République du Bénin

PADSE

PROJET D’AMELIORATION ET DE DIVERSIFICATION DES SYSTEMES D’EXPLOITATION (Alibori – Borgou – Collines – Zou)

Appui au volet conseil à l’exploitation du PADSE et recherche d’une plus grande implication des organisations paysannes dans sa mise en œuvre

Rapport définitif - Mai 2002

Servais Afouda Sikirou Oloulotan Valentin Beauval

1 Plan du corps du rapport (première partie)

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Liste des abréviations 3

Objectifs et déroulement de la mission 5

I. Le conseil agricole dans les départements où intervient le PADSE 6

I.1 Le conseil développé par les CARDER 6

I.2 Les activités de recherche-développement menées dans les zones du PADSE 8

I.3 Le conseil développé par les autres intervenants (ONG, privés, etc.) 10

II. Rappels à propos du conseil à l’exploitation mis en œuvre au Bénin

II.1 Expériences de conseil à l’exploitation agricole testées au Bénin 11

II.2 Données concernant spécifiquement le volet conseil à l’exploitation du PADSE 12

III. Principaux éléments recueillis suite à nos visites de terrain

III.1 Mode de constitution des GIP 14

III.2 Principales caractéristiques des membres 14

III.3 Contenu des programmes de formation destinés aux membres des GIP 15

III.4 Avis des bénéficiaires sur ce que leur apporte le conseil et commentaires 17

III.5 Difficultés actuelles des OP limitant leur prise en charge financière du conseil 19

III.6 Implication et participation financière des membres des GIP et de leurs OP 21

III.7 Autres points identifiés 23

IV. Synthèse des propositions émises par les responsables paysans rencontrés

IV.1 Profiter des investissements récents en alphabétisation pour développer le conseil 23

IV.2 Autres souhaits et observations des responsables d’OP 24

V. Réflexions de la mission

V.1 Conseil à l’exploitation et contexte socio-économique béninois 25

V.2 Conseil à l’exploitation et rapports humains au sein de la famille et des villages 25

V.3 Nécessité de mieux comprendre le fonctionnement des exploitations familiales 29

2

V.4 Réflexion sur les outils utilisés dans le conseil à l’exploitation 30

VI. Perspectives

VI.1 Etendre le conseil à l’exploitation aux paysans et paysannes bien alphabétisés 37

VI.2 Quelle implication et participation financière future des membres des GIP et des OP ? 38

VI.3 Nécessité d’une meilleure articulation entre le conseil et les autres volets du PADSE 39

VI.4 Conséquence des points précédents pour les opérateurs spécialisés en conseil 41

VI.5 Conséquence des points précédents pour le PADSE et les autres partenaires 43

Annexes du corps du rapport

1. Déroulement de la mission 47

2. Extraits de la lettre de politique de dévt rural concernant la vulgarisation – Mai 2001 48

3. Note de la DIFOV sur l’organisation du système national de vulgarisation agricole 49

4. Principales activités RD menées dans les zones d’intervention du PADSE 57

5. Données chiffrées concernant l’endettement des OP du Zou et des Collines 60

6. Plan de formation du GEFAD pour la post-alphabétisation dans le Zou 63

7. Situation de l’alphabétisation dans le Borgou et l’Alibori 64

8. Document remis par le GERME présentant son travail à Zogbodomé 65

9. Liste des questions débattues avec les opérateurs en fin de mission 68

10. Termes de référence de la mission 69

Seconde partie : Comptes-rendus des enquêtes sur le terrain

I. Synthèse des enquêtes réalisées dans 7 USPP du Zou et des Collines Pages 1 à 30

II. Synthèse des enquêtes réalisées dans 6 USPP du Borgou et de l’Alibori Pages 31 à 52

3 Liste des abréviations et des acronymes

AFD : Agence Française de Développement AG : Assemblée Générale AIC : Association Interprofessionnelle du Coton APNV : Approche Participative Niveau Village (DIFOV-CARDER) APEB : Association Professionnelle des Egreneurs du Bénin APV : Agent Polyvalent de vulgarisation BM : Banque Mondiale CA : Conseil d’Administration CADG : Cellule d’Appui au Développement du Conseil en Gestion CAGEA : Cellule d’Appui à la Gestion des Exploitations Agricoles CAGIA : Coopérative d’Approvisionnement et de Gestion des Intrants Agricoles CARDER : Centre d’Action Régional pour le Développement Rural CdG : Conseil de Gestion CEF : Conseil à l’Exploitation Familiale CELCOR : Cellule de Coordination (PADSE) CePEPE : Centre de Promotion et d'Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises CLCAM : Caisse Locale d’Epargne et de Crédit agricole mutuel CRA : Centre de Recherche Agricole CRA-CF : Centre de Recherche Agricole du Coton et Fibres CRDB : Centre de Recherche pour un Développement intégré à la Base CREP : Caisse Rurale d’Epargne et de Prêts (Sasakawa Global 2000) CSPR : Centrale de Sécurisation des Paiements et du Recouvrement DEDRAS : Département de Développement Rural et d’Assistance Sociale DIFOV : Direction de la Formation Opérationnelle et de la Vulgarisation (MAEP) DPLR : Direction de la Promotion et de la Législation Rurale DPP : Direction de la Programmation et de la Prospective (MAEP) FSA : Faculté des Sciences Agronomiques FUPRO : Fédération des Unions des Producteurs du Bénin GERAM : Groupe d’Etude et d’ingénierie Rurale pour l’Auto-promotion du Monde Paysan GERED : Groupe d’Etude et de Recherche sur l’Environnement et le Développement GERME : Groupe d’appui, d’Encadrement et de Recherche en Milieu Rural GIE : Groupement d’Intérêts Economiques GIP : Groupement d’Intérêt Professionnel GPDIA : Groupement Professionnel des Distributeurs d’Intrants Agricoles GRAPAD : Groupe de Recherche et d’Action pour la Promotion de l’Agriculture et du Développement GV : Groupement Villageois GF : Groupement Féminin IDI : Importateurs et Distributeurs d’Intrants INRAB : Institut National des Recherches Agricoles du Bénin KIT : Institut Royal des Tropiques (Pays Bas)

4 LEC : Lutte Etagée Ciblée MAEP : Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche MCI : Marlan’s Cotton Industry MRJC : Mouvement Rural des Jeunesses Chrétiennes ONG : Organisation Non Gouvernementale ONS : Office National de Stabilisation et de Soutien des Prix des Produits Agricoles OP : Organisation Paysanne PADEB : Projet d’Appui au Développement de l’Elevage Bovin PADEL : Projet d’Appui au Développement Local PADSE : Projet d’Amélioration et de Diversification des Systèmes d’Exploitation PARFC : Projet d’Appui à la Réforme de la Filière Coton PDE : Projet de Développement de l’Elevage PDL Collines : Projet de Développement Local des Collines PPMAB : Programme de Promotion du Monde AgricoleBéninois PPAB : Programme de Professionnalisation de l’Agriculture Béninoise PROMIC : Projet de Micro-Finance et de Commercialisation RDR : Responsable du Développement Rural (agent du CARDER) SONAPRA : Société Nationale pour la Promotion Agricole SPVCP : Service de la Protection des Végétaux et du Contrôle Phytosanitaire TS : Technicien spécialisé dont TS-PV (technicien spécialisé en productions végétales), etc… UDP : Union Départementale des Producteurs UPC : Union des Producteurs du Centre URCF : Unité de Recherche Coton et Fibre USPP : Union Sous Préfectorale des Producteurs

5 Objectifs de la mission (cf. termes de référence en annexe 10)

1. Rechercher une plus grande implication des OP (GV, USPP et union départementale) dans la mise en œuvre et dans la gestion du volet conseil à l’exploitation du PADSE, lequel concerne actuellement 13 sous-préfectures et environ 650 paysans et paysannes (probablement près de 1000 si on prend en compte les « filleuls »).

2. Elargir davantage le champ du conseil aux aspects techniques pour mieux répondre aux besoins des membres des GIP et à ceux de l’ensemble des agriculteurs des USPP concernées (Le conseil est actuellement à dominante économique. Il correspond à une partie seulement des besoins de conseil des membres des GIP).

3. Contribuer à une réflexion globale sur le conseil au Bénin.

En reprenant les termes des propositions de l’équipe IRAM ayant réalisé l’évaluation à mi- parcours du PADSE en juin 2001, nous souhaitons également contribuer à « construire une stratégie à moyen terme et à développer la réflexion sur les modalités de la pérennisation du conseil à l’exploitation au Bénin ».

Déroulement de la mission :

Dans chacune des USPP concernées, deux visites ont été réalisées. L’objectif de la première visite était de recueillir le maximum d’informations auprès des membres des groupements d’intérêt professionnel (les GIP) sur la méthodologie employée, ce que leur apporte le conseil, leurs attentes, les difficultés rencontrées et les approches de solution, les relations avec les OP de la sous-préfecture, etc…

L’objectif de la seconde visite était de rencontrer, en présence de quelques membres de GIP, des responsables de GV et de l’USPP concernée afin de percevoir quelles ont été leurs implications dans la création des GIP, quels intérêts présentent à leurs yeux le conseil à l’exploitation pour le développement rural de leur sous-préfecture et, surtout, quelles perspectives pour son développement futur. Un recueil d’informations sur les structures apportant un appui technique à leurs exploitations a également été réalisé.

La seconde partie de ce document présente, par sous-préfecture, les comptes-rendus établis à l’issue de ces deux visites. Beaucoup d’informations quantitatives et qualitatives sur les GIP, leurs acquis, les motivations des membres et de leurs OP, etc. figurent dans ces comptes-rendus.

Plusieurs « restitutions-débats » ont été organisées à l’issue de la phase terrain :

- à Parakou, à l’attention des opérateurs retenus par le PADSE pour le conseil à l’exploitation,

- à Parakou, à l’attention des responsables du PADSE et de l’UDP,

- à Bohicon à l’attention des responsables de l’UPC et de la FUPRO,

- à Cotonou au MAEP à l’attention de divers partenaires.

Grâce à la disponibilité et à l’appui des responsables du PADSE, la mission s’est déroulée dans d’excellentes conditions.

6 I. Le conseil agricole dans les zones d’intervention du PADSE

I.1. Le conseil développé par les CARDER

Malgré les graves difficultés financières des CARDER, le conseil aux producteurs est encore principalement assuré par leurs agents. Ce conseil est actuellement essentiellement technique et rarement technico-économique.

Une approche participative et orientée vers le développement local a fait l’objet de tests ces dernières années. La méthodologie développée est intitulée APNV (approche participative au niveau village). Les résultats sont intéressants mais très inégaux selon les outils utilisés, les ressources financières des CARDER et le dynamisme des agents la mettant en œuvre.

La note de mai 2001 de la DIFOV jointe en annexe 3 et intitulée « Organisation du système national de vulgarisation agricole » précise le dispositif actuel de conseil agricole et a pour but d’harmoniser les approches et outils au niveau de l’ensemble des CARDER.

Le nombre des APV est actuellement de 54 dans le Zou/Collines et de 52 dans le Borgou/Alibori. Ils sont en grande majorité âgés et très peu actifs sur le terrain (les paysans disent : « on ne les voit plus dans nos champs »). De plus, ils n’ont souvent plus de moyens de déplacement.

Fait nouveau, 43 agents polyvalents de vulgarisation recrutés par l’association interprofessionnelle du coton (AIC) pour 10 mois étaient en poste en fin de campagne 2001 dans le Zou/Collines et 77 dans le Borgou/Alibori. Leur salaire net n’était que d’un peu plus de 50.000 Fcfa par mois en 2001. Ils ont été prioritairement affectés dans les sous-préfectures les plus cotonnières. A la fin de leur contrat, plusieurs ont trouvé un autre emploi plus sécurisant et/ou plus rémunérateur et ne reviendront pas à leur poste.

Selon les agriculteurs rencontrés lors de la mission, le sang neuf injecté en 2001 grâce aux APV- AIC aurait eu un impact positif mais ponctuel (dans le Zou/Collines, ils n’ont eu leur moto qu’en octobre soit en fin de campagne agricole et ont peu suivi les cultures ; idem à Banikoara). Ces agents ont été recrutés à un niveau assez faible (BEAT) et il n’est pas certain qu’ils pourront répondre aux besoins d’appuis technico-économiques parfois diversifiés et complexes des producteurs des zones cotonnières.

En 2002, leur nombre sera porté à 47 dans le Zou/Collines et à 130 dans le Borgou/Alibori. Après avoir bénéficié du programme assez polyvalent de formation établi par la DIFOV, leurs activités seront essentiellement techniques et probablement axées sur le coton et 2 cultures annuelles importantes dans leur zone.

L’évaluation du travail de ces APV-AIC est maintenant assurée conjointement par le RDR et le président de l’USPP. Ceci est logique car c’est l’argent du coton qui les rémunère et c’est l’interprofession qui a pris l’initiative de recruter ces agents. Peu de présidents d’USPP semblent avoir vraiment compris le changement que cela devrait induire et ces APV-AIC sont considérés par les paysans comme des agents classiques des CARDER.

Plusieurs présidents d’USPP nous ont avoué ne pas croire à l’impact d’un conseil basé sur des contractuels qui, pour la campagne 2000/2001, ne sont arrivés en poste qu’en mai (alors que les paysans avaient déjà préparé leurs champs) et sont repartis alors que cette campagne n’était pas achevée...

7

En plus des APV, l’AIC a embauché, également pour 10 mois, de jeunes ingénieurs agronomes (souvent issus de la FSA) au poste de technicien spécialisé en productions végétales (TS-PV). 7 d’entre eux seront affectés lors de la prochaine campagne dans le Zou/Collines et 14 dans le Borgou/Alibori.

Ils renforceront les 20 TS PV initialement en poste dans les 4 départements concernés. Les principales sous préfectures cotonnières auront donc au moins 2 TS-PV lors de la prochaine campagne.

Ce sang neuf de qualité pourrait permettre d’envisager de nouvelles perspectives1. Toutefois, leur salaire d’embauche est faible (105.000 Fcfa net en 2001) et beaucoup de ces jeunes ingénieurs embauchés par l’AIC en 2001 sont à la recherche d’autres opportunités d’emploi.

Propositions concernant les agents de vulgarisation recrutés par l’AIC :

L’initiative prise par l’AIC doit être saluée mais, à l’avenir, il faudrait proposer des salaires plus attractifs et, surtout, un contrat de plus longue durée (3 ans avec une période d’essai de 6 mois ?). Leurs activités devraient viser à renforcer les systèmes d’exploitation des zones cotonnières et ne pas se limiter à la seule culture du coton.

La formule actuelle associant les présidents d’USPP à l’évaluation des agents de vulgarisation constitue une avancée correspondant aux options de la lettre de politique de développement rural en matière de vulgarisation (cf. extraits en annexe 2).

Nous estimons que l’on pourrait aussi impliquer les USPP pour leurs affectations, la définition de leurs tâches et le suivi de leurs activités. Un test de gestion directe des APV-AIC par quelques USPP pourrait également être tenté. Ceci suppose que l’USPP soit très motivée par ce thème et désigne un membre du CA ayant les compétences requises pour suivre le travail d’agents de vulgarisation.

1 Leurs profils et leurs fonctions paraissent assez semblables à ceux des « correspondants coton » gérés par la SOFITEX et l’UNPC-B dans les zones cotonnières du Burkina. Signalons que 10 de ces « correspondants coton » sont actuellement formés au conseil technico-économique aux exploitations agricoles avec une approche globale de l’exploitation et un appui CIRAD. Les principaux axes sont les suivants : gestion de la sécurité alimentaire, gestion du travail familial, gestion de la fertilité des sols, comparaison des marges et de la rémunération du travail des principales cultures entrant en rotation avec le coton, impact économique des innovations techniques proposées, étude de la rentabilité de certains investissements (tracteurs, équipements de TA, etc.).

8 I.2. Les activités de recherche-développement menées dans les zones du PADSE

Le tableau ci-dessous présente la répartition des volets par sous-préfecture. Des difficultés sont induites par la dispersion des volets du PADSE que ce soit entre sous-préfectures ou, à l’intérieur d’une sous-préfecture, entre villages. Cette lacune dans la conception initiale nuit fortement à l’intégration des volets. Pour les concepteurs du PADSE, le volet conseil à l’exploitation devait être alimenté par les autres volets. Cela est plus difficile à mettre en œuvre aujourd’hui mais nous pensons que les liens doivent néanmoins être renforcés.

Répartition par sous-préfecture des 5 volets du PADSE en 2000/01

Volets Filières agricoles Enquêtes Sous- LEC CdG Ara- Ana- PdT Oig- R/D villageoises préfectures chide carde nons ALIBORI 3 4 - - 2 2 4 4 Banikoara x x x x Gogounou x x Kandi x x x x Karimama x x x x Malanville x x x x Ségbana x BORGOU 3 2 1 3 - - 3 Bemberèkè x x N'dali x x Nikki x x x Kalalé x x Sinendé x Tchaourou x x COLLINES 2 4 1 3 - - 3 6 Savè x x Dassa x x x x Ouessè x x x x x x x Glazoué x x x Bantè x x x ZOU 1 3 - - - - 1 Djidja x x x Zogbodomé x Zangnanado x TOTAL 9 13 2 6 2 2 7 14

Quatre équipes de recherche-développement mènent actuellement des actions dans les zones d’intervention du PADSE. Deux d’entre elles sont appuyées financièrement par ce projet. Il s’agit de celles basées à Savé (Collines) et à Kandi (Alibori).

Le tableau ci-après issu d’un rapport d’appui au PADSE de P. Dugué (CIRAD) mentionne les villages et systèmes de production correspondant.

Les principaux thèmes de recherche-action de 3 de ces équipes RD pour 2000 et 2001 sont présentés de façon résumée dans les tableaux de l’annexe 4.

9 Localisation des activités RD-INRAB dans les zones d’intervention du PADSE Source : Rapport P. Dugué d’appui au PADSE - 1999

Equipe RD et zones Lieu Village site de recherche et système Date d’implantation agro-écologiques implantation de production dominant concernées Zou Sud (cette équipe Bohicon Adingnigon : agriculture sur terres de programme Uniho 1994- intervient surtout dans barre associée à la palmeraie 1999 le Mono) Département des Savé Miniffi : zone de colonisation - INRAB RD depuis 5 ans Collines ancienne, système vivrier/coton Gomé : zone de colonisation ancienne - site INRAB Riz et avec riziculture de bas-fond Consortium bas-fond Ouessé : zone de colonisation récente : depuis 4 ans vivriers dont igname et anacardier - zone INRAB PGTRN depuis 3 ans Borgou Ina Sokka : zone en cours de densification INRAB RD et projet système coton/igname/céréale Safgrad depuis > 10 ans

X = un site vers Nikki : zone nouvelle implantation cotonnière courant 2000

Y = un site vers Parakou/Tchaourou : nouvelle implantation zone à igname et anacardier courant 2000 Alibori Kandi (fin Bensékou : zone moyennement INRAB-RD depuis 5 ans 2000) peuplée et bordure de forêt classée Kokey : zone dense avec agriculture INRAB RD et projet (coton) et élevage Safgrad depuis > 10 ans Birni Lafia : plaine alluviale du Niger INRAB RD et projet : vivrier et maraîchage Safgrad depuis > 10 ans

A ces équipes RD, s’adjoint un autre programme de recherche-action financé par le PADSE, la lutte étagée ciblée (LEC) ayant pour objectif un meilleur contrôle des parasites du coton grâce à des formations de producteurs réalisées par des techniciens du CRA-CF et une réduction des doses de produits phytosanitaires employées. La situation actuelle de la LEC a été analysée lors d’un atelier bilan en janvier 2002. Selon les conclusions de cet atelier, ce volet est actuellement handicapé par les facteurs suivants :

1. coût élevé des produits LEC, non péréquation comme pour les autres insecticides et non communication de ces prix aux producteurs avant leur commande ferme,

2. mise en place trop tardive des produits insecticides LEC,

3. obligation pour les producteurs de payer les produits LEC non utilisés,

4. non indemnisation des observateurs paysans directement par les USPP.

Face à cette situation entravant le développement de la LEC, les participants à l’atelier pré-cité ont pris des décisions devant permettre de relancer ce volet. La CELCOR a, par exemple, proposé qu’un programme pilote LEC soit directement pris en charge par l’USPP de Ndali qui serait maître d’œuvre déléguée dans le cadre d’un contrat la liant au PADSE.

10 Pour l’appui technique du CRA-Cf aux USPP concernées, un second contrat lierait l’USPP concernée, le CRA-CF et le PADSE. Les paiements seraient effectués par le PADSE sur la base de factures présentées par le CRA-CF et visées par l’USPP concernée.

I.3. Le conseil développé par les autres intervenants (ONG, privés, etc.)

Divers organismes apportent quelques conseils aux producteurs et à leurs organisations afin d’accroître leurs capacités techniques, organisationnelles ou de gestion comptable et financière. Les principaux intervenants dans la zone du PADSE sont :

ƒ Des projets et programmes sectoriels ou intégrés de développement (PADSE, PDL Collines, PADEL, PDE III, PADEB, PROMIC, PAGER,…). Certains de ces projets recrutent directement des agents de terrains (cas du PDE III,…), d’autres délèguent la mise en œuvre des actions aux services publics et/ou aux ONG (cas du PADSE).

ƒ Hormis l’AIC (cf. § I.1), plusieurs associations ou ONG sont actives dans la zone d’intervention du PADSE et disposent d’agents sur le terrain apportant des conseils aux producteurs et à leurs organisations. C’est le cas de :

- la CADG, un des opérateurs délégués du PADSE chargé de la mise en œuvre du volet conseil à l’exploitation agricole dans 10 des 13 USPP bénéficiaires de ce volet du PADSE. Les 3 autres USPP (Banté, Tchaourou et Zogbodomé) bénéficient de l’appui d’autres ONG (respectivement GRAPAD, CRDB et GERME) avec l’appui technique de la CAGEA (projet sous tutelle du CePEPE et financé par la Coopération française).

- l’ONG DEDRAS financée par le PADSE et apportant, en lien avec l’unité de recherche forestière (URF de l’INRAB) un appui aux producteurs d’anacarde de 6 sous-préfectures.

ƒ Des bureaux d’études ou sociétés d’intervention.

ƒ La SDI, société distributrice d’intrants ayant engagé quelques techniciens venant en appui aux USPP et GV lors des campagnes 1998/99 et 1999/2000 (donc avant l’initiative de l’AIC).

I.4. Liens entre conseil technique et conseil à l’exploitation

M. O. Gounou Ngobi, DG du CARDER Borgou/Alibori estime que « le conseil à l’exploitation tente de combler un vide et il est très important de former les producteurs en matière technico- économique ». Pour amplifier le nombre de bénéficiaires, il fait la suggestion suivante : « Les opérateurs qui interviennent en conseil à l’exploitation en contrat avec le PADSE dans 6 sous- préfectures du Borgou/Alibori formeraient au conseil technico-économique des agents de vulgarisation du CARDER ».

Il pourrait s’agir de formations simples sur le calcul des marges par cultures et l’évaluation de la rentabilité d’une innovation comme la LEC, un nouvel itinéraire technique ou une nouvelle variété qui induit des charges et un produit différent des variétés actuelles. En contre partie, les groupes en conseil à l’exploitation bénéficieraient d’appuis de la part de ces agents pour tel ou tel problème technique identifié par les paysans.

Cette suggestion de lier le conseil à l’exploitation au conseil technique est primordiale. Il faut en effet élaborer des références technico-économiques permettant d’aider les prises de décision au sein des exploitations. Nous reviendrons sur ce point dans les § VI.3 et VI.5.

11 II. Rappels concernant le conseil à l’exploitation mis en œuvre au Bénin

II.1 - Expériences de conseil à l’exploitation agricole tentées au Bénin2

Au Bénin, les préoccupations d’appui au fonctionnement de l'exploitation agricole ne sont pas totalement nouvelles, notamment dans les zones cotonnières3. Toutefois, c'est en 1995 que débute véritablement le conseil à l’exploitation agricole. Développé par la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) de l'Université Nationale du Bénin (UNB) avec le soutien du programme d’appui à la formation professionnelle des agronomes (PAFPA), le conseil à l’exploitation avait initialement pour but de mieux former les élèves ingénieurs et, en particulier, de leur permettre d'avoir une meilleure connaissance des exploitations agricoles.

Il a ensuite évolué vers la création de centre de gestion des exploitations agricoles (CGEA) ayant pour objectif l’amélioration des résultats techniques et économiques des exploitations. Dans ce cadre, des producteurs d’ananas de l’Atlantique ont été suivis ainsi que des producteurs de Sé et Comé dans le Mono et des producteurs de Ouessé et de Glazoué dans le Zou.

Ces travaux ont été menés par une équipe du PAFPA associé à divers partenaires4 comme un bureau d’étude (le GERAM) dans le Nord du Zou, le MRJC dans le Mono et le groupe Minonkpo pour les producteurs de l’Atlantique.

Prenant la suite du PAFPA, plusieurs organismes ont ensuite développé le conseil à l’exploitation :

• En 1997, le programme CONGEST (Conseil de Gestion à l'Exploitation Agricole) est financé par la coopération suisse et mis en œuvre par le GERED à travers une recherche- action. Ce programme a pour objectifs :

- d'aider le producteur et sa famille à calculer en français ou dans une langue nationale ses coûts de production, ses revenus et à mieux raisonner ses choix technico-économiques,

- renforcer les capacités du GERED dans la mise en oeuvre du conseil à l’exploitation,

2 Quelques documents donnent des éléments plus détaillés sur le conseil à l'exploitation agricole au Bénin :

- CADG, 2000, Eléments méthodologiques pour la mise en œuvre d'une opération du conseil en gestion au Bénin, - Parakou, 19 p.

- « La nouvelle école de l’exploitant agricole ». Article de A. P. ZINSE dans Initiatives N° 49 – Août 2001 – 2 p.

- BERTHOME (J.), 2001, Evaluation à mi-parcours du Programme de Promotion du Monde Rural Béninois (PPMAB), MAEP/SCAC, Cotonou, 56 p.

3 En 1974, dans le Borgou/Alibori, il avait été initié auprès de quelques producteurs une collecte de données sur leur exploitation agricole. Pour les initiateurs de cette expérience, il fallait comprendre le fonctionnement réel de l'exploitation en vue de donner un conseil plus adapté au producteur et aussi de permettre à ce dernier d'apprécier le niveau de ses dépenses et recettes. Un travail très détaillé avait aussi été mené dans les années 80-90 par la DPSE du CARDER-ZOU/COLLINES. Les marges par culture et la rémunération du travail journalier étaient calculées et comparées pour plusieurs types d’exploitations du Nord et du Sud du Zou/Collines. L’échantillon d’exploitations suivies par la dizaine d’agents de la DPSE du CARDER-ZOU/COLLINES était important (plusieurs centaines).

4 Les premiers spécialistes béninois évoluent pour la plupart dans les ONG telles que : le Mouvement Rural de la Jeunesse Chrétienne (MRJC) basé à Comé dans le Mono ; Le Groupe d'Expertise et d'Ingénierie Rurales pour l’auto- promotion du monde rural (GERAM) ayant son siège à Bohicon ; le groupe d’étude et de recherche sur l’environnement et le développement (GERED) basé à Parakou. D’autres ONG vont ensuite s’intéresser au conseil à l’exploitation et bénéficier de l’appui de la CAGEA. Parmi elles, le GRAPAD, le GERME, le CRDB, ADIL, etc…

12 - constituer une base de données sur le fonctionnement des exploitations agricoles suivies par le GERED au niveau de 3 villages représentatifs des réalités du Borgou (Sirarou, Bori et Gamia).

La coopération suisse a cessé son appui à ce programme CONGEST depuis la fin 2000. Il s’agirait d’une pause et non d’un arrêt définitif.

• Financée par la coopération française, la Cellule d'Appui à la Gestion des Exploitations Agricoles (CAGEA) a pris, en janvier 1998, la suite du CGEA. La CAGEA évolue au sein du Centre de Promotion et d'Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (CePEPE). Elle a pour objectif de :

- renforcer la compétitivité des exploitations agricoles béninoises et nourrir, par la base, l’approche professionnelle des filières de production agricole,

- favoriser l'émergence d'entrepreneurs ruraux et de centres de gestion autonomes,

- permettre à 10 opérateurs partenaires (bureaux d’étude ou ONG) de se constituer en réseau et d’acquérir une compétence professionnelle en conseil à l’exploitation.

- renforcer les compétences du CePEPE en ingénierie de gestion dans les domaines agricoles et agroalimentaires en matière de méthodologie, de suivi d’entreprises ou d’études générales.

Les activités de la CAGEA ont été récemment évaluées par Jacques Berthomé (CIEPAC – Novembre 2001).

• En 1998, Le MRJC, le GERAM/DDCF, le GERED et quelques personnes ressources vont créer la Cellule d’Appui au Développement du Conseil de Gestion (CADG) qui est une plate- forme de réflexion, d'échanges d'expériences et d'application du conseil à l’exploitation. L’objectif central est la mise au point d’outils d’aide à la décision adaptés aux réalités et contextes socio-économiques du Bénin.

• En 2000, démarre le volet "conseil en gestion" du Projet d'Amélioration et de Diversification des Systèmes d'Exploitation (PADSE) financé par l’AFD et mis en œuvre par la CADG dès 2000 et, en fin 2001, par d'autres ONG (CRDB, GERME, GRAPAD).

II.2. Données concernant spécifiquement le volet conseil à l’exploitation du PADSE

Pour la mise en œuvre du volet conseil à l’exploitation du PADSE en 1999/2000, on n’est pas parti d’une demande clairement exprimée par les organisations paysannes5. Il était d’ailleurs bien difficile pour elles de définir les formules de conseil dont elles avaient besoin car elles n’avaient connu jusqu’alors qu’un conseil à forte dominante technique.

11 Groupements d’intérêt professionnel (GIP) de 20 à 30 membres ont été mis en place en 2000 puis 18 en 2001 dont un GIP très particulier constituée par les CUMA du Borgou/Alibori appuyées par le PPAB et la CAGEA.

5 Lors de la mission d’identification du PADSE en avril 1997, plusieurs responsables d’organisations paysannes rencontrés avaient cependant sollicité, pour les membres de leurs OP, des appuis technico-économiques leur permettant de mieux gérer leurs exploitations.

13 Les 2 GIP « anciens » de Ouessé et de Glazoué (créés respectivement en 1995 par le GERAM et en 1997 par le MRJC) ont été intégrés au dispositif. Au total, 13 sous-préfectures sont concernées. 11 comptent 2 GIP et Ouessé et Glazoué en comportent 3 (cf. tableau de répartition des volets du PADSE).

Les 29 GIP appuyés par le PADSE comprennent actuellement plus de 650 paysans et paysannes assidus aux formations et aux suivis individuels réalisés par les prestataires de service (23 GIP suivis par la CADG et 6 GIP créés en 2001 par les 3 autres opérateurs intervenant avec appui de la CAGEA – Ces 3 autres opérateurs sont le GERME, le CRDB et le GRAPAD).

Dans chaque sous-préfecture, un technicien de niveau supérieur au baccalauréat (pour la moitié d’entre eux, diplômé du lycée agricole de Sékou) assure les formations et le suivi des membres des GIP. Des cadres issus de la CADG ou des 3 autres opérateurs leur assurent un appui.

Selon les contrats établis par le PADSE, les formules actuelles de la CADG et des 3 autres opérateurs appuyés par la CAGEA se traduiraient par un coût moyen par membre de GIP proche de 25.000 Fcfa par mois (soit 900.000 Fcfa pour 36 mois).

Selon les contrats PADSE/opérateurs que nous avons étudiés (et, en particulier, les contrats avec le GERME et avec la CAGEA), les coûts directs du technicien affecté dans la sous-préfecture ne représenteraient, frais liés à ses déplacements compris, qu’un sixième de ce coût. Les frais d’achat des cahiers d’enregistrement, d’entretien et de logement des membres des GIP lors des formations et visites représenteraient probablement les 2 sixièmes de ce coût. La moitié du coût du conseil à l’exploitation serait donc imputable au dispositif d’appui aux techniciens, ce qui paraît élevé et ne semble justifié que lors d’une phase test de recherche-action6.

6 Pour chaque opérateur, les responsables du PADSE pourraient affiner ces calculs selon les 3 rubriques définies plus haut (et en affectant les charges induites par l’appui CAGEA à l’appui institutionnel de chacun des 3 nouveaux opérateurs).

14 III. Principaux éléments recueillis suite à nos visites de terrain

III.1. Mode de constitution des GIP

Le mode de constitution des GIP diffère entre la CADG et les 3 autres opérateurs.

1. Constitution des GIP par la CADG

• Au niveau des USPP, la CADG organise une séance de sensibilisation des responsables du CA de l'USPP sur le rôle du conseil à l’exploitation et ses avantages à la fois pour le producteur individuel, le GV et l'USPP. A la fin des discussions, la CADG demande au CA d'identifier 2 GV dans lesquels seront choisis les membres des GIP. Les critères de choix de ces 2 GV sont les suivants : accessibilité et distance séparant le GV du chef lieu de la sous-préfecture7, effectif des personnes sachant lire et écrire correctement le français au sein du GV.

• Au niveau du premier GV retenu, après une sensibilisation sur le rôle et les avantages du CdG, l’équipe CADG organise un débat avec les membres du CA pour définir les critères de choix des personnes pouvant constituer les GIP. Les critères proposés par la CADG sont les suivants : adhésion volontaire, savoir lire et écrire en français, esprit de collaboration et de partage des connaissances avec les autres producteurs.

• Pour le choix du second GV, les USPP ont souvent souhaité prendre en compte des spécificités sociologiques de leur sous-préfecture. Ainsi, à Dassa, Glazoué, Ouessé et Kandi, le second GIP est issu d’un groupe ethnique différent du premier.

Le critère dominant dans l'ensemble des GV retenus a été la maîtrise du français. De ce fait, la plupart des GV identifiés n'ont pas trouvé en leur seul sein les 30 personnes permettant de constituer un GIP. En accord avec l’USPP, les responsables de la CADG ont alors contacté les GV des villages voisins pour compléter l’effectif. La méthodologie retenue par la CADG conduit donc à la constitution dans la sous-préfecture de deux « noyaux » comprenant, en général, chacun de 2 à 4 GV.

2. Constitution des GIP par les nouveaux opérateurs

Un nombre plus important de GV sont concernés dans les USPP de Zogbodomé et de Banté car les opérateurs appuyés par la CAGEA ont incité l’USPP à contacter tous les GV en leur demandant de choisir une ou deux personnes lettrées en français et motivées par le thème du conseil à l’exploitation. Un grand nombre de GV de ces 2 sous-préfectures ont accepté et ont généralement proposé des membres de leur CA (les CA de ces GV prennent d’ailleurs en charge les frais de déplacement des membres choisis). Cette formule devrait logiquement se traduire par une plus grande implication des GV et de l’USPP dans le financement et le fonctionnement du conseil.

Vu l’enclavement de certains villages, la formule retenue à Tchaourou par le CRDB est intermédiaire car n’ont été retenus que les GV situés à moins de 30 km du chef lieu de la sous- préfecture. Le suivi des membres sera donc plus facile qu’à Banté ou à Zogbodomé. L’USPP a fait signer un engagement écrit à chaque membre adhérent au GIP et cela nous paraît une excellente formule pour réduire l’absentéisme lors des formations et obtenir un engagement de rediffusion des savoirs acquis auprès de leurs voisins ou amis.

7 Pour la CADG, la distance entre les membres du GIP ne devrait pas être trop grande pour faciliter le suivi régulier des exploitations par le technicien et les échanges d'expériences entre les producteurs lorsque le besoin se ferait sentir.

15 3. Nos constats suite à la mission

ƒ Les conséquences des 3 formules de mise en place des GIP nous paraissent les suivantes :

Critères Formule CADG Formule Banté et Zogbodomé Formule Tchaourou Suivi individuel Aisé Assez difficile car forte dispersion Relativement aisé par le conseiller des membres Implication GV Implication moins forte, Implication forte dès le départ Implication forte dès le départ mais en particulier sur le plan pour une partie seulement des GV financier Absentéisme Risque limité Risque élevé car les membres Les membres des GIP ont des des GIP ont aussi des responsabilités dans le CA des GV responsabilités dans le CA du GV mais se sont engagés par écrit pour participer aux sessions. Diffusion des Tâche d’huile autour Plus diffus et très dépendant de Formule intermédiaire. acquis du conseil d’un noyau de membres chaque membre

ƒ Le mode de constitution des GIP pourrait influencer la responsabilisation future des OP et l’évolution future du conseil dans la sous-préfecture concernée. Le PADSE estime que la formule de Banté et de Zogbodomé favorise l’ancrage au sein des GV et, en conséquence, la diffusion. La CADG craint l’absentéisme de certains responsables d’OP qui auraient des difficultés pour participer à l’ensemble des sessions de formation et manqueraient de temps pour bien tenir leurs outils. Un suivi devra permettre de vérifier ces deux hypothèses.

ƒ Les traductions des outils n’étant pas faites, il n’a pas été décidé dès le départ que les formations seraient faites en langue nationale comme lors de l’expérience menée avec l’appui de la coopération suisse dans le Borgou en 1997-2000. Cependant, 7 des 25 membres d’un GIP de Kandi appuyé par la CADG suivent actuellement en baatonou les formations de leur conseiller de gestion. Ils ont d’ailleurs adapté les cahiers pour transcrire dans leur langue en profitant de l’expérience acquise avec l’appui de la coopération suisse. Ces membres travaillant en baatonou sont très assidus et se retrouvent parmi les meilleurs. Le conseil à l’exploitation n'est donc pas seulement l'affaire de ceux qui savent lire et écrire le français.

III.2. Principales caractéristiques des membres

Les principales caractéristiques des membres des GIP sont les suivantes :

- Age moyen proche de 30 ans (et donc des exploitants jeunes, en début de carrière et ayant souvent peu capitalisé).

- Niveau suffisant en français (niveau fin de primaire ou collège) sauf pour les 7 membres d’un GIP de Kandi mentionnés ci-dessus.

- Dans le Borgou/Alibori, proportion assez importante de « chefs de travaux » (= dépendant d’un chef de famille - En général, l’un de ses fils - 10 agriculteurs sur 46 sont dans ce cas à Nikki). Ces « chefs des travaux » seront autonomes dans quelques années mais ils cultivent pour leur ménage des superficies souvent restreintes. Au niveau de la prise de décision, ils ne disposent souvent pas de toute la latitude pour faire ce qu’ils souhaitent dans la grande exploitation.

- Un nombre élevé de membres des GIP exerce des responsabilités dans leur GV (particulièrement à Zogbodomé, Banté et Tchaourou du fait de la stratégie adoptée par l’opérateur et l’USPP pour la mise en place du volet conseil).

16 - Très peu de femmes sont membres (0 à 8 selon les GIP). Cela matérialise une réalité socio- culturelle. Pourtant ces femmes sont très engagées et perspicaces. Certaines sont même maîtres alphabétiseurs.

17 Le tableau ci-dessous présente la synthèse des dépouillements par département et par sous-type selon la typologie8 adoptée par le PADSE (travail réalisé en fin février 2002 par la CADG pour 490 membres de leurs GIP).

