Rapport d’expertise :

Chute de blocs au droit de la RD 415 sur le territoire de la commune de - Février 2017

BRGM/RP-66724-FR Mars, 2017 Cadre de l’expertise : Appuis aux administrations ☒ Appuis à la police de l’eau ☐ Catastrophe naturelle ☐ Autres ☐

Date de réalisation de l’expertise : 28 février 2017

Localisation géographique du sujet de l’expertise : Kaysersberg (68)

Auteurs BRGM : L. Grabenstaetter

Demandeur : Service Interministériel de Défense et Protection Civile du Haut-Rhin (SIDPC 68)

Le système de management de la qualité et de l’environnement du BRGM est certifié par AFNOR selon les normes ISO 9001 et ISO 14001.

Ce rapport est le produit d’une expertise institutionnelle qui engage la responsabilité civile du BRGM. Il constitue un tout indissociable et complet ; une exploitation partielle ou sortie du contexte particulier de l’expertise n’engage pas la responsabilité du BRGM.

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Après examen, il est ressorti qu’il n’existait aucun lien d’intérêt : - entre le BRGM et l’objet ou les différentes parties prenantes de la présente expertise, - entre les salariés du BRGM qui seront impliqués et l’objet ou les différentes parties prenantes de la présente expertise. susceptible de compromettre l’indépendance et l’impartialité du BRGM dans la réalisation de cette expertise.

Ce document a été vérifié et approuvé par :

Vérificateur : Date : 07/03/2017

Nom : B. Colas Fonction : Resp. scientifique de Programme

Approbateur : Date : 08/03/2017

Nom : K. Samyn Fonction : Directeur Régional Délégué

Mots-clés : expertise, appuis aux administrations, mouvement de terrain – chute de bloc, falaise, granite, migmatite, , Alsace, Haut-Rhin, Kaysersberg

En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante :

Grabenstaetter L. (2017) – Chute de blocs au droit de la RD 415 sur le territoire de la commune de Kaysersberg Vignoble – Février 2017. Rapport d’expertise. Rapport BRGM/RP-66724-FR. 25 p., 20 ill., 2 ann.

© BRGM, 2017, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l’autorisation expresse du BRGM.

Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

Sommaire

1. Introduction ...... 5

2. Contexte général ...... 6

2.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE...... 6

2.2. CONTEXTE GEOLOGIQUE ET MORPHOLOGIQUE ...... 7

2.3. HISTORIQUE ...... 9

3. Constat ...... 9

3.1. SECTEUR 1 ...... 10 3.1.1 Zone de départ ...... 11 3.1.2 Zone de propagation ...... 12 3.1.3 Zone d’arrêt ...... 13

3.2. SECTEUR 2 ...... 13 3.2.1 Zone de départ ...... 13 3.2.2 Zone d’arrêt ...... 14

3.3. SECTEUR 3 ...... 14

3.4. SECTEUR 4 ...... 15

4. Diagnostic ...... 17

5. Risque résiduel ...... 18

5.1. SECTEUR 1 ...... 18

5.2. SECTEUR 2 ...... 18

5.3. SECTEUR 3 ...... 19

5.4. SECTEUR 4 ...... 19

6. Recommandations ...... 19

6.1. MISE EN PLACE DE RESTRICTION DE CIRCULATION ...... 19

6.2. PURGES ET ELAGAGE A REALISER ...... 20

6.3. ETUDES COMPLEMENTAIRES A REALISER ...... 21

7. Annexes ...... 23

BRGM/RP-66724-FR 3 Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

Liste des illustrations

Illustration 1 : Localisation générale de la zone concernée sur fond topographique (http://m.geoportail.fr/) .... 6

Illustration 2 : Localisation détaillée de la zone concernée par l’instabilité et orthophotographies (http://m.geoportail.fr/) ...... 6

Illustration 3 : Extrait de la carte géologique BRGM 1/50 000 harmonisée et localisation du site (entouré rouge)...... 7

Illustration 4 : Plans de fractures N340E observés à l’affleurement au sein des migmatites des Trois-Epis ... 8

Illustration 5 : Falaise formée par les migmatites des Trois-Epis et RD 415 implantée en pied de versant ..... 8

Illustration 6 : Liste des arrêtés de reconnaissance de catastrophe naturelle sur la commune de Kaysersberg ...... 9

