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Dans ce numéro :

LE RAPPORT D ’EVALUATION RELATIF AU PROGRAMME DE DEVELOPPEMENT TERRITORIAL DE LA PROVINCE D’A L HOCEÏMA «M ANARAT AL MOUTAOUASSIT »

Du 24 AU 26 OCTOBRE 2017

Les Juridictions Financières dans la presse

SOMMAIRE

L’ECONOMISTE Que reproche la Cour des comptes. P. 4 Retard dans les projets d'Al Hoceima : Le Roi limoge 3 ministres. P.6

AUJOURD’HUI LE MAROC Maroc : Synthèse du rapport de la cour des comptes. P. 7

Le MATIN Driss Jettou présente devant S.M. le Roi le rapport d’évaluation relatif au programme de développement territorial de la province d’Al Hoceïma «Manarat Al Moutaouassit». P. 10

Sa Majesté le Roi Mohammed VI décide de mettre fin aux fonctions de plusieurs responsables ministériels en leur qualité de membres de l’ancien gouvernement. P.15

TELQUEL Driss Jettou présente au Palais son rapport sur les projets à Al Hoceima. P.21 Séisme politique: Mohammed VI limoge Hassad, Benabdellah, Bencheikh, Louardi...p. 23 Le rapport sur lequel s'est reposé Mohammed VI pour limoger des ministres. P. 25 Reddition des comptes : Le nouveau pari politique de Mohammed VI. P.32

LIBERATION Le séisme politique a bel et bien eu lieu : Dysfonctionnements fatals pour une flopée de ministres, secrétaires d’Etat et autres hauts commis d’Etat. p. 36 S.M le Roi limoge trois ministres et un secrétaire d’Etat en fonction ainsi que le directeur général de l’ONEE. P. 38

Lors de la présentation devant le Souverain du rapport relatif au programme “Al Hoceima-Manarat Al Moutaouassit” Driss Jettou : Des dysfonctionnements dans la préparation et la mise en œuvre du programme. P. 42

TV5 Monde Maroc: le Roi limoge trois ministres sur fond de contestation dans le nord. P. 49

LE POINT AFRIQUE Maroc : le roi Mohammed VI frappe du poing sur la table. P.52

LE REPORTER «Al Hoceïma Manarat Al Moutawassit» : Le rapport qui précède le «séisme politique». P. 54

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LE 360 Retards dans les projets de développement d’Al Hoceïma: 4 ministres en activité limogés. P. 58

L’express Crise du Rif: le Roi du Maroc limoge trois ministres .P. 61

Le Monde Crise dans le Rif : le Roi du Maroc décide de limoger trois ministres. P. 63

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اور اراء و 9 وزراء : اززال . ص. 65 65

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26/10/2017- Que reproche la Cour des comptes

Le ministère de l’Intérieur concentre le plus gros des critiques Manarat Al Moutawassit: A fin 2016, à peine 11% des projets réalisés Des problèmes de suivi et de gestions mais pas de malversations

Le rapport d’évaluation de la Cour des comptes relatif au programme de développement de la province d’Al Hoceïma, Manarat Al Moutawassit, ressemble à s’y méprendre à un bulletin de notes. Parmi la vingtaine de départements ministériels ayant signé la Convention-Cadre devant le Roi, le 17 octobre 2015 à Tétouan, les équipes de Driss Jettou ont pu identifier une série de dysfonctionnements.

Le rapport reproche au ministère de l’Intérieur de ne pas s’être «assuré au préalable que la Convention ne se limite pas uniquement à des clauses générales» et qu’elle «soit appuyée par des documents essentiels tels que la liste exhaustive des projets à réaliser, leur consistance, les estimations actualisées des coûts et les supports budgétaires». De plus, la phase préparatoire, (entre 2014 et 2015), a été marquée par une absence de vision stratégique intégrée et partagée par tous les partenaires. La Convention manquait en effet d’une ventilation par projet du montant des contributions de chaque partie, comme cela a été le cas pour Tanger-Métropole, par exemple.

La gouvernance du programme est, elle aussi, pointée du doigt. La Convention avait prévu une Commission centrale de suivi et un Comité local de supervision. Pour Jettou, cette instance locale, présidée par le gouverneur, n’a pas réussi à mobiliser les partenaires de la convention ni à lancer le programme. «Or, au regard de l’importance de ce programme, le pilotage devait se faire au niveau du gouvernement et de la Commission ministérielle de suivi à l’initiative du ministre de l’Intérieur et non au niveau du gouverneur, surtout durant la phase de démarrage», relève le rapport.

Cela aurait permis de faire face aux contraintes se rapportant à la consistance des projets, à la mobilisation du foncier, au financement, et procéder aux arbitrages nécessaires en cas de difficulté et ce, au niveau ministériel. La Commission n’a pu se réunir finalement qu’en février 2017, soit 16 mois après la signature de la Convention. A fin 2016, seuls 5 projets étaient achevés pour un montant global de 146,8 millions

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de DH et 45 projets lancés pour 565 millions de DH supplémentaires, soit moins de 11% du total du programme qui s’élève à 6,5 milliards de DH.

Les retardataires se sont justifiés par la réception tardive de la Convention-Cadre, la non programmation des crédits budgétaires et les difficultés de mobilisation du foncier, un véritable casse-tête dans la région du Rif. Des arguments qui ne passent pas aux yeux de la Cour des comptes qui assure qu’avec un peu d’initiative, l’ancien gouvernement aurait pu mieux faire. Et pour preuve, l’action du nouveau gouvernement qui, dès le Conseil des ministres du 25 juin 2017, avait pu lancer le programme. A fin septembre 2017, 512 projets étaient en cours de réalisation ou en phase de démarrage, pour un montant global de 3,9 milliards de DH.

Entre janvier et juillet 2017, 12 conventions spécifiques ont été signées par différents partenaires dont l’Education nationale, la Santé, la Jeunesse et Sports, la Culture et l’Environnement avec l’Agence pour la promotion et le développement du Nord pour la réalisation de projets qui incombaient initialement aux départements signataires.

Pour la Cour des comptes, cette décision qui portait sur près de 46% du budget total du programme était risquée car elle faisait porter sur les épaules d’un seul intervenant, en l’occurrence l’Agence, près de la moitié des projets. D’autant plus que les départements concernés disposent des moyens et des cadres ainsi que de l’expertise nécessaires pour suivre et réaliser ces projets, «comme ils le font habituellement sur l’ensemble du territoire national», martèle la Cour dans ses conclusions.

D’autres départements, comme l’Equipement, l’Eau, l’Agriculture ou les Eaux et Forêts, sont mieux lotis. Bien que leurs projets ont connu un démarrage timide, ils ont pu accélérer la cadence de leur réalisation, «ce qui les met dans une position favorable pour réaliser leurs projets dans les délais», note le rapport.

Revoir la gouvernance, le conseil de Jettou

Pour la Cour des comptes, afin de garantir les chances de réussite pour Manarat Al Moutawassit, les changements devront être essentiellement axés sur le mode de gouvernance du projet. D’abord, elle conseille à ce que la Commission centrale de suivi soit présidée par le ministre de l’Intérieur. Elle devra se réunir sans délai afin de traiter les problèmes qui entravent le bon déroulement du programme, notamment le financement, le foncier et les études. Elle devra aussi veiller à la cohérence de Manarat Al Moutawassit avec les autres programmes socioéconomiques initiés dans la région telle l’INDH. Elle devra se réunir trimestriellement et exiger de chaque partie un interlocuteur unique parmi les hauts responsables. Le Comité local devra, pour sa part, se réunir selon une fréquence mensuelle pour suivre de près la mise en œuvre des projets sur le terrain. Il devra pour ce la, instaurer des mécanismes de coordination et de reporting avec des indicateurs appropriés. La Cour conseille de rester vigilant en ce qui concerne l’Agence du Nord qui porte sur son dos une charge importante avec près de la moitié des projets et veiller à ce que

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chaque partie prenante assume sa part de responsabilité dans l’exécution et le suivi de ces projets.

24/10/2017- Retard dans les projets d'Al Hoceima : Le Roi limoge 3 ministres

Le roi Mohammed VI a reçu aujourd'hui en audience le premier président de la Cour des comptes, Dirss Jettou, pour la présentation du rapport sur le programme Al Hoceima Manarat Al Moutawassit. Le rapport relève plusieurs dysfonctionnements enregistrés sous le précédent gouvernement, notamment le retard dans le lancement des projets ou le non-démarrage d'autres. Ainsi, le Roi a pris d'importantes mesures consistant au limogeage de trois ministres qui sont actuellement en exercice, mais qui étaient dans le précédent gouvernement. Il s'agit de , ex-ministre de l'Intérieur qui gère actuellement l'Education nationale, Mohamed Benabdellah, ministre de l'Habitat, El Houssaine Louardi, ministre de la Santé. Ces limogeages concernent aussi Larbi Bencheikh, le secrétaire d'Etat en charge de la Formation professionnelle (ancien DG de l'OFPPT), ainsi qu'Ali Fassi Fihri, le DG de l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE).

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24/10/2017- Maroc : Synthèse du rapport de la cour des comptes

«SM le Roi Mohammed VI a reçu, mardi 24 octobre 2017 au palais royal à , le Premier président de la Cour des comptes, en présence du chef du gouvernement, et des ministres de l’Intérieur, et de l’Economie et des Finances.

Au cours de cette audience, le Premier président de la Cour a présenté devant Sa Majesté le Roi un rapport comportant les résultats et conclusions de la Cour sur le programme « Al Hoceima : Manarat Al Moutawassit». Le rapport de la Cour des comptes a souligné que les investigations et enquêtes qu’elle a menées ont confirmé l’existence de plusieurs dysfonctionnements enregistrées sous le précédent gouvernement. Le rapport a également révélé que plusieurs secteurs ministériels et établissements publics n’ont pas honoré leurs engagements dans la mise en œuvre des projets et que les explications qu’ils ont fournies ne justifient pas le retard qu’a connu l’exécution de ce programme de développement. Le rapport a en outre démontré qu’il n’existait ni malversations ni détournements. Concernant la gouvernance, et à titre d’illustration, la commission centrale de suivi, composée des responsables gouvernementaux concernés, ne s’est réunie qu’en février 2017, soit 16 mois après la signature de la convention, au moment où la commission locale de contrôle et de suivi, présidée par le gouverneur de la province d’alors, a démontré son incapacité à mobiliser et à encourager les différents partenaires, et à imprimer le dynamisme nécessaire pour le lancement des projets sur des bases solides.

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Le rapport ajoute que devant le non-respect des engagements et le retard évident dans le lancement des projets, certains secteurs concernés ont transféré une partie de leurs contributions financières à l’Agence de développement des provinces du Nord comme moyen de se dérober à leurs responsabilités. Et eu égard à l’importance de ce programme de développement, et à la multiplication des intervenants, il était nécessaire que le gouvernement et la commission ministérielle du suivi assument la mission de supervision directe, à l’initiative du ministère de l’Intérieur, notamment durant sa phase de lancement. S’agissant de l’exécution des projets programmés, il a été constaté un grand retard dans le lancement des projets, pis encore la grande majorité de ces projets n’avait même pas été lancée, avec l’absence d’initiatives concrètes de la part de certains intervenants concernés pour leur lancement effectif. – De par les prérogatives constitutionnelles de Sa Majesté le Roi en tant que garant des droits des citoyens et protecteur de leurs intérêts; – En application des dispositions de l’article 1 de la constitution, notamment dans son alinéa 2, relatif à la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes ; – Se basant sur les différents rapports soumis à la Haute appréciation du Souverain par l’Inspection générale de l’administration territoriale, l’Inspection générale des finances et la Cour des Comptes et après détermination des responsabilités, de manière claire et précise, prenant en considération le degré de manquement dans l’exercice de la responsabilité, SM le Roi, que Dieu L’assiste, a décidé un ensemble de mesures et sanctions à l’encontre de plusieurs ministres et hauts responsables. Dans ce cadre, et en application des dispositions de l’article 47 de la Constitution, notamment dans son alinéa 3, et après consultation du chef du gouvernement, Sa Majesté le Roi a décidé de mettre fin aux fonctions de plusieurs responsables ministériels. Il s’agit de : – Mohamed Hassad, ministre de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, en sa qualité de ministre de l’Intérieur dans le gouvernement précédent ; – Mohamed Nabil Benabdellah, ministre d’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, en sa qualité de ministre de l’Habitat et de la Politique de la ville dans le gouvernement précédent ; – El Houcine Louardi, ministre de la Santé, en sa qualité de ministre de la Santé dans le gouvernement précédent ; – Larbi Bencheikh, Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, chargé de la formation professionnelle, en sa qualité d’ancien directeur général de l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail ; Sa Majesté a décidé également de mettre fin aux fonctions de Ali Fassi Fihri, directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable. Pour ce qui est des autres responsables dans le gouvernement précédent également concernés par ces dysfonctionnements, Sa Majesté le Roi, que Dieu Le préserve, a décidé de leur notifier Sa non satisfaction, pour n’avoir pas été à la hauteur de la confiance placée en eux par le Souverain et pour n’avoir pas assumé leurs responsabilités, affirmant qu’aucune fonctions officielle ne leur sera confiée à l’avenir. Il s’agit de : Rachid Belmokhtar Benabdellah, en sa qualité d’ancien ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle ; , en qualité d’ancien ministre du Tourisme ;

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Lahcen Sekkouri, en sa qualité d’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports ; , en sa qualité d’ancien ministre de la Culture ; Hakima El Haiti, ancien secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, chargé de l’Environnement ; Par la suite, SM le Roi a chargé le chef du gouvernement de soumettre des propositions de nomination de nouveaux responsables dans les postes vacants. En ce qui concerne le reste des responsables administratifs au sujet desquels les rapports ont relevé des manquements et des dysfonctionnements dans l’exercice de leurs fonctions, et qui sont au nombre de 14, Sa Majesté le Roi a donné Ses Hautes Instructions au chef du gouvernement en vue de prendre les mesures nécessaires à leur encontre, et de soumettre un rapport à ce sujet à Sa Majesté. D’autre part, les résultats et les conclusions du rapport de la Cour des comptes ont montré que, suite aux Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi lors du Conseil des ministres tenu le 25 juin 2017, une nouvelle dynamique a été enregistrée au niveau de la mobilisation des différents intervenants, de même qu’un progrès notable a été réalisé au niveau de la mise en œuvre des projets. Dans ce cadre, Sa Majesté le Roi, tout en se félicitant des efforts déployés par le gouvernement actuel en vue d’accélérer la mise en œuvre des projets programmés, a donné Ses Hautes Orientations pour tirer les leçons des difficultés qu’a connues le programme de développement Manarat Al Moutawassit afin d’éviter les dysfonctionnements et les obstacles qui pourraient entraver la réalisation des chantiers de développement dans les différentes régions du Royaume.

