la réduction des petits partis et manière à provoquer dans les candidats disposant d’un certain rité absolue (61 députés). La gran- une recomposition, au profit des 60 jours une élection pour le poste charisme – notamment télévisuel de nouveauté réside dans l’adop- deux grandes formations, la situa- de premier ministre (sans renouvel- – ce qui cependant ne constituait tion d’une technique empruntée tion risquerait d’être pire que cel- lement de la Knesset). pas une garantie de compétence de la Loi fondamentale de Républi- le qui prévaut actuellement. Le 7 mars, le jour même de la ni de succès (Nétanyahou et que fédérale allemande : le vote présentation du nouveau gouver- Barak étaient des novices en politi- de défiance constructif. Une nement Sharon devant la Knesset, que). D’autre part, l’ampleur des motion de censure ne peut être Claude Klein est professeur de à quelques heures du vote d’inves- problèmes politiques posés au adoptée (à la majorité absolue) droit constitutionnel à l’Université titure du gouvernement, cette der- pays (les relations entre la religion que si celle-ci comporte le nom du hébraïque de Jérusalem. HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / 19

Agriculture, le douloureux virage par Jean Matouk

’AGRICULTURE française radicaux comme groupe central de cole. Cependant, chaque année, la en plus bas, la Communauté euro- teurs ont pris conscience des excès concurrence qualitative va s’instal- aborde aujourd’hui la troi- notre vie politique. Mais pour satis- cohorte des 20 % de vrais « sous- péenne et les Etats-Unis amorcèrent de la chimie en agriculture : « mal- ler entre exploitations, dont seules sième étape de son évolu- faire l’électorat agricole, dont le smicards » était décimée par des une destruction progressive des agri- bouffe », pollution des rivières… Les subsisteront finalement celles qui Ltion séculaire. Cette entrée poids électoral fut volontairement faillites liées au surendettement, cultures vivrières du tiers-monde, dirigeants européens dans leur seront des entreprises à plein ne peut qu’être douloureuse car il maintenu par l’artifice du découpa- mais cette décimation était implicite- contraignant celui-ci à l’importation ensemble, français inclus, réalisent temps. Quant aux « grandes cultu- s’agit de la remise en cause d’une ge électoral et, en même temps, ment bien contrôlée par les liens de ses protéines végétales. bien que le système doit être modi- res », elles devront affronter la con- mécanique imbriquant étroitement satisfaire au traité de Rome, il fallut étroits entre FNSEA et caisses loca- Ce système a fort bien fonctionné fié. La condamnation toute récente currence mondiale avec des subven- l’économie et la politique. La dou- transposer et compléter le simple les de Crédit agricole. Elle restait pendant vingt ans (1960-1980), la de la France par la Cour européen- tions tendant vers zéro. On arrivera leur risque d’être d’autant plus forte protectionnisme national. Ce fut la politiquement gérable. Les syndi- FNSEA assurant régulièrement la ne pour pollution excessive de l’eau aux 400 000 exploitations rentables qu’agriculture et élevage sont simul- deuxième étape historique. cats minoritaires qui mettaient en réélection des députés RPR et le potable en Bretagne comme la crise que pronostiquait le lucide commis- tanément soumis à des aléas climati- Elle eut deux composantes. La cause cette cogestion, étaient muse- maintien d’une majorité dont ses de la vache folle en sont les signaux saire européen Sicco Manscholt en ques nouveaux et à deux épizooties, première fut de défendre bec et d’alarme les plus récents. Nous 1970, provoquant la fureur de la qui vont éprouver nombre d’exploi- ongles à Bruxelles, quitte à y prati- entrons dans le virage vers la troisiè- FNSEA. tations. quer temporairement la politique C’en est fini du complexe me étape. La FNSEA aura bien du Même si elle a sauvé sa majorité Il y a cent vingt ans, l’agriculture de la « chaise vide », un protection- mal à le négocier. au sein d’un monde paysan débous- française – encore largement d’auto- nisme agricole européen doublé syndicalo-administratif agricole français, C’en est fini du complexe syndica- solé, celle-ci est aujourd’hui dépas- subsistance – occupait plus de 50 % d’une subvention directe aux agri- lo-administratif agricole français, sée par l’histoire et par la société. de la population active. Après une culteurs fondée sur les prix, afin que dont les exploitations sont les appendices dont les exploitations sont les Elle doit faire une volte-face délica- brève hésitation sous Napoléon III, l’Europe puisse exporter aux prix appendices perfusés, à partir des te vers l’impératif écologique et qua- le gouvernement, dont l’assise élec- mondiaux sans que les agriculteurs perfusés, à partir des budgets européen budgets européen et national, par litatif, qu’elle niait encore récem- tive était très largement paysanne, en ressentent vraiment les contrain- un entrelacement de tuyaux à péage ment. Elle sait que l’Etat ne peut allait créer, autour de cette agricul- tes économiques. La seconde fut, en et national, par un entrelacement – de sections fort différentes – avec plus ignorer les aspirations des ture, une barrière protectionniste interne, une cogestion étroite entre ses prolétaires, régulièrement déci- autres citoyens à la « bonne bouf- qui culminera avec les dispositions le gouvernement et la FNSEA, éri- de tuyaux à péages més. Les agriculteurs, dont la fe », à la propreté de l’eau, ni les de Méline. Il prenait ainsi l’exact gée en unique interlocuteur, visant FNSEA revendique, pour ce qui l’ar- besoins budgétaires prioritaires contre-pied du gouvernement bri- à favoriser la productivité agricole, range, la qualité d’entrepreneurs, d’autres secteurs, et qu’il n’aura tannique, dont l’électorat paysan pour tenir les subventions bruxelloi- lés. Elle permettait du même coup, dirigeants savaient qu’ils retrouve- vont devoir effectivement le devenir donc plus jamais pour elle, quels était quantitativement beaucoup ses à un niveau tolérable par nos par Safer interposées, d’agrandir les raient ainsi un Etat reconnaissant. A et faire face à un nouveau marché, qu’en soient les responsables, les plus réduit et qui, par les corns laws partenaires, et, en même temps, à exploitations des agriculteurs bien partir de 1980, ce fonctionnement beaucoup plus qualitatif. mêmes attentions électoralistes. Les (1846), avait provoqué une vaste cadencer et contrôler la diminution placés auprès du syndicat. se grippa un peu. Mme Thatcher, refu- Le contrat territorial d’exploita- prolétaires de l’agriculture, dont la substitution des produits importés du nombre des exploitations et les On eut, de manière aussi régulière sant que la Grande-Bretagne paie tion (CTE), créé en 1998 par Louis décimation va malheureusement à la production nationale. L’avance bénéficiaires des regroupements de qu’absurde, des « montagnes » plus qu’elle ne recevait, en particu- Le Pensec, leur proposait déjà de continuer, doivent bénéficier de la industrielle et tertiaire de l’écono- terres. européennes de lait et de beurre, lier pour l’agriculture, réclama cha- combiner agriculture et protection solidarité nationale comme d’autres mie britannique s’en trouva renfor- Si tous les agriculteurs européens très coûteuses à financer, des des- que année son chèque en rembour- de l’environnement. C’est mainte- personnes dans le besoin. Mais les cée, le peuple anglais pouvant ainsi profitèrent aussi des subventions, tructions massives de fruits et légu- sement. Le souci général de réduire nant le produit lui-même qui est offi- autres agriculteurs, à temps plein ou être nourri à meilleur coût, alors c’est la France, compte tenu du nom- mes, des distillations de « vins de le déficit budgétaire et les impôts ciellement en cause. Le consomma- partiel, ne pourront plus s’appuyer même que la France allait supporter bre de ses agriculteurs, qui apparais- table », des arrachages suivis de conduisit Bruxelles à plus de rigu- teur va payer plus cher un produit sur eux pour se constituer rentes et le poids de la sauvegarde d’une agri- sait comme la seule vraie revendica- replantations tout aussi massives, le eur. La FNSEA put alors en faire por- d’élevage, de maraîchage ou d’arbo- prébendes. culture massive et les prix de den- trice et bénéficiaire du système. Cet- tout obtenu par des manifestations ter la responsabilité sur la gauche riculture qui sera encore subvention- rées évidemment plus chères. te politique productiviste favorisait, savamment contrôlées par la revenue aux affaires. né, mais en contrepartie d’une exi- Il est vrai que le choix français, par ailleurs, l’adoption massive d’en- FNSEA. De plus, rivalisant dans l’ex- Mais surtout, depuis une dizaine gence de qualité, par usage réduit Jean Matouk est professeur dans un monde ou les Etats-nations grais et de pesticides, et la mécanisa- portation de céréales à prix de plus d’années, les citoyens et consomma- voir nul de pesticides. Une réelle d’économie honoraire. étaient en plein essor, garantissait tion au prix d’un endettement mas- l’autonomie alimentaire, principal sif. argument développé durant la En France, le revenu agricole IIIe République pour justifier le pro- moyen apparent, bien que constitué tectionnisme. Par ailleurs, du fait de de 20 % ou 30 % de subventions, la plus grande fécondité des était inférieur au revenu moyen des familles paysannes, leur maintien à autres catégories socioprofession- la terre soutenait une natalité qui nelles, ce qui constituait un argu- donnait déjà des signes de faiblesse. ment de poids dans le débat natio- Il est donc tout à fait normal que le nal. Mais on oubliait d’ajouter que problème agricole se soit posé avec la femme de l’agriculteur, ses acuité lors des négociations et des enfants ou lui-même apportaient premières années d’application du un revenu non agricole qui, pour traité de Rome. Entre-temps, les l’exploitation modale de 35-50 hec- gaullistes, s’engouffrant derrière le tares d’équivalent blé représentait, général de Gaulle lors de son retour en 1970, un supplément compris aux affaires, avaient remplacé les entre 80 % et 100 % du revenu agri-

illicite de ces mêmes biens, avec Les crimes divers instruments normatifs ; et la promotion, dès 1972, de l’idée même de patrimoine universel. Le contre la culture succès de la liste du patrimoine mondial illustre d’ailleurs parfaite- ment l’ampleur de cette prise de ne doivent conscience et de ce nouvel état d’esprit attentif au patrimoine. L’attachement populaire à un pas rester impunis patrimoine aussi bien proche que lointain est un fait nouveau, et il Suite de la première page n’est pas sans rapport avec le pro- cessus de mondialisation en cours. En fait, par leurs actes destruc- Un processus où chacun se sent par- teurs, les talibans desservent l’islam tie prenante du « village planétai- au lieu de contribuer à son rayonne- re » tout en éprouvant le besoin de ment et ils assassinent la mémoire repères, le besoin de se reconnaître d’un peuple, le peuple afghan, qui dans des monuments ou sites por- puisait dans son patrimoine les repè- teurs de valeurs et de sens. Qu’on res de son identité et de ses valeurs. ne s’y méprenne pas. Ce ne sont pas De même qu’ils desservent, en le pri- seulement des pierres qui viennent vant d’une de ses richesses, cet d’être détruites. C’est une histoire, Afghanistan qu’ils veulent diriger. c’est une culture, ou plutôt les Rien n’a pu empêcher ce crime. témoins de la rencontre, possible et Aucune voix n’est parvenue à faire fructueuse, entre deux grandes civili- entendre raison aux talibans : ni sations, et c’est une leçon de dialo- l’ampleur de la protestation interna- gue interculturel qu’on a voulu tionale ni la qualité des émissaires, effacer. religieux ou autres, envoyés vers C’est bien pourquoi il faut quali- eux. Au-delà de la perte déjà immen- fier de crime l’acte fou perpétré par se des bouddhas, c’est un acte sans les talibans, à Bamiyan ou dans les précédent qui vient d’avoir lieu. musées d’Afghanistan, contre des Pour la première fois, une autorité statues préislamiques. Une telle centrale – non reconnue il est vrai – régression culturelle ne doit pas s’est arrogé le droit de détruire un être permise. Ce crime appelle un bien de notre patrimoine à tous. nouveau type de sanctions. Il y a Pour la première fois, l’Unesco, char- quelques jours à peine, le Tribunal gée par son acte constitutif de pré- pénal international pour l’ex-You- server le patrimoine universel, est goslavie nous a montré l’exemple confrontée à une telle situation. en faisant figurer la destruction de Bien sûr, le passé a connu monuments historiques parmi les d’autres destructions. Des décisions seize chefs d’accusation retenus ponctuelles ont pu émailler l’histoi- dans son action concernant l’atta- re de nombreux pays, des mouve- que de 1991 contre le port histori- ments iconoclastes ont pu exercer que de Dubrovnik, en Croatie. leurs ravages au sein d’une religion, La communauté internationale des situations révolutionnaires ont ne doit pas rester passive, elle ne pu entraîner des débordements doit plus tolérer les crimes contre dévastateurs et, plus près de nous, les biens culturels. Face à l’acte, iso- la ville de Dubrovnik ou le pont de lé mais lourd de danger, des tali- Mostar ont pu être pris pour cibles bans, l’Unesco prendra les mesures parce qu’ils étaient des symboles. qui s’imposent. Notamment pour Mais on croyait être définitivement lutter contre le trafic de biens cultu- entré dans une nouvelle ère, une rels afghans, qui va certainement, ère de plus grand respect et d’esti- hélas, se renforcer, et pour sauver le me pour le patrimoine, un patrimoi- reste du patrimoine – préislamique ne dans lequel chacun apprenait à ou islamique – de ce pays, mais aus- lire les symboles d’une appartenan- si pour envisager, dans le cadre du ce à la fois commune et plurielle. Comité du patrimoine mondial, un L’Unesco y avait largement contri- renforcement des protections. La bué en travaillant dans trois gran- communauté internationale a per- des directions : la protection des du les bouddhas de Bamiyan ; elle biens culturels en cas de conflit ne doit plus rien perdre. armé, avec la Convention de La Haye ; la lutte contre le trafic Koïchiro Matsuura 20 / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 HORIZONS-ANALYSES 0 123 Bon voyage aux cerveaux 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F LIBRE CIRCULATION des biens, libre circu- nent au pays, enrichis d’une expérience, mais 1990 aurait sans doute éveillé plus tôt la France Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 lation des personnes. Il est pourtant un domai- aussi de connaissances, de réseaux de relation, à la Netéconomie, dont la remise à niveau bour- Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). Internet : http: // www.lemonde.fr ne où cette évolution vers plus de libéralisme qu’aucune formation ne peut procurer. Globale- sière actuelle ne doit pas occulter l’importance est tenue pour quasi hérétique : celui de la ment leur départ vers d’autres cieux, surtout et la valeur. Certes quelques Français tiennent ÉDITORIAL matière grise. La « fuite des cerveaux » terrifie. s’ils sont californiens, rapporterait plus qu’il ne ou ont tenu des postes de haute responsabilité En France en particulier. Une quantité impor- coûte. Individuellement, certes, mais aussi au dans des entreprises de haute technologie cali- tante de docteurs ès sciences ou d’ingénieurs plan macroéconomique. forniennes : tels Jean-Louis Gassée, fondateur diplômés de grandes écoles quittent chaque La formation initiale, financée par le contri- et PDG de Be Inc, Eric Benhamou, fondateur et L’Europe du livre année le territoire national pour gagner des buable, se bonifie lorsque ceux qui en ont béné- président de 3Com, ou Alain Rossmann, prési- contrées, les Etats-Unis en particulier, où ils ficié se frottent à la culture des affaires à l’amé- dent de Openwave. Mais ces quelques stars ne OUR la deuxième fois, du monde, Bertelsmann, qui est sont mieux payés. Perte sèche, estime-t-on ricaine. Les pays qui ont favorisé l’essaimage de doivent pas masquer la réalité. l'Allemagne est l'invitée également le premier éditeur dans l’Hexagone. « L’Europe n’a pas vocation à leurs cerveaux ont ensuite vu leurs échanges Le nombre de Français dans les entreprises du Salon du livre de américain. devenir un institut de formation pour des jeunes commerciaux évoluer favorablement. Dans ce américaines de technologies de l’information et PParis. La première fois, Si elle semble parfois souffrir attirés par des pays qui n’ont pas financé cette for- scénario pour trois acteurs, le scientifique, son de la communication (les TIC) s’élèverait à envi- c'était en 1989, quelques mois de complexes à l'égard d'autres mation », s’était ainsi alarmé Roger-Gérard pays d’accueil, et son pays d’origine, tout le ron 4 000 personnes, estiment Ludovic Ledru, avant la chute du Mur de Berlin. secteurs, il faut rappeler que Schwartzenberg, ministre de la recherche, le 21 monde est gagnant. de l’Essec, et Stéphane Raud, attaché pour la Avec l'Allemagne réunifiée, c'est l'édition est la première indus- novembre 2000, lors du colloque « Vers un science et la technologie au consulat général de un nouveau pays qui est trie culturelle en Europe. La espace européen de l’innovation » tenu à Lyon, PRÉSENCE DE DIPLÔMES FRANÇAIS San Francisco, et co-auteurs de l’étude com- aujourd'hui l'hôte de la grande concentration y est forte, à l'ima- alors que la France assurait la présidence de Plutôt que de la redouter, ne faudrait-il donc manditée par l’ambassade citée plus haut. « Cet- fête du livre, au moment où les ge du poids qu'occupent en l’Union. pas au contraire favoriser cette émigration tem- te population connaît une croissance importante relations entre les deux pays se France Vivendi Universal et Deux études viennent pourtant éclairer d’une poraire de jeunes diplômés, tout en faisant le depuis environ trois ans, écrivent-ils. Néanmoins, sont distendues et que le moteur Hachette. Mais, à côté des tout autre façon ce phénomène. La première, maximum d’efforts pour qu’à leur retour ces les Français restent peu représentés par rapport à franco-allemand, qui a toujours grands groupes, des centaines intitulée « Présence française en technologies scientifiques et ingénieurs puissent exploiter au leurs voisins allemands et britanniques. » De tiré l'Europe, est en panne. de maisons d'édition en Europe de l’information autour de la baie de San Fran- mieux les connaissances intellectuelles et les 1987 à 1997, l’immigration française aux Etats- La Salon du livre est une bon- contribuent au dynamisme du cisco et dans la Silicon Valley » a été réalisée en réseaux acquis au contact de cette autre Unis équivaut au tiers de l’immigration alleman- ne occasion pour les deux pays secteur. Même de petits éditeurs juillet 2000 par l’ambassade de France aux Etats- culture ? Certes, en cette période où le manque de et au quart de l’immigration britannique. Et de célébrer leurs retrouvailles. comme POL, Autrement, Le Dilet- Unis. Un an avant sa publication, un institut de de têtes pensantes dans certains secteurs com- la croissance en question pourrait n’avoir été L'un et l'autre affichent des posi- tante, Les Arènes, Le Cherche- recherche de San Francisco, le Public Policy Ins- me les technologies de l’information est patent, que de courte durée. tions communes dans le combat Midi ou L'Aube ont des titres qui titute of California (PPIC), s’était livré au même une telle stratégie peut paraître dangereuse. Depuis le début du e-krach, c’est-à-dire la pour le prix unique du livre. sont classés parmi les meilleures type d’analyse mais pour les populations chinoi- Mais le passé a aussi montré que ces pénuries chute des valeurs boursières des entreprises du Depuis plusieurs mois, les autori- ventes de l'année 2000. se et indienne. Les conclusions de ces deux étu- sont bien souvent de courte durée. Les sociétés Net, nombre de Français qui avaient un tés et les organismes profession- C'est la multiplicité de ces mai- des, très précises tant au plan qualitatif que de services informatiques se lamentaient déjà moment cru pouvoir faire fortune outre-Atlanti- nels français et allemands sons qui fait la richesse – et par- quantitatif, convergent. Les cerveaux ne fuient du manque de personnel formé au début des que seraient en train de plier bagages plus tôt bataillent pour défendre un sys- fois la fragilité – du secteur. pas ; s’ils partent, même pour des contrées aus- années 80. Ce qui ne les a pas empêchées de que prévu. Ils ne feront peut-être que conforter tème de régulation du prix du Dans tous les pays d'Europe, des si attrayantes pour un scientifique que la Sili- tailler dans leurs effectifs à la fin de cette même les statistiques concluant à la brièveté du séjour livre, face aux dangers du com- éditeurs refusent de céder à la con Valley californienne, c’est ensuite pour décennie. Une plus grande présence de diplô- des Français aux Etats-Unis : la majorité y reste merce électronique et aux réti- facilité des best-sellers conçus mieux revenir. Les cerveaux voyagent et retour- mes français aux Etats-Unis dans les années moins de trois ans et ils ne sont qu’environ 10 % cences de la Commission euro- selon des critères purement com- a y être implantés depuis plus de 12 ans. L’édu- péenne. En France comme en merciaux. Réunis à Paris avant cation des enfants et plus largement « l’attache- AIlemagne, on considère que le le Salon du livre, cinquante édi- ment aux racines » justifient le retour de la plu- principe du prix unique doit être teurs européens ont montré que, Le piéton contemporain par Lionel Koechlin part d’entre eux. Les opportunités profession- aussi appliqué sur le Net. si la production américaine nelles aussi : les diplômés de l’université restent La loi sur le prix unique, qui va domine souvent le marché, les plus longtemps à l’étranger que les ingénieurs. fêter ses vingt ans en France, a productions française et euro- A la différence des Français, les Indiens et Chi- contribué à la bonne santé péenne connaissent de réels suc- nois sont venus en masse et plus durablement retrouvée de l'édition française cès. La concentration dans l'édi- en Californie. A tel point que, selon AnnaLee et de la librairie en 2000. De tion est de plus en plus importan- Saxenian, auteur de l’étude du PPIC, ils dirigent même, l'accord interprofession- te et risque de s'accélérer avec actuellement le quart de toutes les firmes de nel qui régit depuis plus de cent les nouvelles technologies, mais haute technologie de la région. « Quand on dit ans l'industrie du livre en Alle- elle est moins marquée que dans que la Silicon Valley s’est bâtie sur les CI, ce n’est magne est à l'origine de sa formi- la musique ou le cinéma. Si la pas de circuits intégrés qu’il s’agit, mais de Chi- dable puissance. production cinématographique nois et d’Indiens ! » Cette forte présence ne doit Car l'Allemagne est le pays du européenne est faible, à l'excep- pas laisser croire que les pays d’origine se sont livre. L'imprimerie y est née, le tion de la France, l'offre éditoria- du coup vidés de leurs meilleures têtes. Les commerce y a été solidement le résiste en Europe, où elle est taux de retour varient considérablement en organisé autour des Foires de beaucoup plus variée. Autant de fonction des opportunités offertes par les pays Leipzig puis de Francfort. C'est bonnes raisons pour continuer à d’origine : selon une étude de la National Scien- aussi le pays du premier éditeur défendre l'Europe du livre. ce Foundation réalisée en 1998, si à peine plus de 20 % des Indiens sont revenus, en revanche le taux est de 60 % pour les Taïwanais. 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani « Une communauté transnationale d’ingé- Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; nieurs chinois a favorisé la circulation de capi- Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint taux, de talents et d’information entre la Califor- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel nie et la région de Hsinchu-Taipei (Taïwan). Le Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette mouvement s’est fait dans les deux sens », a obser- Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment vé AnnaLee Saxenian. Des start-up créées par Rédacteurs en chef : Alain Frachon (Éditoriaux et analyses) ; des immigrés chinois ont bénéficié de capitaux Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; asiatiques, d’autres ont sous-traité leur fabrica- Éric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; tion à Taïwan, ou leurs logiciels en Inde, et prati- Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Rédacteur en chef technique : Eric Azan quement tous vendent leurs produits en Asie. Le gouvernement taïwanais a favorisé l’établis- Médiateur : Robert Solé sement de partenariats avec des fabricants de

Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg semiconducteurs basés à Hsinchu ; et aujour- Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; d’hui cette région fonctionne à la manière de la partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre Silicon Valley ; ses usines de semiconducteurs

Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président concurrencent les meilleurs firmes américaines et japonaises. Immigration, investissement, Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) commerce et développement économique bénéficient mutuellement les uns des autres, Le Monde est édité par la SA LE MONDE conclut AnnaLee Saxenian. Reste aux politi- Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, ques d’en être convaincus. Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. Annie Kahn

ILYA50 ANS, DANS 0123 Vers un armistice de fait en Corée ? L’introuvable troisième aéroport parisien TOUT LE MONDE souhaite pren- tion franche et systématique des préfet de l’Aisne, écarte le plateau grande innovation du chantier de D’APRÈS le New York Times, dans son esprit les décisions aux- dre l’avion mais personne ne veut citoyens pour les grands équipe- de Fère-en-Tardenois (Aisne), au l’aménagement du territoire, mais les Etats-Unis « semblent arriver quelles il fait allusion auraient dû qu’il passe au-dessus de sa tête. S’il y ments – malgré les déclarations répé- nord-est de Château-Thierry. Ainsi, qu’une manifestation ou une élec- à estimer que l’œuvre militaire lui fournir de nouveaux moyens et a un domaine où la France est schi- tées dans ce sens. Quelques semai- un des sites possibles en Picardie tion locale suffit à rendre caduc. des Nations unies prendra fin quel- lui permettre de faire avancer les zophrène, c’est celui des aéroports. nes après son arrivée au pouvoir, la est éliminé a priori alors que les pro- Le développement du trafic que part dans le voisinage du forces des Nations unies, voire de Dès qu’il est question de créer une gauche plurielle gèle le projet de cédures de consultation n’ont pas aérien suppose que la France aug- 38e parallèle ». bombarder la Chine. plate-forme, de l’agrandir ou de nouvelle plate-forme envisagée par encore commencé. mente de manière sensible ses capa- Si l’hypothèse du grand journal La réponse du gouvernement modifier les couloirs aériens, des mil- le gouvernement d’Alain Juppé et Comment expliquer l’initiative du cités aéroportuaires et réorganise américain se vérifie, elle suggère américain ne serait pas, apparem- liers de personnes se mobilisent décide la construction de deux nou- représentant de l’Etat ? Elle n’a en ses couloirs aériens, dont les tracés la réponse du gouvernement amé- ment, dans ce sens. Il préférerait pour marquer leur hostilité, avec par- velles pistes à Roissy. Opération qui tout cas pas été télécommandée ont été définis voilà trente ans. Le ricain à la question implicitement voir les opérations militaires se sta- fois des interférences électorales. s’inscrivait dans le plan de rétablisse- par le ministère des transports. troisième aéroport parisien se trou- posée par le général Mac Arthur biliser au centre de la Corée, aussi La réaction des riverains semble, à ment d’Air France. Dans l’entourage de Jean-Claude ve au centre du futur dispositif. Il dans une récente conférence de longtemps tout au moins qu’une chaque fois, surprendre les autori- Gayssot, on ne veut pas commenter faudra trouver son site dans le presse. Il déclarait que sans de nouvelle offensive chinoise ne tés, qui trouvent toujours le même QUADRATURE DU CERCLE l’annonce de M. Lallemend, mais « désert français ». Il faut aussi nouveaux renforts il ne pourrait nécessitera pas une réplique plus type d’échappatoire, en substance : La catastrophe du Concorde relan- on ne se prive surtout pas d’assurer résoudre la question du développe- poursuivre sa campagne en Corée énergique. « Rien n’est encore décidé ; nous en ce le dossier. Lionel Jospin annonce, qu’aucun site ne peut être écarté à ment des aéroports régionaux qui du Nord, que la ligne du front En somme les événements des sommes au stade des hypothèses ; les le 26 octobre 2000, la volonté du ce stade. L’explication ne peut être devront assurer le relais pendant plu- atteindrait bientôt « une position cinq derniers mois auraient con- études doivent être encore approfon- gouvernement de créer une nouvel- donc que purement politique et sieurs années en attendant que la d’équilibre militaire » et que des duit le gouvernement de Washing- dies ; la concertation des riverains le desserte dans le Bassin parisien électorale. Le mouvement de protes- plate-forme dans le Bassin parisien décisions vitales devraient être ton à prendre un parti auquel il n’est pas achevée. » Langue de bois dont la réalisation fera l’objet d’étu- tation contre un aéroport interna- soit opérationnelle. Les associations prises, à la fois militaires et pouvait s’arrêter dès les premiers révélatrice de l’incapacité du gouver- des techniques approfondies et tional dans l’Aisne a décidé de pré- de défense des riverains sont déjà en politiques. jours d’octobre, époque où les nement et de l’administration à s’en d’une consultation au titre de la senter six candidats aux élections ordre de bataille autour des principa- Comme il attribuait aux Chinois armées de Mac Arthur franchi- tenir à un code de conduite. Commission nationale du débat cantonales dans les arrondisse- les dessertes régionales. l’intention de procéder à une rent pour la première fois le D’abord, tout se passe comme au public (CNDP) ; le choix du site ments de Château-Thierry, Sois- L’opération pour le gouverne- « nouvelle et massive offensive de 38e parallèle. bon vieux temps du droit régalien : dans l’une des trois régions sons et Laon. Comme le président ment de Lionel Jospin relève de la printemps », on supposera que (16 mars 1951.) les « grands serviteurs » de l’Etat concernées – Centre, Picardie, du conseil général, Jean-Pierre Balli- quadrature du cercle. Il est tenu de conçoivent un projet avec la certi- Champagne – devant se faire à l’is- gand (PS) – partisan de la réalisa- trouver un compromis entre les tude qu’ils ont trouvé la solution sue de la procédure de concertation. tion du projet dans son départe- impératifs d’aménagement du terri- 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS idoine. Ensuite, le projet filtre sur la Dans la lettre de mission adres- ment en raison des emplois qu’il toire, le confort des riverains et les place publique et les riverains protes- sée à Pierre Zémor, le nouveau pré- générerait (autour de 30 000) –, ne intérêts d’Air France ; la compagnie Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr tent. Le gouvernement tente alors sident de la CNDP, M. Jospin l’en- dispose que d’une majorité étroite nationale étant contrainte – concur- de calmer les esprits. Quand il ne se joint d’organiser un débat public dans l’assemblée actuelle, la pruden- rence européenne et internationale Télématique : 3615 code LEMONDE Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) trouve pas en situation de tenir des qui devrait être engagé en avril ou ce a prévalu. Précaution excessive, oblige – de s’appuyer sur un pôle de ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) propos contradictoires. mai, de sorte que le gouvernement apparemment, puisque les candi- correspondances (hub) compétitif, L’affaire du troisième aéroport puisse prendre sa décision à dats anti-aéroport n’ont pu passer comme le font déjà ses principales Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 parisien est exemplaire d’une situa- l’automne. Jusque-là, le scénario le premier tour des cantonales. rivales à Londres, Amsterdam ou Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 tion où les décideurs ne se sont pas arrêté par Matignon est respecté à Cette péripétie augure mal de la Francfort. Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 encore résolus à basculer dans une la lettre. Mais voilà que, quelques place qui sera finalement donnée au autre culture – celle de la consulta- jours plus tard, Didier Lallemend, débat public, présenté comme la Marcel Scotto 21 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001

TRANSPORT La Grande-Breta- la privatisation. Il préconise une nou- la moitié viendrait du budget de opérateurs privés lors des futurs filiales chargées de transporter les gne et l’Allemagne s’interrogent sur velle organisation, mais surtout éva- l’Etat. b CE RAPPORT préconise éga- investissements. b EN ALLEMAGNE, voyageurs et les marchandises et l’avenir de leur secteur ferroviai- lue à 60 milliards de livres les inves- lement de mettre Railtrack, la socié- le ministre des transports préconise celle chargée du réseau. Le ministre re. b EN GRANDE-BRETAGNE, un rap- tissements nécessaires pour redres- té chargée de l’infrastructure ferro- le démantèlement de la Deutsche recommande de séparer cette derniè- port officiel critique les modalités de ser la situation. Or, sur cette somme, viaire, en concurrence avec d’autres Bahn. Celle-ci chapeaute à la fois les re pour favoriser la concurrence. Le sauvetage du rail britannique passerait par sa renationalisation rampante Un rapport réalisé par l’autorité ferroviaire, outre-Manche, estime que les chemins de fer ont besoin de 60 milliards de livres, soit environ 624 milliards de francs sur dix ans, pour tourner la page de la privatisation ratée

LONDRES Ces propositions sont basées sur nal en une seule unité au lieu de l’absence de spécialistes du secteur la dénationalisation, était prévisi- prévenu les usagers qu’ils ne pou- de notre correspondant à la City la création de « special purpose morceler le système. Résultat : un ferroviaire au sommet de cette com- ble : une vraie déception. Le projet vaient pas compter, à court terme Au bord de la rupture en raison vehicles », un partenariat entre le monopole privé, à mi-chemin entre pagnie privée mais subventionnée reste, en effet, vague sur le rappro- du moins, sur une amélioration de de décennies de sous-investisse- secteur privé et les pouvoirs l’entreprise et l’administration, qui a usé et abusé de sa position de chement nécessaire entre opéra- leur sort ! Jusque-là placés sur la ment et des ratés de la privatisa- publics, destiné à financer les nou- avec ses lourdeurs et ses rigidités a force », indique un observateur. teurs et le gérant d’infrastructures défensive en raison de la décision tion, les chemins de fer britanni- veaux projets d’investissement ou remplacé un monopole public. Et la logique industrielle dans au cœur du « mal anglais ». Le de la droite au pouvoir au début ques traversent une forte turbulen- la modernisation des installations « La performance de Railtrack est tout cela ? L’effet de l’annonce de retrait de Railtrack de certains nou- des années 1990 de privatiser le ce. Selon le plan présenté le existantes. Railtrack, qui perd ainsi moyenne, notamment en raison de ce premier chambardement depuis veaux projets ne change rien au rail, l’opposition tory voit s’ouvrir 13 mars par l’autorité du rail, les son monopole en la matière, fait que celle-ci garde intact son un boulevard. Les syndicats, quant investissements colossaux sur dix devient un acteur comme un autre, monopole en matière de mainte- à eux, s’indignent de la fragmenta- ans et la réforme du cahier des au même titre que les opérateurs Une double tutelle difficile nance. L’épineux problème du coût tion accrue du réseau et accusent charges de Railtrack – la société pri- ferroviaires les plus performants, élevé pour le fret de l’accès au l’équipe travailliste de négliger la vée chargée des voies, de l’infras- les groupes de BTP ou les sociétés Créée en 1999 par un acte du Parlement, entrée en fonctions le réseau n’est pas évoqué. Bien des sécurité pour permettre aux opéra- tructure et des gares – devraient de capital-risque. Le plan d’inves- 1er février, la Strategic Rail Authority (SRA) remplace l’Office of interrogations demeurent aussi sur teurs de gonfler leurs bénéfices au permettre de tourner la page des tissement de 60 milliards de livres Passenger Rail Franchising établi lors de la privatisation de 1996-1997. la volonté d’investissement d’un profit des gros actionnaires. errements de la dénationalisation. (environ 624 milliards de francs) Cette nouvelle autorité possède dans ses attributions l’octroi et le secteur privé dans un secteur forte- Le pari de Sir Alastair tiendra-t-il Mais ce programme tracé seule- sur dix ans, provenant pour moitié contrôle des franchises d’opération, la planification à long terme du ment médiatisé. la route ? Argument choc de son ment dans les grandes lignes et qui des caisses de l’Etat, pour moitié réseau et la distribution des subventions de l’Etat. Présidée par Sir Alas- concepteur : « la privatisation a mis apparaît comme un tour de passe- du secteur privé, est l’autre axe de tair Morton, la SRA est aussi chargée de l’intégration du rail dans un SÉCURITÉ NÉGLIGÉE ? en place une structure plus que passe financier engendre le scepti- cette stratégie. L’enveloppe doit système de transport global et du sort des passagers handicapés. Pour La chute de l’action de Railtrack défectueuse qui n’a pu délivrer ce cisme dans la City. financer la mise en place de nou- sa part, le Rail Regulator est chargé du contrôle de Railtrack– la socié- montre les interrogations des mar- qui était nécessaire. Dépassée par Sir Alastair Morton, le président veaux trains de banlieue, la moder- té privée chargée des infrastructures –, des tarifs payés par les opéra- chés. Sur le versant politique, l’af- les événements, Railtrack préside de la Strategic Rail Authority nisation des gares, la création de teurs pour accéder au réseau, du respect de leurs engagements en faire n’est guère plus réussie. Alors une infrastructure fréquemment (SRA), se frotte les mains. L’annon- lignes transversales est-ouest et la matière d’horaires et du prix des billets, ainsi que de la coordination de que des élections générales antici- erratique », conclut-il. ce en grande pompe de son plan construction d’une jonction entre l’action des comités d’usagers. La coexistence entre les deux autorités pées devraient se dérouler prochai- de sauvetage du rail britannique les différentes gares londoniennes. est loin d’être harmonieuse. Les spécialistes exigent leur fusion. nement, le président de la SRA a Marc Roche est, dit-il, le jour de sa vie. Son rêve : « transformer le système ferro- UN CANARD BOITEUX viaire britannique en un réseau de La logique financière de ce cham- classe mondiale ». Y est-il arrivé bardement est évidente. Railtrack dans ce document dont la publica- est aujourd’hui un canard boiteux. tion avait été retardée par la catas- Alors que, contre toute attente, le trophe de Hatfield, en octo- nombre de passagers s’était accru bre 1999, provoquée par un rail bri- depuis la privatisation, l’accident sé sur une portion de voie en mau- de Hatfield et l’engorgement du vais état notoire ? Tout le monde réseau qui en a résulté ont provo- en doute, mais pour l’heure, l’an- qué une certaine désaffection au cien copatron d’Eurostar savoure profit de l’avion et de l’autobus. son premier bulletin de victoire, la D’où les lourdes indemnités récla- mise au point d’une stratégie mées par les opérateurs à Railtrack décennale destinée à sortir le rail dont les services ont été gravement britannique des affres de la privati- perturbés par le vaste programme sation. Son objectif est clair : met- de rénovation. La compagnie paie tre sur la touche Railtrack en favo- également le choix du gouverne- risant les sociétés ferroviaires qui ment conservateur précédent de font rouler les trains. privatiser le réseau au niveau natio- Le gouvernement allemand envisage de démanteler la Deutsche Bahn FRANCFORT les chances des concurrents de la de notre correspondant DB. A terme, la société dédiée au Alors qu’elle est engagée dans réseau pourrait être privatisée. De une délicate restructuration, la son côté, Hartmut Mehdorn, soute- Deutsche Bahn (DB) va-t-elle être nu par les syndicats de la Deutsche démantelée ? C’est le ministre des Bahn, ne veut pas entendre parler transports allemand, Kurt Bodewig d’un changement des règles du jeu (SPD), qui a lancé, samedi 10 mars, concernant l’exploitation du un joli pavé dans la mare. Il a propo- réseau. D’après lui, le démantèle- sé d’affranchir la société qui gère le ment de la Deutsche Bahn survien- réseau ferroviaire, DB Netz, de sa drait au plus mauvais moment. maison mère, la Deutsche Bahn. M. Mehdorn fait valoir que le main- Opposé à cette initiative, le prési- tien des infrastructures dans le dent du directoire de la compagnie giron de l’ancien monopole avait publique, Hartmut Mehdorn aurait été décidé au moment de la réfor- même, selon la presse, envisagé de me ferroviaire. La possibilité de le démissionner après le discours de gérer en direct donne des marges son ministre. Démenties, les de manœuvre à la compagnie. rumeurs autour de son départ ont incité le chancelier Schröder à mon- CRISE CHRONIQUE ter au créneau pour apaiser les L’opposition de M. Mehdorn est tensions entre les deux hommes. d’autant plus ferme que le chantier Deux logiques s’affrontent. d’assainissement qu’il pilote est très D’une part, M. Bodewig entend complexe. Accidents tragiques, doubler le fret ferroviaire d’ici à retards, matériels vieillissants, la 2015. Ces dernières décennies, ce Deutsche Bahn a accumulé les con- trafic a eu tendance à se réduire for- tre-performances. La perspective tement, au profit de la route – le rail de pertes colossales a même remis représenterait actuellement moins en cause le projet de son introduc- de 7 % du fret, contre plus de 80 % tion en Bourse, d’abord envisagé pour les poids lourds. Mais l’Allema- vers 2004. Pouvoirs publics, syndi- gne souffre de l’engorgement de cats et dirigeants de la Deutsche ses autoroutes. La réduction du tra- Bahn tentent de trouver une issue à fic routier est devenue un dossier cette crise chronique. Un vaste plan explosif pour la coalition rouge-ver- social a été conçu, avec la suppres- te au pouvoir. Outre la création sion de 35 000 emplois (sur un effec- d’une taxe prélevée sur les camions, tif de 220 000 personnes). La compa- en principe dès 2003, M. Bodewig gnie, qui s’attend à des pertes cette veut dynamiser le transport ferro- année après un résultat opération- viaire en relançant la concurrence. nel positif en 2000, a décidé de relan- Bien que la société exploitant le cer ses investissements, pour dyna- réseau ait été juridiquement disso- miser, entre autres, le trafic de mar- ciée de celles qui pilotent le fret et chandises. Berlin a promis d’aug- le trafic passagers depuis la réforme menter son soutien financier, utili- ferroviaire de 1994, les trois structu- sant une partie des économies bud- res restent dans le giron de la Deuts- gétaires réalisée grâce à l’attribu- che Bahn. Les droits de péage payés tion des licences UMTS (troisième par les exploitants sont donc versés génération) de téléphonie mobile. à une autre filiale de la DB. Mais il est de notoriété publique Des opérateurs concurrents que le gouvernement accepte de – environ 200 – ont fait une timide mettre la main à la poche pour voir apparition sur le territoire alle- son avis davantage pris en compte. mand, mais ils se plaignent, tout La polémique en cours est une pre- comme les étrangers, des tarifs dis- mière illustration de cette reprise criminatoires pratiqués pour accé- en main. der au réseau. L’idée est donc d’ouvrir le marché afin d’accroître Philippe Ricard 22 / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 ENTREPRISES Comment Nestlé a doublé sa valeur boursière en trois ans Sous la houlette de son charismatique directeur général, Peter Brabeck, aux commandes depuis 1997, ce mastodonte de l’ancienne économie, leader mondial du lait en poudre, des eaux minérales et du café soluble, a diversifié son portefeuille de produits et augmenté sa rentabilité Nestlé est de retour. Le géant suisse, numé- 1991. Pendant que les start-up d’Internet créé, en 2000, quelque 27 milliards d’euros valeur de l’entreprise. Le résultat d’un faire de vagues, 38 usines dans le monde. Il ro un mondial de l’industrie agroalimen- voyaient partir en fumée leurs milliards vir- de valeur boursière. En trois ans et demi, implacable et minutieux plan de mutation a réorienté le groupe vers les marchés émer- taire, a retrouvé en 2000 un taux de crois- tuels, ce mastodonte de l’ancienne écono- l’Autrichien Peter Brabeck, administrateur en profondeur de l’entreprise, de son mana- gents et a investi les nouveaux créneaux sance de ses activités supérieur à 4 %, un mie, arc-bouté sur ses métiers tradition- délégué du groupe, qui avait succédé au gement, de ses méthodes, de ses produits, porteurs de l’alimentaire : l’eau, la santé et niveau qu’il n’avait plus connu depuis nels, le lait, le café, le chocolat, l’eau, a très respecté Helmut Maucher, a doublé la de ses marchés. M. Brabeck a fermé, sans la nourriture pour les animaux.

NEW YORK a été sa dernière éta- L'accélération des performances nal, « qui devrait nous permettre nous différencier dans les laits infan- pe. En l’espace de deux semaines, d’économiser 1,5 milliard de francs tiles ». Une innovation majeure sur Peter Brabeck a fait le tour des capi- COURS DE L'ACTION NESTLÉ MARGE DU GROUPE en % du chiffre d'affaires suisses sur trois ans ». laquelle compte M. Brabeck pour tales boursières pour prêcher la en franc suisse à Zurich Tout en resserrant les boulons en reprendre durablement l’avantage bonne nouvelle : Nestlé est de 4 000 3 618 Marge d'exploitation Marge nette interne, M. Brabeck a lancé Nestlé sur ses concurrents. retour, et au plus haut niveau. Le le 14 mars 12,0 7,0 sur de nouveaux territoires de crois- « Nous sommes leader mondial 3 500 géant agroalimentaire suisse, que sance. Comme ses concurrents, la du lait en poudre, explique-t-il. Le M. Brabeck dirige depuis juin 1997, 3 000 11,5 6,5 multinationale suisse fait face à danger est que ce produit devienne a réalisé en 2000 des performances une certaine saturation de ses mar- facilement imitable par les coopérati- records : 3,79 milliards d’euros de 2 500 11,0 6,0 chés historiques, l’Europe et les ves et les marques de distributeurs. résultat net (en hausse de 22 %) 2 000 Etats-Unis. « Sur ces marchés mûrs, Nos ingrédients actifs vont nous per- pour un chiffre d’affaires de 10,5 5,5 nos espérances sont modérées, expli- mettre de proposer non pas du lait 53,57 milliards d’euros. Pour la pre- 1 500 que-t-il, si l’Europe croît de 2 % en en poudre classique mais un produit mière fois depuis 1991, la croissan- 10,0 5,0 volume, cela me paraît bien. » Cap, unique. » Lancés en 1997, les ingré- ce interne du groupe a dépassé les 1 000 donc, sur les marchés émergents, dients actifs génèrent déjà 357,5 4 %, atteignant 4,4 % en 2000. 500 9,5 4,5 plus risqués mais plus prometteurs millions d’euros de chiffre d’affai- Malgré – ou grâce à ? – son activi- du fait de la croissance de la démo- res, « en croissance de 34 % cette té on ne peut plus traditionnelle 0 9,0 4,0 graphie et du niveau de vie. année », se félicite M. Brabeck. (lait, café, eau, chocolat…), la cote 1990 92 94 96 98 00 01 1990 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 « On estime à plus de 1 milliard, du groupe est remontée en flèche. dans le monde, le nombre de person- Alors que les jeunes pousses Inter- L'action Nestlé a réalisé un parcours boursier sans faute. Grâce à l'amélioration de sa rentabilité, l'entreprise nes dont le pouvoir d’achat va dépas- « J’ai changé les net perdaient leurs illusions et leurs vaut aujourd'hui près de 90 milliards d'euros. ser 1 500 dollars par an [10 770 milliards de valorisation boursière, francs], dit M. Brabeck. Ace priorités du groupe le mastodonte de Vevey, qui Danone, l’administrateur délégué des abattoirs en Allemagne), au pro- production, une réduction des niveau, les achats de produits ali- emploie 224 000 salariés dans le de Nestlé a réussi cette prouesse fit de secteurs plus porteurs : l’eau, emballages… « Fin 2000, nous mentaires connaissent une croissan- pour améliorer son monde, a gagné en 2000 plus de sans faire trop de vagues. la nutrition, la nourriture pour ani- avions économisé 3,1 milliards de ce rapide. » En 2000, le groupe a 27 milliards d’euros sur les marchés En 2000, Nestlé a « vendu ou maux domestiques (lire ci-dessous). francs suisses [2 milliards introduit en Chine ses plats cuisi- rendement financier financiers. Depuis sa nomination fermé 38 sites industriels dans le Dès 1997, avec son bras droit et d’euros] », se félicite le patron. Le nés, ainsi que son eau purifiée au poste d’administrateur délégué monde dont 22 en Europe. Tout cela directeur financier Mario Corti, résultat opérationnel est ainsi Nestlé Pure Life. Celle-ci, d’abord et j’ai accéléré (directeur général), il y a trois ans avec très peu de licenciements », M. Brabeck avait mis en place dans remonté de 10 à 12 % du chiffre testée au Pakistan et au Brésil, a et demi, M. Brabeck a pratique- affirme M. Brabeck. La firme s’est 479 usines un plan d’économies d’affaires. Du coup, le plan est pro- été lancée en Thaïlande, aux Philipi- le nettoyage ment doublé la valeur boursière du désengagée d’activités à faible crois- drastique et minutieux, fondé sur rogé d’un an, « afin d’économiser nes, au Mexique et en Argentine. groupe, la portant à près de 90 mil- sance, surgelés (Findus), cafés une meilleure utilisation de l’éner- 600 millions de francs suisses supplé- Sur les marchés développés, à la du portefeuille » liards d’euros. Une performance (Roast and Ground), ou encore la gie et des matières premières, une mentaires ». Et Nestlé prépare le population vieillissante, « nous vou- supérieure à la moyenne du secteur viande fraîche (le groupe possédait amélioration des taux de rebut de lancement d’un nouveau plan trien- lons utiliser l’intérêt accru des con- agroalimentaire en Europe. « Nest- sommateurs pour une alimentation Reste à bousculer la culture de lé est rentré dans le cercle ver- équilibrée », explique M. Brabeck. l’entreprise Nestlé, réputée pour tueux », titre le pourtant critique PROFIL administrateur délégué du groupe gué, les neuf directeurs généraux Un positionnement « santé » où être plutôt repliée sur elle-même, cabinet d’analystes Morgan Stan- suisse, en juin 1997, il ne cesse de ont changé de poste », raconte-t-il Nestlé retrouve son rival Danone. dans son repaire de Vevey. Fort de ley Dean Witter, dans son rapport LE STRATÈGE sillonner la planète pour aller voir sans ciller. Les salariés ont égale- Le groupe suisse réalise déjà ses résultats, l’énergique patron de fin février. Comment le succes- « les gens ». ment compris, en regardant leur 3,25 milliards d’euros sur les pro- autrichien n’entend rien moins seur du très respecté Helmut Mau- ET LES « VRAIES GENS » « Je passe près de 75 % de mon fiche de paie, que ses objectifs duits dits de « nutrition » (alimen- que transformer le centenaire cher a-t-il réveillé la belle endor- temps avec les collaborateurs de ambitieux de croissance interne tation infantile, clinique, nourritu- groupe suisse en une « e-compa- mie ? « J’ai changé les priorités du Regard bleu perçant et mâchoire l’entreprise, sur les différents mar- étaient autre chose qu’un vœu re énergétique…), à forte marge. ny » ! A l’image de General Elec- groupe pour améliorer son rende- volontaire, Peter Brabeck manie le chés. J’ai besoin de ce contact pieux. « La partie fixe des salaires Mais le vrai défi consiste à met- tric, Nestlé va devoir utiliser Inter- ment financier et j’ai accéléré le net- verbe et le sourire avec savoir-faire. direct pour faire changer le groupe est pratiquement restée au même tre au point des produits qui puis- net à tous les niveaux, pour optimi- toyage du portefeuille », a expliqué A cinquante-sept ans, cet Autri- et innover », se plaît-il à dire. A la niveau et nous avons donné beau- sent s’adapter à la fois aux mar- ser ses fonctions vitales : achats, M. Brabeck au Monde. chien polyglotte appartient au clan manière d’un Jack Welch, le mythi- coup plus d’importance à la rému- chés matures et aux pays émer- production, marketing, finance… Nestlé fait face à la problémati- des dirigeants charismatiques et que PDG de General Electric, M. Bra- nération variable sous forme de gents. La nouvelle pépite annon- Un projet mondial, « Globe », lan- que classique d’une multinationale charmeurs. Un atout de poids pour beck se rend « trente jours par an » bonus, indexés sur le succès de l’en- cée par le groupe s’appelle « ingré- cé en janvier 2001, mobilise déjà puissante sur un marché de moyen- dépoussiérer l’image austère et au centre de formation maison. treprise, et de stock options. » dients actifs ». « Ce sont des molécu- plus de 1 300 salariés. M. Brabeck ne croissance : grandir par acquisi- secrète de Nestlé, sorte de Michelin Une centaine de cadres « à haut Il a instauré une méthode bien à les et des bactéries qui ont été déce- vient d’en confier les manettes à tion devient de plus en plus diffici- de l’industrie agroalimentaire. potentiel » sont désormais couvés lui pour vérifier que ses messages lées dans notre centre de recherche une étoile montante du groupe, le, car « il y a une réduction du nom- Cet homme de marketing est par les plus hautes sphères : « Les passent bien, à tous les niveaux. fondamentale. Nous les avons breve- Chris Johnson, un jeune quadra… bre de cibles potentielles ». Pour pourtant un pur produit maison. Le directeurs sont pour eux des sortes « Depuis 1997, je déjeune chaque tées et transformées en marques américain, promu au rang de direc- répondre aux exigences des mar- jeune vendeur débutant a, en tren- de mentors. Je suis personnelle- mois avec un groupe composé de mondiales : LC1, Prebio1, Nescal- teur général adjoint. En six ans, chés financiers, il faut donc concen- te-trois ans de carrière, gravi un à ment responsable de trente gens très différents : chauffeurs, cium, Omega 3-6... » Ces ingré- Nestlé va mettre plus de 1,5 mil- trer ses efforts sur la croissance et un tous les échelons. Son expérien- personnes. » secrétaires, cadres. Des gens aux- dients, déjà ajoutés dans les laits liard d’euros sur la table pour la rentabilité internes. Parfois au ce de dix-sept ans en Amérique lati- Pour bousculer les baronnies his- quels je n’aurais pas normalement Nestlé (poudre ou liquide) destinés mener à bien cette révolution, qui prix de douloureuses restructura- ne – Chili, Equateur, Venezuela – toriques, l’homme sait aussi manier accès », explique-t-il. à certains pays émergents comme n’aura rien de virtuel. tions. A l’inverse de ses collègues lui a donné un goût immodéré du la fermeté. « Le premier jour où je le Brésil, vont être utilisés en Euro- d’Unilever, de Coca-Cola ou de terrain. Depuis qu’il a été nommé suis devenu administrateur délé- L. Be. pe, dans un premier temps, « pour Laure Belot

Le numéro un mondial de l’agroalimentaire Pellegrino, Nestlé Pure Life...), produits pour enfants (Nestlé, De l’alimentation animale aux cosmétiques b Histoire : l’entreprise laitière croissance interne) : boissons Guigoz…) ; chocolat (Nestlé, suisse a été fondée en 1866. En (14,9 milliards d’euros, + 5,6 %) ; Crunch, Kit Kat, Yes, Quality GRAND ÉCART stratégique ou ciers, le point noir de ses résultats. devenons de véritables concur- 1905, après sa fusion avec produits laitiers et glaces Street…) ; alimentation pour habile diversification ? Le géant Cette branche d’activité affiche un rents ! Au grand plaisir de nos l’anglo-suisse Condensed Milk (14,3 milliards d’euros, + 3,2 %) ; animaux (Friskies) ; plats cuisinés des produits laitiers, des petits taux de croissance de 1,7 %, contre actionnaires… » Plus sérieuse- Company, elle adopte comme plats cuisinés et produits pour les (Buitoni, Herta, Maggi). pots pour bébés et des eaux miné- 4,4 % pour l’ensemble de Nestlé. ment, ajoute-t-il, « la présence de logo le symbole du nid (nest en animaux (13,4 milliards d’euros, b Résultats : le chiffre d’affaires rales est aussi, c’est moins connu, « Ce n’est pas encore spectaculaire, Nestlé, de manière discrète, a peut- anglais). Elle se développe sur son + 4 %) ; chocolats et biscuits 2000 a atteint 81,4 milliards de en passe de devenir l’un des lea- mais après trois ans de baisse, c’est être aidé la croissance de L’Oréal, métier historique, le lait et les (7,2 milliards d’euros, + 1,7 %) ; francs suisses (52,8 milliards ders mondiaux de… l’alimentation redevenu positif, relativise M. Bra- qui était, dans les années 1970, cen- produits pour enfants, produits pharmaceutiques d’euros, + 9,1 %). Le bénéfice net pour chiens et chats ! Et il est beck. Et, plus important, nous avons tré sur la France et un peu sur l’Eu- principalement par des (3,1 milliards d’euros, + 7,3 %). s’est accru de 22 %, à 5,8 milliards incontournable dans le capital du retrouvé une marge de rentabilité rope. Nous les avons aidés, par acquisitions successives. C’est en b Principaux produits (et de francs suisses (3,7 milliards numéro un mondial des cosméti- satisfaisante, à 10,6 %, soit une amé- exemple, en leur donnant des con- 1938 que Nestlé invente le marques alimentaires) : café d’euros). La marge d’exploitation ques, L’Oréal. Peter Brabeck assu- lioration de 1,9 %. » Maintenant tacts pour entrer sur des marchés procédé Nescafé de café (Nescafé : 10 % du chiffre mondial est passée en un an de 10,6 % à me sans réserve ces choix faits par que la barre est redressée, et dans étrangers où nous étions déjà ». Les instantané. Le groupe, dont le du groupe, Ricoré) ; autres 11,3 %, pour un résultat ses prédécesseurs. le cadre des grands reclassements deux groupes coopèrent dans la siège est situé à Vevey, emploie boissons (au chocolat, Nesquik, opérationnel 2000 de 9,2 milliards b Alimentation animale : le qui s’opèrent dans le secteur, dermopharmacie, au travers aujourd’hui 224 000 salariés. au thé, Nestea…), eaux (Vittel, de francs suisses (5,9 milliards réservoir de croissance. « Norma- Nestlé serait-il tenté de céder l’en- d’« une joint-venture, Caderma, b Activités (chiffre d’affaires et Perrier, Quézac, Contrex, San d’euro, + 16,1 %). lement, la croissance de cette activi- semble ? « Qu’est-ce que je peux qui fonctionne très bien », estime té est beaucoup plus importante vendre ? Les chocolats sont sous la M. Brabeck. Il n’exclut pas un ren- que celle de l’ensemble du groupe. marque Nestlé. Et cette marque, je forcement de cette collaboration : Mais l’arrivée de Procter & Gamble ne peux pas la céder. Je peux vendre « C’est une option. Cela pourrait avec l’acquisition de Iams a ralenti peut-être une petite affaire de sucre- être [par] une joint-venture dans la notre progression aux Etats-Unis en rie et quelques biscuits en Amérique nutrition comme nous en avons une 2000. » Pour reprendre l’avantage, latine, le seul endroit où nous som- dans la dermatologie », répond-il, Nestlé a frappé un grand coup, le mes encore dans les biscuits. » évasif. 16 janvier, en lançant une OPA Cette dernière activité aurait déjà Mais la vraie question est amicale de 10,3 milliards de dol- des prétendants : « Nabisco, Kel- ailleurs. L’Oréal est un des leaders lars (près de 11 milliards d’euros) logg’s ou encore Danone sont inté- de la beauté, un marché en bien sur le groupe américain Ralston ressés. » plus forte croissance que ceux de Purina, spécialisé dans la nourritu- b L’Oréal : placement ou filia- l’alimentation, où opère Nestlé. re pour animaux de compagnie. le ? Depuis près de trente ans, les De là à envisager L’Oréal comme Un rachat qui lui permettrait deux groupes entretiennent des une diversification pour le groupe d’être au coude à coude avec le relations complexes. En 1974, suisse… « Madame Bettencourt a numéro un mondial, Mars. Sous Nestlé investissait 240 millions de exprimé son désir en public de ne réserve de l’autorisation des auto- francs suisses dans L’Oréal. Une pas céder la majorité qu’elle détient rités de la concurrence. Aux Etats- participation aujourd’hui valori- dans L’Oréal de son vivant. La ques- Unis, Ralston détient 27 % du mar- sée « environ 24 milliards [de tion n’est donc pas d’actualité », ché, Nestlé plus de 12 % : « Il peut francs suisses] », sourit M. Bra- répond M. Brabeck, qui n’exclut y avoir discussion », concède beck. Aux termes d’un accord, cependant aucune hypothèse, y M. Brabeck, qui argumente : reconduit en 1994, avec la famille compris celle d’une augmentation « Nestlé et Ralston Purina sont cha- Bettencourt, actionnaire principal de sa participation à terme. «On cun comme deux athlètes unijambis- du groupe français de cosméti- peut tout imaginer tant que cela a tes. Nous sommes très bien position- ques, la firme suisse possède 49 % un sens économique. Ce serait ridi- nés sur l’alimentation humide pour de Gesparal, la holding de contrô- cule de détruire de la valeur. (…) Il chats, eux sur les produits secs pour le de L’Oréal, détenue à 51 % par est très difficile de parler de l’avenir. chiens. Notre alliance ne va faire les Bettencourt. « Nous sommes Je ne sais pas dans quelle situation qu’encourager la concurrence. » deux entreprises performantes, sera Nestlé. Peut-être, un jour, si la b Biscuits à vendre. La confise- nous avons une relation plus qu’ami- situation change et que nous devons rie et le chocolat, activités pour- cale dont chacun profite, affirme alors défendre nos intérêts… » tant historiques du groupe, sont M. Brabeck. De temps en temps, un peu, selon les analystes finan- nous rions en nous disant que nous L. Be. ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / 23

Axa tente de rassurer Un vent de panique souffle les investisseurs sur les marchés boursiers mondiaux L’assureur affiche un bénéfice net A New York, l’indice Dow Jones passe sous les 10 000 points de 25,6 milliards de francs, dopé par la cession Mercredi 14 mars, l’indice Dow Jones a perdu Anticipant l’ouverture en baisse des marchés cher des 5 000 points avant de se reprendre. Les plus de 3 % au terme d’une séance agitée, sur américains, les indices européens ont perdu jus- investisseurs s’interrogent sur l’atterrissage en de la banque d’affaires américaine DLJ fond de rumeurs sur les banques japonaises. qu’à 5 % en séance, le CAC 40 crevant le plan- douceur de l’économie américaine.

AU TERME de son premier exer- exercice difficile, marqué par une JEUDI 15 MARS au matin, l’indi- Deux jours de fébrilité explique Yves Maillot, responsable L’effet panique a joué à fond. cice en tant que président du direc- réduction d’un tiers de la contribu- ce CAC 40 a ouvert en hausse de de la gestion à la Banque Robeco. Plus fondamentalement, les inves- toire de l’assureur Axa, Henri de tion de l’assurance-dommages en 0,61 %, avant de perdre tous ses INDICE CAC 40 en points Mais si les marchés américains tisseurs paraissent aussi remettre Castries – qui a succédé à Claude raison des tempêtes de fin 1999 et gains en quelques minutes. Fébri- étaient promis à une telle rechute, en question le scénario optimiste Bébéar en mai 2000 – était très des inondations en Grande-Breta- le, le marché cherche une nouvelle INDICE DOW JONES c’est que de nombreuses rumeurs d’atterrissage en douceur de l’éco- attendu sur la présentation des gne, ainsi que par la volatilité des fois sa direction. Mercredi couraient dans les salles de mar- nomie américaine. L’indice « tradi- résultats du groupe et surtout sur marchés financiers. Si l’impact de 14 mars, déjà, les indices euro- chés, après l’annonce de la « mise tionnel » Dow Jones a ainsi cassé la définition de sa stratégie, mercre- la baisse des marchés d’actions est péens avaient commencé la jour- 5 250 sous surveillance avec perspective le seuil symbolique des di 14 mars. Côté résultats, il a modéré sur les plus-values déga- née dans le vert, dopés par le 10 300 négative » du secteur bancaire 10 000 points, alors qu’il résistait annoncé le quasi-doublement du gées et n’inquiète pas la direction rebond de 4,75 % du Nasdaq, le japonais – soit 19 établissements jusqu’à présent aux affres de la 5 200 CAC 40 10 250 bénéfice net part du groupe de la d’Axa, cette conjoncture boursière marché américain des valeurs tech- 5 115,5 financiers – par l’agence de nota- nouvelle économie, et a affiché, en compagnie, à 3,904 milliards difficile pèse sur l’activité, explique nologiques, le jour précédent. 10 200 tion Fitch IBCA. clôture mercredi, la plus forte bais- 5 150 d’euros en 2000 (25,6 milliards de Gérard de la Martinière, directeur Mais le répit avait été de courte 10 150 se (- 3,08 %) des grands indices francs), en hausse de 93 %. Ce mon- général d’Axa. En effet, la collecte durée. Peu après 13 heures, l’indi- EFFET PANIQUE mondiaux. tant spectaculaire recèle toutefois d’épargne et la gestion d’actifs ce phare de la Bourse de Paris pas- 5 100 10 100 Petit résumé par Robert Parker, Depuis trois mois, les valeurs d’importants élements exception- pourraient être affectées par des sait sous le seuil psychologique 10 050 directeur de la clientèle institution- « cycliques » avaient réalisé de nels, pour un total de 1,643 mil- marchés déprimés. L’activité d’Axa des 5 000 points pendant quelques 5 050 nelle chez Crédit suisse Asset Mana- bonnes performances à Paris, car liard d’euros. Il s’agit essentielle- aux Etats-Unis a déjà baissé au minutes, participant à la glissade 10 000 gement : « Le marché spécule sur la croissance ne paraissait pas ment de la plus-value de cession deuxième semestre 2000, et ce de près de 5 % des actions euro- 5 100 des rumeurs non confirmées de failli- menacée. Maintenant, des actions 9 950 de la banque d’affaires américaine recul se poursuit en 2001. Or, Axa péennes. Pendant vingt minutes, te d’une ou deux banques japonaises, comme Renault, Lafarge ou Saint- Donaldson, Lufkin and Jenrette est de plus en plus présent sur l’as- les transactions étaient même sus- 4 950 9 900 sur de nouveaux avertissements sur Gobain sont attaquées. « En cas de (DLJ), vendue en août 2000 au Cré- surance-vie et l’épargne retraite, pendues à Amsterdam, « pour per- 9 973,5 les résultats (profit warning) notam- ralentissement ponctuel de la crois- dit suisse. Une plus-value amoin- qui pèsent 58 % de son chiffre d’af- mettre aux courtiers de prendre un ment de Nokia, sur des abaissements sance mondiale, les marchés exa- drie par les pertes liées à la vente faires. Il veut s’y renforcer. peu de recul », a indiqué Robert 13 mars 14 mars de note de crédit et sur l’annonce gèrent, car les actions sont mainte- de la banque Worms. Hors élé- Bakker, un responsable d’Euro- Source : Bloomberg d’autres plans de licenciements dans nant correctement évaluées, voire ments exceptionnels, le résultat res- DOUTES DES ANALYSTES Next Amsterdam, à l’agence Reu- la technologie. De plus, le marché sous-évaluées », conclut M. Maillot. sort à 2,261 milliards d’euros, en De nombreuses questions sont ters ! une indication de la tendance à redoute une baisse trop lente des Les opérateurs devraient néan- hausse de 21,2 %, un chiffre plus posées sur la stratégie d’Axa, deve- « Les indices européens avaient venir) sur l’indice Nasdaq 100 et le taux directeurs de la Réserve fédéra- moins rester fébriles dans les pro- conforme à l’ensemble du secteur. nu numéro un mondial de l’assu- bien rebondi. Mais les opérateurs Dow Jones, et ils ont vu que l’ouver- le américaine et trop tardive de la chains jours. M. de Castries s’est dit « très satis- rance en termes de chiffre d’affai- ont commencé à regarder les futu- ture serait très difficile à New York, part de la Banque centrale européen- fait des résultats » au terme d’un res, avec 80 milliards d’euros en res (contrats à terme, qui donnent ce qui a fait plonger les indices », ne, pour relancer l’économie. » Adrien de Tricornot 2000. Si les analystes saluent la ven- te de DLJ, au plus fort du marché, Une commission ils affirment manquer de visibilité par ailleurs. « Le groupe est en train des assurances de restructurer toutes ses entités et il y a eu des mouvements de dirigeants surprenante récemment », souligne Kimon Kalamboussis, analyste chez Leh- La Commission de contrôle des man Brothers. assurances (CCA) compte cinq Les interrogations sur la straté- nouveaux membres, nommés gie portent sur la France d’abord, par le ministre de l’économie, où Axa doit mieux utiliser son Laurent Fabius, selon un avis « potentiel » de huit millions de publié au Journal officiel mercre- clients. Et sur d’autres pays d’Euro- di 14 mars. Jacques Delmas-Mar- pe, où le groupe dit vouloir « trans- salet, ancien président des Ban- former ses structures d’assurance ques populaires, en prend la pré- traditionnelles en distributeurs de sidence en remplacement de produits financiers », ce qui coûte- Jean Fourré. Outre deux magis- ra plusieurs centaines de millions trats, François-Régis Croze et d’euros dans chaque pays. Axa Jean-Michel de Mourgues, deux cherche à nouer des partenariats. assureurs ont été nommés. M. de Castries a confirmé devant Ce choix a suscité un certain les analystes mercredi être en dis- étonnement dans la profession. cussion avec la Deutsche Bank, Jacques-Henri Gougenheim, un mais aussi avec d’autres partenai- ancien dirigeant de l’UAP, a prési- res, en Allemagne et ailleurs. dé de 1993 à 1997 la banque Les doutes des analystes se tra- Worms, qui a perdu plus de duisent dans le cours de l’action 10 milliards de francs dans l’im- Axa. Il baissait de 1,33 %, à mobilier. Quant à Jacques Van- 125,80 euros, jeudi 15 mars à dier, président de la Macif jus- l’ouverture des marchés. La capita- qu’en juin 1997, il a été l’une des lisation boursière d’Axa (53 mil- figures de l’assurance mais a été liards d’euros au cours de jeudi) a critiqué pour ses investissements perdu 11 milliards d’euros depuis hasardeux, qui ont engendré des la fin de l’année 2000. pertes et trois années déficitaires (de 1993 à 1995). Pascale Santi Extrapole et alapage.com s’allient dans la vente de livres sur Internet L’ANNONCE devrait être faite étofferait sa force de frappe. Extra- durant le Salon du livre, qui s’ouvre pole, fondée en 1993 par Philippe jeudi 15 mars à Paris (lire notre Mondan, ancien directeur général cahier spécial) : Extrapole et alapa- de… la Fnac, rattraperait d’un coup ge.com sont en négociations avan- le retard pris sur son grand rival cées en vue d’une alliance dans le dans le commerce en ligne. Les commerce en ligne de biens cultu- biens culturels sont les produits les rels. L’enseigne de magasins du grou- plus « vendables » sur la Toile en pe Hachette distribution service France. D’après une étude (HDS) et le libraire en ligne de Wana- BVA/LSA/Dia-Mart, en décem- doo (filiale Internet de France Télé- bre 2000, ces produits captaient à com) vont s’échanger leurs savoir- eux seuls 40 % du temps de faire pour faire pièce à leur concur- connexion des internautes sur les rent commun, la Fnac. sites marchands (hors tourisme), Cette alliance prolongerait celle loin devant l’informatique (18 %), la déjà conclue entre alapage.com et la téléphonie (11 %) ou les produits ali- chaîne de librairies lilloise Le Furet mentaires (7 %). Toujours selon du Nord, rachetée en 1999 par Extra- BVA, alapage.com pouvait revendi- pole, lui-même tombé un an plus quer fin 2000 la deuxième place des tôt dans l’escarcelle d’ Hachette. sites marchands français (en nom- Face à la puissance de la Fnac, alapa- bre de visiteurs uniques), derrière ge.com a mis au point un dispositif fnac.com, mais devant le site musi- astucieux de fédération de libraires cal de Vivendi, Universalmusic.fr. indépendants. La start-up sous-trai- L’autre grand concurrent, Ama- te pour leur compte la création de zon.fr, ne pointait qu’à la quatrième sites Internet et la logistique de ven- place. te à distance. Elle regroupe L’alliance avec Extrapole vise aus- 170 libraires de toute la France au si à tenter de couper les ailes d’Ama- sein de son système « lalibrai- zon, à l’heure où la filiale du géant rie.com », qui « recrute un nouveau du Web américain connaît ses pre- libraire tous les deux jours », affirme mières difficultés, six mois à peine le président du directoire d’alapa- après l’ouverture de son site en fran- ge.com, Olivier Sichel. çais (Le Monde du 12 mars). Contrainte de réduire ses dépenses COUPER LES AILES D’AMAZON par sa maison mère, Amazon. fr En ajoutant à ce dispositif la dizai- enregistre depuis le début de l’année ne de magasins « culturels et multi- un net ralentissement de son activité médias » Extrapole, alapage, qui a et se prépare à réduire ses effectifs. réalisé un chiffre d’affaires de 138,6 millions de francs en 2000, Pascal Galinier 24 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 Suez défend sa présence dans l’audiovisuel face à Bertelsmann Gérard Mestrallet, le PDG du groupe français, doit rencontrer prochainement Thomas Middelhoff. Le président du groupe allemand, après avoir conquis RTL Group, prendrait volontiers le contrôle de M6. Une ambition contestée par son partenaire dans le capital de la chaîne

SUEZ AVAIT annoncé que le partenariat avec le groupe Bayard. tion mais ses actifs sont bons », com- pas s’être intéressé à sa filiale NC doivent se réunir en mars, pour mine actuellement les conséquen- dépôt de sa candidature à une licen- Trop petit dans les médias, mente un actionnaire du groupe. Numéricable, qui lui permettrait évoquer cette question. Une entre- ces de la prise de contrôle de ce UMTS (téléphonie mobile de troi- Suez ? Selon ses responsables, sa Les activités dans lesquelles Suez pourtant de constituer un réseau prise délicate, car la loi limite à 2 % RTL Group par Bertelsmann. sième génération) irait de pair avec présence dans l’audiovisuel est de a les plus grandes ambitions sont le homogène à Paris et en banlieue, et la part du capital qu’un actionnai- Se sentant menacé, Suez tente un accroissement de ses engage- même taille que celle du groupe câble et la boucle locale. Deux sup- de s’installer dans d’autres grandes re peut racheter chaque année. en tout cas de se protéger d’une ments dans le secteur de la commu- Lagardère. Si sa stratégie y est ports complémentaires, selon lui, métropoles, comme Lyon. Aujour- Albert Frère ne devrait pas, pour éventuelle montée en puissance nication. Un mois et demi après son moins lisible, c’est parce que les pour diffuser du numérique à très d’hui, Suez a décidé de regarder le l’instant, opposer son veto à cet de RTL Group dans M6. Long- abandon de la course à l’UMTS, on médias ne représentent pour lui haut débit, et notamment Internet. dossier, mais pas au prix demandé objectif. temps adversaires farouches, peut s’interroger sur l’avenir des qu’une activité mineure, et qu’il Avec Noos, le groupe de Gérard par Groupe Canal+ (1,5 à 3 mil- Maintes fois évoqué depuis notamment dans TPS, Nicolas de médias au sein d’un groupe qui affi- n’est pas toujours l’opérateur de Mestrallet contrôle le premier liards de francs). Albert Frère, pre- qu’Albert Frère a cédé le contrôle Tavernost, président du directoire che d’autres priorités, illustrées par ses participations. TF1 est ainsi aux câblo-opérateur de France. Pour- mier actionnaire du groupe avec de RTL Group à Bertelsmann, le de M6, et Patrick Le Lay, PDG de ses récentes tentatives de rappro- commandes de TPS, alors que Suez tant, le groupe ne participe pas au 8 % des parts, n’est pas opposé à retrait de Suez du capital de M6 TF1, pratiquent désormais une chement avec le spécialiste de en est le principal actionnaire. «On mouvement de concentration en cette démarche. « Le câble n’est pas n’est donc pas d’actualité. alliance de circonstance. Notam- l’énergie E.On ou avec le numéro ne peut pas dire que Suez soit un cours : selon Groupe Canal+, Noos une priorité de Suez, mais si des occa- D’autant que la loi limite à 49 % le ment au travers de TF6, qu’ils con- un mondial des gaz industriels, Air acteur important de la communica- serait le seul câblo-opérateur à ne sions se présentent, le groupe pour- contrôle d’une chaîne hertzienne trôlent à parts égales. Le premier liquide. rait les saisir sans toutefois les recher- et empêche RTL Group de repren- veut garder ses deux actionnaires « Etre absent de l’UMTS n’empê- cher systématiquement », préci- dre la part de Suez. Toutefois, un pour conserver le pouvoir sur sa che pas d’être présent dans la com- Des résultats exceptionnels sauf dans les médias se-t-il. montage calqué sur celui utilisé chaîne. Le second redoute une munication », affirme-t-on chez par Vivendi Universal pour pren- éventuelle prise de contrôle de M6 Suez. Son président, Gérard Mes- La communication représente à peine 1 % des actifs de Suez. En UNE ALLIANCE DE CIRCONSTANCE dre le contrôle à 100 % de Groupe par RTL Group, dont la puissance trallet, estime que sa présence dans 2000, cette activité a réalisé un chiffre d’affaires de 593,7 millions Offensif sur le câble et la boucle Canal+ est aussi à l’étude chez financière lui permettrait d’entrer les médias, secteur qui fait couler d’euros, sur un total de 34,6 milliards d’euros. Elle affiche un déficit locale, Suez ne devrait pas effec- Suez et chez RTL Group. Par en concurrence frontale avec TF1. beaucoup d’encre, donne une plus de 24 millions contre une perte de 14 millions l’année précédente. tuer de mouvements significatifs ailleurs, le Conseil supérieur de grande visibilité au groupe. Celui-ci Ces pertes, selon le communiqué du groupe publié jeudi 15 mars, dans la télévision, mis à part le l’audiovisuel reste vigilant. Il exa- Guy Dutheil est aujourd’hui décidé à « valoriser « résultent de la forte progression de Métropole TV [M6], de la contribu- numérique hertzien. Mais il comp- ses actifs » dans ce secteur : la télévi- tion de TPS et de l’augmentation des pertes de Noos ». Les autres activi- te bien défendre sa présence dans sion – 37 % de M6, 73,35 % de Paris tés (eau, énergie, propreté), piliers du groupe, ont largement compen- M6, en augmentant même sa parti- Première, 25 % de Télévision par sé ce déficit. Pour l’année 2000, le groupe a enregistré une hausse de cipation dans la chaîne pour la M6 passe son grand oral satellite (TPS) –, le câble – 50,1 % 32 % de son résultat net, à 1,9 milliard d’euros. Le conseil du groupe a mettre au niveau de celle de RTL de Noos, qui compte 783 000 abon- décidé d’abandonner le nom de Suez Lyonnaise des eaux pour celui Group, dont Bertelsmann a pris le nés – et, à un degré moindre, la pres- de Suez. Par ailleurs, les statuts vont être transformés. De société à contrôle fin janvier. Thomas Mid- devant le CSA se – avec 3 % de Libération, et 50 % conseil de surveillance et directoire, Suez devient une société à con- delhoff, président du directoire de de Bayard Web, un portail créé en seil d’administration. Gérard Mestrallet est nommé PDG. Bertelsmann, et Gérard Mestrallet FORMELLE et solennelle : telle qui sait qu’on a fait grief à M6 était l’audition publique de M6 par d’être le véhicule des films et le Conseil supérieur de l’audiovi- séries américaines. suel (CSA), mercredi 14 mars, pour Le bilan économique est à l’ave- le renouvellement de la convention nant : le chiffre d’affaires est passé de cette chaîne, détenue par la de 3 à 5 milliards de francs, société Métropole Télévision. Der- 400 emplois directs ont été créés rière deux grandes tables couvertes en quatre ans et les investisse- d’un tissu rouge, d’un côté les neuf ments dans Télévision par satellite sages de l’audiovisuel autour de (TPS), les chaînes thématiques, leur nouveau président, Domini- Internet ou le club de football des que Baudis, de l’autre Nicolas de Girondins de Bordeaux ont été Tavernost, président de M6, et cinq faits à bon escient. « Dans les cinq de ses plus proches collaborateurs. prochaines années, nous devons ren- Cet exercice était le premier de ce forcer le caractère généraliste et genre depuis que la loi du 1er août fédérateur de la chaîne, et son posi- 2000 en a institué l’obligation. tionnement vers les moins de cin- Dans le rôle du bon élève, M. de quante ans », affirme M. de Taver- Tavernost s’est efforcé de démon- nost. Il réclame une augmentation trer que son bilan mérite d’être de la durée horaire des écrans récompensé. Il a rappelé qu’entre publicitaires, dont il estime que la 1997 et 2001, durée de l’autorisa- limitation fait perdre à la chaîne tion actuelle, M6 a réalisé « une for- 30 millions de francs par an. te croissance dans le respect des obli- Les conseillers du CSA ont posé gations du cahier des charges ». des questions sur le numérique ter- Séduisante pour les moins de cin- restre, la garantie d’indépendance quante ans, innovatrice, soutien des journalistes, la stratégie en de la production audiovisuelle et matière sportive, d’Internet et d’in- cinématographique, de l’industrie formation locale. Un point sur musicale, performante sur les pro- lequel M. de Tavernost piaffait de grammes jeunesse et les magazi- préciser qu’il ne veut pas voir appa- nes d’information, M6 est de celles raître « un réseau de télévisions loca- qui s’améliorent en vieillissant. En les qui aura des difficultés ». Le CSA cinq ans, 3,9 milliards de francs et les dirigeants de M6 ont jusqu’au ont été consacrés à la production. 1er septembre pour poursuivre « La place des programmes français leurs débats. En public et, par la sui- et européens a augmenté par rap- te, à l’abri des oreilles indiscrètes. port aux programmes internatio- naux », a précisé M. de Tavernost, Françoise Chirot Le départ d’Olivier Mazerolle accroît la morosité à RTL DÉPART PROBABLE d’Olivier Mazerolle, directeur général de l’information, rumeurs d’économies : l’ambiance est morose à RTL. Le comité d’entreprise, mercredi 14 mars, a été suivi d’une assemblée générale de la rédaction, qui pourrait inspirer les autres catégories de personnel. La baisse d’audience et la modification de l’équipe dirigeante commencent à avoir des conséquences sur la vie de la station de la rue Bayard. Sans avoir explicitement présenté un plan d’économies, Robin Leproux, le nouveau directeur général, explique qu’un point d’audience perdu équivaut à une baisse des recettes de 50 millions de francs. Les journalistes n’apprécient pas de devoir supporter les conséquences des erreurs faites sur les programmes. Autant d’éléments qui peuvent avoir poussé Olivier Mazerolle, fortement impliqué dans l’équipe précédente de direction, à accepter d’aller diriger la rédaction de France 2. Vivendi Universal cède sa participation dans France Loisirs EN ANNONÇANT le départ de Thomas Middelhoff du conseil d’administration de Vivendi Universal, le groupe de Jean-Marie Mes- sier a indiqué, mercredi 14 mars, qu’il allait céder à Bertelsmann sa participation de 50 % dans le club de livres France Loisirs. Si les deux groupes ont toujours partagé les bénéfices substantiels du club, c’est Bertelsmann qui était l’initiateur et l’opérateur de France Loisirs. Le club a connu des années 1990 plus difficiles, perdant près d’un million d’adhérents. Dans cette remise à plat de ses relations avec Bertelsmann, le groupe français négocie la reprise de sa participation de GetMusic, un site Internet créé en 1999 conjointement par Universal Music Group et BMG (filiale de Bertelsmann). Les deux groupes concurrents restent pour l’instant associés au sein de la librairie électronique bol.fr. Vivendi Universal confirme cependant des « discussions préliminai- res » avec Bertelsmann et JC Darmon en vue de « constituer un groupe européen spécialisé dans l’acquisition de droits sportifs ». FINANCES ET MARCHÉS b LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / 25

EUROPE

TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE

FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

SVTPDQR SITRDUW

STTQ 2001 », a déclaré le ministre. Cet-

TUUR SWWV

AFFAIRES 2000 à 127 millions d’euros, TQPP Hausse des stocks te révision devrait toutefois être TSUU SVPI contre 87 un an plus tôt. TIVP « moins importante que ce que l’on

b

TQVH STRS MEDIOBANCA : la banque THRQ des entreprises pense ».

d’affaires et holding de TIVQ SRTV INDUSTRIES SWHR

participations italienne a américaines en janvier a ALLEMAGNE : les prix de gros

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b BAYER : le groupe chimique enregistré une hausse de 36,7 % de SUTS ont augmenté de 0,9 % sur un

SUVW SIIS

allemand va entrer en Bourse son bénéfice imposable consolidé [[[STPS [[[ [[[LES STOCKS des entreprises amé- mois en février, donnant une

IS hF QI tF IS wF IS hF QI tF IS wF à New York le 26 septembre, pour le premier semestre de son IS hF QI tF IS wF ricaines ont augmenté de 0,4 % en hausse annuelle de 3,7 %, a annon- a-t-il annoncé jeudi 15 mars. exercice 2000-2001, à janvier par rapport au mois précé- cé jeudi l’Office fédéral de la sta- Indices cours Var. % Var. % Par ailleurs, il n’est pas question 200,2 millions d’euros. Europe 12 h 30 f se´lection 15/03 14/03 31/12 dent et leurs ventes sont restées tistique. En janvier, les prix de

que Bayer se divise en plusieurs b CRÉDIT AGRICOLE : inchangées, a annoncé, mercredi gros avaient baissé de 0,5 % sur ± HDVI IPDVW EUROPE EURO STOXX 50 RISUDQU

entités, a indiqué son patron la banque a annoncé mercredi ± 14 mars, le département du com- un mois et augmenté de 3,8 % sur QWUHDRI HDUQ IPDVU EUROPE ƒ„yˆˆ SH

Manfred Schneider. qu’elle allait débloquer ± merce. Les analystes tablaient, un an. QRTDUU HDSV IIDRW EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR

± HDRR IHDWU des enveloppes d’un montant EUROPE STOXX 653 QPHDQQ dans leur consensus, sur une haus-

b a

± SITRDUW HDWT IPDVS BRISTOL-MYERS SQUIBB : total de 2,5 milliards de francs PARIS geg RH se de 0,3 % des stocks des entre- GRANDE-BRETAGNE : le

± ± PQWSDHI HDWR QDQP le groupe pharmaceutique pour venir en aide aux éleveurs PARIS wshgeg prises. En décembre, les ventes nombre de chômeurs est tombé

± QSQTDHT HDUS IPDHW américain a annoncé, mercredi de bovins touchés par la crise PARIS ƒfp IPH avaient augmenté de 0,1 % et ce en février à son plus bas niveau

± QQPQ HDRH IIDVW 14 mars, qu’il baissait le prix du secteur. PARIS ƒfp PSH chiffre n’a pas été révisé. depuis un quart de siècle,pas-

Â

± ± PUQUDTW HDTQ PDVP de ses médicaments pour les PARIS ƒigyxh we‚gri Le ratio ventes sur stocks est res- sant sous la barre du million. Le

± ± STTDIT HDRI IIDPH

thérapies antisida en Afrique. RÉSULTATS AMSTERDAM eiˆ sorti à 1,37, signifiant qu’il fau- nombre de demandeurs d’emploi

± ±

PVHIDQH IDTW UDQV Merck, un autre laboratoire BRUXELLES fiv PH drait 1,37 mois pour écouler les a diminué de 10 600, en données

a ± SVTPDQR IDIV VDVV américain, avait annoncé CAP GEMINI ERNST & YOUNG : FRANCFORT heˆ QH stocks au rythme des ventes de corrigées des variations saisonniè-

±

STTQ HDTT VDWW une initiative similaire la semaine le groupe français d’ingénierie et LONDRES p„ƒi IHH janvier. Ce ratio a augmenté par res, à 996 200, soit le nombre le

WRQSDSH HDRS QDSV dernière. de services informatiques a annon- MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi rapport au 1,36 de décembre. Il plus faible depuis décembre 1975,

± QUVSWDHH HDRW IQDRH

cé, jeudi, avoir dégagé en 2000 un MILAN wsf„iv QH s’agit du ratio le plus élevé depuis a annoncé, mercredi, l’Office des

± ± UIWHDIH HDRW IIDTP b DÆWOO : le cabinet résultat net en hausse de 25,5 % à ZURICH ƒ€s mars 1999. statistiques nationales (ONS) bri- Andersen, qui conseille 547 millions d’euros en données tannique. Le taux de chômage est le constructeur automobile pro forma, supérieur aux prévi- ´ a JAPON : la baisse de la pro- de 3,4 %. Les analystes s’atten- sud-coréen en difficultés, sions des analystes. Son chiffre AMERIQUES duction industrielle annoncée daient à une baisse comprise préconise de réduire de moitié d’affaires a progressé de 10,4 % à pour janvier au Japon a été révi- entre 6 500 et 7 500, avec un taux

ses capacités de production, 8,47 milliards. NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR sée à 4,2 %, contre 3,9 %, a annon- de 3,5 %.

