Emergence et développement de la théorie financière de l’entreprise avant 1929 : la contribution de Thorstein Veblen Marion Dieudonné

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Marion Dieudonné. Emergence et développement de la théorie financière de l’entreprise avant 1929 : la contribution de Thorstein Veblen. Economies et finances. Université Paris sciences et lettres, 2017. Français. ￿NNT : 2017PSLED053￿. ￿tel-01823669￿

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Préparée à l’Université Paris -Dauphine

EMERGENCE ET DEVELOPPEMENT DE LA THEORIE FINANCIERE DE L'ENTREPRISE AVANT 1929: La contribution de Thorstein Veblen

cole Doctorale de Dauphine — ED 543 COMPOSITION DU JURY : Spécialité Sciences économiques

M. Jérôme de BOYER des ROCHES Université Paris-Dauphine Directeur de thèse

M. Richard ARENA Université Sophia-Antipolis Rapporteur

M. Alain BERAUD Université de Cergy-Pontoise Rapporteur

M. Thierry GRANGER Université Paris-Dauphine Membre du jury Soutenue le 26.04.2017 M. Thierry KIRAT par Marion DIEUDONNE CNRS et Université Paris-Dauphine Membre du jury

M. Edwin LE HERON Dirigée par M. Jérôme de BOYER des Sciences Po Bordeaux Membre du jury ROCHES M. Antoine REBERIOUX Université Diderot Paris-7 Président du jury !

LSUNIVERSIT PARIS -DAUPHINE nSentend donner aucune approbation ni improbation aux opinions mises dans les th ses ; ces opinions doivent tre consid r es comme propres  leurs auteurs.





E Comment dans cette vie br ve, htive, qu'accompagne sans cesse un bourdonnement impatient, descendre un escalier ? C'est impossible ! Le temps qui t'est mesur est si court qu'en perdant une seule seconde, tu as d j perdu la vie enti re, car elle n'est pas plus longue, elle ne dure justement que le temps que tu perds ! T'es-tu ainsi engag dans un chemin, pers v re  tout prix, tu ne peux qu'y gagner, tu ne cours aucun risque ; peut- tre qu'au bout tSattend la catastrophe, mais si d s les premiers pas tu avais fait demi-tour et si tu avais redescendu l'escalier, tu aurais failli d s le d but, cSest plus que probable, cSest mme certain. Ainsi ne trouves- tu rien derri re ces portes, rien nSest perdu, lance- toi vers dSautres escaliers ! Tant que tu ne cesseras de monter, les marches ne cesseront pas ; sous les pieds qui montent, elles se multiplieront  l 'infini ! F (Franz Kafka, pigraphe, Zohar, Tome I)

Remerciements

Je me dois de remercier tout dSabord mon directeur de th se, J rme de Boyer des Roches, pour avoir accept , depuis d j, quelques ann es, dSencadrer un m moire puis une th se sur Veblen. Bien quSau d part, vous tiez dubitatif concernant lSencadre ment dSun travail sur lSinstitutionnalisme, et tout particuli rement sur Veblen. Pour autant vous avez accept avec int rt. Mme si le travail de th se, sa coordination et la communication entre doctorant et superviseur ne sont pas toujours des plus faciles, je vous remercie pour votre temps, vos infatigables remarques et suggestions, la passion pour votre m tier, votre engagement pour les jeunes chercheurs ainsi que pour votre gentillesse et votre compr hension.

Merci galement  lSensemble des membres du jury dSavoir accept de prendre un peu de votre temps pour lire et estimer mon travail ; aujourdShui pour la soutenance mais aussi au cours de journ es dS tude ou de rencontres acad miques pour ceux que jSai eu la chance de croiser r guli rement au cours de ces ann es. Je vous en suis reconnaissante.

Je remercie les coll gues enseignants-chercheurs du SDFi de Dauphine. Un merci plus particulier pour Bertrand Villeneuve qui mSa accueillie dans le laboratoire - malgr la non-obtenti on dSun contrat doctoral pour financer ces ann es - dans des conditions mat rielles de travail tr s confortables, du d but  la fin. JSai eu la chance dSavoir un bureau me permettant dStre en interaction avec mes coll gues de lSuniversit , et donc non isol e ; ce qui nSest pas n gligeable, loin de l. Mais le laboratoire mSa galement financ e des colloques qui ont permis dSenrichir mon travail. CSest galement dans ce cadre que jSai obtenu un contrat administratif pour lSorganisation de la conf rence de lSADRES durant une p riode financi rement compliqu e, ainsi quSun contrat dSATER pendant 3 ans  partir de ma 3 me ann e de th se, suite  lSobtention du CAPES .

Par ailleurs lS coute et le soutien quSEve Caroli mSa apport e N ainsi quS bien dSautres doctorants - mSont permis sur les derniers mois de mener  bien cette th se et de garder confiance en moi, foi en ce que je faisais.

Je remercie galement Marisa Ratto et Mariana Rojas-Breu pour leur gentillesse, leur temps, leur relecture, et leurs mots toujours r confortants aupr s des doctorants et particuli rement en ce qui me concerne.

Merci  lSensemble des enseignants qui ont accept de me confier des charges de cours tout au long de ces ann es. LSenseignement a t pour moi le meilleur des moteurs.

Je remercie les r f r s des deux papiers que jSai envoy s aux revues History of Economic Ideas ainsi que European Journal of History of Economic Thought, pour leurs commentaires constructifs ainsi que lSensemble des personnes du milieu acad mique avec lesquel les jSai eu la chance et le plaisir dSavoir des discussions formelles ou non au cours de colloques, de rencontres, de diners. Je pense entre autres, et sans ordre pr tabli,  Guillaume Valet, Jean-S bastien Lenfant, Nicola Giocolli, Fabien Tarit, V ronique Dutraive, Laure Bazolli, J rme Maucourant, C dric Durant, Stephen Martin, Luca Fiorito, Sebastiano Nerozzi, Elodie Bertrand, Adrian de Leon, Ana Rosado, Analisa Roselli, Ragip Ege,  lSensemble des professeurs du s minaire H2M, ... jSen oublie certainement.

Ce travail de th se, quel quSen soit le r sultat et la consid ration acad mique, aura t pour moi les N un peu plus de N 4 ann es les plus riches de ma vie. Par richesse jSentends bien sur une nourriture intellectuelle pour lSesprit, mais pr esque secondairement au regard de lSopportunit que cette th se a t de me permettre dSapprendre  vivre E comme une grande F, et jSen ressentais certainement le besoin. En effet, je me suis confront e en partie par choix,  des tudes doctorales sans financement.

Les conditions de vie pr caires, on peut le dire, mais joyeuses des deux premi res ann es ont certainement t les plus formatrices. Pour autant, je ne les revivrais pour rien au monde, tant ma vie a chang depuis. Quand je revois la E journ e type F de ma premi re ann e de th se, je me dis que je ne E cherchais F pas beaucoup - comme diraient avec une pointe dSironie tous ceux qui mSentourent, non -initi s au milieu de la recherche. Toutes ces heures pass es  faire des sondages dans la rue,  compter les usagers du RER,  faire du baby-sitting,  distribuer des flyers tt le matin aux sorties de m tro,  donner des cours particuliers,  cumuler les vacations entre autres dSenseignement,  ranger les livres, mais aussi mSoccuper de lSaccueil et des emprunts  la biblioth que PMF ont rempli mes journ es. JSai une pens e sinc re pour tous ces gens qui ont fait mon quotidien durant ces deux ann es et qui mSont permis de r aliser N bien que je nS tais pas si nave avant N le monde dans lequel je vis. Car finalement, ma situation si souvent pleurnich e, nS tait pas si pr caire eut gard au dynamisme de ma vie et  mon entourage tr s pr sent ! Je rle souvent, cSest comme a, mais il faut en prendre et en laisser ! Et cS tait sans compter des amis formidables qui ont occup mes soir es, quand je nS tais pas au th tre ou au cin ma ! Puis il y a eu la d cision de passer le CAPES, courtant encore un peu ce temps dS tudes doctorales en 2 me ann e de th se, afin de mSassurer E un statut F comme dirait quelquSun qui mSest proche, mais surtout une vie et un m tier qui me plait. Ce concours a t lSoccasion de me rendre compte de choses simples, et dSenrichir encore un peu plus ma bulle de doctorants/professeurs qui constituent mes amis, et visiblement, eux, on les choisit !

Faire une th se est en fait une aventure permettant pl thores de rencontres, une exp rience, un moment  part et un beau moment.

Je commence E presque F par le meilleur, une fois nSest pas coutume N ces bons mom ents, je les dois en grande partie au partage dSune vie bien remplie avec mes anciens compagnons de master, aujourdShui doctorants ou enseignants. Cette th se nSaurait

d finitivement pas eu le mme got sans E les gar ons F qui ont r ellement t mes co- accompagnateurs,  d faut dStre mes co -bureaux, et surtout mes amis toujours pr sents.

Mais galement  ceux tout E comme moi F de la C104 (anciennement P155-158 et encore plus anciennement B313), d sormais amis doctorants et docteurs, ces co-bureaux qui ont t mon quotidien mais avec qui jSai aussi partag et je partage toujours des vrais moments de d tente, des soir es, des week- ends G Merci pour votre patience, votre coute, votre compr hension avec la ronchonneuse , votre juste mesure avec mon caract re, votre bonne humeur, vos id es d bordantes, nos d primes doctorales, nos discussions dSapr s -repas, nos discussions quand jSen avais besoin, nos diverses pauses caf , th ou juste pause parce quSon en a besoin, ces petits moments de laisser -aller non pr m dit s, mais aussi pour votre s rieux, ces entraides dans la pr paration des cours, des relectures de th se, bref, pour cette super ambiance de bureau. La transition va forc ment tre difficile, chacun ayant toujours eu un peu sa place finalement dans cette E vie de docS F. Mais ces E places F se transposent tr s bien dans la sph re r elle, hors du bureau, dans la vraie vie!

[JSadresse quelques mentions toutes sp ciales, dSune part pour mon binme hpiste de th se (op rateur informatique hors pair  ses heures !) et dSautre part aux quatre oreilles f minines qui ont t le soleil de ces derni res semaines, merci !]

Je pense aussi,  tous mes E vieux F amis toujours l, qui nSont certainement jamais tr s bien compris le choix de faire une th se, mais qui me connaissent en tous les cas comme quelquSun de toujours d bord e, prise par le temps plus que la moyenne, avec toujours dix mille projets en tte ! Merci les filles, les copains dSavant (E cSest cette ann e la fin de ta th se ? F), lS qui pe des ex-monitrices PMF, le groupe CAPES profs de SES, les doctorants E de partout F avec lesquels nous avons pass des moments tr s conviviaux lors de conf rences ou dSuniversit s dS t , les camarades de th tre et de zumba,  toi Marion, qui mSa toujour s encourag e malgr mon manque de disponibilit et parfois dS coute.



On sait o sont les vrais amis. Amis de loin parfois pass s en second plan dans mes priorit s, merci dSavoir compris N ou essay ! , de mSavoir laiss e le temps, et dStre finalement rest s sans rien me reprocher !

Enfin, je ne peux omettre de mentionner, cet Autre N qui vit lui aussi cette exp rience doctorale - qui mSa support e ces derni res semaines, qui a endur mes humeurs et mon moral oscillant mais qui a pourtant pris tout cela avec sourire et optimisme comme  son habitude, rendant cette derni re ann e de th se tellement plus douce. Tu as toujours t de bons conseils,  lS coute, bienveillant ; en fait toujours l, et depuis le d but. Merci pour tout cela.

[Un dernier immense merci pour ton aide, ton temps et tes commentaires justes et r fl chis qui mSont tellement aid e sur les derniers jours de r daction !]

Le dernier mot va toujours au plus important, et ce sont bien sr mes parents. On ne se dit pas toujours les choses, pou rtant cSest important et les parents sont ce quSil y a de plus pr cieux. Merci  vous de mSavoir si bien choy e, dSy avoir cru, dSavoir t un soutien inconditionnel, merci pour ces week-ends de d tente, merci de mSavoir permis tout a ! Merci dSavoir t  la fois la voie et la voix de la raison mais aussi celle de la fiert et de la confiance, confiance qui nous manque parfois. Mais vous savez, cette th se nSest ni une fin en soi, ni un but ultime, en revanche cSest effectivement quelque chose  mon actif , de termin . Une tape de plus vers cette autre chose vers lequel on/je court/s, et qui finalement ne sSarrte jamais. Bref, merci dStre de si chouettes parents, cSest la plus belle des chances!

[Une derni re mention sp ciale  mes quelques relecteurs, qui se retrouvent par ailleurs dans ces remerciements ; again , merci !]



Je vais conclure en vous disant que malgr une certaine volont et d termination  terminer ce que jSentreprends, cette th se a t lSobjet de bien des inter rogations, notamment sur les derniers mois. Je dois avouer quSil mSen a fallu de peu pour ne pas laisser tomber et partir vers dSautres horizons (lSenseignement des SES dans le secondaire, ce nSest pas si loign ). Il aurait t bien sr un peu dommage dSa bandonner  un stade o E le boulot est fait F, et finalement quand tous nos amis autour de nous terminent galement leurs th ses (joies et claps de fin !). DSautant que Veblen mSa interpell e il y a bien longtemps, au d tour dSune recherche sur Google durant lS t 2011 o je suis tomb e sur un texte de Pierre- Andr Julien. Depuis il mSa accompagn e, et nous sommes en 2017 d sormais ...

Merci  tous, pour les moments partag s bons comme moins bons, soutiens, sourires, soir es, discussions se voulant scientifiques ou non, ces week-ends, ces vacances, ... bref une vie de doctorant cSest avant tout une tr s belle vie sociale, des changes, des rencontres enrichissantes, et une vie dS tudiant -prof qui dure dure dure ... Toutes ces choses, en plus dSaimer ce que lSon fait N apprendre  chercher et  enseigner - , font que malgr de tr s nombreux mauvais ct s ou moments difficiles, de doute, de remise en question, de perte de confiance, cette th se reste une tr s belle exp rience.

Finalement, faire une t h se il fallait vraiment le vouloir, je mSen rends compte aujourdShui. Je ne sais pas si a en valait le coup mais je crois que je ne regrette pas car il me semble d j tre nostalgique de ces ann es de doctorat G

Encore une fois, merci  tous, pour tout.

Marion



TABLE DES MATIERES

Remerciements ...... 7

INTRODUCTION GENERALE ...... 19 1. MOTIVATIONS ET ENJEUX DE LA THESE : ...... 21 2. CONTEXTE DE LA THESE : UN PANORAMA HISTORIQUE DE LA FINANCE DSENTREPRISE ET DE SA GOUVERNANCE ...... 29 a. le contexte conomique

a.1. L'importance du march financier a.2. L'histoire de l'essor du capitalisme industrialo-financier a.3. Les mutations des structures de la grande entreprise

b. le contexte politique, l gislatif et institutionnel 3. VEBLEN, UN INSTITUTIONNALISTE ...... 42 a. Veblen, un conomiste  part

b. L'Institutionnalisme en question 4. PLAN DE LA THESE : ...... 47

LE VOCABULAIRE E VEBLENIEN F ...... 54

PARTIE I : ...... CONTRIBUTION ANALYTIQUE DE VEBLEN A LA FINANCE DSENTREPRISE ...... 56

INTRODUCTION PARTIE I : ...... 58



1. INVESTISSEMENT, STRUCTURE DE FINANCEMENT ET STRUCTURE DE GOUVERNANCE ...... 58 2. DANS QUEL CONTEXTE DOIT-ON CONSIDERER CES PROBLEMATIQUES SUR LSINVESTISSEMENT ET LES STRUCTURES DE LSENTREPRISE ? ...... 65 3. LA PLACE DE VEBLEN DANS CES STRUCTURES THEORIQUES ..... 70 4. QUELS ENJEUX SONT SOULEVES PAR LA PARTIE I ? ...... 75 5. OBJECTIFS DE LA PARTIE I : ...... 78

CHAPITRE 1: ...... CREDIT, SHARES AND GOODWILL :A VEBLENIAN TRINITY ... 86 0. INTRODUCTION ...... 87 1. CREDIT, SHARES AND GOODWILL ...... 91 a. Credit and business enterprise b. A first goodwill c. A two-fold approach to capital and shares 2. FINANCIAL INSTRUMENTS, INFORMATION AND MONOPOLY .. 108 a. Historical emergence of goodwill b. Goodwill: the relationship between insider and outsider c. The second goodwill 3. CONCLUSION ...... 119

CHAPITRE 2: ...... THORSTEIN VEBLENSS 1904 CONTRIBUTIONS TO Q AND INSIDER/OUTSIDER ANALYSIS ...... 122 0. INTRODUCTION ...... 123 1. Q IS ALL THAT MATTERS ...... 126 2. KEYNESSS Q PIN TWO STEPSQ ...... 127 3. VEBLENSS Q = GOODWILL ...... 134



4. VEBLENSS Q, MANAGEMENT AND ABSENTEE OWNERSHIP ...... 141 5. VEBLENSS GOODWILL AND HILFERDINGSS PROMOTER PROFIT 147 6. CONCLUSION ...... 154

PARTIE II : ...... VEBLEN ET LSEMERGENCE DE LA FINANCE DSENTREPRISE : DE LA PRATIQUE A LA THEORIE 156

INTRODUCTION PARTIE II: ...... 158 1. QUELS ENJEUX SONT SOULEVES PAR LA PARTIE II ? ...... 158 a. Une mise en perspective de la th orie financi re de l'entreprise chez Veblen b. M thodes et enjeux du travail archivistique 2. DANS QUEL CONTEXTE DOIT-ON CONSIDERER LSEMERGENCE DE LA FINANCE DSENTREPRISE EN PRATIQUE ET AU NIVEAU ACADEMIQUE ? ...... 162 a. La situation tats-Unienne 1850-1920, en bref b. Un tat de la finance d'entreprise avant les ann es 1950 c. L'enseignement de la finance d'entreprise 3. VEBLEN ET SON ENVIRONNEMENT INTELLECTUEL (1884-1929) .. 175 4. OBJECTIFS DE LA PARTIE II ...... 184

CHAPITRE 3 : ...... INVESTIGATION DANS LA LITTERATURE PIONNIERE DE FINANCE DSENTREPRISE :VEBLEN ET LES PREMIERS MANUELS ...... 188 0. INTRODUCTION ...... 189



1. THORSTEIN VEBLEN ET LA LITTERATURE EMERGENTE DE LA FINANCE DSENTREPRISE ...... 194 a. Une revue de litt rature des premiers manuels b. Veblen et les auteurs de ces premiers manuels: Ripley, Dewing and Co.

i. William Zebina Ripley ii. Arthur Stones Dewing 2. PREMIERS ANALYSTES DE LA FINANCE DSENTREPRISE, MEAD - VEBLEN-LYON : UNE LECTURE COMPARATIVE DES STRATEGIES DSENTREPRISE ...... 216 a. Mead-Veblen-Lyon : contexte et premiers positionnements b. L'exacerbation de l'importance des titres financiers et du cr dit: capitalisation, relations de pouvoir et profit d'entreprise

i. Common et preferred shares ii. Le recours au cr dit et la pratique du trading on equity iii. L'enjeu central de la capitalisation et de la pratique du stock watering

c. Concurrence imparfaite, holdings , trusts et capitainerie d. S paration et dispersion de l'actionnariat : cons quences et solutions 3. CONCLUSION ...... 263 4. ANNEXE DU CHAPITRE 3 ...... 268

CHAPITRE 4 : ...... FINANCE DSENTREPRISE ET BUSINESS TRAINING IN HIGHER EDUCATION :HOSTILITES ET POUVOIRS OU LA GUERRE DES CAPITAINES ...... 270 0. INTRODUCTION ...... 271 1. DE LA CORPORATE FINANCE A LSEMERGENCE DU BUSINESS TRAINING : LA PLACE DES UNIVERSITES VERSUS DES ECOLES ...... 279 a. "Corporate Finance" : contexte de march de l'apparition de la discipline acad mique b. "Business Training": adaptation et volution des structures de formation des hommes d'affaires



c. Pouvoir et oppositions: hommes d'affaires et acad miques 2. HIGHER LEARNING IN AMERICA POUR VEBLEN ET SES CONTEMPORAINS : DES ECRITS QUI CONTRIBUENT AU DEBAT DE LSENSEIGNEMENT DES AFFAIRES ...... 299 a. La formation aux affaires dans les crits de Veblen b. La formation aux affaires chez E.S. Mead, F.W. Taylor, A.W. Shaw et F.W. Gay c. Institutionnalisation et enseignement de la finance d'entreprise: un bilan 3. CONCLUSION ...... 327 4. ANNEXE DU CHAPITRE 4 ...... 330

CONCLUSION GENERALE ...... 335 1. ENJEUX ET APPORTS DE LA THESE : LE VEBLEN E THEORIQUE F DU GOODWILL ET LE VEBLEN E PRATIQUE F DE LSENSE IGNEMENT ...... 337 2. LSACTUALITE DE LA FINANCE DSENTREPRISE ...... 344 3. LSACTUALITE DE LA PENSEE VEBLENIENNE ET INSTITUTIONNALISTE ...... GGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGG 348 4. LIMITES DE LA THESE ET PISTES DE RECHERCHES FUTURES ..... 350

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...... 355

ABSTRACTS ...... 387





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INTRODUCTION GENERALE

La pr sente th se sSint resse  la naissance et au d veloppement des concepts analytiques de financement et de gestion des firmes, au tournant du 20 e si cle. Nous pr sentons cette prise de conscience de la pratique dSentreprise et de ses concepts th oriques avant 1929.

La finance dSentreprise est lSun des champs dSanalyse de la finance -  ct de la finance de march et de la finance publique - qui travaille sur la compr hension des d cisions dSinvestissement, des choix de financement, de la politique de r mun ration ainsi que sur la pr vision et lSoptimisation des r sultats et performances de la firme. Elle est une discipline centrale car les pratiq ues quSelle tudie peuvent se r v ler d stabilisatrices pour lS conomie mais aussi pour la gestion des organisations entrepreneuriales et leurs structures elles-mmes. Elle utilise les m thodes de la finance, mais appliqu es  lSentreprise. Elle tudie les d cisions concernant des op rations de financement, les transactions de titres financiers, la recherche dS quilibre financier afin que lSentreprise connaisse croissance et profitabilit . Elle analyse principalement la valeur de lSentreprise, mettant en exergue ses atouts sur le march et cherchant  annihiler les risques de fonctionnement et de financement.

Pr cisons que la finance dSentreprise connait trois p riodes de d veloppement. Tout dSabord lS re dS mergence qui prend place entre la toute fin du 19 e si cle et la crise de 1929. La crise dessine par la suite un tout autre paysage pour la finance de Wall Street et la structure du march industrialo-financier. Vient ensuite lS re de pr -moderne de finance dSentreprise, qui d bute notamment avec les travaux dits E fondateurs F



IJ `QR%H 1QJ GXJX`:CV C dSAdolph Berle et Gardiner Means concernant la gouvernance dSentreprise. Plus g n ralement, cette p riode est galement marqu e par lSh g monie keyn sienne dans le raisonnement conomique. Berle et Means, comme John Maynard Keynes 1 sSint ressent au lien entre march financier et entreprise. On peut ais ment rapprocher leurs points de vue car ils soul vent tous trois lSenjeu des fonctions de propri t et de contrle, et surtout les implications de leur s paration 2. Cette p riode dSapr s Grande D pression du 20 e si cle, voit apparatre le capitalisme manag rial chez Berle et Means, mais aussi le capitalisme dSentreprise chez Schumpeter et Keynes estime que le capitalisme menace la coh sion sociale. Ils laborent des discours  lSencontre de lSinstabilit du march et des institutions qui y agissent. Cette p riode sSach ve avec le th or me de Modigliani -Miller qui r volutionne la pens e financi re. A partir de ce th or me, pr sent dans lSarticle PThe cost of capital, corporation finance and the theory of investmentQ et publi en 1958, on consid re tre entr dans lS re de la finance moderne . Nous nous attachons  tudier lS re dS mergence qui soul ve en r alit , les mmes questions que celles qui se posent  la th orie contemporaine de lSentreprise, sur les d cennies suivantes.

La th matique de ce travail de th se est E Emergence et D veloppement de la th orie financi re de lSentreprise avant 1929 F. Dans cette perspective, nous souhaitons montrer que Thorstein Bunde Veblen (1857-19 29) est lSun des premiers th oriciens clair s de cette filiation dSanalyse pr -macro conomique de la finance dSentreprise. Il nS tait pas possible de couvrir lSensemble de cette p riode de d veloppement dSune cinquantaine dSann es. Nous avons donc opt pour un focus sur lS re pionni re et novatrice, concentr sur les ann es 1904-1923, que les crits E v bleniens F d limitent. En effet, Veblen publie The Theory of Business Enterprise en 1904 et Absentee Ownership Business Enterprise in Recent Times: The Case of America en 1923. Ses travaux pr sentent une approche originale

1 Keynes connait Berle puisquSil le rencontre lors dSun s jour aux tats -Unis en 1933 (Ali Bouhaili & Slim Thabet, 2008, 27) ; mais aussi Means avec qui il correspond et n gocie le syst me mon taire international en 1943. 2 Cette caract ristique de la gestion moderne est d j pr sente dans les crits institutionnalistes am ricains du premier quart du si cle. Ils soulignent galement lSexc s de pouvoir dans les mains des dirigeants et le poids des actionnaires. 

IJ `QR%H 1QJ GXJX`:CV C de lSentreprise dSaffaires et des structures institutionnelles, dans le cadre dSun march financier instable. Par ailleurs, les grands bouleversements induits par la crise de 1929 viennent modifier la vision de lSactionnaire et de la finance. Tout comme la r volution keyn sienne, qui met  mal lSinfluence de Veblen ou tout autre embryon de mouvance conomique cherchant  sSinstaller.

1. MOTIVATIONS ET ENJEUX DE LA THESE :

Tout dSabord, les crits de Thorstein Veblen sSancrent dans une conomie financiaris e et monopolis e, dont il est contemporain. Nous consid rons quSun clairage sur la vision financi re de lSentreprise peut tre trouv dans ses travaux. La litt rature secondaire nSa pas suffisamment d velopp certains propos centraux chez Veblen, concernant la nature du capital dSentreprise. En effet, sa r flexion, bien que descriptive, est pr coce sur cette th matique, au regard de la litt rature mergente de la d cennie 1910 sur laquelle nous nous attarderons. Notre capitalisme actuel est clairement lSh ritage des d veloppements du tournant du si cle, dans lequel lSanalyse de Veblen sSins re.

Par ailleurs, il existe une r elle difficult  penser lSentreprise dans lShistoire de la pens e conomique, y compris macro conomique. AujourdShui, la th orie de lSentreprise regroupe divers champs dS tudes et nous livre une analyse riche,  la fois sur la notion dSentrepreneur, le moral des entreprises, sur les structures de march et lS tat de sant de lS conomie, les strat gies dSinvestissement, la constitution de portefeuilles, les l gislations, ou encore les comportements dSiniti s G Or ces concepts sont d j pr sents chez Veblen, certains sous la forme dSintuitions, dSautre de mani re tout  fait explicite.



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On consid re g n ralement la naissance de la macro conomie avec la publication de la Th orie G n rale de Keynes en 1936. Pour autant, les analyses des institutionnalistes sont consid r es comme pr -macro conomiques. En effet, les institutionnalistes sont de fins observateurs des ph nom nes globaux, avec des pr occupations en termes de politiques conomiques. Dans lSoptique que nous pr sentons, ils articulent la th orie de la firme  la logique de march et analysent, avant Keynes, les op rations des entreprises ainsi que lSimpact sur les march s et la soci t . Veblen lie les rapports industriels aux financiers et cet ensemble forme un grand march capitaliste. Il en donne la vision dSune construction sociale grce  laquelle il analyse le pouvoir du monde des affaires mais aussi les agissements des pouvoirs publics sur la vie conomique. Veblen sSattache  d crier les r percussions des relations entre finance et grandes entreprises, afin de d voyer lSinstabilit financi re, la stagnation, la d pression, lSeuphorie i.e. des pr occupations macro conomiques  imputer aux comportements micro conomiques des dirigeants dSentreprise. LSinstitutionnalisme raisonne autour de processus financiers et commerciaux du capitalisme. I l pense le march et lSentreprise comme des institutions. LSentreprise, en tant que partie prenante de ce march , affecte la structure de ce dernier par ses op rations et a en cons quence, un rle central dans le capitalisme financier.

Veblen d veloppe par ailleurs une philosophie analytique importante, largement tudi e par la litt rature sur les motivations et la compr hension des comportements des agents dans la soci t (notamment avec sa th orie des instincts). Notre tude de Veblen se porte sur lSanal yse pr - macro conomique quSil livre sur le capitalisme, en observant et th orisant lSentreprise dans son rapport au march et en cons quence, dans son rapport aux institutions et r gles qui lSadministrent et le r gulent. Cela nous am ne cependant  regarder quelques principes de micro conomie financi re, les comportements internes  la structure dSentreprise entre managers et actionnaires, mais aussi entre actionnaires. Pour d crire cela, nous avons recours  quelques lectures de bilans comptables. Veblen livre donc une analyse globale, en sus de percevoir et dSint grer les m canismes conomiques de base autour des prix, des taux dSint rt, des cycles.



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Nous verrons quSune litt rature secondaire importante - qui d montre la richesse des propos E v bleniens F - sSest int ress e  ses crits. Veblen est particuli rement tudi pour son approche volutionniste de lS conomie, sa s mantique et son pragmatisme, sa th orie des instincts, ou encore la fameuse notion de E classe de loisirs F ou classe oisive quSil d v eloppe originellement en 1899 dans The Theory of the Leisure Class . Dans une moindre mesure, Veblen est pr sent pour son approche des cycles et sa th orie du capital. Nous nous situons dans cette derni re cat gorie, avec la pr sentation de lS mergence de la finance dSentreprise en tant que discipline pratique et th orique. Pourtant, la litt rature secondaire sp cialis e dans le E v blenisme F des affaires connait des limites, des confusions et des incompl tudes 3. Il sSagit dans cette th se de mener une nouvelle lecture de Veblen sur ces sujets, tentant de compl ter, en partie ces manquements.

Par ailleurs, il existe aujourdShui pl thore de th ories qui cherchent  analyser lSentreprise et  expliquer ses structures tr s mouvantes. Pourtant jusquS la domina tion des doctrines n oclassiques, r gne une sorte dS nigme autour de la firme et des organisations. En effet, il faut attendre la d cennie 1970S pour int grer lSentreprise dans la pens e traditionnelle, qui jusquSalors, nSest rest e quSun objet dS tude mar ginal. Nous reviendrons dans lSintroduction de la partie I sur son int gration progressive dans la th orie depuis les ann es 1870. CSest aussi une des raisons qui am ne la th orie conomique  pr senter r guli rement lSentreprise comme une boite noire - ou grise - de par la diversit de ses formes de rationalit s, de coordinations, de propri t s, de structures ... DSautant que la finance de march , comme celle dSentreprise ne sont tudi es quSau regard dSun d but de formalisation, sans r el penchant macro c onomique  partir du milieu du 20 e si cle. Ce qui justifie dSautant notre int rt pour cet agent institutionnel, central dans la vie conomique et ses bouleversements. Nous en

3 On peut souligner particuli rement les travaux de : A.A. Bolbol & M.A. Lowevell (2001) ; C.C. Chandler (1959) ; J.V. Cornhels (2004) ; J.B. Dirlam (1958) ; J. Dorfman (1934) ; J.S. Evans & C.G. Leathers (1980) ; M.A. Gagnon (2007a) ; W.T. Ganley (2004) ; E.R. Hake (2001 & 2004) ; F.G. Hill (1967) ; L.L Lawson & C.L. Lawson (1990) ; A. Mayhew (2007) ; H. Mesure (2007) ; P.A. OSHara (1993) ; J.P Raines & C.G. Leathers (1992) ; M. Rutherford (2005b) ; H. Wells (2010) et L.R. Wray (2007). 

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tablissons une lecture, du tournant du 20 e si cle,  travers les lunettes de lS histoire de la pens e conomique.

Nous posons les objectifs de cette th se, ils sont triples :

1. Tout dSabord, nous montrons que Veblen sSinscrit comme un macro- conomiste de la th orie financi re de lSentreprise qui livre une r flexion pionni re, conomique, comptable et manag riale , restant tr s actuelle.

En effet, il sSagit de montrer que le tournant du 20 e si cle que nous tudions est celui de lS mergence de la finance dSentreprise , mais aussi de d bats centraux aux tats- Unis, autour du capita l et du positionnement dSinstitutions phares que sont lSentreprise et lSuniversit .

Pour cela nous mettons en exergue la th orisation du concept de goodwill , dont les enjeux sont encore peu tudi s au d but du si cle. La traduction fran aise de goodwill re nvoie  la notion dS cart dSacquisition. Il sSagit de lSactif intangible de la firme, celui quSelle ne peut vendre s par ment de son entit globale. CSest le cMur de la capitalisation des soci t s financi res de lS poque. Veblen insiste sur la pro minence des droits de propri t de deux types dSactions et de leurs diff rents taux de capitalisation pour engendrer du goodwill,  lSactif du bilan de lSentreprise. Veblen le per oit comme un l ment financier et commercial strat gique des entreprises, un b n fice dSexploitation suppl mentaire. Il en identifie une double origine : le premier relevant de lSeffet de levier du cr dit est un goodwill dSacquisition; le second est un goodwill de pouvoir de monopole de lSentreprise. On peut aussi retenir dans un premier temps la d finition de Hugh Hughes :

Pa differential advantage accruing to a corporation in terms of its dominant goals N the ability to generate superior profits by whatever means to finance the technostructureSs growth, usually by selling goods through purposeful manipulation of the consumerSs customs and habitsQ (H. Hughes, 1982, 194).



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2. Nous retra ons la prise de conscience des relations entre valorisation, information et fragilit financi re qui se refl tent dans la structure des entreprises et leur management .

Nous montrons que les crits de Veblen peuvent tre inscrits dans la filiation de la th orie de lSinvestissement, la Q -th orie, bien connue avec lSanalyse de 1969 de . Selon nous, cette filiation d marre avec les crits de Veblen en 1904. La vision du capital et celle de lSinstrumentation du cr dit comme outil de profitabilit de lSentreprise, sont v hicul es au cours de la premi re moiti du 20 e si cle. Elles am nent  pr senter une structure financi re non neutre. Th oriquement, ce nSest d sormais plus le cas depuis que le th or me de Modigliani-Miller apparat, en 1958. Pour autant, il apparat important de reconstruire lShistoire de cette erreur de raisonnement d s lors quSelle a marqu 50 ans de th orie du capitalisme financier et entrepreneurial.

3. Nous soulignons que Veblen est un th oricien de la finance dSentreprise tudi d s le d but du si cle  lSuniversit , mais aussi un des premiers sp cialistes en p dagogie concernant lSenseignement des affaires . Cela nous permet de mettre en vidence des rapports de pouvoir conflictuels entre pratique et th orie, entreprise et universit , discipline conomique et celle de gestion.

Ainsi, nous ins rons Veblen dans cette histoire qui retrace lSapparition de la th orie financi re de lSentreprise comme discipline acad mique. Les grandes firmes et la pratique entrepreneuriale des hommes dSaffaires de lS poque am nent les acad miques  th oriser cette pratique, afin de proposer des supports aux nouvelles formations professionnelles qui mergent. En effet le contexte de lS poque transpose lSanalyse de la finance de march  des enjeux en termes de finance dSentreprise. Une pr occupation qui relevait du domaine de la gestion devient un objet conomique. Veblen est un t moin privil gi du passage de la Business Enterprise  la Business Finance (ou Corporate Finance ). Il incarne aussi un point de vue particulier dans le d bat sur lS ducation en g n ral aux tats-Unis, et plus sp cifiquement sur la formation aux affaires au moment de la cr ation dS coles de 

IJ `QR%H 1QJ GXJX`:CV C commerce,  ct de lSenseignement universitaire. Notre travail contextuel cherche  appuyer et donner une coh rence  lSanalyse des implications du cr dit et du goodwill dans les strat gies dSinvestissement des entreprises. Veblen nous livre une analyse tr s large des probl mes pos s par le big business . Cela lSancre dans des pr occupations des affaires E totales F alimentant les d bats, plus larges sur le capital. Edward Sherwood Mead, Thorstein Bunde Veblen et Walter Hastings Lyon nous proposent une litt rature - au d but du si cle - de finance dSentreprise. Nous dressons une lecture analytique du vocable de la th orie financi re de la firme entre 1900 et 1923. Ces nouvelles pratiques et leurs concepts sont pr sent s dans les manuels destin s aux tudiants en business . Cela nous am ne  souligner les relations de pouvoir qui se dressent entre les E Capitaineries F chez Veblen et qui refl tent son constat sur la g ouvernance et sa perception dSune bonne gestion dSentreprise, mais aussi des instances dSenseignement.

Enfin, les enjeux th oriques et pratiques de la th se d coulent des trois objectifs que nous venons dS noncer.

1. Capital Intangible, Goodwill et Normes

Depuis la crise de 2007 lSenjeu et le regard d voluent  la finance de march ont volu , impactant en cons quence lSimage de la finance dSentreprise. Nous nS chappons pas  ces mmes consid rations aujourdShui, 10 ans apr s, ainsi quS un certain scepticisme ou une m fiance  lS gard du secteur financier. Ainsi, alors mme que la recherche de financement par les entreprises - quSil soit bancaire ou fina ncier - dans un contexte dS conomie -monde est un enjeu majeur, on fait face  une superposition des valeurs financi res et conomiques qui perturbent la vision que lSon peut avoir du march . Remarquons que banques et march s financiers sont indiff renci s chez Veblen. Corr lativement, le cr dit est un capital parmi dSautres. DSailleurs, plus g n ralement, jusquSen 1958 capital et cr dit sont assimil s. Selon Veblen, le cr dit est instrumentalis



IJ `QR%H 1QJ GXJX`:CV C pour servir les ambitions p cuniaires du milieu des affaires, les vested interests . Leurs comportements ne facilitent pas le fait de savoir si la valeur de lSentreprise renvoie  sa valeur boursi re ou  une autre valeur, une valeur fondamentale. La cotation en bourse dSune entreprise est cens e r v ler sa valeur potentielle, anticip e et non pas celle de ses fonds propres. Or aujourdShui les potentiels de croissance des cours, i.e. la valeur de la capitalisation de lSentreprise, sont relativement faibles si lSon analyse ce que refl te le march boursier. Mais cela est sans compter la non prise en compte des richesses immat rielles des entreprises (savoir- faire, r putation, marketing G). Les premi res th orisations et le premier vocable sp cifiquement d di nSapparaissent quS la fin du 19 e si cle, bien apr s les premiers besoins et la pratique de lSentreprise. Nous sommes toujours confront s aux mmes r alit s aujourdShui.

2. Investissement, Valorisation et Fragilit Financi re

Veblen dresse une analyse en termes de strat gies dSinvestissement, de financements de lSactivit , de lSorganisation interne de la gouvernance de lSentreprise ainsi que des propositions relatives  la formation aux affaires. Ces th matiques, que nous portons comme essentielles dans la th se, le sont autant  lS poque quSaujourdShui et il est ais ment possible de r actualiser les propos de cette p riode. En effet, la fa on de concevoir et dSorienter la structure de lSentreprise reste toujours un questionnement r gulier. LSenjeu est de comprendre que lSanalyse contemporaine de Veblen oublie quSil a t un th oricien du goodwill, et ne met pas en vidence cette nouvelle source de valeur intangible dans la th orie de lSinvestissement. Pourtant, lSallocation des ressources de lSentreprise a des implications en termes de valorisation et de gouvernance. DSautant que le lien entre investissement et gouvernance est particuli rement raviv suite  la crise, enclench e en 2007-2008. Au regard des ann es 2015 et 2016, durant lesquelles la France se positionne comme E le plus gros payeur de dividendes aux actionnaires F en Europe, pas sr que les strat gies dSinvestissement  vis e E court-termiste F et les enjeux de r partition des richesses aient t compl tement revus depuis.



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Alors mme que nous savons que les pr occupations de fi nance dSentreprise sont anciennes (on peut remonter jusquSau d but de la science conomique ), elles persistent toujours comme tant tr s contemporaines. Or, lS tude des cons quences de lSactivit entrepreneuriale sSancre dans des probl mes de r partition et de redistribution des richesses et de valeurs ajout es, questionnements particuli rement pr gnants dans les r flexions de politiques conomiques.

3. Capitalisme, P dagogie, et Formations

Tout comme le d bat autour des r gles de la comptabilit financi re de lSentreprise, la scission entre les d partements de gestion et dS conomie  lSuniversit est raviv e par les th matiques soulev es par Veblen. En effet, la place de lS ducation et de la formation est un enjeu central de nos soci t s. On per oit encore aujourdShui le d bat, p renne, ouvert au d but du si cle aux tats-Unis concernant le choix et la l gitimit face  lSenseignement priv ou public,  la formation professionnelle ou g n raliste,  lS cole ou lSuniversit .

Veblen se bat contre la logique manag riale qui sSimpose  lS cole et dicte les programmes. Il place lSuniversit comme devant tre lSinstitution formant les E ttes bien faites F face aux objectifs financiers et de r sultats. R guler le capitalisme industrialo- financier passe en partie par la formation dSesprits critiques parmi ces tudiants en commerce ou en finance. Or le tournant entrepreneurial de lSuniversit a bien pris place avec la E loi relative aux libert s et responsabilit s des universit s F (LRU) qui r organise en 2007 la fa on de penser lSenseignement sup rieur et lSautonomie des universit s.



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2. CONTEXTE DE LA THESE : UN PANORAMA HISTORIQUE DE LA FINANCE DSENTREPRISE ET DE SA GOUVERNANCE

a. Le contexte conomique

Nous ne pouvons pr senter Veblen dans ce contexte mergent de la finance dSentreprise sans revenir au pr alable sur quelques l ments de contexte conomique : financiarisation, concentration dSentreprises, r volution manag riale et conflits actionnariaux. En effet, pour Veblen il faut comprendre le climat financier pour dresser toute analyse macro conomique.

Le tournant du 20 e si cle est une p riode de controverses et dSinterrogations.

PIndeed, beyond the Cambridge controversies, earlier debates on relatively close issues between capital theorists are taking place .Q (A.J. Cohen & G.C. Harcourt, 2003, 210-1).

Un d bat sur le capital se met en place, auquel prennent part les institutionnalistes. Il alimente lui- mme dSextensibles discussions aussi bien sur le rejet de la vision n oclassique (qui raisonne sur la prod uctivit marginale) que sur la finance dSentreprise naissante et la valorisation de cet actif dSentreprise.

Le milieu des affaires a recours massivement au cr dit comme exp dient de leur qute du profit. Au tournant du si cle, le cr dit -  travers la valeur de lSentreprise et la r partition des r sultats de sa profitabilit - est au cMur des conflits entre prop ri t priv e et int rt public. Le cr dit am ne une valorisation sup rieure de la firme, qui permet en effet dSeffectuer des op rations financi res de plus grande ampleur. En d coule des interrogations sur la gouvernance dSentreprise. En effet, cette derni re sSint resse aux dispositifs institutionnel et comportemental qui sSappliquent aux dirigeants d'entreprise dans leur mani re de structurer leur activit et leurs d cisions. Chaque mode de



IJ `QR%H 1QJ GXJX`:CV C gouvernance renferme ses propres caract ristiques. Ce choix de gouvernance refl te la structure financi re et dSinvestissement de lSentreprise. Il permet de synth tiser les pr occupations particuli res en termes conomiques, financi res, informationnelles et sociales de l'entreprise.

a.1. LSimportance du march financi er

Il faut en effet souligner lS tat de la finance de march au moment o Veblen th orise son propos. Le cadre dSanalyse est celui dSun contexte de capitalisme financier, dont il tente de montrer les contradictions au regard dSune pr servation du E bien commun F du pays. Wall Street est cr e en 1792. La r volution industrielle amenant une forte croissance fait exploser le rle des march s boursiers au 19 e si cle. Les bourses de valeurs ont longtemps chang des obligations et ce nSest quS partir des d cennies 1880-1890 que les actions sont devenues importantes pour le financement des entreprises industrielles (Julien Mendez, 2012, 279). Les soci t s de chemin de fer sont les premi res grandes cotations  apparatre  la bourse. Pour autant, en 1880, Wall Street reste encore une petite communaut financi re  laquelle peu de m nages participent. Moins de 100 compagnies y sont dSailleurs list es. CSest pourquoi,  lS poque, selon William Worthington Fowler 4 tous les participants au march se connaissent personnellement. LSimpulsion est donn e  la fin de la d cennie 1880 et le capitalisme actionnarial prend place. L a croissance de lSentreprise N sa taille donc son pouvoir de march N accompagne en effet, d s 1890, la diffusion de lSactionnariat au sein des m nages am ricains dont la population croit. En 1900, H.T. Warshow (1924, 16) consid re quSil y a environ 4 400 000 actionnaires sur le march am ricain alors quSen 1922 on en compte 14 400 000. Ainsi, en 1925, on d nombre 14 millions dSam ricains qui sont devenus actionnaires. La structure de la soci t se modifie. En cons quence, la classe moyenne 5 sSagrandit (H. T. Warshow, 1924, 16-19). Ces m nages allouent une propension croissante de leur

4 Dans Twenty years of inside life in Wall Street; or, Revelations of the personal experiences of a speculator (1880). 5 A lS poque, les m nages qui re oivent entre 1000  5000$ par mois sont consid r s comme appartenant  la classe moyenne. 

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pargne  lSachat de titres financiers, dont ils esp rent un re venu r gulier. Cela permet le financement de la grande entreprise. La cotation en bourse et les changes financiers sur le march deviennent la norme. La panique de 1907, profond ment financi re, perturbe le d but du 20 e si cle et se traduit par un essor exceptionnel du cr dit et des titres pour le placement des liquidit s des banques dans le syst me financier. Cette poque sSaccompagne galement de lSapparition dSinterm diaires financiers (tels les trusts ). Ils sont dSune part  lSorigine dSinnovations financi res, mais aussi en mesure de faire des placements rentables, car risqu s. Pourtant, se manifestent d j quelques limites du syst me, annon ant les motifs des crises  venir.

I lS poque le d veloppement du capitalisme nSest pas le mme selon les pa ys. Mais il semble que ce soit la distinction de la propri t du contrle dans les entreprises mais aussi lSessor de la soci t  responsabilit limit e qui, progressivement, permettent lSinstauration du capitalisme financier comme quelque chose dSinstitu . Et pourtant cSest bien le cr dit et ses exc s qui vont d clencher les crises et perturber le cycle des affaires. De plus, la transformation du passif du bilan de la firme en titres financiers, permet aux prteurs dSinvestir tout en jouant une strat gie d e diversification des titres ainsi que des risques sur le march . Des statuts juridiques vont tre mis en place pour tenter de limiter la responsabilit des actionnaires et favoriser le d ploiement du march financier. Nous touchons le cMur du plaidoyer que livre Veblen quand il d nonce lSessence du capitalisme financier. En effet, comme nous lSavons dit, Veblen consid re que les banques et le march financier sont indiff renci s, ce qui rend la fronti re entre cr dit et capital plus fine. Le poids du financement devient une pr occupation majeure avec une pr pond rance forte de la valeur actionnariale 6.

