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Musée Léon Dierx

Dossier de présentation à l’attention des enseignants

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Sommaire La notion de « musée »

« Le musée est une institution permanente sans but lucratif, au service de la société et de son Histoire du musée Léon Dierx…………………………… p. 3 développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, Histoire des collections du musée…………………….. p. 7 étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et Les personnages du musée………………………………. P. 10 immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de Préparer sa visite et outils de médiation…………… p. 14 délectation. »

Informations pratiques…………………………………….. p. 17 Définition de l’ICOM

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Histoire du musée

Avant la création du musée

L'emplacement occupé actuellement par le musée fait autrefois partie d'un terrain plus vaste, borné au nord par la rue de l'Arsenal (rue Roland Garros), au sud par la rue Sainte-Marie, à l'est par la rue Royale (rue de ) et à l'ouest par un sentier qui deviendra plus tard la rue Fénélon.

Cette concession est morcelée en 1842 en six lots. L'un d'entre eux est celui qui nous intéresse ; il s'agit d'une parcelle de 2 400 m2, située à l’angle de la rue de Paris et de la rue Sainte-Marie, acquise le 7 octobre 1843 par Gustave Manès, propriétaire terrien à Sainte-Marie, pour y faire construire sa maison.

La maison Manès

Les plans de la demeure sont dessinés par les architectes Félix et Joseph Fraixe suivant les indications du nouveau propriétaire. Le bâtiment est livré en 1846.

Cette bâtisse de style néo-classique est l'une des plus belles maisons du chef-lieu. L’imposant mur d’enceinte et son portail, surmontés de vases Médicis en métal, constituent en son temps une grande originalité. Ce mur original disparaît à l’occasion de travaux de rénovation dans les années 1930, remplacé par une grille en métal. Bâtie en pierre, la façade masque un corps de bâtiment en bois.

Ce mélange de matériaux est rare dans l’architecture créole traditionnelle. La partie en bois est surmontée d’une toiture à huit pans. Derrière la maison se trouvent des dépendances accessibles depuis un porche donnant sur la rue Sainte-Marie. La façade retient surtout l’attention, avec son portique dont les colonnes sont surmontées de chapiteaux ioniques, et sa balustrade couronnée de vases décoratifs.

Le siège de l'évêché

La famille Manès y habite jusqu’en 1855 puis la vend à l'industriel et homme politique Georges Imhaus. En 1860, nommé représentant de La Réunion à Paris, il quitte La Réunion et vend sa maison à la colonie. Elle devient le siège de l'évêché de La Réunion jusqu'à la proclamation de la loi de séparation de l'Église et de l'État en 1905. Page | 3

Le premier musée Léon-Dierx

Conséquence de la loi de Séparation de l’Église et de l’État, le bâtiment occupé par l'évêché est officiellement affecté au Musée d'art et d'histoire, le 9 mars 1912. Il est baptisé musée Léon-Dierx le 6 août 1912, en mémoire du poète réunionnais décédé à Paris, peu de temps auparavant.

En octobre 1912, les travaux de rénovation s'achèvent et le musée est inauguré le 12 novembre 1912. Une photographie immortalise l'évènement, l'assemblée posant sur les marches de l'édifice.

Visiter le musée

Le parcours muséographique propose à l’entrée, dans l’ancienne varangue, une galerie de sculptures constituée de moulages en plâtre provenant d’églises et cathédrales françaises du Moyen-Âge. Les documents et souvenirs historiques sur La Réunion occupent l’ancienne salle à manger. Tout autour, dans les autres pièces se trouvent la collection de tableaux modernes, les reproductions photographiques des grands chefs d’œuvres de la peinture française, une section religieuse, la salle Paul et Virginie, et enfin une petite salle présentant des chaises à porteur et quelques autres objets d’art.

Les premiers travaux

De 1912 à 1947, le musée ne subit aucune modification profonde : les administrateurs du musée se contentent de procéder à des réparations urgentes ou à des travaux d’entretien. Un léger réaménagement est réalisé avec la création d’une section consacrée au legs Kervéguen en 1922. Après la donation Vollard en 1947, l’intérieur du musée est de nouveau partiellement rénové, les papiers peints disparaissent laissant place à des murs blanc immaculé. Le cyclone de janvier 1948 aggrave la détérioration du bâtiment, le découvrant entièrement. Les collections sont entassées dans les réserves et le musée est fermé.