Types Sous types Alibori Borgou Collines Zou Total % Tp (trad. précaire) 1 2 6 16 25 5,1 Tn (trad. non équipé) 28 20 126 49 223 45,5 Traditionnel Te (trad. équipé) 62 0 1 0 63 12,9 Ts (trad. activités secondaires) 10 3 18 11 42 8,6 Ee (évolutif équipé) 28 5 3 0 36 7,3 Ef (nombreuse MO familiale) 0 0 0 0 0 0 Evolutif Eef (équipé et nombreuse MOF) 14 6 1 0 21 4,3 Eo (nombreuse MO salariée) 0 0 9 2 11 2,2 Es (activités non agricoles) 0 0 0 3 3 0,6 Forte Ke (K dans équipement et bovins) 3 0 0 0 3 0,6 capitalisation Kc (K dans commerce et transport) 1 0 0 0 1 0,2 Migrant Mp (migrant de petite taille) 11 10 15 21 57 11,6 Md (migrant développé) 1 0 2 0 3 0,6 Diversi- Da (diversificat. en prod. animales) 0 0 0 1 1 0,2 fication Dm (diversification en maraîchage) 1 0 0 0 1 0,2 Dt (diversif. en transformation) 0 0 0 0 0 0 Total = 160 46 181 103 490 100

Il apparaît ainsi que :

- Les petites exploitations dominent très largement (mais des membres des GIP peuvent dans le Borgou et l’Alibori être insérés dans une exploitation de dimension plus grande).

- Dans le département de l’Alibori, les traditionnels équipés sont majoritaires et sont suivis par les traditionnels non équipés et les évolutifs équipés puis les évolutifs équipés et ayant une nombreuse main-d’œuvre familiale (NB : Les membres des GIP ayant plus de 20 têtes de bétail ne sont cependant pas classés dans les exploitations ayant capitalisé).

- Dans le département du Borgou, les traditionnels non équipés domineraient dans cet échantillon. La sous-préfecture concernée est celle de Nikki qui comprend une proportion importante d’exploitations en agriculture manuelle cultivant beaucoup d’igname (NB : Les statistiques anciennes du CARDER indiquent que la part des cultures pratiquées avec la traction animale domine dans cette SP dès 1990… Selon le conseiller de Nikki, le quart des membres des GIP sont des chefs des travaux et ils utilisent peut-être l’équipement de TA du chef de famille).

- Dans le département des Collines, les 2/3 des membres sont des traditionnels non équipés. Les traditionnels ayant des activités secondaires figurent en second lieu puis les migrants de petite taille. Les évolutifs employant principalement de la main-d’œuvre salariée ne représentent que 5 % de l’échantillon.

- Dans le département du Zou, les traditionnels non équipés dominent suivis par les migrants de petite taille et les traditionnels en situation précaire.

Les autres opérateurs n’ont pas encore achevé le classement des membres de leurs GIP selon cette même typologie.

8 Cette caractérisation par type et sous-type repose sur les 12 indicateurs suivants : nombre de personnes de l’exploitation familiale ; nombre de ménages ; nombre d’actifs agricoles ; population inactive à charge ; superficies cultivées par an ; principales cultures ; utilisation des intrants ; accès au conseil technique ; équipement propre ; réserve foncière ; accès au crédit formel ; autres sources de revenus.

18 III.3. Contenu des programmes de formation destinés aux membres des GIP

Le plan de formation de la CADG est présenté dans le tableau ci-joint issu d’un document préparé pour l’atelier de Bohicon en novembre 2001. Il comprend 3 étapes, 4 objectifs et 54 jours de formation. A raison d’une session tous les deux mois, la réalisation des 18 formations dure 36 mois. ƒ Niveau 1 (objectifs A et B) comprenant 10 sessions de formation de 3 jours. ƒ Niveau 2 (objectif C) comprenant 5 sessions de formation de 3 jours. ƒ Niveau 3 (objectif D) comprenant 3 sessions de formation de 3 jours.

On observe que l’objectif B relatif à la gestion prévisionnelle (plan de campagne, budget prévisionnel) est actuellement étudié dans le programme CADG avant l’objectif C concernant les calculs des résultats (difficile de prévoir quand on n’a pas fait le bilan de l’année écoulée ?). Il est, par exemple, noté que ces outils prévisionnels sont étudiés avant la marge brute. Celle-ci est pourtant un outil simple et pertinent pour le choix des cultures (en le combinant avec d’autres aspects comme la prise en compte des pointes de travail, des risques climatiques et économiques, du respect des rotations, etc…).

Sur le plan pédagogique, le fait de dénommer les membres des GIP des « apprenants » dans les documents CADG et non des « adhérents » d’un groupement ayant un objectif de conseil pose question de même que le fait de dérouler un plan de formation préétabli. A notre avis, il faudrait identifier les attentes prioritaires des membres du GIP en matière de conseil technico- économique puis modifier partiellement le plan initial de formation pour mieux répondre aux problèmes les plus fréquents des adhérents.

Nous nous sommes cependant rendus compte sur le terrain que quelques modifications du programme initial de formation avaient été faites par plusieurs conseillers avec l’appui de la CADG. Ces modification permettent aux conseillers de mieux s’adapter aux réalités des membres de leurs GIP et de mieux prendre en compte leurs attentes.

Le plan de formation adopté par les autres opérateurs à Zogbodomé, Banté et Tchaourou est placé dans le tableau ci-joint en regard de celui de la CADG.

Sous l’influence de la CAGEA, il est actuellement plus orienté vers la gestion classique d’entreprise (avec bilan de départ, bilan de clôture d’exercice et compte de résultat). La grande majorité des membres des GIP de ces 3 sous-préfectures n’exploitent pourtant que quelques hectares en cultures manuelles et ont peu capitalisé.

Pour les concepteurs de la CAGEA, la connaissance de l’ensemble des outils de cette formule de conseil constitue un préalable avant la mise en œuvre d’une démarche plus participative (les membres des GIP choisissant ensuite parmi la panoplie d’outils ceux qui leur conviennent).

La progression pédagogique adoptée est ensuite plus classique que dans le cas de la CADG. On note cependant un nombre de jours de formation inférieur (40 jours contre 54 pour la CADG).

On relève également un risque de non prise en compte du calendrier cultural dans la progression pédagogique GRAPAD/CAGEA. Ainsi, pour les 2 GIP de Banté ayant commencé leurs séquences de formation en octobre 2001, certain outils mentionnés dans le tableau joint pourraient n’être étudiés que de façon théorique car la chronologie des séquences ne semble pas coller aux réalités agricoles de Banté (il faudrait pourtant faire les calculs de résultat en fin de campagne pour ensuite mieux planifier la campagne à venir).

19 Comparaison des plans de formation de la CADG et des opérateurs appuyés par la CAGEA

Plan de formation de la CADG Plan de formation de la CAGEA (source = document conçu pour l’atelier (source = document fourni par le GRAPAD de Bohicon de novembre 2001) lors de la mission)

Niveaux Objectifs Thèmes de Nb jours et Séquences Thèmes de formation Nb de formation année et mois jours

A Journal de caisse 1ère année A Fiche d’exploitation 1 jour Initier les Cahier d’utilisation de Bilan d’ouverture 1 jour membres des la main-d’œuvre 12 jours Premier Visites d’exploitation 1 jour GIP aux Cahier d’utilisation mois Récapitulatif, analyse et 1 jour des intrants évaluation outils de suivi de Fiches de stocks

gestion Tableau de trésorerie 6 jours Journal de caisse 2 jours B Fiches de stock 2 jours Cahier d’utilisation de 2 jours I Mois 2 à 9 la main-d’œuvre Visites d’exploitation 2 jours Récapitulatif, analyse et 1 jour évaluation

B 2ème année C Tableau de trésorerie 2 jours Initier les Plan de campagne Marge brute 2 jours membres des 6 jours Mois 10 à 17 Prix de revient 2 jours GIP à la Budget de trésorerie Visite d’exploitation 1 jours prévision et Compte prévisionnel 6 jours Récapitulatif, analyse et 2 jours à la de résultat évaluation planification

C Marge brute 6 jours D Compte de résultat 4 jours II Initier les Prix de revient Bilan de fermeture 2 jours membres des Mois 18 à 22 Visite d’exploitation 1 jour GIP aux Récapitulatif, analyse et 1 jour calculs des évaluation résultats 3ème année E Plan de campagne 2 jours Compte de résultat Budget de trésorerie 1 jour Bilan 9 jours Mois 23 à 29 Compte de résultat 1 jour prévisionnel Visite d’exploitation 1 jour Récapitulatif, analyse et 1 jour évaluation

III D Elaboration de projet F Elaboration de projet 2 jours Elaboration Montage de dossier de 9 jours Montage de dossier de 1 jour de projets et financement Mois 30 à 36 financement dossiers de Récapitulatif, analyse et 1 jour financement évaluation Total = 54 jours en Total = 40 jours 3 ans en 3 ans

20 III.4. Avis des bénéficiaires sur ce que leur apporte le conseil et commentaires de la mission

En dehors des deux GIP préexistants de Ouessé et de Glazoué, aucun participant n’a achevé le cycle de formation9 de 36 mois permettant de maîtriser l’ensemble des outils proposés. Pourtant, les expériences de conseil à l’exploitation testées dans un cadre CADG ou CAGEA sont très appréciées des bénéficiaires (cf. évaluation de Jacques Berthomé effectuée en novembre 2001 et, en seconde partie de ce document, nos comptes rendus des visites réalisées lors de la mission).

Voici les principaux avantages du conseil à l’exploitation mentionnés par les producteurs rencontrés lors de la mission :

• Meilleure connaissance des dépenses effectuées dans le ménage chaque mois et réduction ou maîtrise de certaines dépenses :

"Je dépensais anarchiquement mais, depuis que j’ai commencé la formation en gestion, j’ai réduit mes dépenses inutiles ou de prestige". "Avec le conseil à l’exploitation, nous sommes surnommés des avares dans le village, car moi par exemple, j’ai réduit les prélèvements pour réception…". "Mes dépenses n’augmentent plus comme par le passé". "La bonne tenue de mon cahier de caisse m’a permis de diminuer mes dépenses, ce qui entraîne une augmentation de mes ressources financières". "Le journal de caisse me permet de me rappeler de mes créances et des avances données aux manœuvres".

• Meilleure maîtrise des coûts de production et des marges dégagées par chaque culture :

"Le conseil à l’exploitation m’a permis de connaître les coûts de production et les marges que dégage chaque culture, ce qui me permet de savoir les cultures rentables et celles qui ne le sont pas". "Cette campagne 2001-2002, la marge après remboursement des intrants du coton que j’ai produit est de 140 000 Fcfa alors que j’ai dépensé au total 160 000 Fcfa pour cette culture sans la rémunération des travaux que j’ai fait avec les membres de ma famille". "A la fin de la campagne passée, j’ai calculé le coût de la production et de la transformation de manioc de mon exploitation qui s’est élevé à 198 000 Fcfa/ha. J’ai obtenu 50 sacs de gari que j’ai vendu à 300 000 Fcfa (6 000 F le sac). Cette production m’a dégagé une marge de 102 000 Fcfa". "Cela me permet de connaître le coût réel de la main d’œuvre et la valorisation de mon travail durant la campagne". "Je peux désormais connaître le nombre de personnes ou d’hommes - jours nécessaires par culture et par campagne".

• Planification des activités, élaboration d’un plan de campagne et gestion prévisionnelle :

"chacun de nous a obligation de démarrer chaque campagne avec des objectifs précis". "Nous avons appris à intégrer la notion de planification des activités dans nos habitudes ». "Nous nous habituons progressivement à réaliser les programmes en fonction de nos moyens disponibles et après une prévision préalable". "Je réalise désormais la superficie que je peux bien entretenir ».

• Meilleure gestion des intrants et des stocks de produits agricoles, etc.

En résumé, on peut dire que :

• L’impact positif sur la gestion des recettes et dépenses est très fréquemment évoqué. L’accent placé par les concepteurs sur la gestion de la trésorerie (cahier de caisse,

9 La moitié seulement des formations CADG prévues pour les GIP créés en 2000 a été réalisée du fait de lenteurs administratives.

21 identification des créances et dettes, synthèse mensuelle des flux financiers pour les plus expérimentés) nécessite beaucoup de temps d’apprentissage mais porte ses fruits.

• L’impact serait également positif sur l’organisation et le suivi des travaux (et en particulier de ceux effectués par les salariés temporaires).

Quelques agriculteurs des GIP créés en 2000 ont commencé à utiliser les données collectées dans leurs cahiers pour calculer leurs marges par culture (par exemple, marge après remboursement des intrants et après paiement de la main d’œuvre salariée). Ces calculs de marge brute sont, par contre, très bien maîtrisés par les précurseurs du premier GIP de Ouessé. A Glazoué, ils ont induit une réduction des superficies en coton au profit du maïs et du niébé qui laissent actuellement une meilleure marge par hectare.

• L’amélioration des itinéraires techniques est rarement citée. Pourtant, plusieurs conseillers de gestion sortant du lycée agricole de Sékou donnent quelques conseils techniques lors de visites individuelles mensuelles. Leurs liens avec la recherche (et avec le volet RD du PADSE) étant insuffisants dans la majorité des sous-préfectures où est testé le conseil à l’exploitation10, ces conseils techniques paraissent assez classiques et pas forcément pertinents (ainsi, à Djidja et à Zogbodomé, les opérateurs semblent avoir une vision négative des cultures associées et n’intègrent pas assez leurs avantages et les stratégies anti-risques des agriculteurs).

Plusieurs agriculteurs signalent que, pour bien gérer, il ne suffit pas d’enregistrer les flux financiers, les travaux effectués ou les intrants utilisés par parcelle et/ou par culture. Il faut aussi améliorer ses itinéraires techniques et ses pratiques. Il semble pourtant que l’impact du conseil à l’exploitation sur le choix des itinéraires culturaux soit encore limité. Cela se comprend après seulement 18 mois d’expérience pour les GIP constitués en 2000 mais il n’y a malheureusement pas de modules de formation technico-économique dans les programmes actuellement testés sur financement du PADSE11.

Les impacts au niveau des membres des GIP de la formule de conseil en gestion actuellement testée au Bénin sont néanmoins indéniables. Cela devrait se traduire par un accroissement de leurs revenus et ce tout au long de leur vie d’agriculteur (« L’investissement » de 900.000 Fcfa réalisé sur 3 ans serait donc à amortir sur 30 ans d’activités soit 30.000 Fcfa/an).

On peut également espérer :

ƒ La formation de certains membres de leurs familles et amis (et, pour les plus qualifiés d’entre eux, des formations destinées à un public plus vaste ; cf. § V.1.1).

ƒ La mise en pratique dans leurs OP des règles de bonne gestion qu’ils ont acquises via le conseil à l’exploitation.

10 Liens insuffisants car très souvent les sites d’implantation des volets sont différents et il y a pas encore de relations formelles entre les opérateurs du conseil à l’exploitation et les opérateurs des autres volets du PADSE.

11 Contrairement à la majorité des expériences de conseil d’exploitation relatées en novembre 2001 lors de l’atelier de Bohicon et qui comprennent une bonne part de modules techniques et technico-économiques. La CADG et les autres opérateurs n’avaient cependant pas, dans leur contrat les liant au PADSE, mission de mettre en œuvre de tels modules.

22 III.5. Difficultés actuelles des OP limitant leur prise en charge financière du conseil

La grande majorité des acteurs de la filière coton béninoise se sont endettés les uns envers les autres lors de ces dernières campagnes et la situation devient de plus en plus inextricable. Les producteurs et OP sérieux payent pour les autres et pâtissent gravement de cette situation.

L’étude sur la crise financière de la filière coton réalisée en décembre 2001 (rapport Waddell, Togbé et Salé) et nos informations recueillies sur le terrain lors de la mission mettent en évidence la gravité de la situation et la difficulté qu’éprouvent certaines OP à honorer leurs multiples engagements financiers. Selon le rapport Waddell pré-cité :

• La SONAPRA doit à l’Etat 11.1 milliards de Fcfa, lequel lui doit 11.4 milliards de Fcfa.

• La SONAPRA doit à l’ONS 6.32 milliards ainsi que 1.15 milliards de Fcfa d’intérêt.

• La SONAPRA devait aux producteurs 4.8 milliards de Fcfa à la fin de l’exercice 2000. Il s’agit de 1.3 milliards de ristournes pour la campagne 1999/00 et d’un acompte de 3.5 milliards de Fcfa prélevés sur les plus-values dans le cadre de la participation au capital des producteurs.

• Deux sociétés d’égrenage (MCI et SEICB) doivent respectivement 5.3 et 1.6 milliards de Fcfa à la SONAPRA. La société MCI doit également 4 milliards de Fcfa à la CSPR.

• Les producteurs doivent 1.38 milliards de Fcfa à la SONAPRA.

• Des GV doivent 378 millions de Fcfa à la CSPR (crédit intrants de la campagne 2000/01 non remboursé aux banques).

• La CSPR doit aux GV 580 millions de Fcfa pour les frais de prestations de la campagne 2000/01. En plus de ce montant, elle doit aux GV près de 1.9 milliards de Fcfa dont 474 millions de ristournes non versées sur les écarts de poids entre les pesées GV et les pesées usines lors de la campagne 2000/01.

Suite à la catastrophique campagne 2001/02 dans le Zou/Collines, les dettes des GV envers les banques et les fournisseurs d’intrants se sont accrues. Par exemple, les GV de Dassa doivent ainsi près de 104 millions de Fcfa à la CLCAM et 16 millions aux CREP. A ces dettes externes correspondent des dettes internes aux GV conséquentes et des producteurs des Collines envisagent d’abandonner le coton car ils ne veulent pas que leur production serve à payer les dettes de leurs collègues endettés.

L’annexe 5 met en évidence la complexité et la gravité de la situation financière des OP dans les départements des Collines et du Zou. Les GV de ces deux départements auraient ainsi plus de 760 millions de Fcfa de dettes. Une situation des dettes et créances des OP de Dassa et de Glazoué figure dans cette annexe 5.

Dans ces deux départements, les éléments climatiques, la dégradation du contexte économique et la gestion hasardeuse de certains responsables de GV ont conjugué leurs effets. Certains GV du Zou/Collines seraient ainsi en train de se disloquer (11 % ne seraient plus viables selon une récente étude UPC). Le fait que les USPP n’aient plus, comme dans le passé, les moyens financiers pour soutenir leurs groupements défaillants rend plus difficile la reprise d’activités pour les GV très endettés (12 GV sur 48 de la sous-préfecture de Glazoué n’ont ainsi pas pu rembourser les intrants et n’ont pas fait de coton en 2001/2002).

23 Les OP et les producteurs du Borgou/Alibori sont globalement en meilleure situation financière que ceux du Zou/Collines vu les bonnes productions cotonnières observées depuis 2 campagnes. Ils signalent cependant les dettes de la SONAPRA et de la CSPR à leur endroit ainsi que les trop fréquents retards de paiement du coton en début 2002 (Près de 2 mois de retard dans certaines USPP de l’Alibori). Les endettements internes des GV de ces départements sont également élevés de même que les dettes individuelles de producteurs auprès de la CLCAM (dettes souvent couvertes par la caution solidaire et mutuelle du GV…) ou d’autres institutions de financement des activités rurales.

Les facteurs ci-dessus expliquent la trop faible implication financière de certaines USPP dans les différents volets du PADSE. Il faut tenir compte de la situation financière actuelle de ces OP qui n’est plus la même que celle de 1997, année d’identification du PADSE.

III.6. Implication et participation financière des membres des GIP et de leurs OP

III.6.1. Implication pratique des OP dans le volet conseil à l’exploitation

L’implication des USPP dans le volet conseil à l’exploitation est assez variable. Pour le choix des membres des GIP au niveau des GV, la situation varie de la désignation des membres de CA de GV ou d’élus de l’USPP comme membres de GIP (cas de Zogbodomé, Banté, Tchaourou,…), à la quasi absence d’élus d’USPP ou de GV au sein des GIP (cas de beaucoup de GIP CADG).

L’implication minimale est la simple désignation des GV sur la base de critères préétablis (cas le plus fréquent). D’autres USPP responsabilisent ensuite un élu de leur CA pour le suivi du volet conseil à l’exploitation du PADSE (cas de Djidja, Zagnanado, Nikki,…).

L’USPP de Zogbodomé a mis en œuvre ce qui précède mais va plus loin quand un de ses responsables affirment : « Les jeunes membres des GIP seront nos forces vives pour demain ».

III.6.2. Implication financière des OP dans le volet conseil à l’exploitation

Dans les 10 USPP appuyées par la CADG, les membres des GIP et leurs GV bénéficient actuellement d’un service entièrement gratuit (les cahiers d’enregistrement étant même fournis gratuitement !). Les GV ne versent rien. Seule l’USPP participe au financement et, si 5 sur 10 (Banikoara, Dassa, Glazoué, Malanville et Djidja à 50 %), ont réglé au PADSE leur contribution financière en 2000 pour le volet conseil à l’exploitation (560.000 Fcfa/an), aucune ne l’aurait fait pour 200112. Les responsables évoquent leurs difficultés financières actuelles (cf. § précédent). Par contre, plusieurs USPP mettent à disposition leurs locaux pour les formations ou recherchent des appuis externes (cf. USPP de Malanville empruntant les équipements de la mairie pour permettre le couchage des membres des GIP).

De nombreux GIP appuyés par la CADG ont cependant commencé à cotiser et ont ouvert un compte à la CLCAM. Les sommes versées par membre sont minimes (de 500 à 1.000 Fcfa par mois). Parfois, une visite d’échanges entre producteurs est envisagée mais les sommes collectées restent souvent sans utilisation précise sur le compte CLCAM. Ayant perçu l’intérêt du conseil à l’exploitation, de nombreux participants seraient prêts à verser davantage13.

12 Au 30/04/2001, les USPP n’auraient versé que 2.4 % des sommes prévues pour toute la durée du projet pour le volet conseil (la participation financière prévue des USPP était au total de 118.4 millions de Fcfa pour les 5 ans du projet).

13 Le premier GIP de Ouessé a un droit d’adhésion de 20.000 Fcfa et une cotisation mensuelle de 12.000 Fcfa que le groupement se garde pour son usage interne (il ne verse encore rien au PADSE).

24 Les 6 GIP mis en place par les prestataires appuyés par la CAGEA ont, dès le départ, prévu un engagement plus marqué des OP. Ainsi, à Zogbodomé ou à Tchaourou, les GV prennent en charge les déplacements des membres pour les formations et l’USPP assure leur logement et leur entretien. Cet engagement financier a été d’autant plus facilement accepté par ces OP que les membres des GIP sont très souvent membres des CA des GV et, parfois, de l’USPP.

L’USPP de Tchaourou a payé sa contribution au PADSE malgré ses faibles ressources et a fait signer à chaque membre de GIP un engagement lors de son adhésion au GIP (bien qu’analphabète, son vieux président a remarquablement compris l’intérêt du conseil à l’exploitation pour les OP de sa sous-préfecture).

III.7. Autres points identifiés :

- Forte motivation de beaucoup de conseillers.

- Bonne intégration de la plupart des conseillers de gestion dans leur USPP (intégration globalement plus réussie que celle des techniciens issus des organismes publics de recherche travaillant en contrat avec le PADSE).

- Prise en compte des « attentes des membres » par plusieurs conseillers CADG qui adaptent leurs programmes de formation à cette demande.

- Manque de coordination des interventions des divers organismes apportant des conseils aux producteurs ; nombre insuffisant de techniciens vu les besoins des producteurs et manque d’efficacité des services publics (dont on note aussi les effectifs sans cesse décroissant). Dans ce contexte morose, les responsables paysans estiment que les tests de conseil à l’exploitation constituent une innovation porteuse d’espoir.

- Isolement de plusieurs conseillers de gestion. Leurs relations sont insuffisantes avec les techniciens du CARDER, de la RD ou de certaines ONG qui pourraient pourtant leur apporter un appui technique efficace lors de certaines formations (l’objectif étant de mieux répondre aux attentes des producteurs).

- Les CLCAM ont réduit leur plafond de prêt de 1.000.000 Fcfa à 500.000 Fcfa et demanderaient un budget prévisionnel simplifié aux agriculteurs sollicitant un prêt de plus de 300.000 Fcfa. Les calculs de marge, l’élaboration de budget prévisionnel et le montage de dossiers de financement font partie des formations des opérateurs. Les acquis des membres des GIP devraient leur permettre de satisfaire plus aisément les demandes de la CLCAM. Une concertation entre les opérateurs et les UR-CLCAM pourrait cependant avoir lieu pour harmoniser les démarches et, peut-être, prévoir des frais de dossier plus réduits pour les producteurs et productrices qui présentent des demandes bien argumentées. Ce point pourrait inciter les agriculteurs à adhérer au conseil d’exploitation.

IV. Synthèse des propositions émises par les responsables paysans rencontrés

IV.1 Profiter des investissements récents en alphabétisation pour accroître le nombre de GIP

La discrimination induite par la nécessité d’avoir un « bon niveau » de français pour devenir membre du GIP a été soulignée à plusieurs reprises par les responsables paysans qui mentionnent la situation favorable créée par les forts investissements en alphabétisation réalisés par le programme PROCOCA/UPC dans le Zou/Collines avec l’appui de l’AFD et dans le Borgou/Alibori, par l’ONG DERANA avec l’appui de divers bailleurs.

25

Grâce au volet alphabétisation du PROCOCA/UPC/AFD, 433 villages du Zou/Collines (sur environ 500) ont bénéficié depuis 1996 ou bénéficient actuellement de l’alphabétisation fonctionnelle assurée par le GEFAD. Près de 3.000 personnes atteindront d’ici juillet 2002 le niveau 1 de la post-alphabétisation avec des contenus de formation orientés vers la gestion. Il s’agit d’une alphabétisation fonctionnelle et très liée aux besoins professionnels des OP et des producteurs (cf. programme de formation en post-alphabétisation du GEFAD en annexe 6).

Dans le Borgou et l’Alibori, d’importants programmes d’alphabétisation rappelés dans l’annexe 7 ont été mis en œuvre depuis plus de 30 ans, en particulier sur financement de la Coopération suisse. D’autres bailleurs interviennent également comme le PNUD (PADEL-Nikki), les Nations Unis (UNSO à Kandi et Karimama), la Coopération danoise (PADSA à Nikki et Tchaourou), etc…. Ces actions sont plus anciennes que dans le Zou/Collines mais elles n’ont pas un impact aussi global car certaines sous-préfectures ont bénéficié de beaucoup d’actions et d’autres peu. Le nombre de personnes ayant le niveau C-B (écriture, lecture et capacités à enregistrer des données de gestion) serait d’environ 2.300 personnes dont 1.300 niveau auraient un niveau post- alphabétisation et seraient capables de maîtriser l’ensemble des outils du CEF.

Des outils de gestion d’exploitation ont été traduits en baatonou en 1999/2000 et testés par le GERED dans le Borgou (villages de Gamia, Bori, Sirarou et Komiguéa dans le cadre du programme CONGEST) et des résultats intéressants ont été obtenus. Ces outils ont été récemment réutilisés par le conseiller de gestion CADG de Kandi avec 7 membres d’un de ces 2 GIP.

D’autres conseillers CADG travaillant dans le Zou/collines ont entrepris des traductions en Yoruba, Idaasha ou en Fon avec l’appui des nombreux maîtres alphabétiseurs membres des GIP.

Les responsables d’OP souhaitent fortement que de telles initiatives soient amplifiées.

IV.2 Autres souhaits et observations des responsables d’OP

Un souhait fréquemment formulé par les responsables d’OP est de voir les membres des GIP leur restituer les contenus de formation après chaque session. Pour les responsables de GV et d’USPP qui sont analphabètes, cette restitution ne pourrait se faire que sous forme orale et être donc partielle. Par contre, des restitutions plus complètes doivent nécessairement être envisagées à l’attention des responsables d’OP lettrés en français ou alphabétisées (cf. § VI.1). Des responsables de l’UPC du Zou/Collines mentionnent également les points suivants :

• « Les prestataires qui viennent pour le conseil en gestion devraient signer un contrat direct avec les USPP » - « Les OP n’ont pas besoin d’intermédiaires » .

• « Les techniciens relevant des ONG sont plus « obéissants » que ceux de l’Etat venant mettre en œuvre les autres volets du PADSE » (NB : ils travaillent plus facilement en coordination avec les bureaux des OP).

• « Le CARDER se limite aux conseils techniques sans analyser ce qui est rentable ou pas pour les producteurs » (NB : Cet organisme n’a plus les moyens financiers et humains lui permettant de mener correctement ces missions).

• Le tout n’est pas de savoir faire un compte d’exploitation. Il faut encore que l’on applique les bonnes techniques pour qu’il soit positif ».

26 V. Réflexions de la mission

V.1. Conseil aux exploitations familiales et contexte socio-économique béninois

Une très forte majorité des exploitations agricoles des 4 départements où le PADSE intervient peuvent être qualifiée de « familiales » car la main d'œuvre des familles paysannes l’emporte nettement sur la main d’œuvre salariée.

Le classement des exploitations membres des GIP selon la typologie retenue par le PADSE (cf. classement réalisée par la CADG) confirme que l’on est majoritairement dans ce cadre familial. Peu d’exploitations de ces GIP semblent privilégier une logique capitaliste de profit et de rente.

Dans le contexte de l’agriculture familiale, les actifs des exploitations sont soumis à des influences socio-culturelles, économiques, institutionnelles et politiques qui rejaillissent sur leurs activités agricoles. Le conseil à l'exploitation agricole nécessite donc une connaissance approfondie :

- du contexte socio-économique ;

- de l'insertion des paysans et paysannes dans leur milieu social (famille, village) ;

- du fonctionnement des systèmes de production et des rapports qu'entretient l'exploitation avec son environnement extérieur (immédiat et lointain).

Les paragraphes V.1.1 à V.1.3. de ce rapport provisoire n’ont pas l’ambition d’épuiser un si vaste sujet. Ils indiquent seulement des pistes pour poursuivre la réflexion.

V.1.1. Les facteurs peu favorables au développement du conseil à l’exploitation au Bénin

Le contexte national limite la mise en œuvre d’une gestion plus cohérente et durable des exploitations. Parmi les contraintes identifiées, voici celles qui semblent les plus fortes :

1. Accès difficile au crédit : Le financement de l'agriculture béninoise pose deux problèmes à savoir la mobilisation de l'épargne paysanne et les modalités d'octroi de crédit. Bien qu'apparaissant comme les principales institutions de financement capables de faire face aux besoins de financement des ruraux, les Caisses Locales de Crédit Mutuelles (CLCAM) ne consentent généralement que des prêts à court terme avec des taux d'intérêt élevés (entre 12 et 24% par an). Bien souvent, le montant souhaité n'est pas obtenu et/ou la somme allouée ne parvient pas à temps au producteur.

2. Difficultés d’approvisionnement en intrants pour les cultures autres que le coton : Le système ne s'articule véritablement qu'autour de cette filière « captive » dont les intrants sont principalement livrés à crédit. Même en payant au comptant, il est très difficile de trouver à des coûts raisonnables des engrais et des pesticides adaptés aux autres cultures.

3. Trop forte fluctuation des prix des vivriers : Les commerçants privés dominent toujours ces circuits et ils achètent parfois la production sur pied ou à des prix très faibles en profitant des besoins financiers urgents des producteurs. Les groupements villageois béninois pourraient prendre des initiatives pour commercialiser les vivriers (leur polyvalence vient de leur histoire et de leurs statuts) mais, en dehors de quelques exceptions (cf. OP de Malanville ou quelques OP du sud Bénin), ils sont restés trop timides sur le plan organisationnel commercial et sont trop dépendants de la filière coton.

27 4. Concurrence de produits subventionnés : Issus des agricultures des pays du Nord, ces produits sont faiblement taxés à leur entrée au Bénin (une part importante des ressources en devises du pays provient d’ailleurs de la réexportation de ces produits vers les pays voisins et, si cette stratégie de réexportation est favorable au Bénin dans son ensemble, l’importation de produits alimentaires subventionnés et peu taxés à l’entrée est forcément défavorable aux paysans béninois).

5. Absence d’une politique agricole comportant des mesures économiques incitatives en faveur du maintien de la fertilité des sols : Ces liens entre agriculture et environnement et l’utilisation de stimulants économiques pour les conforter sont de plus en plus fréquents dans les agricultures des pays du Nord14. Sans vouloir transposer les analyses et les politiques, citons un fait concret : Au Bénin, peu d’agriculteurs du nord du pays équipés en traction animale possèdent une charrette, outil fondamental pour le transport de la biomasse et de la fumure organique. Son usage, quasi généralisé dans les exploitations des zones cotonnières maliennes, permet des pratiques reconnues comme très favorables au maintien de la fertilité des sols. Une bonne part des charrettes maliennes (et des charrettes sénégalaises) ont été acquises avec des subventions étatiques ou externes (crédit bonifié, etc.). Le Bénin a un retard énorme en la matière et cette proposition concrète, faite depuis 1991 dans différents rapports, ne rencontre aucun écho.

V.1.2. Les facteurs plutôt favorables au développement du conseil à l’exploitation au Bénin

1. La grande ouverture de l'espace national sur l'extérieur : La forte intégration du Bénin dans la sous-région constitue un atout potentiel pour son agriculture. Ses surplus de production peuvent trouver des débouchés dans les pays voisins (cf. Nigéria). Les agriculteurs les plus dynamiques et sachant le mieux gérer peuvent anticiper et profiter de nouveaux marchés.

2. Des retours vers l’agriculture : Depuis la deuxième moitié des années 80, de jeunes diplômés et des anciens fonctionnaires se sont reconvertis dans l'agriculture. Ils ont un niveau d'instruction assez élevé et des modèles de consommation plutôt urbains. Les problèmes fonciers induits sont parfois complexes mais ces nouveaux arrivants peuvent impulser du dynamisme dans leurs zones rurales. Ils seraient souvent favorables au conseil à l’exploitation.

3. La reconnaissance par l’Etat du conseil à l’exploitation agricole comme un des éléments d’une politique de formation et de vulgarisation : En mentionnant de façon très explicite le conseil à l'exploitation agricole dans la « Lettre de Politique de Développement de 2001 » (cf. extraits en annexe 2), l'Etat montre bien son intérêt pour cette approche. Il la considère à la fois comme un souhaitable investissement en formation et une approche complémentaire de la vulgarisation classique de masse15.

14 Cf. aides spécifiques des contribuables français et européens pour les agriculteurs souscrivant un « contrat territorial d’exploitation ». Signalons que ces aides « découplées » sont acceptées à l’OMC dans la fameuse boîte verte.

15 Nous estimons à ce propos que le conseil à l'exploitation familiale sous ses diverses versions (cf. note de synthèse suite à l’atelier de Bohicon de Novembre 2001) est la meilleure porte d'entrée pour améliorer le fonctionnement de ces exploitations. C'est autour de ces formules de conseil que pourraient s'articuler les autres types d'appui aux ruraux.

28 V.2 Outils du conseil à l’exploitation et rapports humains au sein de la famille et du village

L'environnement socio-culturel des zones rurales béninoises où est pratiqué le conseil à l’exploitation est marqué par deux éléments antagonistes : un accroissement de l'individualisme mais des exigences sociales toujours fortes du groupe social d’appartenance.

• La tendance à l'individualisme s’accroît : Comme le reconnaissent beaucoup de producteurs, la monétarisation, la culture cotonnière, les migrations temporaires ou définitives ont fragilisé le tissu social voire la cellule familiale. Dès lors, les préoccupations d'accumulation individuelles peuvent progressivement prendre le pas sur celles de redistribution.

Comme le soulignent deux femmes membres d'un GIP des Collines : "… Nos maris savent que nous devons nous battre seules pour apporter les moyens nécessaires à notre foyer. Dans ces conditions, nous décidons nous-mêmes de ce que nous devons faire avec ce que nous gagnons. Maintenant, c'est chacun pour soi…

• Les exigences du groupe social d’appartenance restent néanmoins fortes. Ce point est ainsi décrit dans un document de la CADG daté de 2001 : "Le groupe social auquel appartient le membre du conseil à l’exploitation reste encore marqué par des survivances du système d'agriculture de subsistance. Même s'il n'est pas clairement exprimé, l'objectif d'une part non négligeable de la société est de subsister, d'assurer la perpétuation du groupe et non de s'enrichir ou d'atteindre un niveau élevé de consommation. Pour parvenir à ce résultat, des moyens de production assez modiques suffisent et des conseils pour la bonne gestion de l'exploitation ne sont pas nécessaires. De fait, le producteur modifiant ses systèmes de production et d'exploitation en vue de répondre au mieux à ses besoins fondamentaux et donc d'améliorer son cadre de vie change à coup sûr son comportement dans le milieu. Si ces éléments du changement ne sont pas perçus comme porteurs d'espoir dans cette société alors, des freins de divers ordres sont mis en place pour décourager ce producteur".

Dans un tel contexte, l’impact du conseil à l’exploitation n’est pas neutre. Nous avons tenté d’approfondir ce point lors de la mission. Ce document étant un support à la réflexion, les divers acteurs en lien avec le PADSE pourraient, à l’avenir, approfondir les différents aspects mis en excergue avec les opérateurs du conseil à l’exploitation et des spécialistes des sciences humaines.

Nous avons noté que les producteurs ont établi une hiérarchisation dans l'utilisation des différents cahiers servant de supports aux outils du conseil à l’exploitation. Ils accordent successivement une priorité au cahier de caisse puis au cahier d'utilisation de la main-d’œuvre, à la fiche de stocks et enfin au cahier d'utilisation des intrants.

En analysant ce classement, on comprend mieux les comportements qui en découlent, lesquels varient si on est nouveau ou ancien dans le conseil à l’exploitation ou si on est un homme ou une femme. Des propos recueillis sur ce sujet lors de la mission figurent dans la seconde partie de ce rapport présentant les comptes rendus de terrain. Les témoignages cités ci-dessous nous sont apparus représentatifs de ce que nous avons entendu.

a) Propos d'un "nouveau membre" (membre d'un GIP de 2001)

« En faisant le conseil à l’exploitation, j'ai fini par comprendre que je gaspillais beaucoup d'argent. Je dépensais sans compter et je n'avais aucune idée de ce que je dépensais réellement. En enregistrant mes dépenses et recettes dans le cahier de caisse, j'ai compris qu'il me fallait réduire l'argent des condiments que je donnais à ma femme pour la préparation de la sauce. J'ai effectivement fait cette réduction, mais ma femme ne comprend pas ma logique et cela me crée

29 des problèmes avec elle. Elle est même allée me signaler à mes parents qui m'ont convoqué. J'ai rétorqué en disant que c'est parce que je fais désormais le conseil à l’exploitation …."

