Les huit GUERRES DE RELIGION

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Vous pouvez également consulter dans votre Bibliothèque, notre précédent ouvrage l’«Histoire de la France protestante». LES HUIT GUERRES DE RELIGION Elles s’étalent sur une période de trente-six années. Avec 18 millions d’habitants, le royaume de France est alors le plus peuplé du continent européen. La progression démographique est forte dans la première partie du XVIème siècle. C’est aussi un des plus riches ; la structure de la population, rurale à 90%, fait que cette richesse est avant tout agricole. La période des guerres de Religion voit une stagnation, voire une régression, de ces deux facteurs, laissant à Henri IV un royaume à reconstruire.

Introduction

Les huit guerres de Religion

- L’essor du protestantisme ...... 5 Éclairages - 1ère guerre (1562 - 1563) ...... 8 - Les acteurs des guerres de Religion ...... 45 - 2ème guerre (1567 - 1568) ...... 11 - La population protestante ...... 52 - 3ème guerre (1568 - 1570) ...... 15 - La ligue ...... 54 - 4ème guerre (1572 - 1573) ...... 19 - L’état Huguenot ...... 55 - 5ème guerre (1574 - 1576) ...... 24 - Le pouvoir royal ...... 56 - 6ème guerre (mars 1577 - septembre 1577) ...... 28 - Les violences ...... 58 - 7ème guerre (1579 - 1580) ...... 31 - La guerre étrangère ...... 59 - 8ème guerre (1585 - 1598 ) ...... 33

- L’édit de Nantes ...... 43 Introduction

« Protestantisme, guerres de Religion, ces deux entités se trouvent liées dans la mémoire collective » (J.Garrisson). Ces trente-six années, de 1562 à 1598, sont une des périodes les plus sombres de l’His- toire de France. Cette tragédie se déroule en trois actes. 1. Le prologue correspond à l’essor du protestantisme, qui débute dès la pénétration des idées de Luther en France à partir des années 1520. Cet essor est rapidement combattu, l’année 1523 voit le premier pro- testant périr sur le bûcher. D’un côté, la minorité protestante se développe rapidement et fait reconnaître son identité et son influence. De l’autre, la majorité catholique veut rester fidèle à la foi traditionnelle, réaffirmée par la Contre-Réforme. Entre les deux, un pouvoir royal affaibli louvoie pour maintenir l’État hors du chaos. 2. La pièce elle même se déroule en 8 tableaux : les huit guerres de Religion vont du massacre de Wassy en mars 1562 à l’édit de Nantes en avril 1598. Pendant ces trente-six années, parmi les plus dramatiques du royaume de France, paix et guerres de durée éphémère se succèdent. Les périodes de combat sont interrompues par la signature de « paix de religion », qui doivent être confirmées par des « édits de pacification ». Pendant ces années tragiques, la guerre s’est déroulée sur tout le royaume, mélangeant fanatisme, aspirations au martyre, vendetta, brigandages, aventuriers et mercenaires : une violence extrême culmine avec les massacres de la Saint-Barthélemy. 3. L’épilogue est l’édit de Nantes de 1598. Henri IV est à la tête d’un royaume entier libéré des guerres civiles, mais à reconstruire. L’édit protège les protestants, mais marque le commencement du déclin du protestantisme français. 4. On trouvera dans « les éclairages » les éléments nécessaires pour comprendre la mise en scène de ce théâtre d’horreurs. Elle fait intervenir de nombreux facteurs : les acteurs allant des rois au menu peuple, l’émergence de contre-pouvoirs comme la Ligue et l’état huguenot mettant en cause la notion même du pou- voir royal, dans un décor dominé par la violence, la guerre étrangère s’ajoutant à la guerre civile. 5. De fortes personnalités illustrent cette époque. Leurs portraits sont consultables sur le site

POUR EN Musée virtuel du SAVOIR PLUS Protestantisme L’essor du protestantisme sœur du roi, demande à l’évêque de Meaux de réformer son diocèse. Celui-ci fait venir Jacques Lefèvre d’Etaples, auteur d’une version française du Nouveau Testament condamnée par la Sorbonne, et fondateur du « Cénacle de Meaux » ; ce dernier est interdit. Traduits en français, imprimés surtout en Suisse, ces écrits circulent clandestinement. Les protestants, appelés « luthériens », qui appartiennent à l’élite sociale sachant lire, sont déclarés hérétiques. Leur persécution commence dès 1521 : amende, prison, mort sur le bûcher. Sous l’impulsion de Jean Calvin, l’Église protestante de France s’organise. La première église est celle de Meaux ; dès 1555 d’autres églises sont « dressées », à Paris, et surtout en Languedoc, Provence et dans la vallée de la Garonne. Un rassemblement clandestin des responsables des églises a lieu à Paris en 1559. Lors du premier synode national, on vote une confession de foi et une discipline ecclésiastique toutes inspirées de Jean Calvin. À partir de 1555, les adhésions à la Réforme se multiplient, dans les villes et dans la noblesse, surtout dans les provinces du Sud, en Normandie, en Brie et en Champagne. L’essor du protestantisme (1520-1562) À la mort d’Henri II en 1559, une partie de la haute ès 1520, les idées et écrits de Martin Luther, noblesse qui siège de droit au Conseil du roi est parviennent en France et atteignent l’entourage devenue protestante. Sorti de la clandestinité, le Ddu roi François Ier. Marguerite d’Angoulême, parti se politise. 5 et s’emparent d’églises catholiques. La violence se développe des deux côtés. Après la mort de François II en 1560, Catherine de Médicis, veuve d’Henri II, devient régente, le nouveau souverain Charles IX n’ayant que 10 ans. Redoutant le pouvoir des Guise, aidée par le nouveau chancelier Michel de l’Hospital, elle veut ménager les protestants car elle espère obtenir la concorde religieuse. L’affaiblissement de la monarchie permet le réveil des féodalités : une crise politique menace de s’ajouter à la crise religieuse. En 1561, Catherine de Médicis réunit des théologiens catholiques et protestants au colloque de Poissy pour tenter une réconciliation, mais il échoue sur la question de la communion.

Les événements précurseurs des guerres de Re- Pourtant, malgré l’échec du colloque, par l’édit de ligion janvier 1562, Catherine de Médicis, reconnaît

Le roi Henri II est entouré de grands seigneurs catholiques ambitieux, notamment du duc François de Guise, militaire prestigieux idolâtré par les Parisiens, et de son frère le cardinal Charles de Lorraine. Le 10 juillet 1559, à la mort accidentelle de ce roi considéré comme un rempart contre l’invasion des « luthériens », l’inquiétude augmente. Les Guise monopolisent le pouvoir au détriment du jeune roi François II.

En 1560, quelques nobles protestants veulent enlever le jeune roi François II pour le soustraire à l’influence des Guise : c’est la conjuration d’Amboise, qui échoue. Les Guise se vengent par de multiples exécutions, tandis que les protestants se soulèvent 6 officiellement la diversité religieuse, accorde aux à Carcassonne et Toulouse consti- protestants la tenue des consistoires, des synodes, tuent, selon le mot de Michelet, une « première la liberté du culte en dehors des villes, de jour et en Barthélemy ». La situation devient explosive. L’édit présence d’officiers royaux et la reconnaissance des de janvier 1562 intervient trop tard, la régente n’a pasteurs qui doivent prêter serments aux autorités. pas les moyens de le faire respecter. Les guerres de Mais les protestants doivent restituer les églises et Religion commencent après le massacre de Wassy. objets de culte saisis, il est interdit A Wassy, ville cham- de s’en prendre penoise, un culte à la messe et réformé est célébré aux cérémonies le 1er mars 1562 catholiques, de dans une grange même qu’à leurs qui se trouve symboles. Cet édit vraisemblablement marque l’apogée à l’intérieur des du protestantisme remparts, donc en français. contravention avec l’édit de janvier. Mais la popula- Le duc François tion catholique, de Guise passe, surtout dans la avec une escorte, France septen- dans la ville qui fait trionale, n’accepte partie de ses terres. pas ce revirement, le petit peuple se méfie de cette D’altercations en violences, la dispute dégénère. religion des « gens distingués ». D’autant que ces L’attaque de la grange fait une cinquantaine de derniers deviennent de plus en plus agressifs et morts, dont des femmes et des enfants, et plus de violents : massacres de catholiques à Brignoles 150 blessés chez les protestants. Ces derniers en mars 1562, destructions d’images saintes, parlent de préméditation et voient dans ce profanations d’hosties et attaques contre des prêtres. massacre le début des guerres de Religion. Pour les catholiques, c’est l’attaque d’Orléans par le prince Des actions identiques sont notées du côté catholique, Louis de Condé, le 2 avril 1562, qui en marque le surtout dans la France du Nord. Des massacres de point de départ.

7 Première guerre de Religion 1562-1563 Temps de guerre 1ermars 1562 Massacre de Wassy 2 avril 1562 Prise d’Orléans par Louis de Condé 30 avril 1562 Lyon passe à la Réforme Violences, iconoclasie 20 septembre 1562 Traité d’Hampton Court entre Louis de Condé et Élisabeth Ire d’Angleterre Octobre 1562 Prise de Rouen par les partisans du roi François II, mort d’Antoine de Bourbon 19 décembre 1562 Victoire des troupes royales à la bataille de Dreux,capture de Louis de Condé 28 février 1563 Assassinat de François de Guise 19 mars 1563 Édit de pacification d’Amboise

e massacre par le duc François de Guise d’une centaine de protestants assistant au Lculte dans une grange de la ville de Wassy, le 1er mars 1562, est considéré comme l’événement qui a déclenché la première guerre de Religion. C’est Louis de Bourbon, prince de Condé, qui en sera l’âme et l’organisateur. Á son appel les protestants prennent les armes ; les villes sont les cibles privilégiées des deux camps. Louis de Condé s’empare d’Orléans le 2 avril, puis de Rouen, deuxième ville du pays. En une nuit (30 avril 1562) Lyon passe à la Réforme. D’autres villes rapidement prises, seront vite reperdues (Rouen et de nombreuses cités de la Loire). Louis de Condé justifie cette « prise d’armes »

mars 1562 1567 1570 1573 1576 1577 1579 1598

1563 sept. 1580 1585 1568 1572 1574 1577 8 sont le fait, du côté protestant, apporte de l’argent et 6 000 de François de Beaumont, baron soldats, Le Havre étant pris des Adrets en Dauphiné et en comme gage, Calais promis en Provence, et du côté catholique cas de vistoire. de Blaise de Montluc en Guyenne. Les chefs catholiques prennent L’intervention de l’étranger va l’initiative. François de Guise et compliquer les choses. Le duc le connétable Anne de Mont- François de Guise fait appel à morency font le siège de Philippe II d’Espagne (qui a épousé Rouen, la prise de la ville la fille aînée d’Henri II) et au duc de étant suivie de pillages et vio- Savoie. Les protestants comptent lences extrêmes. Antoine de par la nécessité de « protéger de sur les lansquenets allemands et Bourbon est blessé, et avant leur entourage le roi pendant sa surtout sur les forces anglaises. de mourir se serait à nouveau minorité sous le gouvernement de Par le traité d’Hampton Court de affirmé protestant. La bataille de la reine mère ». Il dénonce ces septembre 1562, Élisabeth Ire Dreux (19 décembre 1562) qui ambitieux qui ont désobéi aux édits de pacification et ont tué « un bon nombre de ses pauvres sujets en n’épargnant ni âge, ni sexe... assemblés pour prier et servir Dieu suivant la permission des édits ». La guerre s’étend à tout le royaume, avec trois principales zones de combat : Normandie et vallée de la Loire, Sud-ouest, surtout Sud-est, particulièrement dans le Languedoc abandonné en quasi-totalité aux protestants. Elle est marquée par une extrême violence dans un camp comme dans l’autre. Les plus notables

9 voit s’affronter les troupes de Louis janvier 1562. Certes, l’exercice du ennemis d’hier, dirigent de Condé et celles du connétable culte protestant est autorisé dans le combat contre les Anglais, qui Anne de Montmorency est une les châteaux (pour le seigneur, sa déposent les armes en juillet. des plus sanglantes, avec près de famille, ses serviteurs), mais n’est La paix avec l’Angleterre sera 8 000 hommes mis hors de combat. permis que dans les faubourgs signée à Troyes en avril 1564. Elle se termine à l’avantage des d’une ville par baillage pour les forces royales, Louis de Condé gens « ordinaires », établissant L’édit de pacification d’Am- est capturé. Le duc François de ainsi une discrimination sociale boise mal accepté par la Guise met alors le siège devant qui allait éloigner le peuple du population Orléans tenu par les protestants. protestantisme. Le culte est interdit La cohabitation est encouragée C’est là qu’il est assassiné à Paris. Cette « paix des princes » par le pouvoir, qui envoie des (18 février 1563) par Jean de Poltrot est condamnée par Jean Calvin qui commissaires choisis parmi les de Méré, un ancien conjuré d’Am- les accuse de trahison, réduisant conseillers aux , pour boise. Ce dernier, lors de son supplice le protestantisme à l’aristocratie, recevoir les plaintes, veiller à la en place de Grève, mettra en cause sacrifiant le protestantisme po- restitution des biens des deux l’amiral Gaspard de Coligny. pulaire. Le parti huguenot a perdu côtés, interdire le port d’armes. la partie, l’extension de la Réforme Dans certaines villes, comme Catherine de Médicis, libérée de est stoppée. Lyon, Orléans ou Castres, les l’emprise des Guise, est décidée confessions sont à égalité. On à faire cesser ces massacres, à La réconciliation entre catho- essaie de rétablir la confiance, traiter avec les protestants, tout liques et protestants est scellée de restaurer la prospérité. en les tenant dans des limites lors de la campagne contre Le Mais ni les protestants, ni les tolérables pour les catholiques. Havre. Louis de Condé et le con- catholiques n’approuvent l’édit. Le 19 mars 1563 est signé l’édit de nétable Anne de Montmorency, Plusieurs parlements refusent pacification d’Amboise, négocié par de l’enregistrer. Pour certains, Louis de Condé et le connétable la tolérance serait incompatible Anne de Montmorency, ses dispo- avec le principe monarchique. sitions devant être appliquées en Les armées protestantes tien- l’attente de la réunion d’un concile nent encore une grande partie national. La liberté de conscience de du royaume : Normandie, Lan- tous les sujets est reconnue, mais guedoc, Dauphiné. Pour beau- cet édit est moins favorable aux coup, cette « pacification » ne protestants que le précédent édit de peut durer. 10 Deuxième guerre de Religion 1567-1568 Temps de paix