Illustration 7 : Localisation des 4 secteurs susceptibles à l’aléa chute de blocs ...... 10

Illustration 8 : Photographie d’un bloc effondré observé dans le fossé longeant la RD 415 (côté falaise) ..... 10

Illustration 9 : Profil topographique du secteur 1 ...... 11

Illustration 10 : Photographie de la zone de départ des éléments éboulés en février 2017 ...... 11

Illustration 11 : Photographie de la zone de départ et de la zone de propagation (couloir d’éboulis) ...... 12

Illustration 12 : Photographie de la zone de départ sur le secteur 2 ...... 13

Illustration 13 : Photographie d’un bloc instable (secteur 3) en sommet de versant ...... 14

Illustration 14 : Photographie du sommet de versant (secteur 3) ...... 15

Illustration 15 : Localisation du secteur 4 ...... 16

Illustration 16 : Photographie de la zone de départ potentielle au droit du secteur 4 ...... 16

Illustration 17 : Données météorologiques de la station de Hohrod en février 2017 (© www.infoclimat.fr) .... 17

Illustration 18 : Schéma des ouvrages temporaires à mettre en place (échelle non respectée) ...... 20

Illustration 19 : Linéaire de chaussée devant faire l’objet d’une restriction de circulation (tirets bleus) ...... 20

Illustration 20 : Zones à purger au niveau de la zone de départ et du couloir d’éboulis du secteur 1 ...... 21

4 BRGM/RP-66724-FR Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

1. Introduction

Le Service Interministériel de Défense et Protection Civile du Haut-Rhin (SIDPC 68) a sollicité le 27/02/2017 le BRGM Grand Est pour réaliser un diagnostic de risques suite à la chute de blocs, constatée au mois de février 2017 par l’Office Nationale des Forêts (ONF) et la Direction Départementale des Territoires du Haut-Rhin (DDT 68), sur le territoire de la commune de Kaysersberg Vignoble. Les objectifs de la mission sont les suivants : - Identifier si possible la cause de l’instabilité constatée ; - Evaluer le niveau de risques résiduels ; - Si nécessaire, établir des recommandations en matière de sécurisation et/ou d’études complémentaires.

Ce diagnostic a été établi par un intervenant du BRGM Grand Est – Délégation de Strasbourg. Il s’appuie sur des observations visuelles effectuées lors d’une visite du site réalisée le 28 février 2017, en présence notamment de représentants de la commune (élu et services techniques) ainsi que de l’ONF. En complément, une analyse des informations disponibles relatives au contexte général est menée au travers de la consultation des bases de données accessibles.

Un débriefing de l’expertise a été réalisé à l’issue de la visite. Des mesures de sécurisations ont par ailleurs fait l’objet d’un message électronique transmis au SIDPC 68 le 1er mars 2017 (cf. annexe).

L’expertise s’inscrit dans le cadre des missions d’Appui aux Administrations menées par le BRGM au titre de l’année 2017.

Ce rapport d’expertise ne constitue pas une étude géotechnique de détail mais pointe les éléments pouvant porter atteinte à la sécurité des personnes en particulier et des biens au droit du site expertisé. Il vise également à apporter les premières recommandations en matière de sécurisation, sur la base du diagnostic établi, recommandations qui ont pour partie au moins vocation à être complétées/précisées dans le cadre d’études complémentaires spécifiques.

BRGM/RP-66724-FR 5 Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

2. Contexte général

2.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE

La chute d’éléments rocheux s’est produite sur la commune de Kaysersberg Vignoble le long de la route Départementale 415 au niveau des parcelles 72 et 73 de la section 0B (Illustration 1 et Illustration 2).

Illustration 1 : Localisation générale de la zone concernée sur fond topographique (http://m.geoportail.fr/)

Illustration 2 : Localisation détaillée de la zone concernée par l’instabilité et orthophotographies (http://m.geoportail.fr/)

6 BRGM/RP-66724-FR Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

2.2. CONTEXTE GEOLOGIQUE ET MORPHOLOGIQUE

D’après la carte géologique au 1/50 000 du BRGM (Illustration 3), les formations géologiques affleurantes au droit du secteur étudié correspondent à des formations cristallines de type migmatitiques et granitiques.