Ces propos montrent bien la confusion qui s'installe au niveau de certains adhérents des GIP, notamment au début de leur formation. Les objectifs du conseil à l’exploitation sont encore mal compris. En effet, en réduisant de façon inconsidérée le montant alloué à l'alimentation de la famille, l'exploitant a un raisonnement de rentabilité économique à court terme favorable à son exploitation mais, à long terme, défavorable à sa famille. Il pourrait même accroître les risques d'insécurité alimentaire et sanitaire des personnes qui vivent sous son toit.

b) Propos d'un "membre ancien" (membre d'un GIP de 2000)

"J'avais une dette à la CLCAM et je me demandais comment la rembourser et faire face à tous mes besoins. En adhérant au GIP pour le conseil à l’exploitation, j'ai compris que ma vie s'est transformée. Je suis devenu moi-même et je fais les choses en fonction de ce que je suis. Je ne vis plus au-dessus de mes moyens. Mais, pour comprendre tout cela, il faut bien sûr enregistrer toutes les dépenses et recettes dans les différents cahiers qui sont à notre disposition. La conséquence est que j'ai réduit de façon significative mes superficies cultivées pour ne plus utiliser la main-d'œuvre salariale. Cela m'a permis de mieux entretenir mon exploitation et d'augmenter considérablement mes rendements de coton et de maïs.

A la fin de la campagne 2000, j'ai remboursé ma dette. Au cours de cette campagne qui s'achève, j'ai essayé de construire une maison en banco afin de permettre aux plus grands de mes enfants d'avoir un peu plus d'espace et de liberté d'action. J'ai 3 femmes et 9 enfants (dont 6 vont à l'école et 3 m'accompagnent au champ). A la fin de cette campagne, alors que je ne dispose pas moi-même d'un moyen de déplacement, j'ai décidé d'acheter un vélo à l'aîné (qui m'accompagne au champ). Par ce geste, il est rassuré que tout le travail qui se fait dans l'exploitation vise à l'amélioration des conditions de vie de l'ensemble de la famille. Ayant aussi responsabilisé chacune des femmes dans la gestion du ménage, tout le monde se sent rassuré pour prendre de bonnes initiatives. Pour diversifier un peu nos sources de revenus, mes deux premiers fils ont reçu chacun de l'argent pour acheter des noix de cajou que nous allons stocker et revendre lorsque les prix seront élevés sur le marché… Je sais que beaucoup de choses restent à parfaire encore dans mon comportement, mais plusieurs personnes me demandent comment j'ai fait pour améliorer ma situation et créer une harmonie dans ma famille…"

Ce témoignage d’un membre plus ancien définit mieux le rôle du conseil à l’exploitation. On voit qu’il l’utilise à la fois pour son exploitation et pour sa famille.

c) Propos d'une femme (membre d'un GIP de 2000)

"Pour moi, si on doit suivre toutes les exigences du conseil à l’exploitation, on sera très mal vu par les autres dans le village. J'ai l'impression que le conseil à l’exploitation nous pousse à vivre comme les Blancs, c'est-à-dire à tout planifier, même la nourriture.

En effet, le jour de la Tabaski, sur la base de la prévision faite avec mon mari, j'ai préparé le repas qu'on devrait manger dans le ménage. Mais, alors que j'avais pratiquement fini de préparer dans la cuisine à l'arrière cour de la maison, j'ai entendu quelques amis et parents de mon mari qui étaient venus le saluer et manifester leur joie ce jour de fête des Musulmans. Ne voulant pas qu'on me surprenne à la cuisine avec le repas dont j'avais fini la préparation, je me suis dépêchée de cacher les casseroles et marmites contenant le repas déjà préparé. En effet, je m'étais dit qu'il ne fallait pas partager ce repas. S'il fallait le faire, ni les nouveaux venus, ni les membres de mon ménage ne pouvaient manger chacun à sa faim. Malgré la rapidité

30 avec laquelle j'ai réussi à agir dans la cuisine, je n'ai pas pu à en sortir avant que deux de ces nouveaux venus n'y entrent pour me saluer moi aussi.

J'ai certes réussi à cacher les casseroles et marmites, mais pas l'odeur de la bonne cuisine qui était pesante dans l'air…"

Ces propos semblent caractéristiques des membres de GIP concevant leurs projets (= comme le plan de campagne ou la gestion de leurs vivriers) sans suffisamment prendre en compte les réalités familiales et socio-culturelles. Ils priorisent la rentabilité financière de leur exploitation au détriment des relations sociales. En conséquence, ils sont perçus comme des avares…

A notre avis, le conseil à l’exploitation est un moyen, pas une fin en soi, surtout dans des sociétés africaines au départ très solidaires et qui connaissent aujourd’hui des éclatements des familles et voient naître des stratégies plus individualistes pouvant remettre en cause leur cohésion sociale.

Il ne doit être qu’un instrument pour mieux analyser le fonctionnement de son exploitation et trouver de bonnes solutions aux problèmes qui se posent à la fois en tant qu’exploitant, chef de famille, membre d'un village, membre d'une ou de plusieurs organisation (s) et citoyen d'un pays. Ainsi, les stratégies que définit l'exploitant pour mieux gérer son exploitation et améliorer ses conditions de vie ne doivent pas l'isoler de sa cellule familiale et de son milieu.

Au final, comme nous l’ont dit quelques membres de GIP rencontrés lors de la mission, pour trouver un équilibre entre l’intérêt individuel et l’intérêt collectif, le conseil à l’exploitation ne doit pas avoir pour objectif de dépenser moins (en particulier pour les dépenses sociales) mais de « mieux prévoir » et de « mieux dépenser » afin d’atteindre ses objectifs individuels et familiaux.

V.3 Nécessité de mieux comprendre le fonctionnement interne des exploitations familiales

On note une forte diversité des exploitations familiales du nord de l’Alibori au sud du Zou. Les unités de production, de consommation et d’accumulation sont en évolution dans ces sociétés humaines au départ très différentes. Ces points semblent mal connus de certains opérateurs du conseil à l’exploitation. Nous pensons qu’il leur faudrait mieux identifier leur public.

Dans le Sud, le conseil s’adresse plutôt à des individus relativement autonomes (cf. le « chacun pour soi » mentionné par une femme de Miniffi). Contrairement à la situation qui prévaut encore souvent dans les exploitations familiales européennes, chaque membre du ménage (du couple) a une gestion séparée de ses ressources financières. Ainsi, si un homme et une femme d’un même ménage adhèrent à des groupes GIP, leurs stratégies ne seront pas forcément convergentes (ce qui ne veut pas dire qu’elles seront antagonistes).

Dans le Borgou, la grande famille traditionnelle (avec un champ collectif et des champs individuels des dépendants, etc…) évolue rapidement mais les solidarités et interactions resteraient assez fortes (cf. § V.2), que ce soit pour la gestion du foncier, des équipements, des stocks vivriers, etc… Dans ce contexte, il est important de prendre en compte l’impact du conseil sur les autres membres de la famille. Ainsi, en voulant accroître ses marges par culture, un membre de GIP peut réduire sa main-d’œuvre salariée et inciter les membres de sa famille à travailler dans ses parcelles. Ce faisant, il peut induire une diminution des activités et ressources individuelles de ces membres et, au final, le bilan ne sera pas forcément positif pour la famille…

31 V.4 Réflexion sur les outils utilisés dans le conseil à l’exploitation testé avec l’appui du PADSE

1. Utilité limitée du Bilan comptable pour les petites exploitations très majoritaires dans les GIP appuyés par le PADSE

Dans les 3 sous-préfectures où opèrent des ONG recevant l’appui de la CAGEA, les données permettant de constituer le Bilan de départ sont collectées dès les premières séances de formation. On reconstitue ainsi par différence les capitaux propres de l’exploitant. Nous comprenons l’intérêt de constituer avec l’exploitant un inventaire de ses facteurs de production mais il ne nous paraît pas opportun de tout chiffrer et d’aller jusqu’à un Bilan complet alors qu’il y a tant d’incertitudes sur les données collectées.

Cette démarche revient à fouiller dans l’intimité de l’exploitant alors que la confiance entre lui et son conseiller n’est pas forcément établie. De plus, les éléments d’appréciation de l’actif et du passif de petites exploitations familiales ayant une faible capitalisation sont très difficiles à collecter et souvent trop imprécises.

• L’appréciation de la valeur du foncier soulève les incertitudes suivantes :

- A-t-on réellement mesuré les surfaces des parcelles et, si oui, comment ?

- A-t-on pris en compte les seules terres exploitées (= cultivées en cultures annuelles ou portant des plantations) ou ces terres plus les réserves de terres pouvant appartenir en propre au membre du GIP ou à sa grande famille ?

- Retient-on le droit traditionnel dans lequel la terre ne se vend pas ou le droit moderne avec un prix des terres ayant peu de sens dans la majorité des zones des Collines ou du Borgou/Alibori ?

- Quelle valeur retenir pour les plantations d’anacardiers, de manguiers et pour les nérés, les karités, etc. qui se trouvent sur les parcelles des producteurs des Collines et ceux du Borgou/Alibori ? (dans le Zou, il s’agira de palmiers à huile, de palmiers vignobles ou d’agrumes).

- A Banté, pour estimer la valeur des terres, le conseiller du GRAPAD n’a pas pris en compte leur valeur de vente mais a calculé le travail de défriche et d’aménagement réalisé pour permettre la mise en culture annuelle. Nous comprenons cela pour la première défriche mais, ensuite, comment prendre en compte le fait qu’une terre vierge pouvant être cultivée en igname (culture donnant la meilleure marge par hectare) a plus de valeur qu’une terre défrichée depuis longtemps et « fatiguée » ? 16

NB : Une équipe du KIT a, dans les années 90, évalué que 40 % des revenus des paysans des zones cotonnières maliennes provenait de l’écrémage de la fertilité du sol. Ce fait domine dans le Zou/Collines et le Borgou/Alibori car les pratiques des paysans sont rarement celles d’une agriculture durable… Comment les opérateurs du conseil en contrat avec le PADSE prennent-ils cela en compte dans les Bilans comptables que confectionnent leurs conseillers ?

• L’appréciation de l’amortissement du matériel est un exercice qui semble bien compris des producteurs membres des GIP rencontrés mais il faut être prudent pour les chiffres retenus, la durée de vie du matériel de culture attelée étant souvent très longue et il suffit souvent de faire prendre conscience aux producteurs de la nécessité de mettre de côté une « provision pour remplacement des pièces d’usure essentielles ».

16 Quand les paysans évoquent le « manque de terres », ils veulent souvent dire le manque de terres vierges et fertiles…

32 • L’appréciation de la valeur des greniers traditionnels essentiellement construits à base d’investissements humains pendant les périodes de temps mort du calendrier cultural n’est pas évidente.

• L’appréciation de la valeur des stocks de vivriers est indispensable mais complexe. Tout d’abord, il n’est pas simple d’apprécier la quantité, surtout s’il s’agit de céréales stockées en épis ou de semenceaux ou tubercules d’igname et de manioc stockés au champ. De plus, quelle valeur retenir ? La valeur de vente ou la valeur à partir d’un coût estimé de production ?

NB : A Banté, lors de la constitution du Bilan de départ, certains membres des 2 GIP ont oublié de prendre en compte leurs semenceaux d’igname ; d’autres ont retenu la valeur de vente de leurs céréales à la date de l’inventaire (formule la plus cohérente) alors que le conseiller, souhaitant respecter les règles comptables, a cherché à calculer un prix de revient bien hypothétique car, au démarrage, cela paraît impossible sans collecte préalable des données.

Pour les denrées stockées, doit-on déduire les possibles pertes avant commercialisation et/ou consommation familiale ?

• La collecte des données concernant les créances et dettes familiales ou vis à vis d’amis ou encore d’usuriers n’est pas simple. Il faut qu’une grande confiance s’instaure entre le conseiller et le producteur pour que celui-ci accepte de se livrer...

Du fait des éléments énumérés ci-dessus, nous pensons qu’il serait préférable que les nouveaux opérateurs travaillant avec l’appui de la CAGEA imitent la CADG et ne commencent pas par un inventaire comptable ayant pour but de confectionner un Bilan de départ.

Une exception pourrait cependant être faite pour les exploitations présentant une capitalisation significative (par exemple, la catégorie « K » définie dans la typologie établie avec l’appui de Jérôme Pigé et des DPSE des CARDER Zou/Collines et Borgou/Alibori et les agro-éleveurs très équipés). Selon les données collectées par les conseillers CADG et analysées en fin février 2002, cela ne concernerait que 4 exploitations sur 490 (cf. tableau du § III.2.). En fait, il y en aurait probablement 20 ou 30 si on prenait en compte les agro-éleveurs non peulhs bien équipés en traction animale (plusieurs paires de boeufs et chaînes complètes, charrette) et possédant plus de 20 têtes de bovins.

2. Priorité au calcul de la marge brute, de la rémunération du travail et du prix de revient

Comme mentionné dans le plan de formation CADG (cf. § III.3), la première synthèse des données collectées proposée par le plan de formation de la CADG est le compte d’exploitation et non le calcul des marges par culture. L’étude de celles-ci est proposée après l’étude des outils prévisionnels (plan prévisionnel de campagne et compte prévisionnel de résultat).

La connaissance des marges brutes par culture est pourtant le premier indicateur choisi par les membres des GIP pour faire le point sur la campagne passée et prévoir leur assolement de la campagne à venir.

La progression pédagogique utilisée par le conseiller CADG de Kandi nous semble plus pragmatique. Après un inventaire assez simple, les 4 outils de collectes de données ont été enseignés puis les membres des GIP calculeront les marges brutes des différentes cultures afin de les comparer entre elles (comparaison des marges des cultures au sein d’une même exploitation et comparaison des marges entre plusieurs membres pour la même culture).

33

Dans le Zou/Collines, nous avons aussi noté que des membres de GIP avaient commencé à faire des calculs de marge brute par culture sans attendre la formation relative à ce thème. Ils souhaitent utiliser cet indicateur pour le choix des cultures de la prochaine campagne.

Comme l’a parfois fait la CADG, nous proposons de systématiser l’usage du calcul de la rémunération de la journée de travail par culture (travail total puis travail familial - 0n divise la marge brute par le nombre de journées de travail). Dans de petites exploitations où le travail familial est le facteur de production essentiel et où l’accès au crédit pour financer la main d’œuvre salariée est souvent difficile, les actifs familiaux ont souvent intérêt à choisir des combinaisons de production permettant d’optimiser la rémunération du travail familial.

Les 2 membres du GIP n°2 de Kandi appartenant aussi à un GF féminin ont aussi souhaité qu’à partir des données qu’elles ont collectées, le conseiller les aide à calculer le prix de revient du riz paddy qu’elles produisent individuellement puis du riz blanc qu’elles produisent collectivement grâce à la décortiqueuse du GF.

3. Outils de gestion prévisionnelle et prise en compte des risques

Les risques sont très importants dans les agricultures familiales des zones d’intervention du PADSE (cf. véritable traumatisme vécu à Glazoué, Savalou et Dassa suite à une campagne agricole 2001 encore plus catastrophique que la précédente).

Les incertitudes climatiques, parasitaires et celles liées au prix très fluctuant des produits doivent entraîner une grande prudence17 dans les conseils prodigués. L’élaboration du plan prévisionnel de campagne devrait prendre en compte un ensemble de facteurs dont les risques climatiques et économiques, la sécurité alimentaire, la gestion de la fertilité des sols, des objectifs familiaux plus qualitatifs, … Il ne suffit donc pas de baser le raisonnement sur des objectifs quantitatifs à atteindre lors de la prochaines campagne (comme le tonnage en coton ou en céréales…).

Signalons également qu’une des caractéristiques essentielles des petites agricultures familiales est qu’elles privilégient leur reproduction plutôt que l’optimisation des profits. En conséquence, ce n’est pas parce que la marge du maïs ressort en tête une année qu’il faut tout mettre en maïs…(Trop d’agriculteurs seront tentés d’augmenter leurs superficies de cette culture et les prix chuteront…). Le conseiller doit aider les membres des GIP à évaluer les tendances en prenant en compte plusieurs campagnes et les évolutions du marché.

Ainsi, si l’augmentation des prix des cossettes d’igname ou de manioc constatée à Tchaourou ou à Ouessé en début 2002 est essentiellement due à un incident climatique au Nigéria, il ne faut pas augmenter les surfaces de ces tubercules. Par contre, s’il s’agit d’une demande structurelle comme dans les années 80, il faudrait les accroître en restant cependant sensible à l’évolution du contexte socio-économique du Nigéria.

17 Cf. deux adages souvent utilisés par les paysans français pour évoquer la gestion de leur exploitation et le rôle des conseillers : « Il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier » et « Les conseilleurs ne sont pas les payeurs ».

34 4. Autres outils (ou formations) utiles pour la gestion des petites exploitations béninoises

Vu les informations et demandes paysannes recueillies lors de la mission auprès des membres des GIP, nous proposons que les opérateurs puissent mettre au point quelques outils ou modules de formation technico-économiques comme, par exemple :

• Un outil spécifique pour la gestion du vivrier et la sécurité alimentaire. La fiche de stock actuellement utilisée par la CADG évoque certes ce point en aval (gestion des quantités stockées) mais peu en amont (produire assez de vivriers pour faire face aux besoins de trésorerie et aux besoins alimentaires quantitatifs et qualitatifs de la famille).

Prenons l’exemple de Banikoara pour illustrer ce point : Dans l’un des 2 GIP, la culture du coton occupe en moyenne plus de 58 % des surfaces annuellement cultivées. Vu leurs surfaces réduites en céréales, de nombreux membres se retrouvent en situation délicate dès que le moindre problème survient. Ainsi, cette année, vu les graves retards de paiement du coton par la CSPR dans cette sous-préfecture18, de nombreux paysans (dont des membres des GIP) doivent, pour disposer de liquidités, vendre des céréales alors qu’ils savent qu’il leur faudra en racheter à un prix supérieur dès que l’argent du coton sera versé… Les membres des GIP de Banikoara admettent aussi avoir réduit leurs surfaces en légumineuses (niébé et arachide) alors que celles-ci sont très utiles pour l’équilibre des repas, en particulier pour les enfants.

Pour aider les familles paysannes des membres de GIP de Banikoara à mieux gérer leur sécurité alimentaire, il nous semble nécessaire d’intervenir à deux niveaux complémentaires : le plan prévisionnel de campagne et la gestion des stocks.

La démarche proposée serait de partir des bouches à nourrir, des besoins quantitatifs et qualitatifs par personne présente (nécessité de formations en nutrition ?), des rendements possibles des principales cultures vivrières (prendre une large marge de sécurité), des possibles pertes au stockage, des dons et des imprévus (problème fréquent dans les agricultures paysannes où les vivriers vendus pour un besoin monétaire urgent sont parfois rachetés à un prix double à la soudure…). Tous ces éléments doivent permettre à la famille paysanne de déterminer les surfaces souhaitables par culture vivrière.

Pour aider les membres des GIP à mieux gérer leur sécurité alimentaire19, il est possible que les opérateurs apportent des compléments aux outils existants (plan de campagne et fiche de stock). Dans les zones où les membres ressentent ce problème avec acuité, il est aussi possible de créer un outil spécifique.

• Un outil axé sur la gestion de la fertilité à l’échelle des parcelles. Un conseil à l’exploitation qui ne prenne pas en compte ce point à l’échelle de l’exploitation serait, à terme, voué à l’échec.

Les aspects durabilité de l’agriculture sont actuellement assez peu évoqués dans le conseil à l’exploitation testé dans les zones du PADSE. Les responsables de la CADG sont très conscients de ce problème et le signalent en première position (avant l’accès au financement

18 Le 9 mars, aucune décade n’avait été versée dans la sous-préfecture de Banikoara alors que les premières livraisons de coton ont été réalisées dès début janvier. La CRSP a donc 2 mois de retard…

19 Certaines familles paysannes peuvent ne pas juger essentiels d’être autonomes sur le plan alimentaire. Elles peuvent, par exemple, estimer que la vente de bovins ou des revenus d’activités non agricoles leur permettront d’acheter les vivriers manquant. Toutefois, la typologie réalisée par la CADG et nos rencontres de terrain avec les membres des GIP montrent que les petites exploitations dominent et sont certainement préoccupées par la sécurité alimentaire familiale.

35 qui constitue une autre difficulté majeure) dans le document20 qu’ils ont conçu pour l’atelier de Bohicon sur le conseil à l’exploitation (cf. § 1.5 – Questions en suspens).

On sait que, dans les zones cotonnières du Zou/Collines et du Borgou/Alibori, une bonne part des marges annuelles dégagées par hectare de culture annuelle provient de l’écrémage de la fertilité des sols (cf. calcul du KIT mentionné au § V5.1). L’incidence de la déforestation et des pratiques paysannes actuelles au niveau des parcelles se conjugent pour entraîner des dégradations de la ressource essentielle et la plus rare : le sol.

Tout conseil à l’exploitation ne prenant pas en compte ce facteur clef privilégie l’individu (qui cherche à accroître ses revenus de manière non durable) sur le groupe et le présent sur le futur. Il existe pourtant des outils de gestion technico-économique permettant d’agir à ce niveau : bilans humique et minéral simplifiés21, association agriculture-élevage avec des plantes fourragères et utilisation du fumier, recyclage de la biomasse, billons en courbe de niveaux et ouvrages antiérosifs, agro-foresterie, utilisation de légumineuses dans les rotations comme plantes de couvertures et/ou aliments du bétail. Quelques outils de ce type ont été présentés à l’atelier de Bohicon en novembre 2001 par des équipes travaillant dans les zones cotonnières maliennes et burkinabées.

Nous avons noté lors de la mission qu’il serait judicieux de s’inspirer des pratiques de gestion de la fertilité de certains membres des GIP qui pourraient faire bénéficier leurs collègues de leurs acquis en la matière.

Pour mieux gérer la fertilité au niveau des parcelles, nous proposons un outil nouveau, un document par parcelle utilisable pendant plusieurs campagnes et récapitulant les caractéristiques de la parcelle et les pratiques réalisées dans cette parcelle :

- Principales caractéristiques du sol, indicateurs de fertilité liés à la végétation naturelle, risques d’érosion, etc…, le tout étant mentionné sur un plan de la parcelle. - histoire culturale : date de défriche, succession de cultures, brûlis ou non de la biomasse et/ou pratiques conservatrices vis à vis de l’érosion et lutte anti-érosive … - principaux apports minéraux et organiques et principales exportations par les cultures.

Ceci peut paraître ambitieux22 mais il nous semble que les membres des GIP devraient être en pointe sur ce problème crucial et ne plus appliquer des fumures minérales sans connaître les carences de leurs sols, les besoins et exportations de leurs différentes espèces cultivées et la composition des engrais chimiques qui leur sont vendus à des prix de plus en plus élevés.

20 Voici un passage de ce document de la CADG : « Aujourd’hui, le problème à résoudre est celui d’une meilleure productivité de l’agriculture dans l’optique d’une utilisation plus rationnelle des ressources naturelles comme la terre (fertilité, érosion, maîtrise de l’eau) ».

21 Le document réalisé en 1995 par G. Raymond, V. Beauval et all suite à une étude MDR/SONAPRA/AFD sur les perspectives de la production cotonnière béninoise comporte un bilan minéral et organique simple réalisé pour une rotation coton-maïs à partir de données INRAB et Piéri (fertilité des zones de savannes – CIRAD – 1989). L’objectif n’est pas d’atteindre une précision mathématique mais de comprendre les principes et de percevoir les évolutions.

22 Les bilans organiques et minéraux sont, par exemple, enseignés aux jeunes agriculteurs français depuis environ 40 ans et une bonne partie d’entre eux font des analyses de sol périodiques pour acheter des engrais chimiques plus adaptés. Il est décourageant de constater qu’après plus de 30 ans d’utilisation intensive des engrais dans les zones cotonnières d’Afrique de l’Ouest, la grande majorité des paysans parlent toujours d’engrais complet sans différencier le N, le P et le K et sans savoir que le fumier ou les résidus végétaux contiennent les éléments N, P et K qu’ils achètent si cher. Parallèlement, les techniques évoluent continuellement dans les agricultures du Nord et de grandes exploitations utilisent des logiciels par parcelle avec application d’engrais ciblée grâce à de fréquentes analyses de sol et à des GPS équipants les tracteurs. L’accroissement du fossé technologique entre les agricultures du Nord et celles de l’Afrique est très inquiétante…

36

La conception de cet outil et des formations permettant sa mise en œuvre au sein des GIP supposerait une collaboration étroite des opérateurs avec les spécialistes RD-INRAB ou des ONG travaillant sur ces mêmes sujets.

• Des formations concernant les bonnes pratiques d’utilisation des produits phyto- sanitaires, en particulier pour réduire les problèmes induits au niveau de la santé humaine et qui seraient assez fréquents dans les zones cotonnières du Bénin. Dans les zones où ces problèmes se posent avec acuité (cf. Banikoaara), la CELCOR pourrait mobiliser des spécialistes de la SPVCP et/ou de la CRA-CF ainsi que des services de santé pour identifier les bonnes pratiques et concevoir des modules de formation destinés aux membres des GIP et, plus largement, aux OP.

L’animation des modules techniques ou technico-économiques trop complexes ne pourrait être réalisé par les conseillers de gestion. Il leur faudra établir des partenariats avec des personnes ressources bien identifiées de la recherche, des CARDER, des ONG ou des agriculteurs-expérimentateurs dont l’expérience est reconnue. Le conseiller serait ainsi au centre d’un réseau permettant de satisfaire les demandes d’appui de ses GIP. Un budget spécifique devrait lui permettre de mobiliser ces personnes ressources (cf. § VI.5).

5. Autres éléments d’aide à la décision

Il faudrait aider les producteurs membres des GIP à mieux prendre en compte :

- les interactions économiques entre cultures : le coton servant par exemple à acquérir à crédit les engrais utilisables sur le maïs et sur le riz ; les ventes de la culture de niébé ou d’arachide de première saison pouvant servir à financer les travaux de la culture de seconde saison, etc.,

- les « arrières effets » technico-économiques de certains intrants comme les engrais coton qui induisent un meilleur rendement pour le maïs qui suit,

- les intérêts agronomiques des rotations et les méfaits de certaines monocultures,

- l’intérêt de certaines associations de culture pour réduire les risques climatiques et sanitaires (cf. association manioc, maïs et niébé du sud Zou),

- Les risques liés à des pointes de travaux excessives (par exemple si on met en place une superficie trop grande en igname alors que l’on ne peut trouver de main-d’œuvre salariée à une époque où celle-ci est mobilisée par la récolte du coton),

- etc.

6. L’ordinateur n’est qu’un outil et il faut tester son utilité

La stratégie de traitement par ordinateur par le conseiller de l’ensemble des données issues des 4 cahiers d’enregistrement tenus par les membres semble retenue par tous les opérateurs travaillant en contrat avec le PADSE. Les investissements n’ont pas été excessifs, les conseillers CADG ne disposant, par exemple, que d’un portable pour deux. Nous signalons cependant qu’il s’agit d’un outil fragile.

37 Ces ordinateurs seront utiles pour analyser les principales caractéristiques des exploitations des 50 membres des GIP de chaque sous-préfecture, présenter les marges par culture des membres des GIP, leurs prix de revient, etc… Ces données synthétiques pourront être très utiles aux OP dans le cadre de négociations de politique agricole (ce point a été souligné par le président de l’USPP de Banikoara et par les présidents des 2 GIP qui ne comprennent pas que les représentants des paysans partent aux réunions avec les partenaires de la filière coton sans éléments économiques).

Par contre, nous pensons que l’ordinateur ne doit pas être systématiquement utilisé pour le traitement des données individuelles des membres (analyse des flux mensuels de trésorerie ou production de documents comptables annuels classiques) et ce pour les raisons suivantes :

- Des agriculteurs dont le chiffre d’affaire annuel moyen ne dépasse actuellement pas 800.000 Fcfa (cf. analyse CADG pour les membres des GIP créés en 2000) ne pourront pas financer un conseiller équipé d’un portable et, si on ne les a pas appris à analyser eux-mêmes leurs données, le conseil à l’exploitation s’arrêtera à la fin du PADSE !

- Le temps nécessaire pour la saisie dans l’ordinateur les nombreuses écritures des cahiers de caisse23 ou de main-d’œuvre de chaque membre sera très important et ce temps de bureau pourrait réduire fortement les activités de formation et de suivi individuel des membres. De ce fait, un conseiller devant réaliser ce travail fastidieux ne pourra probablement suivre que 2 GIP soit, au total, 40 à 50 agriculteurs alors que celui qui n’aurait pas cette lourde charge pourrait former et conseiller probablement 4 GIP soit 80 à 100 membres. En clair, le coût par membre du GIP ne sera pas réduit par l’utilisation de l’ordinateur pour le traitement des données individuelles. Nous craignons plutôt le contraire et il s’agit là d’une contrainte majeure pour le développement de formules de conseil à l’exploitation adaptées aux petites exploitations du Zou/Collines et du Borgou/Alibori.

- Le travail du conseiller deviendrait plus « bureaucratique et comptable » alors que la demande des producteurs est d’associer le conseil technique au conseil économique.

- Une saisie puis un traitement tardif des données pourrait se traduire par une remise des résultats alors que la campagne suivante est largement engagée (cas fréquent en France avant l’arrivée des ordinateurs individuels dans les exploitations et cela limitait fortement l’utilisation des données pour la gestion des exploitations car les données économiques de la campagne n n’étaient pas facilement utilisables pour la campagne n+2).

- Fait à prendre également en compte, l’ordinateur rend les membres du GIP plus dépendant de l’opérateur et ce n’est pas l’objectif visé par le PADSE qui cherche à renforcer les capacités paysannes. Nous avons d’ailleurs remarqué que plusieurs membres de GIP créés en 2000 (cf. GIP 1 de Djidja) avaient été heureux d’être parvenus, avec l’appui de leur conseiller CADG, à analyser manuellement les données de la campagne précédente.

Un large débat sur ce thème a eu lieu avec les opérateurs au siège du PADSE en fin de mission. Ceux-ci ont évoqué la motivation des conseillers pour l’utilisation d’un ordinateur (cela est valorisant pour eux). Ils ont également mentionné l’intérêt de tester une formule

23 Comme il n’y a pas distinction des dépenses et recettes de l’exploitation de celles liées à la famille, toutes les entrées et sorties d’argent sont notées dans le cahier de caisse. Des membres des GIP estiment cela très lourd et, après une année permettant d’évaluer les dépenses familiales et personnelles, il serait souhaitable que le cahier de caisse soit essentiellement celui de l’exploitation (avec une caisse spécifique pour les autres dépenses et un « virement » hebdomadaire de l’exploitant à cette caisse ?). La CAGEA aurait déjà testée cette formule.

38 impliquant une secrétaire (et non le conseiller) pour la saisie des données individuelles des membres (à vérifier si ce sera possible lorsque les cahiers ne seront pas impeccablement remplis).

Nous avons suggéré qu’une analyse économique fine du coût par membre de GIP de la saisie et du traitement informatique soit réalisée. Nous avons également insisté sur la nécessité de bien former les membres à l’analyse de leurs données (cette priorité étant déjà effective pour plusieurs conseillers de la CADG).

VI. Perspectives

VI.1. Etendre le conseil aux paysans et paysannes bien alphabétisés

Cette extension est fortement demandée par les responsables d’USPP rencontrés qui proposent que les personnes ayant bénéficié les premiers du volet conseil à l’exploitation du PADSE soient largement mises à contribution pour restituer les formations dans leurs villages.

Dans les villages des 4 départements comprenant de nombreuses personnes ayant atteint le niveau post-alphabétisation, la promotion de formules simples de conseil à l’exploitation peut constituer à la fois une très bonne formule pour consolider la post-alphabétisation et un levier de développement individuel et collectif. Cette extension à l’attention des « néo-alphabètes » pourrait impliquer :

ƒ Une réflexion sur les outils de gestion utilisables pour les milliers d’alphabétisées ayant atteint les niveaux 1 et 2 de post alphabétisation et ayant dans ce cadre déjà reçu, de la part du GEFAD, quelques formations en gestion économique (cf. annexe 6). En lien avec la typologie du PADSE, ces outils à destination des personnes travaillant en langues ne comporteraient peut-être pas le bilan, le compte de résultat mais seraient axés sur la maîtrise des cahiers d’enregistrement, le calcul de la marge brute et de la rémunération du travail et quelques éléments de gestion prévisionnelle (à débattre avec les intéressés et les opérateurs).

ƒ Une traduction de ces outils avec les membres des GIP par les maîtres alphabétiseurs membres de GIP et les conseillers de gestion maîtrisant bien la ou les langues nationales de leur zone (cela a déjà été réalisé dans plusieurs GIP CADG). A l’image des documents de commercialisation du coton ou des intrants, ces documents pourraient comporter deux langues (français et une langue nationale). Le GEFAD et DERANA assureraient la diffusion de ces documents dans le cadre de la post-alphabétisation.

ƒ Une identification des membres des GIP présentant le profil suivant et pouvant devenir « inititiateur » en conseil d’exploitation :

- une bonne maîtrise de l’alphabétisation (de nombreux membres des GIP sont dans ce cas),

- une bonne maîtrise des outils de gestion retenus,

- une bonne gestion de leur exploitation,

- des qualités d’écoute et de discrétion.

ƒ La définition par les OP du mode d’indemnisation de ces « initiateurs en conseil d’exploitation » (avec un nécessaire appui financier du PADSE).

39 ƒ Le suivi et la formation de ces « initiateurs en conseil d’exploitation » par l’opérateur du PADSE travaillant en contrat avec l’USPP ayant souhaitée tester cette formule.

ƒ L’appui technique à ces « initiateurs en conseil d’exploitation » par les équipes de recherche-développement, des CARDER et d’ONG intervenant ou non dans la sous- préfecture.

L’extension pourrait également se poursuivre en français dans les villages où le nombre de paysans et paysannes ayant dépassé le niveau CM2 est important.

VI.2. Quelle implication et participation financière future des membres des GIP et des OP ?

Les responsables d’OP et les membres des GIP sont très attachés à la poursuite du volet conseil à l’exploitation. Ils souhaitent s’impliquer davantage dans sa gestion concrète (maîtrise d’œuvre déléguée comme le propose la CELCOR pour le volet LEC ?) mais ils ne font pas encore les efforts financiers nécessaires. Vu la jeunesse de l’expérience commencée il y a moins de 2 ans et la nécessité de prouver les intérêts de cette forme de conseil pour les membres des GIP et leurs OP, la situation actuelle est compréhensible.

Il est néanmoins souhaitable qu’elle évolue assez rapidement et les membres de la mission ont largement insisté sur ce point lors de leurs visites de terrain en évoquant le risque que le volet conseil à l’exploitation soit jugé trop coûteux et ne soit pas renouvelé lors d’une phase ultérieure du PADSE. Cela a engendré une prise de conscience et les réactions ont généralement été positives (comme l’indique un adage populaire commun aux populations des zones du PADSE, il faut d’abord monter sa charge jusqu’à ses genoux avant de demander de l’aide pour la porter sur sa tête).

* Pour une implication plus active des OP dans la gestion du volet conseil à l’exploitation du PADSE, les idées suivantes se sont dégagées suite aux rencontres avec des membres du CA des 2 UDP et des USPP des zones d’intervention du PADSE :

1. désigner au sein du CA de l’USPP un responsable chargé du suivi des activités des GIP dans les USPP qui n’ont pas encore pris cette disposition,

2. inscrire le conseil à l’exploitation dans le programme de formation de l’USPP,

3. informer le gérant et le président de l’USPP des calendriers des sessions de formation des GIP et les inviter à l’ouverture et à la clôture puis transmettre à l’USPP les comptes rendus écrits après chaque session de formation,

4. tester une formule permettant à l’USPP de mieux gérer l’opérateur en conseil à l’exploitation retenu par le PADSE (cf. formule de maîtrise d’œuvre déléguée proposée par la CELCOR à l’USPP de Ndali pour le volet LEC),

5. pouvoir utiliser les références technico-économiques des membres des GIP (en préservant l’anonymat) pour diffusion par l’USPP auprès des autres producteurs de la sous-préfecture et négociation des prix aux producteurs du coton-graine.

* Pour obtenir une participation financière plus significative des OP, nous faisons également les propositions suivantes :

40 1. Signature par chaque membre d’un GIP d’un engagement dès le départ (cf. formule adoptée par l’USPP de Tchaourou) avec, si possible, versement d’un droit d’adhésion, même minime, pour marquer l’aspect volontaire de la démarche.

2. Après 1 an d’expérience, nous suggérons que chaque membre verse au GIP une somme permettant au minimum l’achat de ses cahiers et la prise en charge de ses frais de restauration lors des formations (des apports en nature étant possibles pour la restauration).

NB : Le conseil à l’exploitation mis en œuvre actuellement au Bénin profitant plus aux membres des GIP qu’à leurs OP, il serait souhaitable que le total des contributions de ces membres soit supérieur à la contribution versée par l’USPP au PADSE pour le volet conseil à l’exploitation.

3. Une négociation entre l’USPP et les GV concernés devrait préciser le niveau d’engagement du GV, le tout étant d’aboutir à ce que, sauf manquement grave de l’opérateur, la participation financière prévue dans le contrat avec le PADSE soit honorée à la date prévue. En cas de retards de paiement, un avertissement serait adressée par le PADSE et le conseiller pourrait être retiré dans les 6 mois suivant l’échéance (l’opérateur, qui n’est pas responsable de cette situation, ne devant pas être pénalisé).

4. A l’issue des 3 ans, une attestation payante pourrait être délivrée aux membres ayant suivi avec régularité les sessions et ayant atteint les objectifs pédagogiques fixés pour chacun des niveaux du plan de formation retenu par les OP en concertation avec l’opérateur.

En contrepartie de sa participation financière, l’USPP demanderait aux GIP et à l’opérateur une exploitation collective des données agrégées et la production de « références technico- économiques » utiles à tous les membres des organisations paysannes de la sous-préfecture.

VI.3. Nécessité d’une meilleure articulation entre le volet conseil et les autres volets du PADSE

1. Gestion de l’exploitation et volet RD

Diverses techniques présentées dans le § I.2 et dans l’annexe 4 sont actuellement testées dans des exploitations du nord du Zou/Collines et de l’Alibori par les 2 équipes RD en contrat avec le PADSE. Les thèmes sont proposés dans les comités régionaux de recherche-développement (CRRD) par les chercheurs et rarement par les producteurs (dans les textes de la RD Savé, on reste dans une démarche où les producteurs sont des « bénéficiaires ». Les chercheurs leur « transfèrent des connaissances »).

Les OP ne seraient pas encore assez associées à ces CRRD. Ainsi, le bilan à mi-parcours du projet PROCOCA réalisé en novembre 2001 par Marie Rose Mercoiret, Florentin et Patrick Delmas précise à ce sujet : « Peu (ou pas) d’articulations semblent exister entre la recherche-développement (volet du PADSE) et les initiatives des organisations paysannes du Zou/Collines en matière d’amélioration des techniques culturales ».

Les thèmes des équipes RD sont probablement pertinents mais la démarche pourrait être améliorée si les chercheurs prenaient mieux en compte les logiques paysannes (en lien avec la typologie des exploitations réalisée par le PADSE) et les capacités endogènes d’innovation des producteurs.