19 mars 1563 Paix d’Amboise Janvier 1564 Catherine de Médicis entame le « grand tour de France » 27 mai 1564 Mort de Jean Calvin Juin-Juillet 1565 Entrevue de Bayonne avec les représentants de Philippe II Août 1566 Soulèvement calviniste des Pays-Bas espagnols Juin 1567 Le pape Pie V condamne les protestants

endant les quatre années qui suivent la Montmorency et le cardinal Charles de Lorraine doit paix d’Amboise, imposée par Catherine de faire un grand tour de France, pour montrer le roi et PMédicis, la situation reste fragile : procès mettre en scène le prestige de la monarchie. engagé contre les protestants qui ont pillé les églises, attaques et tueries par des bandes organisées dont Á la demande de les protestants, moins nombreux, sont les victimes. Philippe II, qui en- Chaque camp engage des mercenaires pour assurer voie sa femme sa sécurité. Les tentatives d’obliger les parlements Élisabeth (fille de rebelles à enregistrer l’édit et les ordonnances se Catherine de Médi- heurtent au fanatisme religieux. Certains gouverneurs, cis), la reine a, à surtout ceux du Midi, ne suivent pas les instructions Bayonne, une entre- royales, lèvent les impôts et s’opposent aux décisions vue politique avec le de justice. L’unité du royaume est menacée. duc d’Albe (15 juin - 2 juillet 1565). En janvier 1564, Catherine de Médicis, sachant le Ce dernier deman- profond attachement des Français à leur souverain, de l’expulsion de décide que la Cour, avec le jeune Charles IX, son tous les pasteurs frère Henri d’Orléans, le jeune prince Henri de de France, l’accep- Navarre âgé de 11 ans, le connétable Anne de tation des décisions 11 du Concile de Trente, ainsi que Flandre espagnole une armée l’accentuation de la répression. pour réprimer la révolte des La négociation échoue, avec de protestants. Cette armée très vagues promesses de Catherine nombreuse traverse la Savoie de Médicis. et la Franche-Comté, longeant Ce voyage va durer près de deux ainsi les frontières de la France. ans et demi, de janvier 1564 à Les protestants s’inquiètent, mai 1566, date à laquelle le roi d’autant que les résultats de est de retour à Paris. Tout au long l’entrevue de Bayonne sont de cette expédition, Catherine de restés secrets. Les chefs Médicis constate le loyalisme des protestants, comme François populations, même huguenotes, d’Andelot, ne sont plus obéis un catholicisme dominant, et par leurs troupes catholiques. un calme apparent. Elle pense Le prince Louis de Condé se que la pacification du royaume fait insulter publiquement par est établie. Mais, en août 1566, le jeune duc d’Anjou, âgé de Mais, le roi, prévenu, déjoue Philippe II envoie du Milanais en 16 ans, prétendant commander cette tentative et, depuis à sa place comme lieutenant Meaux, regagne Paris sous la général. En juin 1567, le pape protection des Suisses. Cette Pie V condamne les huguenots. date du 26 septembre 1567 Les chefs huguenots, Louis de est considérée comme mar- Condé, Gaspard de Coligny quant le début de la deuxième et François d’Andelot, quittent guerre de Religion, Le pouvoir la Cour. Ils sont décidés à royal défié décide de confier reprendre les armes dès au connétable Anne de l’automne 1567. Leur inquiétude Montmorency la conduite des devant l’influence grandissante hostilités. du cardinal Charles de Lorraine sur le jeune roi Charles IX les amène à envisager un coup POUR EN Musée virtuel du de force pour soustraire le roi à SAVOIR PLUS Protestantisme cette emprise. C’est ce que l’on a appelé la surprise de Meaux. 12 Deuxième guerre de Religion 1567-1568 Temps de guerre

26 septembre 1567 La « surprise de Meaux » 30 septembre 1567 Massacre de catholiques à Nîmes, la « Michelade » automne 1567 Soulèvement du Midi 10 novembre 1567 Victoire royale à la bataille de Saint-Denis. Le 12, mort du connétable Anne de Montmorency L’électeur palatin Frédéric III envoie des troupes à Gaspard de Coligny 23 mars 1568 Édit de Longjumeau

es villes du Dauphiné et du Midi, aux ordres de Louis de Condé, se soulèvent. Des Lviolences surviennent de part et d’autre. Á Nîmes, à la Saint-Michel, le 30 septembre 1567, c’est la Michelade, où 80 notables, prêtres, reli- gieux sont précipités dans le puits de la cour de l’évêché. Montauban repasse aux protestants, ainsi qu’Orléans. Paris est assiégé par l’armée de Louis de Condé, installée à Saint-Denis. Dans Paris, les catholiques s’en prennent violemment aux huguenots. L’armée royale, aux ordres du connétable Anne de Montmorency décide de sortir de Paris. Elle aligne près de 20 000 soldats, les huguenots environ 5 000. mars 1562 1567 1570 1573 1576 1577 1579 1598

1563 sept. 1580 1585 1568 1572 1574 1577 13 Les troupes italiennes et suisses favorable aux protestants, viennent renforcer l’armée du roi, l’édit ne se traduit que par mais les protestants au nombre une trêve. La guerre avait eu de 30 000 sont menaçants. Paris lieu pour rien. Devant l’échec est à nouveau assiégé. Les de sa politique de modération, deux partis sont épuisés. Les Catherine de Médicis renvoie rigueurs de l’hiver, le manque en mai 1568 le chancelier de ressources imposent une Michel de l’Hospital, pour qui négociation. le maintien de la monarchie était beaucoup plus important Á l’issue de longues négociations, que l’unité religieuse. La une paix est signée le régente adopte la cause du 23 mars 1568 : c’est l’édit de parti catholique. La bataille de Saint-Denis Longjumeau qui rétablit l’édit (10 novembre 1567) dure 2 heures, d’Amboise. Mais les places et reste indécise. Au cours de la de sûreté demandées par les POUR EN Musée virtuel du bataille, le connétable Anne de protestants sont refusées, à SAVOIR PLUS Protestantisme Montmorency, blessé, refuse de l’exception de La Rochelle. Bien se rendre, mais reçoit un coup de qu’apparaissant plutôt comme pistolet dans le dos ; dégagé par ses fils, il meurt 2 jours plus tard. Des funérailles somptueuses sont organisées en sa mémoire. Éclairages Des secours de l’étranger viennent - les acteurs renforcer les deux partis. Le prince - la population protestante calviniste Frédéric III, électeur - la ligue palatin, envoie en France, à travers - l’état huguenot la Lorraine, près de 10 000 reitres, - le pouvoir royal armée que Gaspard de Coligny - les violences rejoint au début de l’année 1568. Diaporama Du Midi viennent 4 000 hommes, - les guerres étrangères qui rejoignent les troupes de Louis de Condé, assiégeant Chartres. 14 Troisième guerre de Religion 1568-1570 Temps de paix 23 mars 1568 Édit de Longjumeau Mai 1568 Renvoi du chancelier Michel de l’Hospital Répression aux Pays-Bas, la guerre civile française s’internationalise Premières ligues catholiques d’autodéfense Fuite de Louis de Condé et de Gaspard de Coligny à La Rochelle

a paix de Longjumeau ne dure que cinq mois. Á la cour, les catholiques sont à Lnouveau les maîtres. Le cardinal Charles de Lorraine reprend la première place au conseil royal. Michel de l’Hospital s’était retiré, la reine lui reprochant d’avoir sous-estimé le péril huguenot. En province, les catholiques s’organisent en ligues d’autodéfense. Á Toulouse, l’envoyé du roi qui apporte au l’édit de pacification, est tué. Les villes évacuées par les protestants sont aussitôt occupées, et dans les places protestantes les troupes royales ne peuvent pénétrer. Le pouvoir royal décide de mettre fin à la tolérance religieuse. Les ordonnances de Saint-Maur (septembre 1568) révoquent l’édit de Longjumeau, déclarant les huguenots « criminels de lèse- majesté et perturbateurs du repos public ». Une spectaculaire procession est organisée à Paris,

15 Pie V et du duc de Toscane, pour les protestants celle de Guillaume de Nassau, prince d’Orange avec lequel Louis de Condé et Gaspard de Coligny signent en août 1568 une alliance, et celle d’Élisabeth d’Angleterre qui finance l’expédition du comte palatin Wolfgang de Bavière, en Bourgogne au printemps de 1569.

Louis de Condé et Gaspard de Coligny, repliés en Bourgogne, se sentent menacés. Échappant

Charles IX démontrant qu’en tant à une tentative d’enlèvement, que roi très chrétien il défend le ils arrivent en septembre 1568 catholicisme. à La Rochelle, citadelle de la résistance huguenote. Ils y La guerre civile en France subit, retrouvent les Gascons conduits une fois de plus, l’influence des par Jeanne d’Albret et son fils événements internationaux, no- Henri de Navarre (futur Henri IV) tamment de la révolte des sujets âgé de 15 ans. de Philippe II aux Pays-Bas, ceux qu’on a appelé les « gueux ». C’est le début de la troisième La terrible répression dont ils guerre de religion. sont l’objet, menée par le duc d’Albe, suscite en France une grande émotion. Chaque camp POUR EN Musée virtuel du bénéficie d’aides étrangères : SAVOIR PLUS Protestantisme pour les catholiques celles du roi Philippe II d’Espagne, du pape 16 Troisième guerre de Religion 1568-1570 Temps de guerre 23 sept. 1568 Ordonnances de Saint-Maur révoquant l’édit de Longjumeau, et interdiction du culte protestant 13 mars 1569 Victoire royale à Jarnac, mort de Louis de Condé juin 1569 Victoire de Gaspard de Coligny à La Roche d’Abeille 3 octobre 1569 Victoire royale à Moncontour 27 juin 1570 Victoire protestante à Arnay-le-Duc 8 août 1570 Édit de Saint-Germain

ette troisième guerre est particulièrement la jambe cassée, il s’apprête à se rendre, lorsqu’il longue et confuse. Les atrocités se multiplient, est exécuté par un officier d’Anjou. L’ordre est donné Cles batailles qui mettent en jeu des effectifs d’égorger tous les chefs huguenots. Gaspard de importants sont sanglantes. Cette guerre civile Coligny réussit à s’enfuir et rejoint Jeanne d’Albret s’internationalise, avec la participation des contingents qui présente aux troupes venus de Suisse, d’Allemagne, d’Italie, d’Angleterre. leurs nouveaux chefs : son Elle concerne la presque totalité du royaume, laissant fils Henri de Navarre, et un pays terriblement affaibli. le fils de Louis de Condé, Henri Ier de Bourbon, qui Les combats qui se déroulent principalement a 15 ans : tous deux sont en Poitou, en Saintonge et en Guyenne, sont princes du sang. marqués par deux victoires des catholiques : • Á Jarnac (13 mars 1569), le duc d’Anjou, futur Grâce au renfort des Henri III, remporte une victoire sur le prince Louis de mercenaires allemands, Condé tué au cours de la bataille : tombé de cheval, Gaspard de Coligny bat les soldats de Philippe Strozzi mars 1562 1567 1570 1573 1576 1577 1579 1598

1563 sept. 1580 1585 1568 1572 1574 1577 16 17 à La Roche-l’Abeille (juin 1569), L’édit, signé à Saint-Germain le au sud de Limoges : tous les 8 août 1570, est le signe d’un prisonniers sont exécutés. revirement politique, marquant un retour à la tolérance civile : il • Á Moncontour, au nord du garantit la liberté de conscience, haut Poitou (3 octobre 1569) les la liberté de culte dans les lieux où troupes royales renforcées par des elle existe au 1er août 1570 ; par mercenaires suisses comptent ailleurs les protestants obtiennent environ 27 000 hommes, les des places de sureté pour deux huguenots 16 000. C’est la plus ans : La Rochelle, Cognac, La sévère défaite des huguenots, au Charité-sur-Loire et Montauban, cours de laquelle l’amiral Gaspard où ils pourront conserver des de Coligny, blessé, réussit à garnisons entretenues par le roi. s’enfuir. Les Suisses, alliés aux troupes royales, ne font pas de En 1570, Catherine de Médicis d’Espagne, ne peut être quartier aux Allemands ; tous les croit avoir enfin réussi à pacifier acceptée par les catholiques, en captifs sont tués. le royaume. Mais cette paix de raison des garanties accordées Saint-Germain, critiquée par aux rebelles : le roi a perdu En dépit de ces deux défaites, le pape, qualifiée de « paix du toute autorité sur quatre villes, les huguenots ne sont pas dé- diable » par l’ambassadeur ce qui leur paraît inacceptable. couragés. Gaspard de Coligny remonte vers le nord et parvient jusqu’à La Charité-sur-Loire. En Éclairages juin 1570, l’armée protestante l’emporte dans la bataille d’Arnay- - les acteurs le-Duc. Ses avants gardes mena- - la population protestante cent Montargis : investir Paris - la ligue démunie des troupes royales - l’état huguenot paraît possible. Catherine de - le pouvoir royal Médicis demande une nouvelle - les violences Diaporama suspension des combats : les mo- - les guerres étrangères dérés retrouvent leur influence, celle des Guise recule. 18 Quatrième guerre de Religion et la Saint-Barthélemy 1572-1573 Temps de paix

