Les Mémoires D'un Fasciste Ii 1941- 1947
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Lucien Rebatet LES MÉMOIRES D'UN FASCISTE II 1941- 1947 [email protected] -----BEGIN PGP PUBLIC KEY BLOCK----- Version: GnuPG v1.4.6 (MingW32) mQGiBEWz4ckRBACp2djvCjRTlp9zSuHCoEFNCEJPOGbtIx0Z+Cb6gmu1lna9GmZ1 2rwcMp71si06D6YwTR1rxUHYFu/wYv2DItHAco2u2rcKeTXmCCzVDdjio+AvrwXx ZLqIc1MmUl0rRW2kUhm8DmvAwUuMEOpuQrKZwnR4+8fX/QcUGJaKt7ATFwCgx4Lv VHsVnZEpEQ07mtLlbFhvJ1sD/Ai5F/kpGiOfp/SvrWryDO6SOoAypUjxu+eM1/8f o6tDgDlByTmwTqUDqIlnjLrsc7VKWF7HnxSnUlcGEypScZPgzeCC07m5gsXNKqiB abPVs0yR9CYc0Fk9YtSWkj7M8t4wgxsjfrSqCK4CI0hm3GzKplnt+JZFxBzHIfCZ rcmHBACUX5TFyv1iGa2dN7ePWRWuL3+ztyMPhAFEkJN13ai9YM/UeU/dQK9shiix 018ceAhUA2DFtAt9XhnfgYVvJm7swOUzzcZCWA9gZVqG8dRnq0euUERjQ7RHSOEj yE47qatShkALetNUL0AwCsxNViQraxLSLrti2vDNVEjTIfhdZrQlRWRpdGlvbnMg ZHUgcGlsb24gPGxlcGlsb25AZ2F3YWIuY29tPohgBBMRAgAgBQJFs+HJAhsDBgsJ CAcDAgQVAggDBBYCAwECHgECF4AACgkQETGAlfdiL3EHPwCfa/bGco59iqcTlqOA JVWhri60GKwAn3oyMIXZ8+m1Y3C/TiFAbAIB6vu5uQMNBEWz4eAQDADLQX+RszbM mnEM0O9z5PJL9k4Wf8uqlwVdLT74F3pf4E8AGfTLvaioJQOJXe+bjGpeQK1OMHAX 99r2iT7VWbg1+Sz7vYgCwOWoGG/tnLeuGQd2yfzmnq9ZpYg99jlYkqNNC1J5ZYVz 61KP9NUfobjjOjpNplRyRtYB5eBDejmFRQOm+hnFlA11ZYDN59tZf8xGBd7VRvne PLuCjiaJ1wQSQ3wwFRYe3qkIp4QuA9oZr2sS9EXFV5jEDLqoeXdvaykr67ttdsRw 5nH15WpPnrydPrMtLuzByGp1bmhaxfRuJfDlpoZZAkckKpLHUdRyANttYGxMXzA9 PSITqMUllh7cyBwkLggNxNv7roiVj2yZQotqwyU20W8zWslEQYepewzU7bH4WbfN fXB05fHU//aA0EU0wZD7IRiDzqmyTdUCIDOzycpOkHyv2DgoGiP3F8fkfAuCcqbN sSdqpWhSFbpvhVm/orC1vhSyYxJWl45jbjBsn70qJNjmWn2aHIC7mjsAAwUMAILS 3/UYhFwlNFj1fu88CWfU/gCbnVlquAajh2FdwYznWm+Rd8mTjuoLYVIm3aozqXJB X8RSFgY1uEzg1bJh476X9/zZSvS1FS/6+ciQxtqOduow+P0KSJOH8zYu/fyhUSel iIcHifsOli30s5vHSWjNHPn/ldxFVq/+9lLFCOfAVeCDlri6CJFF6Q/uW7wze1ar FArD0Ucmv8NAz71SyI72BsQUUZbpVOmxNvh0pqB3bL+fOI2Y4Bs8q6rOFPirtHdl H1g+669mbTDCxD1ZzlxkZJjsql13Pfy4SRKhRohmWh3rBh3ajwqFMwOBgVZi81Po /2WBZvOp45WAEpYQi780JJXjyCA0iRBgKG/Iwj1xP5s0nQymCLGqiLqQpFnzDPvp 1bTwF8iR9Ijf4aRG/7efAUhn+w7AYkUzxahpqabq1B/2DwmB53gDe7II/Me/xUi5 UYgNdlhYuzkUMHpegciGLa5eB/Ve0CV+Lg6maHyCsFpwjIdNN+lQkF0s6ns88YhJ BBgRAgAJBQJFs+HgAhsMAAoJEBExgJX3Yi9xPb8An0Q43rqlZpeCWprjuhizI7aj 88CRAJ93qzzx4+ZtPv9VMEnODhSz2Gcq1g== =Jgg3 -----END PGP PUBLIC KEY BLOCK----- Lucien Rebatet LES MÉMOIRES D'UN FASCISTE Avril 2007 2e édition Édition originelle : Éditions Jean-Jacques Pauvert, 1976 N° D'ÉDITEUR : 2696 N° D'IMPRIMEUR : 18079 DÉPOT LÉGAL : 2e TRIMESTRE 1976 ISBN : 2.7202.0065.4 omme nous l'avons expliqué dans la présentation des Décombres, l'œuvre Cproprement autobiographique de Lucien Rebatet se répartit en carnets, en cahiers de Journal, généralement inédits, et en textes de souvenirs personnels et de choses vues, inédits ou non, qu'il semble avoir eu l'intention de publier en un tout sous le titre général : « Les mémoires d'un fasciste ». Dans ce tout, il comptait vraisemblablement faire entrer les 536 premières pages de l'ancienne édition des Décombres. Nous avons repris Les mémoires d'un fasciste comme titre général, publié Les Décombres dans le Tome I. Les neuf dixièmes de ce Tome II, entièrement inédits, ont été rédigés par Lucien Rebatet à partir de décembre 1970. Ils reprennent à peu près là ou l'auteur s'était arrêté à la fin du Tome I, c'est-à-dire à l'automne 1940, et