41 Ainsi, une agro-foresterie paysanne s’est développée depuis une vingtaine d’année et on compterait entre 60.000 et 100.000 ha d’anacarderaie plus ou moins dense pour l’ensemble du Bénin. Ces plantations d’anacarde n’ont bénéficié que de très peu d’appuis techniques et financiers (Les structures d’Etat négligeant dans un premier temps cette initiative paysanne). L’anacarde constituerait pourtant aujourd’hui le second poste dans les exportations agricoles du Bénin (plus de 37.000 tonnes de noix exportées en 2001).

Plutôt que de relever cette performance paysanne, de chercher à mieux l’analyser et à l’accompagner, les textes produits par la RD Savé en montrent surtout les défaillances et les « déviances » par rapport à une plantation fruitière classique. Ces textes et les améliorations proposées seraient plus crédibles si les logiques paysannes et les aspects économiques étaient mieux pris en compte, les chercheurs ne se limitant pas à la seule productivité technique.

Ainsi, la majorité des chercheurs ne calculent pas encore l’impact sur la productivité du travail des innovations qu’ils proposent24 (certaines innovations peuvent induire une hausse des rendements par hectare mais un tel surcroît de travail qu’elles ne seront pas adoptées par les paysans).

Lors de la conception du PADSE, il était pourtant prévu un lien fort entre le volet RD et le volet conseil à l’exploitation afin de tester avec les producteurs des innovations répondant à leurs problèmes et économiquement viables.

Nous estimons que le lien entre le volet conseil à l’exploitation et le volet RD doit être amplifié pour évaluer la pertinence économique des innovations proposées par la recherche. Il faudrait définir des protocoles technico-économiques (et non seulement techniques) pouvant être testés chez des paysans-expérimentateurs membres des GIP. Dans les 7 USPP concernées à la fois par les volets RD et le volet conseil à l’exploitation, cela supposerait une réflexion approfondie entre les responsables de l’USPP (qui, à terme, devraient définir la cohérence globale des interventions dans leur sous-préfecture), les bureaux des GIP, le conseiller de gestion et les techniciens des équipes RD.

Il pourrait s’agir d’une conditionnalité pour les futures conventions signées entre les équipes RD, les USPP concernées, l’opérateur en conseil et le PADSE.

Nous proposons également que les agents de la RD fassent des suivis technico-économiques auprès de producteurs membres de GIP mettant déjà en œuvre des innovations significatives (cf. modes de gestion de la fumure organique et de la fertilité des sols pratiqués par certains membres des GIP de Banikoara).

2. Gestion de l’exploitation et volet LEC

Les producteurs testant la LEC rencontrés lors de la mission ont mentionné l’intérêt d’une connaissance détaillée des insectes parasitant le coton et des produits adaptés au seuil d’infestation et aux insectes auxiliaires présents. Ils ont parfois mentionné des difficultés de collaboration entre eux et le technicien de la LEC (certains étant peu motivés ou peu à l’écoute des producteurs).

24 Le document « Evaluation socio-économique de quelques technologies de gestion de la fertilité des sols au Nord du Bénin » (CRA Nord – E. Alohou et B. Wennink – Novembre 2001) est, à ce titre, un excellent exemple de ce qui pourrait être fait dans tous les sites RD financés par le PADSE. Une collaboration du PADSE et de la CADG avec ces 2 chercheurs serait souhaitable.

42 Les propositions faites dans le paragraphe précédent pour le volet RD concernent aussi le volet LEC. Celui-ci a peu d’avenir si sa pertinence économique dans les parcelles paysannes n’est pas solidement prouvée.

La communication faite par la CADG lors de l’atelier de Bohicon consacré à la LEC en janvier 2002 montre d’ailleurs que le coût/ha des insecticides utilisés pour la LEC est parfois supérieur à ceux du programme classique de traitement (cf. suivi technico-économique de membres de GIP pratiquant ou non la LEC à Banikoara lors de la campagne 2001).

Une collaboration entre le volet conseil à l’exploitation et le volet LEC est indispensable dans les 4 sous-préfectures où ils se côtoient (Banikoara, Nikki, Dassa et Djidja).

Pour approfondir ce thème, il ne faut pas, comme cela a été demandé à la CADG lors de la campagne précédente, comparer des producteurs faisant la LEC et d’autres ne la pratiquant pas (il n’y a pas n-1 facteurs constants et les interprétations des données sont impossibles).

Il faudrait que les GIP motivés par ce sujet désignent des membres souhaitant expérimenter dans une même parcelle de coton, la moitié en programme classique et l’autre moitié en programme LEC (toute chose étant égale par ailleurs). Le suivi technico-économique fait par les producteurs avec l’appui du conseiller de gestion et du technicien LEC permettrait d’enregistrer les temps de travaux (observations LEC comprises), les coûts en insecticides dans les deux cas et les différences de rendement. On aurait ainsi des données technico-économiques permettant un vrai débat sur l’intérêt de développer la LEC.

La CELCOR ferait de ce point une conditionnalité dans le futur contrat avec l’opérateur LEC.

3. Gestion de l’exploitation et volet enquêtes villageoises

Le travail réalisé fin février 2002 par la CADG a permis de positionner les membres des GIP dans la typologie établie avec l’appui des DPSE des CARDER Zou/Collines et Borgou/Alibori et de Jérôme Pigé. L’intérêt de ce travail semble bien compris et on sait maintenant mieux qui sont les membres des GIP (cf. § III.1).

Un tel travail devrait être réalisé par les 3 autres opérateurs puis il faudra imaginer une adaptation des outils de gestion aux caractéristiques des exploitations des membres (par exemple, pas de Bilan comptable en début de formation pour ceux qui ont très peu de capital). Les propositions ci-dessous constituent une première tentative allant dans ce sens.

VI.4. Conséquence des points précédents pour les opérateurs spécialisés en conseil en gestion

1. Quatre formules de conseil à l’exploitation pourraient être proposées aux OP :

- Formule simplifiée (non axée sur le Bilan comptable et le compte de résultat) pour les petites exploitations familiales qui constituent actuellement la grande majorité des membres. Des modules technico-économiques seraient adjoints à la demande et exécutés par des personnes ressources.

- Conseil d’entreprise (proche de la formule actuelle mais avec des modules technico- économiques complémentaires en faisant, si nécessaire, appel à des compétences extérieures) pour les exploitations ayant atteint un seuil à définir d’équipement et de cheptel

43 (Cf. quelques membres de GIP de l’Alibori ayant 2 chaînes complètes de TA, plus de 20 têtes de bétail, membre de GIP du Zou ayant des râpeuses à manioc, etc.).

- Formule adaptée aux activités économiques des femmes (principalement activités de transformation des produits agricoles). Des GIP spécifiquement féminins seraient constitués dans les USPP le souhaitant. Des maîtres en alphabétisation féminins existent dans de nombreux villages (certaines sont membres de GIP). Elles pourraient être formées par le conseiller de gestion à l’utilisation puis à la diffusion d’outils de gestion simples adaptés aux activités économiques des femmes (transformation de produits agricoles, petits commerces, etc…). La CADG et la CAGEA disposeraient déjà de tels outils.

- Appui à l’élaboration de projets individuels d’investissements au sein d’exploitations familiales (Comme mentionné au § III.7, les CLCAM demanderaient maintenant une petite étude prévisionnelle pour toute demande de prêt supérieure à 300.000 Fcfa. L’opérateur pourrait accompagner la réflexion du demandeur et, en contrepartie, il serait souhaitable que la CLCAM lui demande d’adhérer à un GIP).

L’étude d’un projet d’investissements (comme une râpeuse, une charrette, un moulin) pourrait être réalisée sans nécessairement passer par les niveaux 1 et 2 des plans de formation des opérateurs. L’utilisation du budget de substitution (modification des charges et produits suite à l’investissement) peut probablement suffire dans beaucoup de cas. Par contre, il faudrait susciter l’adhésion des bénéficiaires de ces études à des GIP pour leur permettre de mieux gérer l’investissement réalisé et d’évoluer vers une gestion complète de leur exploitation.

2. Proposition concernant les fonctions des conseillers25 et les qualités souhaitables

a) Principales fonctions :

- Animation de la vie des groupes et des formations.

- Suivi individuel des membres (40 à 50 personnes actuellement).

- Facilitateur pour la constitution de réseaux d’appui technico-économique aux membres des GIP.

- Traitement informatique des données (en prenant en compte les observations du § VI.4.6).

- Fonction future : Appui aux formateurs endogènes issus des premiers GIP lors de leurs activités de formation auprès de nouveaux groupes travaillant principalement en langue nationale.

b) Qualités souhaitables :

- Formation agricole (DEAT, cf. formation du lycée de Sékou) et/ou un solide vécu en milieu rural.

- Qualités humaines : animation, écoute, discrétion, forte capacité d’intégration dans le milieu.

25 Nous retenons le titre de conseiller pour le technicien en contact permanent avec les membres des GIP et ne retenons pas la distinction entre technicien et conseiller (en fait, le superviseur du technicien) fait par certains opérateurs.

44 - Bonne maîtrise des langues parlées dans sa zone d’affectation et nécessité d’être bien « alphabétisé » dans une au moins de ces langues (formation devant être prise en charge par l’opérateur).

- Maîtrise des modules de gestion d’exploitation agricole26.

3. Questions diverses débattues avec les opérateurs en fin de mission : cf. liste en annexe 9.

VI.5. Conséquences des points précédents pour le PADSE et les autres partenaires

Il faut poursuivre la recherche-action entreprise sur le volet conseil à l’exploitation en vue de son extension et de sa pérennisation. Dans ce cadre, il est principalement proposé de :

1. Faire pression sur les USPP n’ayant pas réglé leurs contributions financières forfaitaires au PADSE pour le volet conseil à l’exploitation (montant de 560.000 Fcfa/an).

2. Prévoir un test de ce que propose M. O. Gounou Ngobi (DG du CARDER Borgou) pour former des agents du CARDER sur le plan de la gestion de l’exploitation et pour favoriser une collaboration entre des techniciens motivés des CARDER et les conseillers d’exploitation.

Afin de susciter cette collaboration, nous suggérons que, dans les sous-préfectures présentant des conditions lui paraissant favorables, le PADSE organise une réunion de concertation entre le RDR, les responsables d’USPP et les présidents des GIP, les opérateurs et conseillers du volet conseil à l’exploitation ainsi que, le cas échéant, les techniciens des autres volets appuyés par le PADSE (cf. tableau du § I.2 présentant la répartition par USPP de ces volets).

Pour concrétiser la proposition de M. Ngobi, il sera intéressant de signaler les avantages des relations informelles déjà existantes. Par exemple, en 2001, un APV-AIC de Dassa a suivi les formations réalisées par la conseillère en gestion CADG. En échange, il a, lors des séances de formation ou lors de visites de terrain, fait bénéficier le GIP de ses compétences techniques.

Aucun budget spécifique n’est prévu pour cela (car il devrait y avoir réciprocité) mais, dans les sous-préfectures présentant un contexte favorable, il faudrait aboutir à un cadre formalisé entre l’USPP, le RDR et les techniciens des divers volets du PADSE.

3. Prévoir un budget pour des interventions technico-économiques dans les GIP

En lien avec le point précédent, nous suggérons que chaque GIP puisse bénéficier de 3 journées de formation par an sur 3 thèmes technico-économiques de son choix (cf. thèmes suggérés au § V.5.4 mais il importe que les choix soient démocratiquement déterminés par chacun des GIP).

Pour l’ensemble des 26 GIP créés en 2000 et 2001 ainsi que le GIP CUMA, cela représenterait 81 journées de formation. Si chaque intervenant perçoit, en moyenne, 30.000 Fcfa par intervention (indemnité de déplacement des fonctionnaires ou honoraires des représentants d’ONG à définir par le PADSE), le montant total affecté à cette rubrique, à titre de test en 2002, serait proche de 2.500.000 Fcfa. La même somme serait budgétisée pour 2003.

26 Le profil de gestionnaire d’entreprise semble inadapté vu les nombreuses spécificités de la gestion agricole.

45 4. Planifier un appui financier pour la traduction en langues nationales des principaux outils de gestion.

Comme nous l’avons signalé plus haut, ce travail est déjà bien engagé par les conseillers de gestion CADG et les maîtres alphabétiseurs de leurs groupes GIP.

Les principaux termes employés en gestion de l’exploitation lors des 3 modules sont donc déjà traduits en baatonou et en cours de traduction en yoruba, idaasha, fon, boko et dendi. Ce travail serait vérifié et éventuellement complété puis synthétisé par la CADG, laquelle percevrait, de la part du PADSE, une somme de 2 millions de Fcfa pour achever cette tâche (400.000 Fcfa pour réaliser le lexique des formulations essentielles pour chacune des 6 langues nationales retenues).

La CADG pourrait se faire appuyer pour ce travail par le GEFAD et DERANA. Ces ONG utiliseraient ensuite ces lexiques pour leurs programmes de post-alphabétisation.

A l’image des documents de commercialisation des intrants et du coton, les 4 cahiers d’enregistrement utilisés par la CADG comporterait, à l’avenir, 2 langues (le français et une des 6 langues nationales mentionnées ci-dessus).

5. Planifier, dès 2003, des tests d’extension avec la formule des « initiateurs en conseil d’exploitation » dans quelques sous-préfectures (12 formateurs endogènes dès 2003 ?). Il s’agirait de membres actuels des GIP CADG27 créés en 2000 (ou des 2 GIP anciens de Ouessé et de Glazoué) et sélectionnés par les USPP et la CADG selon les critères mentionnés au § VI.1.

Ces tests ne concerneraient que les USPP ayant commencé le conseil à l’exploitation en 2000 (il faut nécessairement que ces formateurs endogènes aient bénéficié de 2 ans de formation). Il faudrait aussi que les USPP retenues soient très motivées par un tel test et qu’elles aient versé leur contribution financière 2000, 2001 et 2002 au PADSE.

Enfin, un tel test d’extension ne peut être envisagé que si le conseiller CADG et ses superviseurs ont la motivation et l’envergure pour le conduire.

Les éléments qui précèdent limiteront les choix. Nous suggérons de contacter 4 USPP dont celle de Banikoara (ou Karimama ou Malanville ?) dans l’Alibori et celle de Nikki dans le Borgou.

Dans les Collines, il pourrait s’agir de l’USPP de Dassa (ou de Ouessé ?).

Dans le Zou, l’USPP de Zagnanado paraît la plus indiquée (l’USPP de Djidja a des problèmes internes de fonctionnement et le conseil n’a commencé qu’en fin 2001 à Zogbodomé).

Si l’on retient, par GIP créé en 2000, une moyenne de 3 membres pouvant devenir «maître alphabétiseur en conseil à l’exploitation» dont, si possible, une femme, 12 groupes de 20 membres pourraient fonctionner en langue en 2003 dont 4 groupes spécifiquement féminins.

27 La CADG est le seul opérateur évoqué pour ce test d’extension car les 3 autres opérateurs n’ont commencé leurs activités qu’en fin 2001 et ils ne pourront s’inscrire dans la démarche qu’en fin 2003 ou début 2004.

46 Les engagements nécessaires pour conduire ce test d’extension pourraient être les suivants:

ƒ Le choix des 4 USPP serait réalisé lors d’une réunion PADSE, CADG, UDP et USPP (les USPP pouvant être retenues sont celles ayant un conseil à l’exploitation depuis 2000).

ƒ La CADG s’engagerait à bien alphabétiser dès la fin 2002 les 4 conseillers (et leurs superviseurs) devant travailler dans les langues nationales des USPP retenues.

ƒ La CADG s’engagerait, en concertation avec la CAGEA, à définir en fin 2002, les outils de gestion prioritaires pour l’extension en langue nationale à l’attention des petites exploitations et à l’attention de 4 GIP féminins. Les maquettes bilingues des cahiers d’enregistrements seraient élaborés à cette date.

ƒ Les USPP retenues, la CADG et le PADSE sélectionneraient, parmi les membres des GIP créés en 2000, 12 « initiateurs en conseil à l’exploitation » (3 si possible par GIP) puis détermineraient le montant journalier de leur indemnisation en se basant sur les tarifs déjà appliqués en post-alphabétisation. Le nombre de jours d’indemnisation serait évalué.

On pourrait envisager les bases suivantes : Chaque formateur endogène ne suivrait qu’un groupe de 15 à 20 personnes et aurait 18 jours de formation à assurer par an ainsi que 42 jours de suivi individuel (si l’on retient une indemnisation de 5.000 Fcfa par jour (frais de déplacement et d’alimentation inclus et 60 jours de travail par an, le PADSE devrait verser au maximum 300.000 Fcfa à chacun d’entre eux en 2003).

ƒ Les GV volontaires pour l’extension en langues nationales devraient être identifiés par l’USPP sur la base du volontariat et de la présence d’un local pour la formation au sein du village. Dans chaque village, le GV sélectionnerait avec le conseiller 15 à 20 candidats signant, comme à Tchaourou, un engagement au départ. Les formations seraient réalisées au village (comme pour la post-alphabétisation), ce qui réduirait nettement les coûts car il n’y aurait pas de prise en charge de frais d’alimentation des formés et de frais de déplacement.

ƒ Les frais d’adhésion et les cotisations versés par les membres éventuellement complétés par leur GV permettrait l’achat des cahiers simples d’enregistrement et l’organisation de visites dans la sous-préfecture (cahiers moins coûteux que les cahiers manifold actuellement utilisés car on suppose qu’il n’y aurait pas, dans un premier temps, de traitement informatique des données et donc pas nécessité de collecter les feuilles des cahiers des personnes en formation dans les nouveaux GIP).

Sur les bases définies ci-dessus, le coût, pour le PADSE, des propositions précédentes serait :

ƒ 5 millions Fcfa (2,5 en 2002 et en 2003) pour le point 3 (intervention de techniciens dans les GIP).

ƒ 2 millions Fcfa pour l’appui à la CADG pour achever la traduction dans les 5 langues et constituer des lexiques très simples de termes spécifiques au conseil d’exploitation.

ƒ 3.6 millions Fcfa (300.000 Fcfa x 12) pour indemniser en 2003 les 12 « maîtres alphabétiseur en conseil à l’exploitation ».

=> Au total, ces tests coûteraient 10.6 millions de Fcfa d’ici fin 2003.

L’ensemble des intervenants aurait avantage à s’investir dans la bonne réalisation de ces tests permettant d’accroître l’efficience et de démultiplier le conseil à l’exploitation. Cela accroîtrait très certainement la probabilité d’identification d’un PADSE 2 comportant un important volet conseil aux exploitations familiales.

47 Annexes

1. Déroulement de la mission 47

2. Extraits de la lettre de politique de développement rural concernant la vulgarisation 48

3. Note de la DIFOV sur l’organisation du système national de vulgarisation agricole 49

4. Principales activités RD menées dans les zones d’intervention du PADSE 57

5. Données chiffrées concernant l’endettement des OP du Zou et des Collines 60

6. Plan de formation du GEFAD pour la post-alphabétisation dans le Zou 63

7. Situation de l’alphabétisation dans le Borgou et l’Alibori 64

8. Document remis par le GERME présentant son travail à Zogbodomé 65

9. Liste des questions débattues avec les opérateurs en fin de mission 68

10. Termes de référence de la mission 69

48 Annexe 1 : Déroulement de la mission Programme de S. Oloulotan dans le Zou Dimanche 17/02 Préparation de la première phase d’enquête auprès des GIP avec S. Afouda Mardi 19/02 Rencontre avec des membres de GIP et des responsables de GV de Ouessé Mercredi 20/02 Rencontre avec des membres de GIP et des responsables de GV de Glazoué Jeudi 21/02 Rencontre avec des membres de GIP et des responsables de GV de Dassa Samedi 23/02 Echec de la rencontre prévue à Banté Dimanche 24/02 Rencontre avec des membres de GIP et des responsables de GV de Zogbodomey Lundi 25/02 Rencontre avec des membres de GIP et des responsables de GV de Djidja Mardi 24/02 Rencontre avec des membres de GIP et des responsables de GV de Zagnanado

Programme de S. Afouda dans le Borgou Lundi 25/02 Rencontre des GIP et responsables GV et GF de Nikki Mardi 26/02 Rencontre des GIP et responsables GV et GF de Karimama Mercredi 27/02 Rencontre des GIP et responsables GV et GF de Malanville Jeudi 28/02 Rencontre des GIP et responsables GV et GF de Kandi Vendredi 1/03 Rencontre des GIP et responsables GV et GF de Banikoara Samedi 2/03 Rencontre des GIP et responsables GV et GF de Nikki Dimanche 3/03 Rencontre des GIP et responsables GV et GF de Tchaourou

Programme de V. Beauval à Cotonou Dimanche 24/02 Voyage et arrivée à Cotonou Lundi 25/02 Rencontre de Mr P. Gouton puis de J.L. Rousselot à l’AFD puis, au MAEP, M. P. Bassa et C. Médénou (DAPP) ; M. Sogbohossou et Fassassi (DIFOV) ; Equipe du PPAB puis de la CAGEA. Mardi 26/02 En compagnie de Mr P. Gouton, rencontre de M. Aklamavo (Banque mondiale) puis voyage vers Bohicon et rencontre de membres du bureau de l’UPC du Zou puis d’O. Vigan, DPSE du CARDER Zou.

Programme commun de V. Beauval, S. Oloulotan (Zou) puis S. Afouda (Borgou) Mercredi 27/02 Rencontre de membres de GIP et de responsables de GV et de l’USPP à Zagnanado Jeudi 28/02 Idem pour l’USPP de Djidja puis celle de Zogbodomey Vendredi 1/03 Idem pour l’USPP de Dassa puis celle de Glazoué Samedi 2/03 Idem pour l’USPP de Ouéssé Dimanche 3/03 Idem pour l’USPP de Banté Lundi 4/03 En compagnie de S. Afouda et de S. Oloulotan, rencontre de membres du GV et du GIP de Miniffi (Dassa) puis travail en commun et voyage sur Parakou. Mardi 5/03 Rencontre de membres de GIP et de responsables de GV et de l’USPP à Tchaourou Mercredi 6/03 Rencontre des responsables du PADSE puis du CARDER Borgou Jeudi 7/03 Rencontre de membres de GIP et de responsables de GV et de l’USPP à Kandi Vendredi 8/03 Rencontre de membres de GIP et de responsables de GV et de l’USPP à Malanville et à Karimama. Samedi 9/03 Rencontre de membres de GIP et de responsables de GV et de l’USPP à Banikoara Dimanche 10/03 Rencontre de membres de GIP et de responsables de GV et de l’USPP à Nikki en compagnie de S. Oloulotan Lundi 11/03 Travail de rédaction et de mise en commun Mardi 12/03 Suite du travail de mise en commun et discussion avec les opérateurs Mercredi 13/03 Restitution-débat à l’UDP Borgou Jeudi 14/03 Restitution-débat à l’UPC du Zou Vendredi 15/03 Restitution-débat au MAEP Samedi 16/03 Retour en Anjou de V. Beauval

49 Annexe 2: Extraits de la LPDR concernant la vulgarisation

50 Annexe 3 : Note de la DIFOV sur l’organisation du système national de vulgarisation agricole

51 52 53 54 55 56 57 58 Annexe 4 : Principales activités RD menées dans les zones d’intervention du PADSE

A - Présentation résumée des technologies développées au cours de la période 1995-2001 par l'équipe RD du Borgou (une partie de ces tests ont aussi été conduits dans l’Alibori).

Technologies Objectifs Type de Contenu technique technologie 1 Développement de Analyse de l'adoption d'un Organisation et - Diagnostic de l'exploitation agricole systèmes durables ensemble de technologies gestion de - Planification des objectifs d’aménagement de production par rapport aux l'exploitation des parcelles et de production de contraintes de production agricole l'exploitation de l'exploitation - Mise en œuvre de ce plan puis évaluation 2 Production de - Adaptation de la Production et - Apport périodique des résidus de récolte fumier dans un production du fumier à la gestion comme litière dans un parc de stabulation parc de stabulation conduite de l'élevage des - Séjour nocturne des bœufs de trait dans ce et utilisation au bœufs de trait parc champ - Valorisation des résidus - Epandage du fumier dans les parcelles (12 de récolte de l'exploitation à 15 charretées tous les 3 ans) - Valorisation des - Application de la dose complète de déjections animales des fumure minérale recommandée pour le maïs bœufs de trait et le coton sur la parcelle amendée. 3 Complémentation - Amélioration des rations Production et - Diagnostic sur l'évolution des ressources alimentaire des des bœufs de trait gestion fourragères bœufs de trait - Valorisation des résidus - Planification de la complémentation pendant la saison de récolte alimentaire des bœufs de trait sèche - Valorisation des sous- - Constitution de réserves fourragères produits de - Approvisionnement en graines de coton transformation locale et - Vaccination et déparasitage des bœufs industrielle - Suivi de l’évolution pondérale des bœufs de trait - Suivi des performances des bœufs 4 Tests de variétés - Production de sorgho Introduction - Deux variétés de sorgho (KTFA 1 et de sorgho dans diverses conditions variétale KTFA) présentent des caractéristiques résistantes au d'infestation des parcelles intéressantes et seront testées en conditions striga par le striga paysannes 5 Tests de variétés - Tests d’adaptation de Introduction - La variété extra-précoce de maïs TZEE- de maïs adaptées à nouvelles variétés de maïs variétale SR semble intéresser les producteurs la sécheresse extra-précoces et à cycle de maturité intermédiaire 6 Prévention des - Etablissement d'un cadre Démarche et - Diagnostic sur les ressources naturelles du conflits entre de discussion entre les organisation terroir agriculteurs et différentes communautés sociale - Identification des contraintes relatives à éleveurs ou groupes d'intérêt l’utilisation communautaire du terroir - Organisation et tenue de plates-formes de - Elaboration de nouveaux discussion avec différents groupes d’intérêt modes de gestion durable - Restitution des résultats de ces plates des ressources naturelles formes du terroir - Mise en place de comité de prévention de conflits 7 Jachère améliorée - Amélioration de la Introduction des - Tests de légumineuses comme la mucuna de courte durée fertilité des terres plantes de ou l’aechinomène permettant de restaurer la - Production fourragère couverture dans fertilité du sol, de lutter contre l'érosion et l'exploitation des mauvaises herbes comme l'impérata. agricole avec des NB : Ces légumineuses sont cultivées en buts multiples culture pure ou en culture relais avec des céréales comme le maïs.

Commentaires de la mission : Pour plusieurs de ces tests, un lien avec les opérateurs du conseil (par exemple, pour le Borgou, CADG à Nikki et CRDB à Tchaourou) permettrait de mieux évaluer la pertinence économique des thèmes proposés au niveau de quelques exploitants en conseil et volontaires pour recueillir toutes les données indispensables pour de tels calculs.

59 B - Présentation très résumée des principaux résultats obtenus en 2000 par l'équipe RD de l’Alibori et des thèmes 2002 (cette équipe RD travaille en contrat avec le PADSE). Technologies Contenu technique Principaux résultats mentionnés par l’équipe RD 1 Dévelop- - Diagnostic de l'exploitation - De façon générale, augmentation des rendements du maïs de 800 à pement de - Planification des objectifs 1100 kg/ha par rapport au témoin et augmentation pour le coton de systèmes d’aménagement des parcelles et 200 à 300 kg/ha (Remarque de l’équipe RD : Les exploitations durables de de production de l'exploitation ayant la traction animale et des capacités d’investissement peuvent production - Mise en œuvre de ce plan mieux mettre en œuvre les techniques proposées ; Remarque de la puis évaluation mission : Quelles propositions techniques seraient utilisables pour les moins nantis ?).

- L’enfouissement des tiges de sorgho est plus difficile à réaliser - Parmi les techniques que celui des tiges de coton. Néanmoins, dans les deux cas, si l’on proposées, essai de recyclage pratique un labour à plat, cet enfouissement aurait un effet positif au champ des résidus de récolte net sur la culture qui suit (et ce d’autant plus que celle-ci a un cycle du sorgho et du cotonnier. de plus de 4 mois). Le gain de rendement pourrait atteindre 40 % pour le sorgho qui suit un sorgho enfoui. Par contre, le gain de rendement serait plus faible avec le billonnage direct, technique très pratiquée dans le Borgou. 2 Production - Apport périodique des résidus - Ce recyclage via l’animal constitue une des meilleures formules de fumier de récolte comme litière dans si l’on peut apporter comme litière les résidus de récolte dans un dans un parc un parc de stabulation puis parc de nuit pendant 4 à 6 mois. Le rendement serait de 0.62 t. par de séjour nocturne des bœufs de animal. L’apport d’environ 10 tonnes de fumier à l’hectare donne un stabulation et trait dans ce parc. gain de rendement de 500 à 700 kg/ha pour le coton et de 800 à utilisation au 1.500 kg/ha pour le maïs par rapport à l’application unique de champ pour - Epandage du fumier dans les fumure minérale. la production parcelles (12 à 15 charretées de maïs, de tous les 3 ans). - Les gains obtenus par rapport au parcage direct des animaux coton, etc… (technique traditionnelle) seraient de 200 kg/ha pour le coton et de - Application de la dose 300 kg/ha pour le maïs (Remarque de la mission : Ces gains de complète de fumure minérale rendement sont intéressants mais sont-ils suffisants pour les recommandée pour le maïs et le exploitants ? En clair, quelle est le supplément de travail induit par coton sur la parcelle amendée. le transport du fumier au parc puis le transport du fumier sur la parcelle et quelle est la rémunération de ce travail supplémentaire ? – La nécessité d’une charrette et d’un attelage doit également être pris en compte dans le calcul économique). 3 Modes de - Diagnostic sur les ressources - Résultats positifs à Kokey. Il n’y a plus de conflits depuis 1997. Il gestion agro- du terroir puis identification faudrait davantage s’investir dans l’intégration agriculture-élevage. sylvo- des contraintes relatives à son - Echec partiel à Birni-Lafia car les ressources des terroirs sont plus pastoraux utilisation communautaire, limitées et les conflits entre transhumants étrangers et agriculteurs appropriés tenue de plates-formes de restent nombreux. La tenue de plate-formes semble pour le moment et discussion avec les différents difficile. participatifs groupes d’intérêt et mise en du terroir place d’un comité de L’approche est cependant jugée simple et vulgarisable à grande prévention des conflits. échelle. Elle serait favorisée par la politique de décentralisation.

- L’association des légumineuses fourragères au maïs ne favoriserait 4 Jachère - Tests de légumineuses pas leur développement et de nombreux plants de légumineuses sont améliorée de comme la mucuna ou détruits lors des entretiens du maïs. courte durée l’aechinomène. NB : Ces - la parcelle test n’a que 49 m² et est jugée trop petite par les légumineuses sont cultivées en exploitants qui souhaitent avoir plus de fourrage pour leurs animaux pur ou en culture relais de et mieux appréhender la gestion de cette parcelle (remarque de la céréales comme le maïs. mission : gestion technique mais aussi économique d’où la nécessité d’une taille suffisante, d’un suivi des temps de travaux et de l’impact économique de cette parcelle).

En 2002, les thèmes ci-dessus seront reconduits en contrat avec le PADSE et d’autres thèmes sont mentionnés : • Oignon : influence de deux modes de semis sur la qualité ; conduites différentes de l’irrigation pour plusieurs variétés (Remarque : prendra-t-on bien en compte les aspects économiques au niveau des exploitations ?). • Evaluation de la dose optimale de fumier dans une rotation maïs-arachide et possible économie d’engrais. • Etude socio-économique de la mécanisation des exploitations. • Etude diagnostic de la gestion des ressources en bois d’un terroir villageois.

60 C - Présentation très résumée des activités 2000 de l'équipe RD des Collines et des thèmes 2002 (cette équipe RD travaille en contrat avec le PADSE). Axes Thèmes Principaux résultats mentionnés et commentaires 1 Baisse de 1. Introduction du Mucuna Le raisonnement est basée sur une typologie d’exploitation fertilité des sols pour le contrôle des distinguant 3 comportements face aux innovations proposées. et dégradation mauvaises herbes. des ressources 2. Comparaison du mucuna Remarque de la mission : Cette démarche devrait être approfondie édaphiques dans et de l’aechinomène dans en prenant en compte la typologie détaillée réalisée en 2001 par le les systèmes les systèmes de culture. PADSE et le CARDER Zou avec l’appui de Jérôme Pigé. De plus, le « potentiel d’adoption » d’une technologie dépend de multiples culturaux du facteurs, en particulier de la viabilité économique de cette Centre-Bénin 3.Gestion des résidus de technologie dans différents contextes socio-économiques. Ces défriche et de récolte dans facteurs semblent identifiés par l’équipe RD mais le lien avec la les systèmes agricoles typologie PADSE pourrait apporter beaucoup d’enseignements. pratiquant le brûlis dans le Centre-Bénin.

2 Promotion d’une 1. Tests d’éclaircies dans L’étude des systèmes culturaux à base d’anacardiers menée par économie de les plantations paysannes l’équipe RD a mis en évidence de nombreuses failles techniques plantation d’anacardier. des exploitants par rapport à une véritable « économie de 2. Etude des systèmes plantation ». culturaux à base d’anacardiers. Remarque de la mission : La logique économique d’une agroforesterie paysanne peut s’avérer différente de celle d’une économie de plantation... La collaboration avec quelques exploitants en conseil et planteurs d’anacarde de Ouessé, Glazoué ou Dassa permettrait de réaliser des études fines prenant en compte les aspects économiques au niveau parcelle et exploitation. Des protocoles RD/opérateurs du conseil du PADSE serait souhaitables.

3 Développement de la culture 1. Tests de 2 méthodes de Tests non mis en œuvre mais l’étude diagnostic réalisée par attelée constitution de réserves l’équipe RD a révélé que les exploitants ayant reçu une chaîne fourragères. complète n’utilisent de façon rationnelle que la charrette. L’utilité du canadien et du semoir est méconnue. 2. Impact des parcs d’affouragement pour le Remarque de la mission : Depuis plus de 15 ans des tests suivi sanitaire des petits d’introduction de la traction animale ont eu lieu dans le Nord du ruminants. Zou, à Dassa, à Glazoué, etc… et ont donné lieu à de nombreux écrits. Parmi les raisons évoquées pour cet échec, citons le coût élevé du dessouchage dans cette zone intialement boisée et la fréquence des problèmes sanitaires induisant la perte d’un animal dans ce climat assez humide…

En 2002, 4 axes d’intervention sont retenus dans le contrat de la RD Savé avec le PADSE : • Le développement expérimental de technologies à base de légumineuses herbacées (il n’est pas précisé quelles légumineuses seront testées). • La stabilisation des espaces de production d’ignames dans la zone des collines grâce à l’utilisation de légumineuses ligneuses servant de tuteur. • L’implication des populations locales dans les actions d’aménagement et de délimitation des zones de pâturage à Ganblin (il s’agirait surtout de réduire la divagation des bœufs). • L’intégration agriculture-élevage et la réduction de la pénibilité du travail grâce à la traction animale (site de Miniffi où ce thème est étudié depuis plus d’une décennie). • Amélioration des techniques de création et de gestion de plantation d’anacardiers. • Tests d’éclaircies dans les plantations paysannes d’anacarde.

Commentaires de la mission : Le contrat PADSE/RD Savé ne précise pas comment les impacts économiques des innovations proposées seront testés au niveau des exploitations faisant l’objet des tests ci-dessus. Les liens avec les opérateurs de conseil à l’exploitation ne sont pas mentionnés.

61 Annexe 5 : Données chiffrées sur l’endettement des OP du Zou et des Collines

I. Données partielles concernant l’endettement des GV du Zou Source : Etude sur l'endettement des GV réalisée par l'UPC - Mars 2001.

Le nombre des GV du Zou et des Collines est proche de 500. Leurs dettes externes s’élèveraient à 767 millions de Fcfa et se décomposeraient ainsi :

• 352.000.000 Fcfa pour les dettes intrants (hors campagne 2001 / 2002) dont 172.300.000 Fcfa pour 26 GV de Djidja et 71.000.000 Fcfa pour 16 GV de Savalou.

• 216.500.000 Fcfa pour les dettes CLCAM dont 86.000.000 F pour Dassa pour 21 GV et 54.800.000 Fcfa pour Glazoué pour 18 GV.

• 115.400.000 Fcfa pour le "crédit vivriers" du budget national concernant 334 GV.

• Dettes vis à vis des CREP (par exemple, près de 17 millions de Fcfa à Dassa).

• Diverses autres dettes (par exemple, à Glazoué, 7.589.049 Fcfa vis à vis de l’AFD pour un crédit AIPB anacarde).

L’endettement interne des GV n’a pu être étudié. Il constitue le problème le plus grave pour le futur.

A ces dettes des GV correspondent un montant conséquent de créances vis à vis de la SONAPRA, de la CRSP, etc. (cf. exemples ci-après de DASSA et de GLAZOUE).

L’endettement moyen par GV serait proche de 1.500.000 Fcfa soit 8 tonnes de coton, ce qui est relativement limité. Une étude de l'UPC estime pourtant que 11 % des GV ont déjà cessé d'exister.

La situation est critique pour les USPP de Djidja (209 millions Fcfa de dettes), Savalou (112 millions) et Glazoué (108 millions). Ces 3 USPP représenteraient 56 % des dettes totales.

Les USPP les moins endettées sont celles qui sont peu cotonnières dont Cové (2,7 millions), Ouinhi (10,6 millions) et Abomey (11,7 millions).

II. Pourquoi de telles dettes ? (informations collectées lors de la mission)

Au niveau USPP

1. Non remboursement à l'USPP de crédits vivriers octroyés par les GV. 2. Rétention et non-paiement par la SONAPRA et le CSPR des ristournes 99/00 et en grande partie 2000 / 2001. 3. Plus de plus value. 4. Non-paiement par les GV de frais de prestation de l’USPP. 5. Insuffisances de gestion des responsables.

Au niveau des producteurs et de leurs GV :

1. Aléas climatiques répétés. 2. Chute du prix du coton-graine en 99/00 de 40 Fcfa/kg.

62 3. Insuffisances de gestion des responsables. 4. Endettement intrants liés au bradage (revente) des intrants par certains producteurs (Cf. GV de Gounsoé à Dassa). Cela occasionne des crises dans de nombreux GV car, du fait de la caution solidaire, la production des producteurs fiables est utilisée pour régler les intrants des producteurs indélicats. 5. Endettement fort vis à vis CLCAM et CREP (respectivement 103 et 17 millions à Dassa).