De 1948 à 1952 la toiture est refaite ; plafonds et planchers sont remplacés, des cloisons abattues. Le 4 décembre 1952 le musée est enfin rouvert au public. Six ans plus tard, le musée est de nouveau fermé en raison de problèmes d’étanchéité. Réparé, il accueille non pas les collections mais l’administration judiciaire de 1958 à 1960. De nouveau ouvert au public cette année-là, il ferme en 1963 pour être entièrement démoli.

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Un nouveau musée

À la fin de l’année 1959, les élus du Conseil général analysent le projet du nouveau musée Léon Dierx. Il a été dessiné par les architectes Jean Hébrard et Pierre Abadie. Les dépenses de reconstruction sont partagées entre le Conseil général et le ministère de la Culture. Tout en respectant l’implantation au sol de l’ancienne maison, la partie en bois du bâtiment est démolie pour laisser place à de grandes salles modernes en béton. Dans un premier temps la façade en pierre du musée est maintenue. Rapidement cependant, en raison de son mauvais état, il faut aussi la démolir. Elle est remplacée par une copie conforme en béton armé. Le 18 mars 1965, le nouveau musée est inauguré par le préfet Alfred Diefenbacher et propose sa première exposition temporaire : " La Peinture française depuis le cubisme". À l’intérieur, les œuvres sont redéployées sur des murs et surtout sur des cloisons amovibles en bois soutenues par des tiges en fer fixées au sol et au plafond. Il est possible de les déplacer au gré de la configuration d’une exposition. Une grande salle centrale dispose de cloisons coulissantes qui permettent de la rendre modulable selon les normes en vigueur dans l’architecture muséale des années 1960. Sur les nouvelles façades sud et nord, des parois de verre protégées par des claustras de béton, font entrer très généreusement la lumière à l’intérieur des salles. La nouvelle architecture du musée est à la pointe de ce qui se fait de mieux en la matière à l’époque, première et unique architecture muséale de ce type construite à La Réunion.

Une salle d'exposition temporaire

En 1965, les vieilles dépendances du XIXe siècle dans la vaste cour arrière du musée servent toujours de réserves, de bureaux ou encore de logement pour le gardien. Le Conseil général vote de nouveaux crédits pour la construction de réserves plus grandes, d’un atelier, et de logements de fonction pour le gardien et le conservateur. C’est aussi l’occasion de créer une grande salle pour les expositions temporaires, une des plus vastes qui existent alors dans l’île. Hébrard et Abadie dessinent les plans de ces nouvelles extensions. Dans sa configuration actuelle le musée est inauguré par le ministre et Député de La Réunion, Michel Debré, le 10 Septembre 1970.

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Les salles d’exposition

Le musée dispose de trois espaces d’exposition :

Les salles des expositions permanentes réparties en cinq zones dans lesquelles les oeuvres sont présentées chronologiquement et thématiquement.

Un cabinet des estampes dans lequel sont exposées en alternance les collections d’oeuvres sur papier (gravures, dessins, lithographies, …). Les expositions (trois à quatre par an) durent quatre mois pour ne pas altérer les papiers très sensibles à la lumière.

Une salle destinée aux expositions temporaires (deux par an). Ces dernières approfondissent l’un des thèmes des collections historiques ou accueillent des propositions d’artistes contemporains.

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Histoire des collections du musée

Les collections initiales du musée

Dès sa constitution, le musée possède un fonds de peintures ou de dessins d’artistes vivants dont certains font partie de l’avant-garde artistique des premières années du XXe siècle. Le sculpteur d’origine italienne Rembrandt Bugatti côtoie Antoine Bourdelle du Tarn-et-Garonne. Le peintre alors en pleine ascension et soutenu par Ambroise Vollard, est exposé aux côtés de tableaux signés ou Charles Lacoste. Les œuvres des artistes français dialoguent avec les Belges Théo van Rysselberghe et Émile Claus, le Norvégien Karl Edvard Diriks, l’Américain Frédérick-Carl Frieseke, le Russe Nicolas Tarkhoff ou encore l’Australien Ruppert Bunny.

