Insteius Ianuarius: Un Gentilice À Éliminer De L'épigraphie De
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Michel Christol, Varia epigraphica… Sylloge Epigraphica Barcinonensis (SEBarc) xvi, 2018, pp. 205-212 issn 2013-4118 data de recepció 16.4.2018 data d’acceptació 28.5.2018 Varia epigraphica. I - Minsilius Ianuarius = M(arcus) Insteius Ianuarius: un gentilice à éliminer de l’épigraphie de la province d’Afrique, une répartition de noms à examiner Varia epigraphica. I – Minsilius Ianuarius = M(arcus) Insteius Ianuarius: a gentile name to rule out the epigraphy of Africa, a distribution of names to examine Michel Christol* Résumé: CIL VIII, 732 a été repris, sans qu’on y prête attention, à CIL VIII, 23788, mais selon une copie de mauvaise qualité. Il faut donc éliminer le gentilice Minsilius. L’examen de la répartition du gentilice Insteius met en évidence la basse vallée de l’oued Milliane, autour d’Uthina, et la zone vers laquelle cette rivière conduit au-delà de la fossa regia. Abstract: CIL VIII, 732 was repeated, without taking notice of, at CIL VIII, 23788, but ac- cording to a copy of poor value. So the gentile name Minsilius is to rule out. A study of the distribution of the gentile name Insteius highlights the lower valley of Milliane river, around Uthina, and the area towards which this leads beyond the fossa regia. Mots clés: Aggar/Agger, Mactar, Minsilius, Insteius, oued Milliane, pagus Thuscae, réparti- tion des gentilices, Thusca Keywords: Aggar/Agger, distribution of names, Mactar, Minsilius, Insteius, oued Milliane, pagus Thuscae, Thusca * Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. SEBarc xvi, 2018, pp. 205-212 205 Michel Christol, Varia epigraphica… Le gentilice Minsilius a été enregistré dans le répertoire classique de H. Solin et O. Salomies1. Toutefois une seule référence vient signaler son existence: CIL VIII, 23788. Et depuis la date de la publication de la 2e édition de ce très utile ouvrage, on n’a pas signalé de correction venant modifier la lecture de cet hapax ou en contester l’existence2. L’information dérive de l’ultime index du CIL VIII, qui à partir de 1942 vint reprendre et compléter3 la version initiale qui se trouvait à la fin des deux premiers volumes dus à la science de G. Willmans4. Vu la date de cette publication qui reprenait l’ensemble de la documentation, ce nom de famille ne pouvait pas trouver place dans un autre ouvrage classique, celui de W. Schulze, paru en 1905. Pourtant il convient de l’éliminer de la liste des nomina gentilia ou gentilices. Ce n’est pas l’ouvrage le plus récent qui apporte l’information la meilleure, et ce n’est pas l’édition la plus récente qui apporte le texte le mieux établi. L’inscription dans laquelle ce nom de famille apparaîtrait fut mise au jour en un lieu que l’on peut appeler Agger ou Aggar — car tel est le nom qui fut connu par la suite5 — et qui se trouve dans la région de Mactar, au-delà de la fossa regia. Elle a été publiée par le commandant Toussaint6, à l’issue d’une mission des brigades topo- graphiques réalisée en 18987. Cette année-là l’unité qu’il dirigeait avait parcouru une région comprenant «le vaste cirque formant le bassin supérieur de l’Oued-Siliana, une partie de la plaine du Sers et le cours supérieur de quelques affluents de l’Oued-Neb- hana sur le revers oriental des massifs du Djebel-Serdj et du Djebel-Bargou». Après une description des voies de communication, son rapport livrait des informations sur les sites observés, dont Mactar, Uzappa, etc. Un peu plus à l’est, dans la région 1. H. Solin, O. Salomies, Repertorium nominum gentilium et cognominum Latinorum2, Hildesheim Zürich, New York, 1994 (1ère éd. 1988), p. 120 et p. 239 (première édition 1988, p. 120 et p. 239 éga- lement). 2. Le texte et le gentilice ne sont pas référencés dans le livre, tout aussi classique, de J.-M. Lassère sur la population des provinces d’Afrique: J.-M. Lassère, Ubique Populus. Peuplement et mouvements de population dans l’Afrique romaine, de la chute de Carthage à la fin de la dynastie des Sévères (146 a.C. - 235 p.C.), Paris, 1977. 3. CIL VIII, Supplément V, 1, Berlin 1942, p. 48. 4. CIL VIII, 2ème partie, Berlin 1881, pp. 987-1142 (p. 1008). 5. L. Ladjimi-Sebaï, «Un site de la Tunisie centrale: Aggar ?», dans A. Mastino (a cura di), L’Africa romana. Atti del IV convegno di studio (Sassari, 12-14 dicembre 1986), II, Sassari 1987, pp. 415-417, qui montre que l’identification avec le municipium Avula, postulée par Willmans (CIL VIII, 1ère partie, p. 89), n’est plus possible. 6. C. Toussaint, «Rapport archéologique sur la région de Makhtar», dans BCTH 1899, p. 225. 