II. - DONNEES PARTIELLES CONCERNANT LA SITUATION FINANCIERE DES USPP DE DASSA ET DE GLAZOUE – Source : les USPPconcernées - Février 2002

PRODUCTION DE COTON-GRAINE

CAMPAGNE PRODUCTION en tonne Dassa Glazoué 94 – 95 13.616 12.427 95 – 96 17.264 14.817 96 – 97 13.459 11.425 97 – 98 15.303 12.844 98 – 99 15.398 14.106 99 – 2000 12.927 13.502 2000 – 2001 8.195 3.366 2001 – 2002 5000 (prévision) 3.910

NB : On note l’incroyable chute de la production lors de ces deux dernières campagnes

II.1. DONNEES CONCERNANT L’USPP DE DASSA

A. DETTES SONAPRA et CSPR VIS A VIS DES GV DE DASSA

Campagne SONAPRA CSPR PAYE RESTE OBSERVATION 99 - 2000 51 542 480 - - 51 542 480 2000 - 2001 - 28 861 557 16 155 653 12 705 904 Dette de l’égreneur MCI envers la CSPR Total = 51 542 480 28 861 557 16 155 653 64 248 384 -

B. DETTES DES GV DE DASSA VIS A VIS LEUR USPP

DESIGNATIONS MONTANT Préfinancement aux membres des frais de chargement du coton- graine et poinçonnage et réparation des bascules 26 936 059

Surendettement du G.V de Gounsoé 11 772 619 Total = 38 708 678 Fcfa

C. DETTE de l’USPP DE DASSA VIS A VIS DE LA SONAPRA = 13 386 119 Fcfa au total

D. DETTES DES PRODUCTEURS DE DASSA VIS A VIS DES BANQUES :

1. CLCAM : 103.838.865 F 2. CREP : 16.931.761 F ------Total : 120.770.626 Fcfa

63 II.2. USPP de GLAZOUE

A. Dettes de l’USPP de Glazoué

Dettes Montant (Fcfa) Structure concernée 1 Ristournes 5 % aux UP UCPC / 98 – 99 110.756 GV 2 Ristournes 5 % aux UCPC / 99-2000 et 2000-2001 2.226.812 USPP 3 Cotisation à l'UPC – Bénin 100.000 UDP 4 Crédits Etat sur vivrier C/ 2000 – 2001 36.750.000 Etat 5 Versement 1/3 du capital + intérêts du crédit AFD 7.589.049 AFD 6 3% d'intérêt sur crédit anacarde 218.895 CLCAM 7 Paiement inscription aux filles du Lycée 800.000 8 Rémunération du CA exécutif USPP 300.000 9 Participation au projet de territoire 1.000.000 Projet Picardie TOTAL 49.095.512

B. Créances à récupérer pour l’USPP de Glazoué

Créance Montant (Fcfa) Structure 1 Ristourne C/98 – 99 110.755 GV 2 Frais chargement C/ 98 – 99 521.342 GV 3 Frais chargement C/99 – 00 2.322.711 GV 4 Crédit sur vivrier C/00 – 01 36.750.000 GV 5 Frais appareil C/99 – 00 5.893.100 GV 6 Prêt aux tierces personnes 6.400.060 CA-USPP 7 Avance aux GV et au UCP 3.547.122 UCP – GV 8 Frais semence maïs certifié 2.473.500 ONG 9 Créance boutique 4.363.500 Diverses personnes 10 Frais chargement C/99 - 00 9.316.411 Tous les GV 11 Frais avance réparation bascule 99 - 00 2.422.950 GV 12 Apport véhicule C/00 - 01 875.759 SONAPRA 13 Prestation commercialisation C/ 00 - 01 9.678.213 SONAPRA 14 Part sociale et droit d'adhésion 625.000 GV 15 Ristourne 5 % aux UPC C/ 99 – 00 et 00 - 01 2.226.812 GV Total 87.527.236

64 Annexe 6 : Plan de formation du GEFAD pour la post-alphabétisation dans le Zou

65 Annexe 7 : Situation de l’alphabétisation dans le Borgou et l’Alibori Servais Afouda – Mai 2002

Les producteurs individuels et les responsables des OP à différents échelons sont conscients de l'importance du CEF dans la gestion de l'exploitation agricole. Le CEF est alors pressenti aujourd'hui chez les populations comme un moyen d'amélioration des conditions de vie du producteur. De fait, la préoccupation partout exprimée est de savoir comment faire bénéficier un plus grand nombre de producteurs. Pour répondre à cette préoccupation, il est désormais nécessaire de tenir compte de l'alphabétisation.

L'alphabétisation des adultes comme expression d'"une volonté politique visant à sortir les populations rurales de l'ignorance" a prévalu dans le Borgou depuis le début des années 60 jusqu'au milieu des années 90. Il s'agit d'une alphabétisation de masse qui est faite sous la responsabilité de l'Etat dans les principales langues du Borgou, notamment le baatonou, le peulh, le dendi le boo et le mokollé. L'objectif visé était de permettre aux populations rurales de savoir écrire et lire dans leurs langues respectives. Mais le manque de supports concrets n'a pas permis aux néo-alphabétisés de conserver leurs acquis. La plupart d'entre eux sont redevenus quasi- analphabètes avec le temps.

Cependant les expériences d'alphabétisation de ces dernières années, à travers les OPA et sous l'égide des ONG (notamment DERANA), constituent d'une part, un espoir d'affirmation de soi au niveau des populations rurales et d'autre part, un potentiel de promotion agricole et de développement du monde rural. En effet :

• Sous financement de la Coopération Suisse entre 1997 et 1999, à partir du programme de l'UDP- BORGOU, environ 3.500 membres des GV relevant des 14 USPP ont été alphabétisés à travers les cours B, C, B-C et le calcul renforcé. Le cours concernant le calcul renforcé vise à faire acquérir au néo- alphabète :

- la maîtrise des mesures de poids, du comptage, de la conversion et le calcul des aires géométriques; - la manipulation des outils de gestion (notamment le carnet de distribution des intrants et la fiche de stock).

Mais par rapport à l'effectif de départ, seulement 2736 personnes ont le niveau C (écriture et lecture), 1617 le niveau C-B (écriture, lecture et maîtrise des opérations de soustraction, addition multiplication et division) et 1163 le niveau calcul renforcé (post alphabétisation);

• Le programme de développement de Nikki (PADEL/Nikki) financé par le PNUD a alphabétisé jusqu'au cours C-B en 1998 dans la sous-préfecture de Nikki, 171 producteurs dont 65 femmes, soit (38% du total);

• Le Programme des Nations Unies pour la Sauvegarde de l'Environnement (UNSO) aussi en 1998 dans les sous-préfectures de Kandi et Karimama 361 personnes (dont 77 femmes). Ces alphabétisés ont le niveau C-B;

• Le Programme d'Appui au Développement du Secteur Agricole PADSA financée par la Coopération Danoise a conduit jusqu'au stade de post alphabétisation dans les sous-préfectures de Nikki et Tchaourou respectivement 141 personnes (dont 8 femmes) et 114 producteurs (dont100 femmes).

Si l'on prend en compte l'ensemble de ces résultats, on peut dire qu'il existe dans la zone d'intervention du PADSE environ 2300 producteurs alphabétisés ayant le niveau C-B permettant d'effectuer les premières des opérations (enregistrement des données) liées à la gestion d'une exploitation agricole. Parmi cet effectif, environ 1300 personnes de niveau post alphabétisation sont potentiellement capables de maîtriser l'ensemble des outils de gestion. Mais quel que soit le niveau de ces néo-alphabètes, un recyclage s'avère nécessaire pour donner une plus grande chance à l'extension du CEF à un plus grand nombre de producteurs agricoles.

66 Annexe 8 : Document remis par le GERME présentant son travail à Zogbodomé

67 68 69 Annexe 9 : Liste des questions débattues avec les opérateurs en fin de mission

1. Plutôt que de dérouler dès le départ une batterie d’outils (cf. expression retenue par J. Berthomé dans son rapport d’évaluation de la CAGEA en novembre 2001), comment pourrait-on mieux connaître les pratiques actuelles de gestion et les attentes des personnes souhaitant adhérer à un GIP. L’objectif serait de bâtir avec eux un programme adapté à leurs spécificités28.

2. Quelle stratégie pour mieux prendre en compte les vécus et acquis des membres des GIP (ou d’autres agriculteurs de la sous-préfecture) en matière de pratiques agronomiques, d’élevage ou de gestion de leur exploitation ?

3. Les attentes en matière de gestion des quelques femmes membres des GIP ne sont actuellement pas assez bien identifiées. Une analyse plus fine en lien avec les GF et l’USPP ne pourrait-elle pas aboutir à la constitution de GIP féminins et à l’élaboration d’outils spécifiques (on n’a pas besoin de faire des enregistrements sur toute une campagne agricole pour faire l’analyse technico-économique de son activité de transformation du manioc, de l’igname, du maïs ou de l’arachide) ?

4. Comment, dans les cas des opérateurs ayant commencé en fin 2001, faire mieux correspondre l’apprentissage des outils aux besoins des membres liés au calendrier agricole (pour, par exemple, commencer les enregistrements en début de campagne et étudier les marges par cultures et les aspects prévisionnels avant la prise de décision de la campagne suivante) ?

5. Que faire pour rendre moins fastidieux le remplissage du cahier de caisse en ne faisant plus apparaître les menues dépenses qui ne concernent pas l’exploitation ?

6. Quelles échéances pour l’élaboration d’outils technico-économiques adaptées aux caractéristiques et besoins des membres (adaptation aux zones agro-écologiques et à la typologie) ?

7. Quelle stratégie pour établir des liens formels avec des partenaires étatiques et non étatiques pouvant fournir des appuis techniques aux groupes ? (Et que répondre à la proposition du DG du CARDER Borgou/Alibori, cf. rapport principal, § 1.1. ?).

8. Quelle échéance pour l’élaboration d’outils de gestion bilingues ?

9. Que faire pour appuyer les conseillers actuellement en poste et n’ayant pas les capacités requises, en particulier sur le plan des techniques agricoles ou de l’alphabétisation ?

10. Comment réduire le coût par bénéficiaire du volet conseil ?

11. La confidentialité des données issues du conseil est évoquée par certains opérateurs. Si tel est le cas, cela entraverait la possible utilisation de ces données pour divers usages (références technico- économiques, défense des intérêts des producteurs lors de négociations avec leurs partenaires, etc…). Les membres des GIP et leurs OP n’ont jamais mentionné cette nécessité de confidentialité (on peut d’ailleurs s’engager à ne jamais citer le nom de l’exploitant). Quelles sont les positions des opérateurs sur ce sujet ?

12. Quels sont les choix déterminants de l’opérateur : Renforcer les capacités paysannes ou privilégier une stratégie de prestataire visant à pérenniser son service ?

28 Les membres des GIP sont des adultes reconnus comme dynamiques dans leur milieu. Ils sont souvent déjà des méthodes de gestion de leur exploitation (ce ne sont pas des jeunes sans expériences). Identifier ces méthodes (et les faire connaître à leurs collègues) pourrait enrichir le contenu de certains outils actuels de gestion et permettre un déroulement plus participatif des séances de formation.

70 Annexe 10 : Termes de référence de la mission :

L’évolution du rôle des OPA dans le conseil à l’exploitation

1) – CONTEXTE :

Le Projet d’Amélioration et de Diversification des Systèmes d’Exploitation a été élaboré en 1997 pour contribuer à assurer, en partenariat direct avec les organisations professionnelles agricoles (OPA), la durabilité de l’agriculture en zone cotonnière.

Pour faire face à ce défi, cinq volets sont mis en œuvre (les enquêtes villageoises, la recherche développement, les filières agricoles, la lutte étagée ciblée sur le cotonnier et le conseil de gestion) par l’intermédiaire d’opérateurs délégués avec la collaboration des OPA, sous la coordination centrale de la CELCOR. La position du conseil de gestion dans ce dispositif est prépondérante par les synergies qu’il crée, notamment en ce qui concerne la mesure de l’impact réel des actions engagées au niveau de la gestion des exploitations.

Eu égard au caractère novateur d’organisation et de fonctionnement du projet, les actions mises en oeuvre font appel à une implication croissante des OPA dans le contrôle des activités développées. Bien que le niveau de structuration et de fonctionnement de ces jeunes OPA soit encore relativement faible, l’évolution de leur rôle dans la maîtrise d’ouvrage des activités à conduire est inéxorable.

Trois années d’activités en collaboration avec les OPA ont apporté des résultats tangibles sur l’ensemble des activités initiées et engendré une amorce de changements de comportements et de certaines pratiques. Les activités menées, et plus particulièrement sur le conseil de gestion, font ressortir la nécessité d’apporter un appui complémentaire à celui existant actuellement (CARDER, ONG ...), aux apprenants du conseil de gestion (groupements d’intérêt professionnel ; GIP) et aux OPA en général.

Divers programmes interviennent sur le renforcement des capacités des OPA (PROCOCA, PAPP, PPAB ...).

Cette mission intervient dans un environnement général où :

- Les OPA cherchent une autre voie que le tout coton ; - Les OPA doivent elles-mêmes mieux s’organiser pour améliorer le fonctionnement de leurs organes et répondre progressivement aux besoins spécifiques de leurs mandants ; - Le projet PADSE offre des innovations techniques intéressantes en réponse aux sollicitations des OPA ; - Les conditions d’assimilation et d’appropriation des innovations ne sont que très difficilement mises à la portée des OPA faute d’encadrement technique adapté aux attentes des producteurs ;

Et dans un contexte spécifique où :

- Le PADSE est à moins de deux ans de son échéance ; - Les GIP mis en place manquent d’informations et de formations techniques pour valoriser leur apprentissage et mettre en œuvre les solutions qui s’en dégagent ; - La baisse importante des cours du coton, les retards de paiement aux producteurs, et la restructuration difficile de la filière coton béninoise fragilisent davantage les organisations

71 professionnelles agricoles qui se retrouvent, pour la plupart, dans des situations financières critiques ; - La mission d’évaluation à mi-parcours recommande à la CELCOR de « remettre les OPA au centre du processus » pour mieux capitaliser les acquis du PADSE et optimiser leurs conditions de pérennisation ; - Vient de se tenir à Bohicon un atelier régional sur le conseil de gestion, dont l’une des recommandations principales vise l’élargissement de l’approche développée au conseil global d’exploitation par l’adjonction d’une approche technique permettant de mieux répondre aux besoins des producteurs ; - La déliquescence des services publics de conseil technique crée un vide quasiment absolu en la matière.

2) – OBJECTIFS DE L'ETUDE :

L’objectif principal de la mission est de proposer des mesures concrètes permettant d’impliquer progressivement les OPA dans un processus global de conseil à l’exploitation.

Le conseil de gestion aux exploitations apparaît maintenant incontournable comme outil de formation et d’appui à l’innovation par son aide à la prise de décision, cependant, il semble nécessaire aujourd’hui de lui adjoindre urgemment un conseil technique adapté, afin de pouvoir répondre aux demandes des producteurs en la matière. En effet, le conseil technique, quand il existe (CARDER, ONG …), ne répond que très partiellement aux attentes des producteurs.

L’équipe de consultants devra donc prendre en compte les besoins techniques spécifiques et les attentes prioritaires des producteurs membres des GIP et des OPA en général sur le conseil à l’exploitation.

L’équipe de consultants devra définir le type de service à mettre en place, avec, l’appui nécessaire à apporter aux OPA pour assurer ce service aux producteurs et les conditions de sa mise en place au niveau des USPP, voire des GV.

Le service à définir devra bien entendu prendre en compte l’ensemble des services actuels (et leur évolution récente, notamment en ce qui concerne le conseil de gestion) proposés aux producteurs dans le cadre du conseil à l’exploitation, ainsi que les actions menées par les différents projets intervenant dans le cadre du renforcement des capacités des OPA (afin d’éviter tout chevauchement et en optimiser la pertinence). Dans ce cadre, la position du conseil de gestion devra être tranchée. Le conseil de gestion tel qu’il est pratiqué aujourd’hui avec une approche individuelle est-il compatible avec un conseil à l’exploitation mis en œuvre par les OPA ?

Enfin, l’équipe de consultants devra définir le rôle futur à jouer par les OPA dans le conseil à l’exploitation ainsi que les différentes phases éventuelles évolutives par lesquelles ce service pourra effectivement être mis en place.

3) – TACHES DU CONSULTANT :

L’équipe de consultants devra s’attacher à respecter une approche participative. Elle devra notamment : - Rencontrer et tenir des réunions avec les membres des GIP et des 13 USPP concernées par le conseil de gestion ;

72 - Rencontrer l’ensemble des structures (ministère, bailleurs de fonds, OPA, projets, ONG, CARDER …) dont les actions intéressent le conseil à l’exploitation et intervenant dans la même zone que le PADSE - Consulter toute la documentation disponible sur le conseil à l’exploitation ;

4) – RESULTATS ATTENDUS :

L’étude devra déboucher sur la présentation de solutions concrètes et pragmatiques faisant état :

- De la définition d’un service technico-économique à mettre en place aux producteurs ; - De la définition des conditions et des appuis nécessaires à la mise en œuvre de ce service. - Du rôle évolutif à jouer par les OPA dans le conseil à l’exploitation - De la prise en compte les diversités existantes ; - Des attentes et priorités des OPA ; - De la situation actuelle du conseil à l’exploitation dans la zone étudiée ; - Des besoins des apprenants des GIP en conseil à l’exploitation ; - De l’implication actuelle des OPA dans le conseil de gestion aux exploitations ; - Des liens entre les OPA et les actions du PADSE dans les domaines tels que la LEC, la diversification ou la RD.

La mission devra proposer des mesures et des dispositions concrètes susceptibles de faire, des membres des GIP et autres membres des USPP, des acteurs effectifs du conseil à l’exploitation.

5) – PROFIL DE L’EQUIPE DE CONSULTANTS:

L’équipe sera constituée de trois personnes :

- Un Ingénieur Agro-économiste expatrié ayant de solides expériences et connaissances dans le développement, la vulgarisation (par une approche participative), la structuration et le renforcement des capacités des organisations paysannes en Afrique de l’Ouest. - Deux ingénieurs agro-économistes béninois ayant une solide expérience du développement rural avec les OPA, maîtrisant le système de conseil de gestion en cours au Bénin et les deux approches de renforcement de capacité intervenant en appui aux OPA de la zone d’intervention du PADSE.

Essentiellement pragmatique, cette équipe devra être à même de diagnostiquer les forces et faiblesses des OPA de la zone d’intervention du PADSE et de réaliser des propositions concrètes à l'issue de sa mission d'expertise.

Trois personnes ressources ( 01 représentant de la CADG, 01 représentant de la CAGEA et 01 représentant des nouveaux opérateurs de CgG) seront associés pendant deux (02) jours pour travailler avec l’équipe de consultants, après constatation des besoins sur le terrain, sur l’évolution du conseil de gestion dans le concept de conseil à l’exploitation.

6) – DEROULEMENT DE LA MISSION:

Les Consultants auront une durée totale de 20 jours au Bénin pour mener à bien l’étude. Son déroulement pourrait s’organise comme suit :

73

Jour 01 : voyage et arrivée à Cotonou Jours 02 à 04 : rencontres MAEP/DPP, AFD, DIFOV, PAPP, PPAB, PROCOCA, DIFOV, CAGEA, CADG, UPC Bénin, CARDER Zou, UDP Borgou et CARDER Borgou ; Jours 05 à 15 : rencontre des 13 USPP actuellement concernées par le conseil de gestion Jour 16 : première synthèse de travail Jours 17 : travail avec les personnes ressource du conseil de gestion Jour 18 : synthèse finale Jour 19 : voyage à Cotonou + RV complémentaires éventuels Jour 20 : restitution et voyage

La mission s’effectuera dans le cadre du Projet PADSE qui pourra mettre à la disposition des Experts un bureau à PARAKOU. En outre, le chef de mission disposera de 04 jours en France pour finaliser la rédaction du rapport.

7) – RAPPORTS:

Les Consultants remettront les rapports suivants dans le cadre de la présente mission :

♦ Un aide mémoire qui sera remis avant le départ des Consultants et qui servira de support lors de la restitution aux autorités de tutelle du PADSE ♦ Un rapport provisoire qui sera remis au plus tard au PADSE, trois semaines après la fin de la mission, en cinq (05) exemplaires papier + une version sur support informatique (sous WORD). ♦ Un rapport définitif qui intégrera les commentaires et observations du PADSE, de ses autorités de tutelle et du bailleur de fonds, qui sera transmis au PADSE, au plus tard, deux semaines après la réception des commentaires du PADSE par le consultant, en dix (10) exemplaires papier + une version sur support informatique (sous WORD).

74 République du Bénin

PADSE

PROJET D’AMELIORATION ET DE DIVERSIFICATION DES SYSTEMES D’EXPLOITATION (Alibori – Borgou – Collines – Zou)

Appui au volet conseil à l’exploitation du PADSE et recherche d’une plus grande implication des organisations paysannes dans sa mise en œuvre

Seconde partie : Comptes-rendus des enquêtes sur le terrain

Plan

Page

I. Synthèse des enquêtes réalisées dans le Zou et les Collines

I.1. Entretiens avec les producteurs et des responsables de l'USPP de Banté 2

I.2. Entretiens avec les producteurs et des responsables de l'USPP de Dassa Zoumè 5

I.3. Entretiens avec les producteurs et des responsables de GV de Djidja 9

I.4. Entretiens avec les producteurs et des responsables de l'USPP de Glazoué 14

I.5. Entretiens avec les producteurs et des responsables de l’USPP de Ouessé 18

I.6. Entretiens avec les producteurs et des responsables de l’USPP de Zagnanado 23

I.7. Entretiens avec les producteurs et des responsables de l’USPP de Zogbodomé 28 (Et données complémentaires fournies par le GERME en annexe 8 du rapport principal)

II. Synthèse des enquêtes réalisées dans l’alibori et le Borgou

II.1. Entretiens avec les producteurs et des responsables de l'USPP de Karimama 31

II.2. Entretiens avec les producteurs et des responsables de l'USPP de Malanville 33

II.3. Entretiens avec les producteurs et des responsables de l’USPP de Kandi 37

II.4. Entretiens avec les producteurs et des responsables de l'USPP de Banikoara 41

II.5. Entretiens avec les producteurs et des responsables de l’USPP de Nikki 44

II.6. Entretiens avec les producteurs et des responsables de l’USPP de Tchaourou 49

1 I. Synthèse des enquêtes réalisées dans le Zou et les Collines

NB : Les entretiens ont été réalisés par M. Sikirou Oloulotan lors de deux visites dans chaque sous- préfecture (avec la participation de V. Beauval lors de la seconde visite). La mise en forme a ensuite été réalisée par M. Oloulotan. Les dires des participants sont fidèlement reproduits. Nos remarques et suggestions figurent en caractères arial 10.

I.I. ENTRETIENS A BANTE

Présents : Les principaux responsables de l'USPP, tous les membres des 2 GIP et le conseiller, Monsieur Christian IDOHOU gestionnaire d'entreprise de formation ainsi que son appui du GRAPAD en la personne de Boni Edgard BIAOU, ingénieur agronome.

1 - Brève information sur les 2 GIP et leur mode de constitution

GIP secteur d'Agoua GIP Secteur de Bantè Observations Création Septembre 2001 Idem Agoua Que des hommes des Effectif total 20 20 38 GV avec, en plus, Démarrage conseil Fin octobre 2001 Idem Agoua le gérant de l'USPP et Effectif parrainé 20 20 son secrétaire adjoint.

Le GRAPAD a fortement influencé l'USPP pour le mode de constitution. Un membre par GV a été désigné par le CA des groupements (et, bien souvent, un responsable du CA a été retenu) sur des critères fournis par le GRAPAD.

Le niveau en français a été privilégié et c'est ce qui expliquerait l'absence de femme (à vérifier car la non adhésion des GF au GV est aussi mentionnée)

2 - Formations

4 sessions de 2 jours ont été réalisées sur les thèmes suivants :

1ère Présentation du conseil en gestion Fin octobre 2001 pour les 2 GIP Fiche d'inventaire de l'exploitation 2ème Journal de caisse Début décembre 2001 pour les 2 GIP Fiche de stock Cahier d'utilisation de la main d'œuvre 3ème Bilan d'ouverture Début janvier pour les 2 GIP 4ème Tableau de flux mensuel de trésorerie Mi-février pour les 2 GIP

La 5ème session portera sur le calcul de la marge brute.

• Difficultés relevées par les participants pour l'apprentissage des premiers outils : - pour la main d'œuvre salariée : " Comment évaluer la valeur de ce que je paye parfois en nature à mes salariés" - Pour les groupes d'entraide : Il s'agit d'un prêt de main d'œuvre qu'il faudra rendre et qui n'apparaît pas comme prêt dans le cahier de main d'œuvre. - Main d'œuvre familiale recevant parfois une rémunération ou gratification qui est une charge pour l'exploitant mais profite à la famille (charge familiale en moins ?). - Fiches de stocks : difficultés pour appréhender le poids et la valeur des céréales et autres produits en stock. - Evaluation des dettes familiales ou à des amis mentionnée par certains dans leur inventaire et pas par d'autres. - Difficulté pour appréhender la valeur du foncier.

2

- Difficulté pour établir le tableau mensuel de flux de trésorerie.

• Aspects à débattre car pas simple à trancher : - Pour la main d'œuvre familiale, on ne mentionne pas ses activités dans et hors exploitation et on ne sait donc pas quelle est la composition globale du revenu pour la totalité des membres de la famille. Ceci influence pourtant les décisions du chef d'exploitation. - Pour la valeur du foncier, se positionne t- on sur les pratiques et les ventes de terre de plus en plus nombreuses (la terre a alors une valeur connue) ou sur le droit foncier traditionnel (dans ce cas, la valeur des terres n'est constituée, selon les conseillers du GRAPAD, que par le travail qui a été fournie pour la mettre en valeur).

En poussant plus loin l'analyse, doit-on prendre en compte la dégradation du capital sol et le fait qu'une terre non défrichée et fertile vaut en réalité plus à Bantè (car elle permet de produire l'igname) qu'une terre défrichée mais fatiguée ?

- Les céréales et autres produits en stock auraient été évalués selon leur coût de production et non selon leur valeur marchande au moment où est réalisé l'inventaire. Cela est surprenant car comment peut-on établir un coût de production pour son exploitation alors même que l'on n'a rien enregistré et que l'on commence le conseil en gestion ? Retenir la valeur marchande est plus simple et plus cohérent.

- La valeur de leurs semenceaux d'igname n'aurait pas été comptabilisée par tous les producteurs.

- Le calcul de la marge brute sera fait en Mars alors qu'aucun enregistrement ne permet de l'établir. La formation devient ainsi théorique car les formations ne correspondent pas au calendrier cultural.

Remarque : Toutes les incertitudes relevées sur la valeur réelle de l'actif (valeur du foncier et des stocks) et sur les dettes réelles font douter, dans le cadre de petites exploitations familiales, de l'intérêt d'établir un bilan de départ. Cette notion assez complexe pourrait être étudiée ultérieurement, la priorité devant être donnée à l'exploitation des données enregistrées dans les cahiers pour le calcul des marges par activité et de la rémunération du travail familial (facteur essentiel dans des exploitations en agriculture manuelle très majoritaires à Banté).

3 – Avantages tirés du conseil d’exploitation

• Les bénéficiaires avancent des arguments peu vérifiables et faisant croire, qu'avant ces 4 formations en conseil de gestion, ils ne faisaient rien de cohérent. • Le fait de noter les activités de l'exploitation, les flux d'agent semblent néanmoins avoir un impact déjà significatif : "je sais dans quel sens je dépense le plus" • Vu le peu de recul dont dispose les membres des GIP qui ne sont qu'au début de leur formation la discussion sur ce point a tourné court..

NB : Un producteur a signalé l'incidence du conseil de gestion sur la gestion de ses stocks de céréales (ce qu'il doit garder pour manger – ce qu'il peut vendre). Ce thème n'a pourtant pas été étudié dans les 4 sessions de formation réalisées. Il s'agit d'ailleurs d'un thème "gestion du vivrier" jugé fondamental pour des agricultures familiales (cf. atelier de Bohicon de novembre 2002).

3 4 – Implication des OP dans le conseil de gestion

• Presque tous les membres des 2 GIP sont des responsables CA des GV. Pourtant ils ne restituent pas à leur GV mais à leur filleul.

• l'USPP semble motivée1 pour poursuivre et amplifier le conseil de gestion en touchant, grâce à des agriculteurs formateurs issus des premiers GIP, des personnes en post- alphabétisation qui seront au moins 200 d'ici juillet 2002 dans cette sous-préfecture.

Pour cela, il faut identifier ces agriculteurs formateur et traduire les cahiers et fiches d'enregistrement en langues (ici, Ifé, Idaatcha et Fon).

Parmi les critères de choix de ces agriculteurs formateurs : - membres du GIP et maîtrisant bien les outils de gestion, - alphabétisé ou même maître alphabétiseur, - bonne moralité, - patience, - disponibilité.

Il faudrait, selon le superviseur du GRAPAD présent à la réunion, simplifier les outils en fonction des besoins des agriculteurs.

5 – Autres intervenants faisant le conseil et des formations :

- CARDER mais serait peu actif (il y a pourtant 20 agents à Banté). - USPP/UPC qui a fait de multiples formations. - ONG CBDIBA qui fait des cours à distance.

Les besoins de conseil technico-économiques des membres des GIP ne seront pas couverts par le programme actuellement proposé de formation.

1 Elle n'a cependant pas réglé sa participation au PADSE, laquelle s'élèverait à 1,8 millions de FCFA.

4

I.2. - ENTRETIENS A DASSA ZOUME

- Deux GIP mis en place - Des producteurs parrainés c'est-à-dire formés par les bénéficiaires directs du conseil à l'exploitation - Des producteurs non membres de GIP

1 – Brèves informations sur les GIP

* Création des GIP GIP Minifi GIP Loulè

- Création 2000 2001 - Effectif total 30 27 - Effectif Homme 28 19 - Effectif Femme 2 8 - Démarrage du conseil à l'exploitation juin 2000 juillet 2001 - Effectif des parrainés 25 10 - Nombre de femmes parraînées 0 02 - Statuts et RI oui non

(non encore déposé pour reconnaissance) - Localité Minifi Loulè

• Constitution des GIP :

• L'USPP a choisi le GV de Miniffi qui est bien organisé où les producteurs seraient réceptifs. • La langue dominante parlée à Miniffi étant le MAHI, le choix du second GIP a été fait en zone IDAASHA. Le GV de Loulé a été choisi. • Chaque GV a sélectionné des membres que la technicienne a interviewé. Le niveau scolaire exigé est au moins le CE2. Toutefois, il y a des membres qui ont le BEPC et plus. • Chaque GIP a mis en place un organe dirigeant. • A Miniffi, tous les 21 GVC que compte le GV sont représentés dans le GIP.

2 – Formations

- Rassemblement la veille de la formation - Choix du thème à partir des besoins exprimés par les exploitants et des constats faits lors des suivis de la technicienne - Mise en œuvre de la formation (formateur / technicienne) : * Débat sur le thème suivi d'explications * Exercices pratiques * Révision de la session de formation précédente avant un nouveau thème

- Suivi-appui par la technicienne au domicile et dans les exploitations des membres des GIP.

Ces suivis individuels se font une fois par mois et parfois 2 fois par mois. Ils permettent de mieux maîtriser les acquis de la formation et de bien les appliquer.

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3 – Avantages tirés du conseil à l'exploitation

- Réduction et contrôle des dépenses : limitation des dons et des dépenses de prestige (gaspillage). "A partir des enregistrements dans le cahier de caisse, l'on se rend compte de l'importance que font ces dépenses". - "Mes dépenses n'augmentent plus comme par le passé". - "Diminution de mes dépenses qui entraîne une augmentation des ressources disponibles".

- Bonne connaissance des périodes des différentes opérations culturales notamment le semis qui serait ignoré de beaucoup de producteurs ( ?). - Meilleure gestion des intrants agricoles et des stocks des produits vivriers (suivi du mouvement des stocks).

4 – Contraintes ou difficultés liées au conseil à l'exploitation

- Manque de financement de l'agriculture. - Insuffisante d'appui technique.

5 – Modification intervenue dans l'exploitation

- Augmentation du rendement car les champs seraient mieux suivis. Cela entraînerait l'augmentation des revenus - Limitation de bradage des produits à la récolte (produits conservés et stockés avec vente étalée lorsque le prix est rémunérateur). - "je suis devenu avare, car je refuse de faire des dépenses qui ne me rapportent rien". - "je m'occupe mieux des travaux de mon exploitation à cause du suivi que fait la technicienne".

6 – Problèmes résolus grâce au conseil à l'exploitation

- Meilleure gestion des revenus : "La réduction des dépenses inutiles me permet de disposer de l'épargne ce qui n'était pas le cas". - Meilleure gestion des stocks : « Avant, je déstockais les produits sans contrôle et parfois il y a manque de vivres que je dois acheter. Avec le conseil à l'exploitation, je gère bien mes stocks." - Réduction des emblavures : "J'emblavais des superficies dont l'étendue faisant ma fierté et non la production que j'en tire. Actuellement, j'emblave en fonction de mes moyens et cela me permet de mieux entretenir".

7 – Problèmes soulevés par le conseil à l'exploitation mais non résolus :

* Problèmes : - Non mécanisation de l'agriculture (non utilisation de culture attelée par faute de moyens financiers). - Manque de financement pour l'agriculture. - Non traduction des outils de gestion en langues nationales pour favoriser sa large diffusion aux producteurs

* Approches de solution : - Faciliter l'accès des producteurs au crédit. - Aider à trouver ou à négocier des financements aux conditions adaptées aux réalités de l'agriculture du Bénin

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- Faire la promotion des GIP auprès des structures et institutions de financement existantes pour leur faciliter l'obtention des prêts.

8. Les autres types de conseils à l’exploitation à Miniffi et à Dassa :

A Miniffi : - 1 Agent du CARDER (1 APV pour 2 GV) ; 1 agent LEC ; 1 agent R-D.

A Loulé : - Faible appui technique. - Pour le CARDER et l’agent AIC, le système de groupe de contact (GC) avec des essais dans les champs est utilisé. - Le CARDER travaille avec l'USPP pour la mise à disposition des producteurs des semences de qualité : formation et suivi des producteurs semenciers.

9 - Impressions des producteurs parrainés et de ceux non membres des GIP

- "Dans notre GV, le conseil de gestion a ouvert les yeux à ses adhérents qui sont des modèles aujourd'hui dans le village" ; - "Les bénéficiaires du conseil de gestion, gèrent mieux leurs argents et leurs stocks de vivre"; - "Comment pouvons-nous adhérer au conseil de gestion dont les impacts nous séduisent" ; - "Le conseil de gestion et le PADSE devront aider les producteurs bénéficiaires à solutionner le problème de manque de financement dans l'agriculture" ; - "Les adhérents du conseil à l'exploitation deviennent avares dans les villages et même envers leurs femmes" ; - "Lorsque l'on travaille qu'on en tire de l'argent qui est bien géré, il doit avoir de l'évolution dans ce que l'on fait".

10 – Degré d'implication des OPA (GV, GF, USPP)

- Le GIP de Loulè n'a parmi ses membres que le responsable à l'alphabétisation et un membre du comité de surveillance (CS) du GV. Ce GV a sollicité le GIP pour l'aider à sensibiliser ses débiteurs membres du GV pour rembourser leurs dettes.

NB : Pour une meilleure implication du GV aux activités de conseil à l'exploitation à Loulè, il peut être utile de faire adhérer les principaux membres de ce GV au GIP par cooptation ou parrainage. Un compte rendu périodique au CA du GV pourrait être aussi envisager.

- A Miniffi, 6 élus du GV sont membres du GIP dont les principaux responsables (président, vice président, secrétaire, trésorier, responsable à l'organisation, président du CS). Cela facilite énormément les relations entre le GIP et le GV.

11 – Attentes

- Attestation de fin de formation aux membres des GIP. - Bien appliquer les acquis de la formation pour être agriculteur modèle dans le village. - Traduction des outils et déroulement de la formation en langue nationale (pour atteindre la grande majorité des producteurs).

12 – Synergie entre conseil à l'exploitation et les autres volets du PADSE

• A Miniffi où trois volets du PADSE sont mis en œuvre, selon l'ensemble des producteurs, la collaboration entre les 3 volets est bonne.

7 • Pour les activités de formation programmées par le Volet Recherche – Développement, les adhérents de conseil à l'exploitation seraient généralement priorisés. Lorsqu'il y a problème de fertilité de sol, le volet RD est immédiatement sollicité par la technicienne. De même, lorsqu'il y a problème de parasitisme sur les cotonniers, le Volet LEC est sollicité.

• Il se dégage de ces témoignages des producteurs que les trois volets conseil à l'exploitation, LEC et RD œuvrent de façon complémentaire au développement de leur milieu. D'où relation de complémentarité entre ces 3 volets.

Remarque des membres de la mission : , A Miniffi, où cohabitent 3 volets du PADSE, il y a certes une bonne collaboration entre les acteurs mais il n’y a pas d'évaluation de la rentabilité économique des innovations proposées par les techniciens RD et LEC.

Un travail de concertation entre GIP et techniciens des différents volets serait nécessaire pour creuser ce sujet qui intéresse tous les producteurs. Par exemple, il serait possible de mesurer l’intérêt économique de la LEC dans les parcelles de membres de GIP relevant toutes les données permettant de faire ce calcul économique. Idem pour la comparaison de l’impact économique de rotations comportant des plantes de couverture en comparaison de rotations classiques.

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I.3 - ENTRETIENS A DJIDJA

1 – Brèves informations sur les GIP

* Création des GIP

- Nombre de GIP : 2 GIP 1 GIP2

- Année d'installation 23/06/2000 12/07/2001 - Effectif total 30 actuellement 27 26 - Effectif Homme Actuellement 27 23 - Effectif Femme 0 3 - Localités Plusieurs Plusieurs - Année démarrage Conseil à l'exploitation 23/06/2000 12/07/2001

* Constitution des GIP

• En partenariat avec la CADG, l'USPP a choisi un GV dans la partie Nord de la sous-préfecture, Karatehou qui est un GV de forte production cotonnière ; puis un autre dans la partie Sud, Mougnon. • Les informations ont été données dans le GV concerné. Les volontaires ont été choisis par les responsables du GV sur la base de critères comme savoir lire et écrire en français. • L'effectif des premiers adhérents volontaires a été insuffisant. Le nombre a alors été complété par ces derniers par cooptation dans des GV voisins. C'est ainsi que chaque GIP regroupe des membres de plusieurs GV.

* Organisation / fonctionnement des GIP

• Chaque GIP dispose d'un bureau dirigeant (Président ; vice président ; secrétaire général ; secrétaire général adjoint ; trésorier général ; trésorier général adjoint ; responsable à l'organisation et responsable à l'information) et d'un comité de surveillance (CS) de 2 membres. • Ces organes ne fonctionnement pas encore bien au niveau de chacun de ces GIP et ces derniers ne disposent pas encore de textes juridiques (statuts et règlement intérieur). • Une cotisation de 500 F/membre/session de formation a été instaurée au niveau de chaque GIP. Cette somme n'a été payée que deux fois seulement. Ainsi, le GIP 1 dispose de 27.000 FCFA. Le GIP 2 dispose de 26.000 F CFA.

* Motivation d'adhésion au GIP • accès au crédit ; • recrutement ultérieur comme salarié par de "gros producteurs" ; ou autres : "devenir gestionnaire de l’exploitation d'un grand producteur" ; • maîtriser la gestion de l'exploitation …

2 – Formation en gestion

* Déroulement de la formation

9 • La périodicité des formations est de deux mois environ. Le thème de formation est fixé par le formateur et le technicien en tenant compte des résultats du suivi individuel du technicien en gestion. La date et le programme sont soumis aux exploitants qui les adoptent avant le démarrage de la formation. • La durée de la formation est de 3 jours. Le rassemblement des producteurs se fait la veille du premier jour de la session à Djidja. Une journée de formation peut être ordinaire (08 h à 12 h et 15 h à 18 h) ou continue (08 h 30 à 16 h 30 mn). • Lors de chaque formation, les discussions et participations des exploitants sont privilégiées.

