Cahiers D'études Italiennes, 9
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Cahiers d’études italiennes Novecento... e dintorni 9 | 2009 Images littéraires de la société contemporaine (4) La place de la religion et le sens du religieux dans la littérature italienne contemporaine (1970-2006) Lisa El Ghaoui et Filippo Fonio (dir.) Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/cei/112 DOI : 10.4000/cei.112 ISSN : 2260-779X Éditeur UGA Éditions/Université Grenoble Alpes Édition imprimée Date de publication : 15 juillet 2009 ISBN : 978-2-84310-145-8 ISSN : 1770-9571 Référence électronique Lisa El Ghaoui et Filippo Fonio (dir.), Cahiers d’études italiennes, 9 | 2009, « Images littéraires de la société contemporaine (4) » [En ligne], mis en ligne le 15 janvier 2011, consulté le 10 avril 2021. URL : http://journals.openedition.org/cei/112 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cei.112 Ce document a été généré automatiquement le 10 avril 2021. © ELLUG 1 Quelle est la place de la religion et le sens du religieux dans la littérature italienne contemporaine (1970-2006) ? C'est autour de cette question que le quatrième colloque internationnal centré sur les images littéraires de la société contemporaine organisé par le GERCI (Groupe d'études et de recherches sur la culture italienne) s'est tenu les 23 et 24 novembre 2006 à l'université Stendhal-Grenoble 3. Cahiers d’études italiennes, 9 | 2009 2 SOMMAIRE Avant-propos Lisa El Ghaoui et Filippo Fonio Il ritorno di due “uomini contro”? Campanella e Bonhoeffer in Maffia e Affinati Luciano Curreri Les petites filles de la bourgeoisie italienne des années 1930 et la religion chez Rosetta Loy et Fabrizia Ramondino Maryline Maigron Crisi di coscienza di un letterato: l’Opus di Franco Cordero Filippo Fonio « J’ai cessé de croire que les derniers seront les premiers. » Une leçon de style : la guerre, la politique et la douleur dans les œuvres de Luigi Pintor Leonardo Casalino L’inquisition : au-delà de la religion. Regards croisés Stefano Magni L’Église catholique dans les histoires italiennes de Vassalli Franco Manai Sebastiano Vassalli: da abitante del vento a seguace del nulla Hanna Serkowska “E come si può adorare ciò che strazia?” Sacro e religiosità in Sciascia e Pasolini Alessandro Bosco L’enfer d’un monde sans religion : les derniers textes de Pasolini Lisa El Ghaoui San Paolo secondo Pasolini: ascesi e organizzazione Silvia Giuliani Alessandro Piperno : du judaïsme à la judéité. À la recherche du juif perdu Sophie Nezri-Dufour Erri De Luca, en mal de la foi Nicolas Bonnet La prima pietra tirata. Religion et politique chez Erri De Luca Jean-Claude Zancarini Sollecitazioni buddhiste nell’opera di Calvino Claudia Nocentini Le thème religieux dans la prose des auteurs musulmans de la littérature migrante italienne : entre présence et absence Alessandro Pannuti In partibus infidelium Lise Bossi Le teologie comunicanti di Giuseppe Bonaviri, autore delle Novelle saracene Maria G. Vitali-Volant La religiosità immanente nella narrativa di Giuseppe O. Longo Tiziana Piras Cahiers d’études italiennes, 9 | 2009 3 Entre superstition, sensualité et fatalisme : le sens du religieux dans Il bastardo di Mautàna de Silvana Grasso Flaviano Pisanelli Il senso del religioso nella narrativa di Tabucchi, Celati e Bufalino Charles Klopp Un refus fasciné – L’ambivalence du religieux chez Tabucchi Fabrice De Poli Riscrivere i Vangeli tra eclissi e ritorno del sacro: sei riscritture italiane dei Vangeli Elisabetta Lo Vecchio Olimpo e paradiso all'inferno. Lo spazio del sacro nelle catabasi infernali di aldo nove Chiara Lombardi Severina di Ignazio Silone (1981). Vocazione e ribellione di suor Severina Bruno Mancini Mésaventures de la religion-fiction : Roma senza papa de Guido Morselli Pierre Laroche Cahiers d’études italiennes, 9 | 2009 4 Avant-propos Lisa El Ghaoui et Filippo Fonio 1 Quelle est la place de la religion et le sens du religieux dans la littérature italienne contemporaine (1970-2006) ? C’est autour de cette question que le quatrième colloque international centré sur les images littéraires de la société contemporaine organisé par le GERCI (Groupe d’études et de recherches sur la culture italienne) s’est tenu les 23 et 24 novembre 2006 à l’Université Stendhal-Grenoble 3. Le thème central de ces rencontres avait été proposé par notre regretté collègue et ami, Alain Sarrabayrouse, à la mémoire duquel nous dédions chaleureusement ce volume. 