Les EXPOSITIONS des ARCHIVES INTERNATIONALES

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RÉDACTION ET ADMINISTRATION Directeur : Rédacteur en chef : 6, rue Vital, PARIS (16e) ROLF DE MARE PIERRE TU GAL Téléph. : Trocadéro 42-51. Adresse télégr. : Archivdanse — Paris.

30 Novembre 1934 2 e Année.

SOMMAIRE

LES EXPOSITIONS DES ARCHIVES INTERNATIONALES DE LA DANSE

L'Exposition à la gloire de Pavlova. 154-157

Les appréciations 157-159

Anna Pavlova intime 160-161

La Danse et le Mouvement A. S 162-163

La presse 163-164

La Danse dans la céramique SIMON LISSIM 165-166

Quelques opinions 167 La Danse dans la Peinture et la Sculpture contemporaines. — Retour à l'ex-

position MARCEL ZAHAR . 168-171

Les commentaires 171- 172

Nos conférences 172- 175

Le concours des petites danseuses et des petits danseurs 175 e Les danseurs des Théâtres de provinces au XVIII siècle M. FUCHS 176

Abonnement : FRANCE, COLONIES et ÉTRANGER (les numéros spéciaux y compris) : 30 f méro : 10 francs. Copyright. Tous droits de reproduction et de traduction réservés pour

□ 3±d3BTIO L'EXPOSITION A LA GLOIRE DE PAVLOVA

(l3 JANVIER-1 8 FÉVRIER 10,34)

Ainsi que nos amis le savent, les Archives internationales de la Danse ont organisé, en janvier dernier, une exposition à la mémoire de celle qui fut la plus grande de notre temps. Nous allons les emmener à notre suite dans une promenade rétrospective à travers cette exposition, temple érigé en souvenir de la jeune déesse, digne descendante de l 'antique Terpsichore.

tisser » dans les pauvres choses terrestres qui nous restent A l'entrée, dans le vestibule, comme sur un ton initial après la disparition de la défunte, les éléments de son d'une symphonie à venir, nous nous arrêtons devant une âme, de son cœur et de son esprit qui communiquèrent grande affiche du célèbre peintre russe Valentin Séroff, à son talent cet enchantement si cher à ses admirateurs. représentant Pavlova en Willis s'envolant à l'aide de ses Et il faut le dire tout se suite, il a pleinement réussi dans petites ailes dans les lointains azurés de l'au-delà. L'affiche, la réalisation de cette conception difficile. devenue très connue et très appréciée par les collection- Ainsi dans le fond gauche de la salle, sitôt que l'œil neurs, dès son apparition, est traitée sobrement et orientée du visiteur s'accommode à la demi-obscurité, on aperçoit vers la solution la plus simple. Elle n'a rien de la publi- la loge de la danseuse, garnie d'un simple mobilier, d'une cité tapageuse des affiches américaines que la grande table à maquillage, des vêtements de ville et de tous les artiste avait toujours en horreur. Il y a quelque chose objets authentiques dont elle se servait avant d'entrer d'immatériel dans cette silhouette aérienne, fixée en en scène (cette loge appartient maintenant au « London quelques traits de fusain sur un fond bleu-clair ; elle nous Muséum »). La Loge est déserte ; nous imaginons l'artiste donne une vision synthétique de l'art même de Pavlova. sur le plateau devant son public. C'est un nid abandonné Cette note initiale nous accompagne jusqu'à la grande momentanément ; c'est encore un asile pour de courts salle où règne un crépuscule mystérieux, aux éclairages repos entre les entr'actes ; un coin intime où l'artiste se tamisés, ingénieusement conçus par l'éminent archi- repose, médite et songe, heureuse du succès qu'elle vient tecte M. Landau, auquel appartient aussi l'heureuse de remporter ; c'est encore un refuge de solitude, à l'éclai- ordonnance de l'ensemble de ce musée. Il a voulu « entre- rage sobre contrastant avec les éblouissants et fatigants

— 154 - feux de la rampe. Telle est l'impression que reçoit le visi- tous les pays où elle passa, et c'est ainsi que nous possé- teur en contemplant cette loge d'artiste. dons maintenant une documentation authentique, rare Et dans le fond droit de la salle — une autre vision : et précieuse pour les futurs biographes et historiens du « La mort du Cygne » ■— vision inoubliable et poignante ballet : documentation en poses, costumes, maintien, d'une « élégie blanche », d'un poème de la Mort, du « dernier coiffures, en somme tout ce qui définit l'extérieur de l'ar- chant du Cygne » — chef-d'œuvre de la chère disparue tiste. La plus belle photo est incontestablement celle : qui fut l'émerveillement du monde entier. Très dange- « En costume 1830 », très bien prise et parfaitement stylée. reuse cette mise en scène ! Et il a fallu toute l'intuition Pavlova qui n'aimait pas beaucoup se parer dans sa sûre et artistique de son ordonnateur pour éviter une vie privée, était au contraire, très exigeante pour ses présentation dans le genre « musée Grévin » ou « mane- costumes de théâtre. C'est pour cela qu'elle demandait quin d'étalage ». Sous les lueurs savamment étudiées et ses • maquettes aux meilleurs dessinateurs et peintres délicatement diffusées, nous admirons une apparition parmi lesquels nous relevons les noms de Léon Baskt,

La Mort du Cygne (Costume Collection A. I. D.).

vague, fantasmagorique, illusoire de la silhouette de Constantin Korovine, Serge Soudeïkine, Ivan Bilibine, Pavlova dans le dernier mouvement de sa danse : le Cygne, Anisfeld, Barbier et bien d'autres encore. Ces costumes après une lutte désespérée et inutile, brisé par l'agonie, accrochés aux murs avec leurs coiffures, son triés et dis- allonge ses bras et ses jambes déjà sans vie et dans son posés artistiquement et présentent un ensemble multi- dernier souffle s'endort d'un sommeil éternel... colore d'un grand effet pictural. Entre les deux angles de la salle — un grand portrait Parmi ces costumes, il y a quelques véritables chefs- en pied de Pavlova en Muse, peint par le peintre russe d'œuvre d'art comme le « Cygne » de Léon Baskt, ainsi Steinberg. Ce portrait, très ressemblant extérieurement, que celui de « Giselle » du même peintre. C'est, parée de fut exécuté, d'après nature, en 1908 à Saint-Pétersbourg, ce costume, que Pavlova interpréta ce ballet pour la à l'âge où Pavlova avait de 26 à 27 ans. C'est plutôt une dernière fois à Paris, en mai 1930. confection artistique qu'un morceau d'art et qui ne révèle Il y a encore le célèbre « sarafane », costume russe créé point le charme intérieur de la danseuse. Encore quelques par Ivan Bilibine, grand érudit du folklore de l'ancienne portraits du peintre anglais Matthews et puis viennent Russie ; costume minutieusement étudié, d'une authen- les innombrables photographies qui ornent les murs de ticité ethnographique absolue, d'une richesse et d'une la salle. J'estime qu'il n'y a jamais eu une artiste dans le beauté remarquables. Quelquefois Pavlova dessinait elle- monde entier qui fut si abondamment photographiée dans même les maquettes de ses costumes et nous pouvons

— 155 —■ temps très friands des chaussons des célèbres danseuses. U existe maintenant très peu de collections où l'on puisse voir les chaussons de Taglioni, Grisi, Elssler et autres étoiles de la danse. C'est pourquoi il convenait de conserver dans une vitrine d'un musée les chaussons de Pavlova, car le chausson donne non seulement l'aspect de la conformation du pied de la dan- seuse, mais encore suggère à l'observateur qui connaît les éléments de la danse classique, l'idée assez précise des possi- bilités chorégraphiques de la danseuse. Nous possédons encore à l'exposition un document sur le pied de Pavlova d'une grande valeur authentique : c'est un mou- lage en bronze fait, d'après nature, par le sculpteur Boris Clusel à Saint-Péters- bourg en 1910. L'examen de ce bronze ■ nous révèle les éléments physiques de ce pied très travaillé par l'exercice continu, mais nullement déformé par ce travail ; une cheville fine, un cou-de-pied proé- minent, les muscles tendus nous donnent Costume de « la Belle au Bois dormant ». (Costume Coll. A. I. D.) l'impression de la force technique en voir quelques spécimens à l'exposition : le joli travesti même temps que d'une finesse parfaite du modèle. de la « Libellule » ou l'élégant et vaporeux costume du Au cours de ses longues randonnées à travers le monde, « Rondino » de Beethoven. Pavlova fut fêtée par les autorités, les gouvernements et Les chaussons de danse donnent toujours de grands le public de tous les pays. Elle emportait, en rentrant soucis aux danseuses. C'est leur instrument de travail chez elle, plaques en or, médailles, décorations offertes et d'art. Pavlova était méticuleuse en cet article. Elle par l'Italie, la Serbie, le Japon, le Lima, le Chili, les Rois tourmentait son homme qui fut le fameux Nicolini Roméo, de Suède et de Danemark, et nous voyons, réunis et spécialiste en cette matière, connu et apprécié par toutes exposés dans les vitrines de la salle, tous ces objets. les danseuses. Pavlova faisait souvent des voyages spé- Mais à quoi bon énumérer tout ce que contient cette ciaux à Milan pour commander personnellement ses exposition, organisée avec art, goût et amour pour la chaussons à sa mesure. Son pied, mince et étroit avec un célèbre disparue ? Tout ce qui put être assemblé dans ce cou-de-pied fort proéminent, exigeait une coupe excessive- ment soignée. Et comme elle commandait ses chaussons par dizaines de douzaines, vu sa longue absence de l'Europe durant ses tournées à travers le monde, elle était naturelle- ment très exigeante, et, sou- vent mécontente, elle les met- tait au rebut. Un jour quelqu'un dit à Nicolini Roméo : — Vous devez être fier qu'une artiste comme Pavlova soit votre cliente. — Évidemment, — répon- dit-il, — j'en suis très fier, mais si j'en avais deux comme elle je serais ruiné... Nous voyons dans une des vitrines, ces fameux chaussons de Pavlova. Les collectionneurs de ballet furent dans tous les Un coin de l'Exposition A. Pavlova.

— 15G — Temple de Terpsichore est maintenant à la disposition des rieuse des objets matériels, saura pénétrer dans le « jardin amateurs, des professionnels et des écrivains de la danse. secret » de la grande artiste et ce n'est pas en vain que Ils peuvent profiter de cette rare aubaine et étudier à Maeterlinck nOus révéla l'âme des choses. l'aide d'une documentation abondante et authentique la Terpsichore, — dit le mythe grec — Muse de la Danse, vie et l'œuvre de la plus grande danseuse du siècle. tenait une lyre au son de laquelle elle dirigeait en cadence On a écrit beaucoup sur Pavlova, beaucoup plus que tous ces pas. Et Terpsichore veut dire en grec : « Qui aime sur d'autres célébrités de la danse des siècles précédents. la danse ». Qui donc aima la danse plus que Pavlova ? Quarante-trois volumes et albums de coupures de jour- Elle lui sacrifia toute sa vie ; sa vie qui ne fut qu'une naux ; des livres et des études en allemand, en anglais, marche cadencée et rythmée vers l'éternelle gloire. en français, en russe.. Et ce n'est pas fini et cela ne finira C'est à sa gloire qu'est consacrée cette exposition jamais, puisque l'œuvre de Pavlova est éternel. par l'initiative et les soins des « Archives Internationales Il ne nous reste que des débris, des choses inanimées de la Danse » et c'est aux « Archives » que nous devons de son passage sur la terre. Mais qui sait comprendre et l'enchantement de notre pieux pèlerinage. lire dans intérieure et cachée, intime et mysté- N. F.