Sa Majesté le Roi a également réitéré Ses Hautes Instructions en vue de prendre toutes les mesures organisationnelles et réglementaires visant à améliorer la gouvernance administrative et territoriale et interagir de manière positive avec les revendications légitimes des citoyens, dans le respect strict de la loi et de l’Etat de droit. Il est de notoriété publique que Sa Majesté le Roi, depuis Son accession au Trône, veille personnellement au suivi des projets lancés par le Souverain, adoptant une approche spécifique basée sur l’efficience, l’efficacité et la célérité dans l’exécution, et sur le strict respect des engagements. Il est à souligner que ces décisions royales s’inscrivent dans le cadre d’une nouvelle politique qui ne se limite pas uniquement à la région d’Al Hoceima, mais englobe toutes les régions du Maroc, et qui concerne tout responsable, tous niveaux confondus, en application du principe de corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes, d’encouragement des initiatives constructives et de promotion des valeurs de patriotisme sincère et de citoyenneté engagée au service de l’intérêt général. Dans ce contexte, Sa Majesté le Roi a donné Ses Hautes Instructions au ministre de l’Intérieur en vue de mener les investigations nécessaires au niveau national au sujet des responsables relevant du ministère de l’Intérieur à l’Administration territoriale, tous grades confondus. Sa Majesté le Roi a donné également Ses Hautes orientations au Premier président de la Cour des comptes pour l’examen et l’évaluation de l’action des conseils régionaux d’investissement.

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24/10/2017-Sa Majesté le Roi Mohammed VI décide de mettre fin aux fonctions de plusieurs responsables ministériels en leur qualité de membres de l’ancien gouvernement

• Suite au rapport présenté devant le Souverain par Driss Jettou, qui vient compléter celui de l’Inspection générale de l’Administration territoriale et de l’Inspection générale des Finances, comportant les résultats et conclusions de la Cour sur le programme «Al Hoceïma : Manarat Al Moutawassit» et en application du principe de corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes. • Pour ce qui est des autres responsables dans le gouvernement précédent également concernés par ces dysfonctionnements, Sa Majesté le Roi décide de leur notifier Sa non-satisfaction,

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pour n’avoir pas été à la hauteur de la confiance placée en eux par le Souverain, affirmant qu’aucune fonction officielle ne leur sera confiée à l’avenir.

Voici le texte du communiqué du Cabinet royal : «S.M. le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a reçu, mardi 24 octobre 2017 au palais royal à Rabat, le Premier président de la Cour des comptes, en présence du Chef du gouvernement et des ministres de l’Intérieur et de l’Économie et des Finances. Au cours de cette audience, le Premier président de la Cour a présenté devant Sa Majesté le Roi un rapport comportant les résultats et conclusions de la Cour sur le programme “Al Hoceïma : Manarat Al Moutawassit”. Le rapport de la Cour des comptes a souligné que les investigations et enquêtes qu’elle a menées ont confirmé l’existence de plusieurs dysfonctionnements enregistrés sous le précédent gouvernement. Le rapport a également révélé que plusieurs secteurs ministériels et établissements publics n’ont pas honoré leurs engagements dans la mise en œuvre des projets et que les explications qu’ils ont fournies ne justifient pas le retard qu’a connu l’exécution de ce programme de développement. Le rapport a en outre démontré qu’il n’existait ni malversations ni détournements.

Concernant la gouvernance, et à titre d’illustration, la commission centrale de suivi, composée des responsables gouvernementaux concernés, ne s’est réunie qu’en février 2017, soit 16 mois après la signature de la convention, au moment où la commission locale de contrôle et de suivi, présidée par le gouverneur de la province d’alors, a démontré son incapacité à mobiliser et à encourager les différents partenaires, et à imprimer le dynamisme nécessaire pour le lancement des projets sur des bases solides.

Le rapport ajoute que devant le non-respect des engagements et le retard évident dans le lancement des projets, certains secteurs concernés ont transféré une partie de leurs contributions financières à l’Agence de développement des provinces du Nord comme moyen de se dérober à leurs responsabilités. Et eu égard à l’importance de ce programme de développement, et à la multiplication des intervenants, il était nécessaire que le gouvernement et la commission ministérielle du suivi assument la mission de supervision directe, à l’initiative du ministère de l’Intérieur, notamment durant sa phase de lancement.

S’agissant de l’exécution des projets programmés, il a été constaté un grand retard dans le lancement des projets, pis encore la grande majorité de ces projets n’avait

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même pas été lancée, avec l’absence d’initiatives concrètes de la part de certains intervenants concernés pour leur lancement effectif.

• De par les prérogatives constitutionnelles de Sa Majesté le Roi en tant que garant des droits des citoyens et protecteur de leurs intérêts ; • En application des dispositions de l’article 1 de la Constitution, notamment dans son alinéa 2, relatif à la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes ; • Se basant sur les différents rapports soumis à la Haute Appréciation du Souverain par l’Inspection générale de l’administration territoriale, l’Inspection générale des finances et la Cour des comptes et après détermination des responsabilités, de manière claire et précise, prenant en considération le degré de manquement dans l’exercice de la responsabilité, S.M. le Roi, que Dieu L’assiste, a décidé un ensemble de mesures et de sanctions à l’encontre de plusieurs ministres et hauts responsables.

Dans ce cadre, et en application des dispositions de l’article 47 de la Constitution, notamment dans son alinéa 3, et après consultation du Chef du gouvernement, Sa Majesté le Roi a décidé de mettre fin aux fonctions de plusieurs responsables ministériels. Il s’agit de :

• Mohamed Hassad, ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, en sa qualité de ministre de l’Intérieur dans le gouvernement précédent ; • Mohamed Nabil Benabdellah, ministre d’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville, en sa qualité de ministre de l’Habitat et de la politique de la ville dans le gouvernement précédent ; • , ministre de la Santé, en sa qualité de ministre de la Santé dans le gouvernement précédent ; • Larbi Bencheikh, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, chargé de la Formation professionnelle, en sa qualité d’ancien directeur général de l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail ; Sa Majesté a également décidé de mettre fin aux fonctions de Ali Fassi Fihri, directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable.

Pour ce qui est des autres responsables dans le gouvernement précédent également concernés par ces dysfonctionnements, Sa Majesté le Roi, que Dieu Le préserve, a décidé de leur notifier Sa non-satisfaction, pour n’avoir pas été à la hauteur de la confiance placée en eux par le Souverain et pour n’avoir pas assumé leurs responsabilités, affirmant qu’aucune fonction officielle ne leur sera confiée à l’avenir. Il s’agit de :

• Rachid Belmokhtar Benabdellah, en sa qualité d’ancien ministre de l’Éducation

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nationale et de la formation professionnelle ; • Lahcen Haddad, en qualité d’ancien ministre du Tourisme ; • Lahcen Sekkouri, en sa qualité d’ancien ministre de la Jeunesse et des sports ; • Mohamed Amine Sbihi, en sa qualité d’ancien ministre de la Culture ; • Hakima El Haïti, ancienne secrétaire d’État auprès du ministre de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement, chargée de l’Environnement.

Par la suite, S.M. le Roi a chargé le Chef du gouvernement de soumettre des propositions de nomination de nouveaux responsables dans les postes vacants. En ce qui concerne le reste des responsables administratifs au sujet desquels les rapports ont relevé des manquements et des dysfonctionnements dans l’exercice de leurs fonctions, et qui sont au nombre de 14, Sa Majesté le Roi a donné Ses Hautes Instructions au Chef du gouvernement en vue de prendre les mesures nécessaires à leur encontre, et de soumettre un rapport à ce sujet à Sa Majesté.

D’autre part, les résultats et les conclusions du rapport de la Cour des comptes ont montré que, suite aux Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi lors du Conseil des ministres tenu le 25 juin 2017, une nouvelle dynamique a été enregistrée au niveau de la mobilisation des différents intervenants, de même qu’un progrès notable a été réalisé au niveau de la mise en œuvre des projets. Dans ce cadre, Sa Majesté le Roi, tout en se félicitant des efforts déployés par le gouvernement actuel en vue d’accélérer la mise en œuvre des projets programmés, a donné Ses Hautes Orientations pour tirer les leçons des difficultés qu’a connues le programme de développement Manarat Al Moutawassit afin d’éviter les dysfonctionnements et les obstacles qui pourraient entraver la réalisation des chantiers de développement dans les différentes régions du Royaume. Sa Majesté le Roi a également réitéré Ses Hautes Instructions en vue de prendre toutes les mesures organisationnelles et réglementaires visant à améliorer la gouvernance administrative et territoriale et interagir de manière positive avec les revendications légitimes des citoyens, dans le respect strict de la loi et de l’État de droit.

Il est de notoriété publique que Sa Majesté le Roi, depuis Son accession au Trône, veille personnellement au suivi des projets lancés par le Souverain, adoptant une approche spécifique basée sur l’efficience, l’efficacité et la célérité dans l’exécution, et sur le strict respect des engagements.

Il est à souligner que ces décisions royales s’inscrivent dans le cadre d’une nouvelle politique qui ne se limite pas uniquement à la région d’Al Hoceïma, mais englobe toutes les régions du Maroc, et qui concerne tout responsable, tous niveaux confondus, en application du principe de corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes, d’encouragement des initiatives constructives et de promotion

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des valeurs de patriotisme sincère et de citoyenneté engagée au service de l’intérêt général.

Dans ce contexte, Sa Majesté le Roi a donné Ses Hautes Instructions au ministre de l’Intérieur en vue de mener les investigations nécessaires au niveau national au sujet des responsables relevant du ministère de l’Intérieur à l’Administration territoriale, tous grades confondus.

Sa Majesté le Roi a donné également Ses Hautes Orientations au Premier président de la Cour des comptes pour l’examen et l’évaluation de l’action des Conseils régionaux d’investissement.

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25/10/2017- Driss Jettou présente devant S.M. le Roi le rapport d’évaluation relatif au programme de développement territorial de la province d’Al Hoceïma «Manarat Al Moutaouassit»

Le Premier président de la Cour des comptes, Driss Jettou, a présenté devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, mardi au Palais Royal à Rabat, le rapport d’évaluation relatif au Programme de développement territorial de la province d’Al Hoceïma «Manarat Al Moutaouassit». Voici le texte intégral de son allocution :

«C’est avec un immense honneur que je présente à Votre Majesté le rapport d’évaluation relatif au programme de développement territorial de la province d’Al Hoceïma «Manarat Al Moutaouassit», conformément aux dispositions de la Constitution et de la loi numéro 62-99 formant Code des juridictions financières.

Majesté,

Sur Hautes Instructions de Votre Majesté, Que Dieu l’Assiste, la Cour des comptes a procédé à l’examen de l’exécution du programme de développement de la province d’Al Hoceïma «Manarat Al Moutaouassit», et ce en vertu de ses prérogatives et compétences en matière d’évaluation des projets publics. Pour accomplir cette mission, la Cour des comptes a procédé à l’examen du rapport d’enquête sur le programme précité, élaboré conjointement par l’Inspection générale de l’Administration territoriale (IGAT) et l’Inspection générale des Finances (IGF). Lequel rapport a été communiqué à la Cour des comptes par le gouvernement, le 3 octobre 2017, conformément aux dispositions de l’article 109 de la loi n° 62-99 formant Code des juridictions financières. La Cour a également demandé aux principales parties prenantes des compléments d’information relatifs à la préparation

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du programme, et à l’état d’avancement des projets lancés à fin septembre 2017. Elle a aussi auditionné certains responsables des organismes concernés.

Si l’examen des documents et des informations disponibles à ce jour n’a pas révélé de malversations ou de détournements, il a néanmoins permis de constater des dysfonctionnements, à la fois dans la phase préparatoire de ce programme, dans l’élaboration de la Convention-cadre qui le régit et dans sa mise en œuvre. En effet, l’analyse de la phase préparatoire, qui a eu lieu entre 2014 et 2015, a permis de constater que le processus de choix des projets à réaliser dans le cadre de ce programme ne répondait pas à une vision stratégique intégrée et partagée par tous les partenaires. La consistance du programme telle qu’elle figure dans la Convention- cadre a été arrêtée de manière approximative, et l’échéancier y figurant retrace uniquement la répartition annuelle des contributions financières des 20 parties prenantes. Or, en l’absence d’une ventilation par projet, ces contributions ne pouvaient avoir qu’un caractère estimatif.

La Convention-cadre a été signée devant Sa Majesté le Roi, le 17 octobre 2015 à Tétouan. Le ministère de l’Intérieur comme la wilaya de la région auraient dû s’assurer au préalable que la Convention, en tant que cadre contractuel, ne se limite pas à des clauses générales, mais soit appuyée par des documents essentiels tels que la liste exhaustive des projets à réaliser, leur consistance, les estimations actualisées des coûts et les supports budgétaires.

Au niveau de la gouvernance du programme, la Convention a prévu un comité local de supervision et de suivi présidé par le gouverneur de la province d’Al-Hoceïma, et une Commission centrale de suivi sans toutefois en désigner le président. Le comité local de supervision et de suivi n’a pas été en mesure de mobiliser les autres partenaires en termes de contribution effective et de réactivité. Il n’a pas, non plus, insufflé la dynamique nécessaire pour le lancement du programme sur des bases solides. Le planning prévisionnel des projets programmés et leurs budgets n’ont été évoqués pour la première fois que lors de la réunion de la Commission centrale de suivi tenue en février 2017, soit 16 mois après la signature de la Convention. Or, au regard de l’importance de ce programme, du Budget alloué, du nombre important de signataires et des délais de réalisation relativement courts, le pilotage devait se faire au niveau du gouvernement et de la Commission ministérielle de suivi à l’initiative du ministre de l’Intérieur, et non au niveau du gouverneur, surtout durant la phase de démarrage, pour traiter en particulier les contraintes se rapportant à la consistance des projets, à la mobilisation du foncier, au financement, et procéder aux arbitrages nécessaires en cas de difficultés.

La mise en œuvre du programme a connu un démarrage timide. En effet, depuis la signature de la Convention-cadre en octobre 2015 jusqu’à février 2017, la Cour des comptes a constaté une insuffisance, voire une absence d’initiatives pour démarrer

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l’exécution effective des projets par la plupart des intervenants aussi bien au niveau central que local. Ainsi, sur les 644 projets prévus dans le programme, les réalisations à fin 2016 se limitent à 5 projets achevés (146,8 millions de DH) et 45 projets en cours (565 millions).

Les raisons avancées par plusieurs parties prenantes pour expliquer ce retard se rapportent à la réception tardive de la Convention-cadre, à la non-programmation des crédits budgétaires et aux difficultés de mobiliser le foncier. La Cour des comptes estime que ces arguments ne peuvent justifier le manque d’initiatives pour entamer le démarrage du programme.