8 août 1570 Édit de Saint-Germain Printemps 1572 Aggravation de la répression aux Pays-Bas Gaspard de Coligny est de retour à la Cour 18 août 1572 Mariage d’Henri de Navarre avec Marguerite de Valois 22 août 1572 Attentat contre Gaspard de Coligny

près la paix de Saint-Germain, et bien que la familles royales, décide celle de sa plus jeune fille, cohabitation entre protestants et catholiques Marguerite, avec le protestant Henri de Navarre (futur Areste difficile, avec des troubles sporadiques dès Henri IV). Sa mère, la reine Jeanne d’Albret, d’abord novembre 1570 à Amiens, Rouen et Orange, la paix refuse, puis est convaincue. Le contrat de mariage est semble possible. signé le 11 avril 1572 par le cardinal de Bourbon, oncle du roi et futur ligueur. Henri de Navarre entre à Paris le Catherine de Médicis s’emploie à consolider les 8 juillet 1572, entouré de 900 gentilshommes hugue- alliances extérieures. Depuis l’entrevue de Bayonne, nots vêtus de noir, le roi portant le deuil de sa mère les relations avec l’Espagne sont détériorées. Gaspard morte un mois avant. Le mariage est célébré le 18 août de Coligny, qui est rentré en grâce à la Cour, qui a à Notre-Dame : une grande estrade est dressée au récupéré sa dignité d’amiral et participe au conseil dehors, Henri conduit son épouse privé, plaide pour une intervention française. La lutte jusqu’au chœur de la cathédrale contre un ennemi commun, l’espagnol, est pour lui le pour qu’elle entende la messe meilleur moyen de réunir catholiques et protestants. nuptiale célébrée à l’intérieur, mais Mais ce projet est abandonné, le prestige de la il en ressort sans assister à cette puissante armée espagnole étant rehaussé par sa messe, la bénédiction nuptiale étant victoire contre les Turcs à la bataille de Lépante donnée sur l’estrade. Des fêtes (7 octobre 1571). Pour consolider la situation somptueuses se déroulent pendant intérieure, Catherine de Médicis, qui dans sa politique trois jours, qui doivent consacrer la donne une grande importance aux unions entre réconciliation entre les deux partis.

19 Quatrième guerre de Religion et la Saint-Barthélemy 1572-1573 Temps de guerre 24-28 août 1572 Massacre de la Saint-Barthélemy. Mort de Gaspard de Coligny. « Saison de la Saint-Barthélemy » qui diffuse en province pendant plusieurs mois (10 000 à 20 000 morts). Reprise des combats dans le Midi. Siège de Sommières. Mars 1573 Siège de Sancerre. 10 mai 1573 Élection du duc Henri d’Anjou au trône de Pologne. Mars-août 1573 Siège de La Rochelle par le duc d’Anjou. 11 juillet 1573 Édit de Boulogne.

a nouvelle du mariage de la L’amiral Gaspard de Coligny s’est sœur du roi avec un huguenot installé près du Louvre, rue de Lstupéfie les Parisiens, Béthisy, gardé nuit et jour par des très attachés à un catholicisme Suisses. Se sachant menacé, il ne traditionnel. Pour eux, le huguenot se déplace qu’entouré de fidèles. est un étranger responsable des Le vendredi 22 août il se rend au malheurs qui accablent le pays Conseil du roi, lisant une lettre en depuis dix ans. Henri de Guise marchant. Un coup de feu éclate, est leur idole, et ils s’indignent le blessant à la main droite et de la protection que cette Cour au bras gauche. La nouvelle se semble donner à ces hérétiques vaincus. Á Paris, les répand dans toute la ville, on s’attend au pire. Or, calvinistes sont très minoritaires, leur culte est interdit c’est la reine mère qui a décidé cet attentat, lors même en période de paix. La majorité d’entre eux d’un conseil privé, avec le duc d’Anjou, le duc de habitent la rive gauche, le faubourg Saint-Germain Guise, ses confidents italiens, mais en l’absence de étant appelé « la petite Genève ». Charles IX. mars 1562 1567 1570 1573 1576 1577 1579 1598

1563 sept. 1580 1585 1568 1572 1574 1577 20 Les protestants entourent la sur le pavé, émasculé, décapité, maison de l’amiral, ils exigent le corps est traîné dans la rue qu’une enquête soit faite, par des enfants, puis pendu suspectant les Guise, voire la au gibet de Montfaucon, lieu reine mère et le duc d’Anjou. des exécutions ordinaires. Les Le roi décide cette enquête. tueurs se répandent dans la cour Comme elle risque de mettre du Louvre, dans les chambres à jour les responsables de et galeries. Tous les nobles l’attentat, Catherine de Médicis huguenots présents sont tués, réunit ses familiers, et réussit à sauf les princes du sang Henri convaincre le roi que les chefs de Navarre et Henri de Condé, huguenots doivent périr, car à condition qu’ils abjurent. Les catholiques. Les moines excitent ils veulent prendre le pouvoir. troupes de Guise se répandent les tueurs, pour débarrasser Charles IX cède, la liste des dans le quartier de Saint-Germain Paris de cette « race maudite ». victimes est établie. L’ordre l’Auxerrois où tous les protestants Le sang ruisselle dans les rues. est donné de fermer les portes sont tués. Seuls ceux habitant On retire de la Seine plus de de la ville, d’enchaîner les Saint-Germain-des-Prés arrivent 1 800 cadavres. barques sur la Seine pour éviter à s’échapper. Deux cents nobles toute fuite. Au son du tocsin, sont tués, les corps accumulés Le 25 août 1572, Charles IX l’exécution commence à l’aube dans la cour du Louvre. commande au prévôt des du 24 août, sous la surveillance marchands de faire cesser les du duc d’Anjou. Gaspard de Dès le lendemain, les miliciens assassinats et de protéger les Coligny est assassiné dans prennent les armes et la tuerie survivants. Le lendemain, le roi se sa maison. Jeté par la fenêtre se répand dans la ville. Elle va rend au Parlement pour endosser durer trois jours, les portes de la la responsabilité de l’exécution capitale restant fermées. Afin de des chefs huguenots, invoquant se reconnaître, les massacreurs un complot mené contre lui et sa accrochent des croix blanches famille par Gaspard de Coligny. sur leurs vêtements et chapeaux. Les coupables châtiés, le roi Les égorgeurs tuent au hasard affirme ne pas vouloir s’en prendre des dénonciations, n’épargnant aux autres protestants qui restent ni les femmes, ni les enfants, sous sa protection. Le chiffre de et même certains bourgeois 4 000 morts est en général retenu. 21 accompagnée de pillages, meurtre de Gaspard de Coligny pousse parfois des magistrats comme un acte de tyrannie. En et des membres du clergé, à Angleterre, en Suisse et aux essayer de protéger les hugue- Pays-Bas, l’indignation est géné- nots, souvent en les enfermant rale. Terrorisés, de nombreux en prison. Cependant, à Lyon, protestants abjurent. Beaucoup le 31 août, la populace fait aussi prennent les routes de l’exil, ouvrir les portes de la prison vers les pays du « Refuge » : des Cordeliers, tuant tous les Suisse, Allemagne, Pays-Bas et détenus. De nombreux gouver- Angleterre. neurs essayent de limiter l’héca- tombe : « j’ai toujours servi le roi En réponse aux massacres, les Dès le 24 août, la nouvelle des en soldat, je serai fâché de faire régions du Midi, le Languedoc, massacres parisiens atteint la en cette occasion l’office de le Vivarais, les Cévennes et province. Toutes les villes vont bourreau » dit l’un d’eux. Les Montauban prennent les armes, être touchées : 1 200 victimes massacres durent plusieurs les villes se ferment aux troupes à Orléans, 600 à Meaux, 300 à mois : « la Saint-Barthélemy royales. Le siège de Sommières Roanne, entre 500 et 3 000 à n’est pas une journée, c’est par le comte de Damville- Lyon, etc. une saison » écrit Michelet. Montmorency dure deux mois. L’évaluation du nombre des La ville est défendue par des Les messages des extrémistes victimes est difficile : entre 7 000 Cévenols qui portent à leur parisiens - et non du roi - et 21 000. chapeau la cuiller d’étain des entraînent ces massacres, « gueux » de Zélande. Damville sans consignes précises. L’at- Pour justifier l’événement, des leur laisse la vie sauve. Le siège titude des responsables locaux ambassadeurs sont envoyés de Sancerre, de mars à août est variable. Certains poussent dans les cours européennes. 1573 est terrible, la population au meurtre, comme Louis de Le pape Grégoire XIII célèbre affamée. Les défenseurs ont la Bourbon, duc de Montpensier, l’événement par une messe vie sauve. gouverneur de Bretagne, d’action de grâce et la frappe d’autres laissent faire comme d’une médaille. Philippe II fait Mais c’est La Rochelle qui donne le maire de Bordeaux où près chanter un Te Deum. Par contre, l’exemple de la résistance à de 300 personnes sont tuées. l’empereur Maximilien II, beau outrance. Des réfugiés de tout Mais l’horreur de cette violence, père de Charles IX, dénonce le le royaume s’y retrouvent. Les 22 pasteurs prêchent le combat, Par son côté exceptionnellement invoquant la Bible, plusieurs violent, la Saint-Barthélemy suscite d’entre eux siègent au conseil de nombreuses interrogations de la ville. Le siège dirigé par pour les historiens. Défense de la le duc Henri d’Anjou dure de royauté vis-à-vis d’une conspi- mars à août 1573. Plusieurs ration, complot universel contre assauts échouent. L’échec de les protestants de la part des l’expédition de secours venant monarchies catholiques, vendetta d’Angleterre ne décourage pas des Guise, monnaie d’échange la population, soutenue par les pour une paix avec l’Espagne prêches enflammés des pas- qui exigeait la destruction de teurs. Mais progressivement, l’hérésie, « crime de classe » des les vivres manquent, la popu- pauvres contre les riches lation est épuisée. Le 11 mai, huguenots, la Saint-Barthélemy La Rochelle est sauvée par apparaît toujours comme un des l’annonce de l’élection du duc grands mystères des guerres de Henri d’Anjou au trône de religion (Le Roux). Pologne. Celui-ci abandonne le siège et signe le 21 juin 1573 un POUR EN Musée virtuel du armistice. SAVOIR PLUS Protestantisme

L’édit de Boulogne, enregistré au parlement de Paris le 11 août, énonce la paix et Éclairages l’oubli des horreurs de la Saint- Barthélemy. Il accorde la liberté - les acteurs de conscience, mais la liberté - la population protestante du culte est limitée à 3 villes : La - la ligue Rochelle, Nîmes et Montauban, - l’état huguenot ultérieurement Sancerre. C’est - le pouvoir royal l’édit le plus restrictif : la Cène - les violences Diaporama est interdite même chez les - les guerres étrangères seigneurs hauts-justiciers. 23 Cinquième guerre de Religion 1574-1576 Temps de paix

11 juillet 1573 Édit de Boulogne Décembre 1573 L’assemblée de Millau organise l’ « Union des protestants du Midi », Henri de Condé est nommé protecteur

es protestants du Midi ne désarment pas et s’organisent. Le siège de La Rochelle, les Lrésistances à Sancerre, Nîmes et autres villes du Midi montrent aux protestants qui ont perdu confiance en leur roi, qu’ils peuvent résister, la population leur est favorable, et l’important est de s’organiser. La constitution de l’Union des protestants du Midi établit un véritable gouvernement parallèle, que l’on peut nommer État huguenot. Á Paris, la situation est confuse. Á la suite de la mort de Charles IX (30 mai 1574), le duc Henri d’Anjou quitte rapidement la Pologne, arrive en France en septembre 1574 et devient Henri III. Il est sacré roi le 13 février 1575. Il rentre dans un pays où l’agitation a repris un an auparavant, les protestants ayant repris les armes dès février 1574 dans le Dauphiné, en Vivarais, en Poitou et en Saintonge, combats qui marquent le début de la cinquième guerre de Religion.

