Cah. ORSTOM, sér. Biol., no 8 - juin 1969.

ESQUISSE Du MILIEU ET DE LA VWETATION DU PLATEAU DE L'HOROMBE

’ 1 PAR

’ 1 P. MORAT*

GfiNÉRALITl%

Le plateau de l’IIorombe, d’une superficie d’environ 3 500 km8 est géographiquement parlant situé dans la partie sud de (22030’ de latitude sud). Ce plateau sis à une altitude moyenne de 950 à 1 000 mètres, voit celle-ci décroftre légèrement du nord au sud et d’est en ouest donnant à l’ensemble une légère inclinaison dans le sens N.-E. - S.-O. Les limites, très nettes en ce qui concerne sa frontiére orientale et occidentale (la pénéplaine d’ à l’est et la dépression de précédant le massif de 1’Isalo à l’ouest) sont moins marquées en ce qui concerne les parties septentrionales et méri- dionales. Les alignements granitiques parallèles d’axe N.-S., d’altitude supérieure à 1 100 mètres (tel I’Ambohibola, 1 296 m) au nord de indiquent la limite nord tandis que le bassin de la rivière Mangoky (aflluent de l’onilahy) faisant passer l’altitude moyenne de 900 à 800 puis à 600 mètres peut être considéré comme limite méridionale extrême. Pour des raisons pratiques nous avons limité notre étude à la région comprise entre : - Au nord : la piste partant du P.K. 614 et rejoignant la route de Ihosy à Tuléar en passant par Satrokala. - Au sud : la rivière Ilanana, affluent du Mangoky restreignant ainsi la superficie étudiée à quelques 2 500 km2.

l Charge de Recherches, Centre ORSTOM de Tananarive.

ESQUISSE UU MILIEU ET UE LA VhGE:TATION DU PLATEAU Dl< L’HOHOMBE 5

Massif dr I’Isalo 1304 111. l 1

Riv. +Ils_ ml V

Nord -

Fig. 1. - Coupe nord-sud et est-ouest du plateau de 1’Horombe.

Cet ensemble est recouvert d’une végétation typiquement savanicole ; végétation d’une homogénéité apparente remarquable en regard de la superficie qui confère à cette entité une réelle originalité.

1. LE MILIEU

A. Gbomorphologie, hydrographie et sols :

Le plateau de Horombe est une ancienne surface mésotertiaire reprise sur le pourtour par l’érosion. La conservation de cette surface peut s’expliquer par l’absence de mouvements tectoniques ultérieurs qui auraient pu la basculer ou la gauchir comme cela s’est produit sur l’ensemble des Hauts Plateaux et les Tampoketsa du Moyen Ouest. Le substrat rocheux est un gneiss granitoïde relativement tendre mais le lit des cours d’eau qui traversent ce plateau (Ilanana, Sakavatony) est installé sur les aflleure- ments rocheux : Gué d’Ambatofotsy sur la Sambay, Gué d’ampandrabe sur la Sakava- tony, Gué d’andriandampy sur la Ilanana. En conséquence, la reprise de l’érosion postérieure à la formation de la surface n’a pu être que faible. Par ailleurs les nombreux filons de granite de grande dureté qui existent dans la partie septentrionale et orientale, s’opposent au creusement des rivières. D’un point de vue géomorphologique général nous avons distingué : 6 P. MORAT

l" - Une zone centrale comprise entre les rivières Sambay et Sakavatony (cf. carte en annexe), reste d’une ancienne cuvette qui est cuirassée ou concrétionnée. Les nom- breuses mares temporaires et permanentes fermées, sans drainage défini, témoignent en faveur de l’existence d’une ancienne dépression fermée. 2O - Des zones périphériques où la reprise de l’érosion bien que faible a empêché la formation d’une cuirasse. Ces divisions géomorphologiques sont importantes car à chaque zone correspond en général un type de sol ou un relief particulier qui sont les facteurs essentiels de la répartition de la végétation. Le drainage de l’ensemble, excepté sur la bordure extrême orientale, se fait dans le sens N.-S. puis E.-O., direction imposée par l’inclinaison du plateau vers le sud-ouest. Les rivières de quelque importance (Hazofotsy, Ilanana) traversent le plateau d’est en ouest et sont des af7luents de la rivière Mangoky (elle-même affluent de l’onilahy). Le climat de cette région étant relativement homogène les sols sont à l’origine de la différenciation des diverses formes de végétation ou des divers groupes écologiques rencontrés. Le plateau de 1’Horombe n’a encore fait jusqu’à ce jour l’objet d’aucune prospection pédologique systématique. Aussi, les informations que nous possédons à ce sujet sont dues à l’obligeance de M. F. BOURGEAT, pédologue au Centre ORSTOM de Tananarive i I qui a bien voulu consacrer une tournée à cette région et faire analyser les échantillons. Ces renseignements laissent entrevoir les grands types de sols suivants : l 1 - CLASSE DES SOLS HYDROMORPHES : Liés aux fluctuations de la nappe phréatique. l 1 Sol à horizon noir en surface à structure grumeleuse. Ils présentent des traînées gris bleuté à partir de la surface et un horizon de gley en profondeur. l 1 On les rencontre principalement dans la zone centrale en position topographique l ! basse en dessous du niveau de la cuirasse de bordure de plateau. i i On retrouve le caractère d’hydromorphie dans les sols situés dans la partie septen- trionale autour du village de Satrokala où la cuirasse semble faire défaut. l i l 1 Lim. gross. Sable fin Sable gr. HumiditB Argile % Limon % PH % % % % l 1

O-30 cm 594 25,5 ll,o 12,2 12,5 11,5 19

30-100 cm 594 14,l 377 8,7 29,2 40,2 2;6

>lOO cm 6,l 21,s 15,0 6,7 21,7 33,7 1,6

Bases &Changeables en meq/lOO g Si 0, C % N % C/N AW, Ca0 Mgo K,O Na,0

41,3 394 12,3 1,48 0,34 0,13 0,17

2,3 0,3 6,2 0,59 0,lO 0,03 0,34

1,70 0,36 0,03 0,07

Sol hydromorphe : piste d’Andriandampy 7 km aprea le radier d’Ambatofotsy. ESQUISSE DU MILIEU ET DE LA VÉGÉTATION DU PLATEAU DE L'HOROMBE 7

- CLASSE DES soLs FERRALLITIQUES (MOYENNEMENT DÉSATURÉS).

10 Les sols rouges ferrallitiques indurés:

Ils sont situés dans les parties hautes de la zone centrale. On observe la présence d’une cuirasse de bordure de plateau sur les versants des talwegs. Sur tout le plateau, à 1 m, 1,50 m de profondeur existent des concrétions ferru- gineuses. La structure des horizons supérieurs est continue, à faible tendance polyédrique. Les horizons supérieurs (en dessous de l’horizon humifère) sont compacts.

