La Galerie Des Glaces : Le Brun, Maître D'œuvre

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La Galerie Des Glaces : Le Brun, Maître D'œuvre La galerie des Glaces : Le Brun, maître d’œuvre La galerie des Glaces dans le château de Versailles Le château de Versailles a subi de nombreuses transformations (architecture et décors) au cours de son histoire. Le pavillon de chasse* du roi Louis XIII est transformé par Louis XIV qui commence les travaux après 1661. Au premier étage, les appartements du Roi et de la Reine sont construits symétriquement et reliés par un salon central (côté cour) et une terrasse (côté jardin). La terrasse est ensuite supprimée en 1678, ainsi que les deux derniers cabinets des Grands Appartements du Roi et de la Reine. La galerie des Glaces, appelée Grande Galerie à l’origine, est construite à cet emplacement. Elle est entourée par deux salons : le salon de la Guerre au nord, et celui de la Paix au Sud. Sa réalisation commence en 1678 sous la direction de l’architecte Jules Hardouin-Mansart. Un an plus tard, elle reçoit son revêtement en marbre. En 1680, les sculpteurs achèvent leur travail. L’architecture, le jeu des miroirs, le décor sculpté et peint ont créé une galerie majestueuse, ouverte sur la grande perspective du jardin. Le décor de la galerie des Glaces: Charles Le Brun, maître d’œuvre Le décor peint de la galerie est exécuté de 1681 à 1684 par Charles Le Brun. En tant que Premier Peintre du Roi, cet artiste occupe une place très importante à Versailles : outre le décor peint de la galerie, Le Brun participera aux dessins des sculptures du jardin. Il est le maître d’œuvre de la galerie des Glaces : il dirige toute une équipe d’artistes et artisans au service du roi. Louis XIV qui est alors au sommet de sa puissance et de sa gloire demande à Le Brun d’évoquer dans ce décor ses dix-sept premières années de règne. La composition générale s’ordonne autour de la grande peinture centrale intitulée Le Roi gouverne par lui-même (1661) : ce thème fait référence à la prise de pouvoir personnelle du Roi. A ce moment, Louis XIV décide de gouverner sans remplacer son Premier Ministre, le Cardinal Mazarin, décédé durant l’année 1661. voûte corniche sculptée fenêtre cintrée revêtement de marbre girandole torchère parquet « Versailles » (agencement spécifique des planches de bois) La voûte de la galerie s’organise en compartiments La galerie des Glaces en quelques dans lesquels des toiles marouflées* peintes illustrent le règne chiffres : de Louis XIV de 1661 à 1678. Il s’agit de retracer des événements glorieux de son règne, à la fois dans le domaine 73 mètres de long militaire (victoires) que dans celui de la vie civile (réformes 10,50 mètres de large administratives et économiques). La thématique générale de la 12,30 mètres de hauteur galerie, et même au-delà, celle du château, tend à montrer la 17 fenêtres cintrées faisant face à 17 réussite et la puissance du roi, en le mettant directement en arcades ornées de 357 miroirs scène dans les peintures. Le château de Versailles est la résidence du « Roi Soleil », qui a choisi de mettre en avant Apollon, dieu de la mythologie grecque aux fonctions multiples : il est à la fois dieu du Soleil, guérisseur, devin, mais il a également inventé la musique et la poésie. Louis XIV était d’ailleurs un amateur d’art et un mécène (il passait de nombreuses commandes aux artistes). Apollon est présent à Versailles aussi bien dans les décors intérieurs du château que dans les sculptures des jardins : il est par exemple représenté sortant de l’eau sur son char tiré par des chevaux (Bassin du char d’Apollon). La référence à l’Antiquité est visible à la fois dans les thématiques de décors du château, mais aussi dans les costumes des personnages peints ainsi que par la présentation de bustes d’empereurs romains ou statues antiques dans la galerie des Glaces. De l’esquisse à la peinture : Le travail de création du décor peint de la voûte commença par l’élaboration de croquis, d’esquisses générales de la voûte, puis par des études général es et de détails, proposant l’organisation des personnages, mais également des choix de couleurs. Enfin, Putti (putto au singulier) : les « cartons » , dessins à enfants nus, joufflus, l’échelle des futures parfois avec des ailes peintures, sont réalisés. d’anges, ce sont des motifs décoratifs courants depuis La Fureur d es duels arrêtée , carton de Le Brun, 1662 la Renaissance italienne ème (XIV-XVI siècle). Charles Le Brun : Né en 1619 en Picardie, Charles Le Brun est issu d’un milieu social assez modeste. Dotés de talents précoces, il attire l’attention de personnages haut placés, dans l’entourage du Roi. Certains d’entre eux seront de fidèles mécènes pour le peintre. Il participa également à la fondation de l ’Académie royale de peinture