WWUQDRT IWUPDHW de se spécialiser dans les petites HDWHW cé jeudi le ministère de l’écono-

a a IHWVQ PVSW cylindrées et de se retirer d’Inde AB GROUPE : le pôle de chaî- HDWSS mie, du commerce et de l’indus- ARGENTINE : l’Argentine

et de Pologne. nes thématiques, qui inclut trie. Cette contraction de l’activi- doit tenir les rênes et redresser IHUVI PTUI

RTL9, leader français du câble et HDWRP té manufacturière fait suite à une la barre face à une situation

IHSUW PRVR

SERVICES du satellite, a réalisé un bénéfice HDWPW hausse de 1,8 % en décembre. Les « compliquée », a averti, mercre-

IHQUU PPWU

net de 13,6 millions d’euros en HDWIT livraisons de produits industriels di, l’auditeur du Fonds monétaire

IHIUS PIIH b AOL : la cour d’appel 2000, en hausse de 134 % par rap- HDWHQ ont baissé de 3,7 %, contre 3,8 %, international (FMI) pour l’Argenti-

WWUQ IWPQ de Versailles a confirmé, port à 1999, a-t-il annoncé mer- HDVWH selon le chiffre révisé. Les stocks ne Tomas Reichmann, à l’issue

mercredi, dans ses principales credi. Le nombre d’abonnés a [[[ [[[ [[[ont augmenté de 0,4 %, contre d’une rencontre avec le ministre IS hF QI tF IR wF IS hF QI tF IR wF dispositions, l’ordonnance augmenté de 23,5 % en un an IS hF QI tF IS wF 0,6 %. des finances, Daniel Artana. de référé du tribunal de grande pour atteindre 16,7 millions fin Indices cours Var. % Var. % a Le premier ministre Yoshiro Ame´rique 9h57 f se´lection 14/03 13/03 31/12

instance de Nanterre 2000. Mori a déclaré, jeudi, que «la a TURQUIE : le ministre turc de

± ± WWUQDRT QDHV UDSR E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ

(Hauts-de-Seine) du 20 février reprise économique de la nation l’économie, Kemal Dervis, a

± ± IITTDUI PDTH IIDTQ E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH

et a condamné en appel le a GUYOMARC’H NUTRITION a été retardée. Et on note des fac- annoncé, mercredi, une série de

± ± IWUPDHW PDIP PHDIV E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i

fournisseur d’accès à Internet ANIMALE : la société française a teurs inquiétants comme le ralentis- mesures « urgentes » pour lut-

± ± UVHTDVV IDWP IPDTI TORONTO „ƒi sxhiˆ

pour « le caractère illicite » enregistré un bénéfice courant sement économique aux Etats- ter contre la crise que traverse la

± ISPRRDWH FFFF HDHW SAO PAULO fy†iƒ€e

de sa publicité qui vantait avant survaleurs de 13,3 millions Unis ». S’adressant de son côté à Turquie, comprenant une réorga- ± QPPDII PDVH IDWQ MEXICO fyvƒe

les mérites d’un forfait d’accès d’euros en 2000, en hausse de une commission parlementaire, le nisation du système bancaire ± RRWDTH QDHV UDVV BUENOS AIRES wi‚†ev

illimité à Internet. 3,3 %, pour un chiffre d’affaires de ministre des finances, Kiichi Miya- défaillant et une accélération des ± WUDVR IDPR IDWP SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev

670,6 millions d’euros. Guyo- zawa, a estimé que le pays était privatisations. Une direction com- ± UTQUDQV HDRS IIDWH CARACAS ge€s„ev qixi‚ev b LOOK VOYAGES : le voyagiste marc’h N.A. a décidé de se scinder « sur la voie d’une légère reprise mune, à laquelle seront nommés français filiale du canadien en trois branches (aliments France, mais que la situation restait diffici- des banquiers professionnels, Transat est entré à hauteur de santé et nutrition). ASIE - PACIFIQUE le ». « Je pense que la reprise, qui sera créée pour les trois banques 40 % dans le capital de la société vient de l’industrie, passera dans la publiques Ziraat, Emlak et Halk, grecque Tourgreece, avec une a SOTHEBY’S : la maison de ven- TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN consommation des ménages qui cumulent des pertes estimées

option pour devenir majoritaire tes a enregistré une forte baisse durant le trimestre janvier-mars », à environ 20 milliards de dollars,

IPISPDVQ IIHDTS

dans trois ans, a-t-il indiqué de son chiffre d’affaires en 2000, IQSHRDIU a-t-il dit. a-t-il indiqué lors d’une conféren-

IRSSP IIPDP

mercredi. avec un total de 1,9 milliard de dol- ITITQ ce de presse.

IRHHS IHWDV

lars (2,09 milliards d’euros), ISSWU a ZONE EURO : le solde des

IQRSW IHUDR b AOM/AIR LIBERTÉ : le comité a-t-elle annoncé mercredi. Ses ven- ISHQH finances publiques s’est traduit a OR : la Banque d’Angleterre

IPWIP IHRDW d’entreprise de l’ensemble tes en Amérique du Nord (60 % du IRRTR en l’an 2000 par un excédent de a annoncé mercredi avoir ven-

aérien AOM/Air Liberté qui devait chiffre d’affaires) ont chuté de 0,3 % du produit intérieur brut du aux enchères 25 tonnes IPQTT IHPDS

avoir lieu jeudi a été reporté 17 %, alors que l’Europe est en bais- IQVWU (PIB), a annoncé mercredi Euros- d’or, à 266 dollars l’once, dans le IIVIW IHHDI

au lundi 19 mars, a annoncé, sans se de 13 %. Du coup, Sotheby’s est [[[IQQQH [[[ [[[tat, l’Office européen des statisti- cadre du programme de vente

IS hF QI tF IS wF IS hF QI tF IS wF explication, la direction du pôle passé derrière son concurrent IS hF QI tF IS wF ques. La dette publique a repré- d’une partie des réserves d’or du AOM/Air Liberté/Air Littoral. Christie’s. Indices cours Var. % Var. % senté 69,7 % du PIB. pays, initié en mai 1999. L’offre a

Zone Asie 9h57 f se´lection 15/03 14/03 31/12 été souscrite 2,2 fois et a permis

± IPISPDVQ PDTI IIDVR

FINANCES a SWATCH : l’horloger suisse a TOKYO xsuuis PPS a ITALIE : la prévision de crois- de lever 213,76 millions de dol-

± IQSHRDIU IDQH IHDSR

réalisé en 2000 un bénéfice net HONGKONG rexq ƒixq sance en Italie de 2,9 % faite par lars, a précisé la banque dans un

±

IUWQDVR HDHW TDWH b EURONEXT : la société née en en hausse de 47,6 % à 651 mil- SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ le gouvernement pour l’année communiqué. Il s’agit de la sixiè-

±

TUDSU HDIV TDTT septembre dernier de la fusion lions de francs suisses (423 mil- SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ 2001 sera revue à la baisse,a me et dernière vente aux enchè-

± QIVVDRH HDUH IDHU

des Bourses d’Amsterdam, lions d’euros). Le chiffre d’affaires SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ indiqué, mercredi, le ministre du res pour l’année fiscale en cours

± PHDVQ IDPQ IIDVI

Bruxelles et Paris, a annoncé annoncé fin janvier, a progressé de BANGKOK ƒi„ Trésor, Vincenzo Visco. Il y aura (qui s’achève fin mars), durant

± QUUVDUT IDRR RDVU

mercredi une hausse de 46 % de 17,6 % à 4,263 milliards de francs BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ « une révision à la baisse des esti- laquelle la banque a vendu

PHWHDPP HDUI WDWP son bénéfice net pro forma en suisses. WELLINGTON xƒiERH mations de croissance du PIB pour 150 tonnes d’or.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro

Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 14/03

HDISPRS UDRTTT FRANC ...... TDSSWSU EURO ...... COURONNE DANOISE.

´ QDQSQVS VDPIQH

Action Mizuho PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

QDQVUUR WDIUWU

La banque Mizuho LIRE ITALIENNE (1000) . IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUE´DOISE ......

` QDWRPQV QRDTHVH

en milliers de yens àTokyo L’INDICE CAC 40 était en hausse LES INVESTISSEURS se sont PESETA ESPAG. (100) .... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE

QDPUIWH IDVQVT ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100) .... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDRPHP

dans la tourmente 1 000 601 de 0,27 %, jeudi 15 mars en milieu inquiétés des signaux alarmistes SCHILLING AUTR. (10) . IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

VDQPVWR UDITIS

de journée, à 5 129,55 points. en provenance du Japon, qui se PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR HONGKONG .

le 15 mars ´ ´ ´ ´ PDWUTTH PDPHRV

950 Après avoir chuté de plus de 4 % en sont ajoutés à leurs craintes sur les FLORIN NEERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NEERLANDAIS DOLLAR NEO-ZELAND

IDTPTHU PTTDRWHH japonaise FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FORINT HONGROIS ....

IDIHQPR PSHHQ

900 séance sur un mouvement de pani- résultats des entreprises améri- MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... LEU ROUMAIN......

IDWPSHQ QDURTT LA DESCENTE aux enfers conti- que, le CAC 40 avait abandonné, la caines. Le Dow Jones a clôturé DRACHME GREC. (100). QDRHUSH DRACHME CREC. (100). ZLOTY POLONAIS ...... nue pour les banques japonaises. 850 veille, 1,38 %, à 5 115,50 points. sous les 10 000 points, à Elles ont été de nouveau attaquées La Bourse de Paris s’était même 9 973,46 points, mercredi 14 mars, Coursdechangecroise´s en Bourse jeudi 15 mars, l’agence 800 aventurée en séance sous les après une perte de 3,08 %. L’indice Cours Cours Cours Cours Cours Cours

de notation Fitch Ibca ayant 750 5 000 points, à 4 965,47 points. Nasdaq a reculé de 2,12 %, sous les 15/03 12 h 30 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. annoncé la veille qu’elle envisa- 2 000 points. Le Standard and DOLLAR ...... FFFFF HDVPISW HDWHWIS HDIQVSS IDRRQHS HDSWHTQ

geait d’abaisser la note de solidité 700 FRANCFORT Poor’s 500, composé d’un plus lar- YEN ...... IPIDUISHH FFFFF IIHDTSHHH ITDVTSHH IUSDSVHHH UIDWISHH

financière de 19 grandes banques ge éventail de valeurs, s’est replié EURO...... IDHWWWQ HDWHQUS FFFFF HDISPRS IDSVUHS HDTRWWS 650 FRANC...... UDPIURH SDWQHPS TDSSWSU FFFFF IHDRIPQH RDPTPPS

japonaises, en raison des consé- LA BOURSE de Francfort progres- de 2,58 %, à 1 166,71 points, son

LIVRE ...... HDTWPWV HDSTWSS HDTQHIH HDHWTHS FFFFF HDRHWRS quences de la chute de la Bourse 600 sait de 0,55 %, jeudi à la mi-séance, plus bas niveau depuis novem- FRANC SUISSE ...... IDTWQIH IDQWIHS IDSQVUH HDPQRSS PDRRPRH FFFFF de Tokyo sur leur santé. Sur une le DAX s’inscrivant à 5 826,02 points. bre 1998. A Wall Street, 1,37 mil- échelle de notes, qui va de « A » 550 La veille, il avait terminé en repli de liard d’actions ont été échangées, Taux d’inte´reˆt(%) Matif (établissement très solide) à « E » O N DJF M 2,83 %, à 5 794,12 points, après tandis que sur le Nasdaq, 2,1 mil- (établissement en quasi-faillite), 2000 2001 avoir perdu plus de 5 %. liards de titres ont changé de Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier Taux 14/03 f j. j. 3 mois 10 ans 30 ans Cours 12 h 30 f 15/03 prix prix

aucune banque japonaise ne dépas- Source : Bloomberg mains.

Notionnel 5,5 RDTU RDVR SDQV

FRANCE ...... RDVI

WHDPS WHDQP

se actuellement « C/D ». L’agence MARS2001...... TWIRTDHH RDUT RDTW SDPV

LONDRES ALLEMAGNE .. RDUU

SDQW RDUR RDRV

n’envisage toutefois pas de modi- Yanagisawa, a rejeté l’idée d’une TAUX GDE-BRETAG. S Euribor 3 mois

xg xg xg RDUH SDIR SDUW

fier son appréciation de la qualité réédition de la crise de l’automne LA BOURSE de Londres gagnait ITALIE...... RDUU JANVIER 2001 ....

HDIH IDIS IDVI JAPON ...... HDIV

de la dette de ces banques, sachant 1998 qui avait obligé l’Etat à pré- 0,10 %, jeudi à la mi-journée, à LE TAUX d’intérêt de l’obliga- RDST RDVT SDPV E´TATS-UNIS... SDSH

QDQQ QDQR R

qu’en cas de quasi-faillite, l’Etat voir un fonds de 70 000 milliards 5 631,40 points. Mercredi, il avait tion à 10 ans du Trésor français SUISSE ...... Q Pe´trole

RDUH RDVT SDQR japonais ne pourrait qu’intervenir de yens (636,4 milliards d’euros) plongé à moins de 5 500 points, en était en légère hausse, jeudi PAYS-BAS...... RDUP Cours Var. % pour les soutenir. pour recapitaliser les banques. Il cours de séance. Le Footsie avait 15 mars, à 4,85 %. Sur le marché En dollars f 14/03 13/03

Première banque du monde par devrait annoncer avant la fin du cédé 1,66 %, à 5 625,9 points, obligataire américain, le taux

` ` C HDVR Matieres premieres BRENT (LONDRES) ...... PRDIQ

son total de bilan, le groupe Mizu- mois de mars un programme pour retrouvant son plus bas niveau de d’intérêt sur l’obligation du Tré- C HDUP WTI (NEW YORK) ...... HDPU

Cours Var. % ± QDSH LIGHT SWEET CRUDE.... PTDRV ho, né en septembre 2000 de la aider les établissements financiers clôture depuis le 15 décembre sor à 10 ans s’est détendu à En dollars f 14/03 13/03

fusion de Dai-Ichi Kangyo, Fuji et à accélérer l’élimination des créan- 1998. 4,82 % contre 4,93 % mardi et ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

± HDII

Industrial Bank of Japan, a accusé ces douteuses encore à leur bilan. celui de l’obligation à 30 ans à CUIVRE 3 MOIS...... IUTW Or ±

HDHU

la nouvelle de plein fouet, reculant « Les provisionnements de créances 5,26 % contre 5,33 %. ALUMINIUM 3 MOIS...... ISQH

± HDPH TOKYO PLOMB 3 MOIS ...... SHT

de 6,2 % en Bourse, à 601 000 yens, douteuses par les banques ne mena- Cours Var %

± HDIW

ETAIN 3 MOIS...... SIPH En euros f 14/03 13/03

±

HDHS

mercredi 15 mars. Quant à la ban- cent pas leurs ratios de fonds pro- TOKYO a terminé en hausse de ZINC 3 MOIS...... IHIQDSH

±

IDHT

MONNAIES OR FIN KILO BARRE ...... WQPH C

HDPS

NICKEL 3 MOIS...... THSS

que Daiwa, dont l’action a perdu pres », a-t-il affirmé. Le gouverne- 2,6 % la séance de jeudi, l’indice de C HDII

OR FIN LINGOT...... WRHH

ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

FFFF

8,5 %, elle a dû démentir jeudi des ment a d’ores et déjà prévu de référence Nikkei repassant au-des- L’EURO baissait face au dollar, ONCE D’OR (LO) $ ...... PTTDRH

±

HDQR

ARGENT A TERME ...... RDRR C

HDUS PIE`CE FRANCE 20 F ...... SQDUH

C

HDUW rumeurs de défaut de paiement. créer des organismes parapublics sus de 12 000 points, dans l’espoir jeudi matin, sur le marché des PLATINE A TERME ...... IRVTRTDSH FFFF PIE`CE SUISSE 20 F ...... SQDIH

´ C

HDWQ Les autorités japonaises n’ont pas chargés de racheter les participa- de nouvelles mesures de stimula- changes, repassant sous le taux GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... SR

C

C HDPU ´ PUTDUS IDIP

ménagé leurs efforts pour tenter tions croisées que banques et gran- tion du marché boursier. Le Nikkei de 0,91 dollar pour 1 euro. Le BLE (CHICAGO)...... PIE`CE 10 DOLLARS US ... IVH

± PIIDSH IDPV FFFF ` QTHDPS

de calmer l’inquiétude sur le sec- des entreprises veulent céder pour a terminé sur un gain de 2,6 %, yen, qui avait reculé la veille jus- MAIS (CHICAGO) ...... PIECE 20 DOLLARS US ... ± C ISPDSH PDST IDWT SOJA TOURTEAU (CHG.) PIE`CE 50 PESOS MEX. .... QSIDUS

teur bancaire, qui a contribué à la améliorer leurs bilans avant la fin à 12 152,83 points, après avoir qu’à 121,2 yens pour 1 dollar, se SOFTS $/TONNE

± IDHS très grande nervosité des marchés de l’exercice comptable (31 mars). chuté dans la matinée jusqu’à reprenait légèrement face au CACAO (NEW YORK) ...... IHQT

Cotations, graphiques et indices en temps

FFFF

américains (lire page 23). Le minis- 11 433,88 points, son plus bas billet vert, à 120,65 yens pour CAFE´ (LONDRES) ...... FFFF

FFFF SUCRE BL. (LONDRES)... FFFF re´elsurlesiteWebdu«Monde». tre des services financiers, Hakuo Sophie Fay niveau depuis décembre 1984. 1 dollar. www.lemonde.fr/bourse 26 / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 b FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours

RISUDQU

VALEURS EUROPE´ENNES QPHDQQ

RHR SRQR

SIUP VALEURS EUROPÉENNES QVU QQRDTQ RPPHDVV

b RQQRDQQ QPRDIW RWIH Les actions des banques alleman- marché craignant que le finlandais QUH

des, Deutsche Bank, Dresdner ne lance une mise en garde sur ses RIVIDWW RTRV QSQ RISUDQU

Bank et Commerzbank ont été résultats comme l’a fait Ericsson. QPHDQQ

QIVDWW

QPUDRU RQVT

affectées par des révisions en baisse Nokia s’est refusé à tout commen- QQT RIPRDWV

RIPR des prévisions de résultats 2001 par taire sur la publication d’un éven- QIV

[[[[[[[[ [[[[[[[[

†vwwt IS we‚ƒ IR ƒi€„F IS we‚ƒ †vwwt Goldman Sachs. Deutsche Bank a tuel communiqué. La valeur est res- IS we‚ƒ IR ƒi€„F IS we‚ƒ perdu 5,34 %, Dresdner 0,9 % et tée stable, à 24,55 euros.

b

C Commerzbank 1,14 %. Le titre Cable and Wireless, qui e C e ± PRURDRS IDHR hi PPDIS QDHU iƒ IRDIT HDSU RICHEMONT UNITS gr SINGULUS TECHNO CC CARREFOUR

C e C ALIMENTATION ET BOISSON ± QRDUV HDHW ƒi ITDIP IDTT gr IQHDVS HDSH b L’ensemble des valeurs financiè- a annoncé la veille 4 000 suppres- ROY.PHILIPS ELE xv SKF -B- CHARLES VOEGELE

C e ± WDUH SDVQ qf IIDIV PDIU iƒ IWDHP FFFF

RYANAIR HLDGS si SMITHS GROUP CONTINENTE TDQW FFFF

res de la Bourse d’Amsterdam s’est sions d’emplois et émis des prévi- ALLIED DOMECQ qf

C e ±

gr IPHDWP SDPR hu PWDRT FFFF fi PISDIH RDRH

SAIRGROUP N C SOPHUS BEREND - D’IETEREN SA UDUR HDTP ASSOCIAT BRIT F qf

C replié : la banque ABN Amro a sions très prudentes, a perdu C hu IIDUW FFFF qf TDPV TDIU qf SDQW HDPW

SAS DANMARK A/S e C SPIRENT DEBENHAMS RPDSH HDPT

BBAG OE BRAU-BE e„

e C

p‚ TQDIH HDIT qf TDRR FFFF qf QDVI FFFF SEB e C T.I.GROUP PLC DIXONS GROUP RQDTV HDVV cédé 2,78 %, à 22,30 euros, l’assu- 67 pence, à 478 pence. BRAU-UNION e„

e e

± ± ± p‚ SH PDSQ gr WSHDRT QDTQ p‚ IUUDSH IDWQ

SODEXHO ALLIANC C TECAN GROUP N GAL LAFAYETTE UDIS HDPP

reur Ægon chutant de 1,50 %, à b A la Bourse de Madrid, le titre du CADBURY SCHWEPP qf

C e C e e ±

iƒ PDVP HDUI iƒ TDPH HDTS hi QUDSH PDVS

TELE PIZZA ± TPI GEHE AG RUDVI PDWW

CARLSBERG -B- hu

C C e ±

IHSTDSU IDQI p‚ RRDVI PDIP qf UDTT HDPI 33,98 euros, le bancassureur Fortis couturier Adolfo Dominguez a gr

THE SWATCH GRP ± THALES GREAT UNIV STOR RSDSR HDVU

CARLSBERG AS -A hu

C C e

gr PPHDTW IDVH xy PHDHW HDQH xv VVDPS FFFF

THE SWATCH GRP C TOMRA SYSTEMS GUCCI GROUP IUDIH PDIS abandonnant 1,58 %, à 28 euros, et tenu la vedette avec une hausse de COCA COLA HBC q‚

C C ±

€e RHDIU TDSV qf RDWH IHDUS ƒi IWDPQ HDVT

THOMSON MULTIME ± TRAFFICMASTER HENNES & MAURIT RPDSW HDTQ

le groupe ING perdant 2,53 %, à 19,08 %, à 8,8 euros, après l’annon- DANISCO hu

e C ± ±

qf SDTV HDPV gr IVWDRR IDQT hi QSDWH HDRP J D WETHERSPOON e C UNAXIS HLDG N KARSTADT QUELLE IQWDUH QDQQ DANONE p‚

e ± ± ±

IPDSQ IDPS e„ QTDPH PDVR qf UDIU IDQI 71,60 euros. ce d’une OPA du numéro trois de la qf

WILSON BOWDEN C VA TECHNOLOGIE KINGFISHER WDQV IDSP

DELTA HOLDINGS q‚

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ƒi RDPS FFFF xv IQDSS IDIP qf QDQV PDPW b WM-DATA -B- ± VEDIOR NV MARKS & SPENCER IHDVU IDIS

Le leader des équipementiers télé- confection espagnole Cortefiel, à DIAGEO qf

e C ± ±

e„ IVDSR IDQV hu RRDVU HDQH qf UDRI HDRQ

WOLFORD AG C VESTAS WIND SYS MATALAN PIDUP HDST

coms Nokia a retenu l’attention, le 9 euros par action. ELAIS OLEAGINOU q‚

C C e C e e

s‚ IDPT PDRR p‚ TSDUS HDQV hi RU PDIU

WW/WW UK UNITS e C VINCI METRO WWDVS HDQS ERID.BEGH.SAY p‚

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IDSU IDPT

s„ DJ E STOXX RETL P gr TQDII HDPT

PARMALAT C SYNGENTA N C qf PDHT PDQT ± qf RVDSR HDPW IUDWU HDTH

AUTOLIV SDR ƒi ASTRAZENECA AEGIS GROUP

e

e ± ±

p‚ URDPS IDSQ

PW HDIU

fi PERNOD RICARD e e ± e C TESSENDERLO CHE ± xv QQDUH HDVP p‚ VPDRS HDRV RUDSS PDVI

BASF AG fi AVENTIS AEGON NV

e

C ±

ps IDVS PDTQ

QWIDSV IDPT

f RAISIO GRP -V- e C

e C p‚ UH IDIT DJ E STOXX CHEM P ± gr TVQDSS QDRH QSDTH HDPV

BMW hi BB BIOTECH AGF

C HAUTE TECHNOLOGIE

VDPV HDWU

SCOTT & NEWCAST qf e ±

e C s„ IRDVH HDRU ± qf IWDQU VDHS ITDTS RDRP

CONTINENTAL AG hi CELLTECH GROUP ALLEANZA ASS

±

qf UDVU IDQW

e C

SOUTH AFRICAN B e C hi VH QDPW e C

hi QQIDQH IDHI si QPDRH FFFF SHDUS HDVW

DAIMLERCHRYSLER hi ´ ELAN CORP ALLIANZ N AIXTRON

±

qf QDUW HDVQ

e e C RIDIS QDHT

e CONGLOMERATS e TATE & LYLE p‚ ± xv VHDSS FFFF ± p‚ QIU HDWR PSDSU HDTP

FIAT s„ ESSILOR INTL ASR VERZEKERING ALCATEL-A-

qf PDRU FFFF

TOMKINS e C q‚ UDIV SDSW e e ± p‚ IPRDVH PDIP ± hi VR FFFF

ITDQS HDQU s„ e ± ALTEC SA REG.

PISDIH RDRH

FIAT PRIV. D’IETEREN SA fi FRESENIUS MED C AXA

e C

xv SWDVH PDUS

UNILEVER C ± qf SDIU QDIT C e C gr IHTSDTW HDTI

ƒi UDSU IDRT QVDIH HDIQ p‚ e ± ARM HOLDINGS

UPDSH QDQQ

MICHELIN AZEO p‚ GAMBRO -A- BALOISE HLDG N

±

qf VDHQ IDWR

UNILEVER C qf PDTS IDPI e ± ± qf IRDWH HDII ± qf PVDHW IDSH

p‚ PVH PDPU

e C ARC INTERNATION PWUDSH HDPH

PEUGEOT GBL fi GLAXOSMITHKLINE BRITANNIC

C

QDHV HDSP

qf e

± C

PTDHI IDHU e UNIQ xv ± qf IRDSV HDQQ ± hu IISDSV HDVH

QDSU HDVQ s„ e ± ASM LITHOGRAPHY QRDSH IDRQ

PIRELLI SPA GEVAERT fi H. LUNDBECK CGNU

WDWS FFFF

qf e

WHITBREAD e C xv PDUH FFFF e C p‚ QSDTS IDPS ±

gr IURRDHQ HDIS C QQWH IDIU

hi BAAN COMPANY SDTT HDPV

DR ING PORSCHE INCHCAPE qf NOVARTIS N CNP ASSURANCES

C

HDUR

f PQQDVW e

± QDQQ FFFF e DJ E STOXX F & BV P qf ± iƒ PRDRH IDPW ±

hu PIQDUS HDPS p‚ SQDQH IDRV ± BALTIMORE TECH UDTU HDUW RENAULT KVAERNER -A- xy NOVO-NORDISK -B CORP MAPFRE R

e C

qf IUDHS FFFF e C ± hi ISRDIH IDHS qf UDVV HDRH

p‚ SIDWH IDUT C SPIRENT VDHR IDHI

VALEO MYTILINEOS q‚ NYCOMED AMERSHA ERGO VERSICHERU

C

qf RDWQ FFFF e e C q‚ IQDIH HDTI ± ps PRDUH IDVT hi SSDQS HDPU

± BAE SYSTEMS IVWDRR IDQT VOLKSWAGEN UNAXIS HLDG N gr ORION B ETHNIKI GEN INS

e e C

hi IPDPR HDQQ ± C p‚ SPDUH IDHQ ± qf IUDPW IDRW C HDRQ PPUDWW BROKAT IWDRV IDSW

f DJ E STOXX AUTO P ORKLA xy OXFORD GLYCOSCI EULER

BIENS D’E´QUIPEMENT e

±

p‚ PDWT PDTQ ± hu VHDQT FFFF gr QHWIDTH IDHT e C BULL IDPU HDUW

SONAE SGPS €„ PHONAK HLDG N CODAN

e

e ± ± p‚ QUDHU HDRV e C ± fi PTDWV QDRU PRDVR IDHR gr VVDPI IDIP

xv BUSINESS OBJECT

f DJ E STOXX CONG P QPWDWV FFFF QIAGEN NV ABB N FORTIS (B)

e e C p‚ IUHDRH HDTS ± s„ QTDPS HDSS ± ± IHHWHDRW IDUR gr TQHDIU HDUP BANQUES ROCHE HOLDING gr ADECCO N GENERALI ASS CAP GEMINI

e

e ±

± UDTH PDST e ps

± e„ PPH QDSI VRRWDWU PDHR s„ WDQI FFFF

ROCHE HOLDING G gr AEROPORTIDIRO GENERALI HLD VI COMPTEL

±

IUDIQ HDUR

ABBEY NATIONAL qf

e C

± p‚ SS PDUI e C

qf PDRW HDTQ

SSDTS HDPU qf UDPU FFFF ´ ´ p‚

e TELECOMMUNICATIONS SANOFI SYNTHELA AGGREKO INDEPENDENT INS DASSAULT SYST.

±

PP IDQS

ABN AMRO HOLDIN xv

± qf VUDPS FFFF e C e q‚ IRDSV HDVP SR PDVT p‚ PW FFFF

SCHERING AG hi ALSTOM INTERAM HELLEN DIALOG SEMICOND

±

qf IHDUT HDIS

HDST FFFF

ALL & LEICS ATLANTIC TELECO qf

C

ƒi TDWP PDRP ± C e ± qf IPDHP PDQP VTIDPU HDQH p‚ TPDIS IDQS

SERONO -B- gr ALTRAN TECHNO IRISH LIFE & PE ERICSSON -B-

± C

qf IUDUU HDVV

VDQV PDSP

ALLIED IRISH BA BRITISH TELECOM qf

e e C

± ps IDUR IDUS s„ SDIQ IDIT ±

IUDTT HDTP gr TUUDHR FFFF

SHIRE PHARMA GR qf ALUSUISSE GRP N FONDIARIA ASS F-SECURE

C

q‚ QH IDHI ±

UDSS HDRP

ALPHA BANK CABLE & WIRELES qf

±

qf Q TDRR ± C C qf PDRT HDTR RDVR IDTU ƒi ISDVH IDHS

e SMITH & NEPHEW qf ASSA ABLOY-B- LEGAL & GENERAL FILTRONIC

±

C

s„ IWDQH HDSP

ITDHS UDVW

B.P.SONDRIO COLT TELECOM NE qf

e C

e C

s„ PTDHQ PDTV s„ IHDIH IDIH ± ± UDTV QDHI qf TDIS PDUT

e SSL INTL qf ASSOC BR PORTS MEDIOLANUM FINMATICA

± e C

s„ IIDPS HDUW

PSDWH RDVT

B.P.VERONA E S. DEUTSCHE TELEKO hi e

± e C

xv SDVH PDVS ± ± hi QPTDSH HDQI UPQDWI PDHQ ƒi PQDHW IDVS

e SULZER AG 100N gr ATLAS COPCO -A- MUENCH RUECKVER GETRONICS

e C e„ TP FFFF

WVDUS HDPS

BA HOLDING AG E.BISCOM s„

e C

hu IPDVT FFFF ps RQDWH HDRT ± ±

STVDWU HDWI ƒi PPDPP IDWP

SYNTHES-STRATEC gr ATLAS COPCO -B- POHJOLA GRP.B GN GREAT NORDIC

±

e C

qf IRDVH SDHW

PDRS PDHV

BANK OF IRELAND EIRCOM s‚

e C

C

hi RHDSH SDIW e C ± qf IPDRH QDIU QU QDSP q‚ UDSH IDHV

UCB fi ATTICA ENTR SA PRUDENTIAL INFINEON TECHNO

±

C

q‚ IQDRR IDWH

ITDUH PDIR

BANK OF PIRAEUS ELISA COMMUNICA si

e C

e C

p‚ ITDHW QDIR C s„ IQDIP HDVS ± QSDVW IDIQ qf IHDRP HDUT

e WILLIAM DEMANT hu BAA RAS INFOGRAMES ENTE

±

C

iƒ QUDWT HDII

SDSP UDHV

BANKINTER R ENERGIS qf

C

C

q‚ PIDHV IDVR

± ± qf UDQT IDQI IPDVS HDWV qf RDII PDTQ

WS ATKINS qf BBA GROUP PLC ROYAL SUN ALLIA INTRACOM R

C e qf QIDRI IDQQ ±

PVDQH QDRI

BARCLAYS PLC EQUANT NV hi

e C

± qf PDVT RDHS e C s„ IUDQQ HDWI ±

IPDWI HDPQ qf TDPH HDSI

ZELTIA iƒ BOOKHAM TECHNOL SAI KEWILL SYSTEMS

e C

C

hi TQ HDTR

UDQS QDHS

BAYR.HYPO-U.VER EUROPOLITAN HLD ƒi

e ±

qf PHDVW HDWV

C ± ps ST FFFF PRDTR HDSR qf IUDIQ TDWQ

NOVOZYMES -B- hu BTG SAMPO LEONIA IN LOGICA

e C

e C

iƒ ISDUP HDIW

TQDUS PDSU

BBVA R FRANCE TELECOM p‚

±

± gr PTWDSI PDPR C e gr PHUWDWR HDSH ± IQDVH IDUS s„ IDUU QDVH

e GALEN HOLDINGS qf CIR SWISS RE N LOGITECH INTL N

± C

s„ WDSQ IDQS

ISDSH QDHT

BCA AG.MANTOVAN HELLENIC TELE ( q‚

e C

qf TDUW IDWH ± C C

p‚ RV IDTR HDIT qf UDSU HDRP

f DJ E STOXX HEAL SHUDWI CAPITA GRP SCOR MARCONI

e C e s„ IHDUQ QDWU IHPDTH FFFF

BCA FIDEURAM HELS.TELEPH E ps

e C

C

ps PTDTH VDQS IHDSU IDSU

SKANDIA INSURAN ƒi NOKIA

e C

 @€u˜li™iteA C

s„ RDPU HDWS PDHV HDUU

BCA INTESA KINGSTON COM qf e

±

± xv ITDWH HDSW TDIR IDUV

ST JAMES’S PLAC qf OCE

e C e

s„ IHDVS IDRH ± IPDWU PDWP

BCA LOMBARDA KONINKLIJKE KPN xv

e C

C

s„ PDPQ HDRS UDIV HDVS

e STOREBRAND xy OLIVETTI

±

e C

s„ PHDQI PDQI IVDHS HDST

BCA P.BERG.-C.V KPNQWEST NV -C- xv

C

qf IDVR HDVU ± VPUDRP HDRU

e SWISS LIFE REG gr PSION

e C s„ SDPV FFFF WDUS IDST

BCA P.MILANO LIBERTEL NV xv

C

qf RDTQ PDRT PWDRT FFFF

e TOPDANMARK hu SAGE GRP

± e

s„ QTDRH HDWS WQ FFFF

B.P.EMILIA ROMA MANNESMANN N hi

e C

± p‚ IHIDWH IDWH RSUDTS HDPV

e ZURICH FINL SVC gr SAGEM

± e s„ UDTI IDIU ± PPDVW PDIV

B.P.NOVARA MOBILCOM hi

e C

hi IQWDVH HDSV ± HDRS

f DJ E STOXX INSU P QWHDTP SAP AG

e C

C s„ IIDSR HDPT

TDTP QDRR

B.P.LODI PANAFON HELLENI q‚ À NOS ABONNÉS

e C

IRPDSH IDHT

SAP VZ hi

e e s„ IDII FFFF

IHDTT FFFF

BCA ROMA PT TELECOM SGPS €„

VDUU FFFF

SEMA qf

e C

e C iƒ QUDUS HDWR IIDTH IDQI

BCO POPULAR ESP SONERA ps

±

SQUDHU TDPS

e MEDIAS SEZ HLDG N gr

±

€„ SDIH HDUV ±

PSSDSP HDIQ

BCP R SWISSCOM N gr

e C

IIVDPH RDRP

SIEMENS AG N hi

C

e C Pour vos changements d’adresse

qf IRDQT HDII e C s„ RDWH PDHV

UDIH IDPV

BIPOP CARIRE T.I.M. s„ BSKYBGROUP e

QDUH FFFF

MB SOFTWARE hi

e C C

p‚ QDSI HDPW C qf IHDRU QDPW

QDTU IDSI

BK OF SCOTLAND TELE 1 EUROPE ƒi CANAL PLUS

C

TDPV TDIU

SPIRENT qf

e ±

±

qf ITDQW HDWT C s„ QDRP HDSV QTDUT IDVT

BNL TELE DANMARK -B hu CAPITAL RADIO

e C

QVDIH SDPS

e STMICROELEC SIC p‚

qf TDII FFFF ± C VVDHS HDTP p‚ ou suspensions d’abonnement QTDTH PDRR ƒi CAPITAL SHOPPIN

BNP PARIBAS TELE2 -B- e

PDVQ FFFF

e TECNOST s„

±

UDPP FFFF e qf iƒ IHDTS HDPV

IP FFFF

BSCH R TELECEL €„ CARLTON COMMUNI

±

SUDPW IP

THINK TOOLS gr

±

qf IPDPI PDSQ e C xy SDWR FFFF IIDPS HDTQ

CHRISTIANIA BK TELECOM ITALIA s„ DLY MAIL & GEN

C

HDWP IDUS

e THUS qf C e ±

xv IRDTH IDVV e C s„ TDIU IDIS

SDWT HDSI

COMIT TELECOM ITALIA s„ durant vos vacances ELSEVIER

e C

PWDPT IDPS

TIETOENATOR ps

C qf IPDTQ QDQV ±

C q‚ RWDIV IDPI TDVI SDHR

COMM.BANK OF GR TELIA ƒi EMAP PLC

C

RDRV

e f DJ E STOXX TECH P STIDVI ± e C

xv IIDWH IDTS e C hi PWDRS HDIU ISDTV IDTP COMMERZBANK TISCALI s„ FOX KIDS EUROPE

C e C

IDSU PDHT e qf p‚ QWDHR IDPU ± VDVH HDTV CREDIT LYONNAIS VERSATEL TELECO xv FUTURE NETWORK

± qf PDVW FFFF

C hu IUDUS PDSU QDPV PDRV

DANSKE BANK VODAFONE GROUP qf GRANADA SERVICES COLLECTIFS

e e C s„ TDSW IDQV ± C hi VIDRS HDUW IDRI

DEUTSCHE BANK N f DJ E STOXX TCOM P THRDVS GRUPPO L’ESPRES

e

± s„ IHDSS HDIW ± e C

qf VDQR IDQI IUSDPH HDTW

DEXIA fi un seul numéro GWR GROUP ACEA

e C

s„ PDST IDIW e C

C p‚ ISDPT IDPT SDHV HDPR DNB HOLDING -A- xy HAVAS ADVERTISI AEM

WDSV FFFF e e qf

s‚ PDWH FFFF RPDVH FFFF

DRESDNER BANK N hi CONSTRUCTION INDP NEWS AND M ANGLIAN WATER

C

qf RDPU IDVW ± ± qf WDQH IDSI

IWDTH P

EFG EUROBK ERGA q‚ 0803 022 021 INFORMA GROUP BRITISH ENERGY

e

±

QUDST HDWH

ACCIONA iƒ

C

qf QDUR HDVS

e e C ±

p‚ SWDRS HDSI STDPU IDPT

ERSTE BANK e„ LAGARDERE SCA N CENTRICA

e C

PWDWP HDPU

ACS iƒ

e C

s„ WDPR HDII

± e C q‚ IPDQH IDTH IUDQS HDPW

ESPIRITO SANTO €„ LAMBRAKIS PRESS EDISON

C (0,99 F TTC/mn)

IDIT IDQW

AGGREGATE IND qf e

±

PQS IDTU e fi

± C p‚ PUDHI HDQQ IR IDSV

FOERENINGSSB A ƒi M6 METROPOLE TV ELECTRABEL

C

VDQH QDUS

AKTOR SA q‚ e

€„ QDIU FFFF e C

± s„ IHDQU IDVU

IHDVU HDUP

HALIFAX GROUP qf MEDIASET ELECTRIC PORTUG

±

SDWH UDRT

AMEY qf

e C

iƒ IW HDRV C C ƒi PVDUT IDSR IQDQT PDRQ qf ENDESA

HSBC HLDG e MODERN TIMES GR

ITDVW FFFF

UPONOR -A- ps e

±

s„ QDRW HDVS e C

e C

s„ WDIS HDSS ISDWH HDTQ

IKB hi MONDADORI ENEL

e C

IVDUR HDHS

AUREA R iƒ

e C

e C

QQDUH HDPR e e„ s„ UDII IDSU

e ± ± p‚ PQDWH PDHS

RTDPH PDPH

KBC BANCASSURAN fi CDB WEB TECH IN NRJ GROUP EVN

e C ´ IHDSQ HDPW

ACESA R iƒ ENERGIE

e e C ±

ps RDRS HDTV

p‚ SRDRH HDWI ± ± qf PIDSU IDHW

IHDIP HDQI

LLOYDS TSB qf CGIP PEARSON FORTUM

UDQW FFFF

BLUE CIRCLE IND qf

e C

iƒ IUDUV PDIQ

e C TPDSH FFFF

e qf ± iƒ ISDWU HDIW R IDPQ s„ GAS NATURAL SDG

C CMG PRISA RDPU IDIQ

MONTE PASCHI SI e BG GROUP qf

RHDSH FFFF

BOUYGUES p‚ e ±

iƒ PTDIQ HDPU

C ± e C

qf PDSW HDTI

hi PIDSH QDQU QVDPR IDIT q‚ HIDRO CANTABRIC

± COOKSON GROUP P PROSIEBEN SAT.1 WDHI HDQS

NAT BANK GREECE BP AMOCO qf

RDIW FFFF

BPB qf

e C

C

ITDPR PDRT

e iƒ

e ± hu VUHSDRQ R ± €„ IVDPS IDQS

WV PDQW

p‚ IBERDROLA

e C DAMPSKIBS -A- PT MULTIMEDIA R

IIDQH HDVH

NATEXIS BQ POP. CEPSA iƒ e C

IHDUU PDHW

BRISA AUTO-ESTR €„

±

qf PDVU IDHW

C e C ±

hu IHHIUDWS IDPP p‚ QRDIS HDSV UDSP IDRU

ƒi e INNOGY HOLDINGS

± DAMPSKIBS -B- PUBLICIS GROUPE

ITQDIH IDHQ

NORDEA e COFLEXIP p‚

±

WDPQ HDUS

BUZZI UNICEM s„ e

s„ SDPT FFFF

C

e ± ±

hu IQSWQDVU QDTP gr RPIDVS HDQI IVDUQ HDWS

s„ e DAMSKIBS SVEND PUBLIGROUPE N ITALGAS SUDTS FFFF

ROLO BANCA 1473 DORDTSCHE PETRO xv

±

PDSU RDUI

NOVAR qf

C

SDTV IDWW

e qf ± C

qf IHDPT HDWP hi SPDRH FFFF PRDSW PDWP

qf KELDA

e C E.ON AG REED INTERNATIO TDWT HDIR

ROYAL BK SCOTL ENI s„

±

PTDVW RDPR

CRH PLC qf

C

qf VDVV PDST

e C C

± qf ISDIS PDHQ

p‚ PPDIH IDUQ IIDQV HDWU

ƒi NATIONAL GRID G

C REUTERS GROUP

WDPT IDPI

S-E-BANKEN -A- e ENTERPRISE OIL qf EADS SICO.

±

QH HDHU

CIMPOR R €„

QDUH FFFF

e qf C ±

e C v UQ HDPU qf WDSS HDQQ ISDPH IDQQ s„ INTERNATIONAL P

C RTL GROUP

WDPT IDQI

SAN PAOLO IMI e HELLENIC PETROL q‚ ELECTROCOMPONEN

TI FFFF

COLAS p‚ e

±

e„ IPR HDVP

C

e C ±

qf QDPU QDSP qf IQDVT IDIQ TSDSH SDTS

hi SMG OESTERR ELEKTR QDIR FFFF

STANDARD CHARTE e LASMO qf EPCOS

±

IRDHR PDHW

GRUPO DRAGADOS iƒ

qf WDUP FFFF

e e C e C ±

iƒ PIDWQ IDUT p‚ TPDQS PDPU

IDIW RDQW p‚ PENNON GROUP

± SOGECABLE R PDII HDUS

STE GENERAL-A- e LATTICE GROUP qf EUROTUNNEL

PP FFFF

FCC iƒ

±

qf IHDQR HDRT

±

C ± qf QDSR IDQQ

IUDPU HDQI

ƒi POWERGEN qf IQDQP HDRV

e C TAYLOR NELSON S

VTDRH HDHP

SV HANDBK -A- e OMV AG e„ EXEL

±

IUDUS IDII

GRUPO FERROVIAL iƒ

±

qf UDQV IDHT

e C C

iƒ IVDQW IDRW

± RDTH HDPR

ƒi SCOTTISH POWER

C SDSS PDPQ qf TELEFONICA

WDWP IDVV

SWEDISH MATCH PETROLEUM GEO-S xy F.I. GROUP C

TDVI QDQU

HANSON PLC qf

C

qf IHDVV HDIS

C

±

qf P HDVH gr ITQDRH HDSW

e ± SEVERN TRENT hu IPQDVW HDSR

± TELEWEST COMM. IVDTH IDIP

UBS N e REPSOL YPF iƒ GROUP 4 FALCK

±

THDUS HDRI

HEIDELBERGER ZE hi

e C

p‚ ITHDSH RDST

e e C ±

p‚ RTDVT IDQP e C RDWT IDQW

s„ SUEZ LYON EAUX

e C IDHV IDVW

s„ TF1 TQDUS IDQS

UNICREDITO ITAL ROYAL DUTCH CO xv FINMECCANICA ±

TDSV HDQH

HELL.TECHNODO.R q‚

ƒi PSDVP FFFF

C

qf UDSQ QDRW

e C VSDUP FFFF

hu e SYDKRAFT -A- ± PIDTI HDHS ps TRINITY MIRROR

TDVH IDVV

UNIDANMARK -A- SAIPEM s„ FINNLINES C

IRDIH HDSU

HERACLES GENL R q‚

C

ƒi PIDSI HDPS

e C

± xv IHDPT IDIV

C HDRP

QIHDRU SYDKRAFT -C- C

QDHV IDHR f qf UNITED PAN-EURO

VDWW HDSQ

DJ E STOXX BANK P e SHELL TRANSP qf FKI ±

PRDSH PDPH

HOCHTIEF ESSEN hi

qf IWDQS FFFF

C

IHDTV HDQH qf THAMES WATER

e C IRDTH FFFF

hu UTD BUSINESS ME ISQDWH IDHS

TOTAL FINA ELF p‚ FLS IND.B

C

IIVHDPT HDHT

HOLDERBANK FINA gr

e C

PIDUH HDRT

e iƒ ±

TTDWH HDQH

e p‚ FENOSA

e C ±

QWDUS IDPR

e„ VIVENDI UNIVERS STDPH HDWH

e IHC CALAND xv FLUGHAFEN WIEN

±

IIP QDHQ

IMERYS p‚

C

WDPT HDTW e qf ±

RP QDHW

xv UNITED UTILITIE

C e VNU iƒ PQDSH FFFF

HDVT

PRODUITS DE BASE e f DJ E STOXX ENGY P QRIDHR GAMESA ±

W HDUU

ITALCEMENTI s„

±

qf IHDQW HDIS

e C

PSDIQ HDHR

xv VIRIDIAN GROUP

C WOLTERS KLUWER

IIDTR HDIR

e e GKN qf ± ± iƒ IQDVQ HDPW

IHH IDTU

ACERALIA LAFARGE p‚

C

PWUDSW HDUW

C

IPDTW

e qf f DJ E STOXX PO SUP P

± WPP GROUP xv PQDSH HDQH

e C C HAGEMEYER NV

iƒ QQDUW HDWQ QDSH PDWR

ACERINOX R MICHANIKI REG. q‚

±

HDPQ

f DJ E STOXX MEDIA P QUTDWW q‚ RDQH FFFF

C HALKOR ± q‚ RHDRH IDTT IDVW IDTS

ALUMINIUM GREEC PILKINGTON PLC qf

±

qf RDQS IDHV

± HAYS ± qf TWDIH HDVW IHDVP IDIT

ANGLO AMERICAN RMC GROUP PLC qf

e C

TTDWS HDQU e SERVICES FINANCIERS hi ± HEIDELBERGER DR ƒi PPDHT FFFF ISVDTH HDVV

ASSIDOMAEN AB SAINT GOBAIN p‚

e BIENS DE CONSOMMATION

PTDQH FFFF

e ps C

± HUHTAMAEKI VAN fi RHDWI QDUR RRDPQ HDPS

BEKAERT SKANSKA -B- ƒi

C

IVDTU QDSP

3I GROUP qf e

±

s„ U IDPU e C

± xv QQDTQ HDHW ±

RDSU HDQS qf IFIL

QDII PDRW

qf EURO

BILLITON TAYLOR WOODROW e AHOLD ±

RIDIH HDWT

ALMANIJ fi

C

qf RDHV IDIV e C

e C e ± iƒ IRDPS IDQS QWDPS HDIQ e„ IMI PLC ISUDSH IDST

BOEHLER-UDDEHOL p‚ ALTADIS ______TECHNIP

±

QVDIH IDHW

ALPHA FINANCE q‚ e

iƒ PRDSH FFFF e C

± iƒ UDSH HDVI ±

UDQI IDPV qf INDRA SISTEMAS QVDPT HDIT

BUNZL PLC TITAN CEMENT RE q‚ AMADEUS GLOBAL

±

IUDHV IDWI

AMVESCAP qf

± ƒi IWDUU HDPU C

± e C

q‚ SDVT HDTV qf I S

TSDUS HDQV

p‚ IND.VAERDEN -A- NOUVEAU

CORUS GROUP VINCI e ATHENS MEDICAL

±

PWDSH HDTU

BHW HOLDING AG hi

IRDRQ FFFF ƒi e C

±

e C e„ TUDSH HDTT

q‚ RDIR IDRU

PIDUR HDRT

ELVAL WIENERB BAUSTOF e„ INVESTOR -A- AUSTRIA TABAK A

e C

QDSH HDPW

BPI R €„

C

IRDPU HDQV ƒi ´

±

± ± qf PDWS PDII

ƒi QHDST HDIV IDIT

HOLMEN -B- f DJ E STOXX CNST P PPUDUI INVESTOR -B- AVIS EUROPE

± MARCHE

UDSQ IDVT

BRITISH LAND CO qf

±

e C TIDTI QDST e hu

± hi IIPDIS HDRW

QDIR PDIV

ISPAT INTERNATI xv ISS BEIERSDORF AG C

UDWH QDII

CANARY WHARF GR qf

e C e C ± ps IDQU PDPR

p‚ RRDUH HDTU ITDQS PDSW

JOHNSON MATTHEY qf JOT AUTOMATION BIC Cours % Var.

TDII FFFF

CAPITAL SHOPPIN qf 15/03 12 h 32 f

e ± ±

ƒi PIDTV HDPS ± qf VDWQ HDQS SIDWV HDHR

MAYR-MELNHOF KA e„ CONSOMMATION CYCLIQUE KINNEVIK -B- BRIT AMER TOBAC en euros 14/03

±

RDSV IDHQ

CATTLES ORD. qf

e e C

hu WWDII FFFF ± p‚ IHPDRH HDUW UDRH IDQQ

METSAE-SERLA -B ps e COPENHAGEN AIRP CASINO GP ± ±

RRDRR PDIT qf IRDHR IDIP

ACCOR p‚ CLOSE BROS GRP

e e e

± ± ps US FFFF p‚ UW PDRU WDPI IDWP

OUTOKUMPU ps KONE B CLARINS AMSTERDAM

e C e

TQDPH HDVH fi TR FFFF

ADIDAS-SALOMON hi COBEPA

e e C e ±

± p‚ PRQDQH IDUT

fi SWDIS HDSW

RWDTQ HDUR

PECHINEY-A- p‚ LEGRAND DELHAIZE ±

IDWT e e IUDSH ± ±

hi PRDHS HDPI PHDVH TDUQ

AGFA-GEVAERT fi CONSORS DISC-BR AIRSPRAY NV

e C e e C

±

fi RQDRH IDSW hi SHDIH IDHI RDRP HDWI

RAUTARUUKKI K ps LINDE AG COLRUYT ± HDRP e e RDSS ±

IWDVW HDSS iƒ PQDVW FFFF

AIR FRANCE p‚ CORP FIN ALBA ANTONOV

e

± ± ± qf RDVS HDQQ

hi PVDSH IDHR

IWDHR HDWW

RIO TINTO qf MAN AG FIRSTGROUP ±

PDVT QDRH C ±

RDSP HDQS gr IVWDIP HDVS

AIRTOURS PLC qf CS GROUP N C/TAC

C

e C qf IDSI FFFF

q‚ QDVH PDUH

IQDPS IDSQ

SIDENOR MG TECHNOLOGIES hi FREESERVE C

C C PDPU e e PDPS

IDTV IDVP hi VPDQH HDQU

ALITALIA s„ DEPFA-BANK CARDIO CONTROL

±

e C ± qf U PDPP q‚ PUDUH HDQT

PR QDPQ

SILVER & BARYTE WARTSILA CORP A ps GALLAHER GRP C FFFF e e PQDWH

±

hi PIDWW RDIU

ISDHP IDWT

AUSTRIAN AIRLIN e„ DIREKT ANLAGE B CSS

e ±

± e ± fi RIDIH PDIR

qf IDUW WDTH

IIDSS HDRQ

SMURFIT JEFFERS METSO ps GIB T FFFF e C ±

IHDTV PDWI ƒi IQDIV IDTV

AUTOGRILL s„ DROTT -B- HITT NV

e

±

± C gr PWTDPH HDQQ ps IIDPS PDIU

RDVI PDUI

STORA ENSO -A- qf GIVAUDAN N MORGAN CRUCIBLE C IVDSH PDUV C e ±

QUDSH QDUH p‚ UHDIH RDTW

BANG & OLUFSEN hu EURAFRANCE INNOCONCEPTS NV

e e

±

C

hi UHDQH FFFF

ps IIDTH HDRQ

QTDTH PDRR

STORA ENSO -R- TELE2 -B- ƒi HENKEL KGAA VZ ±

C IH e HDSH

IHDUP IDVI p‚ IITDSH FFFF

BASS qf FINAXA NEDGRAPHICS HOLD

±

±

qf IIDRP PDQI

ƒi PQDUS PDPR ±

IURDUV IDIR

SVENSKA CELLULO hu IMPERIAL TOBACC NKT HOLDING ±

IDUW e e QDUT ±

fi PTDWV QDRU IDVP FFFF

BENETTON GROUP s„ FORTIS (B) SOPHEON

e C e C

€„ WDHT HDTU C

hi IUDHP HDUI

IQDQP HDRV

THYSSENKRUPP EXEL qf JERONIMO MARTIN FFFF e WR ± ±

IPDSH RDRV xv PU QDSU

BERKELEY GROUP qf FORTIS (NL) PROLION HOLDING

e e

± ± ps IHDVH HDWP

fi RPDTV IDPH C

VDTS PDTR

UNION MINIERE qf KESKO -B- PACE MICRO TECH ± IDRI

e WDHQ ± ±

SDPU HDTH p‚ IHQDQH HDTU

BRITISH AIRWAYS qf GECINA RING ROSA

e e C

± p‚ UTDPH HDUW

ps QPDSH PDPT

e C

IQDPH IDSR

UPM-KYMMENE COR PARTEK ps L’OREAL C C FFFF e e HDHP

IIDIV IDUQ fi RIDRV QDSU

BULGARI s„ GIMV RING ROSA WT

e e ±

xv UDSS IDWS

p‚ IRDPH FFFF

C

RDQS SDQV

USINOR qf LAURUS NV C

IDTW e PENINS.ORIENT.S T ± ±

qf RDPP PDPI QVDUV IDWP

CHRISTIAN DIOR p‚ GREAT PORTLAND UCC GROEP NV

C

±

qf PDWP IDHV q‚ WDUH IDRT

e C

IP RDVH

VIOHALCO e PERLOS ps MORRISON SUPERM ± ±

UVDVH IDSH qf UDUI HDRI

CLUB MED. p‚ HAMMERSON

e

± qf IRDWI FFFF

e„ QPDPQ HDWV

±

RDWV HDWS

VOEST-ALPINE ST qf RECKITT BENCKIS

C e PREMIER FARNELL

±

VDQV IDWQ xv UHDIV IDWV

COMPASS GROUP qf ING GROEP

C

e C

qf RDTT HDTV p‚ IWDHS HDPT

± SAFEWAY IIDUI IDPH

WORMS N qf

e C RAILTRACK

PPDPH IDQU qf IQDVH FFFF

DT.LUFTHANSA N hi LAND SECURITIES BRUXELLES

C

± qf TDII IDHS IDPP

IUSDIW e

f ± SAINSBURY J. PL

ISDSH HDWT DJ E STOXX BASI P xv

± ± RANDSTAD HOLDIN

qf VDSU HDIV ITDHU IDTU

ELECTROLUX -B- ƒi LIBERTY INTL

FFFF

ARTHUR TDQW

±

HDVW IDUS

STAGECOACH HLDG qf

qf QDPH FFFF

e C

± RENTOKIL INITIA TDPR QDIR qf IIDTQ PDPU

EM.TV & MERCHAN hi MAN GROUP

FFFF

e ENVIPCO HLD CT HDRP

hi IQDHS FFFF

C T-ONLINE INT

qf RDIU HDQV

C

C e REXAM HDRS IDSW UDII hi WT

EMI GROUP qf MARSCHOLLEK LAU

±

IV

FARDIS B HDSS

e C

IPDUQ IDHQ

e TERRA LYCOS iƒ

CHIMIE ± p‚ VHDIH HDSH

e C e

± REXEL HDVI IDPS s„ IIDQP HDTI

EURO DISNEY p‚ MEDIOBANCA

FFFF

INTERNOC HLD HDUR

C

qf RDHQ IDTH

e C TESCO PLC

e„ PIDWW HDHS

e C e e

± ±

iƒ IWDIR HDHS ISUDQH IDVI p‚ IQUDRH HDRQ

AIR LIQUIDE p‚ HERMES INTL METROVACESA RHI AG

FFFF

e INTL BRACHYTHER B UDSH ±

PPDVS HDQS

TNT POST GROEP xv

±

QHIDRI IDIU

e e gr

± ± ±

RWDWQ IDTP qf QDTP HDVU s„ PDQP HDVS

AKZO NOBEL NV xv HILTON GROUP MONTEDISON RIETER HLDG N

FFFF

LINK SOFTWARE B RDSH

e C

TDIH PDSP

WANADOO p‚

± qf QDPV IDWH C e C e

RUDSS PDVI s„ QDSH HDSU qf TIDQT FFFF

BASF AG hi HDP PERPETUAL PLC ROLLS ROYCE

e

UDVH FFFF

WORLD ONLINE IN xv

± ƒi PQDPH IDQW

C e C e

± SHDIS PDUU xv PVDVH HDVT qf IPDIV IDHS

BAYER AG hi HUNTER DOUGLAS PROVIDENT FIN SANDVIK

C

HDRS

f RHSDPR

C DJ E STOXX N CY G P

RTHDWI IDIR e gr

± ± ± hu UPDQP IDVU ITDHS IDST xv PQDTH IDTU

BOC GROUP PLC qf KLM REALDANMARK SAURER ARBON N e CODES PAYS ZONE EURO

e C

UPDHS IDHS e e e p‚ ± ±

IWDRS FFFF p‚ SS PDPP xv RR IDRT

CELANESE N hi LVMH RODAMCO CONT. E SCHNEIDER ELECT FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne

e C e C e s„ IDPV HDUW ± ± UHDVH HDTV hi VRDWS IDUR xv RRDTH HDRS gr SEAT PAGINE GIA

CIBA SPEC CHIMI MEDION RODAMCO NORTH A COMMERCE DISTRIBUTION IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande C C e C qf PDSI IDPV ± QRWDSW HDIW p‚ RDRR QDUR qf ISDHW HDQP gr SECURICOR

CLARIANT N MOULINEX SCHRODERS LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche

e e e ± ƒi IUDUH HDQI ± ± ± p‚ UUDIH HDIQ QUDTH FFFF iƒ IRDTQ HDRV qf UDVS IDPH

DEGUSSA-HUELS hi NH HOTELES SIMCO N SECURITAS -B- ALLIANCE UNICHE

FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce.

± C e C e qf TDRI UDIQ RHDTP HDHS qf TDPU SDQQ qf TDPH FFFF hi QVDSH FFFF DSM xv NXT SLOUGH ESTATES SERCO GROUP AVA ALLG HAND.G

e C C C e ± ± hi SPDVS HDPV RVQQDTU HDHU qf SDHI IDPS p‚ IUUDSH HDPV qf WDQT HDIU

EMS-CHEM HOLD A gr P & O PRINCESS UNIBAIL SGL CARBON BOOTS CO PLC CODES PAYS HORS ZONE EURO

C C

C e e ± ± qf PDUH PDRI UDWH HDPH qf SDHQ PDRT iƒ VDSV HDWR xv QHDRH HDTP

ICI qf PERSIMMON PLC VALLEHERMOSO SHANKS GROUP BUHRMANN NV CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de

C e C e C e e e ±

p‚ QRDRW RDIW IDHI hi IWDHS ps TDPH hi QWDTH FFFF p‚ SWDWS IDHI

KEMIRA TDWH PREUSSAG AG WCM BETEILIGUNG SIDEL CARREFOUR GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark.

e C e ± ± PRDTS HDRI qf PDUQ IDUI PTQDHI IDVU qf PDQV FFFF p‚ PSS FFFF KON. VOPAK NV xv RANK GROUP f DJ E STOXX FINS P INVENSYS CASTO.DUBOIS

FINANCES ET MARCHÉS b LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / 27

C C ± PTWDWW QDHV QWDWQ UHDTS RTQDRQ QDWR UQDSS PWDPS IWIDVU IDTQ PVDUV ALCATEL...... w RIDIT EURAFRANCE...... w REMY COINTRE..... w

C C ± Compen- PRWDPT IDUW FFF HDVI SDQI IDPS HDVH SQDTS QSIDWP HDVQ SRDIH QV w w

ALCATEL O ...... EURO DISNEY ...... RENAULT ...... Cours Cours % Var.

sation C International ± ± f IVWDWH HDIU PWDHH IDIW UDVI RDQW IDIR VHDIH SPSDRP HDSH VHDSH

ALSTOM ...... w PVDWS EUROTUNNEL ...... w REXEL...... w en euros en francs veille

 le™tion

ne se (1)

± ± ± RHVDHI IDPU TQDHH ST QTUDQR SDST SWDQH IRDSH WSDII HDHU IRDSI VALEURS FRANCE ALTRAN TECHN .... w TPDPH FAURECIA...... w RHODIA ...... w

C C ± ± TSUDWP HDQH IHHDHH QTDSH PQWDRP PDRI QUDRH TDUS RRDPV HDSW FFF TQH RIQPDSQ HDVH FFF ATOS CA ...... w IHHDQH FIMALAC SA C ...... w ROCHETTE (LA ...... ADECCO ......

C ± ± ± RUDPQ PDHR FFF IHQ TUSDTR IDWH FFF IHHDPH TSUDPU HDPH IHHDHH RQDRH PVRDTW IDUH FFF ARBEL...... UDPH F.F.P. (NY)...... ROYAL CANIN...... w AMERICAN EXP......

VALEURS FRANCE C C SRQDRT FFF VPDVS FFF FFF FFF FFF TRDWS RPTDHR HDQI FFF IVDIH IIVDUQ I FFF w VPDVS

b AVENTIS ...... FINAXA ...... ROUGIER #...... AMVESCAP EXP......

C ± ± VPTDSI IDIV IPUDSH IHSDSH TWPDHQ FFF FFF IVSH IPIQSDPH HDPU FFF QTDRH PQVDUU IDVP FFF L’action Cap Gemini gagnait 0,47 %, à AXA ...... w IPT FIVES-LILLE ...... RUE IMPERIAL...... ANGLOGOLD LT ....

C

± ± ± RUSDSU QDQQ USDHH QP PHWDWI QDPT FFF RUDIQ QHWDIS HDHT FFF PRDQU ISWDVT RDRQ FFF

171,10 euros, jeudi 15 mars dans les pre- AZEO(EXG.ET ...... w UPDSH FONC.LYON.#...... SADE (NY) ...... A.T.T. #......

C C ± ± VQQDHU HDIT IPUDPH TRDIS RPHDVH QDPP TPDIS IHI TTPDSP I IHHDHH IUDRH IIRDIR QDPV FFF w IPU w w

miers échanges. Le groupe de conseil et de BAIL INVESTI...... FRANCE TELEC ..... SAGEM S.A...... BARRICK GOLD......

C ± ± FFF FFF FFF RVP QITIDUI PDSQ FFF TIDQS RHPDRQ PDSR FFF THDTH QWUDSI IDRT FFF BAZAR HOT. V...... FFF FROMAGERIES...... SAGEM ADP...... COLGATE PAL......

C

± ± ± PVPDUP RDPP RSDHH IUV IITUDTH IDTT IVIDHH ISVDQH IHQVDQV IDHT ITHDHH SDUV QUDWI QDPI FFF services informatiques a annoncé un résul- BIC...... w RQDIH GALERIES LAF ...... w SAINT-GOBAIN...... w CROWN CORK O....

C C

± FFF FFF FFF RRDTH PWPDST PDSQ FFF TSDWH RQPDPV HDQV FFF RRDVS PWRDPH IDWU FFF

tat net de 547 millions d’euros pour 2000, BIS ...... FFF GAUMONT # ...... SALVEPAR (NY ...... DE BEERS #......

C C ± ± SVPDRW HDPQ VVDTH IHQDQH TUUDTH HDTU IHRDHH SSDUS QTSDUH HDRS SSDSH IHDWQ UIDUH HDTR FFF BNPPARIBAS...... w VVDVH GECINA...... w SANOFI SYNTH...... w DIAGO PLC......

C ± ± en hausse de 25,5%. ± IIVUDWR PDII IVSDHH TT RQPDWQ PDVH TUDWH UPDQH RURDPT IDRH UIDQH QSDUH PQRDIV IDTQ FFF BOLLORE...... w IVIDIH GEOPHYSIQUE...... w SCHNEIDER EL...... w DOW CHEMICAL....

C ± ± ± PWTDIT IDVS FFF PT IUHDSS RDQV PRDWI RVDIT QISDWI IDQI RVDVH RVDHI QIRDWP IDRP FFF

b L’action Danone progressait de 1,48 %, à BOLLORE INV...... RSDIS GFI INFORMAT ..... w SCOR ...... w DU PONT NEMO ...

C C ± ±

PRQDQT HDSR FFF IWDTP IPVDUH IDWH PHDHH TQDIH RIQDWI HDIT TQDHH HDWR TDIU QDQH FFF

137,2 euros. La société a confirmé avoir BONGRAIN ...... QUDIH GRANDVISION...... w S.E.B...... w ECHO BAY MIN ......

C ± ± ± PTSDWW HDIP RHDSH IPT VPTDSI IDST FFF RSDUH PWWDUU HDRT RSDWI ISDSP IHIDVH UDTP FFF BOUYGUES ...... w RHDSS GROUPE ANDRE... SEITA...... w ELECTROLUX ......

C C ± QRVDQI IDTU SRDHH VR SSI IDPH FFF IU IIIDSI FFF FFF IUPDSH IIQIDSQ HDUH FFF dégagé un bénéfice net de 721 millions BOUYGUES OFF..... w SQDIH GROUPE GASCO ... SELECTIBAIL(...... ELF GABON......

C ± ± ± IWDRV PDQH QDHR VIDRH SQQDWS HDRW FFF QRDRS PPSDWV RDQI QTDHH TDWH RSDPT IDRU TDVH

d’euros en 2000, en hausse de 5,7 %. La BULL# ...... w PDWU GR.ZANNIER ( ...... SIDEL...... w ERICSSON #...... w

C ± ± PRSDQQ HDRH QUDPS TTDVH RQVDIV FFF FFF ITQDTH IHUQDIS HDPR FFF QIDHS PHQDTU QDTH FFF w QUDRH

croissance de ses ventes depuis le début de BUSINESS OBJ ...... GROUPE PARTO.... SILIC CA ...... FORD MOTOR #.....

C ± ± FFF FFF FFF VRDIH SSIDTT IDHT VSDHH UUDPS SHTDUQ HDHT UUDPH RSDHQ PWSDQV IDPI FFF B T P (LA CI...... FFF GUYENNE GASC ... w SIMCO...... w GENERAL ELEC ......

C ± ± ± RWPDTP PDSW FFF ISDPV IHHDPQ IDQW ISDHU ITDPH IHTDPU IDPP FFF THDWS QWWDVI HDHV FFF l’année « s’inscrit dans une dynamique con- BURELLE (LY) ...... USDIH HAVAS ADVERT ..... w SKIS ROSSIGN ...... GENERAL MOTO....

± ± ±

PPDWT FFF QDSH IIIDTH UQPDHS QDQV IISDSH TPDUH RIIDPW IDUP TQDVH RDRI PVDWQ HDWH FFF

forme à celle observée sur l’ensemble de l’exer- CANAL + ...... w QDSH IMERYS ...... w SOCIETE GENE ...... w GOLD FIELDS......

C C C ± IIIQDIT HDPR ITWDQH IQTDVH VWUDQS RDRQ FFF SH QPUDWV PDSQ SIDQH SDSH QTDHV IDVS FFF CAP GEMINI...... w ITWDUH IMMOBANQUE ..... SODEXHO ALLI ...... w HARMONY GOLD ..

C cice 2000 », annonce le groupe agro-alimen- C ± QIRDVT HDUQ RUDTS PIDQP IQWDVS FFF FFF VWDWH SVWDUI HDII FFF VDTU STDVU QDQR FFF CARBONE-LORR.... w RV IMMEUBLES DE .... SOGEPARC (FI ...... HITACHI # ......