• Les deux GIP ont le même niveau de formation. Les thèmes étudiés sont : - Le journal de caisse - le cahier d'utilisation de la main d'œuvre - le cahier d'utilisation des intrants - la fiche de stock - le flux mensuel de trésorerie - le plan de campagne

NB : Au démarrage du processus de formation, le PADSE, le volet conseil de gestion et le programme de formation ont été présentés et discutés avec les participants.

* Suivi des exploitations

Après la formation et des exercices pratiques d'application, les exploitants sont suivis individuellement au moins une fois par mois : - au domicile pour s'assurer du bon remplissage des outils de gestion mis à leur disposition et s'enquérir des éventuelles difficultés qu'ils rencontrent pour leur apporter des appuis techniques et prodiguer les conseils nécessaires, - dans leurs exploitations pour s'assurer de la bonne mise en application des acquis de la formation et des conseils techniques prodigués (les conseils techniques sur les itinéraires techniques des cultures, la mise en application des acquis de la formation, la vérification de l'application des techniques conseillées …).

Le technicien en gestion informe à l'avance les participants de son programme de suivi.

* Traitement des données et analyse des résultats Le technicien en gestion prélève une copie des données enregistrées pour des traitements informatiques et laisse le double aux membres des GIP. Il n'a pas pu faire le dépouillement car les micro-ordinateurs n'ont pas été achetés à temps (Ils ont été mis à la disposition du technicien en fin d'année 2001 : un micro-portable pour 2 techniciens). Ceci explique que les producteurs n'ont pas pu disposer de leurs données traitées et analysées. Un dépouillement manuel partiel a cependant été fait par les membres avec l’appui du conseiller.

* Essai de traduction des outils en langue Fon Un essai de traduction des outils en langue Fon est en cours avec les exploitants bénéficiaires de formation en gestion. Les outils déjà traduits sont le journal de caisse, le cahier d'utilisation de la main-d'œuvre et le cahier des intrants.

Cet exercice, lorsqu'il sera achevé et validé, permettra une large diffusion du conseil à l'exploitation aux producteurs alphabétisés en Fon.

3 – Avantages tirés du conseil à l'exploitation (selon les membres)

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Selon les producteurs, plusieurs avantages sont tirés du conseil à l'exploitation : • Meilleure gestion de l'argent et des stocks des produits agricoles ; • "les connaissances que je tire du conseil à l'exploitation dépassent l'intérêt immédiat" ; • "je dépensais anarchiquement mais depuis que j'ai commencé la formation en gestion, j'ai réduit mes dépenses inutiles" ; • "le conseil à l'exploitation est comme un « miroir en soi-même ». Si on n'applique pas la vérité en gestion, on ne peut pas trouver l'efficacité de cette gestion" ; • le journal de caisse me permet de me rappeler de mes créances et des avances données" ; • "le conseil à l'exploitation permet de connaître les coûts de production des différentes cultures, de savoir les marges que dégage chaque culture et d'identifier les cultures qui ne sont pas rentables" ; • "avec le conseil à l'exploitation, nous sommes surnommés des avares dans le village, car moi par exemple j'ai réduit les prélèvements pour réception …" ; • "le projet PADSE est comme quelqu'un qui apprend à pêcher et non qui donne de poissons. Au début, certains participants parmi nous se plaignaient de la faible indemnité de prise en charge, mais aujourd'hui les avantages que me rapportent les acquis des formations sont énormes" ; • au début je doutais, je n'avais pas cru au conseil à l'exploitation mais avec la maîtrise progressive des techniques culturales et les enregistrements réguliers des mains d'œuvre que j'utilise, je suis comme un repère dans le village pour les dates des opérations culturales" ; • "avec le conseil à l'exploitation, je n'associe plus trois cultures (maïs, arachide, niébé) comme par le passé sur la même parcelle et sur la même ligne".

4 – Contraintes ou difficultés liées au conseil à l'exploitation

- "Le remplissage des outils est contraignant : Avec une petite négligence ou report, le remplissage devient repoussant à cause de l’importance de la masse de données à enregistrer" ; - "certaines périodes de formation sont contraignantes car parfois nous ratons les semis lorsqu'il y a une pluie surprise. Il faudrait alors, pour les périodes culturales, une meilleure concertation entre le technicien de la CADG et les membres des GIP pour la fixation des dates des sessions de formation". - "Les membres des GIP sont taxés d'avares dans leur milieu de vie ; - "Nous éprouvons de difficultés pour le dépouillement manuel des données permettant l'établissement du tableau du flux mensuel de trésorerie".

5 – Modifications intervenues dans l'exploitation dues au conseil à l'exploitation

- "Le technicien nous a appris à tester le taux de germination avant le semis, ce qui nous permet de perdre moins de semences et d'argent pour les resemis"; - "Les enregistrements des dates des opérations culturales des précédentes campagnes m'ont permis avec le conseil du technicien de déterminer les bonnes dates de semis que je respecte désormais"; - "avant le conseil à l'exploitation nous comptions 120 billons de 20 mètres de long par parcelle mais avec le conseil du technicien nous savons désormais qu'il y a 125 billons de 20 mètres par parcelle (cinq parcelles = un hectare)"; - "pour l'entretien : je faisais avant, un sarclage et un sarclobînage. Le technicien nous a conseillé de faire 2 sarclages et un sarclo-bînage, ce qui nous donne aujourd'hui un meilleur

11 rendement" (NB : cela occasionne aussi plus de travail. La question de fond est de savoir si ce surcroît de travail induit une meilleure marge…); - "Nous avions l'habitude d'associer plusieurs cultures, mais actuellement avec le conseil à l'exploitation, nous semons de plus en plus en pur et avons de bons rendements" (NB : Sujet à creuser car, dans le sud du Bénin, les avantages de certaines associations de cultures ont été mis en évidence par des travaux INRAB solides…).

6 – Evolution des revenus - Avec une amélioration progressive des techniques culturales, nous obtenons plus de production donc plus d'argent" ; - "En diminuant voire en éliminant des dépenses que je juge inutiles et en réinvestissant ces fonds dans mes activités productives, mon revenu a augmenté".

7 – Problèmes résolus grâce au conseil à l'exploitation

- Itinéraires techniques ou techniques culturales. - Gestion des revenus. - Amélioration des rendements. - Maîtrise de coûts de production. - Maîtrise progressive des dépenses.

8 – Problèmes soulevés par le conseil à l'exploitation mais non résolus

* Problèmes : - Lutte contre les mauvaises herbes (Chromolaena ordorata et Imperata cylindrica) ; - Pauvreté des sols ; - Criquets et rats qui dévastent les cultures la nuit ; - Manque d'intrants pour les cultures autres que le coton ; - Manque de marché d'écoulement pour les produits agricoles ; - Manque de crédit pour financer les activités agricoles ; - Insuffisance d'encadrement technique (insuffisance d'agents : "Les quelques rares agents du CARDER qui sont encore en poste ne vont plus sur le terrain"…).

* Approches de solution : - Utilisation du mucuna pour lutter contre les mauvaises herbes et régénérer les sols ; - Solliciter l'équipe RD pour étudier les solutions appropriées pour lutter contre les mauvaises herbes ainsi que l'appauvrissement des sols ; - Pour lutter contre les criquets et rats nocturnes solliciter la R-D et la RCF ; - Solliciter les GV et USPP pour réfléchir au problème de manque d'intrants spécifiques aux cultures autres que le coton. - Bien former les membres des GIP pour être des "encadreurs" endogènes des OPA (GV, USPP …).

9 - Attentes

- Savoir monter des dossiers ou micro – projets crédibles à soumettre au financement ; - Etre éclaireurs des producteurs dans la sous – préfecture à la fin de la formation.

10 – Souhaits formulés par les filleuls (parrainés)

- Mettre des outils de gestion à leur disposition. - Suivi de ces exploitants par le technicien en gestion au même titre que les exploitants bénéficiaires directs des formations en gestion.

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11 – Degré d'implication des OP de Djidja

On constate une faible degré d'implication des OP dans le conseil à l'exploitation (NB : mais cette USPP a quelques problèmes internes…).

Pour une implication plus active, le technicien en gestion a demandé à l'USPP de désigner son responsable à l'information pour participer aux sessions de formation du volet conseil de gestion du PADSE.

Pour une meilleure implication des OPA, les participants mentionnent aussi les points suivants :

• faire le conseil à l'exploitation en langue Fon, • de retour des formations : . faire un bref compte rendu (oral et écrit) au élus (CA et CS) des GV . large information et sensibilisation des lettrés du GV pour les motiver à s'intéresser au conseil à l'exploitation

12 – Extension ou démultiplication du conseil à l'exploitation

Pour une extension ou une diffusion du conseil à l'exploitation à un nombre plus important de producteurs, il faudrait traduire les outils et animer la formation en Fon. Pour ce faire, il faudrait selon les participants s'appuyer sur les maîtres alphabétiseurs endogènes dans les GIP et les villages ainsi que les producteurs néo-alphabètes qui ont suivi avec succès au moins le niveau post alphabétisation 1 suite au programme d’alphabétisation du PROCOCA/UPC/AFD mis en œuvre par le GEFAD.

13 I.4 - ENTRETIENS A GLAZOUE

1 – Brèves informations sur les GIP

Trois GIP sont créés et fonctionnels à Glazoué

GIP1 (1997) GIP2 (Hlansoé, 2000) GIP3 (, 2001)

- Année de création 1997 2000 2001 - Effectif total 20 25 20 - Effectif Homme 19 20 12 - Effectif Femme 1 5 8 - Localité Plusieurs localités Hlansoé Sokponta - Démarrage Conseil à l'exploitation 1997 22/6/2000 Juillet 2001 - Elaboration statuts et RI Oui (décembre 2001) - - - Cotisation pour fonctionnement GIP Oui - - - Montant cotisation 500 F/mois - - - Compte bancaire : CREP de Sowé (1) - -

(1) mais ils envisagent la CLCAM à la fin de cette campagne du fait de problème d’arriéré de crédits. NB : Cette SP connaît de très graves problèmes d’endettement.

En 97, pour le 1er GIP (ancien GIP) de Glazoué, 2 producteurs choisis par le technicien en ont choisi d’autres pour constituer le GIP (2 participants venaient du GV de à Dassa).

Pour les deux GIP récents, les critères de choix des GV ayant permis à l’USPP de choisir les GV sont les suivants : - GV producteur de coton - Peu endetté ou pas de dette - Tenue correcte des documents comptables

Les GV ont ensuite choisi les membres des GIP. A Sokponta, des responsables de GV sont membres du GIP, ce qui favorise l’implication de l’OP.

2 – Formation et lieux de formation

• Le GIP 1 (1997) était formé à la MAFAR à . Le lieu de formation a été ensuite déplacé à Glazoué puis à LEMA (Radio LEMA) à DASSA. • Le GIP 2 (Hlansoé, 2000) était au départ formé sur site puis ensuite à Glazoué et enfin à LEMA. • Le GIP 3 (Sokponta, 2001) était formé à Sokponta puis ensuite à LEMA.

Les 3 GIP sont formés hors de leurs villages pour que les membres soient moins sollicités ou moins préoccupés par les petits problèmes du village ou de famille lors de la formation. De plus, le soir les discussions se poursuivent entre producteurs et/ou entre producteurs et formateurs / technicien chargé de gestion. Ceci permet également de régler le problème de ponctualité des participants.

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Le lieu particulier de LEMA permet de médiatiser la formation grâce aux interviews diffusées des formateurs et des exploitants aussi bien en français qu'en langues nationales (Mahi, Idaasha) à la radio communautaire ILEMA.

Autres aspects concernant les formations : • Rassemblement des participants la veille sur les lieux de formation : • Durée de la formation : 3 jours. • Périodicité de la session de formation : en général, tous les 2 mois. • Démarche suivie pour le déroulement d'une session de formation :

* choix du thème de la formation avec le formateur sur la base des questions que posent les bénéficiaires et des constats faits par le technicien chargé de gestion lors des suivis individuels des exploitants et de groupe. * Explications sur le thème, exercice pratique d'application, évaluation à la fin de chaque journée puis évaluation de la session à la fin du 3e jour de formation.

• Après formation en salle, un suivi individuel des exploitants a lieu au domicile et dans les exploitations. Il permet de choisir le thème de la session de formation suivante : révision du thème précédent ou nouveau thème. Il permet également de s'assurer de la bonne assimilation du thème étudié et de l'application de ses acquis.

• Des visites d’exploitation sont organisées par le GIP 2000 (Hlansoé). Un petit groupe de 5 producteurs est désigné après chaque formation pour assurer cette visite dans les champs de tous les membres du GIP pour voir si les acquis sont bien appliqués, et les outils de gestion (cahiers) sont bien remplis. Ce petit groupe est renouvelé après chaque session de formation.

• Entre deux sessions de formations, 2 rencontres entre les membres de GIP puis la 3e en présence du technicien chargé de gestion.

3 – Avantages tirés du conseil à l'exploitation

- Connaissance des dépenses effectuées à la fin de chaque mois ce qui permet de mieux les maîtriser ; - Connaissance du coût réel de la main d'œuvre et de la valorisation du travail fourni par les actifs familiaux durant une campagne ; - Meilleure maîtrise des coûts de production et des marges dégagées par chaque culture ce qui permet de savoir les cultures les plus rentables et celles qui ne le sont pas ; - Connaissance du nombre d'homme-jour qu'il faut par culture et par campagne ; - Réduction voire suppression des dépenses non productives ; - Maîtrise des activités de son exploitation : * planification des activités ; * conception du plan de campagne ; * connaissance des comptes de résultats des cultures pratiquées ; * capacité de faire le bilan de l'exploitation.

- Tendance à la spécialisation des exploitants qui de plus en plus choisissent des cultures les plus rentables et abandonnent les autres (NB : à creuser car la spécialisation peut accroître les risques économiques surtout en année de forts aléas climatiques). - Un des bénéficiaires de la formation ((DEGNIDE Honorat, membres du GIP depuis 1997) est identifié comme formateur et souvent sollicité par des projets dans la sous-préfecture (AGEFIB, CECO/CIDR).

15 4 – Contraintes ou difficultés liées au conseil à l'exploitation

- Impossibilité « d'imposer le prix des produits agricoles calculé grâce au coût de production » (NB : le prix appliqué sur le marché est souvent plus faible que ce coût de production…) ». - « Remplissage des cahiers gestion contraignant pour les exploitants qui rentrent fatigués des champs et ont parfois perdu l’habitude après l'abandon des classes il y a plusieurs années » ; - Faible effectif des bénéficiaires du conseil à l'exploitation, ce qui limite la diffusion rapide de cet outil à la grande masse des producteurs ; - Les bénéficiaires de la formation en gestion sont traités d'avares dans leur milieu de vie.

5 – Modifications intervenues dans l'exploitation dues au conseil de gestion

- « Un meilleur respect des dates de semis » (NB : Mais comment choisir la bonne date de semis dans des années climatiquement aussi perturbées ?); - La présence obligatoire du chef d'exploitation lors des opérations capitales comme : semis, épandage d'engrais, traitements insecticides, récolte ; - Plus de soins et un meilleur suivi sont accordés à l'exploitation.

6 – Evolution des revenus

- « Avec l'application des acquis des formations en gestion, on note une augmentation des rendements qui entraînerait une augmentation des recettes » ; - « La maîtrise des coûts de production et des dépenses couplée à une augmentation des rendements nous permettent d'augmenter nos revenus » ; - "Lorsque je rapproche les dépenses effectuées des recettes, je constate une amélioration de mes revenus".

7 – Problèmes résolus grâce au conseil à l'exploitation

- "Avant le démarrage de la formation en gestion, je travaillais beaucoup et peu d'argent s'en dégageait mais actuellement je travaille moins qu'avant et en tire plus de profit" ; - « Bonne gestion de l'argent et plus de rigueur dans les dépenses » ; - « Connaissance de ce que rapporte chaque culture que je pratique ». - « Bonne connaissance de coûts de production de chaque culture » ; - « Prévision des dépenses des campagnes agricoles » ; - « Planification et élaboration de programme d'activités de la campagne agricole » ;

8 – Problèmes soulevés par le conseil à l'exploitation mais non résolus

* Problèmes - Financement de l'exploitation ; - Rareté de la main-d'œuvre qui a entraîné une augmentation de son coût alors qu’elle est devenue difficile à financer par des crédits ; - Difficulté de transport des produits après la récolte (du champ au village) ; - Maîtrise des techniques culturales ; - Foncier : il est demandé aux producteurs de gérer le parcellaire mais divers problèmes fonciers se posent à eux.

* Approches de solutions

- Financement de l'exploitation : . favoriser l'accès au crédit des membres des GIP. Chaque membre des GIP devrait désormais élaborer son plan de campagne avec un compte de résultats prévisionnel et joindre ses documents à sa demande de crédit ;

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. trouver une solution efficace au problème de caution solidaire qui est l'une des principales causes des impayés enregistrés et qui induit de graves dysfonctionnements au sein des GV;

- formation en techniques culturales :

. former des agriculteurs – formateurs en nombre suffisant pour combler le déficit d'appui techniques aux producteurs et aux GV/GF.

. encourager la formule initiée par le PPAB. Les agriculteurs-formateurs pourraient être indemnisés grâce à la participation des producteurs et productrices, de leurs OPA et du PADSE.

. réinstaurer le système de champs d'essai avec les groupes de contact et utiliser les agriculteurs-formateurs comme animateurs de ces groupes.

9 - Besoins non satisfaits : Cf. problèmes soulevés par le conseil mais non encore résolus.

10 - Degré d'implication des OPA

Pas de relation particulière entre chaque GIP et son GV et il n'existe pas non plus d'obligation de l'une des structures vis à vis de l'autre.

Pour impliquer plus activement les OPA dans le conseil à l'exploitation et pour favoriser son appropriation ces dernières, il faudrait : - organiser des rencontres entre membres des GIP et les responsables des GV et GF puis de l'USPP afin de leur permettre de mieux connaître ce qui se fait, les avantages et les intérêts pour les producteurs et leurs OPA ; - les OPA (GV, GF et USPP) devraient associer les membres des GIP à l'élaboration de plans de campagne et des programmes d'activités des OP; - exiger des comptes-rendus écrits et oraux des participants à leurs OPA de retour des formations.

Attentes : - Associer les membres du CA de l’USPP à la formation en gestion. - Traduire les outils en langues et animer la formation en langue.

17 I.5 - ENTRETIENS A OUESSE

1 – Brèves informations sur les GIP

* Création des 3 GIP de la sous-préfecture de Ouessè.

GIP 1995 GIP 2000 GIP2001

- Année de création 1995 2000 2001 (février) - Effectif total 20 24 25 - Effectif Homme 20 22 25 - Effectif Femme 0 2 0 - Localité Plusieurs localités Kèmon - Démarrage Conseil à l'exploitation 1995 2000 (juillet/Août) 2001 (juillet) - Elaboration statuts et RI oui non non - Cotisation pour fonctionnement GIP Oui non non - Montant cotisation 1 000 FCFA/mois - - =12 000 FCFA/an - Compte bancaire : CLCAM Ouessè - -

Pour le GIP 1 mis en place en 1995, les GV et l'USPP n'ont pas été impliqués. Les producteurs de ce GIP ont été choisis dans des GV de Ouessé par le GERAM qui était l'opérateur du PGRN à Ouessè et promoteur du conseil à l'exploitation Ces producteurs avaient reçu des formations dans des centres de formation agricole Kpakpassa (Savalou) ou ailleurs (Boko dans le Borgou).

Avec l'avènement du PADSE, la démarche a davantage impliquée les OPA. L'USPP a choisi 2 GV dont un dans la zone Est (zone Nagot) et l'autre dans la zone Ouest (zone Mahi). Les responsables des GV ont choisi parmi leurs membres des producteurs pour suivre la formation en gestion. Des critères comme le niveau de scolarité, le soin apporté à son exploitation, la disponibilité pour suivre la formation ont permis au technicien de sélectionner les membres de chaque GIP dans chaque zone.

Dans le GIP 2 mis en place en 2000 à Laminou, 5 désistements ont été enregistrés et remplacés par d'autres volontaires.

2 – Formation

* Déroulements

- Arrivée des participants la veille (rassemblement à la MAFAR à Kilibo pour les GIP 1995 et GIP 2001 ; puis à Ouessè pour le GIP 2000). - Formation de 3 jours avec une périodicité en général de 2 mois.

- Démarche suivie pour le déroulement d'une session de formation : * expression par avance au technicien chargé de gestion des besoins ou des thèmes de formation souhaités ; * * échanges entre participant animés par le formateur et le technicien chargé de gestion ; au début de la session, expression des difficultés rencontrées pour l'assimilation, la compréhension ou la mise en œuvre pratique des acquis du précédent thème. * propositions ou approches de solution à ces difficultés suite à ces échanges entre participants ; * introduction et développement du nouveau thème partant du "brainstorming" des exploitants ;

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* exercices pratiques.

* Suivi : - Après la formation en salle :

* Suivi des exploitants dans l'application pratique des connaissances acquises de la session de formation par le technicien chargé de gestion : passage au domicile et/ou dans les parcelles. Lors du suivi, le technicien prélève des feuilles de données collectées par les exploitants pour le traitement informatique mais il n’a pas encore pu faire de restitution du fait de la mise à sa disposition tardive de l'ordinateur.

* La périodicité du suivi est d’une fois par mois pour le GIP de 1995 et de façon tournante chez chaque exploitant. Elle est d’une fois tous les 2 mois pour les autres GIP.

* Rencontres périodiques entre exploitants :

Lors de ces rencontres des membres des GIP, il est généralement abordé les points suivants : * contrôle des cahiers pour détecter ceux qui ne les remplissent pas ou qui les remplissent mal (cas des nouveaux GIP de 2000 et de 2001), * échanges sur les difficultés rencontrées par chaque exploitant dans l'application des thèmes des formations dans son exploitation et approche de solutions entre producteurs, * Discussion sur la vie du GIP.

3 – Avantages tirés du conseil à l'exploitation

- Maîtrise des dépenses : * connaissance des dépenses effectuées dans le ménage chaque mois, * connaissance des dépenses effectuées pour chaque culture au cours de la campagne, * réduction de certaines dépenses qui paraissent inutiles ou de prestige

- Connaissance de coûts de production ;

- Calcul de marges et déduction des cultures les plus rentables ; Exemple : Cette campagne 2001 – 2002, un exploitant membre du GIP créé en 2000 a déclaré que la marge après remboursement des intrants (MARI) du coton qu'il a produit est de 140.000 F CFA alors qu'il a dépensé au total 160.000 FCFA pour la main d'œuvre. Ce qui laisse se dégager un déficit de 20.000 FCFA entraînant chez lui un découragement pour cette culture.

- Intégration de la notion de planification des activités dans les habitudes (surtout pour l’ancien GIP créé en 1995). Les programmes sont conçus en fonction des moyens disponibles et après une prévision préalable. On fait moins de superficie mais plus soigné. - La vente étalée de certains produits vivriers permet à certains exploitants de mesurer l'évolution des prix de ces produits ; - "Le conseil à l'exploitation nous permet de calculer le prix minimum de vente de nos produits agricoles pour ne pas avoir de perte". - « Il permet également la substitution de cultures lorsqu'il y a problèmes pluviométriques ».

4 – Contraintes ou difficultés liées au conseil à l'exploitation

- Le conseil à l'exploitation aurait rendu les bénéficiaires avares avec réduction voire suppression de certaines dépenses habituelles ; - Le remplissage des cahiers de gestion demanderait beaucoup de temps et serait contraignant pour les exploitants déscolarisés depuis longtemps et qui ont perdu l’habitude d’écrire ;

19 - Les formations en saison pluvieuse (et des travaux) sont contraignantes ; - Les besoins de financement de l'agriculture ne sont pas satisfaits.

5 – Modifications intervenues dans l'exploitation dues au CEF

- "Avec le CEF et le conseil du technicien chargé de gestion, j'ai décidé ne plus étendre de façon fantaisiste la superficie de mon exploitation mais de mieux m'occuper du peu dont je suis capable". - "Avec la formation en gestion, j'ai restreint le nombre de cultures à installer car à la récolte, j'ai souvent de problème de main d'œuvre et je perds une bonne partie de mes produits au champ sans m'en rendre compte". - Layonnage et parcellisation du champ avec adoption d'un bon plan d'assolement / rotation ; - Meilleur choix des cultures à partir des calculs de marges de ces cultures ; Exemple : Cas d'un bénéficiaire qui a réduit la superficie de son champ de coton au profit du manioc dont la marge après transformation a été de 102.000 FCFA à l'ha au cours de la campagne 2000/01. - Choix de variétés à haut rendement ; - Décision de ne plus garder de manœuvre agricole permanent car leur séjour reviendrait plus cher après les calculs de certains exploitants ;

6 – Evolution des revenus

- "Depuis le démarrage du conseil de gestion, avec les conseils du technicien en gestion et les échanges entre producteurs, je maîtrise mieux les itinéraires techniques, ce qui a entraîné une augmentation de mes rendements et un accroissement de mes revenus", - La maîtrise des coûts de production grâce au CEF et l'amélioration des rendements ont entraîné une augmentation des revenus.

7 – Problèmes résolus grâce au conseil à l'exploitation

- Planification opérationnelle des activités ; - Organisation du travail et de l'exploitation ; - Certains problèmes techniques : "les échanges entre producteurs, les conseils du technicien chargé de gestion, les visites d'exploitations ont permis de corriger certains problèmes de techniques culturales qui se posaient au niveau de mon exploitation" ; - Fertilité de sol chez certains membres : mise en contact par le technicien avec la RD ; - Diversification des activités (comme association petit élevage à l'agriculture) pour atténuer les conséquences des aléas climatiques. - Absence du chef d'exploitation lors de certaines opérations culturales. Selon des membres des GIP, l'analyse des résultats des campagnes agricoles avec le technicien chargé de gestion les a convaincu que leur présence dans l'exploitation était indispensable pour des opérations critiques (semis, épandage d'engrais, traitements phytosanitaires, récolte, …) (NB : Quels sont donc ces exploitants agricoles de Ouessé qui n’étaient auparavant pas présents pour des étapes clefs des travaux culturaux ?) ;

8 – Problèmes soulevés par le CEF mais non résolus

* Problèmes : - L'analyse comparée des résultats des exploitants a permis de constater que des problèmes de techniques culturales se posent au niveau de certaines exploitations.

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- Difficulté d'accès au crédit rural et donc des besoins financiers non satisfaits. Le crédit accordé par la CLCAM est souvent obtenu en juillet/août alors que la campagne agricole démarre en mars. Ainsi, ce crédit ne profite plus à l'exploitant qui doit respecter sa programmation ; - Ecoulement des produits à un prix rémunérateur. Le conseil conduit à une augmentation des rendements et des productions (si bonne planification des activités, maîtrise des techniques culturales, etc…) mais tout ce travail peut être remis en cause par des prix de marché faibles.

* Approches de solutions : - Suggestions pour les problèmes techniques . Pour les membres des GIP, organiser, au cours des formations, des visites d'exploitations suivies de débats dans des champs des bénéficiaires ; . Organiser des ateliers de concertation et d'échanges entre GIP de différentes SP ; . Pour l'ensemble des producteurs, identifier dans des GV des producteurs qui maîtrisent les itinéraires techniques par culture et les utiliser comme formateurs d'autres producteurs ; . Organiser des visites d'exploitations dans des champs au cours de la campagne et ré- activer l'approche « groupes de contact » dans les GV (conduite des champs d'essai sur des parcelles tests par des exploitants formés pour les démonstrations et sous le contrôle des producteurs de la zone). . Les producteurs ou les OP pourraient contribuer à l'indemnisation des producteurs formateurs endogènes ou agriculteurs-expérimentateurs. . Le CA du GV pourrait responsabiliser certains de ses membres pour le suivi de cette activité. Il en serait de même de l'USPP. . A la radio rurale de Ouessè, des émissions en langues nationales sur des techniques culturales seraient animées par des producteurs.

- Suggestions sur le financement rural : Les membres des GIP sont capables d'élaborer des plans de campagne et des comptes de résultats prévisionnels. De plus, ils sont suivis par un technicien CADG. Ils devraient bénéficier plus aisément de crédits. Il faudrait que les responsables de la CADG et du PADSE mènent des démarches dans ce sens auprès de la FECECAM.

9 – Besoins non satisfaits

- Approvisionnement en intrants spécifiques pour les cultures autre que le coton - Accès facile au crédit pour investir dans l'agriculture - Amélioration des pratiques culturales - Disposition d'un service d'appui technique de proximité.

10 – Degré d'implication des OPA

Ce niveau d'implication et les types d'actions sont variables d'un GV à l'autre. Dans certains GV, les principaux responsables (président, secrétaire, trésorier) sont membres des GIP. D'autres motivent leurs membres pour qu’ils participent aux formations de gestion (octroi de perdiem).

C'est le cas du GV de GBEME dans la commune de LAMINOU qui a payé durant plus d'un an un perdiem de 1.500 FCFA/j de formation à chacun de ses 2 membres participant aux formations du conseil d’exploitation. Une restitution au CA du GV était organisée par ces derniers de retour de la formation. Ce GV s'étant retrouvé seul à prendre une telle initiative dans la sous-préfecture, l'a simplement supprimé.

21 Toutefois l'Union Communale des Producteurs (UCP) de Laminou "aurait promis de contribuer à la traduction en langue nationale des documents de gestion et de les diffuser à un grand nombre de producteurs puis à budgétiser une indemnité forfaitaire aux membres du GIP 2000 de sa commune".

En dehors de ces cas, il n'existe pas d'autres relations ou obligations entre les GIP et les OPA.

Pour une implication plus active et une bonne appropriation du conseil à l'exploitation par les OPA (GV, GF et USPP…), il faudrait : - que les membres des GIP rencontrent le CA de leur GV (là où c'est nécessaire) pour exposer ce qui est fait en gestion et présenter les avantages., … Ils peuvent être accompagnés par le technicien chargé de gestion ; - instaurer une rencontre périodique entre les responsables des GIP et les responsables de l’USPP ; - informer le gérant et le président de l'USPP des calendriers de formation puis l'inviter de temps en temps à l'ouverture ou le dernier jour des sessions de formation ; - les membres des GIP aident le CA de leur GV et USPP à bien préparer les AG : rapport d'activités ; rapport financier ; programme d'activités, plan de campagne, comptes de résultats par culture, …. ; - inscrire le conseil à l'exploitation dans le programme de formation de l'USPP ; - faire bénéficier du conseil à l'exploitation les membres des CA des GV et USPP; - établir une relation plus forte entre le conseil à l'exploitation et le programme d'alphabétisation mise en œuvre par le PROCOCA afin de permettre à un grand nombre de producteurs d'en bénéficier ; - organiser d'autres filières agricoles ou d'autres activités économiques pour améliorer les recettes de l'USPP. Elle pourrait ainsi contribuer au financement du conseil à l'exploitation et prendre en charge sa diffusion auprès d’autres producteurs. Ceci pourrait garantir également la pérennisation du conseil après le PADSE.

11 – Attentes

- Délivrer une attestation aux participants à la fin du cycle de formation ; - Aider à résoudre plus efficacement les problèmes de techniques culturales ; - Aider les membres des GIP à trouver des sources de financement adaptées aux réalités agricoles du Bénin ; - Aider à faciliter l'écoulement des produits vivriers.

12 – Synergie entre Conseil à l'exploitation et les autres volets du PADSE

- Les membres des GIP participent désormais aux essais de la LEC et de la RD.

- Pour la promotion de la culture de l'arachide de bouche dans le cadre de la diversification des filières du PADSE, ce sont les membres du GIP créé en 1995 qui ont été proposés et retenus pour conduire le test.

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I.6. - ENTRETIENS A ZAGNANADO

1 – Brèves informations sur les GIP

Deux GIP sont installés et fonctionnels dans la sous-préfecture de Zagnanado

GIP 1 GIP2

- Année de création Juin 2000 01/02/2001 - Effectif total 27 27 - Effectif Homme 27 25 - Effectif Femme 0 2 - Localités Plusieurs Plusieurs - Démarrage du conseil à l'exploitation Juin 2000 12/07/2001

1) Les 54 membres des 2 GIP sont issus de 8 GV.

2) La sous-préfecture de Zagnanado compterait environ 35.000 ruraux et 5.000 exploitations. Le conseil d'exploitation concernerait actuellement environ 1 % des exploitations

3) L'âge moyen des participants serait proche de 30 ans. Ils s'expriment bien en français. La grande majorité d'entre eux sont chefs d'exploitation.

2 – Formation en gestion

- Lieu de formation : Siège de l’USPP de Zagnanado. - Arrivée et rassemblement des participants la veille du premier jour de la formation. - Durée de la formation : 3 jours et périodicité en général de 2 mois. - Outils étudiés = ceux de la CADG : journal de caisse, cahier d'utilisation de main d'œuvre, cahier d'utilisation des intrants, fiches de stock, tableau de flux mensuels de trésorerie et plan de campagne. - Démarche suivie : • premier contact : présentation du PADSE, de la CADG, du volet conseil de gestion du PADSE, du programme et des objectifs de la formation. ; • choix du thème de la formation sur la base des constats et expressions des exploitants lors des suivis de proximité par le technicien chargé de gestion (Révision thème précédent ou nouveau thème) • au début de la session, proposition de programme et calendrier de travail (sur les 3 jours) soumis à l'adoption ; • désignation de 2 rapporteurs (membres) de la session de formation ; • démarrage de la session par révision et rappels sur le thème précédent ; • passage en revue des difficultés ou problèmes rencontrés par les exploitants pour la compréhension, l'assimilation ou l'application des connaissances acquises sur les thèmes précédemment étudiés ; • échanges / débats entre exploitants éclairés par le formateur et le technicien ; approches de solutions ; • poursuite des révisions ou étude d’un nouveau thème. Illustration par des exercices pratiques et des cas concrets décrits ou présentés par les exploitants ; • évaluation de la formation et fixation de la date de la session suivante.

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• Après formation en salle, suivi individuel par le technicien CADG. Visite à domicile et dans les parcelles pour le suivi du remplissage des outils de gestion, formuler des conseils et appuis, … Un double des feuilles des outils remplis est prélevé par le technicien pour des traitements informatiques ultérieurs.

3 – Avantages tirés du conseil à l'exploitation

- "… réduction de mes dépenses inutiles …" ; - "… aide à mieux comprendre ce que je fais" ; - "… éclaire l'exploitant sur comment réduire les dépenses" ; - "avec le conseil à l'exploitation, je gère mieux mes fonds" - "avant, je mélangeais les fonds de plusieurs origines sans savoir ce qui rapporte quoi. Mais actuellement, il y a séparation des fonds, ce qui me permet de voir clair dans la conduite et la gestion de mes activités" ; - "… je connais désormais les dépenses engagées dans chaque culture et les dépenses effectuées chaque année …" ; - "je connais mieux avec le conseil à l'exploitation le temps des différents travaux champêtres" ; - "le conseil de gestion à fait des participants des producteurs – entrepreneurs capables de gérer leurs propres exploitations".

4 – Contraintes et difficultés liées au conseil à l'exploitation

- "le remplissage des outils est contraignant : une petite négligence entraîne l'accumulation des données" ; - insuffisance de crédits pour financer les exploitations ; - "d'une manière générale, la formation est théorique et c'est à la maison, de retour dans mes exploitations que je fais la pratique des thèmes étudiés" ; - le problème de maîtrise des techniques culturales se pose à une majorité de producteurs. Le conseil de gestion met en exergue ce problème auquel il faudra trouver des solutions.

5 – Modifications intervenues dans l'exploitation dues au conseil à l'exploitation

- "je ne prends plus de décisions au hasard concernant mon exploitation comme par le passé" ; - « je n'étais pas capable de dire les dépenses engagées par culture mais actuellement je sais le faire" ; - "avec le conseil à l'exploitation, je fais le choix des cultures rentables et réduit ou abandonne les moins rentables" ; - "je sème désormais au bon moment, grâce à l'analyse de mon cahier d'utilisation de main d'œuvre qui me rappelle les travaux et leurs dates" ; - "le comportement des participants au conseil à l'exploitation diffère de celui des autres producteurs du village en matière de dépense et d'organisation des travaux agricoles" ; - "avant, je travaillais beaucoup et encaissais d'importante somme d'argent mais la mauvaise gestion et le peu de contrôle des dépenses ne me permettaient pas de le savoir".

6 – Evolution des revenus

- "j'ai diminué les superficies de certaines cultures pour mieux les entretenir, ce qui m'a permis d'augmenter les rendements et mon revenu".

7 – Problèmes résolus grâce au conseil à l'exploitation

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- Diminution de superficies des cultures moins rentables : "j'ai réduit la superficie emblavée en coton dont je me suis mieux occupée. Ce qui m'a permis d'augmenter considérablement le rendement qui est passé de 800 – 900 kg/ha à 1400 kg/ha" et de réduire les pertes habituelles que j'enregistre sur la culture de coton. Ainsi avec le conseil à l'exploitation, j'ai appris qu'il faut cultiver peu de superficies et bien l'entretenir pour avoir plus de production". - "je contrôle plus qu'avant le travail des manœuvres". - "j'ai appris à limiter les avances faites aux manœuvres qui n'honorent pas leurs engagements pendant la période culturale".

8 – Problèmes soulevés par le conseil à l'exploitation mais non résolus

* Problèmes : - "Les adhérents des GIP sont peu nombreux et nous ne pouvons pas imposer sur le marché local les prix calculés à partir des coûts de production de nos produits agricoles. La grande masse des producteurs est obligée de vendre ses produits à bas prix pour résoudre des problèmes financiers immédiats » ; - Manque de financement de l'agriculture : les sources de crédit existantes offrent des conditions difficiles à satisfaire par les producteurs ; - Rareté de la main d'œuvre et travail peu soigné par les salariés agricoles ; - Faible encadrement technique ; - « Pour la cooptation (le parrainage), les quelques rares producteurs du village sachant lire et écrire le français ne sont pas motivés pour faire le conseil à l'exploitation alors que ceux qui sont intéressés ne comprennent pas le français ».

* Approches de solution : - Mener une politique de diffusion du conseil à l'exploitation au niveau d’un nombre élevé d’exploitations : alphabétiser plus de personnes, traduire les outils en langues nationales puis former des animateurs endogènes (des membres actuels qui seraient volontaires) ; - Rechercher des sources de financement aux conditions compatibles aux réalités des producteurs béninois ou discuter avec les sources de financement existantes pour qu'elles adaptent leurs conditions aux réalités de l'agriculture béninoise ; - Promouvoir la culture attelée et la motorisation appropriée à l'agriculture béninoise;

9 - Attentes des participants :

- Utiliser les exploitants bénéficiaires actuels de conseil à l'exploitation comme des formateurs des autres producteurs - NB : La résolution des problèmes techniques passerait par la formation de ces formateurs endogènes ; - Agir au niveau des prix des produits agricoles ; faire accepter des prix correspondant aux coûts de production par les autres producteurs et les autres acteurs des filières ; - Devenir producteur modèle dans le GV ; - Faciliter l'accès des producteurs aux crédits et/ou « aide du PADSE pour trouver des sources de financement pour les membres des GIP ».