0- 10 cm 5,s 19,l Il,4 6,5 28,2 31,5 039 -_- _ lO- 30 cm 5,5 28,l 15,2 4,2 20,7 24,5 6,7

30-100cm 5,s 21,9 11,8 16,0 20,7 22,2 6,3

MatiAre Bases Bcbangeables en meq/lOO g Si 0, org. tot. C% N% C/N A1,0, % Ca0 Mg0 KO Na,0

0- 10 cm 20,l 11,8 098 14,2 1,42 0,33 0,12

lO- 30 cm 18,0 10,6 096 17,3 0,74 0,17 0,05 0,Ol 1,6

30-100 cm 0,98 0,04 0,02 0,04 136

II Prélhement : piste d’Andriandampy 7 km aprh le radier d’Ambatofotsy.

2O Les sols rouges ferrallitiques typiques: A rapport silice/alumine assez élevé (1,8) ils sont localisés sur l’ensemble des zones périphériques excepté sur les bas de pente et la bordure extrême orientale. Ils montrent un faible appauvrissement en argile dans les horizons supérieurs. La structure polyédrique apparaît à faible profondeur. Souvent on observe une (( stone- line )) de quartz et la partie supérieure est remaniée et compacte. Selon le type de végétation qu’ils portent on peut distinguer :

a) Les sols ferrallifiques typiques remaniés avec présence de Qstone-line D. Localisés principalement dans la partie orientale du plateau. Ils portent une savane herbeuse. Cette (

Lim. gros6 Sables Sables Humidite Argile % Limon % PH % fins % gross % % ,_

10-60 cm 525 13,2 2,8 6,7 40,o 34,0 2,4 5,6 20,9 1,9 4,7 21,7 45,7 391 _ 60-90 cm l ! 5,9 31,8 6,4 8,5 24,7 25,2 2,4 535 32,6 590 475 10,5 36,5 898 _ l t 90-150 cm 696 38,7 12,8 837 21,2 15,l 3,3 l 1 6,O 39,3 12,s 672 8,2 17,5 14,5 _ l ! 150-190 cm 695 27,5 13,0 10,2 22,7 22,0 296 6,3 27,5 15,0 7,O 10,7 34,7 336 _ -~ l 1 190-220 cm 697 24,5 16,4 10,5 25,5 21,5 290 673 25,0 15,l 9,5 11,7 35,l 390

I I Bases &Changeables en meq/lOO g SiO, l i C % - Ca0 1 Mg; KO Na,0 Al,0 I l 1 N% 1 “N ( l 1 10-60 cm 9,3 0,5 19,l 0,44 0,27 0,06 0,Ol 278 0,65 0,13 0,12 0,02 194 l 1 024 11,3 0,29 0,16 0,04 0,03 195 0,02 0,02 136

0,15 690 l,oo 0,88 0,03 0,43 176 0,30 0,12 0,02 0,06 116

50-190 cm 1,7 0,94 0,95 0,03 0,05 196 0,87 0,17 0,02 1,9 _ 90-220 cm 1,50 0,17 0,31 0,08 125 Sols ferrallitiques sous savane herbeuse Prelévements : 5 km au sud de la ferme de Kelivondraka. 6 km au nord (sur la piste de Satrokala) du carrefour situe à l’ouest d’.

Les deux chiffres dans chaque case indiquent les chiffres extrêmes obtenus à l’analyse pour l’ensemble des prklèvements.

Lim. gros6 Sables Sables Humidite Argile y0 Limon % I PH % fins % gross % %

O-6 cm I 529 32,s 6,3 710 23,5 23,7

6-35 cm I 62 42,7 692 13,7 17,5 9,5

35-75 cm I 7,2 37,6 8,5 15,7 14,2 19,5 370 75-100 cm 14,9 l 7,2 22,5 15,2 18,2 22,0 5,3 100-125 cm 30,9 18,O 12,l 15,5 14,2 l 793 125-200 cm I 7,5 I 42,2 20,6 9,7 12 9,O 4,8 ESQUISSE DU MILIEU ET DE LA VÉGÉTATION DU PLATEAU DE L’HOROMBE

Matière I I I Bases Echangeables en meq/lOO g SiO% erg. tot. c % N% Al@, % Ca0 Mg0 I ~~0 / Ne,0 i . .

O-6 cm 17,3 18 997 31,2 2,00 0,75 0,48 0,02 221 ~ .- 6-35 cm 8,9 098 695 222 2,95 081 0,53 0,oo 2,O

35-75 Cm/ 5,2 / 0,5 5,8 34,s 280 085 0,22 0,Ol 2,O

75-100 cm 3,23 1,08 0,30 0,05 2,O ~- 100-125 cm 3,26 1,64 0,18 0,04 291

125-200 cm/ le 3,65 3,12 0,18 0,07 221 Sols ferrallitiques sous savane arbustive B Poupartia caffra et Heteropogon contorfus (5 km nord d’Andrian- damw).

3O Les sols rouges ferrallitiques remaniés (colluvionnés). A structure peu marquée, assez argileux et à horizon humifère net. La teneur en matière organique peut atteindre 1,3 O/& L’existence de ce type de sol est liée au relief. On le trouve en position de piedmont ; il porte une végétation très dense à base principa- lement d’Hgparrhenia. Bien que les reliefs soient faibles sur 1’Horombe ils existent un peu partout.

z!!! Lim. gross Sables Sables Argile % Limon % 1 Humidité 11 PH % nns % gross % IL . . O-10 cm 598 20,3 4,2 93 35,7 27,0

10-40 cm 594 28,9 3,O 7,2 27,0 29,0 _ 40-90 cm 5,7 49,6 6,l 4,2 12,0 16,7

90-160 cm 699 31,3 46,4 7,2 6,5 4.7 _ 160-190 cm 731 48,8 16,5 8,2 11,o 11,5

Matiere Bases Echangeables en meq/lOO g Si Oz org. tot. C % N % C/N -41~0, % Ca0 Mgo K,O Na,0

O-10 cm 13,l 727 096 11,9 0,52 0,15 0,14 0,Ol 2

10-40 cm 7,3 413 Of4 11,2 0,31 0,36 0,03 0,02 178

40-90 cm 4,4 2,6 0,3 932 1,l 0,30 0,Ol 0,02 126

90-100 cm 1,7 1,O 0,3 376 3,s 0,64 0,04 0,51 199 _.~ 160-190 cm 299 0,40 0,04 0,05 Prélevements : 5 km au sud de Kelivondraka sur pente modéree, colluvionnement sur sol ancien. 10 P. MORAT

40 Les sols ferrallifiques appauvris 0 jaune sur rouge 9:

Ils sont localisés sur le rebord extrême oriental du plateau. La teneur en argile est faible dans les horizons supérieurs et des minéraux altérés apparaissent en profondeur. De nombreuses concrétions ferro-alumineuses y existent. Quand la roche mère (presque toujours du gneiss granitoïde sur 1’Horombe) est enrichie en quartz on observe alors des sols podzoliques.