Illustration 3 : Extrait de la carte géologique BRGM 1/50 000 harmonisée et localisation du site (entouré rouge)

Les éléments rocheux mobilisés lors des chutes de blocs observés sur ce secteur de la RD 415 correspondent aux migmatites des Trois Epis et granites à phénocristaux de . Ces roches sont compétentes et les affleurements observés présentent une fracturation importante selon une direction comprise entre N320E et N340E (parallèle au plan de falaise). Plusieurs plans de fracture ont été observés à intervalles réguliers (entre 30 et 70 cm - Illustration 4).

Du point de vue morphologique, les falaises formées par le granite migmatitiques des Trois-Epis atteignent des hauteurs de 10 à 25 m en profil quasi vertical. Des pentes importantes (entre 35° et 60° selon les secteurs) sont situées directement en pied de falaise. Au droit du secteur objet de l’expertise, la route département est implantée directement en pied de versant (Illustration 5).

Du point de vue hydrogéologique les terrains granitiques et migmatitiques renferment localement des nappes peu puissantes qui ont pu se constituer à la faveur de zones de broyages ou d’arénisation. L’importance et la pérennité des émergences sont liées à la nature de la roche et à son degré d’altération. Les débits sont en général inférieurs au litre / seconde.

BRGM/RP-66724-FR 7 Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

Illustration 4 : Plans de fractures N340E observés à l’affleurement au sein des migmatites des Trois-Epis

Illustration 5 : Falaise formée par les migmatites des Trois-Epis et RD 415 implantée en pied de versant

8 BRGM/RP-66724-FR Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

2.3. HISTORIQUE

La base de données nationale sur les mouvements de terrains (www.georisques.gouv.fr), gérée par le BRGM, mentionne des évènements similaires sur les communes limitrophes. o MVT 66800150 : Quelques chutes de blocs au sein de roches granitiques altérées sur la commune de Kientzheim ; o MVT 66800231 : Eboulement recensé sur la route Départementale 11 à proximité du golf d’. Ces deux évènements n’ont engendré ni victimes, ni dégâts.

La base de données nationale sur les cavités souterraines (www.georisques.gouv.fr) identifie la présence d’un ouvrage militaire au pied de la falaise concernée par les chutes de blocs sans que les deux phénomènes ne puissent être mis en relation.

La commune a fait l’objet, à ce jour, d’arrêté de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle pour des phénomènes de mouvement de terrain lors de la tempête de 1999 (source http://macommune.prim.net) (Illustration 6).

Illustration 6 : Liste des arrêtés de reconnaissance de catastrophe naturelle sur la commune de Kaysersberg

La commune ne fait pas l’objet d’un zonage relatif au mouvement de terrain.

3. Constat

Lors de la visite de terrain du 28 février 2017, 4 secteurs susceptibles de présenter un phénomène de chute de bloc ou de pierres ont été recensés par le BRGM. Trois de ces quatre secteurs ont pu faire l’objet d’observations détaillées. Le dernier secteur n’a pu être observé qu’à distance car aucun accès sécurisé n’est possible.

L’Illustration 7 localise les 4 secteurs.

BRGM/RP-66724-FR 9 Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

Illustration 7 : Localisation des 4 secteurs susceptibles à l’aléa chute de blocs

3.1. SECTEUR 1

Le secteur 1 correspond au secteur impacté en février 2017 par la chute d’élément rocheux. Au cours d’une inspection, l’ONF et la DDT 68 ont observé la présence d’élément rocheux de taille non négligeable en chaussée et dans le fossé d’évacuation des eaux pluviales attenant. D’après les témoignages et les observations réalisées sur place, la taille des blocs effondrés ne semblent pas excéder les 0,2 m3 (Illustration 8).

Illustration 8 : Photographie d’un bloc effondré observé dans le fossé longeant la RD 415 (côté falaise)

D’après les témoignages recueillis sur place auprès des agents ONF présents, il arrive de manière régulière que des blocs rocheux d’un volume inférieur à celui observé en Illustration 8 arrivent en chaussée.

10 BRGM/RP-66724-FR Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

L’Illustration 9 présente le profil topographique de ce secteur.