C C C ±

QWQDSU IDIH SWDQS ITDIS IHSDWR QDSQ ISDTH SQDSS QSIDPT SDPP STDSH IQDQH VUDPR QDPT IPDVV taire. CARREFOUR ...... w TH INFOGRAMES E .... w SOMMER-ALLIB .... w HSBC HOLDING .... w

C C

± TUHDQW HDSW IHIDTH QRRH PPSTRDWP FFF FFF QQDHP PITDTH HDIP QPDWV IHRDSH TVSDRV IDVV IHTDSH

b Le titre Essilor perdait 1,72 %, à CASINO GUICH...... w IHPDPH IM.MARSEILLA ...... SOPHIA ...... w I.B.M...... w

C C C RQTDPI PDPQ FFF PRDWW ITQDWP QDTW PRDIH SWDRH QVWDTR HDTV SWDHH FFF FFF FFF FFF CASINO GUICH...... TTDSH INGENICO ...... w SOPRA # ...... w I.C.I......

C C ± ± ISRVDUI HDSS PQRDVH WQDVH TISDPW HDHS WQDVS UUDPH SHTDRH PDPV UWDHH RUDPV QIHDIR IDRT FFF 314,5 euros. Le groupe d’optique a annoncé CASTORAMA DU ... w PQTDIH ISIS...... w SPIR COMMUNI .... w ITO YOKADO # ......

C C ± ± IIVIDQV IDIP FFF PP IRRDQI HDHS PPDHI PTDPH IUIDVT QDQS PSDQS RQDWH PVUDWU HDTV FFF

la distribution d’un dividende net de CEA INDUSTRI...... IVHDIH KAUFMAN ET B..... w SR TELEPERFO ...... w I.T.T. INDUS ......

± ± ± ± SIVDPI QDSR FFF IHPDIH TTWDUQ HDRW IHPDTH IHDSP TWDHI SDPQ FFF UDIQ RTDUU PDHT UDPV UW w w

3,90 euros par action ordinaire pour 2000, CEGID (LY) ...... KLEPIERRE ...... STUDIOCANAL ...... KINGFISHER P ......

C ± ± ± PVSDQR QDQI FFF WWDWH TSSDQH IDUU IHIDUH QHRDIH IWWRDUU HDHU FFF IVDTH IPPDHI SDTP FFF CFF.RECYCLIN ...... RQDSH LAFARGE ...... w SUCR.PITHIVI ...... MATSUSHITA......

C C ± QTHDIP FFF SRDWH THDIS QWRDST IDTW SWDIS ISWDUH IHRUDST RDHR ISQDSH PWDUQ IWSDHP HDWH FFF en hausse de 14,7%. CGIP ...... w SRDWH LAGARDERE ...... w SUEZ LYON.DE ...... w MC DONALD’S......

C

± ± RWVDSQ FFF FFF SSDVH QTTDHP PDII SUDHH USH RWIWDTV IDPI FFF UWDHS SIVDSQ HDQP FFF

b L’action Suez Lyonnaise des Eaux était CHARGEURS...... UT LAPEYRE ...... w TAITTINGER ...... MERK AND CO......

C ± SSI QDRS FFF FFF FFF FFF FFF RRDVP PWR PDIR RQDVV FFF FFF FFF FFF VR w

en hausse de 3,45 %, à 158,8 euros. Le grou- CHRISTIAN DA ...... LEBON (CIE) ...... THALES (EX.T...... MITSUBISHI C......

C C ± ± PSRDQV IDWP QWDSR PRQDSH ISWUDPT IDVR PQWDIH RTDWH QHUDTR IDRI RTDPS PPIQDSH IRSIWDTI QDWS PQHRDSH CHRISTIAN DI...... w QVDUV LEGRAND ...... w TF1...... w NESTLE SA #...... w

C

± ± ± UUUDQI HDIU FFF IRRDQH WRTDSS IDRI FFF ISUDSH IHQQDIQ IDST ITHDHH RSDHI PWSDPS HDQV FFF pe de services collectifs, qui devrait prochai- CIC -ACTIONS ...... IIVDSH LEGRAND ADP...... TECHNIP...... w NORSK HYDRO......

C C

± ± QRTDTU IDRR SPDIH SPDIH QRIDUS IDUH SQDHH RHDRS PTSDQQ SDWQ RQDHH RQDRU PVSDIR PDHR FFF

nement être rebaptisé Suez, a annoncé un CIMENTS FRAN ..... w SPDVS LEGRIS INDUS ...... w THOMSON MULT . w PFIZER INC......

C C ± ± SPQDIQ IDSR VIDHH UDTU SHDQI IDUP UDSR ISRDWH IHITDHV IDUI ISPDQH SPDTH QRSDHQ IDPP FFF CLARINS...... w UWDUS LIBERTY SURF...... w TOTAL FINA E ...... w PHILIP MORRI ......

± ± ± bénéfice net de 1,92 milliards d’euros en ± SPQDIQ HDQI VHDHH IPS VIWDWS HDUI FFF RUDIR QHWDPP QDVH RWDHH UPDUS RUUDPI IDHW FFF CLUB MEDITER ..... w UWDUS LOCINDUS...... TRANSICIEL # ...... w PROCTER GAMB ....

C C ± ± PQRDSH IDSQ QSDPI UTDPS SHHDIU HDVT USDTH QQ PITDRU PDQR QQDUW IWDUS IPWDSS PDRP FFF

2000, en hausse de 32 %. « Compte-tenu CNP ASSURANC .... w QSDUS L’OREAL...... w UBI SOFT ENT ...... w RIO TINTO PL......

C

± ± ± SSUDST HDSV VSDSH UUDSH SHVDQU QDIQ FFF IUUDTH IITRDWV HDQR IUUDHH UIDUS RUHDTS IDQI FFF

d’un manque persistant de stratégie (à part le COFACE...... w VS LOUVRE #...... UNIBAIL ...... w SCHLUMBERGER...

C ± ± ± IHTWDVU IDHQ ITRDVH SSDPS QTPDRP IDUV STDPS IHQDTH TUWDSU HDIW IHQDRH ITDSH IHVDPQ QDPQ FFF COFLEXIP ...... w ITQDIH LVMH MOET HE.... w UNILOG ...... w SEGA ENTERPR......

C ± RHHDIQ FFF TIDHH VW SVQDVH IDII WHDHH IRDPH WQDIS FFF IRDPH VDUU SUDSQ HDII VDUT changement de nom !), nous maintenons COLAS...... w TI MARINE WENDE... w USINOR...... w SEMA GROUP #...... w

C C C ± QIRDPH IDRV FFF IIDVH UUDRH QDPH FFF SIDPS QQTDIV HDRW SIDHH W SWDHR IDTW FFF

notre opinion prudente », persiflent les ana- CONTIN.ENTRE..... RUDWH MAUREL ET PR...... VALEO ...... w SHELL TRANSP ......

C C ± ± QQRDSR IDQS FFF SDWH QVDUH QDSI FFF THDQS QWSDVU QDUS TPDUH UQDQH RVHDVP IDQV UPDQH SI w w

lystes d’ODB Equities dans leur note du CPR...... METALEUROP ...... VALLOUREC ...... SONY CORP. # ......

C ± ± VT QDHQ FFF QVDPS PSHDWH HDSQ QVDHS FFF FFF FFF FFF TPDTS RIHDWT HDST FFF CRED.FON.FRA...... IQDII MICHELIN ...... w VIA BANQUE ...... T.D.K. # ......

C C C ± PSSDIU HDWI QVDSS PIDSH IRIDHQ IDIS FFF TPDTH RIHDTQ HDTR FFF SDUQ QUDSW RDST FFF matin. CREDIT LYONN ..... w QVDWH MONTUPET SA...... VICAT...... TOSHIBA #......

C C ± WIDVQ QDII FFF RDTH QHDIU UDRV FFF TSDSH RPWDTS FFF TSDSH VPDHS SQVDPI HDHT FFF CS COM.ET SY...... IR MOULINEX ...... VINCI...... w UNITED TECHO.....

C ± ± ± SQIDQQ HDVU FFF WV TRPDVR PDQW IHHDRH RUDQU QIHDUQ IDTP RVDIS HDTR RDPH IDSR FFF DAMART ...... VI NATEXIS BQ P ...... w VIVENDI ENVI...... w ZAMBIA COPPE......

C C C WIQDHW PDWT IQSDPH PTDHP IUHDTV HDHV PTDHH TUDQS RRIDUW HDQU TUDIH DANONE...... w IQWDPH NEOPOST ...... w VIVENDI UNIV ...... w

C

± ± ITPHDPI HDQT FFF PHDVI IQTDSH IDVR FFF TDIH RHDHI PDSP SDWS

´ DASSAULT-AVI...... PRU NORBERT DENT ... WANADOO...... w ABRE´VIATIONS

C PREMIER MARCHE C ± QTIDUT PDWW SQDSS PUDIS IUVDHW HDSS FFF IWDHS IPRDWT HDPT FFF

DASSAULT SYS...... w SSDIS NORD-EST...... WORMS (EX.SO......

B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

C ± FFF FFF FFF PQDWH ISTDUU IDRR PRDRH PSVDSH ITWSDTS HDIS PSVDIH ______FFF aw w DE DIETRICH...... NRJ GROUP...... ZODIAC......

± ± SVWDHS HDQQ FFF ISDSH IHIDTU IDPU ISDUH FFF FFF FFF FFF DEVEAUX(LY)# ...... VWDVH OBERTHUR CAR.... w ...... SYMBOLES

ti hs IS we‚ƒ C ± WUDHV IDUP FFF W SWDHR QDIP FFF FFF FFF FFF FFF

Cours a` 12 h 30 DEV.R.N-P.CA...... IRDVH OLIPAR...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ;

C ±

WRDUW PDHQ FFF VDUV SUDSW IDSH VDTS FFF FFF FFF FFF

DMC (DOLLFUS..... IRDRS ORANGE ...... w ...... a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ; # contrat d’animation ; hernier jour de ne go™i—tion des yƒ‚h X PT m—rs

C C IUUDUT HDST FFF QVSDPH PSPTDUS IDQU FFF FFF FFF FFF FFF

DYNACTION ...... PUDIH OXYG.EXT-ORI...... o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ;

± ±

RUPDWR IDQH UQDHS RWDTV QPSDVV HDTR SHDHH FFF FFF FFF FFF w UPDIH w

EIFFAGE ...... PECHINEY ACT...... d cours pre´ce´dent ; wValeur pouvant be´ne´ficier du service

± Compen- ± WSDII HDRV IRDSU SQDPH QRVDWU HDUS FFF FFF FFF FFF FFF w IRDSH

Cours Cours % Var. ELIOR ...... PECHINEY B P ......

sation de re`glement diffe´re´. France C f ± IRUDSW IDUS FFF TVDWH RSIDWS PDTV TUDIH FFF FFF FFF FFF en euros en francs veille ELEC.MADAGAS..... PPDSH PENAUILLE PO...... w ......

(1) ` ´ ± PHQDQS FFF FFF URDQH RVUDQV IDRT USDRH FFF FFF FFF FFF ENTENIAL(EX...... QI PERNOD-RICAR .... w ...... DERNIERE COLONNE PREMIER MARCHE (1) :

± ± ± PVWDQR PDVV RSDRP RSDWH QHIDHV HDPP RTDHH PUVDSH IVPTDVR PDUW PVTDSH FFF FFF FFF FFF ACCOR ...... w RRDII ERAMET ...... w PEUGEOT ...... w ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi :

C C ±

RSWDIU IDIT TWDPH WWDVS TSRDWU HDQS WWDSH IWTDPH IPVTDWW HDWI IWVDHH FFF FFF FFF FFF AGF ...... w UH ERIDANIA BEG...... w PINAULT-PRIN...... w ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement

C C ± PTPDRS HDHQ FFF QITDRH PHUSDRS IDIQ QPHDHH IIV UURDHQ IDPW IITDSH FFF FFF FFF FFF

AFFINE(EXIMM ..... RHDHI ESSILOR INTL ...... w PLASTIC OMN...... w ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ;

± ± IQHDRU HDSS PHDHH TUDTH RRQDRQ HDUQ FFF VI SQIDQQ FFF FFF FFF FFF FFF FFF

AIR FRANCE G ...... w IWDVW ESSO ...... PSB INDUSTRI ...... Vendredi date´ samedi : nominal.

C ± ± IHQIDIT IDUS ISRDSH SPDUH QRSDTW IDHQ SQDPS QRDPS PPRDTU HDPW QRDQS FFF FFF FFF FFF AIR LIQUIDE ...... w ISUDPH EULER...... w PUBLICIS GR...... w ......

C ± ± ± IIPDIU IDIT HDPS IDTR RDIU IVDWH IPQDWV HDSQ IISDQH USTDQP QDSI CMT MEDICAL ..... IUDIH GUYANOR ACTI .... NET2S # ...... GENERALE LOC ....

C C ± ± IRWDST IDHV STDRS QUHDPW HDHW IHDWU UIDWT IDSU SHDHS QPVDQI HDIH COALA # ...... PPDVH HF COMPANY ...... NETGEM...... w GEODIS......

± ± NOUVEAU ± ITUDQQ SDSP WPDIS THRDRT HDVI QDPP PIDIP FFF PVDPS IVSDQI HDUH COHERIS ATIX...... PSDSI HIGH CO.#...... NETVALUE # ...... SECOND GFI INDUSTRI......

C C

± UPDIT FFF QDWI PSDTS WDSP QDUW PRDVT IDST TWWS RSVVRDIW HDHW

COIL...... II HIGH BS 01 ...... NEURONES #...... ______GRAND MARNIE ..

C ± ±

IUDQV TDHQ VQDSH SRUDUP HDTH UVDWH SIUDSS HDSI RT QHIDUR FFF

´ CION ET SYS...... PDTS HIGHWAVE OPT ... w NICOX #...... GROUPE BOURB... C ± ± ±

IPWDVV IDPV IHDSS TWDPH RDWS PU IUUDII RDSW PPDHS IRRDTR PDWI

MARCHE CONSODATA # ..... IWDVH HIMALAYA ...... OLITEC...... MARCHE´ GROUPE CRIT ......

C ± ± QWDQT PDST PDRH ISDUR SDSI QDSP PQDHW FFF IQSDWH VWIDRS HDPW CONSORS FRAN .. T HI MEDIA ...... OPTIMA DIREC..... d GROUPE J.C.D......

± ± QVDWH PDUW TDWQ RSDRT FFF QDTH PQDTI FFF IQUDVH WHQDWI HDIR

CROSS SYSTEM.... SDWQ HOLOGRAM IND.. OPTIMS # ...... HERMES INTL...... w

ti hs IS we‚ƒ

C ± ± RTDSU RDHS TDTU RQDUS IRDRW HDSW QDVU FFF QIDII PHRDHU HDHQ CRYO # ...... UDIH HUBWOO.COM ..... OXIS INTL RG ...... d HYPARLO #(LY ...... ti hs IS we‚ƒ

± ± ± ±

PIDIP HDQI IRDQH WQDVH UDRR PI IQUDUS QDTU VDIU SQDSW S

CRYONETWORKS. QDPP IB GROUP.COM .... PERFECT TECH .... IMS(INT.META ......

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 12 h 30

ne se le™tionF

± ± ± ´ ` UDTI HDVS PDIT IRDIU PTDUV TDPH RHDTU FFF TS RPTDQU IDPP CYBERDECK # ...... IDIT IDP ...... PERF.TECHNO...... d Cours relevesa12 h 30 INTER PARFUM ....

± ± IPQDWV FFF IDHU UDHP FFF IUDSS IISDIP UDTQ RUDSH QIIDSV S CYBER PRES.P ...... IVDWH IDP BON 98 (...... d PHARMAGEST I.... JET MULTIMED ....

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. ± ± ± PHDQQ IDSW HDIS HDWV FFF QDVQ PSDIP HDPT IRTDIH WSVDQS IDRV

CYBERSEARCH ..... QDIH INTERACTIF B...... d PHONE SYS.NE..... L.D.C......

Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille

C C ± IRDPQ HDWQ HDQH IDWU FFF PIDHI IQUDVP RDSH QHDSH PHHDHU IDTU CYRANO #...... PDIU INTERACTIF B...... d PICOGIGA...... LAURENT-PERR ....

C C C ± ± VQDQI FFF SDIH QQDRS IRDSU IIDRH URDUV SDST RTDVH QHTDWW R RPDSH PUVDUV HDSW WDIS THDHP HDRR ABEL GUILLEM..... IPDUH DALET # ...... IGE +XAO ...... PROSODIE #...... AB GROUPE ...... LECTRA SYST......

C C ± ± RI RDIU SDSH QTDHV RDQS IS WVDQW HDTU IS WVDQW FFF UDIV RUDIH FFF IHDIH TTDPS HDWV AB SOFT ...... TDPS DATATRONIC ...... ILOG #...... PROSODIE BS ...... d ACTIELEC REG ..... LOUIS DREYFU .....

C C C C ± ± TSDTH TDQV PDTI IUDIP QDSU PDRV ITDPU HDVH UDPT RUDTP IDTV WVDVH TRVDHW IDPH TW RSPDTI IDRU ACCESS COMME .. IH DESK #...... IMECOM GROUP.. PROLOGUE SOF ... ALGECO #...... LVL MEDICAL......

C ± ± ± ± IRHDQI HDRU RV QIRDVT RDWS HDTW RDSQ PDVP IDSH WDVR FFF RHDPV PTRDPP S PUDII IUUDVQ HDHR ADL PARTNER ...... PIDQW DEVOTEAM #...... w INFOSOURCES...... PROXIDIS ...... d ALTEDIA...... M6-METR.TV A...... w

C C ± ± RWDPH HDTU IIDRH URDUV FFF IDWR IPDUQ FFF RDTQ QHDQU IDUT IQT VWPDIH PDVT TV RRTDHS HDPW ALGORIEL #...... UDSH DMS #...... INFOSOURCE B .... d QBIOGENE ...... ALTEN (SVN) ...... w MANITOU #......

± ± ± ± ± WDIV QDRS UDSH RWDPH PDTH QQDSS PPHDHU TDVI PRDRV ITHDSV SDVS PIVDWH IRQSDVW HDHS TQDWH RIWDIT FFF ALPHAMEDIA ...... IDRH D INTERACTIV ..... INFOTEL # ...... QUALIFLOW ...... APRIL S.A.#( ...... MANUTAN INTE...

C ± ± ± ± RSDSW HDUI UDPH RUDPQ FFF IWDIH IPSDPW IIDIT RDSP PWDTS HDPP IPV VQWDTP IDSR IQI VSWDQH IDVH ALPHA MOS #...... TDWS D INTERACTIV ..... d INFO VISTA ...... QUANTEL ...... ARKOPHARMA # .. MARIONNAUD P ..

± ± ± ± UDPP IDUW SH QPUDWV FFF RDRI PVDWQ P VDUH SUDHU QDIP SHDRH QQHDTH HDSW IIU UTUDRU FFF ALPHA MOS BO.... IDIH DIOSOS ...... b INTEGRA NET...... w R2I SANTE...... ASSYSTEM # ...... PARCDESEXPOS....

C ± ± VUIDUU HDPQ PIDWQ IRQDVS HDWP FFF FFF FFF PT IUHDSS RDUT ISDTH IHPDQQ FFF PIDPT IQWDRT FFF ALTAMIR & CI ...... IQPDWH DIREKT ANLAG .... INTEGRA ACT...... RECIF # ...... AUBAY ...... PCAS #......

± ± ± PSDSV FFF PHDPI IQPDSU IDRI PDRT ITDIR FFF RU QHVDQH FFF IHH TSSDWT SDTT RIDSH PUPDPP IDIW ALDETA ...... d QDWH DIREKT ANLAG .... INTERCALL #...... d REPONSE # ...... BENETEAU CA# .... PETIT FOREST......

± ± ± ± TQDHR IDUR I TDST FFF VVDSH SVHDSP IDTU UDWS SPDIS FFF VQ SRRDRR IDHI SU QUQDWH HDQS ALTI #...... WDTI DURAND ALLIZ.... IPSOS # ...... w REGINA RUBEN ... d BOIRON (LY)#...... PIERRE VACAN......

C ± ± ± VIDHI FFF ITDUS IHWDVU UDUP RDWS QPDRU FFF IPDTI VPDUP WDWQ QRDQS PPSDQP IDVT PR ISUDRQ SDVV ALTI ACT.NOU...... d IPDQS DURAN DUBOI .... IPSOS BS00...... d RIBER #...... BONDUELLE...... PINGUELY HAU ....

C C ± ± ± IITIDUH IDWR HDIH HDTT FFF TDRH RIDWV TDTU IRPDQH WQQDRQ PDSQ WU TQTDPV IDHP WV TRPDVR HDWQ A NOVO # ...... w IUUDIH DURAN BS 00 ...... d ITESOFT...... RIGIFLEX INT...... BQUE TARNEAU... POCHET......

± ± ± VTDSW PDSV IQDSS VVDVV FFF UDSH RWDPH TDPS WDWV TSDRT FFF TH QWQDSU FFF IITDWH UTTDVI VDQW ARTPRICE COM.... IQDPH EFFIK # ...... d IT LINK...... RISC TECHNOL .... BRICORAMA # ...... RADIALL # ......

C C ± ± ± SDIP PDSH RIH PTVWDRP FFF IDRI WDPS IDRR VDIS SQDRT PDTQ IQVDSH WHVDSH HDTS SUDSH QUUDIV HDSP ASTRA ...... HDUV EGIDE #...... IXO...... SAVEURS DE F...... BRIOCHE PASQ .... RALLYE (LY)...... w

C C ± PTDPR FFF WDVH TRDPV IDHQ IDPH UDVU FFF ITDWH IIHDVT FFF IHDUS UHDSP PDPV PRSDUH ITIIDTW WDTU AUFEMININ.CO.... R EMME(JCE 1/1...... JOLIEZ-REGOL ...... d GUILLEMOT BS .... d BUFFALO GRIL..... RODRIGUEZ GR ...

C C C C ± TTDVR IDQW RUDSH QIIDSV IDHT HDHU HDRT FFF TDSS RPDWU IDSH WIDSH THHDPH HDVV QUDSH PRSDWV HDPU AUTOMA TECH .... IHDIW ESI GROUP ...... GPE JOLIEZ D ...... d SELF TRADE...... C.A. OISE CC ...... SABATE SA #......

± ± ± ± ± QPDSR IDSW SDUH QUDQW HDVU PDHW IQDUI FFF SHDTH QQIDWI PDTW PTH IUHSDRW HDUT WS TPQDIT UDQP AVENIR TELEC...... w RDWT ESKER...... KALISTO ENTE...... d SILICOMP #...... C.A. PARIS I...... SECHE ENVIRO .....

C ± ± ± IQDIP PDRR PUDTR IVIDQI HDWQ IHDWW UPDHW FFF PSDPH ITSDQH QDUW IQW WIIDUV FFF IWDUS IPWDSS HDPS AVENIR TELEC...... P EUROFINS SCI...... KALISTO NV J...... d SITICOM GROU.... C.A.PAS CAL...... SINOP.ASSET......

± ± ± SPDRV WDHW QHDSH PHHDHU FFF PDUQ IUDWI HDUQ WDQH TI FFF RSDSH PWVDRT HDWT PWDSH IWQDSI FFF BAC MAJESTIC...... V EUROFINS NOU... d KEYRUS PROGI ..... SODITECH ING .... CDA-CIE DES...... SIPAREX CROI ......

C ± ± ± WVDQW IDWT WDWS TSDPU PDRS HDUU SDHS PDTU UDHI RSDWV IHDUH SIDPH QQSDVS FFF PWRDSH IWQIDUW FFF BARBARA BUI ...... IS EURO.CARGO S.... KAZIBAO ...... SOFT COMPUTI.... CEGEDIM #...... SOLERI ...... d

C ± ± ± TRDRV IDPI RDWH QPDIR FFF TDSH RPDTR FFF PIDIH IQVDRI IDWI IPUDSH VQTDQS PDIT UQDQH RVHDVP UDTV BCI NAVIGATI...... WDVQ FIMATEX # ...... w LACIE GROUP ...... SOI TEC SILI...... w CIE FIN.ST-H ...... SOLVING #......

C C C ± ± UWDQI FFF TDIH RHDHI IDTU IUDVI IITDVQ HDHT IR WIDVQ UDPP SS QTHDUV IDIH RRDWH PWRDSP HDPP BELVEDERE...... IPDHW FI SYSTEM # ...... w LEXIBOOK #...... SOI TEC BS 0...... CNIM CA# ...... STEF-TFE # ......

± ± ± ± PHDHI PDST HDWV TDRQ QHDWW PH IQIDIW FFF QDWI PSDTS PDPS SUDIS QURDVV FFF IQSDVH VWHDUW Q BOURSE DIREC .... QDHS FI SYSTEM BS...... LEXIBOOK NOU .... d SQLI ...... COFITEM-COFI..... STERIA GROUP .....

± ± ± ± ± QQRDSR QDSW VDTH STDRI IDIS PSDPH ITSDQH TDTU R PTDPR FFF QDWH PSDSV PDSH RPDTP PUWDSU HDVV BRIME TECHNO... SI FLOREANE MED .. LINEDATA SER...... STACI # ...... DANE-ELEC ME.... SYLEA ......

± ± ± IQDUV FFF RDRH PVDVT PDPP IDVT IPDPH FFF HDRS PDWS FFF RTDIH QHPDRH SDWP QHDRS IWWDUR RDSS BRIME TECHN...... d PDIH GAMELOFT COM . LYCOS EUROPE..... STELAX...... d ENTRELEC CB ...... SYLIS # ......

C ± ± ± ± WIDVQ IDQR QPDTH PIQDVR FFF TDWW RSDVS HDIR IQDWH WIDIV PDWT WDPH THDQS IDHV RQ PVPDHT PDPU BUSINESS ET ...... IR GAUDRIOT #...... d MEDCOST #...... SYNELEC # ...... ETAM DEVELOP ... SYNERGIE (EX ......

C ± ± ± ± ± QHDQI IDHU IUDHT IIIDWI RDIT IHW UIRDWW PDTV PPDVH IRWDST IDHR WRDSH TIWDVV QDSU PQDRH ISQDRW HDPI BUSINESS INT ...... RDTP GENERIX # ...... MEDIDEP #...... SYSTAR # ...... EUROPEENNE C... TEAM PARTNER ...

± ± ± ± ± ± IWPDTS PDRQ PTDSH IUQDVQ PDPI UDQH RUDVV HDTV SDQR QSDHQ TDQP SIDSH QQUDVP HDWT RH PTPDQV TDTQ BVRP ACT.DIV...... PWDQU GENESYS #...... MEMSCAP ...... SYSTRAN ...... EXPAND S.A...... TRIGANO ...... w

± ± ± PPDQH FFF RPDPH PUTDVI FFF VWDVH SVWDHS IDWU IHDUP UHDQP PDSS IR WIDVQ FFF IWH IPRTDQP HDRU CAC SYSTEMES..... d QDRH GENESYS NV 0 ..... d METROLOGIC G ... TEL.RES.SERV...... FINACOR...... d UNION FIN.FR......

C ± ± VWDPI FFF SDRI QSDRW FFF UDWU SPDPV IDTH TDHW QWDWS PDUH IIVDVH UUWDPV FFF USDIH RWPDTP HDHU CALL CENTER...... IQDTH GENESYS BS00 ..... d MICROPOLE ...... TELECOM CITY..... FINATIS(EX.L ...... VILMOR.CLAUS .....

C ± ± ± ± UVDUV VDQP IVDIS IIWDHT RDQP SDHW QQDQW IHDPQ RR PVVDTP RDUT QPDVH PISDIS FFF WIDWS THQDIS RDPP CAST ...... IPDHI GENSET...... w MONDIAL PECH ... SOLUCOM ...... b FININFO...... VIRBAC......

C ± ± ± ± TSWDPR HDSH QIDSP PHTDUT RDRH SDPS QRDRR IDTW PDHS IQDRS PDQV PRDIH ISVDHW IDSW FFF FFF FFF CEREP...... IHHDSH GL TRADE #...... MULTIMANIA...... TETE DS LES ...... FLEURY MICHO ......

± ± ± RDQW IDRU QHDTH PHHDUP S IPDWH VRDTP FFF PQDWH ISTDUU FFF TT RQPDWQ HDUS FFF FFF FFF CHEMUNEX # ...... HDTU GUILLEMOT # ...... NATUREX...... THERMATECH I.... FOCAL (GROUP......

´ PVQDQU IRGHQ IRDWT WVDIQ IRGHQ ECUR. TECHNOLOGIES ...... RQDPH CIC OBLI LONG TERME D....

Fonds communs de placements SG ASSET MANAGEMENT

IUWQDHT IRGHQ ´ PUQDQS PQTDPV IRGHQ

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´ 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) PPRVDRW IRURWDIQ IRGHQ WQUTDWU IRGHQ

GEOPTIM C ...... MENSUELCIC...... IRPWDSI

LEGAL & GENERAL BANK

ISTDSR IHPTDVR IRGHQ ISIDPH IRGHQ

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ISRDRT IHIQDIW IRGHQ

QITPDUT IRGHQ ´ RVPDIT  le™tionF

ne se Cours de cloˆ ture le 14 mars UNION AMERIQUE ...... CADENCE 2 D...... PRUDVW IRGHQ

E´CUREUIL E´QUILIBRE C ...... QUDUW

IRTPDUP IQGHQ

STRATE´GIE IND. EUROPE .... PPPDWW

IHHQDPP IRGHQ

CADENCE 3 D...... ISPDWR

PPHDWQ IRGHQ

E´CUREUIL PRUDENCE C ...... QQDTV Fonds communs de placements

ISVHDUW IRGHQ

´ ´ Fonds communs de placements CONVERTIS C ...... PRHDWW PVQDIV IRGHQ e RQDIU

RIUIDRW IRGHQ

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QUSDSR IRGHQ

Emetteurs f ´ SUDPS RRHRTDUQ IQGHQ

ee STRATEGIE CAC ...... TUIRDVV INTEROBLIG C ......

TSDRH IRGHQ

Euros francs cours CIC NOUVEAU MARCHE´ ...... WDWU

SSRDTV IRGHQ

´ ´ VRDST TPPIIDTP IQGHQ

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VHIDHS IRGHQ

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08 36 68 56 55 (2,21 F/mn) SELECT DYNAMIQUE C ...... PTIDRH

IVHDWV IRGHQ

AGIPI AMBITION (AXA) ...... PUDSW www.clamdirect.com Sicav Info Poste :

IIRTDVI IRGHQ

SE´LECT E´QUILIBRE 2...... IURDVQ

RVIDHQ QISSDQS IRGHQ

IVUDHV IRGHQ

AGIPI ACTIONS (AXA)...... PVDSP ATOUT CROISSANCE ...... 08 36 68 50 10 (2,21 F/mn)

IHURDWP IRGHQ

SE´LECT PEA DYNAMIQUE .... ITQDVU

PPWRDVU IRGHQ

ATOUT FONCIER ...... QRWDVS

IRSWDVQ IRGHQ

EURCO SOLIDARITE´...... PPPDSS ´ PQHDQS ISII IRGHQ

TVRDST IRGHQ

ADDILYS C ...... IHRDQT SELECT PEA 1 ...... STUDPI IRGHQ

3615 BNP ATOUT FRANCE ASIE D ...... VTDRU

TPWPDPH IRGHQ

LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WSWDPR

SHQDIH QQHHDIP IRGHQ

TUWDIV IRGHQ

ADDILYS D...... IHQDSR SG FRANCE OPPORT. C...... IQRWDQH IRGHQ

08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) ATOUT FRANCE EUROPE...... PHSDUH

SRWQDPS IRGHQ

LION 20000 D/3 11/06/99 ...... VQUDRR

RUIDHU QHWHDHP IRGHQ

IUWDRU IRGHQ

AMPLITUDE AME´RIQUE C.... PUDQT SG FRANCE OPPORT. D......

QPWDVP IRGHQ

ATOUT FRANCE MONDE...... SHDPV

IIVTDVW IRGHQ

´ IVHDWR ISWRIDSW IRGHQ

BNP MONE COURT TERME.. PRQHDPV SICAV 5000 ......

SRRDIP QSTWDIW IRGHQ

IUSDWW IRGHQ

AMPLITUDE AME´RIQUE D ... PTDVQ SOGENFRANCE C ......

IRSUDPI IRGHQ

ATOUT FUTUR C ...... PPPDIS

QISDSR PHTWDVI IRGHQ VUSTUDHS IRGHQ

BNP MONE´ PLACEMENT C .. IQQRWDSI SLIVAFRANCE ......

RWHDQR QPITDRP IRGHQ

PRIDSP IRGHQ

AMPLITUDE EUROPE C...... QTDVP SOGENFRANCE D......

IQPHDSI IRGHQ

ATOUT FUTUR D...... PHIDQI

UTRSRDRV IRGHQ

´ IITSSDRI PTQDQU IRGHQ

BNP MONE PLACEMENT D.. SLIVARENTE...... RHDIS

IHVDWT UIRDUQ IRGHQ

PQRDRR IRGHQ

AMPLITUDE EUROPE D...... QSDUR SOGEOBLIG C......

UVRDQQ IRGHQ

ATOUT SE´LECTION...... IIWDSU

WWSTPQDRU IRGHQ ´ ´ ISIUVIDVP

IHSTDIT IRGHQ

BNP MONE TRESORERIE ..... SLIVINTER ...... ITIDHI

PWQDVH IRGHQ ´ RRDUW

ITPPDIP IRGHQ

AMPLITUDE MONDE C ...... PRUDPW SOGEPARGNE D......

PPIRDPS IRGHQ

COEXIS ...... QQUDST

ITUDUS IIHHDQU IRGHQ

RWIQDIP IRGHQ

BNP OBLIG. CT ...... TRILION...... URW PTHDPU IUHUDPT IRGHQ

IRTVDIH IRGHQ

` AMPLITUDE MONDE D...... PPQDVI SOGEPEA EUROPE...... QHHSDIR IRGHQ

DIEZE ...... RSVDIQ

PPVDVH IRGHQ

BNP OBLIG. LT...... QRDVV

TTDIP RQQDUP IRGHQ

IIUDPW IRGHQ

Fonds communs de placements AMPLITUDE PACIFIQUE C.... IUDVV SOGINTER C...... QVHIDHI IRGHQ

EURODYN...... SUWDRT

WUUDIV IRGHQ

BNP OBLIG. MT C ...... IRVDWU

IIQDVI IRGHQ

AMPLITUDE PACIFIQUE D ... IUDQS

IWHDTW IPSHDVR IRGHQ

VPVDWQ IQGHQ

INDICIA EUROLAND...... IPTDQU ACTILION DYNAMIQUE C * . Fonds communs de placements

VWTDSH IRGHQ

BNP OBLIG. MT D...... IQTDTU ´ QHVDSH IRGHQ

ELANCIEL FRANCE D PEA .... RUDHQ

IVQDUS IPHSDQP IRGHQ

PVRRDQH IQGHQ

RQQDTI ´ IISDQP IQGHQ

INDICIA FRANCE...... ACTILION DYNAMIQUE D * . DECLIC ACTIONS EURO ...... IUDSV

IIVR IRGHQ

BNP OBLIG. SPREADS ...... IVHDSH

URRDSV IRGHQ

E´LANCIEL EURO D PEA ...... IIQDSI

USDHQ RWPDIT IRGHQ PVPDWI IRGHQ

´ RQDIQ

QWP IQGHQ

´ INDOCAM AMERIQUE ...... ACTILION PEA DYNAMIQUE DE´CLIC ACTIONS FRANC ..... SWDUT IPSQRDPP IRGHQ

BNP OBLIG. TRESOR...... IWIHDVQ

PQPDRI IRGHQ

E´MERGENCE E.POST.D PEA . QSDRQ

IIUUDRR IRGHQ ´ IUWDSH IPVDSU IRGHQ IWDTH ´ PRSDUP IRGHQ

INDOCAM ASIE...... ACTILION EQUILIBRE C *..... DECLIC ACTIONS INTER...... QUDRT

UUQDRR IRGHQ

Fonds communs de placements GE´OBILYS C ...... IIUDWI IIPSDST IRGHQ ´ IUIDSW IUUDRH IITQDTU IRGHQ QUPDTS IQGHQ

INDOCAM MULTI OBLIG...... ACTILION EQUILIBRE D * .... DE´CLIC BOURSE PEA...... STDVI

´ UIIDRS IRGHQ ´ IHVDRT IITVVDHR IRGHQ

BNP MONE ASSOCIATIONS.. IUVIDVQ GEOBILYS D......

QRDSS PPTDTQ IRGHQ IUHDWH IIPIDHQ IRGHQ

IIPDWT IQGHQ

INDOCAM ORIENT C...... ACTILION PRUDENCE C *.... DE´CLIC BOURSE E´QUILIBRE IUDPP

IQIDVS IRGHQ

INTENSYS C ...... PHDIH

QHDUV PHIDWH IRGHQ IHTWDTH IRGHQ

ITQDHT ´ IIHDUQ IQGHQ

INDOCAM ORIENT D...... ACTILION PRUDENCE D * ... DECLIC OBLIG. EUROPE...... ITDVV

IIRDRT IRGHQ

BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT INTENSYS D...... IUDRS

IRVDIU WUIDWQ IRGHQ PPUDRI IRWIDUI IRGHQ

IVRDQP IQGHQ

INDOCAM JAPON ...... INTERLION ...... DE´CLIC PEA EUROPE...... PVDIH

ISIIDSW IRGHQ

KALEIS DYNAMISME C...... PQHDRR

PPPTDSV IQGHQ

www.bpam.fr 01 58 19 40 00 QQWDRR RSSDPQ IQGHQ ´ TWDRH TUPDTP IRGHQ

INDOCAM STR. 5-7 C...... LION ACTION EURO ...... IHPDSR DECLIC SOGENFR. TEMPO...

IRUHDIQ IRGHQ

KALEIS DYNAMISME D ...... PPRDIP

PIIDIV IQVSDPS IQGHQ

QVPDQP PSHUDVS IRGHQ QHRDVS IWWWDTV IRGHQ TUVDWV IRGHQ

BP OBLI CONVERTIBLES ...... INDOCAM STR. 5-7 D ...... LION PEA EURO...... IHQDSI FAVOR ......

SUHDHW IRGHQ

KALEIS DYNAMISME FR C.... VTDWI

WUDWQ TRPDQV IRGHQ

SIDVW QRHDQV IQGHQ URQDSQ IQGHQ

BP OBLI HAUT REND...... IIQDQS OBLIFUTUR C...... SOGESTION C......

IQQWDIR IRGHQ

KALEIS E´QUILIBRE C...... PHRDIS

VRDPV SSPDVR IRGHQ

SQVDPI IQGHQ SUWDHQ QUWVDIW IQGHQ

BP MEDITERRANE´EDE´V...... VPDHS OBLIFUTUR D...... SOGINDEX FRANCE C ......

IPWUDPW IRGHQ

KALEIS E´QUILIBRE D...... IWUDUU IUPDIT IIPWDQH IRGHQ

WIWDSP IQGHQ ´ IRHDIV FFFF FFFF

REVENU-VERT ...... FFFF

BP NOUVELLE ECONOMIE ... ´ ´ ´ ...... IPRIDUQ IRGHQ

KALEIS SERENITE C...... IVWDQH

THDPH QWRDVW IRGHQ

SHDTI QQIDWV IRGHQ FFFF FFFF FFFF ITHDUI IRGHQ

BP OBLIG. EUROPE ...... UNIVERS ACTIONS ...... PRDSH

CM EURO PEA...... ´ ´ ´ ...... IPHHDPU IRGHQ

KALEIS SERENITE D ...... IVPDWV

PVPDUV IRGHQ

´ ´ RQDII IHHPPIDWH TSURIPDSU IRGHQ FFFF FFFF FFFF RIDQW IRGHQ

BP SECURITE...... UNIVERS-OBLIGATIONS ...... CM EUROPE TECHNOL...... TDQI ......

SIUDVV IRGHQ

KALEIS TONUS C...... UVDWS

ISTDSR IHPTDVR IRGHQ FFFF FFFF FFFF PSVDUV IRGHQ

EUROACTION MIDCAP...... Fonds communs de placements CM FRANCE ACTIONS ...... QWDRS ......

UPIDSS IRGHQ

OBLITYS C...... IIH

IIUDUT UUPDRS IRGHQ

FFFF FFFF FFFF

PSHDSI IRGHQ

FRUCTI EURO 50 ...... CM MID. ACT. FRANCE...... QVDIW ......

SVUDIS IQGHQ

ATOUT VALEUR ...... VWDSI UPIDSS IRGHQ

OBLITYS D ...... IIH

WSDPV TPS IRGHQ

FFFF FFFF FFFF

PIVRDVH IRGHQ

FRUCTIFRANCE C ...... CM MONDE ACTIONS...... QQQDHU ......

PHHUDVP IQGHQ

INDOCAM VAL. RESTR...... QHTDHW ´ QHUDUI IRGHQ

PLENITUDE D PEA ...... RTDWI

QHQDQW IWWHDII IRGHQ

FFFF FFFF

FRUCTIFONDS FRANCE NM FFFF

TVUDHS IRGHQ

CM OBLIG. LONG TERME .... IHRDUR ...... QHTDHU IPGHQ

MASTER ACTIONS ...... RTDTT ITUITDQR IRGHQ

POSTE GESTION C ...... PSRVDQW

FFFF FFFF FFFF

PPHDHU IRGHQ

CM OPTION DYNAM...... QQDSS ...... IWVDST IPGHQ

MASTER OBLIGATIONS ...... QHDPU

ISQIVDUT IRGHQ

www.cdcixis-am.fr POSTE GESTION D...... PQQSDQQ

FFFF FFFF

´ FFFF QSSDVT IRGHQ SRDPS ......

IPWDPP IQGHQ

OPTALIS DYNAMIQ. C ...... IWDUH CM OPTION EQUIL......

RSRQRDTH IRGHQ

POSTE PREMIE`RE...... TWPTDRT

FFFF FFFF

...... FFFF ISWDTU IHRUDQU IRGHQ

IPQDWV IQGHQ

OPTALIS DYNAMIQ. D...... IVDWH CM OBLIG. COURT TERME .. ` PTWTRWDTW IRGHQ

POSTE PREMIERE 1 AN...... RIIHUDVQ

FFFF FFFF

...... FFFF

PITPDQH IRGHQ

´ QPWDTR IPSDIT IQGHQ

OPTALIS EQUILIB. C ...... IWDHV CM OBLIG. MOYEN TERME . ` SVHRTDIT IRGHQ

POSTE PREMIERE 2-3...... VVRWDHV

FFFF FFFF

...... FFFF

IHVIDPI IRGHQ

MULTI-PROMOTEURS ITRDVQ IIUDHW IQGHQ

´ IUDVS CM OBLIG. QUATRE......

SHVDRQ IRGHQ

OPTALIS EQUILIB. D...... PRIMIEL EUROPE C...... UUDSI

FFFF FFFF

´ FFFF QPWTDUU IQGHQ

NORD SUD DEVELOP. C...... SHPDSW ...... ITDUH IHWDSR IQGHQ

SIQHDRR IRGHQ

OPTALIS EXPANSION C ...... Fonds communs de placements REVENUS TRIMESTRIELS ..... UVPDIQ

FFFF FFFF FFFF

PTUSDVS IQGHQ

NORD SUD DE´VELOP. D ...... RHUDWQ ...... ITDSV IHVDUT IQGHQ

IIWQDIW IRGHQ

OPTALIS EXPANSION D...... THE´SORA C...... IVIDWH IPRDWT IRGHQ

CM OPTION MODE´RATION . IWDHS

FFFF FFFF

...... FFFF

IISDUV IQGHQ

´ ´ ´ IUDTS ´ IHIHDRR IRGHQ

Sicav en ligne : OPTALIS SERENITE C ...... THESORA D...... ISRDHR

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´ ´ ´ ...... FFFF ISDWS IHRDTQ IQGHQ

QHPSHPDSI IRGHQ

08 36 68 09 00 (2,21 F/mn) OPTALIS SERENITE D ...... ASSET MANAGEMENT TRE´SORYS C...... RTIITDPI

FFFF FFFF

...... FFFF

UTDTS SHPDUW IQGHQ

PQTVDVT IRGHQ PACTE SOL. LOGEM...... QTIDIQ

´ SOLSTICE D...... STDPP QTVDUV IRGHQ FFFF FFFF

ECUR. 1,2,3... FUTUR ...... FFFF

SQSDTS IQGHQ

PACTE SOL.TIERS MONDE.... VIDTT ´ WHQDRS IRGHQ

´ AMERIQUE 2000...... IQUDUQ URDIU RVTDSP IRGHQ FFFF FFFF

ECUR. ACT. FUT.D PEA...... Fonds communs de placements ...... FFFF

IPQHDQV ITGHQ

UNIVAR C ...... IVUDSU

RVHDRW IRGHQ

ASIE 2000 ...... UQDPS

SWPDSW IRGHQ

´ WHDQR

IQHDHV IRGHQ ´ IWDVQ FFFF FFFF

ECUR. ACTIONS EUROP. C ... DEDIALYS FINANCE...... FFFF

IPIPDRI ITGHQ

UNIVAR D...... IVRDVQ

ISTVDPT IRGHQ

NOUVELLE EUROPE...... PQWDHV RTWDSQ IRGHQ

´ UIDSV PVHDTP IRGHQ ´ RPDUV FFFF FFFF

ECUR. CAPITALISATION C.... DEDIALYS MULTI-SECT...... FFFF

PQHRVDHQ IRGHQ

SAINT-HONORE´ CAPITAL C . QSIQDTS ´ ´ WTDTI TQQDUP IRGHQ

QPIDHQ IRGHQ ´ RVDWR FFFF FFFF

ECUR. DYNAMIQUE+ DPEA. DEDIALYS SANTE ...... FFFF

PITSSDTQ IRGHQ

´ QQHIDQV ´ PVHDSS IQGHQ

´ ´ SAINT-HONORE CAPITAL D. RPDUU RVDPT QITDST IRGHQ FFFF FFFF

ECUR. ENERGIE D PEA...... DEDIALYS TECHNOLOGIES...... FFFF

PIWVDII IRGHQ ´ QQSDIH

RHVDVT IRGHQ ´ TPDQQ

WRHVTDUQ IRGHQ ´ IRQRQDRQ ST-HONORE CONVERTIBLES FFFF FFFF

ECUR. EXPANSION C...... DEDIALYS TELECOM...... FFFF

RHUDUR IRGHQ ´ TPDIT

RIWDPP PURWDWH IRGHQ VWDSR SVUDQR IRGHQ PTWDRH IRGHQ E´CUR. EXPANSIONPLUS C.... RIDHU CIC EPARCIC...... ST-HONORE FRANCE...... POSTE EUROPE C......

TTIDPH IRGHQ ´ IHHDVH

IUHDST IIIVDVH IRGHQ VSDWP STQDTH IRGHQ QVTDVP IRGHQ

E´CUR. INVESTIS. D PEA...... SVDWU CIC FINUNION ...... ST-HONORE PACIFIQUE ...... POSTE EUROPE D ...... ´

VRVDPP IRGHQ ´ IPWDQI PPVDWW IRGHQ QRDWI ` LEGENDE IPTWDPV IRGHQ ´ ´ IWQDSH IRQRDSI IRGHQ EC. MONET.C ...... PIVDTW CIC FRANCIC...... ST-HONORE TECH. MEDIA .. POSTE PREMIERE 8 ANS C...

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PRTSDVU IRGHQ ´ ´ QUSDWP PPSDIP IRGHQ IUUDTQ IITSDIV IRGHQ ´ ´ QRDQP ` IPQUDHU IRGHQ EC. MONET.D...... IVVDSW CIC MONDE PEA ...... ST-HONORE VIE SANTE ...... POSTE PREMIERE 8 ANS D... Hors frais. A titre indicatif. * Part div. par 10 au 5/5/99.

IIQRDPP IRGHQ IRDWT WVDIQ IRGHQ IHQDUI TVHDPW IRGHQ IHHDSV TSWDUT IRGHQ E´CUR. OBLIG. INTERNAT. .... IUPDWI CIC OBLI LONG TERME C..... ST-HONORE´ WORLD LEAD. . REMUNYS PLUS ...... 28 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 SPORTS L’ Ligue des champions. b A ÉGALITÉ deux équipes. Eliminé de la compéti- ambitions budgétaires. b LES HOM- DE FINALE de la Ligue des cham- et le Spartak Moscou ont fait match DE POINTS avec Arsenal au classe- tion, le club français doit impérative- MES de n’ont pas pions mettront en lice en avril trois nul (1-1), mercredi 14 mars en Rus- ment du groupe C, Lyon est devancé ment décrocher une qualification fait preuve de l’efficacité nécessaire clubs espagnols, trois anglais, un sie, dans le cadre de la dernière jour- au nombre de points obtenus lors européenne pour la saison prochai- dans une rencontre pourtant large- allemand et un turc. Les équipes ita- née de la deuxième phase de la des rencontres directes entre les ne, sous peine de devoir réduire ses ment à leur portée. b LES QUARTS liennes ont toutes été éliminées. Pour Lyon, l’aventure européenne s’est achevée dans les regrets Alors qu’une victoire semblait largement à leur portée, les Lyonnais n’ont pu obtenir que le match nul (1-1) sur la pelouse du Spartak Moscou. Eliminés de la Ligue des champions, ils doivent impérativement réussir leur fin de saison pour ne pas mettre l’équilibre financier du club en danger

SONNY ANDERSON est resté face aux Allemands du Bayern chronique d’un succès annoncé la réception d’un corner exécuté minutes pour forcer la décision. en lice en coupe de France (quart prostré un long moment sur la Munich (3-0) au stade Gerland, le souffrait une première contrariété. par Philippe Violeau. Ce furent là Jacques Santini musclait son sec- de finaliste) et en coupe de la pelouse râpée du stade Loujniki, 6 mars, n’aura donc servi à rien. Et Le milieu de terrain Victor Boula- les seules velléités lyonnaises. Cet- teur offensif avec les rentrées de Ligue (demi-finaliste), avec tous mercredi 14 mars. Gagné par le pourtant, rien n’avait été négligé tov profitait d’une hésitation de la te étrange indolence de l’OL faillit , le buteur en série les aléas que comportent ces com- désarroi, le capitaine de l’Olympi- pour mettre les joueurs dans les défense lyonnaise pour se présen- précipiter un peu plus sa perte des dernières semaines, puis de pétitions couperets. que lyonnais meilleures dispositions. La déléga- ter devant le but de Grégory Cou- quand le capitaine Jegor Titov Patrice Loko. A bout de forces, les Pour son cinquantenaire, le club a sans doute tion française s’était rendue dans pet. Le Brésilien Edmilson se résol- échoua pour la deuxième fois Russes se contentaient de préser- du président Jean-Michel Aulas songé à cette la capitale russe dès lundi 12 mars, vait alors à commettre une faute, devant Coupet (37e). ver le score. En quatre minutes, avait affiché à l’aube de la saison occasion qu’il pour se familiariser avec l’environ- logiquement sanctionnée par un La seconde période coïncidait l’OL se créait trois opportunités de des ambitions élevées. Un échec avait laissé nement. L’encadrement technique penalty transformé par Dimitri Par- enfin avec le scénario attendu. Les prendre l’avantage mais ni Govou, global ne serait pas sans incidence échapper, en avait réuni l’effectif autour d’une fenov. Les Lyonnais allaient avoir Lyonnais mettaient plus d’engage- ni Edmilson, ni même Anderson ne sur la surface financière de l’OL. milieu de pre- séance vidéo destinée à détailler besoin de toute la première ment dans les duels et, par voie de surent conserver la lucidité néces- Une participation aux quarts de mière mi- forces et faiblesses de l’adversaire. mi-temps pour se remettre de ce conséquence, campaient plus sou- saire dans le geste final. La derniè- finale de la Ligue des champions FOOTBALL temps. Un Déjà éliminé et encore à court de coup de massue. vent devant le sanctuaire de Filimo- re chance échut à Sidney Govou, aurait ainsi rapporté 40 millions de raté qui allait préfigurer la suite condition – la saison vient tout nov. Edmilson quittait son poste mais son lob légèrement trop e d’une rencontre largement à la por- juste de reprendre en Russie –, le ÉTRANGE INDOLENCE de sentinelle pour s’aventurer aux enlevé (88 ) concluait l’infortune La fiche technique tée de l’équipe française. Pour Spartak ne semblait pas devoir être L’attente fut pénible : près d’une avant-postes, mais sa frappe incon- lyonnaise. avoir fait preuve d’une coupable animé par une foi inébranlable, demi-heure pour assister enfin à la sistante n’inquiétait pas le gardien « Il ne faudrait pas qu’à l’appro- SPARTAK MOSCOU - LYON: 1- 1 maladresse devant le but russe, les quand bien même l’Union euro- première action cohérente des russe (51e). Pour vaincre cet inop- che de la fin de saison, nous per- Ligue des champions 6e journée de la 2e phase - Groupe C Lyonnais ne disputeront pas les péenne de football verse deux mil- Rhodaniens. Vikash Dhorasoo ser- portun syndrome de l’inefficacité, dions sur tous les tableaux », avait • Stade Loujniki ; temps frais, pelouse en quarts de finale de la Ligue des lions de francs pour chaque victoi- vait idéalement Anderson, parti il fallut un penalty accordé à Ander- déclaré Anderson avant le coup mauvais état ; 12 000 spectateurs ; champions. re. Au coup d’envoi, la maigre assis- dans le dos de ses gardes du corps, son pour une faute de Filimonov. d’envoi. La menace risque désor- Arbitre: M. Vassaras (Grèce) Dans l’obligation de vaincre tance (12 000 spectateurs pour une mais le Brésilien perdait son duel Le capitaine, pas toujours inspiré mais de miner les esprits de l’OL. pour terminer à la deuxième place enceinte d’une capacité de 80 000 avec le gardien de but Alexandre par cet exercice dans le passé, Toujours en course pour le titre de BUTS du groupe C, l’OL a dû se contenter places) ne pouvait que renforcer Filimonov. Dans la continuité de évacua les mauvais souvenirs pour champion de France mais avec qua- Spartak Moscou : Parfenov d’un match nul (1-1) qui lui laissera les certitudes de l’OL. cette action, Steve Marlet n’arri- égaliser. tre points de retard sur Lille et Nan- (4e sur penalty). bien des regrets. L’exploit réalisé Dès la troisième minute, cette vait pas à cadrer son coup de tête à Restaient près de vingt-cinq tes, les Lyonnais sont également Lyon : Anderson (68e sur penalty). AVERTISSEMENTS SPARTAK MOSCOU : Mitrevski Les résultats qualifiés pour les quarts de finale. (52e, croc-en-jambe), Filimonov (67e,tacle b GROUPE D à retardement). L’Espagne et l’Angleterre en force LYON : Müller (62e, antijeu), Violeau LIGUE DES CHAMPIONS Leeds (Ang)-Lazio Rome (Ita) 3-3 (84e, contestation). (2e phase, 6e journée) Anderlecht (Bel)-Real Madrid (Esp) LE BAYERN MUNICH et Arse- minent deuxièmes car ils ont obte- Les rencontres se dérouleront les 3 • LES ÉQUIPES b GROUPE C 2-0 nal ont empoché les deux der- nu plus de points que les Français et 4 avril pour les matches allers, Bayern Munich (All)-Arsenal (Ang) niers billets pour les quarts de dans les affrontements directs les matches retours se disputant SPARTAK MOSCOU (entraîneur : Romantsev) : 1-0 CLASSEMENT finale de la Ligue des champions, entre les deux clubs (victoire deux semaines plus tard. Filimonov • Tchuisse, Mitrevski, Parfenov Spartak Moscou (Rus)-Lyon (Fra) 1. Real Madrid, 13 pts ; 2. Leeds, 10 mercredi 14 mars, à la faveur du d'Arsenal 1-0 à Lyon et match nul L’Italie est la grande absente des (Bezrodny, 53e), Koftoune • Baranov, 1-1 pts ; 3. Anderlecht, 6 pts ; 4. Lazio match nul de l'Olympique lyon- 1-1 à Londres). quarts. C’est la première fois Boulatov, Titov (cap.), Kalinitchenko • Robson (Irismetov, 83e), Marcao (Lovchev, Rome, 5 pts. nais à Moscou (1-1). Le Bayern depuis 1982 qu’aucun club transal- 75e). CLASSEMENT L’ITALIE, GRANDE ABSENTE Real Madrid et Leeds qualifiés. ayant battu Arsenal 1-0 à Munich pin ne figure en quarts de finale LYON (entraîneur : Santini) : 1. Bayern Munich, 13 pts ; Les quarts de finale de la Ligue des (but du Brésilien Elber dès la dixiè- L'Angleterre et l'Espagne seront d’une coupe européenne, les Ita- Coupet • Edmilson, Caçapa, Müller • 2. Arsenal, 8 pts ; 3. Lyon, 8 pts ; champions se dérouleront les 3 et 4 me minute), Londoniens et Lyon- omniprésentes en quarts de finale, liens étant également éliminés en Chanelet, Violeau (Bréchet, 85e), Laigle, 4. Spartak Moscou, 4 pts. avril (matches allers) et les 17 et 18 nais se retrouvaient à égalité de avec trois clubs chacune : Arsenal, coupe de l’UEFA. Première victime Delmotte (Govou, 58e) , Dhorasoo • Marlet e Bayern Munich et Arsenal avril (matches retours). points (huit), mais les Anglais ter- Manchester United et Leeds pour de cette contre-performance : (Loko, 83 ), Anderson (cap.) la première, le Real Madrid, Valen- Alberto Zaccheroni, l’entraîneur ce et le Deportivo La Corogne du Milan AC, a été licencié mercre- francs, ce qui aurait permis de pour la deuxième. Les autres quali- di et remplacé par l’ancien sélec- réduire le déficit de 100 millions fiés sont le Bayern et le club turc tionneur national Cesare Maldini. prévu au terme de l’exercice de Galatasaray. – (avec Reuters) 2000-2001. Le budget de la saison, Les quatre vainqueurs de grou- établi à 390 millions, a finalement pe (Valence, la Corogne, Bayern et a Les vingt-quatre personnes dérivé pour atteindre 500 millions. Real) sont assurés de recevoir au conduites à l’hôpital après les Au cas où Lyon ne parviendrait pas match retour lors des quarts de bagarres qui ont éclaté, mardi 13 à se qualifier pour la prochaine finale, où ils affronteront obligatoi- mars lors du match PSG-Galatasa- Ligue des champions, Jean-Michel rement le deuxième d'un groupe. ray, avaient toutes regagné leur Aulas a déjà évoqué la possibilité Il ne pourra donc pas y avoir de domicile mercredi. La commission de transférer quelques joueurs. A duels entre clubs espagnols ou de contrôle et de discipline de moins qu’il soit procédé à un nou- entre clubs anglais. Le tirage au l’Union européenne de football vel appel de fonds auprès des sort des quarts ainsi que celui des (UEFA) se prononcera, mercredi actionnaires… demi-finales, où il n'y aura pas de 21, sur les sanctions infligées au tête de série, aura lieu vendredi 16. club parisien. Elie Barth Faux passeports : des peines d’ interdiction de territoire requises RELATIVEMENT épargnés lors son métier en France, s’est emmêlé but de vous recruter, l’émissaire de de leur passage devant les commis- dans des explications rendues peu l’AS Monaco, Lucien Muller, vous a sions de la Ligue nationale de foot- claires par un interprète dépassé dit que ce serait un plus si vous pou- ball (LNF), trois des joueurs impli- par les débats. L’ancien gardien de viez obtenir la nationalité italien- qués dans l’affaire des faux passe- but du club argentin Independiente ne. » Cette version des faits porte ports ont vécu une après-midi a rappelé qu’il souhaitait initiale- un coup au club de la Principauté inconfortable, mercredi 14 mars, ment devenir Argentin avant qu’un dont le président, Jean-Louis Cam- devant la 16e chambre du tribunal avocat, à la lecture de son arbre pora, a toujours réfuté la moindre correctionnel de Paris. Un Colom- généalogique, ne lui propose d’ac- responsabilité dans cette affaire. bien devenu grec, le gardien de but quérir un passeport grec à la faveur Emiliano Romay, le seul à pou- du FC Metz Faryd Mondragon, un d’un arrière-arrière grand père né voir s’exprimer en français, a été Chilien passé italien, l’ancien défen- en Grèce. moins à la peine que ses congénè- seur de l’AS Monaco Pablo Contre- « Pour des raisons affectives et par res. Le joueur fut le seul à décrire le ras, et un Argentin ayant acquis lui respect de vos ancêtres, vous auriez contexte dans lequel vivent les foot- aussi la nationalité italienne, l’an- au moins pu faire des photoco- balleurs professionnels : «On est cien attaquant de l’OGC Nice Emi- pies ! », lui a fait remarqué le prési- entouré en permanence, on fait tout liano Romay, comparaissaient pour dent, surpris par l’absence de docu- pour nous. Les clubs “cocoonent“ les expliquer de quelle façon ils ments prouvant cette ascendance. footballeurs. J’en connais qui ne s’étaient procurés des faux passe- Faryd Mondragon a dit qu’« il n’y savent même pas remplir leur décla- ports européens grâce auxquels ils avait pas pensé » avant d’être inter- ration d’impôts, ni louer un apparte- ont pu éviter de figurer dans le rogé sur le fait qu’aucun visa ne ment ou une voiture. » quota des joueurs non-communau- figurait sur son passeport grec : « Tout est mâché, pour eux. Il est taires inscrit dans les règlements de « Pourquoi, alors que vous êtes appe- facile de leur faire signer n’importe la Ligue. lé à voyager beaucoup, n’avez-vous quoi », plaidera plus tard Me André Des amendes allant de jamais utilisé ce passeport européen Buffard, l’avocat de Pablo Contre- 150 000 francs (pour Romay et Con- dont vous pensiez pourtant qu’il était ras, après que Me Jean Apietto, treras) à 300 000 francs (pour Mon- vrai ? Même pour partir en vacances l’avocat des parties civiles (Fédéra- dragon), ainsi que des peines d’in- en Argentine », s’est étonné tion française de football et Ligue terdiction de territoire d’une durée Thierry Devernoix de Bonnefon. nationale de football), ait livré le laissée à l’appréciation du tribunal, contenu du « contrat » liant Emilia- ont été requises par le procureur UN PAVÉ DANS LA MARRE no Romay à son agent, Daniel Ber- Gilbert Cervoni qui a accusé les Pablo Contreras, qui succéda à toni : « Figurez-vous que la société joueurs d’être « les maillons de la Faryd Mondragon, a été aussi peu à de M. Bertoni était "propriétaire" de chaîne d’une criminalité organi- son aise. Le président a ironisé sur M. Romay à 100 % ! » sée ». Le jugement a été mis en déli- la justification avancée par le Qu’on les appelle agents, impre- béré au 4 avril. joueur au moment de l’acquisition sarios, managers, avocats ou notai- Devant un président, Thierry de son passeport italien : « Par res, les membres de cette corpora- Devernoix de Bonnefon, qui les a curiosité pour mes ancêtres ». « C’est tion souvent décriée auront été les trouvés « sympathiques » tout en extravagant comme explication ! »,a absents de l’audience de mercredi. n’ayant de cesse de pointer répondu le président. Celui-ci a Le procureur a rappelé qu’une l’« invraisemblance » de leurs pro- alors involontairement lancé un enquête séparée se poursuivait afin pos, les trois joueurs ont eu du mal pavé dans la marre du football fran- de démanteler les réseaux qui orga- à convaincre le tribunal de la « bon- çais en relisant les déclarations que nisent la diffusion de faux passe- ne foi » dont chacun se réclamait. Pablo Contreras avait faites devant ports dans le milieu du football. Faryd Mondragon, qui est aujour- la police lors de son interrogatoire : d’hui le seul à continuer à exercer « Lorsqu’il vous a contacté dans le Frédéric Potet AUJOURD’HUI-AVENTURE LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / 29 Les marathoniens Le nouveau défi de Jean-Luc des cimes Van den Heede Avec plus de 8 000 mètres de dénivelée positive STOPPÉ par une avarie après avoir heurté un objet flottant dans à franchir en quatre jours, la Pierra Menta le Pacifique, le 19 novembre 1999, lors d’une tentative de tour du est l’épreuve reine du ski-alpinisme. Une discipline monde contre les vents et les cou- rants dominants, le navigateur qui cultive les vraies valeurs de la montagne Jean-Luc Van den Heede devrait repartir en septembre. ARÊCHES-BEAUFORT pour les ascensions. La discipline A cinquante-cinq ans, cet ancien (Savoie) n’est certes pas récente puisqu’el- professeur de mathématiques qui de notre envoyé spécial le figurait au programme des pre- doit sa notoriété à ses performan- Malgré une pluie pénétrante, miers Jeux olympiques d’hiver à ces dans les courses autour du les premiers sont arrivés dès Chamonix, en 1924, sous l’appel- monde en solitaire (deuxième du 5 h 30 du matin, samedi 10 mars, lation « patrouille militaire ». BOC Challenge en 1986, puis troi- pour l’ouverture, exceptionnelle Mais après les rallyes de l’élitiste sième en 1995 ; troisième du Ven- à cette heure, du télésiège du Club alpin français, il a fallu dée Globe en 1990, puis deuxième Grand-Mont. Skis souvent équi- attendre les années 1980 avec la en 1993) espère battre de dix jours pés de peaux de phoque pour création du Raid blanc, puis du le record amélioré entre-temps, en mieux adhérer à la neige, clarine, Grand Défi, pour relancer les juin 2000, par Philippe Monnet en cette clochette des alpages, compétitions de ski-alpinisme. 151 jours 19 heures et 54 minu- accrochée au sac à dos conte- C’est à la même époque, en tes. Renonçant au 60 pieds nant l’indispensable thermos de 1985, que quelques amis réunis (18,28 mètres) en matériaux com- café et la liqueur de genièvre, autour de Guy Blanc lancent un posites des courses autour du mon- lampe frontale sur le bonnet, ils défi : réaliser en quatre jours une de, le navigateur amiénois a con- sont habituellement trois ou qua- course de ski-alpinisme dans le çu, avec l’architecte naval Gilles tre mille à sacrifier chaque année massif du Beaufortain. Choisie Vaton, un monocoque de au même rituel : se rendre en pro- pour illustrer la première affiche, 25 mètres en aluminium, qu’il juge cession au sommet du Grand- la Pierra Menta donnera son plus résistant et plus performant Mont, à 2 686 mètres, pour voir nom à l’épreuve. Seize ans plus dans des conditions de navigation le soleil apparaître derrière le tard, les mêmes amis sont à la extrêmes. mont Blanc et embraser le majes- tête d’une équipe de plus de Afin d’optimiser la stabilité de rou- tueux paysage des massifs du deux cents bénévoles recrutés te, Adrien sera doté d’une quille de Grand-Paradis et de la Vanoise, parmi les cinq cents habitants de 13 tonnes (50 % du poids total) et la station d’Arêches et les mille de deux ballasts latéraux de cinq cents de la commune de 2,5 tonnes. Le chantier Gamelin de « La Pierra Menta Beaufort, pour faire la trace, bali- La Rochelle vient de terminer la ser le parcours, veiller à la sécuri- construction de la coque. est devenue té, accompagner les visiteurs ou préparer la polenta géante servie au ski-alpinisme à plus de mille personnes lors de L’Atlantique nord la remise des prix. ce que « La Pierra Menta est devenue au ski-alpinisme ce que le Tour de à l’aviron France est au cyclisme », affirme le Tour de France CHRISTIAN TATIN/DPPI Christophe Moulin, le conseiller ANCIEN CHAMPION de France est au cyclisme » technique national de la discipli- Délaissant les remontées éditions en ouverture du brie- qui a la capacité d’aller très loin de double scull en 1986, Jean ne. Le budget atteint mécaniques et les pistes fing des coureurs. des pistes. Certains pratiquants Luckes veut tenter, à trente-six 1 200 000 francs, principalement surpeuplées, les adeptes Rattaché à la Fédération fran- veulent rester ces dieux de la mon- ans, de battre le record de la traver- puis attendre, dans la convivia- consacrés à la restauration et à du ski-alpinisme sont çaise de la montagne et de l’esca- tagne qu’on ne peut apercevoir sée de l’Atlantique nord à l’aviron lité et la bonne humeur, le passa- l’hébergement des quelque cent des esthètes qui préfèrent lade (FFME), le comité sportif qu’à distance », avance Christo- établi en 1980 entre Cape Cod ge des concurrents de la Pierra quarante équipes de deux tutoyer les cimes ski-alpinisme (CSSA) commence phe Moulin pour expliquer ce (Massachusetts) et Brest par Menta. skieurs, mais l’ambiance n’a pas ou cheminer sur des crêtes à structurer cette activité. Une réflexe de préservation. Gérard d’Aboville en 71 jours et Si la Pierra Menta a sa légende, changé. Jacques Plassiard, le vertigineuses dans des décors vingtaine de courses sont organi- La seizième édition de la Pierra 23 heures. elle la doit à Rabelais. Lors d’une curé de la paroisse, continue à grandioses. Réfractaires sées en France. Un comité inter- Menta, perturbée par les condi- Pour cette traversée en solitaire et promenade en Savoie, Gargan- arpenter le massif avec son à toutes les modes, certains national, rebaptisé International tions météorologiques, restera sans assistance de quelque tua aurait donné un coup de pied harmonica et son appareil photo voudraient rester ces « dieux Council for Ski Mountaineering une belle illustration de cette exi- 2 850 milles (5 500 km), ce Brestois dans la chaîne des Aravis. L’énor- et, dans une ambiance de de la montagne » Competitions (ISMC) en 1999, a gence vis-à-vis des coureurs et dispose d’une embarcation de me bloc de roche qui s’en déta- patronage, à présenter chaque qu’on ne peut apercevoir créé une Coupe d’Europe en des spectateurs. Confrontés à 7,12 mètres, auto-redressante et cha vint se planter, à plus de dix soir ses clichés des précédentes qu’à distance. 1992, puis un championnat d’Eu- des risques importants d’avalan- insubmersible, déjà utilisée lors lieues vers le sud, dans le massif rope en 1999. Concession au cul- che (4 sur une échelle de 5) les d’une première tentative en 1994. du Beaufortain, en écrasant trois te du héros dans cette discipline pisteurs ont dû modifier les par- Au bout d’une semaine, il avait sauterelles et un rat. Mais sa traditionnellement disputée par cours, parfois moins de deux heu- alors abandonné après avoir cassé notoriété actuelle, la Pierra Men- équipes ou « cordées » de deux res avant les départs, lors du pas- de nuit un aviron contre un conte- ta la doit surtout au grand ras- coureurs, un titre individuel sage des derniers traceurs. neur à la dérive. semblement annuel de la petite européen vient d’être décerné le La dénivelée positive sur les Comme Joseph Le Guen, qui communauté du ski-alpinisme. 4 mars à Jaca (Espagne). Les pre- quatre jours a ainsi été ramenée n’avait pu battre ce record en 1995 Loin des remontées mécani- miers championnats du monde de 10 000 à 8 100 mètres pour (103 jours), Jean Luckes « rame- ques et des pistes surpeuplées, sont programmés l’an prochain à une douzaine d’ascensions. La ra » au bénéfice de la Société natio- insensibles aux nouvelles modes Serre-Chevalier (Hautes-Alpes). mort dans l’âme, les organisa- nale de sauvetage en mer (SNSM) du surf ou du freeride, les adep- Et certains rêvent de voir le ski- teurs ont dû renoncer à mainte- en proposant au public de verser tes du ski-alpinisme sont restés alpinisme revenir au programme nir le Grand-Mont dans la troisiè- 1 franc par mètre parcouru. des esthètes et préfèrent tutoyer des Jeux d’hiver à Turin, en me étape mythique du samedi. Cette opération et le compte ren- les cimes, cheminer sur des crê- 2006 ! « Nous ne pouvions prendre le ris- du de la traversée pourront être tes vertigineuses, dévaler des « Nous souhaitons que notre dis- que de laisser trois ou quatre mille suivis sur le site www.nauti- couloirs de 30 à 45 degrés munis cipline se développe, mais pas à skieurs redescendre hors pistes cea.com. Le départ est envisagé à de leurs skis, de peaux de pho- n’importe quel prix. Je préfère de après le passage des coureurs », partir du 12 mai dès que les que et de crampons. Leurs ran- belles épreuves à une reconnais- disaient-ils. Or, malgré un temps conditions météorologiques s’y données ne se mesurent jamais sance olympique », affirme Pierre à ne pas mettre un bouquetin prêteront. en distance parcourue mais en Gignoux, qui, avec Stéphane dehors, près de neuf cents passa- mètres de dénivelée positive Brosse, vient de remporter le gers ont emprunté le télésiège CHRISTIAN TATIN/DPPI championnat d’Europe et la avant de monter, à skis ou à La dure nuit Pierra Menta. raquettes, vers le col de la For- A courir après l’argent des sta- claz ou la Table d’orientation Pierre Gignoux et Stéphane Brosse, tions pour rapprocher les épreu- pour encourager leurs héros. Un polaire ves des pistes afin d’attirer le bel exemple de communion public, le ski-alpinisme risque de entre coureurs et spectateurs ! premiers de cordée perdre ses vraies valeurs. « C’est de Gilles Elkaïm une discipline réservée à une élite Gérard Albouy ARÊCHES-BEAUFORT (Savoie) année, avec Stéphane, c’est comme trois semaines avant le grand APRÈS quelques semaines d’hiber- de notre envoyé spécial si nous étions calqués sur le même rendez-vous pour une préparation nation dans un camp d’éleveurs de Après quatre deuxièmes places pas. » spécifique. » rennes de la péninsule de Kanine, dans la Pierra Menta avec Yvan Membres de la nouvelle équipe Alors que toutes les épreuves Gilles Elkaïm, parti le 30 mai pour Brondex (1997 et 1998) et Francis de France de ski-alpinisme créée de ski-alpinisme se disputent sur une expédition entre le cap Nord Bibolet (1999 et 2000), Pierre en 1998 et encadrée par Christo- un jour, la Pierra Menta est la seu- et le détroit de Béring (Le Monde Gignoux, trente-quatre ans, a phe Moulin, le conseiller techni- le qui exige la répétition de ces du 29 décembre 2000), a vu sa pro- peut-être trouvé le coéquipier que national, les deux hommes efforts quatre jours consécutifs. gression ralentie par les conditions idéal. Il est désormais associé à doivent pourtant continuer à s’en- Vainqueurs les trois premiers extrêmes de l’hiver sibérien avec Stéphane Brosse, trente ans, et les traîner chacun de son côté. Leur jours, les deux Français auraient des températures oscillant entre deux skieurs-alpinistes ont obte- statut d’athlète de haut niveau sans doute réussi le grand chelem – 40 degrés et + 5 degrés. nu, dimanche 11 mars, leur pre- leur permet de bénéficier d’une si Pierre Brosse n’avait pas cassé Les deux rennes emmenés pour mière victoire dans l’épreuve aide à l’insertion professionnelle les tiges de ses deux chaussures tirer son traîneau ont vite manifes- beaufortaine, six semaines après versée à leur employeur pour un avant la dernière descente. «Je té des signes d’épuisement. avoir remporté le championnat travail effectif ramené de cinq à travaille beaucoup au niveau des A court de vivres pour lui-même et d’Europe aux Contamines (Haute- quatre jours par semaine. Mais chaussures et des fixations, expli- pour son chien Laïka, l'aventurier Savoie). Après 8 h 43 min 43 s de Pierre Gignoux, ingénieur chez que Pierre Gignoux. Avec un cut- a dû se résoudre à les abattre pour course, ils ont devancé de Rossignol à Coublevie (Isère), et ter, j’enlève de l’épaisseur partout manger leur viande crue car il ne 5 min 4 s les Italiens Ivan Murada Stéphane Brosse, responsable et je reconstruis la chaussure avec disposait plus de réchaud, ni de et Graziano Boscacci et de d’exploitation chez Mobalpa à des éléments en carbone ou en lumière. Il a pu ensuite rejoindre le 11 min 3 s leurs coéquipiers en Annecy (Haute-Savoie), récom- duralumin. On peut gagner la moi- village de Kotkino où il a pu se res- sélection nationale Vincent pensés de 22 000 francs pour leur tié du poids. » taurer et soigner un gros œdème Meilleur et Cédric Tomio. succès dans la Pierra Menta, s’en- « La Pierra Menta est une alchi- sur une jambe. Après une semaine « C’est un sport où il existe vrai- traînent le plus souvent le soir et mie, estime cet ancien champion de soins et de repos, il a pu repartir ment un esprit de cordée, estime se retrouvent le week-end. de France universitaire de VTT en continuant à tirer son traîneau. Stéphane Brosse. J’aime cette forte Avant cette épreuve, les deux (1994) et de ski de fond (1998).Il Afin de trouver des conditions de notion d’entraide et de complicité. hommes comptabilisaient chacun faut accepter de souffrir, on évolue progressions plus aisées, il a des- Pendant la course, on vit presque 100 000 mètres de dénivelée posi- dans un environnement magique, cendu le lit de la rivière Petchora plus en fonction de l’autre que pour tive. « Nous avions planifié toute on partage des moments forts, mais jusqu'à la banquise. Après avoir soi. » « En course, on est rarement notre préparation pour la Pierra 10 000 mètres de dénivelée dans les rencontré quelques rares au même niveau au même Menta, explique Stéphane Bros- jambes, c’est très long à récupérer. pêcheurs, il espère trouver une tri- moment, explique Pierre Gignoux. se. La Coupe d’Europe et le cham- La Pierra Menta est une épreuve bu d'éleveurs de rennes qu'il pour- Il faut s’accommoder de la faibles- pionnat d’Europe nous ont permis unique qu’il ne faut pas chercher à rait accompagner quelques temps se de l’autre, l’aider en lui portant de vérifier notre progression, et recopier. » dans leur transhumance. éventuellement son sac. Mais cette nous avons arrêté la compétition G. A. www.arktika.org 30 / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 AUJOURD’HUI-STYLES

PRÊT-À-PORTER AUTOMNE-HIVER 2001-2002 Le podium des transferts La nomination surprise de Julian Macdonald pour remplacer Alexander McQueen chez Givenchy a marqué les esprits. Comme les défilés de Chloé et d’Emanuel Ungaro

PENDANT qu’un Alexander attentes de la clientèle de Givenchy McQueen rayonnant venait et qui saura dynamiser l’activité de applaudir, mercredi 14 mars au cette grande maison de couture »,a soir, – à deux jours de son défilé déclaré Yves Carcelle, président Givenchy – la prestation de son du LVMH Fashion Group. futur patron Tom Ford pour Yves Ce choix d’un créateur peu Saint Laurent, Givenchy mettait médiatisé permettra sans doute au fin au suspense de sa succession. groupe de contrôler au plus près Aucun des noms qui alimentent la les orientations de la marque, rumeur depuis quelques mois apparemment gênée par la person- (Alber Elbaz, Nicolas Ghesquière, nalité forte de McQueen. La date Olivier Theyskens) n’a été retenu de l’entrée en fonction de Julian par le groupe LVMH. A la surprise Macdonald n’a pas été communi- générale, c’est le Britannique quée et, pour l’heure, le futur Julian Macdonald qui est nommé directeur artistique de Givenchy – directeur artistique femme de la injoignable – est en vacances à maison Givenchy, qui fêtera ses Bali. cinquante ans en 2002. Il sera char- gé de concevoir les collections de LE RETOUR DE JEANNE MAS haute couture, de prêt-à-porter et Dans les rangs des spectateurs, les accessoires. les potins vont bon train et chacun Agé de vingt-huit ans, ce styliste tente de recomposer l’échiquier de peu connu en France a créé sa pro- la mode, alors que, à quelques pre marque en 1997, après avoir jours d’intervalle, on a appris la travaillé pendant deux ans sur les non-reconduite du contrat de collections maille de Chanel et col- Roberto Menichetti (directeur son, la première a proposé un Corset lacé et cardigan laboré avec le créateur japonais artistique de Burberry) et le départ « copié-collé » des années 1980 au rebrodé à la main de perles Koji Tatsuno ou la marque italien- de Nathalie Gervais de la maison premier degré, avec des robes par Stella McCartney ne Les Copains. Plus réputé pour Nina Ricci. Mais, il serait regretta- tubes en maille damier, des tuni- pour Chloé. son travail sur la maille que sur le ble que les enjeux financiers de cet- ques-bustiers fuchsia ou bleu élec- savoir-faire tailleur cher à te mode-spectacle – avec des trans- trique ou des « leggings » portés McQueen, il vient de recevoir le ferts de stylistes clonés sur ceux sur des bottines souples. Mais qui guenilles surdimensionnées, Mar- prix du designer « le plus glamour des footballeurs – fassent oublier a envie aujourd’hui de s’habiller giela cherche cette saison à retrou- de l’année » lors des Fashion le travail de création. comme Jeanne Mas ? ver le corps. Homme ou femme ? Awards de Londres. « C’est un Les défilés s’enchaînent à une Passée l’heure d’attente et la La question reste entière devant jeune créateur dont le talent et le cadence infernale (plus de quatre- bousculade musclée à l’entrée de l’ambiguïté troublante des manne- goût très sûrs répondent mieux aux vingts ont eu lieu depuis vendredi) la culée du pont Alexandre III, quins. Désertés par la voluptueuse et les images se télescopent, véhi- Martin Margiela a dévoilé au son Brésilienne Gisele Bundchen, les culant tous les extrêmes. Entre les de tambours africains des jeux de podiums accueillent de nouvelles La féminité délicate deux Belges Véronique Leroy et froissés, qui redessinent en trom- égéries à la mâchoire carrée et à la d’une robe asymétrique Martin Margiela, c’est le choc des pe-l’œil les boutons et le col d’un cuisse robuste, comme Eléonora rebrodée d’Emanuel Ungaro. cultures. Sur fond de Michael Jack- blazer. S’il a encore montré des Bosé, choisie par Gucci pour sa campagne publicitaire du prin- temps.