sacrifié à son art pour arriver à se faire connaître un jour : sa jeunesse, LES APPRÉCIATIONS, sa vie de famille et jusqu'à ses plaisirs de femme. Grâce à ce renoncement, peut-être, elle a porté la danse à son plus haut degré de perfection. La Pavlova était capable d'incarner une fleur tout en nous faisant respirer son parfum. Et sa danse de la « Libellule » était si extraordinaire- ON A LOUÉ, UNANIMEMENT, L'ORDRE INTELLIGENT, LE TACT, ment vivante qu elle évoquait en nous, en même temps, l'été avec ses prairies fleuries. L'ART AVEC LESQUELS TOUT FUT DISPOSÉ. Cette femme exquise ne se laissa jamais griser par les applaudissements : elle n eut vraiment qu un culte unique sur terre : son Art... M. Heinrich Mann, dans les Nouvelles Littéraires, publia un article d'anniversaire ému : M™ Gérard d'Houvilîe a donné, dans la Revue des Deux- Mondes, une vision précise des salles : ... Le travail occupa toujours, dans sa vie, une bien plus large place que le succès. Les satisfactions étaient éphémères, mais la lutte, par contre, ... Voici son pied, et le bas de sa jambe, moulé en bronze, en 1910, fut continuelle. Ce qui dominait en elle, c était une ambition toujours par Kluzele et qui, posé sur la pointe, cambré avec une force souple et inassouvie. Sarah Bernhardt ne lui disait-elle pas un jour : « Vous avez musclée, émerveille à la fois par ses puissances et par sa petitesse. Voici une ambition dévorante, et vos yeux insatiables voudraient embrasser quelques statuettes modelées par elle, qui prouvent ses dons, son sens de plus de succès qu'il n'y en a sur cette terre. » l'élan...... De terribles désillusions l'assaillirent au cours de sa carrière ; elle Voici sa coiffeuse devant laquelle elle s asseyait, le miroir qui la refléta se heurta à la jalousie de ses rivales et fut en proie à toutes les calomnies. tant de fois et ne garde rien de son image, les flambeaux, le plateau où La vie ressemblait pour elle à une nuit remplie de cauchemars. Elle pensait se rangent les objets de maquillage... Tout près, de grands ciseaux qui, qu'on est, au fond, si peu de chose ici-bas ; et, malgré cela, elle avait tout près de cette cendre rosée, font songer aux ciseaux des Parques. Et l'on

Reconstitution de la loge d'Anna Pavlova.

— 157 — songe aussi à ces danseuses si bien évoquées par Mme Vicki Baum, en ses La résurrection devient plus vivante encore devant une petite scène en romans : Grand Hôtel et (tout récemment traduit) Ina. On ne peut plus forme de niche où Anna Pavlova est représentée dans la Mort du cygne ; voir les attributs de cette vie de gloire et de fatigues, de rêves déçus ou aucune offense au goût, ni masque, ni cire, mais le costume en entier, comblés, de travail acharné préparant de brefs soirs d apothéose, sans la jupe à paillettes, les ailes blanches adjacentes, les plumes éparses, la penser à ces héroïnes diaprées et tellement éphémères ! couronne, et tout cela posé sur une armature de fil de fer qui dessine seule- Diaprées... papillonnesques... eh bien, non ! On ne songe pas aux papil- ment le mince profil, l'attache de l'humérus et les bras unis, plongeant lons en face de ces reliques. Dans l'immobilité de leurs ailes fixées, ils en avant. Le bel oiseau s'incline vers le sol, la mousseline vole encore ; gardent, eux, tous leurs prestiges, toutes leurs teintes, tout leur flamboi- mais le cou s'abaisse, accepte le trépas. Un éclairage théâtral ajoute encore ment ; c'est aux fleurs que l'on pense, aux fleurs féeriques, pouvant s envo- à l'illusion,..

Pavlova dans « La Libellule » (Phot. Hill's Studio, New-York).

1er avant de mourir, à ce qui est fané, desséché, secret, et à jamais magique ...Le secret de la Mort du cygne, nous le retrouvons sur ces traits aiguisés par l'arôme irréel et la substance que 1 esprit recrée... et purs, mais plus mystérieux que jamais [le masque moulé sur son visage mort]. Il y a dans toute perfection un élément indiscernable ; cela dépasse M. Edmond Jaloux a publié, sur le souvenir de la danseuse, la technique, va faire appel au noyau le plus intangible de l'individu, à une longue chronique dans le Temps : ses réactions les plus personnelles. Un dialogue de Platon, un objet ou Rue Vital, tout est organisé pour nous rendre présente la figure de un mur peint par Vermeer, un vers de Racine, une série de mouvements Pavlova... de Pavlova, à des degrés divers, sont également indéchiffrables. Il a fallu Un peu plus loin, nous nous arrêtons devant la loge de la danseuse, pour les obtenir une concentration exceptionnelle. fidèlement reconstituée...

- 158 — Dans les salles des Archives de la Danse, ces réflexions vous viennent, auprès des petits pots de fards où l'on devme encore l'empreinte de son et bien d'autres... doigt ?...

Dans VEcho de Paris, M. J.-N. Faure-Biguet rappelle les débuts Dans Comœdia, sous la signature A. W. [M. André Warnod] : de la Pavlova, l'époque des Ballets russes, et il poursuit : ... Des souvenirs de la Pavlova sont réunis dans une petite salle, des ... Un ordre intelligent nous montre d'abord les costumes les plus colorés costumes, des photographies, des images. Il faut louer le tact avec lequel de la danseuse, ces robes russes que leur chatoyante lourdeur retient tout est disposé. C'est une évocation très tendre et très intime de la balle- si près du so!, puis, ceux qui ne tiennent plus à la terre que par le je ne rine, dont l'ombre plane au-dessus de ces objets qu'elle a touchés, qu elle sais quoi d'humain qu'il faut à la fantaisie pour qu'elle ne s'éloigne pas a aimés. trop de nous, et enfin ces tulles, ces gazes, ces voiles transparents qui De M. Maurice de WalefTe, dans Paris- Midi : n'enveloppaient plus qu'une ombre, une flamme, une aile, quand Pavlova Car la Pavlova est ici, éparse et dansante en tableaux et en photogra- abandonnait le monde physique, et nous entraînait par les prestiges de phies, au milieu de ses jupes de tulle, de ses chaussons de ballet, de ses son art, sur le plan des esprits... bijoux de théâtre, de ses perruques, de ses boîtes à fard restées sur sa C'est assez. Quittons sans attendre cette petite salle. Ne nous retournons coiffeuse, de ses bibelots, et des statuettes de porcelaine où elle se plaisait pas. Ne nous laissons pas apprendre qu'on ne triche pas avec la mort, et à sculpter elle-même son svelte corps nu. Il semble que le papillon envolé qu'Anna Pavlova n'est plus qu'un peu de cendre dans une urne légère, va revenir se couler tout chaud et vibrant dans la chrysalide restée ouverte comme furent les petites danseuses que Socrate aimait bien. sur les meubles et sur les murs... Dans l'Ami du Peuple, M. Marcel Espiau évoque tout d'abord Tous ceux qui ont vu cette fée des neiges danser La Mort du Cygne le souvenir de !a Pavlova, et feront le pèlerinage qui leur est ouvert là pendant un mois, en emporte- ront pourtant tout autre chose qu'une leçon de mièvrerie ou de langueur. ... cette prodigieuse ballerine, fragile et puissante, créatrice incomparable De son berceau à son dernier soupir, la frêle apparition tendue sur des du geste si harmonieux qu'il devenait irréel ; poétesse de la grâce, du nerfs d'acier s'est cassée un soir pour n'avoir jamais cessé de rester bandée mouvement, de la ligne qui se fondaient en une esthétique d'une ravissante et cabrée, en révolte contre la loi de pesanteur qui nous ramène tous vers perfection... les plates réalités du sol. On pourrait graver sur sa pierre tombale le vers Les plus belles attitudes de la danseuse sont là, fixées sur des photos étrange de Mallarmé, si frémissant d'infini : « Un jet d'eau qui montait, admirables ; appendus au mur, les costumes de théâtre de l'artiste jettent n'est pas redescendu... » leur note claire, entre les tableaux qui la racontent ; dans les vitrines, les ouvrages en toutes langues qui célèbrent ses plus belles créations, sont Et M. Louis Chéronnet, dans Marianne, souligne la vie fiévreuse, alignés dans le voisinage des souliers de satin aux cordons déjà pâles, des toute d'activité, de la grande danseuse : perruques et des strass...... Auprès des « Adresses » et des « Souvenirs » couverts des signatures Dans Aujourd'hui, M. Tristan Klingsor loue cette exposition, les plus réputées ou les plus nobles, évocation des triomphes et des apo- « œuvre accomplie avec art, mais plus encore avec amour et théoses, à côté des articles dithyrambiques qui ne sont que littérature en toutes langues, il y a cette collection de programmes, témoignages des piété ■>... tournées harassantes : une ville et souvent deux représentations par jour. Dans la salle, de belle et simple ordonnance, règne une pénombre Devant les plaquettes luxueuses du Covent Garden, du Théâtre des mystérieuse ; seuls les panneaux des murs sont baignés d'une lumière Champs-Elysées et des plus belles salles de New-York, Sydney et Buenos- savamment distribuée. Et, fixés à ces murs, tels de grands papillons, les Ayres mêlées à la page de soie et d'or du théâtre de Rangoon et au vilain costumes d'Anna Pavlova poignent le regard... papier des feuilles foraines des petites villes américaines ou des bourgades Dans un angle de la salle, la loge de la danseuse a été reconstituée. mexicaines, j'imagine les arrivées en trombe, les répétitions fiévreuses Ne vient-elle pas de quitter ce maillot rose, ces chaussons de satin ? et les départs en hâte, sans jamais de repos, pour ne laisser aux quatre N est-ce point elle qui posa tout à l'heure ce bâton de rouge sur la coiffeuse, coins de la terre qu'un rêve au cœur de chaque spectateur... Pavlova à Ivy House. Anna Pavlova dans son jardin. Il mi "Vîv n** «s tt i

EXPOSITION INTERNATIONALE DE PHOTOGRAPHIE

LA DANSE ET LE MOUVEMENT

(iO NOVEMBRE 10,33-7 JANVIER iQr>!\)

ST-IL possible de fixer un phénomène aussi fugitif, aussi actuellement à un stade historique qui exige avant tout E immatériel que le mouvement esthétique, la danse ? l'exactitude, et cette œuvre chimique et mécanique On l'a tenté à toutes les époques, dans toutes les civilisa- qu'est la photographie a été provoquée par ce besoin. tions : que ce soit l'homme des cavernes, ou le peintre et Mais il y a autre chose encore. Ne se contentant plus de le sculpteur contemporains, tous ont cherché à suspendre rester sur son plan industriel et d'être une reproduction la marche du temps, à reproduire ou suggérer ces gestes ou imitation figée, comme aux temps héroïques du daguer- d'un moment, dans leurs caractères et leur essence. Leurs réotype, elle est devenue un art ; elle a brisé ses liens, œuvres sont les seuls témoignages que nous ayons sous et, grâce à ses propres progrès techniques, grâce aussi aux les yeux sur les formes passées et les aspirations de jadis, enseignements du cinéma qui a pris une place de premier et continuent dans le temps les impressions éphémères ordre, elle s'est essayé à rendre le sentiment, le mouve- de la danse. ment et l'atmosphère des choses qu'elle a prises pour Les progrès techniques de notre époque ont apporté sujet. Ces essais ont souvent été des réussites, et nous en de nouveaux moyens de reproduction, et il est juste avons eu de nombreux exemples à cette exposition. autant que nécessaire de faire appel à leur aide et à leur Il a été, en particulier, fort intéressant de voir le même interprétation. geste, la même position, traités de façons différentes La photographie est l'un de ces moyens, et le choix de suivant les conceptions et l'habileté du photographe. La cinq cent cinquante documents, présentés à l'exposition peinture et la sculpture, techniques évoluées, ont plu- des Archives internationales de la Danse, a été une justifi- sieurs écoles, plusieurs styles, qui se succèdent ou s'af- cation de ces nouvelles possibilités. Notre temps se trouve frontent simultanément : qu'il en soit de même pour la