Illustration 9 : Profil topographique du secteur 1

3.1.1 Zone de départ

La zone de départ des blocs effondrés a été observée lors de la visite de terrain du 28 février 2017. La cicatrice de rupture est nettement visible en amont de la RD 415, en tête d’une falaise rocheuse à une côte NGF supérieure d’environ 20 m à la côte NGF de la route départementale 415 (Illustration 10).

Illustration 10 : Photographie de la zone de départ des éléments éboulés en février 2017

BRGM/RP-66724-FR 11 Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

La zone de départ présente une fissuration importante ayant deux origines principales : - Une fissuration locale orientée N320E / N340E qui se répète à intervalles réguliers de 30 à 70 cm (Illustration 4) sans doute liée à des contraintes tectoniques locales ; - Une fissuration plus diffuse liée à l’enracinement des végétaux présents en falaise et sur le versant.

3.1.2 Zone de propagation

Les éléments rocheux se sont propagés le long d’un couloir d’éboulis qui circule entre la tête et le pied du parement. La pente est très importante (supérieur à 60°) et présente une végétation peu importante composée principalement de bouquets de jeunes arbres susceptibles de stopper ou limiter la course d’éléments rocheux dont l’énergie est peu importante. Des éléments rocheux de grandes tailles (développant une énergie importante) ne seraient pas stoppés par le couvert végétal. De manière générale, les éléments rocheux isolés observés dans le versant présentent un volume de très faible importance. Le couloir d’éboulis forme également un thalweg au sein duquel les eaux de pluie s’écoulent (Illustration 11).

Illustration 11 : Photographie de la zone de départ et de la zone de propagation (couloir d’éboulis)

12 BRGM/RP-66724-FR Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

3.1.3 Zone d’arrêt

Le pied de versant est caractérisé par une absence de replat topographique. En pied de versant se situe un fossé de récupération des eaux pluviales (non dimensionné pour stopper la course d’éléments rocheux). La route départementale 415 est attenante à ce fossé. Des éléments rocheux ont été piégés dans ce fossé, d’après les témoignages recueillis lors de la visite de terrain, certains éléments rocheux atteignent la route de manière régulière.

Les volumes unitaires des blocs effondrés ne dépassent pas les 0,2 m3.

3.2. SECTEUR 2

Le second secteur est situé à l’Est de la zone impactée par des chutes de blocs en février 2017. Le profil topographique de ce secteur est différent. La pente du versant est moins prononcée (de l’ordre de 30°). Cette pente moins prononcée permet la mise en place d’une formation superficielle issue de l’altération des roches cristallines formant le substratum. En pied de versant, un replat topographique plus marqué qu’au droit du secteur 1 est observé et sert de zone d’arrêt pour les blocs effondrés.

3.2.1 Zone de départ

La zone de départ correspond à un massif rocheux isolé dans la pente (Illustration 12). Le massif rocheux présente une fracturation importante. A l’inverse du secteur 1, aucun axe de fracturation préférentiel n’est observé. Les directions des fractures semblent plus hétérogènes et directement liées à la présence de systèmes racinaires très développés.

Illustration 12 : Photographie de la zone de départ sur le secteur 2

La propagation des éléments rocheux se fait selon la ligne de plus grande pente. Des blocs rocheux de volumes hétérogènes sont observés à intervalles réguliers dans la pente depuis la zone de départ jusqu’à la zone d’arrêt.

BRGM/RP-66724-FR 13 Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

3.2.2 Zone d’arrêt

La zone d’arrêt du secteur 2 se situe au droit d’un replat topographique en pied de versant au niveau de la RD 415. Les terrains présents au droit de la zone d’arrêt sont constitués de formations superficielles issues de l’altération du substratum. Ces formations peu compactes amortissement l’énergie des blocs.

Les blocs présents au sein de la zone d’arrêt sont recouverts de mousses et lichen, ce qui laisse à penser que cette zone est peu active.

Au droit de la zone d’arrêt, une piste forestière va être mise en place prochainement pour permettre l’exploitation des parcelles forestières sur ce secteur.

3.3. SECTEUR 3

Le secteur 3 concerne un bloc instable (Illustration 13) situé en sommet de versant (Illustration 14).

Illustration 13 : Photographie d’un bloc instable (secteur 3) en sommet de versant

14 BRGM/RP-66724-FR Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

Le bloc identifié comme présentant un risque important d’éboulement est désolidarisé du bloc sous-jacent et supporte la charge d’une souche morte. Le volume de ce bloc est supérieur à 1 m3 et sa trajectoire en cas d’éboulement est délicate à définir dans l’état des connaissances actuelles.