Lim. gross Sables Sables Humidite Argile % Limon % PH % fins % gross y0 %

599 ll,o 3,4 475 17,0 59,2 221

5,7 18,3 495 6,5 15,o 51.7 4,3

599 46,s 11,3 7,5 S,5 22,2 2,3

537 28,O 18,5 10,5 11,7 27,0 490

Matiere Bases &Changeables en Meq/lOO g SiO, org. tot. C% N% C/N % Ca0 1 Mg0 1 K,O / Na,0 -GO,

O-35 cm 16,3 ‘46 03 11,3 0,92 0,03 0,16 0,Ol 1,3

35-50 cm 9,6 597 0,4 12,5 0,34 0,12 0,04 0,02 2,5 -~ 50-160 cm 0,71 0,14 0,03 0,03

> 160cm I 1,45 0,37 0,13 0,09 1,s II Prelèvement : Piste de Satrokala 0 km an nord de Kelivondraka, sur sommet, pente tres faible. II

CLASSE DES SOLS FERRUGINEUX TROPICAUX :

Ces sols montrent une migration du fer. En dessous de l’horizon humifère très marqué, on note un horizon jaune blanchi lessivé en fer. On remarque des traces d’hydro- morphie à partir de 150 cm. Ces sols sont aussi liés à la topographie. Ils sont situés en mi-pente en dessous de la cuirasse de bordure du plateau. La végétation qu’ils portent est la même que celle des sols rouges ferrallitiques indurés (savane herbeuse à Loudefia simpfez) mais avec une plus grande quantité d’Hete- ropogon confortus. ESQUISSE DU MILIEU ET DE LA VÉGÉTATION DU PLATEAU DE L’HOROMBE 11

Lim. gross Sables Sables Humidite Argile % Limon % PH % fins % gross % %

O-25 cm 5,6 18,6 3,5 3,O 877 59,2 4,2 575 16,l 2,5 6,O 24,2 46,5

25-60 cm 5,5 25,2 3,3 6,5 25,2 40,o 131 5,4

60-120 cm 5,9 25,5 691 5,7 ll,o 49,7 176 5,9 33,5 417 7 16,7 34,5 236

120-180 cm 6,l 38,O 596 497 11,5 37,0 2,3 5,6 33,0 933 635 19,5 28,5 4,2

180-220 cm 5,8 21,l I 2,5 I 430 19,4 53,2 I 179

f!? f!! s!! Matiere I Bases Echangeables en meq/lOO g I Si 0, org. tot. I C% N% ‘JN Al,0 t % Ca0 Mg0 KO Na,0 . ._

O-25 cm 23,9 14,l 69 14,7 1,39 0,18 0,17 0,Ol 212 29,l 16,9 03 18,8 0,90 0,88 0,ll 0,02 210 _ 25-60 cm 13,4 7,s 1,o 7,s 0,43 0,31 0,03 0,Ol 290 10,l 5,8 0,7 830 0,79 0,94 0,02 0,05 230

60-120 cm 7,4 474 W3 7,O 0,56 0,27 0,08 0,04 1,6 099 092 4,2 0,68 0,66 0,03 0,06 1,s _ 20-180 cm 0,7 094 03 2,2 1,18 0,18 0,03 0,04 290 0,81 0,35 0,lO 0,08 1,9

SO-220 cm 0,95 0,22 0,02 0,03

Prelevement : Piste d’Andriandampy 7 km au sud du radier d’Ambatofotsy, 5 km au sud de Kelivondraka ‘4

B. Le climat:

Les données climatolo iques concernant le plateau de 1’Horombe sont très pauvres. Une seule station : la fer 3 e de Kelivondraka appartenant à la Société d’élevage de la Rochefortaise possède un pluviomètre relevé régulièrement, encore n’est-il installé que depuis 1961. Les chiffres obtenus ne concernent donc que les cinq dernières années, délai insuffi- sant pour une valeur moyenne précise. Cette réserve étant faite, les indications données sont intéressantes, par leur ordre de grandeur, si nous les comparons à celles des stations météorologiques situées à proximité (Ihosy, Ranohira) ou à la limite du plateau (Retroka). Nous constatons : 10 - L’existence d’une saison sèche provoquant l’arrêt de la végétation (de mai à octobre) ; 12 P. MORAT

2O - que la moyenne annuelle des pluies tombant sur la partie orientale de l’Ho- rombe est trés sensiblement inférieure à celles tombant sur les autres stations, toutes situées à des altitudes inférieures (cf. tableau) ; 30 - que la répartition des pluies dans l’année est plus régulière sur 1’Horombe : la tranche d’eau tombant pendant la saison sèche (de mai à octobre) bien qu’insuffr- sante pour entretenir la croissance de la végétation, atteint quand même : 105,3 mm à Kelivondraka, alors qu’elle n’est que de 57,8 à Ihosy 84,3 a Ranohira et 84,9 à Betroka i‘? Cette dernière caractéristique pluviométriquc jointe à l’altitude moyenne du plateau comprise entre 950 et 1 000 m, nous incite à inclure la partie orientale de 1’Horombe l 7 dans le Domaine du Centre (secteur des pentes occidentales du centre sud).

PLUVIOMÉTRIE EN MM l 1 Moyennes SUT 5 ans 1962-1966 l 7 Alt. en m i 7 l 7 l 7

‘7 Moyennes sur 30 ans: 1931-1960 (1) _ [( Alt. en m ------l 1 730 Ihosy 233,5 133,l 84,3 21,7 9,3 7,l 2,5 6,0 9,0 23,5 94,4 201,l 820,5 833 Ranohira 2282 167,2 139,3 15,9 10,4 10,9 5,4 6,8 13,7 37,l 81,7 198,6 Ï 1056,l 805 Betroka 207,6 133,7 94,5 27,4 12,2 108 7,2 6,0 15,3 33,4 97,l 201,9 847,l

(1) Chiffres fournis par la Météorologie Nationale.

TEMPÉRATURES Moyennes sur 20 ans: 1941-1960 (2) _ TX 29,8 29,7 28,9 28,5 26,1 24,3 23,9 25,4 27,9 30,7 31,2 30,5 Ihosy ~~ ~- Tn 19,0 18,8 18,l 16,5 13,6 11,6 10,9 !.l,S 13,3 15,4 17,o 183 ~~--~~-~~~~-~

J F M A M J J A S 0 N D -----_------TX 29,3 30,o 28,8 29,l 27,3 24,8 24,6 26,4 28,0 31,3 31,5 30,2 Ranohira ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~~- Tn 18,5 182 17,5 15,4 13,0 10,9 10,o 11,2 13,0 15,0 17,o 18,l ------TX 30,5 30,6 29,7 29,5 26,6 24,5 24,2 26,0 28,4 31,2 32,0 31,0 Betroka ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ _~ ~ ~ Tn 19,2 18,9 17,8 16,O 12,4 10,5 10,o 11,l 13,l 15,8 17,9 18,9

TX = Moyenne mensuelle des Maxima Tn = Moyenne mensuelle des Minima.