Le retard dans la notification de la Convention aurait pu être évité par la remise aux différentes parties prenantes de copies certifiées conformes à l’original, dès le lendemain de la signature de la Convention. De même, le gouvernement aurait pu répondre favorablement aux demandes de crédits formulées par certains départements pour leur permettre d’honorer leurs engagements. En outre, une attention particulière aurait dû être accordée à la mobilisation du foncier, eu égard aux contraintes spécifiques de la région, liées à sa rareté, à son coût élevé et à la diversité de ses statuts (particuliers, Habous, domaine, eaux et forêts…).

Cependant, il y a lieu de signaler qu’avec l’installation du nouveau gouvernement, et surtout après le Conseil des ministres du 25 juin 2017, une nouvelle dynamique a été enregistrée et comme conséquence de cette mobilisation, l’état d’avancement du programme s’est amélioré de manière significative. Ainsi, selon les informations et documents produits à la Cour à fin septembre 2017, 512 projets étaient en cours de réalisation ou en phase de démarrage, pour un montant global de 3,9 milliards de DH.

Entre janvier et juillet 2017, 12 conventions spécifiques ont été signées par différents partenaires avec l’Agence pour la promotion et le développement du Nord en vertu desquelles celle-ci se trouve désormais chargée de la maîtrise d’ouvrage d’un nombre important de projets dont la réalisation incombait initialement aux départements signataires. La Cour des comptes estime que la décision de confier à l’Agence du Nord la réalisation d’un nombre important de projets, pour un montant total de près de 3 milliards de DH représentant plus de 46% du budget global du programme, comporte des risques en termes de suivi, de coûts et de délais. Elle s’interroge sur la capacité de cette Agence à réaliser, en plus de ses projets propres engagés dans d’autres provinces du Nord, un programme de cette envergure, malgré ses moyens humains limités.

De même, la Cour des comptes estime que l’empressement observé chez plusieurs départements ministériels tels que l’Éducation nationale, la Santé, la Jeunesse et les sports, la Culture et l’Environnement de recourir à l’Agence n’est pas justifié. Pour de nombreux projets, les études n’étaient pas encore disponibles et le foncier non assaini.

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Cet empressement traduit chez ces départements une certaine volonté de se défaire de leurs engagements aux dépens de l’Agence, alors qu’ils ont les capacités et l’expertise requises pour réaliser par eux-mêmes des projets similaires, comme ils le font habituellement sur l’ensemble du territoire national. La Cour des comptes recommande à ces départements d’accélérer l’élaboration des études préalables nécessaires, de procéder à l’acquisition et à l’assainissement du foncier, de veiller au déblocage régulier de leurs contributions financières à l’Agence et de renforcer leurs équipes au niveau local pour suivre de près l’exécution de leurs projets.

Concernant le ministère de l’Habitat et de la politique de la ville, la Cour des comptes constate que la convention spécifique, qu’il a signée avec l’Agence du Nord, n’a été visée qu’en août 2016 et seuls 50 millions de DH ont été débloqués sur un montant de 220 millions de DH prévus pour la période 2016-2017. La Cour recommande au ministère notamment d’accélérer les études pour démarrer les travaux relatifs au projet de confortement et de stabilisation des terrains au quartier Boujibar. Le ministère devrait aussi se mobiliser aux côtés de l’Agence du Nord pour assurer un suivi rapproché des projets relevant de ses prérogatives. Pour le ministère du Tourisme, au vu du retard constaté dans le lancement du programme touristique, la Cour des comptes recommande de renforcer et diversifier les actions de promotion engagées cet été en raison de l’importance du tourisme pour l’économie de la région.

Pour l’Office national de l’électricité et de l’eau potable, la Cour recommande de sécuriser l’approvisionnement de la région en eau potable qui constitue une source de préoccupation des autorités locales, et de rattraper le retard accusé par l’Office dans la réalisation de la station de dessalement ainsi que du projet d’adduction d’eau depuis le barrage de Bouhouda.

Pour l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail, la Cour recommande de veiller à la réalisation des deux centres de formation professionnelle à Bni Bouayach et Issaguen pour assurer leur ouverture dès la rentrée prochaine, d'autant que les appels d’offres les concernant ont été lancés avec retard et n’ont été adjugés qu’en octobre 2017.

D’autres départements comme l’Équipement, l’Eau, l’Agriculture et les eaux et forêts, bien que leurs projets aient connu un démarrage timide, ont pu accélérer la cadence de leur réalisation, et pour certains, renforcer leurs programmes, ce qui les met dans une position favorable pour réaliser leurs projets dans les délais. Pour le ministère chargé de l’Équipement, la Cour des comptes recommande d’accélérer les projets de désenclavement de la province d’une manière générale, notamment les tronçons routiers relevant du programme «Manarat Al Moutaouassit» dont le budget a été porté de 464 à 714 millions de DH, et de prendre toutes les dispositions nécessaires pour

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l’achèvement des travaux de la voie expresse Taza-Al Hoceïma dans les meilleurs délais, au regard de son importance pour l’ensemble de la région.

Au vu de la sensibilité de la problématique de l’eau dans la région, le ministère doit également accorder une attention particulière aux différents programmes relatifs à l’approvisionnement en eau, portés par le secrétariat d’État, l’Agence du bassin hydraulique et l’Office national de l’électricité et de l’eau potable.

Concernant le ministère de l’Agriculture, à fin septembre 2017, un engagement financier de 233 millions de DH a été déployé couvrant ainsi 182% du programme initial des pistes et 102% de celui de l’arboriculture. Ce dernier axe a connu une accélération après un démarrage difficile dû à la saisonnalité de la plantation des arbres fruitiers et à la nécessité de procéder au groupement des agriculteurs en organisations professionnelles.

Concernant le musée océanographique, le foncier étant aujourd’hui identifié, la Cour recommande d’accélérer l’élaboration des études pour assurer le démarrage de ce chantier dans les meilleurs délais. Pour le Haut Commissariat aux eaux et forêts, impliqué dans la réalisation d’un Écomusée à Al Hoceïma et d’un observatoire scientifique marin à Izemmouren, en partenariat avec l’Institut national de recherches halieutiques, la Cour des comptes recommande d’accélérer la réalisation des études spécifiques relatives à ces deux projets qui nécessitent une expertise particulière.

Par ailleurs, il importe de rappeler que des contributions importantes prévues par la Convention au profit du conseil provincial par le ministère de l’Intérieur (1,2 milliard de DH) et du Conseil de la région par le ministère des Finances (600 millions de DH) n’ont pas été assorties de projets précis. Et même après la signature de la Convention- cadre, les ministères de l’Intérieur et des Finances n’ont pas procédé, en concertation avec les deux conseils bénéficiaires, à l’établissement de programmes d’emploi pour ces fonds.

De ce fait, le ministère de l’Intérieur a dû redéployer sa contribution vers l’Agence du Nord au lieu du Conseil provincial. Quant à la région, elle a transféré à l’Agence du Nord 250 millions de DH pour financer un programme additionnel routier du ministère de l’Équipement. Ces fonds, reçus un an plus tôt du ministère des Finances, sont restés gelés en raison de l’absence d’un programme d’emploi.

À l’issue de l’évaluation de ce programme, et afin de dépasser les dysfonctionnements précités dus essentiellement aux limites du mode de gouvernance, la Cour des comptes recommande ce qui suit :

• La Commission centrale de suivi doit être présidée par le ministre de l’Intérieur. Elle doit se réunir sans délai afin de statuer sur tous les problèmes qui entravent le bon

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déroulement du programme, notamment en termes de mobilisation du financement, d’apurement du foncier et de finalisation des études.

• Elle doit aussi veiller à la cohérence de l’ensemble du programme aussi bien entre ses propres composantes qu’avec les autres programmes socioéconomiques initiés dans la région (Initiative nationale pour le développement humain, Fonds de développement rural et des zones montagneuses, Fonds de développement agricole…).

• La Commission centrale devrait se réunir selon une fréquence trimestrielle et chaque fois que c’est nécessaire. Elle doit exiger de chaque partie prenante de désigner un haut responsable comme interlocuteur unique chargé du suivi des projets de son département (rang de secrétaire général ou de directeur). • Le comité local devrait se réunir selon une fréquence mensuelle pour suivre de près la mise en œuvre des projets sur le terrain, et instaurer des mécanismes de coordination et de reporting avec des indicateurs appropriés (par projet, sous- programme et programme).

• Une vigilance particulière devrait être accordée aux risques encourus par l’Agence du Nord eu égard au volume important des projets dont elle a désormais la charge et veiller à ce que chaque partie prenante assume sa part de responsabilité dans l’exécution et le suivi des projets confiés à l’Agence. Enfin, la Cour des comptes suggère de s’appuyer sur les réalisations du programme «Manarat Al Moutaouassit» pour engager un plan intégré inclusif pour le développement socio-économique de la région.»

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24/10/2017- Driss Jettou présente au Palais son rapport sur les projets à Al Hoceima

Le premier président de la Cour des comptes vient de quitter le Palais royal où il a présenté devant le roi son rapport sur le programme Al Hoceima Manarat Al Moutawassit.

Près de 20 jours après avoir ordonné au premier président de la Cour des comptes, l'élaboration d'un rapport sur l'exécution du programme de développement régional "Al Hoceima Manarat Al Moutawassit", le roi Mohammed VI a reçu Driss Jettou ce mardi 24 octobre.

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L'exposé du président de la Cour des comptes a duré une quinzaine de minutes, selon nos informations, et s'est déroulé en présence du Chef du gouvernement Saad Eddine El Othmani, du ministre de l'Économie, Mohamed Boussaid, et de celui de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, selon le site d'information Tel Quel Arabi. À l'écriture de ces lignes, aucun communiqué officiel n'a sanctionné cette rencontre.

La présentation de ce rapport a lieu quatre jours avant l'anniversaire de la mort de Mouhcine Fikri, le 28 octobre prochain, et le jour de l'ouverture du procès du leader du mouvement de contestation du Rif, Nasser Zafzafi.

Lorsqu'il a reçu Driss Jettou, le 2 octobre, le roi Mohammed VI avait accordé un délai de 10 jours au président de la Cour des comptes pour remettre son rapport. Le 10 octobre, le souverain a accordé un délai de grâce d'une semaine à l'ancien Premier ministre. Pour rappel, les rapports des ministères de l'Économie et de l'Intérieur avaient conclu "au retard, voire à la non-exécution de plusieurs composantes de ce programme de développement, excluant par la même tout acte de malversation ou de fraude".

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24/10/2017- Séisme politique: Mohammed VI limoge Hassad, Benabdellah, Bencheikh, Louardi...

Mohammed VI a relevé de leurs fonctions Mohamed Hassad, Mohamed Nabil Benabdellah, Al Houcine Louardi et Larbi Bencheikh. Le séisme politique promis par Mohammed VI a bien eu lieu. Le roi, qui a reçu ce mardi des mains du président de la Cour des comptes le rapport sur les failles de gestion du projet "Hoceima Manarat Al Moutawassit", a décidé de relever de leurs fonctions plusieurs ministres. L'annonce a été officialisée par un communiqué du cabinet royal. Il s'agit de : - Mohamed Hassad, actuel ministre de l'Éducation et ministre de l'Intérieur dans le gouvernement précédent - Mohamed Nabil Benabdellah, ministre de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire

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- Houcine El Ouardi, ministre de la Santé - Larbi Bencheikh, secrétaire d'État chargé de la formation professionnelle et ancien directeur de l'OFPPT Le roi a également décidé de relever de ses fonctions Ali Fassi Fihri, le patron de l'ONEE. Par ailleurs, le souverain a également exprimé son "mécontentement" à l'égard d'anciens responsables gouvernementaux, et ce pour ne pas avoir été à la hauteur de la confiance placée en eux. De plus, "aucune responsabilité officielle ne leur sera confiée à l'avenir". Il s'agit de : -Rachid Belmokhtar, ancien ministre de l'Éducation nationale; -Lahcen Sekkouri, ancien ministre des Sports; -Hakima El Haité, ancienne secrétaire d'État à l'Énergie; -Lahcen Haddad, ancien ministre du tourisme -Amine Sbihi, ancien ministre de la Culture Suite à ces décisions, le roi a demandé au chef du gouvernement de lui soumettre de nouvelles propositions de noms pour occuper les postes devenus vacants. Dans son rapport, le premier président de la Cour des comptes indique que son enquête a révélé "un ensemble de déséquilibres" durant la précédente législature. Le document précise également que "plusieurs secteurs ministériels et institutions publiques" n'ont pas respecté leurs engagements pour permettre de mener à bien les projets. Selon le premier président de la Cour des comptes, les explications fournies par ces départements ne "justifient pas le retard" de la mise en œuvre du programme Al Hoceima Manarat Al Moutawassit. Le rapport élaboré par l'institution de Driss Jettou précise néanmoins qu' "aucun cas de fraude ou de détournement de fonds" n'a été constaté. Il indique toutefois qu'en termes de gouvernance, la Commission centrale chargée du suivi de ce projet de développement ne s'est réunie qu'en février 2017 soit plus d'un an après la signature de la Convention initiant le programme de développement de la province d'Al Hoceima. La Cour des comptes relève également que certains départements ont "transféré le solde de leurs contributions financières" à l'Agence de développement du Nord.

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24/10/2017- Le rapport sur lequel s'est reposé Mohammed VI pour limoger des ministres

Voici la liste des griefs adressés à des ministres et hauts responsables pour la gestion défaillante du projet "Al Hoceima Manarat Al Moutawassit".

Dans son rapport sur la gestion du projet de développement "Al Hoceima Manarat Al Moutawassit", la Cour des comptes remet en question la gestion du programme. La préparation de ce projet ainsi que sa gouvernance sont pointées du doigt par l'institution présidée par Driss Jettou qui a également relevé les défaillances des départements de l'Éducation, de l'Urbanisme, de la Santé tout comme celles de l'OFPPT et l'ONEE. Voici in extenso la synthèse du rapport de la Cour des comptes.

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Majesté,

Sur Hautes Instructions de Votre Majesté Que Dieu l’Assiste, la Cour des comptes a procédé à l’examen de l’exécution du programme de développement de la province d’Al Hoceima "Manarat Al Moutaouassit", et ce en vertu de ses prérogatives et compétences en matière d’évaluation des projets publics. Pour accomplir cette mission, la Cour des comptes a procédé à l’examen du rapport d’enquête sur le programme précité, élaboré conjointement par l’Inspection Générale de l’Administration Territoriale (IGAT) et l’Inspection Générale des Finances (IGF). Lequel rapport a été communiqué à la Cour des comptes par le Gouvernement, le 3 octobre 2017, conformément aux dispositions de l’article 109 de la loi n°62-99 formant code des juridictions financières. La Cour a également demandé aux principales parties-prenantes des compléments d’information relatifs à la préparation du programme, et à l’état d’avancement des projets lancés à fin septembre 2017. Elle a aussi auditionné certains responsables des organismes concernés. Si l’examen des documents et des informations disponibles à ce jour n’a pas révélé de malversations ou de détournements, il a néanmoins permis de constater des dysfonctionnements, à la fois dans la phase préparatoire de ce programme, dans l’élaboration de la Convention- cadre qui le régit et dans sa mise en œuvre.