couvrent les années 1941 à 1944. La mort de Lucien Rebatet, survenue brutalement le 24 août 1972, l'empêcha de mener plus loin son entreprise. Ses Mémoires proprement dites s'arrêtent donc à l'automne 1944. Fort justement, à notre avis, Madame Rebatet y a ajouté trois textes : en premier lieu, une large part d'un article sur Céline publié dans le numéro 3 de l'Herne (1963), dans lequel Lucien Rebatet évoque l'arrivée de « Ferdinand » à Sigmaringen en novembre 1944, son séjour et son départ pour le Danemark quatre mois plus tard. En second lieu trois pages de notes extraites d'un manuscrit inédit consacré à la genèse des Deux étendards (auquel l'auteur fait allusion à la page 113) et se rapportant à la fin de 1944, au début de 1945 et au 8 mai de la même année, date à laquelle Lucien Rebatet se constitua prisonnier des troupes françaises à Feldkirch. Enfin l'article célèbre On ne fusille pas le dimanche, publié par Jean Galtier-Boissière en 1953 dans le numéro 21 du Crapouillot, et dans lequel Lucien Rebatet évoque son procès, sa condamnation à mort et les cent quarante et un jours de chaînes qu'il fit avant d'être gracié le 9 avril 1947. Jean-Jacques PAUVERT I À la fin du mois de juillet 1942, aussitôt après avoir signé le service de presse de mon pamphlet Les Décombres, je quittais mon appartement de Neuilly pour mon village natal de Moras dans la Drôme, emportant avec moi une caisse de traités d'exégèse, de théologie, de mystique et d'apologétique. Je n'avais même pas attendu de voir mon livre dans les vitrines des libraires. Dix-neuf mois auparavant, en janvier, par une nuit glaciale du sinistre hiver 1940-41, dans une maison moderne où le chauffage central était arrêté, après un dîner de rutabagas, fatigué de dépêcher des proses alimentaires devant le four à gaz de la cuisine, notre seul feu, j'avais ouvert une méchante petite cantine de bois noir, dénichée dans mon grenier de campagne, et qui me suivait partout depuis longtemps. J'y tenais les cahiers de mon journal intime, commencé en 1924 à vingt ans, des paquets de lettres, de notes, de documents sur une aventure de ma première jeunesse. Mon intense travail de journaliste à partir de 1935, notre combat pour la paix, les ridicules ou tragiques péripéties de la guerre m'avaient beaucoup éloigné de ce reliquaire. Mais je lui avais toujours attaché du prix, je l'avais mis en lieu sûr durant les grandes bourrasques. Je m'étais dit quelquefois qu'il renfermait la matière d'une œuvre romanesque à écrire quelque jour. Mes investigations ne m'avaient révélé cependant que des puérilités vite décourageantes. Cette nuit-là, sans d'autre but que de me distraire un peu d'un présent minable, je fouillais de nouveau dans ce fatras de papiers, sur lesquels je n'avais plus jeté les yeux depuis des années. J'y découvris bientôt un intérêt inattendu. Je me fis plus méthodique, je prolongeai ma veillée. Je glanais çà et là des lignes excitantes. De vagues projets anciens prenaient corps tout à coup. Des épisodes imaginaires ou vécus y prenaient place. Je ne sentais plus le froid. Un enthousiasme créateur me gagnait. Je voyais se dessiner la courbe d'une longue histoire à trois personnages. Je griffonnais hâtivement des points de