6 Nous le verrons un peu plus loin, pour autant rappelons que le march volue tr s rapidement, mais que ce sont les d cennies suivant la crise de 1929 qui vont voir la figure de lSactionnaire rel gu e au second plan face aux contraintes et aux pr occupations li es  lS volution des principes de gestion de la firme. Ce sont les cons quences dSune d fiance envers les banques et la finance. Les principes actionnariaux laissent progressivement la place aux valeurs manag riales. Cela donne lieu, dSune part au r investissement croissant des profits dans le pr ocessus productif et dSautre part,  la volont de r duire 

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a.2. LShistoire de lSessor du capitalisme industrialo -financier

Le Gilded Age correspond  lSge dSor am ricain, entre 1865 et 1901, qui succ de  la guerre de S cession. Pourtant, les tats-Unis connaissent une grande d pression entre 1873 et 1896 puis lS conomie enclenche une p riode de reconstruction qui sSaccompagne dSune prosp rit d mographique et conomique, tir e par la r ussite industrielle des chem ins de fer mais aussi des banques. LSactivit conomique culmine en 1902. Industrialisation et d veloppement conomique tant intrins quement li s, le tournant du si cle donne lieu  une impressionnante expansion. Ce pic de croissance ouvre une p riode de monopolisation de lS conomie avec lS laboration de plans de concentration. Des choix de sp cialisations fortes sont act s, autour de pools de brevets et de savoir- faire. En effet, lSapparition des grandes entreprises a lieu entre 1870 et 1910 et elles sont les figures de proue de la croissance conomique am ricaine, de leur r volution technologique ainsi que de la r organisation des affaires. La firme devient un objet dS tude  part enti re. Elles d fient alors la th orie conomique, qui doit d sormais consid rer leur place, int grer la port e grandissante de leur comp tition et de la culture dSentreprise. En effet,

PThe main propositions of modern theory are established without reference to large firmsQ (Jack High, 2011, 85) Mais,

P[G] thanks to the work of business historians, the rise of big business in the is well understood and can be briefly summarizedQ (J. High, 2011, 86)

Une r f rence classique sur le sujet est celle dSAlfred Chandler avec The visible hand : the managerial revolution in American business , ouvrage publi en 1977.

le prix dSacc s aux biens de consommation (comme la voiture), sous lS gide de figures comme Henry Ford. Cependant, cette vision est celle des Trente Glorieuses et de lSapr s crise de 1929.



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Ce sont tout dSabord les chemins de fer et lSindustrie du t l graphe qui vont d velopper une large structure afin de r pondre  des besoins de r seaux complexes ainsi quS la production de services dans un pays si tendu. La baisse des cots, induite par lSaccroissement de la taille de la firme, permet de toucher davantage de consommateurs et de cr er un grand march national. Les ann es 1870 voient lSapparition, entre autres, de la Standard Oil pour le p trole et de la Cargenie Steel pour le milieu de lSacier. Ils acqui rent des positions dominantes dans leur secteur respectif et se d veloppent de la mme fa on, sur les deux d cennies suivantes, les industries de lS lectricit , du sucre et du tabac. En eff et, cSest en 1877 que les tats -Unis voient apparatre leur premi re grande combinaison industrielle  forte capitalisation. La Standard Oil contrle alors plus de 90% du raffinage et de la commercialisation du p trole aux tats-Unis (Burton Hendrick, 1919 [2002], 11).

Apr s avoir dans un premier temps rejet lSid e de consolidation, les combinaisons commerciales reprennent avec la grande fusion de 1895-1897. En 1900, les entreprises de p trole et dSacier dirig es par Rockfeller et Carnegie atteignent des capitalisations respectivement entre 122 millions de dollars et 1.4 milliard. De mme, l SU.S Steel Company fait partie de ces 1% de grandes firmes qui, en 1909, assurent 44% de la production industrielle. Or, la situation monopolistique apparat comme une menace concernant le mod le de r ussite am ricain. La composante E management professionnel F sS tend 7 dans lSentreprise et les banquiers comme les promoteurs N agents actifs des consolidations - y trouvent une position confortable. LSindustrie est effica ce et ils empochent les b n fices. Les divisions op rationnelles de la firme sont facilit es. Les trusts se d veloppent et contribuent  la structuration du march du d but du 20 e si cle. En effet, les Money trusts sont des agents financiers majeurs  fort pouvoir de march . Ce sont des soci t s dSinvestissement en partie sp culatives, qui utilisent d mesur ment les facilit s bancaires, notamment de prts, et vont cr er des d connexions fortes entre la

7 Voir Glenn Porter (2014) The Rise of Big Business 1860-1910 (43-71). 

IJ `QR%H 1QJ GXJX`:CV C valeur r elle des entreprises et celle de march . Des engagements financiers ne pourront alors pas tre honor s. Parmi eux, on trouve J.P. Morgan, pr sent  la fois dans le milieu bancaire mais aussi sur le march entrepreneurial. Il a le pouvoir de choisir quelle entreprise peut mettre des actions sur le march pour se financer. Ces magnats vont imposer leur pouvoir et cr er une opposition entre vis e industrielle et financi re. En effet, les grands magnats qui avaient le contrle des chemins de fer, des industries du p trole ou dSacier ont concentr les cap itaux disponibles grce  lSintroduction en bourse et  une forte cotation de ces entreprises sur les march s. Ils peuvent d s lors effectuer des op rations financi res, quels quSen soient les dommages pour lS conomie r elle. Ces d buts  la bourse et ces grandes op rations de fusion monopolisent le march . Les transactions dSactions sont principalement r alis es entre les capitalistes eux -mmes qui poss daient comp tences et connaissances dans les affaires et le syst me, puisquSils le cr ent. Des managers professionnels sont embauch s pour effectuer la maintenance des structures. Des innovations organisationnelles sont introduites, cr ant une division du travail entre la fonction du gestionnaire et celle du propri taire. Le fait de d l guer les tches fait merger une propri t indirecte qui sSincarne d s la d cennie 1880 dans la figure du manager. Capitalistes dSentreprise, industriels actifs dans une d marche productive dSune part, capitalistes financiers et sp culatifs dSautre part, sSaffrontent sur le ma rch financier, en qute du profit. La question de la responsabilit sociale de lSentreprise et du partage des richesses est alors soulev e.

Ces agents institutionnels forts sont ce que Veblen appelle des vested interests , i.e. des int rts tablis. Tout vested interest est un actionnaire, mais tout actionnaire nSest pas un vested interest . LSattente que chacun a dans lSentreprise est diff rente selon quSil soit un insider ou un outsider . Les administrateurs actifs i.e. les gestionnaires  responsabilit illimit e font face aux actionnaires  responsabilit limit e. Pour autant, ces capitalistes



IJ `QR%H 1QJ GXJX`:CV C actifs doivent galement tre contrl s 8 car des P incidents of ownership Q9 ont lieu, face  la personnification de lSentreprise.

a.3. Les mutations des structures de la grande entreprise

Il faut percevoir que le rle des affaires dans lShistoire conomique am ricaine est central car il est vecteur de changements institutionnels, de d veloppement et de progr s conomiques. Bien sr, en retour les affaires peuvent sSaccompagner dSun large potentiel de d rives, quSil faut contenir. La question est alors de savoir comment financer la croissance de ces grandes entreprises. Surtout que les finances de la nation d pendent du milieu des affaires et de leur contrle. Il apparat ainsi central de saisir autant pour les gouvernants, que les hommes dSaffaires et les tudiants quelles sont les forces conomiques priv es et publiques en pr sence, qui affectent la vie conomique am ricaine. On constate ainsi quSen 1900, sur une tude de 68 firmes, 31 nS mettent et ne font circuler quSun seul type dSaction. Cette forme de pratique annihile la possibilit de dupliquer la structure financi re de lSentreprise ainsi que ses actionnaires ( H.T. Warshow, 1924, 23). Par ailleurs, la d cennie 1910 donne lieu  une baisse du nombre dSentreprises et parall lement entre 1900 et 1923 lS mission dSactions augmente, tout comme la valeur nominale globale des changes financiers qui manent dSun besoin de financem ent des entreprises. De mme, alors quSauparavant il nSexistait quSun listing de NYSE concernant les missions de capital, The Commercial and Financial Chronicle publie un nouveau recensement des actions sur la p riode 1919-1923. Les sources de financement pour les entreprises se diversifient.

8 CSest lSobjet des P memorandum of association Q. 9 Cela renvoie ici aux droits li s  la propri t dans la d fense dSint rts patrimoniaux, et aux avantages conomiques tir s de cette propri t . 

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De plus, ces activit s commerciales et financi res  grande chelle, ces " big business ", ont v cu une r volution manag riale. Cela explique la complexit des relations avec la soci t et ce, tout au long du 20 e si cl e, mais aussi la fascination dS conomistes et de gestionnaires autour de ces questions qui sont th oris es et d battues de mani re continue. Les principes de gestion de lSentreprise influent sur leurs prises de d cisions, leurs op rations, leurs r sultats. Par ailleurs, il apparat quSinvestiguer le rle du business aux tats-Unis, est une mani re de r fl chir  la r solution des probl mes sociaux. En effet alors que les actes des agents doivent tre dirig s vers le E bien commun F de la nation, lSentreprise est une institution majeure du march dont lSorientation des comportements, doit tre approfondie.

LSune des cons quences de cette mergence de grandes entreprises est lSapparition de formation professionnelle au sein de lSuniversit . Ces mutations des structures de lSentreprise et des modalit s de financement qui y sont li es interrogent grandement les universitaires qui vont dans le sens dSune promotion dSun id al collectif et de principes moraux qui se veulent universels. En retour, les instances universitaires et la formation professionnelle qui sont amen es  voluer du fait de la cr ation dS coles d di es, publiques ou priv es. LSEcole tant une institution centrale, elle apporte  la fois une r ponse aux besoins pos s par le syst me capitalisme, mais aussi id ologique afin de d velopper la culture et le sens critique des jeunes am ricains.

H.T. War show souligne en 1924 que malgr lS tendue de lSactionnariat, il nSexiste toujours pas dSanalyse statistique sur la distribution des actions aux tats -Unis. Il faut attendre la publication des travaux de Berle et Means pour obtenir un panorama document de la situation. LSaugmentation des dividendes, la diffusion de la propri t et corr lativement la possibilit de contrle de lSentreprise avec un actionnariat minoritaire apparaissent en mme temps, aux environs des ann es 1910- 1916. En sus de lS clatement de la propri t , la s paration des fonctions de lSentreprise entre propri t et gestion est inh rente aux mutations de ces ann es. Cela met en vidence les risques de concentration



IJ `QR%H 1QJ GXJX`:CV C massive du pouvoir conomique dans les mains dSune seule personne. Comme le soulignent Andrei Shleifer et Robert W. Vishny, le regroupement dSentreprises permet dSeffectuer Pa form of arbitrage by rational managers operating in inefficient marketsQ (2003, 296). CSest en effet ce qui donne lieu  des situations dSabus de la part d e sp culateurs et de promoteurs peu scrupuleux. Mais la situation volue tr s rapidement et l es ann es 1930S seront lSoccasion de nouveaux bouleversements importants :

E Les march s financiers continuent dS valuer leurs actions et de financer de nouvelles entreprises, mais ils nSont plus un rle crucial dans lS conomie. Les meilleurs observateurs pr disent alors, avec regret ou satisfaction, la fin de la domination dSun capitalisme financier qui nSa pas su satisfaire les besoins de la soci t (voir [Polanyi, 1944] et [Schumpeter, 1942]). F (Pierre-Cyrille Hautcoeur, 2008)

Pour autant, nous venons de le d velopper, le tournant du si cle est celui de la mutation du milieu des affaires, de la dispersion de lSactionnariat et de la s paration entre propri t et management, comme r sultante de lSaugmentation de la taille des entreprises. CSest en concomitance  ce d veloppement des business enterprise quSapparat la pratique du goodwill dont la propri t devient un r el enjeu.

b. Le contexte politique, l gislatif et institutionnel

Ce ph nom ne de P age of big business Q a profond ment modifi les institutions sociales, commerciales, politiques et juridiques du pays. Il faut donc consid rer des param tres bien plus larges que ceux du seul contexte conomique. Les normes et les barri res institutionnelles entre industrie et finance tombent. Bien que ce lien ne soit pas nouveau 10 , le recours au march des capitaux est exacerb pour financer lSampleur importante de lSindustrie et de ses innovations. Entreprise, institu tions

10 Voir  ce propos lSintroduction par R.Arena, A. Cartapanis et V. Dutraive du num ro sp cial de la revue dS conomie financi re suite  la conf rence de d cembre 2009  Lyon. 

IJ `QR%H 1QJ GXJX`:CV C de formation, instituts universitaires, normes comptables, principes de gouvernance, perception de la responsabilit sociale ... se transforment rapidement.

La grande taille de lSentreprise implique un pouvoir financier fort et de nouveaux besoins. En particulier, la n cessit de former le personnel encadrant aux nouvelles tches de gestion et de management de la firme apparat fondamentale. Cette exigence se traduit par lSapparition dS coles priv es et de leurs diplmes sp cialis s, coles  lSorigi ne d tach es puis rattach es  lSuniversit . Cette volution sSaccompagne de confrontations entre diff rentes visions de la soci t qui d fendent des int rts oppos s, y compris en interne  lSuniversit . CSest pourquoi lSuniversit en tant quSinstitution non p cuniaire se voit lSobjet de confrontations de diff rentes visions de la soci t et de la d fense dSint rts oppos s. LSuniversit doit retranscrire et accompagner les changements de la soci t , ou bien contrer lS volution de la structure am ricaine des affaires. LSinstitution universitaire est vue comme un catalyseur des avantages et des inconv nients de lSexpansion des concentrations dSentreprises. Elle sSinterroge sur la pertinence et les cons quences du fait quSelle devienne un lieu de l gitimation de lS lite financi re (Anne Ollivier-Mellios, 2004, 76).

Durant lS re progressiste 11 (1890- 1920), se constitue la d fense dSune vision de la soci t d mocratique et orient e vers dSautres pr occupations que le financier. CSest la toile de fond du d but du 20 e si cle, notamment de la panique de 1907 et de ses effets. Cette re et ses valeurs doivent amener un vent de r formes et de r gulation face  une crise qui provoque une baisse de la production, une forte augmentation des importations, du chmage, des f aillites et des collusions dSint rts autour dS lites bancaires et financi res.

Confront au monopole de lSargent, il faut promouvoir lSint rt g n ral. Les m dias vont tre particuli rement actifs dans ces d nonciations, les journaux progressistes de lS p oque surnomm s les Pmuckrakers Q jouent la posture sociale du d nonciateur et encouragent  plus de r gulation des milieux financiers.

11 CSest une re qui souhaite entrer en rupture avec la p riode pr c dente. Th odore Roosevelt en est une figure importante (1901-1909) et va mme devenir le candidat en 1912 du parti qui se cr dans cette mouvance, le parti progressiste. 

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Une prise de conscience et des tentatives de limitation des comportements anticoncurrentiels sSorganisent  la fin du 19 e si cle. Diverses Cours Suprmes sont saisies pour d noncer la pratique des big business entre 1878 et 1914, alors mme que le contexte du d but de 20 e si cle profile une reprise de la croissance et une baisse du niveau g n ral des prix.

D j, les ann es 1870 sont un tournant et la r volution manag riale du d but du si cle prend sa source d s 1880. Morgen Witzel (2007, 31) consid re dSailleurs que le management moderne a appris beaucoup de ces trois d cennies de mutations fondamentales,  grande chelle. En retour, le secteur comptable r agit et cherche  sSadapter entre 1890 et 1914. Bien sr, une comptabilit est d j en place  lS poque des mercantilistes, mais elle prend d s lors une autre dimension, bien plus centrale pour le fonctionnement conomique, e t cherche  se normaliser du fait de lS volution du capitalisme 12 .

Cette p riode progressiste organise les conditions de faisabilit de commissions et dSactes  lSencontre de la formation de ces march s conomiques et financiers imparfaits qui ont pris place. Capital et int rts se concentrent et donnent naissance en 1890, en r action  ces mutations des strat gies de march , au Sherman Antitrust Act. D s 1908 est adopt dans le Massachussets lSAnti -Stock-Watering-Law qui est la preuve dSune r activit gouvernementale en termes de surveillance, une sorte de tutelle pour annihiler une partie de possibles manipulations financi res sur le march boursier 13 . Par ailleurs, la Federal Trade Commission Act nat en 1913. CSest une agence cherchant  combattre les pratiques commerciales d loyales. La mme ann e, est publi le rapport du Pujo Committee . LSinvestigation a lieu entre mai 1912 et janvier 1913, au congr s afin de travailler sur ces

12 Werner Sombart (1902 [1916]) souligne dSailleurs le lien consubstantiel entre comptabilit et capitalisme d s le d but du 20 e si cle. Il travaille sur les besoins de la comptabilit en partie double, besoins n s de la r volution industrielle et du financement externe de lSentreprise. 13 De la mme fa on,  partir de 1912 les syst mes de comptabilit commencent  raisonner avec les Pno- par stock lawsQ. 

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Money Trusts , petits groupes de banquiers de Wall Street ayant monopolis un pouvoir tr s important. Les audiences ont donn lieu  une enqute notamment sur John Pierpont Morgan qui vient ternir son image (Kelly J. Peeler, 2010). Parmi les r formes majeures, le Clayton Anti-Trust Act vient renforcer en 1914 le Sherman Act via lSinstauration de contrles et de commissions dSenqute. Roosevelt, que lSon surnommera le P trust buster Q, se veut N si lSon utilise le vocabulaire E v blenien F N E le Capitaine de la Soci t F en lutte contre les capitaines de ces industries. Ces magnats se consid rent au-dessus des lois et d fient le pouvoir politique tatique en place. Par exemple en 1904, le gouvernement obtient la Northern Securities Decisions contre le monopole des chemins de fer. En effet, poursuivie grce au Sherman Act, la Northern Securities Company est dissoute et les chemins de fer fonctionnent d s lors sous la forme de soci t s ind pendantes.

Corr lativement, un besoin de normes et de standardisation en d coule, notamment comptables, pour viter toute instrumentalisation des bilans des entreprises  des fins dSenrichissement personnel. Dans cette optique dSinstrumentalisation financi re, la comptabilit connait un enjeu de pouvoir. Dans cette th se, nous nous sommes particuli rement int re ss s  la notion de goodwill car la d finition quSen donne Veblen recoupe un certain nombre de r alit s contemporaines. En 1904, Veblen parle de goodwill dans son analyse des bilans financiers de lSentreprise comme le levier principal des affaires. Bien qu Sil ne soit pas le seul ni le premier  en avoir parl , la th orisation de ce concept reste plus ou moins obscure  cette poque, ou pour le moins non trait e par la litt rature conomique. Il est int ressant de revenir sur ce concept encore marginalement tudi , et dSen percevoir les sp cificit s de la vision E v blenienne F.

Les logiques actionnariales, les tentatives de captation de la valeur de march et le d veloppement de la propri t intangible sont des questions pr gnantes des d cennies 1900-1920. Pourtant, toutes ces th matiques institutionnelles centrales restent controvers es apr s 1929. En effet, malgr les recommandations et les tentatives de l gislations, ce nSest quSau cours des ann es 1930 quSapparaissent les premi res E vraies 

IJ `QR%H 1QJ GXJX`:CV C pratiques comptables F 14 . Plus pr cis ment, ce nSest quSapr s la crise, en 1933 au NYSE quSest adopt le standard de pratique comptable, le GAAP i.e. Generally Accepted Accounting Principles en mme temps que lSapparition du gendarme financier quSest la SEC, la Securities and Exchange Commission .

En parall le et de mani re plus contemporaine, nous pouvons remettre sur la table le questionnement autour des normes IFRS N elles ne sont pas uniformes quant au traitement du goodwill  la suite de la crise des subprimes et ont t r vis depuis. LS cart dSacquisition, ou la survaleur aux fondements incertains voir ambigus, se confronte  une diversit de pratiques et traitements au niveau international (Bernard Martory & Fran oise Verdier, 2000, 175). Or, il sSagit de connatre les modalit s de mesure de ce goodwill, ainsi que lSenregistrement compt able de sa pratique 15 .

CSest ce que nous proposons dSinvestiguer dans cette th se, dans une optique E v blenienne F. Les normes et h sitations dSaujourdShui ne font que mettre en exergue ce quS tait la pratique dSentreprise, aussi bien comptable que fina nci re, il y a un si cle.

14 En effet, les organisations professionnelles am ricaines de la comptabilit naissent en 1887 (lSPAmerican Association of Public AccountantsQ), et instituent un cadre durant la d cennie 1890 mais ne se constituent comme unit quSen 1916, appel e AIA, PAmer ican Ins titut of AccountantsQ. La FED a dSailleurs recours  des rapports simplifi s sur la comptabilit  lSusage des banques. Les r visions de ces premi res m thodes uniformis es aux tats-Unis se font durant les ann es 1930 (Djamel Khouatra, 2004, 4). 15 Il faut attendre 1944 pour que lS American Institut of Certified Public Accountants (AICPA) - pourtant fond en 1887 N examine, dans une publication, la base de la prise en compte des intangibles. Les controverses sur le traitement Npooling of interest ou business accounting N se poursuivent cependant. 

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3. VEBLEN, UN INSTITUTIONNALISTE

a. Veblen, un conomiste  part

Nous ne comptons pas dresser ici une biographie de Veblen. En effet, pour cela il est ais de consulter le travail de Joseph Dorfman (1934 [1961]), biographe officiel de Veblen, qui est la r f rence incontournable, parmi dSautres. Malgr tout, il faut revenir sur quelques caract ristiques du E personnage F. Ainsi, comme le souligne Richard Th odore Ely dans Outlines of Economics ,

PVeblen was an iconoclast and a satirist. He did not know exactly what his social goal was. But certainly he wanted something different from what existed and there is a destructive element in all of his writings.Q (R.T. Ely, 1893 [1937], 1032)

En effet, ce norv go-am ricain apparat comme une figure h t rodoxe du d but du si cle, qui sSoppose frontalement au mainstream n oclassique. I leur gard, rappelons que cSest Veblen qui utilise pour la premi re fois lS tiquette E n oclassique F en 1900 dans PThe Preconceptions of Economic ScienceQ 16 . Au tournant du si cle, Veblen est ainsi particuli rement important puisquSil contribue au mouvement de reconstruction de la science conomique, aux ct s de R.T. Ely ou de Simon Nelson Patten. A travers une nouvelle construction sociale et conomique, ils proposent une vision qui d passe et sSaffranchit des limites et des cloisonnements du raisonnement n oclassique, en imposant une vision pluridisciplinaire face  un capitalisme mouvant qui le n cessite ; notamment la fin de la dichotomie entre conomie r elle et mon taire.

16 Pour introduire le terme E n oclassique F, il se r f re en effet  Alfred Marshall ou encore aux autrichiens (Veblen, 1900, 265, 268). Veblen ne d limite pour autant pas clairement les fronti res du terme n oclassique (Olivier Brette, 2004, 107). Mais il sSoppose  cette vision du capitalisme et de la vision de la valeur, dont ils sont t moins. Les n oclassiques ont des Pguidance of classical antecedentsQ (Veblen, 1900, 262) et sont Pmodern or quasi -classic alQ (Veblen, 1900, 253). Mais Veblen sSoppose avec eux sur les notions dS quilibre de march , de conception de la science et de la connaissance, ou encore sur les fondements de lSutilitarisme et du marginalisme. 

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Veblen a souvent t n glig par lShistoire de la pens e conomique car per u comme un th oricien marginal, peu robuste, avec peu de rigueur analytique ou encore trop descriptif, trop intuitif, trop art ificiel. LSint gration de lSanalyse E v blenienne F des comportements de consommation dans le corpus standard est en revanche bien tablie. Pourtant, bien que d c d en 1929, il est un auteur central, un E grand conomiste F 17  lSimage de ceux que pr sente Robert Heilbroner (1971 [2001]). Par ailleurs, il ne faut pas oublier quSil a t une influence forte pour la mise en place du New Deal et des choix conomiques de lSadministration Roosevelt. En effet, les doctrines et interpr tations diffus es par Veblen sont consid r es comme une source dSinspiration 18 pour Roosevelt, qui en est un fervent lecteur. Par ailleurs, Veblen a form ou eu une influence sur de nombreux contributeurs du New Deal tels Clarence E. Ayres, Walton Hamilton, John R. Commons ou encore W.C. Mitchell qui ont orient et contribu  la politique conomique du d but des ann es 1930 (R. Tilman, 1988, 155). De plus, on ne peut que souligner lSengagement du socio - conomiste quS tait Veblen dans la filiation du mouvement technocratique, qui promeut une autre gouvernance.

Nous retracerons, dans la seconde partie de la th se les influences et le parcours intellectuels de Veblen, la mise en perspective avec son environnement institutionnel permettant de comprendre en partie les th ses de lS conomist e. En effet, nous voulons affirmer que Veblen apparat comme un t moin privil gi du passage de lSobservation du fonctionnement de la finance de march et de lSentreprise dSaffaires  la th orisation de comportements macro conomiques de th ories financi res et de gouvernance de la grande entreprise. En cela, le mouvement de th orisation pr -macro conomique de la firme, quSil d fend se pose comme central pour lSinstitutionnalisation de la discipline.

17 Mais galement pour (1936, [1964]), (1958), Raymond Aron (1970)G 18 PIndeed, Norman Markowtiz has declared that VeblenSs work on cultural lag became Psuch a powerful rational for social liberal reform programs as to make Veblen appear to many to be the patron saint of the New DealQQ (Rick Tilman, 1988, 156). 

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De son vivant, on consid re lSinfluence de Veblen comme limit e aux fronti res des tats-Unis mais centrale dans son milieu acad mique. En effet, Veblen fait partie de lSancien institutionnalisme, qui a surtout marqu la pens e nord-am ricaine, comme le souligne Malcom Rutherford 19 :

P[G] it is important to remember that leading institutionalists published in the major journals, held positions in major schools, were active in the creation of institutions for research and education in the social sciences, were deeply involved in economic policy making, and became presidents of the AEA.Q (M. Rutherford, 1997, 180)

Sa pens e, nSa pourtant pas constitu une unit 20 , une cole ou une tradition. Pr cisons que Veblen ne sSest jamais d fini comme tant un institutionnaliste. Et bien quSil mette en avant les enseignements de Veblen, Wesley Clair Mitchell nSest dSailleurs pas d nu de reproches  son gard, notamment concernant des penchants dSanalyse parfois orthodoxes ou des affirmations trop g n ralistes pour tre cr dibles (W.C. Mitchell, 1936 [1964], 302). Ainsi la mouvance du premier institutionnalisme, accompagn e de ses quelques disciples d cline dans les ann es 1950. Pour autant, lSinstitutionnalisme est r habilit durant les d cennies 1970/1980 et surtout on constate N quS lSimage du E retour de Keynes F - un E retour de Veblen F a lieu depuis les ann es 2000 ; il suffit de regarder le nombre de publications universitaires mobilisant Veblen depuis presque deux d cennies. La crise induite par le milieu financier, a tout particuli rement raviv son int rt, dans un cho de la crise de 1929.

Ainsi, dans cette th se il sSagit de consid rer les travaux de Veblen (et particuli rement deux de ses ouvrages majeurs r dig s alors quSil tait en poste  lSUniversit de Chicago : The Theory of Business Enterprise et Absentee Ownership ), auteur central  nos yeux dSune h t rodoxie du d but du 20 e si cle qui se veut mod r e parfois, radicale par dSautres aspects, engag e quoi quSil en soit.

19 Pour une histoire plus pr cise du mouvement institutionnaliste, se r f rer aux crits de M. Rutherford et Geoffrey Hodgson. 20 I ce propos voir les th ses de V ronique Dutraive (1993), Philippe Broda (1995) ou encore Laure Bazzoli (1994). 

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b. LSinstitutionnalisme en question

LSinstitutionnalisme est un courant de pens e am ricain , une approche en conomie dont les contours restent non clairement d limit s. Dans un contexte de transformations de la soci t et de d bats importants, lSinstitutionnalisme met au centre lSobjet dS tude qui justement est en pleine volution,  savoir lSi nstitution. Les institutionnalistes adoptent une posture forte et rompent avec la vision et lSanalyse des structures conomiques et sociales telle quSelles sont pr sent es par les n oclassiques. Des th oriciens comme T.B. Veblen, R.T. Ely, S.N. Patten, J.R. Commons, W.C. Mitchell, J.M. Clark, C. Ayres, W. Hamilton ou encore Rexford G. Tugwell et G. Means partagent une approche similaire sur la fa on dSaborder lS conomie : la centralit des institutions dans la d termination des comportements conomiques. Ils cherchent  r organiser la science conomique sur une nouvelle base scientifique, et  en faire une science progressiste et critique.

Nombreux sont ceux  consid rer que la naissance du mouvement nSa lieu quSen 1918, avec la pr sentation  lSAmerican Ec onomic Association dSune session durant laquelle Walton Hamilton lSaffiche comme E auto identifi F. LSarticle PThe Institutional Approach to Economic TheoryQ, quSil publie en 1919 est consid r comme lSacte de naissance de lSinstitutionnalisme en tant que courant de pens e. Pourtant, Veblen pr sente ses th ories et travaux bien avant, en ne revendiquant en r alit jamais tre une influence majeure dSun quelconque courant. DSailleurs Rutherford (1997, 186) consid re que les ann es dSentre -deux-guerres ne correspondent pas  un institutionnalisme E v blenien F. Pourtant, des auteurs se revendiquent comme tels avant 1918, et dans la continuit des travaux de Veblen. CSest le cas de Robert Hoxie, un de ses anciens tudiants qui affirme d j, en 1916 quSil se pe nse comme un institutionnaliste. Ainsi, bien que la reconnaissance E institutionnelle F du mouvement apparat tardivement dans les ann es 1920, de nombreuses publications d s le d but du si cle (d j celles de Veblen et



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Commons) sSinscrivent dans cette mou vance, comme peut le souligner Tugwell en 1924 dans PThe Trend of EconomicsQ.

De plus, Hamilton se r f re  Veblen quand il tente de d finir la m thode institutionnaliste avec lSimportance de la psychologie, du dynamisme des processus que pr sente cette litt rature ... Une autre lecture de la figure centrale du mouvement peut tre donn e, comme celle de Richard T. Ely qui consid re que les travaux de John R. Commons sont beaucoup plus pouss s et livrent une lecture analytique aboutie des institutions. En effet les interpr tations conomiques de ces premiers institutionnalistes, ont parfois simplement diverg . Cette filiation dSanalyse a maintes fois t controvers e et remise en question. Ainsi, il en r sulte une l g re difficult pour les auteurs que nous pr sentons dans cette th se qui peuvent tre consid r s comme des institutionnalistes E avant lSheure F, on parlera dSinfluence pr -institutionnaliste tablie.

Cela tant dit, ce mouvement continue dSexister depuis le d but du 20 e si cle et apparat multi ple comme tous les courants dShistoire de la pens e conomique. Le mouvement institutionnaliste connat quelques difficult s face  la fois  la r volution keyn sienne qui va tout balayer sur son passage,  la critique du New Deal, au d clin des analyses behavioristes... LSinstitutionnalisme essuie quelques checs mais se renouvelle tout au long du 20 e si cle, mme si la nouvelle cole institutionnelle prend relativement souvent ses distances avec lSancien institutionnalisme. Geoffrey Hodgson propose dSaill eurs en 2004 de sSappuyer sur lSinstitutionnalisme E v blenien F pour voquer et comprendre la formation institutionnaliste aujourdShui. On ne peut ainsi traiter de lSinstitutionnalisme sans voquer le travail de Veblen.

Les trois premi res d cennies du 20 e si cle qui ancrent le socle de lS conomie institutionnaliste refondent la science conomique aux tats-Unis et forment un nouveau mod le scientifique de pens e.

Allan Gruchy souligne lSironie du sort:

PSince 1929, the year in which Veblen died, it has increasingly become the custom to use the term PinstitutionalQ to refer to VeblenSs special



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accomplishments rather than to describe the efforts of post-veblenian to carry on the work of reconstructing economics.Q (A. Gruchy, 1947, vii)

4. PLAN DE LA THESE :

Les contributions E v bleniennes F (de 1899  1923) alimentent une analyse autour de la structure financi re de lSentreprise. La nouvelle phase du capitalisme du tournant du si cle que Veblen d crit, sSinscrit dans une vis e hautement p cuniair e car on y pratique lSinstrumentation du cr dit et du capital. Son travail aboutit  des implications en termes de structure de gouvernance de lSentreprise ( premi re partie ). Le constat quSil dresse concernant la soci t am ricaine du tournant du si cle, b ien que pionnier, nSest pas isol . T moins de cette mutation am ricaine vers un capitalisme dSentreprise puissant, financiaris et monopolistique, Veblen et ses contemporains, voient apparatre la discipline P corporate finance Q dans les formations des hommes dSaffaires. Cela ouvre de nouveaux enjeux  d battre tels la question de la fondation de diff rentes structures dSenseignement, du contenu des formations aux affaires ainsi que du contrle des relations de pouvoirs entre agents acad miques et dSentrepri se, entre th orie et pratique de cette science des affaires ( seconde partie ).

Premi re partie : Contribution analytique de Veblen  la finance dSentreprise

La premi re partie de ma th se analyse et approfondit la sp cificit de la s mantique et des propos E v bleniens F sur la th orie financi re de lSentreprise (capital, actions, cr dit, goodwill) ainsi que ses cons quences en termes dS volution de la structu re financi re, de circulation dSinformation, de positionnement de march et de management interne. Par ailleurs, nous cherchons  situer Veblen dans la filiation de la th orie de lSinvestissement,



IJ `QR%H 1QJ GXJX`:CV C la Q-th orie, qui court de Knut Wicksell (1898)  James Tobin (1969). Cette th se se penche dSune part sur la dynamique de lS conomie am ricaine du tournant du 19 e si cle, p riode durant laquelle mergent les grandes entreprises, et dSautre part sur lSinstitutionnalisation des march s financiers impliquant des pro bl mes de concurrence et un manque de consid ration par la l gislation. Par ailleurs les droits dSaccession  la propri t de ces firmes ou de participation  leur fonctionnement donnent galement lieu  des flux de revenus qui, selon les agents qui les per oivent, perturbent le sch ma de fonctionnement connu des entreprises. Ces logiques ont aujourdShui une r elle port e dans lSanalyse de lS volution des firmes et des r gles de la finance moderne.

Le premier article N Credit, Shares and Goodwill : a Veblenian Trinity N soul ve le tryptique cr dit-actions-goodwill que Veblen mobilise dans son ouvrage central de 1904. La litt rature (Dirlam, 1958 ; Hill, 1967 ; Rutherford, 1981 ; Raines & Leathers, 1992 ; Bolbol & Lovewell, 2001 ; Cornehls, 2004 ; Ganley, 2004 ; Hake, 2004 ; Mendez, 2012) - bien que riche et sSint ressant  Veblen comme un pr curseur de la th orie moderne de la finance dSentreprise, des pratiques des affaires et de leur gouvernance - ne permet pas de comprendre les m canismes quSil propose et qui admettent lSexistence de deux goodwills.

Nous mettons en vidence le fait que Veblen d veloppe une structure financi re de lSentreprise qui met en avant la diff rence entre actions privil gi es et ordinaires. Cet int rt pour les outils financiers et entrepreneuriaux lui permet tr s tt de mettre en exergue les oppositions statutaires dans la grande entreprise capitalis e et de refl ter les conflits de positionnement hi rarchique et de responsabilit s en son sein. Cela fait naitre une fragilit financi re des entreprises et donc de la soci t , que Veblen fait ressortir dSune analyse de lS valuation de march et de la valorisation des gains. Il consid re que tout doit tre capitalis . Le cr dit joue un rle central dans la capitalisation de lSentreprise . Or, le cr dit rend fondamentalement le march et le milieu des affaires instables. La valorisation diff re selon que lSon a une position privil gi e dS insider ou non dans la soci t (par actions), donc selon que lSon a acc s  lS valuation des capacit s de



IJ `QR%H 1QJ GXJX`:CV C gains de lSentreprise par le march connue par tous, ou  la valeur r elle d tenue uniquement par les insiders. Les conditions des march s financiers sont fluctuantes donc les valorisations incertaines, dSautant plus que le goodwill repr sente une grande part de cette valuation capitalistique et quSil est le plus instable. DSo les possibilit s dSeffondrement financier dans une E pyramide de surcapitalisation F. Or la business enterprise se base sur les concepts de soci t anonyme, march s boursiers et propri t intangible pour esp rer en tirer un gain p cuniaire et une accumulation des richesses. Ainsi, pour Veblen un premier goodwill apparat dans le bilan de lSentreprise grce  un effet de levier du cr dit sur la rentabilit . Cela nous conduit  consid rer le cr dit comme une source de profit, un cr dit strat gique qui joue alors un rle important dans les analyses conomiques du d but du 20 e si cle. Un second goodwill correspond  la d finition comptable de la quasi-rente et expl ique lS clatement de lSactionnariat, que Veblen d crit. Il sSagit de montrer que les deux goodwill sont li s, dSen comprendre les enjeux ; le premier autorise lS mission dSactions et la transformation de la structure financi re, le second est permis par la structure monopolistique. La litt rature sSaccorde sur lSexistence du second goodwill, sans soulever une double d finition de ce concept. Il nSen reste pas moins que lSenjeu nSy est pas suffisamment d montr . Or, cette notion de goodwill est centrale pour la dynamique financi re de lSentreprise et ses r percussions sur sa structure monopolistique. Nous en dressons alors une perspective historique en y d montrant la pertinence dSins rer Veblen dans lS volution de ce concept, encore essentiel aujourdShui.

Le deuxi me article N Thorstein VeblenSs 1904 contribution to Q and insider/outsider analysis N (en r vision aupr s de lSEJHET) poursuit lSanalyse entam e dans lSarticle 1 concernant la non neutralit de la structure financi re au d but du 20 e si cle. La tra dition dSanalyse du syst me de valorisation financi re, du recours  lSinvestissement et des risques li s  lSendettement se constitue aussi bien en Europe quSaux tats -Unis sous la plume de Wicksell (1898), Keynes (1930, 1936), Myrdal (1931, 1933), Tobin (1968, 1969).



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Nous montrons que Veblen formalise lui aussi sa th orie du Q-investissement d s 1904 sans tre consid r comme un auteur de cette tradition. Veblen ne consid re pas le cr dit comme commercial mais comme un instrument dSinvestissement passant par des innovations financi res (comme les actions pr f rentielles). LSinvestissement d coule de la valorisation des actifs financiers et en retour impacte la structure et la gestion de la propri t . Le goodwill, actif intangible central du capitalisme moderne, apparat comme une pr occupation rapprochant Veblen de lSanalyse du b n fice de fondation que lSon trouve chez Rudolf Hilferding (1910). Deux r sultats sont alors  formuler :

- Veblen sSancre dans cette filiation dSanalyse de lSinvestissement. En reprenant lSeffet de levier du cr dit sur la rentabilit pr sent dans le pr c dent chapitre ainsi que la capitalisation des revenus, on trouve une formulation du goodwill qui est tr s proche du q de Tobin (valeur de march du capital / cot de remplacement) et qui d termine la possibilit ou non dSinvestissement pour modifier le stock de capital fixe. - En sus, lSanalyse de Veblen d bouche sur une mise en exergue du lien entre structure f inanci re et structure de la gouvernance de lSentreprise.

Comme Hilferding, Veblen per oit la naissance des trusts , du capital financier comme dominant lS conomie, des ph nom nes de concentration, ainsi que du pouvoir politique et social dans les conglom rats industrialo-financiers des grandes entreprises.

Deuxi me partie : Veblen et lS mergence de la Finance dSEntreprise : de la Pratique  la Th orie

La deuxi me partie de ma th se sSattache  retracer lS mergence de la finance dSentreprise comme discipline acad mique entre 1880 et 1929 qui soul ve alors la question de lSautorit et du pouvoir  lSint rieur de la firme. Il sSagit de comprendre lSimplication  la fois pratique et dSautre part th orique de cette mutation des structures des entreprises. Ces transformations ont donn lieu  de nouvelles pratiques



IJ `QR%H 1QJ GXJX`:CV C dSentreprises, en cons quence de nouveaux besoins auxquels les institutions dSenseignement et de formation ont d r pondre. Les mutations conomiques fournissent un nouveau contexte au sein duquel les march s financiers et leurs actifs liquides priment. Ces capitalistes financiers obtiennent la main mise sur le milieu productif, face aux entrepreneurs. Parall lement  une r organisation intra-entreprise induite par la nature du nouveau capitalisme, les instances de formation connaissent des changements, pointant alors des relations difficiles entre hommes dSaffaires et enseignants ou acad miques. En cons quence, mergent de nouveaux cursus, accompagn s par la publication de manuels et de lS volution de rapports de force. LSenseignement aux tats- Unis est amen  voluer et des d bats sSouvrent sur la fa on de concevoir lS ducation. Cette partie est aliment e par un travail dans les archives am ricaines (W.C. Mitchell Papers & J. Dorfman Papers, Columbia University, New- York ; T.Veblen Papers & A.A. Berle Papers, FRD Presidential Library, Hyde Park; T. Veblen Papers, University of Chicago ; R.T. Ely Papers, State Historical Society of Wisconsin Library, Madison ; Veblen Collection, Carleton College Archives and A.A.Young Papers, ).

Le Chapitre 3 N Investigation dans la litt rature pionni re de finance dSentreprise : Veblen et les premiers manuels N pr sente lSimpulsion E veblenienne F en finance dSentreprise. Veblen crit au d but de la th orisation et de la vulgarisation dans des manuels de la pratique de la finance dSentreprise. En effet, nous dressons une revue de litt rature des premiers manuels qui accompagnent la transformation des firmes et orientent lSapprentissage conform ment aux r alit s de la structure conomique. R pondant  des besoins pratiques et  un manque th orique, ces manuels sSaccompagnent de lSapparition des premi res coles des affaires telle la Wharton School et de la mise en concurrence que cela suscite aves les universit s ; universit s dont la place dans la formation des tudiants et leur organisation connaissent galement des bouleversements. Hommes dSaffaires , enseignants et tudiants sont ainsi amen s  se poser un certain nombre de questions. AujourdShui comme hier, il est n cessaire pour le



IJ `QR%H 1QJ GXJX`:CV C milieu des affaires de saisir lSorigine de la bourse, les raisons de lS volution des entreprises afin de comprendre ce quSelle est aujourdShui, le fonctionnement de lS mission des titres par les entreprises et leurs modalit s, les modalit s dSachat, les droits et les devoirs sous- jacents des actionnaires ou encore la r gulation que lStat doit mettre en place face  ces op rations industrielles et financi res.

Dans un second temps, nous pr sentons une lecture compar e des strat gies dSentreprises selon W.Z. Ripley (1916), A.S. Dewing (1919), E.S. Mead (1900, 1902, 1903, 1907, 1910, 1912) ainsi que W.S Lyon (1912, 1913, 1916). Nous insistons sur leurs positionnements concernant la structuration du capital, lSexacerbation du cr dit et le recours  diverses op rations de gouvernance et de montages financiers : le trading on equity , le stock watering , lSinterlocking directorat es . En cons quence, la structure concurrentielle des firmes devient imparfaite et lSactionnariat se disperse, faisant apparatre une nouvelle politique de gouvernance dSentreprise.

Le Chapitre 4 N Finance dSentreprise et business training in higher education : hostilit s et pouvoirs ou la guerre des capitaines N veut montrer que la relation entre entreprise et universit apparat  cette poque comme antagonique au sujet de la formation des hommes dSaffaires. En effet, la E Capitainerie entrepreneuriale et financi re F se heurte  lS thique et aux principes de la gouvernance universitaire, ainsi quSen revers  une potentielle corruption entre magnats et professeurs. La Phigher education Q apparat comme une pr occupation en d bat au tournant du si cle. Veblen se pose en critique du syst me capitaliste et est amen  prendre clairement position  travers son ouvrage de 1918 The Higher Learning in America pour une ducation g n raliste et non pas sp cialis e pour les futurs Capitaines dSIndustrie. Le capi talisme du d but du si cle se pr sente comme une lutte commerciale entre grandes entreprises qui cherchent  capter le pouvoir de march . En d coule des rapports conflictuels qui d teignent sur la soci t et toutes ses institutions y compris dSenseignement . Face  une mobilisation de ces derni res pour r pondre aux besoins de formation des nouveaux hommes dSaffaires, apparaissent des coles face  lSuniversit , qui nSa pas la capacit et/ou la volont dSaccueillir lSensemble des tudiants.



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En son sein, sSopposent dSailleurs les principes financiers et dSenseignement pur, ou encore de qute de domination entre conomistes et gestionnaires. Une vision pratique et appliqu e de la formation sSaffirme face  une vision technique et th orique. LSenseignement sup r ieur a t progressivement influenc par le pouvoir et le point de vue des hommes d'affaires, au d triment de celui des savants et des universitaires. De vives critiques vont alors se manifester de part et dSautre et un d bat apparat sur lSenseignement et ses institutions aux tats-Unis en g n ral, mais aussi appliqu aux affaires. Les pr occupations de Veblen (1918) devaient concider avec la mani re dont le savoir tait transmis  l'universit et la question de l'autorit dans la relation industrie- finance. Ce d bat se retrouve galement dans les crits de E.S. Mead (1903, 1910) et S. L. Lyon (1919, 1922). Nous pr sentons ce triptyque et leur positionnement, bien que la litt rature secondaire ne mentionne que tr s partiellement ces pionniers de la discipline. Nous soulignons les implications en termes de syllabus de cours, de priorit s et dSinstitutionnalisation, des propositions et h ritages de nos diff rents auteurs sur ces formations. Enfin, cela soul ve une interrogation sur les fronti res dSune discip line, en qute dSune identit , positionn e entre finance de march , management dSentreprise et gestion financi re. Ce travail a pour ambition dStre un panorama document (de lectures de manuels, de t moignages dS tudiants ou dSenseignants -chercheurs issus des archives am ricaines) des pr mices de la finance dSentreprise, en allant  lSencontre du pr jug selon lequel seules les versions formalis es apparaissant  la fin des ann es 1950 de th ories financi res de march et dSentreprise, sont dignes dSint r t. Les d bats nord- am ricains de lS poque sont riches  ce propos d s le tournant entre le 19 e et le 20 e si cle et m ritent une telle analyse.