LE FLUIDE ET LE RIGIDE Après le cortège fluo de la haute- couture de janvier, Emanuel Ungaro multiplie les variations en noir et rouge. La silhouette phare de la saison est la blouse-cravate et le knicker, portés avec l’indis- pensable casquette « Portier de nuit ». Simplifiée et plus graphi- que, la broderie gagne en intensi- té. La jupe plissée en mousseline blanche se voile d’ombre sous un tulle noir. On sent l’influence du directeur artistique Giambattista Valli, venu pour la première fois saluer avec le couturier. « De Biarritz à Berlin, de Nantuc- ket à New York… Charlotte Ram- pling rencontre Katharine Hep- burn… Images de Dietrich et de Sevigny… Délicates pièces de linge- rie associées à des tweeds épais et des fourrures rustiques… Juxtaposi- Trench en cuir tion du rigide et du fluide. » C’est PHOTOGRAPHIES et caban d’officier ainsi que Michael Kors résume l’es- CLAUDINE DOURY/VU donnent le ton prit de la collection Céline et plus de la collection Céline largement les tendances qui défi- par Michael Kors. lent depuis samedi à Paris. En manteau marin de cachemire bouilli ou en combinaison de den- telle, son héroïne aux joues rosies par le grand air évolue entre les docks et le pont d’un yacht. L’agent X27 surgit dans un trench noir et croise Corto Maltese. « Sois riche et forte. Détruis-les avec ton regard » est la devise ins- crite en coulisses pour dicter la marche des mannequins. Très réussie, la collection de Stel- la McCartney pour Chloé libère Les glissements progressifs du noir selon Hussein Chalayan une énergie empreinte de sensuali- té. Portés sous des fausses fourru- ROMPANT avec ses habitudes qu’il a imaginé ces vêtements, le groupe Gucci ont échoué. Mais res incrustées de fleurs de métal, londoniennes, le styliste chypriote manteaux de cachemire à applica- il assure : « Je suis en pourparlers ses jeans font les plus longues jam- Hussein Chalayan, qui n’a pas tion de cuir en forme de virgule avec d’autres compagnies. J’ai plus bes du moment. Des plaques de organisé de défilé cette saison, pré- géante, robes de crêpe et de mous- d’options que jamais. J’aimerais métal gravées, inspirées des con- sente lui-même, dans le show- seline aux souples asymétries, ves- choisir un partenaire ayant une tes victoriens, sont cousues au dos room de son agent commercial tes à imprimé « paysage évolu- expérience industrielle dans la d’une veste ou sur une ceinture. CVDC, sa collection baptisée tif », réalisé d’après des photos de mode et dans le développement des Rebrodé de roseaux sauvages ou « mapreading » : une sorte de ves- champs écorchés d’herbes et de marques. Pas un financier. » de gouttes de verre, le corset dicte tiaire évolutif inspiré par le voya- rocaille. Cette union dans laquelle il pro- l’allure, qui mêle la rigueur des cou- ge, la perte d’identité, l’assimila- La force naît du mouvement que met de ne jamais abandonner son pes anglaises à la légèreté des tion – un triangle, cousu sur un l’on devine sous la ligne, ces cols « indépendance » lui permettra Années folles. Les perles s’échap- manteau, prend de plus en plus en pointe d’un côté, en écharpe de d’ouvrir des boutiques, de dévelop- pent en colliers sur une épaule ou d’importance sur un autre, jusqu’à l’autre, et que le geste module en per une ligne homme, de lancer composent des robes fluides qui « dévorer » entièrement le vête- liberté, ces effets blousants créés des accessoires, et peut-être de réa- jouent avec la lumière. ment. par un ruban caché à l’intérieur liser son rêve : une maison de cou- Arrivé par les coulisses, entouré Sous le signe de la métamorpho- d’un manteau, cette manière de ture à Paris, où il envisage de ses gardes du corps et d’une se, du morphing textile, un col de réinventer la robe noire dans un d’ailleurs sérieusement de présen- cour d’actrices américaines dont chemise se retrouve placé à l’en- clin d’œil à l’allure « garçonne » ter ses collections de prêt-à-por- Liv Tyler, Paul McCartney portait vers au bas d’une robe, une jupe- des années 1920, mais en proje- ter. « Cette saison, j’ai passé beau- déjà sous sa veste le tee-shirt peint portefeuille semble recouverte tant celle-ci au futur. coup de temps avec des avocats, des au pochoir de sa fille, qui devrait d’un bout de veste, les jeux de investisseurs. Je souhaite que mon compter parmi les best-sellers de trompe-l’œil se multiplient. Le EN TOUTE « INDÉPENDANCE » travail reste personnel. Je ne veux l’hiver prochain. sens de la déconstruction obéit à Hussein Chalayan, en rupture de pas que tout mon travail soit timbré, une rigueur dont Hussein Cha- contrat avec le fabricant d’imper- logotypé. C’est une attitude qui date Anne-Laure Quilleriet layan a fait son empreinte. Au gra- méables Ramosport et avec la fir- des années 1980. L’essentiel est de phisme des saisons précédentes me hongkongaise Tsé installée à s’adresser à ceux avec qui vous par- s’ajoute un art de la langueur et du New York, ne semble pas inquiet tagez des affinités, plutôt que d’es- Modèles « positif-négatif » flou lié aux drapés. de son avenir. A Londres, il tra- sayer de se répandre à tout prix. » d’Hussein Chalayan C’est dans son studio londonien, vaille actuellement dans un lieu avec application de cols avec cinq personnes seulement, temporaire. Des négociations avec Laurence Benaïm de chemise en coton. AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / 31

Dégradation orageuse par le Sud-Ouest -16------MARS------2001------Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Si la majeure par- née sur le Nord-Est. Les tempéra- vers 12h00 DU VOYAGEUR tie du pays bénéficie de condi- tures s’échelonnent de 14 à 17 tions météorologiques favora- degrés. bles, la masse d’air devient insta- Poitou-Charentes, Aquitaine, Peu a PLONGÉE. Première brochure nuageux ble sur le sud-ouest puis le sud de Midi-Pyrénées. Le ciel est rapide- Belfast Evasions sous-marines chez Nouvel- Liverpool la France favorisant la formation ment envahi par les nuages et les Dublin les Frontières qui présente 37 des- Varsovie Kiev de cellules orageuses en fin de ondées localement orageuses se Amsterdam tinations et des formules adaptées journée et soirée. développent sur le Sud-Ouest et Berlin Brèves aux familles. Récemment ouverte, éclaircies Bretagne, pays de Loire, Bas- de façon plus éparse sur le Poitou- Londres Nouvelles Frontières et la mer est o Bruxelles se-Normandie. Le ciel est voilé Charentes. Il fera de 14 à 16 50 Prague une agence parisienne entière- par des nuages élevés, mais l’im- degrés sur Poitou-Charentes et de Couvert ment dédiée à la plongée, aux acti- pression de beau temps domine. 16 à 20 degrés sur l’Aquitaine et Paris Strasbourg Vienne vités nautiques et à la croisière. Les températures maximales s’éta- Midi-Pyrénées. Budapest Renseignements : 01-45-68-73-20. gent de 12 à 15 degrés. Limousin, Auvergne, Rhône- Nantes Brume a HÔTELS. Le groupe américain Berne brouillard Nord-Picardie, Ile-de-France, Alpes. Après une matinée bien Bucarest Marriott International (via sa bran- Centre, Haute-Normandie, ensoleillée, les nuages gagnent le Lyon Milan che haut de gamme Luxury Ardennes. C’est une belle jour- Limousin, puis l’Auvergne dans Belgrade Sofia Averses Group) et le bijoutier italien Bulga- née dans l’ensemble. Les nuages l’après-midi, et Rhône-Alpes en ri ont décidé de s’associer pour lan- Toulouse Istanbul bas et les brouillards matinaux soirée. Il fera de 16 à 19 degrés. cer une nouvelle chaîne hôtelière. présents sur le Nord-Picardie et Languedoc-Roussillon, Pro- Rome Pluie Baptisée Bulgari Hotels & Resorts, les Ardennes s’éclipsent progressi- vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Barcelone Naples elle devrait compter, d’ici à 2006, vement. Le thermomètre affiche Le ciel est variable sur le Langue- 40 o Madrid sept hôtels de 80 à 250 chambres, au meilleur moment de la journée doc-Roussillon pendant la jour- Lisbonne Athènes Orages implantés notamment à Paris, Lon- 10 à 13 degrés pour le Nord-Picar- née et couvert en soirée avec des dres, Rome, New York, Miami et die. orages. Ailleurs, la journée est Séville dans le sud de la Californie. Bulga- Champagne, Lorraine, Alsace, bien ensoleillée ; une dégradation Neige ri sera responsable de la concep- Bourgogne, Franche-Comté. orageuse se produit en soirée Alger Tunis tion et de la décoration des établis- Des bancs de brume et de avec un ciel qui se charge. Il fera sements, dont la gestion sera brouillard sont présents en mati- de 17 à 20 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort confiée à Marriott.

PRÉVISIONS POUR LE 16 MARS 2001 PAPEETE 24/29 S KIEV -1/7 S VENISE 7/12 S LE CAIRE 12/22 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 21/29 S LISBONNE 10/15 S VIENNE 4/13 S NAIROBI 17/28 C et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; ST-DENIS-RÉ. 24/29 S LIVERPOOL 7/9 C AMÉRIQUES PRETORIA 16/29 S EUROPE LONDRES 7/9 C BRASILIA 20/28 S RABAT 12/18 C C : couvert; P : pluie; * : neige. AMSTERDAM 7/11 C LUXEMBOURG 8/15 C BUENOS AIR. 21/29 S TUNIS 12/22 C FRANCE métropole NANCY 5/17 S ATHENES 12/19 S MADRID 7/12 C CARACAS 21/27 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 8/19 S NANTES 10/17 C BARCELONE 10/15 S MILAN 6/15 S CHICAGO -2/2 C BANGKOK 23/32 S BIARRITZ 11/20 P NICE 10/16 N BELFAST 0/4 C MOSCOU 1/3 P LIMA 19/25 P BEYROUTH 15/20 S BORDEAUX 10/19 P PARIS 7/18 N BELGRADE 6/18 S MUNICH 4/16 S LOS ANGELES 13/18 S BOMBAY 23/31 S BOURGES 5/19 N PAU 8/20 P BERLIN 2/10 C NAPLES 9/20 S MEXICO 7/26 S DJAKARTA 27/30 P BREST 8/11 C PERPIGNAN 10/17 C BERNE 2/15 S OSLO -3/1 C MONTREAL -10/-2 S DUBAI 22/29 S CAEN 7/15 N RENNES 8/16 C BRUXELLES 10/14 C PALMA DE M. 11/19 S NEW YORK 3/7 C HANOI 21/27 C CHERBOURG 7/12 N ST-ETIENNE 6/18 N BUCAREST 1/18 S PRAGUE 3/13 S SAN FRANCIS. 9/15 S HONGKONG 21/26 S CLERMONT-F. 6/19 N STRASBOURG 4/18 S BUDAPEST 3/13 S ROME 9/18 S SANTIAGO/CHI 12/30 S JERUSALEM 12/20 S DIJON 5/18 S TOULOUSE 8/20 C COPENHAGUE 0/4 S SEVILLE 11/19 S TORONTO -6/-2 C NEW DEHLI 15/29 S GRENOBLE 7/20 S TOURS 7/18 N DUBLIN 3/6 P SOFIA 6/16 S WASHINGTON 7/11 P PEKIN 1/15 S LILLE 8/16 S FRANCE outre-mer FRANCFORT 7/16 C ST-PETERSB. -6/0 C AFRIQUE SEOUL 2/9 S LIMOGES 7/17 C CAYENNE 25/29 C GENEVE 5/14 S STOCKHOLM -3/2 C ALGER 12/22 S SINGAPOUR 25/31 S LYON 8/19 N FORT-DE-FR. 23/29 S HELSINKI -6/-1 C TENERIFE 12/18 S DAKAR 17/23 S SYDNEY 20/25 S MARSEILLE 10/18 N NOUMEA 24/30 P ISTANBUL 9/17 S VARSOVIE -2/9 C KINSHASA 22/30 P TOKYO 4/11 S Situation le 15 mars à 0 heure TU Prévisions pour le 17 mars à 0 heure TU

VENTES Les antiquaires à l’heure du dessin LA DIXIÈME ÉDITION du Salon anciens, la galerie Baroni propose ture très soignée à la composition res, oiseaux et insectes aux cou- entre 5 000 et 8 000 F (de 765 à diverses qui ont marqué le passage du dessin (du 21 au 26 mars) suscite une étude pour saint Sébastien, de élaborée (galerie Aaron, leurs éclatantes. Tigre et panthère 1 220 ¤). Dans son exposition intitu- vers l’art moderne : l’impressionnis- des initiatives chez les antiquaires, Palma il Giovane (1544- 1628), où le 1 800 000 F, 275 000 ¤). d’Edouard Traviès (1809-1871), qui lée « Du style Troubadour à la Belle me, le japonisme, l’art nouveau et les commissaires-priseurs et même saint ne porte pas les attributs de Les antiquaires seront sans doute travaillait pour le Muséum d’histoi- Epoque », Frédérick Chanoit pré- le symbolisme (13 000 F, 2 000 ¤). dans certains musées, qui ont sélec- son martyre, blessures, flèches et nombreux à exposer des dessins. re naturelle (42 000 F, 6 400 ¤), sente deux dessins emblématiques Les autres galeries du quartier tionné des dessins de leurs collec- sang, mais seulement un visage Au quartier Drouot, six d’entre eux oiseau exotique sur une branche, de l’esthétique du début XIXe et de Drouot participant à cette saison tions et les exposeront pendant La serein sur un corps d’athlète se sont mobilisés, dont deux qui de Jean-Gabriel Prêtre (actif au celle de la fin du siècle. Femme au du dessin offriront un large choix semaine du dessin à Paris (du 19 au (165 000 F, 25 200 ¤). Du côté des publient un catalogue. Alexis Bor- début du XIXe), qui a notamment berceau, une aquarelle de Jules Ger- d’œuvres à tous les prix, à partir de 25 mars). fantaisies XVIIIe, La Vestale, une des a rassemblé une cinquantaine illustré l’ouvrage de Buffon sur les main (XIXe), datée 1832, témoigne 1 500, 2 000 F (230, 300 ¤). Le Salon du dessin réunit, cette œuvre de Greuze, se distingue de d’œuvres sur papier sous le titre Un mammifères et les oiseaux des arts décoratifs et de la mode année, vingt-cinq exposants qui pré- ses thèmes habituels avec une siècle d’art animalier et de botani- (28 000 F, 4 300 ¤). De nombreuses vestimentaire de l’époque Restaura- Catherine Bedel sentent plus de mille feuilles, du jeune femme nue, à moitié envelop- que, 1780-1880. Traité avec un sou- fleurs dans le goût de Redouté, réa- tion (10 000 F, 1 530 ¤). L’Elégante, XVIe siècle à l’époque contemporai- pée dans un voile qu’un homme ci de réalisme scientifique, l’art ani- lisées par ses élèves à l’aquarelle d’ Henri Som (1844-1907), réalisé e Salon du dessin : salons Hoche, ne. Parmi les exemplaires les plus tient derrière elle, un dessin de fac- malier met en scène des mammifè- gouachée sur vélin, sont annoncées vers 1885, reflète les influences 9, avenue Hoche, 75008, du 21 au 26 mars, de 12 heures à 20 h 30 ; 22 heures les 22 et 26 mars. Un dessin aux enchères Calendrier Adjudications Entrée : 60 F, (catalogue inclus). e Galerie Alexis Bordes, 19, rue Un dessin attribué au peintre ANTIQUITÉS-BROCANTE b Saint-Vincent-de-Tyrosse samedi 17 mars, Vente d’atlas anciens à Drouot, 75009, tél. : 01-47-70- florentin Lorenzo Di Credi b Gex (Ain), du 16 au 18 mars, (Landes), du 17 au 18 mars, tél. : 01-45-97-34-66. Drouot-Richelieu, vendredi 9 mars. 43-30. Du 19 mars au 20 avril, de (1456/60-1537), qui sera vendu à tél. : 04-74-69-79-04. tél. : 06-08-10-71-63. b Bourges (Cher), minéraux, Etude Calmels-Chambre et Cohen. 10 heures à 13 heures et de 14 heu- Drouot le 23 mars, est estimé b Charleville-Mézières b Cour-Cheverny du 17 au 18 mars, Expert Emmanuel de Broglie. res à 19 heures. entre 2 et 3 millions de francs (de (Ardennes), du 16 au 19 mars, (Loir-et-Cher), du 17 au 18 mars, tél. : 02-48-50-71-98. b Le Théâtre des cités du monde, e Galerie Frédérick Chanoit, 12, 305 300 ¤ à 458 000 ¤). Réalisé au tél. : 06-12-47-98-87. tél. : 02-54-81-68-00. b Sarreguemines (Moselle), atlas de Braun et Hogenberg, rue Drouot, 75009, tél. : 01-47-70- crayon noir, il représente une figu- b Vertou (Loire-Atlantique), b Locminé (Morbihan),du17 faïences de l’Est, du 17 au Cologne, 1572-1606, cinq volumes 22-23. Du 19 mars au 20 avril, de re couronnée de laurier, que les du 16 au 19 mars, tél. : au 18 mars, tél. : 02-54-80-75-81. 18 mars, tél. : 03-88-50-77-03. in-folio illustrés de 300 planches, 10 heures à 13 heures et de 14 heu- spécialistes rapprochent de la 02-40-34-58-12. b Parthenay (Deux-Sèvres), b Paris Espace Champerret, reliure d’époque. Adjugé res à 19 heures. tête d’un berger figurant dans un b Alençon (Orne),du16au du 17 au 18 mars, disques, du 17 au 18 mars, 1,13 million de francs (172 519 ¤). e Autres galeries du quartier des chefs-d’œuvre de ce peintre, 18 mars, tél. : 02-33-36-83-98. tél. : 05-57-43-97-93. tél. : 01-43-35-52-52. b Epitomé du théâtre du monde, Drouot : Agnès Aittouarès, Amico- L’Adoration du berger, conservé b Echirolles (Isère),du17au b Panazol (Haute-Vienne), atlas d’Abraham Ortelius, Anvers, rum, Sophie Marcellin, Laura au Musée des Offices de Florence. 18 mars, tél. : 04-76-22-02-03. COLLECTIONS papiers de collection, 1590, in-12, illustré de 94 cartes Pêcheur. Leurs adresses seront dis- e Drouot-Richelieu, le 23 mars, b Fegersheim (Bas-Rhin),du17 b Villeneuve-le-Roi du 17 au 18 mars, gravées, reliure d’époque. ponibles chez Frédérick Chanoit et étude Piasa, tél. : 01-53-34-10-10. au 18 mars, tél. : 03-88-64-16-77. (Val-de-Marne), automobiles, tél. : 05-55-30-81-75. 56 000 francs (8 549 ¤). Alexis Bordes.

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS PROBLÈME No 01 - 064 sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION n˚ 213 En collaboration avec

123456789101112 dans mon travail. - 8. Occupé sur plan. Héraclès l’emporta d’un trait. - I 9. Pour le premier tour du cadran. L’assemblée des statues blanches Quitta l’Allemagne avec ses notes et RODIN a soixante ans, l’Exposi- « Tête de femme (Mlle C.) », II ses opéras pour s’installer à Londres. tion universelle de 1900 va ouvrir d’Auguste Rodin. - 10. Fondent. - 11. Dans le fond elle ses portes, et le sculpteur décide « Camille Claudel », III est mauvaise. Eminence. - 12. Mises d’exposer l’ensemble de son vers 1898. en paquets. œuvre à Paris, place de l’Alma, Plâtre, H. : 22,8 cm ; IV dans un pavillon spécialement L. : 17 cm ; P. : 16 cm. Philippe Dupuis conçu pour une présentation Meudon, Musée Rodin. V exceptionnelle, qui va consacrer le Jusqu’au 15 juillet au Musée SOLUTION DU N° 01 - 063 renom de l’artiste. Cent ans plus du Luxembourg, à Paris, VI tard, au Musée du Luxembourg, pour l’exposition Horizontalement une reconstitution, aussi fidèle « Rodin en 1900, VII que possible, permet de saisir l’ima- l’exposition de l’Alma ». I. Suppositions. - II. Enraciné. Pie. ge que Rodin a voulu donner de lui- VIII - III. Diester. Bien. - IV. Ut. même au public. Cette image, il Sénateurs. - V. Cédât. IRM. - VI. s’en explique au journal Le Gau- IX Ensablé. Tt. - VII. Raft. Battrai. - lois, le 8 avril 1900 : « Mon exposi- VIII. Ili. Nés. Saxo. - IX. Cellules. tion n’a, vous le savez, aucun but X Yen. - X. Epées. Sapées. lucratif, j’ai voulu exposer mon MEUDON, MUSÉE RODIN œuvre, persuadé qu’elle pouvait inté- Verticalement resser les jeunes artistes. » Une des œuvres les plus célèbres Réponse dans Le Monde du HORIZONTALEMENT bonheur des confiseurs. Anglaise Dans le journal La Plume,le et les plus admirées de Rodin 23 mars. sous pression. Dans la gamme. - X. 1. Séductrice. - 2. Unité. Alep. - 11 juin, Georges Moret précise : n’était pas exposée au pavillon de Réponse du jeu nº 212 paru I. Devrait rester longtemps en Indispensables dans l’existence. 3. Pré. Défilé. - 4. Passant. Le. - 5. « C’est l’atelier d’un grand artiste, l’Alma. De quelle œuvre s’agit-il ? dans Le Monde du 9 mars. place. - II. Depuis toujours il vit dans Octets. Nus. - 6. Sien. Abel. - 7. d’un génie puissant où rien ne sem- b Le Baiser Léna Vandrey a réinventé la tech- les fonds bien au chaud. Son coup VERTICALEMENT INRA. Bases. - 8. Té. Tilt. SA. - 9. ble tout à fait achevé, où l’on cherche b Balzac nique de l’encaustique, utilisée par vient en aide. - III. Attention de ne Bérets. - 10. Opium. Rayé. - 11. Nier. le maître occupé à “pousser”, à modi- b Le Penseur les Egyptiens dans l’Antiquité. pas abuser de leur jus. Donne du 1. Arrivera à ses fins par tous les Taxée. - 12. Sensations. fier ou à achever une silhouette. » piquant. - IV. Manifeste son plaisir. moyens. - 2. Orifices en façade. En En ouverture. Fait l’appel. - V. Entre réserve. - 3. Jamais ils ne feront leur Les jeux dans « Le Monde » ailier et avant-centre. Mit en place numéro tout seul. - 4. Fin renversée. le décor. - VI. Un homme au fournil Ne peut pas rester en place un Dans cinq de ses numéros de la semaine, Le Monde publie, en plus qui a de quoi pleurnicher. D’un instant. - 5. Invité à la table d’Edith. des mots croisés, un jeu. Le lundi, dans le journal daté mardi, un pro- auxiliaire. - VII. A moitié reclassé. Trois points sur quatre. - 6. Clameur blème mathématique. Le mardi, dans le journal daté mercredi, une Verte et poétique Irlande. Dans les au cirque. Beaucoup de cailloux dans grille de scrabble. Le mercredi, dans le journal daté jeudi, une chroni- résultats. - VIII. Homme ou oiseau, le désert. - 7. Elle vient d’arriver que de bridge. Le jeudi, dans le journal daté vendredi, une question il vit dans son trou. - IX. Fait le parmi nous. Mis beaucoup de soin sur l’art. Le samedi, dans le journal daté dimanche-lundi, les échecs. 32

ROY LICHTENSTEIN CULTURE « Image Duplicator », 1963. LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 Huile sur toile, 61 × 50,8 cm (ci-dessous). © Estate of Roy Lichtenstein/Adagp ARTS Le Centre Pompidou revient, avec « Les nement, d’accumulation et de destruction des années pop », sur le foisonnement culturel des icônes de la société de consommation. b L’HÉRI- années 1960. b ARTS PLASTIQUES, cinéma, TAGE du pop art se retrouve chez les plasticiens design, architecture, musique témoignent alors contemporains, dans l’abondance des allusions d’un renouvellement profond, à base de détour- à la réalité quotidienne de la vie urbaine. Retour éclectique dans le supermarché du pop Le Centre Pompidou explore sous toutes ses formes l’art des « Golden Sixties »

« LES ANNÉES POP », l’exposi- sans oublier, à tout Warhol tout mière fois en France, deux documen- ANDY WARHOL tion présentée par le Centre Pompi- honneur, le Velvet Underground. taires réalisés par Barbro Shultz Lun- « Shopping Bag », 1962. dou jusqu’au 18 juin, ne traite pas Nous sommes aux antipodes de la destam lors de la série de perfor- Papier sérigraphié, plié et collé. d’un seul mouvement, le pop-art, muzzak, mais cela accentue le côté mances organisées en octo- 33 × 60 cm (ci-dessous). mais aborde aussi son contexte, ses supermarché de l’endroit. Dans ce bre 1966 par Robert Rauschenberg © Denis Ozanne, Paris parallèles et ses mouvances. Elle ne contexte précis, il serait malvenu de et Billy Klüver, avec une quarantai- Photo : Adam Rzepka se cantonne pas aux arts plastiques, s’en plaindre. ne d’autres artistes, dont John Cage, MARTIAL RAYSSE mais entend montrer l’architecture, Contrairement au design et à l’ar- où arts, musique et danse étaient « Souviens-toi de Tahiti en septembre 61 », 1963. Photographie, la mode et le design, la musique et chitecture, regroupés dans le par- associés à la haute technologie. acrylique et sérigraphie sur toile, parasol et ballon. 180 × 170 × 45 cm le cinéma. Car les Golden Six- cours de l’exposition installée dans Hors de l’exposition, dans les sal- (ci-dessus). © Louisiana Museum of Modern Art, Humlebaek, Danemark. ties furent les années de la nouvelle la galerie 1, du sixième niveau, le les des niveaux 1 et – 1, le centre Photo : Poul Buchard Strüwing vague, du nouveau roman, de la télé- cinéma est abordé de deux maniè- projette une série de films regrou- vision envahissante, de la société de res et en deux lieux. Dans l’exposi- pés en deux volets. « Cinéma et consommation et de celle du specta- tion même, des salles montrent les culture pop » va présenter quarante- cle. Selon ses organisateurs, il s’agit « Prémices du pop » (Rudy cinq des quelque cent films tournés de traduire « l’extraordinaire Burckhardt et William Klein), les par Andy Warhol, mais aussi une confluence des recherches dans les recherches de Bruce Conner, précur- série liée aux icônes du pop, de différents domaines des arts et du seur du recyclage et de la récupéra- Marilyn Monroe à Brigitte Bardot, spectacle qui a marqué les tion au cinéma. Un espace « perfor- d’Easy Rider à Woodstock, sans années 1950 et 1960 (…) et a préludé mance » montre la trace filmée de oublier un échantillonnage du ciné- aux mouvements contestataires de la quelques-uns des happenings les ma underground français. « Cinéma fin des années 1960 ». plus torrides survenus durant la et politique » présente, à l’initiative Bref, une exposition qui donne à période : occasion à saisir de voir de la BPI, quarante-huit séances, voir (deux cents œuvres pour les Yayoi Kusama, Jean-Jacques Lebel, essentiellement constituées de docu- arts plastiques, deux cent cinquan- Martha Minuhin, Claes Oldenburg, mentaires, qui revisiteront le ciné- te pour l’architecture, soixante Yoko Ono, Carolee Schneemann, ma « direct », de Joris Ivens à Jean pour le cinéma) et à entendre… Robert Rauschenberg, Robert Whit- Rouch, le « militant », de Chris Mar- puisque dès qu’il emprunte la « che- man, dans une partie souvent ker à Jean-Luc Godard et la « sub- ALAIN JACQUET nille » qui le conduit à l’exposition, méconnue de leur œuvre. version formelle » de Luis Bunuel à « Camouflage Jasper Johns le visiteur baigne dans les tubes de Une salle est dédiée à la Factory Marguerite Duras. (Three Flags) », 1963. Huile l’époque, des Beatles aux Rolling et au cinéma d’Andy Warhol et dans sur toile, 114 × 162 cm (ci-contre). Stones, des Beach Boys aux Who, une autre sont projetés, pour la pre- Harry Bellet © Alain Jacquet, New York Une exposition inédite sur la naissance d’une culture populaire Alain Jacquet, peintre, exposé au Centre Pompidou « LE POP ART est : populaire le pop art. Il y est d’abord question salle, Oldenburg avec l’ensemble ment-catastrophe de l’histoire des (conçu pour un grand public), éphé- de la junk culture, des accumula- des sandwiches et des gâteaux de Etats-Unis, de la conquête de « Le pop n’est pas un phénomène mère (solution à court terme), teurs, des détourneurs d’objets The Store, qu’il a fallu faire venir de l’Ouest à la bombe atomique, en consommable (facilement oublié), récupérés dans les rues et les pou- partout, mais aussi des artistes passant par tous les crashs, ton- bon marché, fabriqué en série, jeune belles, des assemblagistes, des moins attendus, comme l’Italien neaux de voiture, effondrement exclusivement américain » (destiné aux jeunes), spirituel, éroti- décolleurs d’images publicitaires, Pistoletto, le Français Jacquet et les d’un pont suspendu. NÉ EN 1939, Alain Jacquet s’est récupéré je ne sais comment et que, fantaisiste, glamour, lucratif. Ce de tous les nouveaux réalistes d’ici Allemands Polke et Richter. Les contradictions sont, partout, intéressé au théâtre et à l’architectu- qu’il m’avait donné. n’est qu’un début », déclarait en et de là-bas (l’Amérique), mordant En fait, l’exposition parle du pop moteur de la création. En Europe re avant de se consacrer à la peintu- – Quels ont été vos rapports 1957, le peintre Richard Hamilton, à belles dents dans la vie urbaine, art avant les années pop, et des surtout, où la fascination pour la re. Dans les années 1960, il rencon- avec les pop new-yorkais ? première figure du pop art anglais. mais pas forcément acquis à la années pop sans le pop art. Dans « belle américaine » ne peut avoir tre des pop’artistes, produit sa série – En 1964, j’ai exposé chez Iolas « Ce n’est qu’un début. Continuons société de consommation qui s’épa- les années 1950, on enregistre des d’égal que l’élan destructeur : pia- des « Camouflages », puis crée le à New York, qui était aussi le mar- le combat ! », scandaient les soixan- nouit ; et participant de l’élabora- attitudes communes d’artistes nos défoncés d’Arman, voitures « mec art » (mechanical art), chand de Martial Raysse. J’ai te-huitards dans les rues de Paris. tion d’une nouvelle culture populai- européens et américains en réac- compressées de César, machines autour notamment de son travail rencontré Warhol, Castelli, Lich- C’est à peu près entre ces deux re moderne. tion à l’abstraction expressionniste inutiles de Tinguely, tirs de Niki de sur Le Déjeuner sur l’herbe, de tenstein. Ils sont venus au vernis- « débuts » que nous naviguons et ou lyrique, qui adoptent la BD, la Saint-Phalle et Jasper Johns. Irres- Manet. Depuis les années 1970, son sage. Ils ont découvert mes tournicotons dans « Les années PROVOQUER DES RÉÉVALUATIONS publicité, les affiches… Ils entre- pect, dérision des valeurs bourgeoi- travail prend pour support des ima- “Camouflages”. Ils s’en sont sou- pop », une grande exposition regor- C’est une exposition différente prennent de démythifier la figure ses, libération. Avec plus ou moins ges de la Terre et du cosmos. venus plus tard. A ce moment-là, geant d’œuvres, extravagante, de tout ce qui a été présenté jusque- de l’artiste en héros douloureux. A de sérieux et de contestation. « Qu’est-ce que le pop ? les rapports étaient très croisés. Je pétante de couleurs, d’optimisme là, quitte à déplaire, en particulier Londres, ils s’appellent Blake, – Une fracture esthétique. On me souviens que, quand, en 1965, et de vie à l’envi. Amusante, ouver- aux Américains, qui n’y reconnaî- Hamilton, Paolozzi, Kitaj, ou Hoc- PEU DE CONTESTATION allait dans le mur de l’art pour je suis allé au vernissage de te à de nouveaux regards sur la tront pas leurs habituels jalons. kney. A Paris, ce sont les décolleurs Un aspect qui est peut-être pré- l’art. A New York, l’expression- Lichtenstein chez Castelli, ce der- période. Contestable, et c’est tant Pour la première fois, en effet, sont de la peau des villes, Hains et la sent dans l’exposition, mais qui nisme abstrait était épuisé. Il n’y nier m’a dit tout de suite : “Il s’est mieux. réunies des œuvres réalisées simul- Villeglé, et tous les autres copains n’apparaît pas, ou peu. A juste avait plus aucun renouvellement. souvenu de votre exposition de l’an Elle est pluridisciplinaire. Les arts tanément à Londres, Paris, New du critique Pierre Restany : Arman, titre ? N’y aurait-il pas de contesta- A Paris, les instances officielles dernier…” C’était comme pour plastiques, qu’il s’agit de remettre York ou San Francisco. Catherine César, Tinguely, Raysse, Saint- tion politique du côté des arts jouaient les mauvais numéros. Au l’impressionnisme : des artistes dans le bouillonnement d’une épo- Grenier, la commissaire générale Phalle, etc. Moins un de taille : visuels ? Ou serait-ce que cette lieu de défendre Dubuffet et qui travaillaient dans une grande que, y sont en tête, le design et l’ar- et responsable de la section des Yves Klein, dont l’absence, pour impression d’absence est le résul- Wols, elles défendaient Bissière et proximité et pourtant avec des dif- chitecture en force, la musique en arts plastiques, a pris un malin plai- cause de sublimation, sans doute, tat d’un effet pervers de la pluridis- Manessier. Il fallait casser avec férences sensibles. Comme entre accompagnement dans les passa- sir à faire des listes communes de est discutable. Les uns sont proches ciplinarité, des croisements de l’abstrait… Lichtenstein, Hamilton et moi ges. Des films de performances, ou pop artistes de Londres et de New de Schwitters, les autres des colla- rubriques, d’un plein d’objets-gad- – Une affaire de génération ? dans l’usage et la taille des trames de plasticiens, sont intégrés dans le York et de nouveaux réalistes de ges et du réalisme des cubistes. gets de drugstore qui finissent par – Entre autres. En 1960, j’avais de points. Et puis, à partir de 1965, parcours. Au total, ce sont plus de Paris (et de Nice). Elle sert bien ces En même temps, Rauschenberg emporter le morceau, et gommer vingt et un ans. J’avais passé mon la situation s’est fermée. quatre cents œuvres, instauratrices derniers, histoire de provoquer des et Jaspers Johns, à New York, Kien- les regards critiques ? Les signaux bac à Londres et j’étais entré aux – Pourquoi ? et attendues, ou rares, que l’on croi- réévaluations. Elle assure le triom- holz et Bruce Conner et d’autres alarmistes d’un certain nombre Beaux-Arts de Paris en architectu- – A cause du travail de noyauta- se au long d’un itinéraire sinueux, phe de Martial Raysse, qui, avec amis des poètes de la Beat Genera- d’artistes quant à la société de pro- re, parce que je pensais que l’ensei- ge accompli par Castelli – et qui a décloisonné, où le regard est très ses pin-ups de plage, tient le choc tion, sur la Côte ouest, ont des ges- grès sont perdus. Les vieux soixan- gnement de l’architecture était duré jusqu’au milieu des années sollicité par les étalages d’objets de face aux Marilyn et Liz de Warhol, tes d’appropriation analogues, te-huitards risquent de souffrir du moins vieillot que celui de la pein- 1970. Il a conduit une politique design sur des plans inclinés. au rayon du plein épanouissement accumulent les déchets urbains, et trop-plein des formes expansives ture. En fait, ce n’était pas mieux. artistique qui a exclu les Euro- Tant sollicité qu’on finit par des figures du pop art. les cassent, plus ou moins engagés de chaises en toile et de fauteuils Puis, en 1961, j’ai fait ma première péens du marché américain. Ajou- oublier que l’exposition n’est pas A ce chapitre on retrouve dans une critique de la société de en plastique gonflable, parfois très exposition à la galerie Breteau. tez à cela les erreurs des institu- exactement une exposition sur les Warhol et La Factory, Warhol et consommation. Plus d’un sont rigolos, mais pas très subversifs. J’ai rencontré les Américains de tions françaises, et voilà comment années 1960 ni une exposition sur Lichtenstein, trop serrés dans une encore tributaires du coup de bros- La présentation du design et de Paris autour de John Ashberry, Paris a achevé de perdre sa préé- se : voir le drapeau en touches de l’architecture, dont les idées émer- Tinguely, Fontana. minence artistique. Au demeu- Johns, une sorte d’hommage mor- gent avec un temps de retard, expli- – Les “nouveaux réalistes” ? rant, les Etats-Unis avaient gagné tuaire à l’école de New York. Mais que que l’exposition du Centre – Restany est venu à l’exposi- deux guerres mondiales, beau- c’est en même temps le début de la Pompidou pousse jusqu’en 1968 et tion. Mais, à ce moment-là, le coup des meilleurs artistes euro- dépersonnalisation de la création. au-delà. D’où bien des confusions nouveau réalisme s’était déjà désa- péens y avaient émigré plus ou Elle sera mécanique, reproduction possibles dans une exposition qui grégé, aussitôt après sa proclama- moins longtemps : il n’est donc reproductible, image d’image nous promène des problématiques tion… Il n’y avait pas autre chose. pas surprenant que l’art américain d’image jusqu’à ce que mort s’en de plasticiens en phénomènes de On ne savait rien des Etats-Unis, ait été très vivant. Résultat : jus- suive, de Marilyn ou de chaises élec- société, d’époques de création en ni de Londres. Les premières ima- qu’à aujourd’hui, le pop a été triques : Warhol, le mélancolique moments de diffusion, d’Europe en ges, en noir et blanc, du pop améri- considéré comme un phénomène et l’indifférent affiché… Amérique : à force de vouloir tout cain sont arrivées fin 1962, début exclusivement américain. Il fau- Avec ces « Années pop », on n’ar- étreindre, elle n’embrasse pas for- 1963. Mon travail était déjà large- drait remettre les pendules à rête pas de se promener d’un bord cément bien. ment commencé. De surcroît, il ne l’heure. à l’autre de l’Atlantique, au milieu Peut-on vraiment parler d’an- faut pas confondre nouveau réalis- – C’est le propos de l’exposi- des trouvailles dirt et du clean des nées pop dans une période aussi me et pop. Le premier utilise les tion... plasticiens, de naviguer allégre- large que ce créneau de douze déchets, le second les objets neufs – Le propos, peut-être. L’effet ment dans toutes sortes de proposi- ans ? Les préoccupations des créa- de la civilisation du supermarché. sûrement pas. Elle regroupe sous tions : l’habitat évoluant entre archi- teurs changent, le sens même du Il l’a fait d’abord de façon critique, le vocable pop des artistes qui tecture mobile et science-fiction ; le mot pop n’est plus le même à l’en- puis cette critique a disparu. n’ont soit aucun rapport, soit design entre chaises en carton et trée et à la sortie d’une exposition – Connaissiez-vous l’œuvre de aucune importance. Si on veut fai- fauteuils gonflables ; la musique qui finit mal, sur deux ou trois affi- Duchamp, à cette date ? re de l’histoire, on en fait sérieuse- entre Elvis et les Beatles ; le cinéma ches et couvertures psychédéli- – A peu près… Je l’ai rencontré à ment, comme Marco Livingstone entre réalisme et fiction, décons- ques. Si l’on s’en tient à ce qui est New York, un quart d’heure, pas dans son exposition de 1991. Ici, truction underground et nouvelle montré, les révoltes de 1968 une conversation sérieuse. Il était tout est au même niveau, tout est vague. Pour la contestation, c’est n’auront pas été grand-chose. très intéressé par le pop, beau- empilé. On se perd. Je ne vois pas par là qu’il faut chercher. Un exem- coup plus que par le nouveau réa- de logique, je ne vois pas d’his- ple corrosif ? Les bouts de films du G. Br. lisme, me semble-t-il. En 1961, ce toire. » Californien Bruce Conner, auteur que je connaissais le mieux, c’était de reliefs poussiéreux comme des e Catalogue sous la direction de la peinture américaine, grâce à un Propos recueillis par vieux greniers et d’un résumé-docu- Mark Francis, 360 F. beau livre que mon père avait Philippe Dagen CULTURE LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / 33 La société de consommation en ligne de mire Face à l’impérialisme américain, l’art européen des années 1960 se politise

LA FOURCHETTE chronologi- Tomorrow », à la Whitechapel Art et aux méthodes plus explicite- que (1956-1968) retenue par l’expo- Gallery. Des artistes et des architec- ment politiques. sition comprend deux guerres, en tes y montrent une attention nouvel- Même le pop américain, dont on Algérie et au Vietnam, et quelques le aux rapports entre l’art et l’envi- daube fréquemment l’absence de révolutions, dont la moindre ne fut ronnement urbain, et à la culture critique sociale, se radicalise. pas celle provoquée par la musique, populaire. Deux ans plus tard, en Warhol exécute une série sur des yé-yé en France, pop, elle aussi, en 1958, le critique anglais Lawrence affrontements entre la police d’Ala- Angleterre, car le pop (arts plasti- Alloway utilisera à leur endroit le bama et des manifestants noirs en ques) et la pop (musique) se caracté- terme de « pop art ». lutte contre la ségrégation, Robert risent tous deux par un refus appa- Indiana commence sa Confederacy rent d’engagement politique. Le L’INTERNATIONALE SITUATIONNISTE Serie, des tableaux condamnant le 22 juin 1963, 150 000 personnes se Au même moment, en Italie, un racisme du Sud. Les Etats-Unis bom- réunissent à Paris, place de la congrès réunit à Alba des artistes en bardent le Nord-Vietnam, Rosen- Nation, à l’initiative de Daniel Fili- « lutte pour une nouvelle sensibilité et quist peint son gigantesque F111. pacchi, créateur du magazine Salut pour une nouvelle culture… ». Pour Mais cela, les Européens ne le les copains, pour applaudir Johnny Guy Debord, un de ses initiateurs, il voient guère. L’impérialisme améri- et Sylvie. est nécessaire de « combattre, sur le cain, dénoncé tant par de Gaulle En 1964, la victoire du peintre plan passionnel, l’influence des que par les communistes, est à com- Robert Rauschenberg à la Biennale méthodes de propagande du capital- battre, sur tous les fronts. Godard, de Venise consacre le triomphe de isme évolué. Opposer concrètement, qui s’était inspiré des couleurs fran- l’art – et, pour beaucoup, de l’impé- en toute occasion, aux reflets de mode ches du pop art dans Le Mépris, tour- rialisme – américain. Mary Quant capitaliste d’autres modes de vie dési- ne , en 1967, et déclare, imagine la minijupe et, dans le rables ; détruire par tous les moyens déjà : « Le cinéma américain règne même temps, les Beatles vendent hyperpolitiques l’idée bourgeoise du sur le cinéma mondial (…), nous 110 millions de disques. En 1965, bonheur ». Ce sera l’Internationale devons aussi créer deux ou trois Viet- Georges Perec résume, dans Les situationniste, fondée le 28 juillet nam, créer des cinémas nationaux, Choses, l’idéal de la génération du 1957, elle aussi un des grands cou- libres, frères, camarades, amis. » baby-boom : consommer. rants souterrains des années pop. La même année, Guy Debord La borne de 1956 est précieuse : Le mouvement gagne l’Allema- fait paraître La Société du spectacle, l’intervention soviétique en Hon- gne : Richter, Kuttner, Polke, Lueg où il définit la société contemporai- grie provoque la protestation de et Beuys organisent une manifesta- ne comme celle de la marchandise, nombreux intellectuels. L’influence tion « Pour le réalisme capitalis- du règne de l’apparence. Qu’on en du Parti communiste sur l’intelli- te », sous le titre « Vivre avec juge : de 13 % en 1960, l’équipe- gentsia française, dominante pop », dans un magasin d’ameuble- ment des ménages en télévisions jusqu’alors, perd de sa force. Les ment de Düsseldorf. L’Espagne s’y est passé à 60 % en 1968. Les auto- espoirs révolutionnaires vont se met, avec les groupes Equipo 57, mobiles représentaient un pourcen- Tournage du film « Harlot », reporter vers les mouvements de Equipo Cronica et Equipo Reali- tage moins élevé. Il est vrai que, de Andy Warhol, libération nationale du tiers-mon- dad. En France, face à un nouveau lorsque mai 1968 fit la synthèse des à la Factory, New York de. La jeune génération va chercher réalisme, qui, s’il est novateur happenings de Fluxus, des com- Avec Gerard Malanga, Philip Fagan, de nouvelles façons de penser la vie, dans les formes, ne brille pas par pressions de César et des idéaux de Mario Montez (au premier plan) plus ironiques, plus distanciées. les prises de position révolution- Guy Debord, elles ne furent pas les et Carol Koshinskie. Pour l’histoire du pop art, tout débu- naires de ses membres, se consti- dernières à s’embraser. © Eve Arnold/Magnum Photos te en Grande-Bretagne, durant tue une nouvelle figuration, ou l’été, avec l’exposition « This is figuration narrative, aux contenus Ha. B.

TROIS QUESTIONS À... En étendant les années pop jus- Pourquoi cette exposition n’est Un héritage artistique digéré 2qu’en 1968, ne craignez-vous 3pas coproduite par un musée CATHERINE GRENIER pas beaucoup de confusions du anglais ou américain ? côté du public ? C’est une exposition programmée Vous êtes commissaire général Entre le moment où les artistes depuis quatre ou cinq ans. J’y tra- par les plasticiens contemporains 1de l’exposition « Les années créent les œuvres et le moment où vaille depuis trois ans. Il y avait alors pop ». Comment faites-vous pour le public les voit, il y a un temps. La le souvenir récent de l’exposition REÇUS AU COURRIER ces der- Donc l’exposition du Centre Pompi- pet est lapidaire : « Le pop, c’est définir le pop en prenant une pério- première expo d’Andy Warhol n’est britannique de Marco Livingstone, niers jours : l’annonce de l’exposi- dou tomberait bien. Elle confirme- Warhol et Raysse. » de aussi vaste : 1956-1968 ? pas en 1960 ou 1961, mais en qui s’est promenée en Europe et au tion de dix-sept artistes français au rait une tendance puissante de la Mais pour quelle postérité et On a assez de recul pour s’aperce- 1963 ou 1964, et Warhol est vrai- Canada. Les Britanniques n’avaient BHV, la plupart très jeunes, avec création actuelle, aussi active dans quels usages ? Pour caractériser une voir que la période est très comple- ment connu autour de 1967-1968. Il donc pas tellement de raisons de Raymond Hains, ex-nouveau réalis- la Grande-Bretagne de Damien époque, selon Desgrandchamps : xe et qu’il y avait certainement une faut prendre en compte le moment s’intéresser à la nôtre. Quant aux te, dans le rôle du père putatif ; le Hirst et les Etats-Unis de Jeff Koons « Le détail du présent, pris dans la dynamique autour du projet de où le mouvement atteint une ampli- américains, je crois qu’ils ne sont septième numéro de la revue artisti- qu’en France. On la reconnaît à rue, dans un réfrigérateur, dans les relier l’art et la vie, qu’elle est com- tude véritable par rapport à un pas encore prêts à être les partenai- que Purple, intitulé Purple Fashion, l’abondance des allusions à la réali- couleurs du moment, les vêtements, mune aux Etats-Unis et en Europe, public. Le mouvement de contesta- res d’une grande exposition conçue presque un magazine de mode, té quotidienne de la vie urbaine, les magazines, l’utilisation de cet et qu’elle est comprise entre ces tion de 1968 est le fait d’une reven- par des Français qui réexaminent les avec beaucoup de photos de style, dans ses aspects les plus triviaux éphémère dans la représentation, voi- deux dates. L’architecture et le dication de liberté, d’une aspiration échanges et la place respective des du chic, du sexe, mais aussi les plas- généralement, et à la multiplicité là l’apport essentiel du pop. En ce design ont un petit temps de retard à la contre-culture, etc., auxquelles artistes européens et américains ticiens Claude Closky et Dominique des techniques, qui conjuguent pho- sens, il n’a pas disparu, y compris en par rapport aux arts plastiques, participent les artistes pop. Il est dans cette période. Gonzalez-Foerster ; Beautiful Faces, to, vidéo, création ou reconstitu- peinture. Mais on peut penser aussi à mais les dates sont très difficiles à important de lier le mouvement de la dernière publication de Closky, tions d’environnements, peinture, Jeff Koons aux Etats-Unis. » établir. On peut situer la grande contestation et l’idée d’une vague Propos recueillis fabriquée en détournant et dupli- dessin, photocopie… La liste n’est Dans une perspective critique, période du pop entre 1962 et 1964. pop. par Geneviève Breerette quant des pubs ; Ginger, autre pas exhaustive. Pascal Convert y voit une invitation revue, franco-hispano-néerlandaise Quand on les questionne, une évi- àla« mise en crise de l’image » : à base, elle aussi, de publicités dence s’impose aux artistes français « Mon travail sur la pieta du Kosovo, Le programme parodiées. nés dans ces « années pop », qu’ils par le choix de l’image hypermédiati- Points communs de ces manifes- pratiquent précisément l’installa- sée de Georges Mérillon, pourrait fai- b « Les années pop », tations : elles sont le fait d’artistes tion comme Hybert, la vidéo com- re songer à la fois aux travaux de du 15 mars au 18 juin, galerie 1, âgés de trente à quarante ans et me Convert ou la peinture comme Warhol sur Marilyn, Mao, Kennedy, niveau 6, entrée par la Piazza. Tous elles se placent au plus près des Corpet et Desgrandchamps : le mais aussi aux conversions de les jours de 11 heures à 21 heures : modes de communication de la mouvement appartient à l’histoire tableaux classiques en images nocturnes, le jeudi de 21 heures à société+ marchande, dont elles commune. « Son vocabulaire est entrepris par Lichtenstein. Passage 23 heures. Fermé le mardi. 50 F emploient le langage et les effets déjà assimilé », note Fabrice de l’icône à l’image, pourrait-on dire (7,62 ¤). Visites commentées, les visuels. Elles les emploient même si Hybert. Vincent Corpet : « Le pop, rapidement. » samedis 17, 24 et 31 mars, 14, 21 et bien qu’il faut de l’attention, aujourd’hui, c’est vieux, ringard… » Si l’on additionne ces observa- 28 avril. 25 F (3,58 ¤), plus le prix quelquefois, pour éviter toute Marc Desgrandchamps y voit «un tions aux éléments relevés dans l’ac- de l’entrée. Tél. : 01-44-78-12-07. confusion. fragment d’époque ». « Dans les tualité récente, il semble impossible www.centrepompidou.fr/ Vues depuis quelques mois : l’ex- générations suivantes, tout le monde d’hésiter : le pop est décidément le expositions/pop/ position « Au-delà du spectacle » a vu Warhol ou Lichtenstein. Il en est grand inspirateur artistique de la b Cinéma : l’exposition au Centre Pompidou, son fatras resté une forte impression formelle. » seconde moitié du XXe siècle, la réfé- s’accompagne d’une importante d’images et d’objets quotidiens et rence essentielle et constante, le fer- programmation de films de son journal-catalogue façon pros- ment de vie qui n’en finit pas d’agir. fiction, expérimentaux, politiques pectus de vente par correspondan- Le pop est le grand Ce qui donnerait raison à Corpet, et d’artistes montrant les thèmes ce ; les expositions très souvent pour qui « le pop a démodé toutes les illustrés par le pop aux Etats-Unis collectives des galeries de la rue inspirateur avant-gardes qui sont venues après et en Europe (cinéma 1, niveau 1 ; Louise-Weiss, avec leurs faux ameu- lui. Il est resté moderne alors que les cinéma 2, niveau – 1). A noter, blements, leurs affiches faussement de la seconde moitié avant-gardes qui ont suivi sont deve- une rétrospective inédite Andy banales, leurs pastiches de jeux e nues classiques. » Warhol en quarante-cinq films vidéo, leurs extraits de films porno, du XX siècle, la Paradoxalement, le plus réservé et des hommages aux figures leurs papiers peints à fleurs ; et la est Hybert, qui refuse catégorique- emblématiques du pop : William notoriété grandissante de quelques référence essentielle ment qu’on le tienne pour un « néo- Klein, Paul Morrissey, Yoko Ono artistes, Gilles Barbier, Alain pop » et s’en explique. « Comme et John Lennon, John Waters, Bublex, Claude Closky, Philippe Par- tout le monde, il m’est arrivé d’utiliser Philippe Garrel, etc. Et un cycle reno, Xavier Veilhan. Les définitions tombent. Le pop le pop, d’une certaine manière. Mais cinéma et politique. 27 F (4,12 ¤). Relu le week-end dernier : Le Colo- vu par Hybert, « c’est affirmer que le pop, ce sont des pensées fixées, des Tél. : 01-44-78-12-33. nel Moutarde dans la bibliothèque des choses a priori lourdes, laides, images figées. Il n’y a pas rien de tel b Musique : une compilation avec le chandelier, recueil des textes capitalistes ont été digérées et qu’elles dans ce que je fais. Mon travail, ce Les Années pop est disponible chez d’Eric Troncy, critique et commissai- n’étaient pas si mal que ça. C’est ren- sont des ensembles de débuts de phra- les disquaires : 1 CD Cornflakes re des premières expositions dans dre beau ce qui était moche ». Vu ses, alors que le pop procède par affir- Zoo/Wagram. Le 7 avril, des lesquelles sont apparus ces noms et par Corpet, « c’est jeunesse, fraî- mations. Ceci étant, le pop est dans Beatles au Velvet Underground, d’autres, au début des années 1990. cheur et santé » et aussi « la fin de l’air du temps. Mais quel pop ? Un conférence animée par Jade Dans Documents sur l’art no 11, il l’abstraction comme but ultime de la côté superficiel, léger, brillant – celui Lingaard et Jean-Max Collard. écrit en 1997 : « Avec ce déplace- modernité ». Pascal Convert est plus qui se voit dans l’exposition. Il y a une Grande salle, niveau – 1. ment des tutelles, de Duchamp vers dur : « Le totalitarisme de l’image jus- pensée et un engagement pop qui b Forum et conférences : les 22, Warhol, de l’art minimal au pop art, qu’à l’écœurement, avec l’arte sont forts, mais qui ne sont pas mon- 23 et 24 mars, un grand forum du white cube à un espace comme povera en face, comme seule réponse trés. J’attendais des artistes qui pen- réunira les acteurs et témoins “décor”, de l’œuvre comme icône à valable. » sent, je trouve de la déco et de la nos- de ce mouvement. Une l’œuvre comme instrument (…), les Parmi les artistes, Hybert cite talgie, énormément de nostalgie. Le interrogation : par quelle alchimie artistes ont ouvert la voie à un réexa- d’abord Warhol, « évidemment », pop, ce n’est pas simplement des cou- un courant artistique devient-il un men urgent des idées établies relati- pour regretter qu’il ne soit pas plus leurs, du plastique et des marques. En phénomène de civilisation ? ves aux objets d’art, aux objets, et à présent dans l’exposition, puis Lich- tout cas, ce n’est pas ce qu’il faudrait b Soirée Thema/Arte, le mardi leur agencement. » tenstein et Raysse. A l’inverse, il en retenir aujourd’hui. » 5 juin, à partir de 21 h 45 (sous Le mot est lâché : pop art. Le pré- conteste la présence de Pistoletto et réserve de modifications). sent serait pop, néo-pop plutôt. de Richter, « pas du tout pop ». Cor- Ph. D. 34 / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 CULTURE Le Salon du livre s’ouvre dans un climat SORTIR SCEAUX pièce autour des danses de bal du siècle et des corps qui les ont Les Rendez-Vous pratiquées (du 29 mars au 1er avril). de santé économique retrouvée chorégraphiques Sceaux (92). Les Gémeaux, C’est la dix-septième édition de 49, rue Georges-Clemenceau. cette manifestation où les Centres Tél. : 01-46-61-36-67. L’Allemagne est l’invitée d’honneur d’un Salon qui accueille cinquante éditeurs européens chorégraphiques nationaux sont De 50 F à 145 F. mis à l’honneur. A la tête du Ballet L’ALLEMAGNE, Astérix, le livre et à ses rapports avec l’édition Europe culturelle, symbolisée par largement excédentaire dans sa national de Marseille, VAULX-EN-VELIN électronique seront les vedettes du traditionnelle. le combat pour la défense du prix balance entre cession de droits et Marie-Claude Pietragalla Festival A Vaulx-Jazz XXIe Salon du livre de Paris qui se L’organisme de promotion du unique du livre. La question sera acquisitions ». La France vend bien chorégraphie la pièce Sakountala, Organisé durant une semaine par tient du 16 au 21 mars à la Porte de livre français à l’étranger, France au centre d’une rencontre entre les en Italie, en Allemagne et en Espa- autour de l’œuvre du même nom une équipe tenace et volontariste, Versailles. Il doit être inauguré par Edition, a convié cette année à éditeurs allemands et français, ven- gne. Mais la nouveauté c’est que de Théophile Gautier et de la le Festival A Vaulx-Jazz équilibre le président de la République, Jac- Paris, cinquante éditeurs euro- dredi 16 mars, en présence des les livres, au-delà du succès d’esti- statue de Camille Claudel qui avait judicieusement dans sa ques Chirac et le chancelier alle- péens, traducteurs de livres fran- ministres de la culture des deux me, trouvent également un débou- inspiré l’écrivain. Pietragalla a fait programmation les jeunes talents, mand, Gerhard Schröder, dans la çais. Ils ont débattu mercredi pays, Julian Nida-Rümelin et Cathe- ché public, depuis les lancements appel à des artistes de cirque et au la recherche des formes et les soirée du jeudi 15 mars, à un 14 mars des échanges éditoriaux rine Tasca, qui défendent un régi- réussis de Marie Darrieussecq ou peintre Zao Wou-ki pour références à l’histoire du blues moment difficile pour les relations entre les pays européens et de leurs me de prix unique, face aux mena- Michel Houellebecq. l’accompagner dans cette ou au jazz. Parmi ces soirées bien franco-allemandes. En recevant les places respectives face à la domina- ces de la commission européenne. L’éditeur espagnol d’Anagrama, traversée d’une vie ravagée par construites, on remarquera la éditeurs allemands et européens, tion américaine. Ces deux initiatives Jorge Herralde a proposé une véri- la folie et la souffrance (du 16 au présence du trio de Jean-Michel mercredi 14 mars, le ministre des contribuent à attirer au Salon du SUCCÈS FRANÇAIS table rentrée littéraire française, 18 mars). Maryse Delente et son Pilc et du quartet de David Murray affaires étrangères, Hubert Vedri- livre un public professionnel interna- La rencontre du 14 mars, qui de Jean Echenoz à Amélie Ballet du Nord présentent Le Feu (le 17 mars), une création de ne, a indiqué que le choix de l’Alle- tional. Si le succès public ne se dépassait largement cette ques- Nothomb. Ce succès entraîne une dérobé, ballet tendu comme un l’ARFI et de la Compagnie magne comme invité d’honneur du dément pas d’année en année, avec tion, avait permis de faire le point flambée des droits. Dans ces bras- ressort (les 23 et 24 mars) ; Stanislaw Wisniewski (le 19), Salon tombait « très bien » et a plai- 234 000 visiteurs en 2000 et un nom- sur la circulation des livres dans là de Camille Laurens a ainsi don- Claude Brumachon et Benjamin Rabih Abou-Khalil et l’ONJ Paolo dé pour un « dialogue franco-alle- bre croissant de jeunes, le Salon du l’espace européen. Si les traduc- né lieu à des surenchères, tandis Lamarche, directeurs du Centre Damiani (le 21), le trio Celea/ mand fécond et ouvert ». livre de Paris souffre parfois d’un tions d’outre-Manche ou d’outre- que l’éditeur anglais Serpent’s chorégraphique national de Liebman/Reisinger et Steve Lacy Au moment où a lieu le spectacu- manque d’intérêt des étrangers, Atlantique sont prédominantes, et Tail, qui avait publié Extension du Nantes, proposent une série de avec Roswell Rudd (le 22) ou le laire lancement d’Astérix et Latravia- puisqu’il n’est pas un lieu de vente continuent à croître, les traduc- domaine de la lutte de Houelle- pièces courtes portées par la rage trio de Jacky Terrasson (le 24). ta, le Salon consacre une exposi- de droits, contrairement à la Foire tions d’une langue à l’autre de becq, n’a pu suivre pour Les Parti- qu’on leur connaît (3 et 6 avril). Centre culturel Charlie-Chaplin, tion au héros gaulois. Mais ce n’est de Francfort et à celle de Londres. l’Union européenne sont loin cules élémentaires du même Philippe Chevalier, concepteur du place de la Nation, Vaulx-en-Velin sans doute pas l’effet de la potion L’initiative de France Edition d’être négligeables. Jean-Guy Boin, auteur, finalement publié par Ran- fameux Bal dingue, continue sur (69). Du 17 au 24 mars. Tél. : magique qui place cette année la s’inscrit dans ce contexte et dans la directeur général de France Edi- dom House. Jorge Herralde voit sa lancée festive et a conçu une 04-72-04-81-18. De 30 F à 100 F. manifestation dans un climat de volonté française de défendre une tion, souligne que « la France est dans l’organisation de la journée quasi-euphorie contrastant avec un exemple de « cette tenace volon- (Publicité) les années précédentes. Le Salon té française de lutter contre la domi- est en effet généralement l’occa- La grogne de petits éditeurs nation anglo-saxonne ». Face à sion de nombreux discours et plain- cette coûteuse domination, les édi- tes sur les difficultés de la chaîne Certains, comme l’éditeur de jeunesse Thierry Magnier, ont décidé teurs redécouvrent les auteurs du livre. En 2001, le discours chan- de ne pas participer au Salon du livre, estimant qu’il « prend des orien- nationaux et européens. ge car le livre va mieux. Le prési- tations réservées aux grands groupes ». Magnier lance l’idée d’un Salon dent du Syndicat national de l’édi- du livre off pour 2002. Son diffuseur, Harmonia Mundi, a « réduit la Alain Salles tion (SNE), Serge Eyrolles, souligne voilure cette année », selon son directeur commercial Frédéric Sal- que le chiffre d’affaires du secteur bans, qui ne se « retrouve pas dans l’approche marchandisée du livre ». e Du 16 au 21 mars, de 9 h 30 à devrait afficher une croissance L’éditeur nantais L’Atalante a préféré s’abstenir, tout comme José 19 heures, nocturne mardi 20 jus- supérieure à 6 % pour l’année 2000. Corti, First ou Dupuis. Les jeunes éditeurs bénéficient d’un tarif for- qu’à 22 heures. Entrée 30 F Cette santé retrouvée permet faitaire de 5 500 francs les deux premières années, avant de payer un (4,57 ¤), gratuit pour les moins de d’aborder avec moins d’inquiétu- prix au mètre carré de 1 800 ou 1 200 francs (pour les adhérents au douze ans. Paris expo, hall 1, Porte des les questions soulevées par le Syndicat national de l'édition), soit un coût de 25 000 francs pour un de Versailles (www.lemon- livre électronique, qui fera encore stand équipé. Bertrand Morisset, le commissaire général du Salon, de.fr/salondulivre). Voir notre sup- beaucoup parler de lui lors de ces organisé par Reed-OIP, regrette ces absences, mais souligne que de plément « Le Monde des livres-spé- journées au cours desquelles se nombreux petits éditeurs sont présents grâce au soutien des centres cial Allemagne ». tiendra le premier colloque régionaux des lettres. Il n’est pas hostile à la création d’un salon off et européen consacré au « e-book » se propose de l’orchestrer. f www.lemonde.fr/salondulivre Danse butineuse à la Ferme du Buisson GUIDE que neuf spectacles dont les dispa- sur des coussins quand la jauge de mains pour rester en beauté. Jus- Opéra-Bastille, place de la Bastille, TROUVER SON FILM e o SAMEDIS DANSES, à la Ferme rités chorégraphiques ressemblent la salle sature. Un peu ronchon par- qu’à l’essorage où la force centrifu- Paris-11 .M Bastille. 19 heures, les 16, Tous les films Paris et régions sur le 19, 22, 28 et 31 mars et le 3 avril ; du Buisson. Boyzie Cekwana en à des montagnes russes. De Boris fois sous la pluie, un brin ironique ge les fait gicler presque groggy. 15 heures, le 25. Tél. : 08-36-69-78-68. tournée : les 20 et 21 avril à Colo- Charmatz impeccable en chef d’es- sur le côté « supermarché de la Groggy, c’est à nous de l’être Minitel, 3615 LEMONDE ou tél. : 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). De 60 F à 670 F. gne (Allemagne) ; les 24 et cadrille de la génération « têtes danse » que prennent toujours ces devant Shift, de Boyzie Cekwana, Chœur et Orchestre philharmonique 25 avril au Springdance d’Utrecht chercheuses », à la pionnière manifestations désireuses de faire personnalité noire majeure de la VERNISSAGE de Radio France (Pays-Bas) ; du 12 au 17 mai, au Maguy Marin en passant par la de la culture une fête (au risque de danse en Afrique du Sud. Il arrive Abrahamsen : Nacht und Trompeten. L’Or des Amazones Szymanowski : Stabat Mater. Beetho- Kunsten Festival des Arts de danse bien tournée (mais qui vou- devenir une foire ?), il est partant. bardé de sa réputation de « wonder o Musée Cernuschi, 7, avenue Vélasquez, ven : Symphonie n 6 « Pastorale ». Bruxelles (Belgique). Michèle Noi- drait dérailler) de Dominique Certain gourmand aime évoquer kind » et de son premier prix au Paris-8e.Mo Villiers. Tél. : 01-45- Inger Dam-Jensen (soprano), Annette ret en tournée avec In Between : Jégou, il faut sans cesse dompter un parcours gastronomique où il troisième Concours chorégraphi- 63-50-75. De 10 heures à 17 h 40. Fer- Markert (mezzo-soprano), Anton Scha- Biennale de danse du Val-de- ses humeurs et ajuster son regard. s’agit de se transformer en testeur que d’Afrique et d’océan Indien. mé lundi et fêtes. Du 16 mars au ringer (basse), Thomas Dausgaard Marne, les 15, 16 et 17 mars, à Une chose est certaine : la danse de saveurs. On lui accorde un crédit illimité. 15 juillet. De 18 F à 35 F. (direction). Salle Pleyel, 252, rue du Faubourg- 19 h 30, à la Maison des arts de contemporaine a la santé et aucun Violemment beau dans un outilla- e o ENTRÉES IMMÉDIATES Saint-Honoré, Paris-8 .M Ternes. Créteil. 100 F et 55 F (15,24 ¤ et goût pour l’exclusif. MINIMALISME MAGISTRAL ge minimal (une table, une mappe- 20 heures, le 16. Tél. : 01-45-61-53-00. 8,38 ¤). Le 24 mars, à 20 h 30, au C’est l’opinion de José-Manuel Testez donc et approuvez : Pro- monde illuminée, une lampe de Le Kiosque Théâtre : les places de cer- De 50 F à 190 F. Théâtre Paul-Eluard, à Choisy-le- Gonçalvès, directeur de la Ferme gramme court avec essorage,de poche), Schift manie un alliage de tains des spectacles vendues le jour Quatuor Borodine Roi. 100 F et 70 F (15,24 ¤ et depuis 1999, qui offre à chacun de Boris Charmatz et Julia Cima, une vocabulaire classique, contempo- même à moitié prix (+ 16 F de commis- Brahms : Trio pour alto, violoncelle et sion par place). 10,67 ¤). Tél. : 01-46-86-70-70. ces Samedi Danses un tirage grand prouesse piquante comme un jeu rain et traditionnel qui en dit long piano. Chostakovitch : Quatuor à cor- Place de la Madeleine et parvis de la des op. 49. Tchaïkovski : Souvenir de angle de la création actuelle. Par de gosses. Soit une installation sur l’absence de préjugés esthéti- gare Montparnasse. De 12 h 30 à Florence. Youri Bashmet (alto), Alain Ne préjuger de rien : condition goût profond et sens avisé de son signée Gilles Touyard : deux pla- ques et la liberté du chorégraphe. 20 heures, du mardi au samedi ; de Meunier (violoncelle), Ludmila Berlins- sine qua non pour accéder à l’opé- public. Non seulement, ce dernier ques rondes censées représenter Ventre de la pièce, le long solo 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. kaïa (piano). ration Samedi Danses de la Ferme suit (mille sept cents spectateurs), des tambours de machine à laver de Boyzie Cekwana, debout quasi Voix secrètes Salle Gaveau, 45, rue La Boétie, de Joe Penhall. Hélène Vincent (mise e o du Buisson, à Noisiel. Le 3 mars, mais enchaîne au pied levé trois (bande-son ad hoc) sur lesquels les immobile sous une douche lumi- Paris-8 .M Miromesnil. 20 h 45, le 16. en scène). Tél. : 01-49-53-05-07. De 120 F à 350 F. de 15 heures à minuit, rien moins pièces en moyenne, s’entassant danseurs font des pieds et des neuse, se dilate doucement dans le Théâtre de l’Est parisien, 159, avenue Antonio Farao Quartet silence jusqu’à prendre des propor- Gambetta, Paris-20e. Tél. : 01-43- Au Duc des Lombards, 42, rue des Lom- tions magiques. Avec une robe rou- 64-80-80. 20 h 30, les mercredi, vendre- bards, Paris-1er.Mo Châtelet. 21 heures, ge qu’il lisse sur le sol ou enroule di et samedi ; 19 heures, le jeudi ; les 16 et 17. Tél. : 01-42-33-22-88. comme un pansement autour de 15 heures, le dimanche. 150 F. Jus- 100 F. qu’au 1er avril. Claude Tchamitchian : son bras, le danseur dit tout : Seule avec lui – le Cabaret Brother Acoustic Lousadzac mort, violence, sexualité. Moment et Sister Dalle – Femme-où vas-tu ? Aubervilliers (93). Espace Jean-Renau- d’une somptueuse gravité qui fait avec Odile Roire, Irina Dalle et Kate die, 30, rue Lopez-et-Jules-Martin. de Shift une pièce de haut vol. Varga. Mo Fort-d’Aubervilliers. 20 h 30, le 16. Tout aussi magistrale dans son Théâtre du Chaudron, route du Champ- De 75 F à 95 F. e o Michel Edelin Quintet minimalisme, le Solo Stockhausen de-Manœuvre, Paris-12 .M Château- de-Vincennes. 20 heures, le 16. Tél. : Chelles (77). Théâtre, place des Martyrs- de la chorégraphe belge Michèle 01-43-28-97-04. 70 F. de-Chateaubriant. 20 heures, le 16. Noiret qui se glisse comme en bras- Marco Berrettini Tél. : 01-60-08-55-00. De 70 F à 160 F. se coulée dans l’œuvre intitulée Seuls les vivants survivront. Les Wriggles Tierkreis (« Zodiaque ») du compo- Alfortville (94). Lycée Maximillien-Per- La Cigale, 120, boulevard Roche- chouart, Paris-18e.Mo Pigalle. 20 heu- siteur allemand. Elégance nerveu- ret, rue des Goujons. 20 h 30, les 16 et 17. Tél. : 01-43-75-29-00. De 40 F à 60 F. res, les 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23 et se des bras et des mains, déhanche- Blanca Li 24. Tél. : 01-49-25-89-99. De 100 F à ments légers d’un corps sous Macadam macadam. 120 F. influence, on écoute autant qu’on Elancourt (78). Le Prisme, Centre des Thomas Fersen regarde ce poème d’une femme sai- Sept-Mares. 21 heures, le 16. Tél. : Sèvres (92). SEL, 47-49, Grande-Rue. 01-30-51-46-06. 120 F. 20 h 30, le 16. Tél. : 01-45-34-28-28. De sie par la musique. Pièce limpide 120 F à 140 F. (comme la partition, à peine audi- Rui Horta Zeitraum, espace du temps. ble dans le lointain) qui semble Evry (91). Théâtre de l’Agora, place de RÉGIONS revenir de loin pour nous parler à l’Agora. 20 h 30, le 16. Tél. : 01-60- Eric Lesage (piano) l’oreille, Solo Stockhausen est une 91-65-65. 130 F. Beethoven : Sonates pour piano « Qua- danse nocturne, qu’on dirait Compagnie Valérie Delattre si una fantasia », « la Pastorale », « la phosphorescente dans son ourlet Par définition. Boiteuse », « la Tempête ». Maurepas (78). Espace Albert-Camus, d’obscurité. Besançon (25). Opéra-Théâtre, place 4, rue de la Beauce. 20 h 45, le 16. Tél. : du Théâtre. 19 heures, le 17. Tél. : 01-34-82-63-44. 90 F. 03-81-83-03-33. 120 F. Rosita Boisseau Compagnie Opinioni in movimento Odile Duboc FEIR, la peur. Bruno Danjoux, Stéfany Ganachaud, Moissy-Cramayel (77). La Rotonde, pla- Françoise Michel, Françoise Rognerud : ce du 14-Juillet. 20 h 45, les 16 et 17. J’ai mis du sable, exprès, vite fait, com- Tél. : 01-60-60-02-63. 86 F. me ça, dans mes chaussures. Ensemble Ultréia Belfort (90). Centre chorégraphique Chansons de trouvères. national de Franche-Comté, 3, avenue Musée national du Moyen Age – Ther- de l’Espérance. 20 h 30, les 17, 20 et mes de Cluny, 6, place Paul-Painlevé, 27 ; 15 heures, le 21. Jusqu’au 31. Tél. : Paris-5e. RER Cluny-la Sorbonne. 03-84-58-44-88. 130 F. 12 h 30, le 16 ; 16 heures, le 17. Tél. : Anna Teresa de Keersmaeker 01-53-73-78-16. 60 F. Rosas, Drumming. Don Carlos Lyon (69). Maison de la danse, 8, ave- de Verdi. Sergei Larin (Don Carlos), nue Jean-Mermoz. 20 h 30, le 17. Tél. : Marina Mescheriakova (Elisabeth), 04-72-78-18-00. De 120 F à 160 F. René Pape (Philippe II), Carlos Alvarez Compagnie Geneviève Sorin (Rodrigo), Olga Borodina (Eboli), Kris- Un petit air. tinn Sigmundsson (le Grand Inquisi- Marseille (13). Théâtre des Bernardi- teur), chœur et orchestre de l’Opéra nes, 17, boulevard Garibaldi. 19 h 30, national de Paris, James Conlon (direc- le 17 ; 21 heures, le 20. Jusqu’au 24. tion), Graham Vick (mise en scène). Tél. : 04-91-24-30-40. 60 F. LeMonde Job: WMQ1603--0035-0 WAS LMQ1603-35 Op.: XX Rev.: 15-03-01 T.: 10:09 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 54Fap: 100 No: 0160 Lcp: 700 CMYK