Illustration 14 : Photographie du sommet de versant (secteur 3)

3.4. SECTEUR 4

Le secteur 4 se situe en partie sommitale de l’éperon rocheux surplombant la RD 415 (Illustration 15). Ce secteur n’a pas fait l’objet d’observations détaillées pour des raisons de dangerosité et de difficulté d’accès. Seule une observation depuis le pied de falaise a été réalisée. En cas de détachement depuis ce secteur, l’atteinte à la route est, compte tenu de la morphologie du versant et de la nature des terrains, quasi certaine.

L’observation depuis le pied de la falaise a permis de mettre en évidence des zones de départ (éléments rocheux éboulés précédemment) et de blocs susceptibles d’être désolidarisés du versant (Illustration 16).

BRGM/RP-66724-FR 15 Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

Illustration 15 : Localisation du secteur 4

Illustration 16 : Photographie de la zone de départ potentielle au droit du secteur 4

16 BRGM/RP-66724-FR Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

4. Diagnostic

Le secteur 1 a été, au mois de février 2017, le siège de chute de blocs. Les observations réalisées sur le pan de falaise lors de la visite de terrain ont permis d’identifier l’existence de facteur de prédisposition à la chute de blocs, ainsi que d’identifier la présence de facteurs aggravants. Le facteur de déclenchement probable a été identifié en consultant les bases des données météorologiques (Illustration 17).

Lors de la visite de terrain du 28 février 2017, une fracturation importante a été observée sur l’éperon rocheux siège des chutes de blocs. La fracturation, orientée N320E / N340E découpe l’affleurement de manière parallèle au pan de falaise, ce qui constitue le facteur de prédisposition du phénomène. La fracturation se répète à intervalle régulier, ce qui laisse à penser que le phénomène n’est pas stabilisé.

La visite de terrain du 28 février 2017 a également permis d‘observer la densité de l’implantation végétale sur l’éperon rocheux. De nombreux arbustes se développent à proximité de la zone de départ et l’implantation du système racinaire dans les fissures tectoniques contribuent à leur élargissement, ce qui augmente les probabilités de voir un bloc se désolidariser de la falaise. La présence des racines est un facteur aggravant.

Classiquement, les facteurs de déclenchement de chute de bloc dans un contexte similaire sont liés aux évènements météorologiques. Des précipitations importantes peuvent entraîner une augmentation de la pression hydraulique par infiltration des eaux météoritiques au sein des fissures ouvertes. Les cycles de gel/dégel entrainent également une augmentation cyclique de la pression au sein des zones fracturés par augmentation de volume de l’eau piégée dans les fractures. Cette variation de pression est d’autant plus importante si les cycles de gel/dégel sont précédés ou accompagnés de précipitations.

Les données de la station météorologiques d’Hohrod, située à 14 Km de Kaysersberg dans une vallée parallèle à une altitude quasi-similaire ont été consultées (Illustration 17). La station météo d’Hohrod est située sur le versant Nord de la vallée de Munster (versant ensoleillé en hiver). La zone d’étude est située sur le versant Sud de la vallée de Kaysersberg (non ensoleillé en hiver), les températures ont probablement été plus froides sur la zone d’étude qu’au droit de la station météo consultée.

Illustration 17 : Données météorologiques de la station de Hohrod en février 2017 (© www.infoclimat.fr)

BRGM/RP-66724-FR 17 Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

Les données météorologiques de la station d’Hohrod montrent que plusieurs cycles de gel/dégel ont eu lieu au mois de février 2017, notamment entre le 9 et le 15 février. Les précipitations enregistrées les 4 et 5 février ont pu entrainer une infiltration d’eau météoritique au sein des fractures du versant rocheux. Les cycles de gel/dégel qui ont suivi ont vraisemblablement contribué à l’ouverture des fissures et à la chute d’éléments rocheux. Les fortes précipitations des 27 et 28 février ne sont pas prises en compte puisque postérieures à la chute des blocs.

Les mêmes facteurs de prédispositions, aggravant et de déclenchement peuvent avoir ou pourront entraîner des conséquences similaires sur les secteurs 2 et 4.