(2) Excepte pour Ranohira dont les données ne portent uue sur 10 ans : 1951-1960. ESQUISSE DU MILIEU ET DH LA VÉGÉTATION DU PLATEAU DE L’HOHOMBE 13

La transition entre les deux domaines (central et occidental) se situerait j quelques kilomètres à l’ouest du rebord oriental du Plateau et s’observe sur le terrain facilement par les derniers Ilex mitis (Aquifoliacées) existant dans des restes dérisoires de forêts au nord de Kelivondraka (cf. photo no 7) et l’apparition des premiers Poupartia caffra et Gymnosporia polyacantha à la hauteur du Vohitsosy (premier Inselberg granitique aperçu en allant vers Ranohira). En ce qui concerne la température, la station de Kelivondraka ne possède aucun relevé. Nous donnons les chiffres enregistrés à Betroka et Ranohira à titre indicatif. Les mois de juin et juillet y sont les plus froids. Les températures minimales avoi- sinent 00. A Kelivondraka des minima de : -l” ont été relevés à plusieurs reprises au mois de juillet 1964. Mais ces gelées nocturnes sont de trop faible durée (pendant l’heure qui précède le lever du soleil) pour avoir une action sensible sur la végétation. Les rosées sont importantes toute l’année. Nous devons aussi mentionner l’importance des vents qui soument avec force et de façon continue sur ce vaste plateau sans obstacle. Outre leur action mécanique, ils exercent un rôle desséchant certain.

C. Facteur humain :

L’homme exerce une action de toute première importance sur 1’Horombe par les feux de brousse qu’il allume, son bétail et dans une mesure moindre, ses cultures. La population totale du plateau est estimée à environ 11 000 (( Bara n, peuple à vocation traditionnellement pastorale. Le troupeau recensé sur les trois communes de Ranohira, Satrokala et Andrian- dampy qui couvrent en gros la zone étudiée, s’élevait au mois de janvier 1965 à 110 000 bovins et 8 000 ovins, chiffres très certainement en dessous de la réalité. Cet élevage pratiqué de façon très extensive agit sur la végétation comme dans toutes régions sou- mises à ce genre d’activité : tassement du sol par les sabots des bêtes et déclenchement de processus d’érosion sur les pentes quand elles existent. Mais sur 1’Horombe les pentes fortes sont rares et les points d’eau sont régulièrement répartis et abondants même durant la saison sèche, évitant ainsi les zones de surpâturages localisés. Le pâturage y exerce ses effets régulièrement sur l’ensemble de la végétation herbacée. Les feux de brousse ont une action autrement plus importante. Des autorisations partielles de brûler sont données par le Service des Eaux et Forêts à partir du ler octobre mais ce règlement, peu appliqué dans son intégrité par suite du manque total de moyen de contrale (pare-feux), fait qu’une dizaine de jours après le début des feux, les vents aidant, 1’Horombe n’est dans sa totalité qu’une surface carbonisée. Ces autorisations sont données pour des raisons de détiquage et pour déclencher la repousse quelques semaines, voire quelques jours, avant la reprise de la végétation. Un autre effet, voulu ou non des feux de brousse est d’enrichir les bas-fonds en cendres, bas-fonds qui servent aux cultures de riz et de manioc que le Bara entreprend pour sa propre subsistance. Signalons en passant comme autre facteur biotique l’existence de nombreuses termi- tières qui sont un des éléments constitutifs du paysage de ces plateaux. 14 P. MORAT

II. LA Vl.?GY6TATION

1. GénBralités :

La végétation du plateau de 1’Horombe est essentiellement de type savanicole. Étant bien entendu que le mot savane est employé ici dans le sens que J.-L. TROCHAIN lui donne (( Un peuplement d’espèces graminéennes et herbacées pouvant occasionnelle- ment porter des arbustes ou arbres... )), sens confirmé par lc colloque de Yangambi, 1957. Nous avons dans l’ensemble un tapis graminéen homogène, de 60 à 80 cm de haut (savane basse) constitué d’espèces cespiteuses (Loudefia simplex subsp. stipoïdes, Hefero- pogon contortus, Trachypogon spicatus, Aristida SP.) laissant le sol nu entre les touffes. Le degré de recouvrement y est faible (très souvent inférieur à 50 %). Un deuxième type de savane se rencontre sur les colluvions de bas de pente des sols rouges ferrallitiques ; les graminées y atteignent parfois 2 m de haut (savane haute) et les espèces sont régulièrement feuillées le long du chaume (Hyparrhenia rufu, H. disso- Zufa) couvrant alors remarquablement le sol. Dans la partie méridionale et occidentale, la monotonie est rompue par l’émergence de nombreux arbustes, rares Plots-témoins de la savane arbustive qui devait jadis couvrir la presque totalité du plateau. Toute cette végétation présente un arrêt de mai à novembre et brûle régulièrement chaque année. La flore est assez bien connue quoique de nombreuses incertitudes subsistent à l’identification des espèces. Cela explique certaines diagnoses inachevées.

II. MBthode d%tude :

L’étude entreprise n’a pour but que de tenter de définir les aspects de la végétation rencontrée, leur composition floristique et d’expliquer leur répartition en fonction du milieu. Aussi nous n’entrons pas dans le détail des associations végétales ce qui aurait nécessité un travail de plusieurs années pour pouvoir appliquer les techniques fines requises. Nous ne distinguerons donc que les groupements végétaux caractérisés par des groupes d’espèces (qui seront presque toujours les espèces dominantes) trouvant dans un milieu donné leur optimum écologique (J. KOECHLIN, 1961). Nous avons utilisé les transects topographiques préconisés par P. DUVIGNEAUD et des relevés sur surfaces carrées de 10 m x 10 m supérieures à l’aire minimale dans des zones de végétations supposées homogènes. Nous nous sommes servis pour la notation des espèces des coeffkients d’abondance-dominante de BRAUN-BLANQUET, à savoir. + : espèce clairsemée ou très clairsemée à faible recouvrement, 1 : espèce abondante à faible degré de recouvrement, 2 : individus très nombreux ou couvrant au moins 1/20e de la surface, 3 : espèce couvrant de 1/4 à 1/2 de la surface quel que soit le nombre des individus, 4 : espèce couvrant 1/2 à 314 de la surface quel que soit le nombre des individus, 5 : espèce couvrant plus des 3/4 de la surface. ESQUISSE DU MILIEU ET DE LA VÉGÉTATION DU PLATEAU DE L’HOROMBE 15

III. Groupements vdghtaux : Les principaux groupements végétaux rencontrés sont : - SAVANE A LOUDETIA SIMPLEX SSP. STIPoïDBs avec deux sous-groupements : Sous-groupement à Trachypogon spicafus. Développé sur les sols rouges ferrallitiques typiques. Il couvre environ le 1/3 du plateau en superficie. Sous-groupement à Chrysopogon serrulafus. Développé sur les sols rouges ferrallitiques indurés de la zone centrale. - SAVANE A HETEROPOGON CONTORTUS ET HYPARRHENIA RUFA sur les sols rouges ferrallitiques remaniés (colluvionnés). Nous trouvons cette savane sur tous les bas de pente du plateau. - SAVANE ARBUSTIVE A POUPARTIA CAFFRA ET HETEROPOGON CONTORTUS des zones méridionales et occidentales qui se développe sur les sols rouges ferrallitiques typiques. - PRAIRIE DES MARES ET DES SOLS HYDROMORPHES. - GROUPEMENT DES SOLS FERRALLITIQUES APPAUVRIS ((JAUNES SUR ROUGE o DE LA BORDURE ORIENTALE. - CATENA A ARISTIDA MULTICAULIS. - GROUPEMENT BN Mos.4ïQuE DES INSELBBRG~.