24 Cinquième guerre de Religion 1574-1576 Temps de guerre Février 1574 Soulèvements huguenots dans le Midi Printemps 1574 Polémiques et remise en question du pouvoir royal par les « monarchomaques » François d’Alençon, prend la tête du mouvement des « Malcontents ». Échec de sa tentative de rejoindre les princes Henri de Condé et Henri de Navarre Emprisonnement du maréchal de Montmorency. Exécution du comte Gabriel de Montgomery 30 mai 1574 Mort de Charles IX Alliance d’Henri de Montmorency-Damville, gouverneur du Languedoc, avec les huguenots 13 février 1575 Sacre d’Henri III 15 sept. 1575 Fuite de François d’Alençon qui rejoint l’armée de Condé 10 octobre 1575 Bataille de Dormans, le duc de Guise arrête les troupes du comte palatin Jean-Casimir 6 mai 1576 Henri III signe l’édit de Beaulieu (« paix de Monsieur »)

’autorité royale est remise en cause. de faire la loi et de choisir le roi par élection. Des pamphlets se déchaînent, dirigés La révolte même est légitime si le roi ne Lsurtout contre la reine mère, son gouverne pas pour le bien de tous. Ces idées entourage d’italiens intrigants considérés sont largement diffusées par les publicistes comme oppresseurs du royaume. Certains calvinistes. écrits remettent même en cause la légitimé du pouvoir royal : les « monarchomaques » Les intrigues se développent entre les distinguent la personne du prince, faillible, princes, les rivalités s’étalent au grand jour. de la dignité monarchique. Ils défendent Les plus grands seigneurs sont armés, les institutions représentatives, l’autorité du entourés de gardes du corps. Le duc peuple, qui réuni en assemblée est capable François d’Alençon, jeune frère du roi, qui

1576 mars 1562 1567 1570 1573 1577 1579 1598

1563 sept. 1580 1585 1568 1572 1574 1577 25 d’abord un problème de réforme politique. Cette cinquième guerre perd un peu de son caractère religieux pour devenir une guerre politique contre la tyrannie. Les troubles ayant repris dans le Midi, François d’Alençon établit un plan pour quitter la Cour avec les princes Henri de Navarre et Henri de Condé dans le but de gagner Sedan où les attend Ludovic de Nassau. Le complot (printemps 1574) est découvert, les principaux acteurs exécutés. Le maréchal François de Montmorency soupçonné est embastillé. Le comte Gabriel de Montgomery, proposant aux Français des deux qui a involontairement en tournoi religions de les mener au combat blessé à mort Henri II et a contre les « oppresseurs » du débarqué dans le Cotentin avec royaume. Les hostilités ont lieu des troupes anglaises, est pris et en Poitou, Dauphiné et Lan- exécuté de manière spectaculaire. guedoc. Henri III refuse tout d’abord, en avril 1575, d’accéder Le mouvement des « Malcontents » aux requêtes des « Malcon- réclame une participation plus rebondit à partir du Midi, sous tents », mais le 15 septembre importante au pouvoir, complote. l’impulsion du gouverneur 1575, François d’Alençon s’enfuit Surveillé par son frère, il prend la du Languedoc, Henri de de la Cour et revendique tête d’un mouvement composé Montmorency-Damville, frère l’exercice du gouvernement à de protestants et de catholiques cadet de François, cousin de côté de son frère en excluant modérés. C’est l’alliance des l’amiral Gaspard de Coligny, et son entourage. La situation « Malcontents » qui réclame une brouillé avec Catherine de devient d’autant plus difficile que réforme de l’État, considérant que Médicis. Bien que catholique, mais l’étranger, une fois de plus, s’en la tolérance du culte réformé est modéré, il s’allie aux huguenots, mêle : Henri de Condé a conclu 26 un accord avec Jean Casimir, fils d’Alençon, catholique à la tête chambres mi-parties dans chaque de l’électeur palatin, qui s’engage de troupes protestantes, hésite, parlement. Tous les procès sont à mobiliser 16 000 mercenaires. sachant Paris fanatiquement gui- abandonnés, les biens saisis Cette invasion est arrêtée le sard. Mais sommé par le prince restitués. Les protestants peuvent 10 octobre 1575 par le duc de Condé, il accepte de marcher avoir leurs cimetières. Promesse de Guise à Dormans : au sur Paris. est faite de la convocation cours du combat, il reçoit une La négociation s’impose. Henri III d’états généraux. Par contre, les blessure au visage qui lui vaut signe à Étigny le traité de paix, protestants doivent payer, comme le nom de « balafré ». Victoire appelé « paix de Monsieur ». L’édit les catholiques et, comme dans temporaire, car les troupes de Beaulieu (6 mai 1576) atteste le passé, une dîme au clergé. allemandes envahissent la Bour- la victoire des « Malcontents ». La religion catholique est rétablie gogne. L’armée d’Henri de Condé Il est très avantageux pour les partout, même dans les villes où est rejointe par celle du duc protestants, le plus libéral depuis le pouvoir protestant a désaffecté François d’Alençon. Le parti le début des guerres. Il permet les églises. Mais surtout, les protestant est renforcé par Henri l’exercice du culte réformé dans réformés reçoivent huit places de de Navarre, qui s’est enfui de la tous les lieux du royaume, sauf sûreté, sous la responsabilité du Cour, après avoir renoué avec à Paris et deux lieues alentour, Prince Henri de Condé, qui après « la vraie religion ». Les princes la libre tenue de toutes leurs avoir reçu d’Henri III l’autorisation disposent de 30 000 hommes, assemblées, l’admission à tous de rentrer dans son royaume, est nombre supérieur à celui de les emplois et charges, la créa- nommé gouverneur de Picardie. l’armée royale. Le duc François tion de tribunaux mixtes, des Henri de Montmorency-Damville reste gouverneur du Languedoc, et le roi de Navarre, gouverneur de Éclairages Guyenne. La Saint Barthélemy est désavouée. La puissance du duc - les acteurs François d’Alençon augmente en - la population protestante terres et en argent, devenant duc - la ligue d’Anjou comme précédemment - l’état huguenot son frère, et héritier du trône. - le pouvoir royal - les violences Diaporama POUR EN Musée virtuel du - les guerres étrangères SAVOIR PLUS Protestantisme

27 Sixième guerre de Religion mars 1577 - septembre 1577 Temps de paix

6 mai 1576 Édit de Beaulieu Juin 1576 Formation de la première Ligue « de Péronne » Nov. 1576 Ouverture des états génér aux de Blois Abolition de l’édit de Beaulieu

ès le début, l’édit de Beaulieu est difficile exige l’interdiction des cultes protestants, l’expulsion à appliquer et suscite des résistances. La des pasteurs, l’obligation d’assister aux cultes Dlégitimité du roi qui est considérée comme ayant catholiques. L’édit de Beaulieu est aboli. cédé beaucoup trop aux protestants, est remise en cause. La cupidité des princes, les sommes énormes Pour le parti des Guise, la monarchie s’étant montrée distribuées en compensation, en particulier au duc incapable de lutter contre l’hérésie, une Ligue unissant François d’Alençon et à Jean Casimir, asséchant le seigneurs et cités doit se créer pour rétablir la paix. Trésor et augmentant la pression fiscale, indignent le L’initiative est prise par le gouverneur de la Picardie, petit peuple. L’insécurité et la misère du peuple sont Jacques d’Humières, à qui la paix de Beaulieu enlève récupérées par le clergé. Les catholiques, exaspérés, cette province pour la donner à Henri de Condé : se regroupent en ligues défensives. c’est la première ligue dite de Péronne. Son but est de revenir à l’ancienne monarchie, et de restaurer les Les états généraux convoqués à Blois (novembre privilèges de l’Église de France. Le retour au passé 1576) se déroulent dans un climat est affirmé, l’idée de réformer l’État et très défavorable aux huguenots, la le clergé est rejetée. Les catholiques quasi totalité des représentants étant sont mis en demeure d’entrer dans la catholiques. Le retour à une religion Ligue. Les ligueurs se prêtent serment unique est exigé. Malgré l’opposition de fidélité. Henri III menacé, prend la de certains pour lesquels le roi ne doit tête des ligueurs, et déclare devant son pas prendre parti pour une religion, conseil qu’il n’accepte dans son l’État étant supérieur aux religions, royaume qu’une seule religion. la majorité des cahiers de doléances 28 Sixième guerre de Religion mars 1577 - septembre 1577 Temps de guerre

Mars 1577 Soulèvements en Dauphiné et Provence Été 1577 Pertes de villes protestantes (Charité-sur-Loire, Issoire) sept. 1577 Paix de Bergerac, confirmée par l’édit de Poitiers

’abolition de l’édit de Beaulieu provoque la reprise En effet, faute de secours financier, les députés des conflits, surtout en Dauphiné et en Provence. refusant au roi tout nouveau moyen financier, la LLe parti catholique semble avoir la possibilité de négociation s’impose. La lassitude est générale, l’emporter. Le duc François d’Anjou, revenu à la Cour, un compromis est trouvé, c’est la paix de Bergerac chef de l’armée royale, reprend La Charité-sur-Loire, en septembre 1577, confirmée par l’édit de point stratégique pour le franchissement de la Loire, et Poitiers. Il restreint les concessions précédentes se dirige vers l’Auvergne. Le siège d’Issoire, place de de 1576, sans revenir à la sévérité de l’édit de sûreté protestante, commence le 20 mai, et sa chute Boulogne de 1573 : limitation du culte dans les s’accompagne de scènes d’une extrême violence, faubourgs d’une ville par bailliage, même dans une bonne partie de la population étant exterminée. les villes où les protestants dominent, réduction Dans le Languedoc, Henri de Montmorency-Damville, des tribunaux mixtes. Les protestants conservent qui se rallie au roi, s’oppose à François de Coligny, fils les huit places de sûreté, mais pour une durée de l’amiral, et tente de reprendre Montpellier quand la limitée à 6 ans. Quant aux ligues, elles sont dis- nouvelle d’un accord de paix est connue. soutes, car non seulement Henri III redoute le duc de

mars 1562 1567 1570 1573 1576 1577 1579 1598

1563 sept. 1580 1585 1568 1572 1574 1577

29 Guise, mais beaucoup pensent que le souverain ne peut être à la tête d’une ligue sans remettre Éclairages en cause le principe de l’autorité royale qui doit être au dessus - les acteurs des partis. Une fois de plus, - la population protestante ces accords, qui ne donnent - la ligue satisfaction à aucun des deux - l’état huguenot camps, ne peuvent être que des - le pouvoir royal trêves. - les violences Diaporama - les guerres étrangères

POUR EN Musée virtuel du SAVOIR PLUS Protestantisme 30 Septième guerre de Religion 1579-1580 Temps de paix

17 sept. 1577 Édit de Poitiers automne 1578 Voyage de Catherine de Médicis dans le Sud Ouest 28 février 1579 Traité de Nérac

ans beaucoup de places, l'édit de pacification déroulent au milieu de fêtes, d'intrigues galantes, n'est pas appliqué : les chambres mixtes ne d'où son nom de « guerre des amoureux ». Dsont pas rétablies, les lieux de culte ne sont « C'est à cause des intrigues amoureuses de pas accordés, toutes les ligues ne sont pas dissoutes. Marguerite de Valois que les hostilités ont repris », selon Agrippa d’Aubigné. Afin d'affermir la paix, Catherine de Médicis entreprend un nouveau voyage, pour rencontrer les différents partis, les principaux personnages, les gouverneurs. Á l'automne 1578, elle se dirige vers le Sud-ouest et rencontre le roi de Navarre qui a réuni les députés des églises du Languedoc. Á l'issue de négociations, le traité de Nérac signé le 28 février 1579 précise les conditions de la paix. Les protestants peuvent construire des temples dans les lieux où le culte est autorisé, une quinzaine de villes (au lieu de huit) leur sont attribuées pour une période de six mois. Les négociations se

30 31 Septième guerre de Religion 1579-1580 Temps de guerre

29 novembre 1579 Prise de La Fère par Henri de Condé Mai 1580 Henri de Navarre s’empare de Cahors. L’Assemblée protestante de Montauban le reconnaît comme « protecteur » Siège de La Fère, Henri de Condé s’échappe pour regagner l’Allemagne 26 novembre 1580 Traité de Fleix, qui confirme les édits de Nérac et Poitiers

ette septième guerre n’a pas l’ampleur des Quelques conflits sporadiques ont encore lieu jusqu’à précédentes. En novembre 1579 le prince Henri la signature du traité de Fleix, le 26 novembre 1580, Cde Condé s’empare de La Fère en Picardie qui confirme l’édit de Poitiers. Les places de sûreté dont il est gouverneur, mais où il n’est pas obéi par les protestantes doivent être rendues dans un délai de catholiques. Les troubles recommencent en Dauphiné six ans. Cette septième guerre paraît à beaucoup et en Provence ravagée par des bandes de pillards. comme dérisoire, motivée par des intérêts et rivalités En avril 1580, Henri de Navarre - alors chef du parti de personnes. protestant depuis 1576 - s’oppose aux provocations du maréchal de Biron, lieutenant-général de Guyenne, Éclairages et prend possession de la ville de Cahors après une - les acteurs bataille de trois jours, où son courage se déploie, - la population protestante dans un combat loyal, sans pillage. Mais le peuple - la ligue huguenot et ses notables ne suivent pas, les troupes - l’état huguenot royales reprennent l’avantage. Henri de Navarre - le pouvoir royal est enfermé dans Cahors, Henri de Condé dans La - les violences Fère d’où il s’échappe pour regagner l’Allemagne, - les guerres étrangères François de Lesdiguières est vaincu en Dauphiné. mars 1562 1567 1570 1573 1576 1577 1579 1598

1563 sept. 1580 1585 1568 1572 1574 1577 32 Huitième guerre de Religion 1585 - 1598 Temps de paix

26 novembre 1580 Traité de Fleix 10 juin 1584 Mort du duc d’Anjou. Henri de Navarre devient l’héritier du trône Septembre 1584 Formation de la 2e ligue 17 janvier 1585 Traité de Joinville entre les Guise et Philippe II

a huitième guerre de Religion est souvent avec Philippe II (qui redoute l’appui d’Henri III aux présentée comme la guerre des trois Henri : calvinistes rebelles des Pays-Bas) le traité de Joinville LHenri III, Henri de Guise, Henri de Navarre. (janvier 1585) qui lui assure un appui financier. Ce dernier en sort vainqueur treize années plus tard. En mars 1585, il proclame la « Sainte Ligue offensive et défensive La mort de François d’Alençon, et perpétuelle... pour la défense et la duc d’Anjou et dernier frère du roi conservation de la religion catholique (10 juin 1584) fait d’Henri de Navarre apostolique et romaine, et l’extirpation l’héritier légitime du trône. La des hérésies ». Les héritiers hérétiques perspective d’un protestant sur le de la famille des Bourbons sont trône de France suscite la cons- exclus du trône, le cardinal Charles de titution de la seconde ligue ou Bourbon (frère d’Antoine et de Louis 1er, « Sainte-Union » des catholiques, prince de Condé) est proclamé le seul dont le chef est Henri de Guise, candidat sous le nom de Charles X. le Balafré. Il est accompagné par Cette déclaration déclenche la huitième ses deux frères, Charles, duc guerre de Religion. de Mayenne et Louis, cardinal archevêque de Reims. Henri de Guise s’organise. Il signe 32 33 Huitième guerre de Religion 1585 - 1598 Temps de guerre

