Pétain Et De Gaulle. Avec 29 Illustrations Hors-Texte
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DU MÊME AUTEUR SECRETS D'ÉTAT « ... S'il est un livre d'histoire qui soit d'actualité, c'est bien celui- là ». JACQUES FAUVET ( Le Monde). « ... Tournoux passionne la France avec la politique ». ( Paris-Match). « ... De l'histoire en train de se faire... ». ROGER GIRON (Le Figaro). « ... Ce livre sensationnel révèle les dessous de la politique fran- çaise entre 1946 et 1959... ». J. GALTIER-BoiSSIÈRE (Le Crapouillot). sionnante...« ... Une page ». d'histoire impres- JEAN-PIERRE MOULIN (La Tribune de Lausanne). « ... Un travail d'historien... ». G. POTUT (Revue Politique et Parlementaire). « ... Une œuvre incontestable d'historien... ». YVES HUGONNET (Les Dernières Nouvelles d'Alsace). « ... Œuvre d'information pure qui touche aux ressorts les plus intimes du régime... ». J. BARSALOU (La Dépêche du Midi). « ... Un ouvrage historique... ». A. DELSART (« Le Progrès » de Lyon). « ... Livre passionnant, prodigieu- sement renseigné sur les dessous des événements que la France a vécus depuis quinze ans... » RÉMY ROURE. PÉTAIN ET DE GAULLE DU MÊME AUTEUR CHEZ LE MÊME ÉDITEUR : CARNETS SECRETS DE LA POLITIQUE. (Épuisé). L'HISTOIRE SECRÈTE, 60e mille. SECRETS D 'ÉTAT *, 165e mille. (Prix Thiers de l'Académie française). EN PRÉPARATION: SECRETS D'ÉTAT ***. J.-R. TOURNOUX SECRETS D'ÉTAT PÉTAIN ET DE GAULLE Avec 29 illustrations hors-texte. PLON 0 19G4 by Librairie Plon, 8, rue Garancière, Paris-6e, Imprimé en France. A ma femme Adresse Tantôt à MONTAIGNE, tantôt à TALLEYRAND, le propos est attribué : Tant qu'on n'a pas vu tout, et le contraire de tout, on n'a pas vécu. Hommage A tous les esprits libres qui nous ont permis d'écrire ce livre. Historique En 1934, dans la garnison de Metz, les premiers éléments de cet ouvrage ont été réunis. Ils ont été complétés avant, pendant et après la guerre. L'ensemble a été terminé à Paris en 1964. Méthode L'essentiel de la documentation provenant d'archives ou bien de témoignages non publiés, il deviendrait fas- tidieux d'indiquer, en tous les cas, le caractère inédit. Pour ce qui concerne les autres sources, les numéros inclus dans le corps du texte intéressent les références placées, en vue de faciliter la lecture, à la fin de chaque chapitre. Les * concernent les notes de l'auteur reportées en bas de page. La lecture des documents, qui complètent et pro- longent le récit, est indispensable au lecteur. AVANT-PROPOS SUR QUELQUES CONSIDÉRATIONS RELATIVES AUX MONSTRES SACRÉS ET A L'HISTOIRE CONTEMPORAINE « La Vie, cette enquête continue » écrivait Lucien Febvre qui, dans sa discipline, entendait ne pas être plus conformiste que ne l'avait été, en art, son compatriote Gustave Courbet. Et le professeur au Collège de France, qui fut président du comité d'Histoire de la deuxième guerre mondiale, enseignait dans Combats pour l'Histoire : « Ce qui compte, c'est de savoir jusqu'où la clarté des- cendra. C'est de faire descendre la lumière plus loin, plus bas, toujours plus bas. De faire reculer l'obscurité. Et donc d'être profond : je veux dire d'éclairer l'obscur. » Longtemps, la tradition a imposé de ne pas « éclairer l'obscur » de façon prématurée. Le Héros souffre parfois de la lumière, source de la démystification. Aujourd'hui, les délais classiques de prescription dis- paraissent. Dans la mise à jour de la vérité, ou, du moins, dans l'approche de la vérité, les hommes d'État et les chefs militaires, nombreux, donnent eux-mêmes l'exemple en France et à l'étranger. Les événements n'étant pas toujours refroidis, sans doute la philosophie générale risque-t-elle, au passage, de souffrir d'insuffisance. En revanche, la méthode offre des avan- tages incomparables dans la mesure où elle permet d'avancer sur des bases plus solides que jadis et que naguère. Rien ne reste aussi facile que d'attribuer des propos aux princes qui ont gouverné il y a deux ou trois siècles. Rien ne devient aussi difficile que de transcrire ce qui a trait à l'Histoire contemporaine — nous voulons dire à l'Histoire du demi-siècle écoulé. Les acteurs sont vivants, ou bien, s'ils sont morts, leurs parents, leurs collaborateurs, leurs amis, comme leurs adversaires, demeurent en mesure de témoigner, et au besoin de s'insurger. Les Universités américaines ont compris l'importance capitale de cette mission : réunir, confronter les témoignages tant qu'il est temps, compte tenu de la fragilité de la mémoire humaine et de la nécessité des contrôles rigoureux. Outre leur valeur intrinsèque, ces apports permettent, au delà des textes, de pénétrer la psychologie des personnages. Et la démarche du Monstre sacré, dont l'une des caractéris- tiquetion detient sa aupolitique, fait qu'il exige, refuse