A. SAVANE A LOUDETIA SIMPLEX.

C’est le type le plus répandu. Il occupe les sols rouges ferrallitiques typiques et indurés en position haute et moyenne jusqu’à la cuirasse qui apparaft à la rupture de pente, et sur les sols ferrugineux. On le rencontre dans la zone centrale et orientale. La surface du sol est sableuse sur 1 cm d’épaisseur (le diamètre des grains est <3 mm), et faiblement parsemée de cailloux de quartz. Cette savane est peu dense et de faible hauteur 50 à 70 cm. La strate non grami- néenne est peu représentée par quelques Cypéracées, Orchidées et Légumineuses. L’enracinement y est excellent et le relief y étant particulièrement faible il ne se manifeste pas actuellement de stade de dégradation. Il existe deux sous-types : 10 Le sous-groupement à Trachypogon spicafus sur sols sans cuirasse de plateau et à banc de quartz à faible profondeur (30 cm) - Tableau i. 20 Le sous-groupement à Chrysopogon serrulafus sur les sols ferrallitiques appauvris et concrétionnés reposant sur la cuirasse de plateau de la zone centrale - Tableau II. Cette savane conserve encore quelques Hyphaene shafan et Medemia nobilis, témoins de la strate arbustive qui devait être mieux représentée dans un passé récent. Les très rares spécimens de ces palmiers existant encore ont un port si rabougri qu’ils ne dépassent pas en hauteur la strate graminéenne (cf. photo no 2). Les deux sous-groupements de la savane à Loudefia bien que de physionomie sem- blable ont une composition floristique légèrement différente (cf. Tableaux 1 et Il). Ces deux sous-groupements sont très enrichis en Heferopogon conforfus quand ils sont situés sur les sols ferrugineux tropicaux (cf. schéma). Cette richesse en Heferopogon annonce déjà la transition avec la savane à Hyparrhenia ef Heferopogon des sols collu- vionnés. 16 P. MORAT

Savane herbeuse à Chryropopon Mare fermée rrrrulrtua at Loudetia simplex. ( sol hydromorphs. )

Sol ferruqlneux tropical ( Savane enrichie en + H. contortua. Heteropogon contortus ) c .Sol rouge ferrallitlque remanié ( Savane à Hyparrhenia rufa et

Heteropogon contortus . ) Sol lydromorphe ( Prairie à Cypéracées et Schizschyrium.) Fig. 2. - Profil de la cuvette centrale (les reliefs sont fortement. exagk%).

TABLEAU 1 - 1 2 3 4 ._ _ Ï__ Loudetia simplea subsp. stipoides ...... 3 2 2 2 Trachypogon spicatus ...... 2 1 1 2 Bulbostylis viguieri ...... 1 + + 1 Habenaria sp. NO 2003 ...... + + + Orchidée NO 2008 ...... + + Heteropogon contortus ...... + + + + Schizachyrium sp. No 2017 ...... + + + Microchloacaffra ...... + + + Cyperus obtusifIorus ...... + + + + Perotis latifolia ...... + Eragrostis racemosa., ...... + ; -L Sporobolussubulatus ...... + + + + Alloteropsis semi-alata ...... + + + Pycnoneurum junciforme ...... + + + Dichrostachys commersoniana ...... + + Digitaria minutiflora ...... + + + i. Panicum luridum ...... + + + + Emilia graminea ...... + + Eriosema procumbens ...... + + + Scleria buchanani ...... + + + Eragrostis namaquensis ...... + + Glycinelyalli ...... + + + Pemphis madagascariensis...... + Sida rhombifolia ...... -L + + Eragrostis tenella...... + + Eragrostis gummiflua ...... + + Mariscus goniobolbus ...... + + + Lobelia spathopetala ...... + -L Rhyncosia carribea ...... + + Ischaemum purpurascens ...... + + Aristida sp. No 2103 ...... + + + Cataranthus roseus ...... + + +

Relev6 1 - 5 km au sud de la ferme de Kelivondraka. - 2 - 2 km au sud de la ferme de Masiakampy sur la route de Betroka. - 3 - P.K. 25 sur la route de Betroka. - 4 - Piste allant au sud-ouest, 2 km aprés le village d’Ankazotelo. ESQUISSE DU MILIEU ET DE LA VEGÉTATION DU PLATEAU DE L’HOROMBE 17

TABLEAU II

YCE E!!!!? 1 2 3

_ . -

Strate arbustive Hyphaeneshatan ...... + Medemia nobilis ...... i- Stereospermum euphorioides ...... + I Strate herbacée Loudetia simplex subsp. sfipoides...... 3 2 2 Chrysopogonserrulafus ...... 2 1 1 Urelytrum madagascariensis ...... 1 -t Craspedorachis africana ...... + + Cyperusobtusiporus ...... + + + Aristida sp. NO 2103 ...... + + Schizachyrium semi-berbe ...... + + + Eragrostis sp. No 2059...... + + + Vernonia poissoni ...... + Striga hirsuta ...... + + Pemphis madagascariensis...... + + Tricholaena monachme ...... + + Cassiasp ...... + -t Glycinelyalli ...... -1 i- + Heteropogon contortus...... + + + Eriosema procumbens ...... + + + Bubostylis sp. No 2004...... + + Trachypogonspicatus ...... + Scleria hilsenbergi...... + + Bulbostylis firingalavensis...... + -t

Relevé NO 1 - Sur piste allant à Andriandampy, 7 km aprhs le radier d’Ambatofotsy ; 2 - 8 km au sud-ouest du relev6 no 1 ; 3 - 4 km à l’ouest de la piste d’andriandampy.

B. SAVANE A HETEROPOGON CONTORTUS ET HYPARRHENIA RUFA.

Ce type est lié aux sols bien colluvionnés donc en position topographique basse des vallées drainées. Le sol enrichi en éléments minéraux apportés par le lessivage des cendres laissées par les feux de brousse, porte une végétation dense (couverture souvent 100 %) et haute qui contraste avec la savane SI Loudetia (cf. photo no 3).

TABLEAU III

Hyparrhenia rufa ...... 3 1 2 Heieropogon coniortus ...... 2 2 1 Andropogon eucomus ...... + 1 + Hyparrhenia dissoluia ...... + + Eragrostis sp. No 2059 ...... + + Setaria pallide-fusca...... + Cynodon dacfylon ...... + + Eriochloa nubica...... + Digitaria IongifIora ...... + A- Digitaria melanochila...... + + ’ / Bothriochloa glabra...... + Relevé No 1 - 7 km aprés Gu 6.d’Ambatofotsy. Piste Andriandampy ’ / - 2 - 5 km au sud-ouest d’Ankazotelo ; - 3 - 4 km est d’Andiolava.