5. Risque résiduel

5.1. SECTEUR 1

Les observations réalisées au droit du secteur 1 montrent que la zone de départ ne semble pas stabilisée et que des départs de blocs dans un futur proche (jours ou semaines à venir) ne peuvent être exclus. La pente importante en pied de falaise, l’absence de zone de replat entre la pente et la route et le fossé non dimensionné pour stopper des éléments rocheux font que la probabilité de voir un bloc atteindre les voies de circulation de la route départementale 415 est importante.

A titre indicatif, pour des configurations de ce type, le retour d’expérience de chutes de blocs montre que les éléments rocheux seraient susceptibles d’atteindre, de façon très probable, les 2 bandes de circulation.

L’axe de circulation situé en pied de falaise est très fréquenté (10.000 véhicules / jour d’après la mairie de Kaysersberg).

Les usagers de la RD415 sont donc directement exposés au risque de chute de blocs en cas de nouvelle rupture au niveau de la cicatrice d’arrachement.

5.2. SECTEUR 2

Contrairement aux observations réalisées au droit du secteur 1, la zone de départ identifiée au droit du secteur 2 ne semble pas être très active. De même, les blocs ayant atteint la zone d’arrivée sont recouverts de mousse et de lichen, ce qui laisse penser que leur arrivée est ancienne.

Le profil topographique présente des pentes moins importantes qui sont également recouvertes par une formation superficielle formée d’altérites (sables et gravier). La présence de cette formation superficielle réduit le risque de rebond et amortit l’énergie des blocs susceptibles de dévaler la pente. Le replat topographique en pied de versant est plus marqué (largueur de plusieurs mètres) et permet a priori de capter les blocs avant qu’ils n’atteignent la RD 415.

Dans l’état actuel, le risque est faible sur le secteur 2.

Attention, la mise en place d’une piste forestière, prévue au droit de la zone d’arrêt, pourra entrainer la suppression de la zone d’arrêt actuelle et favoriser l’apparition de phénomène de « rebond » pouvant aboutir à déplacer la zone d’arrivée au droit de la RD415.

De plus, une attention toute particulière devra être apportée, préalablement au commencement des travaux, à la stabilité des formations superficielles susceptibles d’être le siège de phénomènes

18 BRGM/RP-66724-FR Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017 de glissement de terrain lors des travaux de terrassement nécessaires à la mise en place de la piste.

5.3. SECTEUR 3

Le bloc instable identifié au droit du secteur 3 présente une stabilité très précaire. La trajectoire qu’emprunterait le bloc dans le cas de figure d’un éboulement n’a pas pu être évaluée lors de la visite de terrain du fait d’une végétation développée en aval du bloc. La masse instable étant située à une altitude supérieure à la RD 415, et du volume conséquent de la masse identifiée, il ne peut être exclu que ce bloc atteigne, en cas d’éboulement, la route départementale.

Le risque que représente ce bloc pour les usagers de la RD 415 est donc élevé.

5.4. SECTEUR 4

En l’absence d’observations détaillées sur le secteur 4, le risque résiduel est impossible à appréhender. Cependant le volume important des masses rocheuses, la fracturation apparente observée depuis la RD415 et la hauteur à laquelle elles sont situées rends sous-entend qu’un bloc qui se décrocherait de la falaise atteindrait les voies de circulation avec une énergie très importante sans signe avant-coureur. A cet égard, et vis-à-vis de ce type de phénomène, les usagers de la RD145 sont particulièrement exposés au risque de chute de blocs en cas de rupture dans ce secteur.

6. Recommandations

Suite aux observations réalisées lors de la visite de terrain du 28 février 2017 et aux informations obtenues durant la rédaction du présent rapport, le BRGM recommande, dans l’état des connaissances actuelles, la mise en place des actions suivantes :

6.1. MISE EN PLACE DE RESTRICTION DE CIRCULATION

Compte tenu du risque élevé d’arrivée d’éléments rocheux sur les voies de circulation de la RD 415, au droit du secteur 1, le BRGM recommande : - La fermeture immédiate de la bande de circulation située côté falaise avec la mise en place d’une circulation alternée et positionnement d’une rangée de blocs béton pour « protéger » la voie de circulation restant ouverte. La mise en place des blocs de béton permettra de stopper la course des éléments rocheux. En ce sens, le BRGM recommande de placer sur la chaussée, en arrière des blocs bétons un tablier de matériaux meubles (sables et/ou gravier) qui permettront de limiter l’effet « rebond » que pourraient subir des éléments rocheux de volumes importants (Illustration 18).