LE VOCABULAIRE E VEBLENIEN F

PBusiness enterprise Q = entreprise dSaffaire s PBusiness finance Q = finance dSentreprise (= P corporate finance Q) PGoodwill Q = cart dSacquisition PVested interests Q = int rts tablis PGoing concern Q = organisation active , lSentreprise en tant que potentiel dSexploitation g n rant des profits PGoing business Q = institution active dans les PaffairesQ PPutative earning capacity Q = Pprospective earning capacity Q = capacit potentielle de gains / de revenus PA ctual earning capacity Q = capacit r elle de gains / de revenus PHigher education Q = enseignement sup rieur PMachine process Q = processus des machines, productif contenant un aspect technique PPreferred shares Q = actions pr f rentielles / privil gi es PCommon shares Q = actions ordinaires PPractical bent Q = fait cho  lSinstinct de sympathie sociale chez Veblen ( Pparental bent Q) et renvoie  lSinstinct de formation pratique PIdle curiority Q = curiosit d sint ress e PInstinct of workmanship Q = instinct du travail bien fait



PARTIE I : CONTRIBUTION ANALYTIQUE DE VEBLEN A LA FINANCE DSENTREPRISE

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INTRODUCTION PARTIE I :

Cette premi re partie de la th se se compose de deux articles : le premier article sSintitule Credit, Shares and Goodwill : a Veblenian Trinity et le second Thorstein VeblenSs 1904 contributions to Q and insider/outsider analysis .

Nous nous trouvons en plein dans lSanalyse des d cisions entrepreneuriales et de la compr hension de leurs implications financi res. En effet, les choix dSinvestissement puis de financement effectu s par lSentreprise affectent sa valeur. Dans ce contexte, il sSagit de mettre au jour la lecture macro conomique du goodwill et ses implications, que Veblen livre dans ses crits.

1. INVESTISSEMENT, STRUCTURE DE FINANCEMENT ET STRUCTURE DE GOUVERNANCE

Dans cette partie I nous tablissons une analyse d taill e des notions E v bleniennes F centrales, autour de la structure financi re ainsi quSautour de sa structure de gouvernance. A travers ses concepts nous pouvons pr senter son analyse du goodwill qui sSinscrit dans une logique dSinvestissement.

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Les enjeux conomiques de ces structures, sont primordiaux en termes de d cision dSinvestissement. Leurs modalit s impactent la structure du capital de lSentreprise, sa r partition et son optimalit . Le cot de ce capital, et les d cisions qui gravitent autour de son financement et de la gouvernance de lSentreprise d terminent sa structure. Ces choix strat giques impactent la politique dSinvestissement.

Par structure du financeme nt de lSentreprise nous entendons la possibilit de choisir entre diff rentes options pour se procurer des liquidit s. La structure financi re est une source dSinformation primordiale sur lS tat de sant de lSentreprise. Bien choisis, ces modes de financement permettent les investissements, qui sont eux-mmes la condition n cessaire au d clenchement de la production de lSentreprise. Ainsi, comprendre la structure financi re am ne  identifier la composition du passif du bilan de lSentreprise et donc le ratio E dettes totales F rapport es aux capitaux propres. Les modes de financement reposent en partie sur les modes de propri t , cSest --dire sur le pouvoir de coercition des propri taires sur les dirigeants et leurs marges de manMuvre. Outre, lSautofinancement, lSaugmentation des capitaux propres par appel aux actionnaires, lSendettement aupr s des banques sur le march du cr dit, mais aussi les dettes mises sur le march financier ou encore des formes hybrides de ces modalit s, sont les possibilit s qui se pr sentent  lSentreprise. Dans cette hi rarchie des modes de financement, le cr dit prend une place centrale et rend fondamentalement instable lS conomie capitaliste et mon taire 21 . Il en ressort quSau regard de sa qute de rentabilit , lSentreprise doit int grer les risques induits par ces financements,  savoir le risque de march ainsi que le risque de cr dit dans sa gestion et ses prises de d cisions. SSop re alors th oriquement un

21 Nous nous situons dans un contexte de th ories pr - macro conomiques de lSinstabilit du capitalisme telles quSon pu le pr senter entre autres Karl Marx, John Maynard Keynes, et comme ont pu le reprendre Hyman Minsky ou Michel Aglietta. Les march s bancaires et financiers jouent un rle dans la dynamique capitaliste et perturbent le bon fonctionnement des entreprises. Les m canismes de march et tout particuli rement de financement de lSactivit , non r glement s, sont une source fondamentale de perturbations, dans une conomique reconnue cyclique depuis la fin du 19 e si cle. A ce propos, Schumpeter dans PCapitalismQ explique que PA society is called capitalist if it entrusts its economic process to the guidance of the private businessman. This may be said to imply, first, private ownership of nonpersonal means of production G second, production for private account, i.e. production by private initiative for private profit.Q (1946 [1951], 189).

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V I arbitrage entre cot et avantage, un E min-max F, afin de tendre vers une structure du capital qui se veut optimale. Cette structure financi re est centrale pour se fonder un avis sur la viabilit de lSentreprise, son quilibre financier, sa capacit  faire face  ses engagements mais elle est aussi un outil dSaide  la pris e de d cision. Quant aux principes de gouvernance d clin s  lSentreprise, ils nous fournissent une structure de gouvernance. Il sSagit de la th orie des parties prenantes et de leur pilotage. La gouvernance veille au fonctionnement durable du processus p roductif qui est lSactivit principale de lSentreprise mais aussi,  la structuration interne de sa hi rarchie entre la constitution du board de direction, les divers investisseurs financiers, les techniciens ... Elle d termine la structure de lSentreprise , opte pour certains financements, conformes  la pratique et aux besoins. La gouvernance est encadr e par des principes conomiques, thiques, des r gles comptables, des statuts ainsi que des r glementations juridiques et l gales qui lSaident  veiller  ce que chaque partie prenante y trouve son int rt. LSensemble de ces r gles et principes manag riaux est cens orienter les comportements de lSentreprise vers une E bonne gouvernance F avec tous les probl mes dSagence, de d faillance, de risque, dSopacit ... que cela comporte.

Th oriquement, nous ne pouvons faire lSimpasse sur le th or me de Modigliani -Miller de 1958 concernant la question de la neutralit de la finance et des modes de financement de lSentreprise, bien que nous ne pr senterons pas leurs r sultats. et Merton Miller d montrent, sous certaines hypoth ses 22 , la non-incidence de la structure du capital de lSentreprise sur ses performances. La valeur de lSentreprise sur le march nSest ainsi pas li e  ses habitudes de finance ment (1958, 268),  la structure de son capital. Il existe alors pour eux une neutralit de la finance sur les d cisions dSinvestissement de la firme rel guant au second rang les m canismes qui jouent pourtant  plein,  savoir les asym tries dSinformation , les diff rents risques des entreprises ...

22 Fiscalit identique sur tous les modes de financement, compl tude et absence dSimperfection sur les march s financiers. Se r f rer  Cobbaut, Th orie financi re , Economica, 1987 ou Stiglitz, J. E. (1969). A re-examination of the Modigliani-Miller theorem. The American Economic Review , 59 (5), 784-793. 

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Il faut ainsi attendre la fin de la d cennie 1950 pour souligner lSerreur analytique de raisonnement qui a t faite par lSensemble des th oriciens du d but du 20 e si cle (y compris Veblen). Durant la p riode  laquelle nous nous int ressons dans la pr sente th se, leurs interpr tations se fondent sur une d pendance entre la valorisation de lSactif de la firme et de la structure du capital, i.e. financi re (Modigliani & Miller, 1961, 429). Et surtout, il sSagit dSaffirmer que lSendettement ne permet pas dSaccroitre la valeur de lSentreprise. Le th or me annihile lSop ration dSarbitrage entre diff rents modes de financement que peut r aliser un investisseur pour accroitre la valeur de lSentreprise. Pourtant, au d but du 20 e si cle les th oriciens consid rent que lSeffet de levier de lSendettement sur la rentabilit nSest pas une illusion. Et au moment de la vente de lSentreprise, Veblen sSattarde sur lS cart entr e la valeur de remplacement et sa valeur de march 23 . Ainsi, il consid re que lSeffet de levier du cr dit accroit la valeur de march de lSentreprise, impacte sa rentabilit et il se positionne en plein dans la cible de la critique de Modigliani-Miller.

Les premi res propositions de Modigliani-Miller impliq uent quSil nSy a pas de choix optimal pour la structure du capital, donc pas de d pendance entre choix dSinvestissement et choix de financement. Th oriquement irr prochable, cette r flexion est pour part remise en question 24 par de nouvelles approches o structure financi re et valorisation boursi re apparaissent en pratique comme li es. Il nSempche quSelle est un tournant majeur dans la th orisation de lSinterd pendance des relations financi res. A travers ce prisme, nous m ontrons lSint rt et lSimportance des d bats et th ories qui lSont

23 Tout comme Rudolf Hilferding (J rme de Boyer, 2003, 147-8 ; 151-3) et les th oriciens de lS poque. Notons cependant quSHilferding per oit davantage la volatilit des versements des dividendes que Veblen. 24 Voir  ce propos les travaux de : Akerlof, G. A. (1970). The market for" lemons": Quality uncertainty and the market mechanism. The quarterly journal of economics , 488-500.; Spence, A. M. (1974). Market signaling: Informational transfer in hiring and related screening processes (Vol. 143). Harvard Univ Pr.; Gruber, M. J., & Warner, J. B. (1977). Bankruptcy costs: Some evidence. The journal of Finance , 32 (2), 337-347.; Ross, S. A. (1977). The determination of financial structure: the incentive- signalling approach. The bell journal of economics , 23-40.; Myers, S. C., & Majluf, N. S. (1984). Corporate financing and investment decisions when firms have information that investors do not have. Journal of financial economics , 13 (2), 187-221. 

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V I pr c d e. Pr cisons dSailleurs que Modigliani et Miller ont par la suite, int gr dans leur th or me des l ments r pondant  la remise en cause de leur hypoth se de perfection des march s quSils relchent 25 . La structure de capital de lSentreprise est arbitraire pour Modigliani- Miller ce qui ne permet pas dSavancer de variable explicative de cette structure, sauf si lSon admet des imperfections dans le mod le. CSest dSailleurs dans le cadre de march s imparfaits que Veblen se place, et on peut alors l gitimement concevoir la place et lSimpact de lSendettement sur la structure de lSentreprise, chercher  en concevoir ses d terminants ainsi que les processus dSarbitrage de financements internes comme externes  la firme. La prise de d cision (du mode de financement comme elle peut lStre de lSinvestissement) en entreprise nSest alors plus neutre.

Par ailleurs cette structure financi re d teint n cessairement sur la gouvernance de lSentreprise e t r ciproquement,  travers la structure de propri t . La gouvernance se financiarise au tournant du si cle, bien que lShistoire du 20e si cle connat galement des p riodes o elle se socialise. En d coule des implications institutionnelles et de mise en place de politiques de contrle et de r gulation. En effet, on consid re que

E La th orie du contrle sugg re que la volont de diluer le contrle des entreprises d termine des structures de financement ad hoc F (Laurence Nayman, 1996, 161).

Le d bat traditionnel concernant la gouvernance sSamorce avec lSouvrage de 1932 de Berle et Means, qui est en r alit d j la conclusion de plusieurs dizaines dSann es de recherche dS conomistes, de juristes et mme de m dias pour comprendre la gouvernance du pays via les firmes (Harwell Wells, 2010). Les ann es 1920 connaissent dSimportants probl mes dans la gestion des entreprises, dSo un int rt exacerb pour ces questions et lSapparition des premi res r ponses par la corporate law 26 . La s paration entre gestion et actionnariat devient un sujet majeur du d bat public.

25 Pour cela, ils int grent les questions de fiscalit sur les soci t s ainsi que les probl mes dSagence. 26 Ce droit des affaires, lois sur les soci t s correspond en effet  la pratique et lS tude des interactions entre actionnaires, manageurs, cr anciers . .. les diff rentes parties prenantes de lSentreprise. Elle aborde 

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La th matique de la gouvernance dSentreprise est r activ e durant la d cennie 1980, p riode dSintensification de la mondialisation et notamment financi re, durant laquelle les actionnaires t entent de regagner du pouvoir dans lSentreprise 27 , cSest la r volution actionnariale 28 . En effet le levier financier, et donc la structure financi re, sont intrins quement li s au contrle des entreprises. Or, du contrle des entreprises d coule leur rentabilit financi re. La structure de gouvernance est influenc e par la structure de propri t qui r sulte elle- mme dSun choix de la structure financi re. La structure de lSentreprise renferme toutes les fonctions et principes qui lui permettent dStre pr sent e sur le march  savoir les r gles de gouvernance, dSadministration, de gestion et de contrle. Elle se charge de la r gulation en interne des relations entre les parties prenantes, acteurs de lSentreprise afin dSassurer la meilleure coordination. Cette recherche dSefficacit dans la r flexion autour de lSinvestissement, intrins quement li e  celle du financement, et les d cisions qui en sont prises, rejaillissent en externe sur le march et les conditions de financement.

LSenjeu est de percevoir,  trave rs la repr sentation th orique de la Q-Theory, les tenants et les aboutissants de lSinvestissement, fonction centrale de lSactivit conomique en tant quSengagement entrepreneurial ou actionnarial. On consid re dans cette structure que lSinvestissement renvoie  lSensemble des sommes d pens es et des immobilisations durables. En 1908, dans On the nature of capital , Veblen d finit lSinvestissement comme tel :

notamment les questions de partenariats, de responsabilit ... Elle se d veloppe principalement dans la seconde moiti du 19 e si cle aux tats-Unis. Elle permet la pratique des affaires en encadrant avec des dispositions pr cises. 27 Voir Michael Jensen et William Meckling, Theory of the firm: Managerial behavior, agency costs and ownership structure , 1976. 28 En effet lShistoire organisationnelle de lSentreprise sSint resse  la naissance des grandes entreprises int gr es du tournant du 19 e ainsi quS la r volution actionnariale de la fin du 20 e si cle. CSest une p riode o lSentreprise renoue avec le pouvoir, dans un contexte de tournant du march dans les ann es 1970-1980 qui permettent aux d irigeants et investisseurs dSen tirer des b n fices et positionnements avantageux. La maximisation de la richesse des propri taires est ainsi recherch e du fait dSune id ologique conomique forte qui transforme lSorientation dSun march , une financiarisati on importante de la th orie comme de la comptabilit dSentreprise. 

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PInvestment is a pecuniary transaction, and its aim is pecuniary gain, - gain in terms of value and ownership. Invested wealth is capital, a pecuniary magnitude, measured in terms of value and determined in respect of its magnitude by a valuation which proceeds on an appraisement of the gain expected from the ownership of this invested wealthQ (Veblen, 1 908b, 104-5) Il sSagit dSexpliquer les d terminants traditionnels et les modalit s de lSinvestissement. En effet, lSentreprise dSaffaires entreprend  la fois une recherche de strat gie dSinvestissement mais aussi de valorisation de la firme sur le march . Remarquons, que la structure de financement est propre  une poque ainsi quS une r gion du monde. Elle permet de voir le rapport entre les fonds propres et les recours aux divers financements externes. Si lSon suit le th or me de 1958 on devrait consid rer que la finance tant neutre, la structure de lSinvestissement nSest pas modifi e. Pour des firmes qui g n rent des flux de revenus similaires, leur valorisation sur le march doit tre sensiblement identique, ind pendamment des structures de financement, sans quoi des comportements dSopportunit et dSarbitrage ont lieu. Le lien se fait entre structure de lSinstitution et sa performance. James Tobin et William C. Brainard (1977) parlent dSune Q-Theory avec lSid e selon laquelle

E [...] les entreprises i nvestissent jusquS ce que lSaccroissement de la valeur de la firme cons cutif  lSaugmentation dSune unit de capital suppl mentaire soit gal au cot de cette derni re unit de capital. Ceci peut tre approch par le ratio Q de Tobin d fini comme le rapport entre la valeur de march de la firme et son stock de capital au cot de remplacement. Si le march boursier est efficient, la valeur de march de la firme repr sente bien la somme actualis e des profits futurs de lSentreprise.F (A. Epaulard, 1993, 1).

Nous allons tenter dans ce chapitre dSinscrire Thorstein Veblen dans les r flexions autour de ces structures et th ories car il apporte un clairage sur le fonctionnement de lSentreprise dSaffaires. Ces th matiques sont, comme nous venons de le d crire, centrales depuis lS mergence de lSentreprise au sens moderne du terme, il y a plus dSun si cle.



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2. DANS QUEL CONTEXTE DOIT-ON CONSIDERER CES PROBLEMATIQUES SUR LSINVESTISSEMENT ET LES STRUCTURES DE LSENTREPRISE ?

LS conomie industrielle est une branche importante de lSanalyse conomique et lSentreprise nSest pas un agent lambda, puisquSil n cessite des sp cifications et une attention particuli re dans la th orie et la mod lisation conomiques . Il sSagit de prendre conscience de lSimplication de lSentreprise dSaffaires, car comme le souligne Alfred Chandler  la fin des ann es 1970 :

P[G] the modern business enterprise took the place of market mechanisms in coordinating the activities of the economy and allocating its resourcesQ ( A.D. Chandler 1977 [1990], 1)

Au-del du ct industriel il faut percevoir les rouages et les subtilit s du financement de cette activit ; cSest ce  quoi sSattache la th orie financi re de lSentreprise. Comme le souligne Bernard Guerrien, E En assimilant lSentreprise  un indivi du, il la vide videmment de toute substance. CSest pourquoi certains disent que lSentreprise de la micro conomie est une E bote noire F F (juin 2005, dans Alternatives Economiques).

Bien entendu Cantillon en 1755 discute d j de la notion dSentrepreneur . Mais la figure de lSentrepreneur et les caract ristiques de la grande firme am ricaine dont il est question ici sont toutes autres au tournant du 20 e si cle et r v lent toute leur complexit , au moment de cette prise de conscience. Un entrepreneur 29 habile est n cessaire tout comme une th orie autour de ses fonctions et de son nouveau rle. En effet, comme le souligne Francis Walker en 1876, il faut que lSentrepreneur assume les responsabilit s de la production, puisse d cider ce qui doit tre fait, les quantit s, les

29 Pour un panorama de lShistoire de lSentrepreneur en histoire de la pens e conomique consulter lSarticle de Sophie Boutillier et Dimitri Uzunidis (2012).

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V I mod les, le mode de financement, les strat gies marketing et lSensemble du processus de mise sur le march et de vente des dits- produits. La grande firme sSinvite durant cette d cennie 1870 dans la th orisation conomique. Au tournant du si cl e lSentrepreneur est une figure centrale que lSon cherche  th oriser et  pr senter dans les manuels destin s aux tudiants. J. High (2011, 91) souligne la synth se faite par John R. Commons sur lSentrepreneur qui lui apparat comme P the speculating, progressive, organizing, inventive, economizing, agent of industryQ (1893 [1963], 172). Il est ainsi davantage question de strat gies de positionnement des entreprises sur le march financier plutt que sur le march des biens et services. En d coule que les objectifs des parties-prenantes ne sont pas les mmes, et comme nous lSavons d j notifi dans lSintroduction g n rale la caract ristique principale de lSentreprise dSaffaires du tournant du si cle est bien une dissociation entre gestion et propri t du ca pital dSentreprise.

LSentreprise apparat dans lShistoire de la pens e conomique comme difficile  analyser et elle est longtemps rest e comme une E boite noire F, E un objet non ou mal identifi F, notamment dans la vision n oclassique. On se questionne sur le fait quSil faut tudier lSentreprise ou lSentrepreneur 30 . La firme moderne telle quSon la connat aujourdShui merge  partir du 18 e si cle. CSest alors quSelle devient une entit propre, mue par des volont s dSaccumulation de patrimoine, de valeur, mais aussi dSincitation au progr s technique et  la coop ration. En effet, pl thore de th ories se sont d velopp es analysant lSentrepris e comme un tout, aux structures mouvantes. Le milieu du 20 e si cle donne naissance  lSav nement de nouveaux champs dSanalyse,  savoir la th orie des organisations, des firmes et de la finance dSentreprise.

Pourtant lSenjeu central de lS volution des en treprises avec les mutations du capitalisme financier est pr sent depuis 80 ans. A la fin du 19 e si cle les grandes entreprises N bien

30 Bien sr, Alfred Marshall se penche sur lSorganisation de lSentreprise dans Principles of Economics (1890) mais en Europe il ne sSint resse pas encore  la grande firme dans son analyse th orique.

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V I quS tant apparues sur le march depuis les ann es 1840 - se multiplient et parall lement les march s boursiers se d veloppent, comme une r sultante de la r volution industrielle.

E Les cr ations de soci t s ont t multipli es par vingt entre 1870 (date  laquelle d j plusieurs milliers taient enregistr es chaque ann e) et 1925 F (T.W. Guinname, R. Harris, N.R. Lamoreaux et J.L. Rosenthal, 2008, 87)

Le tournant du si cle connat une autonomisation de la finance et des relations conomiques comme sociales. Hilferding souligne que la soci t se trouve confront e  une nouvelle tape de lSP organized capitalism Q, un capitalisme industriel et financier entretenu autour des grandes entreprises qui transforment lS conomie. Ces mutations sont accompagn es par lSinstitutionnalisation dSune nouvelle vision du capital ainsi que par de nouvelles pratiques qui donnent lieu  lS laboration dSune analyse p cuniaire des institutions en pr sence. Une r flexion autour de nouvelles structures l gales prend place. En effet, il sSagit de d finir les enjeux de la propri t et de la conservation du capital, de la d l gation de la gestion ainsi que de la limitation de la responsabilit des capitalistes 31 .

CSest pourquoi, les soci t s  responsabilit s limit es 32 se r pandent massivement aux tats-Unis et au Royaume-Uni durant la d cennie 1860 car elles sont per ues comme lSorganisation dSentreprise l a plus efficace pour accumuler du capital, mais en retour instable quant aux investissements de long terme. Ainsi une juridiction N n cessaire N accompagne lS volution de la structure de march des entreprises qui sS tend au tournant du si cle. La l gislat ion souhaite limiter le risque de perte face  lS ensemble des moyens financiers et de production engag s et mis  la disposition dans lSentreprise. Pour autant, remarquons que :

E Si les entreprises pluripropri taires nSont cess de sS tendre en nombre et en taille, elles ont t sujettes  des probl mes de gouvernance persistants et la soci t anonyme nSest pas une panac e. Mme aux tats -Unis, la plupart des soci t s sont rest es des soci t s en nom collectif (SNC) au moins un si cle apr s le vote des lois lib ralisant lSacc s aux soci t s anonymes (SA). I la fin

31 En effet, les managers apparaissent comme responsables du r sultat de lSentreprise et donc des r sultats financiers devant les actionnaires. 32 La premi re loi date de 1811 aux tats-Unis.

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du XIX e et au d but du XX e si cle, les pays europ ens ont cr des formes alternatives que nous appellerons ici des soci t s  responsabilit limit e (SARL). Chaque fois quSune telle forme a t offerte aux entrepreneurs (en Allemagne avec la G mb H en 1892, en Angleterre avec la PLLC en 1908, et en France en 1925), elle est rapidement devenue beaucoup plus populaire que la soci t anonyme. I cet gard, la situation des tats-Unis est singuli re puisque les entreprises nSont pas vraiment eu acc s  ce type de soci t avant la seconde moiti du XX e si cle. F (T.W. Guinname, R. Harris, N.R. Lamoreaux et J.L. Rosenthal, 2008, 74)

Ainsi, en 1900, ces soci t s en nom collectif sont toujours majoritaires malgr le succ s en Europe des soci t s anonymes et des soci t s  responsabilit limit e.

E N anmoins, les donn es du recensement de lSindustrie indiquent quSen 1900, plus dSun demi-si cle apr s les lois sur les soci t s anonymes, les soci t s en nom collectif constituaient toujours plus de 60 % des entreprises multipropri taires. [...] CSest seulement au lendemain de la guerre, quand la soci t anonyme a b n fici dSavantages f iscaux substantiels, que la proportion de soci t s en nom collectif a amorc un d clin rapide. F (Ibid, 2008, 87)

Le tournant du si cle permet de distinguer lSentreprise de la personne morale. La soci t par actions prend aussi des formes hybrides permettant  certains initi s N les propri taires de lSentreprise - de b n ficier des situations privil gi es face  la responsabilit des simples cr diteurs externes de la firme.

Nous lSavons d j indiqu , lSentr e en bourse des entreprises est progressiv e aux tats- Unis. Sont dSabord cot es sur le march financier, les banques puis les soci t s de chemin de fer (1830 pour la premi re), celles de sid rurgie, de construction de canaux, les industries du p trole et de la chimie 33 . CSest entre 1884 et 1901 que les entreprises int grent massivement lSorganisation boursi re. Les structures de march mutent tr s rapidement et en cons quence la nature de leurs activit s, sous lS gide des grands capitalistes industriels am ricains comme John Davison Rockefeller, Andrew Carnegie ou la famille Vanderbilt qui, strat giquement, cherchent  accroitre la valeur capitalis e de leurs entreprises fusionnant petit  petit entre elles.

33 Rappelons cependant quSil faut attendre la premi re guerre mondiale pour que les tats -Unis prennent le leadership aux anglais sur les march s financiers.

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PAt that time (late nineties) there were a large number and variety of established business concerns doing business primarily in certain of the key industries, notably steel, ore, coal, and railways. Many of these concerns were in a moderately bad way financially, for one reason and another. They were, not uncommonly, unable to command such a volume of credit as was needed in the conduct of their business. They were commonly over-capitalized in excess of their market value as going concerns and notably in excess of the value of their tangible assets. So they were carrying overhead charges somewhat in excess of what their current earnings would warrant; and their earnings were declining rather than otherwiseQ (Veblen, 1923 [1997], 334)

LSobjet dS tude E firme F sSest ainsi beaucoup transform durant le 20 e si cle. La question de son identit et de son manque dSunit ne sont pour autant pas r solus. Rejaillissent de mani re r currente les pr occupations concernant la vision de la structuration, des modes dSincitations et de contrle de lSentreprise ainsi que du d calage entre th orie et empirie. On passe de la firme-point  une analyse plus en d tail des inputs, de leurs allocations, des outputs et de la gestion du march . Comme  lS poque de Veblen, il nSexiste aujourdShui pas de d finition consensuelle de lSentreprise, du mod le de sa gouvernance et de ce que lSon en attend. LSentreprise prend des formes trop diverses, notamment aujourdShui avec les efforts de flexibilisation, la sous -traitance, les franchises G Le travail de synth tisation des ann es 1970S avec les travaux sur les cots de transacti on et les th ories de lSinformation nS limine pas les conflits dans la d finition de la firme. Ces concepts sont tr s divers et,  lSheure de la mondialisation, de la pr minence des firmes et du march , cela apparat pourtant comme in vitable et probl matique. Pourtant, lShistoire de la pens e conomique rec le dS crits concernant les sp cificit s de lSentreprise et tous les grands conomistes sSy sont int ress s (Marx, Marshall, Hilferding, SchumpeterG).

Nous nous appuyons sur une litt rature publi e par Veblen entre 1904 34 et 1923 qui nous permet dSanalyser le lien entre des th matiques indissociables  lS poque que sont :

34 Veblen d veloppe sa th orie du capital entre 1904 The Theory of Business Enterprise ([1996], 115-7, 133) et 1908 On the nature of capital ; bien que ce dernier soit davantage th orique. Comme le souligne Gagnon (2007) lSMuvre de Veblen poursuit cette analyse (jusquSen 1923) : E La r flexion de Veblen se d roule en deux temps ; dSabord

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V I lS volution de la structure de march aux tats- Unis, du poids de lSengagement des parties prenantes ainsi que des modes de financeme nt de lS conomie, orient e vers un capitalisme de march industrialo-financier. Veblen d veloppe une d monstration autour de la logique capitaliste  laquelle il adjoint une logique de gestion.

Nous positionnons ainsi lSinstitutionnalisme,  travers lSimpulsion moderne de Veblen, comme le premier mouvement  dresser une histoire de lSentreprise dSaffaires et  en faire une institution conomique centrale pour lSanalyse. Un cadre analytique et d limit , qui sera galement  la base des th ories manag r iales, car lSentreprise y est per ue comme une organisation permettant la coordination.

3. LA PLACE DE VEBLEN DANS CES STRUCTURES THEORIQUES

Veblen est un t moin privil gi des grands bouleversements de march des ann es 1890-1929. Il y r pond par une analyse reliant cr dit, actions, goodwill et capitalisation,  lS mergence, au d veloppement et  lS laboration de strat gies de la part des grandes entreprises qui cherchent  fusionner. Cela lui permet dSenvisager la compr hension de lS volution des structures de lSentreprise car il mobilise ces concepts, centraux dans ses d veloppements, afin dSexpliquer lS volution de la gestion et de la comptabilit de la firme. CSest pourquoi nous nous int ressons au point de vue de Veblen.

Veb len bauche une th orie du capital par lSobservation du capitalisme r el au tournant du si cle dernier ; ensuite il labore une r flexion plus g n rale sur les formes historiques des processus industriels de production qui ont conduit  lSentreprise dSaffaires, en montrant que la capitalisation dSactifs (soient -ils tangibles ou intangibles) repose sur le pouvoir de contrle quSoffrent ces actifs sur lSensemble de la communaut . F (M.A. Gagnon, 2007, 4). The Vested Interest (1919) insisterait davantage sur la mise en place des trusts et holdings comment symbole de volont de cr ation de goodwill pour les affaires (Veblen, 1919, 74, 78, 139- 40). Il ajoute que lSactif intangible renvoie aux vested interests  s curiser, Pa marketable right to get something for nothingQ (Veblen, 1919, 100).



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Dans ce contexte, le poids des E capitaines de finance F est plus important, ce qui leur permet dSinfluencer la valorisation sur le march grce  des E montages financiers F. Le capitaliste d tient un titre  droit n gociable, un capital avec une contrepartie inexistante, intangible dont lSid e est que la cr ance nSest que la somme des flux esp r s et ventuellement dSun pouvoir de march . Le droit de propri t du titre se retrouve dans la valeur financi re. Le capitaliste introduit alors une analyse autour des questions de choix de la part de strat ges financiers, dSarbitrages autour dSactifs financiers, ainsi que de diversification de portefeuilles grce aux instruments financiers tels les common et preferred shares , debentures ,... La question est de savoir dans quelle mesure cette structure perturbe lSinvestissement global et sa nature.

Les crits de Veblen sur ces questions ont d j t largement comment s notamment par Dirlam (1958), Bolbol & Lovewell (2001), Cornhels (2004), Ganley (2004), Gagnon (2007a) ou encore Cochrane (2011). Pour autant, il sSagit pour nous de pr senter diff remment Veblen dans la th orie du capital du tournant du si cle. En effet, nous souhaitons montrer dSune part que Veblen est un pionnier de la th orisation du goodwill (chapitre 1).

Si lSon consid re le bilan comptable simplifi dSune entreprise, il se pr sente tel que :

Le passif est constitu de lSensemble des ressources dont lSentreprise dispose, du mode de financement le moins risqu au plus risqu . Le passif est valu sur la base de la



IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V I capi talisation des revenus alors que lSactif est valu au cot de remplacement de lSinvestissement.

Faisons d sormais apparatre le goodwill E v blenien F dans ce bilan 35 .

1. Consid rons une entreprise capitaliste qui r alise un investissement mat riel. LSapport en capital provient du cr dit ainsi que de lS mission dSactions ordinaires.

2. Puis, lSentreprise effectue un second investissement du mme montant que le premier. Elle finance ce nouvel investissement par lS mission dSactions privil gi es.

35 Bien que Veblen nSadopte pas cette d marche ou pr sentation comptable dans ses crits pour mettre en vidence la notion. 

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3. Une foi s la distribution des revenus effectu e, on constate quSil reste un solde positif de earnings capitalis es non distribu es. Le passif est alors sup rieur  lSactif, il faut donc inscrire une contrepartie  lSactif. La distribution de ces earnings permet lS mission dSactions ordinaires suppl mentaires. Ce goodwill autorise lS mission de nouvelles actions ordinaires,  hauteur de son montant.

Le goodwill apparait  lSactif du bilan et sSassimile aux actions ordinaires. Ces derni res couvrent aussi pour part le premier investissement mat riel. La d termination comptable du goodwill passe par lS valuation du passif du bilan et il renvoie  la diff rence entre la valeur de march de lSentreprise et sa valeur nette comptable.

DSautre part, cette re d finition du goodwill que nous tablissons dans une perspective de clarification de la pens e E v blenienne F, nous am ne  lSins rer a posteriori dans la filiation de la th orie de lSinvestissement aujourdShui repr sent e par la figure de James Tobin. Il est alors  consid rer comme un des premiers th oriciens de la corporate finance .

CSest sur cette seule base que lSon va assimiler le goodwill E v blenien F au windfall profit chez Keynes (chapitre 2). Veblen d tient d j une d finition similaire  celle de Keynes,



IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V I en percevant comme faisant partie de ce goodwill toute capacit intangible prof rant un avantage pour une entreprise tel un brevet, une franchise (1904 [1996], 139). Or, Veblen ajoute dans On the nature of capital: Investment, Intangible Assets, and the Pecuniary Magnate :

PPIntangible assetsQ are immaterial items of wealth, immaterial facts owned, valued, and capitalized on an appraisement of the gain to be derived from their possessionQ (Veblen, 1908b, 105 -106)

Et parall lement: PThe ownership of the material equipment g ives the owner not only the right of use over the community's immaterial equipment, but also the right of abuse and of neglect or inhibitionQ (Veblen, 1908b, 105 -106)

Ses propos sont tr s contemporains au regard dSun vocabulaire tourn vers les instrument s financiers, la valorisation de lSentreprise, ses d rives et les retournements des cycles. Veblen consid re lSanalyse financi re comme un instrument dS valuation et de contrle du travail des managers.

Nous vivons actuellement dans une soci t dans laqu elle lS valuation mon taire et financi re des biens, services, institutions etc. semble centrale. LSentreprise nS chappe pas  ces consid rations,  ces besoins et contraintes et  la d pendance aupr s de ces agents oligarchiques  lS poque. Ainsi, la gest ion financi re mobilise le triptyque rentabilit /solvabilit /liquidit en sus de lSobjectif vident de chiffres dSaffaires. LSid e est donc que pour assurer le d veloppement dSune entreprise, il faut des investisseurs dont le seul int rt est la rentabilit , disposant de liquidit s disponibles, de capitaux  investir. Tout acte d cisionnel implique un flux financier et avec lui de potentiels risques, inad quations avec lSactivit , r percussions sur la valeur de march de lSentreprise, ou encore changements dans les performances et diagnostics.



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4. QUELS ENJEUX SONT SOULEVES PAR LA PARTIE I ?

Veblen nSest pas le seul  sSancrer dans cette branche dSanalyse et il poursuit en cela Marx et cSest galement le cas pour Hilferding. Pour autant, les march s nSont en effet pas connaissance en d tail de cette structure financi re des firmes. Il peut r sulter de cette opacit de la structure une d connexion entre la valeur fondamentale ( fair value ) et la valorisation boursi re. Alors mme que la recherche de financement par les entreprises - quSil soit bancaire ou financier - dans un contexte dS conomie -monde est un enjeu majeur, la superposition de ces diverses valeurs perturbe la vision que lSon peut avoir du march .

De plus, selon la position de la partie- prenante, interne ou externe  lSentreprise, lSop rateur dispose dSinformations diff rentes 36 . Cela renvoie donc  lSarticulation entre la structure financi re et la structure de gouvernance sur lesquelles reposent les d cisions dSinvestissement et de finan cement ; il faut satisfaire les actionnaires et investisseurs tout en faisant les bons choix pour lSorientation manag riale de long terme. Elles sont centrales au bon fonctionnement de lSentreprise et incombent  sa direction,  sa gouvernance.

LSentreprise est un agent institutionnel qui, en tant quSorganisation productive et lucrative, labore une strat gie objectivant de maximiser son profit. CSest lSun des rudiments que lSon enseigne en micro conomie aux jeunes tudiants en licence. Or lSentreprise est bien plus que cela, puisquSelle recouvre de nombreuses pr occupations : productive, de march , financi re, de comp titivit , dSimage de marque ... en cela elle

36 En effet, le comportement pr dateur de certains insiders les am ne  conserver les r sultats de lSentreprise quSils connaissent en tant quSagent privil gi . LS insider cherche  pr server son contrle dans lSentreprise et ses b n fices face  un outsider qui peut aussi bien tre le petit actionnaire que lSinvestisseur ext rieur.

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V I est une vraie construction sociale mais aussi une institution conomique, faisant appel  des syst mes dSinformation et de communication internes comme externes. Pour autant, elle nSest toujours pas un objet dS tude stabilis . Elle est donc un acteur de march qui, par ailleurs, cherche  cr er de la valeur, lever des fonds et  maximiser son profit individuel au- del du b n fice issu de lSactivit productive. LSentreprise valorise au maximum ses actifs sur le march dans une volont dSaccroissement du rendement financier, qui est lSun des traits essentiels du fonctionnement capitaliste. Elle entret ient alors des relations complexes avec le march tout en cherchant  d passer les barri res et habitudes qui lui sont assign es dans le capitalisme. La capitalisation refl te la valeur de lSentreprise, sans distinguer - pour lS outsider - le rendement productif du retour sp culatif, touch par les actionnaires de lSentreprise.

AujourdShui, nous connaissons bien lSexemple de la shareholder value qui introduit la tendance  la d possession des r els op rateurs de lSentreprise, au profit des actionnaires, alors mme quSils repr sentent des P absentee owners Q, aux pratiques parfois contradictoires avec la p rennit de lSentreprise. Pour Veblen, ces riches magnats financiers gaspillent et deviennent petit  petit des g ants de la bureaucratie du capitalisme rendant inefficace le syst me.

PThe spectacularly wasteful competition among enterprising pioneers has now run its course and has worked out in a system of collusive management in behalf of these larger absentee owners who have acquired title to (virtually) all that is left.Q (Veblen, 1923 [1997], 193)

Ce sujet est ainsi toujours une question dSactualit concernant la nature de lSentreprise. En effet, cette derni re peut  la fois se pr senter comme une E machine  profits F mais aussi comme ayant d pass ce concept cul du 20 e si cle. Elle affiche d sormais la volont de d passer ses fonctions initiales en conciliant pr occupation conomique, sociale, de gestion, thique, cologique ... LSinstauration de ces concepts thiques introduit la probl matique de la Responsabilit Sociale de lSEntreprise (RSE) par exemple. LSentreprise est multidimensionnelle en tant quSagent actif et de coordination

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V I sur le march . Les modes de r gulation institutionnelle du capitalisme sont en jeu ici. La pr occupation de la domination des E capitaines de finance F sur les E capitaines dSindustrie F, les questions dSasym trie dSinformation ainsi que la r partition des b n f ices entre les parties prenantes, ont ressurgit dans lSopinion publique et dans les sph res politiques depuis la crise des subprimes . En effet, partout les journaux des ann es 2007- 2008 crient au scandale autant concernant les principes de gestion dSentrep rise que le rapport au march de ces dites-entreprises. En effet, les dividendes des entreprises fran aises au second semestre sS l vent  toujours 35 milliards dSeuros et connaissent une croissance de 10% par rapport  2015 37 . Avec lSapparition de la th orie des organisations, la th orie de la firme ou encore des parties prenantes, l a boite noire a t ouverte dans les ann es 1970S permettant de rapprocher th orie et r alit du mode de fonctionnement de lSentreprise. CSest dans le tournant n olib ral des ann es 1980 et dans le d veloppement des instruments financiers que lSon va chercher des r ponses et un appui id ologique pour expliquer les d rives. Depuis le retournement mondial, les chercheurs r actualisent les principes et m canismes th oriques des grands historiens de la pens e sur lSinstabilit et les crises. Ils se rem morent les krachs boursiers, les manipulations financi res de march et questionnent la valorisation financi re pour d crypter lSactualit qui les entoure. AujourdShui on comprend que la pluridisciplinarit est centrale et quSil faut lSutiliser pour entendre lSentreprise comme un r seau, un nMud de contrats et non plus uniquement un ensemble complexe de techniques et de modes dSorganisation. La reconstruction de la firme peut alors paratre  jamais utopique, mais elle reste - dans un contexte de mondialisation financi re - un enjeu strat gique pour lSaiguillage de lS conomie.

Pour nous, il sSagit de E rendre justice F  Thorstein Veblen, conomiste de la th orie financi re de lSentreprise, qui propose galement une th orie de lSinstabilit . Son analyse permet dSentrevoir les changements qui ont lieu au tout d but du 20 e si cle aux tats-

37 Alternatives conomiques, octobre 2016, No.361.

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Unis et qui sSentrecroisent avec toutes les pr occupations contemporaines: la performativit de l Sentreprise 38 (la captation du goodwill), la r partition de la richesse cr e (le goodwill de monopole), la hi rarchisation et la r partition des pouvoirs dans lSentreprise et sur le march (la s paration entre actionnaires et gestionnaires).

5. OBJECTIFS DE LA PARTIE I :

LSobjectif de cette premi re partie sur la contribution analytique est double :

1. Premi rement , il sSagit dSexpliquer le rle central du goodwill dans la description de la nouvelle re de gouvernance dSentreprise fournie par Veblen.

A ce propos, nous consid rons particuli rement les crits de 1904 The Theory of Business Enterprise . A lSaune de cet ouvrage, nous d finissons le goodwill, d terminons sa valorisation, et ses ambigut s au regard de la structure financi re de lSentreprise. Le goodwill apparat de mani re comptable et recouvre plusieurs interpr tations conomiques.

En effet, il sSav re que le d bat am ricain sur la nature du capital, du cr dit et de la formation des taux dSint rt prend place entre 1896 (Fisher avec Appreciation and Interest ) et 1913 (Mitchell avec Business Cycles ). Cette controverse int gre la r flexion dSauteurs aussi importants que James Laurence Laughlin, Thorstein Veblen ou au cMur dSun d bat mon taire qui oppose des visions contradictoir es concernant la nature du capital au sens large 39 . La publication de lSouvrage de 1904 arrive au moment de lSexacerbation de ce d bat, dSo le fait que lSouvrage de 1923 Absentee Ownership : Business

38 En termes de rentabilit et de comp titivit pour les apporteurs de capitaux. 39 Voir notamment A.J. Cohen (2013)  ce propos.

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Enterprise in Recent Times The Case of America soit moin s important concernant lSenjeu du goodwill. De plus, Absentee Ownership se penche davantage sur les questions de remplacement de la direction de lSentreprise par les ing nieurs experts et techniciens et sSinterroge alors moins sur la question de la valoris ation actionnariale. Bien sr la valorisation des actifs est toujours une question pr gnante (1923 [1997], 184) mais les pr occupations de lSauteur sont davantage tourn es vers la description dSune Am rique plus rurale avec une r flexion sur la consommation, la propri t des ressources naturelles, la publicit , ou encore le lien entre technologie, exploitation et gaspillage. CSest grce  The Theory of Business Enterprise et au triptyque cr dit, actions et goodwill que Veblen passe dSune analyse des affaires  la finance dSentreprise  proprement parl . La litt rature ne reprend pas les interactions entre ces trois notions et nSexpliquent pas les m canismes  lSMuvre dans les propos E v bleniens F.

Le E d tournement de valeur 40 F nSa ainsi jamais cess dSav oir lieu depuis la fin du 19 e si cle, car les instruments et montages financiers innovent de mani re continue. Les carts temporaires de prix constat s sur les titres permettent  certains agents financiers de r aliser un gain, du fait de leur efficacit  capter ces opportunit s. Les rachats dSactions en p riode de prosp rit boursi re sont propices  lSeffet de levier du cr dit sur le rendement des capitaux propres puisquSalors le taux dSint rt baisse ; et inversement pour celle de la mauvaise conjonctur e. Le cr dit permet dSaugmenter cette capacit  g n rer de la dette en augmentant la valeur de lSentreprise au passif. Ce cr dit explique aussi quSil se cr une d connexion entre prix de march et valeur fondamentale de la firme, au moment de lSeffondrement vers la phase basse du cycle. LSeffet de levier du cr dit sur le rendement, lSexistence de deux types dSactions et une asym trie dSinformation assum e font apparatre la notion de goodwill. CSest cette notion, en termes dSinterpr tations comptable et e ntrepreneuriale que la litt rature secondaire

40 Cette notion met en exergue les pratiques des dirigeants et lSimpulsion des actionnaires dans lSorientation de la r partition des profits de lSentreprise. Bien entendu, le d lit dSiniti est puni par la loi ; il nSempche quSune certaine appropriation des richesses a lieu. Des actionnaires outsiders (qui ne participent pas  la gestion de lSentreprise) d tournent de la valeur  usage individuel au lieu de b n ficier  lSensemble de la communaut . Il faut un contrle au sein de ces structures.

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(Dirlam, 1958 ; Rutherford, 1980 ; Raines et Leathers, 1992 ; OSHara, 1993 ; Bolbol et Lovewell, 2001 ; Cornehls, 2004 ; Ganley, 2004 ; Gagnon, 2007 ; Argitis, 2016) ne pr sente pas suffisamment  nos yeux, hor mis lSarticle de R. Black (1992). La dualit des actions dans lSentreprise repose sur le fait que chacune de ses parts sociales, en fonction de leur nature pr f rentielle ou ordinaire, ne couvre pas le mme type de capital (respectivement tangible et intangible), ni en cons quence les mmes droits dans lSentreprise 41 . A partir dSune op ration de cr dit, on cr une nouvelle dette. CSest ce que lSon appelle du capital fictif 42 . Cependant ce capital nSest pas un collat ral pour le remboursement du risque, risqu e support par lSactionnaire. A lSaune de cette litt rature, lSenjeu est de d montrer lSexistence dSun double goodwill  lSaide dSun exemple num rique comptable. Il sSagit alors de mettre dans une perspective historique cette notion de goodwill, centrale p our la dynamique financi re de lSentreprise ainsi que ses r percussions sur sa structure monopolistique.

En r gle g n rale, la th orie conomique a peu prt e attention  la propri t intangible. Pourtant, pour le milieu des affaires, cSest une source de profits et un enjeu de richesse priv e versus richesse sociale (H. Sidgwick (1883) dans R. Black (1992)). Commons et Veblen y consacrent analyse et int rt. Pour dresser leurs constats ils sSappuient dSailleurs sur les t moignages de la commission industrielle de 1900 ainsi que sur les d cisions de

41 De plus comme C.A. Medlen, qui publie en avril 2016 un article sur la th orie des discounted earnings streams au regard du pouvoir de monopole, nous nous accordons sur le fait que le goodwill a un enjeu en termes de structure monopolistique du march 41 . Selon notre lecture, le processus de monopolisation permet lSapparition dSun second goodwill: PIn VeblenSs view, the monopolistic PRdifferentialsS augmented the valuation of monopolistic firms, ... [so that] the aggregate value of property rights of the community come to exceed the aggregate wealth of the communityQ (C.A. Medlen, 2016, 5) DSailleurs Veblen ajoute: PTheir "summation" is a spurious summation, in the main, since they represent competitive advantages, in the main; and their capitalization adds a spurious volume to the aggregate property rights of the community.Q (Veblen, 1908a, 117). 42 On trouve cette notion dans Le Capital N Livre III de Marx, chapitre XXV : Le cr dit et le capital fictif concernant le paragraphe sur la E Subdivision du profit en int rt et profit dSentreprise. Le capital productif dSint rts F. 