10 – Degré d'implication des OPA dans le conseil à l'exploitation

25 Certains responsables de GV sont membres de GIP et l'USPP de Zagnanado vient de désigner un des élus de son CA qui est membre du deuxième GIP comme son représentant chargé du conseil à l'exploitation. Il devra informer les autres élus de l'USPP de l'évolution du programme.

11 – Autres conseil agricoles reçus dans la sous - préfecture

En matière de conseil agricole, le conseiller CADG n'est pas le seul intervenant dans cette sous- préfecture.

* Le CARDER compterait, outre le RDR de Zagnanado, les conseillers suivants : - 10 APV (7 fonctionnaires âgés - 3 jeunes APV - AIC ayant peu travaillé en 2001 car ils n'ont reçu leur moto qu'en octobre. On compterait 1 APV pour 500 exploitations. - 1 TS Production végétale - 3 SOP - 2 superviseurs - 1 ASPQC, 1 SAN, 1 ASACV, 1 TSAM Leur présence sur le terrain serait, sauf 1 ou 2 exceptions, peu notable.

* Les ONG travaillant en conseil agricole ne feraient pas un travail significatif dans cette SP.

* Le projet élevage (PDE) aurait un impact plus significatif.

Les principaux besoins d'appui technique et économique des 15 membres des 2 GIP présents à l’entretien seraient les suivants : - Accès à des crédits pour leurs activités agricoles, - Disponibilités en semences de qualité. Le CARDER n'en a plus et la qualité des semences paysannes de maïs, arachide, etc. se dégrade. Un participant a demandé des semences d'arachide de bouche. - Lutte contre les ravageurs (en particulier les rats et francolins) - Appui aux petits élevages (ruminants, volailles) - Accès à la culture attelée ou à de vieux tracteurs pour accroître la productivité du travail - Transformation du manioc (appui pour acheter une râpeuse et une presse).

Analyse et suggestions de la mission

1) Plusieurs membres des GIP sont des néo-alphabétisés ayant travaillé avec le GEFAD et chaque GV compterait un centre d'alphabétisation. Des maîtres alphabétiseurs et leurs collègues membres des GIP de cette USPP ont déjà traduit en Fon des outils CADG.

Pour certains de ces maîtres alphabétiseurs maîtrisant bien le conseil d'exploitation, il serait possible qu'ils forment les nombreux alphabétisés diplômés (5 à 20) de leur village.

Ces formations auraient des objectifs moins ambitieux que l'actuel programme CEF de la CADG. Ils utiliseraient 3 cahiers simples pour relever : a) les flux de caisse = cahier de caisse simple b) les flux matières = cahier d'inventaire simple pour les intrants, etc… c) les principaux travaux afin de pouvoir calculer les temps des travaux par parcelle.

Les données ne seraient pas traitées par informatique par le conseiller de gestion et l'objectif ne serait pas d'aller jusqu'au bilan et compte de résultat.

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Par contre, la formation et les informations recueillies dans les 3 cahiers devraient leur permettre de calculer la marge brute par culture et la rémunération journalière du travail pour ces même cultures. Des comparaisons seraient ensuite effectuées.

Ils pourraient également être formés à l'élaboration d'un plan de campagne et d'un budget prévisionnel simple.

Les paysans conseillers ou paysans "formateurs en gestion d'exploitation" pourraient être indemnisés pour les OP (GV et USPP) sur la base habituellement retenue (3.000 FCFA/jour (?).

2) Vu la faiblesse des ressources des GV et de l'USPP suite à la faible production cotonnière des 2 dernières campagnes, il n'est pas évident que l'indemnisation par les OP soit possible. Trop de GV du Sud Zou sont actuellement endettés et il est difficile de leur demander de faire un effort supplémentaire. Idem par les USPP qui n'ont plus les ressources pour venir au secours des GV endettés.

Dans ce contexte, il serait possible de considérer ces activités de formations paysannes sur le conseil à l'exploitation comme une activité de formation / post alphabétisation et de solliciter l'appui financier du PROCOCA également financé par l'AFD.

3) Les cahiers actuellement utilisés par les membres des 2 GIP ont étés financés par le PADSE. Les bénéficiaires directs de conseil à l'exploitation ne participent pas financièrement au programme. Nous comprenons qu'en parallèle l'USPP traîne à participer financièrement au financement du CEF PADSE (l'USPP de Zagnanado n'a rien versé en 2000 et en 2001).

En effet, tel qu'il est actuellement conçu le bénéficie du CEF est majoritairement individuel et l'impact sur les autres membres des GV n'est pas encore perceptible. Nous proposons que les bénéficiaires paient une cotisation annuelle équivalent au coût de leur cahier (Idem pour les alphabétisés qui devraient acheter les 3 cahiers d'écolier mentionnés plus haut).

4) Pour améliorer le lien avec l'USPP, un participant a proposé qu'après chaque formation CADG bimensuelle, le membre du CA de l'USPP chargé du suivi du CEF demande à présenter brièvement aux autres membres du CA le contenu de cette formation.

5) Les membres des 2 GIP présents mentionnent qu'il est fait peu appel à leurs vécus de paysan lors des formations dispensées par le conseiller CADG. Beaucoup de progrès semblent possibles pour faire évoluer les méthodes pédagogiques.

Par exemple, vu les mauvaises récoltes de la campagne 2001, plusieurs membres des GIP sont devenus "Taxi-Moto". Il serait intéressant de partir de cette activité pour calculer les produits, charges variables et fixes et les marges brutes et nettes ainsi que la rémunération moyenne de la journée de travail ; ou, présenté autrement, le prix minimum de la course pour qu'elle reste rentable pour le taximan.

⇒ On part du vécu des membres pour bâtir des raisonnements de gestion.

27 I.7 - ENTRETIENS A ZOGBODOME

2 réunions ont été tenues, la seconde en présence des responsables de l'USPP et du conseiller de gestion ainsi que son superviseur du GERME et Marilyne Cailleux (CAGEA)

1 – Brèves informations sur les 2 GIP GIP1 GP2 - Année de création 09/10/01 11/10/01 - Effectif total 22 22 - Effectif Homme 22 22 - Effectif Femme 0 0 - Filleuls 22 22 - Localité Plusieurs Plusieurs - Démarrage Conseil à l'exploitation 09/10/01 11/10/01 Pour la constitution des GIP, un producteur a été sélectionné par GV et 2 GV ont sélectionné 2 producteurs. 42 GV ont répondu à l’appel de leur USPP (sur 55 que compte la sous-préfecture). L'effectif de 44 producteurs a été ensuite divisé en deux pour former les deux GIP. Les critères de sélection retenus furent les suivants : • Savoir lire et écrire en français avec un niveau moyen 5ème - 6ème • Etre capable de restituer • Etre chef d'exploitation.

Beaucoup de membres sont des responsables de GV souvent âgés de moins de 30 ans et selon le secrétaire de lUSPP, : "Nous formons ainsi les forces vives de nos OP pour demain".

2 – Organisation des formations en gestion

Au total, du mois d'octobre 2001 à Février 2002 (date du passage de la présente mission), 4 formations ont été faites. Elles se déroulent principalement en français mais le fon est aussi utilisé.

NB : Il est important de noter que le mois d'octobre de mise en place de ces GIP correspond pratiquement à la fin de la campagne agricole et au cours duquel se faisait la récolte des produits dont le coton. Ainsi les bénéficiaires des formations en gestion de l'exploitation n'ont pas encore pu appliquer concrètement les acquis des formations reçues dans leurs exploitations avant le passage de la mission. Ceci explique le fait que la moisson des réponses à nos questions est assez limitée. Le texte de 3 pages du GERME joint en annexe 7 complète très utilement ce compte rendu.

* Informations sur les formations :

• Les participants sont rassemblés au siège de l'USPP où se déroule la formation. La durée de formation est de 2 jours (09 heures à 13 heures et ce en journée continue) avec une périodicité de 2 à 3 semaines. On ne fait pas l’étude des besoins spécifiques des membres des GIP en fonction des problématiques de leur exploitation mais on déroule un programme de formation conçu avec l’appui de la CAGEA. A la fin de chaque session, une évaluation clôture les activités. • Début de la formation : 09 et 10 octobre 2001 pour GIP1 ; 1 et 12 octobre pour GIP2. Le programme de la première formation a été le suivant à Zogbodomé : - présentation du PADSE, du volet conseil à l'exploitation et de l'opérateur GERME, - présentation du programme de formation, - présentation du conseil à l'exploitation, ses objectifs et la démarche à adopter,

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- fiche d'inventaire permettant l'identification de la main d'œuvre, des éléments de l'actif stock, foncier, etc. et des dettes.

• 2e session: 25 et 26/10/2001 pour GIP 1 et 23 et 24/10/2001 pour GIP 2. Le programme de la seconde session a été orienté vers l’étude de 4 outils de gestion : . fiche d'inventaire, . journal de caisse, . cahier d'utilisation de la main d'œuvre, . fiche de stock (sert à enregistrer les mouvements des produits et des intrants.

NB : Beaucoup de sujets abordés en seulement 2 jours…

• 3e session de formation : 6 et 7/11/2001 pour le GIP 1 et 8 et 9/11/2001 pour le GIP 2. Le programme de cette troisième session a été orienté vers l’étude du calcul des amortissements et des exercices d'application sur la fiche d'inventaire et les 3 outils étudiés précédemment.

• 4e session de formation : 13 et 14/12 2001 pour le GIP 1 et 11 et 12/12 2001 pour le GIP2. . rappels et révisions et exercices pratiques d'application.

NB : Le grand retard accusé cette année au Bénin par la campagne de commercialisation du coton- graine (ouverture en janvier 2002 et forte mobilisation depuis des producteurs), expliquerait la non organisation d'autres sessions jusqu'en fin février 2002 (passage de la mission). D'autres producteurs ont avancé à la séance le non remplissage des outils mis à leurs dispositions et pour lequel le technicien serait en train de chercher des solutions grâce à un suivi individuel plus rapproché.

En 2002, la marge brute sera étudiée et, en 2003, le plan de campagne, le plan de trésorerie et le bilan.

* Activités de suivi

De retour au village et dans son exploitation, chaque participant a le devoir de : - remplir au jour le jour les outils mis à sa disposition - former des filleuls (qui sont librement choisis dans le GV par les membres des GIP).

Le conseiller de gestion fait un suivi individuel si possible 2 fois par mois pour s'assurer du remplissage correct des outils puis prélever des feuilles de données pour des enregistrements et traitements informatiques ultérieurs (les doubles sont laissés aux producteurs).

NB : Le fait d'avoir retenu 42 GV et donc 42 villages complique singulièrement le suivi car les temps de trajet sont longs et le technicien de gestion ne peut prévenir les membres de l'horaire précis de son passage. Il avoue d'ailleurs ne passer en moyenne que 30 minutes chez chaque membre, ce qui est insuffisant pour visiter les parcelles et assurer un appui complet.

3 – Avantages tirés du conseil à l'exploitation

Les membres des GIP ayant peu de vécu en conseil d’exploitation, il leur a été difficile d'apprécier objectivement ses avantages. Toutefois, ils estiment que, grâce à l'enregistrement des dépenses et recettes au quotidien, ils se souviennent des dépenses et les maîtrisent mieux. Ils ont ainsi signalé la tendance à réduire les dépenses hors exploitation.

Exemple (témoignage d’un exploitant) : "Je suis membre d'un groupe de tontine de périodicité de 15 jours. Au cours de ce mois de février 2002, j'avais oublié involontairement de payer ma tontine. Après réclamation du chef tontinier, la consultation de nom journal de caisse qui ne portait aucune trace de décaissement pour cette fin, a permis d'éviter des discussions inutiles".

29 4 – Contraintes ou difficultés

- L'insuffisance de financement de l'exploitation ; - L'assiduité pour le remplissage régulier des outils jugé contraignant ; - Certains filleuls ne savent ni lire ni écrire en français, ce qui rend impossible leur formation; - Le non respect des rendez-vous pour les séances de formation par les filleuls ; - La non mise à disposition des filleuls des cahiers de gestion.

NB : Pour le moment les filleuls utilisent les cahiers d'écolier dans lequel les traits sont faits à la main. Pour l'avenir, l'USPP a promis d'acheter des cahiers coût moyen (1.000 à 1.500 F).

5 – Approches de solution aux contraintes ou difficultés

- faciliter l'accès des producteurs aux sources de financement existantes et rechercher d'autres sources de financement avec des conditions adaptées aux réalités de l'agriculture béninoise, - persévérer dans le remplissage régulier des outils afin de renouer avec l'habitude d’écrire qui était, pour certains membres, perdue, - choisir des filleuls qui savent lire et écrire le français en attendant la traduction des outils en langues nationale fon, - sensibiliser les filleuls pour leur faire percevoir les avantages qu'ils ont à suivre le processus du conseil à l'exploitation, - convaincre les responsables du GV de prendre en charge l'achat des outils de gestion à 1 ou 2 filleuls de leurs GV.

6 – Degré d'implication des OPA

La situation est favorable sur ce plan à Zogbodomé et les responsables du GERME le reconnaissent (cf. fin de l’annexe 7). L'USPP pense monter une équipe de son CA qui gérera les propositions d'amélioration. Elle suivrait l'évolution du programme dans les GV et évaluerait comment les gens s'y impliquent.

Pour améliorer la situation, il est ressorti des entretiens les suggestions suivantes : - restituer les contenus et acquis des formations aux élus du GV et aux autres producteurs ; - associer davantage les responsables des GV aux activités du conseil à l'exploitation ; - mieux restituer à l'USPP laquelle doit s'impliquer dans le réflexion sur les outils et méthodes.

7 – Attentes

• Le conseil devra aider à prendre conscience des forces et faiblesses des producteurs ;

• Poursuivre la formation pour permettre aux bénéficiaires directs de mieux maîtriser les contenus et acquis des formations pour les transmettre à la grande masse des producteurs ;

• Les bénéficiaires directs devront diffuser les connaissances acquises au profit de nombreux producteurs dans leurs GV. Les membres des GIP les mieux formés et bien alphabétisés deviendraient des formateurs des personnes alphabétisées de niveau post alphabétisation (plus de 200 déjà dans la sous préfecture). Il faudra pour cela traduire les outils et réaliser les formations en fon.

8) Autres informations collectées : - Appuis du CARDER aux exploitations assez faibles. - Appuis du PAGER pour l'élevage et la fabrication de gari.

9) Données complémentaires fournies par le GERME (cf annexe 7)

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II. Synthèse des enquêtes réalisées dans le Borgou et l’Alibori

NB : Les entretiens ont été réalisés par M. Servais Afouda lors de deux visites dans chaque sous-préfecture (avec la participation de V. Beauval lors de la seconde visite). La mise en forme a ensuite été réalisée par M. Afouda. L’abréviation CdG a, en accord avec la CELCOR, été partout remplacée par l’abréviation CEF.

II.1 - SOUS-PREFECTURE DE KARIMAMA

II.1.1 - Caractéristiques principales des GIP

A - GIP n° 1 (lieu de rencontre : Secteur CARDER Karimama)

• Date de création : juin 2000 • Nombre de personnes membres : 30 • Nombre de femmes : 0 • Principales spéculations : sorgho, petit mil, oignon, pomme de terre, maïs, arachide, coton, (haricot, manioc, tomate) • Nombre de GV impliqués dans la constitution du GIP : 1 (GV de Karimama)

B - GIP n° 2 (lieu de rencontre : Ecole Publique de Base de Kargui)

• Date de création : novembre 2000 • Nombre de personnes membres : 21 • Nombre de femmes : 0 • Principales spéculations : sorgho, petit mil, maïs, arachide, coton, (haricot, manioc, oignon, pomme de terre, tomate) • Nombre de GV impliqués dans la constitution du GIP : 3 (GV de Molla, Kargui et Birni Lafia)

II.1.2 - Avantages du CEF selon les producteurs

• "Je connais le nombre de fois que je suis allé dans mon exploitation, ce que j'y ai fait toutes les fois et le temps consacré aux différentes activités. Cela est important pour apprécier le niveau des dépenses, l'importance du travail, etc." • "J'ai désormais des éléments (dans mes cahiers) qui me permettent de mieux apprécier le travail qui est fait dans mon exploitation. Ainsi, je distingue d'abord le travail familial de celui des ouvriers (qu'il faut rémunérer à coup sûr) et de celui qui relève quelque fois de l'entraide au niveau du village. Ensuite, je détermine le niveau des dépenses liées à chacune de ces rubriques"; • " A la fin de chaque mois, on se rend compte de ce qu'on a dépensé ou gagné au niveau de l'exploitation. L'appréciation périodique du niveau des dépenses et revenus permet de s'ajuster par rapport au plan de campagne". • "Je sais désormais mieux dépenser (réduction des dépenses de prestige et celles liées à la main d'oeuvre salariale…)"; • "Le CEF nous aide à ne plus vivre au jour le jour. Il nous permet de faire notre plan de campagne. Ainsi, on évite autant que possible de ne pas faire des dépenses qui ne sont pas programmées à l'avance"; • "Le CEF nous permet de nous rencontrer et de partager des expériences ensemble".

II.1.3 - Contraintes du CEF selon les producteurs

31 • "Le remplissage des cahiers est contraignant pour nous les paysans surtout que nous avons perdu l'habitude d'écrire et de lire régulièrement. Toutefois, avec la bonne volonté et lorsqu'on s'aperçoit des avantages que procure le CEF, le remplissage de ces cahiers n'apparaît plus comme une contrainte". • "Nous qui bénéficions du CEF sommes étiquetés au village comme des gens avares, ceux qui refusent de partager leurs biens et revenus avec les autres. Il faut être fort moralement pour continuer avec le CEF. Cette force morale, nous l'avons parce que nous avons compris l'importance et les enjeux du CEF". • "Le changement de mon comportement n'est pas compris au niveau de ma famille. Cela a généré des problèmes que je gère actuellement…". • "Certains de ceux qui ne font pas le CEF ont un regard interrogatif, voire péjoratif sur nous. D'autres pensent que le CEF procure une rente financière et matérielle que nous refusons de partager avec eux".

II.1.4 - Modifications intervenues dans l'exploitation liées au CEF

Les producteurs n'ont bénéficié du CEF que durant la dernière campagne agricole (2001-2002). C'est au cours de la prochaine campagne (2002-2003) que des modifications pourraient être enregistrées sur leurs exploitations. Mais la plupart d'entre eux affirment que le coton n'est pas si rentable que cela laisse paraître. Pour ces derniers, un privilège serait plutôt donné aux cultures vivrières au détriment de la production cotonnière.

II.1.5 - Evolution des revenus des membres des GIP

La plupart des membres des GIP reconnaissent qu'ils ont réduit leurs dépenses même celles relatives au fonctionnement du ménage et de la famille.

II.1.6 - Degré d'implication du GV/GF et de l'USPP dans le CEF

• En plus du critère initialement retenu (savoir lire et écrire le français) pour bénéficier du CEF, l'USPP d'abord et le GV ensuite ont déterminé d'autres pour identifier et retenir les membres du GIP. Les principaux critères ainsi retenus sont : - Faible dispersion géographique des GV desquels les membres des GIP doivent relever; - Adhésion volontaire du producteur ou de la productrice au GIP; - Esprit de collaboration et de partage des connaissances; • Négociation par l'USPP et les GV des lieux de formation (siège USPP, école, mairie, secteur CARDER, etc.).

II.1.7 - Problèmes soulevés par le CEF

• Il n'existe pas de spécialistes en techniques culturales jusqu'à nos jours; • Il y a des problèmes de financement de la campagne agricole. En effet : - les fonds propres manquent considérablement; - les crédits obtenus à travers la CLCAM doivent être remboursés à des taux très élevés. • Il y a un problème d'écoulement de plusieurs spéculations (pommes de terre, oignon, sorgho notamment). • Nécessité que le CEF touche l'ensemble des GV et villages de la sous-préfecture.

II.1.8. Problèmes identifiés par les membres et qui ne peuvent pas être résolus à leur niveau

• Souhait des membres d’avoir un accès direct au crédit (sans passer par la caution solidaire du GV); • On ne peut disposer seul d'un technicien (spécialiste CEF ou techniques culturales).

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II.1.9 - Comment résoudre les problèmes identifiés ? : Il faudrait renforcer la dynamique des GIP. Ainsi les GIP deviendront des plates-formes d'échanges, de solidarité et de défense des intérêts individuels et collectifs des membres.

II.1.10 - Financement du CEF par le GV : Le GV devrait financer le CEF puisqu'il profite directement à la fois au producteur individuel et au GV. Mais actuellement, les revenus du GV le plus nanti de la sous-préfecture n'excède pas 1 million de francs CFA. Face à cette réalité, comment satisfaire les besoin du GV et répondre aux sollicitations multiples des producteurs ?

II.1.11 - Quelques commentaires

• Les membres n'appréhendent pas encore suffisamment la logique qui doit guider leurs dépenses. En effet, ils se contentent pour le moment de les minimiser autant que possible sans faire au préalable une analyse des actions engagées en termes de "coût-efficacité"; • Les plans de campagne définis actuellement par la plupart des producteurs n'intègrent pas suffisamment leur vision. En effet, beaucoup privilégient la logique de rentabilité financière des exploitations au détriment des considérations socio-culturelles et parfois de sauvegarde de l'environnement; • On note une absence marquée des femmes dans les deux GIP qui ont été installés. Il s'agit là d'une réalité socio-religieuse qui voudrait que l'homme et la femme ne soient pas dans le même groupe (la sous-préfecture de Karimama est en effet fortement islamisée) ; • Le problème d'écoulement de la production agricole pénalise les efforts des producteurs. En effet, sans la vente de leurs surplus agricoles les producteurs ne disposeront pas de fonds propres indispensables au cofinancement des activités. Pour y remédier, des responsables de GV et de GIP sont allés jusqu'à Cotonou pour voir comment écouler leurs productions de pomme de terre dans cette grande ville et dans le Sud -Bénin.

33 II.2 - SOUS-PREFECTURE DE MALANVILLE

II.2.1 - Caractéristiques principales des GIP

A - GIP n° 1 (lieu de rencontre : Mairie de Guéné)

• Date de création : juin 2000 • Nombre de personnes membres : 30 • Nombre de femmes : 4 • Principales spéculations : sorgho, petit mil, oignon, pomme de terre, maïs, arachide, coton, (haricot, manioc, tomate) • Nombre de GV impliqués dans la constitution du GIP : 3 (GV de Guéné 1, Guéné 2 et Toubouctou)

B - GIP n° 2 (lieu de rencontre : USPP de Malanville)

• Date de création : juillet 2001 • Nombre de personnes membres : 24 • Nombre de femmes : 0 • Principales spéculations : sorgho, petit mil, maïs, arachide, coton, (haricot, manioc, oignon, pomme de terre, tomate) • Nombre de GV impliqués dans la constitution du GIP : 1 (GV de Malanville)

II.2.2 - Avantages du CEF selon les producteurs et responsables de GV/GF et del'USPP

• "Avant, on travaillait sans savoir là où on allait, maintenant on a une lanterne avec nous. Cette lanterne est si importante qu'elle est de plus en plus en nous". • "Avant, je ne comptabilisais pas ce qui rentrait dans ma caisse. Je n'avais aucune idée non plus de ce qui en sortait. Mais, avec le CEF, j'ai appris à contrôler mes dépenses. Je peux affirmer qu'il y a une nette différence entre la période passée et celle que je vis actuellement et qui est marquée par le CEF"; • "On est différent des autres qui ne suivent pas le CEF. La différence peut s'apprécier tant au niveau des superficies emblavées que dans la gestion financière de l'exploitation". • "Le CEF m'a permis de comprendre le principe suivant : «moins de dépenses, plus de revenus»"; • "je sais désormais comment il faut gérer la main d’œuvre lorsque j'ai défini mes objectifs et priorités"; • "Grâce au CEF, je sais désormais qu'il ne faut pas étendre indéfiniment son exploitation. Il faut une exploitation à la mesure de ses moyens humains, financiers et matériels. C'est dire qu'il faut une exploitation dont on peut assurer l'entretien sérieusement"; • "Avec le CEF, il y a un brassage entre nous et de fait, il se développe progressivement des liens de solidarité, l'esprit d'entraide et la confiance en soi"; • "Même si on ne peux le justifier pour le moment, le CEF permet de réduire les dettes des individus et par conséquent du GV vis à vis de la CLCAM"; • "Avec le CEF, il y a une maîtrise des dépenses par rapport à l'exploitation et en dehors de l'exploitation".

II.2.3 - Contraintes du CEF

• Obligation de remplir tous les jours les différents cahiers par rapport à tout ce qui s'est passé dans la journée. Si la consignation des données n'est pas quotidienne, le risque d'oubli est grand;

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• Le risque est important d'avoir un grand nombre d'absents au niveau des producteurs si les séances de formation coïncident avec la période des grands travaux champêtres; • L'état défectueux des voies de communication, notamment pendant la saison pluvieuse, créé des problèmes aux membres qui parfois n'arrivent pas à être présents aux séances de formation; • "Les gens pensent au village que nous sommes des privilégiés parce que nous bénéficions du CEF. A ce titre, alors que nous n'avons pas encore les compétences et aptitudes requises, ils exigent de nous le partage des connaissances reçues grâce au CEF".

II.2.4 - Modifications intervenues dans l'exploitation

• "Les modifications ne pourront s'apprécier réellement dans nos exploitations qu'à partir de la campagne 2002-2003 notamment pour les membres du GIP n° 1 (le plus ancien) mis en place en l'an 2000. En effet, nous avons maintenant des éléments d'appréciation pour conduire nos activités et mieux gérer nos exploitations". • Propos d'un producteur maraîcher : " Grâce au CEF, mes revenus et réalisations dépassent largement celles des années antérieures. Je connais les productions qu'il faut privilégier, comment assurer les ventes et les dispositions pratiques qu'il faut prendre pour mieux entretenir et gérer mes parcelles"; • Propos d'un producteur de coton et de vivriers : "Avant, je privilégiais la culture du coton, mais en fin de compte je me retrouvais toujours avec des dettes. Aujourd'hui, j'ai réduit considérablement les superficies mais j'ai les meilleurs rendements au niveau du village. Le secrétaire GV qui est ici présent peut en témoigner. Aussi, avec la culture du maïs, il y a des tactiques que nous avons apprises au cours des séances de formation CEF. Il suffit de les appliquer pour augmenter considérablement les rendements"; • Propos d'un producteur de riz et de produits maraîchers "Après plusieurs tentatives, nous maîtrisons et gérons mieux l'eau pour la culture du riz et la production maraîchère dans la vallée du fleuve Niger";

II.2.II - Evolution des revenus des membres des GIP

"Difficile d'apprécier l'évolution des revenus liés aux avantages du CEF. Toutefois en réduisant au maximum les dépenses ostentatoires (de prestige) et celles liées à nos caprices (boissons, cigarettes, femmes, etc.), on pourrait avoir en début de campagne des fonds propres pour financer en partie le début des travaux";

II.2.6 - Degré d'implication du GV/GF et de l'USPP dans le CEF

• C'est le GV qui a fait le choix des membres du GIP; • L'USPP met à la disposition du GIP la salle de réunion du siège pour les séances de formation; • Les informations transmises aux membres des GIP passent par le canal de l'USPP et du GV; • Il existe une collaboration directe du GIP avec le GV : compte rendu des séances de formation par les responsables de GIP aux responsables de GV.

II.2.7 - Problèmes soulevés par le CEF

• Problèmes d'écoulement des produits (oignons, pomme de terre notamment); • Problèmes de stockage des produits; • Faible maîtrise des prix sur les marchés (oignons, pomme de terre, etc.) • Pistes difficilement carrossables pour l'évacuation des produits.

II.2.8 - Attentes des producteurs

• Appui technique pour une maîtrise des techniques de production;

35 • Meilleures conditions de financement des activités agricoles; • Meilleur accès au crédit agricole; • Une plus grande facilité d'accès aux autres types d'intrants agricoles (autres que ceux du coton).

II.2.9 - Attentes des responsables des GV et USPP

• "On attend que les membres des GIP formés puissent rétrocéder leurs connaissances et savoir- faire aux autres producteurs"; • "Il y a nécessité que tous les producteurs puissent bénéficier du CEF. Donc, la formation ne devra pas être seulement en français. Il faut tenir compte aussi de ceux qui savent écrire et lire dans une autre langue (langue maternelle) et de ceux qui ne savent ni écrire et lire, mais qui sont de bons et gros producteurs".

II.2.10 - Comment résoudre les problèmes identifiés ?

• Faire de la diversification agricole et de la pluri-activité. En effet, en réalité, la plupart des problèmes peuvent déjà trouver solution au niveau des producteurs, des GV/GF et de l'USPP. Seulement les revenus à tous ces niveaux sont basés sur le fonctionnement de la filière coton qui est marquée par une crise depuis quelques années; • Maîtriser les techniques de stockage afin de prolonger la disponibilité du produit dans le temps et dans l'espace; • Entretenir les pistes de desserte rurale.

II.2.11 - Financement du CEF par le GV/GF et l'USPP

• "En raison de l'amenuisement des revenus à tous les niveaux, il faudra que le PADSE nous aide encore pendant un certain temps afin que nous puissions prendre l'envol nécessaire et suffisant pour l'amélioration de nos conditions de vie et un développement local"; • "Le projet ne doit pas se terminer tant qu'on n'a pas encore un effectif important de gens qui maîtrisent et appliquent le CEF. En effet, il faut du temps pour l'atteinte (même partielle) des objectifs"; • Cependant compte tenu des avantages qu'ils appréhendent et tirent déjà, les producteurs individuels, les GV/GF et l'USPP, acceptent tous de cofinancer, voire de financer entièrement le CEF. Cette manière de répartir les charges est, selon eux, la seule manière de pérenniser le CEF et ses acquis.

II.2.12 - Quelques commentaires

• Les producteurs de la sous-préfecture de Malanville trouvent que le CEF doit être élargi à tous les producteurs, qu'ils sachent lire/écrire ou non. • Ils sont aussi conscients de la nécessité de financer en partie leur formation, ce qui devrait motiver l'assiduité et le changement de comportement. • Bien que Malanville soit située dans la même zone géographique que Karimama et soit aussi islamisée, on note néanmoins la présence de 4 femmes au sein du GIP. Cette réalité découle de sa position de noeud commercial à la frontière de trois pays à la fois : le Bénin, le Niger et le Nigéria. Les activités commerciales ont favorisé le brassage des populations venues d'horizons divers (autochtones et allochtones) et induit par ailleurs un changement progressif de mentalités qui se traduit entre autres par des liens de complicité entre les membres d'une même corporation quels que soient le sexe et l'origine;

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II.3 - SOUS-PREFECTURE DE KANDI

II.3.1 - Caractéristiques des GIP

A - GIP n° 1 (lieu de rencontre : Ecole Publique de Base de Angaradébou)

• Date de création : juin 2000 • Nombre de personnes membres : 23 (contre 28 au départ) • Nombre de femmes : 0 • Principales spéculations : coton, sorgho, petit mil, maïs, arachide, (haricot, manioc) • Nombre de GV impliqués dans la constitution du GIP : 4 (GV de Fafa, Thuy, Angaradébou et Thya)

B - GIP n° 2 (lieu de rencontre : Sous l'arbre de neem à côté du magasin du village)

• Date de création : juillet 2001 • Nombre de personnes membres : 30 • Nombre de femmes : 4 • Principales spéculations : sorgho, petit mil, maïs, arachide, coton, (haricot, manioc, oignon, pomme de terre, tomate) • Nombre de GV impliqués dans la constitution du GIP : 2 (GV de Sinanwongourou bariba et Sinanwongourou peulh)

II.3.2 - Avantages du CEF

• "Le CEF vise l'amélioration de nos conditions de vie. Au départ, on pensait qu'il s'agissait d'une petite chose, d'un jeu. Mais aujourd'hui, on comprend que c'est très sérieux. Notre avenir en dépend"; • "La formation que nous suivons n'est pas théorique seulement. Les techniciens formateurs nous suivent jusque dans nos champs. Cette forme d'accompagnement nous permet de mieux appréhender les choses et de prendre les décisions conséquentes"; • "Je peux désormais apprécier mes entrées et mes sorties d'argent et faire la balance"; • "Avec le cahier de main d'oeuvre par exemple, je sais combien de fois je suis allé au champ, ainsi que les autres membres de ma famille et les ouvriers agricoles. Le cahier des intrants me renseigne aussi sur l'importance de l'usage des intrants agricoles dans la production. Avec le cahier de stock, je peux déterminer l'autoconsommation, le niveau des ventes, etc."; • "J'étais un vrai alcoolique, mais maintenant, je me suis ressaisi. Ce que je dépensais auparavant pour la boisson est désormais utilisé pour satisfaire les besoins de ma famille"; • "Le CEF a favorisé le brassage entre les hommes et les femmes. Le GIP constitue de fait une plate-forme d'échanges et d'entraide mutuelle. A cet effet, nous avons créé une caisse de solidarité". • "Avec le CEF, je sais qu'il faut enregistrer systématiquement mes dépenses, prêts, dons et revenus. Ceci me paraît nécessaire pour apprécier non seulement l'importance et la rentabilité de mes activités mais aussi l'évolution de ma vie de producteur"; • "Je suis vendeuse de riz. Avant, je ne pouvais pas déterminer le niveau réel de mes bénéfices. Maintenant, je peux le faire au jour le jour"; • "Avec cette formation, je me vois en train de travailler et discuter en groupe avec les autres. C'est un habitude que je n'avais pas auparavant. Je suis peut-être en train de m'affranchir de ma timidité"; • "Le CEF nous permet de mieux gérer notre décortiqueuse dans notre GF".

37 II.3.3 - Contraintes du CEF

• "Avec cette formation, on fonctionne désormais comme des Européens. On cherche à tout prix à privilégier dans nos actions la rationalité économique et financière"; • "Tu es obligé d'enregistrer les données dans les cahiers au jour le jour pour ne pas oublier. Cet enregistrement est d'autant une contrainte qu'il faut le faire après un journée de dur labeur au champ"; • "Avant, le Bariba n'a pas de programme qu'il doit suivre rigoureusement. Aujourd'hui, en consultant régulièrement les cahiers, on appréhende mieux les revenus et les dépenses. Mais avant si quelqu'un vient te voir et te demande quelque chose, tu ferais tout pour le satisfaire à cause de l'honneur qu'il faut sauvegarder. Aujourd'hui, en consultant régulièrement les cahiers, j'ai des problèmes pour tenir par rapport à cette question d'honneur. Si vous avez des conseils pratiques dans ce sens à me donner, ils sont les bienvenus"; • "On a tendance à ne plus s'occuper des visiteurs non désirés et non programmés"; • "En cherchant à appliquer ce que j'ai appris lors de séances de formation, j'ai fini par créer des problèmes au sein de ma famille. En effet, après la récolte des céréales et légumineuses il faut mesurer les quantités de façon précise. Cela est source de discorde avec mes femmes. En effet, elles pensent que je veux les contrôler parce que j'estime qu'elles gaspillent les provisions ou vendent une partie à mon insu "; • "Il y a un regard péjoratif des autres sur nous qui bénéficions du CEF et le mettons en pratique"; • "Depuis que je bénéficie du CEF, je suis devenue méticuleuse au point de cacher mes cahiers à mon mari. Si non, il va comprendre qu'il contribue amplement au fonctionnement du foyer";

II.3.4 - Modifications intervenues sur l'exploitation liées au CEF : Elles sont difficilement perceptibles à cause de la date de démarrage du CEF dans la sous-préfecture.

II.3.5 - Evolution des revenus des membres des GIP

Les revenus ont évolué positivement parce que il y a : • une baisse notoire des dépenses ostentatoires. Selon les membres des GIP, il y a moins de cigarettes, moins d'alcool, moins de gaspillage dans la nourriture, moins de voyages non programmés; • une augmentation du niveau de leur connaissance, ce qui permet de faire de meilleures analyses par rapport aux problèmes qui se posent et de prendre les décisions appropriées.

II.3.6 - Degré d'implication du GV/GF et de l'USPP dans le CEF

• "Il y a au moins deux membres de GV (tous secrétaires de GV) dans chacun des GIP, alors le GV est au courant de tout ce qui se fait. D'ailleurs les responsables des GIP n'ont plus besoin de faire des comptes rendus de nos activités aux GV"; • "C'est grâce au GV que le GIP a été créé";

II.3.7 - Avantages pour le GIP et le GV de voir les responsables de GV être membres des GIP

• "Lorsqu'il y a un problème concernant la formation par exemple, avant qu'on aille informer le GV (par délégation), le responsable du GV membre du GIP informe automatiquement le CA du GV"; • "Parce que nous sommes un peu formés, nous pouvons donner des coups de main aux GV de même qu'aux autres structures dans nos villages. Pour ce qui me concerne par exemple, l'imam de mon village m'a demandé de l'aider à mettre au point un système de comptabilité pour la

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mosquée. Ce que j'ai fait en m'inspirant des cahiers d'enregistrement divers que nous avons. En effet, j'ai prévu la partie des entrées (cotisations et dons des membres) et celle des sorties (dépenses, dons de la mosquée aux tiers, etc.)"; • "Parce que les secrétaires de GV sont aussi membres de GIP les besoins en intrants coton sont mieux cernés".

II.3.8 - Attentes du GIP vis à vis du GV

• "Nous souhaitons que le GV reconnaisse l'existence institutionnelle du GIP" • "Aucune attente du GIP, c'est plutôt au GV de tourner son regard vers le GIP pour tirer profit de la compétence des membres"; • "Il y a nécessité pour les GV de s'engager dans le recrutement d'autres personnes à former. Ceci permettra d'assainir la base des OPA et de les rendre plus fonctionnelles".

II.3.9 - Problèmes soulevés par le CEF

• "Manque d'appui technique pour l'amélioration des rendements"; • "Comment se positionner en dehors de la filière coton et améliorer ses conditions de vie?" • "Comment pourrions nous faire pour que vous veniez sensibiliser et former aussi nos femmes? Cela nous paraît très important eu égard notamment aux objectifs et finalités du CEF".

II.3.10 - Problèmes identifiés par les membres et qui ne peuvent pas être résolus à leur niveau

• Appui technique aux producteurs non seulement pour la production végétale mais aussi pour l'élevage (petits ruminants et volaille) ; • Diversification agricole et meilleure gestion des filières dont la filière coton.

II.3.11 - Comment résoudre les problèmes identifiés ?

• "Nécessité que le PADSE continue de nous aider même si c'est pour un temps. Il faut d'abord que nous renforcions nos capacités par rapport à cette nouvelle problématique de CEF. Ensuite, les producteurs et les OPA prendront leurs responsabilités à chacun des niveaux"; • "C'est à l'Etat qu'il appartient de résoudre les problèmes auxquels sont confrontés les producteurs, notamment depuis la crise cotonnière"; • "Il faut s'assurer de l'écoulement des spéculations que nous allons produire dans nos exploitations. La garantie d'écoulement de nos produits apparaît effet comme un des moyens devant favoriser l'augmentation de nos revenus et l'amélioration de nos conditions de vie. A ce niveau aussi, l'Etat devrait pouvoir nous aider en acceptant d'organiser avec les producteurs et leurs OPA certaines filières porteuses ".