2 l 18 1’. MORAT

Situées tout en bas dans l’échelle topographique, quand les conditions de drainage le permettent, les alluvions recouvrent ces colluvions. On a alors affaire à une prairie basse et rase de Cynodon daclylon et Digitaria Iongiflora (alluvions argileuses) ou une vegéta- tion dense de Phragmifes mauritanius (alluvions sableuses).

C. SAVANE ARBUSTIVE A POUPARTIA CAFFRA ET HETEROPOGON CONTORTUS.

Elle occupe les sols ferrallitiques sur les faibles pentes des contreforts occidentaux et de la vallée de la Ilanana au sud, là ou la roche mère affleure le plus. Très dégradée elle demeure à l’état de témoin sur la piste d’Andriandampy et la route de Ranohira, de ce qu’était autrefois la végétation de cette zone. La strate graminéenne est basse, clairsemée, offre aux feux saisonniers peu de matière combustible, ce qui ralentit ainsi les dégâts du feu. Les arbustes y atteignent 4 à 5 mètres et la flore y est d’une grande pauvreté (Tableau IV).

TABLEAU IV

1 2 ._ __

Strate arbustiue Pouparfia caffra ...... 3 2 Gymnosporia polyacanfha ...... 2 1 Terminalia faliala ...... + + Dicoma incana ...... + + Strate herbacée Heferopogon confortus ...... + 1 Cynodondactylon ...... 2 + Sefaria pallide-fusca...... + Cyperus fuberosus...... + + Eriosema psoraleoides ...... + 1 Schkuhria abrofanoides ...... + + Eragrosfis chloromelas ...... + Loudefia Plifolia...... + Brachiara Perrieri ...... + Launea paucitlora ...... 4- + Ipomea sp. No 2119 ...... + Vignacapensis ...... + 4- Paederia sp. NO 2126...... +

Relev6 NO 1 - Versant sud de la vallbe de la Lanana avant An driandampy - 2 - Carrefour de la route Ihosy-Ranohira avec pistm pour Satrokala.

Le type plus dégradé de cette savane est représenté par la savane herbeuse à Hetero- pogon confortus et Loudefia filifolia qui conserve la même composition floristique en ce qui concerne la strate graminéenne mise à part l’extension du Loudefia filifolia. On constate un enrichissement en Légumineuses de la strate herbacée non graminéenne : Eriosema procumbens, Cassia sp. et Rhynchosia cyanosperma. Les arbustes ont disparu et dans toute cette zone il ne fait pas de doute que c’est le feu seul qui limite l’extension de la strate arbustive. Les termitières y sont très abondantes. ESQUISSE DU MILIEU ET DE LA VÉGÉTATION DU PLATEAU DE L’HOROMBE 19

D. PRAIRIES DES MARES ET SOLS HYDROMORPHES :

Les conditions dans lesquelles on rencontre ce type de végét,ation sont bien définies : - sols hydromorphes à gley, acides et riches en matières organiques. Le niveau de la nappe phréatique varie de 0,50 à 1 m selon les saisons, - en position topographique basse, - en absence de drainage. Ce type est localisé dans tous les bas-fonds peu ou pas drainés de la zone centrale et de la zone septentrionale autour de Satrokala. Ces bas-fonds se présentent le plus souvent sous forme de dépressions circulaires fermées, à bords très évasés et pouvant atteindre de très grandes dimensions : 2 à 3 km de large. La végétation est généralement basse, rarement haute (Typha angusfifolia), mais dans tous les cas très dense et cachant la surface de l’eau. Plusieurs auréoles de végétation se succèdent en s’étageant des niveaux inférieurs riches en hydrophytes jusqu’aux niveaux supérieurs en position topographique, surélevés et qui ne sont inondés qu’après de fortes pluies. Une coupe de bas en haut nous permet de distinguer : - poussant dans l’eau (observation faite au mois de mai) Eleocharis planfaginea Echinochloa sfagnina Leersia hexandra Paspalum commersonii Brachiara arrecfa var. madecassa Ufricularia sp. no 2068

- puis sur les bords Pycreus Allezeiffei Pycreus polysfachyus Polygala filicaulis Cyperus fuberosus Killingia infricafa Sacciolepis africana Panicum luridum - s’il y a affleurement de filon granitique Ufricularia sp. no 2069 Pycreus pygmaeus.

Les orchidées annuelles viennent en abondance sur les sols spongieux. Parmi elles nous trouvons Cynorchis angusfipefala et Habenaria cirrhafa en grand nombre mêlés à un tapis dense de Sefaria pallide-fusca Fimbrisfylis sp. no 2097 Digifaria longiflora Schizachyrium ambalavense.

Cette espèce est parfois si abondante que nous pouvons parler d’une prairie à Schizachyrium (cf. photo no 5). 20 P. MORAT

Schizachyriumambalavensis

Echinothloa stagnina Paspalum commersonii

+ Qitaria IongIfolla

Fig. 3. - VPgktationdes mareset des sols hydromorphes.

E. CATENA A ARISTIDA.

Elle caractérise les régions comprises entre Satrokala et la route d’Ihosy-Ranohira. Le plateau est creusé en cet endroit de rivières parallèles d’axe N.-S., entraînant une succession de reliefs sur le profil desquels se retrouvent des chafnes de sols. Les sols à la limite des sols ferrugineux et ferrallitiques sont lessivés sur les sommets, érodés sur les pentes, colluvionnés en bas de pente. La végétation reflète cette succes- sion et donne à cette région une physionomie distincte.

Sommefs : Savane à Heferopoyon conforfus et Trachypogon spicafus d’un faible couvert. Les légumineuses y sont rares. Signalons la présence de Crofalaria fiherenensis. Le reste est formé de : Tefradenia frucficosa Eragrosfis cilianensis Polycarpa corymbosa Triainolepsis sp. et de quelques Cypéracées (Bulbosfylis firingalavensis). De nombreux blocs de gneiss émergent parfois créant un hydromorphisme de contact, aussitôt traduit par la présence de pieds isolés de Loudefia simplex. Les termitières moins fréquentes que sur les pentes semblent faciliter l’implantation de l’drisfida: une touffe existe à la base de chaque termitière.

Pentes : L’érosion, sans y être très forte car les pentes n’excèdent que rarement 15 %, dégrade cependant la végétation. La densité du couvert y est plus faible et la répartition (( en taches )) plus visible. Les pieds sont déchaussés. C’est la zone de 1’Arisfida mulficaulis et à un degré moindre celle de 1’Heforopogon conforfus et Scleria Hisenbergii. Près des affleurements poussent en mélange Chloris pycnofhrix et Loudefia simplex. ESQUISSE DU MILIEU ET DE LA VÉGÉTATION DU PLATEAU DE L'HOROMBE 21

Coffuvions de bas de pentes:

Ils sont recouverts d’une savane haute à Heferopogon contortus et Hyparrhenia rufa décrite précédemment,.