CARNET LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / 35

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » – Esther Hoffenberg et Mathias Pérez, M. Jacques Saunier, Anniversaires de décès Conférences Jacques et Carla Hoffenberg, préfet honoraire, Anniversaires de naissance Théo et Valérie Hoffenberg, son époux, – Il y a huit ans, avant l’aube, Conférences du C.E.H.D. Hugo et Dario Rudy, Melle Liliane Huck-Saunier, « La tentative de maintien de l’ordre dans – 16 mars 2001. Mathias, Stefan, Jonas et Margaux me Jacques BOURDANTON les ports et arsenaux par la marine en 1789 », M Jean Mancier, 1935-1993 Hoffenberg, M. Jean-Louis Huck et ses enfants, par Michel Vergé-Franceschi, Le colonel Mamie Maria Ariane, Alexis et Eliott Hoffenberg, M. et Mme Daniel Huck et leurs enfants, a fini de vivre et de souffrir. professeur d’histoire moderne Et toute la famille, aborde ce nouveau printemps avec joie et à l’université de Savoie, ont la douleur de faire part du décès de Guy Le Coniac enthousiasme. ont la douleur de faire part du décès de – A la mémoire de ma fille chérie le lundi 19 mars 2001, à 18 heures, me Palais abbatial de Saint-Germain-des-Prés, – Bernard, Isabelle, Marie-Doëtte et M Jacques SAUNIER, toute la famille. Eva Maria HOFFENBERG, née Alice MANCIER, Florence. 5, rue de l’Abbaye, Paris-VIe. de La Longrays née LAMPRECHT, 16 mars 1986. survenu à Paris à l’âge de quatre-vingt- On meurt lorsqu’on a cessé de vivre. –A le 12 mars 2001. L’enterrement a eu lieu dans l’intimité. huit ans. Compagnon Françoise Dolto Collège de philosophie, Paul, samedi 17 mars à 14 heures : 29, rue Lucien-Sampaix, La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 16 mars 2001 à 11 heures en « Autour de la revue Comprendre de la Libération le sanglier de Caïrosine, 75010 Paris. – Il y a neuf ans disparaissait les identités culturelles », 40, rue Paul-Valéry, la chapelle du Val-de-Grâce, 1 place e avec S. Mesure, A. Renaut, LE COLONEL (en retraite) Guy Le qui a enfin atteint l’âge de raison ce 75116 Paris. Alphonse-Laveran à Paris-5 , suivie de M. Wieviorka. 17, rue de la Sorbonne, l’inhumation au cimetière du Montpar- Arlette LEVY-ZLOTOWSKI, Coniac de La Longrays, compagnon 16 mars très spécial et pour longtemps Windmolenstraat, agrégée de l’Université, amphi Cauchy. de la Libération, est mort lundi encore : c’est notre souhait à tous. 59 B-3070 Kortenberg. nasse, 3 boulevard Edgar-Quinet, présidente-fondatrice de Judaïques FM, Paris-14e, dans le caveau de famille. 12 mars à Paris. – Florentine (Jean-Marc), Julien, Camille, Sa famille, ses amis se réuniront le Né le 23 octobre 1919 à Brest, Guy Pierre et Gilles, – Pierre et Geneviève Jouffrey, Cet avis tient lieu de faire-part. dimanche 18 mars, à 11 heures, à l’entrée Communications diverses Le Coniac de La Longrays, aspirant et Colette, Et leur fils, Laurent, principale du cimetière de Bagneux- de réserve à l’école des officiers de et bien d’autres encore... ont la douleur de faire part du décès de 262, rue Saint-Jacques Parisien. – Pour tout renseignement concernant Saint-Maixent en mai 1940, est fait 75005 Paris. l’association YAD LAYELED FRANCE Raymond JOUFFREY, – séminaire en Israël, exposition itiné- prisonnier le 19 juin 1940. Il s’évade Décès – Voici un an déjà, du camp de Rambervillers (Vosges), administrateur civil honoraire rante, mallette pédagogique, s’adresser à : au ministère de l’intérieur, – Le président de l’université Paris- rejoint l’armée d’armistice et dé- – Ses amis et collègues Jean-Pascal VANNINI Yad Layeled France, du Relais formation Areram officier de la Légion d’honneur, Sorbonne - Paris-IV et l’ensemble de la barque à Saïgon (Indochine) en juil- officier de l’ordre national du Mérite, 7, boulevard Victor-Hugo, ont la tristesse de faire part du décès de communauté universitaire ont la tristesse nous quittait. let 1941. Là, il se cache dans un cabo- de faire part du décès de 92310 Sèvres. teur en partance pour Hongkong, M. Tahar ABADA, survenu le 7 mars 2001, à l’âge de quatre- A tous ceux qui l’ont connu et aimé, Tél./fax : 01-45-07-17-47. d’où il va rallier la France libre. A par- vingt-deux ans. M. Carlos SERRANO, nous demandons une pensée ou une tir de novembre 1941, il participera à survenu le 12 mars 2001. Nous garderons professeur à l’UFR d’études ibériques prière. le souvenir de sa chaleureuse collabora- La cérémonie religieuse a eu lieu à toutes les campagnes de la 1re divi- et latino-américaines. tion et de son engagement quotidien dans Notre-Dame des Buttes-Chaumont, à Christiane, Julia et Marianne, – Etats généraux de la psychologie sion française libre, en Libye, en le travail de notre équipe. Paris, le 12 mars, et l’inhumation au L’inhumation aura lieu le vendredi Sa mère, Egypte, en Tripolitaine et en Tunisie. cimetière du Père-Lachaise. Sa famille, 16 mars 2001, à 15 h 30, au cimetière du Vingt organisations de psychologues Promu lieutenant en 1943, il prend Et sa belle-famille, – Le président du conseil d’adminis- Père-Lachaise. s’unissent pour remercier tous ceux qui, soutiennent les premiers Etats généraux part à la campagne d’Italie, notam- tration et le directeur de l’Ecole – Chantal, par leur présence ou leur témoignage, les de la psychologie, qui rassembleront plus ment à Chiaia, où sa section perd la d’architecture de Paris-La Villette Julie, Paola, Jean, Michael, ont aidés à traverser les douloureux d’un millier de psychologues les 23 et moitié de ses hommes sous le feu ad- ont le regret de faire part du décès de Françoise et Gérard, – Paris. Perpignan. moments de sa disparition. 24 mars 2001, à la Mutualité, rue Saint- verse, et il débarque avec son unité, ont la douleur de faire part du décès de Victor, à Paris. Mme Jean-Marie Tauléra, en août 1944, en Provence. Avec le Jean-Louis BARITOU, Secrétariat : 01-64-59-94-46. enseignant, Jean-Louis LALAURIE, née Marie-Claude Troy, Remerciements bataillon de marche numéro 11, il historien et architecte, Me Marc Tauléra et Madame, participe aux combats de la libéra- lles – Julia Emond est de tout cœur survenu, le 13 mars 2001, à l’Institut M Marie, Anne, Caroline Tauléra, tion de la France, depuis Toulon jus- survenu le samedi 10 mars 2001. ont la douleur de faire part du décès de reconnaissante envers toutes celles et tous Curie. ceux qui lui ont apporté leur soutien au Séminaires qu’à Belfort et en Alsace. En janvier La cérémonie religieuse sera célébrée moment de la disparition de son 1945, il est blessé alors qu’il tente de Celles et ceux qui souhaitent lui dire au M. Jean-Marie TAULÉRA, compagnon, – La revue Passages et le Forum de le jeudi 15 mars, à 14 h 30, en l’église l’entreprise et des savoirs (FESA) orga- résister à d’incessantes contre-at- er revoir pourront se joindre à nous : Saint-Eustache, à Paris-1 . survenu le 10 mars 2001. nisent un séminaire au Sénat le 22 mars taques allemandes à Sand (Bas- – le vendredi 16 mars, de 14 heures à Jacques EMOND. 17 heures, au funérarium des Batignolles, 2001 (sous forme d’un petit déjeuner). Rhin). Il termine la guerre en mai – Cyrille et Jane Cahen, 10, rue Pierre-Rebière, Paris-17e, L’inhumation a eu lieu, dans le caveau 29, rue Desaix, Conférence de M. Yves Cousquer, 1945, dans le massif alpin de l’Au- Maridjo et Georges Graner, – et le lundi 19 mars, de 10 heures à de famille, à Alenya, dans la plus stricte 75015 Paris. président d’Aéroports de Paris, qui inter- thion. Il sera fait compagnon de la Li- Thierry et Huguette Cahen, 11 heures, au funérarium de Talence, intimité. viendra sur le thème : « De la poste aux bération le 15 février 1945. Ses enfants et leurs conjoints, place de l’Eglise-Notre-Dame, Talence transports : histoires de temps ». Après la guerre, le capitaine Le Ses petits-enfants et leurs conjoints, (Gironde). 17, rue du Baby, Commémorations Renseignements et inscription Ses arrière-petits-enfants, Coniac de La Longrays est affecté en 66000 Perpignan. auprès de la revue Passages et du FESA. ont la douleur d’annoncer le décès de L’inhumation aura lieu le lundi – En commémoration du décès de la Indochine, notamment au Tonkin, grande compositrice Tél. : 01-45-86-30-02. 19 mars, à 11 h 30, au cimetière de Fax : 01-44-23-98-24. où il commande une compagnie en Nelly Geo CAHEN, Talence (Gironde). – Le président, Email : [email protected] 1947. De 1950 à 1953, il commande la née RAYNAL, Et les membres du conseil d’adminis- Lili BOULANGER, 2e compagnie saharienne motorisée 13, boulevard Raspail, tration de la Société des auteurs et compo- survenu à son domicile le 13 mars 2001, 75007 Paris. siteurs dramatiques ont la tristesse de la Fondation internationale Nadia et Lili au Mali, puis un bataillon du 4e régi- dans sa quatre-vingt-quatorzième année. Boulanger et l’Académie des beaux-arts Nos abonnés et nos actionnaires, Calle Juan-Ramon-Jimenez, 28 9B, faire part du décès de vous invitent à avoir une pensée et une ment interarmes d’outre-mer en 28036 Madrid. bénéficiant d’une réduction sur les Centrafrique, avant de servir au Ca- L’inhumation aura lieu le lundi prière pour elle, en y associant le souvenir Claude VERMOREL. de son illustre sœur, insertions du « Carnet du Monde », meroun, en 1958. L’année suivante, il 19 mars, à 16 h 15, au cimetière, rue de l’Ouest, à Boulogne. sont priés de bien vouloir nous com- est en Algérie, chargé de la logistique Ils adressent à sa famille et à ses Nadia BOULANGER, muniquer leur numéro de référence. de la zone ouest-saharienne, à Co- Jean-Christophe LAUWERS, proches leurs sincères condoléances. professeur de composition. lomb-Béchar. Promu lieutenant-co- – Nawel et Marc Negroni, auteur et metteur en scène, lonel en 1963, il est en poste en Alle- Christine et Patrick Negroni, Margot et Nathanaël Negroni, est mort à Bruxelles ce samedi 10 mars, à magne, puis avec le grade de colonel, ont la douleur de faire part du décès de l’âge de vingt-neuf ans. en 1965, il est à la tête du 3e régiment leur mère et grand-mère, d’infanterie de marine, à Vannes « Notre génération n’a pas eu la mal- (Morbihan). En 1967, il devient Monique DRAKE del CASTILLO, chance de se tromper. Qu’avons-nous conseiller militaire à l’ambassade de artiste dramatique, vécu ? Quel est notre héritage, qu’avons- nous à faire avec ça ? » (J.-C. Lauwers, à France à Dakar (Sénégal), avant survenu le 13 mars 2001, à Paris. l’occasion de la mise en scène de Such a d’être affecté à Versailles jusqu’en bad experience never again, en 1994). 1971, date à laquelle il fait valoir ses Pensez à elle. droits à la retraite pour entrer dans Dans sa très courte vie, il aura, lui, vécu Cet avis tient lieu de faire-part. une société privée. en donnant par son théâtre une réponse à ces questions. Titulaire de la croix de guerre 1939- 11, rue Caulaincourt, 1945 et des théâtres d’opérations ex- 75018 Paris. Sa femme, térieures, de la médaille de la Résis- Sa famille, tance et de la Silver Star américaine, – Philippe et Richard Dreyfus, Ses amis proches. le colonel Guy Le Coniac de La Lon- ses petits-enfants, grays était commandeur de l’ordre Marion et Nicolas Dreyfus, 8, place des Chasseurs-Ardennais, 1030 – Bruxelles. national du Mérite et commandeur ses arrière-petits-enfants, ont la douleur de faire part du décès de de la Légion d’honneur. Mme DREYFUS-FOURMAN, – La famille et les proches Jacques Isnard née Simone LEVY, ont la tristesse de faire part du décès de survenu à Paris, le 13 mars 2001, à l’âge René-Georges Hector LEUCK, de quatre-vingt-treize ans. a PAUL FALK-VAIRANT, physicien, survenu le 10 février 2001, dans sa est mort vendredi 9 mars à Chantilly L’inhumation aura lieu samedi 17 mars, soixante-sixième année. (Oise) à l’âge de soixante-dix-neuf à 11 heures, au cimetière du Montparnasse ans. Il avait contribué à développer la (entrée principale). La crémation a eu lieu au cimetière du Père-Lachaise. physique des particules en France. Né Ni fleurs ni couronnes. le 21 avril 1921 à Genève, Paul Falk- Une messe d’adieu sera célébrée le Vairant, après des études à l’École po- Cette annonce tient lieu de faire-part et 24 mars, à 17 heures, en l’église Saint- de remerciements. lytechnique fédérale de Zurich, passe Roch, Paris-1er. sa thèse en 1947 à l’Institut du radium de Paris, avant d’entrer au CNRS, puis – On nous prie d’annoncer le décès de Nous remercions tous les amis de se de poursuivre ses recherches au joindre à nous. Emmanuel FAUCONNIER, centre de Saclay (Essonne) du CEA et Des dons peuvent être faits à l’Institut à l’université. En 1967 , il est nommé survenu le 13 mars 2001, à l’âge de Curie, 26, rue d’Ulm, 75248 Paris professeur à la Faculté des sciences de cinquante ans. Cedex 05. Paris, où il implante une équipe de re- L’équipe soignante du professeur cherche qui deviendra par la suite le Rodriguez, le docteur Point, ainsi que les – Le président Laboratoire de physique nucléaire et infirmiers Mabel Sciarratta et Olivier du conseil d’administration, Zinetti ont toute notre gratitude. hautes énergies (LPNHE). Il dirige Le directeur général, également deux groupes de physi- Et l’ensemble du personnel ciens, à Orsay et à Saclay. Au début de l’Institut de recherche –Mme F. Agard, des années 1970, Paul Falk-Vairant pour le développement (IRD), ses enfants et petits-enfants, ont la grande tristesse de faire part du me prend la direction de la recherche au M M.-L. Decaulne, décès de ses enfants et petits-enfants, CERN de Genève, avant de devenir, Sa famille, de 1981 à 1987, directeur scientifique Christian GEFFRAY, Ses ami(e)s, adjoint de l’Institut national de phy- anthropologue, ont la tristesse d’annoncer le décès de directeur de recherche à l’IRD, sique nucléaire et de physique des particules (IN2P3) du CNRS. survenu le 9 mars 2001, et s’associent à la Jeanne RONZY. peine de sa famille et de ses collègues. Les obsèques ont eu lieu dans l’intimité. (Le Monde du 14 mars) Cet avis tient lieu de faire-part.

– La famille Heckmann, La famille Bâ, Ses amis, CARNET DU MONDE Le cercle Amadou Hampâté Bâ, ont la tristesse de faire part du décès de Fax : 01-42-17-21-36 Mme Hélène HECKMANN, Téléphone : légataire littéraire d’Amadou Hampâté Bâ, 01-42-17-39-80 survenu le vendredi 2 mars 2001. 01-42-17-38-42 Selon sa volonté, les obsèques ont eu 01-42-17-29-96 lieu dans l’intimité. e-mail:[email protected] Cet avis tient lieu de faire-part. 36 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 EN VUE a Le seul condamné à mort Les armées françaises à court de pièces de rechange gracié par le gouverneur George W. Bush vient de mourir dans sa prison de Huntsville au Texas. Dossiers en souffrance, commandes en retard, stocks insuffisants de pièces détachées : a La Bundeswehr s’intéresse 40 % du parc aérien militaire est périodiquement immobilisé, selon la revue spécialisée « Air & Cosmos » à une arme laser susceptible de mettre hors de combat DANS LE TEMPS, on a prétendu – vient d’être créée, sous le nom de rents, qui effectuent chaque année cation des missions extérieures qui les hommes sans les tuer. imprudemment – qu’il ne manquait Structure intégrée du maintien en 500 000 heures de vol et nécessitent ont usé prématurément les équipe- pas un bouton de guêtre aux armées conditions opérationnelles des maté- 700 000 pièces différentes », observe ments. Conséquences, « les stocks se a Le conseil de surveillance françaises. Aujourd’hui, les carences riels aéronautiques de la défense Air & Cosmos, avec un budget global sont épuisés, les contrats non renouve- des tribunaux du comté de Los sont légion. Faute de pièces déta- (Simmad), pour remédier à ces dys- de 7 milliards de francs. lés ont suffi à clouer au sol des dizaines Angeles ordonne : « Les enfants chées et de stocks de rechanges, le fonctionnements alarmants. « En cinq ans, explique le général d’avions ». arrêtés en possession d’armes parc aérien militaire est, en partie, Thouverez à la revue, une grosse par- Les spécialistes de la Simmad ont seront conduits à la morgue rendu indisponible en France. Des « INDISPONIBILITÉ LOGISTIQUE » tie du parc militaire a vu son taux de identifié 20 000 commandes en pour assister à une autopsie. » avions et des hélicoptères, dans les A plusieurs reprises, fin 2000, des disponibilité tomber de 75 % à 60 %. retard sur les trois dernières années. trois armées et la gendarmerie, sont rapporteurs parlementaires ont eu Ainsi, ce sont en moyenne 25 à 30 Mira- « De ce seul fait, commente Air & Cos- a Avant de découvrir chez lui un cloués au sol en attente des répara- l’occasion de signaler, pour la dénon- ge 2 000 qui sont cloués au sol par mos, c’est 15 % du parc qui est classé arsenal, des insignes hitlériens tions qui les rendront opérationnels. cer, l’indisponibilité de nombreux manque de rechanges. » La raison ? en indisponibilité logistique, soit l’équi- et une photographie de sa fille Ce constat, que la majorité des matériels militaires dans l’armée de « Toute une série de marchés de main- valent de 300 aéronefs en attente de âgée de six mois enroulée dans armées dans le monde laissent géné- terre et l’armée de l’air. On ne les a tien en conditions opérationnelles rechanges » dans les trois armées et un uniforme nazi, un Luger à ses ralement dans un flou artistique, est guère pris au sérieux. Cette fois, com- n’ont pu être passés à temps », selon la gendarmerie. Et ce n’est pas tout. côtés, les policiers new-yorkais dressé par l’hebdomadaire spécialisé me le relate Air & Cosmos, c’est le et qui juge « pressant » le besoin de Air & Cosmos qui met cette situation A ces retards dans les rechanges, il avaient interpellé dans un parc Air & Cosmos. Dans son dernier directeur de la Simmad en personne, sortir de la crise. « La Simmad gère au passif des réformes des armées et faut ajouter « les réparations et les visi- Michael Kneitel, qui s’exerçait numéro, le magazine consacre un le général de division aérienne un parc aérien de 2 150 aéronefs (avi- des restructurations industrielles tes techniques qui portent à 40 % le au tir sur un portrait article détaillé à une nouveauté qui Patrick Thouverez, qui s’en inquiète ons et hélicoptères) de 80 types diffé- depuis 1996, sans oublier la multipli- taux global d’indisponibilité pour l’en- de sa belle-mère. semble du parc », dès lors que tout matériel en dépannage doit être a Rachel Myers de DANS LA PRESSE de danser la politique, de la faire entre nations européennes, embar- cher à soi-même pour s’exposer, immobilisé. Forethought.com, service chanter, de l’arracher à ses semel- gos décrétés à l’encontre du Vieux déranger et traquer le réel derriè- Si , les premiers effets de préparation de funérailles LE NOUVEL OBSERVATEUR les de plomb, à ses contraintes Continent, les légitimes mesures re les apparences. Ainsi la créa- de la remise en ordre des marchés se en ligne, a déclaré, mercredi Jacques Julliard socio-économiques. C’est ici que de précaution recouvrent aussi de tion culturelle authentique est- feront sentir en fin d’année 2001 ou à 14 mars, à Las Vegas, a Les Français n’ont jamais aimé le radicalisme militant, chantant, profonds réflexes d’égoïsme qu’il elle, sans doute, la meilleure l’horizon 2003 selon les cas. à la convention annuelle leurs partis et saisissent tradition- alternatif des nouveaux mouve- convient de surmonter. Seule en arme contre l’opacité, l’injustice Ce n’est pas avant l’été 2002, de l’Association des cimetières nellement l’occasion des munici- ments sociaux rejoint dans ses effet une grande solidarité entre ou une omerta confortable sur le cependant, que la Simmad sera appe- et des services funéraires : pales pour le leur faire savoir. En composantes vitales le radical- les générations, entre les pays sens de la vie. Peu de livres répon- lée à veiller, aussi, au maintien en « Ces dernières années, Internet revanche, ils adorent l’homme poli- socialisme murmurant et rouspé- européens et entre les citoyens dent aussi bien à cette définition conditions opérationnelles des muni- a été risqué pour de nombreuses tique du coin, toujours disponible : teur de la France profonde. Ce lent permettra d’apporter une réponse que Le Procès, de Kafka, où Jose- tions adaptées aux avions et aux héli- personnes, pas pour nous. » c’est le consumérisme munici- soulèvement de la France contre adéquate à ce qui apparaît de plus ph K. conclut avant de mourir : coptères. « Du fait de leur spécifici- pal. Quiconque bénéficie de la ses élites traditionnelles, commen- en plus comme une catastrophe « Le mensonge devient l’ordre du té », note Air & Cosmos. En la matiè- a « L’astronautique a-t-elle été faveur des appareils, de la complai- cé en 1968, se continue inexorable- économique. monde. » Le voici : nous sommes re, un travail de Titan attend la Sim- créée pour les caprices des riches sance des médias et de l’engoue- ment, dans la durée géologique. tous les acteurs du monde qui se mad. Parce que, de tradition, les ou pour ouvrir de nouveaux ment de Paris est regardé d’un sale L’EXPRESS fait, mais aussi ses premières vic- armées françaises font des écono- horizons à l’humanité ? », œil. Le peuple aime bien qui ne LCI Denis Jeambar times, car il ne cesse de nous mies sur ce secteur et que, comme s’interroge le professeur dépend que de lui. Tous les six ans, Pierre-Luc Séguillon a Nouveau terrain de jeu du pou- échapper. Les mutations en les opérations dans les Balkans l’ont Sergueï Kapitsa, scientifique les municipales, c’est l’affirmation a Devant le risque d’une propaga- voir, véritable marché, la culture cours sont à la fois notre œuvre montré, elles sont toujours à court russe, à propos du vol payant des citoyens contre les pouvoirs, tion fulgurante de la fièvre aph- est devenue une telle entreprise et notre croix tant elles nous de munitions quand le besoin s’en dans l’espace du milliardaire l’heure de gloire de la politique teuse, la tentation est grande du économique qu’on finit par dépassent et nous déclassent. Ce fait sentir, au point de devoir en qué- américain Dennis Tito. râleuse, antiparisienne, modeste, chacun pour soi. Exploitations oublier la vocation première de constat acide est aujourd’hui mis mander à leurs alliés pour remplir exaltée par le philosophe Alain et agricoles mises en quarantaine, l’acte artistique. Il n’est pourtant en scène à l’Opéra Bastille, avec leur mission. a Mercredi 14 mars à Kiev, par le radicalisme des coteaux barrières érigées entre villages, pas d’exercice plus essentiel (et la création de K... de Philippe cent opposants au « régime modérés (...). On rêve aujourd’hui frontières étanches restaurées plus difficile) car il exige de s’arra- Manoury. Jacques Isnard sanguinaire » du président ukrainien Leonid Koutchma se sont piqué le doigt SUR LA TOILE avec une aiguille pour lui offrir www.cs.cmu.edu/~dst/DeCSS/Gallery un verre de sang. NOMS DE DOMAINE a En vertu d’un accord passé avec a Mikhaïl Gorbatchev, jardinier Des universitaires de renom favorisent la diffusion des logiciels de décryptage et de copiage des DVD le gouvernement des Etats-Unis, à ses heures, a donné son nom la société américaine VeriSign, qui à Maxilaria gorbatschowii, une LA MPAA (Motion Picture Asso- activer le logiciel, schémas décri- a racheté le registre central des orchidée rouge vif ciation of America), qui regroupe vant le processus d’attaque du noms de domaines internationaux des Andes boliviennes. toutes les Majors d’Hollywood, lut- DVD… Pour varier les plaisirs, le en .com, .net et .org, devait cesser te sans relâche contre la diffusion DeCSS est aussi disponible en ver- ses activités de vente de noms de a Mercredi 14 mars, des du DeCSS, logiciel pirate permet- sion sonore : lu, chanté a capella ou domaine pour éviter une situation gardiens de la prison de tant de déverrouiller les DVD- avec accompagnement, et même de monopole, Or, VeriSign a fait Freetown, en Sierra Leone, tirent vidéo, afin de visionner les films sur transposé directement en musique une contre-proposition à l’Icann, en l’air pour intimider des tous types d’ordinateurs et de faire numérique. association désormais chargée de détenus qui s’opposent à une des copies illicites. Or bien qu’elle M. Touretzky propose égale- contrôler ce secteur : elle souhaite fouille : les rues sont désertées, ait remporté plusieurs procès con- ment le code-source sous forme se débarrasser des .net et .org, les commerçants baissent tre des sites distribuant le DeCSS, cryptée : en code-barre, en ruban mais conserver le droit de vendre leurs rideaux, les écoles elle n’a pas su empêcher sa prolifé- perforé, inséré dans le code d’une des .com. Plusieurs sociétés con- ferment leurs portes aussitôt. ration à grande échelle. En plus des image numérique ou d’un autre currentes ont aussitôt protesté hackers du monde entier, elle doit document technique. Enfin, il contre ce projet . – (Reuters.) a Le tribunal de première désormais affronter des profes- publie le code du Qrpff, nouveau instance d’Imintanout, au seurs des plus grandes universités logiciel doté des mêmes fonctions, HACK Maroc, adresse un blâme, américaines, qui considèrent que la qui ne comporte que sept lignes de a Un garçon de quinze ans a été après dix mois d’instruction, libre circulation de l’information code – un minuscule message que arrêté dans le Michigan pour aux écoliers de Sidi Bouzi scientifique doit avoir priorité sur l’on peut facilement insérer n’im- avoir pénétré au moins trois ser- dénoncés par leur maître pour les intérêts des multinationales du porte où. veurs de la NASA et du ministère le vol d’une boîte de craies. show business. il « expose » le DeCSS sous toutes DeCSS sur support inerte : cahiers Le 5 février, après de longues hési- de l’énergie, et altéré le contenu David Touretzky, professeur d’in- les formes imaginables. Son but est d’étudiants, tee-shirts et cartes de tations, la MPAA a envoyé une let- de leurs sites Web. Dans ses mes- a Mardi 13 mars, un désespéré formatique à l’université Carnegie simplement de rappeler qu’un logi- vœux sur lesquels le code a été tre d’avertissement à M. Touretzky. sages, il faisait référence au grou- s’est jeté du haut de la falaise Mellon de Pittsburg (Pennsylva- ciel n’est pas autre chose qu’une sui- imprimé ; graphiques et logos réali- Il lui a répondu dès le lendemain, pe de hackers Electronic Souls. Il a dite de Shakespeare à Douvres nie), est l’un des leaders de ce mou- te de caractères, un « texte » proté- sés à partir des caractères qui le en la mettant au défi de trouver les été maintenu en détention en pour atterrir vivant sur un vement informel. Après avoir témoi- gé par les lois sur la liberté d’expres- composent ; poèmes dans lequel il arguments juridiques pour censu- attendant une audience prélimi- ressaut herbeux où l’attendait gné en tant qu’expert au procès sion. En plus du code-source en dif- est mélangé à des vers libres ; des- rer des documents scientifiques naire devant un tribunal pour un cadavre en décomposition. d’un groupe de hackers poursuivis férents langages informatiques, cription mathématique de l’algorith- publiés sur un serveur universitaire. enfants, prévue pour le 28 mars. par la MPAA, il a créé sur le serveur M. Touretzky publie une trentaine me, description en anglais courant – (AP.) Christian Colombani de son université une « galerie » où de représentations écrites du des commandes à effectuer pour Yves Eudes www.electronicsouls.8m.com

F par Abonnez-vous au pour seulement 173 mois Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex par Luc Rosenzweig F A la mode Oui, je souhaite recevoir Le Monde pour 173 (26,37a) par mois par prélèvement automatique. ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : IL Y A quelques années, avec re un sacré effort d’imagination de la PJ, dont le haut devient un Adresse : l’arrivée du câble, nous avions pour se projeter, à peine sorti de paletot, et le bas, séparé du reste Code postal : Localité : découvert avec ravissement Paris cet hiver-ci dans le prochain, sans comme par un coup de massicot, Offre valable jusqu’au 31/12/2001 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 101MQPA1 Première et son parti pris de pré- avoir eu la moindre idée ou sensa- se transforme en minijupe lais- senter in extenso les défilés des tion de l’été ayant existé entre les sant le nombril apparent. Par-des- Autorisation de prélèvements N° NATIONAL D'ÉMETTEUR ORGANISME CRÉANCIER : LE MONDE grands couturiers, sous la houlet- deux. Mais la mode a ses lois, et sous, nous indique Marie-Christia- N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 J'autorise l'établissement teneur de te vigilante et compétente de celles qui différencient, par exem- ne Marek, « le micropull laisse mon compte à effectuer sur ce dernier TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER Marie-Christiane Marek. Les cir- ple, les collections dites de entrevoir la nudité des seins ». les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... constances nous ont tenu long- prêt-à-porter de celles dites de Nous ne savons pas s’il faut être au journal Le Monde. Prénom ...... temps éloigné de ces falbalas, haute couture, nous échappent ravi ou fâché d’entendre dire par N° ...... rue ...... vers lesquels nous nous sommes en grande partie, car les vête- cette même papesse du chiffon Je resterai libre de suspendre provisoire- Code postal Ville ...... …...... naturellement retourné lorsque ments qui nous furent montrés ce que « le blouson en jean doublé de ment ou d’interrompre mon abonnement à se fit sentir en nous une certaine soir-là étaient prêts à tout, sauf à vison blanc créé par Jean Paul est tout moment. NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) lassitude du débat municipal. être portés. devenu le basique dont nous rêvons Date :...... Paris Première est devenue entre- Imaginez un tailleur pour hom- toutes ». Tout dépend, en fait, de Signature : ...... temps la chaîne dont on parle, mes, parti en voyage, dont la vali- notre situation vis-à-vis de la N° ...... rue ...... même si on ne la regarde pas, et se contenant l’ensemble de ses dame désirant réaliser ce rêve, Code postal Ville ...... Marie-Christiane Marek serait modèles serait malencontreuse- financeur ou simple admirateur. aujourd’hui, nous rapporte-t-on, ment tombée sur la voie du che- Tout cela nous remet en mémoi- IMPORTANT : merci de joindre un relevé DÉSIGNATION DU COMPTE A DÉBITER Code Etablissement Code Guichet N°de compte Clé RIB une sorte d’arbitre des élégances min de fer. Un rapide arrive en re cette vieille blague juive de d’identité bancaire ou postal, à votre autorisa- médiatiques dotée d’un pouvoir trombe, et notre ami Jean Paul Moshe allant faire une visite à son tion. Il y en a un dans votre chéquier. considérable… Gaultier, passant là par hasard, copain fripier Yossele. « Mais, s’of- Pour tout renseignement concernant le portage à domicile, le prélèvement automatique, les tarifs d’abonnement, etc : Mercredi soir était donc présen- récupère les vêtements, qu’il rafis- fusque-t-il en voyant la marchandi- Téléphonez au 01.42.17.32.90 de 8h30 à 18h du lundi au vendredi. tée la collection automne-hiver tole avant de les accrocher aux se proposée, ces habits sont immet- Pour un changement d’adresse ou une suspension vacances, un numéro exclusif : 0 803 022 021 (0,99FTTC/min) 2001 de prêt-à-porter créée par épaules de ses charmants manne- tables ! » Imperturbable, Yossele “Le Monde” (USPS=0009729) is published daily for $ 892 per year “Le Monde” 21, bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at Jean Paul Gaultier. Avant toutes quins. Cela donne, par exemple, répond : « Tu sais bien, Moshe, c’est Champlain N.Y. US, and additionnal mailing offices, POSTMASTER : Send address changes to IMS of N.Y. Box 15-18, Champlain N.Y. 129191518 Pour les abonnements souscrits aux USA : INTERNATIONAL MEDIA SERVICE, Inc. 3330 Pacific Avenue Suite 404 Virginia Beach VA 23-451-2983 USA-Tél. : 800-428-30-03 choses, remarquons qu’il faut fai- un trench-coat modèle inspecteur pas pour mettre, c’est pour vendre.» RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / 37 JEUDI 15 MARS GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

14.50 La Kermesse des aigles aa DÉBATS DOCUMENTAIRES MUSIQUE George Roy Hill (Etats-Unis, 1975, TÉLÉVISION ARTE v.o., 105 min) &. Ciné Cinémas 3 21.35 et 22.25 Thema. Une nouvelle 20.15 La Vie en feuilleton. [4/6] . Arte 20.20 Chopin. Valse posthume en la mineur. 19.00 Voyages, voyages. La Bolivie. agriculture pour l'Europe ? Avec Brigitte Engerer, piano. Mezzo 15.45 Blonde Vénus aaa TF 1 19.45 Météo, Arte info. 20.30 Missions aériennes Josef von Sternberg (Etats-Unis, 1932, Invités : Renate Künast ; Lutz Ribbe ; 21.00 Messe glagolitique, de Janacek. & 16.40 Les Dessous de Palm Beach 20.15 La Vie en feuilleton. François Dufour ; Anton Fortwängel ; au Vietnam. Planète v.o., 90 min) . Ciné Classics Par l'Orchestre et les Chœurs aa 17.35 Sunset Beach. Cinq filles et une balance. Luc Guyau. Arte 20.46 Thema. de la Philharmonie tchèque, 16.15 Kids Return Les noces et autres aventures. Une nouvelle agriculture dir. Vaclav Neumann. Muzzik Takeshi Kitano (Japon, 1996, 18.25 et 1.20 Exclusif. 20.45 Thema. Une nouvelle agriculture 22.30 Bibliothèque Médicis. 105 min) &. Cinéfaz La politique étrangère française pour l’Europe. Adieu veaux, vaches. 19.05 Le Bigdil. pour l'Europe ? L'Épidémie subventionnée. 22.30 Lionel Hampton aaa face à la mondialisation. 18.05 Mouchette 20.00 Journal, Météo. De quoi j'me mêle ! L'Alternative bio. Arte and His Orchestra. Muzzik Robert Bresson (France, 1967, 20.46 Adieu veaux, vaches. Invités : Hubert Védrine ; 80 min) &. Cinétoile 20.55 Julie Lescaut. Le Secret de Julie. 21.35 et 22.50 Une nouvelle agriculture Thomas Sancton ; Zaki Laïdi ; 21.05 Les Peuples du temps. [2/5]. TV 5 22.35 Soirée flûte. Pièces pour flûte, cordes et piano, de Debussy. 19.10 Fin août, début septembre aa 22.45 Made in America. pour l'Europe ? Débats. Monique Canto-Sperber. Public Sénat 22.05 Histoire de la musique Les Visiteurs de la nuit. 22.20 L'Épidémie subventionnée. Avec Michel Moraguès, flûte ; Olivier Assayas (France, 1999, % à travers ses instruments. Mezzo Gérard Caussé, alto ; 110 min) &. Cinéstar 2 Téléfilm. Jorge Montesi . 23.10 L'Alternative bio. aa MAGAZINES 22.20 Compay Segundo, Isabelle Moretti, harpe ; 20.30 Farrebique aaa 0.30 Vol de nuit. 23.55 Dans la nuit Henri Demarquette, violoncelle ; Georges Rouquier (France, Film. Charles Vanel. une légende cubaine. Planète 18.30 Nulle part ailleurs. Claire Désert, piano ; 1946, 95 min). Festival FRANCE 2 1.10 Hana-bi, feux d'artifices aa Invités : Guillaume Canet ; 22.35 Chroniques d'Hollywood. Laurent Korcia, violon ; aa Film. Takeshi Kitano (v.o.) ?. Antoine de Caunes. Canal + François-Frédéric Guy, piano. Mezzo 20.45 Pulp Fiction Coups publicitaires Quentin Tarantino (Etats-Unis, 1994, 17.00 Des chiffres et des lettres. 19.30 Rive droite, et attractions. Histoire 23.45 Faisons un opéra ! 150 min) ?. Cinéstar 1 17.35 Viper. M6 23.15 Le Tunnel sous la Manche. Par le Birmingham Symphony Chorus aa 18.25 Tutti frutti. rive gauche. Paris Première et le Symphony Youth Chorus, 20.55 Abyss & [2/3]. Planète James Cameron (Etats-Unis, 1989, 19.15 Qui est qui ? 17.55 Highlander . 21.00 Envoyé spécial. chef de chœur : Simon Halsey. Mezzo % & 0.15 Passé sous silence. 170 min) . France 3 19.50 Un gars, une fille. 18.55 Buffy contre les vampires . Bhopal : un nuage dans la nuit. aa La liste Golda. France 3 21.00 Golgotha 20.00 Journal, Météo. 19.50 I minute, Le Six Minutes, Météo. Les pacsés de l'an I. TÉLÉFILMS Julien Duvivier (France, 1935, 20.10 Une nounou d'enfer &. Un bébé à trois. France 2 0.45 Kaboul, au bout & 21.00 Envoyé spécial. 95 min) . Histoire 20.45 Décrochages info, Passé simple. du monde. Histoire 20.35 Tycus, la dernière météorite. aa Bhopal : un nuage dans la nuit. 23.10 Comme au cinéma. John Putch %. Canal + 22.55 Trois Ponts sur la rivière Les pacsés de l'an I. 20.55 Jack et Sarah Le cinéma fantastique : 22.45 Les Visiteurs de la nuit. Jean-Claude Biette (France, 1998, Post-scriptum : Un bébé à trois. Film. Tim Sullivan &. la technologie au service du rêve. SPORTS EN DIRECT 115 min) &. Cinéstar 2 Jorge Montesi %. TF 1 23.10 Comme au cinéma. 22.55 Toutes les télés. Invités : Sandrine Bonnaire ; 20.30 Basket-ball. SuproLigue Le cinéma fantastique : 0.15 Wolff, police criminelle %. Patrick Timsit ; Vincent Lindon ; re e la technologie au service du rêve. Guillaume Canet. France 2 (1 phase, Groupe A, 18 journée) : SÉRIES Panathinaïkos - Asvel. Eurosport 1.15 Journal, Météo. 23.15 Le Club. 19.25 Hill Street Blues. RADIO 21.00 Football. Coupe de l'UEFA. & Jean-Jacques Annaud. Ciné Classics Quart de finale. Match retour : La vengeance . Monte-Carlo TMC FRANCE 3 0.05 Courts particuliers. Liverpool - FC Porto. Pathé Sport 19.50 et 23.45 Tequila et Bonetti. & 16.35 MNK, A toi l'actu@. FRANCE-CULTURE Niels Tavernier. Paris Première 22.10 Tennis. Tournoi féminin d'Indian Le langage du cœur . Série Club re 17.50 C'est pas sorcier. Wells (1 demi-finale). Eurosport 20.15 Friends. [2/2]. 20.30 Fiction 30. Lucien, d'Yves Ferry. 0.30 Vol de nuit. 18.15 Un livre, un jour. Invités : Stéphane Loisy ; 0.45 Tennis. Masters Series. Celui qui était à Las Vegas. RTL 9 21.00 Le Gai Savoir. Françoise Champion, Philippe Maurice ; Stéphane Bosano ; Tournoi messieurs d'Indian Wells 20.40 Buffy contre les vampires. 18.20 Questions pour un champion. sociologue des religions et de la laïcité. Nadine Trintignant. TF 1 (4e jour). Pathé Sport Alias Angelus (v.o.) %. Série Club 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. 22.12 Multipistes. 20.10 Consomag. 22.30 Surpris par la nuit. Papillon d'hiver. 20.15 Tout le sport. 0.05 Du jour au lendemain. 20.25 Tous égaux. Alain Prochiantz (Machine-Esprit). 20.55 Abyss aa 0.40 Chansons dans la nuit. Film. James Cameron %. 1.00 Les Nuits. 23.45 Météo, Soir 3. France 3 France 3 TF 1 0.15 Passé sous silence. FRANCE-MUSIQUES 23.30 My Son the Fanatic a La liste Golda. 20.55 Abyss aa 0.15 La Liste Golda 0.30 Vol de nuit Udayan Prasad. Avec Om Puri, 20.00 Concert. Rachel Griffiths (Grande-Bretagne, Donné le 3 mars, au Grand-Théâtre Un sous-marin nucléaire tombe au Du massacre des athlètes israé- Après s’être rendu la semaine der- 1996, v.o., 85 min) &. Ciné Cinémas 3 CANAL + aa de Bordeaux. Till Fellner, piano. fond d’un gouffre à la suite d’un liens aux JO de Munich, en 1972, à nière sur France 2, s’être montré 23.55 Les Fleurs de Shanghaï 16.40 Le Projet Blair Witch a Œuvres de Schumann, Holliger, Hou Hsiao-Hsien (Taïwan, 1998, Brahms. accident bizarre. Les sauveteurs ne l’assassinat, à Paris en 1992, d’un sur LCI, Canal + et Paris Première, & Film. Daniel Myrick 110 min) . Cinéfaz et Eduardo Sanchez ?. 22.00 Jazz, suivez le thème. trouvent aucun survivant. Mais agent palestinien, juste avant le Philippe Maurice (condamné à aa 23.55 Dans la nuit f En clair jusqu'à 19.00 Summertime. une créature mystérieuse et protéi- processus de paix, Arnaud Hame- mort pour le meurtre d’un policier Charles Vanel (France, 1929, & 23.00 Le Conversatoire. 75 min). Arte 18.00 Les Griffin . forme se manifeste. Affrontement lin et Emmanuel François retra- à la fin des années 1970, condamna- 0.10 Le Laitier de Brooklyn aa 18.30 Nulle part ailleurs. de la technologie et du fantastique. cent les vingt ans d’une guerre tion commuée en 1981 en peine de Norman Z McLeod (Etats-Unis, 1946, 20.35 Tycus, la dernière météorite. RADIO CLASSIQUE & % Une atmosphère impressionnante menée, dans l’ombre, par Israël prison presque à vie – 23 ans – du v.o., 110 min) . Cinétoile Téléfilm. John Putch . 20.40 Les Rendez-vous du soir. 0.50 Désiré aa 22.10 Cours toujours Degas et les musiciens. pour un fabuleux film de James contre l’OLP, terrorisme contre ter- fait de la grâce accordée par Fran- & Sacha Guitry (France, 1937, Film. Dante Desarthe . 22.50 Les Rendez-vous du soir (suite). Cameron, assorti d’une fable philo- rorisme. Dommage que le titre, çois Mitterrand) s’entretient ce 95 min) &. Ciné Classics 23.40 Vive nous ! & Académies musicales de Saintes 2000. sophique, interprété par Ed Harris rappelant La Liste de Schindler, soit soir avec Patrick Poivre d’Arvor 1.10 Hana-bi, feux d'artifices aa Film. Camille de Casabianca . Enregistré le 19 juillet 2000. Takeshi Kitano (Japon, 1997, v.o., 1.20 Colorado aaa Œuvres de Rorem, Sigurbjörnsson, et Mary Elizabeth Mastrantonio. abusif et de mauvais goût. pour son livre, De la haine à la vie. 105 min) ?. Arte Film. Sergio Sollima (v.o.) ?. Crumb.

VENDREDI 16 MARS GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 18.30 L'Actors Studio. MUSIQUE TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE Susan Sarandon. Paris Première 21.05 Hip hop, Rap, Tags, 18.30 Les Leçons de musique 17.25 Weber. L'Ouverture d'« Obéron ». 13.45 et 18.35 Le Journal de la santé. TF 1 cultures de banlieues ? Forum de Leonard Bernstein. Enregistré en 1997. 14.05 Lorsque le monde parlait arabe. Par l'Orchestre de la Radio-télévision 22.05 Quand une femme Hallucinations musicales. Mezzo suisse italienne, 13.55 Les Feux de l'amour. 14.35 La Cinquième rencontre. 16.00 Consommateurs, si vous saviez. aime une femme. Forum 19.00 Biographie. dir. Serge Baudo. Mezzo 14.50 Le Choix d'un père. Lawrence d'Arabie. Chaîne Histoire 19.30 Classic Archive. Téléfilm. Christopher Cain. 16.30 Les Écrans du savoir. 23.05 Musique sacrée, e 19.15 Les moines signent Avec B. Moisewitsch, piano. Mezzo 16.40 Les Dessous de Palm Beach. 17.35 100 % question 2 génération. sacrée musique. Forum chez Virgin. Planète 19.35 Willie Dixon. Denver, 1984. Muzzik 17.35 Sunset Beach. 18.05 L'Enfant de la nuit. 18.25 et 1.10 Exclusif. 18.55 Météo. MAGAZINES 19.55 Les Mystères de l' Histoire. 22.20 Nice Jazz Festival 2000. Le septuor Tanks, une arme de Thierry Maillard. Muzzik 19.05 Le Bigdil. 19.00 Tracks. 13.55 C'est mon choix. France 3 prodigieuse. La Chaîne Histoire 22.30 Mendelssohn-Bartholdy. 20.00 Journal, Météo. 19.45 Météo, Arte info. 20.15 La Vie en feuilleton. 14.35 La Cinquième rencontre. 20.00 Le Kurdistan, les montagnes Quatuor opus 3. 20.40 Du côté de chez vous. Avec Vladimir Stoupel, piano. 20.42 Demain le Sud. Cinq Filles et une balance. Famille / Ecole : Mères adolescentes, de la haine. Odyssée Par le Quatuor Gewandhaus. Mezzo La deuxième chance. être mère et enfant. La Cinquième 20.50 Trafic infos. 20.15 La Vie en feuilleton. 23.00 Debussy. La Mer. 20.45 Meurtrières. 19.00 Nulle part ailleurs. Cinq filles et une balance. 20.55 Les Sept Péchés capitaux. Téléfilm. Pepe Danquart. Enregistré en 1983. Par l'Orchestre & Invités : Philippe Maurice ; La deuxième chance. Arte philharmonique de Berlin, 23.15 C'est quoi l'amour ? . 22.15 Grand format. Christophe Salengro, président- maire 20.30 Des Allemands dir. Herbert von Karajan. Mezzo 13.05 Rien qu'un cœur solitaire aa 0.35 Les Coups d'humour. Ne réveillez pas le chat qui dort. de Groland à l'occasion Clifford Odets. Avec Cary Grant, 23.40 Le Bébé tigré aa des élections Présipales 2001. Canal + contre Hitler. Planète 23.25 Johnny Griffin Quartet. Jazz à Vienne 1998. Muzzik Ethel Barrymore (Etats-Unis, 1944, Film. Rudolf Thome (v.o.). 19.30 Rive droite, rive gauche. 21.00 Guerre et civilisation. v.o., 110 min) &. Ciné Classics FRANCE 2 Best of. Paris Première [8/8]. Le prix de la guerre. Histoire 23.30 Jimi Hendrix. aaa & Atlanta, le 4 juillet 1970. Canal Jimmy 14.15 Victor, Victoria 13.50 Derrick . M6 20.05 C'est la vie. Elles ont renoncé 21.25 Les Mystères de l'Histoire. e Blake Edwards (Etats-Unis, 1982, 15.55 Planque et caméra. 0.30 Musique italienne du XVII siècle. % à la garde de leurs enfants. TSR Les dossiers secrets 135 min) . Ciné Cinémas 1 16.10 En quête de preuves. 13.35 Partie gagnante. de Lénine. La Chaîne Histoire Festival de musique baroque aaa Téléfilm. Jerry London &. 20.40 Thalassa. Au Sénégal. France 3 15.25 Farrebique 16.55 Un livre. d'Ambronay, le 26 septembre 1999. Georges Rouquier (France, 15.15 Les Routes du paradis &. 22.15 Les Mystères de l'Histoire. Hitler et L'ensemble Europa Galante, 17.00 Des chiffres et des lettres. 20.55 Les Sept Péchés capitaux. les sciences occultes. Chaîne Histoire 1946, 90 min). Festival 16.10 M comme musique. Invitée : Claudia Cardinale. TF 1 dir. Fabio Biondi. Mezzo 17.35 Viper. 22.15 Grand format. 15.55 Birdy aa 17.25 Mariés, deux enfants &. 21.00 Rock Press Club. A quoi servent Alan Parker (Etats-Unis, 1984, v.o., 18.25 Tutti frutti. & Ne réveillez pas le chat qui dort. Arte THÉÂTRE & 17.55 Highlander . les rock critics ? Canal Jimmy 115 min) . Cinéfaz 19.15 Qui est qui ? & 22.20 West End Story. aa 18.55 Buffy contre les vampires . 21.50 Recto Verso. Hip-Hopéra. Planète 20.30 Tailleur pour dames. 16.15 Fin août, début septembre 19.50 Un gars, une fille. 19.50 I-minute, Le Six Minutes, Météo. Sandrine Bonnaire. Paris Première Pièce de Georges Feydeau. Festival Olivier Assayas (France, 1999, 20.00 Journal, Météo. 22.25 Fous d'animaux. 105 min) &. Cinéstar 1 20.10 Une nounou d'enfer. 22.55 Paris dernière. Paris Première Mission lamentin. Disney Channel aa 20.50 Point route. 20.43 Météo du week-end. TÉLÉFILMS 16.30 La Guerre des boutons 20.55 La Crim'. La piste aux étoiles. 22.55 Bouillon de culture. 22.35 Les Pretenders. Canal Jimmy Yves Robert (France, 1961, 20.45 Décrochages info, Cinésix. Spéciale Salon du livre : La fabuleuse 21.45 Avocats et associés. L'ogresse %. 22.50 Femmes Ndebele. 19.00 Le Prince et le Souffre-douleur. 90 min) &. Cinétoile 20.55 Graines de star. aventure de la langue française. Syd MacCartney. Disney Channel aa 22.55 Bouillon de culture. Invités : Jean-François Deniau ; Les rites de la rébellion. Odyssée 16.40 Juge et hors-la-loi 23.00 Sliders, les mondes parallèles. 20.45 Meurtrières. John Huston (Etats-Unis, 1972, Spéciale Salon du livre : & Henriette Walter ; Anne Weber ; 23.00 Biographie. Stanley La fabuleuse aventure Un monde d'eau pure . Pepe Danquart. Arte 125 min). TCM Un monde enchanté &. Pierre Rézeau ; & Livingstone. La Chaîne Histoire de la langue française. Jean-Paul Savignac. France 2 20.45 Au-delà de la nuit. 16.55 aaa 0.40 Brooklyn South. Nouveau départ &. 23.45 Le Ciel passionnément. % 0.15 Journal, Météo. 23.05 Si j'ose écrire. Invités : Malika Madi ; Jorge Montesi. . RTL 9 Georges Rouquier (France, 1984, [1/4]. Le rêve de l'hélicoptère. Histoire 95 min). Festival Anouar Benmalek. RTBF 1 23.45 Années 30. 20.55 Les Dessous d'Hollywood. Robert Day. [2/3]. . Monte-Carlo TMC 18.15 Graine de violence aa FRANCE 3 RADIO 23.15 C'est quoi l'amour ? TF 1 L'ordre et l'architecte. Odyssée Richard Brooks (Etats-Unis, 1955, 13.55 C'est mon choix. 23.20 On ne peut pas plaire 23.30 Obsession amoureuse. 95 min) &. Histoire 23.50 Missions aériennes au Vietnam. Daniel Rogosin. ?. TF 6 Les contrôleurs aériens aa 15.00 L'Ombre d'un doute. FRANCE-CULTURE à tout le monde. 20.30 L'Ange bleu Téléfilm. Karen Arthur. Avec Dick Rivers ; Christine Ockrent ; avancés. Planète 0.25 Une clinique au soleil. Josef von Sternberg (Allemagne, 1930, Josée Dayan. Festival 16.35 MNK. 19.30 Appel d'air. Saïd Taghmaoui ; Catherine Marot ; 0.25 Tibet, la fin v.o., 105 min) %. Ciné Classics 20.30 Black & Blue. Laurent Ruquier. France 3 a 17.35 A toi l'actu@. d'une civilisation. Chaîne Histoire COURTS MÉTRAGES 21.00 La nouvelle eve Tous les musiciens maudits 23.45 Howard Stern. Paris Première Catherine Corsini (France, 1999, 17.50 C'est pas sorcier. méritent-ils de l'être ? 95 min). Ciné Cinémas 2 18.15 Un livre, un jour. SPORTS EN DIRECT 0.40 Histoires courtes. Le Plafond. 21.30 Cultures d'islam. DOCUMENTAIRES Mathieu Demy &. France 2 21.00 La Kermesse des aigles aa 18.20 Questions pour un champion. Le prophète de l'islam. 13.30 Biathlon. Coupe du monde. George Roy Hill (Etats-Unis, 1975, 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. & 22.12 Multipistes. 17.10 Nés parmi les animaux sauvages. 7,5 km sprint dames. Eurosport v.o., 105 min) . Ciné Cinémas 3 20.10 Tout le sport. SÉRIES aa 22.30 Surpris par la nuit. Henri Michaux. La nuit du jaguar. Monte-Carlo TMC 15.00 Cyclisme. 22.30 L'Évadé d'Alcatraz 20.20 Mezrahi et ses amis. 0.05 Du jour au lendemain. 17.15 Les Mystères de l'Histoire. Paris - Nice (5e étape) : Berre-l'Etang - 17.25 Mariés, deux enfants. Camarades Don Siegel (Etats-Unis, 1979, & % 20.40 Thalassa. Au Sénégal. Christian Oster (Une femme L'horrible invention du docteur Saint-Raphaël. Eurosport motorisés, unissez-vous. . M6 105 min) . TSR de ménage). aa 22.00 Faut pas rêver. Guillotin. La Chaîne Histoire 19.00 et 3.00 Tennis. Masters Series. 18.55 Buffy contre les vampires. 22.45 La Fille de Ryan Népal : « Artisans du feu des corps ». Dévotion &. M6 David Lean (Grande-Bretagne, 1970, 17.20 Les Voyages d'Alexandre Tournoi messieurs d'Indian Wells & France : Les joueurs en réseau. FRANCE-MUSIQUES (Arizona). 5e journée. Pathé Sport 185 min) . Cinétoile Géorgie : Le thé de Colchide. le Grand. [2/4]. Planète 19.25 Hill Street Blues. aa 20.00 Football. Championnat D 2 : L'espion &. Monte-Carlo TMC 22.50 Go Now 23.00 Météo, Soir 3. 18.00 Le jazz est un roman. 17.35 Alien, l'univers des insectes. Michael Winterbottom (GB, 1996, Lorient - Montpellier. Eurosport 19.07 A côté de la plaque. Croître 20.55 La Crim'. v.o., 90 min) &. Cinéstar 2 23.20 On ne peut pas plaire La piste aux étoiles. France 2 20.05 Concert franco-allemand. et multiplier. Monte-Carlo TMC 23.40 Le Bébé tigré aa à tout le monde. DANSE 21.45 Avocats et associés. Par l'Orchestre symphonique 18.00 La Nomenklatura % Rudolf Thome (Allemagne, 1997, de la Radio de Francfort, L'ogresse . France 2 v.o., 115 min). Arte soviétique. La Chaîne Histoire 21.00 Coppélia. Musique de Delibes. CANAL + dir. Hugh Wolff. Œuvres de Debussy, Chorégraphie de Ninette de Valois. 23.00 Ally McBeal. 0.00 Saludos hombre aa Lalo, R.Schumann. 18.20 Ray Mears, un monde The Musical, Almost (v.o.). &. Téva 13.45 Le Pique-Nique de Lulu Kreutz 22.30 Alla breve. Par le Royal ballet. L'Orchestre Sergio Sollima (Italie, 1968, Film. Didier Martiny &. de survivance. et les Chœurs de Covent Garden, 0.40 Brooklyn South. 120 min) ?. Canal + Vert Cinq pièces pour harpe, 15.20 Surprises. La côte de Coromandel. Odyssée dir. Nicolae Moldoveanu. Mezzo Nouveau départ. &. M6 0.35 Little Buddha aa de Bernard Cavanna. 15.30 Limbo a 22.45 Jazz-club. Bernardo Bertolucci (Fr. - GB, & 1993, 135 min) &. Ciné Cinémas 1 Film. John Sayles . 1.00 Les Nuits. 17.30 Mickro ciné %. f En clair jusqu'à 20.35 RADIO CLASSIQUE 18.00 Les Griffin &. 18.30 Nulle part ailleurs. 18.30 L'Actualité musicale. 20.35 Allons au cinéma ce week-end. 20.40 Les Rendez-vous du soir. Arte TF 6 Ciné Cinémas 2 L'Akademie für alte Musik de Berlin. 21.00 Mrs. Tingle a % Œuvres de Bach, Haendel, Boccherini, 20.15 Cinq Filles et une balance 20.40 Felicity 21.00 La Nouvelle Eve Film. Kevin Williamson . Haydn. On les avait découvertes sur Arte Jolie, aimée de ses parents, bonne Camille, qui a conservé de ses 22.35 Un vent de folie & 22.40 Les Rendez-vous du soir (suite). l’année dernière. Elles avaient com- élève, Felicity a tout pour être heu- rébellions adolescentes un certain Film. Bronwen Hughes . Œuvres de Schumann, Mendelssohn, 0.20 La Vie moderne a Bruch. Par l'Orchestre du Gürzenich mencé leur régime un 31 décem- reuse. Or, sitôt son bac en poche, penchant à râler contre tout et à Film. Laurence Ferreira Barbosa. &. de Cologne, dir. J. Conlon. bre, à l’aube de l’an 2000. Sur la elle part à New York pour suivre tenter des aventures amoureuses, balance, ces cinq femmes dépas- son amoureux, Ben. Après quel- n’est guère satisfaite de sa vie. SIGNIFICATION DES SYMBOLES saient toutes les 100 kilos, et elles ques désillusions, la jeune fille Dans sa dérive, elle croise le che- Les codes du CSA Les cotes des films avaient décidé de perdre du poids rejoindra le foyer familial. Dans la min d’un homme, marié, dirigeant & Tous publics aaa On peut voir ensemble. Les premiers épisodes veine d’« Angela, 15 ans », cette socialiste (Pierre-Loup Rajot). % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer ? aaa du feuilleton de leur régime ont eu série américaine, déjà passée sur Karin Viard défend avec vaillance Accord parental indispensable Chef-d’oeuvre ou classique 0.40 Sonatine, mélodie mortelle aa ? ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + un tel succès outre-Rhin qu’Arte a TF 1, s’intéresse, sans mièvrerie, son personnage au milieu d’un Takeshi Kitano. ! Public adulte DD Dernière diffusion décidé de reprendre le tournage. aux préoccupations existentielles film, réalisé par Catherine Corsini, Avec Takeshi Kitano, Aya Kokumai, ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Tetsu Watanabe (Japon, 1993, v.o., # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants Voici la suite, jusqu’au 23 mars. d’une adolescente attachante. qui ne lui rend guère justice. 90 min) ?. Cinéfaz 38

VENDREDI 16 MARS 2001 L’emploi resterait dynamique en 2001 et 2002 L’essence Z comme... augmente alors par Pierre Georges malgré une croissance moins forte ON NE SAIT, prudence, petits Quelque chose bouillonnait à que le pétrole pas, quelle sera l’issue des cour- Toulouse que Toulouse ignorait ses électorales à Toulouse. Pas peut-être. Quelque chose L’Unedic prévoit au moins 700 000 postes supplémentaires baisse plus qu’ailleurs. Mais ce qu’on d’étrange, de souterrain, comme sait, d’une vague envie, c’est un courant d’envies, de désirs PLACES BOURSIÈRES angois- au quatrième trimestre 2000, soit sivité des allocations se traduiront SITUATION paradoxale : alors qu’on ne doit pas s’ennuyer en d’une autre cité, gouvernée sées ou pas, l’optimisme reste réso- une hausse de 4,5 % (676 100 en effet par une baisse significative que l’OPEP (Organisation des pays cette bataille du Capitole. Pas un autrement, vivant autrement, lument de mise, en France, sur le emplois) sur toute l’année. A l’ave- des excédents du régime : au lieu exportateurs de pétrole) se réunit à seul instant même depuis pensant autrement sa mixité et front de l’emploi, qu’il s’agisse nir, le régime d’assurance-chôma- de 18,4 milliards de francs de Vienne, le vendredi 16 mars, pour qu’une liste étrange, de là-bas et sa jeunesse. d’établir de nouvelles prévisions en ge table néanmoins sur une « bonus » en 2001 et de près de tenter d’enrayer la baisse des cours pourtant d’ailleurs, a inventé la Est-ce le Z de Zebda ? Le Z du 2001 ou de solder les comptes de croissance moins soutenue : 29 milliards en 2002, l’Unedic devra du brut en limitant sa production, campagne en chantant. zèle du chroniqueur à célébrer l’année précédente. Ainsi, le sec- 355 000 emplois supplémentaires se contenter, ces deux années-là, le prix de l’essence en France Tube dans les urnes, tube dans ce qui bouge et bouscule enfin ? teur privé a créé 134 200 emplois (+ 2,3 %) en 2001, 347 000 (+ 2,2 %) de 2,7 milliards et de 2,8 milliards devrait augmenter de 6 à 7 centi- la ville. Les Motivé-e-s et Zebda, Un simple Z d’association (+ 0,9 %) au quatrième trimestre en 2002. d’excédents. mes par litre à compter du 21 mars. leurs troubadours – mais com- d’idées et d’actualité ? En tout 2000, selon les dernières statisti- Mardi, l’ANPE a livré ses propres Cette hausse est due au nouveau ment dit-on troubadours en ver- cas, la tentation vient à l’instant ques publiées, jeudi 15 mars, par le VARIABLE SELON LES RÉGIONS estimations. Selon une enquête réa- mécanisme fiscal de taxe intérieure lan occitan ? – font danser, chan- de parler Zebda et de penser ministère de l’emploi. Sur toute La mise en œuvre du plan d’aide lisée en décembre 2000 auprès de sur les produits pétroliers, dite ter, rire et espérer la politique. zapatistes, sans sous-comman- l’année 2000, l’emploi salarié a au retour à l’emploi (PARE), signé 13 500 entreprises interrogées par « TIPP flottante », adopté dans la loi Ils se sont invités au docte bal dant Marcos évidemment, mais donc progressé de 506 300 postes par le patronat, la CFDT, la CFTC téléphone, 36 % d’entre elles esti- de finances. Tirant les leçons de la des médecins, Doc Douste-Bla- comme en marche dans la Ville (+ 3,6 %). C’est, encore une fois, la et la CGC, devrait cependant per- ment qu’en 2001 leur activité va flambée des prix de l’été, le gouver- zy contre Doc Simon, pour admi- rose pour y défendre tous les meilleure évolution jamais enregis- mettre, assure l’Unedic, de relever progresser donnant lieu, pour 26 %, nement a conçu un mécanisme de nistrer à la ville une médecine à indiens du quotidien. trée depuis trente ans. Le secteur ces taux, jusqu’à « 2,6 % en 2002 » à des embauches. « Les entrepre- stabilisation de cette taxe qui varie leur façon. Les Zebda-zapatistes ont, à tertiaire arrive en tête des créations (soit 65 000 emplois de plus). Grâ- neurs français justifient leur confian- en fonction des cours : elle baisse La politique n’est pas toujours leur manière, et quel que soit le de postes (379 000 supplémentai- ce au PARE, et à sa version prati- ce en l’avenir dans leur propre mar- quand le prix du brent, brut extrait tragique, de cet ennui tragique résultat des courses, pris le Capi- res), devant le secteur industriel que, le « PAP » (projet d’accompa- ché, et pas seulement par la conjonc- de la mer du Nord, monte de 10 % qui lui tient trop souvent lieu tole. Ils ont tourné la gauche sur (66 400) et la construction (60 600). gnement personnalisé), « le chôma- ture, comme c’était le cas les années sur une période de deux mois, mais d’impératif de sérieux. La politi- sa gauche. Les Verts sur leurs Dans le secteur concurrentiel ge baissera à un rythme plus impor- précédentes », explique l’Agence. a contrario elle augmente lorsque que n’est pas champ clos ou jar- vertes espérances. L’extrême (hors agriculture, éducation, santé tant ». En attendant que ces pro- L’optimisme varie selon la région et le cours diminue d’autant. Ce dispo- din de partis. La politique est à gauche sur ses extrêmes dog- et action sociale), le nombre de phéties très politiques – le gouver- la taille des entreprises. De ce point sitif a permis à l’automne 2000 une ceux qui ont décidé de prendre mes. Et ils ont privé la droite salariés s’élève donc à 14 728 600. nement n’a toujours pas officielle- de vue, mieux vaut être une entre- baisse à la pompe de 12 à 13 centi- le parti d’en faire. Même autre- douste-blazyenne, un z encore, Le même jour, l’Unedic, dont le ment agréé le PARE – se réalisent, prise de plus de 200 salariés spéciali- mes par litre. Selon la Fédération ment, même à leur façon. d’une tranquille et pépère trans- champ est légèrement différent la nouvelle convention d’assurance- sée dans les biens d’équipement en française des combustibles et carbu- D’où leur nom peut-être, excel- mission d’héritage. Ils ont sur- puisqu’il englobe la plupart des chômage a déjà un impact sur les Ile-de-France qu’une PME alimen- rants (FF2C), le prix du fioul domes- lemment choisi, en cette période tout, c’est une évidence, amené entreprises publiques et parapubli- comptes du régime. La baisse des taire en Bourgogne… tique devrait augmenter de 9 centi- où l’on postule l’abstention et le leur grain de folie et leur formi- ques, a annoncé une croissance de cotisations et, dans une moindre mes par litre (TTC) et le gazole de désintêret. Motivé-e-s. Mascu- dable envie de sérieux, d’être 1,1 % de l’emploi salarié (163 900) mesure, la suppression de la dégres- Isabelle Mandraud 7,8 centimes par litre. lin, féminin, singulier et pluriel. pris au sérieux, dans le quadrila- Gaffe, voici les candidats chan- tère de la politique réduite aux tants, mais pas seulement chan- espoirs balisés. tants bien sûr, sinon l’entreprise Sont-ils de gauche ? La fusion aurait tenu de la farce, du carna- opérée avec la liste socialiste et val et de la marge ludique. Et elle alliés l’atteste. Leurs électeurs aurait duré ce que dure un spec- du premier tour sont-ils tous de tacle. Motivé-e-s, c’est plus la gauche ? la suite et fin, diman- signature d’un engagement que che, le dira. Mais en toute hypo- d’un show, fût-il réjouissant. thèse, s’ils sont de gauche, c’est Car très vite chacun a pu cons- d’une gauche de l’ailleurs, alter- tater que, derrière les mots des native, hors du recensement chansons, les mots festifs, cette ordinaire et des sentiers battus. joyeuse bande, tout en réalité Ce n’est pas leur moindre chan- sauf une simple joyeuse bande, son. Au-delà du désormais entendait avoir son mot à dire. fameux chant de guerre « Allez Son mot politique s’entend. ouste »… Le Train de l’emploi à Montpellier LORS DE L’ARRÊT à Montpellier, jeudi 15 mars, du Train de l’emploi, une initiative du Monde et de trente-trois grandes entreprises en direction des jeunes diplômés, un sondage Sofres réalisé à cette occasion a souligné que les étudiants de la capitale du Languedoc-Roussillon sont assez critiques sur l’offre de formation de leur région : ils ne sont que 52 % à estimer qu’elle correspond à leurs attentes. D’ailleurs les étudiants et les enseignants de Montpellier-III ont manifes- té, mardi 13 mars, pour protester contre leurs « budgets de misère ». Vendredi 16, le Train de l’emploi s’arrêtera à Lyon, en gare de Perrache, de 10 heures à 19 heures. Washington va retirer 750 GI de Bosnie WASHINGTON. Un responsable à la Maison Blanche a indiqué, mercredi 14 mars, que les Etats-Unis ne remplaceraient pas 750 des 4 400 GI déployés en Bosnie et parvenus en fin de mission dans les forces de maintien de la paix. Il s’agit, a-t-il précisé, d’un ajustement des effectifs en rapport avec les tâches qui leur sont attribuées. Cette décision avait été prise, en son principe, en décembre 2000 par l’administration Clinton. Tous les six mois, les pays qui participent aux opérations dans les Balkans révisent le niveau de leurs engagements. A ce jour, aucune réduction ne concerne les 5 600 GI déployés au Kosovo. L’administration Bush a indiqué, par la voix de Colin Powell, secrétaire d’Etat, qu’elle ne prendrait aucune initiative de retirer ses forces sans en avoir discuté avec les Européens. L’objectif de Washington serait dans l’immédiat de ne pas dépasser les 9 000 hommes dans les Balkans. – (AP.) DÉPÊCHES a ÉGYPTE : quatre touristes allemands, pris en otage depuis lundi 12 mars par un guide touristique égyptien à Louxor, ont été libérés sains et saufs, jeudi 15 mars, après la reddition du guide à la police. Les touristes étaient retenus dans une maison de Kar- nak, un site pharaonique proche de Louxor. Le ravisseur avait ten- té d’utiliser les otages comme moyen de pression dans un diffé- rend qui l’opposait à son épouse, une ressortissante allemande, pour la garde de leurs deux enfants. – (AFP.) a RETRAITES COMPLÉMENTAIRES : syndicats et patronat ont mis en place, mercredi 14 mars, l’Association pour la gestion du fonds de financement (AGFF), la nouvelle structure destinée à financer la retraite à 60 ans sans abattement dans les régimes com- plémentaires, malgré les réserves du gouvernement, de FO, de la CGT et de la CGC sur la validité juridique de son statut. L’AGFF doit remplacer, au 1er avril, l’ASF (Association pour la structure financière) qui a expiré le 31 décembre dernier. Les partenaires sociaux ont retenu, pour l’AGFF, la forme d’une association loi 1901, conformément à l’accord du 10 février signé par le patronat, la CFDT et la CFTC, tandis que le gouvernement plaidait pour un statut d’institut de retraite complémentaire (IRC).