31 mars 1585 Proclamation de la « Sainte Ligue offensive et défensive » 7 juillet 1585 Traité de Nemours imposé à Henri III, qui révoque les édits précédents 1586 Succès du duc Anne de Joyeuse dans le Sud-ouest 20 octobre 1587 Défaite des troupes royales à Coutras Oct.–nov. 1587 Victoire du duc de Guise sur les Allemands à Vimory (26 oct.) et Auneau (24 nov) 1587 Création à Paris d’une ligue roturière qui s’allie à celle des princes 9 mai 1588 Entrée à Paris du duc Henri de Guise 12 mai 1588 Journée des barricades. Fuite d’Henri III 15 juillet 1588 Signature de l’édit d’Union confirmant le traité de Nemours 23 déc. 1588 Assassinat du duc de Guise à Blois 24 déc. 1588 Assassinat du cardinal de Guise. Soulèvement d’Orléans et de Paris 5 janvier 1589 Mort de Catherine de Médicis 30 avril 1589 Rapprochement des deux Henri à Plessis-lès-Tours 2 août 1589 Assassinat d’Henri III par Jacques Clément Henri de Navarre devient roi sous le nom d’Henri IV 21 sept. 1589 Victoire d’Henri IV à Arques Octobre 1589 Siège de Paris 14 mars 1560 Victoire d’Henri IV à Ivry Mai- sept. 1590 Nouveau siège de Paris 1591 Paris aux mains des ligueurs et du duc Charles de Mayenne 1592 Campagnes de Normandie 25 juillet 1593 Abjuration d’Henri IV à Saint Denis 27 février 1594 Sacre d’Henri IV à Chartres 22 mars 1594 Henri IV entre à Paris 30 avril 1598 Édit de Nantes

34 a Ligue prend le contrôle du Nord de la France. royales, dirigées par le duc Anne de Joyeuse dans Seules les villes du Midi, Bordeaux et Marseille, le Sud-ouest entraînent à nouveau des actes de Lrestent fidèles au roi. Le duc Henri de Guise violence. Les exécutions des prisonniers, égorgés, impose à Henri III isolé dans Paris la signature du sont célébrées par les prédicateurs catholiques. traité de Nemours (7 juillet 1585). L’édit qui en suit, Par contre, la bataille de Coutras (20 octobre 1587) enregistré au Parlement de Paris est une défaite de l’armée royale dès le lendemain, est un reniement conduite par le duc Anne de Joyeuse, de la politique de tolérance civile. qui y perd la vie. Henri III fait rendre Il supprime non seulement la le corps à la famille, et assiste à une liberté du culte, mais également messe en l’honneur des ennemis tués. la liberté de conscience. Il stipule que les calvinistes ont six mois Á Paris, naît une ligue roturière qui s’allie pour choisir entre l’abjuration et à la Ligue des princes. Les bourgeois l’exil, que les pasteurs sont bannis s’organisent, les chefs du mouvement et que les places de sûreté doivent appelés « les seize » en référence au être rendues. Le roi de Navarre découpage par quartier, s’activent. (futur Henri IV) est officiellement Libelles et pamphlets prolifèrent à écarté de la succession, ce dernier la gloire des Guise. Le pouvoir royal point étant renforcé par une bulle est remis en cause. L’exécution de du pape Sixte Quint. Les princes Marie Stuart (8 février 1587), reine ligueurs reçoivent d’importantes de France puis d’Ecosse, cousine pensions et places de sûreté. des Guise, symbolise l’inhumanité de la Réforme. Cet acte déclenche des Les combats recommencent. prédications enflammées, accusant Henri de Navarre tient les provinces du Midi. Il obtient le roi d’être complice d’Élisabeth d’Angleterre. Alors le soutien d’Élisabeth II et des princes protestants qu’Henri III a interdit au duc Henri de Guise de du Danemark et d’Allemagne : il proclame que ces revenir à Paris, ce dernier fait son entrée dans la ville armées étrangères ne s’opposent pas au roi, mais le 9 mai 1588, acclamé par la foule. Conscient du à la tyrannie des Guise. Les opérations militaires danger, Henri III fait entrer dans la ville ses troupes mars 1562 1567 1570 1573 1576 1577 1579 1598

1563 sept. 1580 1585 1568 1572 1574 1577 35 qui vont prendre position sur La réunion promise des états le roi se décide à décapiter la tous les lieux névralgiques. Les généraux se tient à Blois. Le Ligue, parti qu’il juge dangereux Parisiens sont pris de panique, 18 octobre 1588, devant les pour la monarchie et la paix. craignant une Saint-Barthélemy à délégués des trois ordres Le 23 décembre 1588, dans le l’envers. Pour se défendre, la ville rassemblés, dominés par les château de Blois, le duc de Guise se soulève : c’est la « journée des ligueurs, le roi cède et prête appelé par le roi est poignardé par barricades » (12 mai 1588). Les serment de suivre l’édit d’Union les « Quarante Cinq » gardes du troupes royales sont bloquées pour abolir l’hérésie. Les ligueurs roi, son corps découpé est jeté par la foule, les gardes suisses sont parvenus à imposer au roi dans la cheminée, pour éviter qu’il sont massacrés, les ligueurs de reconnaître, notion inouïe, ne devienne la relique d’un martyr. contrôlent la capitale. Henri III, que la religion l’emporte sur Le cardinal de Guise est exécuté humilié, se réfugie à Chartres et le la loi salique pour désigner le lendemain, les membres de la 15 juillet 1588 signe l’édit d’Union, son successeur. Mais dans sa famille des Guise arrêtés. confirmant les dispositions de déclaration, le roi met également La nouvelle de la mort du l’édit de Nemours. Le duc Henri en garde les ligueurs, qui, loin duc Henri de Guise se diffuse de Guise est nommé lieutenant de renforcer le catholicisme, immédiatement. Le 24 décembre général des armées royales. Les le mettent en danger par leurs 1588, Paris prend les armes. plus extrémistes des catholiques menées factieuses. Aussi, après Le 7 janvier 1589 la Sorbonne triomphent. avoir remanié son gouvernement, proclame la déchéance du « roi 36 tyran ». Les signes extérieurs Parlement de Paris restés fidèles de la monarchie sont détruits, au roi, sont insultés et arrêtés. les images du roi sont lacérées; Le duc Charles de Mayenne est on a recours aux ressources nommé lieutenant général par les de la magie noire en perçant ligueurs. Cette position contre le d’épingles son effigie. Des prières principe de royauté, soutenant collectives de purification, des que c’est le consentement défilés de pénitents réunissent populaire qui fait le roi, est un la population afin de refondre basculement idéologique : les l’unité religieuse et de laver la ligueurs reprennent les idées des souillure de l’hérésie. Henri III monarchomaques des années n’est plus le roi de la France, mais précédentes, alors qu’inversement un tyran. La Sorbonne délie le les protestants prennent parti pour peuple de son serment de fidélité la monarchie de droit divin et la au roi, certains recommandent règle de succession. deux Henri se rencontrent au de le tuer. Les députés au Henri III quitte Blois et se réfugie Plessis-lès-Tours, accueillis par à Tours. La plupart des grandes la foule aux cris de « vivent villes de province, à l’exception les rois ». Leurs deux armées de Bordeaux, Rennes, et des se joignent, elles comportent villes de la vallée de la Loire, sont 40 000 hommes et montent vers aux mains des ligueurs. Henri III Paris dont les forces sont très se rapproche du roi de Navarre, faibles. Á Paris, les habitants dont les troupes sont remontées se déchaînent contre leur sou- jusqu’en Poitou. Ce dernier verain qui a fait alliance avec les envoie Philippe Duplessis-Mornay hérétiques. signer une trêve avec Henri III, C’est alors, le 1er août 1589, traité rendu public le 19 mars et que survient l’attentat du moine enregistré au Parlement : les ligueur Jacques Clément : huguenots obtiennent la liberté de Henri III, poignardé au ventre, l’exercice du culte dans les places meurt dans la nuit, après avoir qu’ils occupent, et s’engagent reconnu le roi de Navarre comme à livrer au roi les villes dont ils son successeur et l’avoir enjoint s’empareraient. Le 30 avril, les à abjurer et se faire catholique. 37 le pape, aux libertés de l’Église gallicane. Ils veulent le retour à l’ordre, l’arrêt des violences. D’autres posent comme condition la conversion du roi. D’autres encore se retirent sur leurs terres et attendent. Certains rejoignent la Ligue. Les protestants sont désorientés. Paris est encore aux mains des ligueurs, qui célèbrent le régicide, justifié par des pamphlets d’une terrible violence contre ce « suppôt de Satan couronné ». Pour eux, le nouveau roi est le cardinal de Bourbon, sous le nom de Charles X. Un conseil Henri de Navarre devient roi de dans les lieux où il est déjà général de l’Union est constitué France sous le nom d’Henri IV, célébré, et de réunir un conseil autour du duc Charles de mais il doit conquérir son chargé de l’instruire dans la foi Mayenne, dernier des trois frères royaume. Ses compagnons catholique. En échange, les Guise. Ce conseil organise un huguenots le poussent à seigneurs doivent faire serment véritable contre-État, s’attribuant prendre le trône sans changer de fidélité, le reconnaissant tous les pouvoirs, en particulier de religion. Les pamphlétaires comme leur prince naturel la police et la levée des impôts. calvinistes sont devenus des selon les lois fondamentales Ce conseil reconnait les ardents défenseurs du principe du royaume. Les réactions sont organisations ligueuses qui se monarchique. Rapidement (août variées. Du côté catholique, créent dans la plupart des villes 1589), le nouveau roi publie de nombreux personnages, de de province. Dominées par les une déclaration dans laquelle grands parlementaires se rallient notables locaux, elles gardent il promet de ne rien changer en au nouveau roi : ces « politiques » une certaine autonomie. Elles matière religieuse, de limiter sont hostiles aux Guise, aux s’opposent violemment aux l’exercice du culte réformé Espagnols, et attachés, contre troupes royales, faisant parfois 38 régner la terreur comme à près de 50 000 hommes, les de la Ligue rêvent d’une nouvelle Marseille. Leur indépendance va habitants sont angoissés. Les Saint-Barthélemy. Ces excès jusqu’à ébaucher une Union du prédications exaltées et les prennent fin avec le retour du duc Sud-est avec le Lyonnais et la processions spectaculaires de Charles de Mayenne, qui élimine Provence. moines armés sont incessantes, les plus enragés. Durant cette Mais la Ligue n’a pas de véritable avec l’encouragement du légat période, le cardinal de Bourbon, unité. Beaucoup de nobles du pape. Des psaumes de le roi Charles X des ligueurs, restent réservés vis-à-vis de ces pénitence sont chantés pour prisonnier des royaux, meurt associations dominées par la obtenir une protection divine. (9 mai 1590). bourgeoisie des hommes de loi, Le blocus autour de la ville Abandonnant le siège de des marchands et des manieurs est complet : la situation des Paris, Henri IV se retourne d’argent. Par ailleurs les rivalités Parisiens empire de jour en jour, vers la Normandie. Il échoue à existent parmi les chefs, faim et maladies tuent près de reprendre Orléans et Rouen où, beaucoup s’opposant à l’autorité 30 000 habitants. Mais l’inter- croissante du duc Charles de vention des troupes espagnoles Mayenne, lieutenant général de du duc de Parme, Alexandre la Ligue. Farnèse, oblige Henri IV à lever le Les années 1588 et 1589 voient siège en septembre 1590. Dans Henri IV multiplier des actions en la nuit du 20 au 21 janvier 1591, Normandie et autour de Paris. il essaie par la ruse d’entrer dans Vainqueur du duc Charles de Paris en envoyant des soldats Mayenne, à Arques, près de déguisés en marchands de Dieppe (21 septembre 1589), farine, échec connu sous le nom les troupes royales, constituées de « Journée des farines ». Dans de contingents protestants et la ville, les prêtres continuent à catholiques, reprennent le siège entretenir un climat d’exaltation, comme à Paris, les prédicateurs de Paris, qui résiste. En mars avec des injures contre le roi. Un fanatisent le peuple. Il envoie 1590, la fameuse bataille d’Ivry climat de terreur s’établit avec une armée tenir ouverte la route (14 mars 1590), près de Dreux, les exécutions des « politiques » vers les Pays-Bas et une autre ouvre la voie pour un nouveau ordonnées par le conseil des empêcher le duc de Mercœur siège de Paris : il dura près de Seize : le premier président du et ses alliés espagnols de six mois. Bien que les milices Parlement, Brisson, accusé de déboucher de Bretagne. Il subit parisiennes soient fortes de tiédeur, est pendu. Les « enragés » plusieurs défaites devant l’armée 39 incomplète du royaume, de nombreuses provinces royalistes et protestantes n’ayant pas envoyé de délégués, d’autant plus qu’Henri IV les a déclarés illégaux. Seul le roi peut con- voquer les états généraux. Malgré tout, les députés affirment que la loi fondamentale du royaume est non pas la loi salique, mais le principe de catholicité : ils doivent décider du choix d’un monarque catholique. Les envoyés espa- gnols essaient d’imposer la fille de Philippe II, l’infante Isabelle, petite fille d’Henri II de Charles de Mayenne aidée par et de Catherine de Médicis. les catholiques, des pourparlers les troupes espagnoles (Aumale D’autres candidats, ayant des s’ouvrent en mai 1593 entre les février 1592). Un contingent Valois dans leur ascendance représentants des ligueurs et anglais, venu secourir le roi, est sont sur les rangs : le duc ceux du roi ; la suspension des passé au fil de l’épée. Par contre, Philippe-Emmanuel de Lorraine, hostilités est décrétée. Henri IV sur le front sud, le duc Henri de le duc Charles-Emmanuel de confirme son intention d’abjurer Montmorency s’oppose aux forces Savoie, le nouveau cardinal et de se convertir après une de la ligue et menace Toulouse de Bourbon, (Charles, fils du instruction qu’il suit à partir de d’appartenance ligueuse. Dans prince de Condé, donc cousin juillet. Le 25 juillet 1593, à Saint- le Sud-est, François de Les- germain du roi, neveu du vieux Denis, un des hauts lieux de la diguières s’oppose au duc cardinal qui vient de mourir), un monarchie française, il fait « le Charles-Emmanuel de Savoie. Guise (Charles de Lorraine ou saut périlleux » et, vêtu de satin Les états généraux de la Ligue, encore Duc de Mayenne). Mais blanc, prononce sa profession convoqués par le duc Charles de nombreux parlementaires de foi catholique devant de Mayenne, s’ouvrent au refusent l’élection de princes l’archevêque de Bourges qui Louvre fin janvier 1593. Mais ils étrangers. Henri IV comprenant lui donne l’absolution. Dans les ne sont qu’une représentation qu’il ne sera jamais accepté par jours qui suivent, le roi proclame 40 une trêve générale et accorde culte, même à la cour, de façon son pardon à tous ceux qui le discrète. Il faut attendre le sacre rejoignent. Les Français n’ont royal à Chartres (27 février 1594) pour vaincre les réticences des Parisiens. Paris cède et ouvre ses portes à Henri IV le 22 mars 1594. Les Espagnols partent, les curés fanatiques disparaissent, le nombre de gouvernement de Bourgogne, proscrits de Paris ne dépasse mais reçoit trois places de sûreté pas 140, la plupart se réfugiant où le culte protestant est interdit. aux Pays-Bas espagnols. Les En Languedoc, Henri de Joyeuse décisions des autorités ligueuses obtient la lieutenance générale et sont abolies par le parlement le titre de maréchal de France. de Paris. Le duc Charles de Ces ralliements s’accompagnent Mayenne est révoqué de sa de largesses financières énormes. charge usurpée de lieutenant « Il eut la France entière pour général du royaume. Mais aucune environ 20 millions de livres » exécution n’est ordonnée. écrit Le Roux.

