RUGBY 5.PORTUGAL 0 1 0 0 1 10 56 00 Les Blacks Aussi Ont Peur Ils Font Trembler L’Ovalie Avec Leurs Déboulés Rageurs Et Leurs Plaquages Dévastateurs
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Bleu Rouge 25 Noir Jaune Poule AUJOURD’HUI C Pts J G N P pp pc Bo Bd COUPE DU MONDE PORTUGAL - NOUVELLE-ZÉLANDE 1.NOUVELLE-ZÉLANDE 5 1 1 0 0 76 14 10 2.ÉCOSSE 5 1 1 0 0 56 10 10 2007 MARDI 3.ITALIE 4 2 1 0 1 38 94 00 ROUMANIE - ÉCOSSE 4.ROUMANIE 1 1 0 0 1 18 24 01 RUGBY 5.PORTUGAL 0 1 0 0 1 10 56 00 Les Blacks aussi ont peur Ils font trembler l’Ovalie avec leurs déboulés rageurs et leurs plaquages dévastateurs. Pourtant, eux aussi tremblent. LYON – de notre envoyé spécial ILS PORTENT un maillot noir mais n’en sont pas moins hommes. Eux aussi connaissent le doute et les nuits sans sommeil. « Avant chaque match on éprouve de l’appréhen- sion, avoue l’arrière Leon MacDo- nald. On se doit de la surmonter. » Lorsqu’ils tirent la langue à la fin du haka, rituel primal, il ne s’agit pas d’unegrimacepuérile maisd’exhaler la peur du tréfonds de soi. Dans cette danse ancestrale ils trouvent, ensemble, l’énergie du combat.Mais dans l’intimité de soi-même com- ment conjurer la peur ? « J’avais une phobie de la plongée sous-marine, confie Mils Muliaina. Mes coéqui- piers des Waikato Chiefs m’ont offert un baptême. Ce fut l’expé- rience la plus effrayante de ma vie mais,grâce àeux, je suis parvenuà la surmonter. Là on se sent grand. » À chaque match, le deuxième-ligne Ali Williams négocie avec sa peur. « Je flippe des serpents. Il n’y a rien à faire contreça. Lesouci c’est ma peur du vide. » En touche, il se retrouve propulsé à plus de quatre mètres du sol. « Si je regarde en bas ça me rend nerveux, alors je me concentre sur le ballon. » Une peur qu’a éprouvé Chris Masoe : « À dix-huit ans, en escalade, j’ai vécu la plus grosse frayeur de ma vie. Je suais, je trem- blais. Sans les encouragements de mes coéquipiers je ne sais pas ce que j’aurais fait. » S’ils n’éteignent pas la peur, les autres peuvent aider à la faire taire. « Je n’ai jamais été fan du saut à l’élastique, raconte Carl Hayman. Un jour j’ai accompagné des potes. Je leur ai dit “ allez-y ! Je reste en bas Les All Blacks Anton Oliver, Aaron Mauger pour filmer. ” Ils insistaient et j’ai dû et Byron Kelleher (de gauche à droite) pendant le rituel y aller. Je ne referais jamais un truc ancestral du haka : il ne s’agit pas de grimaces puériles, pareil ! » mais d’exhaler la peur du tréfonds de soi. Hayman avoue qu’il n’a pas évacué (Photo Brendon O’Hagan/AFA) Noir Bleu son appréhension. « La peur ne dis- paraît jamais totalement, analyse Noir Bleu Wayne Smith, l’entraîneur adjoint des Blacks. Mais avec l’expérience motivé. Je savais que je gagnerais ça mais je n’ai plus peur, en tout on acquiert la certitude que l’on peut Rouge Jaune leur respect si je parvenais à le pla- cas. » – momentanément – la surmonter. quer. Face à la peur on a deux choix : Rouge J’avais le vertige moi aussi. Avec les Sous ses 120 kilos tatoués, le troi- Jaune s’esquiver ou faire face, en brave. » Crusaders, on escaladait des châ- sième-ligne Sione Lauaki reconnaît Un dilemme que ne se pose pas le teaux d’eau. C’était très dur mais je que « tout ce qui est inconnu fait capitaineRichie McCaw:« Ona tous voulais prouver aux autres que je ne peur,toutcedontonn’est pasprépa- la peur de l’échec. Moi le premier. La reculais pas. En tant qu’All Black, ré ». Pour cette raison, Aaron Mau- solution c’est de s’envoyer à fond. j’avais la peur de perdre, mais c’était ger a du mal à nager en pleine mer. Pour ne pas avoir de regrets. La peur aussi un carburant. Il faut parfois se « J’ai peur des requins. J’ai toujours il faut la voir en face. En rationali- forcer. Toute sa vie même. » la crainte de me faire bouffer une sant, elle s’efface. J’ai ma licence de jambe. Je crois que ça symbolise la Oliver : « Peur de pas pilote, quand je vole avec des gens peur de l’inconnu. Il faudrait que je être à la hauteur pas rassurés je leur dis : “Vous savez me documente sur les requins. » des attentes » s’ils vous arrive quelque chose je ne Mais la peur peut aussi naître d’un serais pas au mieux” .» Communi- traumatisme vécu : « Aux Samoa il y RescapédelaCoupedu quer pour étouffer la peur. « Entre monde 1999, le talonneur Anton Oli- a plein de légendes de fantômes et sept et dix ans, j’avais le vertige, de démons, raconte Jerry Collins. ver reconnaît que ce combat face à la confie le