— 162 — photographie, comme le montrent ces documents de pro- donner une « atmosphère » à ses productions, d'un art venances si diverses, prouve qu'elle a, atteint une qualité chaud et profond. d'art, si incomplète soit-elle. 11 y a eu, évidemment, Les uniques artistes qui aient profité des enseignements certaines lacunes encore : par exemple, peu de photo- du cinéma sont von Behr et Doris Ulmann, tous deux de graphes ont osé traiter, du point de vue du mouvement New-York, qui se sont préoccupés, surtout la dernière, pur, le groupe, et nous trouvons au catalogue beaucoup du relief. Chez eux, les sujets ne paraissent pas « plaqués » plus de documents concernant des solistes que des contre le mur, on sent toujours un espace entre le fond et ballets ; il convient de citer, comme une exception, ces l'objet qui se trouve « enveloppé » parmi les choses. œuvres merveilleuses où Trude Fleischmann, de Vienne, C'est, là encore, une observation utile pour les photo- a su rendre l'ensemble du mouvement, et attirer l'atten- graphes du mouvement, qui se préoccupent souvent peu tion sur les motions du groupe tout entier et non sur l'un du relief. de ses membres, simple détail. Nous avons ici une réussite Ce bref aperçu de l'exposition de la photographie de complète, et il semble que l'effort des photographes doive danse serait incomplet si nous ne parlions des sujets. se porter dans cette direction, pour combler une lacune Comme nous l'avons écrit au début, il y a eu surtout des importante. solistes, et, à l'exception des Ballets Russes, par Sasha De prime abord, en partant du point de vue de l'ar- (de Londres), peu de groupes. C'étaient presque toutes tiste photographe, naturellement, et non du sujet, nous des scènes et poses du ballet classique ou de l'école mo- pouvons discerner plusieurs tendances ou écoles. La derne allemande, prises sur le plateau, et, en dehors des première est celle à laquelle se rattachent particulière- photographes allemands, peu, comme Bertram Park (de ment Charlotte Rudolph, de Dresde, et Robertson, qui Londres) prirent des documents en plein air. savent nous présenter des instantanés de plein vol, des Le music-hall fut l'apanage de Waléry, et le nu fut mouvements dynamiques, s'il est permis d'accumuler représenté surtout par B. Leedham. Parmi les reconstruc- ces termes l'un sur l'autre. Leur art semble vouloir nous tions ou montages abstraits, on peut citer le Studio suggérer la continuation du geste représenté, celui d'avant Myriam, et, comme documentaires et exotiques, Kefer- et celui d'après, alors que, par contraste, dans les œuvres , et Berssenbrugge. d'Alban, de Laure Albin-Guillot, d'Iris, d'Erlanger, de Il faut d'ailleurs remarquer que l'exposition partait Rosen, d'Hélène Breaker, de Lipnitzky, de G.-L. Manuel uniquement du point de vue photographique, et que frères, de Piaz, de Sudek (de Prague), ou de M.-P. Ver- le sujet représenté importait infiniment moins que la neuil et d'Yvonne (de Londres), nous avons des tableaux façon dont le geste était traité Cette première exposition d'une grande qualité plastique, mais qui veulent repré- de photographie appliquée à la danse fut pleine d'ensei- senter le mouvement lorsqu'il est statique, à l'instant gnement à cet égard, et non seulement pour les photo- où il s'arrête avant de se modifier et donner une nouvelle graphes, mais pour les danseurs eux-mêmes. Ils purent forme. être spectateurs en même temps qu'acteurs. Et, sociale- Les Scandinaves Benków, Jan de Meyere, Riwkin- ment, qui dira jamais la valeur d'une photographie pour Brick, Jane Plotz (de Johannesburg), Moreschi (de San- l'avenir même de l'artiste ? Remo), les polonais Van-Dyck, Ciswicki et Szager, A. S. W. Maywald, ainsi que les Hollandais Beerman et Mer- kelbach suivent cette dernière école, qui est l'évolution esthétique de l'ancienne photographie, alors que la pre- mière tendance fait œuvre plus nouvelle, et se tient beau- coup plus près du mouvement dans le mouvement. Abste- LA PRESSE... nons-nous de juger la valeur de ces deux styles, qui ont des réussites égales à leur actif, et doivent exister côte à côte. Jacques Lemare, A. Steiner, Kefer-Dora Maar, Bers- CETTE MANIFESTATION ESSENTIELLEMENT MODERNE A ÉTÉ UN senbrugge (de La Haye), Allan Gullilland (de Berlin), ENSEIGNEMENT, TANT AU POINT DE VUE DE LA DANSE QUE DE Hammer (de Dresde), Nini et Carry Hess (de Francfort), LA PHOTOGRAPHIE. Geiringer-Horovitz (de Vienne) , et Jacobi (de Berlin) participent également avec bonheur aux deux tendances, Tout la presse a souligné l'intérêt et la nouveauté d'une telle avec, très souvent, un élément d'originalité. exposition, aussi bien les quotidiens de Paris (Petit Parisien, Il est inutile d'insister sur Man Ray qui a un caractère Figaro, Excelsior, Comœdia, Jour, Paris-Soir, Liberté, Minuit- si reconnaissable, ou sur le Studio Myriam, qui a su pré- Journal, que les périodiques (Renaissance, Dernières Nouvelles, senter quelque chose de nouveau, des reconstructions et Semaine à Paris, Arts et Industrie, Instantané, Film sonore) et des symboles, ou encore sur E. Marcovitch, qui emploie jusqu'aux journaux des divers pays (Neue Zurcher Zeitung et une technique particulière, et dont les photographies sont Theater Illustration, de Zurich ; Neues Wiener Journal et Neues des estampes. Wiener Tagblatt, de Vienne ; Stochliolms Tidningen, de Stockholm ; Il me faut citer également comme œuvres de qualité, Hujondstadbladet, d'Helsingfors ; Vi-Nu, de Vassjo, Musical celles d'Arturo Bragaglia (de Rome) avec ses photographies Courier, de New-York... en couleurs et ses gestes de danse futuristes, et L. W. Dans l'Echo de Paris, M. Jean-Gabriel Lemoine, après avoir Brewster (de Londres), qui fut probablement le seul à rappelé qu'entre la photographie et le document d'art, il y a eu

— 163 — longtemps un fossé considérable, parce que le photographe était, mettent de fixer chacune des transformations capricieuses de cette plus que l'artiste, prisonnier de sa technique, constate que ce temps vivante et instable apparence perpétuellement en état de devenir... est passé, et qu'aujourd'hui le photographe montre sa personnalité « Réaliser "de cette façon, estimpossible àl'artiste manuel. Même sincère, dans une photographie comme le peintre dans son tableau. il ne peut que sous-entendre, ou exagérer, donc transposer, avec son pinceau ou son burin. Seules la vérité et l'objectivité sont du côté du déclancheur. C'est pourquoi une exposition comme celle que nous présentent les Cette authenticité de l'attitude, de 1 envolée, de la giration du corps Archives de la Danse peut se classer, indépendamment du sujet, parmi les humain dans l'espace serait insuffisante comme intérêt et esthétique, si expositions les plus curieuses qu'il nous ait été donné de voir en ces der- l'œil du photographe et son goût n étaient pas parfaitement éduqués, La niers temps. machinerie même dont il se sert se charge de le prouver : un document Il est même intéressant de constater des différences entre les exposants isolé de chronophotographie scientifique, une image « calée » de cinémato- des nations représentées, qui sont véritablement des différences ethniques. graphie, ne sont jamais totalement significatifs. L'art du photographe Le cinéma nous avait déjà montré que l'âme slave, l'âme allemande, 1 âme — et il n est pas autre — consiste à saisir au moment voulu ce que, après française n'ont pas la même façon de concevoir et d'interpréter la réalité ; étude du modèle, il a décidé de graver sur sa surface sensible ; l'on conçoit l'exposition qui a pris ce thème unique de la danse nous le prouve également, de suite que résumer dans les lignes d'un corps flexible ce qui constitue et ce n'est pas un de ses moindres attraits, que cette variété dans les leur éloquence est une besogne délicate. Comme les autres muses, Terp- mages... sichore ne se livre qu'à ses fervents ; l'exposition de la rue Vital, qui com- porte de nombreux chefs-d'œuvre, en fournit la preuve évidente... Sous la signature de M, , l'Intransigeant dé- En résumé, l'exposition de la Danse et du Mouvement présentée inten- montre que l'intérêt de cette exposition est double : tionnellement sous le signe de Niepce et Daguerre constitue l'un des plus ... documentaire d'abord, parce que nous pouvons contempler, en leurs beaux et des plus heureux efforts qui aient été faits dans ce sens sur le globe ébats rythmés, les danseurs et danseuses de toutes époques et tous pays. entier. On ne saurait trop féliciter les organisateurs et la direction des Renseignements irréfutables, car si le pinceau et 1 ébauchoir sont libres de « Archives internationales de la Danse » de n'avoir pas eu peur d'une for- transposer, l'objectif, lui ne ment jamais. mule essentiellement moderne et particulièrement originale. A une époque Et puis, second point, vous pourrez mesurer le progrès technique réalisé conformiste comme celle que nous traversons, ces deux qualificatifs sont depuis dix ans par les Man Ray, les Laure Albin-Guillot ; Lipnitzki et rarement réunis pour définir le même sujet. Il était paut-être pertinent de le Berssenbrugge, de La Haye ; Damsgard, de Copenhague ; Fleischmann, de faire remarquer. Vienne ; Robertson ou Jacobi, de Berlin ; Kohler, de Hambourg, etc. Je ne puis les nommer tous. Comme le dit judicieusement M. Pierre Tugal, L'Art et les artistes montre l'enseignement que peuvent tirer les conservateur des Archi ves, du palier commercial, ces photographes se danseurs eux-mêmes d'une telle exposition. sont haussés au plan artistique. Allez passer une heure rue Vital. Comparez Les mouvements en plein air savent garder leur pure eurythmie, les bonnes vieilles photos d antans, d attitudes figées, à ces instantanés où leur joie, leur liberté, par exemple ceux exécutés par le ballet Toni des bonds prodigieux sont captés, en plein vol. Ces photographes, bénéfi- Birkmeyer, où les robes des danseuses prennent des plis comme ciaires des trouvailles du cinéma, écrivent avec la lumière, comme le peintre avec ses tons. aux sculptures romanes... Les effets plastiques du groupe Hans Weidt montrent un sens Paris-Midi constate que cette exposition est, pour les artistes, théâtral du tragique consommé. d'un extraordinaire intérêt. C'est la danse à travers l'Europe, les Si, après avoir vu cette exposition, notre connaissance sur les Etats-Unis et l'Afrique. Douze pays, douze techniques différentes... mouvements dansants est plus approfondie, les danseurs eux- La danse a été fixée par des instantanés d'une vérité éducatrice. mêmes doivent pouvoir tirer une importante leçon : la photogra- C'est la photographie du mouvement dans ce que celui-ci a de phie est sans pitié, et quelquefois le truquage est impuissant. moins conventionnel et cependant, de plus exact. De tels documents Le Monde illustré loue l'initiative charmante — à cette époque où devraient constituer un musée permanent pour le profit de tous . il y a tant de laideur, tant de contorsions, tant de fantaisie exces- Dans Beaux-Arts, M. Raymond Cogniat fait connaître son sive, tant de brusquerie pénible dans tous les domaines — « de appréhension première... réunir, en contraste qui est un peu un juste reproche, les attitudes ... Nous nous demandions à quelle déformation, presque à quelle carica- les plus harmonieuses, les plus rythmées, les plus poétiques, de ture du mouvement allait aboutir cet ensemble, car nous savons, pour celles qui sont, plus que les autres, les symboles animés de la l'avoir maintes fois vérifié, combien la photographie, même 1 instantané, grâce : les artistes de la danse. » surtout l'instantané, immobilisant le mouvement, le fige , 1 assassine, dirait Pierre Mac Orlan. Une nntion « d individualité », de personnalité manquait jusqu'alors à la Nos craintes étaient vaines, et la réussite dépasse tout ce qu on pouvait photographie. C est ce que vient de nous prouver cette intéressante expo- espérer. Nous avouons d'autant mieux cette réussite qu elle nous semblait sition où se retrouvent toutes les écoles de l'art chorégraphique, doublées impossible. Comment arrêter définitivement un tourbillon au moment le des écoles de 1 art photographique, car, voyant ces jeux de lumière sur des plus expressif ; un saut, non pas au sommet, mais au point le plus prodi- jeux du corps, pouvons-nous refuser au photographe le nom d'artiste ? gieux, à l'instant précis où le corps n a plus de poids, où ne se devine plus Que de différences entre les tendances françaises et étrangères qui l'effort de l'ascension, et pas encore le poids de la chute ; comment saisir rivalisent ! Les Autrichiens, les Scandinaves, les Allemands aiment parti- dans le mouvement ce qu il a de plus insaisissable : la réalité de l'irréel ? culièrement l'instantané qui permet de « noter » un saut en plein vol, et qui A l'encontre de ce qu'on pouvait attendre, c'est la partie la plus réussie montre leur science. Ce sont de merveilleux documents. L école française, de l'exposition... au contraire, aime montrer le geste raffiné et plus doux. Lne troisième école se fait jour : elle nous vient d'Amérique, nous prou- Photo-Illustration, rappelant que la danse est un art d'expression vant qu elle a su se servir des enseignements du cinéma et de la lumière qui fugace, plus fugace encore que celle de la physionomie, écrit qu'en rend le relief. Elle réalise des images infiniment pittoresques. Chaque document reste intéressant en lui-même et renferme, pour l'es- quelques fractions de seconde, elle fait de 1 Etre-Protée qu'elle prit, même le moins averti, une source vive d'enseignements. anime une volute, une fusée, une orbe, une fleur, une vapeur, et que, seules, les qualités d'instantanéité de la photographie per- Le universel, de Lille, loue la qualité de ces produc- tions, qui font de quelques-unes de ces planches, avec le jeu des f. Les Archives internationales de la Dame centralisent, en partie, ces muscles, les taches de lumière et d'ombre, de la sculpture véritable, documents et constituent ce musée. un monde à trois dimensions.