Très rapidement, le projet connaît aussi un vrai succès à La Réunion où la population locale, en réponse aux dons provenant de Paris, lègue une partie des objets de leur patrimoine: épée, meubles, objets d'arts décoratifs, documents d'archives, portraits de gloires familiales ou littéraires ... autant d’objets évoquant le patrimoine et l’art de vivre créoles mais aussi la nostalgie de la colonie des XVIIIe et XIXe siècle.

Les dons faits par les familles réunionnaises permettent aussi de dresser un panorama de la création artistique à La Réunion durant le XIXe siècle. Elles donnent des dessins, des peintures, des estampes dus aux principaux artistes créoles ou aux artistes ayant vécu à La Réunion tels qu'Émile Grimaud, Louis- Antoine Roussin, Adèle Ferrand ou Adolphe Le Roy.

Complétant cette première présentation, les Leblond créent une section consacrée à Paul et Virginie , roman à succès international, à l’origine d’une importante production iconographique. Le musée Léon- Dierx est le premier musée français à évoquer cette thématique dans le parcours permanent de ses collections.

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Un élan interrompu

Durant les 20 ans qui suivent l’ouverture du musée, le rythme de l’enrichissement des collections ralentit considérablement. L’essoufflement du comité de l’association du musée et le désengagement des Leblond après la Première Guerre mondiale, notamment d’Ary très investi dans l’organisation de l’Exposition coloniale de 1931 et dans la création du musée des Colonies, ancêtre du Musée du Quai Branly-, brisent le souffle créateur du musée Léon-Dierx. Une exception cependant : le legs fait en 1922 par un notable créole, Hervé Le Coat de Kervéguen, des dessins et peintures de sa mère, l’artiste Adèle Ferrand (1817-1848). Son œuvre – plus de 300 dessins et 24 peintures – s’inscrit dans le courant romantique de la peinture française des années 1830-1840.

Jusqu'en 1938, quelques achats de peintures modernes complètent les fonds. Certaines oeuvres, dont une Bergère endormie d’, sont achetées à l’occasion de l’exposition coloniale de 1938 à Saint-Denis. A l'exception de l'oeuvre de Friesz, ces acquisistions ne rivalisent pas avec la qualité des dons des années 1911-1914. Par ailleurs, le musée expose l’actualité artistique réunionnaise des années 1930. A l’issue de leurs expositions, les artistes bénéficient d’achats du musée : il s’agit essentiellement d’œuvres de Marcel Busson, professeur de dessin au lycée colonial et de Maurice Ménardeau, peintre de marine qui effectue plusieurs séjours dans la colonie. Ces jeunes artistes, au style résolument moderne, laissent des paysages dont la facture rompt avec l’héritage académique du siècle précédent. En 1939, Eugène Massinot, deuxième conservateur du musée Léon-Dierx, débute sa carrière par la rédaction d'un inventaire plus détaillé de la collection qui recense près de 1900 numéros.

La donation Vollard

Ambroise Vollard, le célèbre marchand d’art d'origine réunionnaise, à qui l’on doit la découverte des principaux artistes du début du XXe siècle, avait modestement contribué au projet des Leblond en cédant au futur musée Léon Dierx deux œuvres. A son décès en 1939, il laisse à sa succession un nombre impressionnant de chefs-d’œuvre : le fonds de sa galerie et les planches non vendues de ses différentes éditions d’art. En 1947, son frère cadet, Lucien Vollard, qui a déjà dispersé une partie de son héritage, demande aux Leblond d’effectuer pour le musée Léon-Dierx une sélection d’œuvres afin d’en enrichir ses collections. Ayant toujours la volonté de constituer un ensemble pédagogique et encyclopédique de l’art moderne, les Leblond sélectionnent 157 œuvres : 26 peintures, 25 dessins, 11 sculptures, 8 œuvres relevant des arts décoratifs et 87 estampes principalement éditées par Ambroise Vollard, témoignage de son rôle essentiel dans le renouveau de l’édition d’estampes originales et du livre d’artiste. La donation arrive à La Réunion au mois d’août 1947 et est fortement associée au nouveau statut de l’île, puisqu'elle coïncide au changement qui transforme la colonie en département français, rattachant plus fortement La Réunion à sa métropole.