7. Les résultats ont été répartis entre Toussaint, «Rapport archéologique…», cit., pp. 186-235 (dont peu d’inscriptions ont été reprises dans l’Année épigraphique) et R. Cagnat, [communication sur «Quelques inscriptions trouvées récemment par le capitaine Toussaint, chef des brigades topographiques de Tunisie… transmises par M. Gauckler»], dans BSNAF 1898, pp. 266-270 (avec tout aussi peu d’échos dans l’Année épigraphique). Les inscriptions se trouvent dans le supplément IV du CIL VIII, publié en 1916 par H. Dessau. 206 SEBarc xvi, 2018, pp. 205-212 Michel Christol, Varia epigraphica… qu’il convient de considérer plus précisément, le site important correspondant à Sidi-Amara ou Ksar-Khima était un lieu à considérer. Il était remarquablement situé sur le réseau routier provincial. Le cœur de la cité pourrait se trouver au lieu-dit Henchir Sidi-Amara, parfois dénommé aussi Henchir el-Khima ou Ksar Khima8. Quant à l’inscription, nous n’en avons qu’une notice succincte, sans description du support. C’est pourquoi le texte a été reproduit tout aussi simplement dans CIL VIII, 23788. On peut envisager que le support avait été compartimenté en deux champs épigraphiques disposés à la verticale, dont un seul, à droite, aurait été gravé. A la notation du commandant Toussaint («rien») correspond «vacat» dans CIL VIII, 23788. Toutefois il avait échappé qu’on peut retrouver une trace de l’inscription dans les premiers volumes du recueil sous le n° 732. Willmans, en effet, situe à Hr el-Chima un autel qu’il avait revu lui-même, tout en signalant qu’il avait été aussi vu par Ximenez. Sa description signale également que le support comportait deux champs épigraphiques dont un seulement, se trouvant à droite, avait été gravé. Pour la par- tie gauche, le savant écrivait: «laterculus vacuus vel evanidus». Il suffit de disposer côte à côte les deux éditions pour relever qu’il s’agit du même texte. C’est ce qui a été souligné par L. Ladjimi-Sebaï qui, avant même que nous en fassions le constat, avait établi l’identification des deux inscriptions: 23778 = 732 dans l’étude que l’on a citée précédemment. L’observation se trouve dans le riche index épigraphique qui complète son article9. Mais comme celui-ci n’avait point fait l’objet d’une recension critique, la correction ne pouvait pas fructifier: L’Année épigraphique 1987, 1027 apporte une notice très succincte et une information très superficielle sur l’index qui fut alors composé: on s’était contenté d’indiquer que les observations sur le site de Henchir Sidi-Amara étaient accompagnées d’«un index des noms déjà connus», ce qui n’était pas, dans le cas présent, tout à fait exact, car on n’avait pas tenté de rechercher s’il y avait de réels progrès dans la connaissance des textes. A la suite de l’indication fournie par L. Ladjimi-Sebaï, il est nécessaire de disposer côte à côte les deux éditions (732 et 23778) et de les comparer (fig.1-2). La lecture du gentilice Minsilius, qui crée un hapax, doit être revue10. On préfé- rera une autre lecture, celle du prénom M(arcus) suivi du gentilice Insteius, car ce dernier est déjà connu dans la province d’Afrique, comme on le verra ci-dessous. La transcription en capitales montre bien qu’il était possible de faire de la séquence de lettres M INSTEIVS le gentilice MINSILIVS, à partir d’une mauvaise lecture des lettres T et E au cœur du mot, et de la négligence du point séparatif entre praenomen et nomen. Ainsi à la ligne 2 la dénomination devient dès lors plus acceptable que celle comportant l’énigmatique MINSILIVS. Le personnage s’appelait M(arcus) Insteius 8. C’est la dénomination que l’on trouve chez Toussaint. Il y situait 16 inscriptions. 9. Ladjimi-Sebaï, «Un site de la Tunisie centrale…», cit., pp. 424-430. 10. La lecture donnée par CIL VIII, 23788 est donc passée dans les banques de données. Elle se trouve ainsi reproduite dans la banque Clauss-Slaby (interrogation du 7/4/2018). SEBarc xvi, 2018, pp. 205-212 207 Michel Christol, Varia epigraphica… Fig. 1. Reproduction de CIL VIII, 732 Fig. 2. Reproduction de CIL VIII, 23778 208 SEBarc xvi, 2018, pp. 205-212 Michel Christol, Varia epigraphica… Ianuarius, dénomination un peu plus complète que celle qui avait été envisagée par L. Ladjimi-Sebaï, qui dénommait le personnage Insteius Ianuarius, en omettant le praenomen Marcus. C’est d’ailleurs cette observation qui permettrait de ne pas s’avancer dans le IIIe siècle pour dater l’inscription. En conséquence, on peut considérer que la lecture de Willmans, qui avait vu lui- même l’inscription, est supérieure, quand il y a discordance, comme à la ligne 5 ou bien à la ligne 2 pour la lecture du gentilice du défunt: D(is) M(anibus) s(acrum) / M(arcus) Insteius / Ianuarius / p(ius) v(ixit) a(nnis) LXX m(ensibus) / VII h(ic) s(itus) e(st).