trois-quart aile Doug How- peur peut finir par peser. «Jene Moi ça ne m’a jamais touché. Par lett. Le pire c’était en avion. C’est en contre, un temps, j’ai eu peur des crains pas les araignées ou les trucs parlant avec mon père Simon que j’ai comme ça. Par contre, j’ai souvent coqs. À dix ans, chez ma tante je pu surmonter ça. Il m’a fait com- m’étais endormi dans une pièce peur de ne pas être à la hauteur des prendre qu’on ne pouvait tout attentes de mes coéquipiers. C’est contiguë au poulailler. Des petits contrôler, qu’il fallait faire confiance cousins ont ouvert ma porte et m’ont bien les responsabilités, ça donne un aux autres. Plus tard j’ai pu sans pro- recouvert le corps de grains pour les sens à l’existence mais parfois on a blèmes l’aider à travailler sur des poules. Là, ils ont ouvert la porte du envie d’être juste comme un gamin, échafaudages. » insouciant. » poulailler et je me suis réveillé en me Enfant, justement, Luke McAlister Collins craint faisant becqueter par les coqs. Je les redoutait les colères de son père les poules ai craints jusqu’au jour où pour pré- Charlie, joueur de XIII : Atteint des mêmes symptômes, le parer un repas, j’ai brisé le cou de « Je m’enfuyais en courrant. » Issu talonneur Keven Mealamu a trouvé l’un d’eux. Après ce sont eux qui me d’une famille de fermiers, Andrew des réponses ailleurs : « En avion, fuyaient. » Plus grave, la voix érail- Hore a tremblé après avoir été désar- j’étais décomposé quand il y avait lée, Rodney So’oailo confie : «Ma çonné par un cheval : «Jesuis des turbulences. Mains moites, le plus grande peur, ma seule peur, remonté dessus, je n’avais pas le cœur battant. Je pensais à ma c’est de perdre un proche. L’an pas- choix. C’étaitpas plus mal car lapeur famille. J’ai surmonté ça à travers la sé, j’en ai perdu un suite à une a fini par s’estomper. » prière, la foi en Dieu. » Longtemps attaquecardiaque. Fafuétait comme Aurayonfrayeurs, Dan Cartersesou- Reuben Thorne redoutait de parler mon frère. Ça a été dur à encaisser. » vient de son match de NPC, avec en public. « Je perdais mes moyens. Depuis Rodney n’a plus peur car il Canterbury, face à Wellington. Alors je faisais tout pour y échapper. sait que le rugby n’est qu’un jeu. « J’avais peur de Jonah Lomu. J’ai Aujourd’hui j’ai appris à faire face, à L’expression de la vie. regardé mes coéquipiers. Ça m’a me préparer. Je n’aime toujours pas KARIM BEN-ÏSMAIL La trop glorieuse certitude du rugby LERUGBY EST CONFRONTÉ au principal problème des places de 1987 à 2003). Cette hégémonie limite donc sports qui tentent de s’universaliser, alors même que leur l’intérêt des matches de poules : 46 % des rencontres se élite est restreinte : de très fortes inégalités répartissent sont conclues avec des écarts supérieurs à 30 points et par avance le rôle de chacun dans la compétition. Or, 11 % avec une différence allant de 60 à 140 points. Ces l’incertitude du résultat constitue la particularité du spec- effets de domination contrastent avec la forte intensité tacle sportif par rapport à tout autre spectacle. Ce qui lui concurrentielle du football : moins de 15 % des matches donne un caractère unique, à l’origine de la valeur spor- de la première phase des Coupes du monde de 1990 à tive et marchande de l’événement. La qualité dépend 2006 se sont terminés avec trois buts d’écart et moins de avant tout de l’opposition d’équipes de force sensible- 1 % avec six buts de différence. mentégale. Àdéfaut decet équilibre compétitif, l’inégali- Il est vrai que, selon l’avis des techniciens, près de la moi- té des potentiels réduit le suspense, tié des vingt sélections en lice ont un diminue le nombre de spectateurs et CHRONIQUE niveau allant de la Fédérale 2 à la l’audience des chaînes de télévision, Pro D 2 françaises. L’absence de cul- ainsi que le retour sur investissement pour les sponsors. ture rugbystique, le manque de moyens techniques, Le manque d’incertitude porte bien plus sur les diverses humainsetfinanciers, lafaiblesse duChampionnat natio- phases de qualification que sur l’identité du vainqueur nal expliquent cet immense fossé avec l’élite. final puisque les cinq Coupes du monde ont connu quatre Certes, le rugby professionnel a incontestablement vainqueurs différents. Mais plus destrois quarts de la pla- acquis un nouveau statut ces dernières années, notam- nète ne sont pas concernés par la pratique à un haut ment avec l’exposition médiatique de la Coupe du niveau du rugby.