F. GROUPEMENT DES SOLS FEHRALLITIQUES APPAUVRIS DE LA BORDIJRE EXTRÊME ORIENTALE.

Les sols de cette région sont des (( sols jaunes sur rouge D qui sont des sols à caractère forestier. Cela semblerait prouver l’existence d’une ancienne forêt de type (( forêt du Centre H installée dans les endroits bien drainés. Deux témoins minuscules très dégradés de cette ancienne forêt composée entre autre de :

Myrica phyffireafofia Pandanus sp. Ifex mitis et Grewia favanafensis existent encore à 8 km au nord du P.K. 614 le long de la piste qui mène à Satrokala (cf. photo no 7) sur sols podzoliques.

La forêt disparue a été remplacée par une savane à Heteropngon confortus ct Aristida sp. no 2219, avec comme espèces compagnes : Zornia diphyffa Gfadiofus futeus Sporobofus subufatus Lobefia agrestis Epaffage denfata et Sporobofus indicus

G. ENFIN, il existe un DERNIER TYPE DE VÉGÉTATION beaucoup plus complexe et placé sous la dépendance étroite du micro-climat que nous ne citons que pour mémoire, c’est CELUI DES INSELBERGS. Chaque gîte possède son groupement écologique bien défini par les conditions strictes du milieu (pente, exposition, possibilité de rétention d’eau, d’humus ensoleillement etc.).

Ces dômes rocheux rares sur 1’Horombe portent une végétation très différente de celle du plateau lui-même.

La flore y est incontestablement plus riche, et les formes biologiques représentées par Euphorbia feucodendron, divers Kafanchoe, Afoe, Cissus, Adenia, Hefichrysum, Xerophyta egfandufosa, Nematostyfis, Pachypodium horombense, P. rosufatum, y sont très variées.

Dans les endroits abrités, retenant un peu d’humus existent des arbustes buisson- nants : Cferodendron SP., Rhigozum madagascariense, Crotafaria grevei, tandis que les pentes de faible inclinaison à la base de ces dômes sont colonisées par une maigre végé- tation d’espèces suffrutescentes ou herbacées (Barferia kifchingi, Cfematis ibarensis, Bothriochfoa inscufpfa, Brachiara perrieri). 22 P. MORAT

CONCLUSION

A l’issue de cette esquisse, on peut se demander quelle est l’évolution de cette végé- tation, quel est son dynamisme. Si l’on excepte le rebord oriental qui devait être foresté (la présence de sols forestiers et de témoins de forêt encore existants paraissent le prouver), il semble bien que le reste du Plateau ait été recouvert d’une savane arbustive à Pouparfia caffru du type de celle que nous rencontrons au nord d’andriandampy, avec une différence pour la zone centrale où la strate arbustive devait se composer presqu’exclusivement de Palmiers (Hyphuene et Medemia) et devait, par conséquent, ressembler physionomiquement aux savanes existant au sortir du massif de 1’Isalo sur la route de Tuléar. On peut donc suggérer, d’après les observations faites sur le terrain sur la répartition actuelle des différents groupements végétaux, qu’à partir de ces trois états originels, l’évolution, due principalement au facteur anthropique, a été la suivante :

10 SAVANEAPOUPARTIAET HETEROPOGON. Par la répétition des feux, la superficie de cette savane s’est considérablement réduite de même que la vigueur et la taille de la strate arbustive. Elle n’occupe plus à l’heure actuelle, comme nous l’avons vu, que quelques témoins la plupart du temps sur les sols pauvres où elle se maintient en équilibre. Les feux ont sélectionné dans la strate herbeuse le Loudefia filifolia avec 1’Heferopogon conforfus, la première espèce tendant ’ i peu à peu à remplacer la seconde. On obtient un nouvel équilibre (savane à Loudefia filifolia) du fait q ue cette dernière espèce, par sa matière végétale peu abondante, offre peu de prise au feu. Ceci se passe sur les zones sans relief accusé mais en conditions satis- faisantes de drainage (dans toute la zone sur la carte marquée comme savane à Hefero- pogon confortus). Elle enveloppe tous les témoins de savane arbustive. Quand le drainage est défectueux, I’Heferopogon est remplacé par le Loudefia simplex subsp. sfipoïdes et le Trachypogon spicafus. Dans les endroits ou les pentes fortes existent (entre Andiolava et Satrokala), l’érosion intervient et les feux sélectionnent 1’Arisfida (zone de la Cafena h Arisfida), ce qu’on peut résumer par le tableau suivant :

Savane arbustive à Pouparfia caffra et Heferopogon conforfus (Absence de relief) (en pr&ence de pente >10 ‘$!J J \ érosion Savane herbeuse a L Heferopogon conforfus Arisfida (Bon drainage) /Y (Mauvais drainage) Savane herbeuse 1 / \ Savane herbeuse Hcferopogon confortus Loudefia simplex (+Loudefio filifolia) Trachypogon spicafus ESQUISSE DU MILIEU ET DE LA VÉGÉTATIONDU PLATEAU DE L’HOROMBE 23

20 SAVANE ARBUSTIVE A HYPHAENE SHATAN.

Du fait de la présence sous-jacente d’une couche concrétionnée dans les endroits ou existent les restes de cette savane, on peut supposer que la strate arbustive avait une vigueur moindre et que les feux l’ont fait disparaftre. Le drainage y étant médiocre, c’est le Loudefia simplex sfipoides qui y a été sélec- tionné avec le Chrysopogon serrulafus. Il semble d’ailleurs que peu à peu le Chrysopogon serrulatus tende à gagner sur le Loudefia. Medemia et Hyphaene + Heferopogon confortus Loudefia simplex subsp. sfipoïdes Chrysopogon serrulafus

30 FORÊTDE 4 TYPE CENTRAL 1).

Cette forêt sans doute, était la formation la plus sensible des trois et a disparu comme sur les Hauts Plateaux en donnant directement une savane herbeuse à Arisfida.