- 164 - Manufacture Nationale de Sèvres (Photo Chevojon).

LA DANSE DANS LA CÉRAMIQUE

(lO MARS-22 AVRIL 10,34)

e T ' UNE des dernières expositions des Archives Interna- C'est le xvin siècle qui a été le plus richement repré- tionales de la Danse a été consacrée à « La Danse dans senté. Signalons tout particulièrement, dans le bel envoi la Céramique ». Le sujet était vaste, d'une importance de la Manufacture Nationale de Sèvres, parmi un choix telle qu'il a fallu tout d'abord le réduire et faire un choix important de biscuits, le fameux groupe Le Pas de Cinq, parmi tout ce qu'il était possible de présenter. Il a donc de Falconet, et les deux statuettes de Le Riche : Le été décidé de limiter cette exposition aux pays occiden- Danseur français et La Danseuse française. On remarquait taux, tout en recherchant les objets les plus caractéris- aussi une très belle tabatière, dont l'intérieur était agré- tiques du xvie siècle à nos jours qui pouvaient se trouver menté d'un motif de danse (Collection Sambon), ainsi dans les musées et collections particulières. que toute une série de figurines prêtées par M. et Mme Po- Depuis toujours, le théâtre et la danse ont suggéré des pofî, parmi lesquelles on remarquait le Bouffon du Roi, motifs intéressants aux sculpteurs et décorateurs céra- de la Manufacture de Louisbourg, et une grande quantité mistes, influençant leur art si gracieux. L'exposition de personnages de la Comédie Italienne, en porcelaine de des A. I. D. groupait cent vingt à cent cinquante pièces. Saxe. Le nombre des objets proposés fut plus élevé, mais on Parmi les objets représentant le xixe , on s'arrêtait avait le désir de ne montrer que des pièces de qualité, devant le ravissant groupe du peintre tombant aux et de toute beauté. genoux de la danseuse Fanny Elsner, dont l'image sort Pour l'époque antérieure au xvme siècle, nous n'avons du tableau qu'il vient de peindre (collection Popofî, pas toujours trouvé des œuvres réunissant toutes les porcelaine de Vienne, 1845). qualités recherchées. Toutefois, le plat de l'école de L'année 1900 apportait un monumental surtout de Bernard Palissy, du xvie siècle, prêté par le Musée table de Léonard, édité par la Manufacture Nationale de National de la Céramique de Sèvres, était vraiment une Sèvres, souvenir d'une époque déjà lointaine et bien pièce du plus haut intérêt, au coloris fort agréable. démodée aujourd'hui, mais qui, si elle nous paraît un peu œuvres, avait envoyé un guerrier indochinois,une danseuse de Bali, un cosaque d'un goût très sûr et d'une fort belle exécution. Ryback démontrait qu'il était aussi bon sculp- teur que peintre, et Alexandra Exter avait donné une série de pièces décorées, dignes de cette grande artiste. Leyritz avait exposé un Faune dansant, réalisation extra- ordinaire, au point de vue technique, et d'une très belle ligne, et Martel, une figurine montrant Jean Borlin dans l'une de ses danses. Linossier était représenté par des plats de dinanderie. Pour orner les murs, on avait eu l'idée de demander à Mané Katz, Grimont, Priou, Touchagues, Bilinsky, Paul Colin et François Quelvée quelques projets de déco- ration sur porcelaine, dont le sujet était la danse. On avait ainsi pu exposer quelques cartons de vases et de plats fort intéressants, auxquels on avait ajouté une série de dessins prêtés par la Bibliothèque de la Manufacture Nationale de Sèvres. Une petite statuette blanche attirait particulièrement l'attention des visiteurs. En plus de la sûreté de l'exécu- tion, elle avait cet attrait qu'elle était due à Anna Pav- lova, sculpteur, et qu'elle la représentait dans l'une de ses manifestations chorégraphiques. Je voudrais, pour terminer ces quelques lignes consa- crées à la quatrième Exposition des Archives Internatio- nales de la Danse, remercier, au nom des exposants, MM. Rolf de Maré, leur fondateur et actif président, et M. Pierre Tugal, le conservateur érudit des A. I. D., La Russie tzariste. — La Russie soviétique. car c'est grâce à leur précieux appui que cette exposition Un plat de Bernard de Palissy (Photo Ghevojon). put être réalisée. Et n'oublions pas M. Gros, le critique d'art connu, qui avait bien voulu se.charger du Secrétariat ridicule, ne reste pas dépourvue d'un certain charme. général. La partie moderne était divisée de façon à montrer : Simon LISSIM. d'une part, la production des Manufactures célèbres (Sèvres, Saxe, Copenhague, Nymphenbourg, Rosenthal) ; et, d'autre part, ce qui est dû aux céramistes modernes, comme : Martel, Gensoli, Leyritz, Exter, Ryback, Mayodon. Les Manufactures exposantes sont toutes célèbres. Sèvres avait envoyé quelques œuvres en biscuit ou en grès, d'une conception moderne et d'une exécution par- faite, signées Guillemain, Bracquemond, Charpentier- Mio, et la très belle médaille de Dammann, consacrée à la fondation des Archives Internationales de la Danse. De Saxe, on admirait quelques pièces aux dentelles; de Rosenthal, une série de figurines : Rythmus, Indo-Chine, Charleston, la danseuse Anna Pavlova, dans La mort du cygne, les danseurs Impekoven, Bâicer, Lo Hesse et Seewitz. Copenhague retenait l'attention avec ses arlequins, ses pierrettes, et surtout un splendide groupe représentant un clown dansant avec deux ours. De la Manufacture de Nymphenbourg, la maison Rouard avait bien voulu prêter toute une série de sta- tuettes consacrées à la Comédie Italienne, moulages et décorations modernes, série d'une grande beauté et d'une vie étonnante. Parmi les céramiques modernes, les pièces réalisées par Mayodon pour cette exposition classent cet artiste parmi les plus grands céramistes-décorateurs contempo- rains. Gensoli, dont on attendune exposition générale deses La Danseuse, par Léonard (Photo Ghevojon)

— 166 — de Copenhague, etc. Jean Mayodon, Alexandre Exter, Gensoli, J. Martel et d'autres artisans complètent ce ballet de porcelaine et de céramique QUELQUES OPINIONS... avec des bibelots inspirés par la chorégraphie indochinoise, suédoise, américaine, russe, juive et française...

M. Louis Léon-Martin, dans Paris-Soir : Les pièces ici rassemblées, et qui proviennent de la plupart des musées CETTE EXPOSITION A PERMIS DE MONTRER LES ASPECTS COMPARÉS d'Europe et des plus importantes collections particulières, apportent la DES STYLES ET D'UNE TECHNIQUE, contribution la plus rare et la plus diverse à un art parmi les plus émou- vants et les plus inspirateurs que l'on puisse imaginer... Il est ici des réus- M. Yves Jubert, dans l'Echo de Parh : sites exceptionnelles. Qu'il s'agisse de porcelaines de Sèvres, de biscuits de Saxe, de faïences, de céramiques, il semble que la danse ait toujours Sur ce thème simple, vous n'imaginez pas les variations que nous ren- heureusement sollicité l'imagination des décorateurs. Par ailleurs, bien controns dans ces petites scènes en réduction. La Russie, l'Allemagne e que l'organisateur Simon Lissim se soit vu forcé de se limiter dans le temps l'Angleterre et la France ont raffolé, surtout au XVIII , de ces petits sujets. et dans l'espace, l'abondance et la richesse de leur récolte ne sont pas sans Il suffit d'évoquer les porcelaines de Saxe avec leurs fines dentelles de kaolin, frapper l'esprit. La danse reçoit ici l'hommage qu'elle mérite. celles de Sèvres, depuis les personnages du corps de ballet jusqu'aux danseuses 1900 de Léonard, et les manufactures nationales russes ont M. Henri Clouzot, dans l'Intransigeant : rivalisé avec les nôtres. Les personnages de la comédie italienne de la collection Popoff sont en ce genre des bijoux... Mais l'intérêt ne se mesure pas à la profusion. Ces fragiles merveilles, Un agréable but de promenade, répétons-le, pour les délicats et pour dont les meilleures proviennent du musée de Sèvres et de la collection aiguiser leur goût. On évoque cet ancien empereur de Chine qui, pour Popoff, nous captivent sans nous lasser. Un trop grand nombre laisserait apprécier le grain d une porcelaine, avait coutume de plonger, avant d'y percer les conventions et les redites de ces représentations chorégraphiques. toucher, ses doigts dans un bassin rempli d'eau de rose et de pétrir pen- Pas de toutes cependant. L'art russe nous apporte ici une révélationt dant quelques instants les boules de jade qui reposaient au fond, afin de Manufacture Gardner, manufacture impériale, manufacture d'Eta. s'affiner le toucher. U. R. S. S., nous révèlent un art original et vivant, avec quelque chose de populaire qu'on chercherait en vain dans les modèles aux grâces apprê- De M. A. Diard, dans le Petit Journal : tées de Meissen ou de Nymphenburg... On ne voit vraiment dans cette exposition, où cependant Falconet figure Biscuits, porcelaines, faïences et grés ■— les Arts du Feu groupés pour avec son fameux groupe « Le Pas de Cinq », à mettre sur le même plan l'exaltation de cet art d'exaltation suprême : la Danse — ont fixé là pour que les attitudes des ballets russes, captées par le savoureux talent de l'éternité —■ la leur, bien fragile, hélas ! — des attitudes, des gestes de Charpentier-Mio et l'émouvante nudité d'une Anna Pavlova, modelée grâce et de poésie, des moments d extase et de beauté... par Soudbinine, dans une porcelaine laiteuse, belle comme un ivoire... La Danse a, depuis la révélation des Ballets de Diaghilew, pris un essor Il y a des instants agréables à passer devant ces vitrines, parfaitement si considérable, elle a été 1 occasion, sinon la cause, d'un tel renouvellement ordonnées par M. Tugal, à écouter les confidences de ces ballerines d'hier, des Arts du Spectacle, qu'elle devait susciter chez tous les artistes le désir en attendant que nos artistes modernes, à l'exemple de Jean Mayodon, de s'en inspirer. Aussi, quelle abondante production de figurines et sta- de Claudius Linossier, de Rybrack, Gensoli, Simon Lissim, fassent dans tuettes dans les arts industrialisés, et, naturellement, dans le plus popu- leurs ouvrages une place aussi belle aux ballerines d'aujourd hui. laire, celui de la Céramique. Et c'est dans cette production que le goût sélectif des organisateurs dut M. Jacques de Laprade, dans Beaux-Arts : opérer avec plus de rigueur, sous peine d'infliger aux amateurs la vue des centaines, voire des milliers de petites horreurs de banalité sorties depuis L'avantage de grouper ainsi autour d'un même sujet des œuvres artis- la guerre... tiques très diverses est de permettre aisément la comparaison des styles, de l'inspiration de chacun, du sens artistique à travers le temps et l'espace... M. E. PIouchart-Duclay, dans le Matin : Parmi les pièces du dix-huitième siècle qui sont présentées ici, on goûtera particulièrement les œuvres exécutées sur des modèles de Falconnet où Il y a plaisir.il y a grand plaisir à contempler, aux Archives internatio- le mouvement, la nouveauté et la grâce des attitudes, la vérité des gestes nales de la danse, 6, rue Vital, l'exposition de la « danse dans la céramique » ajoutent à la délicatesse de la matière le prestige d'un art vivant. Dans ces qui y est visible jusqu à la fin du mois... petites œuvres, à l'harmonie parfaite des volumes on reconnaît le grand La blancheur mate des biscuits de Sèvres précise admirablement le sculpteur... mouvement des menuets, gavottes, passe-pied et autres danses désuètes des règnes pré-révolutionnaires... M. Jean Cassou, dans Marianne : En résumé, ce petit peuple de personnages, aux gestes menus ou désor- donnés, constitue à nos yeux le plus agréable et le plus instructif des Ces expositions, en même temps qu'elles exercent l'ingéniosité de leurs spectacles. organisateurs, ont l'instructif mérite de montrer à la fois le développement d'un thème à travers les temps ; et les aspects comparés d une technique. Mme Anne Fouqueray, dans le Journal : On opposera ici la virtuosité éclatante des Saxe et le gris discret des bis- cuits de Sèvres ; on suivra l'histoire de ces derniers depuis les menuets Cette manifestation, organisée par les soins éclairés de G.-J. Gros et et le merveilleux Pas de Cinq, de Falconet, jusqu'aux écharpes sinueuses de Simon Lissim, groupe environ cent cinquante fragiles pièces (biscuits, et aux ailes de papillon de la Loïe Fuller et de ses émules. La porcelaine grès d'Europe, porcelaines, faïences), toutes inspirées de représentations de Saxe moderne, elle non plus, n'est pas indigne de son passé, et excelle e chorégraphiques et choisies parmi quelques bibelots très rares des XVI à rendre, véritable tour de force, les volants et les dentelles... e et XVII siècles (prêtés par le musée céramique de Sèvres), de la Restau- ration, de l'Empire et des temps modernes...... Ensemble d un intérêt certain au double point de vue de l'art de la céramique et du document, qui ne nous avait encore été révélé que par le dessin ou la photographie. □ M. Vanderpyl, dans le Petit Parisien : Se composant de plus de cent pièces prêtées par l'administration de Sèvres et par des particuliers cette rétrospective, qui ignore 1 antiquité e et ne commence qu'au XVI siècle, nous permet de revoir certains fameux groupes de biscuit et de connaître un joli ensemble de figurines et statuettes d'autrefois ou de fabrication récente, des manufactures de Saxe, de Bavière, GHIRICO. — Scènes de danses (Photo Ghevojon).

