Corruption Sur L'île : Martelly Et Manigat Mouillés
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Disponible: Cayes Jacmel Jérémie Miragoane Cap-Haïtien Port-de-Paix Ouanaminthe Zone Ouest Zone Centre Zone Artibonite LE POINT TOUS LES WEEK-ENDS Prix de l’exemplaire : 25 gourdes Vendredi 6 - jeudi 12 avril 2012 105e année • un siècle d’information www.lematinhaiti.com No 34303 Corruption sur l'île : Martelly et Manigat mouillés Dossier : p. 15-20 ACTUALITÉ AGORA SOCIÉTÉ CULTURE SPORT Des petits fermiers plus verts L’environnement : Le rara authentique Pascale Delaunay veut être P24 Acquisition de Voila par la Digicel P6 et plus performants P13 notre plus grand mal ! P22 et ses dérivés le catalyseur du changement P29 par Jean Michel Cadet par Paul Kagame par Jackson Joseph par Hudler Joseph par Gérald Bordes 2 Actualité Vendredi 6 - jeudi 12 avril 2012 No 34303 Souillures ! par Daly Valet Un scandale de corruption entache insoutenable légèreté ! Les réactions du président Michel Martelly et de Mirlande Manigat aux « révélations » de la célèbre journa- liste d’investigation dominicaine, Nuria Piera, sont assez par- les autorités dominicaines et haïtiennes Ôlantes. Elles témoignent du refus persistant d’une certaine élite politique par Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant) et gouvernante haïtienne de s’expliquer par-devant la nation quand les faits et les événements la mettent en demeure de le faire. Rien ne dit que n scandale de corrup- M. Martelly et Mme Manigat sont, irréfutablement, coupables de quoi ce tion impliquant les au- soit. Mais rien ne dit non plus qu’ils sont au-dessus de tout soupçon. Le torités haïtiennes et do- financement électoral s’effectue dans une telle opacité qu’une forte péné- Uminicaines provoque de fortes tration de l’argent sale dans le processus politique ne serait pas à exclure. turbulences dans les deux pays La bonne réputation dont jouissait jusque-là la professeure Manigat se partageant l'île d'Hispanio- ne l’exonère point du devoir d’inventaire à l’heure de la reddition des la. Il a fait une première vic- comptes. De même que le statut de président de M. Martelly au pays de time, le Premier ministre haï- l’arbitraire d’État et de la permissivité ne saurait le dédouaner de l’obliga- tien, Garry Conille, qui a remis tion éthique de rendre des comptes à son peuple sur l’état de ses comptes sa démission après avoir décou- électoraux. Et dire que les dérapages financiers illicites semblaient avoir vert le pot-aux-roses. Le scan- continué au-delà de cette campagne électorale des plus distordues. S’il dale prend de l'ampleur alors est un moment où un dirigeant et des politiques haïtiens, éclaboussés que la République dominicaine dans un scandale d’argent, doivent s’expliquer au pays, c’est bien celui- aborde la dernière ligne droite là. Leur moquerie, leur indifférence, leur silence, leurs demi-mots et leur de la campagne avant le scrutin suffisance ne sauraient suffire à un peuple de citoyens qui attendent le présidentiel du 20 mai et qu'Haï- meilleur de ceux qui aspirent à les gouverner. À défaut d’être d’irrépro- ti, toujours privé de Premier chables saints, ils se doivent, au moins, d’être d’indéniables modèles. ministre, est agité par la contro- Dans son discours de fin de mandat le 17 janvier 1961, le pré- verse sur la nationalité du prési- Le président Michel Martelly et son homologue dominicain, Leonel Fernandez. sident américain, Dwight Eisenhower, avait alerté son peuple sur dent Michel Martelly et les ma- les dangers d’une influence grandissante et illégitime du complexe nifestations d'anciens militaires. taisistes » à un « lynchage mé- telle qu'il confiait récemment à militaro-industriel sur le gouvernement. Ce complexe d’argent et de Jean Max Bellerive, le prédé- diatique » pour « faire obstacle à un journaliste en ignorer le mon- pouvoir se réfère à ce « triangle de fer » fait de chefs militaires, des cesseur de M. Conille, avait at- la politique de changement et de tant. Alors que son patrimoine responsables des industries de l ’armement et d’influents parlemen- tribué huit contrats de construc- modernisation de l'État que le déclaré en 1996 n'était que de taires des commissions de la défense. La collusion de ces forces peut tion, en une seule journée, le 8 président de la République com- 547 000 pesos, ses seuls biens avoir pour effet de pervertir le processus démocratique, de rendre novembre 2010, pour un mon- mence à instaurer ». immobiliers valent aujourd'hui obsolète le vote populaire et de faire des lobbies de l’argent et de l’ar- tant de 385 millions de dollars Ancien tailleur devenu in- plus de 396 millions de pesos, mement les principaux déterminants des choix des gouvernants et (290 millions d'euros) à trois génieur, Felix Bautista est l'un selon les documents comptables des politiques publiques. Nous savons aujourd’hui que les élections compagnies appartenant au sé- des principaux contributeurs