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Cours Suprmes. Ce sujet dS tude forme un ciment important de lSanalyse institutionnaliste du d but du si cle car ces auteurs introduisent la centralit des droits de propri t dans la l gislation et la th orie conomique 43 , notamment de lSintangible qui vient augmenter la valeur comptable de lSentrepri se 44 .

2. Deuxi mement il sSagit dSancrer Veblen dans la filiation des conomistes de la th orie financi re de lSinvestissement de 1898  1968 45 , avec Keynes et Tobin. Ces trois auteurs peuvent tre interpr t s en termes de Q-th oriciens et il sSagit dSinterrog er les similitudes et diff rences entre ces th ories, notamment sur la question de lSactionnariat.

Tout dSabord, pr cisons le point de d part de cette analyse. En 1898, Knut Wicksell dans Interest and Prices distingue deux taux dSint rt : dSune part le taux effectif d termin et pratiqu sur le march mon taire. La monnaie est reli e au cr dit donc lSinvestissement est li au cot du cr dit cSest -- dire le taux de lS conomie de cr dit pur, r M, avec monnaie, auquel se prte le capital 46 . DSautre part, le t aux naturel correspondant au niveau de taux auquel le taux de lS conomie mon taire assure une stabilit des prix, i.e. un taux r N qui, sans transaction mon taire, permettrait une croissance de long terme quilibr e et sans inflation. Le taux naturel galis e lS pargne avec lSinvestissement dans une conomie sans monnaie, mais avec du capital r el. Il sSagit N tout comme aujourdShui N de jouer sur le taux effectif de lS conomie mon taire par rapport au taux naturel pour g rer le degr dSinflation ou de d flation. Le taux de march galise lSactualisation des

43 On peut dSailleurs consid rer que cSest cette litt rature primaire et mergente qui alimente la recherche sur les cots dSinformation dans la seconde moiti du 20 e si cle, comme chez (1961). 44 Voir  ce propos les crits de Glenn Munn (1962, 317) concernant la reconnaissance en Angleterre du lien entre goodwill et management. 45 Bien entendu, dSautres auteurs pourraient tre cit s dans une th matique sur lSinvestissement. Mais nous nous limitons  la th orie de lSinvestissement comme mesure de profitabilit et d onc aux conditions financi res de la firme d terminant lSacte dSinvestissement chez Veblen, Keynes et Tobin. 46 Wicksell utilise Pmoney rateQ (1936, 107) et Pmarket rateQ (1936, 86, 170 -2, 174) pour exprimer la mme chose. 

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V I rendements - des actifs en question - avec le prix de march . Le taux naturel galise la capitalisation des rendements escompt s avec le cot de reproduction des machines, des biens-capitaux. La th se de W icksell consiste  dire quS partir du moment o le taux sur le march est inf rieur au taux naturel, se cr e une incitation  investir et une expansion conomique en d coule.

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Il y a un profit : PƗ #ͅ ʚͦ Ǝ ͦ ʛ Ƙ R

DSo le fait que lSinvestissement soit un processus cumulatif dont ressort une hausse des prix au plein emploi. Cela conduit la banque  objectiver quSen retour, le taux du march augmente. En effet, dans un processus temporel ce taux de march sS galise au taux naturel de telle fa on que les prix soient stables et cr ent des cycles. Pour ce chapitre, bien quSil nSexiste pas de th orie claire de la d termination du taux dSint rt chez Veblen, i l sSagit ici de retracer lS volution terminologique de ces concepts que lSon retrouve chez Keynes, Tobin et Veblen 47 .

Le 20 e si cle a ind pendamment donn naissance  deux travaux centraux pour la compr hension des modes de financement de lSentreprise. Le th or me de Modigliani - Miller qui fait apparaitre que le choix dSinvestissement e t de la gouvernance de laquelle d coule la r partition des flux de revenus des actionnaires et cr anciers sont importants ; pas la source de financement. En parall le au th or me Modigliani Miller, le second l ment pr pond rant pour la compr hension des modes de financement de lSentreprise est le q de Tobin - central pour la strat gie de march de lSentreprise - qui analyse le lien entre le cot et le rendement dSun investissement. Il est utilis comme un proxy de la performance de la firme. CSest donc la relation entre deux valorisations de lSentreprise. A lS quilibre, q=1. Mais, avec le goodwill, lSentreprise atteint une position qui est telle que q > 1 sans pour autant quSil

47 Selon Toporowsky, Wicksell tait un Pnear contemporary of VeblenQ (2005, 45). 

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V I nSy existe dSincitations  investir. James Tobin traite de la survalorisation dSactifs sans la lier aux questions dSendettement. Ainsi le th or me de Modigliani-Miller pour qui modes de financement et strat gies de march ne sont pas li es, ne sSoppose pas au contenu de lSanalyse du q de Tobin. Cependant, il nSest pas question de cot de remplacement pour Modigliani- Miller, mais de deux situations diff rentes. En effet dSun ct nous avons un taux dSactualisation des revenus anticip s qui correspond  une entreprise avec effet de levier de lSendettement sur la rentabilit , et de lSaut re, ce mme taux avec une entreprise sans effet de levier. Le march financier nSexerce ainsi pas de contrainte sur le comportement dSinvestissement mme si, Modigliani et Miller sSaccordent avec Tobin, sur le fait que lS valuation de la valeur future de lSentreprise est d termin e sur ce march et reste cependant incertaine. Il nSy a alors pas de contradiction entre ces deux th ories du financement de lSentreprise.

Il apparat vident aujourdShui que la valeur de lSentreprise est li e  la valorisation immat rielle, puisquSil existe un lien entre la notation des entreprises par les agences de notation et leur valeur sur le march . Finalement on peut mme envisager que le ratio de Tobin serait une mesure 48 de la proportion de capital immat riel de lSentrep rise (E.B. Lindenberg & S.A. Ross, 1981). En effet, la capitalisation des earnings de lSentreprise nous donne la valeur de lSentreprise sans goodwill,  laquelle il faut aujourdShui ajouter la valeur de lSimmat riel qui introduit une valeur de march sup rieure. Si le q est sup rieur  1, des opportunit s dSinvestissements rentables sont possibles. La valeur de lSentreprise doit tenir compte de la valorisation des immat riels. La r flexion ici est orient e sur la comparaison entre la capitalisation des revenus anticip s et une analyse des taux dSint rt. Pour autant, Veblen sSins re dan s des analyses pr -modernes 49 , dans lesquelles lSinvestissement d pend de la valorisation financi re des actifs de lSentreprise. Il sSagit

48 PThe resulting value assigned by the market is the valuation of the fixed factors embedded in the firm, and these include invested capital (and land) and all of the intangible factors on which the firm earns rentsQ (E.B. Lindenberg & S.A. Ross, 1981, 3) 49 Dites E pr -Modigliani-Miller F. 

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V I dSapprofondir la litt rature sur cette filiation en repartant de lSinterpr tation des quations chez Keynes (1930, 1936 50 ) jusquS Tobin (1969, 1977) tout en reliant au travail pr curseur de Veblen (1904) oubli ou mal-sp cifi par la litt rature, dans la pr sentation de la Q-th orie.

Par ailleurs cela nous permet dSintroduire, toujours grce au concept du goodwill, lSanalyse de lSentrepreneur -capitaliste. Sur ce sujet, Veblen partage avec K. Marx (1864- 1875), R. Hilferding (1910) et A. Berle et G. Means (1932) lSopposition manager/propri taire. En effet, lSanalyse du capitalisme est ins parable de celle du management, don t la forme volue avec lS volution du capitalisme. A ce propos, Marx (1867) consid re la r flexion manag riale comme centrale et fait r f rence  Andrew Ure (The Philosophy of Manufacture , 1835) qui place les gestionnaires industriels au cMur de lSindustri e du 19 e si cle (Daniel Bell, 1973, 60). Investissement et premiers jalons de la r volution manag riale sont d velopp s ici et ces auteurs sSaccordent sur la centralit du capital financier duquel d coule, une conflictualit dans la recherche de la d tention du pouvoir et dans la capitalisation des surplus de valeur de lSentreprise. En effet, alors que Tobin confond les fonctions de propri t et de gestion, Veblen sSint resse  la capture du goodwill et Hilferding  celle du promoterSs profit , i.e.  une concentration des entreprises qui donne lieu au revenu financier dSun capital fictif monopolis qui prolif re. Dans la derni re partie de lSarticle, nous reconstituons cette seconde filiation li e aux structures de lSentreprise et les tensions induites entr e structure financi re et structure de gouvernance.

50 En 1907 dans PThe rate of interestQ I. Fisher pr sente le concept de Prate of return over costQ qui recouvre la diff rence entre deux sources de revenus que J.M. Keynes pr sente en 1930 comme lSefficacit marginale du capital.



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CHAPITRE 1:

CREDIT, SHARES AND GOODWILL: A VEBLENIAN TRINITY *

PIn any case so much seems clear N that goodwill is the nucleus of capitalization in modern corporation finance.Q (T.B. Veblen, 1904 [1996], 117)

0. Introduction 1. Credit, Shares and Goodwill a. Credit and business enterprise b. A first goodwill c. A two-fold approach to capital and shares 2. Financial instruments, information and monopoly a. Historical emergence of goodwill b. Goodwill : the relationship between insider and outsider c. The second goodwill 3. Conclusion

* I gratefully acknowledge the editors and referees of History of Economic Ideas for helpful comments.

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0. INTRODUCTION

The objective of this paper is to expose the analytical link between credit, shares and the concept of goodwill N underdeveloped at the time N that Veblen presents without explaining its reasoning to the end about the implications in terms of credit leverage effect on the return on equity, instability and appearance of a double goodwill.

Throughout the 20 th century, Thorstein VeblenSs works were considered to be founders of the nascent institutionalism (R.T. Ely, 1919 [1893]; G.M. Hodgson, 1998, 166). Studies mainly focus on The Theory of the Leisure Class (1899) and Absentee Ownership: Business Enterprise in Recent Times: The Case of America (1923). The purpose of this paper is to show that The Theory of Business Enterprise , published at an earlier date, in 1904, provides an analytical theory of goodwill and two classes of shares N common and preferred N that is essential for understanding the emergence and development of corporate finance. Veblen defined goodwill as follows:

PGoodwill taken in its wider meaning comprises such things as established customary business relations, reputation for upright dealing, franchises and privileges, trademarks, brands, patent rights, copyrights, exclusive use of special processes guarded by law or by secrecy, exclusive control of particular sources of materials. All these items give a differential advantage to their owners, but they are of no aggregate advantage to the community. They are wealth to the individuals concerned - differential wealth; but they make no part of the wealth of nations.Q (Veblen, 1904 [1996], 139)

Moreover, the 1904 book prefigures the one published in 1923. So why focus on the analysis of about 1904 51 and not those from 1923? In fact, despite the evolutionary phase

51 The 1908 article is also important in this regard, but there nevertheless resumes his analysis began in 1904. He adjusted the definition of goodwill emphasizing any advantageous or special position, excluding patents, franchises G (like J.R. Commons) and from a monopoly situation, with control of power.

C.:]1 `V  C P:` 1V I of capitalism and changes related to innovations, the 1904 book appears more current on the behavior of financial markets than 1923, which is by the way not the heart of the book, partly due to a new phase of capitalism, inducing innovations and changes. In this, we follow W.T. Ganley (2004) which evokes a dichotomy between 1904 writings and those of 1923 due to the changing environment and events that take place. Indeed we follow P.J. Raines and C.G. Leathers (1992) because we agree on the idea that the 1904 developments are more in tune with the reality of financial markets that U.S. market have experienced during the 20th century than veblenian developments advance in the book of 1923:

PThe financial system in the 1980s was shaken by a wave of speculative finance facilitated by a massive accumulation of debt [G] These developments comported closely with Veblen's theory of financial markets presented in The Theory of Business Enterprise [1904]. But have repeated episodes of financial instability invalidated Veblen's later assessment in Absentee Ownership [1923] that the financial system had become virtually self- insured against crisesQ (P.J. Raines and C.G. Leathers, 1992, 433)

Of course in Absentee Ownership (1923 [1997]) Veblen always addresses the issue of the internally decision and monetary illusion (182-3), of merger strategies (347-9), of still debt practiced (183), of price developments (390), increase profits and lower costs (372) or of accumulation process of inflation and credit (390). In addition about the topic that interests us particularly here, namely the goodwill , the 1923Ss book is far less innovative because many authors have theorized this concept since.

The literature on VeblenSs writings is dense and theorists like Adolph Berle, Gardiner Means (1991 [1932], 4) and John Kenneth Galbraith (1958, 42; 1967) were inspired by VeblenSs theory about the separation of ownership and control in the company. Nevertheless, the literature does not clearly bring to light the links between shares, credit and goodwill, although they form a system. Of course the literature has treated VeblenSs particular interest in predatory finance (J.B. Dirlam, 1958; J Cornehls, 2004) with the superiority of finance over industry. This domination also allowed him to develop a

C.:]1 `V  C P:` 1V I business cycle theory with the prevalence of credit fluctuations (A.A. Bolbol & M.A. Lovewell, 2001; J. Mendez, 2012, 147) and instability (R.J. Phillips, 1988, 171; P.A. OSHara, 1993, 91), which has been pursued by the secondary literature . But in 1904 Veblen developed a theory of corporate finance, an institutionalist interpretation of the running of modern business, which has been poorly addressed by the literature. He gives us a sharp understanding of the financial innovations of his time in this 1904 book. We believe that this understanding deserves additional interest, because despite what may be said by J.B. Dirlam (1958), the use of Pcredit loanQ as a generic term to cover all shares is not sufficient classification. Veblen understood, at that time, the importance of changes in the stock market. During an era of mergers, he investigated the analytical links between diversified financial instruments, the implementation of new business strategies and new impetus for economic capitalism.

The aim of this paper is to show that the 1904 book proposes a fairly advanced analysis of the financial theory of the firm through a theory of two-sided goodwill, result of the financial structure of the firm. Veblen presents the trinity of modern business management: the link between credit, shares and goodwill. The literature highlights the close link between the emergence of corporate governance studies and the publication of VeblenSs works (J.B. Dirlam, 1958; F.G. Hill, 1967, 284; M. Rutherford, 1981). It is commonly accepted that the publication of The Modern Corporation and Private Property in 1932 by Berle and Means laid the groundwork of the landmark analysis of the development and dominance of finance over industry in the United States, and therefore the new rules of corporate governance. Nevertheless, we aim to demonstrate that the first influence appeared with VeblenSs 1904 work, which already established the analytical base of predatory capitalism. The first decade of the 20th century is central for historical reasons: it was a period between two crises, a full-time debate (1884-1927) was taking place about the nature and the proponents of goodwill (H. Stolowy, J. Ding, Y. Richard, 2007), and also the market was changing considerably with concentrations and

C.:]1 `V  C P:` 1V I mergers. Veblen describes a market economy subject to growing financialization, to a progressive concentration of business and powers leading to what we call an Poligarchic capitalismQ. Thus, Veblen is considered a precursor of the modern theory of corporate finance (J.P. Raines and C.G. Leathers, 1992; E.R. Hake, 2004, 389) and the financial practices of big business (W.T. Ganley, 2004). The redistribution of wealth created by the company is a real issue of governance, in which the question of property rights, which Veblen investigates, is of paramount importance. We seek to deepen these analyses emphasizing the prominence of property rights and goodwill. We wish to highlight the fact that whereas the literature is more interested in Absentee Ownership (1923), the 1904 book prefigures it (M.A. Gagnon, 2007, 4; Cornehls, 2004) and establishes all necessary bases to study the Veblenian contribution to corporate finance (T. Baskoy, 2003, 1126; Berle and Means, 1932). Indeed, no analysis has been proposed of the activities pursued within the company with the aim of generating goodwill, nor on how agents can capture it. Nor has the literature put into perspective the appearance of two potential types of goodwill. This is what allows us to consider VeblenSs work as the foundation of modern corporate finance theory. Our work seeks to provide a clarification of the Veblenian system, to analyze and demonstrate the intention of his 1904 book.

The paper is divided into two parts corresponding to the two types of goodwill as the Pnucleus of capitalizationQ (1904 [ 1996], 117) that Veblen considers. The first part is dedicated to the study of the various components of the financial structure of the company and their interdependence. In the first section (I.a), we outline the self- sustaining relationship between credit, shares and goodwill. The society dominated by business affairs at the dawn of the 20 th century is based on credit and its leverage effect profitability. As a consequence (I.b) we show how a first goodwill appears in the balance sheets of the firm. This goodwill gives rise to two kinds of shares (I.c): preferred and common. This distinction dominates the financial corporate structure. The second part of the paper is dedicated to the consequence of this financial structure, specifically on the



C.:]1 `V  C P:` 1V I circulation of information between two kinds of shareholders, and on the search for a monopolistic position. In the first section (II.a), we delineate the place of goodwill in the literature. In the following section (II.b) we show that Veblen makes a polar distinction between insiders and outsiders shareholders through actual and putative earning capacity. Lastly (II.c), we bring to the light the appearance of a second goodwill linked to the search for a monopoly position. In conclusion, we substantiate VeblenSs position in this paradigm.

1. CREDIT, SHARES AND GOODWILL

a. Credit and Business Enterprise

The beginning of the 20 th century was characterized by the development of new business structures and a new analysis of corporate governance, of which the essential variables form a trinity of credit, shares and goodwill. In 1904, Veblen developed his corporate financial theory by anchoring it in an analysis of changing financial institutions: the different corporate structures, banks, shares, and accounting standards. Indeed, VeblenSs works appear significant of these transformations.

PTherefore it is necessary to turn back to [G] a consideration of that resort to credit which has, in large part, changed the competitive system of business from what it was at the beginning of the nineteenth century to what it has become at its closeQ (Veblen, 1904 [ 1996], 90-1)

Credit lies at the heart of the Veblenian analysis of cycles and is the underlying condition for the proper functioning of capitalism. Veblen introduces credit through two corollaries: the first is the credit leverage effect on return on equity that we present in



C.:]1 `V  C P:` 1V I this section and the second relates to the acquisition of monopolistic positions, which we will discuss in the second part.

The veblenian view of capital induces, as the ruling factor, an intangible and tradable essence and no longer a tangible industrial essence.

P[G] the question of capital in business has increasingly become a question of capitalization on the basis of earning(capacity [intangible capital], rather than a question of the magnitude of the industrial plant or the cost of production of the appliances of industry [tangible capital]Q. (Veblen, 1904 [ 1996], 89) PTo the extent to which the competitive recourse to credit is of the character here indicated ( to the extent to which it is a competitive bidding for funds between competent managers ( it may be said that, taken in the aggregate, the funds so added to business capital represent no material capital or #production goods.# They are business capital, only.Q (Ibid, 99)

Thus, Veblen shares with neoclassical thinkers the idea that capital refers to discounted future incomes. He tends to conflate the concepts of credit and capital, as his definition of capital is based primarily on credit. Capital is the Pbasis of such a use of credit as an auxiliary to the capital in handQ (1904 [ 1996], 97) and supports the idea that Veblen situates his study within the transition from a monetary economy to a credit economy.

PTo follow the terminological precedents set by German writers, the late ( modern scheme of economic life is a "credit economy," as contrasted with the #money economy# that characterizes early ( modern times. The nature of business capital and its relations to the industrial process under the later, more fully developed, credit economy is in some degree different from what it was before the full and free use of credit came to occupy its present central position in business traffic; and more particularly is it at variance with the theoretical expositions of the economists of the past generation.Q (Veblen, 1904 [1996], 133)

He proposes to consider capital not as a stock of industrial capital but a fund of money value.

PAs a business proposition, #capital# means a fund of money values; and since the credit economy and corporation finance have come to be the ruling factors in industrial business, this fund of money values (taken as an aggregate) bears but a remote and fluctuating relation to the industrial equipment and the other



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items which may (perhaps properly) be included under the old(fashioned concept of industrial capital.Q (Veblen, Ibid, 135 -6)

Therefore, the notion of capital incorporates values of power, property and credit.

Such a definition distinguishing tangible and intangible capital conveys the idea that capital is a strategic tool of power and control within the firm.

PThe effective in dustrial capital, from the use of which this output, and therefore these earnings, arise, is the aggregate of capitalized material items actually engaged in industry. The business capital, on the other hand, is made up of this capitalized industrial material taken as a fund of values, plus good(will, plus whatever funds are obtained on credit by using this capitalized industrial material as collateral, plus funds obtained on other, non(industrial, property used as collateral.Q (Veblen, Ibid, 107)

Indeed, in the early twentieth century, the economic system was developing new relationships between debtors and creditors. Banks extended their activities, their size increased, the financial markets grew and with them debt securities became more complex.

The funding mechanisms of the economy and big business take into account the context of growing financialization. Then, under these conditions, credit appears, in VeblenSs analysis, as the inflection point of the system:

PThe current rate of business earnings 52 exceeds the rate of interest by an appreciable amount, and in times of ordinary prosperity, therefore, it is commonly advantageous to employ credit in the way indicated. Still more so in brisk times, when opportunities for earnings are many and promise to increase.Q (Veblen, Ibid, 96)

Credit is the central concern of the business enterprise because it is on this accumulation of debt that the corporation grows. Instability threatens the economy when the credit system becomes self-sustaining through the increasing value of the capitalization of

52 We will call the current rate of business earnings the cber from now. It is the rate independent of the investment structure, supposed to be higher than Pthe rate of interestQ, r. 

C.:]1 `V  C P:` 1V I companies. Veblen, inspired by the writings of K. Marx, 53 highlighted conflicting intentions in industrial and financial spheres to assert that crises (1904 [1996], 185) are (partly) due to the accumulation of debt. Economies then grow on inherently unstable foundations. Recurrent crises result from this instability. The disturbance stems from the multiplication of credit on previous loans that become collateral for new credit.

PIn making a loan on collateral [G] the bank creates a new volume of credi t [G]. In such a transaction the banker lends funds which he does not possessQ. (Veblen, 1905, 470-1)

In return, credit implies vitality for business: P[The business manSs] means of increasing the magnitude of the turnover is a resort to credit and a close husbanding of his assetsQ (1904 [1996], 95), but also fragility for the long-term horizon and unproductiveness for industry because Ptaken in the aggregate, they are purely fictitious itemsQ (Ibid, 104). These facilities raise the issue of speculation a nd the sustainability of the economy. The financial structure of the company becomes increasingly complicated and fragile; therefore Veblen gives a critical observation of the debt system that favors the initiation of predatory behavior in the company.

b. A first goodwill

Veblenian credit is not a simple concept that just covers loans; it is part of the business operation 54 . So, when businessmen use debt to expand their firms or to carry out financial operations, the goal - as Veblen defined it - is not only to develop the industrial

53 R.W. Dimand (1998, 455), A.H. Hansen (1927, 150), K.J. Arrow (1975, 6) Baskoy (2003, 1135), Bolbol and Lovewell (2001, 528), but parentage is unclear, see: T. Edgell and W. Townshend (1993) 54 PThe nature of business capital and its relations to the industrial process under the later, more fully developed, credit economy is in some degree different from what it was before the full and free use of credit came to occupy its present central position in business traffic.Q (Veblen, 1904 [19 96], 133)



C.:]1 `V  C P:` 1V I process, but to reach a situation where the credit leverage effect on the return on equity can be activated. Veblen tells us that the aim of credit is not to produce goods, but to shape the future of the business and increase the companySs capitalization. However, as noted above, this funding is uncertain because it depends on collateral that is based on intangible assets. We can translate this into the idea that the common shares finance the intangible capital. Consequently, according to Veblen, it is possible that a vicious circle of credit multiplication emerges. The financial instability is created by a self-sustaining credit system (1904 [1996], 93-100) with fictitious values. Credit disconnects the market value from the real value and induces business cycles. However, Veblen (1904) does not sufficiently explain this connection that establishes a link between cycles, instability and depression even as one of the biggest successes of Veblen is to have explained the unstable trend of capitalism. For him, unproductive expenditures increase with the crisis and depressions as well as with a higher degree of monopoly (OSHara, 1993). But the triptych credit -shares-goodwill is intrinsic to the operation of this unstable capitalism. Therefore, we can understand the health N close to bankruptcy in times of depression or not N of the company through its corporate balance sheet. As regarded the period concerned, the challenge is to anticipate the companySs profits which should not fall, otherwise the asset value will also fall. Under these conditions it becomes increasingly difficult to find a method of financing for the company, facing more drastic credit conditions in a gloomy economic climate. But in prosperous cycle period, stock prices climb (until reversal of the cycle), the profitability of a company is reflected by market value but in times of instability, values disconnect. For Veblen it is not possible to control credit issuance beyond the productive needs. We must then accept the logic of increased debt instruments, sometimes excessively. We know that this kind of process turns and cannot be held on forever. Presumptive and actual earnings capacity should reach, the market then becomes aware of any gap value between the two and a review of the firm value on the market occurs. An overcapitalization is a negative signal for the market that may result in a depressive process.

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Here, the leverage effect of debt on profitability, introduced in chapter 5 PThe use of loan creditQ, is related to the division of capital between equity and debt.

Veblen construct in a footnote (1904 [1996], 95-6) a little reasoning with the help of a few equations. Note that the mathematical presentation of VeblenSs statement in his writings was considered a parody (R.W. Dimand, 2004, 469). Yet, it seems important to mention the meaning that Veblen gives to his mathematics in order to understand his intuitions, basic but correct.

[G] 55 PCredit shortens the time relatively to the magnitude of the turnover; i.e. a given initial capital by the help of credit turns over a larger pecuniary Ė ʚͮ ʛ  magnitude in a given time: ġ > .Q (Veblen, 1904 [ 1996], 96) / /

LetSs consider here that:

- c is the initial capital (c=100),  - n is the rate of increase of capital in liabilities (velocity). Consequently is the ) ͥ ͥ amount of indebtedness because debt refers to ͗ dz# with n =1.25% therefore ) ) = 0.8% - t refers to time

 ͙ͨͩͦͣͪͦ͢ Ɣ ͗ ƍ# Ɣ SRR ƍ ZR Ɣ SZR We then obtain: )

Veblen explains that, with limited equity, the turnover obtained is also limited (it depends on the industrial capital stock as well as the credit). On the other hand, the use of a loan allows to increase the capital with the same initial capital and to obtain a turnover also more important. From this higher profitability he extracts a goodwill.

In fact, the profitability of equity increases when the gap between the rate of return on capital (cber) and the borrowing interest rate widens. Financial arrangements and strategic calculation induce an increase in the rate of profit (cber) which more than offsets

55 PSombart is mistaken in saying ( Kapitalismus , vol. II ch. VI p.74) that the use of credit lengthens the time of turnover of capital.Q

C.:]1 `V  C P:` 1V I the cost of borrowing. This increased indebtedness on the part of businessmen is for the sole purpose of improving profitability, the return on equity. This leverage effect of indebtedness on profitability brings about a financial annuity. The needs of the business enterprise still require more capital, which leads to new credit. In turn, this new credit is incorporated into the valuation of the company.

This excess return of the assets side is the first source of the recording of goodwill highlighted by Veblen through the disconnection of the corporate structure. Thus, the capitalization of those intangible assets, in fact which are not only an advantageous position as itSs known in Veblen, but Psuch capitalization of inefficiencyQ (Veblen, 1908, 108). So, goodwill represents a valuation gap, a balance that arbitrates between the market value and the accounting records of the company. In fact, over the excess earnings due to the market valuation of the companySs returns, common shares are issued. Goodwill is then, the equalization of the market value o f the companySs assets with the excess of par value of common shares issued over fair capitalization.

The entrepreneur makes an investment of 300, which he finances with a credit of 300, which he finances with a credit of 100 and the issuance of preferred shares for 200. The capitalization of the liabilities allows the issuance of common shares for 213. In return, to achieve a financial balance, goodwill of 213 is recorded as an asset.

Veblen gives us a rather vague definition of this nonetheless central concept. G

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PGoodwill is a somewhat extensible term, and latterly it has a more comprehensive meaning than it once had. Its meaning has, in fact, been gradually extended to meet the requirements of modern business methods. Various items, of very diverse character, are to be included under the head of "goodwill"; but the items included have this much in common that they are "immaterial wealth," "intangible assets"; which, it may parenthetically be remarked, signifies among other things that these assets are not serviceable to the community, but only to their owners. Goodwill taken in its wider meaning comprises such things as established customary business relations, reputation for upright dealing, franchises 56 and privileges, trademarks, brands, patent rights, copyrights, exclusive use of special processes guarded by law or by secrecy, exclusive contr ol of particular sources of materialsQ (Veblen, 1904 [1996], 139)

In fact, for Veblen, this goodwill appears as an essential asset of the business community and of modern capitalism. It appears to be self-sustaining thanks to the potential of the companyS s financial structure. The businessman perceives the advantage of debt, taking into account the risk. However, Veblen only mentions the concept of risk twice in The Theory of Business Enterprise (1904 [1996], 118 and 204, both times in footnotes) but we can not say that it does not take into account the risk. He considers risk but delivers his overall presentation without developing it. Indeed, Veblen realizes the full of risk context in which he operates even if the notion of uncertainty seems more opaque for him (we have to wait F. Knight in 1921). Through the expected future profits, Veblen incorporates the concept of uncertainty 57 of the future, speculation and fluctuating investment (L.R. Wray, 2007, 620) but he focuses it is further analysis of business

56 Of course, Veblen prec ises for the case of railway: P the debentures cover appreciably more than the value of the material equipment, together with such property as useful patent rights or trade secrets; in such a case the good(will is also, to some extent, covered by debentures, and so serves as virtual collateral for a credit extension which is incorporated in the business capital of the company. In the ideal case, where a corporation is financed with due perspicacity, there will be but an inappreciable proportion of the market value of the company's good(will left uncovered by debentures. In the case of a railway company, for instance, no more should be left uncovered by debentures than the value of the #franchise,# and probably in most cases not that much actually is uncovered.Q But, note well that Veblen is not always consistent in his arguments and sometimes returns to the definition of certain notions. We stand here in the case of a goodwill related to a credit leverage effect. 57 Fernando Ferrari-Filho & Octavio Augusto Camargo Concei o point in 2005 that PVeblen's idea is intimately associated with the concept of #blindness of the evolutionary process.#, [G] notion most comparable to the uncertainty of KeynesQ.

C.:]1 `V  C P:` 1V I finance on the manipulation of the securities value (L.R. Wray, 2007, 622). However, insiders are sure of one thing:

P[G] the certainty of gain, though perhaps not the relative amount of it, seems rather more assured in the large(scale manipulation of vendible capital than in business management with a view to a vendible product.Q ( Veblen, 1904 [1996], 166)

To support our reasoning we will take an example based on indications from the Rubber Goods Manufacturing Company and American Chicle Company that Veblen gives us in a footnote (1904 [1996], 145-6). 58 We attempt to quantitatively reconstruct the emergence of goodwill 59 - as an asset in its own right essential to the financial structure of the company - in a Veblenian system using data from the Industrial Commission 60 . In order to finance the business, the entrepreneur contributes all his available cash and then has recourse to credit. We consider remuneration for common shares to be higher than that for preferred because of different volatility characteristics. We also assume a higher remuneration for preferred shares than for credit.

The structure of a company evolves over time. It starts with a business family structure with a total investment composed of equity contribution from the owner (200) and a conventional bank loan (100). The total investment is 300. The return on investment at 12% here is 36, and 5 of interest costs are deducted. Dividends on equity of 31 are paid (capitalization at a rate of 15.5%).

58 Moreover, if we look at the figures presented by Berle and Means (1932 [1991]) for the year 1922, we can see that for companies specializing in rubber goods, the average par value of total outstanding stock per corporation of preferred shares is still much higher than for common shares (1,705,000 against 794,000) in relation to all the other production sectors. 59 Of course, we stand here in a context of monopoly power. But in the case of a business competition, then the possibility of creating goodwill reduces. 60 In this regard, J. R. Commons said: PVeblen had himself been const ructing this testimony into his brilliant book on modern business organization, published in 1904.Q (1934, [1964], 79)

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Table 1: Initial Status N Financial structure of a family business

Amount Income Rate Amount Income Rate ASSETS LIABILITIES Investments: Loans: * capital goods n 1 300 36 12% * loan n 1 100 5 5% * equity 200 31 15,5% 300 36 300 36

But it is in the family entrepreneurSs interest to transform the structure into a joint -stock company (Table 1 to 2) and with this insertion on the market, the companySs value will change. In the late 19th, companies have considerable need to finance their industrial processes. They seek to invest in productive capital but the family capital is not sufficient for this. They must now raise capital to expand their activities in addition to their own funds. The individual entrepreneur limits his liability and completes the financing of his business with private capital from investors on the market and through business combinations. Share issues are an attractive proposition not only because of the potential credit leverage effect on the return of equity permitted by the borrowing conditions but also via additional takeovers, resulting in a differential advantage: - goodwill.

Table 2: Financial structure from a family business to a joint-stock corporation Goodwill n 1 N the capitalization of the credit leverage effect

Amount Income Rate Amount Income Rate ASSETS LIABILITIES Investment: Loans: * capital goods n 1 300 36 12% * loan n 1 100 5 5%

ShareholderSs fund: * equity 200 31 15,5%

* preferred shares PF n 1 200 14 7% * common shares Goodwill n 1 212.5 CS n 1 212.5 17 8% 512.5 36 512.5 36



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Thus, the contractor makes an investment of 300, financed by a loan of 100 on one side and an issue of preferred shares for 200 (own funds transformed into preferred shares) on another side. As in Table 1, the return on investment (assets side) is 36, and 5 of interest costs are deducted. The business level is given but as the company changed its structure, equity are converted into preferred shares. Following VeblenSs indications based on the Report of the Industrial Commission 61 , the preferred shares are capitalized by a guaranteed interest rate of 7% 62 here. On the liabilities side, the company's profit (36) is distributed according to the financing. We can see that the remuneration for preferred shares, here 14, does not exhaust the entire return on investment, thus allowing the issue of common shares. It is this residue, paid on common shareholders that can determine the amount of the issued common shares. In fact, these financial arrangements allow a gain of 17 for common shares which give access to power. Common and preferred shares are valued in the same way, but the rate of return is higher for common shares. The amount of common shares issued remains to be determined. In VeblenSs method, the potential issue of additional shares depends on the value of the earning-capacity. De facto, as we can see in our example, discounted expected future earnings determine the company value and hence the potential goodwill capitalized in the common shares. Here, the expected future earnings for common shares are 17. With a capitalization rate of 8%, the issue of common shares is 212, 5. This first goodwill is due

61 PAs one of many illustrative cases, the Rubber Goods Manufacturing Company may be taken as a typical instance of a corporation organize d in a conservative but up(to(date manner for permanent success and stable value. Its authorized issue of stock is $25,000,000 7 per cent cumulative preferred , and $25,000,000 common. The actual issue in 1901 was about $8,000,000 preferred and $17,000,000 common, of which the preferred was presumed to cover the value of the tangible assets. Another coalition organized by the same promoter (Mr C.R. Flint), the American Chicle Company, illustrates the same general feature. The preferred stock of this company ($3,000,000) "in round numbers was three times the amount of tangible assets," while the common stock ($6,000,000) represents no tangible assets. The aggregate capitalization is about nine times the tangible assets. The witness says that this corporation has been proved by events to be "on a conservative basis from the fact that the company has paid 8 per cent on its common stock," which has been selling at 80. ( Report of the Industrial Commission, vol. XIII. pp. 47, 50 Q (Veblen, 1904 [1996 ], Footnote 145-6, bold is ours). 62 Generally, PThe preferred dividend rates - they varied from 6 to 15 per cent, with 8 per cent as the most usual rate.Q (G.H. Evans, 1931, 242) 

C.:]1 `V  C P:` 1V I to the capitalization of earnings caused by the credit leverage effect on profitability 63 . In the Pmodern business capitalQ (1904 [ 1996], Chapter 6), it is a profit that depends on the interest rate on loans and on the discount rate of both preferred and common shares. The goodwill is capitalized as intangible capital (the capital gain is capitalized in common shares 64 , holding voting rights) and as collateral for new credits. It is here that the concept of non-neutrality of the financial structure appears since common shareholders know the true value of the company.

This brings us to a new situation where the goodwill imposes its PimperialismQ on the functioning of the business enterprise: the valuation of capital is therefore no longer a matter of productive efficiency, but simply based on the capitalized value of the expected return.

PThe advantages afforded their owners by these intangible assets have latterly been discussed by economists under such headings as "Rent" or #Quasi(Rent.# These discussions, it is believed, are of great theoretical weight. In business practice, however, the items in question are treated as capital, which must avail as an excuse for including them here in business Capital.Q (Veblen, 1904 [ 1996], 140)

A new financial structure appears: the issue of securities is based on growing goodwill which itself depends on rising earnings. Although Veblen did not theorize it explicitly, the example that we propose (in Table 2) indicates that the leverage effect of debt on the return of equity increases the amount of the shareholderSs fund. In fact there are shareholderSs arbitrations between market value and accounting records. The shareholder has to make a choice between the risk-return ratio offered by each of the shares. Because of increasing risk related to the financial structure (to the credit), there are risks associated with earnings, hence the fact that a 1% risk premium is applied, here in our

63 The company's value varies depending on the financial structure since the cost is less than the business performance funding 64 PThe common stock, typically, represents intangible assets and is accounted for by valuable trade(marks, patents, processes, franchises, etc.Q (Veblen, 1904 [1996 ], 143). In this regard, Commons objected the assimilation of the value of goodwill to that of a franchise (R.A. Black, 1992). 

C.:]1 `V  C P:` 1V I example, for the common shares versus the preferred shares. Therefore, the goodwill appears as an asset that balances the corporate balance sheet.

In fact, this rent may eventually disappear with increasing capitalization rates. But in 1904, of course, Veblen did not know the Modigliani-Miller theorem that was proposed in 1958, so this first type of goodwill was theoretically acceptable at the time. In the light of this theorem, the discount rate of preferred shares could be 15.5% and thereby annihilate the goodwill. Veblen did not take entirely into account the increasing risk caused by debt: this is one of the criticisms leveled by Modigliani and Miller at the entire corporate finance theory that preceded them.

Thus, it is credit that initiates this mechanism of additional value creation in the company. As the system does not react, the credit appears to be the trigger of a financial windfall profit. To understand how the goodwill is captured, Veblen introduces financial innovations that reflect the dual nature of capital and lead to conflicts about accession to power and the internal organization of the company.

Through the notion of goodwill, Veblen develops his financial theory of the firm. Anchoring his thought in an analysis of financial institutions, he presents two types of shares: preferred and common.

c. A two-fold approach to capital and shares

The Veblenian concept of capital is complex. Capital contains a tangible and an intangible part, and that is why it calls forth instrumental financial innovations, as a reflection of the structure and funding issues of the modern enterprise. Thus, Veblen distinguishes two kinds of shares: preferred (tangible capital 65 ) and common (intangible

65 PWhatever material properties, tangible assets, are in hand or to be acquired are covered by preferred stock or other debentures.Q (Veblen, 1904 [1996 ], 144) 

C.:]1 `V  C P:` 1V I capital 66 ). It is this distinction that underlies the split in ownership, but also emphasizes the strategic concern of credit and the centrality of recording the goodwill. These two kinds of shares involve different issues of property, control, transfer, power and so the structure of the capitalist enterprise.

On one side, preferred shares are a powerful investment strategy, but they do not provide voting and control rights over the firm. It was a permanent tool in US corporate finance from the second half of the 19 th century, a strategic element for reorganizing the company in with of diluting ownership. This instrument was used for the first time during the construction of railways in Maryland in 1836 (G.H. Evans, 1931, 59). Eric R. Hake (1998) observed, like G.H. Evans (1931), that there was a proliferation in preferred shares from 1875 on. Thomas R. Navin and Marian V. Sears (1955, 109) specify that before 1880, industrial companies were rarely publicly listed, but that mergers, and with them the issuance of preferred shares, started to take off at the end of 1897. Between 1870 and 1904, they were responsible for 76% of the entire share capital issued in the United States (E.R. Hake, 1998, 164). According to Veblen, they correspond to credit assets par excellence , without power over the company. These shares are the counterpart of a capital injection, a part of the property of the company but not of its goodwill. Thus, when owners liquidate a part of their investment, they have no intention of relinquishing control. The preferred share is equity security that has the characteristics of both debt (and fixed dividends) and equity (and its potential of appreciation). In consequence, this instrument is central because, according to Veblen, Pthis is in form a deed of ownership and in effect an evidence of debtQ (Veblen, 1904 [1996], 115). He continues: Pin this respect, indeed, preferred stock, more adequately perhaps than any other instrument, reflects the nature of the "capital concept" current among the up(to(date business men who are engaged in the larger industrial affairs.Q (1904 [1996], 115). In fact, as an early scholar of the modern corporation, Veblen

66 P[G] the immaterial property, intangible assets, is made to serve in some measure as a basis for other securities as well as for the common stock. The common stock, typically, represents intan gible assetsQ (Veblen, 1904 [1996], 144) 

C.:]1 `V  C P:` 1V I identifies and describes the characteristics of these shares in the 1890s. At the time, American industrial companies issued preferred stocks of investment of best quality with a remunerative dividend of 7 or 8%. But, as Veblen noted, the generalization of preferred shares was complicated at the beginning of the twentieth century, because they were still very new (T.R. Navin & M.V. Sears, 1955, 117). Between 1898 and 1902, some modern American business enterprises (United States Steel for example) were more interested in this PstratagemQ than in pursuing industrial concerns, and four promoters (Flint, Dos Passos, Moore Brothers, Moore and Schley) dealt with 1/3 of the largest mergers. Preferred shares were seen as an instrument that allowed the transfer of ownership without the transfer of certain property rights. They proved themselves during the depression of the 1890s and appeared strong enough to be used in transfers over the following years. According to Veblen, preferred shares cover investment value, i.e., the tangible material, whereas common shares support capital risks and capitalize the income flows associated with intangible assets.

Thus, on the other side, common shares capitalize income flows associated to immaterial assets. The capitalization of the companySs earnings highlights a potential ability of the firm to generate a profit beyond the normal profitability of its net assets. Goodwill, as an intangible asset, then appears as a residue of the capitalization of common shares for its holders (i.e., a bonus, a superbenefice). Intangible assets are a major part of the firmSs anticipated income and are subject to uncertainties. Therefore, a risk premium is included in the capitalization rate. These shares are part of a logical property that gives rise to a voting right. They grant their holders the ability to decide ultimately for the enterprise, and through this decision-making process they can capture the goodwill:

PThe common stock in such a case represents RgoodwillS , and in the later development it usually represents nothing but RgoodwillS.Q (Veblen, 1904 [1996], 116)



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The leverage effect, which is inherent to preferred shares, allows the formation of goodwill. Once the goodwill is captured and transformed it appears as common shares in the hands of the controlling shareholders of the company.

PIn this sense, then, the nucleus of the modern corporate capitalization is the immaterial goods covered by the common stock.Q ( Ibid, 145)

In the 1890s the issue of preferred shares was greater than that of common shares, but since then their quantities have converged. PBetween 1890 and 1900, preferred shares increased as a proportion of total listings from 23% to 35% and over the following ten years, their proportion relative to common stocks remained constantQ (C. Fohlin, & al., 2008). 67

PWhile a diversity of common stocks has, without doubt, proved a more profitable investment than high-grade bonds in the period from 1897 to 1923.Q (E.L Smith, 1925, v)

In fact, shareholders formed a package of common and preferred shares because they understood that this strategy of diversification would give better value - but with additional risks - than the market potential of bonds. Following the Morgan arrangement, the use of preferred stock was rooted in a new approach, and Veblen transcribed this idea: attract investment capital (PindustrialsQ) in order to expand the industrial activity and transform it in financial corporation. PMost of the new industrial issues coming on the market were the product of mergers. Most of the offerings led with preferred and followed with a bonus of common.Q (T.R. Navin & M.V. Sears, 1955, 134)

These two kinds of shares prioritize power in the capital structure of the company and the interactions between industry and finance. Thanks to these two instruments, mergers take place; preferred shares cover the gains but with lower risk and returns than common shares. In fact, the distinction between these two kinds of shares focuses on a central issue: the issue of new shares and the ability to transfer power within the company. The

67 However, few studies and figures of the post-1910 period are available in the literature to show the extent of the development of this financial instrument. 

C.:]1 `V  C P:` 1V I combined market value of preferred and common shares was expected to exceed the value of the capital they replaced.

Since, the secondary literature has been divided on the distinction between the different types of shares. According to William Ganley (2004): PThe primary goal of the corporate managers of such companies was to maximize the value of their common stockQ (W. Ganley, 2004, 398). Although James Cornehls (2004), Ali.A Bolbol and Mark.A Lovewell (2001) examined the duality of capital, they did not perceive sufficiently the role and the subtleties of each class of shares in the transfer of power. Cornehls considered the importance of the use of credit for running a business (J. Cornehls, 2004, 35), but without seeking to explain its role in the circulation of shares between shareholders or in PbuildingQ the goodwill of the business. In 1962, Sanford L. Margoshes explained something that Veblen has already perceived sixty years earlier, namely that Pthe relationship between debt financing and the investment value of common stock is significant both to the management and owners of the firmQ, without providing further analysis. On the other hand, K.J. Arrow wrote that: PVeblen even went so far as to identify the common stock with Rgood -willS, the going value of the firm to the extent to which it is above and beyond the value of the physical assets. However, this identification does not seem essential to his argumentQ (K.J. Arrow, 1975, 7). We disagree.

Indeed, for Veblen the interactions of financial and industrial forces are reflected in the large enterprise, in the development of operations and in its morals at the turn of the 19 th century. These legal innovations allow absentee ownership, the fragmentation of ownership and the disruption of internal corporate power.



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2. FINANCIAL INSTRUMENTS, INFORMATION AND MONOPOLY

a. Historical emergence of goodwill

When Veblen wrote The Theory of Business Enterprise , literature on goodwill was relatively new, to the United States in particular. The notion of goodwill does appear in the writings of the time, but only in a confused and partial manner, as a management and economic concern. And yet in 1904, Veblen provided an analysis that included goodwill as a central element of his financial theory. Veblen focuses on the recognition of goodwill as an asset on corporate balance sheets and on the corollary between the uses of credit in the business enterprise. It is precisely the deeper analysis of goodwill that allows Veblen to elaborate his theory of the organizational evolution of the business, of market position and financial issues; Goodwill appears as a product of business. At the turn of the century since 1880S and 1890S in debate, goodwill appeared to be an important financial indicator in the evaluation of companies. It should be noted the coincidence of the appearance of the growth in the US, the rise of the modern corporate form and the goodwill concern.

But the first legal definition was given by the English Court in 1810, as

P[G] the element of an established business which makes the business as a going concern worth more than its book valueQ Pgoodwill is a capitalization of excess profits over and above the normal rate of return on the physical investment, discounted at some rate in excess of the current rate of interestQ (Glenn G. Munn 68 , 1962, 317).

We have seen in the previous section that a first form of goodwill appears through the credit leverage effect on profitability. In this second section, we will introduce a second form of goodwill, depending on the financial structure of the company.