La Danse dans la Peinture et la Sculpture contemporaines

(5 MAI-22 JUIN IQoA)

RETOUR A L'EXPOSITION...

A chose fut assez paradoxale. plus par une enquête d'opinions mais par un rassemble- L Dans le numéro de la revue des « Archives » consacré ment d'arguments tangibles ? En un mot, organisons spécialement à la peinture, j'avais écrit que depuis Fimpres- une exposition-enquête. Pour un temps, abandonnez vos sionisme, les peintres, absorbés par la mise au point de leurs sentiments de partisan. théories, ne s'occupaient guère des gestes des individus. Sur Je promis, et déposant le carquois du critique combattif. les toiles, ceux-ci ne pouvaient plus marcher. Comment j'endossai la robe sereine du juge suprême. sauraient-ils danser ?... Toutefois, je terminais par un — Cependant, dis-jc, dans un demi-sourire, le titre : couplet d'espérance : les jeunes artistes sont fatigués des « Exposition de scènes de danses » me paraît être insuffi- vaines spéculations ; ils retournent à la vie, à l'instinct ; sant, si l'on veut atteindre toutes les écoles. ils s'occupent de l'humanité, et leur élan entraîne même — Nous lui donnerons, dit M. de Maré, un additif, leurs aînés, qui traversent aujourd'hui une période de qui englobera les œuvres inspirées par le rythme de danse. désintoxication cérébrale. Nous dressâmes nos plans, et sur des listes d'artistes ■—■ Bon, me dirent avec ensemble MM. Rolf de Maré de toutes tendances, nous choisîmes les noms les plus et Pierre Tugal, maintenant, veuillez nous faire savoir qualifiés, ceux des maîtres, des anciens éprouvés, et où en est, à l'heure présente, lJaccord millénaire « danse- ceux des jeunes, riches de possibilités. Nous étions limités arts plastiques » (peinture et sculpture). Vous avez par la place ; aussi dûmes-nous, à notre grand regret, prétendu, dans votre article, que les impressionnistes modérer nos désirs de sollicitations. l'avaient dénoncé, et qu'il vient d'être repris par la A chaque artiste, nous demandâmes une seule œuvre. génération montante. Faisons le point, voulez-vous, non Les sculpteurs étaient autorisés à apporter un dessin.

- 168 - la plus dure de la planète. Et, abandonnant son motif, il me remit une eau-forte. J'avais sous les yeux une tribu de chimpanzés gambadant. Rouault, terrible chorégraphe plastique, ordonna une danse macabre. « On danse au pays basque », suggéra Oudot, et il fit naître une lune blafarde parmi les lampions de 14 juillet, et, sous ces luminaires, un fandango populaire. « Prête pour la danse ? » demanda Legueult à la ballerine. « On danse », nous dit Brianchon avec une gamme de couleurs distin- guées. « Choisissez ! », me dit à brûle-pourpoint Mar- guerite Louppe, en me désignant dix sujets traités à notre intention. Lequel choisir ?... Tous étaient sédui- sants. A. l'heure dite, j'étais aux Galeries des A. I. D. pour recevoir les grands ballets. Un orchestre attaqua un air de souveraine nostalgie et de munificence : une « Odalisque » de Henri Matisse faisait son entrée, parée de couleurs vives comme des joyaux. Un autre orchestre, composé uniquement de trompettes, de trombones et de cors anglais, joua une marche rapide, pleine de verve et de saccades d'une teinte principalement jaune, comme l'œuvre de Léger qu'elle accompagnait. Un autre orchestre comprenant des contrebasses, des altos et un phonographe de rétrospective jouait avec la langueur d'une équipe tzigane une valse d'une infinie tendresse, entraînant les valseurs de , qui sont des géants de sa fameuse époque des Géants. Tout y est hypertrophié : leurs yeux

REHÉE SINTENIS. — Jean Borlin (Musées de RoUerdam et de Dusseldorf).

Nous lançâmes les invitations six mois avant l'ouverture de l'exposition, de façon que l'artiste pût réaliser une œuvre spéciale en vue de notre manifestation. C'est ce qui se produisit généralement. Les invitations atteignirent peintres et sculpteurs, un peu comme un mot d'ordre. En l'occurrence, le mot d'ordre était : « danse ». Il déclencha une nouvelle étincelle de création. Dans les ateliers, on m'accueillait au nom de la danse. Une notion, vieille comme le monde, venait de reprendre un air de nouveauté. Elle semblait tomber du ciel, comme un indice de vigueur, comme un remède à l'apathie. Elle contenait deux principes essentiels : un « sujet » et du « mouvement ». Beau prétexte, pour faire prendre de l'exercice à ses personnages, pour les faire «gigoter» sur la toile. L'idée de la danse dansa devant l'esprit des peintres, avec son cortège de formes, de rythmes, de chatoiements. Mystérieusement, des accords de musique se plaquèrent sur les palettes ; les pinceaux mélangèrent les notes et les couleurs. « Je voudrais magnifier la danse », me dit Despiau. « D'ailleurs, la danse est souvent en puissance dans des attitudes souples et immobiles. » Il nous prêta un dessin représentant une jeune femme étendue, possédée par

l'esprit de la danse. « Bravo ! » clama Matéo Hernandez, PICASSO. en faisant voler d'un coup de ciseau un éclat de la pierre Danse villageoise (Photo Chevojon).

- 169 - avides, le sentiment de valse très lente, très pesante, le gnante que Mme Gottlieb voulut bien nous confier. Dufy sentiment d'une beauté un peu terrifiante. Nous hissâmes fait danser les masques ; Léonor Fini abandonne à elle- en haut et au milieu de la cimaise la valse monumen- même une jeune pierreuse sur un air perpétuellement tale, et le couple, monstrueusement tendre et quasi timide, violet ; Marianne Clouzet (valse sur une patinoire) ; nous sembla plus étrange, plus écrasant encore. Valentine Prax (tumulte). C'est alors que nous perçûmes les premiers accords Quel plaisir me suis-je donné en accrochant entre deux fenêtres le feu follet bleu ardent de Chagal ! Une place rêvée, comme faite sur commande. Place Pigalle : Dignimont. Dandinements de grotesques : Grosz. Danse en flèche, à toute allure, à toute couleur : Masson. S'il est un temple de la danse, il faut que les maquettes des vitraux soient confiées à Gromaire. Klee (danse en jaune de la rose des vents). Oh ! un long coup d'archet et, vers la porte-fenêtre, ou plutôt, vers le clair de lune, s'élance, très classique, une belle adolescente (Floch). Ballerines, compas ouverts (Gallibert). Trois sombres et fiers ado- lescents, belle harmonie de gris (Tchélitchefî). Tournoiements khirghises (Jacovleff). Danse à grand fracas de cimeterres et de longues moustaches (Lissim). Danses en harmonies grenadines : Jean Bazaine. Trucu- lence : Gloutchenko. Loyauté : Adès. Et voici des œuvres spirituelles, charmantes, de : Hermine David, Camoin, Oberlé, André Hellé, Menkès. Zina Gauthier, Severini,

HOSIASSOH. La Danse (Photo Ghevojon).

d'une danse classique d'Opéra, et une ballerine bondit, et demeura sur ce bond, obéissant à Derain, son créateur. Elle était de petite taille, mais si parfaite de proportions que nous oubliâmes toutes dimensions, et je demeurai longtemps rêveur devant cette exquise créature, posée — comme une perle dans un écrin de velours — sur un fond bleu, intense, profond. Sur un air de pipeau, trois enfants de lumière, trois enfants nus, gambadent sur le pré : Bonnard ! Sur un air de pipeau que joue un faune, ondule une nymphe sur le ciel doré : K.X. Roussel. Braque : un rythme bleu. Castagnettes, mandolines, Méditerranée, Italie, ,

costumes fantaisistes. Et c'est signé : Chirico. DllFY. Toutes les danses accoururent. Nous nous empressâmes Carnaval de Nice (Photo Ghevojon). de les placer, selon leur luminosité, leur taille, et de telle sorte que leurs ryhtmes et leurs couleurs ne se Tytgat, Halicka, Hakermann, Altman, Ceria, Kars, Lagut. pussent contrarier entre eux. Nous découvrîmes ainsi Puis, les bretonneries allègres de Thomas ; les silhouettes plusieurs variétés de danses. fines de Touchagues ; l'agenouillement sous la lumière Friesz (la danse voluptueuse) ; Colin (la danse trépi- verte de Tischler ; les fillettes si distinguées de Marie dante) ; Hosiasson sur un nuage nous fait monter jus- Laurencin ; la fillette très « sex appeal » de Vertes, qu'aux hauteurs de l'humanisme ; Yan Dongen (la danse et la composition à piano ouvert, dansée avec une verve brillante) ; Papazoff (la danse des lucioles). Le jeune endiablée (œuvre de Andreu). Gruber fait pirouetter comme une toupie une petite Nous n'oublions certes pas les danses évoquées par fille dans un décor de légende nordique. Terechkovitch Barat-Levraux, Beaudin, Boulnois, Borès, Bouchène, Cor- campe l'une des héroïnes du french-cancan : Bauchant bellini, Crotti, Dobuzinsky, Dufresne, Eckman, Frey, (la fresque des bucoliques) ; Mme Mela Muter (tableau Goerg, Goutcharova, Hofer, Jouclard, Korovine, Lagar, grave et noble d'une danse triste) ; Dardel (grands accords Larionow, Lochakov, L. Maillol, Mainssieux, Metzinger, audacieux) ; Gleize (danse syncopée) ; J.-E. Blanche (un Quelvée, Ryback, Survage, Valensi, Vassilieff, Vivin. portrait doré de Nijinski) ; Lhôte (danse et théorie). Nous avions placé sur le balcon qui surplombe la Gottlieb, hélas ! mourut avant d'achever l'œuvre poi- galerie, les gouaches, les eaux-fortes, les dessins. Il y