Cette prestigieuse collection, la plus importante de l’océan Indien, conforte l’orientation novatrice du musée résolument tournée vers l’art moderne, une situation encore très rare à cette époque. Les œuvres choisies par les Leblond – dont beaucoup de gravures, de dessins, de céramiques et peu de peintures – témoignent tant de la carrière d'Ambroise Vollard que de l’histoire récente de l’art français. La collection rassemble en effet les plus grandes tendances artistiques de la seconde moitié du XIXe jusqu'au début du XXe siècle comme l’impressionnisme (Caillebotte, Manet, Renoir, Sisley), le néo- impressionnisme (Cross, Signac), le symbolisme (Redon, de Groux) ou encore le fauvisme (Vlaminck). Le nombre important d’estampes évoque le travail d’éditeur de Vollard qui bien souvent, et cette collection en témoigne, donne sa chance à de jeunes artistes jouissant aujourd’hui d’une reconnaissance

Page | 8 internationale. Ces œuvres viennent compléter le fonds moderne du musée qui devient de ce fait un musée essentiellement consacré aux beaux-arts.

Patrimoine et art contemporain

Par la suite, les conservateurs ont contribué à enrichir ces collections selon deux axes : les acquisitions directement liées aux fonds historiques d’une part, et l’inscription dans la recherche artistique contemporaine d’autre part. Dans les années 1960-1970, l’enrichissement des collections prend une orientation universaliste grâce à l'acquisition d'oeuvres d'art européennes de toutes les époques. Cette orientation renforce le caractère didactique du musée et son rôle éducatif auprès des jeunes.

Durant les années 1980-1990, le fonds Vollard est complété : des estampes de , Auguste Renoir, , , , , Ker-Xavier Roussel ou entrent dans les collections. Les acquisitions concernent essentiellement la production de Vollard éditeur d’art, les tableaux ou sculptures de ces artistes ne pouvant plus être achetés en raison de leur valeur sur le marché de l’art. Cette politique d’achat, menée avec dynamisme en 1985-1986 sera poursuivie durant les décennies suivantes et constitue encore l’une des orientations de la politique d’enrichissement des collections. Pendant cette période, des œuvres en lien avec la production artistique locale du XIXe siècle intègrent les collections du musée ainsi que quelques sculptures et peintures d'artistes contemporains réunionnais. Commence également une importante campagne de restauration de la collection de tableaux du musée qui se prolonge jusqu’à la fin des années 1990.

La période qui suit, le musée innove en établissant des liens forts avec la création contemporaine des années 1990 par une ambitieuse politique d’expositions temporaires d’artistes d’envergure internationale dont l’œuvre est en lien avec l’histoire, l’identité, un passé multiculturel : Chen Zhen, Yan Pei Ming, Sarkis, Erro... A l’issue des expositions de ces artistes, certaines de leurs œuvres enrichissent le fonds. Par leur qualité, les achats contemporains constituent le pendant du fonds d’art moderne qui manquait au musée. Être attentif à la création contemporaine reste une priorité pour le musée Léon- Dierx dans le cadre d’expositions temporaires. Aujourd'hui encore, l'enrichissement des collections concerne le fonds des artistes réunionnais du XIXe siècle, et les œuvres de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe siècle qui constituent l’identité du musée Léon-Dierx.

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Les personnages du musée

Marius-Ary Leblond Georges Athénas, 26 février 1880 – 8 mai 1953 Aimé Merlo, 30 juillet 1877 – 7 avril 1958

Le musée Léon-Dierx doit sa création à l'engagement de deux écrivains réunionnais : Marius-Ary Leblond. Installés à Paris au début du XXe siècle, fortement impliqués dans le milieu artistique de la capitale, ils coordonnent les dons ou achats qui contribuent à la naissance des premières collections.

Un nom de plume

Georges Athénas (Marius Leblond) et Aimé Merlo (Ary Leblond) sont nés à La Réunion, le premier à Saint- Denis, le second à Saint-Pierre. Adolescents, ils se rencontrent au Lycée colonial et nouent une amitié inséparable. Ils se passionnent pour la littérature et partagent une passion pour la poésie. Dans les années 1890, ils commencent à écrire dans les journaux réunionnais sous leur pseudonyme, Marius-Ary Leblond, ne voulant pas "causer à leur parents des ennuis provoqués par des écrits signés de leurs noms véritables". En 1898, ils quittent l’île pour Paris où ils poursuivent leurs études à La Sorbonne : Marius en histoire, Ary en littérature.