68 Munn worked for the brokerage firm Paine, Webber, Jackson & Curtis. And we have seen, he was an interest in the New School since his name appears in the school bulletin of February 25, 1957. 

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The literature on the quantification and consideration of goodwill had developed since the late 19 th century, but remained unclear about its theoretical and practical developments in the early 20 th century. The accounting treatment of goodwill was a problem in the economic literature, emphasizing the general and confused nature of its definition. 69 There existed a variety of different treatments of goodwill that required late and strict regulations. However, the notion of goodwill is quite old; its first commercial use dates back to 1571 (P.D Leake, 1914, 81). H.P Hughes (1982) noted that its first appearance in the English accounting literature was in 1810, and its first American appearance was in an 1874 issue of The Accountant. MacLeod in 1872-1875 also analyzed this notion in his Principles of economical philosophy , but mainly in an accounting dimension. Literature reviews (B.V. Carsberg (1966), J.K. Courtis (1983), Y. Shimizu (2001), and H. Stolowy, Y. Ding & J. Richard (2007)) show that we have to wait for contributions from L.R Dicksee (1897) 70 and P.D. Leake (1914) to provide real clarification, economic as well as accounting, on the concept. It was H. Hughes who identified (in his thesis on Goodwill in accounting) both traditions analysis of goodwill: those who consider it as a permanent asset (Dicksee, Montgomorey) and those, more conservative, who considers that it disappears with time (Hatfield and Guthrie). But neither VeblenSs contemporaries nor more recent analysis of goodwill quote Veblen, even though he took part in 1904 in this major debate in the United States. Other theorists have contributed to this debate in the United States, including: H. Sidgwick (1883), E. Matheson and W. Harris (1884), F. More (1891), E. Guthrie (1898), A. Knight (1908), H.R. Hatfield (1909), P.D. Leake

69 In fact, even the dissertation thesis of Lawrence N. Bloomberg PThe investment value of goodwillQ, which gave a very brief literature review on the concept in 1938, only brought limited reasoning because, as James Dolley pointed out in his book review (1940) Pthe book has no reference to the balance-sheet account "good- will# which appears on many corporate financial statements.Q (L.N. Bloomberg, 1940, 914) 70 PConsidering that goodwill was a p ermanent asset just like land, he rejected the gradual amortization method. On the contrary, he recommended immediate write-off to capital, arguing that goodwill was Pan asset which is undesirable to retain as suchQ. If goodwill was written on the books, c hanges in the assetSs value gave rise to an artificial exaggeration of the natural fluctuations of reported income. To avoid such technical embarrassment, Dicksee recommended that goodwill be charged to capital immediately (Dicksee and Tillyard, 1906)Q. (C l mence Garcia, 2007,9) 

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(1914), A. Marshall 71 (1920, 519), W.A. Paton et al. (1922), F.W. Pixley (1927), J.M. Yang (1927). In this regard, see the very interesting article by R.A. Black, 1992. He emphasizes also the important part of economic theory in Veblen, Sidwick and Commons dedicated to goodwill. He stressed the importance of these three authors, with different motivation, different theories of value and also historical perspectives.

At the beginning of the 20 th century, the proponents of this Pvirtual representationQ of goodwill seemed confused. Veblen was rooted coherently within this paradigm in 1904. 72 At the time, the debate was about the recording methods and amortization of goodwill. Veblen recognized goodwill directly as an asset on the balance sheet, showing the challenge of this preference by highlighting the opportunistic behavior of agents who hold the goodwill. However, as L.N Bloomberg (1938, 9) pointed out, economists have had some difficulty in agreeing on a definition of the concept and giving it a value. Six years later, without nam ing Veblen, Rudolf Hilferding analyzed this same benefit Pthe promoterSs profitQ which he called Pneither a swindle, nor some kind of indemnity or wage. It is an economic category sui generis Q (R. Hilferding, 1910 [1981], 112). The beginning of the century saw goodwill being introduced as a compact mass of intangible assets. Depending on the period, certain intangible assets have been distinguished from goodwill, but Veblen associated patents and reputation with goodwill (Veblen, 1904 [1996], 139). There were two types of intangible assets in the literature of the time, and VeblenSs goodwill seems to fit the category as defined in the debates of the time (H. Hughes, 1982, 176). In 1937, in Goodwill as a Business Asset , H.E Seed wrote that patents must be associated with goodwill because it can only be assessed in valuing the business as a whole. This was the challenge of trial and error at the time and Veblen took part in it thirties years earlier, particularly following the Report of the Industrial Commission

71 But the discussion on goodwill appears to be brief. (Anthony M. Endres, 1985) 72 According to F.H. Elwell (The Accounting Review, Vol.13, N 4 Dec.1938, 431) Bloomberg also highlights the problem of goodwill by asking: PHas goodwill in the past earned for investors larger returns than physical assets?Q but only in his book The Investment Value of Good Will in 1938. And Friedrich Carl v. Hellerman in 1941 again emphasized about the same work that P dem kapitalwert des goodwill nicht gengend Beachtung Q (F.C. Hellerman, 1941, 123) i.e., that Psufficient attention has not been given to the net present value of the goodwillQ. 

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(1900-1902). This is the stock exchange listing that revives problems concerning measuring and recording of this legal fiction. It appears as a tool for comparing different systems of enterprises.

For Veblen, there are two types of goodwill. The first goodwill is an excess value, an assessment gap between companySs assets and liabilities. It is based on the credit leverage effect on the return on equity. Then he identifies a second goodwill which is anchored in a monopoly environment and is relative to the putative earning of investment. Thus, at the heart of his approach on goodwill, Veblen insists on the significant distinction between common and preferred shares mentioned in the previous section (I.c). This distinction, connected to the criterion of the ownership of the goodwill, brings up the focal point of his theory, too little understood in the literature. To demonstrate that the understanding of goodwill lies at the heart of VeblenSs theory, we must return to the two types of agents who are opposed in Veblenian theory, the insiders and the outsiders.

b. Goodwill : the relationship between insider and outsider

The conflict that we have just discussed between common and preferred shares gives rise to a distinction between two kinds of shareholders. The common shareholders have the knowledge and the voting rights, contrary to the preferred shareholders. Insiders can be defined as businessmen who can manipulate or put forth misinformation at the expense of others stockholders (outsiders who hold fewer business information) and of the industrial sector.



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PHence sales of securities are frequent, both because outsiders vary in their estimates and forecasts, and because the information of the outsiders does not coincide with that of the insiders.Q (Veblen, 1904 [ 1996], 156)

In contemporary terms, the insiders are stakeholders 73 (A. Berle and G. Means, 1932 [1991]; I. Ansoff, 1968) and finally these manipulations may amount to insider trading on that occasion since the detention of privileged information from these insiders disturb the stock market to ena ble them to recover gain with P stock exchange deal Q (A. Nesvetailova & R. Palan, 2013 74 ). However, Veblen did not use this terminology. The shift to an economy dominated by industrial and financial conglomerates brought Veblen to take a real interest in the flow and transparency of information within organizations. Transfers of decision-making powers are intrinsically linked to information and its circulation within the firm. The era of capitalism that Veblen describes, emerging in the 1890s, sees the introduction of the institutional figure of the business enterprise. He places, in its financial structure, the origin of an information asymmetry between insiders and outsiders. 75

He perceives the impact of the possession of insider information on the functioning of contemporary corporations and markets and therefore considers two types of businessmen.

PUnder these circumstances the work of the business man was rather to take advantage of the conjunctures offered by the course of the seasons and the fluctuations of demand and supply than to adapt the course of affairs to his own ends.Q (Veblen, 1904 [1996], 22)

Veblen highlights the dual nature of capital and the conflicts that it generates in order to explain the problems of funding and organization of the capitalist system. Thus, he

73 See Samuel Mercier P Aux origines de la stakeholder theory: 1916- 1950Q, working paper GREGO, 2006. 74 They draw a parallel with the 2007 crisis and the role of bank mergers around issues of incentive of vested interest, power and business sabotage. 75 The first reference to the notion of insiders/outsiders that we have found appeared between 1848 and 1866, as it concerned the California Gold Rush (Dow Gregory and Clyde Reed, 2013). See Laurence Moore Insiders and Outsiders in American Historical Narrative and American History , 1982; well before Lindberg and Snower, 1988. 

C.:]1 `V  C P:` 1V I develops a theory of the companySs financial structure. The more competitive, business- oriented environment generates a change in risk evaluation. This instability induces a rapid turnover of assets. Faced with the opacity of the industrial-financial system, the perception of the asymmetry between insiders and outsiders is central. In this respect, goodwill appears to be an economic quantity that captures the conflict between the shareholders having the right to vote and those who just have the right of ownership, without right to vote!

PThe basis of capitalization has gradually shifted, until the basis is now no longer given by the cost of material equipment owned, but by the earning capacity of the corporation as a going- concern.Q (Veblen, 1904 [1996], 137)

The less well-informed agents (outsiders) are the ones who mostly hold preferred shares. However, it is the holding of mostly common shares which provides access to insider status in the company and so gives the power in the company. Outsiders only have access to partial information: the expected dividend estimated by the market and whose value is controlled by insiders.

Capital refers to the value of shares, i.e., the value of the capitalization of earnings:

PCapital means capitalized putative earning-capacity, expressed in terms of value.Q (Ibid, 131)

But with asymmetric information, there are two kinds of earnings: putative and actual earnings. Outsiders own preferred shares and perceive the putative earning-capacity. They only hold partial information, whereas insiders, who own the common shares, know the actual earning-capacity. Outsiders are compelled to trust the reliability of the market value and have no means of verification; they resort to forecasting. Common shareholders are insiders who know the actual value of earnings and therefore of the company.

Managers ensure that the putative value of earnings is estimated in such a way that the value of shares is as high as possible on the market, in order to derive a differential for



C.:]1 `V  C P:` 1V I insiders. Maneuvers affect this market value, and allow owners of common shares to buy or sell for their own profit at the right time, as their cheating is not discovered. It is this corporate managerSs attack (W.T. Ganley, 2004, 398) on the viability of the business enterprise that Veblen criticizes in his book in 1904:

PWhen, e.g., the putative earning -capacity of the capital covered by a given line of securities, as shown by the market quotations, rises appreciably above what is known to its managers to be its actual earning-capacity, the latter may find their advantage in selling out, or even in selling short; while in the converse case they will be inclined to buy.Q (Veblen, 1904 [ 1996], 155)

Insiders are able to disguise the true value of the earnings:

PIt follows that this putative earning(capacity of a given block of capital, as it takes shape in the surmises of outside investors, may differ appreciably from the actual earning(capacity of the capital as known to its managers.Q (Ibid, 155)

In principle, once an agent has more information, he may be tempted to act on this difference to satisfy its own interests. Opportunistic behavior by insiders compromises the market operation and the welfare of the rest of the population .

PThe economic welfare of the community at large is best served by a facile and uninterrupted interplay of the various processes which make up the industrial system at large; but the pecuniary interests of the business men in whose hands lies the discretion in the matter are not necessarily best served by an unbroken maintenance of the industrial balance. Especially is this true as regards those greater business men whose interests are very extensive. The pecuniary operations of these latter are of large scope, and their fortunes commonly are not permanently bound up with the smooth working of a given Sub(process in the industrial system. [...] Gain may come to them from a given disturbance of the system [...]. To the business man who aims at a differential gain arising out of interstitial adjustments or disturbances of the industrial system, it is not a material question whether his operations have an immediate furthering or hindering effect upon the system at large.Q ( Ibid, 27- 8)

When the putative earning capacity is greater than the actual earning capacity, insiders have an incentive to increase the issue of additional securities, sell shares to recover the goodwill in cash and maximize their short-term speculative return. They are therefore



C.:]1 `V  C P:` 1V I looking for a monopoly position for their business. Manipulations, double capitalization and other frauds for personal gain are intrinsically linked to the access to information.

To conclude, we can say that these informational issues and the beginning of the agency di lemma are at the basis of VeblenSs non -neutrality theory of the financial structure in business management. However, these informational issues now have a real impact in the analysis of firms and rules of modern finance.

c. The second goodwill

This second goodwill is a monopoly goodwill (A.M. Endres, 1985) which refers to the search for and formation of a monopoly, a source of rent. The business enterprise introduces a strategic mechanism between shareholder position, information dissemination, forecasts and manipulations. It maintains a fragile structure of the company while it represents the engine of the capitalist system and its dynamics. And behind all the preconceptions exposed here, there is the monopoly that is sought by the company. The early 20 th century was a period characterized by very high concentrations between enterprises and a search of market power.

PIt is very doubtful if there are any successful business ventures within the range of the modern industries from which the monopoly element is wholly absentQ (Veblen, 1904 [ 1996], 54)

Indeed, the challenge of holding this power is then to be able to capitalize additional profits in the form of goodwill 76 . The literature such as Raines and Leathers (1996) does not fully grasp VeblenSs reasoning, because they restrict their understanding to explaining the centrality of the valuation of corporate capital for investment. The circumstances of

Paul M. Sweezy, 1958, 22. 

C.:]1 `V  C P:` 1V I the time, therefore, led to strategic thinking in business combinations. As we described in Section I.B., the financial structure of the business is such that there is an opportunity to raise capital for mergers, to inform the market that the company is trying to achieve a monopoly position and therefore the profits will be highest.

For Veblen, the overfunding system of modern business is self-sustaining through the valuation of goodwill and credit which are incorporated into the company's balance sheet. First, goodwill capitalizes the difference between the earnings of two types of shares. It follows an internal logic since it is captured by the businessman for financial gain by allowing the issue of additional common stock, with voting rights. Accompanied by new investment in tangible capital, Veblen assumes that this strategy is working and that it provides a monopoly status in the market 77 . Then, a new wave of goodwill creation begins. This second goodwill is thus perceived as a company quasi-rent that stakeholders seek to capture. Insiders and outsiders are aware of the existence of this goodwill, but outsiders have no possibility to assess the scale of it, because their position leaves them with an incorrect valuation. However, these new shares are oriented for sale:

PRGoodwillS in this field of enterprise most frequently takes the form of a large ability to help or hinder other financiers and financing houses.Q ( Veblen, 1904 [1996], 171)

Goodwill is the result of a multiplicity of combined phenomena. Veblen proves that this goodwill is both the result of the leverage effect and also a result of complex corporate integration with the search for an annuity, which is up to the common stockholders:

PIf the goodwill of the concern makes a great and rapid gain, e.g. through maneuvers which put it in a position of monopoly or through changes in the

77 Chamberlin in The Theory of Monopoly Competition mentions the Veblenian definition of monopoly (E. Chamberlin, 1933, 60). But he does not perceive that the second definition of the concept of goodwill, given a few years later within the institutionalist school by Commons is different. In his book Industrial Goodwill (1919), Commons presents the modern corporation and expla ins that: PGoodwill is a competitive advantage. Its value consists in ability to get or keep desirable customers or workers away from rivals. [G] Goodwill is the soul; and goodwill is a multiple of all the different personalities that keep the business going. Q But obviously the two concepts do not meet: - see A.M. Endres (1985) in PVeblen and Commons on goodwill: a case of theoretical divergenceQ. 

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goods market which greatly increase the demand for the concern's product, and the like, it is the quotation of the common stock that measures and registers the advantage which thereby accrues to the concern, and the market fluctuation of the common stock is likewise the instrument by means of which manipulations are carried through that affect thes e intangible assets.Q ( Veblen, 1904 [1996], 147)

We continue the previous example to illustrate our discussion (Tables 1 and 2).

The businessman issues an additional 100 in preferred shares in order to finance 100 of new investment goods and to acquire a monopoly position and increase return on investment - 56 instead of 36 -, so that efficiency rises from 12% to 14%. This additional investment in tangible capital is a vector for innovation, mergers and monopolization (Table 3). For a 50% increase in preferred shares, underlying goodwill appears, rising from 213 to 375 between situation 1 (joint stock company) and 2 (monopoly company), with a discount rate of 8%. 78 There is an additional issuance of common stock for 162,5 corresponding to the second goodwill. 375 is obtained by adding 162,5 to 212,5. However, the increased goodwill is associated with the development of control strategies. Insiders have a privileged position that allows them to set a market rate, to influence the value of goodwill and therefore the value of shares they recover. Through this power they can impose their market price, the par value containing the goodwill. Such interference in the results of financial capacity valuations is driven solely by personal interests and the short-termism of the modern system. This is consistent with the Veblenian state of mind and his macro-financial analysis that posits an inherent and endogenous imbalance. This imbalance is also crystallized in the instincts of the agents involved. However, in the event of bankruptcy or discovery of the fraud, the common shareholder loses all his capital.

78 As before, any increase in the discount rate leads to a decrease in the amount of potential goodwill. 

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Table 3: Goodwill n 2 N the monopoly rent acquisition Amount Income Rate Amount Income Rate ASSETS LIABILITIES Investments: Loans: * capital goods n 1 300 56 14% * loan n 1 100 5 5%

* capital goods n 2 100 * loan n 2 Shareholder's fund: * equity 200 31 15,5%

* preferred shares PF n 1 200 14 7% PF n 2 100 7 7% * common shares Goodwill n 1 212.5 CS n 1 212.5 17 8% Goodwill n 2 162.5 CS n 2 162.5 13 8% 775 56 775 56

Manipulators seek to distort the information disseminated by the market in order to benefit financially without any concern for productive efficiency. This finding allows us to argue that the putative and actual earning capacity may not be equalized, by the very existence of goodwill and the presence of strategic managers. This latent inefficiency in the motivation of these managers exacerbates insecurity. When the value of the putative earning capacity is greater than the actual earning capacity, insiders have an incentive to increase the issue of new common shares. According to Veblen, insiders have an incentive to sell the common shares, to recover in cash the difference between the two values of assets. In that way, they maximize their speculative return. Then they can buy preferred shares, which have a lower price than the common shares they sold. Such manipulation of stock prices, combined with market volatility, requires constant revision of their beliefs by outsiders. For Veblen, there is very little transparency in the remuneration of private information at the expense of creditors and preference shareholders. The establishment of market power is central to the recovery of goodwill. Insiders are the only ones to know the fundamental value of assets, so they know how to exercise their opportunism by choosing the time and mode of their operations. Market speculation thus appears to them a risk-free bet. Insiders buy and sell shares when the



C.:]1 `V  C P:` 1V I price is favorable. The structural ownership of the company and its segmented organizational functioning favors insiders in capturing surplus. These insiders abuse the trust of creditors and public alike to obtain a speculative return. Although their operations disrupt market and agents, insiders recover the goodwill as majority shareholders of intangible and transform the firm into a monopoly, since its market value is different from its fundamental value.

The preference for one instrument rather than another is not neutral, because this choice affects the organizational structure of the company. Veblen gives us the outline of a theory of financing choices based on corporate financial structure. Thus, the appearance of goodwill is quite clear in VeblenSs writings, but its explanation is not so clear. And the literature does not improve our understanding because it does not address this issue. Insiders have private information that outsiders do not have. They can capture the potential private benefit through informational rent.

3. CONCLUSION

The Theory of Business Enterprise highlights a dual definition of goodwill through which Veblen outlines a theory of the non-neutrality of the financial structure in the management of companies. This topic still arouses interest today. Goodwill appears as the result of management and entrepreneurial ability. With this book, Veblen lays the foundation of corporate behavior and of the relationship between common and preferred shareholders inside the business, highlighting the search for an optimal capital structure. Fuelled by the predatory instinct, the credit leverage effect on profitability, monopoly position and especially goodwill are at the heart of the business enterprise. This allows us



C.:]1 `V  C P:` 1V I to argue that Veblen is an original and fully-fledged theorist of the emerging financial theory of the firm who provided, in his 1904 work, a rich financial reflection, highly pertinent to the study of corporate governance. A. Berle and G. Means (1932 [1991]), Joseph Dorfman (1961), J.P Raines and C.G Leathers (1992, 436) have pointed this out. Veblen considers and analyzes the evolution of financial institutions, structural changes in firms, securities and accounting standards. The literature mentions mainly his work of 1923, Absentee Ownership , for its contribution to corporate finance, but it is that of 1904 which anchors Veblen in the paradigm of financial capitalism. We have shown that Veblen focuses, from the perspective of the evolution of society, on issues of new industrial processes and is alert to the financial innovations that encourage the concentration of firms. Veblen describes the industrial system as that Pin which the machine process is paramountQ ( 1904 [1996], 2) and the economy relies on it. In conclusion, though he is not, neither in the secondary literature on him nor in the literature specifically devoted to goodwill, Veblen should be advanced as a pioneer theorist of goodwill 79 . Nevertheless, the strategic and economic importance of goodwill affected and dictated the entire Veblenian theory of corporate finance and the description of the financial capitalism of his time.

79 And yet Veblen is not referenced as a source while Sanford L. Margoshes for instance, explains that in 1962 Veblen has already perceived six ty years earlier, namely that P The relationship between debt financing and the investment value of common stock is significant both to the management and owners of the firm.Q (S.L. Margoshes, 1962, 67). 



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CHAPITRE 2:

THORSTEIN VEBLENSS 1904 CONTRIBUTIONS TO Q AND INSIDER/OUTSIDER ANALYSIS *

0. Introduction 1. Q is all that matters 2. KeyneSs Q in Ptwo -stepsQ 3. VeblenSs Q = Goodwill 4. VeblenSs Q, management and absentee ownership 5. VeblenSs goodwill and HilferdingSs promoter profit 6. Conclusion

* I gratefully acknowledge the two referees of The European Journal of History of Economic Thought for their very helpful comments. I also want to thank J rme de Boyer des Roches for his valuable discussion, Thierry Granger for his interesting comments at the doctoral seminar in Dauphine in April, 2015 and Maria-Luisa Ratto for his valuable proofreading. 

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0. INTRODUCTION

In this paper we point out that as early as 1904, Veblen belongs to the filiation of Q- theoricians. Veblen identifies the role of goodwill and its implications. In this, he contributes to the history of the emergence of corporate finance and the governance issues of corporate capitalism. He showed the non-neutrality of the financial structure, and that is why it is important not to overlook him in the rational reconstruction of Q theory and the analysis of corporate finance. Since the beginning of the 20 th century, great economists have sought to explain the relation between corporate finance, investment and financial structure. We compare the European tradition with the American one seeking to understand their mutual influences N in which we present mainly Thorstein Veblen. We reconstruct Q theory, describing precisely an explanatory schema of a little-known tradition (or at least of neglected influence): investment theory. The goal is to make a critical contribution in relation to the primary and secondary literature on the theories in question and their issues; and so to situate Veblen within this tradition.

In essence, a company seeks to achieve good economic results. Value creation is an imperative of business processes and corporate management. This article is rooted in the context that addressed issues of financial theory of investment at the beginning of the 20th century. Although principles and practice already existed, it was in this period that corporate finance became a theoretical discipline. Indeed, many textbooks were published in the decades 1910-1920 affirming a real interest in it. Thorstein Veblen (1904, 1908, and 1923) was one of the theorists interested in the company and its management, from 1904. It would take some 80 years for this branch of economics to impose its legitimacy. Furthermore, regarding the companySs financial structure, it was



C.:]1 `V  C P:` 1V I not until 1958 that Franco Modigliani and Merton Miller made an epistemological break with the analysis of these previous economists, of the non-neutrality of financing methods.

In this filiation, the writings of John Maynard Keynes (1930, 1936) and James Tobin (1968, 1969) dealt with the development of an investment theory based on the financial structure. They contributed to an understanding of the role of financial structure in business management. Furthermore, Karl Marx with his analysis of the profit of enterprise (1864-1875 80 ) and Rudolph Hilferding (1910) with the promoterSs profit, also contributed to this tradition of thought. However, these studies do not mention Thorstein Veblen, one of the founding fathers of institutionalism, who remains little- known, although a recent literature considers that he provides an interesting contribution to capital theory (Ganley, 2004; Gagnon, 2007; Cochrane, 2011; Mendez, 2012). Indeed, in his Theory of Business Enterprise of 1904, Veblen carried out an early American analysis of corporate governance structure, later highlighted by Adolf Berle and Gardiner Means (1932), which appeared as a real issue in the early 20th century in view of the development of financial instruments, shareholder behavior and corporate equity valuation concerns. The theory of the non-neutrality of the financial structure retains all it pertinence today, so that in this paper, we will focus on the reasons why VeblenSs corporate financial analysis should not be overlooked. The first part of the article (sections 1 to 3) studies the analysis of investment as a consequence of financial assets valuation. The first introductive and short section presents James TobinSs q ratio between the financial market value of a firm and the replacement cost of its real assets. This ratio embodies the analysis of the role of the financial structure in business investment, but there is in fact a wider tradition than the simple writings of James Tobin. The second section presents KeynesSs precursory element s of the Q theory introduced in two steps. First, in 1930 we find elements of the Q-investment with his definition and theory of

80 Capital , Book III, ed.1894 

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Pwindfall profitsQ and also his analysis of the market rate of interest. The second step is in 1936 with his definition of marginal efficiency of capital. In the third section of this first part, we show that Veblen fits into this analysis of investment as a consequence of financial asset valuation, and yet he remains a forgotten theorist of corporate finance. There is a literature studying the links between different Q-theories and a quite similar analysis of investment and corporate capital in VeblenSs works (Bolbol & Lovewell, 2001; Medlen, 2003, Dimand, 2004 and 2014). However, surprisingly, this literature does not establish any relation between Veblenian goodwill , the investment windfall profit of Keynes and TobinSs q. Consequently, we present Veblen as a precursor, since 1904, of analysis in terms of company capitalization 81 and its financial structure with the formalization o f a VeblenSs Q. In the second part of the paper (sections 4 and 5), we pursue the analysis by presenting Veblen alongside his contemporaries and pointing out that he was a pioneer of managerial capitalism and financial corporate analysis. We focus on the analysis of the link between investment, financing and governance. In section 4 we clarify the divergence between Veblen and contributors to Q theory concerning the consequences of corporate additional value. While the latter developed a theory of investment, Veblen related analysis of the financial structure to business management concerns. This leads us to consider VeblenSs relation to and influence on European theorists (Maximilien Rubel, 1968; Berle and Means, 1932). We stress the strategic objectives and characteristics of capitalist-entrepreneurs and shareholders and the use of the credit leverage effect, with a connection to Marx and Hilferding. This allows us to establish the link, later emphasized by Berle and Means, between the separation of ownership and management functions. We then present Veblen as one of the early contributors to Q and insider/outsider analysis.

81 Veblen has the reputation of being a difficult writer to read. See Dieudonn (2014) for more details on the trial-and-error nature of his thinking about capitalization of assets. 

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1. Q IS ALL THAT MATTERS

Through the concepts of financial structure, companySs market value and investment we propose to consider KeynesSs contribut ion, thereafter to insert Veblen into this paradigm: Q theory is not rooted solely in TobinSs thought. We thus bring to light a tradition of reflexion on investment, a consensus N PsoftQ regarding Veblen and Keynes N that changes with the concepts used by the authors. By financial structure we mean the balance of company resources (equity and debts), used to determine the financial balance, to diagnose viability and to guide business decisions 82 .

According to TobinSs q, the investment depends on the capital financial valuation of the firm. Recent neoclassical developments in investment analysis do not just compare the performance of the investment with the monetary interest rate, they also use the valuation of the company on the financial market. For Tobin, Pq is all that mattersQ (interviewed by D.C. Colander 1999, 120), because it is traditionally a guide to identify the determinants of investment and to evaluate the impact of the transmission to the market. James Tobin developed this theory in 1969, proposing a q such that: -& /#1'0 #*!#+$/' ͥ Ɣ # . *$)  +' ( )/#*./#*!#+$/' In our article, we use the following notation, the letter I for the market value of the capital, and IS for its replacement cost: ͥ Ɣ # . Noting e the expected earnings of *$) ɑ the investment and r M the market capitalization rate of interest, we obtain: ͥ*$) Ɣ ȏ- # Ɣ Ć. ɑ ɑ That is to say if q<1 investment decreases and if q>1, investment increases.

82 Modern principles of the role of the structure in terms of financial value were developed in 1958 by Modigliani-Miller. 

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The literature recognizes the central importance of Q theory. James Crotty (1990, 8) quotes the following passage from Stanley Fisher and Robert C. Merton (1984, 29): PQ theory G is now the preferred theoretical description of investmentQ, despite the empirical and econometric debates of recent years. Notwithstanding the criticism that can be levelled at it concerning the non-uniqueness of the theory of investment to which it refers, and the concept of proxy with objective empirical tests, Q theory remains the most coherent framework for studying the influence of finance on investment. See E. Lindenberg and S. Ross (1981), A. Epaulard (1993), and G. Charreaux (1998) for the attractiveness of this proxy to circumvent the question of expectations, to diversify its use, or to corroborate empirical data and accounting results.

2. KEYNESSS Q PIN TWO STEPSQ

In the Chapter 9 and 10 of the Treatise on Money , Keynes provides a set of definitions. In Chapter 9, he distinguishes the windfall profits from the revenues and normal profits:

But we exclude [from the normal remuneration of the entrepreneurs] their windfall profits or losses represented by the difference (positive or negative) between the earnings, thus defined, of the factors of production and the actual sale proceeds. The income of holders of ordinary shares will usually include elements of each of the items (b: the normal remuneration of entrepreneurs), (c: interest on capital) and (d: regular monopoly gains, rents and the like), and they will also be recipients of windfall profits and losses. (J.M. Keynes, 1930 [1965], I, 124)



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In Chapter 10, The Fundamental Equation for the Value of Money, he compares the financial valuation of capital I 83 with its replacement cost IS. Keynes defines the windfall profit on investment goods, denoted Q 2 and equal to the difference between I and IS: Q 2 = I - I'. The windfall profit increases with investment.

For Keynes, the relative price of consumption goods and investment goods is not fixed.

They are three Pwindfall profitsQ: Q 1, Q 2, and Q = Q 1 + Q 2.

Next, let Q 1 be the amount of the profit (defined as above) on the

production and sale of consumption goods, and Q 2 the corresponding profit on investment goods, and Q the total profit. (J.M. Keynes, 1930, 1965, I, 137)

Keynes writes E (=CS+IS) for the money -income or earnings of the community 84 , CS for the cost of production of consumption goods 85 , S for savings, and (E-S) the demand for consumption goods. Therefore, there are three kinds of windfall profits:

ɑ ɑ - The profit on consumption goods ͋ͥ Ɣ # ʚ̿ Ǝ ͍ ʛ Ǝ ʚ̿ Ǝ ̓ ʛ Ɣ ̓ Ǝ ͍ ɑ - The profit on investment goods ͋ͦ Ɣ ̓ Ǝ̓ ɑ ɑ - And the total profit ͋ Ɣ ͋ ͥ ƍ ͋ ͦ Ɣ ʚ̓ Ǝ ͍ ʛ ƍ ʚ̓ Ǝ ̓ ʛ Ɣ ̓Ǝ͍T -

Here, we are interested in investment, i.e. Q 2. So, let us assume that ͋ͥ Ɣ R so that

86 ͋ Ɣ ͋ ͦ T

83 PI = (PS*C) is the value (as distinguished from IS, the cost of production) of the increment of new investment goodsQ (Keynes, 1930 [1965], I, 137). With PS = P the price level of new investment-goods Q (p.137) and C = P the net increment of investment Q (p.135). 84 PLet E be the total money -income or Earnings of the community in a unit of time, and IS the part of it which has been earned by the production of investment- goods, so that IS measures the cost of produ ction of new investment.Q (Keynes, 1930 [1965], I, 135) 85 PE -IS [is] the cost of production of the current output of consumption -goods.Q (Keynes, 1930, 1965, I, 135) and E- IS = CS 

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The contractor issues shares equal to !20,000 in order to finance an investment project by the same amount: IS = !20,000. But, because Pthe actual price-level of investments is the resultant of the sentiment of the public and the behavior of the banking system Q (1930, 142), the contractor finally recovers I = $28,571, from the sale of his shares. He buys !28,571 of capital goods [i.e. I= !28,571] so that the producers of these goods make a windfall profit Q 2. The investment in capital goods (I) is higher than the cost of production of capital goods (IS), i.e. Q 2 = I N IS = !8,571. Now, concerning the determination of the valuation of I, Keynes reasoned in terms of capitalization. We can consider that, although it was not actually formulated as such, the

_þ following equation is consistent with its interpretation: ̓ Ɣ (eq. 1). -Ć

The value of the companySs capital assets is the result of the capitalization of expected

 87 returns  at the capital market rate of interest r M . Moreover, in Chapter 11, The Conditions of Equilibrium , Keynes explained:

The attractiveness of investment depends on the prospective income which the entrepreneur anticipates from current investment relatively to the rate of interest which he has to pay in order to be able to finance its production: - or, putting it the other way round, the value of capital-goods depends on the rate of interest at which the prospective income from them is capitalized. (J.M. Keynes, 1930 [1965], I, 154)

The interest rate involved corresponds to the market rate of interest (r M). However, a few lines later Keynes introduces the possibility of considering a natural rate of interest:

86 The fundamental equations of the Treatise on Money describe a two-sector production model where the excess demand for consumption goods does not result in an excess supply of investments goods. See J. de Boyer (1982). 87 Including a risk premium. Actually, the money rate can be found in the newspaper, as the market price, while the natural rate is hidden and deduced from exogenous variables. 

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Following Wicksell, it will be convenient to call the rate of interest which would cause the second term of our second fundamental equation to be zero the natural rate of interest, and the rate which actually prevails the market rate of interest. (J.M. Keynes, 1930 [1965], I, 154-5, italics in original)

Here, the natural rate of interest, is not a particular and distinct rate of interest, for example a real rate, but a particular level of the market rate of interest, corresponding to the case where Q 2=0, i.e., I = IS. ̓ Ǝ ̓ ɑ Ɣ #R  Ǝ#̓ ɑ Ɣ #R ͦ  ͦ Ɣ #  ̓ĺ

Therefore, saying that Q=0 means that I = S 88 .

KeynesSs (1930) reference to Wicksell is ambiguous because PWicksellSs concept of the RnaturalS or RrealS rate of interest is [G] strongly related to a purely physical productivityQ rather than Pthe yield of real capitalQ (Gunnar Myrdal, 1939, 54). 89

In 1936, KeynesSs reasoning on investment seems no longer based on capitalization values, but on a comparison between the market rate of interest and the marginal efficiency of capital. In fact, there is some continuity and complement between the writings from 1930 and 1936.

88 By hypothesis, Q 1=0, i.e., i.e. IS = S. Therefore I = IS means I = S. 89 In his preface to WicksellSs Interest and Prices, Bertil Ohlin writes: Pthis natural rate is roughly the same thing as the real interest of actual businessQ (B. Ohlin, 1898 [1936], xxv). 

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The speed at which the capital stock was adjusted toward its desired level would depend on how far the marginal efficiency of capital was from the interest rate: RIn this view we were in the tradition of Wicksell and of the Keynes of A Treatise on Money (who occasionally reappears in the General Theory)S (J. Tobin and W.C. Brainard 1990, 68, quoted by R.W. Dimand, 2014, 85-6)

In Chapter 11 of the General Theory , the equation Q= I - IS does not appear. However, Keynes develops the notion of marginal efficiency of capital that refers to Q theory. Whereas in 1930 the cost of replacement I' intervenes in the determination of the natural rate of interest, in 1936 Keynes calls the same thing the marginal efficiency of capital 90 .

Over against the prospective yield of the investment we have the supply price of the capital-asset, meaning by this, not the market-price at which an asset of the type in question can actually be purchased in the market, but the price which would just induce a manufacturer newly to produce an additional unit of such assets, i.e. what is sometimes called its replacement cost . The relation between the prospective yield of a capital-asset and its supply price or replacement cost, i.e. the relation between the prospective yield of one more unit of that type of capital and the cost of producing that unit, furnishes us with the marginal efficiency of capital of that type. (J.M. Keynes, 1936 [1973], 135)

In the following equation the capitalization rate becomes the mec. It then remains to demonstrate that:

90 In 1936 ([1973], 140-1) Keynes referred at length to Irving Fisher (Theory of Interest, 1930; Booms and Depressions, some first principles , 1932 and The debt-deflation theory of great depression, 1933), to explain that they shared the same understanding in FisherSs rate of return over cost and KeynesSs marginal efficiency of capital. (See, Kregel, 1988, 64-65; de Boyer, 1988, 70 and M. Boianovsky, 2013, 212, 215, 217). 

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   # ɋ #͙͝#̓ĺ ɋ ̓######### ͦ #͙͗͡ ͦ

Although the books from 1930 and 1936 did use the same terminology, we can make the connection between the offer price I (1930, 137), and the replacement cost of IS (1930, 135; 1936). In fact, in 1936 the marginal efficiency of capital, thereafter mec, is used instead of R N.  Ɣ ͙͗͡ #̓ĺ Thus, (eq. 2) appears as:

_þ Ɣ #̓ĺ# (eq.2) ( 

ItSs the return on the present value capitalized at the mec, giving the replacement cost . And in parallel:  Ɣ ̓ #ͦ  The mec, capitalization rate of interest applied to annuities series 7 e is then compared to

91 rM. Ultimately, the mec is similar to WicksellSs natural rate.

_þ _þ rM < mec 8 # Ƙ # 8 I > IS 8 I - IS > 0 8 Q > 0 #- Ć #( 

_þ _þ rM > mec 8 Ɨ # 8 I < IS 8 I - IS < 0 8 Q < 0 #- Ć #( 

91 However, although in Wicksell there is only one natural rate of interest, in Keynes (1936) there are many. P In my Treatise on Money I defined what purported to be a unique rate of interest, which I called the natural rate of interest Onamely, the rate of interest which, in the terminology of my Treatise , preserved equality between the rate of saving (as there defined) and the rate of investment. I believed this to be a development and clarification of Wicksell's 'natural rate of interest', which was, according to him, the rate which would preserve the stability of some, not quite clearly specified, price-level. I had, however, overlooked the fact that in any given society there is, on this definition, a different natural rate of interest for each hypothetical level of employment. And, similarly, for every rate of interest there is a level of employment for which that rate is the 'natural' rate, in the sense that the system will be in equilibrium with that rate of interest and that level of employment. Thus it was a mistake to speak of the natural rate of interest or to suggest that the above definition would yield a unique value for the rate of interest irrespective of the level of employment. I had not then understood that, in certain conditions, the system could be in equi librium with less than full employment.Q (1936 [1973], 242 -243) 

C.:]1 `V  C P:` 1V I

In 1936, Keynes did not write the equation I-I', but he did provide all the elements needed to write a Q-Keynes 92 .

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This tradition of analysis of the investment decision is particularly developed in Europe but little known and little analyzed in the literature of Q theory. But it was also an American specificity of the turn of the century to talk about the concentration of

92 In a footnote, Tobin and Golub (1998) specify that: PGunnar Myrdal (1931, 1933) long ago anticipated q, even called it Q! However, his Q was not a ratio but the absolute difference between market value and replacement cost. His articles were in Swedish and German - translate in English in 1939 by Robert Bryce, former KeynesSs student - not known to the authors of q until Klaus Schmidt, a graduate student at Johann Wolfgang Goethe University in Frankfurt called them to the authorSs attention in 1994. See Schmidt (1995). Q (Tobin and Golub, 1998, 150) . The article in question by Klaus Schmidt published in 1995 is entitled P TobinSs q ? MyrdalSs Q! ein Fallbeispiel fr den Wert von Fremdsprachenkeantaussen Q. Schmidt proposes to link the tobinian analysis of investment with the financial structure of the company with the one of Myrdal. Actually, Schmidt was a student of Myrdal and he tries to make him recognized as one of the pioneers of what we called the Q-theory. Schmidt aims to give rise to the construction of a theory of investment choices through a new interpretation of Myrdal of wicksellian system. In fact, Robert Dimand in 2014, in his book about PJames TobinQ examines the question: PWhat are the historical roots of TobinSs q?Q (2014, 74). In fact, according to Dimand, even if there is indeed a Q in MyrdalSs writings (1931, 231 -233; 1933, 431-4), Schmidt outclasses Myrdal (1931, 1933) because Schmidt is not aware of the Keynesian Q of 1930. Myrdal was not the first to speak of Q and to be inspired by Wicksell. Schmidt does not see that Myrdal quotes KeynesSs 1930. According to Dimand, KeynesSs Treatise on Money (1930) was Pcarefully studied by MyrdalQ (Dimand, 2014, 75) and, according to Myrdal , this treatise Pis completely permeated by WicksellSs influenceQ (Myrdal 1939 [1965], 8- 9). However Myrdal stresses that in the Treatise Pthe entrepreneurSs activity commences immediately a difference in the interest rates appears; however small it may be Q (Myrdal 1939 [1965], I 76). Schmidt is also unaware of the difficulty of translation when MyrdalSs POm penningteoretisk jmvikt: en studie over den Pnormal rntanQ i Wicksells penninglraQ (1933), was translated into german (1933) and then English by R.B. Bryce and N. Stolper in an extended version as early as 1939 ( Monetary Equilibrium ). Dimand (2014) mentions this on Schmidt and he draws a critical: PIndeed the real message is that investment is related to discrepancies between the marginal efficiency and the interest rate. This is in the tradition of Wicksell and of KeyneSs earlier work (1930).Q (Dimand, 2014, 74-5). But the filiation of Tobin with these authors is not recognized in the 1990s as the publication of SchmidtSs article gives the illusion. PSchmidt (1995), and following him Tobin and Golub (1998), did not notice that Myrdal (1931, 1933, 1939) chose the symbol Q with the expectation that his readers would be familiar with the Q of KeynesSs Treatise, and hence could not notice that Keynes (1930 ) in turn had selected the symbol Q for an intended audience that would think of MarshallSs quasi - rents.Q (2014, 76) 

C.:]1 `V  C P:` 1V I ownership and strategies of industrial groups. Today, only the TobinSs q theory remains, disconnected from its influences and roots, 93 even though understanding all these links would allow us to address comprehensively the relationship between financial structure and investment strategies or business management. In the following section we will show that there is a tradition that analyzes the relationship between financial structure, companySs market value and investment decisions, but which completely overlooks Veblen.

3. VEBLENSS Q = GOODWILL

In the 2000s there was a revival of the literature on Veblen, but it did not treat goodwill in relation to Q theory. Bolbol and Lovewell (2001) are the only authors to formulate and develop a Q-Veblen which they define as a ratio between putative earning capacity and actual earning capacity. However, we will show that this Q- equation G

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G is erroneous. When the Q-Veblen ratio has been corrected, we will show that VeblenSs analysis is quite similar to that of all q -theorists, but with an interpretation in terms of PgoodwillQ. VeblenSs notion of goodwill refers to a set of property rights that confer differential advantages in the market. This business potential appears notably in the capitalization of the assets on the companySs balance sheet. In this respect, Veblen is an unjustly forgotten author, because he was one of the first to develop a financial theory of

93 As we seem to forget that before Tobin, Dale Jorgenson had also popularized the theory of investment. (James R. Crotty, 1990, 8) 

C.:]1 `V  C P:` 1V I the firm. 94 The link with above-mentioned authors (sections 1 and 2) is the notion of goodwill , proof of his early recognition of the importance of the financial structure and valuation of the company on the market.

Recently, Ali A. Bolbol and Mark A. Lovewell (2001), Craig Medlen (2003) have uncovered a parallel between James Tobin (1969) and Veblen, in their observation of the fragile financial dynamics of capitalism 95 . Bolbol and Lovewell suggested for the first time in 2001 a potential Veblenian Q-ratio. But we do not agree with their definition of the

QVEBLEN . Their analysis covers the views of Marx, Veblen and Tobin, dealing with the link between financial market, structure and valuation of the company. They draw a relationship between these three authors, adding that Keynes moved along the same paths. 96 Despite this, Bolbol and Lovewell only indicate that there may be possible implications for the organizational structure of the company, whereas it is the heart of the Veblenian analysis of goodwill. In 2003, Medlen sought to show that modern Q theory is the legacy of the ideas of Wicksell, Veblen and Keynes, but that:

Today, the disconnect of modern Q theory from its origins in VeblenSs theory of capital is total (C. Medlen, 2003, 968)

Even if we completely share this view that Veblen is disconnected from Tobinan q theory, it would also have to be the case for Keynes and the influence of Wicksell. In 2004, Dimand traced the affinities between Irving Fisher (1932, 1933), Veblen (1904), Hyman Minsky (1975, 1981, 1982, 1986) and Tobin (1975, 1980, 1989, 1992, 1996) concerning the fragilities of financial theory. He emphasized the influence of Fisher on

94 Without forgetting T. Greene (1897), W.Z. Ripley (1905), W.H. Lyon (1912), A.B. Norris (1913), and A.S. Dewing (1919) et al. (cf. Chapter 3). 95 Dimand (2004) emphasizes Pthat this [between VeblenSs 1904 and FisherSs] affinity also exists between Veblen (1904) and the analyses of Minsky (1975, 1985, 1986a) and Tobin (1975, 1980) that draw upon Fisher (1932, 1933).Q (2004, 462). A paragraph p.465 is concerned with q -Tobin without however cites his work of 1969. 96 We strongly believe, like Wesley Pech and Marcelo Milan (PBehavioral economics and the economics of KeynesQ, 2009), that Keynes knew the writings of Veblen. 

C.:]1 `V  C P:` 1V I

Tobin and Minsky, Fisher (1932) having been particularly interested in the writings of Veblen (1904) after an interpellation of Westley Clair Mitchell. 97 Yet this literature does not take into account the fact that VeblenSs analysis of goodwill does not lead to a theory of investment, as is the case with Keynes or Tobin, but more specifically to a theory of the choice of financial structure. So we wish to emphasize firstly, that the emergence of a Q-Veblen is an assumption made by Bolbol and Lovewell, but that it does not appear as such in VeblenSs writings, and secondly, that the ce ntral concern of Veblen's goodwill is not investment, but the company's management strategies. We will thus focus on the Q-Veblen that corresponds to goodwill. For this purpose, it should be noted that Veblen made a real contribution to the theory of capital in the early 20 th century. Already, the works of Ganley (2004), Gagnon (2007) or Mendez (2012) emphasize it. Capital takes on its full meaning with regard to the question of ownership. The companySs value refers to the value of its shares, or at least the expected return on them, which Veblen called the putative earning-capacity . Outsiders investors have only access to the market capitalization. In VeblenSs thought, the actual capitalize d value Pas known to its managersQ (1904 [1996], 155) is the value of the business known by insiders. 98 On the other hand, the putative value is uncertain and depends on market fluctuations, anticipations and strategic equity capital management. The putative value is

97 Moreover, Mitchell (1936) seeks to give prosperity to the writings of Veblen which he considers as a great economist. He vows respect and admiration, and this is visible both by his dithyrambic comments and presentations of the work of Veblen, but also through his correspondence as soon as he evokes Veblen. For example, in a letter that Mitchell addressed to Veblen himself on March 2, 1929 (WCMP, Box 11), shortly before his death, he informed him (on the occasion of the desire to publish a work rendering him a fair theoretical and academic place) : PIf I donSt make a fascinating book of selections the fault will be mine P. Moreover, Veblen had a real posterity thanks to What Veblen taught (1936). Following this publication, various newspaper clippings (WCMP) showed the importance of rereading Veblen, Pthe artist in economics Paccording to Eli Ginzberg, or Pgateway to VeblenSs worldQ according to Max Lerner. 98 And with the knowledge of this value it is possible to manipulate the market in order to extract Psecret profits for insidersQ (W.Z. Ripley, 1905 [1916], xxii). 