Tenant compte des activités humaines, il semble actuellement que la végétation ait atteint un certain équilibre (climax). Mais des observations portant sur des dizaines d’années seraient nécessaires pour le confirmer. Des expériences de mise en défens s’avèreraient utiles plus pour étudier l’évolution du couvert végétal que d’éventuelles modifications floristiques (surtout en ce qui concerne la strate arbustive), car il semble impossible que les arbres ou arbustes renaissent là où ils n’existent plus, pour la simple raison que les porte-graines ont pratiquement disparu. Des expériences de ce genre viennent d’être tentées par l’I.E.M.V.P.T. mais les carrés de mises en défens sont d’implantation trop récente (1967) pour pouvoir dès maintenant en tirer des conclusions valables. Du point de vue économique, cette région a incontestablement une vocation pasto- rale tant par le cheptel déjà existant que par les aptitudes de ses habitants. L’élevage actuel est extensif au sens le plus large du terme et son rendement est insignifiant. La pluralité des points d’eau et la relative richesse des bas-fonds tout aussi nombreux (quand ils ne sont pas occupés par des cultures) permettraient pourtant d’envisager la conduite des pâturages enclos et dirigés. C’ne fauche partielle survenant entre février et mars, fournirait en période sèche un fourrage d’appoint non lignifié en quantité non négligeable. Il semble d’ailleurs que le Service de l’filevage tente quelques essais de ce genre dans la savane à Loudefia sfi- poïdes et Trachypogon spicafus au sud d’ankazotelo. Signalons enfin qu’une société privée : e La Société Rochefortaise H dispose de deux fermes sur le plateau. Ces fermes servent plus au transit du bétail qu’à la conduite de son élevage. 24 P. MORAT

ANNEXE

LISTE DES ESPÈCES CITAES AVEC LEUR NOM D’AUTEUR

GRAMINÉES

Alloferopsis semialafa Hitch. Andropogon eucomus Nees. Arisfida sp. Bofhriochloa glabra A. Camus. - insculpa (Hochst) A. Camus. Brachiara arrecfa var. madecassa A. Camus. - perrieri A. Camus. Chloris pycnofhrix Trin. Chrysopogon serrulafus Trin. Craspedorachis africana Benth. Cynodon dacfylon Pers. Digifaria longiflora (Retz.) Pers. - melanochila Stapf. Echinochloa sfagnina (Retz.) Beauv. Eragrosfis chloromelas Steud. - cilianensis (All.) Lutati (E. major Host.) gummiflua Nees. - namaquensis Nees. racemosa (Thunb) Steud. fenella (L) Beauv. ex R et S. Eriochloa nubica (Steud.) Hack et Stapf. ex Thell. Heferopogon confortus P. B. Hyparrhenia rufa (Nees) Stapf. dissolufa (Nees) C. E. Hubbard. Ischaemum purpurascens Stapf. Loudefia filifolia Scweickerdt. Loudefia simplex (Nees) Hubb. subsp. stipoïdes (Hack) J. Bosser. Microchloa caffra Nees. Panicum luridum Hack. Paspalum Commersonii Lamk. Perofis indica (Linn) 0. Ktze. Pogonarfhria squarrosa (Licht) Pilg. Phragmifes maurifianus Kunth. Sacciolepis africana Gartn. et Hubb. Schizachyrium ambalavense A. Camus. Schizachyrium sp. Sefaria pallide-fusca Stapf. et Hubb. Sporobolus indicus R. Br. ESQUISSE DU MILIEU ET DE LA VkGÉTATION DU PLATEAU DE L'HOHOMLW 25

Sporobolus subulafus Hack. Trachypogon spicafus Kuntze. Tricholaena monachme (Trin) Stapi’. et Hubb. Urelyfrum madagascariense A. Camus.

Bulbosfylis sp. - firingalavensis Chcrm. viguieri Cherm. Cyperus obfusiflorus Vahl. fuberosus Roettb. Eleocharis planfaginea R. Br. Fimbrisfylis sp. Killingia infricafa Cherm. Mariscus gonìobolbus Cherm. Pycreus allezeffei Cherm. -- polysfachyus Beauv. - pygmaeus Rottb. Scleria buchanani Boeck. - hilsenbergii Ridi.

LÉGUMINEUSES Cassia sp. Crofalaria fiherenensis R. Vig. - grevei Drake. Dichrosfachys commersoniana H. Bn. Eriosema procumbens (Benth) Baker. - psoraleoides Glycine lyalli Benth. Rhyncosia carribea D.C. - cyanosperma Benth. Vigna capensis. Zornia diphylla Pers.

AUTRES FAMILLES Barleria kifchingi Bak. L4canthacées Clerodendron sp. Verbenacées Coleus SP. Labiées Cynorchis angusfipefala Hidl. Orchidées Dicoma incana 0. Hoffm. Composécs Emilia graminea n. (IL Epalage denfafa D. C. Euphorbia leucodendron Drake tiuphorbiacées Gladiolus lufeus Lam. lridacées Gremia lavanalensis H. En. Tiliacées Habenaria cirrhafa Rchb. Orchidées SP* 26 P. MORAT

Helichrysum madagascariensis D. C. Composées - SP* Hyphaene shatan Bojer Palmées Iles mifis (L.) Radek. Aquifoliacées Ipomea sp. Convolvulacées Launaea pauciflora (Bak.) H. Humbert Composées Lobelia agrestis E. Wimm. Lobeliacées ~ spafhopefala Diels - Medemia nobilis Gallerand Palmées Myrica phillyreaefolia Baker Myricacées Nemafostylis sp. Rubiacées Pachypodium horombense Poisson Apocynacées rossulatum Baker - Paederia sp. Rubiacées Pemphis madagascariensis (Baker) H. Perr. Lythracées Polycarpa corymbosa Lamk Caryophyllacées Polygala filicaulis H. Bn. Polygalacées Poupartia caffra (Louder) H. Perr. Anacardiacées Rhigozum madagascariense Drakc Bignoniacées Schkuhria abrotanoïdes Roth. Composées Sida rhombifolia L. Malvacées Striga hirsufa Benth. Scrofulariacées Terminalia seyrigii Combretacées Tetradenia fruticosa Benth. Labiées Triainolepis sp. Rubiacées Typha angusfifolia Typhacées Utricularia sp. Utriculariacées Vernonia poissonnii H. Humbert. Composées Xerophyfa eglandulosa H. Perr. Velloziacées

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

BOSSER (J.),1954. - Les pâturages naturels de Madagascar. Mem. I.R.S.M., série B. t. V., pp. 65-77. HUMBERT (H.), 1954. - Flore de Madagascar et des Comores. Les territoires phyto- géographiques de Madagascar. Colloque sur les régions écologiques du Globe. C.N.R.S. Paris, pp. 439-448. KOECHLIN (J.), 1961. - Végétation des savanes dans le sud de la République du Congo. Thèse O.R.S.T.O.M. Mémoire no 1, 310 p. PERRIER DE LA BATHIE (H.), 1921. - Végétation malgache. Ann. du Musée Colonial de Marseille, sér. 3, vol. 9. INSTITUTGÉOGRAPHIQUE NATIONAL. Carte de Madagascar au l/lOO 000, coupures : 1. 55 J 55 K 55 1. 56 J 56 K 56 ESQUISSE DU MILIEU ET DE LA VkGkTATION DU PLATEAU DE L’HOROMBE 27

c Photo no 1. - Savane à Loudelia sir7yZe.z et Trachypogon spicafus.

Photo 110‘2. ~- !1fedemin nobilis isolé en savane :i Lorrdefin simplex ct Chrgsopogon serrulaius.

Photo no 3. - Savane à Heteropogon contorfus et Hgparrhenia rufa.

Photo no 4. -- Savane arbustive à Pouparlia -z= caffra et Heteropogon contortus. ,’

Photo nu 5. - Prairie H : Schizachgrium omhalavense.

Photo no 7. $e Résidu de forêt & HII~ la bordure oriental0 du platean.