Charles De Gaulle. L'homme Et Son Destin
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DU MÊME AUTEUR LA PROMESSE ACCOMPLIE, poèmes, Paris, 1921 (épuisé). L'AMITIÉ DE PROUST (Cahiers Marcel Proust, n° 8), Gallimard, Paris, 1935. PAROUSIE, poèmes, Corrêa, Paris, 1938. SYMBOLE DE LA FRANCE (avec un poème liminaire de P. Claudel), La Baconnière, Neuchâtel, 1943. CHARLES DE GAULLE, Portes de France, Porrentruy, 1944 et 1946 (47 mille). VICTOR HUGO, introduction et choix de textes. I prose, II poésie, en colla- boration avec P. Zumthor (Cri de la France), L. U. F. 1943-45. TROIS POÈTES, HOPKINS, YEATS, ELIOT, L. U. F., Fribourg et Paris, 1947. OUTRENUIT, poèmes, G. L. M., Paris, 1948. MOHAMED-ALY ET L'EUROPE (en collaboration avec René Cattaui bey), Geuthner, Paris, 1949. (Ouvrage couronné par l'Académie des Sciences morales et politiques.) MARCEL PROUST, préface de Daniel-Rops, Julliard, Paris, 1950 (Prix Femina-Vacaresco) (6e mille). LÉON BLOY, préface de Pierre Emmanuel (Coll. « Les Classiques du XX siè- cle »). Ed. Universitaires, Paris, 1954. MARCEL PROUST (Documents iconographiques), Ed. P. Cailler, Genève, 1956. CHARLES DE GAULLE (Coll. « Les Témoins du XX siècle »), Ed. Univer- sitaires, Paris, 1956. T. S. ELIOT (Coll. « Les Classiques du XX siècle »), Ed. Universitaires, Paris., 1957. MARCEL PROUST, avant-propos de P. de Boisdeffre (Coll. « Les Classiques du XX siècle »), Ed. Universitaires, Paris, 1958. SAINT BERNARD DE CLAIRVAUX OU L'ESPRIT DU CANTIQUE DES CANTIQUES, Gabalda, Paris, 1960. JULES HARDOUIN MANSART (en collaboration avec P. Bourget), Vincent Fréal, Paris, 1960. GEORGES CATTAUI CHARLES DE GAULLE L'HOMME ET SON DESTIN LIBRAIRIE ARTHÈME FAYARD 18 RUE DU SAINT-GOTHARD PARIS XIV Il a été tiré de cet ouvrage : 50 exemplaires sur papier de châtaignier numérotés de 1 à 50. © Librairie Arthème Fayard, 1960 A LA MÉMOIRE DE XAVIER, JACQUES ET PIERRE DE GAULLE CHAPITRE PREMIER « LES MORTS QUI PARLENT » La source du génie est souvent dans la race et la famille est quelquefois la prophétie de la destinée. LAMARTINE. De siècle en siècle, et comme à travers une vie intermit- tente, le génie d'une nation semble impatient de délivrer un message, en nous offrant les épreuves ou les réussites succes- sives que sont les destinées de ses héros et de ses créateurs les plus spécifiques. Parfois, c'est une seule et même lignée héré- ditaire qui, de génération en génération, paraît s'efforcer de donner naissance à quelque type humain particulier, et tendre à réaliser, après bien des ébauches imparfaites, un exemplaire accompli. On pense inévitablement, selon le mot du poète, à quelque « source perdue qui ressort d'un sol saturé... ». C'est pourquoi la recherche des ascendances n'est peut-être pas toujours vaine, et c'est aussi pourquoi le charme des noms historiques tient à quelque chose de plus vrai qu'une pure convention. Il est même des noms obscurs qui portent à jamais, on l'a dit, « le reflet du dévouement qui les illustra ». Lorsque les familles se maintiennent longtemps, Gœthe l'a remarqué, la nature y produit enfin l'individu qui résume toutes les vertus de ses aïeux, réunit des aptitudes jusqu'alors dispersées et porte à la perfection ce qui n'était avant lui qu'ébauché. Les Chinois anoblissent, dit-on, les ancêtres du héros ou du génie. C'est dans le même esprit que les ascendants de Charles de Gaulle nous paraissent revêtus d'un prestige singulier, qui prête une plus ample résonance à leurs moindres tentatives, à leurs plus modestes desseins. Tel un phare irradiant vers le passé, l'homme du 18 juin fait de ses aïeux les préfigures, les présages de son destin — de son œuvre éternellement projetée. Il semble que souvent la vie ou l'Histoire soient à la recherche d'un instrument, d'un organe approprié : en de Gaulle s'accomplissent donc, sous nos yeux, les vœux, les aspirations, les espoirs de bien des générations de soldats, de magistrats, de légistes, d'humbles patriotes, d'historiens, d'érudits et d'humanistes français qui, tout au long des âges, depuis les temps médiévaux, mirent leurs dons au service de la France. L'idée passe comme une flamme d'un esprit à l'autre. Ainsi, notre contemporain parle au nom de ses prédécesseurs plus ou moins obscurs, donnant expression à leurs souvenirs immémoriaux. Il est bon qu'il ait pu compter au nombre de ses ascendants, non seulement des hommes d'épée, mais encore des membres de ces austères dynasties de robe qui ont formé l'armature intellectuelle et morale du pays. De Gaulle est également un de ces hommes dont Péguy proclame qu'à la différence de leurs pères, qui avaient vu la défaite — celle de 1870 — et qui l'avaient oubliée, eux ne l'avaient pas vue mais s'en souvenaient au contraire — « et l'alouette, qui longtemps s'était tue, ouvrait de nouveau les ailes