— 170 — avait, là, dans ce carrefour intime, des œuvres de choix tions de 1 heure présente. Je souhaite de tout mon cœur que l'harmonie se signées : A. Benois, E. Berman, Martinie, de Pisis, Pierre réalise », conclut le fondateur des Ballets Suédois. » Roy, prince Schervashidzé, Léon Zack, Zarraga. L'une de ses rédactrices, Mlle Maggie Guiral, avait entrepris Dans l'espace des salles, repères du principe de danse, la visite des salles avec Serge Lifar. Elle fait part à ses lecteurs des se dressaient les statues d'Audrousov, Cornet, LeYritz, impressions de son cicerone : Loutchansky, Malfray, Fano Messan, Chana Orloff, Pois- son, Sintenis, Soudbinine, Zadkine, Czaky. ... Il court où il retrouve des frères, des amis inconnus de cette grande famille de la danse, sans poids, et libérés des entraves corporelles... Un mobile rouge évoluait autour d'une courbe blanche, elle-même en mouvement, et cela ronronnait doucement La conclusion de Serge Lifar est pessimiste. comme font deux chats au prélude de leurs désirs (sculp- Quand la visite fut terminée, Lifar avait bouclé l'énigme, puis la résolut ture de Calder). rapidement. Danse ! danse ! danse ! — Tout ce qui est expression populaire, dit-il, est juste. Mais les artistes Tout s'animait aux « Archives ». qui se sont occupés de la danse classique l'ont fait sans élan, sans envol, sans mouvement. Dansant aux cimaises, les danses ! Dans les cadres, sur les piédestals, des personnages, Dans l'Ordre, M. Georges Chaperot, ayant cru remarquer que des lignes, des mollécules de couleurs, des formes, des volumes s'immobilisaient, arrêtés brusquement dans leur élan respectif, suspendus chacun à une note de son orches- tre particulier. C'était à croire qu'un chef d'orchestre assez étonnant menait tous les musiciens, et que sa baguette levée prolongeait miraculeusement l'émission de la note psychologique qui étayait corps et membres des danseurs... Et brusquement, une sorte de météore fila au-dessus de nos têtes, traversa la galerie du rez-de-chaussée, pour s'écraser en bourdonnant en haut de cimaise au-dessus des tableaux. Et nous vîmes, sur une toile blanche, comme un tourbillon noir, une sorte de cible vibrante, une danse de cercles impossible à arrêter, le tout signé : Juan Miro.

Marcel ZAHAR.

LES COMMENTAIRES...

CETTE EXPOSITION A DONNÉ LIEU A DES ÉCHANGES DE VUE EXTRÊMEMENT CURIEUX ET PASSIONNÉS Halicka-Danseuses (Photo Marc Vaux). Si elle eut un grand écho, c'est parce que cette exposition montrait, pour la première fois, la peinture ayant pour sujet la danse, à l'exclu- la disparition du sujet, en peinture, avait eu pour conséquence sion de tous décors de théâtre ou maquettes. d'éloigner les artistes de ces scènes de danse où se complurent, Ayant ce sujet d'une manifestation inédite, les intentions des orga- chacun selon son tempérament, un Poussin, un Lancret ou un nisateurs ont été parfois insuffisamment comprises. Watteau, un Tiepolo comme un Longhi, et, plus près de nous, un Degas, un Carpeaux, un Rodin,... alla demander leur avis à trois L'Intransigeant ayant demandé à M. Rolf de Maré de faire peintres de tendances différentes : Roger Wild, Othon Friesz et connaître l'idée qui avait présidé à cette « exposition-enquête », Georges Desvallières. publia la réponse : M. Roger Wild déclare que le retour au sujet est consommé. — Que l'on ne se méprenne pas sur nos intentions. Nous désirons uniquement attirer l'attention des artistes sur les riches possibilités de Mis à part un Picasso — qui me semble surtout un « décorateur » merveil- l'interprétation du mouvement dans les arts plastiques. Par leur manifes- leusement sensible — un Kupka et les tenants de « l'orphisme », les peintres, tation les « Archives internationales de la danse », avec le concours de aujourd hui comme hier, continuent à puiser leur inspiration dans des Marcel Zahar, ont simplement cherché à diriger les esprits créateurs vers « sujets » où le corps humain joue le plus souvent le premier rôle. Ce qui les sujets de danse laissant, bien entendu, aux artistes leur entière liberté est vrai, c est que la photographie satisfait maintenant en nous ce besoin de de vision et d interprétation. documentation immédiate qui était autrefois « une » des justifications des « L'exposition que nous avons inaugurée montrera nettement si nos arts plastiques. Mais ce n est pas la seule. Le fait d'en chercher de nouvelles artistes contemporains sont en opposition ou en harmonie avec les aspira- n'implique pas une scission. Il n est pas intéressant de recommencer ce qui

- 171 - a déjà été fait ; mais, encore une fois, le mouvement et l'harmonie demeu- les suggestions que d'autres donnent mieux que lui, et se limitent rent nos préoccupations essentielles... à celles qu'il peut seul offrir.

M. Othon Friesz demande ce que veut dire le mot « moderne », Le Journal des Débats, sous la signature P. F. conclut que l'ex- expression contre laquelle il s'insurge, et il continue : position ne « prouve » rien, si ce n'est la vitalité de l'art actuel et la confiante intimité des rapports qu'il entretient avec la danse. Apollinaire a donné, un jour, cette terrible définition de la mode : « La mode c est le masque de la mort. >' Rien n'est plus redoutable pour un artiste Candide signale la remarquable exposition de peinture et de que de vouloir « faire moderne » à tout prix. Un artiste digne de ce nom se fiche de la mode : il cherche à exprimer simplement une certaine conception sculpture contemporaines consacrée à la danse. de 1 univers — musical, dramatique ou pictural — qu'il s est choisi. La Dans l'Art vivant, M. Jacques Guenne, son directeur, ne croit plate imitation du passé, c'est l'académisme, le conformisme : la mort. Le présent — la mode — c'est zéro. Le futur qui ne serait pas étayé par l'expé- pas que l'on trouve en cette exposition « l'œuvre exprimant cette rience du passé : de la folie furieuse. Un art authentique unit ces trois fière conception selon laquelle le danseur identifie sa vie et ses moments. sentiments avec les raisons plastiques qui déterminent dans l'es- pace les signes de la danse ». Mais il constate qu'elle abonde en M. Georges Desvallières tient tout d'abord à dire qu'il aime tableaux de qualité. Et le critique demande qui, depuis Degas ou beaucoup la danse... Carpeaux, a su fixer l'instant où le corps, suscitant des arabesques ... C'est un moyen d'expression fort éloquent mais que je trouve, quand dont les évolutions fixent l'idée, s'arrête pour obéir aux lois de la même, assez court... II n y a pas que ça. Essayons de voir d un peu haut. peinture sans cesser de figurer le mouvement ?... Regardez un de ces admirables spécimens de la statuaire grecque : les bras, les jambes, le torse, le mouvement du corps, c est une splendeur. Voyez la Beaux-Arts, après avoir constaté que le temps des Poussin, des tête : elle est rigoureusement mexpressive. L idéal antique, c'est la perfec- Watteau, des Lancret et des Degas est révolu, les artistes d'aujour- tion « animale ». d'hui s'inspirant des thèmes qu'ils se proposent pour livrer leur D'une façon générale, on peut dire que lorsque « le nu apparaît, la tête — en tant qu expression — disparaît ». sentiment, pour analyser avec feu ou avec sagesse leur objet, Le christianisme nous a apporté autre chose : le mystère, ou, si vous déplore que les parti-pris aient appauvri souvent nos peintres et voulez, le « mouvement » de l'âme... nos sculpteurs, mais reconnaît, toutefois, les heureux effets de ce sens de la gravité de l'art qu'ils nous ont rendu et la noblesse de Dans la Liberté, M. René Chavance pense que, « de même que cette recherche d'un classicisme moderne. la photographie a détourné, une lois pour toutes, les peintres de Et le journal note que ce n'est pas un des moindres attraits de la transcription littérale, de même la vogue du cinéma les a peu à cette exposition que de permettre d'utiles comparaisons, et de peu amenés à des conceptions statiques. Ils évitent dans leur art déceler les artistes qui ont un sens profond de la poésie.

NOS CONFÉRENCES

LES ORIGINES DU BALLET DE COUR de ces ballets, grâce à la curieuse habitude qu'ont adoptée JUSQU'A LOUIS XIII les dessinateurs, de faire représenter par chacun des person- nages un temps et une pose particulière de la danse, si bien (M. HENRY PRUNIÈRES, le 15 février 1934). qu'un technicien pourrait la reconstituer d'après cette espèce de notation. Le ballet (en italien, Brando), est d'abord en France une C'est cette exubérance d'inventions gracieuses ou bouffonnes danse à figures géométriques, dont Ronsard nous a laissé que Lulli mettra au point, et d'où sortira l'opéra. De là l'im- une description, il dut ses premiers développements aux portance considérable que la danse y conservera si longtemps. efforts des érudits pour se représenter les évolutions chorales de la tragédie grecque : il y eut, dans l'académie de Baïf, des m chorégraphes italiens. Le souvenir de cette forme originelle se conserva dans ce LE BALLET AU XVII« SIÈCLE qu'on appela plus tard le « grand ballet », c'est-à-dire le final ME (M JULIE SAZONOVA, le 19 février 1934). d'œuvres chorégraphiques unissant à la danse le dialogue, le récit et le chant. Ces éléments, qui réduisirent peu à peu Le ballet se développa sous l'influence de la danse antique. la place du ballet proprement dit, furent extrêmement variés ! La danse hérita des idées et des théories du monde antique. rien n'est plus inexact que la prétendue gravité de ces danses : Dès sa naissance, le ballet prit un caractère passionné, violent certaines étaient extrêmement rapides, mêlées de véritables et dramatique. Et la division adoptée s'est conservée jusqu'à « numéros » d'acrobatie, et exigeaient le concours de baladins nos jours. professionnels. La fantaisie des ensembles et des costumes Le ballet du xvne siècle était à l'avant-garde du théâtre. fait songer parfois à nos spectacles de music-hall. Il fut le précurseur de formes nouvelles. C'est en lui que Nous sommes renseignés de façon assez précise sur les pas germa l'opéra futur. Le ballet était la forme d'art scénique la plus libre, la plus hardie dans ses inventions, car il ne dépen- Boccherini. Merveilleusement doué pour la peinture comme dait d'aucune règle immuable. pour la musique, il composa des choréodrames qui sont de Le ballet servait à la polémique. On l'utilisait encore pour véritables tableaux mouvants... Le goût de la pantomime tourner un compliment, et aussi pour annoncer les événe- s'accusera encore davantage, et jusqu'à l'excès, chez ses ments politiques, La machinerie jouait un grand rôle. Mais successeurs. au fur et à mesure que la technique se développait, la nécessité La France en était restée sous l'empire du ballet classique ; de la machinerie se faisait de moins en moins sentir. le ballet romantique n'apparaîtra que sous la Restauration, et Mme Sazonova passa en revue les danses en vogue : la pavane, c'est en 1832 seulement que triomphera, dans la Sylphide, la gaillarde, le branle, qui se dansait aux ballets de cour, la l'aérienne légèreté, la danse « ballonnante » de Taglioni. courante, la mauresque, les Canaries, dont l'art fut lié à l'art Fanny Elsner, rivale suscitée à l'exigeante Taglioni par le des carrousels, qui s'appelaient les « Ballets à cheval » ; la Dr Véron, adopta une manière toute opposée, un style plus cabriole. nerveux, d'une sensualité violente inspirée des folklore, en Dès la naissance du romantisme, le ballet revêtit une forme particulier d'Espagne et de Pologne. nouvelle, et il attacha son destin à celui du romantisme. Le Carlotta Grisi, née en 1821, engagée à 7 ans au théâtre de ballet constitua alors une forteresse, où la tradition fut le Milan, élève du danseur français Guillet, parut successive- plus jalousement gardée. ment à Naples, à Venise et en Angleterre avant de triompher Cette conférence fut « illustrée », au point de vue choré- à Paris, dans le ballet de Gisèle, écrit pour elle par Théophile graphique, par MUe Micheline Ecrohart, qui fut denxième prix Gautier. du dernier concours « des petites danseuses et des petits dan- La dernière en date, mais non pas en gloire, de ces grandes seurs », organisé par les A. I. D. ballerines romantiques fut Cérito, qui reprit avec succès les rôles dansés par Taglioni, et dansa plus tard dans les ballets S de son mari Saint-Léon. Ce grand chorégraphe devait à son tour transformer le LE BALLET D'ACTION ballet romantique ; ses œuvres techniques, son Traité de la