C.:]1 `V  C P:` 1V I actually related to expectations, like the unexpected income stream 99 in the writings of Keynes and Myrdal:

Investment gains and investment losses: these arise if the capital goods just being constructed have, at the moment when they are ready for use, a capital value which is larger or smaller than the total cost of construction. The expectations for such investment gains or losses by the entrepreneurs form the profit motive in the course of WicksellSs dynamic process. (G. Myrdal, 1933 [1939], 61)

Veblen insists on the fact that the issue of information asymmetry 100 is the basis of the theory of the non-neutrality of the financial structure in the management of companies:

The manner in which the capitalization of collateral, and thereby the discrepancy between the putative and actual earning-capacity of capital, is increased by loan credit during an era of prosperity has been indicated in some detail in Chapter V above. (Veblen, 1904 [1996], 194)

The goal is to have a putative earning capacity 101 greater than the actual earning capacity. So we find a double capitalization as in Wicksell, Keynes or Myrdal, and in Veblen this valuation is a central point of business operation.

99 Because for J.M. Keynes (1936) Peach capital and financial asset yields an income streamQ, according to Minsky (1993, Comment on , RCredit in the Macro -economyS) and income streams are uncertain because they depend on subjective expectations. 100 As in J.M. Keynes: Pgradual increase in the proportion of [G] equity [G] which is owned by persons who do not manage and have no special knowledge of the circumstances, either actual or prospective, of the business in question.Q (1936, 138) 101 Myrdal was one of the first economists to include expectations theoretically in his economic calculations (Andr Marchal, 1950). Following the Wicksellian tradition, Veblen evokes a hope of surplus profit. Wicksell just presents an analysis of the price of property defined by the rate of return, which does not involve the capitalized value. 

C.:]1 `V  C P:` 1V I

Through the appearance of a particular category of surplus value, goodwill , Veblen proposes an accounting analysis of the company and a capital asset model. He adds, PIn any case so much seems clear N that goodwill is the nucleus of capitalization in modern corporation financeQ (1904 [1996], 117), an entrepreneurial profit at the heart of early 20th- century concerns. We intend to show that VeblenSs goodwill is actually the investment windfall profits of the Treatise on Money , and TobinSs q.

We suggest a different interpretation of Q VEBLEN to that of Bolbol and Lovewell.

We identify Q VEBLEN with goodwill , which for us refers more to a difference between the value of the company and the replacement cost of capital. G oodwill is a privilege, a differential advantage that appears through a credit leverage effect but also through the capitalization of the firm (and also thanks to a privileged monopoly position).

In ordinary times, however, and under capable management, the current rate of business earnings exceeds the rate of interest by an appreciable amount. (Veblen, 1904 [1996], 96)

Thus, to illustrate the credit leverage effect and according to Veblen, goodwill appears in the business enterprise when the interest rate (r M) is less than the current rate of business

102 earning (cber) . The capitalization by the two rates (r M and cber) of the actual earning capacity gives rise to VeblenSs Q. Earnings are then capitalized and this goodwill follows from the leverage effect:

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102 Note th at Dimand said about the low level of VeblenSs level of mathematical analysis: P The elaborate mathematical formulae in the footnotes of The Theory of Business Enterprise (Veblen 1904 [1996], 95- 96n, 110n, 150n, 153n, 160n, 169-70n, 203-204n, 223n, 230n, 233n, 244n) appear to me to be a straight- faced parody of mathematical economists such as Fisher, comparable to Alan SokalSs Social Text parody of the postmodernist side of the science wars.Q (Dimand, 2004, 469). As well, as we take these footnotes into cons ideration for our purposes, we interpret just veblenianSs intuition, not the formalization which is wrong.



C.:]1 `V  C P:` 1V I

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Suppose that the monetary rate is inferior to the current rate of business earning, ie rM=7% and cber= 10%. Under these conditions, the capitalization of the actual earning capacity with the market interest rate is structurally higher than it is with the current rate of business earning. The application of these two rates establishes the goodwill , i.e.,

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New investments are made on the basis of current rates of interest and with a view to securing the differential gain promised by the excess of prospective profits over interest rates. (Veblen, 1904 [1996], 218)

We can reconstruct VeblenSs thought further using the following balance sheet:

As in the Q theories that we have already presented (1.1), Veblen suggests, in his 1904 business enterprise analysis, that earnings are capitalized by the monetary interest rates which give (I) and, on the other hand, earnings are capitalized with a rate of profit and give (IS) and then, a book net value is (I -IS).

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In our previous example, I = 28,571 and I = 20,000. The actual earning capacity is equal to 2,000. Thus, we have: ͕͕͗ͨͩ͠#͙͕ͦ͛͢͢͝#͕͕͗ͤ͗ͨͭ͝ TQRRR Ɣ Ɣ TZQWYSTVTZX Ɣ ̓ ͦ RTRY ͕͕͗ͨͩ͠#͙͕ͦ͛͢͢͝#͕͕͗ͤ͗ͨͭ͝ TQRRR Ɣ Ɣ TRQRRR Ɣ ̓ĺ ͖͙͗ͦ RTS þ þ ɑ _ dz# -ͯ#_ dz#- Ć ͦQͤͤͤdz#ͤTͥͯ#ͦQͤͤͤdz#ͤTͤͫ ͪͤ ͋  ##́ͣͣͫ͘͝͠͠ Ɣ ̓ Ǝ ̓ Ɣ = = -Ćdz# - ͤTͤͫdz#ͤTͥ ͤTͤͤͫ

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This difference gives rise to the unexpected profits: VeblenSs goodwill , the profit motive to Myrdal or the windfall profits to Keynes. Thus, Veblen and Myrdal, like Tobin later (R. Shiller, 1999), take the interest rate as a theoretical measure of lending to businesses: new investments take place as a function of profit forecasts, projections even influenced by the proportion of credit in the equity of the company.

Veblen was a very learned man so that in this regard, Vining says:

Moreover, contemporary with the writings of Veblen were the penetrating discussions by Wicksell of the monetary difficulties of a free-enterprise economy which went much farther along toward a systematic integration of the branches of economic theory. (R. Vining, 1939, 692)

The basics of Q theory run throughout the 20 th century from Veblen to Tobin. However, the secondary literature overlooks some interpretations. Especially as this analysis of investment decision in relation to the financial structure allows us to introduce Veblen as the pioneer of the analysis of managerial performance. In fact, the " visible hand " is central in discussions about business management and sensitivity to the choice of capital structure. Therefore, Veblen has an investment vision that involves a necessary



C.:]1 `V  C P:` 1V I reorganization to deal with the tensions in the financial structure. While contributing to a collective effort of theorizing, he maintains his independence and uniqueness notably because of the particular context in which he operates, at the edge of managerial capitalism and the transformation of the productive system in industrial and financial conglomerates.

4. VEBLENSS Q, MANAGEMENT AND ABSENTEE OWNERSHIP

At the turn of the century, new strategies emerged, not only industrial but also commercial and financial. It is in this context that the analysis of Veblen and the themes of corporate finance literature become important. Challenges appear in terms of capitalization, the credit leverage effect, conflicts between shareholders and managerial revolution.

In previous sections we have shown that through his analysis of goodwill, Veblen joined economists like Keynes and Tobin and thus played a role in the Q theory tradition. However, we also need to underline the novelty introduced by Veblen regarding analysis of the investment decision. For Veblen, the knowledge of and possibility of acting on the market capitalization are the bone of contention between the two kinds of shareholders. It is the central issue of a functional distinction between managers and owners. There is an information asymmetry between the one who knows the market rate and the one who has access to the rate of profit. In fact, actual earnings are capitalized at both rates. But, the rate of profit is not communicated to the market, it remains unobservable by the outsider owners, as well as the actual value of the company. The performance of managers if thus reflected in the market valuation. Indeed, it is considered then that the



C.:]1 `V  C P:` 1V I higher the valorization of the company, the more efficient his manager does his work. However, in comparing the Q-theorists and Veblen, two distinct logics emerge in the analysis of their ratios.

Despite this difference in objectives and interests, it appears logical to include VeblenSs reasoning within the TobinSs q approach, by the evident filiation which developed over several decades of the 20 th century, and as a symbol of the formation of debate and emergence of practical problems concerning the operation of business and

103 markets . VeblenSs goodwill (Q VEBLEN ) allows the author to develop an investment analysis that is not restricted to the investment costs of the means of production. Rather, it opens the door to a more comprehensive analysis: that of the financial structure of the enterprise. Therefore, in creating a valuation gap (I- IS) that causes a change in the financial structure, Veblen uses the ͋ to explain the nature of shares and change the scope of business management.

Thus, while Q theory is based on the company's investment strategy, VeblenSs Q leads us to reconsider the logic of investment. This is not the productive aspect of the business that is put forward by Veblen. The productive aspect is Pfar from understanding discrepancies in capital valuations as strategic for growthQ (Medlen, 2003, 967), and far from just Pconsiders [G] the role of asset prices in stimulating new capital investmentQ (Tobin and Golub, 1998, 146). However the secondary literature explains nothing beyond this.

While Q- theorists have pure investment concerns, and focus on the Peffects on the amount of real investmentQ (Myrdal, 1939 [1965], 78), Veblen includes a strategic

103 In addition, an extensive literature exists on TobinSs q (see footnote 87, but also Hayashi (1982), Baxter and Crucini (1993)), which appears as an important gauge to measure business behavior and as a way of modeling that emerged in the 1970s. This is a basic model which summarizes the useful information and puts profitability and investment into perspective, hence the popularity of this ratio. The better understanding of company behavior is the result of modeling efforts over the long term, by several theorists, to obtain the necessary estimation methodology. 

C.:]1 `V  C P:` 1V I management dimension through the common shareholders and the appearance of absentee ownership . This capitalization structure does not appear in Tobin. While it appears obvious in previous sections that Qv is similar to the other ratios, actually the Q tradition does not exhaust the subject and Veblen demonstrated originality in his analysis. That is why it is important not to omit the Theory of Business Enterprise from the tradition of the theory of investment. In fact, it is more a theory of the capitalization of earnings and of the distribution of this capitalization between preferred and common shares. VeblenSs writings attach importance to the distinc tion between these two kinds of shares (see Dieudonn , 2014). Indeed, we consider that the managers and the absentee owners are the insiders whereas, the other shareholders, are the outsiders or blind owners. Nevertheless, this system is beneficial for all stakeholders, including outsiders since any financial investment returns is supposed to be profitable. This myriad of small shareholders, has access only to the so-called cyclical information without knowing the direction of the policy dictated by the managers. Veblen analyzes the financial structure and its effects on management issues.

But in so far as such buying and selling [of stocks] is carried on by the managers of the corporations whose securities are the subject of the traffic, and especially where the securities are bought and sold with a view to the control of the corporations in question and their management for private, tactical ends, a characterization of the business as "speculative" is inadequate and beside the point. (Veblen, 1904 [1996], 165)

Decisions are taken while common shareholders know that they can keep the majority of the companySs control and potentially manipulate the value of goodwill . This is clear with the emergence of the joint-stock company; the mood of the market economy leaves room for elaboration of Rudolph HilferdingSs concept of promoterSs profit ( Financial Capital: a study of the latest phase of capitalist development 1910 [1981]). Thus, there is uncertainty



C.:]1 `V  C P:` 1V I about the objective function of managers, and the managerial structure disrupts the investment logic. Consequently, the creation of shareholder value is not the first consequence of the investment decision, because VeblenSs analysis reflects a more lasting motivation, as the concern of business management. Whil e TobinSs q is seen as a tool for understanding investment choices and the prediction of their profitability, Veblen presents goodwill as a financial incentive in managerial interests and not just a speculative return on ownership . Indeed, investment banks, as an industrial and financial operator, seek to invest the board of the company in order to recover the necessary information (orientation of the managerial policy, results of the company, prices practiced G) to operate the business for itself. This is the Pnarrow self -interestQ side of the insider. The absent owner is then the passive insider, who only takes positions on the market, facing the manager who is the active insider. The presence of the latter implies that the insider does not always have a short-term behavior. Indeed, although both types of insiders are looking for pecuniary pursuits, there is also the desire to perpetuate the profitable company. Nevertheless, money trusts or active capitalists with predatory behavior seek to hold control over managers to guide the companySs policy. This is called Pplutocratic controlQ of a minority of insiders who takes over of the business. A small group of insiders can thus transfer power into their hands, derive a financial profit from it, while making the risks of their manipulation lay on society. Herein lies all the ingenuity of Veblen, who theorizes the importance of a distinction between common and preferred shareholders. While the authors of Q theory seek to create and maximize the return on investment of their shareholders and Tobin confuses ownership and management functions (Crotty, 1990, 521), Veblen is concerned by managerial motivations. In fact, in VeblenSs opinion, it is the work of corporate managers to maximize the differential value between actual and putative earnings 104 and their capitalization:

104 PThe question of fair prices and reasonable profits has some reference to current rates of interest. [G] New investments are made on the basis of current rates of interest and with a view to securing the 

C.:]1 `V  C P:` 1V I

When, e.g., the putative earning-capacity of the capital covered by a given line of securities, as shown by the market quotations, rises appreciably above what is known to its managers to be its actual earning-capacity, the latter may find their advantage in selling out, or even in selling short; while in the converse case they will be inclined to buy. (Veblen, 1904 [1996], 155)

Thus, insiders play a substantial role in the market behavior of the company. These insiders seek to enrich themselves. They are the ones who can manipulate, corrupt, fraud or omit to disseminate information, thus cunningly making gains at the expense of outsiders. They have the magnitude of large-scale action to derive the system and increase the valuation gap between industrial and commercial capital. It is not surprising then that the value of the outsider is greater than that of the insider.

In 1904, he emphasized that the managerial rationale outweighs investment concerns. This additional valuation refers more to a proxy of managerial performance than to share performance. Moreover, the secondary literature on the relation between Veblen and TobinSs q focuses on information asymmetries. But Tobin has no managerial conc erns; he just focuses on maximizing shareholder value:

Tobin's model is a neoclassical general equilibrium model. All agents in this model have identical information and form identical, conditionally correct expectations of the future. Since enterprise management and the firm's stockholders also have the same objectives, there is nothing that

differential gain promised by the excess of prospective profits over interest rates.Q PThe question of the turnover becomes, under the circumstances of the modern corporation finance, in great part a question of the interval between the purchase and sale of the capital engaged in industry on the one hand, and of the magnitude of the discrepancy between actual and putative earning(capacity on the other hand, rather than a question of the period of the industrial process and the magnitude of the output and its price.Q (Veblen, 1904 [1996], 218 and footnote 102) 

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management knows, expects, or desires that is not simultaneously known, expected, and desired by the stockholders. There is a complete conflation of ownership and management. (J.R. Crotty, 1990, 9)

The innovative characte r of VeblenSs work lies in the scope of the hybrid nature of shares reflected in the putative and the actual earning-capacity (Dieudonn , 2014). That is why Veblen seeks the maximization of common shares, since managers are the largest common shareholders, and why he appears as an analyst of business management through Q theory. A similar analysis of business management can be found in the writings of Marx (1864-1875), Hilferding (1910) or Berle and Means ( The Modern Corporation and Private Property , 1932). 105

Berle and Means, generally considered the pioneers of managerial capitalism, deal with the enterprise as a central social institution and also take Veblen as a reference 106 .

The corporation has, in fact, become both a method of property tenure and a means of organizing economic life. Grown to tremendous proportions, there may be said to have evolved a Pcorporate systemQO as there was once a feudal system Owhich has attracted to itself a combination of attributes and powers, and has attained a degree of prominence entitling it to be dealt with as a major social institution. (A. Berle and G. Means, 1932 [1991], 3)

Veblen is quoted as early the first paragraph of their 1932 book, because he has an undeniable intellectual connection allowing Berle and Means to establish their theory of modern enterprise.

105 However, even the comprehensive article of Hannah (2007) PThe RdivorceS of ownership from control from 1900 onwards: re- calibrating imagined global trendsQ does not cite Veblen for these changes in the operation of the companySs management. 106 Keynes, in 1936, also made the company a central institution of the economy, in the passage about casino capitalism in Chapter 12. 

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The cynical view of many historians insists that property interests have at all times, visible or invisible, been dominant. Following this grim analysis, one commentator on the rise of corporations observed that they had become the Rmaster instruments of civilizationS (Veblen, 1923). (A. Berle and G. Means 1932 [1991], 2)

And yet, while Veblen thus appears to have been very influential, he has had a rather lean posterity in corporate analysis, and only the names of Marx and Berle and Means remain:

Berle had the bold ambition of becoming the prophet of the share-holding class, or as he so modestly put it, Rthe American Karl Marx.S (F. Stewart, 2011, 1465)

Veblen is in the tradition of Marx and understood before the 1930s the role of the financial structure in business management: they both prioritize the internal structuring of the operation of the company and make it a central issue. The technostructure almost replaces the entrepreneur, who becomes one capitalist among others. Veblen stimulated a tradition of corporate analysis, a new order with a modern vision of the firm and new standards. He was aware of the industrial revolution taking place with the delegation of management by the owner. Thus, Veblen anticipated the announcement of the managerial revolution described by Berle and Means. The fact that managers put pressure on shareholders was not a novelty in the 1930s. And the prices and trends clearly showed the fragility of the financial capital economy.

5. VEBLENSS GOODWILL AND HILFERDINGSS PROMOTER PROFIT



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Moreover, once the role of VeblenSs Q in the filiation has been highlighted, we must emphasize that the literature that has previously identified a VeblenSs Q does not perceive that the central issue is the management of the firm. We must therefore bring to light the major role of earnings generation and its capitalization N a concern that can be found in both Veblen and Hilferding. This tradition of analyzing changes in the company is not specific to the early 20th century. Karl Marx had already noted the changes taking place in the financial markets. His view of finance and his socio-political vision of the capitalist system was linked to his conceptual analysis of the large company, leaving a legacy taken up by Veblen and Hilferding:

But the fact that, first, rent is limited to the excess above the average profit, and, secondly, the landlord is depressed by the ruler and manager of the process of production and of the entire social lifeSs process to the position of mere holder of land for rent, a usurer in land and collector of rent, is a specific historical result of the capitalist mode of production. (K. Marx, Capital , Vol III, 1864-1875 [1909], 1029)

Although the impact of large-scale financial and commercial activities and the socialization of property are themes addressed in the 1920s and 1930s, the late 19th century was conducive to the emergence of these debates. Capital initiates a process of centralization and big businesses become a separate institution. The literature developed a Marx- Hilferding parentage 107 but overlooked Veblen, while the notion of surplus, central for capitalism at the turn of the century, was also developed in his writings. This notion,

107 Although there are Bolbol and Lovewell (2001) and Stravelakis (2013) Hilferding over Marx: a political economy viewpoint of struggles in the left 1900-1933 and the modern revival . See also J rome de Boyer PMarx and Hilferding on profit of enterprise and promoterSs profit Q (2015). 

C.:]1 `V  C P:` 1V I without any productive use, was a central theoretical basis for capitalism at that time. The link between firm size, investment theory and surplus seems obvious.

In fact, Marx was the first to initiate a reflection on management, among the earlier authors who studied entrepreneurial functions. 108 In Volume III of MarxSs Capital, published in 1968 by Maximilien Rubel, it is interesting to note the remark he made on the form of capitalist production with separation between management and ownership. According to Marx, the capitalist therefore disengages from the manager. 109 Stock companies in general, developed with the credit system, have a tendency to separate this labor of management as a function more and more from the ownership of capital, whether it be self-owned or borrowed (K. Marx, Capital , Vol III, 1864-1875 [1909], 456) and M. Rubel added:

Marx formule ici dSune mani re lapidaire la th se quSexposent soixante ans plus tard A.A. Berle et G.C. Means dans lSEntreprise moderne et la Propri t priv e, 1932. Elle peut servir dS pigraphe  toute a nalyse sociologique des fonctions directoriales dans les grandes soci t s et entreprises capitalistes jouissant du droit de la propri t priv e G (M. Rubel, 1894 [1968], dans Karl Marx, Oeuvres II, 1786) 110

Managers and capitalists have different and opposing interests through their respective active and passive functions in the company. We can note the difficulty of the

108 See Sophie Boutillier, 2010, P LSentrepreneur artisan. Entreprendre et dynamique du capitalisme essai dSanal yse dSAdam Smith  David Audretsch Q for an interesting summary. 109 PCe ne sont pas les capitalistes industriels, mais les managers qui sont lSme de notre Rsyst me industrielSQ (1968, 1147 Le Capital , Livre III, Cinqui me section, Chap. 15) 110 PHere Marx succinctly formulates a thesis that was proposed sixty years later by A.A. Berle and G.C. Means in The Modern Corporation and Private Property, 1932. It can be used as an epigraph to any sociological analysis of managerial functions in large capitalist firms and companies possessing the rights of private property [G]Q. 

C.:]1 `V  C P:` 1V I terminology and the concepts of contractor and capitalist used at the beginning of the 20 th century. Indeed, the concept of entrepreneurship gradually disappears from the literature. The entrepreneur, whether capitalist or not, gives way to the conflict of interest between owner-managers and owner-shareholders. The figure of the entrepreneur is no longer appropriate. In Veblen, there are Captains of Industry and Captains of Finance , working owners and absentee owners called P vested interests Q. The terminology changes. For the latter, Marx already speaks of P passive capitalists Q and he actually talks of financiers, the market-takers who develop fictitious capital 111 . Thus, they both foreshadow the initial signs of the managerial revolution, as Rubel pointed out in 1968 about Marx without mentioning the contribution of Veblen: the managerial element has a special place in the business results in both Marx 112 and Veblen. Rubel notes in Book 3 of Capital (1968, 1786) that MarxSs analysis of the mode of production is rooted is based on consideration of the contemporary development of the corporate structure. Early in the century, Hilferding 113 inscribed himself as the successor of Marxist thought: PMy analysis of the economics of the corporation goes considerably beyond that provided by MarxQ (1910, 1981, 114). Veblen seems to follow the same path. And ultim ately, the management that we call Pcapitalist managementQ is more a culture of Pmanagerial managementQ. Moreover, more than following the same path, Veblen actually goes beyond Marx, who remains quite vague about the internal management structure of the firm, by bringing to light this managerial logic. We could even consider that Veblen adopts an opposite reasoning to Marx, since he considers that managers gradually become a new entrepreneurial authority by taking over the power of decision from the old directional elite.

111 He also derived the notion of captains of industry: P Industriekapitne Q (Capital, 1872 [1903], volume 1, 457). 112 PCSest maintenant les capitalistes industriels et commerciaux qui dictent les conditions au capitaliste financier Q (Marx, 1894 [1959], 156) 113 In addition, Hilferding drew on Marx to develop his analysis of leverage that allows him to propose a promoterSs profit: # neither a swindle, nor some kind of indemnity or wage. It is an economic category sui generis" (Hilferding, 1910, 112), but both Veblen and Hilferding make the same mistake in using a capitalization rate whose risk premium does not vary with the indebtedness (De Boyer, 2003).  

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Furthermore, both Marx and Veblen, but also Hilferding, emphasize the very special role played by credit 114 through the credit leverage effect that is at the root of these conflicts for power and the capture of capitalization surplus. The analysis is similar and the intellectual influence seems obvious. 115

In his brilliant sketch of the role of credit in capitalist production, 116 which he was unfortunately denied the opportunity to elaborate, Marx conceives the corporation as a consequence of the credit system. (R. Hilferding, 1910 [1981], 114, our italics)

We find the same reasoning in Veblen:

In ordinary times, however, and under capable management, the current rate of business earnings exceeds the rate of interest by an appreciable amount; and in times of ordinary prosperity, therefore, it is commonly advantageous to employ credit in the way indicated. (Veblen, 1904 [1996], 96, our italics)

The challenge is to duplicate the structure of credit 117 through interest rates, the financial struct ure resulting in predatory operations in the firmSs activities.

The motive of business is pecuniary gain, the method is essentially purchase and sale. The aim and usual outcome is an accumulation of wealth. Men

114 Marx speaks of Pa whole system of swindling and cheatingQ (1864 -1875 [1909] Capital , Vol III, chapter 27), what is call Ptripotages de cr ditQ in the French version (1894 [1968], 1786). 115 See P.H OSHara PVeblenSs critique of MarxSs philosophical preconceptions of political economyQ (20 06) and A.H Mouhammed PA Critique of A Marxist Critique of Thorstein VeblenQ (2008). 116 PBut this centralization, which only redistributes the social capital already to hand, and melts a number of old capitals into one, works in its turn as a powerful agent in the metamorphosis of old capitalSs most powerful levers of centralization N competition and credit .Q (Annotations to Karl MarxSs Capital by Hans Ehrbar (2000). Available at http://marx.economics.utah.edu/das-kapital/akmc/cic25.htm). 117 We find the same idea in Tobin and Golub: Pif new debt or equity securities are issued to raise the cash, the successful prospectus leads to an increase of share prices.Q (1998, 149)  

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whose aim is not increase of possessions do not go into business, particularly not on an independent footing. (Veblen, Ibid, 20)

The profitability of equity depends on the discrepancy between the rate of return on capital and the borrowing interest rate.

[G] the profit of enterprise results fro m the gross profit after deduction of administration costs and interest, including the risk premium, on borrowed capital. The capitalization of this profit gives rise to the promoterSs profit. (J. de Boyer, 2015, 14)

Veblen considers goodwill as the difference between the market value and the equity value of the company. Thus, Hilferding defines entrepreneurial profit in the same way. In addition, Hilferding highlights:

The increase of entrepreneurial profit through the use of credit [G] does, of course, increase the total sum of profit and accelerate the pace of accumulation. Those capitalists who use credit before others [G] gain initially an extra profit . (R. Hilferding, 1910 [1981], 93, our italics)

For Veblen, a leverage effect is created through the issuance of new preferred shares whose rate, r M with a potential added risk premium, remains below the cber. While Hilferding subtracted the value of the own capital at the stock market value, Veblen did the same with the actual earning capacity at the market rate and the earning capacity at the natural rate to obtain a Pdifferential gain promised by the excess of prospective profitsQ (Veblen, 1904 [1996], 218). Each time, the same yield is capitalized at two different rates, reflecting credit conditions and profit opportunities. The use of credit increases the promoterSs profit as well as goodwill, until the cos t of borrowing equalizes the capitalization rate (de Boyer, 2015; Dieudonn , 2014).

 

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But even without borrowing capital, we can highlight the appearance of VeblenSs goodwill and HilferdingSs promoterSs profit. What applies in Veblen can be applied in exactly the same manner in Hilferding. We use the same notation as in the article by de Boyer, P Marx and Hilferding on profit of enterprise and promoterSs profit Q (2015), and the same example as in Part I:

[8571] represents the difference between the yield [2000 of gross profit] capitalized at [10] per cent and the same yield capitalized at 7 per cent; or in other words, the difference between capital which earns the average rate of profit and capital which earns the average rate of interest (Hilferding, 1910 [1981], 112, in J. de Boyer, 2015, 15)

͙͊ͦͣͣͨͦ͡ ɑͧ#͚ͤͦͣͨ͝ Ɣ #ͧͨͣ͗͟#͕͙ͦͨ͟͡#͕͙ͪͩ͠ Ǝ ͣͫ͢#͕͕͗ͤͨ͝͠ +-*!$/#*!# )/ -+-$. ͦQͤͤͤ Ɣ Ɣ TZQWYSTVTZX Ɣ ͕͙ͦͨ͟͡#͕͙ͪͩ͠# = I -Ć ͤTͤͫ ͚ͤͦͣͨ͝#͚ͣ#͙͙͙ͨͦͤͦͧ͢͝ TQRRR Ɣ Ɣ TRQRRR ͖͙͗ͦ RTS 20 000 Ɣ ͣͫ͢#͕͕͗ͤͨ͝͠ Ɣ ͙͕͙͙ͦͤ͗ͨ͢͠͡#͕͙ͪͩ͠#͚ͣ#͙͕ͦ͠#͕͕͗ͤͨ͝͠ = IS

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Hilferding, like Veblen, introduced a reasoning based on the idea that credit makes it possible to increase the financial value of the company. This was called into question by the Modigliani-Miller theorem (1958), because the increase in the debt risk is not taken into account. If a risk premium increases, taking into account the additional risks involved in the loan, then goodwill and promoterSs profit actually disappear because of the increase of the capitalization rate. The financial structure (i.e., the proportion of debt to equity) is not neutral for Veblen: profitability differentials are based on debt. The companySs value is then disconnected from its financial structure because of the existence

 

C.:]1 `V  C P:` 1V I of two different rates through two types of shareholders. It follows a difference in profitability between investments. This conclusion is clearly different from that of modern theory, the famous Modigliani- Miller theorem which states that the companySs financing plays no role in its value 118 . All corporate finance in the first half of the 20th century was structured on the opposite idea. Therefore, it took until 1958 to recognize the error in understanding common to these pre-modern writers. Now, the arbitration between the market value an d book value of a firmSs equity no longer relevant.

We have just seen that Veblen, through the credit leverage effect and goodwill , creates a decision tool for shareholders rather than an indicator for pure investment. These concerns are also present in modern financial theory. Moreover, at the turn of the century, the company was becoming a complex organization. This phenomenon was perceived, in parallel to the evolution of financial markets, both in the US and Europe. Veblen, like Marx and Hilferding, sought to explain that there is a qualitative division of profit between interest and entrepreneurial profit. The idea of a dominance of finance over industry was needed. But obviously, these theorists on both sides of the Atlantic have practiced a dichotomy in their influences and references. Nevertheless, all these developments and thoughts then gave rise to a new discipline with the first stages of corporate finance.

6. CONCLUSION

118 Under certain assumptions: identical taxation on all modes of financing, completeness and absence of imperfection on the financial markets. See Cobbaut, Financial Theory, Economica, 1987 or Stiglitz, J.E. (1969). A re-examination of the Modigliani-Miller theorem. The American Economic Review , 59(5), 784- 793. It should be noted that Modigliani and Miller subsequently integrated into their theorem such elements as corporate taxation and agency problems, responding to the questioning of their hypothesis of market perfection, which they release.  

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Since Modigliani and Miller, the business financing method (capital structure) has not played any role in the companySs value. And yet the economic tradition has long recognized the importance of credit in the financial structure of the company and its dec isions. Indeed, until 1958, the companySs profitability and its market valuation were considered to improve with debt. The Modigliani-Miller theorem highlights the need to specify the terms of the neutrality of the financial structure. Veblen was a very early proponent of this approach linking corporate finance, investment and financial structure. In 1904 he showed the non-neutrality of the financial structure. Debt finance was a suitable investment strategy for manipulation. On this point, in 1958, the Modigliani- Miller theorem challenged all the analysis that had preceded it. However, Veblen theorized goodwill and was a pioneer of corporate finance, considering market valuation and the choice of financial structure as central to the operation of the business. The difference between a companySs market value and investment value has an impact on the management of the firm and the redistribution of ownership, and not just on maximizing shareholder value as in Tobin. In this, Veblen was probably inspired by the writings of Marx and Wicksell, and he focused on the same issues as Hilferding or Berle and Means. Veblen was part of a flow of highly innovative North American thought in the early 20th century (including the theory of capital) that deserves more attention. But the literature completely overlooks the roots of the theories developing before the 1930s, even though they are a valuable resource for understanding the debates and events of the time. Thus, Q theory was much investigated without considering its Veblenian origins until the 2000s, despite the fact that Veblen gave us the first intuitions of a simple model of earning assets valuation. For all these reasons, it is important not to neglect Thorstein Veblen in the rational reconstruction of Q theory and in analyses of inside-outsider theory and corporate finance.



PARTIE II : VEBLEN ET LSEMERGENCE DE LA FINANCE DSENTREPRISE : DE LA PRATIQUE A LA THEORIE



! IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V II

INTRODUCTION PARTIE II:

PMr. Untermyer : Is not [your] commercial credit based primarily upon money of property? Mr. Morgan: No sir; the first thing is character. Mr. Untermyer: Before money or property? Mr. Morgan: Before money or anything else; Money cannot buy it.Q (Money Trust Investigation of Financial and Monetary Conditions in the United States Under House Resolution Nos 429 and 504. Part 15, December 19, 1912, 1084; apr s Kelly J. Peeler, 2010, working paper , 2)

Cette seconde partie de la th se se compose de deux chapitres : le premier sSintitule Investigations dans la litt rature pionni re de finance dSentreprise : Veblen et les premiers manuels et le second Finance dSentreprise et Business Training in Higher Education : hostilit s et pouvoirs ou la guerre des capitaines .

1. QUELS ENJEUX SONT SOULEVES PAR LA PARTIE II ? a. Une mise en perspective de la th orie financi re de lSentreprise chez Veblen

Apr s avoir pos un cadre conceptuel et analytique dans une premi re partie, il apparat important de comprendre le contexte intellectuel, acad mique et institutionnel dans lequel volue Veblen. Cela nous am ne  pr senter les d bats qui animent le milieu de lSenseignement et de la formation face au d veloppement des grandes entreprises



IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V II dSaffaires. Ronald Coase reprochait  lS conomie de nStre quSun E tableau noir F incapable de connecter le niveau pratique au niveau th orique. Cela a effectivement t , et est toujours, une difficult . Nous souhaitons dans ce cadre mettre en exergue les propos clairvoyants de Veblen sur lS volution de lSenseignement sup rieur et sa consid ration de la formation aux affaires, intrins quement li es au pouvoir grandissant des hommes dSaffaires dans toutes les institutions.

La deuxi me partie de ma th se sSattache ainsi  retracer lS mergence de la finance dSentreprise entre 1890 et 1929 comme champ et activit pratiques puis comme discipline acad mique 119 . Ces dates sont justifi es par les faits historiques 120 et corrobor es par la d limitation a post riori de lS re dS mergence de la finance dSentreprise. Il sSagit  la fois de comprendre lSimplication pratique, th orique et acad mique de la mutation des structures des entreprises et de ce nouveau capitalisme qui modifie la division sociale du travail, en faveur de la m canique renti re.

1. Manuels et th orie

Tout dSabord, nous souhaitons souligner que la vivacit conomique et lS mulation intellectuelle du d but du si cle b n ficient  la finance dSentreprise. Pour se faire, il faut  la fois montrer lSimportance des manuels 121 destin s aux tudiants,  la diffusion dSune jeune discipline mais aussi les discussions, changes entre diff rents cercles intellectuels des coles et universit s am ricaines. Nous souhaitons mettre en lumi re les premiers apports et les influences r ciproques des th oriciens de la finance dSentreprise, qui partagent les premi res d finitions et analyses des strat gies dSentreprise. Il sSagit de

119 Notre tude sSinscrit dans ce que lSon appelle les business studies , cSest -- dire lSensemble des travaux qui sSint ressent aux relations entre lSentreprise et la soci t , dont les origines apparaissent il y a un si cle. 120 En effet, les d cennies de la fin du 19 e si cle connaissent une intensification des mouvements de concentration du capital aux tats-Unis. Le gouvernement am ricain tarde  r agir pour mettre en place les premi res l gislations, qui nSont lieu quSau tournant du si cle et suite  la crise de 1929. Ce nSest quS la suite de ces v nements quSune rupture se marque. 121 Thomas Greene en 1897 est le premier  publier un manuel de E finance dSentreprise F. 

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V II fondr e Veblen dans lS mergence de ces concepts dans le sens o les institutionnalistes sont les premiers  mettre sur pied une tradition dSanalyse de lSentreprise dSaffaires. La vision socio- conomique de Veblen rend son discours int ressant car elle lSam ne  d velopper des arguments sp cifiques et un discours atypique concernant sa compr hension des interactions entre milieu des affaires et universit .

2. Contenus et structures dSenseignement

Le second enjeu de cette partie est de comprendre que la pratique de la finance dSentreprise n cessite une th orisation mais aussi une adaptation de lSenseignement sup rieur qui doit d sormais proposer des structures pour la formation professionnelle aux affaires. Veblen publie en 1918 un plaidoyer au titre vocateur, The Higher Learning in America: A Memorandum on the Conduct of Universities by Business Men, dans lequel il dresse un avis vindicatif quant  la formation des jeunes am ricains quSil observe. Nous mettrons en perspective son positionnement avec celui dSautres th oriciens et r formateurs de lS poque, concernant les affaires mais aussi plus g n ralement concernant lS ducation. La finance d'entreprise est ici la raison d'un d bat plus large sur le rle de l'Universit dans la soci t , avec sa mise en concurrence par des coles priv es.

Ce d bat a bien sr un cho tr s fort pour nous aujourd'hui. Les interrogations autour de lS thos dSentreprise se posent toujours.

Par ailleurs, on constate que les manuels de business organization ne mentionnent que peu la th orie de la firme, et mme rien sur le capital immat riel. On peut remarquer que des ouvrages de la deuxi me moiti du 20 e si cle comme Paul Gemmil (1960) The Economics of American Business ou la 5 e dition de (1961) Economics (An Introductory Analysis) incluent le goodwill dans les discussions de la structure des affaires, mais pas dans la partie de la th orie de la firme. Par ailleurs, il est important de comprendre notre syst me industriel et commercial, mais aussi les syst mes pr c dents afin dS analyser leur volution, en fonction de la conjoncture et des besoins appelant des r ponses diff rentes. DSautant quSen France, un faible int rt dans les cours consacr s aux affaires se manifeste

 

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V II pour lShistoire des entreprises, des business schools ... alors mme que cela pr sente un r el int rt pour les managers, les journalistes ditoriaux ...

Cette partie II regroupe ainsi plusieurs dimensions. Elle articule un travail de contextualisation sur lSapparition de la finance dSentreprise  une lecture com par e entre plusieurs auteurs, lecture destin e  analyser la naissance de concepts et dSune terminologie qui lui sont propres.

b. M thodes et enjeux du travail archivistique

Il est  noter que cette partie est aliment e par un travail dans les archives am ricaines. Je me base pour part sur lSanalyse dSarchives collect es dans les Universit s de Columbia [WCMP&JDP], de Madison [RTEP], de Chicago [TVPC], ainsi quS la librairie Franklin Roosevelt  Hyde Park [TVPHP&AABP] ; jSai galement re u quelques docu ments dSHarvard University [AAYP] et de Carleton College [TVC]. JSai ainsi investigu les papiers de W.C. Mitchell, J. Dorfman, T.B. Veblen, A.A. Berle, R.T. Ely et A.A. Young.

En effet, il apparat vident que lShistoire des id es ne peut se d connecter du contexte conomique, historique, institutionnel, politique, social, acad mique ... dans lequel ces id es sont apparues. Pour cela, les archives sont une E mine dSor F. Soulignons cependant que les archives concernant Veblen sont davantage  vocation personnelle que professionnelle. Par ailleurs, il nSa malheureusement effectu aucune d marche pr voyant lSenregistrement, le d pt et la conservation de ses papiers et correspondances professionnelles ; ce qui a surv cu est donc de petite taille. Pour autant, ces recherches, motiv es par un travail dSarchives largi aux papiers des conomistes que je viens de citer, me permettent de donner une perspective contextuelle  cette tude sur Veblen, tout en mettant en lumi re son parcours intellectuel. Nous consid rons que ce mat riel

 

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V II nous donne un regard et un angle sp cifique sur les th matiques de la finance dSentreprise, des relations de pouvoir internes  la firme et des institutions de formation avec des hommes dSaffaires. Nous retranscrivons les relations de Veblen lui-mme avec les hommes dSaffaires et acad miques qui lSentourent, le ctoient, le d couvrent a posteriori.

2. DANS QUEL CONTEXTE DOIT-ON CONSIDERER LSEMERGENCE DE LA FINANCE DSENTREPRISE EN PRATIQUE ET AU NIVEAU ACADEMIQUE ? a. La situation tats-Unienne 1850-1920, en bref

Comme nous lSavons d j soulign , les grands industriels et financiers sSimposent  lS conomie entre 1850 et 1880. La fin de la guerre civile am ricaine (1861 -1865) marque un moment particulier o lS conomie se tourne massivement vers les soci t s par actions en termes de structure dSorganisation, avec une industrie manufacturi re forte 122 , monopolistique, d veloppant des strat gies commerciales nouvelles (B.J. Hendrick, 1919, 2005, Chapitre 1 et 2; L. Doris, 1953, 4; J. Dorfman, 1966, 205 ; N.R. Lamoreaux, 1988, 1-2, 118-158 ; M. Rutherford, 2005, 38) 123 . Les tats-Unis apparaissent comme E oppress s F par les investisseurs britanniques qui dominent, avant de devenir financi rement ind pendants du Royaume-Uni. En effet, la d cennie 1890 correspond  une p riode de transition 124 avec lS mergence de grands march s financiers pour le financement des entreprises autour de la E trustification F de lS conomie

122 PIndustrial America is a product of the decades succ eeding the Civil War; yet even in 1865 we were a large manufacturing nationQ. (B.J. Hendrick, 1919, 2005, 5). 123 Pour le d veloppement  la mme p riode des entreprises britanniques, voir Todd, 1932. 124 Notons que cSest par ailleurs une p riode de gr ves,  la fin de la d pression.  

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V II am ricaine 125 ainsi que du d veloppement et de lSexpansion des ch emins de fer 126 , qui mettent fin au confinement et  la fragmentation du territoire.

PThe trust movement began with the close of the industrial depression following the panic of 1893. The economic thinking of the day suggested that combining several plants under one ownership, thus eliminating competition, would generate substantial profits. In the three years from 1898 to 1900, 149 large industrial combinations with a total capitalization of over $3 billion, were formed.Q (E.S. Mead, 1903, 2).

CSest dans le cadre de cette structure de march que sSeffectue le passage des titres des mains des E anciens propri taires F actifs  celles des investisseurs financiers non engag s. Les affaires sont focalis es sur lSinvestissement, dans une qute de profit. On parl e alors de Pfree -market capitalismQ 127 triomphant dont William Graham Sumner - professeur de Veblen  Yale - fait lSapologie. CSest en r action  ces v nements quSEly, Veblen ou Commons sSexpriment et deviennent des figures conomiques centrales du tournant du si cle. LS cole historique perd de son influence pour laisser place dSun ct au marginalisme, de lSautre  lSinstitutionnalisme.

Ce d but dS re progressiste ( 1890-1920) fait cho  un bouleversement global de la soci t , suite  la r volution industrielle. Ainsi, comme peut le mettre en exergue H.T. Warshow en 1924 quand elle dresse un bilan sur PThe distribution of corporate ownership in the United StatesQ,

PIn the transformation of a great many trusts into corporations during the early nineties, large blocks of common stock were assigned to promoters for their efforts in bringing together the various factors involved in the combinations. The balance sheet offset against this stock was usually termed

125 Comme le souligne J. Mendez (2011) reprenant Bruner et Carr (2007), E Il existait un millier de trust companies en 1906. F (Mendez, 2011, 289). 126 LShistoire du march financier am ricain et en cons quence de la finance dSentreprise, est intimement li e  celle des chemins de fer. En 1893, la mise en redressement de Reading Compagny et la propagation des faillites financi res, y compris en Europe marquent la fin de la bulle du rail aux tats- Unis. (J. B. De Long, 1991) 127 CSest dans ce contexte que sSinscrivent les magnats am ricains. Leur position les autorise  pratiquer le Pmonitoring Q. Responsables des consolidations, ils sont des E bienfaiteurs publics F.  

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Pgood willQ. The panic of 1893, as well as the other disturbances which occurred in the nineties, did not promote the distribution of the common stock so held. However, beginning in the early years of the next decade, this process was facilitated by greater prosperity and public confidence, and again was accelerated by increased earnings and wages during the war. The large combinations were actually beginning to yield returns on their common stock, thus enabling the investing public to join in the ownership with apparent comparative safetyQ (H.T. Warshow, 1924, 29-30, mis en italique par nos soins)

En constituant une rupture multidimensionnelle, de nombreuses r formes sSinstituent dans un rejet du laissez-faire prn chez les n oclassiques. Parall lement, les richesses se concentrent, la propri t priv e et la justification du profit, la pertinence de sa mesure et de sa distribution deviennent centrales. La fin du Gilded Age am ricain est marqu e par des ph nom nes dSindustrialisation, de E trustification F et dSurbanisation. En r ponse  ces vidences factuelles, des investissements sont r alis s sans indication de fiabilit comptable jusquSau d but du 20 e si cle. Ainsi, un r el besoin de mod le concernant la capitalisation des b n fices apparat. En cons quence les premi res tentatives de l gislations cherchent  lutter contre les regroupements anticoncurrentiels, d butant avec le Sherman Antitrust Act du 2 juillet 1890. I ce propos, en 1983 George Stigler dans PThe Economists and the Problem of MonopolyQ souligne:

PThe historians of American antitrust policy have emphasized the lack of enthusiasm, and often the downright hostility, with which economists greeted the Sherman Act. Q (G. Stigler, 1983, 12)

Cette d cennie 1890 est par ailleurs importante car Veblen y connat une forte popularit avec la publication en 1899 de The Theory of the Leisure Class.

Enfin, la publication des premiers manuels dS conomie g n rale (cf Outlines of Economics , 1893), suivie de peu de ceux de finance dSentreprise sSeffectue dans ces ambiances juridiques intellectuelles, ces tendances conomiques et politiques.

 

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Ce contexte est pertinent pour analyser le d veloppement des th ories conomiques concernant la grande entreprise, ainsi que les normes comptables 128 et manag riales (B.D. M rino, 1993, 164) qui doivent apparatre comme le ciment des pratiques diverses des entreprises, le capital ayant jusquSalors re u un traitement inappropri .

b. Un tat de la finance dSentreprise avant les ann es 1950

Nous lSavons d j soulign , la naissance de la finance dSentreprise moderne apparat  partir de la seconde moiti du 20 e si cle. Nous consid rons quSil y a eu une non consid ration ou pour tout le moins une prise en compte insuffisante de lS mergence de la finance dSentreprise avant les ann es 1950, dans la compr hension de la discipline et de sa pratique. Par ailleurs, dans la litt rature conomique les pr mices du lien entre finance dSentreprise et gouvernance  ses d buts restent pauvres.

Michael C. Jensen et Clifford W. Smith rejettent dSembl e la litt rature sur la finance dSentreprise avant 1950 en d clarant :

PCorporate financial theory prior to the 1950s was riddled with logical inconsistencies and was almost totally prescriptive, that is, normatively oriented. [G] The undeveloped state of corporate finance theory also characterized the theory of financial markets in the late 1950s. Portfolio theory had not been developed, and the pricing and other implications of equilibrium in financial markets were largely ignored.Q (M.C. Jensen and .W. Smith, 1984, 1)

Pourtant, malgr ces justes critiques, nier les d bats qui ont eu lieu durant la premi re moiti du si cle est regrettable pour la compr hension de la construction de la discipline ainsi que pour ses affiliations intellectuelles. DSautant quSon reconnat, encore aujourdShui, la port e et la pertinence de ces premiers th oriciens, dont fait partie

128 Les tats-Unis font face  un besoin de normes adapt es au contexte et au fonctionnement des entreprises qui nSapparaissent comptablement quSavec la SEC 1930. 