En effet, l’analyse de la phase préparatoire, qui a eu lieu entre 2014 et 2015,a permis de constater que le processus de choix des projets à réaliser dans le cadre de ce programme ne répondait pas à une vision stratégique intégrée et partagée par tous les partenaires. La consistance du programme telle qu’elle figure dans la Convention- cadre a été arrêtée de manière approximative, et l’échéancier y figurant retrace uniquement la répartition annuelle des contributions financières des 20 parties- prenantes. Or, en l’absence d’une ventilation par projet, ces contributions ne pouvaient avoir qu’un caractère estimatif. La Convention-cadre a été signée devant Sa Majesté le Roi, le 17 octobre 2015 à Tétouan. Le ministère de l’Intérieur comme la Wilaya de la Région auraient dû s’assurer au préalable que la Convention, en tant que cadre contractuel, ne se limite pas à des clauses générales, mais soit appuyée par des documents essentiels tels que la liste exhaustive des projets à réaliser, leur consistance, les estimations actualisées des coûts et les supports budgétaires.

Au niveau de la gouvernance du programme, la Convention a prévu un comité local de supervision et de suivi présidé par le gouverneur de la province d’Al-Hoceima, et une Commission centrale de suivi sans toutefois en désigner de président. Le comité local de supervision et de suivi n’a pas été en mesure de mobiliser les autres partenaires en termes de contribution effective et de réactivité. Il n’a pas, non plus, insufflé la dynamique nécessaire pour le lancement du programme sur des bases solides. Le planning prévisionnel des projets programmés et leurs budgets n’ont été évoqués pour la première fois que lors de la réunion de la Commission centrale de

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suivi tenue en février 2017, soit 16 mois après la signature de la Convention. Or, au regard de l’importance de ce programme, du budget alloué, du nombre important de signataires et des délais de réalisation relativement courts, le pilotage devait se faire au niveau du Gouvernement et de la Commission ministérielle de suivi à l’initiative du Ministre de l’Intérieur, et non au niveau du gouverneur, surtout durant la phase de démarrage, pour traiter en particulier les contraintes se rapportant à la consistance des projets, à la mobilisation du foncier, au financement, et procéder aux arbitrages nécessaires en cas de difficultés.

La mise en œuvre du programme a connu un démarrage timide. En effet, depuis la signature de la Convention-cadre en octobre 2015 jusqu’à février 2017, la Cour des comptes a constaté une insuffisance, voire une absence d’initiatives pour démarrer l’exécution effective des projets par la plupart des intervenants aussi bien au niveau central que local. Ainsi, sur les 644 projets prévus dans le programme, les réalisations à fin 2016 se limitent à 5 projets achevés (146,8 MDH) et 45 projets en cours (565 MDH). Les raisons avancées par plusieurs parties prenantes pour expliquer ce retard se rapportent à la réception tardive de la Convention-cadre, à la non programmation des crédits budgétaires et aux difficultés de mobiliser le foncier. La Cour des comptes estime que ces arguments ne peuvent justifier le manque d’initiatives pour entamer le démarrage du programme. Le retard dans la notification de la Convention aurait pu être évité par la remise aux différentes parties-prenantes, de copies certifiées conformes à l’original, dès le lendemain de la signature de la Convention. De même, le Gouvernement aurait pu répondre favorablement aux demandes de crédits formulées par certains départements pour leur permettre d’honorer leurs engagements. En outre, une attention particulière aurait dû être accordée à la mobilisation du foncier eu égard aux contraintes spécifiques de la région, liées à sa rareté, à son coût élevé et à la diversité de ses statuts (particuliers, Habous, domaine, eaux et forêts…).

Cependant, il y a lieu de signaler qu’avec l’installation du nouveau Gouvernement, et surtout après le Conseil des ministres du 25 juin 2017, une nouvelle dynamique a été enregistrée et comme conséquence de cette mobilisation, l’état d’avancement du programme s’est amélioré de manière significative. Ainsi, selon les informations et documents produits à la Cour à fin septembre 2017, 512 projets étaient en cours de réalisation ou en phase de démarrage, pour un montant global de 3,9 MMDH.

Entre janvier et juillet 2017, 12 conventions spécifiques ont été signées par différents partenaires avec l’Agence pour la promotion et le développement du Nord en vertu desquelles celle-ci se trouve désormais chargée de la maîtrise d’ouvrage d’un nombre important de projets dont la réalisation incombait initialement aux départements signataires. La Cour des comptes estime que la décision de confier à l’Agence du Nord la réalisation d’un nombre important de projets, pour un montant total de près de 3 MMDH représentant plus de 46% du budget global du programme, comporte des risques en termes de suivi, de coûts et de délais. Elle s’interroge sur la capacité de cette Agence à réaliser, en plus de ses projets propres engagés dans d’autres provinces

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du nord, un programme de cette envergure, malgré ses moyens humains limités. De même, la Cour des comptes estime que l’empressement observé chez plusieurs départements ministériels tels que l’éducation nationale, la santé, la jeunesse et sports, la culture et l’environnement, de recourir à l’Agence n’est pas justifié. Pour de nombreux projets, les études n’étaient pas encore disponibles et le foncier non assaini. Cet empressement traduit chez ces départements une certaine volonté de se défaire de leurs engagements aux dépens de l’Agence, alors qu’ils ont les capacités et l’expertise requises pour réaliser par eux-mêmes des projets similaires, comme ils le font habituellement sur l’ensemble du territoire national. La Cour des comptes recommande à ces départements d’accélérer l’élaboration des études préalables nécessaires, de procéder à l’acquisition et à l’assainissement du foncier, de veiller au déblocage régulier de leurs contributions financières à l’Agence et de renforcer leurs équipes au niveau local pour suivre de près l’exécution de leurs projets.

Concernant le ministère de l’habitat et de la politique de la ville, la Cour des comptes constate que la convention spécifique, qu’il a signée avec l’Agence du Nord, n’a été visée qu’en août 2016 et seuls 50 MDH ont été débloqués sur un montant de 220 MDH prévus pour la période 20162017. La Cour recommande au ministère notamment d’accélérer les études pour démarrer les travaux relatifs au projet de confortement et de stabilisation des terrains au quartier Boujibar. Le ministère devrait aussi se mobiliser aux côtés de l’Agence du Nord pour assurer un suivi rapproché des projets relevant de ses prérogatives.

Pour le ministère du tourisme, au vu du retard constaté dans le lancement du programme touristique, la Cour des comptes recommande de renforcer et diversifier les actions de promotion engagées cet été en raison de l’importance du tourisme pour l’économie de la région.

Pour l’Office national de l’électricité et de l’eau potable, la Cour recommande de sécuriser l’approvisionnement de la région en eau potable qui constitue une source de préoccupation des autorités locales, et de rattraper le retard accusé par l’office dans la réalisation de la station de dessalement ainsi que du projet d’adduction d’eau depuis le barrage de Bouhouda.

Pour l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail, la Cour recommande de veiller à la réalisation des deux centres de formation professionnelle à Bni Bouayach et Issaguen pour assurer leur ouverture dès la rentrée prochaine, surtout que les appels d’offres les concernant ont été lancés avec retard et n’ont été adjugés qu’en octobre 2017.

D’autres départements comme l’équipement, l’eau, l’agriculture et les eaux et forêts, bien que leurs projets aient connu un démarrage timide, ont pu accélérer la cadence de leur réalisation, et pour certains, renforcer leurs programmes, ce qui les met dans une position favorable pour réaliser leurs projets dans les délais.

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Pour le ministère chargé de l’équipement, la Cour des comptes recommande d’accélérer les projets de désenclavement de la province d’une manière générale, notamment les tronçons routiers relevant du programme "Manarat Al Moutaouassit" dont le budget a été porté de 464 MDH à 714 MDH, et de prendre toutes les dispositions nécessaires pour l’achèvement des travaux de la voie expresse Taza-Al- Hoceima dans les meilleurs délais, au regard de son importance pour l’ensemble de la région. Au vu de la sensibilité de la problématique de l’eau dans la région, le ministère doit également accorder une attention particulière aux différents programmes relatifs à l’approvisionnement en eau, portés par le Secrétariat d’Etat, l’Agence du bassin hydraulique et l’Office National de l’électricité et de l’eau potable.

Concernant le ministère de l’agriculture, à fin septembre 2017, un engagement financier de 233 MDH a été déployé couvrant ainsi 182% du programme initial des pistes et 102% de celui de l’arboriculture. Ce dernier axe a connu une accélération après un démarrage difficile dû à la saisonnalité de la plantation des arbres fruitiers et à la nécessité de procéder au groupement des agriculteurs en organisations professionnelles. Concernant le musée océanographique, le foncier étant aujourd’hui identifié, la Cour recommande d’accélérer l’élaboration des études pour assurer le démarrage de ce chantier dans les meilleurs délais. Pour le Haut-commissariat aux eaux et forêts, impliqué dans la réalisation d’un Ecomusée à Al Hoceima et d’un observatoire scientifique marin à Izemmouren, en partenariat avec l’Institut national de recherches halieutiques, la Cour des comptes recommande d’accélérer la réalisation des études spécifiques relatives à ces deux projets qui nécessitent une expertise particulière.

Par ailleurs, il importe de rappeler que des contributions importantes prévues par la Convention au profit du conseil provincial par le ministère de l’Intérieur (1,2 MMDH) et du conseil de la Région par le ministère des Finances (600 MDH) n’ont pas été assorties de projets précis. Et même après la signature de la Convention-cadre, les ministères de l’Intérieur et des Finances n’ont pas procédé, en concertation avec les deux conseils bénéficiaires, à l’établissement de programmes d’emploi pour ces fonds. De ce fait, le ministère de l’Intérieur a dû redéployer sa contribution vers l’Agence du Nord au lieu du Conseil provincial. Quant à la Région, elle a transféré à l’Agence du Nord 250MDH pour financer un programme additionnel routier du ministère de l’équipement. Ces fonds, reçus un an plus tôt du ministère des Finances, sont restés gelés en raison de l’absence d’un programme d’emploi.

"Concernant le ministère de l’habitat et de la politique de la ville, la Cour des comptes constate que la convention spécifique, qu’il a signée avec l’Agence du Nord, n’a été visée qu’en août 2016 et seuls 50 MDH ont été débloqués sur un montant de 220 MDH prévus pour la période 20162017. La Cour recommande au ministère notamment d’accélérer les études pour démarrer les travaux relatifs au projet de confortement et de stabilisation des terrains au quartier Boujibar. Le ministère devrait

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aussi se mobiliser aux côtés de l’Agence du Nord pour assurer un suivi rapproché des projets relevant de ses prérogatives."

"Pour le ministère du tourisme, au vu du retard constaté dans le lancement du programme touristique, la Cour des comptes recommande de renforcer et diversifier les actions de promotion engagées cet été en raison de l’importance du tourisme pour l’économie de la région. Pour l’Office national de l’électricité et de l’eau potable, la Cour recommande de sécuriser l’approvisionnement de la région en eau potable qui constitue une source de préoccupation des autorités locales, et de rattraper le retard accusé par l’office dans la réalisation de la station de dessalement ainsi que du projet d’adduction d’eau depuis le barrage de Bouhouda.

Pour l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail, la Cour recommande de veiller à la réalisation des deux centres de formation professionnelle à Bni Bouayach et Issaguen pour assurer leur ouverture dès la rentrée prochaine, surtout que les appels d’offres les concernant ont été lancés avec retard et n’ont été adjugés qu’en octobre 2017.

D’autres départements comme l’équipement, l’eau, l’agriculture et les eaux et forêts, bien que leurs projets aient connu un démarrage timide, ont pu accélérer la cadence de leur réalisation, et pour certains, renforcer leurs programmes, ce qui les met dans une position favorable pour réaliser leurs projets dans les délais.

Pour le ministère chargé de l’équipement, la Cour des comptes recommande d’accélérer les projets de désenclavement de la province d’une manière générale, notamment les tronçons routiers relevant du programme "Manarat Al Moutaouassit" dont le budget a été porté de 464 MDH à 714 MDH, et de prendre toutes les dispositions nécessaires pour l’achèvement des travaux de la voie expresse Taza-Al- Hoceima dans les meilleurs délais, au regard de son importance pour l’ensemble de la région. Au vu de la sensibilité de la problématique de l’eau dans la région, le ministère doit également accorder une attention particulière aux différents programmes relatifs à l’approvisionnement en eau, portés par le Secrétariat d’Etat, l’Agence du bassin hydraulique et l’Office National de l’électricité et de l’eau potable.

Concernant le ministère de l’agriculture, à fin septembre 2017, un engagement financier de 233 MDH a été déployé couvrant ainsi 182% du programme initial des pistes et 102% de celui de l’arboriculture. Ce dernier axe a connu une accélération après un démarrage difficile dû à la saisonnalité de la plantation des arbres fruitiers et à la nécessité de procéder au groupement des agriculteurs en organisations professionnelles. Concernant le musée océanographique, le foncier étant aujourd’hui identifié, la Cour recommande d’accélérer l’élaboration des études pour assurer le démarrage de ce chantier dans les meilleurs délais. Pour le Haut-commissariat aux eaux et forêts, impliqué dans la réalisation d’un Ecomusée à Al Hoceima et d’un observatoire scientifique marin à Izemmouren, en partenariat avec l’Institut national

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de recherches halieutiques, la Cour des comptes recommande d’accélérer la réalisation des études spécifiques relatives à ces deux projets qui nécessitent une expertise particulière.

Par ailleurs, il importe de rappeler que des contributions importantes prévues par la Convention au profit du conseil provincial par le ministère de l’Intérieur (1,2 MMDH) et du conseil de la Région par le ministère des Finances (600 MDH) n’ont pas été assorties de projets précis. Et même après la signature de la Convention-cadre, les ministères de l’Intérieur et des Finances n’ont pas procédé, en concertation avec les deux conseils bénéficiaires, à l’établissement de programmes d’emploi pour ces fonds. De ce fait, le ministère de l’Intérieur a dû redéployer sa contribution vers l’Agence du Nord au lieu du Conseil provincial. Quant à la Région, elle a transféré à l’Agence du Nord 250MDH pour financer un programme additionnel routier du ministère de l’équipement. Ces fonds, reçus un an plus tôt du ministère des Finances, sont restés gelés en raison de l’absence d’un programme d’emploi.