La consécration littéraire en 1909

En 1900, les Leblond décident de se consacrer entièrement à l’écriture : romans, articles de journaux, nouvelles, essais, critiques. Ils multiplient leurs interventions et se font connaître dans les milieux littéraires de la capitale. Ils sont introduits dans des cercles littéraires par leur aîné, Léon Dierx, avec qui ils lient une grande amitié. Leur renommée naissante est consacrée en 1909 par l’obtention du Prix Goncourt pour leur roman intitulé En . Ils développent un genre : le roman colonial qui magnifie l’empire français alors à son apogée, sans y apporter aucune critique.

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Les Leblond et le musée Léon-Dierx

Les Leblond sont aussi de fins connaisseurs de la peinture contemporaine de leur temps et tissent des relations importantes avec les jeunes artistes qui viennent demander un soutien ou une critique favorable.

Les Leblond désirent faire comprendre et transmettre leurs "impressions" artistiques, notamment auprès des Réunionnais. En 1911, les deux intellectuels créoles créent des comités, l’un à Paris, l’autre à La Réunion. À Paris, ils recueillent des dons d’artistes et de galeries. Dans l’île, les familles créoles sont invitées à donner des souvenirs historiques.

Le fonds initial du musée reflète en grande partie les goûts artistiques des Leblond. En 1947, en compagnie de Lucien Vollard, frère du marchand d’art Ambroise Vollard, ils choisissent les oeuvres qui forment le don Vollard au musée Léon-Dierx. Jusqu’à la fin de leur vie, ils seront attentifs à l’enrichissement des collections du musée Léon-Dierx selon les deux orientations initiales qu’ils s’étaient fixés : l'art et l'histoire.

Léon Dierx 31 mars 1838 - 11 juin 1912

Poète, peintre et sculpteur, ami intime des Leblond, Léon Dierx a laissé son nom au musée. Après une enfance réunionnaise, il s’installe à Paris dans les années 1850. Ses poésies contribuent à sa renommée au cours de la seconde moitié du XIXe siècle.

De Saint-Denis à Paris Léon Dierx est né à Saint-Denis, rue de Paris, dans une grande maison aujourd’hui connue sous le nom de Maison Déramond. Il passe aussi une partie de son enfance sur une propriété à Montgaillard, sur les hauteurs du chef-lieu, site enchanteur qui le marque profondément. Il lui consacre un poème intitulé Les Filaos : " Là-bas, au flanc d’un mont couronné entre deux noirs ravins roulant leur frais échos, Sous l’ondulation de l’air chaud qui s’allume Règne un bois toujours vert de combres filaos …" Dierx quitte La Réunion pour Paris à l’âge de 15 ans afin de poursuivre ses études qu'il abandonne vers 1855, pour se consacrer entièrement à la poésie. La ruine de sa famille le contraint à reprendre ses cours, puis à travailler ; il occupe plusieurs postes dans les administrations parisiennes. En 1860 puis en 1892, le poète revient à La Réunion pour de courts séjours.

Il accueille Marius-Ary Leblond lors dès leur arrivée à Paris : les deux Réunionnais bénéficient ainsi de ses précieuses relations lors de la création du musée de La Réunion. En remerciement et en hommage à son œuvre, les Leblond le solliciteront pour donner son nom au nouveau musée. Modeste, Léon Dierx accepte à la condition « que cela fût fait après sa mort ». Le poète s’éteint en juin 1912 et le musée porte son nom depuis le 12 novembre 1912. Page | 11

Le poète

Poète applaudi, il participe au « Parnasse contemporain », dont le chef de file est le Réunionnais Charles Leconte de Lisle. Entre 1858 et 1879, Dierx publie plusieurs recueils et cesse d’écrire après cette date jusqu’à la fin de sa vie. Cependant, sa présence est appréciée dans les salons littéraires. Des journalistes, des écrivains ou des poètes se réfèrent à son œuvre. Il fait l’objet de nombreux articles dans la presse et reçoit de nombreux prix.

En 1885, reconnu par ses pairs, il a le privilège de faire partie du groupe des poètes chargé de la veillée funèbre de Victor Hugo, sous l’Arc de Triomphe. En 1898, il est sacré « Prince des poètes » par ses pairs, succédant à Stéphane Mallarmé.