BRGM/RP-66724-FR 19 Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

Illustration 18 : Schéma des ouvrages temporaires à mettre en place (échelle non respectée)

Ces restrictions de circulation seront à mettre en place sur un linéaire compris entre le parking situé à l’Est de la chaussée sur une longueur d’environ 40 mètres comme indiqué sur l’Illustration 19.

Illustration 19 : Linéaire de chaussée devant faire l’objet d’une restriction de circulation (tirets bleus)

6.2. PURGES ET ELAGAGE A REALISER

Dans l’état des connaissances actuelles, 2 secteurs nécessitent la réalisation de purges : - Secteur 1 : Le secteur doit faire l’objet d’une purge, par une entreprise qualifiée, au niveau de la zone de départ. La cicatrice d’arrachement et le couloir d’éboulis existant dans la partie supérieure doivent faire l’objet d’une purge (Illustration 20). Cette opération de purge est un prérequis à la réouverture des 2 bandes de circulation de la chaussée de la RD 415.

20 BRGM/RP-66724-FR Chute de bloc sur la RD 415 à Kaysersberg – Février 2017

- Secteur 3 : Le bloc instable identifié au sein du secteur 3 est à évacuer dès que possible. Compte tenu des difficultés d’accès au site, la méthode la plus efficace devra être proposée par l’entreprise en charge de la purge (micro-minage, purge contrôlée …). Les opérations de purge, sur les 2 secteurs, devront être réalisées impérativement sous fermeture totale de la circulation sur la RD 415. Dans l’état des connaissances actuelles, il est impossible de s’exprimer sur la nécessité de réaliser des travaux de purge au droit du secteur 4. A l’heure actuelle, le secteur 2 ne nécessite pas de travaux de purge. Le système racinaire des arbres et arbustes implantés sur la falaise joue un rôle de facteur aggravant dans le cadre de l’ouverture des fissures au cours de la croissance des végétaux. Cependant, les racines permettent également de retenir certains blocs. Un maintien de la végétation à sa taille actuelle via une opération d’élagage est à prévoir sur le secteur 1. De cette manière, la taille des racines ne devrait plus augmenter ni contribuer à l’ouverture des fissures tout en conservant la présence des plantes qui participent localement à la stabilisation de la falaise.

Illustration 20 : Zones à purger au niveau de la zone de départ et du couloir d’éboulis du secteur 1

6.3. ETUDES COMPLEMENTAIRES A REALISER

L’expertise réalisée en date du 28 février 2017, suite à la déclaration de chute de rocher au droit du secteur 1, le long de la RD 415 n’a pas permis d’établir un diagnostic de stabilité sur l’ensemble du pan de falaise. Certains secteurs (secteur 4) n’ont pas pu faire l’objet d’observation détaillée pour impossibilité d’accès dans des conditions de sécurité acceptables. Suite aux observations réalisées le 28 février 2017, le BRGM recommande : - La réalisation d’une étude, a minima, sur l’intégralité de l’éperon rocheux objet de ce rapport. Cette étude devra notamment caractériser les zones de susceptibilité les plus importantes et proposer des méthodes de gestion de l’aléa ; - Le cas de figure constaté dans ce rapport se répète à plusieurs reprises sur la RD 415 (route implantée directement en pied de falaise sous des éperons rocheux plus ou moins fissurés). Une étude de susceptibilité pourrait être menée sur les différents

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tronçons de cet axe routier très fréquenté afin de localiser les zones de susceptibilité les plus importantes et hiérarchiser les secteurs devant faire l’objet de travaux de purge et/ou sécurisation. La réalisation de la piste forestière au droit du secteur 2 devrait être précédée de la réalisation d’une étude géotechnique de type G2 AVP ou G2 PRO selon la norme NF P 94-500 afin de qualifier le risque de survenance de glissement de terrain au sein des formations superficielles. Un glissement de terrain au droit des formations superficielles pourrait déstabiliser les masses rocheuses superficielles en amont.

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7. Annexes

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