2 L’Italie, haut lieu de la religion catholique, se trouve, durant ces trente dernières années, traversée par des changements profonds qui s’expriment au cœur de la production littéraire. Ces bouleversements historiques, sociaux et politiques ont eu des conséquences directes sur la religion et ses manifestations traditionnelles et plus généralement sur le sentiment religieux. D’une part, la crise progressive des grands idéaux « athées » et leur expression politique a favorisé le retour du religieux sous des formes plus exacerbées (fanatisme et intégrisme religieux) plus individualisées voire individualistes (interprétation personnelle de la spiritualité) et parfois totalement nouvelles (l’émergence des sectes), d’autre part, elle a permis à la religion, notamment à ses plus hauts représentants, de s’insérer et d’intervenir dans des domaines qui ne lui étaient plus – ou moins – réservés : la politique culturelle, sociale et internationale. L’immigration, phénomène nouveau en Italie ayant nourri de très nombreux romans, a aussi participé à la reconfiguration du paysage religieux italien où se côtoient désormais, de manière plus ou moins heureuse, de nombreuses religions. On assiste ainsi à une forme de métissage, non seulement linguistique et culturel mais aussi religieux (comme l’illustre l’article d’Alessandro Pannuti qui propose une analyse très complète des textes d’écrivains migrants écrits en langue italienne). Ce sont ces transformations qui nourrissent le cœur de ce volume mais aussi des questionnements plus vastes sur la définition de la religion, du religieux, de la religiosité, de la foi, du sacré. 3 La place du religieux dans la société italienne contemporaine peut être traité par le biais de la mémoire et de l’autobiographie – citons, à titre d’exemple, l’article de Maryline Maigron qui montre l’importance de la religion dans l’enfance/formation de Cahiers d’études italiennes, 9 | 2009 5 deux femmes écrivains : Rosetta Loy et Fabrizia Ramondino ou l’article sur la vie de Luigi Pintor de Leonardo Casalino ou encore l’article de Sophie Nezri-Dufour illustrant, à travers la lecture d’un roman d’un auteur à la religion « mixte », Alessandro Piperno, ce que signifie être juif aujourd’hui en Italie. D’autres auteurs dénoncent les dangers liés à certaines pratiques religieuses extrémistes en convoquant des faits historiques plus lointains – comme le montrent Stefano Magni, Franco Manai et Hanna Serkowska dans leurs analyses de l’œuvre de Vassalli relatant les crimes perpétrés par le fanatisme religieux au temps de l’Inquisition. D’autres écrivains traitent le thème de la religion à travers la spécificité de certains espaces symboliques (voir l’article de Luciano Curreri sur les romans d’Eraldo Affinati et Dante Maffia) ou de la dimension folklorique et magique de certains lieux (comme le montrent les articles, ayant pour thème central l’insularité, de Flaviano Pisanelli sur Silvana Grasso ou de Maria G. Vitali-Volant sur les nouvelles de Giuseppe Bonaviri). Certains auteurs choisissent l’allégorie ou la fiction pour montrer leur opposition à toute forme de retour du cléricalisme comme Leonardo Sciascia, Aldo Nove et Guido Morselli, dont les textes sont analysés respectivement par Lise Bossi, Chiara Lombardi et Pierre Laroche, ou s’interrogent sur la possibilité d’une réécriture des Évangiles aujourd’hui (voir l’analyse d’Elisabetta Lo Vecchio). 4 La religion est aussi un thème qui permet à l’écrivain de se questionner sur sa propre religiosité, son rapport à la morale ou au sacré. On retrouve cette idée chez des auteurs qui revendiquent leur propre athéisme, qui dénoncent avec virulence le rôle des institutions ecclésiastiques, les dangers du fanatisme tout en étant profondément fascinés par le religieux qu’ils convoquent en se référant aux Écritures, en valorisant les aspects positifs de certaines pratiques religieuses ou en mettant en scène des personnages bibliques. C’est bien sûr le cas de Pasolini – auteur privilégié par Alessandro Bosco, Lisa El Ghaoui et Silvia Giuliani – qui dénonce la désacralisation progressive du monde contemporain et recherche les dernières manifestations du sacré dans « l’enfer » du capitalisme, ou d’Erri De Luca qui, tout en se déclarant agnostique, peut être défini comme un auteur « en quête de foi », comme l’illustrent les analyses de Jean-Claude Zancarini et Nicolas Bonnet. Antonio Tabucchi, Gianni Celati et Gesualdo Bufalino font aussi partie de ces auteurs anticléricaux fascinés par les questions du mystère et de l’au-delà (voir l’article de Charles Klopp et celui de Fabrice De Poli sur l’œuvre de Tabucchi). D’autres approches enfin sont davantage philosophiques voire scientifiques (comme l’article de Tiziana Piras sur Giuseppe O. Longo) ou s’ouvrent vers d’autres religions (le bouddhisme par exemple, comme le montre Claudia Nocentini au sujet de Calvino). La confrontation de certains auteurs au thème du religieux n’est pas sans soulever de nombreux paradoxes pouvant aboutir jusqu’à des crises de conscience (comme le montre Filippo Fonio dans son analyse de l’œuvre de Franco Cordero ou encore Bruno Mancini dans sa lecture de la crise vécue par le personnage de sœur Severina chez Ignazio Silone).