Dans tout le royaume, jusqu’en L’impôt va payer ces dépenses, 1598, Henri IV parvient à ar- ce qui explique le soulèvement racher le ralliement personnel ou antifiscal des paysans du Midi, collectif de ses opposants par de les « croquants ». Au total, nombreux « édits de réduction ». environ 700 ligueurs exclus du pas connu la paix depuis huit ans. La clémence du roi facilite les pardon royal trouvent refuge à Les protestants se réunissent en ralliements : amnistie et maintien l’étranger. assemblée à Mantes d’octobre dans leurs places des ligueurs, à janvier 1594. Ils sont inquiets. promotion de certains des chefs, Il ne reste à Henri IV qu’à Henri IV promet de rétablir anoblissement de notables. débarrasser la France des l’édit de Poitiers de 1577 et la Espagnols dont de nombreuses paix de Fleix. Les huguenots En se soumettant, le duc troupes venues pour soutenir peuvent organiser partout leur Charles de Mayenne perd son la Ligue sont encore présentes 41 en France. Le 17 janvier 1595, tiennent de nombreuses villes, le roi déclare la guerre à Henri IV, aidé par les troupes et l’Espagne. La Bourgogne l’apport financier des Anglais et ligueuse, par où passaient les Hollandais, remporte le siège troupes allant de l’Italie aux d’Amiens. Avec la médiation du Flandres est réduite après de pape, la paix est signée à Vervins durs combats. Les ligueurs du le 2 mai 1598, signant la fin de Sud-ouest se rallient, Henri IV la domination espagnole en charge le jeune duc Charles de Europe. Guise de soumettre Marseille qui s’était érigée en république Il ne reste plus à Henri IV qu’à mettre définitivement fin au conflit religieux par la proclamation de l’édit de Nantes, le 30 avril 1598.

POUR EN Musée virtuel du SAVOIR PLUS Protestantisme catholique et indépendante, et François de Lesdiguières de remettre de l’ordre dans le Dauphiné contre les attaques du duc Charles-Emmanuel de Éclairages Savoie. Reste en Bretagne le duc de Mercœur (Philippe- - les acteurs Emmanuel de Lorraine), qui - la population protestante allié aux Espagnols, menace - la ligue Nantes, et dont les troupes se - l’état huguenot - le pouvoir royal livrent au brigandage et à des Diaporama atrocités. Sa soumission est - les violences obtenue moyennant de fortes - les guerres étrangères sommes d’argent. Sur le front du Nord, où les Espagnols 42 L’édit de Nantes

En 1598, la signature de l’édit de Nantes institue la coexistence religieuse entre catholiques et protestants, et met fin à 36 ans de guerre civile.

mposé par Henri IV, son • l’édit proprement dit, qui comporte but immédiat est la paix 92 articles, est « perpétuel et Icivile, et le rétablissement irrévocable », ce qui signifie qu’il de la confiance. Son ne peut être modifié que par un objectif, avoué, reste l’unité nouvel édit ; religieuse du royaume. Dans • un deuxième brevet assure aux le préambule, le roi souhaite protestants 150 lieux de refuge que « l’établissement d’une accordés pour 8 ans, dont 51 places bonne paix » permette à ses de sûreté, dont les garnisons sont « sujets de la religion pré- tenues par les protestants ; tendue réformée » de revenir à • et un ensemble de 56 articles la « vraie religion », la sienne, dits « secrets ou particuliers » de « la religion catholique, apos- moindre importance réglant des tolique et romaine ». situations locales.

Les documents de l’édit Certaines dispositions de l’édit comportent quatre textes de Nantes sont favorables aux distincts : catholiques : la messe est rétablie partout, y compris au Béarn. Les • un premier brevet promet services catholiques sont seuls une subvention annuelle de autorisés dans la plupart des villes. 45 000 écus pour les Tous les bâtiments ayant appartenu besoins du culte protestant, aux catholiques leurs sont rendus. et, surtout une rémunération Les curés des paroisses perçoivent des « ministres » (pasteurs) ; la dîme de la part des protestants selon la coutume. 43 D’autres sont en fa- « exécrables »), interdiction veur des protestants : des troubles, provoca- octroi de la liberté de tions, excitations du peuple, conscience, respect égalité devant la loi et la de l’organisation des justice, liberté d’abjuration synodes, égalité en c’est-à-dire possibilité de matière d’éducation, changer de religion, égalité absolue d’ac- garantie juridique grâce à cès à toutes dignités des chambres mixtes, droit et charges publiques. de retour des émigrés et de leurs enfants. La pratique du culte protestant est limitée. Il est autorisé seulement dans certains lieux. Il est interdit L’enregistrement de l’édit est fait par les parlements. là où il n’est pas explicitement autorisé, notamment Certains y sont franchement hostiles : Henri IV doit à la Cour, à Paris, et à moins de cinq lieues de la l’imposer au Parlement de Paris, mais celui de capitale, ainsi qu’aux armées. L’édit comporte des Rouen attendra onze ans avant de le ratifier. dispositions générales : amnistie générale (sauf cas

44 Les Valois n’ont aucun héritiermâle. début du chaos. Ses quatre fils, dont trois se succèdent sur le trône de France, le rempartcontre les«luthériens»,lamort du «roichevalier»vaentraîner le de sa fille Elisabeth (« Isabelle » en Espagne). Considéré par le peuple comme II etlemariage la paixavecPhilippe pour célébrer cours d’untournoiorganisé de 1551 codifie les différents types de supplices. Il est mortellement blessé au L’éditde prèsl’imprimerie. et surveille interdit l’émigration deChâteaubriant leurs au parlement, chambre spéciale la créationd’une biens. En1540,ildemande confisque et protestants les contre répression la accentue Il tivement. défini renoncer y à l’oblige Quentin Saint de défaite la Piémont, le et Savoie Roi à 28 ans, il continuelalutte contre les Habsbourg. Après avoirreprisla Henri IIdeValois (1519-1559) massacre desVaudois, (1545),marque lesdernièresannéesdesonrègne. Le morcelée, lasécessiondevillesourégionspourfaitreligion. Allemagne tholique, ledécidentà renforcer la répression.Il ne peut accepter, comme en ca- l’Eglise de l’égard à injurieuses affiches les et 1534 en Placards des l’affaire velles idées de la Réforme, sous l’influence de sa sœur, Marguerite d’Angoulême, des nou- vis-à-vis relative tolérance D’une etlesparlements. seigneurs grands protestants commencent. sur les Autoritaire, FrançoisIerrenforce sonpouvoir contre les dès 1521. Lespremièrespersécutions par laSorbonne condamnées C’est soussonrègnequelesidéesdeMartinLutherpénètrentenFrance,etsont (1529). à lapaixdeCambrai le Milanais gnan, maisbattuàPavie,abandonnant Presque constammentenguerrecontreCharlesQuint, il est vainqueur à Mari- de FranceetconstructeurduchâteauChambord. du Collège niste-fondateur huma- française, Renaissance la de roi emblématique XII, ilestle de Louis Neveu François IerdeValois (1494-1547) - 45 Les Valois Conjuration d’Amboise ». du roilorsdela« en partipolitique, aprèsl’échecdeleurtentative d’enlèvement C’est pendant les dix-huitmoisdesonrègne quelesprotestantss’organisent »). « cholesteatome (probable chronique otite purulente d’une conséquences sa femme.Ilmeurtdes de Guise, oncles aux laisse legouvernement il d’Ecosse, à MarieStuart,reine de 15ans.Marié àl’âge II, il luisuccède Fils aînéd’Henri François IIdeValois (1544-1560) passe delaréhabiliter. Plus machiavélique. rie italienne, cote- d’une entourée d’étrangère, noire sa légende répandent du XIXesiècle les historiens de laSaint-Barthélemyparleshuguenots, première responsable ses proprestribunauxlesévêquesfrançaissuspectsd’hérésie. Jugéecomme pour jugerleshérétiques,etaupapequiveutdevant naux ecclésiastiques gallicane, elles’opposeauxdécisionsduConcilequiveut renforcer lestribu- del’Église la liberté l’autorité royale.Elledéfend et avanttoutàmaintenir liques, à favoriseruneententeentreprotestantsetcatho- s’acharne elle Énergique, Navarre. de Henri avec Marguerite fille sa de mariage le décide elle Lorraine), de duc III, Charles épouse Claude fille sa II, Philippe épouse Élisabeth fille (sa matrimoniales des alliances de l’importance 1562. Persuadée de janvier l’édit par vis-à-visdeshuguenots,enparticulier défend unepolitiquedetolérance Elle des guerresdeReligion. toute lapériode pendant IX. Sonrôleestessentiel Veuve en1559,elleestrégentede1560à1563pendantlaminoritéCharles en 1533lefuturHenriII. Elle épouse Fille deLaurentIIMédicis,ducd’Urbino. Catherine deMédicis (1519-1589) rigoureuse, l’historiographie actuelle est en rigoureuse, l’historiographie 46 Les Valois Henri IIIdeValois (1551-1589) son rapprochement avecHenrideNavarre, précipitent son et des protestants vis-à-vis Guise, seshésitations de Henri duc du sassinat l’as - finances, des déficit le royal, pouvoir le contre pamphlets les d’Alençon, vement des«Malcontents», les manœuvresdesonfrèreleduc François la statureroyale. Maislemou- censé élever d’harmonie idéal d’un témoignent – d’homosexualité infondées d’accusations – àl’origine le roi leur donne que d’amitié passionnée etlesproclamations et delanoblesse.Leurélégance princes vis des vis-à comme écran utilise III les Henri et honneurs. charges de LaValette) de Nogaret (Jean-Louis futur ducd’Epernon quiaccumulèrent » comme « mignons des ascension et laprogressive et le de Joyeuse Anne L’entourage deguerre, des années royal estconstituépar lescompagnons tous. de au-dessus roi le mettant l’étiquette, de règles les fixant cour, la de la vie de très précis un protocole il établit royale, majesté la Pour restaurer la danse. adore le luxe,lesbijoux, Sa santéestfragile,ilaime conciliation. orateur,bon Henri IIIestintelligent, deLaRochelle, du siège à la enclin adultelorsqu’il frères, à ses lors acquise en 1574. Précédéd’uneréputationmilitaire accède aupouvoir contrairement ilest, II, d’Henri fils Troisième meurt d’uneatteintepulmonaire. des protestants.Il vis-à-vis etprudence alternant violences contradictoire, né dechasse,caractèresouventfantasque,soncomportementapparaît ans,d’oùla et laSaint-Barthélemy.de Religion guerres les 4premières couvre 10 Passion de l’âge à frère son de samère,CatherineMédicis,commerégente. Sonrègne proclamation à ilsuccède II, d’Henri fils Deuxième IXdeValoisCharles (1550-1574)

assassinat.