A l’issue de l’évaluation de ce programme, et afin de dépasser les dysfonctionnements précités dus essentiellement aux limites du mode de gouvernance, la Cour des comptes recommande ce qui suit : - La Commission centrale de suivi doit être présidée par le ministre de l’Intérieur. Elle doit se réunir sans délai afin de statuer sur tous les problèmes qui entravent le bon déroulement du programme, notamment en termes de mobilisation du financement, d’apurement du foncier et de finalisation des études. - Elle doit aussi veiller à la cohérence d’ensemble du programme aussi bien entre ses propres composantes qu’avec les autres programmes socioéconomiques initiés dans la région (INDH, Fonds de développement rural et des zones montagneuses, Fonds de développement agricole…). - La Commission centrale devrait se réunir selon une fréquence trimestrielle et chaque fois que c’est nécessaire. Elle doit exiger de chaque partie-prenante de désigner un haut responsable comme interlocuteur unique chargé du suivi des projets de son département (rang de Secrétaire général ou de Directeur). - Le comité local devrait se réunir selon une fréquence mensuelle pour suivre de près la mise en œuvre des projets sur le terrain, et instaurer des mécanismes de coordination et de reporting avec des indicateurs appropriés (par projet, sous-programme et programme).

- Une vigilance particulière devrait être accordée aux risques encourus par l’Agence du Nord eu égard au volume important des projets dont elle a désormais la charge et veiller à ce que chaque partie-prenante assume sa part de responsabilité dans l’exécution et le suivi des projets confiés à l’Agence.

Enfin, la Cour des comptes suggère de s’appuyer sur les réalisations du programme "Manarat Al Moutaouassit" pour engager un plan intégré inclusif pour le développement socio-économique de la région.

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25/10/2017- Reddition des comptes : Le nouveau pari politique de Mohammed VI

La reddition des comptes revient souvent dans les discours royaux. Ses conséquences ont été concrètes le 24 octobre avec le limogeage de ministres et haut fonctionnaires en lien avec la débâcle du projet Al Hoceima Manarat Al Moutawassit. Cela préfigure-t-il une réponse à la défiance grandissante de l'opinion publique face aux responsables publics ?

Après le discours du trône dans lequel il évoquait déjà la reddition des comptes, Mohammed VI a enfoncé le clou dans son allocution d'ouverture de la session parlementaire le 13 octobre. Le souverain a appelé à “l'avènement d'une étape cruciale, où il sera question d'établir une corrélation effective entre responsabilité et reddition des comptes”. Mohammed VI a joint la parole aux actes le 24 octobre en

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annonçant le limogeage de trois ministres et d’un secrétaire d’Etat, des sanctions comprenant la privation des hautes fonctions publiques à l’encontre d’anciens ministres et d’autres sanctions administratives encore à venir. En cause, les retards pris par le programme de développement de la province d’Al Hoceima, épicentre de la contestation sociale depuis des mois.

Rendre compte, principe fondamental de l'Etat de droit, qui garantit le fonctionnement démocratique des institutions, est une obligation juridique suprême, inscrite depuis 2011 dans la Constitution marocaine. Mais si elle est censée permettre aux citoyens d'exercer un contrôle sur l'action publique, le discrédit des responsables politiques ne cesse de s'amplifier dans l'opinion publique. Alors, où se situe le problème ? Les mécanismes de contrôle sont-ils inefficaces ? La volonté politique de mise en œuvre est-elle absente ? Est-ce un problème de culture ou de mentalité ? Et, surtout, le système institutionnel marocain permet-il vraiment une reddition des comptes ?

Des moyens sur le papier Pour le politologue Mustapha Sehimi, “la reddition des comptes est une exigence démocratique. Lorsque des responsabilités sont confiées à des organes ou à des personnes au titre de la puissance publique, il est normal que les citoyens aient un droit de regard sur la manière dont elles sont exercées”. Le constitutionnaliste Najib Ba Mohamed établit quant à lui un parallèle entre le principe contractuel sur lequel repose la société et la reddition des comptes “qui introduit des règles entre les citoyens et l'administration”. Mais au-delà du principe politique, “c'est une norme exécutoire et applicable qui rentre dans notre système au plus haut niveau juridique”, rappelle Mustapha Sehimi. A l'instar de la constitutionnaliste Nadia Bernoussi qui mentionne que “la Constitution de 2011 a apporté une réponse aux demandes démocratiques liées aux droits fondamentaux et à la moralisation de la vie publique, en consacrant le principe de reddition des comptes dans son article 1er”, Mustapha Sehimi considère que “l'Etat dispose d'une panoplie de moyens : les inspections générales au niveau des ministères, l'Inspection générale des finances, la Cour des comptes et les cours régionales des comptes, la Cour constitutionnelle, mais également le contrôle parlementaire à travers les questions au gouvernement, les motions de censure, les commissions d'enquête...” Mais alors, pourquoi cette myriade de mécanismes n'aboutit-elle pas à un contrôle effectif ?

Un manque de “patriotisme constitutionnel” Pour Mustapha Sehimi, il existe de nombreuses incohérences structurelles et des conflits d'intérêts dans les mécanismes actuels. Par exemple, “les inspections générales des ministères, censées contrôler l'action de ces derniers, ne peuvent être actionnées que par les ministres eux-mêmes. Or, ils n'ont pas intérêt à les solliciter, car elles vont mettre le doigt sur des dysfonctionnements, des retards, des appels d'offres non réglementaires ou encore des marchés de gré à gré. Le Chef de gouvernement a également la possibilité de les saisir, mais cela ne s'est jamais vu. Il existe une culture dominante de la passivité et du laxisme”, déplore-t-il. Cette absence

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de volonté politique est aussi pointée du doigt par Nadia Bernoussi, qui considère que “les institutions sont là, mais Sa Majesté déplore un manque de ‘patriotisme constitutionnel’, comme disait le philosophe Jürgen Habermas.” Elle évoque également le problème de la dilution des responsabilités, et le fait que certaines lois organiques nécessaires à l'application des principes constitutionnels se fassent attendre, notamment celle concernant l'exception d'inconstitutionnalité. Pour Mustapha Sehimi, il existe une lacune fondamentale au niveau de l'objet du contrôle : “Notre système se préoccupe de la régularité juridique des procédures, mais ne se penche pas sur l'opportunité des dépenses publiques pour savoir si l'argent public est bien employé. Ce travail-là est partiellement confié à la Cour des comptes, mais elle ne peut englober qu'un nombre restreint de sujets et décide elle-même de son agenda annuel.” Autre organe défaillant, “la commission parlementaire de contrôle des politiques publiques, créée en 2011, dont on ne peut pas dire qu'elle se soit distinguée par la plénitude de ses attributions”, euphémise Sehimi. La volonté politique n'est donc pas au rendez-vous, mais pourquoi ? “On ne peut pas contrôler, car on est dans un modèle rentier sur le plan économique mais également politique. Et il y a de telles collusions entre les deux catégories de décideurs qu'il serait chimérique de penser qu'on peut délimiter les champs d'action”, analyse-t-il.

Un système schizophrène Pour l'économiste Najib Akesbi, le problème se situe bien plus haut : “Toutes les décisions stratégiques et essentielles passent nécessairement par le roi. Or, tout le monde est responsable sauf lui. Il n'existe pas dans la Constitution de mécanisme qui permette de lui signifier ce qu'il faut changer et corriger dans les décisions qu'il prend. Nous sommes dans un système politique qui permet à un pouvoir qui n'est pas élu de décider et ensuite de laisser les autres rendre des comptes à sa place.” Un problème lié à celui de la dilution des responsabilités : “Comment voulez-vous avoir la moindre reddition des comptes si vous ne pouvez pas identifier qui est responsable de quoi?” Pour Akesbi, une seule issue est possible : “Les monarchies parlementaires dignes de ce nom ont réglé le problème en faisant en sorte que le roi ne gouverne pas, parce qu'il ne peut pas être sanctionné par l'élection. Il reste un symbole, exprime l'unité du pays et l'intégrité territoriale, mais ceux qui sont responsables sont élus.” Najib Ba Mohamed, lui, a une autre vision : “Nous sommes dans une monarchie qui se modernise par le biais de l'acceptation de la suprématie de la loi constitutionnelle. Le souverain a accepté de se soumettre à la Constitution depuis son premier discours du trône.” Mais la solution doit venir d'en haut et d'en bas. “Il faut que les gouvernants comme les gouvernés se réveillent pour défendre l'intérêt général, car une société qui a un sentiment d'injustice sera amenée à se révolter”, prévient-il.

Du changement dans l'air ? Deux mouvements parallèles se dessinent, venant justement d'en haut et d'en bas. “Le roi est de plus en plus interpellatif et censeur”, relève Sehimi. En même temps, “il y a une très forte demande sociale de reddition des comptes au sein de l'opinion publique, des acteurs associatifs... Les gens n'acceptent plus que ce système continue à

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fonctionner”, poursuit-il. Une dynamique également observée par Ba Mohamed : “La corruption est galopante et il y a une prise de conscience généralisée de la société, indépendamment du niveau d'éducation, dans un monde marqué par la révolution technologique et communicationnelle”. Akesbi note aussi que “sur les réseaux sociaux, des voix s'élèvent”. Pour Sehimi, “le roi est le seul à pouvoir impulser un volontarisme réformateur pour conduire à la reddition des comptes. Dans les prochains jours, après la remise du rapport de la Cour des comptes sur le programme de développement d'Al Hoceïma, il sera intéressant de voir quelles mesures seront prises, quelles sanctions, et surtout si ce cas de figure va permettre d'insuffler une vraie politique nationale de reddition des comptes ou s'il s'agit seulement d'une polarisation ponctuelle qui ne corrigera pas fondamentalement les défaillances du système.”

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26/10/2017- Le séisme politique a bel et bien eu lieu

Dysfonctionnements fatals pour une flopée de ministres, secrétaires d’Etat et autres hauts commis d’Etat

«C’est un vrai séisme politique ». C’est avec des mots forts que Mohamed Zineddine, professeur de droit constitutionnel à l’Université Hassan II à Casablanca a commenté la décision de S.M le Roi Mohammed VI de limoger trois ministres, un secrétaire d’Etat en fonction et le directeur général de l’ONEE et de ne plus confier de fonction officielle à cinq ex-ministres et à une ancienne secrétaire d’Etat à cause des dysfonctionnements qui ont entaché le programme « Al Hoceima : Manarat Al Moutawassit».

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Dans une déclaration, ce constitutionnaliste nous a précisé que cette décision Royale est conforme aux dispositions du premier article de la Constitution 2011 qui insiste sur les principes de bonne gouvernance et la corrélation entre responsabilité et reddition des comptes dans la gestion de la chose publique. Elle s’inscrit également dans le droit fil des discours Royaux prononcés à l’occasion de la fête du Trône et de l’ouverture de l’actuelle session parlementaire. « Il s’agit de l’entame d’un processus d’application du principe de reddition des comptes par les responsables qui commettent des erreurs dans la gestion de la chose publique aux niveaux local, régional et national », a-t-il précisé.

En sus de cette sanction politique (limogeage des responsables), Mohamed Zineddine évoque également ce qu’il a appelé « une punition symbolique » vu que le communiqué du cabinet Royal rendu public mardi dernier a mis en avant le fait qu’aucune fonction officielle ne sera désormais plus confiée à certains responsables qui ont été épinglés par le rapport de la Cour des comptes que Driss Jettou a remis au Souverain. Il convient de rappeler que le communiqué du cabinet Royal a précisé que S.M le Roi « a chargé le chef du gouvernement de soumettre des propositions de nomination de nouveaux responsables dans les postes vacants ». Il s’agit des postes de ministre de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de ministre d’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, de ministre de la Santé, du secrétariat d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, chargé de la formation professionnelle.

Selon Mohamed Zineddine, ce « séisme politique » aura une incidence politique sur le Parti du progrès et du socialisme dont le Secrétaire général a été désavoué. « La question qui se pose est la suivante : quelle sera la place de ce parti dans le gouvernement actuel?», s’est-il demandé. Et de préciser que la sortie du PPS de l’Exécutif est fort probable et que le parti de l’Istiqlal qui vient de changer de direction lors de son dernier congrès national pourrait le remplacer. Dans lequel cas, le PI pourrait assumer les quatre départements dont les titulaires ont été limogés (Habitat, Santé, Education et Formation professionnelle) en sus du ministère délégué des Affaires africaines dont le Souverain a annoncé la création dans le discours qu’il a prononcé lors de l’ouverture de la première session de la deuxième année législative de la 10ème législature.

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26/10/2017- S.M le Roi limoge trois ministres et un secrétaire d’Etat en fonction ainsi que le directeur général de l’ONEE

Aucune fonction officielle ne sera confiée à l’avenir à cinq ex- ministres et à une ancienne secrétaire d’Etat

Le cabinet Royal a publié mardi dernier un communiqué dont voici la traduction du texte intégral telle qu’elle a été relayée par l’agence MAP : «S.M. le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a reçu, mardi 24 octobre 2017 au palais Royal à Rabat, le Premier président de la Cour des comptes, en présence du chef du gouvernement et des ministres de l’Intérieur et de l’Economie et des Finances. Au cours de cette audience, le Premier président de la Cour a présenté devant Sa Majesté le Roi un rapport comportant les résultats et conclusions de la Cour sur le programme “Al Hoceïma : Manarat Al Moutawassit”. Le rapport de la Cour des

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comptes a souligné que les investigations et enquêtes qu’elle a menées ont confirmé l’existence de plusieurs dysfonctionnements enregistrés sous le précédent gouvernement. Le rapport a également révélé que plusieurs secteurs ministériels et établissements publics n’ont pas honoré leurs engagements dans la mise en œuvre des projets et que les explications qu’ils ont fournies ne justifient pas le retard qu’a connu l’exécution de ce programme de développement. Le rapport a en outre démontré qu’il n’existait ni malversations ni détournements. Concernant la gouvernance, et à titre d’illustration, la commission centrale de suivi, composée des responsables gouvernementaux concernés, ne s’est réunie qu’en février 2017, soit 16 mois après la signature de la convention, au moment où la commission locale de contrôle et de suivi, présidée par le gouverneur de la province d’alors, a démontré son incapacité à mobiliser et à encourager les différents partenaires, et à imprimer le dynamisme nécessaire pour le lancement des projets sur des bases solides. Le rapport ajoute que devant le non-respect des engagements et le retard évident dans le lancement des projets, certains secteurs concernés ont transféré une partie de leurs contributions financières à l’Agence de développement des provinces du Nord comme moyen de se dérober à leurs responsabilités. Et eu égard à l’importance de ce programme de développement, et à la multiplication des intervenants, il était nécessaire que le gouvernement et la commission ministérielle du suivi assument la mission de supervision directe, à l’initiative du ministère de l’Intérieur, notamment durant sa phase de lancement.