Tirage du Monde daté jeudi 15 mars 2001 : 513 243 exemplaires. 1-3 SPECIAL ALLEMAGNE VENDREDI 16 MARS 2001

LITTÉRATURE BALADE BERLINOISE ESSAIS JEUNESSE Le feuilleton de Pierre Lepape page II pages IV et V Entretien avec le philosophe page VII Panorama historique, p. III Hans-Georg Gadamer, p.XII La jeune génération Heidegger et « l’essence des écrivains berlinois, p.VI de la vérité », p.X HISTOIRE Actualité des parutions en France, p.II à XV L’état des débats outre Rhin, page XIV p.XI

Place Marlene Dietrich sur “ tyrans in nucleo ”. Il ne s’agissait sonnes. Je pensais au Chaplin du la Postdamer Platz pas seulement des nazis. A l’épo- Kid. Mais mon film visait aussi à que, j’avais besoin de cet alibi, mais dépeindre la petite bourgeoisie, est bon est toujours venu de la pro- je crois que cette métaphore est comme un tombeau glauque. Pen- vince : Goethe, c’était Weimar ; aujourd’hui un peu dépassée. dant l’élaboration du film, Grass me Schiller, c’était Stuttgart ; Böll, c’est C’était plutôt un film sur l’adoles- reprochait d’être “ protestant et car- Cologne ; Grass, c’est Dantzig… cence. J’ai continué avec Kleist, tésien ”. Il trouvait qu’à mon scéna- » Heinrich Böll, qui déchirait le Michael Kohlaas, le rebelle (1969), rio, il manquait “ l’irruption irration- voile du silence jeté sur le passé hit- qui contient lui aussi une leçon nelle du temps ”. Qu’avec Jean- lérien, puis s’est engagé contre l’hys- sociale : il dépeint ce qu’il y a d’à la Claude Carrière, nous avions mis térie dans laquelle son pays bascu- fois admirable et effrayant chez un trop d’ordre dans son histoire. C’est lait à l’époque de la bande à Baader, héros allemand, lorsqu’il perd vrai, je suis d’éducation protestan- a marqué cette nouvelle vague de contact avec la réalité au nom de te, et lui, c’est un catholique… très son empreinte. Le premier film de son idéal, comme on le vit plus tard païen ! Il croit à une religion qui Jean-Marie Straub, Les Non-Réconci- avec les terroristes. J’ai tourné Baal, s’enfonce dans la sensualité, le liés (1965), histoire de deux lycéens d’après Brecht, pour la télévision, péché, et qui favorise l’irrationnel. qui se retrouvent trente ans après afin de cerner la germanité anar- A cause de cela, on l’a qualifié de les années troubles du nazisme, est chiste, avec Fassbinder dans le rôle baroque ; moi je dirais plutôt adapté de Böll ; Peter Schamoni a de la bête bavaroise. “barbare”. Grass a inventé un réalis- lui aussi adapté Böll… Heinrich Böll » Que je le veuille ou non, je bai- me burlesque. D’où mes difficultés : était un conteur avant tout, le ciné- gne dans la littérature. Et j’ai choisi je suis porté vers le réalisme, je me ma raconte des histoires, et Böll aussi d’adapter des auteurs vivants, méfie de tout ce qui n’est pas con- afin d’avoir un dialogue trôlable par la raison. avec eux. C’est ma » Même quand j’ai adapté Le Volker Schlöndorff façon de réagir contre Coup de grâce (1976), j’ai été captivé une idée de la littéra- par le cadre historique plus que par était celui qui en fournissait le plus. ture guindée, officielle, assomman- la tragédie racinienne, au grand Il est devenu une sorte de te. Je me suis toujours braqué sur déplaisir de Marguerite Yourcenar. conscience. J’ai personnellement, ces questions : qu’est-ce que l’Alle- Proust (Un amour de Swann, 1984), dans un climat de chasse aux sorciè- magne ? Qui sont les Allemands ? c’était un peu mon éducation senti- res, adapté L’Honneur perdu de Qu’est-ce que l’identité nationale ? mentale : je l’avais lu à dix-sept ans, Katharina Blum (1971). Avec Marga- Quelle part de notre Histoire pou- Sans doute ma lecture est-elle plus rethe von Trotta, je cherchais à faire vons-nous assumer ? Et quelle part expressionniste que celle d’un Fran- un film sur la “ criminalisation ” des rejeter ? Mes lectures m’aident à çais. J’y ai fait ressortir le côté Dos- groupes révolutionnaires, de la gau- répondre à ces questions. toïevski de Proust, son paroxysme. che. Un film qui dénonce la presse à » Günter Grass était devenu un » Aujourd’hui, j’aimerais adapter sensations (la presse Springer) et les monument national en Allemagne : les extraordinaires Short stories d’In- méthodes policières. Böll était des- Le Tambour, ce mélange de conte go Schulze, un patchwork d’histoi- cendu dans l’arène en se mêlant de de fées et de cauchemar, avait res qui s’enchevêtrent dans une peti- l’affaire Baader-Meinhof et avait apporté une libération par rapport te ville de l’Allemagne de l’Est. éprouvé ce qu’est une campagne dif- à l’époque nazie. Grass a été derriè- Hélas !, les droits sont bloqués. famatoire. Il a travaillé aussi avec re l’Ostpolitik de Willy Brandt, il » Les jeunes réalisateurs d’aujo- nous pour ce film collectif que fut donnait l’exemple d’un écrivain qui urd’hui, eux, ont abandonné cette RUDOLF SCHAEFER L’Allemagne en automne (1978), film s’engage en tant qu’écrivain et non forte influence de la littérature alle- à sketches pour lequel il m’écrivit en tant que politicien. Dans Le Tam- mande : ils s’inspirent du cinéma une Antigone, et pour Guerre et paix bour (1974), ce qui m’intéressait, américain des quinze dernières (1983), un film sur la guerre atomi- moi qui avais toujours été un enfant années. » que. Et puis des écrivains se sont sage, c’était la révolte de l’enfant Propos recueillis mis à écrire pour le cinéma, comme contre le monde des grandes per- par Jean-Luc Douin Peter Schneider pour Le Couteau dans la tête de Reinhard Hauff, un film dans lequel la victime d’une bavure policière incarne une Alle- Romans, films : magne amnésique, orpheline de son identité (1979). Nous avions un programme commun : retrouver les traces du passé dans le présent. » De son côté, Rainer Werner Fas- sbinder a adapté Döblin (Berlin Alexanderplatz, 1980) et Theodor Fontane (Effi Briest, 1974) : lui se souciait peu de fidélité. Il se servait même combat de la littérature comme matériau tographique du Juif Süss), et qui con- pour faire du Fassbinder. C’était Engagé dans tinuaient à filmer un pays baigné d’ailleurs formidable ! Et Hans Jür- d’harmonie, qui exaltaient le coura- gen Syberberg s’emparait de Karl un « réalisme social », ge de nos vaillants petits soldats May (1974), celui que l’on a surnom- dévoyés par un sale dictateur ! Jus- mé le Jules Verne allemand. le cinéma allemand qu’à ce que notre génération refuse » Moi j’étais un cas un peu à part. J des années 1960 à 1980 cette hypocrisie de la restauration, Je suis cosmopolite, j’ai fait mes étu- usqu’aux années 1960, le ciné- et dénonce ce que nous avons appel- des en France. D’abord dans un col- ma allemand s’était désintéressé de lé le « cartel des nanars », pour se lège de jésuites à Vannes, où j’ai la littérature allemande. L’adapta- s’est souvent inspiré ranger derrière la bannière des écri- joué Siegfried et le Limousin de Jean tion de la légende des Nibelungen vains du Groupe 47, dont les livres Giraudoux, et où j’ai pris la décision par Fritz Lang (1924) restait un cas à d’ œuvres littéraires. constituaient à nos yeux une clé que, si un jour je faisais du cinéma, part. Le Faust de Murnau (1926) pour comprendre notre société. ce serait pour prouver à mes cama- n’était pas une adaptation littéraire. Nous avons demandé » A une époque où la vague du rades qu’il y avait une autre Allema- Le cinéma expressionniste s’était cinéma érotique submergeait tout, gne que celle de Nuit et brouillard fait sans aucune référence aux écri- au cinéaste Volker le cinéma s’est rapproché de la litté- d’Alain Resnais, une Allemagne que vains. C’est dommage : Alfred rature quand Alexander Kluge a jeté j’allais chercher chez Büchner Döblin ou Bertolt Brecht auraient Schlöndorff de les bases d’un nouvel art (un peu autant que dans les films de Pabst, pu y jouer un rôle, mais cela n’a pas dans l’esprit de la nouvelle vague de Lang et de tout un cinéma réalis- été le cas. La fascination des gens commenter cette française lancée par les Cahiers du te qui tranche avec l’image tradition- d’image pour une inspiration cinéma), tournant le dos aux recher- nelle d’une Allemagne ténébreuse. romantique à laquelle s’est rattaché complicité avec les ches purement formelles pour décri- J’ai continué mes études à Paris au plus tard Werner Herzog, ce cinéas- re et analyser la société allemande. lycée Henri-IV, je suis devenu assis- te proche d’Arnim, de Jean-Paul, de écrivains de son pays La télévision nous a beaucoup tant de Louis Malle. Et puis, cinéas- Hölderlin, était inexistante. Il n’y a aidés : elle nous a permis de poser te à mon tour, je me suis mis à adap- d’ailleurs qu’en France que l’on goû- » Mais tout a changé avec la nou- les bases d’une production indépen- ter beaucoup d’écrivains, alors que te ce folklore à la Victor Hugo, cet velle vague. Après la guerre, le ciné- dante, de faire des films typique- je rêvais d’un cinéma d’auteur. J’ai exotisme des brouillards du Rhin… ma allemand était resté aux mains ment allemands au lieu de lorgner commencé par Robert Musil, Les Les Allemands ne se voient pas du de cinéastes, de vedettes et de pro- vers les coproductions internationa- Désarrois de l’élève Toerless (1966), tout comme cela ! Et Werner ducteurs qui avaient travaillé sous les. Grâce à elle, nous faisions un pour montrer comment les rap- Herzog n’est pas perçu chez nous Goebbels, comme Veit Harlan (le cinéma presque provincial, dans le ports de force dans un collège font comme un romantique ! réalisateur de l’adaptation cinéma- sens où en Allemagne tout ce qui naître ce que Musil appelait des II / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 le feuilleton

de Pierre Lepape b culture allemande, du Bildungsroman. La grande tradi- WILLENBROCK tion littéraire inaugurée par l’Agathon de Wieland et de Christoph Hein. par Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister, de Traduit de l’allemand par Nicole Barry, Goethe ; le succès de ce dernier et immense livre ayant Métailié, 264 p., 125 F (19,06 ¤). incité à traduire Bildungsroman par roman d’apprentis- sage. Ce qui est très réducteur : la Bildung, c’est la êtise de la critique littéraire. Jusqu’à une formation de soi par l’usage du monde, l’édification de période récente, il était de bon ton dans les Après le Mur, sa personnalité sur les fondations du sol natal. Un revues et les amphithéâtres des universités concept métaphysique autant qu’historique. Dans le d’affirmer que le romantisme français avait roman de Hein, cette construction prend une forme Bété importé d’Allemagne par Germaine de Staël. Une concrète : Willenbrock abandonne le vieux mobil- importation qui avait tout l’air d’un empoisonnement. home qui lui servait de bureau et de siège social – sym- Notre clair génie national, sain et limpide comme cha- les murs bole d’instabilité et de transition s’il en est – pour s’ins- cun sait, avait été pathologiquement obscurci par des taller enfin dans un vrai bâtiment, verre et acier bien miasmes morbides sécrétés dans les sombres forêts sûr, dont il a établi les plans et dont il surveille jalouse- d’outre-Rhin. Bref : pendant un bon demi-siècle, notre ment l’édification. littérature et l’esprit du temps auraient été germanisés, avant que la guerre de 1870 ne vienne douloureusement ais le roman de la construction – Willen- dissiper les illusions et refermer la parenthèse. Thèse évi- brock devient un vrai Allemand capitalis- demment absurde – ne serait-ce qu’en raison de l’igno- te moderne – se double d’un roman de rance de l’Allemagne par nos romantiques de 1830 – la destruction : le même Willenbrock, mais qui a eu la vie suffisamment dure pour illustrer le malgréM ses résistances, malgré sa confiance et sa foi mode favori des relations littéraires entre la France et une mémoire de ce que l’on a perdu. Willenbrock est un dans l’Allemagne nouvelle, doit abandonner un à un l’Allemagne : le malentendu. Ancien ingénieur en RDA, après la Allemand heureux, un bon citoyen de l’Occident post- les principes faciles et l’humanisme tolérant sur les- L’historien et anthropologue Louis Dumont a publié en communiste. Un entrepreneur, un esprit positif. quels il a établi son petit bonheur occidental. Tout ce 1991 un bel et savant ouvrage intitulé L’Idéologie alle- réunification, Willenbrock est devenu Mais voilà que quelques grains de sable font grincer la qu’il a refoulé, oublié, enfoui, écarté, lui saute de nou- mande, où il étudiait les variantes nationales de la cons- machine. D’abord un cambriolage, quelques voitures veau au visage. Même sa maison, la représentation la truction de l’individualisme (1). Le sous-titre de son livre chef d’une petite entreprise de voitures volées sur le parking du garage. Willenbrock prend un plus étroite et la plus individuelle de la patrie, n’est était France-Allemagne et retour. On voyait en particu- gardien de nuit dont le chien est bientôt abattu. Puis il plus à l’abri. Willenbrock va devoir apprendre à vivre lier la manière étrange dont les idées circulaient entre d’occasion à Berlin. Le héros est agressé par des cambrioleurs dans sa résidence avec le démon le plus antiallemand qui soit, le désor- les deux rives du Rhin. Il y avait bien des échanges, des secondaire de la baie de Stettin. Il parvient à mettre les dre : « Si Dieu avait été allemand, quel ordre fabuleux influences, des dialogues, mais il ne s’agissait jamais vrai- bonhomme de Christophe Hein est un voleurs en fuite, mais sa femme en demeure traumati- aurait régné sur le monde ! Pour chaque problème, pour ment des mêmes idées, elles visaient des objectifs sensi- sée et la police relâche ses agresseurs quelques heures chaque question il y aurait une loi, et nous n’aurions qu’à blement différents et elles souffraient toujours de déca- allemand heureux, bon citoyen de après les avoir arrêtés. Willenbrock découvre la nouvel- consulter les textes, n’est-ce pas ? Adam et Eve et un Dieu lages dans le temps entre l’émission et la réception. le géopolitique de l’Allemagne. Ses agresseurs, comme allemand, il n’y aurait jamais eu de péché originel, on Dumont résumait ainsi le hiatus fondamental : « Dans l’Allemagne postcommuniste, jusqu’au les acheteurs de ses vieilles voitures, sont des ressortis- s’en serait tenu strictement aux paragraphes. Seulement sa propre idée de lui-même, le Français est homme par sants des anciens pays de l’Est, des Polonais, des Tchè- quelle sorte de paradis cela aurait été ? je crois que vous nature et français par accident, tandis que l’Allemand se jour où le désordre vient enrayer cette ques, des Russes dont les bandes font de rapides incur- seuls, les Allemands, vous vous y seriez sentis à l’aise. » sent d’abord allemand, et homme à travers sa qualité d’Al- sions dans les prospères territoires allemands avant de Christoph Hein a créé un personnage inoubliable ; une lemand. » L’identité allemande passe par l’appartenan- belle machine se replier derrière leurs frontières. sorte d’antihéros exemplaire parce qu’il semble avoir ce culturelle, l’identité française par l’appartenance poli- renoncé à toute forme de résistance sociale et morale tique. Comment surmonter ce contraste et établir le cou- civilisation est un refoulement. Le produit de cette répres- illenbrock, qui avait tout sacrifié à la pour se fondre dans l’anonymat collectif et goûter aux rant ? sion est ce que nous appelons l’homme civilisé. » La répres- paix, découvre que les règles du jeu fruits de la grisaille. Il est passionnant par absence de Le dernier roman de Christoph Hein est, de ce point de sion de nos instincts, de nos pulsions, de nos passions et sont encore et toujours dictées par la passion, touchant par volonté d’indifférence, dramati- vue, un modèle de roman allemand. Né en Silésie – deve- de notre passé est le prix à payer pour entrer dans le violence. Il commence par vouloir s’en que à force de vouloir tout apaiser, sublime de médio- nue polonaise – en 1944, fils de pasteur, comme Hölder- concert des peuples civilisés. défendre,W il multiplie les précautions et les systèmes crité voulue, endurée, intégrée au plus profond de lui- lin et Nietzsche, citoyen de la RDA vivant à Berlin-Est Willenbrock ne pense pas autrement. Il a bâti son exis- d’alarme ; il rêve de construire partout de hauts murs même. jusqu’à la chute du Mur, Hein avait résolu à sa manière tence sur l’oubli et la volonté de ne pas savoir. A l’épo- pour se protéger des bêtes sauvages. Il constate aussi De la même façon, l’écriture de Christoph Hein atteint le problème de sa double appartenance à la culture alle- que de la RDA, il était ingénieur ; après la réunification, qu’autour de lui ce monde soi-disant policé, moderne, à une véritable grandeur à force de se contraindre à la mande et au régime socialiste. Il publiait simultanément il s’est retrouvé au chômage et a monté une petite entre- paisible et opulent est devenu agressif, replié sur lui- banalité, à la stricte mesure des âmes, au commerce les mêmes livres à l’Est et à l’Ouest, mais sous des titres prise de voitures d’occasion aux portes de Berlin. Il s’est même et sur son confort, assiégé par la peur, des personnes, à la description neutre, factuelle, déco- différents. C’est ainsi que son livre le plus célèbre, L’Ami parfaitement adapté à la nouvelle société marchande, déstabilisé par le désordre. « Dans quel monde vivons- lorée d’une civilisation ratatinée et néanmoins arrogan- étranger (Der Fremde Freund), que l’on réédite enfin celle des petits trafics à la limite de la légalité, des rela- nous, note-t-il avec un zeste d’ironie, si on ne peut te. Pas un pouce de lyrisme, pas l’ombre d’une prophé- aujourd’hui, avait paru en 1982 sous ce titre en RDA et tions commerciales semi-occultes avec les « hommes même pas se fier aux Allemands ! » Bientôt, lors d’une tie, pas même l’annonce d’une catastrophe en vue. Le s’appelait Drachenblut en République fédérale. d’affaires » des anciens pays communistes. Il a tiré un nouvelle tentative d’effraction à son appartement, style de Hein, épuré jusqu’à l’os, s’efforce au silence La narratrice de L’Ami étranger est une jeune femme de trait épais sur le passé, sur ses compétences profession- Willenbrock, le brave Willenbrock va blesser d’un coup comme pour mieux donner à entendre le murmure RDA qui essaie de faire sa vie et de se construire. Mais nelles, sur sa passion pour le pilotage des avions. Il a de revolver un jeune garçon qui ne le menaçait même étouffé, presque indistinct qui émane encore d’une comment y parvenir dans l’atmosphère lourdement décidé de vivre à demi pour mieux se conformer aux nor- pas. La violence s’est refermée sur lui ; c’est une prison société au bord de l’anesthésie. Un roman allemand, oppressive du socialisme policier ? Elle s’efforce de fer- mes, demi-amitiés, demi-amours, rapports sociaux dont il ne parviendra pas à s’échapper. Il a désormais cette fois, parle aussi de nous, du bonheur français. mer systématiquement les yeux sur tout ce qui pourrait réduits, vie conjugale à géométrie variable. Il semble peur de lui-même ; il est devenu vieux. déranger sa quête personnelle d’équilibre et de bon- avoir acquis une forme de sagesse molle, bonhomme et Christoph Hein a repris ironiquement dans Willen- (1) L’Idéologie allemande. Gallimard, « Bibliothèque heur. Elle se civilise, dit-elle : « En fin de compte, toute qu’on dirait résignée s’il n’entrait dans la résignation brock le schéma, capital dans l’élaboration de la des sciences humaines », 1991.

PROGRAMME – 12 heures à 13 heures : Birgit « Le Monde » au Salon – 15 heures à 16 heures : Une heu- – 16 h 30 à 17 h 30 : « Peut-on Vanderbeke et Ingo Schulze (Café – Vendredi 16 : à 14 heures, remise des prix « Je Bouquine », avec Philippe re avec… Georges-Arthur Goldsch- encore écrire allemand ? », avec b Vendredi 16 mars littéraire Fnac). Delerm (Café littéraire Fnac) ; à 15 h 30, « L’Allemagne et la France », midt (salle André-Malraux). Lothar Baier, Alissa Walser, Olivier – 15 heures à 16 h 30 : « Quand – 13 heures à 14 heures : Une heu- débat avec Richard Schröder, animé par Lucas Delattre (salle Thomas- – 15 heures à 16 heures : Une heu- Mannoni (Forum des auteurs). Freud voit la mer : de la traduction. re avec… Christoph Hein (salle Mann) ; à 16 h 30, remise du Prix Le Monde de la recherche universitaire re avec… Inka Parei (stand Alle- – 17 heures à 18 heures : Une heu- La psychanalyse, d’une langue à André- Malraux). avec Mireille Delmas-Marty, Françoise Héritier, Jean-Pierre Changeux, magne). re avec… Herta Müller (salle André- l’autre », avec Róza Domascyna, – 13 h 30 à 15 heures : « L’extrême Yves Coppens, Alain Renaut et Pierre Rosenberg (Forum des auteurs). b Lundi 19 mars Malraux). Georges-Arthur Goldschmidt, droite en Allemagne : que fai- – Dimanche 18 : à 11 heures, Le Monde diplomatique propose un débat – journée professionnelle – 18 heures à 19 heures : Une heu- Michael Krüger (salle Döblin). re ? », avec Peter Schneider et avec Bernard Cassen et Ignacio Ramonet, « Davos ? Non, Porto Alegre ! » b Mardi 20 mars re avec… Lothar Baier (salle André- – 16 heures à 17 heures : Une heure Ingo Schulze (salle Döblin). (Forum des auteurs). – 12 heures à 13 heures : Régine Malraux). avec… Günter Grass (Café littéraire – 13 h 45 à 16 heures : « Les Uto- – Lundi 19 : Florence Noiville anime deux débats sur la littérature de jeu- Robin et Lothar Baier (Café littérai- b Mercredi 21 mars Fnac). pies à l’aube du troisième millénai- nesse : « Les héros font-ils encore lire ? », avec Jean Perrot , à 11 heures et, re Fnac). – 12 heures à 13 heures : Herta – 16 à 17 heures : Une heure avec… re », table ronde avec Bruno à 13 heures, « L’illustration de jeunesse allemande », avec Wolf Erlbruch et – 15 h 30 à 17 heures : « Les fem- Müller et Perikles Monioudis Ingo Schulze (salle André- Latour, Olivier Mannoni, Heinz- Quint Buchholz (stand du ministère de la culture). mes musulmanes », avec Assia Dje- (Café littéraire Fnac). Malraux). Peter Schwerfel et Peter Sloterdi- – Mardi 20 : Une heure avec Michael Kumpfmüller, présenté par Lucas bar, Doris Dörrie, Suzan Gülfirat, – 15 heures à 18 h 30 : Rencontre – 17 heures à 18 heures : Une heure jk (espace Théâtre). Delattre (à 16 heures, stand Allemagne). Entretien entre Paul Rebeyrolle et Emine Sevgi Özdamar et Feridun franco-allemande de poètes avec… Zafer Senoçak (salle André- – 15 h 30 à 17 heures : « Ecrire à Francis Marmande, auteur de La Police des caractères (Descartes&Cie) Zaimoglu (salle Döblin). autour de la poésie rap et de la Malraux). Berlin : la métropole comme inspi- – Mercredi 21 : « Berlin, quels écrivains pour le XXIe siècle ? », débat animé – 17 h 30 à 19 heures : « Ecrire l’enfan- poésie contemporaine expérimen- – 17 heures à 18 h 30 : rencontre ration », avec Julia Franck, Elke par Pierre Deshusses, avec Michael Kumpfmüller, Christophe Peters, Mat- ce », avec Quint Buchholz, John von tale (espace Théâtre). avec Günter Grass (salle Döblin). Naters, Inka Parei et Tim Staffel thias Politycki et Kathrin Schmidt (à 15 h 15 , Forum des auteurs). Düffel, Judith Hermann et Christoph – 17 heures à 18 heures : Ruth b Samedi 17 mars (salle Döblin). Peters (salle Döblin). Klüger et Barbara Honigmann – 11 heures à 12 h 30 : « Allemand, – 17 heures à 18 heures : Christo- Parei et Peter Schneider (salle Döblin) ; de 17 h 30 à 19 heures : – 19 h 30 à 21 heures : « Le passé litté- (Café littéraire Fnac). langue adoptée », avec Perikles ph Hein et Georges-Arthur Gold- Döblin). « La bande à Derrick : où il sera ques- raire des utopies a-t-il un avenir ? », – 17 h 30 à 19 heures : Les Ecritu- Monioudis, Emine Sevgi Özdamar, schmidt (Café littéraire Fnac). – 12 à 13 heures : Volker Braun (Café tion de littérature populaire et du avec Lothar Baier, Volker Braun, res poétiques en Allemagne aujour- Zafer Senoçak et Feridun Zaimoglu – 17 h 30 à 19 heures : « Mémoire. littéraire Fnac). polar », avec Jakob Arjouni, Pieke Georg Klein (salle Döblin). d’hui avec Róza Domascyna, (salle Döblin). Histoire. Littérature », avec Mar- – 13 h 30 à 15 heures : « L’Allemagne Biermann, Felicitas Hoppe et Hel- – 14 heures à 15 heures : Une heure Albert Ostermaier, Matthias Polity- – 11 heures à 12 heures : signature de cel Beyer, Karl Dedecius, Inge- est-elle notre pays ? Voix juives », mut Krausser (salle Döblin). avec… Sibylle Berg (stand Allemagne). cki et Kathrin Schmidt (salle Alfred- Günter Grass (stand Allemagne). borg Hecht, Ruth Klüger et Herta avec Anat Feinberg, Barbara Honig- – 12 heures à 13 heures : Une heure – 15 heures à 16 heures : Une heu- Döblin). – 11 heures à 12 heures : Une heure Müller (salle Döblin). mann et Wladimir Kaminer (salle avec… Jakob Arjouni (stand Allema- re avec… John von Düffel (stand avec… Peter Schneider (salle André- b Dimanche 18 mars Döblin). gne). Allemagne). e Du 16 au 21 mars, de 9 h 30 à 19 h, Malraux). – 11 heures à 12 h 30 : « Où est – 15 h 30 à 17 heures : Rencontre – 13 heures à 14 heures : Une heure – 16 heures à 17 heures : Une heu- nocturne mardi 20 jusqu’à 22 h, – 12 heures à 13 heures : Une heure passé le Mur… dans la littératu- avec Peter Sloterdijk, animée par avec… Ruth Klüger (salle André- re avec… Volker Braun (salle Entrée 30 F (4,57¤). Paris expo, avec… Karen Duve (stand Allemagne). re ? », avec Sibylle Berg, Inka Monique Canto-Sperber (salle Alfred- Malraux). André-Malraux). Hall 1, porte de Versailles.

b REICH-RANICKI MARCEL b ARJOUNI Jakob VON DÜFFEL John Ma vie Un ami De l’eau

Marcel Reich-Ranicki n’aimerait sans doute Les nouvelles de Jakob Arjouni sont des « Je me rappelle l’odeur des différents fleuves pas qu’on désigne son autobiographie, Ma mécaniques de précision dans lesquelles un et mers. (…) la senteur de l’eau courante, tor- vie, comme « une passion allemande ».Et grain de sable s’introduit, provoquant les rentueuse, vivante. Exactement comme, à pourtant le destin de ce juif polonais deve- dérèglements les plus inattendus. Ainsi ce l’inverse, la puanteur de l’eau morte. » Le nu « pape » de la critique littéraire – à Die Jürgen, le héros de « La vie intérieure », fils livre de John von Düffel chante l’inquiétante Zeit, puis à la Frankfurter Allgemeine Zeitung et à la télévision – d’un boucher qui a fait un mariage au-dessus de sa condition en beauté de l’eau, le débit de l’eau si beau. Il y a « la fraîcheur quasi est tout entier marqué par l’amour de la littérature allemande, épousant une von Hagen. Sa belle-famille le considère comme nébuleuse et l’odeur de mousse de l’Orpe », cette rivière noire et dominée par la figure de Thomas Mann. Le récit de cet attache- un minable et sa femme n’est pas loin de partager le même silencieuse qui « exhalait vers nous quelque chose comme un doux ment, qui a survécu à la tragédie nazie, est sans doute pour point de vue au bout de quelques années de vie conjugale. Jür- air de sépulcre ». beaucoup dans le succès de Ma vie, best-seller en Allemagne. gen dispose heureusement d’un atout : la richesse de sa vie inté- A l’opposé de l’Orpe, il y a les « bruits de la Diemel » : « Elle Le jeune Marcel, qui s’appelle alors Reich, s’installe en Allema- rieure, qui finira par éblouir le monde le jour où il publiera le était clapotis, bouillonnement et murmure constant toute la joyeu- gne, avec sa famille, en 1929. En 1938, à dix-huit ans, il est arrê- roman dont il rêve. Encore lui faut-il trouver une oreille com- se agitation d’un jeu d’eau. » Entre les deux rivières, un domai- té et déporté en Pologne. Il y passera toute la guerre, pour par- plaisante pour confier ses projets grandioses. Il devra se conten- ne, La Malveillance, une papeterie, où l’eau noire de l’Orpe est tie dans la clandestinité. ter de la braqueuse de banques qui l’a pris en otage et, s’il par- transformée en papier blanc puis en argent. Le narrateur racon- La paix revenue, il s’inscrit au Parti communiste polonais. vient à cette occasion à se faire remarquer, ce n’est pas exacte- te l’histoire de la propriété familiale et de ses rivières, qui croi- Consul à Londres en 1948, il est rappelé en Pologne à la fin de ment de la manière qu’il escomptait. Jakob Arjouni, auteur de la se ses souvenirs et son présent. Le style, d’une grande richesse 1949. Un an plus tard, il est exclu du parti. Il attendra 1958 série des enquêtes du Turc allemand Kemal Kayankaya, intro- poétique, et le rythme narratif suivent le mouvement fluide de pour revenir en Allemagne. « Je voulais quitter l’Est », expli- duit volontiers dans ses nouvelles une violence digne des l’eau. L’Histoire apparaît en toile de fond: « Elle étala quelques que-t-il (lire son portrait dans Le Monde du 5 janvier 2000 et la romans policiers. Ce sont tantôt les émois de tireurs d’élite qui couches de vieux journaux où il était question de guerre éternelle, critique de son livre, au moment de sa parution en Allemagne, s’apprêtent à assassiner le pape, tantôt ceux d’un « gorille » qui de combats jusqu’au dernier homme, de mort au champ d’hon- dans « Le Monde des livres » du 10 septembre 1999). « Mais je organise un faux attentat contre le patron qu’il est chargé de neur pour le Führer, le peuple et la patrie afin d’y envelopper aus- voulais absolument aller dans un pays où l’on parle l’allemand. Je protéger. Mais, bien souvent, il n’a même pas besoin de recourir sitôt les entrailles embrouillées des poissons. » Né en 1966, voulais retrouver la culture allemande. C’est l’histoire de ma vie, aux armes à feu tant sont violentes et dérisoires les stratégies auteur de plusieurs pièces de théâtre, John von Düffel signe un le désir de la littérature allemande, la quête de la littérature alle- que chacun met en œuvre pour s’attirer, sinon l’amour de son premier roman d’une rare maîtrise et d’une grande force mande. » (Traduit par Jeanne Etoré et Bernard Lortholary, prochain, du moins un peu de considération (traduit par Anne poétique (traduit par Nicole Casanova, Albin Michel, 324 p., Grasset, 398 p., 145 F [22,11 ¤]). Jo.S. Weber, Fayard, 208 p., 98 F [14,94 ¤]). G.Me. 135 F [20,58 ¤]). A. S. salon du livre LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / III b La littérature au miroir de l’Histoire

tion, cette distinction typiquement d’une génération d’écrivains qui sont Peut-être plus allemande entre sphère privée et nés dans les années 1950 et 1960 et sphère publique qui, selon certains qui semblent hermétiques – du qu’ailleurs, la littérature historiens ou philosophes comme moins dans leurs écrits – à cette con- Habermas, a empêché l’Allemagne troverse. Si Gila Lustiger et surtout allemande est longtemps d’accéder rapidement à la notion de Marcel Beyer continuent à se faire nation et de citoyenneté, peut effecti- l’écho du passé, force est de reconnaî- mpossible Allemagne. Au fil restée indissociable vement avoir ses dangers comme le tre que la plupart des jeunes auteurs des siècles, elle s’est démesurément du passé. montre une autre controverse, plus ont carrément pris leurs distances. On Iagrandie aux dimensions d’un empire feutrée, qui a eu lieu, et pas seule- traite de thèmes qui semblent nou- où le soleil ne se couchait jamais ; elle ment en Allemagne, à l’occasion de la veaux dans la littérature allemande s’est morcelée, ressoudée, réformée, Mais la jeune génération sortie du livre de Bernhard Schlink, Le alors qu’ils ne sont que la reprise de divisée dans le sens Est/Ouest, a reven- Liseur, où la question se pose de sujets aussi anciens que la littérature diqué des espaces toujours plus lui tourne carrément savoir s’il est possible de comprendre elle-même et qui n’ont rien de spécifi- grands, avant d’être brutalement cou- malgré tout certains acteurs (certes quement allemand : le bonheur, pée en deux dans le sens Nord/Sud le dos subalternes) du nazisme. Comment, l’amour, les relations entre les êtres, pour enfin se réunir en 1990 et acqué- concilier la compréhension et même la solitude. La poésie avait anticipé ce rir, pour la première fois dans son his- appelée « la littérature des ruines » l’amour avec l’impossibilité de par- mouvement avec Karl Krolow, Wer- toire millénaire, des frontières recon- avec notamment Wolfgang Borchert, don ? Dès lors les lignes de fractures ner Dürsson et Peter Maiwald. On nues par tous. Destin étrange aux Heinrich Böll et Eich. Littérature ne cessent de se ramifier, posant un ose de nouveau raconter des histoires yeux des Français habitués à une déchirée qui s’efforce de réinvestir la problème nouveau : faire coexister la « simples » – à l’image d’Ingo Schul- nation stable dans son cadre hexago- langue par-delà les distorsions impo- mémoire collective avec la mémoire ze qui a choisi d’intituler son premier nal et centrée depuis des siècles sur sées par l’idéologie nazie. « Il était si individuelle. Est venue s’ajouter à ce roman Simple Story – alors que pen- une capitale – d’autant plus étrange difficile, peu après 1945, d’écrire même débat l’intervention faite en Suisse en dant longtemps, Le Parfum de Süs- que les deux pays sont issus d’un une seule demi-page de prose », décla- 1997 par l’écrivain W.S. Sebald – ins- kind fit figure de splendide exception. même berceau, l’empire de Charlema- re Böll. A bord d’un bateau à vapeur sur Wannssee tallé en Angleterre comme Uwe John- La fortune de ce livre doit en effet gne. Où est l’Allemagne, qu’est-ce Pourtant, il n’y a pas d’autre choix : son en son temps – et intitulée Guerre autant à ses qualités littéraires qu’à sa que l’Allemagne ? Pourquoi Kafka et la délivrance passe par cette contrain- aérienne et littérature. Sebald note façon de prendre ses distances avec Rilke écrivaient-ils en allemand alors te. Comme le dit Martin Walser, ce que les romans allemands ont abon- une littérature qui menait souvent de qu’ils étaient nés à Prague ? Pourquoi qui fonde alors la relation à la réalité, pour montrer, dans un geste messiani- pleine liesse unitaire. damment parlé de la guerre, de l’expé- front un questionnement sur l’histoi- le Prix Nobel de littérature, Günter et donc l’identité, c’est « le fait d’être que propre à la tradition littéraire alle- De son côté, Martin Walser, après rience du front, du retour des soldats, re et un questionnement sur la littéra- Grass, vient-il d’une ville qui est main- né allemand en 1927 » et d’être bon mande, que les anciens « coupables » son discours de réception du prix des de la culpabilité, mais se sont prati- ture comme expérience, problémati- tenant en Pologne ? Fille de la mémoi- gré mal gré le dépositaire d’un hérita- sont désormais capables de montrer Libraires, a reçu une volée de bois quement interdit de parler des souf- que qui culmine dans les livres re autant que de l’imagination, la litté- ge où coexistent Goethe et la bonne voie. Le travail sur l’impossi- vert parce qu’il s’opposait au rabâcha- frances endurées par les civils lors des brillants et fascinants d’Arno Sch- rature a vécu toutes ces vicissitudes, Buchenwald. Il y a une responsabilité ble liquidation du passé devient tra- ge institutionnalisé du passé, à l’instru- raids aériens meurtriers des Alliés. Au midt. Comme le dit Thomas Brussig, diffuse qui, sans nécessai- vail humaniste de mise en garde. L’ef- mentalisation de la shoah, pour dire lieu d’évoquer seulement des Alle- auteur du Complexe de Klaus, « je veux rement relever de la jus- fort de mémoire se double alors que le devoir de mémoire est désor- mands comme des coupables, Sebald faire des livres lisibles. Quand je parle Pierre Deshusses tice des tribunaux, pèse d’une réflexion sur la violence du pou- mais une affaire de conscience indivi- pose pour la première fois la question d’un couteau, je ne cherche pas à évo- sur chacun, les acteurs voir en général, comme dans les livres duelle et qu’il risque de s’affadir et de des Allemands comme victimes quer une ligne d’images qui irait de soit en les anticipant, soit en y adhé- du drame et leurs descendants. Refu- de Christa Wolf qui a grandi dans un devenir totalement inopérant s’il est – façon d’envisager l’histoire qui a Büchner à Brecht ». Une littérature rant, soit en en prenant le contre- sant de se laisser embrigader dans pays ayant toujours refusé l’héritage mis sous tutelle. Walser n’a jamais toujours été taboue tant était grand le décomplexée qui place le divertisse- pied. une bonne conscience qui ne deman- du fascisme et, comme le dit Barbara revendiqué le droit d’effacer les cri- sentiment d’avoir participé à l’innom- ment sur le même plan que la Ainsi, lorsque l’Allemagne était la de qu’à ressusciter en se soudant à un Honigmann, s’est édifié sur une trom- mes et de tirer un trait sur le passé, mable. Or cette auto-banalisation de réflexion. Moins grise, moins austère, plus morcelée, sa littérature s’est vou- anticommunisme qui fonde la toute perie et une falsification de l’histoire. mais on lui a reproché de fournir des la souffrance peut avoir un effet per- moins expérimentale et aussi plus lue éducatrice et universelle ; elle a nouvelle République fédérale, les fils On comprend que cet « antifascisme arguments brillamment formulés, et vers dans la mesure où elle empêche féminine – de nombreux jeunes acclamé la Révolution française avant se tournent vers leurs pères pour leur de commande », qu’Uwe Johnson a donc opératoires, à tous ceux qui le deuil et, au-delà de « l’ébranlement auteurs de talent sont des femmes de prendre ses distances ; elle a enter- demander des comptes que ne peut fui très tôt pour aller s’installer en sont prompts à invoquer les « excès intérieur » (Christa Wolf), peut nour- (Katrin Askan, Karen Duve, Judith ré le romantisme quand la France le solder la seule obéissance au devoir, Angleterre, ait pu oblitérer le travail de mémoire » pour prôner un oubli rir un ressentiment larvé et empêcher Hermann, Felicitas Hoppe, Elke Sch- découvrait ; elle a exacerbé la crise comme dans L’Heure d’allemand de de mémoire mais faire prendre aussi qui serait synonyme d’amnistie, alors la délivrance. mitter) –, la littérature allemande précédant 1914 pour se fracasser Siegfried Lenz. On veut savoir com- de l’avance dans certains aspects plus même que son dernier roman auto- Pourtant, depuis quelques années perd son label et s’intègre dans une dans la mêlée qui a englouti les plus ment toute une génération a pu se généraux de la réflexion. biographique, Fontaine jaillissante, – plus exactement depuis la réunifica- mouvance plus large tout en luttant grands poètes expressionnistes ; elle rendre complice d’une telle barbarie prouve largement le contraire. tion –, on assiste bel et bien à l’éclo- pour affirmer une singularité que le a choisi l’émigration intérieure ou en invoquant l’ignorance ou l’impuis- QUERELLE DES HISTORIENS Ce mouvement vers l’intériorisa- sion d’une nouvelle littérature, celle temps jugera. extérieure aux heures noires du nazis- sance. Le passé commun a pourtant été me ; elle a accepté la division en 1949 Mais si le malheur des victimes se inévitablement réactivé lors de la réu- mais est restée jumelle. Oui, la littéra- transmet intact d’une génération à nification et la « querelle des histo- ture de l’Allemagne déroute autant l’autre, la culpabilité a plus de mal à riens » qui s’est ensuivie : tentative que son histoire et elle continue à le passer. Le poids de la honte est insup- d’historicisation du fascisme, volonté faire, tant les jeunes écrivains alle- portable à long terme. Dans les de l’intégrer dans une évolution histo- mands semblent se détourner aujour- années 1960, à l’inverse de ce qui se rique de longue durée et de rompre d’hui des schémas auxquels nous passe en France, la révolte des étu- avec l’idée que le IIIe Reich était en avons été habitués. diants ne se nourrit pas de la seule lut- quelque sorte le point névralgique et Les cinquante dernières années ont te contre l’autoritarisme étatique. l’aboutissement logique de l’histoire d’abord été marquées par l’effort de C’est le moment où, après la confron- allemande – sans pour autant vouloir réappropriation par l’écriture d’un tation en vase clos, dans « une atmo- nier ou excuser les crimes de Hitler. passé douloureux et chargé de culpa- sphère de serre » comme dit Peter Sch- Commence alors un débat ouvert sur bilité. Il s’agissait pour les écrivains neider, on cherche à se débarrasser la normalité qui n’est pas incompati- allemands de « réintégrer » la littéra- d’un fardeau. La génération qui n’a ble avec le devoir de mémoire et qui ture mondiale et de mettre fin à l’isole- pas participé à l’horreur ne veut plus n’est pas seulement induit par le ment humain et intellectuel infligé à être tenue pour coupable. Elle se sent renouvellement des générations. Cet- une génération totalement coupée, concernée par le passé, mais plus te controverse est illustrée par deux après la capitulation du pays, des impliquée personnellement. Le mou- livres et surtout par les débats qu’ils mouvements artistiques et des débats vement étudiant exprime aussi (et ont suscités, l’effet d’amplification d’idée. La phrase d’Adorno sur l’im- déjà) un besoin de normalisation, médiatique transformant en rupture possibilité d’écrire après Auschwitz dans la mesure où il s’intègre dans un ce qui aurait pu être un glissement et semblait ériger une barrière infran- mouvement européen et non plus montrant à quel point « le passé ne chissable que Celan a transgressée spécifiquement allemand, et suggère passe pas ». Dans Toute une histoire, dans la douleur. D’autres ont choisi dans sa mise en avant du « fascisme Günter Grass renvoie le moment de l’exil, comme Peter Weiss qui décla- capitaliste » la possibilité d’une relati- la réunification au moment de la pre- rait : « Je n’ai jamais été allemand. » visation du « fascisme allemand ». mière unité allemande. S’il fait prati- C’est la littérature suisse de langue Dans le même sens, le développe- quement l’impasse sur le IIIe Reich et allemande qui a profité de ce passage ment des mouvements écologistes, s’en prend bien davantage à Bis- à vide en comblant ce mutisme et cet- contemporains de cette nouvelle marck, il évoque un phénomène histo- te sidération imposée à la littérature génération qui n’a pas vraiment réus- rique de boucle, comme celle que allemande, ce que Dürrenmatt a si à imposer de grands noms d’écri- décrit le pater noster si souvent reconnu avec une grande probité. A vains, peut être appréhendé comme emprunté par les deux protagonistes mesure que l’Allemagne sortait lente- un besoin de dénoncer un crime uni- de son livre. On l’a accusé de tous les ment des décombres, se faisait pour- versel – l’attentat contre la planète – maux et de jouer paradoxalement tant jour une littérature que l’on a non pour minimiser la faute mais l’empêcheur de tourner en rond en

b ORTHEIL Hanns-Josef b JETZT-AUTOREN Les Baisers de Faustina Ils écrivent en allemand, Goethe est une statue imposante pour les de Kerstin Behre lettres allemandes. Il a embrassé tant de et Petra Metz continents littéraires qu’il semble presque Y a-t-il une nouvelle littéra- impossible de l’aborder. Le romancier ture de langue allemande ? Hanns-Josef Ortheil, né à Cologne en 1951, Cette anthologie, forcément aborde avec légèreté la figure du grand écrivain allemand en le sélective, tente de rendre plongeant au cœur de sa parenthèse romaine. D’emblée, il le compte de la pluralité des présente comme une sorte de danseur de pantomime, débar- récits produits à Berlin, quant un soir à Rome sous le nom de Filippo Miller. Il le mon- Hambourg, Cologne, Franc- tre à travers l’œil de Giovanni Beri, magnifique baratineur, fort, Munich… Un kaléidos- chargé d’espionner le ministre de Weimar avant de se prendre cope recensant 70 auteurs de passion pour l’homme de lettres. Il fera une savoureuse lec- aux identités et influences ture de Werther : « Ce Werther n’avait rien d’une nature virile, multiples, du Prix Nobel c’était un gars qui tournait autour du pot, mou, plein de sensible- Günter Grass aux jeunes rie, avec qui l’on n’aurait pas aimé passer une seule journée. » auteurs de la génération L’auteur du Jeu des ténèbres (Actes Sud, 1989) place ses héros pop, la génération techno, la au milieu d’un jeu de masques, où l’on ne sait plus qui dupe génération@. Un point com- qui, même si certains effets de suspense sont vite éventés. mun entre tous : le goût de Après plusieurs livres marqués par une quête d’identité – à la la narration, qu’elle puise fois la sienne et celle de son pays –, Ortheil s’est lancé dans dans le réel ou explore des une trilogie qui saisit un créateur à un moment de sa vie, com- fantasmagories. Chaque me Turner à Venise et Mozart à Prague. La question de l’identi- auteur est présenté par un té est aussi au centre des Baisers de Faustina. Goethe y retrou- écrivain, journaliste, critique ve le goût d’écrire, mais le pauvre Beri y perd son latin et son ou traducteur, français et baratin (traduit par Claude Porcell, Seuil, 318 p., 138 F allemands (Pauvert, 300 p., [21,04 ¤]). A. S. 130 F [19,82¤]). J.-L. D. IV / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 salon du livre b Berlin, hors le mur...

ou de détourner les vestiges du pas- L’époustouflante sé. Le coup d’envoi a été donné par la réhabilitation du Reichstag, diversité culturelle d’abord symboliquement emballé par Christo. La rénovation est due offerte à l’architecte britannique Norman Ç par la nouvelle Foster, qui n’avait pas prévu initia- a, je ne l’avais encore lement l’immense coupole de verre jamais vu ! En plein Kudamm, à exigée ensuite par les députés alle- 10 heures du soir ! » Le chauffeur capitale cache mands : ils y voyaient un moyen de taxi lâche son volant le temps d’« éclairer » la démocratie alle- d’un soupir. Il a déjà été témoin de une tendance mande. Le bâtiment massif est visi- bien des choses dans ses courses de té chaque année par plus de 3 mil- nuit : mauvais payeurs qui pren- à faire de Berlin lions de visiteurs, de quoi faire pâlir nent la tangente au premier feu d’envie les Londoniens, dont les rouge, noctambules éméchés, tra- un gigantesque musée Houses of Parliament ne sont visi- vestis à la beauté divine, espions en tées que par 41 000 touristes. Il faut goguette – mais des renards sur l’ar- dire que, ici, la plupart des gens qui tère qui était autrefois le cœur pal- se à l’Allemagne) et un Musée du se pressent pour aller voir le bâti- pitant de Berlin ! Jamais ! Vision à cinéma qui accueille actuellement ment sont des Allemands qui déam- la Buñuel. Oui, Berlin a changé. une exposition Fritz Lang. Mais les bulent comme en terre exotique. Il « C’est bien simple, je ne reconnais Années folles sont un mythe qu’il est si étrange d’avoir enfin une capi- plus cette ville, poursuit-il. Il y a des est difficile de faire revivre. Certes tale à part entière, après avoir dû se quartiers qui se transforment complè- le quartier s’enflamme quand il contenter d’une moitié de capitale tement en l’espace d’un mois. » Ber- accueille les Berlinales, qui ambi- pour les uns et d’un quasi-village lin est effectivement une ville plei- tionnent d’égaler un jour Cannes et pour les autres. ne de surprises. Les bouleverse- Venise, mais le reste de l’année, il Etre à Berlin, c’est faire en quel- ments et les migrations de popula- draine une masse de visiteurs com- que sorte du tourisme chez soi. Ou tion à l’intérieur de la métropole me un banal multiplexe cinémato- apprivoiser son passé. Les bâti- allemande engendrent des phéno- graphique de banlieue qui a du mal ments anciens qui ponctuent l’espa- mènes qui peuvent surprendre à faire illusion. ce urbain sont autant d’invitations même les plus blasés. Zoo architectural, Berlin s’enri- au voyage dans une histoire relati- La mutation a commencé peu chit chaque jour de nouvelles espè- vement jeune par rapport aux après la réunification avec le chan- ces où les moutons à cinq pattes autres capitales européennes : la tier de la Potsdamer Platz, en plein sont légion : aujourd’hui, c’est la fondation de Berlin ne remonte qu’au XIIIe siècle et les vestiges du pas- Pierre Deshusses et Arnaud Leparmentier sé, pour la plupart postérieurs au cœur de la ville, sur cet espace chancellerie, blanche et imposante XIXe siècle à cause des destructions e autrefois occupé par le Mur. Long- – entre architecture d’hôpital et bre- du XX siècle, sont parfois bien Couple de danseurs à la brasserie berlinoise Zenner temps, ce fut le plus grand chantier telle d’autoroute –, en face du encombrants. Que faire par exem- d’Europe. Maintenant il y a moins Reichstag, qui ouvre ses portes ; ple des bâtiments hérités du passé de grues, et l’on peut voir ce qui a hier, c’était le bâtiment ovale des nazi ? Que faire des bâtiments cons- été concocté par les bureaux d’ar- bureaux de la présidence déjà sur- truits par la République socialiste Ou simplement le point de conver- rants schickimicki – minets bran- chitectes et d’urbanisme. L’ensem- nommé « l’œuf noir », la piscine qui a sombré avec le Mur ? Les gence de la Love Parade, qui ras- On veut faire du neuf chés – ouvrent leurs portes. « On ble laisse une impression de chaos olympique et le vélodrome de réponses apportées ont provoqué semble chaque année des centai- commence à pouvoir bien manger à et l’on cherche avec peine une uni- Dominique Perrault ; enfin, l’am- une avalanche de discussions. Le nes de milliers de ravers ? Sans par- mais on ne veut pas non Berlin », lâche un diplomate fran- té, alors que Berlin se veut la capita- bassade de France dessinée par ministère de l’air de Goering abrite ler des polémiques allant aussi bon çais. le de l’Allemagne réunifiée. Dans Christian de Portzamparc commen- aujourd’hui le ministère fédéral des train à propos du monument à la plus gommer le passé Les hauts lieux des mouvements ce lieu sans âme livré à Sony et à ce à sortir de terre, Pariser Platz, finances. Le secrétariat de la SED, mémoire des victimes de la Shoah, alternatifs n’échappent pas à cette coincée entre deux banques à l’an- le parti de la dictature communiste, qui transformera en un champ de comme cela s’est fait boulimie de normalisation. Le gle de la porte de Brandebourg. Le accueille une partie du ministère stèles gigantesque un terrain de la Tacheles, grand magasin du début L’immense coupole Tout-Berlin court les inaugura- des affaires étrangères. Le passé taille de deux stades de football. dans les années 1950, du XXe siècle, squatté depuis 1990 tions. S’il y a des succès incontesta- prussien, longtemps discrédité, Ces contrastes et ces contradic- par des artistes, ressemble à un ves- de verre du nouveau bles, comme le Musée juif dû à renaît de ses cendres avec son inévi- tions ne touchent pas seulement la autant à l’Est qu’à tige mis sous cloche, où se pressent Daniel Liebeskind et qui ressemble table lot de polémiques comme l’il- façon de modeler le nouveau visa- les curieux qui frissonnent à l’idée Reichstag a été exigée à une étoile de David brisée, l’am- lustre la querelle d’Allemand sur le ge que l’on veut donner à la ville, l’Ouest où l’on a lissé de s’encanailler. Las, le masque bassade toute verte des pays scandi- sort à réserver au château des ils marquent la vie culturelle en plei- tombe vite quand on suggère au de l’architecte naves laisse pour le moins rêveur, Hohenzollern – alors même qu’il ne recherche d’identité. Car si Ber- toutes les façades visiteur de payer 1 mark pour avoir tandis que l’ambassade suisse, pro- n’existe plus ! A sa place se dresse lin n’est assurément pas une belle le droit de regarder d’étiques sculp- par les députés longée d’un malheureux croupion le palais de la République, bâti- ville, c’est une ville passionnante des vieux immeubles tures métalliques entassées dans en béton et obstinément plantée ment contestable des années 1970, où il se passe toujours quelque cho- e un réduit voûté. Devenu pièce de afin de mieux entre la chancellerie et le Reichs- surnommé Magasin de lampes se, d’autant plus qu’ici, contraire- du XIX siècle qui musée, le bâtiment en ruine, qui tag, agace carrément les d’Erich Honecker. Construit en ment aux autres villes allemandes reçoit 300 000 marks par an de sub- « éclairer » Allemands. Pour beaucoup de plein cœur de Berlin-Est sur les rui- et à la plupart des capitales euro- ressemblent maintenant ventions publiques, est bardé Berlinois de souche, le plus beau nes du château en question, dyna- péennes, il n’y a pas de Sperrstun- d’échafaudages depuis l’été 2000. la démocratie bâtiment reste encore la grande mité par les communistes en 1950, de, d’heure légale de fermeture – à des bâtiments sans âge Hors de question d’enlever au construction blanche près du Land- le bâtiment est fermé pour désa- héritage du statut particulier du Tacheles sa silhouette frangée qui allemande wehr, qui remonte aux années 1930 miantage et l’on envisage effective- Berlin de l’après-guerre – et bon et sans grâce semble soudain aussi artificielle et qui est due à l’architecte Fahren- ment de reconstruire à sa place et nombre d’établissements restent que les fausses ruines construites damp. de toutes pièces l’ancien château ouverts toute la nuit. Petit à petit, au XVIIIe siècle par Frédéric le Debis, avec de fausses tavernes A deux pas de l’Hôtel Adlon, une prussien. Arrogance ou recherche le centre de Berlin sort donc du Jaguar et Porsche circulent désor- Grand sur les hauteurs de Sanssou- bavaroises où tous les Allemands, façade ultramoderne en verre fumé de racines ? Tout est question de ghetto artistique parfois un peu mais dans la partie riche de Mitte ; ci à Potsdam. Pour 6,5 millions de qu’ils soient de l’Est ou de l’Ouest, laisse voir les restes de l’Hôtel regard… et de génération. Ainsi, glauque où il s’était enfermé. La ce n’est pas encore l’opulence de marks, on refait le toit ; les installa- ont l’impression d’être des touris- Esplanade. On veut faire du neuf que voir dans la colonne de la vic- création devient plus accessible, Munich, mais ce n’est plus la bohè- tions électriques sont mises aux tes, on attendait de l’audace. En mais on ne veut pas non plus gom- toire, plantée au cœur du Tiergar- plus professionnelle aussi. Chaque me, et il est rare désormais de voir normes et le chauffage est installé vain. L’Allemagne a estimé, à tort mer le passé comme cela s’est fait ten, au milieu de l’interminable ave- soir, c’est une nouvelle galerie qui passer une Trabi pétaradante qui dans tous les ateliers. Les artistes sans doute, qu’elle ne pouvait se dans les années 1950, autant à l’Est nue du 17-Juin ? Le renouveau prus- ouvre ses portes dans le quartier de viendrait rappeler « le charme mor- ne veulent plus vivre avec leur seau permettre de projet « mitterran- qu’à l’Ouest, où l’on a lissé toutes sien par le biais d’un monument où Mitte, une exposition dans une bide du socialisme ». Lentement, le de charbon, le romantisme des dien » et a amoncelé les expérien- les façades des vieux immeubles du sont insérés des canons pris à l’en- arrière-cour qui attire le visiteur, centre de la ville se normalise ; plus (vraies) ruines touche à sa fin. A ces architecturales intéressantes, XIXe qui ressemblent maintenant à nemi lors des victoires successives une lecture dans l’ancienne maison précisément, l’Ouest le conquiert quelques encablures de là, le Casi- mais sans souffle ni véritable coor- des bâtiments sans âge et sans grâ- contre le Danemark, l’Autriche et de Bertoldt Brecht. Pendant dix lentement, imposant son modèle no, gigantesque boîte de nuit dination. On a voulu jouer sur les ce. La réhabilitation de cette épo- la France à Sedan ? N’est-ce pas ans, les marchands sont restés à aseptisé. Les uns après les autres, techno logée dans une ancienne Années folles, en créant une place que a été pire que la guerre, affir- plutôt le lieu où se réfugiaient, Cologne, haut lieu de l’art moder- les immeubles noirâtres rongés par fabrique, a fermé ses portes cet été. Marlène-Dietrich (réhabilitée ment certains. Alors, à mesure que dans le Berlin divisé des années ne en Allemagne. Pas de bourgeoi- le temps se transforment en bon- Le bâtiment va être transformé en après avoir été longtemps considé- l’on construit, on s’efforce aussi de 1980, les anges du cinéaste Wim sie, pas de pouvoir d’achat : l’art ne bons couleur orange, bleue ou centre de la nouvelle économie. rée par certains comme une traîtres- restaurer, au risque de neutraliser Wenders dans Les Ailes du désir ? payait pas. Mais la roue tourne : jaune. Magasins de luxe et restau- .../...

b DUVE Karen b GLAVANIC Thomas b MÜLLER Herta Déluge Partie remise La Convocation

Pour ce premier roman, Karen Duve a réuni 1910. A Vienne, un jeune prodige local, Carl C’est un texte bouleversant fait de ruptures, avec humour – noir, très noir – toutes sor- Haffner, s’apprête à affronter le champion du de retours en arrière, de chutes magistrale- tes d’ingrédients qui en feraient facilement monde des échecs, Emmanuel Lasker, philoso- ment contrôlées, de reprises oniriques aus- un roman policier ou un roman d’horreur, à phe et mathématicien admiré par Einstein. si. Une femme, la narratrice, se trouve partir d’une pluie incessante, un vrai délu- Carl Haffner est un étrange personnage. Il a convoquée par la police secrète roumaine ge, à peine une éclaircie, au long de dix chapitres qui tous com- trouvé dans les échecs un remède à son autisme, à ses humilia- après avoir pris le risque de glisser un message de détresse vers mencent par la météo du jour. Tant de pluie entraîne une tions sociales, ainsi qu’à l’inanité de son existence. Il ne joue pas l’Occident dans les vêtements destinés à l’exportation par l’usi- cohorte d’emmerdements : des bestioles malfaisantes pour gagner, mais pour échapper à lui-même. Soutenu par le ne qui l’emploie. Au cours du trajet en tramway qui la conduit grouillent un peu partout, une salamandre venimeuse d’une public, Haffner parviendra à mettre Lasker en difficulté. Il pour- au siège de la Securitate, ses souvenirs se croisent, se chevau- taille gigantesque, une invasion de limaces digne des dix plaies rait même gagner. Mais à cette seule idée, il est comme anesthé- chent, porteurs de réalités cauchemardesques, de vérités d’Egypte, des grenouilles et même des serpents d’eau. De la sié. Il incarne la « névrose d’échec » si brillamment analysée par détournées ; « Chez Albu, dit-elle (l’enquêteur féroce qui intro- boue, de la gadoue, de la vase, des marais mouvants, gluants. Freud. La déchéance est son destin, comme elle l’a été pour ses duit en cachette des restes humains dans le sac à main de sa vic- Des fossés, des fissures, des murs imbibés d’eau. La nature en parents. Ne voulant être une charge pour personne, le « roi de la time pour mieux la terrifier, qui fait le baisemain tout en lui décomposition, pourriture, putréfaction. Tout commence nulle » mourra de faim à 44 ans, non sans avoir tenté de repren- écrasant le doigt), ce qui me fait sentir qu’un bon mensonge d’ailleurs par un cadavre (noyé) et se termine par un autre dre le dessus dans des tournois régionaux. prend toujours, c’est que je me crois moi-même d’un mot à (tout aussi noyé) : blancs, gonflés, la peau prête à crever. Sur cette trame, un jeune Viennois, lui-même joueur l’autre. » Sous le déluge : Leon Ulbricht, écrivain en mal d’argent, qui d’échecs, Thomas Glavinic, a écrit un roman palpitant. Il nous Herta Müller, quarante-sept ans, appartenait à la minorité croit que grâce à son travail de nègre pour un truand il va enfin entraîne dans les cafés viennois et les hôtels de Berlin. L’am- germanophone de Roumanie, maintenant disparue car « ven- s’en sortir. Sa jeune femme, Martina, gentille, naïve, boulimi- biance survoltée des tournois d’échecs, les complots qui s’y our- due » à l’Allemagne du chancelier Schmidt, marchandage que. Et le chien, Noé, bien sûr. Un épicier serviable mais étran- dissent, les idylles qui s’y nouent, les mises à mort qui en sont accompli dans l’angoisse et la honte. Auteur de romans déjà ge, deux voisines encore plus étranges, vont troubler la séréni- l’apothéose, créent un climat qui évoque celui du Joueur traduits en français (L’Homme est un grand faisan sur terre, éd. té dont rêvait Leon en venant s’installer en ex-RDA, dans cette d’échecs, de Stefan Zweig, ou La Défense Loujine, de Nabo- Maren Sell, 1968, et Le Renard était déjà le chasseur, Seuil, petite maison en bordure de bois et de landes. Rien comparé à kov. Thomas Glavinic est parvenu à restituer physiquement la 1997), elle a été ditinguée grâce à la qualité de son écriture, de la violence qui frappera, fulgurante et brûlante comme la fou- violence des émotions qui conduiront Haffner à sombrer dans ses métaphores audacieuses, par le prix Kleist en Allemagne, et dre (traduit par Pierre Deshusses, Rivages, 268 p., 125 F [19, une volupté suicidaire sans rémission (traduit par Olivier le prix Impac de littérature en Irlande (traduit par Claire de Oli- 06 ¤]). M. Si. Mannoni, Pauvert, 312 p., 125 F [19,05 ¤]). R. J. veira, éd. Métailié, 210 p., 120 F [18,29¤]). E. R. salon du livre LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / V b ...la folie des années sages

monté le Ring, de Wagner, qui figu- de non-ingérence, le Bund augmen- n’importe quoi sous prétexte que rait depuis longtemps au répertoire te de nouveau ses aides à la culture ça se passe à Berlin. Les jeunes du Deutsche Oper, maintenant diri- berlinoise (110 millions de DM sur auteurs, de pop-Literatur sont cour- gé par Udo Zimmermann, qui a un budget municipal dépassant le tisés comme des stars. Ce qui est remplacé Götz Friedrich, tandis milliard, auxquels s’ajoutent sûr, c’est que la ville est désormais que La Flûte enchantée est à l’affi- 300 millions de versement à la Stif- le centre des agences littéraires qui, che des trois maisons, et l’on peut tung Preussischer Kulturbesitz) ; en depuis que les droits étrangers, et parfois prendre sa place l’après- contrepartie, il veut avoir un droit notamment américains, sont prohi- midi pour le soir. Si l’on n’est pas de regard. La nouvelle capitale son- bitifs, cherchent à débusquer de exigeant, il n’en coûte pas plus de ne-t-elle le glas du fédéralisme ? La nouveaux talents du cru. Berlin fait 10 marks. normalisation passe par une – relati- recette. Plus de la moitié des con- Les théâtres les plus prestigieux ve – centralisation, alors qu’on trats d’auteurs passent maintenant sont à l’Est, avec la Volksbühne, le assiste au phénomène inverse – par ces agences qui offrent un con- Deutsches Theater et le Berliner bien que timide encore – en France, tact plus personnel que les grandes Ensemble dirigé par Claus Pey- où la province commence à s’éman- maisons d’édition devenues des mann. Ces trois scènes s’orientent ciper culturellement et à devenir entreprises impersonnelles à force de plus en plus vers une synergie attractive. de restructuration et de fusions suc- entre théâtre et danse ; ainsi la com- A cela s’ajoute la position de Ber- cessives. Les agents écument les pagnie de l’Autrichien Johann Kres- lin : très excentrée à l’Est, elle susci- Lesebühnen où de jeunes écrivains nik a rejoint Frank Castorf à la Volk- te des inquiétudes chez ses voisins qui souvent n’ont pas encore publié sbühne, qui ouvre aussi régulière- européens, qui redoutent un affai- se livrent à des joutes littéraires. Ça ment ses portes à des metteurs en se passe généralement dans un scène de renom, comme Christoph café, l’entrée est payante (entre 5 et Marthaler, Thomas Bischoff et La ville est devenue 10 DM) et chaque écrivain reçoit un Christoph Schlingensief. Berlin et cachet de 80 à 100 DM pour sa per- Schlingensief, l’association rend le centre des agences formance, parfois accompagnée possible les initiatives les plus sau- d’un orchestre amateur. grenues, comme la création, littéraires qui, depuis Il y a aussi des lieux plus institu- mi-février à la Volksbühne, de tionnels comme le KulturKaufhaus l’« association des victimes de cha- que les droits étrangers, Dussmann, la librairie Kiepert, le grins d’amour » et la mise en scène Literarisches Colloquium près du par Schlingensief d’un opéra sur le et notamment Wannsee. Les centres commerciaux sujet dans cette ville de célibataires. ne sont pas en reste et les Galeries Le fer de lance de l’Ouest est la américains, sont Lafayette offrent au mois de mars Schaubühne, qui viendra présenter un lieu de signature à Gao Xingjian, cette année en France des créations prohibitifs, cherchent à dernier Prix Nobel de littérature en des codirecteurs, le metteur en scè- date. Dans ce qui est devenu un ne Thomas Ostermeier et la choré- débusquer de nouveaux supermarché de la culture, des ini- graphe Sasha Waltz. Sans oublier le tiatives intéressantes émergent. La Grips Theater, dont la notoriété a talents du cru. LiteraturWERKstatt Berlin organise Club de plein air dans le quartier alternatif de Kreuzberg dépassé les frontières et qui monte des festivals internationaux dont le un répertoire uniquement destiné Berlin fait recette fameux « open mike » qui a déjà aux enfants. procuré à plus d’un auteur un Cette prolifération s’explique par public et une maison d’édition. La …/… pour rien. Il a su donner une nouvel- le fait que la ville, depuis la réunifi- blissement de son ancrage à « nuit de la poésie » sur la Potsda- L’underground berlinois est « En 1990, j’ai le impulsion à la culture en n’hési- cation, possède tout en double. On l’Ouest. Berlin n’est en effet qu’à mer Platz essaie de sensibiliser le refoulé à la périphérie, vers les quar- tant pas à jouer la carte politique. parle de fusions, de fermetures, de une heure de route à peine de la public aux nouvelles formes du tiers de Friedrichshain ou la partie commencé par vivre La fameuse île aux Musées, qui restructuration, mais pour l’instant Pologne, depuis la Karl-Marx-Allee, lyrisme sur les lieux mêmes où le nord de Prenzlauer Berg. Berlin, accueillit au Moyen Age les pre- rien n’est fait. « Certains prétendent que les Berlinois continuent d’appe- Mur coupait le cœur de la ville. Il qui fut l’eldorado des milieux alter- dans un squat. Il y a miers habitants de Berlin, est en que Berlin est devenue pauvre, dit ler la Stalin-Allee, et fait figure de n’a d’ailleurs pas complètement dis- natifs lors de la chute du Mur, s’em- pleine rénovation. Près du centre, Volker Hassemer, président du grande porte ouverte sur l’Est. L’am- paru et les quelques mètres que bourgeoise. Le quartier de Mitte, cinq ans, mon loyer deux splendides musées ont ouvert dynamique institut Partner für Ber- bition de Berlin est d’être la porte l’on a gardés sur les centaines de centre historique de la capitale leurs portes : la Gemäldegalerie et lin. Ce n’est pas exact. La ville n’est culturelle entre l’est et l’ouest de kilomètres qu’il comptait sont main- situé en zone soviétique, était alors coûtait 400 marks. la Neue Nationalgalerie, tandis que pas devenue plus pauvre, simple- l’Europe, comme en témoignait à tenant préservés comme une pièce désert. « Lorsque le Mur est tombé, l’ancienne gare Hamburger Bahn- ment elle doit assumer le fonctionne- l’automne 2000 cette tenture sur la de musée, comme si l’on s’était c’était une terre qui n’appartenait à Maintenant c’est 2 000 hof a été transformée en musée ment des institutions de deux systè- porte de Brandebourg en réfection, trop pressé de le faire disparaître personne. Les artistes s’y sont engouf- d’art contemporain. Chaque jour mes avec un seul budget. » Il y a de où l’on voyait, en regardant vers dans l’euphorie de 1990. frés », explique Martin Reiter, l’un marks. A ce prix-là, tu dix mille personnes se pressent aux fait une discordance entre le rayon- l’ouest, Paris, et la place Rouge vers C’est ainsi que, dix ans après, on des dirigeants du Tacheles. A l’épo- guichets des théâtres et des opéras. nement culturel de la ville et sa l’est. On va sans doute observer un a fait revenir à Berlin quarante-qua- que, dans cette ville trop grande, commences à travailler. La Philharmonie, dirigée un temps situation économique, qui est décentrement politique comme on tre artistes pour restaurer les fres- carrefour entre l’Est et l’Ouest, les par Claudio Abbado, successeur de d’autant plus critique que Berlin est observe un décentrement à l’inté- ques qu’ils avaient réalisées le long loyers ne coûtaient presque rien et Tu perds de la liberté. » Herbert von Karajan, reste le tem- un Land à lui tout seul ; la ville, très rieur même de la ville où les quar- de l’East Side Gallery. Ils étaient à chacun pouvait tenter sa chance. ple de la musique dans cette ville étendue (3,5 millions d’habitants tiers les plus attractifs sont mainte- l’époque cent dix-huit, originaires « En 1990, j’ai commencé par vivre Maurice Weiss, qui ne compte pas moins de neuf sur une surface grande comme nant dans l’ancien Berlin-Est. La dis- de vingt et un pays, à peindre quel- dans un squat. Il y a cinq ans, mon orchestres symphoniques et plus neuf fois celle de Paris), offre de tinction en deux secteurs est en que mille piles de béton pour fêter loyer coûtait 400 marks. Maintenant, photographe de cent chœurs. En 2002, Abaddo, nombreux parcs et lacs, mais elle effet toujours en vigueur dans les la chute du Mur. Mais les intempé- c’est 2 000 marks. A ce prix-là, tu sera remplacé par Simon Rattle. n’a pas d’arrière-pays avec des mentalités, malgré la réunification. ries, la pollution et la misère finan- commences à travailler. Tu perds de Kent Nagano est devenu le chef industries payant des impôts et des C’est à Prenzlauer Berg, foyer de cière de la ville faisant leur œuvre, la liberté », explique Maurice Weiss, gagner plus d’argent. On devient par- d’orchestre et le directeur artistique taxes. Perdue dans le désert indus- la dissidence à l’Est juste avant la les peintures ont fini par se dégra- trente-sept ans, photographe de fois ce qu’on n’a pas voulu devenir. » du Deutsches Symphonie Orches- triel de l’ex-RDA, Berlin compte sur chute du Mur, que se concentre la der, jusqu’à être quasi invisibles, à l’agence Ostkreuz. Même si les Pourtant, en dépit de ces contrain- ter. A Berlin, la culture est un mon- le secteur des services et le tertiaire vie littéraire autour d’une ancienne l’image du célèbre baiser sur la bou- loyers sont encore deux fois moin- tes nouvelles, Berlin peut encore fai- de qui bouge. S’il est facile d’écou- pour renflouer ses caisses, mais les friche industrielle rebaptisée Kultur che de Brejnev à Honecker de Dimi- dres qu’à Munich, dans une ville où re figure de paradis culturel compa- ter les orchestres invités, une place huit mille PME venues s’installer ici Brauerei. Berlin attire comme un tri Vrubel. A la fin des années 90, 90 % de la population vit dans des rée aux autres capitales européen- pour entendre ce qui fut l’un des ne sont pas encore génératrices aimant les jeunes auteurs, qui y l’artiste iranien Kani Alavi s’est mis locations, l’argent reprend ses nes. « Ici, je peux organiser une expo- meilleurs orchestres du monde se d’emplois. L’argent doit venir pressentent une source inépuisable en quête de sponsors pour sauver droits, et les artistes reviennent à sition pour 6 000 marks en plein mérite. Dimanche 7 janvier, à d’ailleurs. Après la chute du Mur, le d’inspiration. La ville a toujours cette œuvre collective de la convoi- plus de réalisme. cœur de la ville. A Paris, cela me coû- l’ouverture des guichets, les Berli- Bund, l’Etat fédéral, a commencé abrité des écrivains prestigieux. tise des promoteurs immobiliers. Dans l’ancien bâtiment des Pos- terait trois à cinq fois plus cher », nois n’ont pas hésité à faire quatre par diviser par quatre ses subven- C’est là qu’habitent depuis long- Avec 1 million de marks, il a déjà tes, en face du Tacheles, Doisneau reconnaît Maurice Weiss. Les initia- heures de queue pour acheter une tions : il n’était plus nécessaire d’en- temps Christa Wolf, Volker Braun, réussi a faire rénover 330 mètres du est à l’affiche, pour attirer les visi- tives individuelles ne sont pas les place pour le Requiem de Verdi, tretenir une vitrine du monde libre Christoph Hein, Wolfgang Hilbig 1,3 kilomètre de fresques qui rappel- teurs et avoir ainsi les moyens de seules à vivifier la culture. donné à l’occasion du centième au cœur du bloc communiste. Mais ou Günter Grass, qui y possède une lent ces temps héroïques. Des pan- présenter deux autres artistes Avec plus de 2 300 instituts per- anniversaire de la mort du composi- avec le déménagement à Berlin, il maison ; mais de jeunes écrivains, neaux interdisent désormais de moins connus : l’Américain Bruce manents, l’offre culturelle est teur. L’opéra reste plus facile d’ac- commence à s’intéresser à la nou- surtout venus de l’Ouest se sont ins- « dégrader » les fresques « classées Davidson et le Français Antoine époustouflante de diversité. Cha- cès dans une ville qui compte trois velle capitale, surtout à l’aimer, tallés en nombre dans la ville, qui monument historique ». Interdit de D’Agata. « Il y a cinq ans, on n’avait que année, les 170 musées salles : le Staatsoper, le Deutsche alors que l’équipe Kohl, catholique clame à qui veut l’entendre qu’elle faire des graffitis sur les graffitis : pas cette pression pour aller vers le accueillent huit millions de visi- Oper et le Komische Oper. Quatre- et originaire du sud-ouest du pays, est devenue la capitale de la littéra- aveu d’un monde qui a perdu sa grand public », reconnaît Maurice teurs. L’arrivée à la tête de la Stif- vingts opéras et vingt-quatre bal- détestait l’ancienne capitale, prus- ture. La densité des écrivains au spontanéité dans le tourbillon des Weiss, organisateur de l’exposition. tung Preussischer Kulturbesitz de lets sont présentés cette année. Au sienne et protestante. Rompant mètre carré est pourtant loin de fai- modes et la tyrannie de la normali- « On tombe dans le piège. Il faut Klaus Dieter Lehmann n’y est pas Staatsoper, Daniel Barenboïm a avec une longue tradition politique re la qualité et l’on publie parfois sation.

b STAMM Peter b LA POÉSIE ALLEMANDE 1943, avec Mondes (Seghers, édition due à Jacques Lajarrige, bilin- Verglas CONTEMPORAINE, gue, 156 p., 89 F [13,57 ¤]) ainsi qu’ un roman (Gertrud, éd. farrago) textes choisis et présentés par Kurt Drawert et une correspondance (éd. Christian Bourgois), et Rose Auslander : Né en 1963, Peter Stamm fait partie de cette Cristal, anthologie de Michel Lemercier (BF éditions, 14, rue Sainte- jeune génération d’écrivains qui ont tous les Vingt-neuf poètes de langue allemande, nés pour Hélène, 67000 Strasbourg, bilingue, 148 p., 80 F [12,20 ¤]). P.K. mêmes approches, les mêmes préoccupations, les plus âgés durant la seconde guerre mondiale, les mêmes inquiétudes, qu’ils soient anglais, fran- et pour le plus jeune en 1974, composent cette çais, allemands, espagnols ou américains, ou anthologie. Kurt Drawert souligne le retour à un encore suisses comme lui. Ils ne pratiquent ou ne connaissent qu’un certain classicisme après « l’atomisation du matériau linguistique » style dépouillé, sobre, économique, facile à lire, où chaque mot comp- des années 1980. La diversité des inspirations et des rythmes ne con- te, simplement comme pour tous les adeptes du minimalisme. Cer- tredit pas le sérieux et la profondeur de ces voix (éd. Seghers- tains – et Peter Stamm est de ceux-là – réussissent mieux que Goethe Institut, bilingue, plusieurs traducteurs, 340 p 129 F d’autres. Ils ont beaucoup voyagé, parlent souvent plusieurs langues [19,67 ¤]). et se sentent bien ou mal, toujours pareils un peu partout, participant Le projet de l’anthologie présenté par Christophe Marchand-Kiss ainsi à une sorte de mondialisation de la littérature générationnelle. est plus resserré. Sous le titre Après l’Est et l’Ouest, l’ouvrage présente Au cours des neuf nouvelles qui composent ce recueil, le narrateur, quatre poètes – Volker Braun et Oskar Pastior, nés avant la dernière peut-être toujours le même, se trouve donc en Suisse, à New York, guerre, Bert Papenfuss et Durs Grünbein, nés dans les années en Suède, sur une île hollandaise ou en Italie. Probablement toujours 1950-1960. A l’exception de Pastior, Roumain d’origine installé en âgé d’une trentaine d’années, il observe ses amis, la vie autour de lui : RFA depuis 1969, les autres « viennent » de RDA. L’histoire – ce que les difficultés d’aimer, d’être aimé, de communiquer et tout ce qui Grünbein appelle « l’ordre du temps » – constitue, selon des voies for- s’ensuit, la résignation, la tristesse, le désespoir, le manque d’ambi- melles diverses, un horizon poétique commun (éd. Textuel, plu- tion, une vague fatigue de vivre et, bien sûr, la mort. Il garde souvent sieurs traducteurs, 192 p., 135 F [20,58 ¤]). ses distances non sans compassion, mais sans plus d’humour que Signalons également : le dernier numéro de la revue Po&sie qui d’ironie. Ce qui retient l’attention, c’est qu’à partir d’une situation comporte un important dossier sur la poésie allemande (Belin, no 94, banale, quotidienne, Peter Stamm introduit toujours une atmo- 90 F [13,72 ¤]) et la réédition de la belle anthologie que Jean-Christo- sphère un peu étrange, parfois déplaisante, parfois plus douce si phe Bailly consacra en 1976 au romantisme allemand : La Légende dis- bien que l’on aborde chaque nouveau texte avec curiosité (traduit persée (éd. Christian Bourgois, 404 p., 140 F [21,34 ¤]). Enfin, deux de l’allemand par Nicole Roethel, éd. Christian Bourgois, 164 p., poétes juives de langue allemande font l’objet de publications : Ger- 95 F [14,48 ¤]). M. Si. trud Kolmar, cousine de Walter Benjamin, morte à Auschwitz en VI / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 salon du livre b Berlin, la ville de tous les dangers ’idée commence à se répan- chante. Comme une membrane qui ce devient spectacle commercial. dre qu’un minimum de Ils sont tous vous enveloppe », explique Georg « C’est La Haine, de Mathieu Kasso- matériau est nécessaire à Klein, dont la ville imaginaire et vitz, qui a inspiré mon livre. Notre la réflexion. Et ce maté- des Berlinois. labyrinthique de Libidissi, du nom réalité, c’est ça. » riau,L seule Berlin, parmi toutes les vil- de son roman, n’est pas sans rap- Judith Hermann reconnaît que, les allemandes, peut le donner au De naissance, par port avec la topographie de cette si le problème de la culpabilité est jeune écrivain. Berlin, qui est aimée ville. Berlin toujours et encore. toujours quelque part dans sa tête, par la jeunesse et qui fait aussi quel- hasard, ou par intérêt, Comme si la jeune génération rat- elle ne se sent pas non plus capable que chose pour la jeunesse. » Ainsi trapait un manque. Car, contraire- d’en parler puisqu’elle ne l’a pas s’exprimait Ödon von Horvath les jeunes écrivains ment à l’Angleterre ou la France, la vécu – mais d’avouer qu’elle se dans les années 1920. Après des ville a été longtemps la grande sent un peu gênée de ne pas savoir décennies de purgatoire, Berlin a se retrouvent tous absente de la littérature allemande le faire. « Les générations précéden- retrouvé sa splendeur et tout son souvent repliée sur la Heimat,le tes ont fait le travail qu’il y avait à fai- pouvoir d’attraction, à tel point dans la capitale petit coin de province où l’on est re sur le passé. Mais peut-être qu’un qu’il ne semble plus y avoir de né. jour j’écrirai moi aussi là-dessus. » salut en dehors de la capitale, qui a renom (de Kafka à Carver en pas- Il a fallu attendre la parution de L’engagement politique des aînés donné un sérieux coup de provin- sant par Hemingway et Thomas Berlin Alexanderplatz, de Döblin, leur paraît appartenir au grenier de cialisme au reste de l’Allemagne. Bernhard). Si le trio est au complet en 1929 pour qu’un grand roman l’histoire. Tim Staffel, qui rêve de Qu’ils soient nés à Berlin, comme et harmonieusement réparti, on raconte pour la première fois cette faire bouger les choses et d’un Thomas Brussig et Judith Her- aurait la preuve infaillible qu’on réalité récente dans le contexte alle- monde meilleur débarrassé de ses mann ; qu’ils y soient venus avant est bien branché sur le genre en mand : la métropole. Cette nou- égoïsmes, finit par lâcher : « Pour- la chute du Mur, comme Ulrich question, qui s’adresse principale- veauté thématique se double d’une quoi s’engager ? Comment s’enga- Woelk, Inka Parei et Tim Staffel, ment à la « génération Golf », du autre, formelle cette fois. «Ily a ger ? Pour moi, un chagrin d’amour ou après la réunification, comme nom du roman de Florian Illies, encore dix ans, il fallait écrire de a beaucoup plus d’importance Benjamin Lebert et Wladimir Kami- l’une des têtes de file du mouve- façon illisible. Il était interdit d’écri- qu’un pétrolier qui sombre aux lar- ner, les jeunes auteurs « berli- ment avec Christian Kracht, Frank Adolescente dans le quartier difficile de Marzahn re pour le public, il fallait écrire pour ges des Galapagos. » Tous ces nois » sont l’objet de grandes atten- Goosen et Stuckrad-Barre. Entre la critique et de façon codée », décla- auteurs sont un peu désorientés tions. Tout laisse même à penser journal intime et feuilleton de re, non sans provocation, Thomas par la gloire qui leur est tombée qu’il est plus facile d’être édité magazine à grands tirages, on y Brussig. Est-ce l’une des raisons de dessus à l’improviste. On devine quand Berlin figure dans un coin épanche ses peines de cœur, son plus tard. « J’ai essayé de couper le mais aussi Sonnenallee publié en la désaffection des Français pour la une lassitude. Brussig regrette que de sa carte de visite ; la ville n’est Weltschmerz, on déballe ses perfor- cordon en m’installant à l’Est alors 1991 et dont a été tiré un film. Le littérature allemande, jugée tradi- la ville ait perdu de son charme : pas devenue la capitale de l’édi- mances ou contre-performances que je suis née à l’Ouest, dans le livre est une chronique d’un bout tionnellement lourde et difficile ? « Autrefois je pouvais entrer dans tion, mais les grands éditeurs de amoureuses (il faut faire vrai) sur quartier populaire de Neu-Köln. » de rue brutalement coupée par le Cette nouvelle génération d’écri- des immeubles abandonnés, errer Munich, Francfort et Hambourg se les plages de Sylt ou l’exiguïté de la Ulrich Woelke, dont le dernier Mur. « On connaît le Mur partout vains avoue ne plus guère lire dans les appartements vides. On sen- sont empressés d’y installer au banquette arrière d’une Porsche. Il roman, Liebespaare, se passe en dans le monde, on connaît les ima- Grass ou Arno Schmidt ; ils les ont tait palpiter la vie dans cette décrépi- moins une antenne, sauf Suhr- y a du peep-show dans ces pages grande partie à Berlin, évoque l’am- ges, mais ce qui s’est vraiment passé, étudiés au lycée par obligation tude, alors que maintenant tout est kamp, la vénérable maison, qui a pas forcément déplaisantes à lire. biance particulière et les mythes il faut le raconter, sinon ces histoires mais s’intéressent davantage à mis en coupe réglée. » Wladimir raté le coche et laissé échapper une Et si l’on n’a pas le temps de s’y portés par cette ville. « Berlin est un seront perdues pour toujours, elles Don DeLillo, Bret Easton Ellis ou Kaminer, tout à l’euphorie de la bonne partie des nouveaux talents. plonger, on peut se rattraper en foyer d’énergies et de fantasmago- ne se répéteront jamais. ». Camus, très apprécié par Tim Staf- nouveauté, est possédé par une Cette focalisation impose toute- jetant un coup d’œil à la télévision ries », ajoute Georg Klein. « La ville Inka Parei déclare d’emblée que fel. « On veut nous faire croire, avec véritable boulimie d’écriture ; il tra- fois une approche circonspecte ou en écoutant la radio, ces stars possède cette agitation souterraine, c’est la structure de la ville qui a ins- le nouveau Berlin, que tout se passe vaille pour plusieurs journaux, par- tant la mode y joue un rôle impor- de la plume étant invitées dans de peut-être aussi cette inquiétude qui piré la structure de son livre La pour le mieux, qu’il n’y a plus de dif- ticipe à des lectures publiques. tant. Beaucoup de bruit pour rien nombreuses émissions de variétés. me traverse », poursuit Judith Her- Boxeuse d’ombres, avec ses flash- férence. Il suffit de faire quelques « C’est un défi permanent », dit-il, diront certains à propos d’une ten- Plus discrètement, la ville mann. S’ils se fréquentent peu, ils back, ses traumatismes, ses zones kilomètres à l’Est pour voir réelle- rejoignant Brussig : « Berlin ne sup- dance littéraire observée depuis accueille une pépinière de jeunes sont nombreux à habiter le quar- d’ombre et de lumière, son héroïne ment ce qu’il en est et que rien n’est porte pas la médiocrité. » quelques années et désignée sous écrivains qui préfèrent aux sun- tier de Prenzlauer Berg, dans l’an- double dans une ville toujours dou- réglé. La réunification, c’était une P. Des. le terme générique de pop-Litera- lights l’anonymat que propose cienne partie Est, qui est devenu ble. « Je me surprends encore à façon de solder la culpabilité. » tur. Qu’est-ce que la pop-Litera- cette immense cité chaotique pour une sorte de Saint-Germain de la dire : je vais à l’Ouest ou je vais à Pourtant le passé allemand ne les tur ? « C’est du Houellebecq en laquelle ils éprouvent un sentiment grande époque. Thomas Brussig, l’Est », dit Judith Hermann. « Beau- intéresse plus vraiment. « C’est de e Signalons, d’Inka Parei : La Boxeu- moins cérébral », lance Wladimir oscillant entre l’amour et la haine. qui a toujours vécu ici, y situe tout coup de gens demandent : où est Ber- la littérature pour germanistes », lan- se d’ombres (Pauvert, 230 p., 120 F Kaminer, un éclat de malice dans le « J’ai voulu échapper à cette ville naturellement le cadre de ses lin ? Alors qu’ils y sont. Mais ils atten- ce Tim Staffel. Dans son roman Ter- [18,29 ¤]. Thomas Brussig : Le Comp- regard. Cet écrivain russe, né à mais j’y suis revenue », dit Judith romans, non seulement le fameux dent autre chose. Il n’y a pas vrai- rordrom, il présente Berlin comme lexe de Klaus (Albin Michel, 324p., Moscou en 1967, s’est installé à Ber- Hermann, auteur d’un délicat Complexe de Klaus décrivant sur le ment de centre. C’est une ville sans une gigantesque arène brusque- 130F [19,82¤]) ; Georg Klein : Libidis- lin en 1990 et a choisi l’allemand recueil de nouvelles Maison d’été, mode farcesque la chute du Mur, unité et pourtant terriblement atta- ment figée par le froid, où la violen- si, Denoël, 254 p., 130 F [19,82 ¤]).. pour écrire un recueil de petites nouvelles alertes sur les tribula- tions de la diaspora russe dans la capitale. Plus précis et plus meur- trier dans son analyse, Georg Régine Robin, historienne nomade de la capitale Klein, auteur de l’étonnant Libidis- si, observe, pour mieux cerner le l’espace d’une ville. A lui seul, le fille. Des lettres d’Allemagne. Au culture, une religion, une identité. rents. Les Allemands ont beaucoup phénomène, la fréquence des trois BERLIN CHANTIERS Berlin chantiers de Régine Robin est retour, il lui récite des poèmes de Comme peut l’être aussi un crime. parlé de la « maîtrise du passé ». instruments de musique préférés de Régine Robin. cette bibliothèque. Livre somme, il Heine. Plus tard, dans le roman Berlin, cette « ville de brumes, L’auteur se demande si cette sus- des auteurs dits pop : le tambour Stock, « Un ordre d’idées », n’est pourtant ni une encyclopédie familial qu’elle se construira, elle aux nuages bas en hiver, une ville pecte notion ne dissimule pas un ventral (avec une prédilection pour 450 p., 139 F (21,19 ¤). ni le recensement confortable de s’imagine la fille d’une riche famille propice à la présence de fantômes, déni de mémoire, une impuissance la zone proche du nombril) ; la gui- ce que d’autres ont écrit et pensé. de juifs allemands de Charlot- de strates mémorielles multiples », à intégrer celle-ci. Alors même que tare virtuelle, qui est à la virtuosité maginez une ville adossée à C’est en son nom propre, de la pre- tenburg, ayant fui Berlin en 1933. est une immense question. Pas seu- le présent est exsangue, qu’on ne instrumentale ce que le karaoké est une bibliothèque. Ou bien, mière à la dernière page, de la vie Langue infiniment riche de réso- lement d’histoire et de géographie. sait de quelle manière donner un au chant et enfin la trompette de la une bibliothèque entière qui réelle à la mise en fiction de cette nances – des pires aux plus harmo- Pas uniquement d’architecture ou sens concret et visible à l’idéal de la tradition, car il est de bon ton de serait un guide pour circuler réalité, que l’auteur parle de Berlin, nieuses –, chargée de références lit- d’urbanisme. C’est une question réunification, que l’argent de clamer à tous vents une filiation de Idans l’épaisseur du temps et dans arpente, décrit, « habite » cette vil- téraires et philosophiques, l’alle- humaine, là encore à la fois indivi- l’Ouest ne parvient pas à réduire le qui n’est pas, au sens courant, la mand deviendra pour la jeune juive duelle et collective. Des écrivains, des friches et des ruines qui ne sont sienne. l’idiome secret, aimé d’« un amour des journalistes et des philosophes, pas seulement matérielles… Historienne et universitaire qué- presque coupable ». Car cette lan- des artistes, ont tenté d’y répondre. Régine Robin ne soutient pas bécoise, écrivain inclassable qui ne gue, « l’autre du yiddish », est aussi L’enchaînement des événements la une thèse sur Berlin. Elle ne se met s’est jamais laissé enfermer dans la « langue de la guerre et du danger rendait urgente, vitale : en 1945 pas à l’abri, ne se dissimule derrière l’« essayisme », Régine Robin est absolu ». lorsque fut défaite toute la superbe nulle autorité intellectuelle ou idéo- née à Paris au début de la dernière Tout le livre de Régine Robin, cet ostentatoire du Reich nazi avec ses logique, elle étale plutôt devant guerre (1). Ses parents étaient des énorme travail d’érudition vaga- aigles et ses statues ; en 1961, nous les multiples pièces d’une thè- artisans d’origine juive et polonai- bonde, à la fois réflexion et médita- quand un mur est venu séparer les se impossible à écrire. La cité se. Comme elle le raconte dans l’in- tion, trouve sa source là, dans ce blocs ; en 1989, au moment où ce « palimpseste », avec ses stigmates troduction, cinquante et un mem- que l’auteur appelle son « rêve d’Al- même mur tombait, laissant appa- et son présent introuvable, sa bres de sa famille restés en Polo- lemagne ». De celui-ci, Berlin est le raître d’autres ruines, d’autres sépa- mémoire immaîtrisable et son gne ont été assassinés dans les centre géographique et imaginaire, rations : et il fallut détruire de nou- futur, a trouvé en Régine Robin camps de la mort de ce pays. Son le résumé, la synthèse. Rêverie inti- veaux symboles, comme cette sta- son historienne oblique et noma- père, pendant quelques mois, en me bien sûr – comme le fut celui de tue de Lénine pendue dans la nuit de. Et c’est le déplacement perpé- 1927 ou 1928, travailla à Die Rote Walter Benjamin, lui-même lecteur au bout d’une grue… tuel qui fait la beauté de son livre. Fahne, le journal du Parti commu- du Parisien Baudelaire –, révélant Avec une remarquable sûreté Patrick Kéchichian niste allemand. Durant la guerre, le désir et l’histoire du rêveur. Mais d’informations et de références, prisonnier dans un stalag près de l’histoire est collective également, Régine Robin raconte et analyse (1) voir son portrait dans « Le Monde Hanovre, il adresse des lettres à sa comme l’est une civilisation, une ces épisodes, et les discours affé- des livres » du 19 mars 1999.