- 47 Les Valois trône. sans héritier,en 1584, tuberculose de du l’héritier Navarre de fait d’Henri cequi est unéchecetentraînelafuitedesonarmée.Ilmeurt la forcevilled’Anvers devient ducdeBrabantet comte de Flandreen1580.Sa décision deprendrepar il est choisiparlesPays-Bascommeprotecteurdeleurlibertéet d’Angleterre, hommes lesplusrichesduroyaume. avecElizabeth mariage d’un Après l’échec un des son frère,ildevient avec III. Réconcilié du futurHenri Pologne le retourde IX etavant après lamortdeCharles complots,enparticulier fomentant plusieurs du royaume,ilprendlatêtedes«Malcontents», voulant obtenirlalieutenance 1574, en desonfrèreHenriIII. après lecouronnement Ambitieux, jalouxdesonfrère, couronne la de présomptif l’héritier devient II, d’Henri fils Quatrième duc d’Anjou puis d’Alençon, duc (1555-1584) Valois de François Diaporama 48 Les Montmorency donne auroyaume. Trèschefs militairesqu’elle sa puissancevientdeplusieursglorieux ancienne maisond’Ile-de-France, connétable en1593. Ligue, ils’allieàHenride Navarrequilefera Languedoc. Contreladeuxième en fonctions ses de démet le III Henri 1585, En 1574. de fin la à Malcontents morency àlamort il prendlatêtedes de sonfrère. Gouverneur duLanguedoc, Second fils du connétable, d’abord comte de Damville, devient 3e duc de Mont- Henri deMontmorency (1534-1614) Catherine deMédicis. protestants, surordrede à laBastille et estemprisonné du ducd’Alençon se rapproche des l’égard à conciliant plutôt connétable, du fils duc, Deuxieme François deMontmorency (1530-1579) Anne deMontmorency (1493-1567) lors delaSaintBarthélemy, etsonfrèrecadetFrançoisd’Andelot. tissent auprotestantisme:GasparddeColigny,de France,assassiné amiral il esttué àlabatailledeSaint-Denis.Deuxsesneveuxseconver- Religion, table en1538.Commandantlestroupesroyaleslorsdela premièreguerrede Premier duc, est de guerreFrançoisIer,un compagnon qui lefait conné - 49 Les Bourbons empoisonné parsaseconde épouse. peut-être Il meurtdemaladie, royale. il résisteàl’armée tile àtouteréconciliation, hos- 1573, depuis Picardie de gouverneur Officiellement calviniste. foi la à dernier Églises réformées », rôle dévolu à Henri deNavarreen1576après leretourdece et protecteur des général « chef,gouverneur troupes. Enjuillet1574,ilest déclaré le protestantisme d’abjurer Contraint Louis. lors delaSaint-Barthélemy, ilparvient àseréfugieren de oùilrecrutedes Allemagne fils Condé, de prince Deuxième Henri deBourbon(1552-1588) Cardinal deBourbon,futurCharlesXdesLigueurs. deBourbon(1523-1590) Charles préséance surtouslesautresgentilshommesduroyaumeetsontmembresdedroitConseilroi. Les BourbonsdescendentdeSaintLouisenlignedirecte;cesontdesprincesdusang.Ilsontla Dreux, il négocie la paix d’Amboise qui met fin à la première guerre. Il est tué par un par tué officier duducd’AnjouàlabatailledeJarnac. est Il guerre. première la à fin met qui d’Amboise paix la négocie il Dreux, de bataille à la Prisonnier 1562. protestant en soulèvement tête du la prend il 1558, en converti aucalvinisme de Bourbon frère cadetd’Antoine de Condé, Premier prince Louis deBourbon,(1530-1569) cours dusiègedeRouen.IlestlepèrefuturHenriIV. Il esttuéau de Navarre,convertieauprotestantismeen1560,ilresteracatholique. et deVendôme,Duc deBourbon reine d’Albret à Jeanne du sang.Marié prince premier Antoine deBourbon(1518-1562) 50 Les Guise exécuté lelendemain. est (1555-1588) de Lorraine cardinal frère, Louis, de lèse-majesté.Sonpremier Henri III 1588 àBloispourcrime monarchie, lefaitassassiner le23décembre la menaçant en puissance Sa montée royales. des troupes général lieutenant (juillet 1588),ilestnommé contre leroi. Parl’éditd’Union de larévolteparisienne à Paris,suivie triomphale entrée fait une III,il d’Henri l’interdiction malgré 1588, Henri deGuise(1550-1588) la et Flandres les Picardie, la Normandie, Lorraine. la Mayenne, la entre répartissent se fiefs nombreux et de lamaisonLorraine,lesGuisesontdesprincesfrançaisdepuis 1516.Leursbiens Descendants balafre). Il prend en 1585latête de la Ligue(la2 il reçoitsafameuse comte palatinJean-Casimir(batailleaucoursdelaquelle Coligny. Il emporte labataillede Dormans (octobre1575)contrelesreîtres du de du meurtre del’amiral été lecommanditaire d’avoir Il estsoupçonné Condé. en Religion, de guerres particulier labatailledeJarnacoùfut tué LouisdeBourbon,premierprince 3e et 2e aux participe François, de fils Guise, de Duc mais sait imposerson autorité àlafin de1591.Ilse rendauroiHenri IVenjanvier 1596. par lesSeize, Ligue. ÁParis,ilest débordé son frèreHenri commechefdeladeuxième est le deuxièmefrère d’Henri.Gouverneurde Duc deMayenne Bourgogne, ilsuccèdeà (1554-1611) deLorraine Charles vant le siège d’Orléans par un gentilhomme protestant, Jean dePoltrotMéré. vant lesièged’Orléansparungentilhomme de- 1563 le 18février Il estassassiné de Religion. guerre ouvre lapremière qui tête du particatholiqueet il estdumassacredeWassyresponsable (mars 1562) la de FrançoisII. Il prend sous lerègne est àsonapogée la marcheduroyaume sur influence Son l’époque. de militaires chefs meilleurs des d’un réputation la lui assure en 1558 en 1557.LaprisedeCalais du royaume général II lieutenant Duc de Guise, époux d’Anne d’Este, petite fille de Louis XII, est nommé par Henri François deGuise(1520-1563) ème »). Ligue « Le 9 nobiliaire mai 51 La population protestante

Vivarais, Dauphiné. D'autres communautés existent en Normandie, (Caen, Rouen), ainsi qu'à Lyon et Paris. Près de la moitié de la noblesse épouse la nouvelle religion, en particulier dans la haute noblesse, avec de grands noms qui font partie de droit du Conseil du roi. Si Antoine de Bourbon reste indécis, alors que sa femme Jeanne d'Albret est une protestante convaincue, son frère Louis de Bourbon, prince de Condé, s'est converti en 1558, de même que les trois frères Chatillon, neveux du connétable Anne de Montmorency : l'amiral Gaspard de Coligny, François d'Andelot, chef militaire pres- tigieux, et Odet cardinal prince de Beauvais qui devient en 1561 le « cardinal protestant ». Ils sont suivis par n 1559, à la mort d'Henri II, les adhésions se des représentants de multiplient, le nombre d'églises « dressées » lignages prestigieux : avoisine les 1 400. On chiffre généralement les La Rochefoucauld, E Rohan, La Trémoille, à 2 millions le nombre de protestants, soit 10% de la population. Les communautés calvinistes sont Lévis, Crussol-Uzès, dispersées dans tout le royaume, mais prédominent Caumont-Laforce, largement dans le Sud, formant un croissant de la entraînant avec eux Saintonge à Lyon : Saintonge, sud du Poitou, Guyenne, un grand nombre des Gascogne, Béarn, Bas-Languedoc, Cévennes, habitants des villes et 52 villages dont ils sont les A côté de ces notables, on trouve de très nombreux seigneurs. Jeanne d'Albret commerçants, surtout dans les grandes villes de est un cas particulier : commerce international : Rouen, Nantes, Bordeaux appliquant le principe et La Rochelle. Les artisans représentent une grand « cujus regio ejus religio », partie, peut-être la moitié, des calvinistes, et sont elle supprime en 1565 ceux qui, refusant d'abjurer, s’exilent dans les pays le catholicisme dans son du Refuge. royaume de Navarre et dans le Béarn, instituant « Le rôle des femmes a souvent été souligné » un protestantisme d'État. (Le Roux). Responsables de l'éducation des enfants, elles peuvent faciliter la diffusion des idées Religion du Livre, de la nouvelles, et jouent un rôle important de médiation Parole, le protestantisme entre catholiques et protestants. Dans la haute se développe surtout noblesse, Louise de Montmorency par son remariage dans les villes et les avec Gaspard de Coligny, maréchal de Chatillon, bourgs, où se diffusent bibles et livres. L'adhésion père des trois frères passés au protestantisme, joue à la Réforme concerne toutes les catégories un rôle d'interface avec le clan Montmorency. professionnelles, mais avant tout les couches supérieures de la société sachant lire et écrire. La paysannerie est très peu touchée, de même que le Louise de Clermont et « petit peuple » des villes, notamment à Paris. On son époux Antoine de y trouve des membres du clergé, modestes curés, Crussol sont deux piliers du moines, vicaires, mais aussi des prélats : certains parti huguenot : bien que restent catholiques, mais prônent la tolérance ; reconvertie au catholicisme d'autres sautent le pas et se convertissent. après la Saint-Barthélemy, confidente de la reine mère, Les hommes de loi sont particulièrement elle reste une intermédiaire nombreux : magistrats, officiers royaux, membres avec les réformés. des parlements, avocats, notaires, prennent souvent des responsabilités comme pasteurs, diacres ou anciens. Plus bas, dans la hiérarchie de l'époque, procureurs, avoués, huissiers, sont d'ardents partisans de la nouvelle religion. 53 La Ligue

avec les royaux sont l’Ile-de-France, la Normandie, l’Orléanais, la Champagne et le Lyonnais. Plus de la moitié des évêques est acquise à la Ligue. Un conseil général de l’Union est créé, comprenant 40 membres où dominent les magistrats, le Conseil des Quarante. Le duc de Mayenne, rentré à Paris le 12 février, se proclame chef de l’Union et comme un souverain s’entoure d’un Conseil d’État chargé de l’assister. Á Paris, le conseil des Seize est chargé de la police et veille à lever les subsides dans la capitale. Dans chaque quartier, un conseil de 9 personnes sert de relais entre les institutions centrales et la base du mouvement. La Ligue est plus roturière que a première Ligue, dite de Péronne, naît suite à plébéienne, comportant près de la moitié d’hommes l’attribution de 8 places de sûreté aux protestants de loi et un tiers de marchands, les gens du peuple Lpar la paix de Beaulieu en 1576. Jacques étant très minoritaires avec moins de 10% d’artisans. d’Humières, gouverneur de Péronne, refuse de Véritable Comité de Salut public, elle fait au nom de remettre la ville aux protestants et lance un appel pour la religion régner la terreur à Paris. défendre la religion catholique. La Ligue se diffuse à toute la France. Les ligueurs se déclarent bons et loyaux serviteurs du roi Henri III à condition qu’il La Ligue est un mouvement de révolte des notables défende « la sainte Église catholique et romaine ». Le des villes. L’Union ne séduit guère la noblesse dont duc Henri de Guise organise la Ligue à Paris. Pour la plus de la moitié se tient dans l’expectative, en neutraliser, Henri III en prend la tête. attendant de voir qui sera le vainqueur. En août 1589, après l’assassinat d’Henri III, une deuxième Ligue s’organise. Les ligueurs, considèrent Pour beaucoup d’historiens, la Ligue a un le cardinal de Bourbon (alors prisonnier du roi) caractère authentiquement révolutionnaire, certes comme le nouveau roi, sous le nom de Charles X. réactionnaire, mais contestataire, rêvant d’une Les régions où les ligueurs peuvent faire jeu égal société basée sur la pureté de la foi.

54 L’état huguenot

a constitution de l’Union des protestants gouverneur militaire. Tous les députés doivent du Midi établit un véritable gouvernement prêter serment à l’Union protestante. La notion Lparallèle, qui reprend le schéma institutionnel d’une structure fédérale est totalement nouvelle, ébauché dès 1562 à car c’est l’assemblée qui désigne Nîmes. En décembre 1573, son « protecteur », même si la l’assemblée réunie à Millau tradition monarchique conduit à précise l’organisation du désigner un prince du sang : en parti huguenot. juillet 1574, l’Assemblée de Millau désigne le prince Henri de Condé Au sommet trois pouvoirs comme « chef, gouverneur général et s’équilibrent : une assemblée protecteur des Églises réformées ». générale qui réunit tous les Il est remplacé de 1574 à 1579 par six mois les députés des as- Henri de Montmorency-Damville, allié semblées provinciales Cette catholique de l’Union, puis par Henri assemblée générale élit un de Navarre après son évasion de la conseil permanent de quatre cour. membres, et un chef militaire. Elle possède les pouvoirs Cette Union rassemble les habitants dévolus au roi : lever les du Poitou, du Languedoc, de la impôts, mandater les ambas- Provence, du Dauphiné et du Massif sadeurs, décider de la guerre, central. Elle est à connotation édicter lois et ordonnances et urbaine, voire populaire avec comme parfois rendre la justice. objectif principal le maintien de la morale publique. Ce « règlement » A l’échelon local, les assemblées provinciales, veut ménager la population catholique « paisible ». formées par les représentants des villes et des Un véritable État dans l’État est ainsi créé, basé sur villages se réunissent tous les trois mois, nomment un système d’assemblées politiques, très proches un conseil permanent de cinq personnes et un de l’organisation des Provinces-Unies hollandaises.