S’agissant de l’exécution des projets programmés, il a été constaté un grand retard dans le lancement des projets, pis encore la grande majorité de ces projets n’avait même pas été lancée, avec l’absence d’initiatives concrètes de la part de certains intervenants concernés pour leur lancement effectif. • De par les prérogatives constitutionnelles de Sa Majesté le Roi en tant que garant des droits des citoyens et protecteur de leurs intérêts ;

• En application des dispositions de l’article 1 de la Constitution, notamment dans son alinéa 2, relatif à la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes ; • Se basant sur les différents rapports soumis à la Haute Appréciation du Souverain par l’Inspection générale de l’administration territoriale, l’Inspection générale des finances et la Cour des comptes et après détermination des responsabilités, de manière claire et précise, prenant en considération le degré de manquement dans l’exercice de la responsabilité, S.M. le Roi, que Dieu L’assiste, a décidé un ensemble de mesures et de sanctions à l’encontre de plusieurs ministres et hauts responsables. Dans ce cadre, et en application des dispositions de l’article 47 de la Constitution, notamment dans son alinéa 3, et après consultation du chef du gouvernement, Sa

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Majesté le Roi a décidé de mettre fin aux fonctions de plusieurs responsables ministériels. Il s’agit de :

• Mohamed Hassad, ministre de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, en sa qualité de ministre de l’Intérieur dans le gouvernement précédent ; • Mohamed Nabil Benabdellah, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, en sa qualité de ministre de l’Habitat et de la politique de la ville dans le gouvernement précédent ; • El Hossein El Ouardi, ministre de la Santé, en sa qualité de ministre de la Santé dans le gouvernement précédent ; • Larbi Bencheikh, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, chargé de la Formation professionnelle, en sa qualité d’ancien directeur général de l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail ; Sa Majesté a également décidé de mettre fin aux fonctions de Ali Fassi Fihri, directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable. Pour ce qui est des autres responsables dans le gouvernement précédent également concernés par ces dysfonctionnements, Sa Majesté le Roi, que Dieu Le préserve, a décidé de leur notifier Sa non-satisfaction, pour n’avoir pas été à la hauteur de la confiance placée en eux par le Souverain et pour n’avoir pas assumé leurs responsabilités, affirmant qu’aucune fonction officielle ne leur sera confiée à l’avenir.

Il s’agit de :

• Rachid Belmokhtar Benabdellah, en sa qualité d’ancien ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle ; • Lahcen Haddad, en qualité d’ancien ministre du Tourisme ; • Lahcen Sekkouri, en sa qualité d’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports ; • Mohamed Amine Sbihi, en sa qualité d’ancien ministre de la Culture ; • Hakima El Haïti, ancienne secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, chargée de l’Environnement. Par la suite, S.M. le Roi a chargé le chef du gouvernement de soumettre des propositions de nomination de nouveaux responsables dans les postes vacants. En ce qui concerne le reste des responsables administratifs au sujet desquels les rapports ont relevé des manquements et des dysfonctionnements dans l’exercice de leurs fonctions, et qui sont au nombre de 14, Sa Majesté le Roi a donné Ses Hautes Instructions au chef du gouvernement en vue de prendre les mesures nécessaires à leur encontre, et de soumettre un rapport à ce sujet à Sa Majesté. D’autre part, les résultats et les conclusions du rapport de la Cour des comptes ont montré que, suite aux Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi lors du Conseil des ministres tenu le 25 juin 2017, une nouvelle dynamique a été enregistrée au niveau de

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la mobilisation des différents intervenants, de même qu’un progrès notable a été réalisé au niveau de la mise en œuvre des projets. Dans ce cadre, Sa Majesté le Roi, tout en se félicitant des efforts déployés par le gouvernement actuel en vue d’accélérer la mise en œuvre des projets programmés, a donné Ses Hautes Orientations pour tirer les leçons des difficultés qu’a connues le programme de développement Manarat Al Moutawassit afin d’éviter les dysfonctionnements et les obstacles qui pourraient entraver la réalisation des chantiers de développement dans les différentes régions du Royaume. Sa Majesté le Roi a également réitéré Ses Hautes Instructions en vue de prendre toutes les mesures organisationnelles et réglementaires visant à améliorer la gouvernance administrative et territoriale et interagir de manière positive avec les revendications légitimes des citoyens, dans le respect strict de la loi et de l’Etat de droit. Il est de notoriété publique que Sa Majesté le Roi, depuis Son accession au Trône, veille personnellement au suivi des projets lancés par le Souverain, adoptant une approche spécifique basée sur l’efficience, l’efficacité et la célérité dans l’exécution, et sur le strict respect des engagements.

Il est à souligner que ces décisions Royales s’inscrivent dans le cadre d’une nouvelle politique qui ne se limite pas uniquement à la région d’Al Hoceïma, mais englobe toutes les régions du Maroc, et qui concerne tout responsable, tous niveaux confondus, en application du principe de corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes, d’encouragement des initiatives constructives et de promotion des valeurs de patriotisme sincère et de citoyenneté engagée au service de l’intérêt général. Dans ce contexte, Sa Majesté le Roi a donné Ses Hautes Instructions au ministre de l’Intérieur en vue de mener les investigations nécessaires au niveau national au sujet des responsables relevant du ministère de l’Intérieur à l’Administration territoriale, tous grades confondus.

Sa Majesté le Roi a donné également Ses Hautes Orientations au Premier président de la Cour des comptes pour l’examen et l’évaluation de l’action des Conseils régionaux d’investissement.

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25/10/2017- Lors de la présentation devant le Souverain du rapport relatif au programme “Al Hoceima-Manarat Al Moutaouassit” Driss Jettou : Des dysfonctionnements dans la préparation et la mise en œuvre du programme.

Le Premier président de la Cour des comptes, Driss Jettou, a présenté devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, mardi au Palais Royal à Rabat, le rapport d’évaluation relatif au programme de développement territorial de la province d’Al Hoceima – Manarat Al Moutaouassit.

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Voici le texte intégral de son allocution :

“C’est avec un immense honneur que je présente à Votre Majesté le rapport d’évaluation relatif au programme de développement territorial de la province d’Al Hoceima «Manarat Al Moutaouassit», conformément aux dispositions de la Constitution et de la loi numéro 62-99 formant code des juridictions financières. Majesté, Sur Hautes Instructions de Votre Majesté Que Dieu l’Assiste, la Cour des comptes a procédé à l’examen de l’exécution du programme de développement de la province d’Al Hoceima “Manarat Al Moutaouassit”, et ce en vertu de ses prérogatives et compétences en matière d’évaluation des projets publics. Pour accomplir cette mission, la Cour des comptes a procédé à l’examen du rapport d’enquête sur le programme précité, élaboré conjointement par l’Inspection générale de l’administration territoriale (IGAT) et l’Inspection générale des finances (IGF). Lequel rapport a été communiqué à la Cour des comptes par le gouvernement, le 3 octobre 2017, conformément aux dispositions de l’article 109 de la loi n°62-99 formant code des juridictions financières. La Cour a également demandé aux principales parties prenantes des compléments d’information relatifs à la préparation du programme, et à l’état d’avancement des projets lancés à fin septembre 2017. Elle a aussi auditionné certains responsables des organismes concernés.

Si l’examen des documents et des informations disponibles à ce jour n’a pas révélé de malversations ou de détournements, il a néanmoins permis de constater des dysfonctionnements, à la fois dans la phase préparatoire de ce programme, dans l’élaboration de la Convention-cadre qui le régit et dans sa mise en œuvre. En effet, l’analyse de la phase préparatoire, qui a eu lieu entre 2014 et 2015, a permis de constater que le processus de choix des projets à réaliser dans le cadre de ce programme ne répondait pas à une vision stratégique intégrée et partagée par tous les partenaires. La consistance du programme telle qu’elle figure dans la Convention- cadre a été arrêtée de manière approximative, et l’échéancier y figurant retrace uniquement la répartition annuelle des contributions financières des 20 parties prenantes. Or, en l’absence d’une ventilation par projet, ces contributions ne pouvaient avoir qu’un caractère estimatif.

La Convention-cadre a été signée devant Sa Majesté le Roi, le 17 octobre 2015 à Tétouan. Le ministère de l’Intérieur comme la Wilaya de la région auraient dû s’assurer au préalable que la Convention, en tant que cadre contractuel, ne se limite pas à des clauses générales, mais soit appuyée par des documents essentiels tels que la

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liste exhaustive des projets à réaliser, leur consistance, les estimations actualisées des coûts et les supports budgétaires.

Au niveau de la gouvernance du programme, la Convention a prévu un comité local de supervision et de suivi présidé par le gouverneur de la province d’Al-Hoceima, et une Commission centrale de suivi sans toutefois en désigner de président. Le comité local de supervision et de suivi n’a pas été en mesure de mobiliser les autres partenaires en termes de contribution effective et de réactivité. Il n’a pas, non plus, insufflé la dynamique nécessaire pour le lancement du programme sur des bases solides. Le planning prévisionnel des projets programmés et leurs budgets n’ont été évoqués pour la première fois que lors de la réunion de la Commission centrale de suivi tenue en février 2017, soit 16 mois après la signature de la Convention. Or, au regard de l’importance de ce programme, du budget alloué, du nombre important de signataires et des délais de réalisation relativement courts, le pilotage devait se faire au niveau du gouvernement et de la Commission ministérielle de suivi à l’initiative du ministre de l’Intérieur, et non au niveau du gouverneur, surtout durant la phase de démarrage, pour traiter en particulier les contraintes se rapportant à la consistance des projets, à la mobilisation du foncier, au financement, et procéder aux arbitrages nécessaires en cas de difficultés. La mise en œuvre du programme a connu un démarrage timide. En effet, depuis la signature de la Convention-cadre en octobre 2015 jusqu’à février 2017, la Cour des comptes a constaté une insuffisance, voire une absence d’initiatives pour démarrer l’exécution effective des projets par la plupart des intervenants aussi bien au niveau central que local. Ainsi, sur les 644 projets prévus dans le programme, les réalisations à fin 2016 se limitent à 5 projets achevés (146,8 MDH) et 45 projets en cours (565 MDH). Les raisons avancées par plusieurs parties prenantes pour expliquer ce retard se rapportent à la réception tardive de la Convention-cadre, à la non programmation des crédits budgétaires et aux difficultés de mobiliser le foncier. La Cour des comptes estime que ces arguments ne peuvent justifier le manque d’initiatives pour entamer le démarrage du programme. Le retard dans la notification de la Convention aurait pu être évité par la remise aux différentes parties prenantes, de copies certifiées conformes à l’original, dès le lendemain de la signature de la Convention.

De même, le gouvernement aurait pu répondre favorablement aux demandes de crédits formulées par certains départements pour leur permettre d’honorer leurs engagements. En outre, une attention particulière aurait dû être accordée à la mobilisation du foncier eu égard aux contraintes spécifiques de la région, liées à sa rareté, à son coût élevé et à la diversité de ses statuts (particuliers, Habous, domaine, eaux et forêts…).

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Cependant, il y a lieu de signaler qu’avec l’installation du nouveau gouvernement, et surtout après le Conseil des ministres du 25 juin 2017, une nouvelle dynamique a été enregistrée et comme conséquence de cette mobilisation, l’état d’avancement du programme s’est amélioré de manière significative. Ainsi, selon les informations et documents produits à la Cour à fin septembre 2017, 512 projets étaient en cours de réalisation ou en phase de démarrage, pour un montant global de 3,9 MMDH. Entre janvier et juillet 2017, 12 conventions spécifiques ont été signées par différents partenaires avec l’Agence pour la promotion et le développement du Nord en vertu desquelles celle-ci se trouve désormais chargée de la maîtrise d’ouvrage d’un nombre important de projets dont la réalisation incombait initialement aux départements signataires. La Cour des comptes estime que la décision de confier à l’Agence du Nord la réalisation d’un nombre important de projets, pour un montant total de près de 3 MMDH représentant plus de 46% du budget global du programme, comporte des risques en termes de suivi, de coûts et de délais. Elle s’interroge sur la capacité de cette Agence à réaliser, en plus de ses projets propres engagés dans d’autres provinces du Nord, un programme de cette envergure, malgré ses moyens humains limités.

De même, la Cour des comptes estime que l’empressement observé chez plusieurs départements ministériels tels que l’éducation nationale, la santé, la jeunesse et sports, la culture et l’environnement, de recourir à l’Agence n’est pas justifié. Pour de nombreux projets, les études n’étaient pas encore disponibles et le foncier non assaini. Cet empressement traduit chez ces départements une certaine volonté de se défaire de leurs engagements aux dépens de l’Agence, alors qu’ils ont les capacités et l’expertise requises pour réaliser par eux-mêmes des projets similaires, comme ils le font habituellement sur l’ensemble du territoire national.

La Cour des comptes recommande à ces départements d’accélérer l’élaboration des études préalables nécessaires, de procéder à l’acquisition et à l’assainissement du foncier, de veiller au déblocage régulier de leurs contributions financières à l’Agence et de renforcer leurs équipes au niveau local pour suivre de près l’exécution de leurs projets. Concernant le ministère de l’Habitat et de la Politique de la ville, la Cour des comptes constate que la convention spécifique, qu’il a signée avec l’Agence du Nord, n’a été visée qu’en août 2016 et seuls 50 MDH ont été débloqués sur un montant de 220 MDH prévus pour la période 2016- 2017.

La Cour recommande au ministère notamment d’accélérer les études pour démarrer les travaux relatifs au projet de confortement et de stabilisation des terrains au quartier Boujibar. Le ministère devrait aussi se mobiliser aux côtés de l’Agence du Nord pour assurer un suivi rapproché des projets relevant de ses prérogatives.

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Pour le ministère du Tourisme, au vu du retard constaté dans le lancement du programme touristique, la Cour des comptes recommande de renforcer et diversifier les actions de promotion engagées cet été en raison de l’importance du tourisme pour l’économie de la région.

Pour l’Office national de l’électricité et de l’eau potable, la Cour recommande de sécuriser l’approvisionnement de la région en eau potable qui constitue une source de préoccupation des autorités locales, et de rattraper le retard accusé par l’Office dans la réalisation de la station de dessalement ainsi que du projet d’adduction d’eau depuis le barrage de Bouhouda.

Pour l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail, la Cour recommande de veiller à la réalisation des deux centres de formation professionnelle à Bni Bouayach et Issaguen pour assurer leur ouverture dès la rentrée prochaine, surtout que les appels d’offres les concernant ont été lancés avec retard et n’ont été adjugés qu’en octobre 2017.