L'artiste

Léon Dierx a fait l’objet de nombreux portraits par les peintres de son époque. Sa sensibilité artistique conduit aussi le poète à exprimer ses sentiments en peinture. Depuis sa création, le musée possède plusieurs tableaux de Dierx, souvent des petits formats. Son style évoque tour à tour Jean-Baptiste Corot (Faune et nymphe dans la forêt ) ou les paysagistes ayant adopté la peinture de plein air comme ceux de l’École de Barbizon.

Sa peinture très léchée, sa facture très lisse, exprime souvent un sentiment poétique dans la représentation d’un paysage. Ce genre, devenu majeur au XIXe siècle, semble avoir été privilégié par Dierx. Devenu aveugle à la fin de sa vie, il poursuit ses recherches artistiques en sculpture, mais aucune d’entre elles n’est à ce jour connue.

Ambroise Vollard 3 juillet 1866 - 22 juillet 1939

Né à Saint-Denis de La Réunion, Ambroise Vollard a été le plus célèbre marchand d’art parisien de la fin des années 1890 à sa mort en 1939. Cézanne, Picasso, Gauguin, Van Gogh, l’avant-garde artistique qui a façonné l’art du XXe siècle expose chez lui. En 1947, le musée Léon-Dierx hérite d’une petite partie de sa collection.

Ambroise, le Réunionnais

Fils d’un notaire, Ambroise Vollard est né le 3 juillet 1866 à Saint-Denis. Il passe son enfance entre la maison de ses parents et celle de son oncle maternel située rue de Paris. Ses études se déroulent au Lycée colonial, où son professeur de dessin s’appelle Antoine-Louis Roussin, également artiste, éditeur, imprimeur et lithographe. Un

Page | 12 modèle pour Vollard éditeur d’art et amateur d’estampes ? Après avoir obtenu son baccalauréat, il quitte son île natale pour poursuivre des études de droit à puis Paris où il s’installe en 1887. Très vite cependant, il s’intéresse à l’art et abandonne ses études en 1889.

L’écrivain et l'éditeur

Vollard éprouve une véritable passion pour l’édition d’estampes originales et de livres d’artistes. À la fin du XIXe siècle, il joue un rôle majeur dans le renouveau de la lithographie en couleurs. Dans les années 1920, devenu richissime, il se consacre essentiellement à l’édition de luxueux livres d’artistes. Passionné du "Père Ubu", personnage d’Alphonse Jarry, il se découvre écrivain et écrit plusieurs Ubu durant la Première Guerre mondiale dont son Ubu Colonial . Ce dernier est illustré par Georges Rouault en 1923. Il meurt sur la route à Versailles, le 22 juillet 1939. Neuf ans après, son frère, Lucien Vollard, donne au musée Léon-Dierx 157 œuvres achetées ou éditées par le marchand.

Vollard, le marchand

Employé d’une galerie spécialisée dans l’art académique, Vollard préfère s’en éloigner rapidement. Son œil aguerri par de longues heures passées devant les étalages des marchands sur les quais de Seine, l’amène à constituer un fonds de dessins et d’estampes d’artistes novateurs de la fin du XIXe siècle.

En 1893, il ouvre sa propre galerie d’art dans le quartier de l’Hôtel Drouot, rue Lafitte. Deux ans plus tard, Vollard fait une entrée fracassante dans des marchands en exposant Paul Cézanne, alors totalement oublié. Durant une dizaine année après ce coup d’éclat, il organise des expositions qui révèlent les noms de Picasso, Gauguin, Matisse, Van Gogh, Valtat, Derain…

Il se lie d'amitié avec les plus grands peintres de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

En 1918, la guerre l'oblige à fermer sa galerie parisienne. Après guerre, en 1924, Vollard quitte le quartier Drouot pour un hôtel rue de Martignac (7e arr. Paris) où il reçoit sur rendez-vous. Il y entasse une collection impressionnante de tableaux, sculptures, estampes et livres d’art.

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Visiter le musée

Préparer sa visite

Le musée Léon Dierx accompagne les professeurs dans leur parcours culturel.