obtenus par Nuria Piera et Le aux États-Unis sont d’abord un « show d’argent et de millions ». nateur dominicain Félix Bau- du Parti de la libération domi- Monde. Accusé du détourne- L’enquête dite « La route des millions » de Mme Piera et les docu- tista. Une commission d'audit nicaine (PLD), le parti au pou- ment de 50 millions de pesos, il ments comptables qu’elle a obtenus conjointement avec le prestigieux formée par M. Conille a jugé voir à Saint-Domingue, dont il a connu la prison après la défaite journal français Le Monde ne peuvent qu’inquiéter, du côté d’Haïti, que l'attribution de ces contrats, est secrétaire à l'organisation. électorale du PLD en 2000. s’ils s’avèrent réellement fiables et authentiques. L’argent semble avoir financés par des fonds véné- Bénéficiaires de juteux contrats Depuis le retour au pouvoir kidnappé nos processus politiques et électoraux. Nos scrutins occa- zuéliens, avait été irrégulière et de travaux publics attribués par de Leonel Fernandez en 2004, sionnent des dépenses somptueuses et orgiaques qu’autorisent une portait préjudice aux intérêts de l'Office de coordination des tra- ses affaires ont rapidement pros- régulation déficiente et des autorités publiques de contrôle laxistes et l'État haïtien. vaux de l'État qu'il a longtemps péré en République dominicaine corrompues. Un tournant assez dangereux pour une démocratie en- Selon des documents comp- dirigé, ses entreprises ont reversé et se sont étendues à Haïti et à core balbutiante et dans un contexte régional et subrégional de perver- tables obtenus par la journaliste des dizaines de millions de pesos Panama. Mis en cause dans plu- sion grandissante des appareils politiques, administratifs et bureaucra- d'investigation dominicaine Nu- (1 euro = 50 pesos) aux caisses et sieurs affaires de malversation tiques par les milieux mafieux. En Haïti, même les relations sociales ria Piera et Le Monde, le prési- aux dirigeants de ce parti. et de détournement de fonds semblent s’être monétarisées. Les consciences, le bulletin de vote et les dent haïtien, Michel Martelly, a publics, et pour l'attribution règles donnent, à présent, tous lieu à des négociations marchandes. reçu des versements, en chèques Fortune personnelle d'un contrat de gré à gré à une Nous savions, par ailleurs, que les Dominicains ont déjà pris leur re- et en liquide, d'un montant de 2 entreprise du narcotrafiquant, vanche historique sur nous et qu’ils ont pu faire du marché haïtien le pre- 587 000 dollars, d'entreprises ap- Considéré comme un fils par Figueroa Agosto, Félix Bautista mier déversoir pour leurs produits de bonne et de mauvaise qualité. Nous partenant au sénateur Félix Bau- le président dominicain, Leonel a échappé à la justice, contrôlée ignorions, cependant, qu’ils influençaient autant la politique haïtienne par tista et à ses proches. Ces fonds Fernandez, Felix Bautista a accu- par le président Fernandez. Il l’argent et qu’ils capturaient, de là, par le biais de réseaux clientélaires, nos lui ont été remis par les sociétés mulé une fortune d'une ampleur jouit d'une immunité parlemen- processus décisionnels étatiques. Troublant. Ce scandale politico-finan- Hadom, Doce et Rofi, apparte- cier qui secoue toute l’île appelle à une réévaluation des relations haïtia- nant au sénateur Bautista. no-dominicaines. D’autant qu’une forme de relation vassale paraît s’être développée entre les deux pays, laquelle désavantage Haïti au double plan « Accusations économique et politique. Il vient surtout remettre en question et souil- fantaisistes » ler, rétrospectivement, les élans de solidarité manifestés envers Haïti par le Plusieurs versements sont président Leonel Fernandez après le séisme du 12 janvier 2010. Des élans antérieurs au second tour de que nous avions chaleureusement salués dans ces colonnes et dont nous l'élection présidentielle haï- espérions l’amorce d’une nouvelle ère de convivialité fraternelle entre les tienne remportée en avril 2011 peuples haïtien et dominicain. Les transactions mercantiles et irrégulières par M. Martelly. Le plus récent qui y ont fait suite et qui auraient profité aux plus hauts dirigeants d’Haïti – 150 000 dollars – date du 5 et de la République dominicaine, ainsi qu’à leurs proches et comparses, novembre 2011. Au cas où, M. sont à regretter. Elles resituent les relations binationales dans leur dyna- Bautista avait également arrosé mique traditionnelle de cynisme et de suspicions mutuelles. Mirlande Manigat, l'autre candi- Un haut diplomate haïtien m’a confié, récemment, que Washington date en lice pour le second tour. et Paris ne constituent plus l’axe central de la diplomatie haïtienne. À Une somme de 250 000 dol- l’en croire, pour Martelly et Lamothe, ces deux puissantes capitales occi- lars lui a été remise en liquide dentales ne font plus le poids, en termes de gains financiers pour Haïti, le 18 février 2011, entre les deux par rapport à Caracas et Santo Domingo.