sur le casque »... Il ne sera pas sans intérêt de souligner ici certains traits d'indépendance, de courage ou d'obstination qui, à travers la diversité des générations et des lignées ataviques, semble attester en plusieurs de ses devanciers la pérennité d'un type héréditaire. On pourra dire de Charles de Gaulle, issu de souches non seulement normandes, bourguignonnes, fla- mandes, mais irlandaises, écossaises et même rhénanes, ce que Péguy disait de Psichari : « Héritier de toutes parts, héritier de toutes mains... vous qui de tous ces sangs nous faites un sang français et un héroïsme à la française. » Entre les règnes de Philippe Auguste et de Charles VI, plusieurs personnages appelés tantôt de Gaulle et tantôt de Gaulliers 1 jouèrent un rôle marquant dans la vie civile et militaire du royaume de France. En 1210, Richard de Gaulle reçut de Philippe Auguste un fief à Elbeuf, en Bray. En 1406, le duc d'Orléans, passant ses gens en revue, chargea « le vaillant chevalier messire Jehan de Gaulle, gouverneur d'Orléans », de traverser la Seine « avec une troupe d'arba- létriers et cinq cents hommes, armés de pied en cap, pour s'emparer de Charenton ». En 1413, le sire de Gaulle prit part au Conseil du duc d'Orléans menacé par le duc de Bour- gogne et fut de garde à la porte Saint-Denis 2 En 1415, à la bataille d'Azincourt, en compagnie de l'Amiral de France, de messires Cliquet de Brabant et Louis Bourdon, le sire de Gaulle fut chargé d'aller, avec mille hommes d'élite, « disper- ser les archers anglais qui avaient déjà engagé le combat ». Il avait déconseillé au connétable d'Albret de livrer cette bataille où devait périr toute la fleur de la chevalerie fran- de 1.Walle Dauzat » et penseaurait que évolué, le patronyme par la transition « de Gaulle de le» seraitWalle, « Delwaulle,calqué du flamand De Waulle van enmoins la formeprobable. actuelle qui signifie « du rempart ». L'étymologie normande n'est pas 2. Tandis que le sire de Gaulle défendait la porte Saint-Denis contre le duc de léansBourgogne, et au comteles portes d'Armagnac. Saint-Antoine et Saint-Martin étaient confiées au duc d'Or- çaise et, pour donner plus de force à son avertissement, s'était dépouillé de son heaume 1 Henri V d'Angleterre ayant pris Caen et Falaise en 1417, le sire de Gaulle 2 gouverneur de Vire pour le roi de France, partit de cette ville, marcha vers Saint-Lô et repoussa les Anglais jusqu'aux abords de Carentan. Cependant, l'armée anglaise, commandée par les ducs de Gloucester et de Cla- rence, assiégea Vire, dont la garnison fut obligée de capi- tuler le 21 février 1418. Le texte de cette capitulation assurait à Jean de Gaulle la faveur du roi d'Angleterre, s'il voulait le servir; il préféra rester fidèle au roi de France et subit comme « rebelle » l'exil et la confiscation de ses domaines dans le pays de Caux 3 Sur ce, Jean de Gaulle quitta la Normandie pour se fixer en Bourgogne 4 Une tradition persistante rattache à cette lignée les ancêtres de Charles de Gaulle, en dépit de quelques lacunes dans la généalogie. A une époque qu'il est difficile de préciser, la maison de Gaulle se partagea en deux branches : celle de Bourgogne et celle des Flandres. Il est vraisemblable que le 1. Cf. Godefroy, Histoire de Charles VI. 2. Dans les vieilles chartes, le nom s'écrit indifféremment avec un ou deux L; les deux orthographes peuvent même figurer alternativement dans le même document. Une commune du Calvados porte le nom de Gaule, une autre le nom de La Gaule ; ce dernier nom se retrouve dans deux communes du Lot, une de Saône-et-Loire, une de l' Yonne. 3. Cf. Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie (t. XV) et Histoire4. Les Militairearmes primitives des Bocains, de la famille par Richard(armes parlantes) Séguin, Vire, étaient 1816, : 3 p.noix 294. de galle posées 2 et 1. (La noix de Galle est une excroissance du chêne et rappelle l'arbre sacrédiverses des le anciens blason Gaulois,des de Gaulle le rouvre, s'est symboleécartelé. de Le force Grand d'âme.) Armorial A la suite de d'alliances France, d'H. Jougla, donne de Gaulle (Bourgogne) : Tiercé en fasce, au I d'argent à trois pommes de chêne (glands) soutenues de sinople, au II de gueules plein, au III d'azur à 3 trèfles d'or posés 2 et 1. L'Armorial Général de Rietstorp mentionne les de Gaulle de Bruges et Ruremonde : d'azur au lion d'ar- gent et hampé de gueules couronné d'or. chef de ce dernier rameau avait suivi aux Pays-Bas Marie de Bourgogne, comtesse de Flandre. Jérôme, fils de Baudouin de Gaulle, fut chancelier de Gueldre. Il est inhumé dans la cathédrale de Tournai 1 Le premier « de Gaulle » dont il soit fait mention en Bour- gogne est Nicolas, capitaine-châtelain de Cuisery, auquel il est accordé permission, en 1584, de construire un moulin sur la Sanne, près de Cuisery.