En amont de la visite, les outils ci-dessous sont disponibles pour la préparation du projet pédagogique : - le dépliant d’accueil, disponible au guichet et en ligne. Ce document contient des informations pratiques pour visiter le musée et comprendre l’organisation des collections. - les fiches de salles, consultables sur place, s’adressent à un public adulte qui souhaite mieux connaître l’histoire du musée, de ses collections et de ses œuvres. - les fiches documentaires, disponibles en ligne, sont à l’attention des professeurs en charge de la mise en œuvre de l’histoire des arts dans les établissements scolaires. - le dossier pédagogique, disponible en ligne, est un document de présentation relatif au parcours de l’exposition permanente .

Il est recommandé aux enseignants de participer aux pré-visites qui se déroulent au musée tous les premiers mercredis du mois, à 14 heures.

L'accueil et les visites des groupes scolaires sont gratuits pour les élèves comme pour les accompagnateurs.

La réservation d’un créneau de visite est obligatoire en sollicitant le service des publics du musée ou par courriel (voir infos pratiques)

Deux types de visites scolaires sont proposées :

1) En visite libre, les enseignants font découvrir à leurs élèves les collections du musée.

2) En visite guidée, le service de médiation du musée propose des parcours commentés, du mardi au vendredi de 9 h 30 à 16 h 00.

Trois thèmes sont proposés :

. Ma première fois au musée : visite découverte de l’exposition permanente . L’agent de médiation adapte son discours selon le niveau scolaire du groupe et commente d’une manière générale l’histoire du musée et de ses collections . Portraits et paysages dans les collections du musée : Définition des deux genres et leur évolution . Visite commentée de l’exposition temporaire en cours

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Les pistes de visite

Les enseignants souhaitant mener des projets plus approfondis avec l'institution muséale peuvent également s'adresser au service de médiation.

De la documentation sur les collections, l'histoire et l'architecture du musée est disponible sur demande.

Des outils pédagogiques sont mis à disposition des enseignants à l'accueil du musée afin que les enfants puissent découvrir les collections en s’amusant :

► Les jeux et parcours : outils d’aide à la visite pour les scolaires

Différents outils à destination du jeune public sont proposés par le musée afin de lui faire découvrir le musée et ses collections. Ils sont proposés lors de la visite et certains sont aussi réalisables en classe avant et/ou après la visite.

► Le livret d’activités

Sur les pas de Léon Dierx, l’enfant (6 à 11 ans) découvre l’espace d’exposition permanente du musée. Il doit s’orienter dans les différentes parties du lieu en repérant une sélection de tableaux. Une découverte ludique et autonome à partir de divers jeux au sein de l’exposition permanente du musée. Il faut découvrir les erreurs, répondre à des rébus pour découvrir les tableaux et les thèmes à l’intérieur du musée. À faire seul ou en groupe. Livret à récupérer sur place ou à télécharger sur le site internet du musée.

► Les coloriages

Dans les salles, l’enfant (dès 3ans) peut, avec des crayons de couleur mis à disposition par le musée, colorier une sélection de portraits et de paysages. Cette activité peut aussi se dérouler en classe avant et/ou après la visite au musée. Le matériel est fourni par le musée. Différents types de coloriage sont proposés (cf. Annexes). Coloriages à récupérer sur place ou à télécharger sur le site internet du musée.

► Les détails d’oeuvre

Les enfants (dès 2 ans) doivent retrouver des détails agrandis de tableaux et de sculptures dans la collection permanente.

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Le Centre de documentation

La bibliothèque du musée est un lieu de ressources documentaires destiné en priorité au personnel scientifique du musée. Elle met à disposition du public un fonds documentaire spécialisé en histoire de l'art et peut accueillir chercheurs, étudiants, enseignants et particuliers effectuant des recherches documentaires, bibliographiques dans ce domaine.

Monographies d’artistes et catalogues d’expositions y côtoient ouvrages généralistes et catalogues raisonnés. Les domaines couverts correspondent principalement aux grands axes des collections permanentes du musée - dessin, peinture, sculpture des XIXe et début du XXe siècle - et aux artistes qui y sont représentés.

La bibliothèque s’enrichit régulièrement grâce aux achats, aux dons et à une politique d’échanges de publications avec les musées nationaux et internationaux.

Le classement adopté suit les recommandations générales de l'indexation Dewey.