55 Le pouvoir royal

Le temps des guerres de Religion va voir évoluer les idées sur le pouvoir royal et ses modalités, en fonction des convictions – mais aussi des intérêts - des deux partis, pour aboutir avec Henri IV à la notion nouvelle de monarchie absolue.

a tradition voit dans la loi un principe directement roi, en particulier l’entourage italien de la régente. issu de Dieu, dont le roi est le garant ou Puis certains publicistes calvinistes remettent en Ll’interprète, et c’est au nom de Dieu que le roi cause la notion de monarque : il faut distinguer la rend sa justice. Pour François Ier, il est évident que personne du prince, temporelle et mortelle, de la la Réforme « tend au renversement de la monarchie dignité monarchique elle- divine et humaine ». même. En août 1563, lors d’une séance au parlement de Le rôle des institutions Normandie, Michel de l’Hospital confirme que le représentatives, comme monarque est la seule source de la loi et que tous les états généraux est ses sujets, y compris les magistrats des cours souligné dans l’exercice souveraines, lui doivent une obéissance absolue. de la souveraineté. Le roi Mais ce pouvoir n’est pas illimité, il est modéré par la est perçu comme un foi chrétienne, la justice et les lois fondamentales du magistrat, supérieur, mais royaume, permettant ainsi d’éviter la tyrannie. non plus comme un Après la mort d’Henri II (1519-1559), le pouvoir personnage d’essence royal s’affaiblit ; François II (1554-1560) adolescent différente. Un droit à la maladif, délègue le pouvoir au duc Henri de Guise et résistance est évoqué. son frère, le cardinal Charles de Lorraine. Le terme de « monarchomaques » désigne les Après l’avènement d’Henri III, de nombreux écrits partisans de cette thèse, avec plus ou moins de s’attaquent aux mauvais conseillers qui entourent le nuances. 56 Pour le juriste protestant non ». Émanation de la communauté, les états François Hotman, le pou- généraux nomment les magistrats, décident de la voir revient au peuple, paix et de la guerre, font les lois et lèvent les impôts. représenté dans une as- Ces idées sont diffusées par les calvinistes, et sont semblée ou diète. Le rôle d’abord violement critiquées par le parti catholique. d’intermédiaire entre le Mais, basculement de l’histoire, elles sont reprises peuple et le roi est le fait plus tard par les ligueurs pour justifier l’assassinat des conseillers, grands d’Henri III, alors que les protestants prennent une seigneurs et magistrats. position exactement inverse pour justifier l’avènement L’autorité des lois limite d’Henri IV. Celui-ci va faire évoluer la notion de pouvoir la puissance du roi. Le royal vers un pouvoir absolu (le terme de « monarchie pouvoir du roi est tempé- absolue» n’apparaît que plus tard). En janvier 1586, ré par un conseil rassemblant s’adressant au clergé, Henri de Navarre déclare les princes du sang et par « c’est Dieu qui dispose des rois et des royaumes », la consultation régulière des États. Théodore de jetant les bases d’un absolutisme gallican, hostile à Bèze défend la théorie du contrat unissant Dieu, toute interférence du Saint-Siège dans les affaires le roi et la communauté. La véritable souveraineté intérieures françaises. La clémence, le pardon des est détenue par le peuple, qui la délègue aux fautes, la réconciliation sont autant de témoignages « magistrats inférieurs », (seigneurs détenteurs de la grandeur royale. Le caractère autoritaire du de fiefs à titre héréditaire) ou à des officiers régime, incarné par la seule personne du roi, est municipaux élus (maires, consuls, échevins), illustré par le fait que contrairement aux Valois, et qui veillent à ce que le roi gouverne dans le Henri IV ne réunit qu’une fois les représentants du respect des lois fondamentales du royaume. Les royaume, en novembre 1596 à Rouen. La restauration États généraux désignent les principaux officiers de l’État est son fait, le rôle des officiers et magistrats de la couronne et peuvent les déposer en cas de est minoré, leur obéissance doit être complète. Il ne forfaiture. « Les magistrats ont été créés pour le se rend qu’une fois au parlement de Paris en mai peuple et non le peuple pour les magistrats ». De 1597, pour vérifier les édits favorables à l’entourage même, la résistance au tyran est légitime. Un de sa maîtresse Gabrielle d’Estrées. La construction ouvrage, probablement dû à Philippe Duplessis juridique de l’autorité monarchique est établie. Le Mornay, distingue le prince de la fonction royale, et caractère indivisible de la souveraineté royale est réaffirme que la souveraineté appartient au peuple. affirmé. Lieutenant de Dieu sur la terre, défenseur de Il refuse l’idée que le roi soit une personne sacrée : la patrie contre les ennemis étrangers, le monarque « la puissance de Dieu est infinie, celle des rois est célébré comme le garant de la stabilité politique. 57 Les violences

Les guerres de Religion ont une singularité : la violence, sous ses formes les plus extrêmes. Intolérance et fanatisme empruntent les couleurs de la religion. Un « théâtre de cruautés » est censé édifier catholiques et protestants dans la vraie foi, et du côté protestant inculquer le sens du martyre.

« Ces formes de violence sont celle d’une époque qui trouve dans la souffrance et la mort, mais aussi dans la foi, l’espérance et la joie du croyant son pain quotidien » (J. Garrisson). u côté protestant, l’ico- personnes dans la vallée du Rhône et en Dauphiné noclasie est la marque avec exécution de centaines d’entre elles, sont Dde la première guerre condamnés par Jean Calvin. de Religion. Les huguenots se livrent à une violence Du côté catholique, pour extirper l’hérésie, la « pédagogique » touchant violence prend toutes les formes imaginables : des cibles exemplaires. Plus calvinistes jetés nus dans les rivières, lapidés, qu’aux personnes, ils s’en prennent aux objets, aux victimes émasculées, éventrées, nez et oreilles églises, aux tombeaux et aux images. coupés, yeux crevés avant d’être pendus. Ces actes ont un caractère rituel, la cruauté a valeur d’exemple, les huguenots étant considérés comme des suppôts Les cathédrales sont pillées, leurs objets précieux de Satan. Cette violence, qui se manifeste dès la fondus. Les sanctuaires sont profanés. Les croix première guerre de religion, se retrouve, plus ou sont détruites, les crucifix sont traînés dans les rues moins intense, dans les guerres ultérieures, mais avant d’être décapités. Les hosties sont jetées aux elle atteint son maximum dans les massacres de la chiens, les porcs envahissent les églises. Le culte Saint-Barthélemy. Les récits témoignent de l’horreur royal est une autre cible, les huguenots contestant de cette violence collective insensée qui n’épargne la dimension sacrale du pouvoir monarchique. Le personne, vieillards, fem- tombeau de Louis XI est profané : tombe violée, mes et enfants. Lors du statue décapitée, et à Bourges, la dépouille de siège de Paris, les meneurs Jeanne de France, fille de Louis XI est exhumée, et pamphlétaires de la Ligue son corps dépecé, brûlé. Par contre, les actes de se déchaînent et font régner violence du baron des Adrets, dirigés contre les une véritable terreur. 58 La guerre étrangère

L’intervention étrangère dans la guerre civile française est une des constantes des guerres de Religion. Il est du reste difficile de tracer une démarcation nette entre guerre civile et conflit extérieur. La France est le terrain où s’affrontent, par partis interposés, les rivalités européennes.

du Piémont, du Charolais, du Bugey et de la Bresse. Il doit également renoncer à ses prétentions sur la Franche-Comté. Élisabeth, la fille d'Henri II est mariée à Philippe II et Marguerite la sœur du roi au duc de Savoie. Le traité marque également l’accord des deux puissances face à l’hérésie. La partie anglaise du traité avec la jeune reine Elisabeth Ière règle le problème de Calais, qui reste français en échange d'une énorme somme d'argent.

La guerre avec l’Espagne

L'Espagne de Philippe II, est devenue la première puissance d'Europe. Pour Philippe II, l'essentiel est ntamée au début du XVIème siècle, la lutte de rétablir sa souveraineté sur l'ensemble des Pays- entre Français et Espagnols pour la suprématie Bas et de détruire la puissance navale des Anglais, Een Europe occidentale se poursuit jusqu'en qui menacent ses possessions à Saint Domingue, 1559. La France, affaiblie après la défaite de Saint- Cuba et les Açores. Quentin en 1557 et Gravelines en 1558 signe le traité de Cateau-Cambrésis le 3 avril 1559. Signé avec l'Espagne, ce traité met fin à l'aventure italienne. La Dans les Pays-Bas, partie de l'empire espagnol, France doit rendre au duc Emmanuel-Philibert de passée au protestantisme, la répression (plus de Savoie, alors allié de l'Espagne, les dernières places 1 300 exécutions entre 1523 et 1566) entraîne la 59 Nassau, converti au protestan- d'Espagne, est annexé à la France tisme, passe en 1568 un accord par un arrêté du parlement début d'entraide avec Henri de Condé 1585. Par le traité de Joinville et Gaspard de Coligny. Il (17 janvier 1585), Philippe II participe aux combats en France, accepte de défendre les préten- et son frère Louis de Nassau, tions du cardinal de Bourbon au calviniste convaincu, assiste au trône de France et de financer synode de La Rochelle en 1571. son parti à hauteur de 600 000 Gaspard de Coligny essaie de écus. En échange, les ligueurs convaincre Catherine de Médi- promettent d'éradiquer le protes- cis de soutenir les rebelles, mais tantisme, de faire appliquer dans devant l'importance des armées le royaume les décrets du Concile espagnoles (dont la flotte a em- de Trente et de soutenir le com- porté la bataille de Lépante contre bat des Espagnols aux Pays-Bas. les Turcs, le 7 octobre 1571) la Philippe II favorise l'élection du régente repousse ces conseils.

Grâce à l'or et l'argent venus des révolte de la population, les oppo- conquêtes américaines, la puis- sants étant traités de « gueux ». sance financière de l'Espagne L'accentuation de la répression, est considérable. Elle lui permet ordonnée par Philippe II et exé- d'acheter la complicité des princes, cutée par le duc d'Albe à partir de payer des armées, d'entretenir de 1567 déclenche l'indignation : un réseau d'agents et d'espions un tribunal spécial, le conseil qui sont très actifs auprès des des troubles, prononce un ligueurs. Le duc Henri de Guise, millier de condamnations à mort fortement endetté, touche d'impor- et onze bannissements. Il s'en tantes sommes d'argent. prend à l'aristocratie, fait exécu- ter les comtes d'Egmont et de En effet, Philippe II s’inquiète des Hornes, deux nobles catholiques relations qu'Henri III entretient partisans de la tolérance. Le avec les rebelles des Pays-Bas. prince d'Orange, Guillaume de Cambrai, dont le seigneur est le roi 60 pape Sixte-Quint en septembre continue à s'opposer à Henri IV. août 1568 une nouvelle alliance 1585, qui condamne aussitôt Il passe avec Philippe II plusieurs avec Élisabeth Iere qui finance Henri de Navarre, l'excluant de la traités reconnaissant l'infante l'expédition du comte palatin Wol- succession à la couronne. Isabelle comme reine de France. fgang, duc de Deux-Ponts, en Bourgogne au printemps de 1569. Pendant le siège de Paris, les La guerre avec envoyés espagnols entretiennent l’Angleterre le moral des défenseurs. L'armée De son côté, La guerre avec les principau- d'Alexandre Farnèse dégage l'Angleterre est tés allemandes provisoirement le siège en août très attentive à ce Les princes calvinistes d'Alle- 1590, puis ses troupes remontent qui se passe en magne vont intervenir. Henri vers les Flandres. Les renforts France. Elle craint de Condé obtient le soutien du espagnols soutiennent le duc de que les Espagnols utilisent les landgrave Philippe de Hesse. Un Mercœur maître de la Bretagne, et ports des Pays-Bas pour diriger autre calviniste, le comte palatin le duc de Joyeuse en Provence. des attaques contre les ports Frédéric III, luthérien passé au Toutes les provinces périphé- anglais. Elle redoute que la flotte calvinisme, participe aux luttes des riques, la Savoie et la Lorraine, espagnole menace sa supériorité protestants. Au cours de la deu- sont gagnées par l'or espagnol, fa- navale, voire même son territoire xième guerre de Religion, il envoie vorisant les risques de sécession. (comme l'avait fait l’Invincible Ar- en France, à travers la Lorraine, mada). Conquise à la Réforme, près de 10 000 reîtres. Son fils, Aux états généraux de la Ligue elle aide, dès la première guerre Jean-Casimir, calviniste convaicu, en janvier 1593, les Espagnols de Religion, le parti huguenot par entre en 1576 en France, avec proposent l'élection de l'infante l'envoi d'argent et de troupes. 4 000 cavaliers. Ses troupes Isabelle, fille de Philippe II et Par le traité d'Hampton-Court, le font jonction avec celles du duc d'Élisabeth de Valois, petite fille 20 septembre 1562 elle promet d'Alençon. d'Henri II et de Catherine de Médi- une aide militaire et financière, cis. En échange, ils promettent Henri de Condé accepte de lui Enfin, des mercenaires de toute au duc de Mayenne, lieutenant livrer un port sur la Manche. Un l'Europe sont recrutés : Anglais, général de la Ligue, la Bourgogne corps expéditionnaire de 6 000 Allemands et « Albanais », pour et la Picardie. La proposition est soldats débarque au Havre. les protestants, Italiens et Espa- rejetée. Henri de Condé et Gaspard de gnols pour les royaux, Suisses C'est encore le duc de Mercœur Coligny, au cours de la troisième pour les deux partis. qui, grâce au soutien espagnol, guerre de Religion, signent en 61 Bibliographie La bibliographie est immense. Elle peut être trouvée dans les ouvrages ci-dessous, qui ont largement inspiré le texte de cette application. - Bernard Cottret, 1598, l’Édit de Nantes, Perrin, 1997 - Janine Garrisson, Les protestants au XVIème siècle, Fayard, 1997 - Janine Garrisson, Henri IV, Seuil, 2008 - Nicolas Le Roux, Les guerres de Religion 1559/1629, Belin, 2009 - Pierre Miquel, Les guerres de religion, Fayard, 2006 Crédits page de couverture (de haut en bas et de gauche à droite) - Catherine de Médicis (Musée du Désert) - La Saint-Barthélemy (S.H.P.F) - Jeanne d’Albret (S.H.P.F) - Massacre de Wassy, 1562 (B.P.U. Genève) - Journée des barricades, 1588 - Gaspard de Coligny, 1519-1572 (S.H.P.F) (www.francebalade.com) - Henri de Lorraine, duc de Guise, 1550- - Bataille de Saint-Denis, la veille de la Saint- 1588 (peinture anonyme, 1554) (S.H.P.F) Martin, 1567 (S.H.P.F) - Philippe II d’Espagne (Portrait Gallery, - Henri de Bourbon, prince de Condé, 1552- Londres) 1588 (S.H.PF) - La Ligue : procession à Paris, - Logo de la Fondation Bersier 10 février1593 (S.H.P.F) - Edit de Nantes, 1598 (S.H.P.F) - Cruauté des huguenots (S.H.P.F) - Henri IV, 1553-1610 (S.H.P.F)

Ce livre numérique est une œuvre du musée virtuel du protestantisme POUR EN Musée virtuel du français créé par la Fondation Pasteur Eugène Bersier SAVOIR PLUS Protestantisme

Rédaction : Daniel FRIES Conception graphique : ATOMIKE STUDIO Édition : Agnès de SORAS Motorisation : 62