(M. HARASZTI, le 26 février 1934). Danse, mériteraient une étude attentive : il y a là un épisode encore mal connu de l'histoire de l'art français, et qui mérite- M. Haraszti, professeur et ancien directeur du Conserva- rait de retenir l'attention des chercheurs et des historiens. toire de Budapest, après avoir fait l'exposé de la vie mouve- mentée du grand novateur que fut Noverre, montra en détail H la grande œuvre accomplie par ce maître de ballet. LES TENDANCES MODERNES L'on sait que, jusqu'à présent, la biographie de Noverre présente de grandes lacunes. Le grand mérite de M. Haraszti (M. FERNAND DIVOIRE, le 5 mars 1934). a été justement de donner un aperçu complet des tendances fondamentales de Noverre, tendances qui ont influencé Fernand Divoire, qui fut le commentateur si compréhensif jusqu'aujourd'hui notre ballet. d'Isadora Duncan, et qui suit le développement de la danse au jour le jour, a brossé un tableau des plus vivants sur les a événements dès le début du xxe siècle. Passant en revue l'activité des grandes compagnies de LE BALLET ROMANTIQUE ballets, et faisant une large part aux tentatives individuelles, er (M. HENRY PRUN'ÈRES, le 1 mars 1934). Fernand Divoire défendit ardemment son point de vue, qui était, d'ailleurs, partagé par la majorié des auditeurs. Il fut représenté en France par quatre « étoiles » : Marie Taglioni, Fanny Elsner, Carlotta Grisi et Cerito. Malgré la Il célébrité de ces quatre ballerines, nous sommes peu rensei- gnés sur leur art. Elles ont inspiré beaucoup de littérature 1, LA MUSIQUE ET LA DANSE : mais les détails techniques sont rares ; c'est peut-être en LEURS EMPRUNTS RÉCIPROQUES

dépouillant des feuilletonistes de dernier ordre, comme (M. LIONEL LANDRY, le 12 mars 1934). Charles Morice, qu'on aurait des chances d'en apprendre davantage. 11 y aurait là toute une série de recherches fort L'art n'est pas quelque chose qui se fabrique de toutes intéressantes à poursuivre. pièces, sur des données a priori ; c'est un produit naturel, En attendant qu'elles aient donné des résultats, il faut résultat d'une longue évolution, complexe dans ses origines, nous contenter d'un certain nombre d'estampes, qui donnent et que l'on ne comprend bien qu'en en étudiant les associa- bien quelques renseignements précis, mais combien incom- tions implicites. Parmi ces associations, il en existe de parti- plets ! culièrement importantes entre le discours, la musique et la On sait, toutefois, que le ballet romantique procède de danse ; originellement, toute musique sous-entend un dis- Noverre, dont les idées furent réalisées en Italie par Salvatori cours ou une danse ; toute danse sous-entend une musique. Vigano, fds du maître de ballets Onorato Vigano et neveu de Le caractère dansant apparaît, non seulement dans les mor- ceaux qui procèdent explicitement de la danse, mais même 1. Hâtons-nous d'ajouter que cette littérature peut êlre charmante, lors- dans des œuvres de musique pure ; l'auteur cite en exemple qu'on a la bonne fortune d'entendre Théophile Gautier empruntant la voix de Mlle Nizan. une Invention et le Gloria de la messe en si de J. S. Bach.

— 173 — Mais, parties d'un fond commun, Musique et Danse ont 1° Réduire au minimum la dépense d'énergie dans l'exécution évolué séparément en développant leurs virtuosités propres. des mouvements ; Les mouvements se sont modifiés ; le Menuet de Mozart 2° Le sens de l'espace et de la ligne dans les mouvements. n'est déjà plus une pièce à danser ; l'adaptation de danses Sans cela, aucune expression dans les mouvements n'est possible ; sur des morceaux de musique autonome soulève des difficultés, 3° Le rythme physiologique du corps dépend de l'intelligente et il arrive que des morceaux écrits spécialement pour la soumission du corps aux lois scientifiques. danse par d'excellents musiciens qui n'ont pas pris la peine Basés sur ces lois fondamentales, les exercices suivants ont été d'en approfondir les lois ne possèdent pas la vertu dansante démontrés : qu'ont su donner à leurs œuvres des compositeurs de second I. — Relâchement de toute tension inutile dans les articulations, plan, Léo Delibes par exemple. les muscles et les nerfs ; L'auteur conclut en conseillant à la Danse de considérer la II. — La construction de la bonne tenue statique du corps ; Musique non comme une entrave, mais comme une alliée III. — L'équilibre dans les mouvements basé sur les lois de naturelle, et en indiquant à la Musique qu'une étude appro- la bonne tenue statique du corps ; fondie des exigences naturelles de la Danse peut constituer IV. — La mise en action des différents groupes musculaires ; pour elle une riche source d'inspiration rythmique. V. — Le bon mécanisme de la respiration ; a VI. — Le bon mécanisme de la marche ; VII. - La comparaison entre les bonnes et mauvaises habitudes DES RAPPORTS DE LA MUSIQUE CONTEMPORAINE de la vie quotidienne ; ET DU BALLET MODERNE VIII. — Pour finir, quelques exemples de la belle plastique vivante des corps entraînés, suivant les principes scientifiques (M. ALEXANDRE TANSMAN, le 16 mars 1934.^ du mouvement corporel. Après avoir donné un aperçu esthétique sur les éléments particuliers de ces deux arts, la musique contemporaine et le a ballet moderne, le conférencier a analysé leur genèse, le carac- LA TECHNIQUE DE LA DANSE tère spécial de leur perception, conçue comme « déplacement dans le temps et l'espace » : il a fait ressortir leurs points (PRINCE SERGE WOLKONSKY, le 22 mars 1934). communs, leur interpénétration réciproque et le développe- ment historique de leurs rapports. L'ancien intendant général des théâtres impériaux de Ensuite il a analysé le rôle de la musique dans différentes Russie, sous la direction duquel débutèrent jadis Anna écoles de danse de notre temps, en s'arrêtant plus particu- Pavlova, Karsavina, et bien d'autres célébrités de la danse, lièrement sur l'activité des Ballets Russes de Serge de Diaghi- exposa ses théories sur la mimique. leff, et des Ballets Suédois de Rolf de Maré. Selon lui, le corps humain est l'instrument d'expressivité ; l'attention et la détente, les moyens d'expression. Passant a en revue les systèmes antérieurs, à la suite de François del Sarte, il s'arrêta longuement sur les théories de ce génial ÉTUDE DE LA TECHNIQUE DES MOUVEMENTS BASÉE novateur. Il est absolument impossible de résumer, fût-ce SUR LA LOI ANATOMIQUE ET MÉCANIQUE DES en des pages entières, ce que ce brillant orateur expliqua CORPS. d'une façon si vivante. 11 est à souhaiter que, lors de sa pro- me (M LUND-BERGMAN, le 19 Mars 1934.) chaine conférence, tous les danseurs et maîtres de ballet assistent aux exposés et développements de M. de Wolkonsky, La forme générale de noire corps est déterminée par l'ensemble qui a lutté toute sa vie en faveur du mouvement naturel et du des mouvements quotidiens. C'est le caractère des mouvements rythme qui régit les spectacles. habituels à un individu au cours de toute sa vie qui rendra son corps gracieux ou maladroit, et qui en déterminera la forme a définitive. C'est seulement en se basant sur l'analyse et la synthèse des LA TECHNIQUE DE LA DANSE EN FRANCE

mouvements quotidiens, et non sur des schémas d'exercices (M. LÉO STAATS, le 26 mars 1934). artificiellement combinés, que l'on peut concevoir un système d'éducation physique. Nous avons eu le plaisir d'écouter et de voir M. Staats, le La gymnastique Mensendieck est justement une étude de la grand maître de ballet français. technique du mouvement basée sur les lois anatomiques et méca- Dans les cercles initiés, on savait que M. Staats est un grand niques qui régissent la machine qu'est notre corps. îl faut apprendre érudit, et qu'il compte dans le petit nombre de ceux qui sont la technique de notre corps de façon que chaque mouvement le plus avertis des manifestations de la danse, au xvne et soit dirigé par un influx moteur conscient entre le cerveau et les au xvme siècles, époques généralement peu connues. différents groupes musculaires. Cette rééducation progressive doit Il était inévitable qu'un créateur de l'envergure de M. Staats se faire d'aboi d avec des mouvements lents et sans fatigue, sinon ne pouvait pas se contenter d'exposer uniquement la théorie les messages ne rejoindraient pas les stations auxquelles ils sont des danses de jadis. Avec la meilleure grâce du monde, et de la destinés. manière la plus élégante et légère, l'orateur a tenu à illustrer Pour obtenir grâce et harmonie dans les mouvements du corps, lui-même son exposé par des pas de danse qui ont entièrement il faut considérer les conditions suivantes : séduit l'auditoire.

- 174 - LA DANSE EN FRANCE Nous avons eu le plaisir d'entendre pour la première fois SOUS LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE un historique très détaillé sur la grande danseuse que fut Mari- (M. ROBERT QUINAULT, le 28 mars 1934). quitta. Le conférencier a tenu à placer au premier rang cette danseuse si injustement méconnue. 11 a dit ensuite que l'heure M. Robert Quinault, ancien maître de ballet à l'Opéra-Comique, présente permettait toutes les espérances, car les danseurs com- a étudié l'évolution de la danse de 1871 à nos jours, et il a établi mencent à travailler très sérieusement, et nous voyons partout se trois périodes : de 1871 à 1905, période de travesti, de sommeil manifester des efforts vers une chorégraphie du plus grand et de décadence ; de 1905 à 1914, arrivée du ballet de Diaghilew, intérêt. période « ds renaissance » ; de 1914 à 1933, erreur, snobisme, M. R. Quinault a donné lui-même une démonstration pratique et — peut-être ! — espoir. pour les danses poitées, avec le concours de Mlle Renée Piat. Dans chaque période, trois groupes : Académie nationale de La démonstration pour la danse acrobatique a été faite par lles lle Musique et de Danse ; les Théâtres ; les troupes individuelles — M Brossé et Beltham, et, pour la danse classique, par M Lam- indépendantes — qui tentèrent un effort. balle, danseuse étoile de l'Opéra.