repère, des idées qui jaillissaient impromptu. Je n'avais jamais connu une pareille euphorie de lucidité et d'invention. C'était l'illumination dont j'avais rêvé à la fin de mon adolescence quand je commençais à noircir du papier pour moi, qui m'avait paru plus tard relever de la fable, du poncif cinématographique. À cinq heures et demie du matin, glacé du bout des doigts aux épaules et des pieds au ventre, mais la tête en feu, je tenais le schéma presque complet d'un vaste roman, son départ, ses deux versants, ascendant et descendant, son épilogue. La guerre, la politique, Vichy, les journaux, 8 LES MÉMOIRES D'UN FASCISTE l'incertitude matérielle n'existaient plus. Je me couchai enfin, à moitié saoul de bonheur. Je possédais une certaine expérience, tout de même beaucoup moins poussée, de ces feux de joie nocturnes dont le lendemain il ne reste rien. Mais quand je me réveillai, celui-là pétillait toujours, chassant mon engourdissement physique. Je repris avidement mon travail de la nuit. Je jetais des quantités de notes sur le papier. Je précisais la trajectoire de mes fusées. Je m'y absorbai durant deux ou trois jours, ne m'arrêtant que pour de courtes mais vives réflexions. C'était bien une chance miraculeuse que d'avoir découvert ce magnifique filon. Ne fallait-il pas l'exploiter séance tenante, puisque je pouvais m'organiser des loisirs entre mes tâches journalistiques moins écrasantes qu'avant la guerre ? Ne serait-ce pas la plus heureuse façon de s'élever au-dessus d'événements confus, décevants, ou saumâtres ? Je n'avais pas été jaloux des amis de mon âge ou un peu plus jeunes qui comptaient déjà à leur actif deux ou trois petits romans, des essais. Je jugeais d'un peu haut ces tentatives, parce que je ne m'estimais pas incapable de les égaler, mais que je n'y avais pas sérieusement tenu. Il était temps cependant de me prouver et de prouver aux autres que ma vocation d'écrire ne s'épuisait pas dans les feuilles volantes du journalisme, quels que fussent les plaisirs que je devais à ce métier, surtout lorsqu'il m'avait tiré, à vingt-cinq ans, de la chiourme d'une compagnie d'assurances où je crevais d'ennui pour 835 francs par mois. Si beaucoup de romanciers débutaient trop jeunes, comme le démontrait l'inconsistance de leurs minces ouvrages, j'avais bien atteint, à trente-sept ans l'âge normal du roman, qui est celui de la maturité. Surtout, hors des considérations de vanité et de société, je brûlais de donner le jour à ce livre dont je venais de concevoir les cellules essentielles, que je sentais bien autrement viable que mes autres entreprises littéraires, telle « l'histoire du curé marchand de canons », grosse fresque politique et sociale, trop vaste pour mes connaissances, pour mes aptitudes techniques, trop nébuleuse en bien des parties dans mon esprit, et sur laquelle je m'étais escrimé assez longtemps, m'occupant surtout des hors-d'œuvre, jusqu'au début d'août 1939, où je l'avais abandonnée sans retour, et pour cause : elle devait s'achever sur une guerre imaginaire, et la vraie guerre était là. J'avais baptisé provisoirement mon roman en gestation La Théologie Lyonnaise, parce que la plupart des épisodes s'y dérouleraient à Lyon, et qu'il y serait question de