b HERMANN Judith NADOLNY Sten Maison d’été, plus tard Lui ou Moi

Elle s’appelle Judith Hermann, elle est née et En 1976, après la mort de son père, Ole Reu- elle vit à Berlin, elle n’a écrit qu’un recueil de ter avait entrepris un voyage en train à tra- récits, mais elle est déjà l’une des grandes vers l’Allemagne. Vingt ans après, il récidi- révélations de cette nouvelle littérature alle- ve, mais bien des choses ont changé. L’Alle- mande qui surprend par sa diversité. Une ren- magne d’abord, aujourd’hui réunifiée, ce contre dans un train dont on veut effacer le souvenir et qui qui l’amène à parcourir les nouveaux Länder de l’ex-RDA, mais pourtant revient comme un papier photo plongé dans le révéla- surtout Reuter lui-même, devenu conseiller en stratégie et qui teur, deux jeunes femmes en vacances dans une île des tropi- aurait bien besoin lui-même d’être guidé ; Reuter qui a pris ques qui jouent à inventer leur vie, une visite chez un thérapeu- quelques kilos et perdu pas mal d’illusions. Son nouveau voya- te qui a des conséquences inattendues. Rien de sensationnel, ce ge ressemble plutôt à une fuite pour tenter d’oublier ses sont des histoires apparemment simples, mais il y a un ton si échecs, ses remords (il se sent responsable de la mort de sa personnel que l’on semble découvrir le monde là où elle nous fille), ses humeurs hypocondriaques (il se croit atteint du sida) entraîne, de l’Europe à l’Amérique où elle a vécu un temps. et surtout ses démons. Mais ceux-ci sont bien décidés à interve- « Ça n’a pas marché, je suis rentrée. » Elle n’en dit pas davantage nir mêlant leurs observations au récit du vagabond et à intro- mais on sent une blessure qu’elle se garde de mettre en avant. duire leur ironie diabolique dans le fil d’un récit initiatique qui Judith Hermann n’explique pas, ne fait pas de psychologie, les ne cesse de changer de point de vue, du « Je » au « Il », du mots deviennent des évocations ; elle dit les gestes, les attitu- « Lui » au « Moi ». des, se met indifféremment dans la peau d’une femme ou d’un Dans l’Allemagne contemporaine, c’est un avatar des scènes homme, mais elle sait chaque fois choisir les détails justes avec de la vie d’un propre à rien dont le héros aurait perdu l’insou- lesquels elle compose un rythme. On se sent à la fois libre et ciance et la fougue de sa jeunesse et serait prêt, pour les envoûté, conduit et perdu dans cet univers étrange et familier retrouver, à pactiser, tel Faust, avec le diable. A moins bien sûr comme le suggère le titre qui conjugue de façon insolite l’espa- que le pacte n’ait été signé de toute éternité à l’insu de l’inté- ce et le temps. Une fois le livre refermé, il vous tient encore et ressé. Ce qui rendrait encore plus pitoyables ses efforts déses- l’on regarde le monde différemment. Joli début (traduit par pérés pour donner un sens à son destin et tenter d’échapper à Dominique Autrand, Albin Michel, 260 p., 120 F [18,29 ¤]). sa folie (traduit par Anne-Marie Geyer, Grasset, 270 p., 125 F P. Des. [19, 05 ¤]). G.Me. salon du livre LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / VII b Des images secrètes et riches de sens caché Interprétant Levinas, LE VISAGE DE L’AUTRE Textes d’Emmanuel Levinas, Martin tom Dieck illustrés par Martin tom Dieck. Seuil, 40 p., 65 F (9,91 ¤). atteint la même magie A partir de 13 ans que les facéties ALLONS VOIR LA NUIT ! (’S Nachts) surréalistes de Wolf de Wolf Erlbruch. Traduit du néerlandais Erlbruch. Autant de par Elles Essade-Koller et Anne Salem-Marin. rêves de poètes Ed. La Joie de lire (2 bis, rue Saint-Léger, CH 1205 Genève), 28 p., 55 F (8,38 ¤). infinie du monde de la peinture. Par A partir de 5 ans sécurité, il s’essaie à la bande dessi- née, plus rassurante par la marge e dessin pour servir la pen- même dans laquelle elle est alors sée ? L’idée surprend tou- tenue, même s’il y vient mû par la jours, malgré le précédent soif d’expérimentation. L’audace de Jacqueline Duhême des- paie et les distinctions suivent avec, Lsinant Deleuze pour L’Oiseau philoso- en 1993, le Prix de la ville d’Asfeld, phie (Seuil, 1997). Aujourd’hui, ce qui lui vaut une bourse d’un an et la sont des fragments choisis d’Emma- possibilité d’une exposition avec cata- nuel Levinas, extraits de Totalité et logue. Toujours plus engagé dans le WOLF ERLBRUCH infini, Ethique et infini et Le Temps et champ de la narration graphique, l’Autre, qui bénéficient du concours Martin tom Dieck préfère concevoir Levinas, comme pour Deleuze, il est Noël, un abécédaire surréaliste et fas- baroques associations d’idées. Il faut de Valérie Dayre) à la tendresse de graphique de Martin tom Dieck, illus- un livre, Der unschuldige Passagier, interprète. Rythme, composition, tra- cinant, Que font les petits garçons ? — dire que l’ambiance s’y prête, avec ce Remue-ménage chez madame K trateur du Visage de l’autre. Ce jeune dont il assure le suivi jusqu’à sa vail séquentiel, sens de la variation, ou encore Quint Buchholz — appré- petit garçon tirant son père par le nez (Milan, 1995), on est passé ici au mys- graphiste est coutumier des défis commercialisation (il stocke les quel- tout concourt à rendre sensible le fait cié d’écrivains comme Susan Sontag pour qu’il sorte de son sommeil et tère, celui qui émane d’une atmo- impossibles. Lui aussi avait « illus- que 650 exemplaires tirés dans son que « le face-à-face fonde le langa- ou Milan Kundera, lesquels ont l’emmème « voir la nuit » qui forcé- sphère subtilement décalée du réel. tré » Deleuze, dans un album sorti appartement et les porte, sac au dos, ge » et que « parler, c’est rendre le composé des textes pour ses ment fourmille d’aventures fabuleu- De ce mystère, hélas, les adultes sont aux éditions bruxelloises Fréon en dépôt chez les libraires). Le voilà monde commun ». Le jeune créateur, tableaux – et dont l’album le plus ses. Sous ses yeux défilent les visions peu conscients. Ils n’y comprennent (Salut Deleuze !, 1998) dont l’idée lui « lancé » : le livre est couronné du discret jusque dans son élégance, pré- marquant, avec Nero Corleone (Actes les plus improbables. Des images noc- rien. « Ils ignorent tout du sérieux de la était venue dès la brutale disparition prix Max und Moritz, équivalent alle- fère une vision plus « sportive » de Sud junior, 2000), reste sans doute Le turnes de rêve ou de cauchemar, tel vie. Et de la nuit, note Jean-Noël du penseur. Frustré de ne plus pou- mand de l’Alph’art, et accueilli dans ce défi nouveau. Un sport particulier Collectionneur d’instants (Milan, ce lapin gris sortant d’un vase à fleurs Blanc. Heureusement que Wolf Erl- voir s’adresser directement au philo- les romans graphiques du Seuil (L’In- puisque jamais encore il n’avait tra- 1998), l’histoire délicatement oniri- ou, comme le décrit Jean-Noël Blanc, bruch est là pour les border dans le lit sophe qu’il découvrait à peine, il nocent passager, 1996). Mais la vaillé si longtemps sur les relations que d’un artiste qui s’installe sur une ce hareng « battant le pavé sur la poin- des rêves et les emmener naviguer au transforma une commande de la reconnaissance ne jugule pas son potentielles entre le texte – qui île pour peindre les meilleurs te des nageoires ». Sans oublier un milieu des devinettes de leur enfance. revue de Wuppertal Boxer en un inventivité : Monsieur Lingus (Zyan- contient ses métaphores propres – et moments collectionnés au cours de clin d’œil à Tenniel, le dessinateur de Donc de la nôtre. » hommage au maître disparu. C’est la krise, Berlin), L’Oued silencieux (L’As- l’image à faire, en charge de l’« atmo- ses voyages. l’Alice de Lewis Carroll… « Dans cet Philippe-Jean Catinchi revue zurichoise Strapazin, première sociation, Paris), Hundert Ansichten sphère ». Penser et concevoir la sim- Mais on pense aussi à un graphiste ouvrage, le noir constitue le fond en et Florence Noiville adresse du dessinateur débutant, qui des Speicherstadt (Arrache Cœur, plicité du sens est affaire de poète. aussi original que Wolf Erlbruch, devenant le héros du livre, explique accueillit finalement ce travail hors Zurich), attestent d’une recherche Echappant aux schémas convenus, familier du monde pictural des surréa- Wolf Erlbruch. Les personnages ne e A l’occasion du Salon du livre, le norme. Mais l’aventure est en fait des mondes à lire derrière les traits Martin tom Dieck est des leurs. listes, et dont l’univers, dominé par sont là que pour faire resurgir ce Centre de promotion du livre de jeu- conforme à la trajectoire singulière du dessinateur. Il rejoint en cela ses grands aînés l’étrange, renvoie volontiers à Max moment si particulier où l’adulte ne nesse-Seine-Saint-Denis lance sur de Martin tom Dieck. Illustrateur, donnant des cours de allemands : les illustrateurs déjà Ernst, Otto Dix ou Max Beckmann. voit rien, tandis que l’enfant au Internet un site Wolf Erlbruch. A la Né à Oldenburg (Basse-Saxe) en BD à l’occasion, Martin tom Dieck consacrés, parmi lesquels l’anticon- Dans son dernier album, Allons voir la contraire imagine et découvre des figu- fois exposition autour de son œuvre, décembre 1963, Martin tom Dieck partage le challenge du musicien, formiste Nikolaus Heidelbach nuit !, Erlbruch joue des collages de res emblématiques et mystérieuses. » galerie virtuelle et réflexion critique, étudie les arts appliqués à Ham- dont la partition n’est que la réduc- – découvert par Le Sourire qui mord, toutes matières – carton, affiches ou Du grotesque qui prévalait dans cet espace inédit franco-allemand bourg, mais s’effraie de la dimension tion plane d’univers profonds. Avec et dont Le Seuil nous a donné, avant papier journal – pour illustrer ses L’Ogresse en pleurs (Milan, 1996, texte est consultable sur www.ldj.tm.fr L’Ecole des loisirs outre-Rhin Une seconde jeunesse pour Aufbau

e Rhin n’est pas un fleuve, notamment pour Yvan Pommaux epuis son bureau de la valu. A part Christoph Hein, peu livres que les lecteurs veulent lire et c’est un océan ! » Si l’on en Avec Moritz Verlag, (John Chatterton ) et Grégoi- Neue Promenade, à Ber- d’écrivains sont restés. » Le sort celui qui ne publie que les ouvrages croit le directeur général re Solotareff (Toi grand, moi petit). lin, René Strien voit pas- d’Aufbau aurait pu suivre celui, mal- qui lui semblent devoir être lus par de L’Ecole des loisirs, Jean sa filiale allemande, Seules les ventes ont tardé à sui- ser l’express Paris-Mos- heureux, de Volk & Welt (lire page ces lecteurs. » Ancienne enseignante LDelas, il est plus facile d’exporter vre. « Elles évoluent favorablement, Dcou. C’est un symbole. Sa maison, IX). Mais un miracle s’est produit : devenue rédactrice en chef des des albums pour enfants à Tokyo la maison d’édition mais plus lentement que nous ne l’avi- Aufbau, l’une des plus prestigieuses « Un milliardaire marxiste a surgi, pages enfants de Die Zeit puis éditri- qu’à Hanovre. Paradoxe ? Peut- ons imaginé. » Faible présence des de l’ex-RDA, a longtemps été un Bernd Lunkewitz, ancien ami de Jos- ce chez Rowohlt – où elle a notam- être, mais, en matière de livres illus- française de jeunesse livres dans les Kindergärten, moin- trait d’union entre l’Est et l’Ouest. chka Fischer et proche de Daniel ment créé « Rot Fuchs » (Le Renard trés, il existe entre la France et l’Alle- dre poids des bibliothèques dans les Elle publiait Thomas Mann et Jo- Cohn-Bendit. Intéressé par la culture, rouge) une collection de poche dans magne une différence de culture fon- a réussi son achats d’albums : « La structure seph Roth, mais aussi Maupassant il a décidé de venir en aide à une mai- le sillage de 1968 – Ute Blaich met damentale dont les sources remon- publique collective allemande est très ou la correspondance entre Romain son qui, sans lui, n’aurait pas survé- un point d’honneur à publier des tent peut-être à la Réforme. « Notre implantation en en deçà de celle que nous connais- Rolland et Stefan Zweig. Au temps cu. » livres « à contre-courant ». Répon- éditeur, Arthur Hubschmid, qui est né sons aujourd’hui en France », note du communisme, elle était un label Après avoir perdu plus de 25 mil- dent à ses critères d’excellence des à Zurich, m’a dit un jour : “ Pendant Allemagne Jean Delas. A quoi il faut ajouter un d’excellence voulu par le régime : lions de DM (environ 13 millions auteurs comme le grand Klaus Ensi- que vous orniez vos cathédrales de système de commandes extrême- « Pour moi qui viens de l’Ouest, il y a d’euros), Aufbau, depuis trois ans, a kat « inventé » par elle, Michael vitraux et de statues, nous construi- Jamais jusqu’à ce que l’Ecole déci- ment rapide et efficace, mais qui toujours eu deux grands éditeurs alle- renoué avec les bénéfices. Ce qui lui Sowa, à qui l’on doit un Prinz Tami- sions des temples avec des murs de d’aller s’implanter directement incite les libraires allemands à mands, dit René Strien, Suhrkamp et a permis de se redéployer, en 2000, no aux couleurs de la nuit naturelle- blancs et des versets de la Bible ”, de l’autre côté de la frontière. Ainsi stocker encore moins que leurs Aufbau. Recherchés par les étudiants, avec un remarquable département ment inspiré de Mozart, ou des redé- raconte Jean Delas pour illustrer les est née, en 1994, à Francfort, Moritz homologues français. « C’est la force ses classiques étaient incomparables. jeunesse. Des livres cartonnés, couvertes comme Max Reach, Aloys différentes conceptions du rapport Verlag. Avec à sa tête un ancien de et la faiblesse du réseau. La consé- Les éditeurs d’Aufbau étaient des let- reliés, toilés comme on n’en fait Zötl et Wilhelm Schultz, un dessina- texte/image. C’est bien simple, un Beltz und Gelberg, Markus Weber, quence, pour un éditeur qui débute trés qui disposaient de tout leur temps plus, et surtout une époustouflante teur satirique des années 1920. Ute album allemand pour les petits se pré- cette filiale allemande traduit avec une importante politique de pour préparer les meilleures éditions qualité graphique : on dirait qu’Auf- Blaich vient aussi de publier un livre sente le plus souvent avec une page de aujourd’hui quinze albums par an, fonds, c’est qu’il faut du temps pour complètes, les meilleures traductions. bau a eu à cœur de retrouver pour d’images dessinées par Picasso, qui gauche noire de texte, une page de et rencontre depuis sa création un s’implanter. » Ils travaillaient au même niveau que les enfants la qualité qui faisait sa appartient à la fameuse collection droite saturée de couleurs, un mini- accueil unanimement favorable. Reste que l’expérience allemande des membres de l’Académie. » marque naguère. « Il existe deux Berggruen de Berlin. Autant de mum de marges et d’espaces pour res- Dans la presse d’abord, l’arrivée de est suffisamment concluante pour A la réunification, les problèmes types d’éditeur, confirme la responsa- livres où, comme dit Le Corbusier, pirer et, surtout, une morale. En Alle- l’Ecole des loisirs, qui chamboule les que l’éditeur ait eu envie de la ont commencé. « Avec un seul droit ble du secteur, Ute Blaich, en citant les enfants peuvent apprendre… «à magne, un livre n’est jamais gratuit. Il habitudes austères de l’édition pour renouveler. Deux autres filiales de d’auteur pour deux Allemagnes, c’est Kurt Wolff, l’éditeur-découvreur de voir ce qu’on voit ». doit avoir une fonction d’apprentissa- les tout-petits, a été saluée partout l’Ecole des loisirs sont nées depuis, en général celui de l’Ouest qui a pré- Kafka et Musil. Celui qui propose des Fl. N. ge. Pas étonnant qu’à l’Ecole des loi- comme un événement culturel et en Espagne et en Italie. Le décolla- sirs – où le texte est parfois un élément graphique. Les libraires y ont adhéré ge ne s’y est pas fait attendre. Preu- graphique dans l’image et où la fan- immédiatement. Quant aux auteurs, ve, s’il en était besoin, du dynamis- taisie règne – on n’ait jamais réussi à ils n’ont pas tardé à se voir récom- me et de la singularité de l’estam- vendre des droits à nos voisins germa- penser par les prix littéraires les plus pille française. niques. » prestigieux, le Jugendliteraturpreis Fl. N.

b JEUNESSE

La thématique du Salon donne de bonnes idées aux éditeurs jeunesse. Ainsi, Autrement propose de découvrir le travail de la Berlinoise Nadia Bud- de, jeunes graphiste du groupe « Mutans », dont le deuxième album Trauriger Tiger toastet Tomaten (Peter Hammer Verlag, 2000) est adapté par le Suisse Eugène, révélé par La Joie de lire. Pour ce loufoque Voyage en Abécédie (48 p., 69 F [10,52 ¤] à partir de 4 ans), qui joue de l’allitéra- tion et d’une imagination exubérante, Eugène a retrouvé l’esprit de l’ori- ginal où un monde coloré et absurde guide l’enfant dans l’apprentissa- ge des sons et des graphèmes. Mais il est d’autres trouvailles comme, au Seuil, La Princesse arrive à quatre heures (Die Prinzessin kommt um Vier, Aufbau Verlag,2000), une « histoire d’amour » de Wolfdietrich Schnurre, illustrée avec bonheur par Rotraut Susanne Berner (32 p., 62 F [9,45¤] à partir de 5 ans). Instal- lée à Heidelberg, cette artiste venue du design est bien connue en Alle- magne où elle a donné plus de 40 titres depuis 1977, tant pour les adul- tes que pour les enfants. Née à Stuttgart en 1948, elle n’aborde que tar- divement l’illustration mais y impose un ton à la fois naïf, sobre et d’une immédiate familiarité. Ici, un garçon s’apitoie sur une hyène qui se pré- tend une princesse ensorcelée et l’invite à goûter pour lever le charme maléfique. La morale a la délicatesse du trait de crayon, la tendresse du coloris et la malice du souci du détail, qui permet de convier Calvino, Kipling ou Linné dans une fable où l’Alice de Carroll est mieux qu’un artifice de décor. A signaler aussi, servi par la même illustratrice, Quand Lulu se réveille, de Hanna Johansen (Bist du schon wach ?, La Joie de lire, 36 p., 85 F [12,95 ¤] à partir de 5 ans). Ph.-J. C. VIII / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 salon du livre b Edition : ce qui reste du mythe berlinois

l neige sur Prenzlauer Berg. écrivains comme Brecht, Arnold me catalogue. Renouant avec «la irréparable, dit-il. De plus, Berlin a 2,5 % du total de la production ger- Dans la Kultur Brauerei, une Zweig ou Kurt Tucholsky ? Ce Ber- tradition juive et littéraire de la mai- Redonner à Berlin perdu sa bourgeoisie après la cons- manique [laquelle avec un chiffre ancienne brasserie long- lin cosmopolite, ouvert à toutes son », elle publie des ouvrages his- truction du Mur, en 1961. Depuis d’affaires de 9 milliards d’euros est temps squattée par des musi- les recherches, n’était pas seule- toriques et des mémoires (par son lustre créatif et deux ans, l’arrivée du gouvernement l’une des plus importantes du ciensI et des danseurs, les Berlinois ment la capitale de la presse alle- exemple sur la guerre de Bosnie), et des syndicats compense un peu monde]. Du reste, cette situation viennent prendre un brunch en ce mande – plus de 149 journaux y regarde vers l’Est (avec des écri- intellectuel fait rêver cela. Mais quant à faire de Berlin la n’est pas propre à l’édition. Aujour- froid dimanche de février. L’en- paraissaient chaque jour. C’était vains roumains comme Carmen- capitale de l’édition, c’est une vue d’hui, 5 % des entreprises de la RDA droit réhabilité ressemble à un vil- aussi celle de l’édition et de la créa- Francesca Banciu), et aussi vers les beaucoup de monde de l’esprit. Dans un pays fédéraliste, sont encore la propriété d’Alle- lage de briques, avec des galeries tion littéraire, avec de grandes mai- « jeunes Berlinois prometteurs », tout ce qu’on peut dire, c’est qu’une mands de l’Est. Vous chercheriez en d’art, un théâtre, des salles d’art et sons comme Ullstein, Fischer, Judith Hermann ou David Wagner. tandis que l’ex-RDA partie des maisons sont à Berlin, voi- vain un autre pays d’Europe où la d’essai. C’est ce lieu de passage et Rowohlt, Cassirer, Malik Verlag. Son exemple est symbolique. Com- là tout. » population est à ce point dépossé- de brassage qu’a choisi pour s’ins- Chez Ullstein, on se rappelle me elle, des enseignes anciennes devient un désert dée de ses moyens de production. » taller une jeune et décapante mai- encore comment le vieux Leopold ont repris de l’activité – Rowohlt a RUÉE VERS L’OUEST Peu à peu, dans les titres son d’édition, Christoph Links, née Ullstein donnait « chaque mois 600 rouvert une succursale à Berlin éditorial Pour d’autres la véritable capita- mêmes, le souvenir de la RDA s’es- trois semaines exactement après la marks à Bertolt Brecht pour qu’il après la réunification – et des nou- le de l’édition n’a jamais été Berlin tompe. Y compris chez Christoph chute du Mur. Peut-être parce que continue d’écrire et de lui confier ses velles sont délibérément venues deux : c’est un lieu de construction, mais Leipzig où se tenait avant- Links dont la ligne éditoriale est Prenzlauer Berg symbolise «le manuscrits ». Et comment, il avait s’y créer, comme Christoph Links de destruction, d’expérimentation. guerre la plus importante foire du pourtant basée sur l’histoire et la vrai point de contact entre l’Est et soutenu, « de la même façon, Carl en 1989, Berlin Verlag en 1994 ou Une ville magnétique. Jamais l’Alle- livre. Quoi qu’il en soit, il est un politique contemporaines alleman- l’Ouest », un lieu de symbiose créa- Zuckmayer ou Gerhart Haupt- Alexander Fest en 1997. magne n’a eu une métropole de ce point sur lequel tous se retrou- des. « Les premières années, nous tive où, comme le dit simplement mann », futur Prix Nobel. C’était Pour beaucoup, l’affaire ne fait genre. Sans compter l’accessibilité vent : la désolante situation de l’ex- nous sommes concentrés sur l’Alle- cette étudiante de Leipzig, «ilse avant les années noires. Après aucun doute. Berlin n’est plus seu- des loyers. Si j’étais encore aujour- RDA devenue aujourd’hui un véri- magne de l’Est. Il y a eu une chroni- passe des choses ». cela, Ullstein fut exproprié, débap- lement la ville aux trois opéras et d’hui patron de Fischer, je ferais table « désert éditorial ». De Kie- que en images de la chute du Mur, Le Berlin des années 2000 rede- tisé même, pour devenir Deuts- aux neuf orchestres symphoni- tout pour y revenir. » Même son de penheuer à Leipzig, à Aufbau ou un livre sur les purges staliniennes viendrait-il ce creuset de fermenta- cher Verlag. Comme elle, beau- ques : elle redevient aussi peu à cloche chez Alexander Fest : «Ily Volk & Welt, à Berlin, l’Est – et en en Europe de l’Est entre 1948 et tion culturelle qu’il était au début coup de maisons connurent de gra- peu, sinon la capitale, du moins aura toujours des éditeurs très particulier Berlin – s’est peu à peu 1954, puis un livre sur la corruption, du siècle ? Lorsque August Strind- ves difficultés, et Berlin disparut l’une des villes-clés de l’édition alle- importants à Münich, Cologne ou vidé de ses grandes maisons, tan- les privilèges et abus de pouvoir en berg était la figure centrale d’un de la scène éditoriale au profit de mande. « En premier lieu grâce à la Hambourg, souligne Ulrike Schie- dis que l’Ouest rachetait et investis- RDA, suivi d’une collection sur la cercle d’artistes et d’écrivains où Francfort (Suhrkamp, Fischer), présence des auteurs, note Arnulf der. On ne peut pas attendre ici une sait. Si ces noms existent encore, Stasi. Au début, ces ouvrages étaient gravitait aussi le peintre Edvard Münich (Bertelsmann), Stuttgart Conradi, de Berlin Verlag. Ingo concentration à la française. Mais c’est en trompe-l’œil, un peu com- très demandés, mais peu à peu l’inté- Munch ; lorsque Karl Schmidt- (DVA, Holtzbrinck) ou Hambourg Schultze, Judith Hermann, Thomas de plus en plus d’auteurs – Georg me, sur Potsdamer Platz, on aper- rêt pour la RDA s’est affaibli. Alors Rottluff, Kandinsky ou Emil Nolde (Rowohlt). Brussig sont berlinois. Berlin a Klein, Max Goldt, David Wagner… – çoit l’hôtel Esplanade en transpa- nous avons dépassé le cadre alle- y inventaient l’une des plus fécon- Mais aujourd’hui Ullstein Berlin retrouvé son pouvoir d’aimantation. élisent cette ville pour y vivre et y rence à l’intérieur du bâtiment en mand pour nous intéresser à l’Euro- des avant-gardes artistiques de – il existe également une branche La tension persistante entre l’Est et écrire. Les Berlinois de l’Est auraient verre de Sony. « C’est une tragédie pe entière. » En octobre, l’éditeur a l’Europe ; et que l’on y croisait des en Bavière – présente son troisiè- l’Ouest, le mélange fascinant des pu déménager à Münich, ils ont sur le plan industriel et culturel, sorti un ouvrage intitulé Seul con- choisi de rester. En ce qui concerne commente Arnulf Conradi. De tre Kohl, Kiep et Cie, qui traite des la vie littéraire, la ville est de plus en même qu’il est crucial de conserver pots-de-vin et autres dons à la plus comme avant la guerre. » des théâtres et des journaux, qui CDU. « Cela a aussi à voir avec la Mythe ou réalité ? L’envie pro- sont des points d’identification forts, France via l’affaire Elf, souligne La fulgurante ascension de Berlin Verlag fonde des Allemands de se doter de même il est extrêmement domma- Christoph Links avec un sourire enfin d’une capitale dont ils ont si ge que pratiquement aucune mai- malicieux. C’est une des raisons longtemps été privés, ne les con- son est-allemande n’ait pu survi- pour lesquelles je serai au Salon du nstallé dans l’ex-quartier naire puissant. » En 1998, lorsque duit-elle pas à idéaliser son rayon- vre. » « Les groupes de l’Ouest, qui livre de Paris. Pour discuter de la des alternatifs et des artistes La maison berlinoise, Bertelsmann s’empare du petit édi- nement ? A la rêver constamment, ne voulaient pas de concurrence, vente des droits. J’ai déjà des est-allemands, Arnulf Conra- teur berlinois, la nouvelle fait scan- sans oser le dire, à l’aune dorée ont racheté à bas prix les éditeurs de contacts avec Le Seuil et La Décou- di est un homme heureux. créée en 1994 dale dans les rédactions littéraires. des années 1920 ? Pour l’éditeur l’Est pour les supprimer, renchérit verte. » En Allemagne, d’octobre à IDans son modeste bureau de Pren- Le Frankfurter Allgemeine Zeitung Klaus Wagenbach, ce mythe est Christoph Links. A l’époque de la Noël, ce livre a déjà été réimprimé zlauer Berg, situé dans une ancien- et rachetée par condamne sévèrement ce choix : irrémédiablement révolu : «Ona RDA, l’Est produisait 8 000 titres par trois fois… ne Fabrik, le directeur du Berlin « Le Berlin Verlag jette l’éponge », chassé les juifs, on les a écrasés, c’est an. Il n’en publie plus que 2 000, soit Florence Noiville Verlag travaille à un projet qui lui Bertelsmann en 1998, titre le journal. « J’étais en colère tient à cœur : une collection de en lisant cela, se souvient Conradi. poche, le « Berliner Taschenbuch est l’une des rares Bertelsmann m’a fait une offre que Verlag », prévue pour octobre. je ne pouvais pas refuser. Si j’avais « Une maison d’édition n’est pas créations réussies eu vingt ans de moins, j’aurais conti- achevée tant qu’elle ne dispose pas nué tout seul. » de ses poches », estime-t-il. depuis la fin En rejoignant le premier éditeur La réputation du Berlin Verlag mondial, Arnulf Conradi assure la n’est plus à faire. « C’est l’éditeur de la guerre pérennité de son entreprise. Il le plus étonnant que nous ayons en obtient aussi les moyens de mon- Allemagne », juge Elmar Krekeler, rateurs de Francfort le rejoignent ter sa propre collection de poche rédacteur en chef du supplément vite à Berlin. Il reçoit le soutien (90 titres par an sont prévus). Ber- littéraire de Die Welt. L’éditeur ber- financier du patron de Suhrkamp, telsmann lui confie par ailleurs la linois, qui publie une cinquantai- la plus prestigieuse des maisons direction de Siedler, un éditeur ne de titres par an, est en effet allemandes, et récupère quelques berlinois spécialisé dans les biogra- l’une des rares créations réussies auteurs à succès de Fischer com- phies politiques. depuis la fin de la guerre, et sa ful- me la Sud-Africaine Nadine Gordi- Près de trois ans après ce rachat, gurante ascension lui a permis de mer ou la Canadienne Margaret les craintes se sont dissipées. Pas rivaliser en quelques années avec Atwood. un homme de Bertelsmann ne les plus grands noms de l’édition Le Berlin Verlag a sans aucun s’est installé dans les bureaux du allemande. doute une prédilection pour les Berlin Verlag. « Nous publions La présentation du premier auteurs américains. Grâce à Ingo actuellement deux recueils de poé- catalogue, en 1995, avait déclen- Schulze, Arnulf Conradi réussit sie. Si Bertelsmann était obnubilé ché une grande curiosité dans le néanmoins à apporter de la fraî- par la rentabilité, il me serait impos- monde de l’édition. Le projet cheur à une littérature allemande sible de faire cela. Nous autres, n’émanait pas de Bertelsmann ou en déconfiture depuis plus de petits éditeurs, avons finalement le de Holtzbrinck, les deux géants vingt ans. Et la découverte du choix de nous soumettre soit aux allemands. Il était né d’un divor- jeune talent (Histoires sans gravité, grands groupes, soit aux banques. ce : celui d’Arnulf Conradi avec le trentre-trois moments de bonheur) Les banques sont les plus cruelles. » Fischer Verlag, la maison francfor- lui permet de balayer la critique, Avec le Berlin Verlag, le géant toise où il dirigeait le comité de qui lui reprochait de bâtir son suc- de Gütersloh voulait s’offrir la per- lecture. cès sur des locomotives anglo- le qui manquait à sa longue liste En désaccord sur le design des saxonnes. d’éditeurs. Il sait que la maison ne couvertures, Conradi décide en Elu éditeur de l’année 1997 par constituera jamais une grande 1994 de prendre le large pour les libraires, Arnulf Conradi, source de revenus. « Il est très diffi- rejoindre Berlin-Est, ses arrière- aujourd’hui âgé de cinquante-six cile de gagner de l’argent avec de la cours branchées et son style de vie ans, ne se satisfait alors pas entiè- littérature, confie Conradi. Tous les bohème. Un vent nouveau souffle rement de son succès. « Mon objec- éditeurs vous le diront. C’est pour- sur les bords de la Spree. Les jeu- tif est de faire du Berlin Verlag une quoi nous luttons tous pour décro- nes écrivains affluent. Le nouveau grande maison d’édition. Or, il ne cher un best-seller. Pour réussir, il Berlin inspire. Bien sûr, Conradi me reste pas beaucoup de temps, en faut toujours un. » n’est pas un inconnu. Ses collabo- explique-t-il. Il me fallait un parte- Christophe Bourdoiseau Portrait d’adolescente dans le quartier de Marzahn

b SCHROTT Raoul b SCHMIDT Kathrin b TAWADA Yoko Le désert de Lop Nor L’Expédition Gunnar Lennefsen Narrateurs sans âmes

Ni son éditeur, ni sa traductrice ne savent Née à Gotha en 1958, Kathrin Schmidt a gran- Comme son nom ne l’indique pas, elle écrit en jamais vraiment où est Raoul Schrott. Ce di en RDA et a fait des études de psychologie à allemand mais aussi en japonais. Née en 1960, jeune écrivain autrichien peut se trouver sur Iéna. Elle s’est fait connaître au début des installée à Hambourg depuis 1982, elle pour- un bateau, dérivant d’un continent à un années 1990 par des recueils de poèmes ; L’Ex- suit parallèlement deux œuvres, celle qu’elle autre, arpentant des plaines, gravissant des pédition Gunnar Lennefsen est son premier écrit en japonais lui a valu le prix Akutagawa montagnes ou s’être posé quelque part pour un temps. Grand roman. Nous sommes en RDA, dans une petite ville de Thuringe ; en 1993, celle qu’elle publie en allemand n’est pas la simple traduc- voyageur, grand lecteur aussi, passionné de toutes choses, éru- il reste encore treize ans avant la chute du Mur. La jeune ouvrière tion de l’autre mais une œuvre originale où la question des langues dit, polyglotte, curieux, il écrit romans et poèmes qui empor- Josepha Schlupfburg vit dans un appartement exigu avec son joue un rôle fondamental. « J’étais souvent dégoûtée par les gens qui tent le lecteur à travers le temps et l’espace. arrière-grand-mère Thérèse, qui l’a élevée en l’absence de ses parlaient couramment leur langue maternelle. Ils donnaient l’impres- Ici, tout se mêle, la poésie et le récit d’un narrateur anonyme, parents. Lorsque Josepha tombe enceinte, elles décident ensem- sion de ne pouvoir penser et éprouver que ce que leur langue mettait un témoin dont les talents de conteur ont quelque chose ble de préparer l’expédition Gunnar Lennefsen. Ce nom aux sono- tant de promptitude et de complaisance à leur offrir. » La confronta- d’oriental, au long de cent et un chapitres – et à peine plus de rités nordiques désigne en fait une équipée « destinée à forger une tion au mystère des langues incite à déchiffrer tous les signes qui se pages. On pense aussi aux villes de Calvino ou au sable de Bor- histoire au bébé » ; elle va conduire les deux femmes jusqu’au présentent, aussi bien un visage, une enseigne, une cabine télépho- gès. « Grand Nord de leurs mémoires féminines, là où la glace est la plus nique qu’une page imprimée. Une simple description se transfor- Raoul Louper est un homme à mi-chemin de quelque chose, il épaisse ». me alors en méditation ontologique. Les textes ici rassemblés vont s’est installé sans doute provisoirement au deuxième étage L’expédition est divisée en onze étapes où se déploient sur un de la théorie littéraire au récit, de la poésie à la réflexion philosophi- d’une maison, près du Caire. Il a quarante-trois ans. Il est juif. Il « écran imaginaire » des scènes familières, inconnues, cocasses, que et donnent envie d’en savoir davantage sur la quinzaine de a aimé trois femmes. De l’une, il garde une pomme de pin, de tragiques. Préférant l’évocation à la description, Kathrin Schmidt livres que Yoko Tawada a publiés en allemand. Dans Quelque chose l’autre un gri-gri et de la troisième une pierre. parsème son récit de mots clés qui agissent comme des aimants. d’étranger sorti de la boîte, elle raconte qu’ayant acheté en super- Et depuis longtemps, il poursuit du sable emporté par le vent, Le ton jubilatoire rappelle Le Tambour de Günter Grass, dans une marché une boîte sur laquelle était dessinée une Japonaise, elle fut allant d’une région de dunes à une autre, les regardant, les écou- saga centrée non plus sur Dantzig mais sur Königsberg. surprise de n’y trouver que du thon comme si une étrange méta- tant chanter, accumulant le savoir, les légendes et les référen- Malaxant les images et les mythes, le récit fait jaillir des fontai- morphose s’était produite au cours de la longue traversée. Nul dou- ces, jusqu’à ce que le désert de Lop Nor – celui qui sert depuis nes de lait et de sperme, fouaille les entrailles des fantasmes avec te que le lecteur doive s’attendre à des surprises aussi radicales lors- bientôt quarante ans aux essais nucléaires chinois – livre ses une truculence dont la densité égare parfois le lecteur dans des que seront traduits les livres de cet auteur qui déchiffre si bien l’Eu- secrets, dignes de Babel (traduit par Nicole Casanova, Actes éruptions de chairs, de désirs et de refoulements (traduit par Clai- rope avec ses « lunettes japonaises » (traduit par Bernard Banoun, Sud, 124p., 99F [15,09¤]). M. Si. re de Oliveira, Gallimard, 424 p., 160 F [24,39 ¤]). P. Des. Verdier, 96 p., 75 F [11,43 ¤]). G. Me. salon du livres LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / IX b Attentes et préjugés

u’ils soient éditeurs ou guerre : les Allemands ont perdu la traducteurs, ils sont Editeurs et traducteurs cote d’amour, on ne les trouve pas presque tous d’accord tentent de transmettre très charmants, pas drôles ; eux- Q pour dire que faire pas- mêmes avaient leur langue à recon- ser la littérature, et au quérir ; il fallait qu’ils se refassent un sens plus large la culture alleman- leurs passions langage détaché du nazisme (com- de, n’est pas chose facile. Jacqueli- me le montrait, dès 1947, Victor ne Chambon, par exemple, qui est et leurs découvertes... Klemperer dans LTI, la langue du à la fois traductrice et éditrice IIIe Reich) ; tout cela les avait ren- (d’abord pour Actes Sud et à pré- La présence, au Salon, dus un peu “bruts”. Jusqu’à Günter sent pour la maison qui porte son Grass et tout son foisonnement. Pen- nom), considère qu’il faut toujours de la jeune génération dant longtemps, les écrivains sont une « locomotive ». Il y a une ving- revenus sur leurs problèmes, le nazis- taine d’années, c’était la grande berlinoise n’est pas me, la division de l’Allemagne, mais vogue du cinéma allemand qui nous, cela ne nous attendrissait pas amenait des lecteurs ; un peu plus forcément l’unique outre mesure de les savoir coupés en tard, les succès de l’écrivain autri- deux ! Avec le mouvement étudiant chien Thomas Bernhard ont entraî- réponse aux préjugés des années 1970 qui débouchait sur né une mode, puis ce fut au tour de un certain individualisme, il y a eu la « littérature souvenir », qui res- des lecteurs français toute une série d’auteurs berlinois, sortissait plus au registre des émo- comme Peter Schneider. Une littéra- tions que de la qualité littéraire. ture très humaine, pas hermétique, « Les jeunes auteurs d’aujourd’hui, qui montrait des gens dans une situa- comme ceux qui seront au Salon, Jacqueline Chambon apprécie la tion de détresse. Aujourd’hui, on sont très différents. Ils en ont fini sélection des auteurs invités au découvre des écrivains comme avec la culpabilité, ils n’ont même Salon. François Mathieu, traduc- Raoul Schrott, comme John von Duf- pas de rapports avec leur propre teur, a commencé, lui, par la trou- fel, qui sont très différents et on culture – ce roman allemand philoso- ver « étrange », mais il est revenu devrait s’intéresser à ce qu’ils ont à phique, romantique, sombre, lyri- sur sa position en voyant ce qui dire ». que, proche de la nature –, ils ont avait été traduit : « Je restais accro- Pour Bernard Lortholary, traduc- des relations avec la BD, avec le ciné- ché à certains noms, si bien que je teur mais aussi directeur éditorial ma. Nombre d’entre eux viennent de n’avais pas vu arriver les nouveaux. de littérature allemande chez Galli- familles qui ont vécu à côté des Amé- Je suis plus heureux qu’ébloui ! Cela mard, « c’est un métier parfois un ricains, et ils écrivent comme de jeu- dit, il reste d’énormes préjugés. » peu désespérant, il est exact que la nes Américains. Sur les difficultés du Ces préjugés, nombreux sont littérature allemande n’est pas très Berliner Weiss, bière et jus de framboise temps, la jungle des villes, le sexe, ceux à s’en plaindre : Martina marrante, mais ces nouveaux écri- dans une langue très crue, très Wachendorff, qui dirige depuis vains, nés après la guerre, ont même moderne, et d’ailleurs très difficile à 1988 les « Lettres allemandes » quand ils en parlent une liberté de traduire. » Pour Jacqueline Cham- d’Actes Sud, assure que « ce n’est ton, une distance… de là à dire que découverte à faire. Mais que ce soit Seuil, Anne Freyer travaille sur la de politique délibérée non plus bon, ces jeunes écrivains sont pas forcément le nazisme qui est en la réunification est une date littérai- pour Christa Wolf dont nous avons littérature allemande depuis près mais, en deux ans, quatre nou- assez semblables aux écrivains cause, il n’y a qu’à voir le succès du re, j’ai bien peur que ce ne soit exagé- acheté le fonds ou pour des écrivains de trente ans, de Günter Grass et veaux auteurs dont le sulfureux anglo-saxons ou catalans qu’elle Liseur de Bernhard Schlink. Mais le ré ». Olivier Bétourné, vice-prési- récents comme Ingo Schulze, les Heinrich Böll en passant par Maxim Biller. Christian Bourgois, publie par ailleurs. « On leur repro- marché a évolué et un marché de dent de Fayard, avoue une passion résultats sont très prometteurs… » Robert Musil, Joseph Roth ou Inge- « éditeur cosmopolite de langue che parfois d’être glauques, mais ils masse renforce les préjugés même pour la littérature allemande : Chez Stock, pas vraiment de politi- borg Bachmann, jusqu’à Michael française », a publié Ernst Jünger ne sont pas pires qu’ailleurs. Cer- s’ils sont sans fondement ». Pour « C’est une littérature habitée par que allemande, mais un beau suc- Krüger ou Helmut Krausser, mais pendant trente ans, mais aussi tains aussi sont en dehors de tout Nicole Casanova, traductrice d’une l’histoire, la philosophie n’en est cès avec Birgit Vanderbeke, et la elle reconnaît s’être un peu « abste- Peter Handke « avant qu’il ne soit courant, ont leur monde à eux, com- soixantaine d’ouvrages, « la littéra- jamais loin, donc s’il y a un préjugé, reprise des ouvrages de Christa nue » avec les très jeunes, « dire rejeté par l’intelligentsia alleman- me Felicitas Hoppe. C’est une occa- ture classique se lit bien. Mais c’est il ne peut être que favorable ! C’est Wolf en poche dans la « Petite que la littérature est née après la de » ainsi qu’Arno Schmidt, Peter sion de les découvrir. » (1) devenu plus difficile depuis la vrai qu’il y a un gros travail de bibliothèque cosmopolite ». Au chute du mur… ». Chez Denoël, pas Sloterdijk, Martin Suter ou Peter Stamm. Olivier Mannoni, qui a traduit en vingt-cinq ans de carrière quelque Volk & Welt, ou la fin d’une époque 65 à 70 livres, pense, lui, que la litté- rature allemande « passe » de mieux en mieux, peut-être parce es cartons, des bureaux rature du XXe ». Créée en 1947, la Arrivée en 1981, l’éditrice a connu étaient rares. Ceux de Volk & Welt qu’elle est devenue moins expéri- vides : une atmosphère maison couvrait cinq « départe- La plus belle enseigne les deux régimes. Pas question en particulier. Il fallait bien connaî- mentale : parmi les ouvrages tra- de fin de règne flotte ments de lecture » correspondant à pour elle de « repeindre le passé en tre la vendeuse de sa librairie pour duits en français récemment, cer- sur le siège de Verlag autant de régions du monde : pays de la littérature étrangère rose ». Ni d’oublier quoi que ce soit s’en procurer. Nos livres étaient tains auraient pu avoir été écrits en DVolk & Welt, dans Oranienstrasse, latins, anglophones, Union soviéti- des contraintes innombrables qui appréciés et convoités. Et surtout, du français, il y a un rapprochement non loin du quartier turc de Berlin. que, satellites de l’URSS et Allema- en RDA ferme ses portes pesaient alors. « Il y avait toujours point de vue du lectorat, nous des mentalités, des préoccupations La neige grise et sale ajoute à la tris- gne. Installée alors sur la Glinka- des incidents, des choses qu’on ne menions un travail en profondeur, et des thèmes communs mais il est tesse du lieu. Dans quelques jours, strasse, au cœur de Mitte, à l’épo- à Berlin. En douze ans pouvait pas faire. Je ne parle pas, incomparablement plus en profon- absurde de parler de rapproche- le 31 mars, l’une des plus prestigieu- que en zone soviétique, elle bien sûr, de Soljenitsyne. Dès qu’on deur. Pour le seul domaine russe, où ment franco-allemand : « Quand ses maisons d’édition de l’ex-Alle- publiait quelque 150 titres par an. les effectifs sont passés s’approchait du politique, rien n’était l’on publiait vingt titres par an, il y on parle d’amitié, c’est qu’en fait il magne de l’Est mettra virtuelle- Tout cela bascule en 1989. En plus possible. Mais, en littérature, les avait quinze personnes, dont six édi- n’y a pas grand-chose. Il faut arrêter ment la clé sous la porte. Bien sûr, tant que « propriété du peuple », de 150 à 3 personnes. choses n’allaient pas de soi non plus. teurs. Imaginez comme chaque livre avec ce ronronnement, l’Allemagne chez Volk & Welt, on sauve les Volk & Welt est alors confiée à la La consigne pour les œuvres russes, était discuté, disputé parfois. Et la a énormément de choses à nous apparences. Officiellement, il ne « Treuhand », un organisme dont Histoire d’un déclin par exemple, était qu’on ne pouvait façon dont, avec ces moyens, nous apporter… au cours de discussions s’agit que d’une énième restructura- la tâche est d’estimer la situation les éditer que si elles l’avaient déjà pouvions couvrir chaque zone linguis- franches et cordiales. » Ce que con- tion. Mais en douze ans, depuis la des entreprises est-allemandes en déjà leurs éditeurs à l’Ouest. Nous, été en URSS. C’est ainsi que l’on s’est tique. » firme Philippe-Henri Ledru, traduc- chute du Mur, les effectifs sont gra- vue de les vendre ou de les liquider. nous n’étions que des preneurs de vu refuser, encore en 1987, un titre Qu’en sera-t-il maintenant ? teur spécialisé dans le théâtre, res- duellement passés de 150 à… 3 per- Des intellectuels, dont l’écrivain licences pour une RDA qui n’existait de Boulgakov, dans cette maison qui « Moi je vais rester ici et essayer de ponsable du dossier « Salon du sonnes. Berlin, le siège historique Günter Grass ou le politicien Gün- plus. Découvrir de jeunes écrivains, avait pourtant été la première à le suivre les derniers auteurs, lâche livre » de la revue Allemagne de la maison – dont les dernières ter Gaus, montent un comité de anglais ou américains, s’avérait publier en Allemagne. Dans ces cas- Christina Links. Mais je ne serai Aujourd’hui (2) : « L’idée qui a long- forces vives déménagent prochaine- soutien pour sauver la maison. impossible. Nous n’avions ni les rela- là, il fallait chercher des subterfuges, plus permanente, je vais devoir cher- temps prédominé, du style “on est ment à Munich –, ne sera bientôt Après de nombreuses péripéties, tions ni l’argent. Alors, nous avons ten- exhumer de vieilles éditions russes cher du travail dans d’autres mai- tous pareils”, est une erreur fonda- plus qu’une coquille vide. Et celle-ci est finalement vendue à un té de nous replier sur la littérature est- des années 20. C’est un exemple, sons, sinon je ne pourrai pas vivre. » mentale, les différences sont énor- Volk & Welt un symbole culturel avocat münichois, Dietrich von européenne et la jeune littérature alle- mais il y en a bien d’autres. » Emue, la jeune femme insiste enco- mes. Au théâtre, on voit tout de suite d’un autre temps. Bœtticher, déjà propriétaire des édi- mande, avec les Berlinois Thomas Pourtant, lorsqu’elle compare re pour que l’on ne se méprenne qu’il y a des choses qui ne passent Un temps d’interdits, de propagan- tions Luchterhand. Brussig, Stephan Krawczyk, Ulrike son métier d’éditeur « avant » et pas. Elle n’est évidemment pas tris- pas en français. » Comme l’a sou- de, de censure, certes. Mais aussi, Commence la longue spirale du Dræsner ou le Viennois Thomas Glavi- « après », Christina Links ne peut te d’avoir participé au mouvement vent dit Georges-Arthur Goldsch- paradoxalement, une époque où, déclin. Modifier le profil de l’activité nic. » Mais, sur ce marché étroit, dissimuler une certaine nostalgie. de l’histoire. Elle regrette simple- midt : « Toute langue est traduisi- sans subvention d’Etat, la maison pour l’adapter au marché libre s’avè- l’emprise de Volk & Welt diminue La censure ? « La contourner était ment la banalisation insidieuse de ble, mais il y a toujours quelque cho- était « rentable », « florissante » re insurmontable. Et, comme la comme peau de chagrin. De devenu un sport, dit-elle en riant. ses fonctions. « Ce qui était possi- se qui ne l’est pas. L’allemand est même. « Volk und Welt représentait plupart des anciennes maisons est- 150 titres, on n’est plus qu’à douze C’était excitant d’avoir un adversai- ble et qui n’existe plus. » Le temps, une langue qui décrit le chemin la plus belle enseigne de littérature allemandes, Volk & Welt se vide en 2000, dix en 2001. re ! Les auteurs savaient que chacu- les moyens humains, et surtout cet- qu’elle parcourt, la langue française étrangère en RDA, se souvient un doucement de sa substance. « Après « C’est dur, commente sobre- ne de leur parole, retournée dans te faim de livres – faute d’autres loi- saute les étapes. » éditeur occidental. « Le ministère de 1989, de 70 % à 80 % de la produc- ment Christina Links. Dur de consta- tous les sens, susciterait des discus- sirs peut-être ? – mais qui faisait la Martine Silber la culture est-allemand avait planifié tion littéraire n’étaient plus venda- ter à quel point, en dix ans, sions éternelles. Mais les éditeurs aus- valeur symbolique de son métier, le champ éditorial. En littérature, bles, explique l’éditrice Christina Volk & Welt a pu perdre son pouvoir si se sentaient importants. Comme les son poids de responsabilité et son (1) Dont Jacqueline Chambon publie Aufbau s’occupait du XIXe siècle et Links, rescapée du naufrage. Nous d’attraction. Dur de voir que, de ces autorisations de tirage n’étaient prix. Pigafetta (162 p., 110 F [16,76 ¤]). des classiques, tandis que ne possédions pas les droits des grandes maisons est-allemandes, il jamais suffisantes, les ouvrages Fl. N. (2) 8, rue Faraday, 75017 Paris. Volk & Welt était prévu pour la litté- auteurs renommés, lesquels avaient ne reste aujourd’hui presque rien. »

b BILLER Maxim b SCHLINK Bernhard 24 heures dans la vie Amours en fuite de Mordechaï Wind On se souvient du Liseur. Ce livre formidable Un premier roman implaca- a renouvelé sur le mode romanesque la ble, à la fois fou et maîtrisé, réflexion sur le passé allemand en renonçant construit et déconstruit, au confort d’une attitude moralisatrice pour obscène et d’une tristesse aborder directement, et non plus par les mar- infinie. Mordechaï Wind, dit ges, le rapport entre mémoire collective et mémoire individuel- Motti, est un vétéran israé- le : confrontation douloureuse entre la barbarie et l’amour, l’inti- lien de la guerre du Liban mité et la Loi. Le livre n’apporte ni solution ni condamnation, ce qui a cherché le refuge et la qui en fait la beauté, ce qui fait qu’il a été aussi brutalement refu- paix auprès d’une maîtresse sé par certains. femme allemande, blonde Voici que paraît, en traduction, le nouvel ouvrage de Schlink : il et blanche, dont il divorcera était attendu, il ne déçoit pas, même s’il n’a pas la force du précé- après avoir eu une fille, dent. Cet ensemble de sept nouvelles tourne autour de l’amour Nurit. Sans nouvelles de et de ses enjeux, de ses trahisons vraies ou supposées. L’art de la l’enfant depuis une dizaine nuance est l’une des grandes qualités de Schlink, allié à un style d’années, il croit la reconnaî- précis. Une femme découvre que son mari est un ancien agent tre sur une vidéo porno. A de la Stasi – mais il l’a été par amour pour elle. Un homme reçoit partir de là, souvenirs et cau- une lettre qui lui fait découvrir que son épouse qui vient de mou- chemars s’entremêlent en rir entretenait une relation secrète avec un inconnu. On croit se mettant aussi en évidence la connaître parce qu’on s’aime ; on croit s’aimer parce qu’on complexité des rapports serait différent, voire unique ; on croit être transparent alors entre Allemands, Israéliens que le cœur est opaque. Il n’y a ni vainqueur ni vaincu, chacun et Juifs-allemands (traduit trébuche à sa façon non plus sur le passé, mais sur son passé et de l’allemand par Philippe un manque de générosité qu’il voudrait faire passer pour de l’in- Giraudon, Denoël, 414 p., tégrité (traduit par Bernard Lortholary et Robert Simon, Galli- 145 F [22,11 ¤]). M. Si. mard, 316 p., 110 F [16,76 ¤]). P. Des. X / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 La chronique

de Roger - Pol Droit b

aube, nous allions pouvoir échapper DE L’ESSENCE DE LA VÉRITÉ Dans le cours professé à cette modernité, dégradée et dégra- Approche de l’« allégorie par Heidegger en La métaphysique dans le tramway dante, où nous errons. de la caverne » On retrouve chez Heidegger, dans et du Théétète de Platon un contexte historique et un vocabu- de Martin Heidegger. 1931-1932 à Fribourg laire différents, de nombreux traits Texte établi de ce mythe romantique. La suresti- par Hermann Mörchen, sur l’« essence de mation de l’origine, et singulière- traduit de l’allemand ment des significations originaires de par Alain Boutot, la vérité » se mettent la langue, s’accompagne d’une sures- Gallimard, « Bibliothèque timation du rôle historique de la phi- de philosophie », 382 p., en place des thèmes losophie et de la poésie : « L’essentiel 250 F (38,11¤). de la découverte de l’effectif n’a pas eu qui auront une large lieu et n’a pas lieu dans les sciences, ourquoi Heidegger eut-il mais dans la philosophie originaire, tant d’influence ? Les rai- influence sur la pensée dans la grande poésie et ses projets sons multiples de la fasci- du XXe siècle, (Homère, Virgile, Dante, Shakespeare, P nation qu’il sut exercer Goethe). » Les connaissances scienti- sur des esprits très divers sont loin fiques sont explicitement dévalori- d’être toutes connues et comprises. en Allemagne comme sées : « Les sciences ne reçoivent leur L’une des plus importantes causes fondement, leur dignité et leur droit de ce pouvoir attractif est toutefois dans le monde entier. que de la philosophie. » L’histoire est évidente dès qu’on le lit : il affirmait tout entière conçue comme un rejouer l’histoire de la pensée. Il Ces thèmes reposent sur déclin, une déchéance, une lente n’abordait donc pas la philosophie dégradation de la perfection originai- comme un ensemble de textes clos, une vision étrangement re : « Ce qui est déjà en marche chez appartenant au passé, mais les réac- Platon, l’exténuation de l’expérience tivait d’une manière quasiment dra- romantique fondamentale (…) et la perte de puis- matique. Sans doute ce trait appar- sance du mot alètheia en sa significa- tient-il, en un sens, à tous les philo- de la philosophie tion fondamentale n’est que le com- sophes. Ce qui distinguait spécifi- mencement de cette histoire au cours quement Heidegger, et qui a pu don- et de son histoire de laquelle l’homme occidental, en ner le sentiment que son œuvre ins- tant qu’existant, a perdu son sol pour taurait une rupture majeure, c’est vérité comme « adéquation de la finir par être aujourd’hui privé de qu’il prétendait remonter jusqu’au chose et de l’esprit » qui triomphera sol. » cœur des plus anciens dispositifs de plus tard, à la suite d’Aristote et de On retiendra pour finir un éton- la pensée occidentale pour en resti- ses commentateurs, dans toute la nant exemple. Heidegger en effet tuer le sens originaire, en décrire l’ef- métaphysique et donc, selon Hei- n’hésite pas à dire : « Que nous puis- facement ou l’oubli postérieurs, en degger, dans toute la science et la sions voyager en tramway ne signifie souligner la puissance en réserve jus- technique occidentales qui partici- rien de moins que ceci : le commence- que dans notre présent. Il élaborait pent du même mouvement. Ce que ment de la philosophie occidentale est donc une sorte d’histoire fondamen- commence à mettre à l’écart cette immédiatement puissant, même si tale, souterraine, à très long terme conception de la vérité, c’est ce que c’est de façon non repérable et tout à et à grand enjeu, où se décidait en dit « originairement » la langue fait dérobée, quand bien même nous sous-main le destin du reste. Le grecque, selon Heidegger, quand n’y pensons pas, empêtrés que nous volume qui vient d’être traduit don- elle parle d’alètheia. La particularité Un dimanche...au zoo de Berlin sommes dans notre complète absence ne clairement à voir la mise en place du terme grec est en effet d’être de pensée. » Sans doute est-ce cela de plusieurs thèmes essentiels de construit de manière privative : ce qui attira bon nombre d’esprits vers cette pensée. que nous traduisons par « vérité » ces affirmations fantastiques : le lien C’est durant le semestre d’hiver, se dit à peu près « sans cachette ». d’entrer ici dans le détail des analy- perdu qui demeure seul capable de d’ignorance. » Retrouver ce cœur direct entre les commencements tra- exactement du 27 octobre 1931 au Pour rendre le grec alètheia, Heideg- ses heideggeriennes. nous faire échapper peut-être au premier, ce n’est donc pas fuir le pré- his et la modernité technique. Et le 26 février 1932, que Heidegger pro- ger utilise en allemand le terme On se contentera de souligner monde égaré où nous sommes. sent pour se réfugier dans l’étude sté- rêve à peine secret d’en modifier le nonça ce cours, à raison de deux unverborgenheit, ce que l’on a tra- combien leur mouvement d’ensem- « Dans ce qui est essentiel, dit-il, après rile d’un passé à jamais révolu. Ce cours en faisant retour à l’entente ori- heures par semaine. Ce n’était pas duit, en français notamment, par ble paraît tributaire du mythe des ori- avoir précisé que la philosophie en serait au contraire trouver le moyen ginaire de l’homme et de l’être. Ainsi la première fois qu’il interrogeait « dévoilement », « décèlement », gines hérité du romantisme alle- fait partie, le commencement est de surmonter les impasses de notre se répétait la vieille illusion de la tou- des textes de Platon. En 1924-1925, « non-occultation ». Alain Boutot mand. S’il est nécessaire de tenter de l’inaccessible, le plus grand, et c’est par- présent. Or le romantisme allemand, te-puissance chez des philosophes il avait commenté Le Sophiste, et, en traduit ici « ouvert sans retrait », remonter aux significations originai- ce que nous n’en comprenons plus rien Friedrich Schlegel en particulier, ne de plus en plus coupés de leur temps. 1926, avait consacré son cours aux suivant une suggestion de Jean res, aux yeux de Heidegger, c’est par- que, chez nous, tout est si entièrement disait pas autre chose : en remontant Imperturbables, les tramways « concepts fondamentaux de la philo- Beaufret. Il ne saurait être question ce qu’elles sont détentrices d’un sens dégradé, ridicule, si déréglé et plein à la grandeur parfaite de la première passent. sophie antique ». Toutefois, dans ce cours sur l’essence de la vérité, com- me le souligne Alain Boutot dans son introduction, « la tonalité est tout autre ». En 1926, Heidegger Shoah : la tardive entrée en scène des historiens avait encore de la philosophie grec- que une vue « ascendante » : la pen- sée de l’être se déployait de manière a question du passé, et Comprendre le nazisme dans l’Alle- chait à éviter les dérives disculpatoi- Hambourg, en octobre 1999, la progressive depuis les présocrati- principalement du passé magne des années zéro (1945-1949), Le problème crucial res de nombre de ses compatriotes, question de la comparaison entre ques jusqu’à Aristote, et Platon, nazi de l’Allemagne, se ou Edouard Husson, qui étudie y entrevoyait précocement le pro- crimes du nazisme et du communis- notamment avec l’idée du Bien trouve, depuis les années l’histoire de la confrontation des de l’implication de la blème crucial de l’implication de la me est souvent au centre des con- dans La République, représentait un L1980 – et plus encore depuis la chu- historiens allemands avec le génoci- société allemande dans les crimes troverses. moment de radicalisation essentiel te du mur de Berlin – au centre des de de 1949 à nos jours dans un société dans le nazisme a nazis. Aujourd’hui, de nombreuses étu- de ce qui était en marche depuis les débats publics dans un pays où récent Comprendre Hitler et la La guerre froide concourt aussi des, comme celle de l’historien de commencements. En 1931-1932, le l’identité nationale a été vécue com- Shoah (les deux ouvrages aux PUF). été tardivement abordé au retardement de la Vergangen- Bochum, Norbert Frei, auteur de paysage est fort différent. On voit se me problématique après 1945. Véri- Relativement vivace dans l’immé- heitsbewältigung (« gestion » ou L’Etat hitlérien et la société alleman- mettre en place un schéma qui aura table sismographe de l’engage- diat après-guerre, cette confronta- par les historiens maîtrise du passé) dans les années de (Seuil, 1995), témoignent de ce une longue postérité : chez Platon, ment démocratique de l’Allemagne tion n’a pas été d’abord le fait des 1950. Un pas décisif sera franchi que la question de la société est selon Heidegger, une conception nouvelle, la mémoire de la période historiens. On sait mieux aujour- allemands. Après guerre, cependant lorsqu’un historien, enfin posée. L’ouverture des archi- logicienne et démonstrative de la hitlérienne constitue un phénomè- d’hui que certains des formateurs Fritz Fisher, au début des années ves de l’ex-bloc soviétique a joué vérité commence à se substituer à ne historique à part entière aussi des premières générations de spé- le philosophe Karl 1960, mettra en cause les responsa- son rôle dans le renouveau de cette celle, originaire et matinale, qui pré- bien qu’un champ d’études doté de cialistes, comme Martin Broszat bilités allemandes dans la radicalisa- historiographie comme le mon- valait antérieurement. La pensée ses spécialistes. Dans la période (1926-1989) dont le nom reste atta- Jaspers avait pourtant tion de la première guerre mondia- trent les ouvrages de Götz Aly, qui grecque, avec Platon, abandonne- récente, une école française d’ex- ché au célèbre Institut d’histoire le, relativisant ainsi l’injustice du voit dans la « solution finale » le rait donc déjà son entente originai- perts des controverses allemandes contemporaine (l’Institut für Zeitges- soulevé la question traité de Versailles. Les procès du produit du travail de réorganisa- re avec l’être pour entrer dans le a même vu le jour, illustrée par les chichte créé à Munich en 1950), début des années 1960 à Jérusalem tion raciale et démographique de domaine de la métaphysique, mar- travaux de jeunes chercheurs com- avaient gravement compromis la médiat après-guerre, à prendre en comme à Francfort feront le reste. l’Europe par les experts nazis. En qué par l’« oubli de l’être ». me Corinne Defrance, qui a étudié discipline. Deux des promoteurs de compte la dimension la plus crimi- Au cours de la décennie 1970 et sur- somme, malgré le souci manifesté En s’appuyant sur une lecture sui- la dénazification à l’université l’histoire sociale avaient un passé nelle du nazisme, notamment l’ex- tout dans les années 1980, l’évoca- par Martin Broszat dans les années vie de l’allégorie de la caverne (La entre 1945 et 1949, Dominique de nazis engagés : Theodor Schie- termination des juifs. tion des crimes du IIIe Reich 1980 d’un strict découplage entre République, livre VII) et de certains Trimbur, qui travaille sur les rela- der et Werner Conze. Sur fond d’oc- Les conférences prononcées au devient l’occasion de polémiques histoire et mémoire, la vivacité des passages du Théétète, le cours s’em- tions entre la RFA et le nouvel Etat cupation alliée et de dénazification cours de l’hiver 1945-1946, à l’uni- récurrentes. Depuis le déclenche- controverses que cette période ali- ploie à montrer de quelle manière d’Israël dans les années 1950 (leurs plus ou moins escamotée, les intel- versité de Heidelberg par le philoso- ment de la « querelle des histo- mente et son lien avec l’identité civi- commence à se mettre en place ouvrages sont publiés par CNRS lectuels parmi les mieux disposés phe Karl Jaspers, publiées dans Die riens » par le philosophe Ernst que de l’Allemagne, devenue chez Platon cette conception de la Editions), Jean Solchany, auteur de peinaient généralement, dans l’im- Shuldfrage en 1946 (La Culpabilité Nolte, en 1986, jusqu’à la suspen- « nation mémorielle » par excel- allemande, en français, aux Edi- sion de l’exposition sur les crimes lence, ne laissent guère présager tions de Minuit), font toutefois de la Wehrmacht organisée par d’une prochaine « normalisation ». exception. Karl Jaspers, qui cher- l’Institut de recherches sociales de Nicolas Weill

b SEBALD W.G. b PETERS Christoph Vertiges Hanna endormie

Il y a indéniablement un phénomène Sebald. Né en 1966, résident à Ber- Pratiquement inconnu il y a encore cinq ans, lin, Christoph Peters pré- autant en France qu’en Allemagne qu’il a quit- vient son lecteur, en avant- tée voilà plus de vingt ans pour aller s’établir propos humoristique, que en Angleterre, cet auteur né en 1944 a mainte- ce premier roman doit beau- nant acquis une audience considérable. Même s’il reconnaît sa coup à ses recherches histo- dette envers Thomas Bernhard, Sebald ne s’inscrit dans aucun riques et peu à ses propres courant littéraire. Il est résolument à part, et c’est sans doute la exploits. Ces ironiques pré- raison de son succès ; cette façon d’emprunter des chemins de tra- cautions donnent le ton de verse laisse pressentir une écriture intègre. Sebald inspire la ce récit, très prisé en Alle- confiance, ne triche pas avec son sujet, cherche sans a priori et magne, où un humour tein- c’est le détour de cette recherche qui est fascinant. Après Les Emi- te discrètement une poésie grants (Babel, nº459) et Les Anneaux de Saturne, paraît un livre qui dérape parfois vers le publié antérieurement, Vertiges (1990). Des photos en noir et fantastique. Un spécialiste blanc ponctuent le texte entre fiction et reportage, mélancolie et de l’iconographie du jubilation. Compagnon du hasard, Sebald le voyageur part sur XIVe siècle, plutôt bon les traces de Stendhal, Kafka, Casanova, ressuscitant une réalité vivant, y brosse les enfouie pour nous montrer, dans l’hallucination des coïnciden- tableaux de sa passion pour ces entre passé et présent, tout ce qu’il peut y avoir de simula- une dentiste atteinte d’un tion dans les gestes et les actes apparemment les plus authenti- cancer. Une déclaration ques, comme l’amour – comme l’écriture. C’est la conscience de d’amour qui masque un pro- cet exil perpétuel, cette façon d’être jeté hors de soi, qui engen- fond désespoir derrière des dre le vertige où l’angoisse d’une claustration labyrinthique se variations jubilatoires (tra- double du sentiment d’être happé par la course infinie des astres duit par Jean-Paul Barbe, broyant les individus (traduit par Patrick Charbonneau, Actes éd. Métailié, 214 p., 115 F Sud, 240 p., 129 F [19,66 ¤]). P. Des. [17,53 ¤]). J-L. D. salon du livre LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / XI b Biologistes et philosophes, un débat tendu

a biotechnologie, la géné- « Je vois un développement qui (Sloterdijk), voire la mélancolie tique et les sciences de la Les avancées nous mène vers un homme artifi- ou le Kulturpessimismus, comme vie en général ont envahi ciel, privé de son destin et de son le faisaient jadis les conservateurs la pensée allemande. Pas de la biotechnologie individualité. Nous sommes en de la République de Weimar. Un Lun jour sans que les enjeux de la train de faire un homoncule », grand nombre d’intellectuels pren- bioéthique figurent à la « une » réveillent un spectre disait-il dans l’hebdomadaire Welt nent la plume dans la presse pour du Feuilleton de la Frankfurter All- am Sonntag. dénoncer les méfaits d’une certai- gemeine Zeitung. Le supplément de sinistre mémoire : Il est vrai que le contexte intel- ne modernité, la montée en puis- culturel du quotidien de Franc- lectuel allemand est durablement sance du biopouvoir (le poète fort, qui sert de vitrine à la vie de « l’homme nouveau ». marqué par l’« affaire Sloterdi- Dürs Grünbein), voire l’« horreur l’esprit dans le pays, a même fait jk ». Lorsque le philosophe Peter technico-économique » et son sensation en publiant sur plu- Les arguments Sloterdijk a présenté, en corollaire, l’« éloignement de sieurs pages, fin juin 2000, la carto- juillet 1999, ses « Règles pour le Dieu » (le dramaturge et roman- graphie du génome humain au le disputent à la passion parc humain » au château d’El- cier Botho Strauss). Intellectuels, moment où elle était rendue publi- mau, en Bavière, la que par les spécialistes internatio- paru dans la Frankfurter Allgmeine communauté intellec- naux du séquençage. Zeitung en septembre 2000 et tuelle allemande a eu Lucas Delattre Comment l’individu peut-il trou- signé James Watson (le décou- le sentiment d’un tour- ver sa place, sauvegarder son iden- vreur américain de l’ADN, Prix nant. Renouant avec Nietzsche philosophes et théologiens se tité face aux nouvelles techniques Nobel de médecine en 1962). (dont on célébrait le centième rejoignent pour déplorer la perte d’intervention sur le vivant ? Cet- Même le président de la Républi- anniversaire de la mort en l’an des repères et des identités cultu- te question est aujourd’hui domi- que, Johannes Rau, a réagi à ce 2000), un penseur allemand osait relles dans le contexte de la mon- nante, assez rapidement suivie texte pour le condamner. A l’Uni- s’interroger publiquement, pour dialisation. par les débats sur la mondialisa- versité, les sciences humaines la première fois depuis 1945 sur Assez souvent le débat est aussi tion économique et les nouvelles sont sur la défensive et constatent des notions aussi sulfureuses que stérile que passionné, tant il est technologies de l’information. Les une progressive désaffection des l’élitisme, la sélection entre les vrai que peu d’intellectuels géné- ralistes possèdent le niveau scien- tifique et les compétences requi- ses pour comprendre en profon- deur les évolutions en cours. A propos du débat sur la génétique, certains parlent d’un « Hysterikers- treit »,un« débat hystérique », par allusion au « débat des histo- riens » qui avait dominé les années 1980 (« Historikerstreit »). Pour le philosophe Manfred Frank, l’époque est marquée par un double mouvement : la fin de toute critique anticapitaliste, d’une part, et, d’autre part une haine toute « post-moderne » de la raison : « On ne se pose plus la question suivante : “Cela est-il vrai ou non ?” ». Or la pensée alleman- de était dominée depuis des décennies par le pragmatisme et une éthique de l’action (Jürgen Habermas, Karl-Otto Apel), qui servait de caution intellectuelle au consensus libéral/social-démo- crate dominant dans le pays et se prolongeait, dans le domaine poli- tique, par l’appui donné à la cons- truction européenne, la défense de la cohésion sociale, la promo- tion universelle des droits de l’homme… Désormais le paysage est plus complexe. L’irruption des scien- ces de la vie dans le débat philoso- phique remet en cause le point de vue classique qui « considère l’homme comme un être doué de raison et de capacité de juger et pas seulement en tant qu’élément organique de la nature », comme Quartier de Marzahn le dit le philosophe Lutz Wingert. Les constructions rationnelles de grands débats sur le passé, Aus- étudiants qui se détournent d’el- hommes, les limites de l’humanis- l’après-1945, l’apologie de l’éthi- chwitz et le IIIe Reich existent les au profit des « sciences dures » me… que, du sens commun et de la encore, certes, mais ils sont désor- ou de l’économie. « Aucun doute : la génétique, communication (Habermas), font mais importés des Etats-Unis et Les nouvelles possibilités de assistée par l’ordinateur, est la nou- place à un discours moins norma- non plus suscités en Allemagne sélection de l’espèce, qui évo- velle discipline-clé, dont doit se sai- tif, plus individualiste, ou encore même (par exemple avec le récent quent immédiatement les fantô- sir toute approche critique du cynique – au sens antique du livre de Norman Finkelstein, L’In- mes de l’eugénisme nazi et la figu- temps. Il y a trente ou quarante ans terme – (Sloterdijk). dustrie de l’Holocauste, ou encore, re de l’« homme nouveau », occu- c’était encore la sociologie ou la Bien entendu, à l’écart des en 1996, l’essai de Daniel Goldha- pent donc aujourd’hui le cœur du philosophie sociale. Mais l’implo- grands débats politiques comme gen, Les Bourreaux volontaires de débat philosophique et politique sion du communisme, le déclin pro- ceux qui sont liés à la bioéthique, Hitler). outre-Rhin. L’importance de la gressif des idéaux d’émancipation, la pensée allemande suit son che- Du coup la réflexion générale question bioéthique est propor- l’effacement des couches et des clas- min éloignée des médias et de l’at- est aujourd’hui dominée outre- tionnelle à la force des tabous qui ses sociales traditionnelles (…), tous tention du grand public. C’est le Rhin par les biologistes, les neuro- entourent, en Allemagne, toute ces phénomènes ont rendu muette cas en particulier d’une œuvre logues (comme Ernst Pöppel et discussion sur les manipulations la critique sociale de l’ancienne éco- importante comme celle de Niklas Wolf Singer, très souvent sollici- du vivant. Lorsqu’en juillet 2000 le le », écrivent Reinhard Mohr et Luhmann, qui se situe à la frontiè- tés), mais aussi les économistes, philosophe Hans-Georg Gadamer Mathias Schreiber dans le Spiegel. re de la philosophie et de la socio- qui semblent avoir remplacé les (avec Habermas, le philosophe La vie intellectuelle allemande logie. Dans une dizaine de livres sociologues, les philosophes et les allemand le plus lu à l’étranger) a est de plus en plus coupée en dont très peu sont traduits en fran- historiens dans l’espace public de accepté de s’exprimer dans la pres- deux entre, d’un côté, les scientifi- çais, Niklas Luhmann (mort en la réflexion. Au cours des six der- se, ce fut pour alerter ses conci- ques et les économistes, la plu- 1998) a construit une théorie des niers mois, peu de textes ont eu toyens sur les conséquences part du temps avocats de la scien- systèmes politiques, sociaux, éco- autant de retentissement national imprévisibles du clonage et des ce triomphante et du progrès, et nomiques ou religieux qui consti- qu’un article favorable à certaines manipulations génétiques et récla- de l’autre une classe intellectuelle tuent l’armature des sociétés formes de sélection prénatale, mer des « frontières éthiques » : qui se réfugie dans la provocation modernes.