LE CONCOURS DES PETITES DANSEUSES ET DES PETITS DANSEURS

Le 15 mars dernier avait lieu dans la salle d'Iéna, le musical. Tout en elle dansait : ses jambes, son corps... et ses deuxième concours des petites danseuses et des petits dan- mains. Et, à ces qualités, elles en joignait une autre, car elle seurs organisé par les Archives internationales de la Danse. est acrobate. Le jury était composé de MM lres Balachova, première balle- Non loin d'elle, d'après les points proclamés, vint la jeune rine des théâtres impériaux de Russie ; Lamballe, danseuse jeune Roudenko, qui resta purement attachée au classicisme étoile de l'Opéra de Paris ; de MM. Robert Quinault, ancien chorégraphique, et ce fut, légitimement, le brillant second maître de ballet à l'Opéra- prix. Comique ; Alexandre Tans- Puis, autres lauréates : man, compositeur de nom- Adda Pourmel, un délicat breux ballets ; Rolf de Maré, papillon dansant ; Irène président-fondateur des Winogradoff, très classique ; A. I. D. Colette Brossé, mutine dan- Les organisateurs avaient seuse de biguine. réclamé du public le non- On ne pouvait, malheu- applaudissement, afin de lais- reusement, accorder des prix ser à tous le jugement plus à toutes, mais le public lucide de ce qui se passait sur avait été également charmé scène. Et le public respecta par Lily Faës, aimable val- la discipline. seuse lente ; l'endiablé ma- Les concurrents — de telot Geneviève Moulin : douze à quinze ans — pas- Fernez, très agile sèrent par deux épreuves : cosaque ; Carmen Pieters, l'une de danse classique, subtile en une danse améri- imposée — grammaire néces- caine assez « music-hall », saire ; l'autre, de danse choisie et bien d'autres encore que par les jeunes danseurs eux- nous nous excusons de ne mêmes, destinée à déceler le pas nommer. côté personnel de chacun. Nous nous en voudrions de Les concurrents étaient, à la quasi unanimité, du sexe ne pas rappeler que M Volinine avait eu l'amabilité de féminin (au nombre de vingt-deux) ; il n'y avait que deux doter ce concours d'un prix supplémentaire. jeunes danseurs : l'adolescent Dokoudowski et Michel Pa- En résumé, ce fut un bien joli tournoi chorégraphique des chaud, encore plus jeune. jeunes générations. Le jury, d'accord avec le public, proclama lauréate la petite Luzia, une Française, qui danse au Châtelet. Elle montra une Ramon NARDY. véritable personnalité et un sentiment profond du rythme

— 175 - LES DANSEURS DES THEATRES DE PROVINCES

AU XVIIIe SIÈCLE

Nous continuons la publication de la bibliographie, — établie par C'est elle piobablement qui jouait à Marseille, le 13 mai 83, dans la tr. Paulet, lorsqu'elle ne put se rendre à un ordre de début à la Com.-Fr. parce qu'elle notre excellent collaborateur, M. M. Fuchs, secrétaire de la Société était malade et à court d'argent (Arch. Com.-Fr.) ; comme le ménage avait des historiens de théâtre — que nous avons commencée dans notre l'intention de partir pour l'étranger, il est possible que Marie Hus Malo soit numéro du 1 5 juillet dernier. la dame Hus qui joue à Stockholm, 1784-87 (Dahlgreen, p. 573) et à Saint- Pétersbourg (Mooseï, p. 44). Nous rappelons que les danseurs français du VXIIfe siècle étaient En 1783-84, une demoiselle Hus joue à Bordeaux les «' accessoires » (Lecomreur) ; empruntés à nos troupes de province, et que, par suite, ils nous sont les 13 et 16 mai, dans Duguetclin à Bordeaux, elle joue le rôle de Blanche, fille fort mal connus. Dans l'index ci-dessous, l'orthographe des noms de Rustan, vieil anglais, le seul rôle féminin de la pièce (Bib. Rondel). C'est n'est peut-être pas absolument exacte. Il n'est pas possible de savoir si, probablement la fille du directeur d'alors, sans doute l'enfant née en 1766 ? De même Eugène Hus, premier danseur et maître de ballets en second à parfois, il s'agit d'une ou de plusieurs personnes différentes, pour Bordeaux, 1789-91, pourrait également être un fils de J.-B. Hus Malo. certains noms cités. Celui-ci aurait été, après juillet 91, associé à la direction du théâtre de Bordeaux Notre collaborateur a donné l'énumération des parents d'un danseur avec Rozu, Lescoure et Dorfeuil (Detcheverry, p. 226) ; or une association ou d'une danseuse, lorsque cette parenté est certaine; sinon, le signe t Hus, Rodolphe et Rozu est, le 3 janvier 1789, titulaire du privilège de Bre- tagne, à l'exception de Brest : aurions-nous encore affaire à J.-B. Hus ? indique qu'il existe, dans le monde comique de la même époque, d'autres Les Hus, danseurs lyonnais, étaient-ils apparentés à la famille de François Hus, personnalités portant un nom identique. comédien, dont la fille Adélaïde devint sociétaire de la Comédie-Française? Ce ne serait nullement impossible, mais nul document ne permet actuellement de l'affirmer. H (suite). Hyacinthe (Dlle). — Lyon, vers le 1 5 mars 39 (Omphale, Bib. Opéra) ; est-ce la même qu'on retrouve à Bayreuth, 1747-54 ? (Schiedermair, p. 133). Hus (Jérôme). — Maître de danse à Lyon, dans un acte de la paroisse Sainte- Croix, 1 ) juin 1 693. Dubus dit Hyacinthe, frère cadet de Préville, danseur à l'Opéra-Comique en ! 756 Jean-Baptiste, fils du précédent, né à Avignon, 30 juin 1697 (Vallas, Siècle mus. (Léris, Dict. th.). Lyon, p. 45). J Jean-Baptiste, dit Hus Malo, sans doute fils aîné du précédent, fait partie en 1760 de la tr. Rosimond et Parmentier, à Lyon, où il épouse Elisabeth Bayard. t Jacinthe. — Lyon, 1746 (Zelindor roi des Sylphes, Bib. Rondel. — Le nom est Tous deux iaisaient encore partie de la même troupe en 1761-62 ; l'année écrit Jasinthe) C'est sans doute le même qu'on retrouve comme maître de suivante le mari est à Bruxelles, comme premier danseur sérieux, et il y ballets à Bayreuth, 1 747-54 ; sa femme y dansait également en 1 748 et partit compose des ballets qu'on trouve peu intelligibles. « Il tait bien de composer pour Berlin en novembre (Schiedermair, p. 125 et 133). des programmes pour les ballets qu'il donne, c'est un fiat lux très nécessaire Jansolin (Isabelle). — Née à Toulon en 1727 ; en 1754 elle faisait partie de la aux spectateurs » (Obs. Spect., l or juillet 62). En 1764 il est revenu à Lyon tr. Destouches à Lyon ; elle s'évada le 9 septembre, fut arrêtée à Pans le 1 5 où il figure dans un acte d'état-civil du 9 novembre. et reconduite à Lyon (Ars., Mss. 11.866). En 1 776 Hus (Malo) et Gaillard furent adjoints à Mme Destouches-Lobreau pour Janvier (François). — Probablement danseur à Lyon ; dans une déposition à diriger le théâtre de Lyon (Vingtnnier, p. 55) ; en 1780 il est maître de ballets propos d'une rixe au théâtre, 24 février 1694, il se dit maître de danse, âgé à la Com.-Ital., demeurant à Paris, rue des Deux Portes, et il prend, avec de 26 ans (Vallas, Siècle mus. Lyon, p. 47). Gaillard, la suite du privilège Destouches-Lobreau (Vallas, o. c, p. 402). En 1781, à la suite de la représentation du ballet La Rose et le Bouton, il fut Jaubert et sa femme. — Premier danseur et première danseuse. La Haye, expulsé, mais il fut rappelé avant la fin de janvier 1782 (Vallas, o. c, p. 406) ; 1762-63. (Obs. Spect. II, I 63). dans l'intervalle il avait acquis, en commun avec Gaillard et Dorfeuille, Jorey (Dlle). — Nantes 1771 (Horiphesme ou les Bergers, Bib. Opéra). le 20 avril 1781, le privilège de Bordeaux, qu'il conserva jusqu'en 1784. Joséphine (Dlle). — Bordeaux, 1780-81 ; même nom en 1790-91. (Lecouvreur). En juillet 1 784 il était connu comme « seul directeur, par suite de l'interdiction Jouan. — Com.-Ital. fin 1738 ; « nous ignorons ce qu'il est devenu » (fr. Parfaict, du sieur Dorfeuille et de l'absence du sieur Gaillard » (Arch. Com.-Franc.). Dict. th. Paris). J.-B. Hus Malo avait eu d'Elisabeth Bayard plusieurs enfants. Vallas en signale Joubert. — La Haye, avril-août 1762; sa femme, née Vittoria Vidini, était quatre (o. c, p. 201) ; qui furent baptisés les 19 nov. 66, 16 avril 70, 9 nov. 74 également danseuse (Fransen, p. 332 et 335). Est-ce le même qui était maître et 14 déc. 77 ; mais Pierre-Louis, qui épouse, le 29 mai 1781, Marie-Gabnelle de ballets à Lyon, en août 1784 ? (Vallas, Siècle mus. Lyon, p. 415) ; on ne Bugnet, dite Soulier, était évidemment né avant 1 766. C'est probablement lui goûtait guère ses compositions et il était criblé de dettes ; dès septembre ce :( sieur Hus fils, jeune danseur qui a des talents » et. qui fait représenter, 1 785 on songeait à le remplacer par Favier fils ; mais il était encore en fonc- avant le 24 mars 78, une comédie mêlée d'ariettes : La femme aux deux maris tions le 2 avril 86 (Vallas, Siècle mus. Lyon, p. 415, 429 et 431) ; il dut partir (Jal. th., 1778, p. 141). II devait donc être né peu après le mariage de ses à la clôture (8 avril). Prit-il la direction d'une troupe ? Le 14 janvier 88, parents..., peut-être même avant. la municipalité d'Amiens autorise les représentations d'une tr. Joubert venant Comment expliquer en effet que, dès 1772-73, figurent dans la troupe de Lyon, de Reims (Arch. Mun., Amiens, FF 1314, p. 27). 1!e mo à côté de M Hus (M Hus Malo), première danseuse, les sieurs « Hus père t Jourdain. — Danseur figurant. Bruxelles, 1762-63 (Qbs. Spect., 1 er Juillet 62). et fils », maîtres de ballet ? (Vallas, o. c, p. 391). J.-B. Hus le père, s'il vivait Julie (Dlle). — D'après un rapport de police du 14 mai 53, elle serait fille d'un encore, eût été âgé de 75 ans ; mais Pierre-Louis, s'il était né en 1760, n'en armateur malouin, Sabattier, disparu en mer, laissant une veuve sans aurait eu que 12. Etait-il vraiment d'un talent si précoce ? aurait-il été utilisé fortune et une fille ; cet événement est nécessairement antérieur à 1 734 par son père comme une espèce de (( moniteur » pour des danseurs enfants ? (Voir Puvigné). Vers le 15 mars 39, Julie dansait à Lyon (Omphale, Bib. Le traitait-on en successeur désigné, ayant une sorte de survivance de la Opéra) ; elle épousa le comédien Bercaville « de la troupe de Bruxelles, charge paternelle ? ou bien n'était-il pas tout simplement plus âgé ? puis lecteur du Mal. de Saxe » (Ars. Mss., 10, 237, p. 282) ; en réalité c'est Pierre-Louis Hus Malo et Marie Bugnet Soulier avaient renoncé au théâtre en à La Haye qu'on rencontre d'abord Mme Bercaville en 1 743 ; elle a aban- se mariant ; mais, le 27 juin suivant, moins d'un mois après, « Mlle Soulier, donné la danse et joue les soubrettes ; le mari et la femme font partie de autrement dit Mme Hus la jeune », jouait Rosine dans le Barbier de Séville ; la troupe d'Hannetaire, puis de la troupe Favart, à Bruxelles en 1745 et 46 avant la fin de l'année, son mari lui donnait une procuration

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A paraître en Décembre 1934

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