D’autres départements comme l’équipement, l’eau, l’agriculture et les eaux et forêts, bien que leurs projets aient connu un démarrage timide, ont pu accélérer la cadence de leur réalisation, et pour certains, renforcer leurs programmes, ce qui les met dans une position favorable pour réaliser leurs projets dans les délais. Pour le ministère chargé de l’Equipement, la Cour des comptes recommande d’accélérer les projets de désenclavement de la province d’une manière générale, notamment les tronçons routiers relevant du programme “Manarat Al Moutaouassit” dont le budget a été porté de 464 MDH à 714 MDH, et de prendre toutes les dispositions nécessaires pour l’achèvement des travaux de la voie expresse Taza-Al- Hoceima dans les meilleurs délais, au regard de son importance pour l’ensemble de la région. Au vu de la sensibilité de la problématique de l’eau dans la région, le ministère doit également accorder une attention particulière aux différents programmes relatifs à l’approvisionnement en eau, portés par le Secrétariat d’Etat, l’Agence du bassin hydraulique et l’Office national de l’électricité et de l’eau potable. Concernant le ministère de l’Agriculture, à fin septembre 2017, un engagement financier de 233 MDH a été déployé couvrant ainsi 182% du programme initial des pistes et 102% de celui de l’arboriculture. Ce dernier axe a connu une accélération après un démarrage difficile dû à la saisonnalité de la plantation des arbres fruitiers et à la nécessité de procéder au groupement des agriculteurs en organisations professionnelles. Concernant le musée océanographique, le foncier étant aujourd’hui identifié, la Cour recommande d’accélérer l’élaboration des études pour assurer le démarrage de ce chantier dans les meilleurs délais.

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Pour le Haut-commissariat aux eaux et forêts, impliqué dans la réalisation d’un Ecomusée à Al Hoceima et d’un observatoire scientifique marin à Izemmouren, en partenariat avec l’Institut national de recherches halieutiques, la Cour des comptes recommande d’accélérer la réalisation des études spécifiques relatives à ces deux projets qui nécessitent une expertise particulière.

Par ailleurs, il importe de rappeler que des contributions importantes prévues par la Convention au profit du conseil provincial par le ministère de l’Intérieur (1,2 MMDH) et du conseil de la région par le ministère des Finances (600 MDH) n’ont pas été assorties de projets précis. Et même après la signature de la Convention-cadre, les ministères de l’Intérieur et des Finances n’ont pas procédé, en concertation avec les deux conseils bénéficiaires, à l’établissement de programmes d’emploi pour ces fonds. De ce fait, le ministère de l’Intérieur a dû redéployer sa contribution vers l’Agence du Nord au lieu du Conseil provincial. Quant à la région, elle a transféré à l’Agence du Nord 250MDH pour financer un programme additionnel routier du ministère de l’Equipement. Ces fonds, reçus un an plus tôt du ministère des Finances, sont restés gelés en raison de l’absence d’un programme d’emploi. A l’issue de l’évaluation de ce programme, et afin de dépasser les dysfonctionnements précités dus essentiellement aux limites du mode de gouvernance, la Cour des comptes recommande ce qui suit :

– La Commission centrale de suivi doit être présidée par le ministre de l’Intérieur. Elle doit se réunir sans délai afin de statuer sur tous les problèmes qui entravent le bon déroulement du programme, notamment en termes de mobilisation du financement, d’apurement du foncier et de finalisation des études.

– Elle doit aussi veiller à la cohérence de l’ensemble du programme aussi bien entre ses propres composantes qu’avec les autres programmes socioéconomiques initiés dans la région (INDH, Fonds de développement rural et des zones montagneuses, Fonds de développement agricole…).

– La Commission centrale devrait se réunir selon une fréquence trimestrielle et chaque fois que c’est nécessaire. Elle doit exiger de chaque partie prenante de désigner un haut responsable comme interlocuteur unique chargé du suivi des projets de son département (rang de secrétaire général ou de directeur). – Le comité local devrait se réunir selon une fréquence mensuelle pour suivre de près la mise en œuvre des projets sur le terrain, et instaurer des mécanismes de

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coordination et de reporting avec des indicateurs appropriés (par projet, sous- programme et programme).

– Une vigilance particulière devrait être accordée aux risques encourus par l’Agence du Nord eu égard au volume important des projets dont elle a désormais la charge et veiller à ce que chaque partie prenante assume sa part de responsabilité dans l’exécution et le suivi des projets confiés à l’Agence. Enfin, la Cour des comptes suggère de s’appuyer sur les réalisations du programme “Manarat Al Moutaouassit” pour engager un plan intégré inclusif pour le développement socio-économique de la région”.

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25/10/2017- Maroc: le Roi limoge trois ministres sur fond de contestation dans le nord

Des personnes manifestent leur soutien à Nasser Zefzafi, leader du mouvement de contestation qui agite le nord du Maroc depuis un an, le 24 octobre 2017 devant la cour d'appel de Casablanca où a débuté son procès

Le roi du Maroc a limogé mardi trois ministres pour des dysfonctionnement dans la région du Rif, le jour même où s'ouvrait le procès de Nasser Zefzafi, leader du mouvement de contestation qui a agité le nord du pays pendant plusieurs mois.

Le roi Mohammed VI a démis de leur fonction ces trois ministres en raison de leurs responsabilités dans le précédent gouvernement, après remise d'un rapport faisant état de "dysfonctionnements" dans un programme de développement destiné à la ville d'Al-Hoceïma, a annoncé un communiqué du Palais.

Un secrétaire d'Etat et un haut responsable administratif ont également été limogés, selon le communiqué, en lien avec les défaillances ce programme intitulé "Al- Hoceïma, phare de la Méditerranée", lancé en 2015 avec une enveloppe de 600 millions d'euros.

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Ces décisions ont été prises conformément aux "prérogatives constitutionnelles" du roi en tant que "garant des droits des citoyens et protecteur de leurs intérêts", et selon le principe de la "corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes", a ajouté le cabinet royal.

La presse locale évoque un "séisme marocain", en référence à un récent discours du souverain qui appelait à une meilleure gouvernance.

Ces sanctions coïncident avec l'ouverture, mardi, du procès du leader du mouvement de contestation populaire, né il y a presque un an dans le nord du Maroc. Il a comparu dans une ambiance houleuse devant la cour d'appel de Casablanca, avec une trentaine de militants arrêtés en mai-juin, à l'époque des grandes manifestations à Al-Hoceïma et dans la région. Le procès a été ajourné au 31 octobre.

Poursuivi notamment pour "atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat", Nasser Zefzafi avait été arrêté le 30 mai pour avoir interrompu le prêche d'un imam dans cette ville de 56.000 habitants accrochée aux montagnes du Rif. Le poing levé, souriant, il a profité de sa première apparition publique depuis son arrestation pour affirmer que "l'approche sécuritaire dans le Rif a échoué".

Néanmoins, les limogeages sont le résultat d'"un processus qui a muri" depuis le mois de juin, "les décisions n'ont pas été prises dans le feu des événements et s'inscrivent dans une logique de meilleure gouvernance, de transparence et de rigueur", a assuré à l'AFP une source gouvernementale haut placée.

"La séquence a été lancée en juin, et a donné lieu à trois rapports administratifs de l'administration territoriale, de l'inspection générale des finances et de la cour des comptes" à la demande du roi, selon la même source.

-'Mouvance'-

Le Hirak -la "mouvance" en arabe, nom donné localement au mouvement de contestation, est né après la mort tragique d'un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordures il y a un an.

Au fil des mois, la contestation menée par un petit groupe de militants locaux autour de Zefzafi a pris une tournure plus sociale et politique, pour exiger le développement du Rif, - marginalisé selon eux - dans un discours identitaire teinté de conservatisme et de références islamiques.

En réponse, l'Etat avait relancé ces derniers mois plusieurs projets de développement pour Al-Hoceïma. Mohammed VI avait pour sa part évoqué la nécessité d'améliorer la gestion publique dans ses deux derniers grands discours, en juillet et en octobre.

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Les conclusions de l'audit qui lui a été remis mardi démontrent qu'il "n'existe ni malversations ni détournements" mais fustige un "grand retard dans le lancement des projets" et énumère les différentes responsabilités, selon le texte parvenu à l'AFP.

Les ministres sanctionnés sont Mohamed Hassad, actuel ministre de l'Education qui était à l'Intérieur lors de la signature de la convention de ce programme en octobre 2015, ainsi que les ministres de la Santé Houcine El Ouardi et de l'Habitat Nabil Benabdellah.

Le roi Mohammed VI a également décidé de priver de toute future fonction officielle quatre anciens ministres (Tourisme, Education, Culture et Jeunesse) et une ex- secrétaire d'Etat du précédent gouvernement.

A Al-Hoceïma, la libération des 200 à 300 manifestants incarcérés, en attente de leur procès, reste la principale revendication de ce qui reste du mouvement.

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25/10/2017-Maroc : le roi Mohammed VI frappe du poing sur la table

Trois ministres limogés, une ex-secrétaire d'État et quatre ex-ministres privés de toute future fonction officielle. Ils font tous les frais du hirak, ces manifestations qui secouent depuis un an Al Hoceïma sur la côte méditerranéenne. Sa décision est encore dans tous les esprits et sur toutes les lèvres, et cela devrait être le cas pour très longtemps tant elle en a surpris plus d'un. Le roi du Maroc, Mohammed VI, a limogé mardi 24 octobre quatre ministres, dont le très puissant et influent ministre de l'Éducation Mohamed Hassad, qui était à l'époque de la signature de la convention de ce programme en octobre 2015 ministre de l'Intérieur. De plus, cinq anciens ministres sont tombés en disgrâce et exclus de toute responsabilité officielle, un directeur d'établissement public a été remercié et le cas de 14 responsables administratifs est en cours de traitement.

Ce que dit le rapport de la Cour des comptes Tous font les frais de leur mauvaise gestion de la ville d'Al Hoceïma, cœur d'un mouvement de contestation depuis un an. Cette prise de décision intervient après la présentation d'un rapport de la Cour des comptes commandé par le roi sur l'avancement du programme de développement de cette ville du Rif lancé en 2015 avec une enveloppe de 600 millions d'euros. Ce rapport de près de 600 pages pointe du doigt de nombreux « dysfonctionnements » dans la mise en œuvre des projets phares du programme. Le roi a agi conformément aux « prérogatives constitutionnelles » du roi en tant que « garant des droits des citoyens et protecteur de leurs intérêts », et selon le principe de la « corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes », a indiqué le cabinet royal dans un communiqué.

Les habitants de cette ville du Rif, enclavée, longtemps délaissée, dénoncent le manque d'infrastructures. Après plusieurs mois de mobilisation, la police marocaine a finalement arrêté 200 à 300 manifestants en mai et juin derniers. Leur leader, Nasser Zefzafi, comparaissait mardi 24 octobre avec 31 autres prévenus à Casablanca. L'audience est renvoyée au 31 octobre.

Au fil des mois, la contestation menée par un petit groupe de militants locaux autour de Zefzafi a pris une tournure plus sociale et politique, pour exiger le développement du Rif – marginalisé selon eux – dans un discours identitaire teinté de conservatisme et de références islamiques. En réponse, l'État avait relancé ces derniers mois plusieurs projets de développement pour Al Hoceïma. Mohammed VI avait pour sa

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part évoqué la nécessité d'améliorer la gestion publique dans ses deux derniers grands discours, en juillet et en octobre.

Séisme politique La presse locale évoque un « séisme marocain », en référence à un récent discours du souverain qui appelait à une meilleure gouvernance. Les décisions royales « constituent ainsi le premier signal d'une époque nouvelle faite de sérieux, de responsabilité et du respect du sens du devoir et où la reddition de comptes est la règle », commente pour sa part le quotidien L'Opinion.

Pour L'Économiste, « la secousse est importante » et « le pays en avait besoin ». Al Ittihad Al Ichtiraki va dans le même sens et estime que les décisions prises par le souverain sont « une première dans la vie politique nationale », car s'inscrivant dans le cadre de la corrélation entre responsabilité et reddition de comptes. « Ils sont à la hauteur du moment » et « appuient les chantiers de la réforme » et « renforcent l'orientation nationale vers la construction d'un État de droit ».

À Al Hoceïma, la libération des 200 à 300 manifestants incarcérés, en attente de leur procès, reste la principale revendication de ce qui reste du mouvement.

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26/10/2017- «Al Hoceïma Manarat Al Moutawassit» : Le rapport qui précède le «séisme politique»

Responsabilité et reddition des comptes ne sont plus de vains mots ou de simples critiques émises juste pour critiquer, comme relevé par Sa Majesté lors de son Discours au Parlement. Le Souverain annonçait un «séisme politique» et ce dernier a eu lieu mardi 24 octobre 2017, suite à la présentation au Souverain par Driss Jettou, président de la Cour des Comptes, du rapport concernant les retards des projets de développement d’Al Hoceima.

Le Maroc est bel et bien entré dans une phase de rigueur. Le Roi a tranché dans un signal fort que, dorénavant, les retards d’exécution et le laisser-aller dans chaque projet et chaque démarche de développement ne sera plus toléré. Il faut que ce qui est arrivé serve de leçon à quiconque prenant en charge une mission dont il ne s’acquitte pas convenablement et dans les délais… La leçon réside notamment dans ce fait que, suite au lourds retards enregistrés dans la réalisation des projets consacrés à la région d’Al Hoceima, dans le cadre du programme «Al Hoceima Manarat Al Moutawassit», des têtes sont tombées et les responsables ont pâti de la colère royale, notamment l’ex-ministre de l’Intérieur sous le gouvernement Benkirane, Mohamed Hassad, actuellement ministre de l’Education nationale, destitué de son poste, El Houssaine

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Louardi, ministre de la Santé de l’ancien gouvernement et actuel ministre de la Santé, lui aussi renvoyé du gouvernement, , ministre de l’Habitat des deux gouvernements et Larbi Bencheikh, actuel secrétaire d’Etat en charge de la formation professionnelle. A ceux-là s’ajoutent le DG de l’ONEE, lui aussi congédié, Rachid Belmokhtar, ancien ministre de l’Education nationale, Lahcen Sekkouri, ancien ministre des Sports, Hakima El Haité, ancienne secrétaire d’Etat à l’Energie, Lahcen Haddad, ancien ministre du Tourisme et Amine Sbihi, ancien ministre de la Culture, tous réprimandé pour donner l’exemple à leurs collègues, d’autant qu’ils ont été contraints de ne plus jamais occuper des postes de responsabilité publique dans leur pays.