et de sculpture* en 1648. Premier Peintre du Roi et directeur de la manufacture* des Gobelins, le Roi lui confie de nombreux chantiers au Louvre et à Versailles . Ecarté du pouvoir, il termine sa vie en se consacrant à la peinture religieuse jusqu’à sa mort en 1690. Les arts et techniques au service du roi Plusieurs corps de métiers* ont travaillé dans la galerie des Glaces : peintres, sculpteurs sur bois, stucateur, doreurs, bronziers, tapissiers, etc. La galerie est également l’occasion de vanter le savoir-faire des artisans français dans le verre, avec les arcades ornées de miroirs. Par ailleurs, trois mobiliers successifs ont meublé la galerie : un mobilier en argent, puis deux en bois doré. Le dernier sera dispersé au moment de la Révolution Française. Stuc et bois dorés : le stuc est un mélange de plâtre, de sable, parfois d e poussière de marbre et de colle, plus facile à sculpter que le bois, et qui peut se peindre et se dorer à la feuille d’or de la même façon que lui. Ci-contre : Tête d’Apollon de la galerie des glaces L’éclairage dans le château : Si le moyen d’éclairage le plus courant sous l’Ancien Régime est la chandelle (à base de suif), ce sont des bougies en cire pure qui sont utilisées au château jusqu’au XIX ème siècle. La bougie a l’avantage de ne pas fumer (elle ne noircit donc pas les murs), mais elle coûte chère et fond vite. Il existe différents supports pour recevoir les bougies : • les lustres : accrochés au plafond, ils peuvent être en bois ou en métal, garnis ou non de cristaux, avec plusieurs binets (réceptacle rond dans lequel la bougie est enfoncée). Les lustres de la galerie étaient accrochés uniquement les soirs de fêtes. • les torchères : socles hauts terminés par un plateau rond sur lequel est posé une girandole (objet en métal à plusieurs branches et garni de cristaux permettant de refléter la lumière). Les torchères sont souvent décorées de motifs végétaux et de personnages. Ce sont aussi des objets décoratifs. De même que les lustres, les torchères actuelle s sont des copies d’après des originaux. • Bras de lumières, guéridons, bougeoirs, etc, complètent l’éclairage des pièces. Ci-contre : deux torchères de la galerie des Glaces coiffées de girandoles. Versailles devient le siège du gouvernement en 1682, avant même la fin des travaux dans la galerie. La monarchie absolue* s’exercera à Versailles jusqu’en 1789. Dans cette optique, la galerie des Glaces a cumulé plusieurs fonctions : de passage, de représentations du roi devant la cour, au quotidien, cependant elle a également été un lieu de fêtes et de réceptions pour accueillir des ambassadeurs étrangers, ne pouvant être qu’impressionnés par le faste de la Cour du Roi. La galerie des Glaces est un lieu emblématique du pouvoir de l’Etat depuis Louis XIV mais également sous les règnes de Louis XV et Louis XVI. Même après la Révolution Française, le lieu reste symbolique. En 1805, le pape Pie VII bénissait la foule du balcon centrale de la galerie, tandis qu’en 1871 le roi de Prusse (Guillaume Ier) y recevait la couronne impériale. Le traité de la fin de la Première Guerre Mondiale a également été signé dans ces lieux en 1919. Trois fois des travaux de restauration ont été menés sur l’ensemble de la galerie entre 1750 et 1950, et de nouveau en 2007, la galerie des Glaces a retrouvé tout son éclat. Lexique : Académie royale de peinture et de sculpture : institution proposant un enseignement aux artistes peintres et sculpteurs. Cette structure n’avait pas beaucoup d’influence jusqu’à ce que Colbert y voit le moyen de « contrôler » les artistes, au service du roi. Corps de métier : ensemble d’artisans exerçant le même métier. La « corporation » définit les règles pour le groupe et offre en retour une protection des intérêts des artisans. Manufacture : établissement industriel, où le travail était fait à la main, et en plus importante quantité que dans des ateliers. Certaines manufactures royales obtenaient des privilèges ou le monopole de la fabrication d’objets particuliers. La manufacture des Gobelins est une manufacture de tapisserie, celle de Sèvres est une manufacture de porcelaine. La manufacture de Saint-Gobain demeure une entreprise industrielle multinationale réalisant des glaces et miroirs. Monarchie absolue : le pouvoir du Roi lui vient de Dieu (on parle de « droit divin»). Le roi exerce son autorité selon les lois fondamentales du royaume, il gouverne entouré du Conseil du Roi (des ministres, secrétaires, etc). Pavillon de chasse de Louis XIII : petit château utilisé par le Roi lors de ses parties de chasse, loisir que beaucoup de rois appréciaient et pratiquaient régulièrement. Toile marouflée : toile peinte collée sur un autre support (mur, panneau de bois, toile plus forte).
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