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Veblen (C.C. Qualey, 1968, L.R. Wray, 2012 129 ; J.K. Galbraith, 1958). Ce constat nous am ne  poser la tradition des premiers institutionnalistes comme centrale. Cela ouvre des explications concernant

P[G] the nineteenth century [in which] the business community was unable to control its necessary credit relationships, and [in] the twentieth century control [which] is being increasingly undermined by the use of the large holding company, capitalization piled upon capitalization, with no further increase in assets etc. This, of course, led to the crash of 1929.Q (R. Schulman, 1962, 323).

DSailleurs, Jensen et Smith reconnaissent eux -mmes que le livre de P Dewing (1919; 1953), [is] the major corporate finance textbook for a generation Q (1984, 1). Cet ouvrage fait partie des manuels que nous mettons en perspective dans cette partie.

Selon nous, ces premiers th oriciens de la business enterprise peuvent sSinscrire dans une tradition institutionnaliste, car ils apparaissent dSabord comme tant les conomistes progressistes du d but du si cle. Parmi eux on trouve : H.C. Adams, J.M. Clark, R.T. Ely, W. Hamilton, T.B. Veblen, J.R. Commons 130 ... . Ils ont laiss place aux premiers institutionnalistes et se caract risent par le fait quSils aient form leur raisonnement  une poque o les tats- Unis subissent un choc dSindustrialisation. Les institutions - entreprise et march - qui dirigent lS conomie entrainent lSinstitution - cole - vers une vis e p cuniaire et la question des droits de propri t apparat pr gnante. Finalement, petit  petit, cole et march des biens perdent leur poids institutionnel au profit de lSentreprise et du march fi nancier. Apparaissent en cons quence de nouveaux processus productifs, de nouvelles technologies de production, ainsi que des m thodes de gestion financi re.

129 Dans son chapitre PThe Great Crash of 2007 Viewed through the Perspective of VeblenSs Theory of Business Enterp rise, KeyneSs Monetary Theory of Production and MinskySs Financial Instability HypothesisQ (2012, 303 -316) dans lSouvrage de Reinert, E. S., & Viano, F. L. (2014). 130 En effet, Commons mettant en relation conomie et droit, cherche  r soudre les conflits entre monopoles, travail et fluctuations des cycles des affaires, qui fondent le capitalisme.



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D s lors, mme si ce ne sont pas des ouvrages formalis s il est particuli rement int ressant de d cortiquer leurs analyses et lSenchainement de publications des premiers manuels. Ces derniers ont t d terminants pour la formation de nombreux tudiants en conomie, futurs hommes dSaffaires ou acad miques.

De plus, lSint rt pour ces crits se justifie car, tout comme P.A. McLean et D.G. Brian Jones en 2007, nous constatons encore r cemment que peu de travaux ont t publi concernant lShistoire de la discipline - finance dSentreprise - alors mme que PCorporation finance emerged as a separate field of study about sixty years agoQ (E. Solomon, 1966), soit au tournant du si cle. En r alit , toute la complexit de la reconnaissance et du positionnement de ces travaux pionniers repose sur le fait que la litt rature sur le sujet est riche mais dispers e entr e la gestion et lShistoire, sans faire la passerelle pourtant n cessaire avec la th orie conomique et encore moins avec lSapport des institutionnalistes. LShistoire conomique sSy est int ress e, mais lShistoire de la pens e conomique ne sSy att le que t ardivement. Pourtant, on a bien conscience que PBefore a science of business can take shape, there must be built up a system of business practiceQ (A.W. Shaw, 1916, v). Effectivement cSest ce qui se passe, alors mme que le d but du 20 e si cle est une poque durant laquelle on utilise encore de mani re totalement indiff renci e les termes commerce et business . LShistoire intellectuelle de la formation du management ou du marketing est relativement bien tudi e, ce qui nSest pas le cas de la finance des affa ires, avant quSelle ne se constitue comme une discipline de E finance quantitative F d s la fin des ann es 1950. Pourtant, la pratique des affaires am ricaines et le niveau acad mique prennent forme, et avec elle, des conf rences comme celle organis e par Frank Haigh Dixon au d but de lSann e 1902 sur les E corporation finance and securities F (lettre dSA.A. Young  R.T. Ely, 1902, RTEP, Box 22), mais aussi une multiplicit dSouvrages et de manuels destin s aux tudiants (voir chapitre 3). Cela sSaccompagne bien entendu de la cr ation dS coles priv es, en parall le (voir chapitre 4).



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DSautant que cet int rt tardif pour la finance dSentreprise du milieu du 20 e si cle est  nuancer au regard des origines de la stakeholder theory 131 , qui prennent place de 1916  1950 132 . Ce sont dSailleurs les contributions dS conomistes  penchant institutionnaliste comme la r flexion J.M. Clark 133 qui amorcent les analyses autour de la responsabilit de lSentreprise dans la soci t (S. Mercier, 2006) face  une juridiction qui sSint resse  la richesse et aux obligations envers les actionnaires.

Il faut cependant percevoir deux moments identifi s.

1. La fin de la d cennie 1910 consacre la vision actionnariale 134 : business is business et surtout P big business is good business Q135 (M. Witzel, 2007, 38)

CSest une p riode primordiale car elle ouvre deux d cennies extrmement riches. En effet, apr s la dispersion de la propri t (1900-1913), les ann es 1920 voient la s paration entre les fonctions de propri t et de gestion de la firme. Alors que le r gne de lSentreprise priv e est  son paroxysme, apparaissent dans les structures E trustifi es F des entreprises, une interd pendance des directions, ce que lSon appelle P interlocking directorates Q o de nombreu ses compagnies vont avoir leurs directeurs tre les mmes E capitaines F dSautres firmes.

131 Bien que la notion apparaisse en 1984 chez Edward F. Freeman dans Strategic Management : a Stakeholder Approach, on la retrouve d j durant les ann es 1960 dans des notes internes des publications du Standford Research Institute (S. Mercier, 2006). 132 Bien que la litt rature fasse r f rence aux crits des ann es 1930 : Joan Robinson, Economics of Imperfect Competition ; Edward Chamberlin Theory of Monopolistic Competion ou encore lSouvrage dSAdolph Berle et de Gardiner Mean The Modern Corporation and Private Property , publi s au moment o lS conomie politique n oclassique et sa th orisation de lSentreprise se font d passer, cSest en r alit avant les ann es 1930 o le tournant a lieu (H. Wells, 2010). 133 Dans The changing basis of economic responsability , 1916. 134 Parall lement en Europe, un certain paternalisme dSentreprise est pratiqu sur la fin du 19 e si cle, et particuli rement en France. AujourdShui, cSest la domination du mod le actionnarial sur celui des parties-prenantes et de la valeur partenariale. Pierre-Yves Gomez le souligne : E La th orie de la gouvernance actionnariale et financi re sSest i mpos e alors comme un cadre normatif aussi bien du gouvernement que du management des entreprises post-fordiennes (Charreaux et Wirtz, 2005) F (P-Y. Gomez, 2009, 369). Ce dogme qui consiste  cr er de la valeur actionnariale sur lSentreprise est tr s central sur toute la fin du 20 e si cle. 135 Comme peut lSaffirmer E.S. Mead (1903, 1910) 

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2. Puis  partir des ann es 1930 et les travaux de Berle et Means 136 , la vision manag riale ou partenariale sSimpose.

La popularisation des id es nonc es dans la p riode pr c dente nSa lieu quSavec la publication en 1932 de The Modern Corporation and Private Property qui r v le les statistiques sur la croissance des entreprises, leur concentration et la dispersion de lSactionnariat. LSactionnaire E perd le contrle de sa propri t F. Cette volution ouvre une controverse acad mique sur le bienfond de cette vision en termes dSefficacit conomique, mais aussi concernant la consid ration thique dSun tel mode dSorganisation de la firme. Berle et Means remettent dSailleurs e n question la position du dirigeant tourn e vers la maximisation de la valeur de la firme du fait, d sormais, de pr occupations de contrle manag rial. Et comme le souligne Herbert Hovenkamp (1991, 359), Veblen fait partie des seuls dans la litt rature conomique  en tre conscient d s 1904.

La phase manag riale montre que les dirigeants sont incit s  limiter les risques (humains, financiers) afin de conserver le prestige de lSentreprise, quitte  ne pas satisfaire les int rts des actionnaires. Certains vont alors d crier la propri t anonyme qui te tout pouvoir de d cision  lSactionnaire, et le fait que d sormais la propri t soit d natur e (B.D. Merino, 1993, 164). Les actionnaires ne recherchent pas lSaccroissement de la taille de lSentreprise qui dilue lSactionnariat et avec lui le contrle, mais  diversifier leurs portefeuilles dans un horizon temporel de plus court terme, avec prise de risques. CSest sur la base de cette opposition que se d veloppent les asym tries dSinformations entre dirigeants et actionnaires.

Ce d but du si cle est ainsi une p riode complexe, trouble pour la pratique et avec de nombreux enjeux de normalisation et dSencadrement, y compris comptables. Au 19 e si cle, il existe d j des pratiques comptables, notamment chez les britanniques qui

136 Les travaux de Berle et Means sont poursuivis durant les ann es 1950 notamment avec Baumol (1959) qui remplace le profit par le chiffre dSaffaire dans les programmes de max imisation des managers. Une formalisation des intuitions de Berle et Means qui doutaient de lSefficacit du syst me prend place, notamment avec les conflits dSagence. 

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V II viennent dSailleurs travailler aux tats -Unis durant les ann es 1880 (E.R. Hake, 2001, 424). Pourtant il nSy a pas corr lation entre explosion des besoins et des publications dans les revues scientifiques dSune part, et la standardisation dS une pratique l gitime dSautre part. Or d limiter la fronti re entre lSactif et le passif pour la propri t est central (E.R. Hake, 2001, 425). Il faut r pertorier les cat gories qui apparaissent dans le bilan sans que lSon ne sache o les inscrire. La solu tion  ce dilemme est la compr hension dSun goodwill croissant, nouvel actif qui perturbe lS galit entre valeur du capital et valeur nominale des titres financiers. CSest une sorte de fardeau que le milieu des affaires impose  la m thode comptable. Cet exemple montre que les d bats sur la nature de la propri t priv e sont anciens. CSest aussi le cas concernant le rle de lSentreprise dans lS conomie, ces d bats nSapparaissant pas ex-nihilo. On pourrait mme remonter jusque John Locke et sa vision du droit  la propri t priv e, qui va dans le sens dSune l gitimit de la vision actionnariale.

Ainsi, on pourrait presque consid rer que la discipline finance dSentreprise, en mergeant de la pratique, voit le jour  travers du manque de normalisation, des manipulations et des d rives. Dans ce d but de clarification des r gles du fonctionnement de lSentreprise dSaffaires, la plupart des conomistes qui sSy int resse sont des membres importants de lSAmerican Economic Association et par ailleurs  la tte dSinst itutions ducatives.

 

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c. LSenseignement de la finance dSentreprise

Pr cisons tout dSabord que les Europ ens, sont les premiers  sSint resser  lSenseignement 137 de la finance dSentreprise. Mais les tats -Unis sSadaptent galement  ces nouvelles demandes de formation,

PThe distinctive features of todaySs U.S. higher education system began to emerge around the 1890s and, by the 1920s, the U.S. higher educational system had assumed its modern form. Q (C. Goldin & L.F. Katz, 2001, 6 138 )

Les besoins apparaissent vidents : la profession dSing nieur connat un essor en passant de 7,000 ing nieurs en 1880  136,000 en 1920 (US Bureau of the Census, 1943, table 8 p.11 ; cit par E. Layton, 1962, 70). De la mme fa on, tout comme pratiques comptables et manag riales se normalisent en tant que profession, se forment mme des clubs et des associations de managers, car comme lSindique le titre de lSouvrage de Louis Brand is (1914), d sormais Business [is] a profession 139 . En effet les tats- Unis nS chappent pas  ces r alit s :

POne of the most important elements of our economic life, the business corporation , is being taken under the direct supervision of the Government. As yet, however, this control, regulation, and direction has proceeded with only a partial understanding on the part of legislators and administrators of the constitution and operations of the institution with which they are dealing . . . It is the task and duty of the American college and university to do its part in disseminating among our people, through the students who pass under its direction, correct and comprehensive information concerning all phases of our

137 Tout particuli rement  Paris en 1819 avec lSESCP ou  Anvers, Budapest, Venise ... Al ors mme que les origines de la gouvernance et de la comptabilit dSentreprise prennent place en Allemagne, comme aux tats-Unis entre 1870 et 1914. 138 and Lawrence F. Katz PThe Shaping of Higher Education in the United States and New England Q, Regional Review , Q4, 2001, 5-11, http://www.bos.frb.org/economic/nerr/rr2001/q4/highered.htm. 139 Notons que du ct juridique, Julius Henry Cohen est  lSorigine de travaux sur les d buts de la professionnalisation aux affaires du droit. Reste  savoir, comme il se le demande en 1916 si Pthe law : [is] business or profession ?Q. (cf. Samuel J Levine, 2005)

 

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economic life. To assist this work in the field of Finance this book has been preparedQ (E.S. Mead, 1910, viii, mis en italique par nos soins). Des E gourous F de la gestion, mais aussi des consultants, des administrateurs sp cialis s dans lS ducation ... apparaissent. En 1880, on d nombre 162 commercial and business colleges aux tats-Unis et 27,000 tudiants. Mais ce ne sont pour le moment que des coles non sp cialis es qui fournissent des rudiments aux affaires. Les changements sS op rent surtout durant les ann es 1920, autorisant les associations entre les business school nouvellement cr es et les universit s. CSest ce qui se passe en 1925 entre la Wharton School 140 et lSUniversit de Pennsylvanie car :

P[G] the purpose [is] to connect with the special training in economic and mercantile science that general culture which is as necessary to the businessman as to every other useful member of societyQ. (R.N. Rosett, 1982, 3)

Mais le probl me reste que:

PFor two centuries and a half after that, business schools remained purely vocational, concentrating on "penmanship, bookkeeping, rapid methods of making computations, and grammatical construction and composition of mercantile correspondance.Q (Ibid, 3)

On ro mpt avec les probl matiques traditionnelles de lS lite universitaire,  savoir les questions autour de la monnaie, de la politique budg taire et du libre- change. A partir de 1907 une impulsion est donn e aux tats-Unis pour int grer les pr occupations dSo rganisation industrielle dans les curriculums. Cette impulsion d coule notamment de discussions, de forums et de communications scientifiques autour de lS ducation industrielle et des affaires (L. Taksa, 2007, 139).

La puissance des affaires et la volont de r formes se fait sentir. En 1910 un rapport r alis par Morris Cooke 141 PAcademic and Industrial Efficiency Q est publi . Cependant, il faut attendre 1917 et The Smith-Hughes Act pour quSil y ait un premier acte f d ral sur le

140 Elle va tre un mod le pour lSorganisation des institutions ducatives et des cours aux tats -Unis. 141 Il est un fervent d fenseur du taylorisme. La pens e de Taylor se r pand particuli rement  la Harvard Business School et  la Amos Tuck d s 1907-1911.  

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V II vocational training . Il est adopt afin dSisoler cette formation des curriculums g n raux et lui permettre de recevoir des fonds f d raux. Ces segregated curriculums sont ainsi cr s en r action,  partir de la fin de la d cennie 1910, distinguant les formations professionnelles des formations acad miques. La l gislation fait de lSenseignement professionnel une priorit d s la fin du 19 e si cle mais les changements majeurs nSapparaissent quS partir de 1917. En r ponse, en 1918 Veblen publie lSouvrage dans lequel il sSinsurge contre le Ppecuniary welfare of the university corporationQ (1918a, 50), car le syst me universitaire se laisse imposer un capital rentier  ses commandes. La classe form e  la sp culation sSimmisce pour diriger lSenseignement  lSuniversit  partir du moment o dans les boards de toutes les institutions, se positionnent des leaders de lSindustrie et de la finance. Une reproduction de la pens e conservatrice de classe se maintient dans lSinstitution universitaire avec un rejet de la culture et du savoir, face  la proposition de m thodes de corruption et un utilitarisme des fonctions techniques. Veblen pr sente la formation professionnelle comme  vis e utilitaire assum e, r pondant aux exigences marchandes des grandes firmes dans une perspective de renta bilit . LSenseignement qui sSimpose cherche  promouvoir le lucratif et cSest le politique (au sens large) qui a mis en place cela, lSargument de scientificit nS tant plus E populaire F (1918a, 31).

Veblen justifie lSerreur dSorientation de lSenseigneme nt sup rieur :

PThe European (Continental) universities appear to have been founded, originally, to meet the needs of professional training, more particularly theological (and philosophical) training in the earlier times. The American universities are, historically, an outgrowth of the American college; and the latter was installed, in its beginning, largely as a means of professional training; chiefly training for Divinity, secondarily for the calling of the schoolmaster. But in neither case, neither in that of the European university nor in that of the American college, was this early vocational aim of the schools allowed to decide their character in the long run, nor to circumscribe the lines of their later growth. In both case, somewhat alike, the two groups of schools came to their mature development, in the nineteenth century, as establishments occupied with disinterested learning, given over to the pursuit of intellectual enterprise, rather than as seminaries for training of a vocational kind.Q (Veble n, 1918a, 16)

 

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PBut the active measures so taken by the academic authorities at the instance of the schoolmasters and PpracticalQ men are by no means the only line along which their presence in the academic corporation affects the case. Intimate associatio n with these PutilitariansQ unavoidably has its corrupting effect on the scientists and scholars, and induces in them also something of the same bias toward PpracticalQ results in their work; so that they no longer pursue the higher learning with undivided interest, but with more or less of an eye to the utilitarian main chance; whereby the advantages of specialization, which are the reason for these schools, are lost, and the pride of the modern community is wounded in its most sensitive spot N the efficie ncy of its specialists.Q (Veblen, 1918a, 22)

La philosophie ducative am ricaine merge  partir de 1925, notamment avec la School of Education de lSUniversit de Columbia. Leur doyen soul ve alors:

PWhat does it mean that in the ten leading American univ ersities enrolling 87,000 students, 50,000 are registered in professional schools directly preparing for professional careers? It means, in a few years, 50,000 men and women released for trained leadership, free from the bias of creed, free from the blight of pseudo-science, free from the curse of the mere technician, practitioners imbued to a certain extent, we trust, with university ideals of culture, of service, and of public devotion. From them will arise lawyers and businessmen who are also economists, teachers who are also educators, engineers who are nation builders, physicians who are humanitarians and clergymen who are social leaders.Q (R.N. Rosett, 1982, 4)

Des nouvelles cat gories de professeurs sont alors vou es  apparatre, sp cifiquement d di es  lSenseignement du business invoquant maturit et exp rience, comme le souligne Leon Marshall 142 . En 1928, la Fondation Carnegie publie un tat du Business Education aux tats- Unis et lSon constate une premi re inscription en doctorat en business  Chicago 143 .

Finalement, Veblen incarne lSun des points de vue du d bat sur la r forme de l'enseignement sup rieur : celui, hostile  la prise de contrle par les businessmen des

142 Le doyen de lSUniversit de Chicago en 1928. 143 Ils sont plus de 350 doctorants en business aux tats-Unis en 1940.  

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V II institutions. Par ailleurs, il y a galement la formation au management scientifique propos par Taylor 144 (L.Taksa, 2007).

LS ducation est centrale pour un pays,  la fois pour la diffusion des id es, lSefficacit conomique, les techniques ... mais aussi car cSest  travers elle que se con oit la vie en soci t . Ces r formes ducatives sont un socle solide pour orienter la culture dSun pays qui d coule de la culture industrielle, les principes et les valeurs de plusieurs g n rations. Quand les relations de pouvoir, les habitudes et les valeurs se modifient, la r organisation du travail n cessite des salves de r formes ducatives. D s lors lS ducation aux affaires devient elle-mme un big business qui a model et mod le encore la formation professio nnelle et lSenseignement sup rieur.

3. VEBLEN ET SON ENVIRONNEMENT INTELLECTUEL (1884-1929)

CSest dans ce contexte P that was destined to affect not only the social and business existence of the every-day American but even his political and legal institutions Q (B.J. Hendrick, 1919 [2005], 25) que sSancrent les crits de Thorstein Veblen (1904, 1918, 1923, TVP), tr s en phase avec les mutations de son temps. DSo lSint rt de la part de certains de ses contemporains pour ses crits, sa personnalit et sa figure de chef de file du premier institutionnalisme, malgr les d bats autour de la d finition dSune cole de pens e. Pour preuve, une lettre de W.C. Mitchell  Paul T. Homan le 22 d cembre 1930 :

144 CSest une poque o se d veloppe les ing nieurs professionnels pour qui les m thodes de management scientifique mergent en r ponse  la pratique des ann es 1890-1910. Une nouvelle synth se est propos e avec des managers professionnels ind pendants. Veblen et Commons sont dSailleurs enthousiasm s par le taylorisme sur ses principes bien que Veblen sS carte de ses m thodes dSenseignement. Veblen sSins re dans le mouvement technocratique, notamment au regard de The Engineers and the Price System publi en 1921 dans le sens o il souhaite que les hommes dSaffaires soient dessaisis du contrle de lSindustrie au profit des ing nieurs et des experts. 

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PDear Homan, I am glad that Johnson has asked you to write the article on Institutional Economics For the Encyclopaedie of the Social Sciences. Like you, I entertain doubts whether one should use the word PschoolQ in the connection. Personally, I should not know whom to include under that heading apart from Veblen. The job would seem to me to consist primarily in showing how VeblenSs viewpoint differs from that of Schmoller and that of Sombart, Weber, and the economics historians at large. Also, of course, you will want to indicate how has influenced other people in this country. The one man who has thought most about the matter is Joe Dorfman. He is a young man now holding the fellowship from the New School for Social Research, and preparing a biography of Veblen. In temper he is highly critical. He has read widely in the economic and sociological literature of the last 50 years, and thought out relationships more clearly than anyone else I know. It may be well worth your while to get into touch with him. Yours faithfully, Wesley C. MitchellQ (Mitchell  H oman, 22 d cembre 1930, WCMP)

Ajoutons pour autant que, dans une correspondance avec Henry A. Wallace le 24 mars 1940 145 , Dorfman crit :

PVeblenSs great contribution was his getting behind such crude expressions. [G] Unfortunately Veblen rarely tries to find a constructive solution. He is satisfied for the most part with description, most of which is accurateQS would it not be better to say PanalysisQ rather than description? My own impression is that Veblen had a Pconstructive planQ for almost every prob lem he analyzed. [G] On page 15 you state that apparently he believes in returning our business and our way of life to the village. Yet his TBE * was devoted to a considerable extent to showing the unworkability of small scale competitive business enterprise under the modern technology. I think he thought that a good deal of the trustification had little technological justification, and only a financial justification, but one of his great points was that modern machine technology had rendered obsolete the ancient small order of things. [G] As the author of a biography of Veblen, I suppose I ought to disagree with your statement that Pjust what the r eal man thought, I do not know, and perhaps no one knowsQ but the more I have thought about Veblen, the less am

145 Ils changent  propos du review que H.A. Wallace vient de faire sur lSouvrage Imperial Germany and the Industrial Revolution. * TBE : The Theory of Business Enterprise. 

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I certain of his views. Perhaps this explains his significance. A Pdisciple of VeblenQ would be a contradiction of terms.Q (J. Dorfman  H.A. Wallace, mars 1940, JDP)

Il nous apparat en effet n cessaire pour comprendre les soubassements de la pens e E v blenienne F et ses apports, de revenir sur lSenvironnement intellectuel dans lequel Veblen a volu . Son parcours universitaire permet de mettre en exergue la chronologie des interactions entres les auteurs dont il est question dans cette partie ainsi que de d peindre lSenvironnement intellectuel imm diat de Veblen, essentiel  la compr hension du d veloppement de son analyse. Nous cherchons  pr senter les coll gues avec lesquels Veblen a travaill s durant lS laboration de ses principaux travaux. Cela permet dSexpliquer les raisons de son positionnement, du contenu de ses analyses, en tant quSanti -n oclassique influent de son poque. Ses amiti s, inimiti s, positions acad miques et interactions expliquent pour part la port e de ses crits.

Pour autant nous ne nous attachons pas  retracer lSensemble de sa filiation id ologique et intellectuelle 146 , mais simplement son parcours institutionnel. Cela met en vidence le fait que les universit s quSil a fr quent es sont celles qui ont particuli rement anim les d bats sur lS ducation aux tats-Unis. Plus sp cifiquement, elles constituent des acteurs majeurs de la transformation de lSenseignement des affa ires, puisque ce sont elles qui ont mis en place, en parall le, les premiers cursus destin s au business .

De ce point de vue, nous constatons que Veblen est au cMur des cercles universitaires qui impulsent les changements en termes dSenseignements car i l a fr quent les universit s comptant parmi leurs professeurs de nombreux institutionnalistes, par lesquelles mergent la E finance dSentreprise F.

146 Voir  cet gard Russell H. Hartley and Sylvia Erickson Hartley, PIn the Company of T. B. Veblen: A Narrative of Biographical RecoveryQ . International Journal of Politics, Culture, and Society 13, no. 2: 273- 331; J. Dorfman (1934 [1961]); R. Tilman (1988, 1992, 2007). 

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Veblen tudie lS conomie  Carleton College, puis la philosophie  John Hopkins o il suit un cours dS conomie dSEly , quSil trouve insatisfaisant (Chandler, 1959, 24). NSobtenant pas de bourse dS tudes il part tudier  lSUniversit de Yale o il fait sa th se sur le sujet PEthical Grounds of a Doctrine of RetributionQ. Apr s ses d buts  en 1891 (il nSa pas occup de poste entre 1884 et 1891) Veblen se rend d s 1892  Chicago avec James Laurence Laughlin, son mentor et pourvoyeur de financement, quSil accompagne lors de sa prise de poste. Veblen devient son assistant dSenseignement.

LSenv ironnement intellectuel et les cercles de discussions des ann es chicagoannes sont particuli rement stimulants dans une p riode de d veloppement industriel, notamment  Chicago. Ainsi il rencontre et a pour coll gues des scientifiques aussi importants que Jacques Loeb, Franz Boas, Albion S. Small, H.J. Davenport, H.C. Adams, S.N Pattern, John Dewey, W.C. Mitchell, R. Hoxie ... dSautant que les changes sont pluridisciplinaires et tr s au fait de lSimm diate r alit qui les entoure. La r daction de lSouvrage publi en 1904 The Theory of Business Enterprise a lieu alors que Veblen est en poste  Chicago, il en est dSailleurs de mme pour lSouvrage de 1918 The Higher Learning in America , r dig en 1906 (J.P. Diggins, 1978, 170). Et cSest  Chicago,  la suite de la publication de The Theory of Business Enterprise que Veblen dispense ses premiers cours sur les trusts , en 1904-1905.

En 1906 il devient professeur associ  lSUniversit de Stanford car sa situation acad mique est compliqu e  Chicago. Il est renvoy de Stanford 3 ans plus tard 147 . A ce moment- l, dans une lettre quSil crit  W.C. Mitchell le 29 octobre 1909 (WCMP), Veblen indique quSen 1909 il se rend tr s souvent  Berkeley pour y travailler. Grce  Herbert J. Davenport, Veblen rejoint lSUniversit du Missouri en 1911 mais nSy reste que jusquSen 1917 car il ne sSy plait pas. Il quitte alors le milieu universitaire pour

147 Au regard de ces informations et de sa propre carri re, il apparat presque paradoxal quSil ait d fendu un point de vue sur lS ducation aussi fortement. 

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V II rejoindre Washington DC et travailler sur le r glement de la paix de la premi re guerre mondiale, puis New York o il co-fonde la New School For Social Resarch. LSouvrage de 1918 est pr cis ment tourn contre lSorientation p cuniaire de lSenseignement. Il est paradoxalement publi au moment o il se d sengage de toute carri re acad mique. Pour ce qui est de la r ception et de la consid ration de ses travaux  lS poque, on constate quSil existe un r el paradoxe et une ambivalence dans la prise au s rieux de son travail. Ses propos, bien quSen partie ignor s ou parfois d nigr s, connaissent une r elle port e. CSest galement ce que souligne Laurence Shute dans PInstitutionalism and Marxism Q :

P[G] yet, sadly enough, he has been all but ignored in the universities and by social thinkers. One statement has it that Veblen Pis virtually unknown to college studentsQ GQ (1974, papier pr sent au Allied Social Science Association meeting de San Francisco)

Sa l gitimit nSest pas remise en question, pour autant il nSa re u une reconnaissance que dans un cercle limit . En t moigne une lettre que John Roger Commons 148 , seconde figure avec Veblen de ce E vieil institutionnalisme F, qui crit  J. Dorfman:

PVeblen, would say that my conversations with him have been very short and rather incidental to other things. I first met him about twenty years ago at Chicago, but we did not discuss anything of material interest.Q (23 septembre 1932, JDP, Box 61)

Ruther ford souligne le fait que Veblen soit bien le p re fondateur de lS conomie institutionnaliste, mais quSil nSa pas cr une filiation autour du PVeblenismQ

148 Pourtant, Commons et Veblen utilisaient un vocabulaire commun et ont connu tous deux un renouvelleme nt apr s les ann es 1930. Ainsi, Barnard dans un courrier quSil adresse  Commons le 18 d cembre 1936 (WCMP, Box 7), explique sSint resser  la th orie des organisations et que, bien que sS loignant du P going concern Q institutionnaliste il fait le lien entre sa vision de lSorganisation et celle du business ; tout en maitrisant les crits institutionnalistes sur la question. 

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(M.Rutherford, 2011). Veblen doit tout particuli rement sa post rit au vif int rt de quelques disciples, dont W.C. Mitchell 149 .

PA quarter of a century ago Dr Wesley C. Mitchell of Columbia University remarked that in approximately ten or fifteen years he hoped that PAOQ [Absentee Ownership ] would be as simple for the average student to read as Pthe TBEQ [ The Theory of Business Enterprise ].Q (Mitchell lecture notes on history of economic thought 1934-5) (R. Schulman, 1962, 319)

Pour autant, bien que la post rit de Veblen ne soit pas p renne concernant ses apports  la th orie financi re de lSentre prise 150 il apparat avoir eu de tr s nombreuses intuitions justes. DSailleurs, Veblen re oit le support dS conomistes centraux  lS poque, que ce soit J.L Laughlin ou F.W. Taussig qui le soutient tr s tt (d s 1900) tout comme R.T. Ely 151 et A.A. Young qui supportent notamment ses comp tences pour une position universitaire mais aussi pour lS criture de documents sur les diff rences th oriques entre industries et activit s p cuniaires, alors quSil est en poste  Chicago. LSapport de ces pionniers est dSavoir su lier management et conomie financi re, et dSen avoir fait un sujet important de telle fa on quSil devienne une pr rogative pour lSEtat. LSEtat, devant alors promouvoir le d veloppement de la E bonne pratique F de lSentreprise par des

149 Il lui voue respect et admiration, et cela est visible  la fois par ses commentaires et pr sentations dithyrambiques des travaux de Veblen, mais aussi  travers sa correspondance d s quSil voque Veblen. Par exemple, dans une lettre que Mitchell adresse  Veblen lui-mme le 2 mars 1929 (WCMP, Box 11), peu de temps avant son d c s, il lui notifie bien ( lSoccasion de la volont de publier un ouvrage lui rendant une juste place th orique et acad mique) : PIf i donSt make a fascinating book of selections the fault will be mine P. DSailleurs, cSest grce  What Veblen taught (1936) que Veblen a eu une vraie post rit . Suite  sa parution, d iverses coupures de journaux (archives Columbia) montraient lSimportance de relire Veblen, dont le but et la conviction taient atteints Pthe artist in economicsP (Eli Ginzberg), ou Pgateway to VeblenSs worldP (Max Lerner). Pour autant, dans les papiers de Mitchell  Columbia on trouve des fiches th matiques quSil confectionnait. Concernant celle sur P business organization Q et la sous - section P general theory Q, Mitchell consid rait au mme plan A.Smith (1776), A.Marshall (1890), F.Knight (1921), et Veblen (1904 et 1923). De plus, dans ses notes sur P review, argument, questions Q concernant PVeblen-theory, business enterprise Q Mitchell sSinterroge en 7 e question P from VeblenSs own viewpoint, does the theory of business enterprise covers the field (G) ? Q et y r pond POf course not Q. 150 Cela tant justifi par la difficult de compr hension de ses propos et des faiblesses de th orisation. 151 Ainsi, parmi les figures pionni res pour PA history of management thoughtQ Charles Howell (1995) met lSemphase sur le rle central dSEdwin F. Gay ainsi que de Richard T. Ely. En effet, ce dernier marque notamment par sa contribution en 1906  la formation de lSAALL (American Association for Labor Legislation ), que rejoignent par exemple F.W. Taylor et H.S. Dennison. Ils tablissent des liens entre le milieu acad mique et la pratique du management au sens scientifique de Taylor (K.D. Bruce et C. Nyland, 2001, 960-2).  

IJ `QR%H 1QJ C P:` 1V II politiques conomiq ues adapt es et des cursus universitaires dSaccompagnement performants. CSest dans cette perspective que nous souhaitons ins rer Veblen, th oricien du management et de la finance dSentreprise.

Veblen et A.A. Young tissent ainsi des liens intellectuels sur la dynamique interne de lSentreprise et les relations institutionnelles. En effet, est central dans les d bats de lS poque, fait le lien entre Cambridge et Harvard, et a eu une place importante pour le devenir de la carri re universitaire de Veblen. Ils sont coll gues  Stanford entre 1908 et 1909, ann es durant lesquelles Young le soutient pour obtenir des fonds pour acheter des ouvrages sp cifiques, pour lSobtention dSun cong , dSune promotion et dSun avancement (Charles P. Blitch, 1995 ). A.A. Young pr cise dSailleurs:

POn the basis of a somewhat varied academic experience I fell no hesitation in saying that Veblen is the most gifted man whom I have known. His scholarship is extraordinary, both in range and thoroughness. Moreover, he carries it lightly N he has none of t he marks of a pedant.Q (Young  propos de Veblen, dans C. P. Blitch, 1995, 26)

Young est tr s logieux  lS gard de Veblen et en 1925 dans PThe Trend of Economics, as seen by some American economistsQ il affirme :

PHe is a man of genius, but the term scie ntist does not fit him. He is something that may be as good or better: an artist, an impressionist, painting the picture of the world as he sees it. No one else would see it in just the same way, except through his eyes. In modern stagecraft a slight difference in lighting changes the whole scene. So it is with institutional economics.Q (A.A. Young, 1925, 183)

Il fait part dSailleurs de son grand regret quand Veblen abandonne la profession dSenseignant, mme temporairement (C.C. Chandler, 1959, 41).

Il est en de mme pour W.C. Mitchell qui, dans une correspondance que ce dernier adresse  Allyn Abbott Young, il crit:

 

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PFor, in all seriousness, I think that Veblen has made the most important contributions to economics of any American in our time . Your characterization of him as an impressionistic artist is just, on one side, and that is the side which has become increasingly prominent in these later years. But canSt you agree with me that his paper on PPecuniary and Industrial EmploymentsQ and a good deal of his PTheory of Business EnterpriseQ is pioneering scientific work of great significance? And if the sphere of economics is that of economic behavior (and more, too, I understand you to say), donSt you think that a great deal is to be learned from his theory of the leisure class and from his instinct of workmanship?Q (22 janvier 1925, AAYP, Box 6, our italics)

Mais les conomistes ne sont pas les seuls  mettre en avant sa pens e innovante, on trouve galement le journaliste et ducateur Max Lerner:

P[G] strengthened the conviction that Veblen is the most creative mind American social thought has producedQ (dans M. Lerner, 1948 cit par C.C. Chandler, 1959, 14)

Ou encore Henry Rand Hatfield, tudiant de Veblen  Chicago et devenu un des pionn iers dans lSenseignement de la comptabilit . Il tait un admirateur de lSintellect E v blenien F sans pour autant partager son point de vue sur le capitalisme, la soci t ni lSentreprise dSaffaires. Parall lement  la comptabilit , nous allons le voir dans cette partie, le marketing a en partie t fa onn par la pens e conomique et en partie par Veblen (voir Robert Bartels, 1988)

De la mme fa on, il apparaitrait surprenant que G. Myrdal nSait pas lu Veblen, puisquSil se trouvait aux tats-Unis  la fin des ann es 1920 et au d but des ann es 1930 dans le milieu universitaire institutionnaliste. D'autant que Myrdal crit Against the Stream: Critical Essays on Economics :

PWhen my wife, Alva Myrdal, and I first came to America at the end of the Twenties for a year as Rockefeller fellows, the Rwind of the futureS was institutional economics. This was then the New Economics, as I remember a collection of essays was called. The approach was conceived to be in line with three great American economists: Veblen, Commons and Mitchell, of whom the latter two were still living and active. [G] At that time I was utterly critical of this new orientation of economics. I was in the RtheoreticalS stage of my own personal development as an economist.Q (G. Myrdal, 1974, 6).

 

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Il est ainsi r v lateur que Veblen soit propos pour prendre la tte de lSAmerican Economic Association. Dans un courrier du 16 juin 1925, F.W. Taussig explique  E.R.A. Seligman quSil est convaincu que Veblen ferait un bon candidat pour la pr sidence (JDP, Box 52). Il relate que W.C. Mitchell et E.F. Gay changeaient  ce sujet et que dans le comit de nomination  Chicago, parmi les plus favorables  la nomination de Veblen on trouvait P.H. Douglas et H.R. Seagers alors que H.A. Millis et J.R. Commons pr f raient A.A. Young. CSest finalement, Gay qui est lu.

Les institutionnalistes ont beaucoup  dire sur le capitalisme en particulier sur les liens entre machine process et business enterprise . DSautant quSen ce qui concerne Veblen, Phis writings on education, vested interests, absentee ownership, nationalism and so forth merit close attentionQ (L. Shute, 1974). Ses ouvrages re oivent dSailleurs globalement des critiques favorables 152 . Ces mmes compliments se retrouvent galement dans ses correspondance s, puisque dans un courrier quS E.R.A. Seligman adresse  Veblen le 14 mai 1909 il crit :

PWe all agree that it is an admirable article, quite up to the level of the excellent work which you always do, and we should have been delighted to accept it for the political science quarterly, were it not that a doubt has occurred to usQ (E.RA. Seligman  Veblen, 14 mai 1909, JDP)

DSailleurs apr s sa mort, les acad miques convaincus par Veblen lSexpriment aupr s de J. Dorfman et W.C.M. Mitchell :

PI have long had a great admiration for VeblenSs contribution and for many years have felt that by 1950 he would come into his own. I am glad to see that you and Professor Mitchell have done such a good job in putting out in compact form the essence of the Veblen teachings.Q (H.A. Wallace  B.W. Huebsch, le 14 mars 1936)

152 En effet, cSest le cas pour lSouvrage de 1904, son travail le plus connu selon C.C. Chandler (1959, 32-33) qui a re u en sus une popularit accrue. Concernant lSarticle de 1903 sur le credit, le review indique: PThe whole essay, however, is certainly the most keen analysis of modern trust financiering that has ever been published, and will repay reading to any student of this phase of industry .Q Algie Martin Simons 1903 dans The International Socialist Review (Vol IV, No.4). Les pl biscites sSenchanent car au moment de la publication dS Absentee Ownerhsip en 1923, les journaux crivent Phis most effective literary work and probably his least effective scientific workQ.  

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4. OBJECTIFS DE LA PARTIE II

Aux tats- Unis, lSenseignement sup rieur destin  la formation commerciale et aux affai res, fait apparatre tensions et pressions entre acad miques et hommes dSaffaires int ress s par les deux pendants (pratique et th orique) de la discipline. Sont exacerb es en filigrane les questions de bien-tre collectif et de p rennit versus de recherche dSint rts personnels et de promotion du capitalisme. Face  un milieu des affaires omnipr sent il sSagit de constater les premi res r actions des th oriciens et enseignants qui doivent adapter leurs m thodes et contenus de cours  destination des jeunes tudiants.

Nous tentons de r pondre  un double objectif : 1. Tout dSabord il sSagit de retracer N en soulignant lSimportance des institutionnalistes - lSapparition de la finance dSentreprise comme discipline acad mique  travers lS tude de manuels ainsi q uSau regard de lS volution des besoins pratiques des firmes . Nous montrons que Veblen livre une analyse pionni re tudi e dans les formations aux affaires que nous pouvons comparer  celles, novatrices dSE.S. Mead et de W.H. Lyon.

En effet, il existe une tradition des handbooks aux tats- Unis et la finance dSentreprise nSy chappe pas. Les manuels de finance dSentreprise sont publi s au moment o la discipline devient une pr occupation sur la sc ne publique, acad mique et en pratique, un r el besoin. D s lors, elle ne cesse dSt re un sujet de discussion. Il nous est apparu int ressant dS tudier lS mergence de cette litt rature qui permet de capter les enjeux de lS poque. A ce propos, dans son review dSAbsentee Ownership en 1924, explique :

 

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PHis work is a consistent whole [G] Veblen has waged a constructive warfare of emancipation against the tendency toward standardized static economy which becomes so dangerous on a continent with ever increasing numbers of students clamoring for text-books on final economic th eory.Q (J.M. Clark, 1924).

Nous proposons tout particuli rement de mettre les crits de Veblen en perspective des ouvrages centraux des d buts de la finance dSentreprise qui se posent les grandes questions de lS poque. Ces manuels sont ainsi les t moins des changements dSune poque sur les affaires et leur enseignement.

Ainsi, E.S. Mead, Veblen et W.H. Lyon mettent-ils en relation la capitalisation et les earnings pour en tirer une th orie de la finance dSentreprise. La capitalisation est en r alit quali fi e de surcapitalisation du fait de la dilution de la propri t , li e  lSintangible. E.S. Mead comme Veblen pr sentent une th orie claire des preferred shares . Ils per oivent les enjeux de lSinvestissement financier sans pour autant quSil ne soit li  l a rentabilit de lSactif sous -jacent. En revanche ils ne vont pas en extraire les mmes analyses. E.S. Mead postule une stabilit du capital financier quand Veblen le consid re comme instable. Ils soulignent le d sir dSextension de lSentreprise qui affecte le plan financier, laissant place  de nouvelles sortes de titres (W.H. Lyon 153 , 1910, 2). Ils analysent la fonction propre du cr dit dans lSexpansion des affaires ainsi que son danger dans la stabilisation des cycles. Ils introduisent alors des explications quant au stock watering venant E challenger F la th orie de la propri t . Le concept est proche du traitement du goodwill et de la sur- capitalisation, comme nous avons pu le mettre en exergue dans la partie I.

153 Notons quSen 1916 quand Stevens crit le review de lSouvrage, il indique Pinteresting and illuminating treatment of many phases of corporate finance some of which are not to be found in any other volume dealing with this subject which has as yet appearedQ. Pour autant, il consid re que W.H. Lyon reste parfois trop technique pour un manuel destin aux tudiants. Il nS taye pas suffisamment sur les raisons dSadoption de certaines politiques financi res et survole les questions de distribution du revenu, de management de lSentreprise ou encore de d pr ciation du capital. A lSinverse H.S. Tosdal consid re que cSest un manuel qui stimule lSint r t et particuli rement pour les tudiants qui souhaitent comprendre les diff rentes phases du capitalisme, que lSimpression dSoriginalit se d gage de ses crits sans utiliser un style trop juridique (Corliss Llod Parry, 1938 sur Corporations and their financing ). 

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2. Par ailleurs, nous souhaitons donner un clairage sur la formation des hommes dSaffaires avant les ann es 1930 . Notre point de d part est la vision E v blenienne F de lS volution de lS ducation aux affaires au tournant du si cle et les modalit s dSenseignement, d s lors que les cursus de business sont institutionnalis s car ils soul vent des d bats sur la P higher education Q.

En effet, des rapports de pouvoirs sS tablissent entre le milieu acad mique et le milieu des affaires sur la fa on dSorienter les formations, paradoxalement  des oppositions d j exacerb es au sein de la structure interne des entreprises. Cette p riode sonne le glas des petites entreprises et des universitaires aux tats-Unis qui d fendaient leurs institutions face au big business, imposant la fin de la d mocratie et de la transparence. Des contradictions intra-structures p dagogiques sont pr sentes face aux r alit s des besoins imm diats de la pratique des hommes dSaffaires.

PVeblen seems to explain correctly the rise of businessmen on university governing boards as primarily a consequence of their importance in executing the latter role, which is called patronage.Q (C.C. Chandler 1959, 43)

Les tablissements dSenseignement sont parfaitement int gr s dans le capitalisme organis de lS poque. Les coles de commerce nouvellem ent cr es viennent renforcer leur influence au tournant du si cle. Enseignement et d veloppement conomique sont li s. Et comme le souligne Veblen dans The Higher Learning in America ,

Pno gain comes to the community at large from increasing the business proficiency of any number of its young men. There are already much too many of these businessmen, much too astute and proficient in their calling, for the common good. A higher average business efficiency simply raises activity and avidity in business to a higher average pitch of skill and fervor, with very little other material result than a redistribution of ownership; since business is occupied with the competitive acquisition of wealth, not with its production.Q (Veblen, 1918b, 108-9)



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Veblen cherche  enseigner la E r alit de lSentreprise F face au fait quSelle soit devenue lSobjet de manipulations, notamment via les montages financiers que nous avons d j voqu s. Nous cherchons  analyser les propos - forts - de Veblen concernant lSentrepreneuriat et sa vision dSune dichotomie entre la soci t et les hommes dSaffaires de demain. En cela il d fend les institutions qui lui paraissent centrales pour lutter contre ces changements n fastes  la soci t . Veblen d fend lSuniversit face  lS mergence des grandes entreprises, or cela conserve un caract re tr s contemporain.

De plus cela sSinitie  lSaune dSun d bat plus large sur les r formes de lS ducation aux tats-Unis. Nous y retrouvons les analyses de E.S. Mead, de Veblen ainsi que de Samuel Leverett Lyon. Il en d coule des implications en termes de p dagogie, dS laboration des curriculums, dSenseignement mais galement dSorientation des recherches.