plus de descendre que tout jusqu'àautre, l'explica-un effort d'intelligence de la part de qui prétend percer le mur des étranges églises du silence. Lucien Febvre distinguait ainsi, dans son analyse, la psychologie collective (ce que l'homme doit à son milieu social), la psychologie spécifique (ce que l'homme doit à son organisme spécifique), la psychologie différentielle (ce qu'un être humain doit aux particularités individuelles de sa physiologie, aux hasards de sa structure, aux accidents de sa vie sociale). L'historien, certes, communie dans l'humilité et il doit ne jamais oublier qu'il reste soumis à ce relativisme histo- rique, dont Raymond Aron a dessiné les limites. Mais l' Histoire, sans la psychologie du Héros, est celle qui partant de bases figées sur un parcours glacé, amène les citoyens à se déchirer, les légendes à se forger et les contre- vérités à se perpétuer. Combien. délicate à doser se révèle cependant la psycho- logie, matière dangereuse. Il y a péril dans le désordre extrême : autour du Monstre sacré, l'événement, sans la psy- chologie, se transforme en une demi-vérité, donc en un demi- mensonge. Plus pressant, plus précis encore que Lucien Febvre, se montrait Marc Bloch dans Métier d'historien : « Il y a long- temps que nos grands aînés, un Michelet, un Fustel de Cou- langes nous avaient appris à le reconnaître : l'objet de l'histoire est par nature l'homme. Disons mieux : les hommes. Derrière les traits sensibles du paysage, les outils et les machines, der- rière les écrits en apparence les plus glacés et les institutions en apparence les plus complètement détachées de ceux qui les ont établies, ce sont les hommes que l' fI istoire veut saisir. Qui n'y parvient pas ne sera jamais, au mieux, qu'un ma- nœuvre de l'érudition. Le bon historien, lui, ressemble à l'ogre de la légende. Là où il flaire la chair humaine, il sait que là est son gibier. » De l'historien, ou bien du mémorialiste, le Monstre sacré est le gibier des chasses royales. Et maintenant... A quoi bon traduire ce que Taine a si bien exprimé, pour tous les âges et pour les écoles de tous les pays, dans son Essai sur Tive-Live : « Considérez l'historien qui traite l'Il istoire comme elle le mérite, c'est-à-dire en science. Il ne songe ni à louer, ni à blâmer; il ne veut ni exhorter ses auditeurs à la vertu, ni les instruire dans la politique. « Ce n est pas son affaire d'exciter la haine ou l'amour, d'améliorer les cœurs ou les esprits; que les faits soient beaux ou laids, peu lui importe; il n'a pas charge d'âmes; il n a pour devoir et pour désir que de supprimer la distance des temps, de mettre le lecteur face à face avec les objets, de le rendre concitoyen des personnages qu'il décrit, et contemporain des événements qu'il raconte. Que les moralistes viennent maintenant, et dissertent sur le tableau exposé; sa tâche est finie; il leur laisse la place et s'en va. » Qu'on veuille nous le permettre : aux moralistes, nous cédons la chaire. Avant de nous effacer devant le récit, nous avons un ultime avertissement à transmettre. Le Monstre sacré personnifie le personnage complexe et multiface. Plusieurs êtres existent en lui. Exposer l'un lorsqu'il n'est pas édifiant, ignorer l'autre lorsqu'il est noble, bâtir un procès d'intention à partir d'un mot, tirer une philosophie d'une attitude ou bien d'un argu- ment topique, aboutirait à commettre le péché de malhonnêteté intellectuelle. J-R. T. PREMIÈRE PARTIE LES JOURS LES PLUS LONGS « On permettra à un historien d'agir en naturaliste : j'étais devant mon sujet comme devant la métamorphose d'un insecte. » TAINE. CHAPITRE PREMIER — DIEU ET LE ROI LE PLÉBISCITE, LE NOMBRE ET LA BÊTISE. - LA FRANCE ! - Who's Who. - UNE FAMILLE EXCEPTIONNELLE. - L'INFAME RÉPUBLIQUE. - DANS UN BERCEAU. - UN ENSEIGNEMENT QUI N'EST PAS NEUTRE. - LA FUREUR PATRIOTIQUE. UN « MONARCHISTE DE REGRET ». Et voilà que, soudain, de la voix magistrale, disparaît et s'enfuit le rythme familier. Le souffle s'élève, puis la charge dévale : veau« César...... Napoléon Ier, un usurpateur... Napoléon III, un nou- « Il n est point d'exemple qu'un plébiscite n'ait pas réussi à celui qui l'avait provoqué, fût-ce pour ratifier un coup d'État. Le plébiscite est la loi du nombre. Le nombre, c'est la bêtise » *. Le professeur déploie son altière stature. Au mur blanc, un crucifix. Du haut de la chaire, les mots coulent avec des ombres et des lumières, dans le chatoiement d'un riche voca- bulaire. Ils s'épanouissent en tableaux historiques, ils illus- trent une philosophie, ou bien ils accompagnent un apoph- tegme. Enveloppées de rhétorique, les images défilent. La chaude parole discourt, expose, explique, sans omettre de commenter : « L'honneur, pour un homme, c'est comme la vertu pour une fille.