Si le rapport présenté par Driss Jettou n’a établi aucun acte de malversation, de détournement ou de fraude, il a cependant dévoilé plusieurs dysfonctionnements au niveau de la gestion de l’ancien gouvernement dans la région du Rif. Il a ainsi relevé qu’avec un budget de 9 MMDH alloué à la réalisation des projets initiés dans le cadre du programme de développement de la région d’Al Hoceima, non seulement quelques petits projets réalisés ont accumulé un retard considérable par rapport aux échéances fixées, mais la majorité de ceux-ci n’ont même pas été exécutés.

Du retard en ce sens que le programme «Al Hoceima Manarat Al Moutawassit» a été signé en octobre 2015, pour rester à la traîne pendant deux années, soit jusqu’au 24 octobre 2017.

Le rapport relève, à cet effet, que l’analyse de la phase préparatoire, qui a eu lieu entre 2014 et 2015, a permis de constater que le processus de choix des projets à réaliser dans le cadre de ce programme ne répondait pas à une vision stratégique intégrée et partagée par tous les partenaires. La consistance du programme, telle qu’elle figure dans la Convention-cadre, a été arrêtée de manière approximative et l’échéancier y figurant retrace uniquement la répartition annuelle des contributions financières des 20 parties prenantes. Or, en l’absence d’une ventilation par projet, ces contributions ne pouvaient avoir qu’un caractère estimatif.

Les dysfonctionnements en question

La Convention-cadre a été signée devant Sa Majesté le Roi, le 17 octobre 2015, à Tétouan. Le ministère de l’Intérieur comme la wilaya de la Région auraient dû s’assurer au préalable que la Convention, en tant que cadre contractuel, ne se limite pas à des clauses générales, mais soit appuyée par des documents essentiels, tels que la liste exhaustive des projets à réaliser, leur consistance, les estimations actualisées des coûts et les supports budgétaires.

Au niveau de la gouvernance du programme, la Convention a prévu un comité local de supervision et de suivi, présidé par le gouverneur de la province d’Al Hoceima et une Commission centrale de suivi, sans toutefois en désigner de président.

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Le comité local de supervision et de suivi n’a pas été en mesure de mobiliser les autres partenaires en termes de contribution effective et de réactivité. Il n’a pas, non plus, insufflé la dynamique nécessaire pour le lancement du programme sur des bases solides.

Le planning prévisionnel des projets programmés et leurs budgets n’ont été évoqués pour la première fois que lors de la réunion de la Commission centrale de suivi tenue en février 2017, soit 16 mois après la signature de la Convention. Or, au regard de l’importance de ce programme, du budget alloué, du nombre important de signataires et des délais de réalisation relativement courts, le pilotage devait se faire au niveau du gouvernement et de la Commission ministérielle de suivi, à l’initiative du ministre de l’Intérieur et non au niveau du gouverneur, surtout durant la phase de démarrage, pour traiter en particulier les contraintes se rapportant à la consistance des projets, à la mobilisation du foncier et au financement et procéder aux arbitrages nécessaires, en cas de difficultés.

La mise en œuvre du programme a connu un démarrage timide. En effet, depuis la signature de la Convention-cadre en octobre 2015, jusqu’à février 2017, la Cour des comptes a constaté une insuffisance, voire une absence d’initiatives pour démarrer l’exécution effective des projets par la plupart des intervenants, aux niveaux central et local. Ainsi, sur les 644 projets prévus dans le programme, les réalisations à fin 2016 se limitent à 5 projets achevés (146,8 MDH) et 45 projets en cours (565 MDH). Les raisons avancées par plusieurs parties prenantes, pour expliquer ce retard, se rapportent à la réception tardive de la Convention-cadre, à la non programmation des crédits budgétaires et aux difficultés de mobiliser le foncier.

La Cour des comptes estime que ces arguments ne peuvent justifier le manque d’initiatives pour entamer le démarrage du programme. Le retard dans la notification de la Convention aurait pu être évité par la remise aux différentes parties-prenantes de copies certifiées conformes à l’original, dès le lendemain de la signature de la Convention. De même, le gouvernement aurait pu répondre favorablement aux demandes de crédits formulées par certains départements, pour leur permettre d’honorer leurs engagements.

En outre, une attention particulière aurait dû être accordée à la mobilisation du foncier, eu égard aux contraintes spécifiques de la région, liées à sa rareté, à son coût élevé et à la diversité de ses statuts (particuliers, Habous, domaine, eaux et forêts…). Cependant, il y a lieu de signaler qu’avec l’installation du nouveau gouvernement, surtout après le Conseil des ministres du 25 juin 2017, une nouvelle dynamique a été enregistrée et, comme conséquence de cette mobilisation, l’état d’avancement du

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programme s’est amélioré de manière significative. Ainsi, selon les informations et documents produits à la Cour à fin septembre 2017, 512 projets étaient en cours de réalisation ou en phase de démarrage, pour un montant global de 3,9 MMDH. Entre janvier et juillet 2017, 12 conventions spécifiques ont été signées par différents partenaires avec l’Agence pour la promotion et le développement du nord, en vertu desquelles celle-ci se trouve désormais chargée de la maîtrise d’ouvrage d’un nombre important de projets, dont la réalisation incombait initialement aux départements signataires. La Cour des comptes estime que la décision de confier à l’Agence du Nord la réalisation d’un nombre important de projets, pour un montant total de près de 3 MMDH représentant plus de 46% du budget global du programme, comporte des risques en termes de suivi, de coûts et de délais. Elle s’interroge sur la capacité de cette Agence à réaliser, en plus de ses projets propres engagés dans d’autres provinces du nord, un programme de cette envergure, malgré ses moyens humains limités. De même, la Cour des comptes estime que l’empressement observé chez plusieurs départements ministériels, tels que l’Education nationale, la Santé, la Jeunesse et Sports, la Culture et l’Environnement, de recourir à l’Agence n’est pas justifié. Pour de nombreux projets, les études n’étaient pas encore disponibles et le foncier non assaini. Cet empressement traduit chez ces départements une certaine volonté de se défaire de leurs engagements aux dépens de l’Agence, alors qu’ils ont les capacités et l’expertise requises pour réaliser par eux-mêmes des projets similaires, comme ils le font habituellement sur l’ensemble du territoire national.

La Cour des comptes recommande à ces départements d’accélérer l’élaboration des études préalables nécessaires, de procéder à l’acquisition et à l’assainissement du foncier, de veiller au déblocage régulier de leurs contributions financières à l’Agence et de renforcer leurs équipes au niveau local, pour suivre de près l’exécution de leurs projets.

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24/10/2017- Retards dans les projets de développement d’Al Hoceïma: 4 ministres en activité limogés

Le président de la Cour des comptes, Driss Jettou, a présenté au Souverain, ce mardi 24 octobre, son rapport sur l’enquête concernant les retards enregistrés dans l’exécution des projets initiés dans le cadre du progamme "Al Hoceima Manarat Al Moutawassit". Les conclusions sont sans appel.

C’est fait pour la remise du rapport sur les retards enregistrés dans l’exécution des projets initiés dans le cadre du programme "Al Hoceïma Manarat Al Moutawassit". Le président de la Cour des comptes, Driss Jettou, l’a présenté, ce mardi 24 octobre, devant le roi Mohammed VI. Le rapport a bel et bien établi des dysfonctionnements enregistrés sous l'ancien gouvernement, soit celui d'. C'est ainsi que 4 ministres en activité ont été limogés. La responsabilité de 5 anciens ministres a également été établie.

Le principale ministre démis de ses fonctions est Mohamed Hassad, qui occupait alors le poste de ministre de l'Intérieur auparavant, alors qu'il était jusqu'à aujourd’hui ministre de l’Education nationale.

Le deuxième est Houcine El Ouardi, ministre de la Santé sous les gouvernements de Saâd-Eddine El Othmani et d’Abdelilah Benkirane.

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Le troisième est Mohamed Nabil Benabdellah, ministre de l’Habitat également sous les deux gouvernements.

Le quatrième est Larbi Benckheikh, secrétaire d’Etat en charge de la formation professionnelle et qui occupait auparavant le poste de directeur général de l’OFPPT.

A été également remercié Ali Fassi Fihri, directeur général de l'Office national del'eau et de l'électricité.

Le souverain a chargé le chef du gouvernement de soumettres des propositions de nomination aux postes vacants.

14 autres hauts responsables sont également concernés par des manquements à leurs missions. Le roi a donné ses instructions pour que les mesures nécessaires soient prises à leur encontre.

Les cinq anciens ministres épinglés dans le rapport sont Rachid Belmokhtar, ancien ministre de l'Education nationale, Lahcen Haddad, ancien ministre du tourisme, Lahcen Sekkouri, ancien ministre de la Jeunesse et des sports, Mohamed Amine Sbihi, ancien ministre de la Culture et Hakima El Haïté, ancienne secrétaire d'Etat en charge de l'environnement.

Aucune fonction ou mission officielle ne leur sera accordée à l'avenir.

De nombreux ministres et hauts responsables redoutaient l’approche du délai de présentation de ce rapport, le plan de développement de la ville ayant coûté aux caisses de l’État quelque 9 milliards de dirhams, mais sans que tous les projets concernés ne soient exécutés, et encore moins à temps pour les rares qui l'ont été.

Le délai de 10 jours accordé le 2 octobre dernier par le roi Mohammed VI au premier président de la Cour des comptes était arrivé à échéance mercredi 11 octobre, mais Driss Jettou avait demandé plus de temps. Les magistrats de la Cour des comptes se sont rendus à Al Hoceïma pour auditer la gestion financière des membres du gouvernement, des hauts cadres des ministères et d'entreprises publiques comme l’ONEE, l'ADM, ou encore Al Omrane.

Rappelons que le même 2 octobre dernier, le roi Mohammed VI avait reçu, au Palais royal de Rabat, le chef du gouvernement, le ministre de l'Intérieur, le ministre de l'Economie et des finances et le premier président de la Cour des comptes. Au cours de cette audience, les deux ministres avaient soumis et explicité auprès du souverain les conclusions des rapports commandités par le roi et portant sur l'exécution du programme.

Ces rapports ont concerné les responsables en charge dudit programme au moment des faits, y compris ceux qui ne sont plus en poste à l'heure actuelle, sachant que la convention instituant ce programme avait été signée devant le souverain en octobre

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2015 à Tétouan. Ces rapports des inspections avaient conclu au retard, voire à la non- exécution de plusieurs composantes de ce programme de développement, excluant par la même tout acte de malversation ou de fraude. Toutefois, le roi avait donné ses hautes instructions à la Cour des comptes pour qu'elle procède à l'examen de ce sujet, la Cour ayant également la charge d'évaluer l'exécution des projets publics.

24/10/2017- Crise du Rif: le roi du Maroc limoge trois ministres

Mohammed VI a justifié le renvoi d'une partie du gouvernement par le retard pris sur le "programme de développement" d'Al-Hoceima, théâtre de manifestations cette année. Mohammed VI ne veut pas apparaître comme celui qui ne fait rien pour le Rif, touchée par des troubles ces derniers mois. Le roi du Maroc a limogé mardi trois ministres "en raison du retard pris par le programme de développement" de la ville d'Al-Hoceima, agitée ces derniers mois par un mouvement de contestation, a annoncé un communiqué officiel.

Ce rapport d'audit avait été commandé par le roi pour déterminer les raisons du retard dans le programme "Al-Hoceïma, phare de la Méditerranée" (2015-2019), doté d'une enveloppe de 600 millions d'euros. Remis mardi, ce rapport a démontré qu'il n'existait "ni malversations ni détournements", mais fait état de "dysfonctionnements" et de retards injustifiés, selon le cabinet royal. "Il a été constaté un grand retard dans le lancement des projets, pis encore la majorité de ces projets n'avait même pas été

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lancée, avec l'absence d'initiatives de la part de certains intervenants", selon le communiqué.

Les sanctions prises par le roi visent Mohamed Hassad, ministre de l'Education, qui était à l'époque de la signature de la convention de ce programme en octobre 2015 ministre de l'Intérieur, ainsi que les ministres de la Santé Houcine El Ouardi et de l'Habitat Nabil Benabdellah. Larbi Bencheikh, secrétaire d'État chargé de la formation professionnelle, à l'époque directeur de l'OFPPT, un organisme public, et Ali Fassi Fihri, patron de l'Office national de l'électricité et de l'eau (ONEE), ont également été relevés de leur fonction. Le monarque marocain a demandé au chef du gouvernement, l'islamiste Saadeddine El Othmani, de lui soumettre des propositions de noms pour remplacer les responsables limogés. En juin dernier, le roi Mohammed VI avait déjà tancé les ministres pour la "non exécution" dans les délais impartis de différents chantiers prévus à Al-Hoceima, épicentre d'un mouvement de contestation réclamant le développement de cette région du nord du Maroc.

Ce mouvement, dit du "Hirak", né après la mort atroce d'un vendeur de poisson le 28 octobre 2016, a conduit à l'arrestation de 200 à 300 personnes en mai-juin, dont les meneurs. Le procès de son leader, Nasser Zefzafi qui encourt la peine capitale pour "atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat", s'est ouvert mardi avant d'être renvoyé au 31 octobre à la demande de la défense. La libération des militants du Hirak est devenue la principale revendication de ce qui reste du mouvement et suscite des manifestations ponctuelles à Rabat et Casablanca.

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24/10/2017- Crise dans le Rif : le roi du Maroc décide de limoger trois ministres

Cette décision intervient quelques heures après la remise d’un rapport faisant état de « dysfonctionnements » et de retards injustifiés dans le programme de développement de la ville d’Al-Hoceima.

Le roi du Maroc Mohammed VI a limogé mardi 24 octobre trois ministres, de l’éducation, de la santé et de l’habitat, « en raison du retard pris par le programme de développement » dans la ville d’Al-Hoceima, située dans le centre de la région du Rif. Cette décision intervient quelques heures après la remise d’un rapport faisant état de « dysfonctionnements » dans le programme de développement lancé en faveur de la ville d’Al-Hoceima.

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Ce rapport d’audit avait été commandé par le roi pour déterminer les raisons du retard dans le programme « Al-Hoceima, phare de la Méditerranée », doté d’une enveloppe de 600 millions d’euros pour la période 2015-2019. Ce programme avait été lancé à la suite d’un mouvement de contestation de la population réclamant le développement de cette région du nord du Maroc. « Absence d’initiatives » « Il a été constaté un grand retard dans le lancement des projets, pis, encore, la majorité de ces projets n’avait même pas été lancée, avec l’absence d’initiatives de la part de certains intervenants », précise le communiqué du cabinet royal. Mohammed VI a demandé au chef du gouvernement, l’islamiste Saad-Eddine Al- Othmani, de lui soumettre des propositions de noms pour remplacer les ministres limogés. En juin, le roi avait déjà critiqué les ministres pour la « non-exécution » dans les délais impartis de plusieurs chantiers prévus à Al-Hoceima.

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