Accessible sur rendez-vous, la bibliothèque offre un accès gratuit à ses ressources pour une consultation sur place uniquement.

Prendre rendez-vous au 0262 20 24 82 ou par courriel : [email protected]

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Informations pratiques

Le musée est ouvert du mardi au dimanche de 9 h 30 à 17 h 30. Il est fermé le lundi.

Nos contacts :

Adresse : Musée Léon Dierx 28, rue de Paris 97400 SAINT-DENIS

Téléphone : 0262 20 24 82 Fax : 0262 21 82 87

E-mail : [email protected]

Site internet :

Facebook : museeleondierx-officiel

Instagram : musee.dierx-officiel

Pour les trajets en bus : arrêt « Roland Garros », lignes 9, 10, 11, 12, 14, 21, 22, 22A et 23.

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VENIR AU MUSEE AVEC LE FOND DE TRANSPORT

La subvention de transport

Le Département de la Réunion finance la location d’un moyen de transport pour toute visite d’un équipement culturel départemental (Musée Léon Dierx, Musée Historique de Villèle, Muséum d’Histoire Naturelle et Jardin de l’Etat, Lazaret, Musée du Sel, Artothèque, Bibliothèque départementale, Archives départementales, Théâtres départementaux et Conservatoire Botanique de Mascarin) plafonné à : - 300 € maximum par an et par établissement, pour une « visite découverte » - 600 € maximum par an et par établissement, pour une « visite à projet » Sont bénéficiaires de ce dispositif, tous les établissements scolaires du premier degré (primaire) et du second degré (collège), publics ou privés qui rentrent dans un de ces projets.

Notez bien que le Conseil Départemental vous rembourse les frais de transport, mais il vous appartient de les avancer auprès du transporteur, c’est pourquoi nous ne pourrons traiter aucun dossier sans facture acquittée.

Sur le site internet du musée vous pouvez télécharger les documents utiles et ainsi les transmettre dûment complétés, à l’issue de votre visite, accompagnés d’un RIB, du numéro SIRET, du code APE de votre établissement scolaire, ainsi que de la facture acquittée du transporteur.

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Fiches documentaires disponibles sur le site internet

Architecture - Architecture 1 : de la maison Manès au Musée (1846 – 1912) - Architecture 2 : le premier musée Léon Dierx (1912 – 1963) - Architecture 3 : un nouveau musée (1965 – 1970)

Personnages - Personnages 1 : Marius-Ary Leblond, deux écrivains pour un musée - Personnages 2 : Léon Dierx - Personnages 3 : Ambroise Vollard

Collections - Collection 1 : colonialisme et art contemporain - Collection 2 : de l’histoire dans un musée d’art - Collection 3 : Paul et Virginie et la naissance d’une identité créole - Collection 4 : 1922 : le don Kervéguen - Collection 5 : les dons d’Ambroise Vollard - Collection 6 : un musée toujours contemporain

Paysages - Paysage 1 : la peinture de paysage : un genre devenu majeur au XIXème siècle - Paysage 2 : vue de la mer : la marine - Paysage 3 : vues urbaines - Paysage 4 : Adolphe Le Roy, un peintre romantique à La Réunion

Portraits - Portrait 1 : le portrait au XIXème siècle - Portrait 2 : dessin, esquisse, tableau, les étapes d’un portrait - Portrait 3 : le nu - Portrait 4 : pots et masques portraits, chefs d’oeuvres au musée

Œuvres - Emile Bernard, Maison au fond d’un parc - , L’Entrée du jardin, Petit Gennevilliers - Denis Maurice, Femmes dans un parc ou Les Muses (esquisse) - Maurice Eliot, L’Etang fleuri - Erro, La vie de Vollard - Armand Guillaumin, Le Barrage - Francesco Itturino, Grand paysage - Pierre Laprade, Femme et enfant au bord d’un lac - Stanislas Lépine, Bord de rivière et sous-bois - Maximilien Luce, Le Jardin - Jacqueline Marval, Les Cigales - Maxime Maufra, Bretons sur la route - Georges Michel, Averse sur la Plaine Saint-Denis - Berthe Morisot, Jeune fille au divan - Ernest Ponthier de Chamaillard, Falaises de Douarnenez - Auguste Renoir, Eau ou Petite Laveuse

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