b VANDERBEKE Birgit b MONIOUDIS Perikles Devine ce que je vois Glace

Mais où sont les neiges d’antan ? Birgit Van- Né en Suisse en 1966 de parents grecs, derbeke est entrée en littérature avec un Perikles Monioudis est l’un des auteurs petit bijou, Le Dîner de moules, chronique prometteurs de la scène littéraire berlinoi- grinçante sur la vie de famille. Les quatre se. Inspirée au départ de la prose labyrin- autres ouvrages qu’elle a ensuite publiés thique de Thomas Bernhard, son écriture furent décevants. Ce qui avait fait la grâce du premier roman, est devenue plus minimaliste au fur et à mesure que se peau- cette alliance idéale entre le ton et le sujet, laissait place à un finait la psychologie de ses personnages. procédé narratif sur le mode pseudo-naïf. Hélas !, le dernier Le héros de ce roman, qui lie l’étude sociologique et le jour- livre est tout aussi décevant. nal intime à l’évolution des techniques industrielles, est un René étant parti à New York, l’héroïne décide de quitter aus- jeune homme à peine sorti de l’internat. Fils d’un magnat de si l’Allemagne. La France est un bon point de chute puisque la glace, il éprouve le besoin de s’astreindre à un « dur l’auteur elle-même l’a choisie et semble s’y trouver bien ; elle labeur physique » et, tout en étudiant secrètement les avait déjà plusieurs fois évoqué ce pays, mais ici il occupe la pla- secrets des appareils réfrigérateurs qui sonneront le glas de ce centrale. C’est flatteur pour la France, qui, en dépit de quel- la fortune de son père, il se mêle au monde ouvrier, observe ques inondations, apparaît comme la terre où il fait bon vivre, l’inhumanité d’un travail exercé dans le gel, l’ammoniaque la patrie de la liberté individuelle, où les maîtresses d’école et le vacarme : « De temps en temps, ils se laissent prendre une sont décontractées malgré tous leurs enfants et où l’heure de oreille ou un sourcil dans la glace. Adossés aux blocs, ils appli- l’apéritif est une institution. Un pays qui a des peintres sachant quent leur mouchoir contre la plaie. Le sang gèle instantané- rendre la lumière et la couleur. Ce n’est pas déplaisant à lire, ment. » mais ça rappelle ces reportages que l’on peut lire dans certains Apprentissages sociaux d’un narrateur assailli par des magazines, et l’on se demande où est la singularité littéraire. rêves terrifiants, confronté au mystère des particules élé- On ne voit pas bien ce que Birgit Vanderberke voit mieux que mentaires, et que le devoir de « scier la glace » renvoie à la les autres (en référence au titre original) ; on voit surtout qu’el- frigidité de ses rapports avec son père, symbolique castra- le devient à chaque livre plus prisonnière d’un ton qui l’oblige à teur. En fin d’épreuve initiatique, un soleil salvateur fait fon- rester à la surface des choses. Dommage (traduit par Anne dre l’abcès qui lui rongeait le bras (traduit par Céline Boc- Weber, Stock, 112p., 89 F [13,56¤]). P. Des. quillon, Le Serpent à plumes, 144 p., 95 F [14,48¤]). J.-L. D. XII / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 salon du livre b La vérité de l’art, selon Gadamer é le 11 février 1900, Aujourd’hui âgé » On s’approche ici des attentes Hans-Georg Gadamer suscitées par la convergence de la fut l’élève de Heidegger de cent un ans, culture classique avec l’industrie à Fribourg et succéda à contemporaine, qu’illustre assez JaspersN à Heidelberg en 1949. Hans-Georg Gadamer bien le développement de l’école D’une étendue considérable, son philosophique de Marbourg. Après œuvre s’est principalement déve- est l’un des philosophes le départ de Cohen, l’héritage du loppée après 1960. A côté du modè- romantisme allemand a fini par le fourni par le savoir scientifique, il allemands les plus réapparaître chez Paul Natorp, a insisté sur la vérité de l’art, et sur sous la forme de la tripartition sys- e l’idée que le langage est la condi- importants du XX siècle. tématique de la philosophie en tion de notre expérience du monde theoria, praxis et poièsis. L’art y a et de l’histoire. Il a bien voulu, pour refait son entrée en scène à côté de la science. On a eu l’impression – Le terme d’herméneutique, qui « Le Monde », répondre que le néokantisme réunirait le con- désigne l’art de l’interprétation cept éthique de valeur au concept philosophique, était peu répandu aux questions d’Elfie de vérité pour fonder la philoso- autrefois. Cette notion essentielle phie. Mais on ne pouvait être aveu- dans votre œuvre est maintenant et Jacques Poulain gle au fait que la présence dont connue dans le monde entier. Com- jouit l’art s’impose de façon beau- ment expliquez-vous ce succès ? coup plus forte que le concept de – Ceci n’a commencé qu’avec la Même des personnalités aussi mar- valeur, toujours menacé d’un ren- publication de Vérité et Méthode, quantes qu’Adorno, Gehlen et Hei- versement tandis que l’œuvre d’art l’année de mes soixante ans. Le suc- degger n’ont pas réussi à renforcer perdure à travers tous les tours et cès de cet ouvrage plutôt provoca- véritablement la démocratie étant détours des valeurs et des goûts. teur a tenu à ce qu’il n’était pas le donné les conditions asphyxiantes Mais de quelle sorte de vérité l’art fruit d’un exercice d’écriture solitai- du traité de Versailles. Leur pessi- est-il dépositaire ? C’est la ques- re, mais celui d’un enseignement misme et leur résignation devant le tion qu’a posée Heidegger en reve- poursuivi durant plus de trente destin viennent de là. C’est seule- nant à Aristote pour faire de la – Il est osé de dire, bien que ce liberté inédite. Nous devrions règles, mais elle exige, au contrai- ans, où j’ai été amené à discuter ment dans la seconde moitié du siè- question de l’Etre la question soit incontournable, que le besoin savoir, depuis lors, que nous ne re, d’oser exprimer son propre juge- avec des étudiants débutants qui cle, à un moment où l’Europe était même de la philosophie. religieux de l’humanité trouvera connaissons pas l’avenir. Nous ne ment. Il suffit, à cet égard, de nous raisonnaient de façon toute sponta- encore à vrai dire épuisée et exsan- toujours des défenseurs. Mais qui pouvons donc prendre au sérieux rappeler une seule et unique cho- née. C’est ainsi que j’ai évité tout gue, que s’est levé un nouvel espoir – En novembre 1993, vos dialogues peut s’arroger le droit de juger le une philosophie qui n’arrive pas à se : que toute culture humaine est langage trop spécialisé et transfor- pour l’humanité, un espoir nourri avec les philosophes français ont devenir de l’esprit du monde ? Il s’accommoder de cette incertitude. toujours assez audacieuse pour mé mon enseignement en échange malgré tout par les forces de pro- pu étonner. Tout se passait comme nous faut retourner ici à l’école des L’humanité vit aujourd’hui dans opérer son propre choix, pour verbal constant avec l’auditoire. duction étonnantes de l’Allemagne si, pour vous, seule l’expérience Grecs. Le mythe de Prométhée diverses cultures qui ont toutes avancer ses propres jugements de » Par ailleurs, la philosophie de déchirée. artistique pouvait servir de forme nous donne déjà une réponse. Il ne leur langue, leurs mœurs et leur vie et instaurer son propre monde Heidegger, bien connue en Allema- de vie pour l’être humain. La forte s’agit pas du Prométhée enchaîné religion. Nous devons apprendre à car elle est alors aussi audacieuse gne, était déjà présente partout. – Comment votre œuvre s’insè- présence de l’œuvre d’art serait- à son rocher après sa révolte con- vivre les uns avec les autres. Cette que l’est une œuvre d’art. » Aussi ai-je dû mobiliser toutes mes re-t-elle dans cette histoire cultu- elle le modèle de ce que sera dans tre Zeus, mais de celui qui se tar- nouvelle façon de vivre les uns Propos recueillis forces d’enseignant pour soutenir relle et philosophique ? Comment l’avenir la présence à l’autre ? guait d’avoir offert aux hommes le avec les autres, c’est ce qu’on appel- et traduits le rythme que m’imposait l’énergie a-t-elle pu faire reconnaître en Comment affronter les questions don le plus précieux. En leur ôtant le se comprendre l’un l’autre dans par Elfie Poulain, déployée par Heidegger pour l’être humain un être de dialogue que suscite la forte présence de le savoir du jour de leur mort, il les un dialogue. Voilà l’herméneuti- traductrice du philosophe ouvrir de nouveaux horizons. et de communication ? l’œuvre d’art et ce, jusque dans la avait réveillés et incités à transfor- que qui reste ouverte à l’avenir. et par Jacques Poulain, Alors que la recherche de Dieu, – Je ne parle pas volontiers de mondialisation de la culture ? mer la nature en les animant d’une Elle ne prescrit pas de suivre des professeur à Paris-VIII bien qu’inexprimée, conférait tou- communication, car ce terme sug- jours à Heidegger une présence gère à mes yeux non seulement d’orateur quasi auratique, je res- une dépendance à l’égard de la tais, quant à moi, fidèle au langage bureaucratie, mais surtout une sou- vivant jusque dans l’évolution de mission aux règles ainsi qu’aux pro- Le regard critique de Heinz Wismann ma pensée. Le langage vivant, c’est grès scientifiques. Aussi n’aide-t-il celui du dialogue, d’un dialogue où pas à développer le sens de la c’est avant tout l’autre qui me démocratie. On a ici beaucoup à « Heinz Wismann, vous êtes philo- avant la réunification en lançant sorte de délire métaphorique, parle. apprendre de l’échange culturel sophe et enseignez à la fois en Fran- L’imagination révoltée ce qu’il est convenu d’appeler la Platon avec Nietzsche et Heideg- » Ce faisant, je conservais mes qui accompagne l’expansion mon- ce et à Heidelberg, où vous prési- “querelle” des historiens », tan- ger, il sert purement et simple- centres d’intérêt personnels, qui diale de l’économie, pour pouvoir dez le Centre protestant de recher- et plus ou moins dis que le premier s’est fait enten- ment à renvoyer l’humanité à sa m’avaient porté très tôt vers la litté- reconnaître les limites de l’humani- ches interdisciplinaires. Comment dre après cet événement pour substance biologique, afin de lui rature. C’est ainsi que j’ai lu Tho- té. On peut peut-être appeler opti- caractériseriez-vous les princi- brouillonne revendiquer le droit de ranimer le imposer la sélection des spéci- mas Mann, puis Stefan George et misme l’attente patiente et persévé- paux clivages qui dominent la scè- débat sur l’eugénisme à la lumiè- mens les plus aptes à survivre. La Rilke, et que je me suis familiarisé rante qui anime l’espoir d’un nou- ne philosophique allemande ? de la nouvelle génération re des progrès accomplis par la réplique de Habermas coule, également avec Paul Celan dont vel avenir, mais ne serait-il pas rai- – Rappelons d’abord que, dans recherche génétique — n’appar- pour ainsi dire, de source, puis- j’ai commenté « les Cristaux de sonnable de penser qu’on puisse l’immédiat après-guerre, les éco- a succédé au sentiment tiennent pas à la même généra- qu’elle rappelle, à la suite de souffle » dans Qui suis-je et qui apprendre quelque chose de sa pro- les de pensée se réclamant de la tion et ne poursuivent pas les Kant, que la liberté humaine, es-tu ? (traduit chez Actes, 1987), pre histoire ? filiation heideggerienne occu- de culpabilité des aînés mêmes buts, leurs propos ont aussi bien individuelle que collec- qui expose ma propre « critique de » Mettons-nous donc à l’épreu- paient largement le terrain, en ceci de commun qu’ils consti- tive, consiste à pouvoir s’arra- la faculté de juger ». ve de notre propre histoire. Le fournissant à la génération trau- génération. Après les désillusions tuent une provocation soigneuse- cher aux déterminismes à l’aide XIXe siècle avait inspiré une nouvel- matisée par la catastrophe un provoquées par 68, les options ment ciblée, morale et politique, de la réflexion imaginative. Il – A vos yeux, la pensée allemande le perception de l’Etat, puis un schéma d’absolution individuelle. tendent à s’équilibrer entre ces mais aussi philosophique au sens reste que la tentation d’un retour a-t-elle accompagné, au cours du développement florissant des scien- Celui-ci reprenait, au niveau deux pôles qu’on pourrait quali- strict. L’orchestration médiati- volontaire à l’être brut est une XXe siècle, le développement euro- ces naturelles, qu’ont cherché à imi- d’une méditation exigeante sur fier, pour faire bref, de pessimis- que, qui accentue les aspects de constante de la conscience éman- péen de l’Allemagne ? ter les sciences humaines. La philo- l’histoire de l’être et le destin de te et d’optimiste. Leur légitimité surcompensation malsaine, ne cipée. Elle n’est en tout cas pas – La République de Weimar a ten- sophie en porte aujourd’hui enco- la modernité, le diagnostic pro- reformulée se cristallise aujour- doit pas masquer le fait qu’il spécialement allemande. » té d’éveiller le plus possible l’esprit re les traces. La première moitié de posé en 1918 par Oswald Spen- d’hui autour des noms de Hans- s’agit, dans l’un et l’autre cas, Propos recueillis démocratique dans toutes les cou- ce siècle était encore sous l’influen- gler dans son best-seller, Le Georg Gadamer et Niklas Luh- d’une opération de guérilla théo- par Alexandra ches de la population, en les ame- ce de Hegel et du romantisme alle- Déclin de l’Occident. Avec le mann d’un côté, de Karl-Otto rique. En contestant au moyen Laignel-Lavastine nant à une conscience aussi aiguë mand. Mais la seconde moitié a retour des émigrés, notamment Apel et Jürgen Habermas de du comparatisme historique le que celle des Suisses et des Néer- connu un progrès de la science et d’Ernst Bloch et des chefs de file l’autre. bien-fondé de la culpabilité e Heinz Wismann dirige par ailleurs landais, habitués à parler deux ou de la technique tout à fait inatten- de l’école de Francfort, Horkhei- allemande, Nolte invite en réalité la collection « Passages » aux Edi- trois langues en plus de leur langue du. Aussi la philosophie dominan- mer et Adorno, la problématique – La mouvance habermassienne la nation à se retrouver soudée, tions du Cerf. Son catalogue, qui maternelle. Mais c’était trop te a-t-elle été marquée par un de l’émancipation remplace pro- reste-elle dominante ? Et comment par-delà le bien et le mal, dans comprend déjà plus de cent titres demander aux Allemands et les retour à Kant, sous la puissante gressivement l’espèce de délecta- expliquer l’écho rencontré par les l’immanence de son destin, parus, constitue un outil unique per- contraintes du traité de Versailles influence d’Hermann Cohen. Mais tion morose induite par le com- propos d’un Peter Sloterdijk ou quitte à en réinventer le sens à mettant au lecteur francophone d’ac- ont freiné toute évolution en ce était-elle à même de remplir les plexe de culpabilité, et libère d’un Ernst Nolte ? chaque tournant de son histoire. céder à une part importante de la sens. Dans ce contexte, la philoso- tâches auxquelles l’appelait le déve- l’imagination révoltée, plus ou – Bien que les deux auteurs Quant au bricolage conceptuel de production philosophique alleman- phie a fait ce qu’elle pouvait. loppement des Etats ? moins brouillonne, de la nouvelle – dont le second est intervenu Sloterdijk, qui associe, dans une de contemporaine.

b WEBER Anne Première Personne

Anne Weber est allemande. Arrivée en France il y a dix-sept ans, parlant à peine le français, elle est maintenant une écrivain de langue française. «Le grand avantage d’écrire dans une autre langue que sa langue maternelle, c’est la distance qui s’instaure ; les mots sont plus légers. Je me sens d’une certaine façon plus libre. » Dans son nouveau livre, Première personne, elle met à profit cette liberté pour se lancer dans une exploration de la conscience : tentative pour retrouver par l’écri- ture la « clairvoyance d’antan, d’avant les raidissements successifs de l’enfance, les pétrifications de l’adolescence, les glaciations de l’âge adulte ». L’inventaire de l’intime n’est pas dans l’anecdotique mais dans la recherche de l’originel : s’approcher au plus près de soi-même pour tenter de cerner ce qui scelle la condition humaine – par- delà les langues, à rebours des langues. Car Anne Weber ne fait pas qu’écrire en français : elle traduit en français des auteurs alle- mands et se traduit elle-même en allemand. « Ne suis-je pas la mieux placée pour savoir ce que j’ai voulu dire ? » Avec un sourire, elle se défend d’être une mère abusive incapable de lâcher sa création. « On apprend aussi beaucoup par la traduction, elle met en évidence les moindres faiblesses de l’écriture. » Cet exercice, qui l’amène parfois à se corriger, révèle toute l’ambiguïté de la prétendue fidélité à un texte qui, somme toute, n’est rien que l’idée qu’on s’en fait et doit pourtant aller au-delà (Seuil, 120p., 79 F [12,04¤]). P. Des. salon du livre LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / XIII b L’Allemagne, entre exception et normalité

nants volumes. La première est tels que la liberté, la créativité et la allaient plus tard soutenir la Républi- qui se réfère moins à la Loi fonda- DER LANGE extraite des Considérations d’un apoli- culture. Tout autre politique porterait Selon l’historien que de Weimar, auraient asséné à mentale de la RFA qu’aux « principes WEG NACH WESTEN tique, parues fin 1917. Thomas Mann en elle une crispation nationale qui des généraux victorieux de 1918. constitutionnels universels » de l’Occi- Deutsche Geschichte est encore le défenseur des « idées signifierait un conflit terrible entre la Heinrich August Après 1945, les Allemands de dent en général, et nourrit donc (Le Long Chemin vers de 1914 » contre les « idées de patrie et la culture et par là notre mal- l’Ouest ont développé une démocra- l’idée d’une Allemagne postnationa- l’Occident. Une histoire 1789 » ; aux valeurs occidentales de heur à tous.» Et enfin, troisième éta- Winkler, un long chemin tie parlementaire à bien des égards le plantée au milieu d’Etats-nations, allemande) démocratie et des droits de l’hom- pe, au lendemain de l’effondrement exemplaire, mais dans un Etat enco- autrement dit d’une nouvelle de Heinrich August Winkler. me, il oppose les valeurs allemandes du Reich, devant des étudiants de a été nécessaire re une fois incomplet puisqu’une par- « exception allemande ». Ed. C.H. Beck, Munich – le devoir, l’ordre, l’équité – qui Hambourg, cette fois-ci conquis, tie du pays subissait une autre dicta- Heinrich August Winkler, qui fut Vol. I : Vom Ende des Alten devraient être garanties par un Etat Thomas Mann lance une phrase qui pour rompre avec le ture, à la fois importée d’URSS et un des principaux contradicteurs Reiches bis zum Untergang fort. Il se réjouit que la paix de Brest- fera florès : « Nous voulons une Alle- plongeant ses racines dans le radica- d’Ernst Nolte lors de la querelle des der Weimarer Republik Litovsk dispense les Allemands de se magne européenne et non une Europe mythe du Reich lisme révolutionnaire de 1917-1919. historiens des années 80, ne refuse (De la fin du vieil empire à la battre contre la patrie de Dostoïevs- allemande. » A l’Ouest, la démocratie était autant pas a priori de comparer le nazisme chute ki pour se consacrer à la lutte « con- Ce cheminement est à la fois rup- et créer un Etat-nation due à la volonté des Alliés occiden- et le communisme ; il rejette l’assimi- de la République de Weimar), tre l’Occident seulement, contre les ture avec la formation tardive de taux qu’aux germes semés contre lation des deux totalitarismes. Et en 652 p., 78 DM. “trois pays libres” [en français dans l’Etat-nation allemand sous sa forme démocratique Hitler au cours de la décennie précé- tout cas, il s’insurge contre l’idée Vol. II : Vom Dritten Reich le texte], contre la civilisation, la litté- autoritaire, et appropriation d’une dente, par la social-démocratie selon laquelle les Allemands seraient bis zur Wiedervereinigung rature, la politique, le bourgeois épris histoire marquée par des révolu- comme par les conjurés du 20 juillet possédés par la culpabilité (Schuldbe- (Du IIIe Reich à la réunification), de rhétorique », toutes choses aux- tions, mais des révolutions man- sociaux-démocrates, au contraire, 1944. Ces aristocrates n’étaient ni sessenheit): « Non, affirme-t-il, car 742 p., 78 DM. quelles il préfère la musique, la poé- quées ou inachevées. Heinrich en vrais héritiers de la révolution de des démocrates ni des libéraux ; une adhésion aux principes universels sie, la philosophie… August Winkler met cette histoire en 1848, étaient dans les années 20-30 pourtant pour la première fois, une n’a malheureusement pu se former n homme, un écrivain, En octobre 1922, le même Thomas perspective. Il ne se veut ni exhaustif les partisans les plus convaincus de élite allemande n’obéissait pas à un dans le plus profond de la nation alle- l’un des plus importants Mann est rallié à la République mais ni objectif. Il cherche au contraire les l’Etat national panallemand (gross- ordre de l’autorité supérieure mais à mande qu’après – et par – Aus- écrivains allemands du il se méfie encore du parlementaris- « lignes de fuite » : 1848, 1919, 1933, deutsch). Aussi le mythe du Reich sa propre conscience. Aussi, bien chwitz. » C’est la Shoah et la défaite XXe siècle, incarne la tragi- me. Il faut attendre 1930 pour que, 1945 et enfin 1990 avec la réunifica- n’était-il ni l’apanage de la droite ni que patronnée par les vainqueurs, la libératrice du nazisme qui a mis fin Uque quête de la modernité démocra- face à un parterre d’étudiants hosti- tion. Il ne cache pas la position d’où une redécouverte de Hitler. Ce Loi fondamentale de la République au Sonderweg (la voie particulière) tique qui a déchiré les intellectuels, les, il prononce une profession de foi il parle : une social-démocratie « rai- mythe a été utilisé par le national- fédérale était, écrit Heinrich August du Reich allemand. Un demi-siècle les dirigeants politiques et finale- en faveur des valeurs occidentales sonable » qui mise sur une alliance socialisme et fondamentalement Winkler, « une Constitution occidenta- plus tard, « en 1990 se sont terminés ment toute la société jusqu’au qui passe, comme l’avait voulu aussi entre les forces modérées de la bour- détruit par lui. « C’est en cela que rési- le, mais pas n’importe laquelle ; elle le Sonderweg postnational de la Répu- paroxysme des crimes du national- Gustav Stresemann, par une coopé- geoisie et de la classe ouvrière, seule de l’effet libérateur de sa chute, écrit était un texte dans lequel se reflétaient blique fédérale et le Sonderweg inter- socialisme. Thomas Mann, en trois ration avec la France : « Seule une base viable pour une démocratie par- Heinrich August Winkler. Dans la les expériences de l’histoire alleman- nationaliste de la RDA. L’Allemagne déclarations, pose les jalons de ce politique étrangère fondée sur l’enten- lementaire et libérale. L’expérience mesure où [les Allemands] appre- de, de la République de Weimar com- réunifiée n’est pas une “démocratie « long chemin vers l’Occident » te franco-allemande correspond à l’in- montre que les tentatives démocrati- naient à voir dans l’effondrement une me du national-socialisme ; dans ce postnationale au milieu des Etats- auquel l’historien Heinrich August térieur à une atmosphère où peuvent ques ont toujours échoué en Allema- libération, ils étaient en mesure de texte l’histoire constitutionnelle alle- nations” ; elle est un Etat-nation démo- Winkler a consacré deux passion- se développer les espoirs des citoyens, gne quand cette alliance était impos- reconnaître que l’Allemagne elle- mande était “dépassée”, au sens hégé- cratique et postclassique parmi sible ou refusée. La bourgeoisie libé- même portait la responsabilité de son lien du terme : à la fois conservée et d’autres ». En ce sens on peut parler rale s’était ralliée à l’Etat bismarc- destin », autrement dit que ses mal- supprimée ». En ce sens, le « patriotis- enfin d’une « normalité » allemande kien de 1871 parce qu’elle n’avait heurs n’étaient ni la faute des autres me de la Constitution » (Verfassungs- qui rompe avec les mythes germani- pas réussi sa révolution de 1848. ni la conséquence du « coup de poi- patriotismus) n’était pas, à l’origine, ques tout en assumant les particulari- L’Européen de raison Mais cet empire était incomplet puis- gnard dans le dos » que les ennemis a-historique, comme il a pu le paraî- tés de son histoire. qu’il y manquait l’Autriche. Les de la monarchie, les partis qui tre parfois chez Jürgen Habermas, Daniel Vernet

avec qui il travailla étroitement L’EUROPE S’AFFIRME d’abord en tant que ministre des Perspectives pour le XXIe siècle finances, ensuite quand ils gagnè- (Selbstbehauptung europas) rent, à quelques semaines d’interval- de Helmut Schmidt. le, qui la chancellerie, qui la présiden- Traduit de l’allemand ce de la République. Dans l’hebdoma- par Dominique Tassel, daire Die Zeit, dont il est un des direc- Préface teurs, Helmut Schmidt a, ces derniè- de Valéry Giscard d’Estaing, res années, tiré à plusieurs reprises la éd. De Fallois, 270 p., 120 F sonnette d’alarme à propos du (18,29 ¤). « refroidissement » des relations fran- co-allemandes. Dans son livre, il lan- ce à nouveau un double appel : «La uand il est arrivé à la chan- France doit décider d’utiliser sa posi- cellerie fédérale alleman- tion internationale soit pour jouer un de en 1974, Helmut Sch- rôle particulier et autonome [auquel il Q midt ne passait pas pour ne croit d’ailleurs pas], soit pour pren- un enthousiaste de l’intégration euro- dre l’initiative en Europe. Il lui faut péenne. Originaire de Hambourg, il trancher entre ces deux possibilités. » avait comme tous les habitants de la D’autre part, « la France doit savoir Hanse un faible pour le monde anglo- que nous, Allemands, sommes disposés saxon. Dans le livre qu’il consacre à à renforcer encore nos liens récipro- l’avenir de l’Europe et auquel son ques avec nos voisins français, en ami Valéry Giscard d’Estaing a don- allant même plus loin que ce qui est né une préface chaleureuse, il recon- prévu par le traité sur l’Union euro- naît avoir toujours été un « Européen péenne ». Cette intégration, dit-il, de raison plus que de cœur ». Et c’est « est dans l’intérêt stratégique » des justement la raison qui l’a convaincu Allemands. que l’Union européenne est la condi- Toujours pragmatique, Helmut tion de survie des Européens eux- Schmidt ne se contente pas de ces mêmes et, encore au-delà, de l’Occi- généralités qui sont autant d’admo- dent tout entier. Face aux périls qui nestations aux dirigeants d’au- menacent –, et Helmut Schmidt en jourd’hui, des deux côtés du Rhin. Il analyse quelques-uns sans catastro- avance des idées concrètes. Il plaide phisme mais sans complaisance – les pour des réformes structurelles de Européens risquent de devenir des l’Union avant la réalisation de l’élar- acteurs secondaires sur la scène politi- gissement, sous peine de rendre que mondiale, à moins qu’ils ne par- l’Europe ingouvernable et inefficace. viennent à faire de l’Union européen- Il exhorte les responsables politiques ne « une entité dotée du pouvoir à avoir le courage de dire que ni la d’agir ». La formule peut paraître Russie ni la Turquie n’ont vocation à vague mais elle traduit la pensée exac- faire partie de l’UE même si elles peu- te de l’ancien chancelier qui ne veut vent y être étroitement associées. ni d’un Etat européen, ni d’une Fédé- Enfin, il se prononce pour la constitu- ration d’Etats ; une « Union » lui con- tion d’un « noyau interne de vient parfaitement. Et à condition, l’Union », seul moyen d’avoir une ajoute-t-il, « que l’Allemagne et la politique extérieure commune. C’est France soient durablement intégrées » moins l’originalité du propos que la dans cette Union européenne. clarté de l’exposé qui emporte la Ce parfait anglophone a découvert conviction et transforme le volonta- la France en même temps qu’il ren- risme politique en évidence. contrait Valéry Giscard d’Estaing D. V.

b WALSER Martin Une source vive

Dans les années 1930, sur les bords du lac de Constance, le petit Johann grandit dans l’auberge que tiennent ses parents, sa mère plutôt, car le père est un doux rêveur qui s’occupe plus volontiers de musique ou de théosophie. Le monde est en train de changer. De riches bour- geois de la ville viennent amarrer leur bateau sur les rives du lac mais les affaires n’en marchent pas mieux pour autant. L’auberge est menacée de liquidation judiciaire jusqu’à ce que la mère, toujours pragmatique, décide d’adhérer au parti nazi. Né en 1924 à Wasserburg, la bourgade qui sert de cadre à son roman, Martin Walser ne s’était jamais autant approché de la veine autobiographique. Car ces années maudites de l’histoi- re allemande furent pour lui, qu’on le veuille ou non, celles de la découverte émerveillée du monde, des premiers émois amoureux. Martin Walser réussit parfaitement à évoquer cet- te « source vive » du passé sans occulter l’implication de sa propre histoire dans celle de l’Allemagne, déployant cette épopée du quotidien avec le mélange de tendresse et d’ironie qui le caractérise. Le roman qui a suscité une énorme polémique lors de sa paru- tion en 1998 a obtenu le fameux Prix de la Paix décerné à Francfort par les libraires allemands (traduit par Evelyne Brandts, Robert Laffont, « Pavillons », 450 p. , 149 F [22,71¤]). G. Me. XIV / LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 salon du livre b Parade à une mythologie brouillée

prolonge l’une des missions originel- HISTOIRE DES CHEVALIERS Des Nibelungen aux les. Alors seulement, au cœur du TEUTONIQUES XIVe siècle, l’ordre devient « alle- de Kristjan Toomaspoeg. chevaliers teutoniques, mand », avec la promotion d’une Avec la collaboration noblesse clairement liée aux princi- de Annliese Nef, l’imagerie nazie pautés territoriales en cours de cons- Flammarion, 208 p., titution – d’où la Prusse sera la loin- 109 F (16,61 ¤). conditionne encore le taine héritière. Revenant sur la cruel- le mise au pas de la Livonie, Toomas- LA MYTHOLOGIE regard contemporain. poeg disculpe partiellement les Teu- ALLEMANDE toniques du « génocide balte ».On (Deutsche Mythologie) Deux essais, à cent ans peut avoir moins d’indulgence de Paul Hermann. envers de telles exactions et leur Traduit de l’allemand et annoté d’intervalle, corrigent lourd solde démographique. Au par Michel-François Demet, moins cette brève synthèse devrait- Perrin, « Pour l’Histoire », le lieu commun elle exorciser quelques démons tena- 312 p., 145 F (22,11 ¤). ces, réactivés au XXe siècle. d’une part, Polonais et Lituaniens Exhumer, même partiellement ritz Lang ou Eisenstein, bien d’autre part, où s’abîme la puissance tronquée, La Mythologie allemande des poncifs sur l’imaginaire de l’ordre deux siècles plus tard. Gru- de Paul Hermann ne présente pas le mythologique allemand nwald, Tannenberg ou Zalgris selon même caractère de salubrité. Toute- sont d’abord des références la nation qui l’évoque, ce combat de fois, on saluera le courage de l’édi- Fcinématographiques. Soutenus par 1410 dit l’ambiguïté de l’histoire teur qui n’hésite pas, dans une collec- l’énergie d’un Prokofiev ou l’écho d’un ordre de chevalerie confusé- tion vouée aux textes rares ou des fureurs wagnériennes, la glace se ment tiraillée entre la légende noire oubliés, à proposer cette anthropolo- rompant sous le poids de l’armée des Templiers et celle, plus abjecte, gie, certes « datée » – elle parut en teutonique face à Alexandre Nevski du totalitarisme moderne. 1898, fut rééditée en 1906 puis 1996 ou les assauts légendaires des Nibe- Pour restaurer une vision moins seulement –, mais toujours inédite lungen ont davantage marqué les fantasmatique, Kristjan Toomas- en français. Sans craindre de esprits que la lecture des textes, poeg, dont la thèse, Les Possessions réveiller les querelles qui firent long- seuls aptes à restaurer une dimen- de l’ordre Teutonique en Sicile temps obstacle à la traduction des sion moins fantaisiste et moins trau- 1197-1492, est sous presse aux édi- maîtres-livres de Kantorowicz, elle matisante de la vision farouche tions de l’Ecole française de Rome, offre une clé toujours utile à une léguée par l’imagerie nazie. propose un essai didactique, sobre part de l’imaginaire allemand qui Lorsque les nazis reprennent la et précis, sur ces « soldats du croise la source germanique et un part à leurs yeux la plus récupérable Christ », « frères cadets » des grands fond nordique, plus mince mais Hippodrome de Höppegarten idéologiquement de l’historiogra- aînés, templiers et hospitaliers, qui d’une imagerie plus poétique. De phie nationaliste du XIXe siècle, ils voient avec suspicion naître d’un Tacite (De Germania)auNibelungs- adoptent une vision simpliste et hôpital des Allemands fondé à Acre lied composé onze siècles plus tard, erronée de l’ordre teutonique, que (1197) un ordre nouveau, conjointe- Hermann, qui fonda à Strasbourg, fondamental, logique dès lors que les Soviétiques confortent en ment parrainé par le pape et l’empe- au temps où le IIe Reich cherchait ses pour accéder au Walhalla, repos ulti- retour. Immortalisée par la géniale reur. Ses privilèges capitaux, dus à la fondements dans l’Histoire autant me du guerrier tombé au combat, image d’un Eisenstein patriote, la protection des Hohenstaufen, com- que dans la tradition, un centre uni- l’homme doit aussi admettre que ses Des symboles en débat bataille du lac Peïpous, le me sa hiérarchie spécifique l’aident à versitaire d’études mythologiques dieux sont mortels. Absents à l’origi- 5 avril 1242, s’est certes soldée par résister à la faillite des Etats latins germaniques et celtiques, sert de gui- ne du monde, ils n’apparaissent une victoire du prince de Novgorod, d’Orient (1291). Transférée à de. Rencontre avec Tius, maître uni- qu’au début de l’Histoire. Périssables ans un article paru en fuite, une démission face à l’enjeu his- mais le faible enjeu de l’affronte- Marienburg, après une étape éphé- versel renversé par Wodan, qui lui donc ; pis – d’un trépas annoncé. juin 1993 dans la revue torique. La question du sujet est en ment, la modestie des troupes en mère à Venise, révérence à une origi- prit aussi son épouse la déesse Frija, Si, après Hermann, on y lit un sen- Actes (nº 98, p. 45-58), effet capitale en Allemagne, où le présence, la discrétion des sources ne méditerranéenne jamais réelle- les Walkyries et les plus paisibles timent intrinsèque de culpabilité, voi- « La nouvelle Allema- paradigme dominant reste l’hermé- sur cette fameuse « bataille de la gla- ment oubliée, la résidence symboli- filles au cygne (l’ardeur présente re un besoin d’expiation, on com- Dgne : quels symboles ? », Joseph neutique. Abandonner le concept de ce » interpellent plus l’amateur de que des grands maîtres atteste un face à la science de l’avenir), et l’iné- prend pourquoi ce classique de l’his- Jurt, professeur à l’université de sujet y est tenu pour un choix “anti- légende que l’historien, qui retient changement décisif. Relais des croi- puisable cortège de kobolds, elfes et toriographie européenne n’a guère Freiburg, interrogeait l’impensable humaniste”. » moins l’événement que la décisive sades orientales, la guerre menée nixes, nains, géants et autres retenu les nazis. consensus autour des emblèmes Reprenant la logique de son ques- confrontation entre Teutoniques contre les païens des terres baltes démons. S’en dégage un pessimisme Ph.-J. C. nationaux dans l’Allemagne réuni- tionnement au lendemain de la réu- fiée. Huit ans plus tard, la parution nification sur les symboles impossi- d’une mouture germanique des bles à force d’ambiguïté, du dra- « lieux de mémoire » relance le peau à l’hymne, du monument débat. (mur abattu, porte de Brande- Des « Lieux de mémoire » à l’allemande « Convaincu de l’impossibilité de bourg) au choix de la capitale ou de transposer en Allemagne le concept la fête nationale, Jurt souligne le our ses maîtres d’œuvre, les ensuite la confrontation, nouvelle, tueux des ruptures comme du carac- majeures, à commencer par l’insistan- inventé par Pierre Nora, mon ami manque de recul nécessaire pour historiens Etienne François aux deux passés, nazi et communis- tère éclaté et conflictuel des mémoi- ce sur la part étrangère des mémoires Gerd Krumeich décida de consacrer dégager la force emblématique et Hagen Schulze – l’un te. Entre la France et l’Allemagne, on res allemandes, et qui fasse place aux allemandes, due notamment aux fluc- il y a trois ans son séminaire à Frei- d’un signe d’histoire. La décanta- français, l’autre allemand –, observait enfin plusieurs convergen- recompositions en cours. Ce « profil tuations de frontières et aux imbrica- burg à cette notion hâtivement repri- tion reste à faire. « S’il a fallu près laP sortie de ce premier volume des ces d’attitudes, de l’engouement modeste » débouchera sur un plan tions avec d’autres histoires euro- se. » S’il ignore ce que le chantier d’un siècle pour conférer à la prise de Lieux de mémoire allemands – les pour les commémorations ou les inédit, en forme de kaléidoscope, ins- péennes. D’où le choix de lieux mix- produisit, Joseph Jurt comprend la la Bastille sa valeur de symbole natio- tomes 2 et 3 sont attendus à l’autom- expositions à la multiplication des piré des jeux de miroirs. Dix-huit tes ou partagés, germano-français, réticence de son collègue historien. nal, comment trancher déjà au vu de ne –, constitue l’aboutissement d’une musées d’histoire. En somme, les notions centrales, pour la plupart germano-polonais ou encore judéo- « Le concept radical inventé par l’extrême discontinuité de l’histoire longue aventure. Tumultueuse aussi, conditions n’avaient peut-être jamais intraduisibles – Volk, Bildung, Heimat, allemands. Cette dimension euro- Nora est en rupture avec l’histoire allemande depuis 1870, qui fit obsta- car se lancer dans un tel inventaire cri- été aussi favorables à l’écriture d’une etc. – sont ainsi sélectionnées. péenne, explicitement revendiquée, linéaire, de mise ici. Sortir de cette cle à la constitution d’une identité tique des lieux, matériels et immaté- histoire allemande « au second Autour de chacune d’elles gravitent explique enfin que les architectes option traditionnelle peut être inter- nationale stable ? » Evoquant la chu- riels, où s’est ancrée la mémoire col- degré ». des sortes de « grappes », entre cinq aient fait appel à de nombreux cher- prété comme une volonté de se déro- te du Mur, Jurt lit là comme un pos- lective allemande – une première Pour autant, importer tel quel le et huit entrées chaque fois, 120 au cheurs non allemands, un sur cinq, ber à une responsabilité historique sible « lieu de mémoire », mais outre-Rhin – n’avait rien d’évident. modèle original, fondé sur l’articula- total, opérant comme le fait la parmi lesquels des Américains et des majeure. J’entends bien sûr par là le pour les Européens. « Nombre d’in- Etait-il d’abord concevable d’éten- tion entre la République, la nation et mémoire, en multipliant les renvois, Israéliens. moment national-socialiste. Est-ce tellectuels se vivent dans une ère post- dre à l’Allemagne la notion de « lieux les France, n’aurait eu aucun sens. les associations. Autour de Reich,on Qu’en pense Pierre Nora qui a un fruit de l’histoire allemande ? ou nationale. Il n’en est rien. Et l’Etat- de mémoire » justement élaborée « Il fallait impérativement s’en émanci- trouvera par exemple un article sur accepté d’en écrire la postface ? Si le une césure douloureuse dans une nation dont on parle est ici vécu à par Pierre Nora dans les années 1980 per », poursuit Etienne François. Un Canossa, un autre consacré à Nüren- sérieux de l’entreprise tranche, à ses vision du temps long où se dessine le contrecœur. La solution de rechange pour rendre compte de la singularité point de vue que Pierre Nora fut le berg, un autre au Reichtag. L’idée yeux, avec la pâle imitation publiée il projet national ? Impossible de faire au sortir de la guerre, ce fut l’Europe des relations que les Français entre- premier à encourager. C’est donc là étant de stimuler l’imagination et y a quelques années en Italie, il avoue l’économie de cet obsédant débat ! » – et l’économie, grâce à son miracu- tiennent avec leur passé ? La convic- qu’allaient commencer les difficultés, d’offrir au lecteur comme autant de ne pas s’y reconnaître tout à fait. Le cas français semble tout diffé- leux développement, la vraie sphère tion que « oui », Etienne François et mais aussi tout l’intérêt d’une entre- pièces lui permettant de reconstituer J’éprouve, dit-il, « un mélange de plai- rent : héritier d’une histoire finale- de puissance. Aussi la disparition Hagen Schulze ne l’ont acquise qu’en prise qui, de tâtonnements en ébau- le « puzzle allemand ». Le produit sir et d’étonnement : plaisir de voir que ment consensuelle, d’une mytholo- annoncée du DM, “valeur refuge” de 1994. Il s’agit bien, en cela, d’un pro- ches de plan sans cesse remises en final ne sera pas sans surprises. la notion de “lieux de mémoire” s’avè- gie politique admise et d’un arsenal l’expression nationale, est-elle mal jet « post-réunification ». Plusieurs chantier, va s’élaborer pour l’essen- « Nous nous attendions à ce que le re utile à d’autres ; étonnement devant emblématique fluctuant mais recon- perçue, ruinant le seul emblème réel- données majeures avaient changé, tiel au fil du séminaire que les deux nazisme soit très présent, relève Etien- sa carrière internationale, alors même nu, le dépositaire de la tradition des lement admis. » souligne le premier, qui vit à Berlin historiens animent à l’université libre ne François. Mais nous avons été frap- que dans sa rigueur et sa logique, je Annales peut, sans crainte, emboî- A voir la commémoration sup- depuis 1991 où il enseigne à la Tech- de Berlin – c’est là qu’enseigne pés, à la lecture, de constater à quel persiste à croire qu’elle n’est vraiment ter le pas à Braudel, qui impose la pléer la mémoire et le rituel la nische Universität. L’une tient à ce Hagen Schulze – avec la participa- point les nazis ont su reprendre à leur applicable qu’à la France ». Encore « longue durée » en réponse au défi conscience historique, on peut de que « si les questions de mémoire res- tion d’un groupe d’étudiants « fidèles compte et pervertir toutes les construc- que tout dépende du traitement. En lancé par le structuralisme et Lévi- fait s’interroger sur la pertinence du tent en Allemagne lancinantes, il et passionnés ». tions mémorielles. Pas un article où Hit- un mot, « les lieux de mémoire sont Strauss, mettant en question la tem- transfert d’un concept très singu- n’était plus possible, après 1989-1990, Assez vite, une nécessité s’impose : ler ne soit mentionné. » comme la guerre », poursuit-il, « ils poralité de l’Histoire. « Ce débat est lier. d’en évacuer la dimension sinon natio- adopter un principe d’organisation, Comparé au modèle français, on sont tout d’exécution ». fondamentalement extérieur à l’histo- Propos recueillis par nale, du moins allemande ». Intervint non pas rigide mais ouvert, respec- observe encore deux innovations A. L.-L. riographie allemande – qui y lit une Philippe-Jean Catinchi

b SCHULZE Ingo b STRAUSS Botho b KRAUSSER Helmut 33 moments de bonheur Les Erreurs du copiste Mélodies

Né à Dresde en 1962, un an après la construc- A lire les derniers essais de Botho Strauss en Avis aux amateurs de musique : ce livre va tion du mur de Berlin, Ingo Schulze a vécu forme de pamphlets, on avait l’impression que changer votre vie. Helmut Krausser (né en dix mois à Saint-Pétersbourg pour participer cet auteur ancré à gauche était soudain deve- 1964) fait partie de cette jeune génération à la fondation d’un journal. C’est ce séjour nu violemment réactionnaire tant ses invecti- d’écrivains allemands qui, même s’ils ont com- qui lui inspira ce texte, sous-titré « Extraordi- ves contre la modernité avaient quelque chose mencé à écrire bien avant 1990, ont dû atten- naires aventures des Allemands à Piter », chronique kaléidosco- moins d’outrancier que d’ambigu. Cette rage est canalisée dans dre la chute du mur pour se faire connaître. Après son bac, sa vie pique de la vie quotidienne après le délitement du régime sovié- Les Erreurs du copiste qui date de 1997, et elle devient juste. L’éloi- est faite de tribulations où il côtoie les milieux punks et toxicos. tique. Comme il le fera quatre ans plus tard dans Histoires sans gnement de la ville, une maison sur une colline de l’Uckermark Pendant six mois, il vit comme un SDF, expérience qui ressort gravité, peinture d’une province est-allemande après la réunifi- sont les éléments décisifs qui contribuent à cet apaisement. Il y a dans plusieurs de ses livres. Krausser n’en est pas, en effet, à ses cation, Ingo Schulze procède par petites narrations évoquant du Montaigne dans cette écriture, mélange d’intime et d’universel, débuts : outre une pièce de théâtre et de nombreux poèmes, il a une galerie de personnages, à la manière des Shorts cuts de Ray- au milieu de la nature, entouré par des ombres, « où l’esprit n’est déjà écrit six romans, dont Mélodies, un ouvrage de huit cents mond Carver. plus obligé de se mettre en frais ou de faire de la propagande, et où le pages qui brasse différents mythes, dont celui d’Orphée. D’un flash à l’autre, il change de ton, sautant du tableau inti- sentiment d’être inclus est le bonheur même ». Le livre se présente comme un roman historique, un roman poli- miste au conte fantastique ou à la scène policière, parodie Hoff- Mais ce bonheur est menacé et apporte la tension nécessaire à cier, un roman d’aventure et une parodie de ces genres. L’action mann, Khlebnikov ou Tchekhov. La ville s’enfonce dans un l’écriture. Menace de la perte en la personne de l’enfant qui par- est double, située dans le passé et le présent. Le personnage princi- marécage social. Dans ce monde privé de repères, où rôde la court encore le monde avec insouciance, mais sera bientôt pris à pal de l’action contemporaine est un jeune photographe, Alban milice, où menacent les pannes de courant, où les citadins, en son tour, inévitablement, dans les rets de l’affadissement et des Täubner, qui, comme Orphée, a perdu sa compagne et devient mal- proie à la misère morale, se raccrochent à leur patrimoine cultu- séductions artificielles. « En présence de l’enfant, toute société est gré lui le médium des découvertes fabuleuses d’un certain Casti- rel, une séductrice de salon d’hôtel cite Pouchkine, une docto- effrayante. » La confrontation entre celui qui a vécu et celui qui va glio, magicien du XVIe siècle qui aurait trouvé des mesures musica- resse tente de sauver un agonisant en lui offrant un somptueux vivre, entre celui qui sait et celui qui ne sait pas, a quelque chose les ayant la force de philtres magiques : comment susciter l’amour, strip-tease. Entre une queue pour un morceau de beurre et un d’héroïquement désespéré. « Je transmets ce qui me fut autrefois comment soutirer de l’argent à un pingre ?, etc. Ce n’est pas sans festin cannibale avec ballets roses dans un établissement de transmis. C’est la seule forme de prévoyance. » Les grands moments rappeler Le Nom de la rose, d’Eco, ou Le Parfum, de Süskind. Le per- bains, un défilé d’artistes désabusés, veuves affamées, dévôts, de la littérature sont ceux où l’intelligence et la sensibilité font sonnage de Täubner est parfois un peu pâle par rapport aux figu- trafiquants d’armes et nostalgiques de l’ancien régime (traduit alliance, portées par un style singulier. C’est le cas avec ce livre. res énigmatiques du passé, mais il y a assurément de la magie dans par Alain Lance et Renate Lance-Otterbein, Fayard, 314 p., (traduit par Colette Kowalski, Gallimard, « Du monde entier » ce thriller musical (traduit par François Mathieu, Seuil, 846 p., 125 F [19,05 ¤]). J-L.D. 208 p., 120 F [18,29 ¤]). P. Des. 147 F [22,41 ¤]). P. Des. salon du livre LE MONDE / VENDREDI 16 MARS 2001 / XV b Un théâtre de répertoire ue de l’extérieur, et tre. Après Brecht ensuite : dans les ressortissent à ce genre ; ces deux notamment de la France, années 1960 à 1980, la critique de cer- Riche d’œuvres créations ont fait l’objet mérité la richesse du théâtre alle- taines évolutions et conditions politi- d’une publication. Mais s’il est possi- mand est largement suré- ques est le dénominateur commun engagées ble de traficoter Goethe, il n’en va Vvaluée. Ce sont en effet moins les au théâtre documentaire de Rolf pas de même avec Schiller – du nouveaux auteurs que les nouveaux Hochhuth et Peter Weiss (L’Instruc- dans le débat politique moins, personne ne s’y est hasardé metteurs en scène qui tiennent le tion), mais aussi aux pièces politi- sérieusement. Quant à Lessing, seul haut du pavé. En principe, le réper- ques d’actualité de Thomas Bern- et social, Frank Castorf s’y est risqué. toire des théâtres en Allemagne lais- hard qui règle ses comptes avec les Non, celui qui remporte tous les se percevoir une volonté de se con- nationaux-socialistes d’hier et la scène dramatique suffrages, le grand favori des met- fronter à la société et à ses problè- d’aujourd’hui et les populistes de teurs en scène, c’est Shakespeare : mes. Il suffit de penser aux textes de droite, que ce soit en Allemagne est un perpétuel lieu auteur, metteur en scène, acteur et Peter Handke et de Botho Strauss. (Avant la retraite) ou en Autriche exploiteur, adaptateur d’autres Par son théâtre, le premier a non seu- (Place des héros). de prises de position auteurs. Ce que Shakespeare a fait, lement fait preuve d’intérêt mais aus- Quand on regarde le répertoire on peut aussi le faire, se disent ces si de parti pris à propos du conflit en des théâtres allemands, même ceux che des théâtres allemands : ni Py, ni metteurs en scène, très jeunes pour Bosnie ; le second joue depuis des qui sont dirigés par de jeunes direc- Cadiot, ni Vinaver, Minyana, la plupart – et de se ruer sur Shakes- années les cassandres dénonçant un teurs comme Thomas Ostermeier Deutsch ou Bouchard. peare. Les variations les plus rocam- processus de « dé-démocratisa- (Schaubühne de Berlin) ou Matthias Les metteurs en scène allemands bolesques abondent sur Hamlet, tion » qui menacerait la société. Hartmann (Bochum), on se rend trouvent plus fréquemment ce qu’ils Othello ou sur Comme il vous plaira. Strauss adopte donc – et en cela il compte à quel point cette institution recherchent dans l’espace anglo- Cette façon de procéder est devenue est très proche du Handke des se considère comme une instance saxon, leur préférence allant à familière aux amateurs de théâtre, années 1980 et du début des années morale et éducative. Quand les nou- Ravenhill. Mais ils ne peuvent pas au moins depuis les mises en scène 1990 – une position résolument élitis- veaux auteurs talentueux de langue recourir exclusivement aux pièces de Peter Zadeck et de Hans Neuen- te. Beaucoup de ses détracteurs se allemande viennent à manquer – nouvelles de l’espace linguistique fels, à la fin des années 1970 et au sont mépris sur cette attitude qu’ils comme c’est le cas en ce début de anglo-saxon. Les théâtres se trou- début des années 1980. Tout XXIe siècle –, on porte vent en fait dans une impasse. Ils se d’abord étonnés, la plupart des spec- ses regards au-delà des sont distancés du bric-à-brac de Hei- tateurs et des critiques ont reconnu, C.Bernd Sucher frontières. Dans cette ner Müller ou du radicalisme des tex- non sans plaisir, que ce travail théâ- recherche, la France est tes de Werner Schwab. Et ce n’est tral pouvait très bien fournir des lec- ont jugée réactionnaire. De son mal positionnée et souffre d’un han- pas avec les (quelques) œuvres des tures absolument nouvelles, des côté, Elfriede Jelinek n’a pas eu peur dicap. Depuis Lessing, qui a couvert jeunes et des moins jeunes – Rainald interprétations en phase avec l’actua- de critiquer haut et fort (notamment de sarcasmes diffamatoires la tragé- Goetz, Werner Fritsch, Roland lité, des textes finalement neufs qui avec Sportstück et Wolken. Heim) die française, vouant injustement Schimmelpfenning, Albert Oster- pensent, reflètent, déforment, réflé- l’évolution politique en Autriche, les aux gémonies Racine et Corneille, maier, Marius von Mayenburg – ou chissent ce qui se passe – ou ne se dérives droitières, la xénophobie et les créateurs dramatiques allemands des moins jeunes encore tels Elfrie- passe pas – dans la société. Ainsi, le racisme qu’elle croit percevoir sont en effet hermétiques aux plus de Jelinek, Tankred Dorst, George même si l’on peut actuellement dans son pays. beaux textes français. Ils désa- Tabori, Botho Strauss et Peter Hand- déplorer l’absence de nouvelles piè- Ces auteurs modernes s’inscrivent vouent, la plupart du temps par igno- ke – que l’on peut remplir les salles, ces d’importance en langue alleman- dans une tradition issue du siècle rance et/ou par méconnaissance, les encore moins les caisses. de, on peut quand même voir de des Lumières. Qu’on pense à Nathan pièces de Nathalie Sarraute ou de Que faire ? Au cours des dernières nouvelles productions faites à partir le Sage de Lessing, une pièce dont la Marguerite Duras, les œuvres de Pin- années, les metteurs en scène tra- de textes anciens, propres à engager structure n’a rien de véritablement get, Ponge ou Novarina – pour ne vaillent donc de plus en plus à des le débat avec notre pays et notre génial mais qui prend nettement citer que quelques exemples. On adaptations. Certains ont osé s’atta- temps. Ces spectacles ne demeurent position en faveur de la tolérance et trouve tout au plus quelques respon- quer au Faust de Goethe ; les plus pas sans écho ; ils donnent lieu à des de la liberté de culte. Un chef-d’œu- sables de programmation et autres excentriques ont inventé, au prix de débats. Il existe donc bel et bien un vre des Lumières. Il en est de même directeurs de salles – ils sont rares et quelques remaniements, un environ- discours esthético-politique sur le des Brigands de Schiller ou de La c’est tant mieux – pour se jeter sur nement faustien d’une indéniable théâtre. Il vit les yeux grands Bataille d’Arminius de Kleist, drame les piécettes conventionnelles et actualité ; la version de Faust de Hei- ouverts, tandis que nos auteurs som- nourri de ressentiment antifrançais. esthétiquement réactionnaires de nar Schleef à Francfort et Wurzel aus nolent, les paupières lourdes. Autant de prises de positions, d’im- Yasmina Reza ou chercher le politi- Faust 1 und 2 (Racine de Faust I et II) mixtions. Parfois même de propa- quement correct d’un Grumberg. de Christoph Marthaler au Deut- e Traduit de l’allemand par Philippe gande politique en costume de théâ- Aucun auteur d’avant-garde à l’affi- sches Schauspielhaus de Hambourg Henri Ledru et Pierre Deshusses France-Allemagne : des relations négligées ?

epuis la fin de la deuxiè- paradoxalement une sorte de Norbert Niemann Wie man es tout au plus à découvrir un ou me guerre mondiale, transfiguration carrément comi- nimmt, la plus intéressante entre- deux livres intéressants. Or on ne on n’est pas parvenu à que de la RDA considérée comme prise littéraire visant à l’élabora- connaît une littérature que si l’on fixer l’image que la « la meilleure part de l’Allema- tion d’un nouveau roman social, connaît Houellebecq et Flaubert, DFrance et l’Allemagne se font gne », celle qui « avait tiré les n’est toujours pas traduit. On François Bon et Zola, Durs Grün- l’une de l’autre. Les hommes poli- leçons de l’histoire », ce qui a con- pourrait poser la question de bein et Hofmannsthal, Brussig et tiques ont réussi la performance duit à une surestimation, toujours façon provocante : vu l’ampleur Karl Philipp Moritz, Claude Simon de sceller la réconciliation, alors vivace chez certains, d’auteurs de la méconnaissance de la réalité et Reinhard Jirgl. Les jugements lit- que les milieux intellectuels n’ont idéologiquement corrects. Ces culturelle allemande, d’où pour- téraires viendront ensuite, aussi cessé de s’éloigner. En Allemagne, incohérences ont encore augmen- raient bien venir les critères per- divers que les critiques qui les por- la dernière grande vague d’intérêt té après 1989, lorsqu’ont resurgi mettant d’appréhender ce qu’il y a teront. pour la France remonte aux les mises en garde contre les possi- de nouveau en Allemagne ? Il n’y a pas de culture ni de litté- années 1960/1970, lorsque l’exis- Les grandes manifes- rature sans tradition et sans tentialisme a non seulement tations publiques cen- mémoire ; quand elles font influencé la littérature mais est Wolfgang Matz trées sur le livre peu- défaut, on traduit un livre par-ci devenu un véritable phénomène vent avoir ici un par-là, on encense le dernier culturel et social. En revanche, le bles velléités de grande puissance impact, mais il faut qu’elles soient roman à la mode ou le dernier suc- structuralisme et ses divers reje- d’une nouvelle Allemagne et l’avè- suivies d’un renouveau du travail cès à scandale ; mais on en reste tons, le nouveau roman, les ouli- nement d’un « quatrième Reich ». de médiation. Il y a certes des ten- aux contradictions d’une culture piens, tout cela est resté plus ou Agrippée à de vieux mythes racor- tatives louables faites en ce sens : superficielle toujours plus indiffé- moins confiné dans les milieux nis, la France ne s’est toujours pas en Allemagne, la découverte de rente à la source et à l’histoire, au universitaires. Mais surtout cette rendu compte qu’il existe en Alle- Claude Simon, une grande édition contenu et à la forme. vague est demeurée à sens uni- magne une littérature bien moder- consacrée à Proust et à Gide ; en que. La France était vue comme le ne et bien vivante. On ne cesse de France, la première traduction e Traduit par Pierre Deshusses pays d’une nouvelle littérature, jouer les épilogues germaniques depuis un siècle et demi du Nach- d’un nouveau cinéma, d’une nou- de Heiner Müller, on lit Thomas sommer de Stifter (Gallimard), l’in- e Traducteur de Julien Green, de velle culture et d’un nouvel art de Bernhard comme si c’était la litté- tégrale des œuvres de Hanns Hen- Julien Gracq et de Philippe Jaccottet, vivre ; mais à la fascination exer- rature réaliste de l’Autriche d’au- ny Jahn (José Corti) ou un choix Wolfgang Matz a publié Julien Green. cée par cette France n’a répondu jourd’hui, on s’insurge quand il important de celles de Walter Ben- Le siècle et son ombre (Gallimard, aucun véritable intérêt pour l’Alle- est question de « censure politi- jamin (Folio-Essais, Gallimard). 1998) et dirige actuellement la collec- magne. que » infligée à Günter Grass ou à L’opposition entre traditionalis- tion de littérature allemande La vieille méfiance traditionnel- Christa Wolf. On a certes entendu me et modernité est en effet enta- contemporaine chez Hanser. Il est le de la France pour son voisin est un peu parler de Durs Grünbein chée d’irréalisme. Sans référence chroniqueur littéraire à la Neue demeurée intacte, engendrant ou Marcel Beyer, mais le livre de à l’histoire littéraire, on arrivera Rundschau.

b LENZ Siegfried b KRÜGER Michael b ÉCRIVAINS, IDENTITÉ, Le Dernier Bateau Histoires de famille MÉMOIRE de Brigitte Krulic Avec Heinrich Böll et Günter Poète et romancier, Prix Médicis étranger Grass, Siegfried Lenz, né en en 1996 (pour Himmelfarb), directeur de la « J’ai survécu au camp, mais le Poméranie en 1926, a été revue littéraire Akzente et de la maison camp n’est pas mort. » Ce dans les années 1970 et d’édition Carl Hanser Verlag (où il a publié témoin, convoqué dans L’Ins- 1980 l’écrivain le plus célèbre Emmanuel Levinas, Henri Michaux, truction de Peter Weiss, qui et le plus lu… dans son pays. Botho Strauss), Michael Krüger signe ici un recueil de nou- ouvre aux côtés de Paul Celan Car, contrairement aux deux velles corrosives sur le métier d’écrivain et le monde littéraire et d’Uwe Johnson ce volume autres dont il partage les allemand. sous-titré « Miroirs d’Allema- interrogations historiques et Outre une description au vitriol de la Foire de Francfort, gne 1945-2000 », dit l’effroya- politiques, Lenz n’a jamais orgie de cocktails indécents arrosés de « pluie spermatique », ble difficulté qu’eurent les vraiment « percé » en Fran- cet inventaire de farces ravageuses fustige (avec un sens du écrivains allemands à recom- ce. Dommage. Mais on peut vertige borgésien, et aussi un piment d’amertume), l’absurdi- poser une identité compromi- toujours le découvrir sur le té du milieu éditorial, la télévision (« toute tête qui s’y montre se par le crime nazi. C’est sans tard avec ce Dernier Bateau, peut publier avec un grand succès »), le cynisme des proches doute Böll qui l’a le mieux qui n’est pas un roman aussi de l’écrivain crispés sur la gestion des retombées financières. exprimé (« Etre écrivain, c’est important que La Leçon d’al- En résistance acerbe contre le culte de la rentabilité et de la être inconsolable »). Tout au lemand ou Le Bateau-Phare, médiocrité, Krüger règle ses comptes avec des proches fami- long de ce fort dossier, des mais une belle variation inti- liaux aussi ignares que voraces, les marchands qui ont abjuré analyses sur les recomposi- miste sur un des thèmes leur foi dans l’écrit pour adopter la religion de l’image, les tions, les interprétations et les chers à Lenz, l’exclusion. Et poètes primés et médiatisés avant d’avoir écrit quoi que ce liquidations proposées com- puis il y a Hambourg, son soit. Ceux qui croient pouvoir revendiquer la paternité d’une me improbable issue. Et trois port, ses ambiances brumeu- œuvre dont ils corrigent la ponctuation. entretiens inédits de Gila Lus- ses, magnifiquement décri- Ou ceux qui, abusés par le génie des consommateurs tiger, Günter Grass et Barba- tes (traduit par Odile Deman- d’alcool et des écrivains post coitum, confondent « l’ivresse de ra Honigmann (Autrement, ge, Robert Laffont, 172 p., la lecture et l’extase de l’étourdissement » (traduit par Claude « Mémoires », 224 p., 130 F 119 F [18,14¤]). F. Da. Porcell, Seuil, 206 p., 125 F [19,06 ¤]). J.-L. D. [19,82 ¤]). Ph.-J. C. Starker Gegentraum En version Der Detektivroman als literarische Ehre originale s klingt nach simplem Kri- sel gelöst werden, sondern viel- miplot : ein Mann erhält mehr aus dem Fortgang der Ge- l’occasion du Salon du von seinem ominösen schichte immer neue Geheimnisse livre de Paris qui accueille Chef den Auftrag, einen erwachsen. Als Klein für ein Kapi- cette année l’Allemagne Everschwundenen Geldtransporter tel aus Barbar Rosa den Ingeborg- comme invitée d’honneur, wiederzufinden. Ort der Hand- Bachmann-Preis erhielt, lobte die ALe Monde s’est associé à la Süd- lung : Berlin ; Zeitraum : ein Jury seinen Text denn auch als «in deutsche Zeitung pour proposer à ses Wochenende. John le Carré oder sich vibrierendes Rätsel » und lecteurs une page rédigée en alle- Raymond Chandler könnten aus « romantisches Schauermärchen ». mand. Celle-ci reprend la présenta- solch einem Auftrag eine ihrer Deutschland tut sich schwer mit tion de la « une » du cahier « Feuille- hardboiled novels stricken und dem Leichten : Der Krimi gilt hier- ton », c’est-à-dire du supplément einen Agenten mit Zigarette im zulande noch immer als minder- culturel, publié chaque jour par notre Mundwinkel und Flachmann im wertige Kunstform. Der 47jährige confrère de Munich. Trenchcoat in die Straßenschluch- Georg Klein macht sich mit seinen Sous le titre « Rapide et éphé- ten der Hauptstadt und durch Detektivromanen einen Spaß mère », Willi Winkler, responsable de einen schnell konsumierbaren daraus, alle Unterscheidungen la littérature dans le « Feuilleton » de Textschicken, an dessen Ende die zwischen E und U, zwischen hoher la Süddeutsche, dresse un panorama Gelder gefunden und alle Rätsel Kunst und Unterhaltung zu durch- de la jeune littérature allemande qui gelöst sind. Mühler, der Detektiv kreuzen und die vermeintlich connaît un grand succès, y compris à aus Georg Kleins neuem Roman gegenläufigen Elemente des sus- l’étranger. Elle ne se soucie ni des tra- Barbar Rosa raucht nicht. Er trinkt pense und der literarisch durchgear- ditions ni des conventions. « Le jeune auch nicht. Es sei denn stark gesüß- beiteten Sprache zusammenzubrin- écrivain allemand écrit comme s’il ten Kräutertee. Er leidet an einer gen. Seinen Lesern bereitet er n’avait jamais rien lu des géants de la lit- neurodermitischen Krankheit, die damit genüssliche Qualen : Barbar térature », affirme Willi Winkler. Les sein Arzt als « okkulte Allergie » Rosa und Kleins erster Roman Libi- vieux peuvent bien la considérer com- bezeichnet, und frönt einer geheim- dissi, der vor drei Jahren erschien, me une « génération perdue », c’est nisvollen sexuellen Perversion, die sind so spannend und von solch justement de cette absence de toute keine Erfüllung findet. Und das Ber- beklemmender Atmosphäre, dass ambition que la jeune littérature tire lin, durch das er rastlos eilt, ist man sie in einer Nacht durchlesen son inspiration. « Les accessoires sont mehr urbane Leerstelle und Traum- möchte. Gleichzeitig aber erzählt tout », ce qui ne veut pas dire que les landschaft als der von den deuts- Klein in solch kunstvollen Perio- jeunes auteurs ne savent pas écrire. chen Medien fortwährend besch- den, dass man immer wieder bei Au contraire. worene Ort des Aufbruchs in die einzelnen Sätzen verweilen will, so Willi Winkler craint cependant que dynamisch Neue Mitte. Die schön ist der federnde Rhythmus, Japanische Familie auf der Pfaueninsel peu d’œuvres ne restent. « C’est de la merkwürdigen Personen und Orte, so genau sind die Formulierungen, littérature d’usage, écrit-il, destinée à die Mühler aufsucht, legen die Ver- so fein lädt Klein die Namen seiner une consommation rapide. » Faut-il le mutung nahe, dass unter dieser Figuren und all seine Neologismen regretter ? Il n’est peut-être pas mau- fremdartigen Stadt kommunizie- semantisch auf. In einem Text über vais qu’une jeunesse « irresponsable » rende Röhren liegen, die tief in die Thomas Pynchon schrieb Georg trouve à nouveau « sexy » l’écriture et Texte Kafkas hinein reichen : die Klein einmal : « Wie ein ahisto- Schnell und vergänglich la lecture. Après tout, « quand le soleil unzertrennlichen Gebrüder Ilbich risches Lasso wirft uns Pynchon un- de la culture se couche, les nains ont etwa, die in einem baufälligen sere ach so bedeutsame Zeitge- aussi de longues ombres », a dit un jour Parkhaus einen « Gebrauchttextfun- schichte um die Ohren. Er wirft uns Die junge deutsche Literatur ist endlich auf der Höhe der Zeit le pamphlétaire autrichien Karl Kraus. dus » betreiben, könnten die geal- ’Gravity’s Rainbow’ hin, als wollte er Alex Rühle prend l’exemple de terten Gehilfen aus dem Prozeß sagen: ’So träumen wir, Europa! enn man jung ist und gen Leben werden wieder richtige derten Debut Irre (1983) selber mit Georg Klein, un auteur de romans sein. Die rätselhaften Orte, die ver- Träumt stärker, wenn Ihr könnt!’ » verantwortungslos, Bücher geschrieben und zwar von jeder Mode einlässt und dabei mit policiers qui élève ce genre à «ladis- störend skurrilen Personen: Kleins Kleins Detektivromane kann man George Bush fils hat genau dieser an die literaturferne Luhmannscher Ausdauer Jahr für tinction littéraire ». Dans Barbar Rosa, Roman unterscheidet von der als Antwort auf Pynchons Heraus- dieses Lied wie- Zerstreuung verlorenen Generation. Jahr um ein noch gewaltigeres The- (Alexander Fest, Berlin) son détective gewöhnlichen Detektivgeschichte, forderung lesen. derholtW gesungen, dann ist man jung Die meisten sind von entschlossener ma ringt; schließlich Michael Kumpf- est le contraire des héros tradition- dass hier nicht kriminalistische Rät- Alex Rühle und verantwortungslos. Vor lauter Anspruchslosigkeit, aber dafür beses- müller, dem das Kunststück gelun- nels ; il ne fume pas, ne boit pas sauf Leben bleibt einfach keine Zeit für sen von Drogen, Mode, Musik und gen ist, mit der Sprache von Uwe de la tisane sucrée et il est affublé auch nur einen ernsthaften Gedan- vom Fernsehen. Accessoires sind Johnson und Hermann Lenz einen d’une perversion sexuelle secrète à ken. Sollen sich damit ruhig die Älte- alles. Was einer anhat, isst, trinkt, wel- eleganten Roman zu schreiben, der tout jamais insatisfaite. Il cherche la ren abgeben, die können sonst nichts che Musik er hört, wohin er zum Tan- auch noch erfolgreich ist. Hampels solution des énigmes dans le repaire mehr, aber den Ernst des Lebens, zen geht und wen er dort trifft : Fluchten erzählt die Geschichte eines des frères Ilbich, un « fonds de textes Die Brüder Ilbich aus « Barbar Rosa » den beherrschen sie. Zum Beispiel Ohne diese Signale an die gleichaltri- fallierten Bettenverkäufers, der 1962, d’occasion », d’où ils sortent précau- wissen sie, was Literatur ist, gute Lite- gen Leser ist alles nichts. Benjamin ein halbes Jahr nach dem Bau der tionneusement des magazines porno- « Als ich die schwere Feuerschutztür aufdrückte, fand ich « Ilbichs ratur, und sie halten mit ihren präzep- von Stuckrad-Barre ist der Star die- Mauer, von West- nach Ostdeutsch- graphiques. Mais le roman ne résout Gebrauchttextfundus » gut besucht. Der Laden der Brüder, die von toralen Ansichten nicht hinterm ser Szene. Seine Bücher sind konzi- land wechselt und drüben mit ähnli- pas, comme d’habitude, des énigmes sich sagen, das Leben habe ihnen das Schlafen abgewöhnt, ist rund um Berg. Und plötzlich gibt es dieses piert wie CDs von Oasis oder den Pet cher Konsequenz scheitert wie zuvor policières ; l’histoire qui coule soulève die Uhr geöffnet, und gerade der Abend scheint für viele ihrer Kunden Kunstdiktat nicht mehr. Der junge Shop Boys, überdies sieht der Autor im Westen. Heinrich Hampel trinkt toujours de nouveaux secrets. Le lec- eine gute Stöberzeit zu sein. Ich sah die beiden munteren Greise an deutsche Autor schreibt, als hätte er gut aus und ist als lümmelhafter Talk- zuviel, steigt zuvielen Frauen nach teur, pris par le suspense, aura le ihrem Kassentisch, in die Durchsicht neuen Materials vertieft. Freund nie etwas gelesen von den Großen show-Gast wie als Model für H&M- und lässt sich auch noch mit der Stasi choix entre dévorer le roman d’une Kurti und ich sind einer Meinung darin, dass man die zwei, obwohl sie der deutschen Literatur. Schamlos Herbstmoden gleichermaßen be- ein. Dieser kleine Schlawiner taugt traite et savourer chaque phrase, son keine Zwillingsbrüder sind, kaum auseinanderhalten kann. Erst als ich verstößt er gegen alle poetologis- gabt. Schreiben kann er übrigens einfach nicht zum Helden für rythme et ses néologismes. es geschafft hatte, die Formen ihrer Glatzen an ihre Vornamen zu kop- chen Vorschriften, kann damit aber auch noch. Was er schreibt, ist deutsche Geschichte, dafür ist er zu Le portrait des frères Ilbich, propo- peln, war mir aus der Verlegenheit geholfen. Der Haarkranz Lionel auch sämtliche Kontrollen unterlau- nebensächlich, Hauptsache, es kom- unscheinbar, zu eigensüchtig, zu sé en encadré, illustre le style et l’hu- Ilbichs spriesst noch so breit, dass seine Ohren auch oben grau umran- fen. Soviel Frechheit siegt und zahlt men die richtigen Namen vor. Die- wenig politisch, und wahrscheinlich mour de Georg Klein. Le héros de det sind, während Arnold nur einen knapp drei Finger schmalen Strei- sich auch noch aus. Benjamin Lebert, sem Muster eifern die anderen nach. ist Hampels Fluchten deshalb das Barbar Rosa ne distingue les deux fen Haar im Nacken seines Schädels stehen hat. Ob Arnold oder Lionel damals 17, erzählt in Crazy die ewig Junge Frauen erzählen, wie schwer beste Buch seit langem. Die anderen frères, qui ne sont pourtant pas des der Ältere ist, habe ich nie zu fragen gewagt, weil ich befürchte, den junge Internatsgeschichte, Unord- es heute ist, jung und Frau zu sein, Bücher werden wenigstens so jumeaux, qu’à « la forme de leur Jüngeren damit zu kränken. Beide schauen mit wässrigen Augen in ihr nung und frühes Leid. Das Buch ist und weil es gleich mehrere auf ein- schnell wieder verschwinden wie die calvitie ». gemeinsames Geschäft, auf Material und Kunden. Die schweren Lider inzwischen in mehrere Sprachen mal waren, die diese traurige Weise Damen und Herren Fräuleins D. V. zeigen ein Netzwerk roter und blauer Äderchen. Ihre Münder sind übersetzt und erfolgreich verfilmt anstimmten, wurde gleich ein neues verblühen, die sich jetzt noch als ungewönlich gross, mit dicken, aber blutarm grauen Lippen. Die worden und hat den Verfasser berüh- « Fräuleinwunder » ausgerufen. semi-literarische cover boys und girls Brüder sprechen ein überklares, fehlerfreies Deutsch, allein gewisse mt gemacht. Das Wenigste davon wird sich hal- verkaufen. Aber das macht nichts. « UN DIMANCHE À BERLIN » AItertürmlicheiten seiner Syntax und das Knallen einiger Konsonanten Die Jugend war längst abgeschrie- ten, es ist Gebrauchsliteratur, für den Mit einem Mal findet die junge, Les photographies qui illustrent ce verraten, dass es in der Fremde, gut tausend Kilometer östlich unserer ben von den Alten, verloren ans Fern- schnellen Verzehr bestimmt. Natür- verantwortungslose Jugend das numéro sont d’Annette Haushild. Stadt, erworben worden ist. Nicht selten habe ich sie nach ausgefalle- sehen, an Musik, Mode, Drogen. Wo lich gibt es Ausnahmen: Arnold Stad- Bücherschreiben und -lesen wieder Dans ce travail, cette photographe nen Wörtern innehalten und seltsam versonnen lächeln sehen, habe sie Goethes armer Poet Torquato Tasso ler, der mit der Wortgewalt Martin sexy. Und wenn die Sonne der Kultur de l’agence allemande Ostkreutz a dann das Wort, das sie verstummen liess, leise wiederholen und schlies- noch allerhöchster Weisung bedurf- Walsers aus dem Heideggerschen untergeht, hat Karl Kraus einmal saisi les moments paisibles des Ber- slich, als wäre nichts geschehen, in normalem Tonfall von den Geschäf- te, wächst dem neuen deutschen Meßkirch in die deutsche Literatur gesagt, werfen auch Zwerge große linois devenus touristes dans leur ten weitersprechen hören. » (Georg Klein, Barbar Rosa, Seiten 34-36) Schriftsteller sehr irdische Hilfe zu. hereingebrochen ist ; Rainald Goetz, Schatten. propre cité. Mitten aus dem vergnügungssüchti- der sich seit seinem allseits bewun- Willi Winkler