II.3.12 - Pérennisation du CEF

• "Même si le projet disparaît aujourd'hui, avec les notions que nous avons reçues, nous pourrions continuer. Seulement, nous savons que nous n'avons pas encore le minimum de connaissances requis en la matière"; • "Il faut que le PADSE accepte d'élargir le CEF aux néo-alphabétisés et de multiplier le nombre des GIP".

II.3.13 - Financement du CEF

39 • "Il revient à l'USPP qui coiffe toutes les OPA au niveau de la sous-préfecture de financer le CEF. En effet, sur le plan institutionnel, l'USPP apparaît comme le grand-père du producteur. Tant qu'il est vivant, c'est au grand père de faire des sacrifices pour ses fils (GV/GF) et petits- fils (producteurs)"; • "Pour financer le CEF, il doit y avoir une démarche hiérarchique, depuis l'UDP jusqu'au producteur en passant par l'USPP et le GV/GF". • "Tout dépend des moyens financiers par rapport au CEF. Nous allons nous concerter pour déterminer le niveau et les modalités de nos contributions. Mais en principe les grosses charges devraient revenir aux producteurs individuels qui sont les premiers bénéficiaires". • "Dans le GIP n° 1 (Angaradébou), les membres cotisent 500 à 1000 F CFA par séance de formation".

II.3.14 - Quelques commentaires

• Ici, les membres des GIP et les responsables sont conscients des rôles qui échoient à chacun, qu'il s'agit du producteur individuel, des OPA ou de l'Etat. Il s'agit là des analyses et des prises de position qui montrent à la fois le niveau de formation, de compétence et de conscientisation de certains producteurs ruraux. On peut donc dire que les campagnes béninoises sont marquées par des transformations profondes que les décideurs et acteurs de développement rural devront désormais prendre en considération ; • Les producteurs membres des GIP sont conscients de la nécessité de sensibiliser et de former leurs femmes au CEF aux fins d'un développement socio-économique durable; • La dimension sociale et familiale du CEF fait ici l'objet de préoccupation chez les membres des GIP (femmes et hommes).

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II.4 - SOUS-PREFECTURE DE BANIKOARA

II.4.1 - Caractéristiques principales des GIP

A - GIP n° 1 (lieu de rencontre : mairie de Goumori)

• Date de création : juin 2000 • Nombre de personnes membres : 24 (contre 28 au départ) • Nombre de femmes : 1 • Principales spéculations : coton, sorgho, maïs, arachide, igname (haricot, manioc) • Nombre de GV impliqués dans la constitution du GIP : 5 (GV de Goumori A, Goumori B, Gbangbanga, Kokiborou A et Kokiborou Peul)

B - GIP n° 2 (lieu de rencontre : Ecole Publique de base de Bouhanrou)

• Date de création : juillet 2001 • Nombre de personnes membres : 25 • Nombre de femmes : 4 • Principales spéculations : coton, sorgho, maïs, arachide, (haricot, riz, soja) • Nombre de GV impliqué dans la constitution du GIP : 1 (GV de Bouhanrou)

II.4.2 - Avantages du CEF

• "Avec le CEF, on peux mieux gérer nos exploitations et donc choisir les spéculations les plus rentables"; • "Le CEF apparaît comme une lanterne qui nous éclaire et nous permet de choisir notre chemin en pleine nuit dans la forêt. Il y avait beaucoup de choses qu'on négligeait comme l'utilisation du temps, mais qui sont très importantes. Maintenant, on intègre la variable temps dans notre raisonnement pour définir et exécuter au mieux nos activités. Par exemple, il est important de tenir compte du temps qui s'écoule entre le moment où l'on vend sa production cotonnière et le moment où on récupère effectivement l'argent de cette vente. Plus ce temps est long, plus on est confronté à des problèmes divers dont la résolution devient de plus en plus difficile "; • "Si nous prenons par exemple la culture du coton, tout le monde s'accorde pour dire qu'elle n'est pas si rentable. Je suis d'accord, mais ce n'est pas le coton en lui-même qui n'est pas rentable, mais la manière avec laquelle nous le cultivons. Le CEF nous permet de déterminer la manière appropriée pour assurer la rentabilité de la production". • "Avec le tableau de flux de trésorerie, je sais à quel moment prendre une décision liée aux dépenses"; • "Je sais désormais à quel moment acheter et vendre mes produits sur le marché"; • "Avec le CEF, on connaît la quantité de fumure qu’on a utilisé au cours d'une campagne agricole. On peut alors faire une comparaison avec la campagne écoulée et faire également de la prévision pour la prochaine campagne"; • "Le CEF favorise et facilite à notre niveau : - une meilleure planification de nos activités"; - une réflexion sur tous les besoins liés à ces activités"; - une meilleure gestion des fonds qui sont à notre disposition"; - une meilleure appréciation de nos dépenses journalières, hebdomadaires, mensuelles, etc."; - une meilleure appréciation de l'usage de la main d’œuvre"; - une meilleure gestion des dépenses et des revenus", - une meilleure connaissance du niveau d'utilisation des intrants sur les parcelles";

41 II.4.3 - Contraintes du CEF

• "Nécessité d'enregistrer chaque jours les données dans les cahiers et obligation de suivre à tout moment ces cahiers afin de savoir comment agir tant au niveau de l'exploitation que de la famille"; • "Il faut une volonté farouche et beaucoup de rigueur pour suivre le CEF".

II.4.4 - Modifications intervenues dans l'exploitation liées au CEF

• "Les modifications seront perceptibles à partir de cette campagne qui démarre. Mais déjà, je sais que je dois produire beaucoup plus de vivriers dont notamment le maïs qui est rentré dans les habitudes alimentaires du ménage et qui se vend de plus en plus facilement sur le marché". • "Du fait que notre sous-préfecture connaît un très grand retard dans le paiement de l'argent du coton, j'ai décidé de réduire la superficie consacrée au coton au profit du maïs, du haricot et de l'igname. De plus, je tiendrai d’abord compte de la main d’œuvre familiale plutôt que de la main d’œuvre salariée pour exécuter les travaux sur mon exploitation".

II.4.5 - Modification des revenus des membres des GIP

• "Avant que je ne commence le CEF, il y a des moments où je n'avais pratiquement rien en poche. Cette situation pouvait durer quelques semaines. Actuellement, ce n'est plus possible. Ayant aidé ma femme à s'engager un peu plus dans les activités génératrices de revenus, nous avons pris nos dispositions pour avoir toujours un peu d'argent avec nous, car on ne sait jamais… Je fais attention désormais à mes dépenses afin de pouvoir gérer les imprévus. • "J'élabore désormais le budget prévisionnel et je fais les efforts nécessaires pour le respecter. Parce que je respecte autant que possible ce budget prévisionnel, j'ai presque toujours de disponibilité financière, aussi faible soit-elle". Cela m'épargne des déconvenues que je connaissais avant le CEF"; • "Le CEF, en me permettant de mieux gérer mes revenus, m'a rendu crédible aux yeux de plusieurs personnes… Il y a des choses que je ne peux pas vous expliquer ici… Ce que je retiens à la fin se traduit de la façon suivante : c'est une bonne gestion qui rend l'homme grand, sinon vous êtes petit"; • "Avant le CEF, j'avais de dettes à la CLCAM. Mes bêtes avaient même été saisies et vendues pour rembourser la CLCAM. J'avoue que je gérais très mal mes revenus. En effet, ici à Banikoara, on se dit que le gros producteur est celui qui a de grandes superficies et plusieurs ouvriers agricoles. Aujourd'hui avec le CEF, je sais que cela n'est pas évident. Pour la dernière récolte de coton, j'ai plutôt privilégié la main d’œuvre familiale. J'ai certes accru un peu le nombre de jours de travail, mais je mesure à la fin les avantages de cette stratégie que j'ai pu définir et mettre en oeuvre grâce au CEF".

II.4.6 - Problèmes résolus au niveau de l'exploitation

• "Maintenant, je connais le rendement des productions vivrières et cela est important pour moi pour déterminer la taille de chacune de mes parcelles. Et comme j'ai décidé de réduire considérablement la main d’œuvre salariée, alors j'aurai désormais une exploitation de taille modeste que je pourrai entretenir correctement"; • "Je connais maintenant le niveau de l'auto-consommation familiale. Je vais donc redimensionner mon exploitation non seulement pour nourrir correctement ma famille, mais aussi pour dégager des surplus destinés à la vente afin de faire face aux différents besoins";

II.4.7.Problèmes identifiés par les membres mais qui ne peuvent pas être résolus à leur niveau

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• "La résolution des problèmes est difficile parce que l'argent du coton vient ponctuellement et lorsqu'il vient tous les prix flambent partout. Le producteur ne peut rien contre cette flambée de prix qui annihilent les efforts que nous fournissons pour améliorer nos conditions de vie "; • "Parce que tout le monde veut avoir de grandes superficies pour le coton, on a des problèmes fonciers qui se posent de plus en plus avec acuité. Ceux qui avaient laissé leurs terres en jachère le long du fleuve se sont vus surpris par de nouveaux occupants. Certains producteurs tentent de plus en plus de grignoter des terres dans la zone protégée de la Mékrou malgré l'interdiction et les sanctions. D'autres occupent carrément les forêts sacrées tant redoutées autrefois. Ces problèmes de terres deviennent difficiles à régler parce qu'on devient de plus en plus nombreux".

II.4.8 - Degré d'implication du GV/GF et de l'USPP dans le CEF

• "Ce sont les GV qui nous soutiennent à travers l'USPP"; • "La plupart des secrétaires des GV sont membres des GIP. Cela est une bonne chose parce que cela permet au GV/GF et à l'USPP de suivre l'évolution du CEF et de définir des stratégies conséquentes".

II.4.9 - Attentes des producteurs

• "Il nous faut des moyens financiers pour exercer correctement nos activités. Ainsi à l'endroit de l'USPP, nous demandons l'octroi de petits crédits. Le GIP pourrait se tourner vers le GV/GF pour obtenir sa caution et sa garantie"; • "Nous avons besoin d'un appui technique pour améliorer nos rendements"; • "Il faut que nous ayions la possibilité de faire des échanges d'expériences avec les producteurs d'autres régions du Bénin et d'ailleurs".

II.4.10 - Comment résoudre les problèmes identifiés ?

• "Il y a nécessité de sensibiliser d'abord les populations par rapport à l'ensemble de ces problèmes. Il faut ensuite des stratégies individuelles conséquentes pour régler les problèmes liés à la gestion des exploitations et des stratégies collectives pour les autres problèmes (problèmes liés au foncier, au financement des activités agricoles, au paiement à temps de l'argent coton, aux taux d'intérêt CLCAM très élevés, etc.)"; • "La résolution de nos problèmes est une question de volonté individuelle et collective. Si on veut, on peut. En réalité, on ne devrait pas être en train de mettre en exergue les problèmes financiers car la sous-préfecture de Banikoara est la première productrice de coton du Bénin. Il s'agit là d'une richesse qui devrait profiter à la fois aux individus et à cette sous-préfecture. Non seulement, les individus ne reçoivent pas à temps leur argent après la vente de ce coton, mais aussi l'ensemble de la sous préfecture ne dispose pas d'infrastructures socio-communautaires adéquates. L'état des routes ne permet même pas d'évacuer facilement la production cotonnière qui profite tant au Bénin…"

II.4.11 - Financement du CEF : "Le CEF profite à la fois aux individus, aux GV et à l’USPP. A chacun des niveaux, il doit y avoir des contributions. Actuellement, c'est l'USPP seule qui contribue directement à partir des fonds dont elle dispose. A l'avenir, il faut donc répartir les charges. Cela est d'ailleurs nécessaire pour que le CEF touche un plus grand nombre de producteurs et de GV/GF".

II.4.12 - Pérennisation du CEF

43 • "Tenir compte du PADSE pour élargir les bases du CEF. En effet, en tant que plate-forme de formation et d'échanges, le CEF doit toucher tous les producteurs de la sous préfecture. C'est donc un travail colossal. Pour ce faire, il faut introduire l'alphabétisation et voir comment toucher ceux qui ne savent pas lire et écrire ni en français, ni dans nos langues nationales"; • "L'USPP et les GV/GF doivent approprier les enjeux et objectifs du CEF pour s'impliquer davantage et préparer à cet effet les producteurs".

II.4.13 - Quelques commentaires

• Plusieurs membres des GIP sont préoccupés par la rentabilité financière de leurs exploitations; • Le fait de disposer de façon permanente d'un revenu, quel que soit le montant, est ressenti par les membres des GIP à la fois comme un privilège et un symbole de réussite économique et sociale. Ce point est important. En effet, si l'on sait qu'après la vente de leur production cotonnière (la principale spéculation), les producteurs peuvent attendre de longues semaines voire des mois avant de percevoir leur argent; • Les perspectives du CEF sont perçues ici, non pas par rapport aux moyens financiers, mais en termes d'une part, d'appropriation des enjeux et objectifs du CEF et d'autre part, de stratégies individuelles et collectives à définir et à mettre en oeuvre. Il s'agit là d'une prise de conscience réelle par les producteurs des problèmes auxquels l'ensemble de la sous-préfecture est confrontée. A cet effet, ils anticipent déjà sur la gestion des responsabilités. • La question de la sauvegarde de l’environnement préoccupe aussi les producteurs rencontrés.

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II.5 - SOUS-PREFECTURE DE NIKKI

II.5.1 - Caractéristiques principales des GIP

A - GIP n° 1 (lieu de rencontre : Siège de l'USPP)

• Date de création : juin 2000 • Nombre de personnes membres : 21 (contre 25 au départ) • Nombre de femmes : 0 • Principales spéculations : coton, sorgho, maïs, arachide, igname, haricot, manioc • Nombre de GV impliqués dans la constitution du GIP : 5 (GV de Biro, Ganrou, Sérékalé, Nikki Kpawolou, Nikki, Gourou 2)

B - GIP n° 2 (lieu de rencontre : Siège de l'USPP)

• Date de création : juin 2001 • Nombre de personnes membres : 24 • Nombre de femmes : 0 • Principales spéculations : coton, sorgho, maïs, arachide, igname, haricot, manioc • Nombre de GV impliqué dans la constitution du GIP : 5 (GV de Sakabansi, Kali, Ouénou, Boukaninri, Sonwori)

II.5.2 - Avantages du CEF

• "Les formations du CEF m'ont aidé dans les travaux champêtres, la gestion de ma famille et de mes dépenses. Je peux donc dire que mes conditions de vie commencent à s'améliorer. En effet, je me suis désormais mieux organisé. • Pour la prochaine campagne, je vais emblaver une superficie qui répond à mes propres capacités financières et de main d’œuvre familiale"; • J'ai déjà programmé et planifié avec mes femmes certaines dépenses, notamment celles relatives à la scolarisation des enfants, à la santé et à l'habillement des membres de la famille". • "J'exerce mieux mes activités champêtres. J'ai une meilleure appréciation de mes dépenses. Je sais désormais pourquoi et à quel moment dépenser; ce qui n'était pas le cas auparavant". • "J'ai appris à mieux gérer mes stocks. Je tiens compte désormais de la consommation familiale, des dons divers, du stock de sécurité et des semences. Je sais par ailleurs à quel moment de l'année il faut placer mes produits sur le marché pour avoir des marges bénéficiaires importantes".

II.5.3 - Contraintes du CEF

• "L'enregistrement des données nécessite beaucoup de volonté et de rigueur. Il faut être réellement convaincu des avantages qu'on peut tirer du CEF pour réunir toutes ces qualités". • "Il y a des pressions sociales. Les gens au village nous traitent de sévères, rigoureux, programmés, avares, etc. Si vous n'êtes donc pas moralement forts, vous ne pouvez pas tenir. Ces pressions deviennent encore plus fortes lorsque vos femmes s'en mêlent.

II.5.4 - Modifications intervenues dans l'exploitation

• "J'ai gardé la même superficie cette année pour assurer un meilleur entretien de mes parcelles. Par exemple sur ¾ d'hectare, j'ai récolté 18 sacs de maïs en 2001 (sans compter les dons) contre 7 sacs en 2000. En effet, en 2000, j'ai sarclé une fois seulement ce champ de maïs. Mais en 2001, non seulement j'ai fait le sarclage 3 fois, mais aussi j'ai réalisé une bonne fumure". • "Sur 4 ha de coton, j'ai récolté à peine 2 tonnes en 2000. Ayant mis en pratique ce que j'ai appris à travers le CEF, en 2001, j'ai eu 1,5 tonne".

45 • "J'ai commencé par réduire considérablement la superficie de mon champ de coton au profit des cultures vivrières. Cette année, mes rendements sont meilleurs à ceux de l'année 2000". • "En dehors de mes activités agricoles, je fais <> (taxi moto). Avec cette activité, j'ai des revenus complémentaires qui me permettent de faire face aux dépenses diverses. Je n'ai plus besoin d'attendre le crédit CLCAM pour assurer le fonctionnement de mon exploitation. Je gère mieux mes revenus à présent. Je suis en mesure d'acheter immédiatement un autre engin si je le veux. C'est maintenant que j'apprécie à sa juste valeur l'adage «compter d'abord sur sa propre force» qui a cours au Bénin. Avant, je comptais d'abord sur la force des ouvriers agricoles et sur les crédits CLCAM. Aujourd'hui, le CEF m'a ouvert les yeux…"

II.5.5 - Evolution des revenus des membres des GIP

• "Avant le CEF, j'avais des dettes (crédits CLCAM). On avait même saisi mes bêtes et on les avait vendues pour rembourser en partie ce que je devais à la CLCAM. J'avoue que je gérais très mal mes revenus. Aujourd'hui, avec le CEF, j'ai inversé la tendance. Je travaille au champ avec mes femmes et mes enfants qui ne vont pas à l'école. Je n'utilise plus la main d’œuvre salariée et je sais pourquoi je dois faire telle ou telle autre dépense. J'ai remboursé toutes mes dettes et si je veux actuellement je peux acheter une bête (de 180 000 - 200 000 F CFA) pour labourer la terre. C'est parce que ce n'est pas encore le moment que je ne le fais pas. En effet, par rapport à mon plan de campagne, une telle dépense relèverait de la mégalomanie. J'ai appris désormais que, pour accroître ses revenus, il ne faut surtout pas se lancer dans les dépenses de prestige". • "Même si je ne compte pas encore des millions de francs, je peux vous dire que je n'ai plus de dettes comme par le passé. Les usuriers ne viennent plus me voir car j'ai coupé le pont avec eux et je me contente d'abord de ce que j'ai. Parce que j'ai accepté de vivre en comptant d'abord sur mes propres forces, j'ai amélioré mes conditions de vie. Aujourd'hui, je souhaite apporter mon témoignage pour que le CEF touche un plus grand nombre de personnes".

II.5.6 - Problèmes résolus au niveau de l'exploitation

• "Pour ce qui concerne les cultures, je me disais que le voisin a fait 4 - 5 ha, pourquoi pas moi ? Alors, je m'efforçais d'en faire autant. En réalité cette manière de procéder (mimétisme) ne me permettait pas d'entretenir mon exploitation pour avoir de bons rendements. Aujourd'hui avec le CEF, je peux mieux analyser les choses. Ainsi, par exemple, le plan de campagne me permet de définir les bonnes stratégies pour l'atteinte de mes objectifs"; • "Le CEF m'a permis de mieux gérer mon stock. Avant, je n'utilisais que mon grenier pour stocker les produits. Actuellement, en plus de ce grenier, j'ai mis les grains (céréales et haricot) dans les sacs qui sont comptés. Les semences d'igname sont aussi comptées avant d'être enfouies sous terre. L'appréciation des quantités me permet de déterminer le niveau de l'autoconsommation, des dons, des ventes et, par conséquent, de mes revenus"; • "Chaque tâche a son moment d'exécution sur l'exploitation. Je détermine désormais avec précision ces moments sinon le risque est grand d'hypothéquer les rendements et la rentabilité de la production"; • "Durant les 4 dernières campagnes, je n'avais rien gagné par rapport à la production cotonnière, tant le niveau de mes crédits intrants et CLCAM était élevé. Avec le CEF, j'ai déjà pu toucher quelque chose cette année (lors du paiement de la dernière décade). En effet, au début de la campagne, j'avais refusé de prendre de crédit auprès de la CLCAM. Aussi, l'expression de mes besoins en intrants coton tenait-elle compte de la superficie réellement emblavée".

II.5.7.Problèmes identifiés par les membres mais qui ne peuvent pas être résolus à leur niveau

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• "A travers le CEF, on pensait bénéficier d'un crédit pour financer nos activités agricoles, mais on n'a rien reçu jusque là"; • "Notre problème principal, c'est comment s'assurer qu'une autre spéculation (en dehors du coton) peut nous procurer des revenus substantiels et de façon durable"; • "Le travail salarié coûte de plus en plus cher parce qu'il n'y a plus d'ouvriers agricoles disponibles en nombre suffisant et à tout moment. Comment faire pour étendre nos exploitations au moment opportun surtout si l'on sait que la traction animale et les machines agricoles auxquelles on se réfère ne sont utiles que pour les labours et le transport des produits ?".

II.5.8 - Degré d'implication des GV/GF et de l'USPP

• "L'USPP ne s'intéresse pas trop à ce qu'on fait. Cependant, elle met toujours à notre disposition sa salle de réunion"; • "Tous les GV desquels relèvent les membres des GIP connaissent le CEF et savent ce qui se fait au niveau des GIP. En effet dans les GV, les responsables de ces GIP font des comptes rendu périodiques sur l'évolution de nos formations"; • "Lorsque nous avons demandé aux GV de nous soutenir financièrement, les responsables ont dit qu'il n'y a pas d'argent à cause des problèmes de non-paiement des crédits intrants et crédits CLCAM. Nous avons cotisé de l'argent au niveau du GIP, mais cela ne suffit pas pour faire face à nos besoins".

II.5.9 - Attentes des producteurs

• "On attendait que l'USPP contribue financièrement pour la promotion et le fonctionnement du CEF, mais rien n'a été fait jusque là alors que certains GV étaient prêts à libérer leur contribution. Du fait que l'USPP n'a pas réagi, ces GV ont été découragés et n'ont plus rien donné"; • "Notre attente majeure est d'écouler nos surplus agricoles au cours des prochaines campagnes. Nous souhaiterions donc que le PADSE nous aide à organiser correctement au moins une filière. Notre rôle en tant que paysan est de produire mais après il faut que la production soit vendue à un prix rémunérateur afin de nous permettre de faire face à nos besoins y compris le financement du CEF"; • "Il nous faut des intrants pour les autres spéculations. Aujourd'hui, seuls ceux qui font le coton peuvent avoir facilement des intrants. Cet état de fait limite considérablement la promotion des autres cultures". • "A peine nous avons quelques résultats positifs (changement de comportements, meilleure gestion de l'exploitation…) liés au CEF que l'engouement des autres producteurs pour le CEF est déjà grand. Aujourd'hui, la demande des autres producteurs est importante et leur pression sur nous pour que nous puissions les aider dans la gestion de leurs exploitations est forte. Si l'on sait que, d'une part, les membres des GIP sont relativement peu nombreux et d'autre part, ils ne sont pas encore suffisamment formés pour répondre à ces attentes, il faudrait alors que le PADSE aide un plus grand nombre de producteurs par rapport au CEF". • " Nous souhaitons une synergie entre les appuis que donne le PADSE aux producteurs. A cet effet, il faut donc une collaboration entre les différents techniciens. Celle qui existe actuellement est timide et informelle. Il y a donc nécessité de la renforcer et de la rendre formelle".

II.5.10 - Attentes spécifiques des femmes

• "Nous avons aussi des parcelles et nous produisons au même titre que les hommes. Aussi faisons-nous d'autres activités telles que la transformation des produits agro-alimentaires, le commerce des vivriers, la restauration populaire, etc. Comparées aux hommes, nous avons des activités multiples. Pour mieux gérer et coordonner tout ça, nous devrions aussi bénéficier du

47 CEF. Ce n'est malheureusement pas le cas. Nous souhaitons donc constituer nos propres GIP afin d'être mieux impliquées dans le CEF "; • "Du fait que plusieurs femmes parmi nous savent lire et écrire correctement en batoonou, nous souhaitons bénéficier du CEF dans cette langue"; • "Nous préférons des GIP constitués uniquement de femmes pour mieux intégrer nos réalités. Nous souhaiterions donc être séparées des hommes puisque nous avons notre groupement à part (GF). Cela n'empêche pas les liens de collaboration entre les hommes et nous les femmes". • "Pour la formation à notre niveau, nous préférons aussi une formatrice à un formateur".

II.5.11 - Comment promouvoir le CEF au niveau d'un plus grand nombre de producteurs ?

• "Il faut sensibiliser et former tous les membres du CA et du CC des GV et GF et de l'USPP"; • "Ceux qui bénéficient actuellement du CEF doivent former à leur tour d'autres personnes"; • "Il faut que chacun de ceux qui sont formés actuellement restitue à la base l'approche et les outils du CEF. Un bénéficiaire actuel du CEF doit former à son tour au moins 10 personnes"; • "Il faut faire le CEF dans nos langues nationales dont notamment le baatonou". • "Il faut augmenter le nombre des techniciens afin de former un plus grand nombre de producteurs".

II.5.12 - Financement du CEF par le GV/GF et l'USPP

• "Il faudrait une contribution financière conséquente des GV/GF, de l'USPP et des producteurs bénéficiaires directs"; • "Dans un premier temps, c'est au GV/GF et à l'USPP de prendre en charge le CEF. Dans un deuxième temps, les producteurs individuels, parce qu'ils auraient compris les avantages du CEF, contribueront eux-mêmes à son financement"; • "La contribution du GV/GF, aussi petite soit-elle, est indispensable afin « d'aiguillonner » la conscience des producteurs à la base"; • "L'USPP a la bonne volonté de financer le CEF mais les moyens lui manquent pour aller plus loin que ce qui est fait actuellement. Les problèmes des producteurs individuels et des GV/GF à la base ont des répercussions au niveau de l'USPP, comme c'est le cas actuellement avec la crise cotonnière.

II.5.13 - Quelques commentaires

• On note une détermination des femmes qui pensent qu'elles sont jusque là des « laissers pour compte ». Elles veulent non seulement être formées, mais elles souhaitent aussi jouer un rôle important dans la conception du programme et la réalisation des formations. Il s'agit d'une prise de conscience à la mesure du rôle socio-économique qui est le leur dans le milieu; • Si les attentes des producteurs sont nombreuses, les contributions financières (individuelles et collectives) pour faire fonctionner le CEF ne sont pas suffisantes. Ces contributions devraient venir de plusieurs sources. Elles sont indispensables pour assurer la pérennité du CEF. • Le CEF est compris ici comme faisant partie de l'ensemble du système productif. De fait, autant les producteurs soulèvent les problèmes de financement des activités agricoles et d'approvisionnement en intrants, autant ils se préoccupent de l'écoulement de la production à un prix rémunérateur. On peut dire que ces producteurs tentent de faire des analyses globales ou circulaires, c'est-à-dire de cause à effet, permettant de circonscrire l'ensemble des problèmes et d'identifier les solutions les plus pertinentes. • Le rôle que les membres des GIP formés doivent jouer dans la diffusion et la promotion du CEF semble à Nikki bien compris par les producteurs et les responsables d'OP.

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II.6 - SOUS-PREFECTURE DE TCHAOUROU

II.5.1 - Caractéristiques principales des GIP

A - GIP n° 1 (lieu de rencontre : Bureaux du CRDB)

• Date de création : octobre 2001 • Nombre de personnes membres : 23 • Nombre de femmes : 0 • Principales spéculations : maïs, sorgho, igname, manioc, arachide, coton, haricot • Nombre de GV impliqués dans la constitution du GIP : 5 (GV de Goro 1, Goro 2, Kpakpanè, Guinirou, Tchaourou)

B - GIP n° 2 (lieu de rencontre : Foyer Rural de Tchatchou)

• Date de création : octobre 2001 • Nombre de personnes membres : 27 • Nombre de femmes : 2 • Principales spéculations : maïs, sorgho, manioc, igname, arachide, coton, haricot • Nombre de GV impliqué dans la constitution du GIP : 7 (GV de Tchatchou, Kinoukpanou, Woria, Badé, Koubou, Gokanna, Tékparou)

II.5.2 - Avantages du CEF

• "Nous avons débuté le CEF il y a quelques mois seulement, mais j'ai déjà commencé à mieux gérer mon stock de vivriers"; • "Je travaillais aveuglement sur l'exploitation, maintenant je sais qu'il faut nécessairement établir un journal de caisse, un cahier de stockage, un cahier d'utilisation de la main d’œuvre, une fiche d'inventaire"; • "Actuellement, j'évite le gaspillage dans les repas. En effet, je ne prévois plus la part des hypothétiques visiteurs. Je fais préparer désormais pour le visiteur qui se trouve déjà dans la maison avant l'heure du repas"; • "J'ai limité certaines dépenses notamment celles jugées superflues comme les dépenses dans les buvettes, etc." • "Avec la gestion actuelle de mon exploitation, grâce au CEF, j'ai désormais une meilleure appréciation du niveau de mes dépenses et recettes"; • "On ne savait pas que la production autoconsommée pouvait être assimilée à des revenus. En effet, si on devrait acheter les quantités de vivriers prélevées sur notre production et consommées par la famille, le coût serait très élevé. Grâce au CEF, on peut désormais avoir une idée plus nette du niveau d'autoconsommation de notre production"; • "Avant, je ne comptabilisais que la main d’œuvre salariée et je ne prenais pas en compte la main d’œuvre familiale. Maintenant je sais ce qu'elle représente dans le fonctionnement de mon exploitation; • "Grâce au CEF, je parviens désormais à planifier mes dépenses"; • "Le CEF nous permet d'éviter les dépenses inutiles (qui ne rapportent rien) et les pertes au niveau de la production"; • "Je sais aujourd'hui que ce n'est pas l'importance de la superficie d'une exploitation qui détermine le niveau du revenu du propriétaire. Ce qui importe, c'est comment on produit (combinaison des facteurs de production et les moments de mise en marché des produits, etc…)".

49 II.6.3 - Contraintes du CEF

• "Nous subissons, tous, diverses formes de pressions (familiales, sociales, etc.). Les gens racontent des choses qui ne sont pas forcément agréables à entendre. Non seulement ils nous traitent de paresseux, mais aussi, ils disent par exemple : « au lieu d'aller au champ, vous faites semblant d'aller à une hypothétique formation. Le temps que vous consacrez à cette formation qui dure des jours, nous autres sommes en train de produire. Il est certain que demain vous dépendrez de nous pour votre alimentation »"; • "Il est difficile d'appliquer tout ce qu'on nous apprend au cours des séances de formation. S'il fallait appliquer tout, nous serions très mal vus dans nos villages"; • "La mesure quotidienne de tout ce que la famille consomme et dépense n'est pas aisé"; • "L'enregistrement des données fatigue. Après une absence de plusieurs jours de votre domicile et de votre exploitation, vous êtes obligés, au retour, de mettre à jours vos différents cahiers. Ceci n'est pas chose facile"; • "Si l'enregistrement n'est pas quotidien, alors l'évaluation et l'appréciation des dépenses et recettes deviennent difficiles"; • "Nous avons du mal à être présents aux séances de formation, notamment pendant les périodes de grands travaux (semis, épandage, récolte et commercialisation)".

II.6.4 - Modifications intervenues dans l'exploitation liées au CEF

• "Il n'y a pas encore de modifications en tant que telles. Mais nous savons déjà qu'il faut respecter scrupuleusement le temps des principaux travaux agricoles et donc faire chaque chose en son temps"; • "Je sais d'ores et déjà que je vais réduire ma superficie de coton au profit notamment de la production d'igname et de manioc dont les produits transformés se vendent plutôt bien, non seulement sur les marchés locaux mais aussi et surtout au Nigeria".

II.6.5 - Evolution des revenus

• "Nous venons en réalité de commencer le CEF. C'est donc à partir de la campagne prochaine que nous pourrons bien apprécier l'évolution de nos revenus. Toutefois, il y a des signaux qui nous permettent de dire si nous sommes sur la bonne route ou non"; • "Je sais désormais comment gérer mon temps. Les gains de temps qui s'en dégagent sont utilisés à d'autres fins comme le trafic des hydrocarbures avec le Nigeria". • "Du fait que j'ai appris à dépenser rationnellement, j'ai désormais au moins quelque chose en poche tous les jours, ce qui n'était pas le cas auparavant. Je n'ai donc plus de gros problèmes de trésorerie"; • "Comme je ne gaspille plus mon argent et mes récoltes de viviers, j'ai augmenté mon revenu";

II.6.6 - Problèmes résolus à partir du CEF

• "En plus de la production végétale, je fais l'élevage de la volaille et du petit bétail (caprins). Je sais grâce au CEF qu'il faut recenser systématiquement tous mes produits d'élevage. Depuis lors, j'ai une meilleure appréciation du fonctionnement de mon exploitation agricole et de l'ensemble de ma ferme"; • "Je connais désormais mes dépenses rubrique par rubrique. Cela est important pour bien apprécier le fonctionnement de l'exploitation"; • "Auparavant, nous ne prenions pas en considération les petits travaux et petites dépenses effectuées sur les exploitations. Grâce au CEF et du fait de leur fréquence, nous nous sommes rendus compte que ces petites choses se traduisent à la fin par des sommes considérables qu'il

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faut déjà prévoir en début de campagne. Ceci doit nous amener à déterminer à priori la superficie de notre exploitation et les spéculations à privilégier au cours de la prochaine campagne".

II.6.7.Problèmes identifiés par les membres mais qui ne peuvent pas être résolus à leur niveau

• "Mon problème fondamental se traduit de la façon suivante : Comment vivre en harmonie avec sa famille et mon environnement social tout en faisant le CEF?"; • "En faisant le CEF, on devrait avoir de l'argent à tout moment pour faire face aux différents besoins. Je présume déjà que ce n'est pas le cas. En effet, la résolution des problèmes du producteur dépend à la fois de lui-même et des autres acteurs qui sont en amont et en aval de la production. Dans ces conditions, le producteur ne saurait à tout moment être son propre sauveur".

II.6.8 - Degré d'implication du GV/GF et de l'USPP dans le CEF

• l'USPP a donné la latitude aux GV pour choisir les candidats au CEF; • l'USPP contribue à la confection des cahiers; • L'USPP contribue à l'entretien (repas) des membres des GIP pendant les séances de formation; • Les GV/GF sélectionnent les membres des GIP et les envoient en formation; • Quelques GV/GF assurent les déplacements des membres des GIP lors des séances de formation. Le déplacement des membres des GIP lors des séances de formation est pris en charge par certains GV/GF concernés.

II.6.9 - Attentes des producteurs

• "Nous souhaitons que les GV/GF, l'USPP et le PADSE continuent de financer notre formation afin qu'elle puisse arriver à terme"; • "Nous souhaitons également que les voies et moyens soient recherchés pour que cette formation puisse se perpétuer à travers d'autres producteurs. Un plus grand nombre de personnes pourraient ainsi bénéficier du CEF dont les avantages pour les producteurs et les OPA sont nombreux"; • "Il nous faudrait un appui pour l'amélioration de nos techniques culturales"; • "Il y a nécessité pour nous d'avoir facilement accès au crédit et à un taux réduit".

II.6.10 - Besoins non satisfaits

• Formation en batoonou; • Non accès aux crédits bonifiés; • Montage des dossiers pour recherche de financement; • Echanges d'expériences avec d'autres producteurs hors de la sous-préfecture; • Appui à l'amélioration des techniques culturales.

II.6.11 - Financement du CEF par le GV/GF et l'USPP

• "L'USPP et les GV contribuent au financement du CEF. Mais il faut avouer que si l'on tient compte du coût du CEF, cette contribution est faible"; • "Nous sommes tous d'accord pour contribuer au financement du CEF mais il faut tenir compte du niveau d'endettement actuel des producteurs et des OPA. Il ne faut donc pas que cette contribution nous écrase, sinon c'est l'avenir même du CEF qui sera hypothéqué";

51 • "Malgré le fait que nous jugeons indispensable le CEF à la fois pour les producteurs individuels et les OPA, il nous est impossible pour le moment de faire face à toutes les dépenses. Or, pour assurer le bon fonctionnement du CEF, il faut nécessairement des moyens. Nous sommes prêts à prendre nos responsabilités pour conduire l'opération CEF. Mais, l'argent étant le nerf de la guerre, nous souhaiterions que le PADSE fasse son sevrage de façon progressive, c'est-à-dire qu'il définisse une stratégie de retrait progressif. Ainsi, sa contribution quasi-exclusive au fonctionnement du CEF se réduirait graduellement dans le temps"; • "En plus des (maigres) ressources mobilisées par l'USPP et certains GV pour assurer le fonctionnement du CEF, les parrains qui ont été choisis contribuent aussi individuellement. En effet, pour rétrocéder leurs connaissances et savoir-faire à leurs filleuls, ils paient eux-mêmes leurs déplacements et séjours".

II.6.12 - Comment assurer la poursuite du CEF après le PADSE

• "L'objectif principal visé par l'USPP est le suivant : « Tous les producteurs de la sous- préfecture doivent bénéficier du CEF et s’approprier ses outils »"; • "Avec un peu de temps, les effets directs et induits du CEF, tant au niveau des individus que des OPA, seront tels que les producteurs qui ne sont pas encore concernés par le CEF vont exiger leur prise en compte dans le schéma opérationnel. A ce moment, on pourra leur demander des contributions subséquentes"; • "L'avantage de la méthode actuellement utilisée par le CEF à Tchaourou est que, dès le départ, les OPA (USPP, GV/GF) ont été associées au montage opérationnel. De fait, pour la suite, chacune de ces structures prendra ses responsabilités, de même que les bénéficiaires directs". • "Il faudra toutefois régler la question de la synergie entre le CEF et le nécessaire appui technique".

II.6.13 - Comment mieux intégrer les femmes au CEF ?

• "Il vaut mieux encourager la constitution des GIP de femmes et adapter le CEF à leurs activités et conditions de vie"; • "Il faut que le CEF se fasse aussi dans nos langues nationales. Ici, nous privilégions le nagot et le bariba".

II.6.14 - Quelques commentaires

• Les responsables de l'USPP et des GV/GF de Tchaourou sont conscients des enjeux futurs du développement agricole et rural. A travers leur analyse du contexte et les solutions proposées par rapport aux problèmes des producteurs, ils font connaître leur vision et montrent leur degré d'anticipation sur les questions de promotion du monde rural. Ainsi, ils pensent que le CEF constitue un outil de développement; • Du fait de la position géographique de leur sous-préfecture, les producteurs sont aussi conscients des opportunités qui s'en dégagent et dont ils tirent profit. On peut retenir : - la proximité de Parakou et du Nigéria, qui favorise des échanges commerciaux; - la disponibilité de vastes étendues de terres cultivables qui favorise l'arrivée massive de colons agricoles; - etc. • Malgré la jeunesse de l'expérience du CEF dans la sous-préfecture, on note chez les membres des GIP une volonté de réussir et d'assurer eux-mêmes leur destin.

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