CHAPITRE 3 :

INVESTIGATION DANS LA LITTERATURE PIONNIERE DE FINANCE DSENTREPRISE : VEBLEN ET LES PREMIERS MANUELS

Pmany other intellectual forces have always shaped the law, even though the seminal works in those areas were never cited by contemporary judges, and only rarely by treatise writersQ (H. Hovenkamp, 1991, 98)

0. INTRODUCTION 1. THORSTEIN VEBLEN ET LA LITTERATURE EMERGENTE DE LA FINANCE DSENTREPRISE a. Une revue de litt rature des premiers manuels b. Veblen et les auteurs de ces premiers manuels. i. William Zebina Ripley ii. Arthur Stones Dewing 2. PARTAGE DSINTERETS CHEZ LES PREMIERS ANALYSTES DE LA FINANCE DSENTREPRISE : UNE LECTURE COMPARATIVE DES STRATEGIES DSENTREPRISE a. Mead-Veblen-Lyon : contexte et premiers positionnements b. LSexacerbation de lSimportance des titres financiers et du cr dit : cap italisation, relations de pouvoir et profit dSentreprise i. Common et preferred shares ii. Le recours au cr dit et la pratique du trading on equity iii. LSenjeu central de la capitalisation et de la pratique du stock watering c. Concurrence imparfaite, holdings, trusts et capitainerie d. S paration et dispersion de lSactionnariat : cons quences et solutions

3. CONCLUSION



C.:]1 `V  C P:` 1V II

0. INTRODUCTION

A la fin du 19 e si cle, les premiers manuels de finance dSentreprise apparaissent aux tats- Unis. La finance dSentreprise se pr sente alors comme un champ dS tude mlant les pr mices de la comptabilit financi re, des strat gies de gestion dSentreprise, de lSanalyse con omique et de finance de march 154 . Comme nous lSavons d j soulign ,  lS poque, la finance dSentreprise est principalement une pr occupation pratique du fait de besoins de gestion commerciale et financi re des entreprises dSacier, de sucre, de p trole et des chemins de fer ; respectivement dirig es par Andrew Carnegie, la famille Rockefeller, ou Vanderbilt, et les magnats financiers tels Jay Cooke ou John Pierpont Morgan - Pthe pioneer of a new era in business enterpriseQ (T.B. Veblen, 1923 [1997], 334). CSe st particuli rement contre ces Robbers Barons, acteurs de la high finance que Veblen se positionne. LSge dSor de ces derniers se situe entre 1861 et 1901 (T.B. Veblen 1904 ; M. Josephson, 1934 ; J.B. Delong, 1998) et ils sont, pr cis ment au moment o nous nous situons, la cible du mouvement anti-trust. Des publications dSouvrages  vis e ducative semblent corr l es  lS mulation sur ces nouvelles pr occupations qui anime le milieu institutionnaliste am ricain mergeant du d but du 20 e si cle. On constat e dSailleurs que les universit s qui sont au cMur de cette formation institutionnaliste naissante N  savoir Chicago, Columbia, Stanford, ou encore Harvard N sont celles qui font galement merger la nouvelle discipline. Ces places universitaires sont des lieux de forte stimulation intellectuelle ainsi que dS mergence de r flexions autour de la finance dSentreprise et de son enseignement. Entre 1890 et 1920, elles ont accueilli les professeurs et th oriciens autour desquels nous argumentons le propos de not re chapitre sur lSutilisation des premiers manuels. En effet, ce sont les

154 Nous discutons davantage ce point, les probl mes de terminologie que nous avons rencontr s ainsi que de classification dans le chapitre 4.



C.:]1 `V  C P:` 1V II institutions les plus dynamiques  la fois en termes de recherche acad mique que de formation des hommes dSaffaires. Ainsi, bien que certains conomistes contemporains (M.C. Jensen et C.W. Smith, 1984) ne consid rent pas la finance dSentreprise d velopp e avant les ann es 1950 , nous consid rons que cela a en effet une importance culturelle non n gligeable.

Ce chapitre donne un clairage sur lS mergence de la finance dSentreprise  t ravers le prisme de Veblen, institutionnaliste et progressiste. Nous mettons notre auteur en perspective avec les premiers manuels de finance dSentreprise qui apparaissent en mme temps que Veblen publie ses propres ouvrages. Nous pr sentons une lecture analytique mettant en exergue les pr mices du jargon de finance dSentreprise. Cela nous am ne  mettre en lumi re lSanalyse de quelques -uns de ses contemporains - pionniers de la discipline, et que nous consid rons dSune mme filiation de pens e (W.J. Barber, 1988 ; K. Bruce et C. Nyland, 2001) : William Zebina Ripley, Arthur Stones Dewing, Edward Sherwood Mead et Walter Hastings Lyon concernant la dualit des actions, la valorisation de lSentreprise ainsi que la conceptualisation de nouvelles cat gories conomiques et comptables. Il est galement question de saisir lSengouement y compris de Veblen pour lS mergence de cette nouvelle discipline, centrale pour comprendre lS volution de lS conomie am ricaine  cette p riode, et ses analyses connexes. DSailleurs, le 21 mai 1906, pr alablement  la contribution de A.A. Young au manuel Outlines of Economics (1893 [1919]), Veblen lui adresse un courrier dans lequel il indique quSil pourra certainement, par la suite, reprendre les cours de Pcorporations and corporation finance, if that should seems desirable Q (Harvard Archives, AAYP, Box 1, Folder 5).

Ce travail est lSoccasion dSun e revue de litt rature des premiers manuels de finance dSentreprise que la litt rature consid re rarement,  lSaide dSarchives, de curriculums et de reviews de publications. Cette investigation permet de d gager un certain nombre de concepts conomiques identiques,  tout le moins proches . En effet, cSest une p riode

 

C.:]1 `V  C P:` 1V II durant laquelle on sSattelle  lier sph res juridiques et comptabilit financi re 155 de lSentreprise (George O. May, 1936, 3). De nouveaux outils et de nouvelles conceptualisations se d veloppent et sont th oris s. Les manuels qui paraissent sont destin s  faire prendre conscience de la pratique dSentreprise. Par ailleurs, une fois la th orie financi re de lSentreprise tablie, elle alimente, elle aussi, le fonctionnement de la gestion dSentrepri se. La difficult reste son approche pluridisciplinaire et des fronti res floues entre conomie, gestion et science de lS ducation, trois champs dSanalyse sSint ressant au milieu des affaires.

Ainsi, les institutionnalistes sont parmi les premiers th oric iens  estimer lSimpact du Sherman Antitrust Act de 1890 ainsi que ses cons quences. A partir de 1890, une juridiction se met en place  lSencontre des arrangements commerciaux, qui restreignent la concurrence : le gouvernement f d ral d pose des dossiers dSentreprises qui lui paraissent peu conformes au Sherman Antitrust Act . CSest alors lS volution de la structure du trust vers la holding . Cette mutation apparat comme une continuit de lSentreprise qui ne change en rien ses fonctions, mais qui modifie sa forme. James Laurence Laughlin souligne que la p riode des trusts purs est celle qui court de 1882  1893 et quSelle est peu dynamique quant aux r organisations et combinaisons. En revanche, entre 1898 et 1903,

P[G] the creation of new organizations on a large scale, under the guidance of promoters, has been unparalleled in the history of finance Q (J.L. Laughlin, 1906, 103).

Face  cette r alit , le domaine de la finance dSentreprise apparat dans pl thore de travaux concernant les probl mes des trusts durant lS re progressiste 156 . En effet, entre

155 Mme si chaque sp cialisation reste  part et ne se mle pas avec les autres (Richard L. Norgaard, 1981, 37). 156 On consid re que lS re progressiste court de 1890 aux ann es 1920. Elle correspond  une p riode de d veloppement dSun mouvement de pens e r formiste. Il sSagit de faire pression pour initier un mouvement de r formes aussi bien politiques quS conomiques ou sociales en r ponse au ph nom ne de r vo lution industrielle qui a pris place dans la soci t am ricaine. Cette p riode voit lSav nement dSun contrle public en mati re de grandes entreprises (ex : chemins de fer), de lSextension de  

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1890-1910, la litt rature 157 porte sur les regroupements dSentreprises, leurs dangers et leurs b n fices (Y. Biondy, 2011 ; B.D. Merino, 1993 ; M. Witzel, 2007). Tous ces d bats sur la E trustification F de la soci t am ricaine aboutissent  la cr ation de la Federal Trade Commission 158 en 1914. LSenjeu de ces changes est de mettre sur la sc ne publique une pr occupation qui affecte lSensemble de la communaut ,  savoir le bon fonctionnement du march avec lSapplication de principes de redistribution et de r partition. Ainsi, il sSagi t de rendre les choses connues, transparentes et de promouvoir un syst me de comptabilit normalis , de transparence dans le contrle, de meilleures anticipations des cots, des profits et des retours sur investissements (y compris pour les actionnaires). Cela tant, pour que toutes ces requtes soient mandat es (H.C. Adams, 1902), il faut attendre 1933 avec le Security Act (M. Stein, V. Radcliffe et C. Spence 2012).

Ainsi,  partir du 1900 la diffusion de la holding admet une certaine dispersion de la propri t . A partir de cet v nement, de nouveaux actionnaires dits E de d tail F vont inonder le march et modifier la vision traditionnelle que lSon a de la logique du financement actionnarial. Cette dispersion de la propri t est aussi provoqu e par la pr emi re guerre mondiale qui induit lSapparition des liberty bonds pour financer lSeffort de guerre. Cette dilution de lSactionnariat sSaccentue puisque ces restructurations laissent place  une myriade dSactionnaires, face au contrle dSune minorit de quel ques grands capitalistes. Les am ricains sont ainsi encourag s  mettre leur pargne disponible sur le march pour acqu rir des titres. Le nombre de d tenteurs de titres passe alors de 3% des m nages am ricains avant 1914  25% en 1929 selon Julia C.Ott (2009, 45). Les ann es 1920 sont une rupture vis--vis des crits de la p riode pr c dente, notamment avec lSapparition dSun ge dSor des consolidations  travers la holding company . Par ailleurs, les ann es 1920 voient sSexacerber les th matiques li es aux besoins de lSinterventionnisme. CSest une phase de rupture avec le laissez -faire face  lSinstabilit du milieu des affaires. 157 F.H. Cook, 1893 ; J.W. Jenks, 1900 ; C.W. Baker, 1889 ; A.F. Howe, 1899, J.B. Clark 1901-4 ; T.B. Veblen 1904 ; C.J. Bullock 1901 ; E.S. Meade 1903 etc. 158 Elle succ de  lSIndustrial Commission (1898-1902) et au Bureau of Corporations (1903-1914).  

C.:]1 `V  C P:` 1V II ressources capitalistiques pour assurer expansion et croissance des entreprises. Elles font tat dSune recrudescence des managers financiers, professionnels, mais aussi de la manifestation du besoin dSun certain quilibre entre principes de ges tion technique, rigueur comptable et responsabilit s (Morgan Witzel, 2012).

Une premi re section (1) est consacr e  lS tude dSune litt rature primaire cons quente, qui montre comment la finance dSentreprise se constitue au tournant du si cle, en tant que r el Presearch agenda Q pour les conomistes am ricains. Cela nSest pas suffisamment soulign alors que cette litt rature mergente (1890-1920) et ses d bats ont marqu la discipline. Le premier ouvrage d di  la finance dSentreprise apparat avec Thomas Greene en 1897, et la pr minence de ces probl matiques prenant place en pratique, les manuels se multiplient au d but du 20 e si cle. La d cennie 1910 est particuli rement importante aux tats- Unis pour notre propos sur la finance dSentreprise, autant en termes dSenseignement, quSautour des discussions qui sSy adjoignent, mais galement concernant Veblen et la reconnaissance du premier institutionnalisme. Grce  son livre de 1904, Veblen figure parmi les premiers contributeurs de la finance dSentreprise. The Theory of Business Enterprise , ouvrage central r dig en mme temps que The Theory of the Leisure Class : An Economic Study in the Evolution of Institution concoure parmi dSautres manuels qui visent  d velopper et diffuser ce champ conomique. Nous allons nous attarder sur le lien que Veblen a entretenu, plus ou moins explicitement, avec quelques- uns de ses contemporains tels R.T. Ely, A.A. Young, W.Z. Ripley, A.S. Dewing (V. Carlson, 1968 ; R.L. Norgaard, 1981). Dans ce contexte riche, nous consid rons un tat de la litt rature des textbooks jusquSen 1929.

Dans une seconde section (2) nous nous attacherons  pr senter une lecture compar e de Thorstein Bunde Veblen, Edward Sherwood Mead et Walter Hastings Lyon. En effet, bien que souvent consid r s comme des auteurs descriptifs, ils nous apparaissent centraux pour lS mergence de la finance dSentreprise. La litt rature secondaire sur ces th matiques

 

C.:]1 `V  C P:` 1V II sSattache davantage au contenu des ann es 1920 et post-crise de 1929 avec des analyses qui mettent en exergue lSapport dSauteurs comme W. Ripley, I. Fisher, A. Berle et G. Means (Norgaard, 1981 ; Wells, 2010). Qui plus est, cette litt rature ne met pas lSaccent sur lSinfluence institutionnaliste et axe s on propos sur les questions de gouvernance dSentreprise, plus quSautour de m canismes macro conomiques dSanalyse de la firme et de sa th orie de la structure de financement. Dans cette perspective, nous souhaitons souligner la contribution ainsi que la for ce et la pertinence de lSimpulsion E v blenienne F dans cette pens e consacr e  la finance dSentreprise au regard des deux figures majeures de ces changements que consid re Veblen,  savoir E.S. Mead et W.H. Lyon.

1. THORSTEIN VEBLEN ET LA LITTERATURE EMERGENTE DE LA FINANCE DSENTREPRISE

Il sSagit de dresser un panorama des parutions des premiers manuels de finance dSentreprise, qui pullulent  cette poque des suites de sa premi re th orisation,  lSimage des manuels dS conomie g n rale. LSenjeu est alors de mettre au jour la port e de concepts centraux pour la gestion financi re de lSentreprise, dont la compr hension apparat n cessaire. Ces manuels sont le reflet des besoins volutifs des hommes dSaffaires tout comme de ceux des tudiants, par aille urs futurs hommes dSaffaires. Grce  ces volutions et  la multiplication de ses espaces dSenseignement, la finance dSentreprise nS chappe pas  ce que nos auteurs consid raient comme une E Ed mocratisation F de la discipline. Nous cherchons  montrer que les crits de Veblen se fondent dans cette litt rature mergente.

 

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Dans la premi re sous- section (1.a.), nous mettons en vidence dSune part, une publication de 1909 de lSUniversit du Wisconsin et dSautre part, de 1924 de lSUniversit de Chicago. Elles nous permettent de couvrir la temporalit de notre tude, tout en mettant en exergue deux des places centrales pour le d veloppement de la tradition de pens e institutionnaliste. Dans le cadre de mon travail de th se, ce sont deux universit s o jSai consul t des archives. En effet, Veblen a pass les ann es les plus importantes de sa carri re  Chicago. Par ailleurs, Madison a t un ple de d veloppement de travaux institutionnalistes, avec la nomination de R.T. Ely et de A.A. Young comme professeurs  lSUniversit du Wisconsin. Nous constatons que le travail de Veblen nSest pas encore consid r  la fin de la premi re d cennie du si cle. En revanche, il apparat comme ayant une Muvre incontournable pour lSUniversit de Chicago dans les ann es 1920, pour to ut tudiant souhaitant d velopper des notions en business .

a. Une revue de litt rature des premiers manuels

La phase descriptive de lS conomie (1900 -1918) correspond  celle de lSapparition des crits E pr -scientifiques F selon les crit res de la recherche. Les choses voluent tr s rapidement et PNeither possesses any permanent value as a contribution to the solution of the problem of industrial control.Q (M.W. Watkins & A.A. Young, 1927, 306).

Si lSon parcourt A magazine of suggestions and information qui est publi deux fois par mois par le Wisconsin Free Library Commission (Volume Five, 1909, Madison, Wisconsin) on constate quSil fournit, entre autres, une Pshort list Q Pon selecting economic literature Q (1909, 57) :

P[G] the accompanying list of books is to be looked upon, not as an ideal library of economics, but as a list of titles likely to prove helpful in commencing or building up a collection on any of the subjects indicated.Q (Wisconsin Free Library Commission, 1909, 59)



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Ainsi, en 1909 (p.68), concernant lSitem P Corporations Q sont list s, avec quelques commentaires:

- LSIndustrial commission report (publi entre 1900 -1902 et qui comporte 19 volumes) - Moody J. Manual of corporations (annual) & Truth about the trusts (1904) - Ely, R.T. Monopolies and Trusts 1900 Commentaire: POne of the best. Analytical and theoreticalQ - Jenks, J.W. Trust problem , 1900 - Halle, E. von. Trusts or industrial combinations , 1895 Commentaire: POut of date. A foreign viewQ - Ripley, W.Z. Trusts, pools and corporations , 1905 - Clark, J.B. 159 Control of trusts , 1901 & Problem of monopoly , 1904 - Chicago conference on trusts - Lloyd, H.D. Wealth against commonwealth , 1898 - Tarbell, I. History of the Standard Oil , 1904 - Bureau of corporations, Report on the oil industry, 1906 - Montague, G.H. Rise and progress of the Standard Oil Company , 1903 - Hirst, F.W. Monopolies, Trusts and Kartells , 1906 - Macrosty, H.W. Trust movement in British industry , 1907 & Trusts and the state , 1901 - Greene, T.L. Corporation finance , 1901 - Lowhaupt, F. Investment bonds , 1909 - Meade, E.S. Trust Finance , 1903 - Pratt, S.S. Work of Wall Street , 1903 - Emery, H.C. Speculation on the stock and produce exchanges of the United States , 1896. - Nelson, S.A. A.B.C of Wall Street , 1900 - New York State Rep ort of Governor HughesSs committee on speculation in securities and commodities, 1909. (mis en gras par nos soins).

159 Bien que soit un auteur pionnier et central pour lSanalyse de lSentreprise nous avons choisi de ne pas souligner son apport, son positionnement ou son influence. En effet de nombreuses r f rences de la litt rature secondaire consid rent s es travaux sur lSorganisation industrielle. Ses analyses portent  la fois sur lSorganisation des monopoles mais aussi sur les questions de productivit et de th orie de la r partition ; ce pourquoi il est particuli rement connu. Pr cisons cependant quSil a t le professeur de Veblen au Carleton College et quSil a ind niablement parcouru les analyses sur les trusts de lS poque (L.Fiorito, 2012). Pour autant bien quSil ait une E attitude institutionnaliste F il est un auteur n oclassique qui ne rentre pas dans la d limitation de notre tude. En tant que fervent opposant aux n oclassiques, Veblen critique J.B. Clark ainsi que A. Marshall (Douglas Dowd, 1965, 63) pour leur ignorance des pans p cuniaire et financier d velopp s par la business enterprise .



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Au regard de ces conseils de lecture donn s aux tudiants  la fin de la premi re d cennie du 20 e si cle, nous constatons que sous lS tiquette P Enterprise Q, peu dSouvrages sont ax s sur la finance dSentreprise. Et surtout, que les auteurs qui nous int ressent dans leurs interactions avec le milieu institutionnaliste, sont encore  cette poque classifi s sous la banni re P Public Finance Q  savoir H.C. Adams 160 , E.R.A. Seligman, D.R. Dewey, F.W. Taussig, ou P Accounting Q avec W.M. Cole et H.R. Hatfield. La r union des champs sous lS tiquette P Corporate Finance Q ou P Private Finance Q prends du temps. Bien qu e Veblen et W.H. Lyon ne soient pas cit s, T. Greene et E.S. Meade le sont et apparaissent comme deux r f rences centrales.

De la mme fa on, en 1924, lSUniversit de Chicago 161 publie une PReading Lists for Students of Commerce and Business Administration Q qui constitue un programme de recommandations de lecture g n rale,  avoir en dehors de la classe, sur la compr hension des notions de business curriculums ainsi que sur les liens entre cette discipline et dSautres parcours de formation.

PCourse dealing with business administration wherein the student may become acquainted with such matters as the measuring aids of controls, the communicating aids of control, organization politics and methods ; the managerSs relation to production, to labor, to finance, t o technology, to risk- bearing, to the market, to social control etc. Business is, after all, a pecuniary organized scheme of gratifying human wants, and, properly understood, falls little short of being as broad, as inclusive, as life itself in its motives, aspirations, and social obligations G. Training for the task of the business administrator must have breadth and depth comparable with those of the task.Q (Universit de Chicago, 1924, 216)

Ils prennent soin de pr ciser, ce quSoublie la litt rature plus r cente : P(the titles in this list represent books not primarily of a technical character but books which generally introduce their subjects to the reader and show the relationships which these subjects bear to each other. The list has been made

160 H.C. Adams donne une conf rence sur les trusts  Chicago (13-16 septembre 1899) selon J.L. Laughlin (1906, 112). 161 Plus pr cis ment la Graduate School of Business et School of Commerce and Administration. 

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broadly representative in the interests of a comprehensive and liberal notion of what business education means.)Q (Universit de Chicago, 1924, 218)

On y retrouve nos auteurs institutionnalistes et progressistes:

Problems of Finance Arthur Dewing (1920)

Problems of Personnel John Roger Commons (1915, 1918)

Socio-Economic-Institutional life Thorstein Bunde Veblen (1904), H.C. Adams (1918)

Business Law and Government R.T. Ely (1914)

Organization policy and method A.W. Shaw (1916), F.W. Taylor (1911)

Concentration in finance A.S. Dewing (1914), Ely (1922), W.H. Lough (1917), W.C. Mitchell (1903)

Concentration in marketing W.Z. Ripley (1916), Shaw (1915)

Concentration in risk and risk- J.M. Clark (1917), F.H. Knight (1921), Veblen (1923) bearing

Concentration in social T.N. Carver (1915), J.B. Clark (1914), Commons (1916), Ely (1914), E.R.A. environment Seligman (1921), Shaw (1910), H. Sidwick (1883), F.W. Taussig (1905), Veblen (1921)

Concentration in statistics H.L. Moore (1917), W.A. Paton (1922), W.H. Lyon (1916)

(mis en gras pas nos soins)

Enfin, Myron Webster Watkins et Allyn Abbott Young publient, en 1927 Industrial Combinations and Public Policy , un essai qui dresse un tat de la litt rature sur les trusts et les cartels aussi bien aux tats- Unis quSen Europe. Ils rel vent les publications int ressantes parmi Pa considerable number of textbooksQ (Watkins & Young, 1927, 305) en la commentant et en d non ant souvent des solutions trop g n rales par rapport  la pratique et aux besoins des monopoles industriels. Veblen est bri vement cit (Watkins & Young, 1927, 29) concernant son ouvrage The Instinct of Workmanship publi en 1914. La formation et les causes de la premi re phase de la E trustification F de lS c onomie sont constat es de mani re journalistique voir anecdotique pour M.W. Watkins et Young, par



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E.L. Von Halle Trusts (1895), George Gunton, The Trusts and The Public (1899) et G.L Bolen The Plain facts as to the trusts and the tariff (1902). Ils ne commentent pas le positionnement de Veblen. Industrial Combinations and Public Policy recense, entre les pages 305 et 314 un certain nombre dSouvrages importants:

- Ida. M. Tarbell (1904) History of the Standard Oil Company ; - J.W. Jenks (1900) The Trust Problem ; Pperhaps most noteworthy, because of its adherence to concrete facts and its empirical outlooksQ (Watkins & Young, 1927, 305); - L.H. Haney (1913) Business Organization and Combination fait le lien entre la croissance et les volutions des structures dSentreprise, via les combinaisons monopolistiques qui n cessitent le d veloppement dSune E certaine F finance dSentreprise 162 ; - Eliot R. Jones (1921) The Trust Problem in the United States sSadonne  une valuation des travaux principaux du domaine et analyse 6 cas pratiques de combinaisons ; - J.F. Crowell (1915) Trusts and Competition sSint resse  lSaspect l gal de la consolidation suite  lSanti -trust movement ; - E.S. Mead 1903 Trust Finance sSattarde sur les probl mes de sp culation et de valorisation de la capitalisation des combinaisons industrielles. Alors mme que la litt rature sur les trusts soul ve peu la question de la fraude dans les r organisations internes, E.S. Mead comme Veblen se penchent sur ce sujet ;

162 Luca Fiorito, dans Ross B. Emmett Jeff E. Biddle Research in the History of Economic Thought and Methodology: A Research Annual, Volume 30, crit: PHaney (1914, 5) referred to VeblenSs Theory of Business Enterprise (1904). It should be noted that in spite of the unambiguous Veblenian spirit of many passages of the general discussions on the holding company, the relevant works of Veblen were rarely referred to.Q (L. Fiorito, 2012, 50) 

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- R.T. Ely (1900) Monopolies and Trusts revient sur les diff rentes phases du monopole et les probl mes induits 163 . Watkins et Young consid rent cette tude sur la croissance des monopoles industriels comme tr s pouss e en termes dSapplication de politique conomique et sociale ; - J.B. Clark (1900) The distribution of Wealth cherche  tablir un lien entre prix de monopoles et question de distribution ; ainsi que (1901) The Control of Trusts livre une analyse fine des tendances de lSactivit des trusts , de leur responsabilit juridique ainsi que des risques quSils g rent ; - E.D. Durand (1915) The Trust Problem;

- et enfin A. Marshall (1920) Principles of Economics dont les chapitres 8, 9, 12, 13, et 14 164 du livre V ne peuvent  priori pas tre n glig s par les tudiants qui sSint ressent aux trusts et monopoles  lS poque notamment sur les probl matiques

des cots de monopole et des implications de leur exploitation.

Le premier manuel de P Corporation Finance Q, dSailleurs pr sent dans la liste, est celui de Thomas Greene en 1897, sous-titr a study of the principles and methods of the management of the finances of corporations in the United States; with special reference to the valuation of corporation securities . Il sSattache particuli rement au traitement du financement des chemins de fer. Pour aut ant, Veblen ne sSattarde pas dessus, il ne fait que le mentionner (Veblen, 1904 [1996], 125) pour son travail au sein du Report of the Industrial Commission (1901).

En effet, le 18 juin 1898 la Commission Industrielle se constitue, elle d signe ses membres et d terminent ses assignations (United States, National Resources Committee,

163 R.T. Ely & Co, comme Veblen, se penchent sur la question de la primaut des b n fices et de la maximisation de la valeur fut ure du profit de lSentreprise (R.T. Ely & al, 1893, 1918, 219 ; Veblen, Chapitre V et VI). 164 Chapter VIII. Marginal costs in relation to values. General principles. ; Chapter IX. Marginal costs in relation to values. General principles continued. ; Chapter XII. Equilibrium of normal demand and supply, continued, with reference to the law of increasing return. ; Chapter XIII. Theory of changes of normal demand and supply, in relation to the doctrine of maximal satisfaction. ; Chapter XIV. The theory of monopoles. 

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Novembre 1938, 133). En 1902, lSIndustrial Commission publie son rapport final et donn e lieu  dSimposantes publications : 19 volumes 165 qui concentrent lSensemble des investigations de deux ann es dS tudes de cas sur les fusions des entreprises et leur mode de financement. En effet,  un moment o lS conomie am ricaine agraire devient indust rielle, il faut contrler lSindustrie qui se d veloppe et se concentre rapidement d s la fin de la guerre civile. Elle a d s lors pour mission, sous la pr sidence de James H. Kyle, puis dSAlbert Clarke, dSexaminer la forme et les fonctions de la nouvelle c onduite des affaires et de lSorganisation industrielle.

Bien que Veblen nSait pas particip aux travaux de la Commission il est tr s au fait du contenu des analyses des rapports. Ainsi, Veblen fait r f rence,  de nombreuses reprises,  cette tude centrale fiable et compl te. Cela lui permet, d s 1904, de livrer son analyse qui dresse une opposition entre industrie et finance, et de la poursuivre au moment des lois anti- trusts . En effet, il sSint resse  la conduite des hommes dSaffaires et leurs m thodes, grce aux nombreux t moignages, exemples et cas pratiques que le rapport de la Commission met  disposition. CSest par exemple sur le rapport pr liminaire de 1901 (1149-50) que Veblen se base pour pr senter la pratique des preferred et common shares ainsi que la pr disposition du march  entretenir la sp culation. Ainsi, comme le souligne David Hamilton:

PThe major revelation of the Industrial Commission: the capital value of any corporation had little or no relation to the pecuniary value of the physical properties the capitalized value had always supposedly representedQ (D. Hamilton, 1998, 8).

165 Contenu des rapports : 1. Trusts and Industrial Combinations, 1900 ; 2.Trust and Corporation Laws, 1900 ; 3. Prison Labor, 1900 ; 4. Transportation, 1900 ; 5. Labor Legislation, 1900 ; 6. Distribution of Farm Products, 1900 ; 7. Capital and Labor Employed in Manufactures and General Business, 1901; 8. Chicago Labor Dispute, 1901; 9. Transportation (second volume), 1901; 10. Agriculture and Agricultural Labor, 1901; 11. Agriculture and Taxation, 1901; 12. Capital and Labor in Mining Industry, 1901; 13. Trusts and Industrial Combinations (second volume), 1901; 14. Capital and Labor Employed in Manufactures and General Business (second volume), 1901; 15. and Education, 1901; 16. Foreign Labor, 1901; 17. Labor Organizations, Labor Disputes and Arbitration, Railway Labor, 1901; 18. Industrial Combinations in Europe, 1902; 19. Final Report, 1902. 

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CSest ef fectivement la th se que d fend Veblen dans ses crits. Cela tant dit, bien que Veblen se soit largement appuy sur ces rapports, il ne les a pas attendus pour observer le fonctionnement du march financier et commenter la place et le rle des businessmen dans les fluctuations r elles et financi res.

Quoi quSil en soit, il est ais de consid rer que les conclusions de ces rapports ne sont ni neutres, ni innocentes tant elles permettaient dSalimenter le discours E v blenien F mais aussi celui de Commons 166 (D. Hamilton, 1998, 10). Et comme le souligne la derni re phrase de lSarticle dSHamilton :

PAlthough the Industrial Commission had an impact at the opening of the nineteenth century on the development of what became Pinstitutional economicsQ, that impact i s most evident in Veblen, but most certainly is not absent in Commons. No one could say the Industrial Commission was the origin of institutional economics, but it most certainly did play a significant role.Q (D. Hamilton, 1998, 13)

Veblen est lSun des pionniers, en 1904,  th oriser lSenjeu de la business enterprise 167 dans The Theory of Business Enterprise . Les nouvelles formes dSorganisation de lSentreprise sont favorables  lS mergence dSune nouvelle discipline scientifique. En effet, il y a chez Veblen des signes vidents de la compr hension des bases de la finance dSentreprise. Il aborde des questions essentielles mais va au-del, apportant des explications originales. John Hobson le per oit et lui crit le 7 mars 1904 concernant The Theory of Business Enterprise :

PWhen will your book on business be out? I am trying to put together an elementary textbook of economics (general) and shall expect to get some definite assistance from your book.Q (J. Hobson  Veblen, 7 mars 1904, JDP, Boxes 61-64)

166 PCommonSs contributions to policymaking began with research on immigration and labor for the U.S. Industrial Commission (1898- 1902).Q (A.R.L. Cayton & R. Sisson & C. Zacher, 2006, 1271) Commons en crit dSailleurs le rapport final pour le gouvernement en 1903. 167 Notons que les textbooks dS conomie g n rale traitent tout de mme, dans quelques chapitres, de notions de corporate finance . 

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Concernant lSimpact de ses crits, on constate que lS diteur de Veblen, Charles ScribnerSs Sons, ne vend du vivant de lS conomiste que 4000 exemplaires de The Theory of Business Enterprise (Columbia Archives). Pour autant, lSouvrage a t r dit  plusieurs reprises jusquS aujourdSh ui. En effet, la th orie moderne apparat, pour partie, comme une digne h riti re des intuitions E v bleniennes F du d but du si cle :

PWhile an accepted #general# theory of management still does not exist, a number of attempts at such an accomplishment have been made, e.g., Veblen's The Theory of Business Enterprise [1904] and March and Simon's Organizations [1958].Q (A.G. Bedeian, 1986, 27)

De plus, au regard des r actions, consid rations des travaux de Veblen et documents trouv s dans les archives, on a pu constater le vif int rt pour Veblen, aussi bien dans des t moignages dS tudiant s, que de doyens dSuniversit . Mme si la port e des propos de Veblen est rest e limit e, ses contemporains ont poursuivi ses intuitions en termes dSanalyse de la structure financi re et de la fonction entrepreneuriale. O n peut ainsi constater quSen r alit , ses ouvrages ont t utilis s comme des manuels de cours par les tudiants. Pourtant le format dS criture con u par Veblen, ne se constitue pas comme tel  savoir avec des chapitres et des questions appliqu es  la fin. Pourtant, le 15 mars 1935 Clarence Darow crit  J. Dorfman PThis year we have using The Theory of Business Enterprise in the second half of the elementary course, and with considerable effect I thinkQ (JDP, Box 1). De mme, le 5 mai 1936 Gustavus Tuckerman informe W.C. Mitchell quSil a utilis The instinct of Workmanship et Absentee Ownership comme manuels pour ses enseignements dans le Bronx au cours de ces derni res ann es 168 . Herbert Fleming, un autre tudiant fait part  J. Dorfman:

PIn graduate study of economi cs I did sit under Professor Veblen in a course on trust finance. His lectures were very stimulating, particularly in elucidation of his philosophy in regard to these combinations.Q (3 octobre 1932, JDP, Boxes 61-64)

168 Cela est dSautant plus tonnant quSil soit virulent  lS gard de Veblen, notamment dans la revue critique PShould one read Veblen ? Q (f vrier 1936) PVeblenSs tragedy is (in part) that his intellectual system lacks a program and a strategyQ . 

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De la mme fa on, James Kemper crit  J. Dorfman :

PProfessor Veblen taught several courses in the school of commerce at Missouri University while I was a student there and I think I can safely say his courses were the most interesting ones I took at college.Q (JDP, Boxes 61-64, non dat ).

Nous constatons que peu dSouvrages r f rencent les travaux de Veblen sur les mutations dont il est contemporain ; alors mme quSil les d crit en sSins rant dans la litt rature mergente de la finance dSentreprise, et en la maitrisant. Pourtant, dans la tro isi me dition (1919) dS Outlines of Economics (1893), R.T Ely, T.S. Adams, M.O. Lorenz et A.A. Young mentionnent Veblen et The Theory of Business Enterprise (1904) . Ce qui est dSautant plus int ressant que ce manuel dS conomie g n rale, cette fois, tait tr s largement diffus et utilis aux tats-Unis (Rutherford, 2011, 188). En effet, alors que Young ne fait pas encore partie des co-auteurs, il adresse un courrier  Ely le 21 octobre 1902 :

PBullock and Dixon and Person N not to mention others N have all expressed the opinion that the book [Outlines of Economics] is sufficiently clear and simple for high school use.Q PYour outlines, BullockSs book, HadleySs, Walke rSs, TaylorSs, BlackmarSs and the coming books of Fetter and Seager, will leave little chance for a financial success for our venture. On the other hand, I believe that the Pbest high school text yet writtenQ can count upon a very large sale, with excellent results for publisher and authors. And now as to the question of the use of our book in my classes here at Dartmouth. If it is your intention to use the book in Wisconsin, I shall be glad to try the book with my classes, since I have no doubt that I can use it with good resultsQ. (RTEP, Box 22)

Cela est corrobor par R.T. Ely dans une lettre quSil envoie  A.A. Young en date du 26 janvier 1907 :

PThey [Macmillan Company] are evidently planning to make our book their main book in economics and are expecting to push it vigorously. No other book is used so widely and brings oneSs institution so constantly before the



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university public as a treatise on the principles of economics 169 .Q (Ely  Young, 26 janvier 1907 ; RTEP, Box 35, Folder 4)

Ce que confirment galement Watkins et Young en 1927 qui recensent les publications sur les concentrations dSentreprises :

PThe contributions of American economists in this difficult field of economic analysis have not been especially conspicuous. For a cautious but very elementary treatment of the problem of monopoly value, the student will find helpful the exposition of the authors of Outlines of Economics , R. T. Ely and associates (New York, revised edition, 1920).Q (Watkins et Young, 1927)

Le point de d part de ce manuel est sans conteste lSint rt tr s pr coce dSEly pour le commercial education mais aussi pour les discussions sur la situation de monopole et ses prix, suite  la publication des travaux dSAlfred Marshall dans les ann es 1890 (H. Hovenkamp, 1991). Le 3 septembre 1900 dans une correspondance avec A.D. Lindsay, Ely sSinterroge sur la fa on de diffuser davantage le savoir universitaire:

PThe question now is, how shall we make a session on commercial education as strong as possible . We will have a general paper by Professor Taussig. Do you know a good person to present the business manSs point of view? Have you any suggestions about the persons to take part in the discussion? As we must have the discussion on commercial education, this will leave us no room for a discussion of railway labor.Q (Ely  Lindsay, 3 septembre 1900, RTEP, Box 16, Folder 10)

Les auteurs du handbook paraissent fid les aux id es de Veblen en utilisant une terminologie proche: business organization, goodwill , manager and shareholders motivations ainsi que concernant les caract ristiques et lSutilisation des instruments financiers 170 . Allyn Abbott Young devient contributeur de la troisi me dition du manuel, celle de 1919. Young et Veblen se connaissent et se res pectent. Ainsi, cSest lSarriv e de Young en

169 Suite G PHave you seen SparlingSs new book? I think it does him credit. He hopes to have out another book on types of business organization by next fall, and he is also working on a book on the elementary principals, hoping that it will be a general introduction book for political science corresponding to our Outlines. I really believe that it would be pretty hard for you to find a better man in his line.Q (26 janvier 1907 dSEly  Young) 170 Particuli rement dans le Chapitre IV PThe Evolution of Economic SocietyQ et XXV PProfitsQ. 

C.:]1 `V  C P:` 1V II co- criture du manuel qui am ne Ely & Co  souligner la contribution de Veblen  la finance dSentreprise (notamment dans les chapitres sur P The Evolution of Economic Society Q, PElementary Concepts Q, P Production Q P Value and priceQ ou encore P Profits Q).

CSest pr cis ment  cette mme p riode que lSouvrage Outlines of Economics se destine  une utilisation dans les business schools de mani re encore plus exacerb e durant les ann es 1920. Cela nSest pas anodin. Le 21 janvier 1915, Young adresse  Ely un courrier dans lequel sa pr occupation principale concerne les pr visions de ventes de leur manuel:

PThe book is planned as a one year course and we have in the Wharton school alone 400 men who would use it the first year. After that our students would buy second hand copies from each other and the demand would probably fall to 150 to 200 copies yearly.Q (Young to Ely, 1915, RTEP, Box 50)

Comme nous lSavons d j dit, il sSav re que Young a compt pour la carri re et la reconnaissance de Veblen. De son ct , bien que Young soit un conomiste difficilement classable, il nSen reste pas moins quSil a marqu le milieu acad mique et quSil a t un des auteurs les plus respect s de son poque, notamment  Harvard 171 (voir R.J. Sandiland, 1999). Il tait lSun des fervents supports de Veblen (C.P. Blitch, 1995) pour lSobtention dSun poste de professeur: PAllyn Young called Veblen Pthe most gifted man whom I have ever knownQ (Skousen, 2009, 252).

LS tude dS Outlines of Economics est dSailleurs particuli rement int ressante au regard des discussions que ses quatre co-auteurs ont eu dans leurs correspondances (archives Columbia et Madison). Dans une lettre que Young crit  Ely le 7 mars 1927 (RTEP, Box 102, Folder 3), on per oit que les deux chapitres qui leur ont pos s le plus de difficult s dans cet ouvrage sont au cMur des d bats  savoir celui sur P Monopoly Q172 et celui sur

171 En effet, il est Pthe most promising of the younger economists in the United StatesQ pour Adams (dans une lettre adress e  R.T. Ely du 15 mars 1902; RTEP, Box 21, Folder 3). De mme, PI shall be surprised if Young does not become one of the leading econ omists of the countryQ crit Ely  Birge (lettre du 7 mars 1907; RTEP, Box 35). 172 A ce propos, Young sugg re de d velopper davantage la partie sur la comp tition d loyale et sur la Federal Trade Commission (fond e en 1914), en int grant la th orisation de lS conomie du bien -tre dSArthur Cecil Pigou. 

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PBusiness Organization Q173 , aussi bien dans leur contenu que concernant leur place dans le manuel. De nombreuses r critures ont visiblement t n cessaires Pin such a way as to get rid of a lot of dead wood, and to introduce a lot of new material Q. Cela corrobore lSid e que les volutions sur ces deux th mes dSanalyse sont au cMur des changements et des pr occupations des th oriciens 174 durant les ann es 1920. Ils font preuve dSune r elle volont de clarification autant que faire se peut des volutions r centes, des crits th oriques et pratiques pour les tudiants, sans d connecter les deux aspects (lettre dSAdams  Ely, Young et Lorenz, 4 aot 1928 ; RTEP, Box 109, Folder 1).

b. Veblen et les auteurs de ces premiers manuels

Dans nos pr c dents travaux sur le goodwill , la Q- th orie de lSinvestissement et lSanalyse insider/outsider (Chapitres 1 et 2), nous montrons la fa on et le rythme auxquels Veblen (1904-1923) a contribu analytiquement  la th orisation de la finance dSentreprise. En effet, il sS est particuli rement int ress aux pr occupations de valorisation de lSentreprise, de capitalisation ainsi quS la structure actionnariale. Aussi, corr lativement, Veblen aborde la propri t absente (lS absentee ownership ) et la question du contrle de lSentreprise en termes dSorganisation et de structuration. CSest pourquoi, il est pertinent dSancrer Veblen dans la litt rature des premiers manuels de finance dSentreprise qui fleurissent  lS poque. DSautant que son biographe, Joseph Dorfman, publie en 1934 Thorstein Veblen and his America , omettant cet aspect 175 .

Pour se faire, nous constatons que Veblen cite de nombreux ouvrages tourn s vers la compr hension de lSentreprise et de sa structure financi re. En effet, entre 1904 et 1923

173 DSailleurs, concernant ce chapitre central, T.S. Adams explique quSil aimerait en r cup rer la r daction (RTEP). 174 Ely  Young le 24 mars 1915 : PHave you noticed the book Prevention and Control of Monopolies by W. Jethro Brown? If I recall correctly he refers to this classification in such a way as to indicate that he attaches importance to it. He also refers frequently to my treatment of monopolies. He appears to be a jurist of some note who is connected wit h one of the universities in Australia.Q (RTEP, Box 50) 175 Except une allusion (1934 [1961], 89-90) sur la haute finance et la corruption. 

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Veblen clarifie des l me nts th oriques quSil pr sente, en tudiant et citant les travaux dS conomistes importants dSune litt rature mergente en 1903 et prolixe en 1919. Il fait alors r f rence aux ouvrages : Trust Finance ( sous titr financial problems and policies of industrial combination) dSEdward S. Mead (1903), mais galement Trust, Pools and Corporations de William Z. Ripley (1905) , Corporation Finance et Capitalization a Book on Corporate Finance, de W. Hastings Lyon (1912), ou encore The Financial Policy of Corporation dSArthur S. Dewing (1919). Ces ouvrages 176 vont dominer le champ de 1903  la fin de la d cennie 1910. Il sSagit ici de souligner et approfondir les liens analytiques entre Veblen et ces auteurs.

i. William Zebina Ripley

Dans un premier temps, William Ze bina Ripley permet  Veblen dSintroduire des l ments sur lS volution des villes industrielles (Veblen, 1923 [1997], 122, 125) ainsi quSune description du mouvement des entreprises au 19 e si cle, avec notamment des t moignages de participation  lSUS Indus trial Commission (Veblen, 1923 [1997], 336) 177 . Une litt rature relativement importante dresse un consensus entre les travaux de Veblen et ceux de Ripley comme tant tous deux des pr curseurs des id es propos es par Berle et Means quant  la question de la s paration des fonctions entrepreneuriales (Herbert Hovenkamp, 1991 ; K. Lipartito et Y. Morii, 2010, 1029, 1033, 1045-7, 1055). En

2010, lSarticle PThe Birth of Corporate Governance Q, publi par Harwell Wells est particuli rement int ressant car il tire au clair les pr conceptions concernant la th orie moderne de lSentreprise. Il y met en lumi re un trio pionnier de la gouvernance dSentreprise : William Ripley, Thorstein Veblen et Louis Brand is. Parmi les historiens de la discipline et les acad miques, lSid e selon laquelle A. Berle et G. Means en sont les

176 Mais aussi ceux de Charles Gerstenberg 1915 Materials in Corporation Finance et 1924 Financial Organization and Management of Business (R.L. Norgaard, 1981 ; M. Witzel, 2012). 177 Par ailleurs, Veblen reprend la th orie des trois instincts de E races europ ennes F de W.Z. Ripley (1899). Veblen utilise notamment cela pour classifier le capitaliste dans la case des Parchai c, predatory race instinctQ (Thomas C. Leonard, 2016, 71). 

C.:]1 `V  C P:` 1V II p res fondateurs est cependant tr s r pandue. Or, Wells d nonce cette id e et met en exergue toute une litt rature qui pr c de Berle et Means ; d veloppant d j ces mmes intuitions.

W.Z. Ripley, conomiste historien effectue lSensemble de sa carri re  la Harvard Business School. Il publie en 1914 Trusts, Pools and Corporations et il est particuli rement connu pour lSouvrage Main Street and Wall Street publi en 1927 178 , et dans lequel il d peint la corporate governance du d but du si cle avec la description de ses pratiques frauduleuses. Valdemar Carlson consid re dSailleurs,

PIt was a book severely critical of corporate practices, including the public utility holding company device which allowed a few insiders to exercise enormous power on a very narrow investment base. Main Street Wall Street had a public impact comparable to a book that appeared some thirty years later, The Affluent Society , also written by a Harvard professor, John Kenneth Galbraith. RipleySs hope expressed in the preface that the book would Pbring forth fruit in due seasonQ was fully realized. Among these fruits was the investigation by a lawyer and by an economist into the contemporary control of American corporations.Q (V. Carlson, 1968, 103)

En cela, il y a une pierre angulaire dSanalyse commune avec Veblen. Pour autant, Ripley revient plus tardivement sur ces questions avec son analyse de 1927 mme sSil a d j d crit le ph nom ne de d l gation du management avant la premi re guerre mondiale. Il per oit le d veloppement de la E propri t indirecte F d s les ann es 1880 et consid re quSelle est une p riode de prosp rit "with large profit to the managers " (Ripley, 1905, 1916, xi-xv) qui imposent leur domination. Mais il est galement conscient de la diss mination de la propri t du fait de la pratique boursi re quSimpose le d but du 20 e si cle. Dans les ann es 1920, il figure comme lSun des meilleurs conomistes de son poque.

En 1968, Valdemar Carlson publie un review " The Education of an Economist before the Great Depression : HarvardSs Economics Department in the 1920Ss #, d partement quSil connat bien car il y a effectu sa formation universitaire. Il fait part des conomistes qui ont

178 Mais cela d passe la p riodicit durant laquelle Veblen crit. 

C.:]1 `V  C P:` 1V II id ologiquement marqu cette p riode. Parmi eux, Carlson indique avoir suivi les cours et lus les ouvrages de F.W. Taussig, C. Bullock, T.N. Carver, W.Z. Ripley, E.F. Gay ou encore A.A. Young et il pr sente lSimportance  ses yeux de chacun dSentre eux. Ces derniers - aussi membres de lSAmerican Economic Association - ont ainsi impuls selon lui une E r volution F durant la d cennie 1920. DSautres fr quentent ce milieu intellectuel, cSest le cas dSEdward H. Chamberlin qui r dige sa th se # The theory of Monopolistic Competition " (1927) dans cet environnement.

Robert Hessen (1983, 279) sSint resse aux crits antagonistes de T.N. Carver (1925) et W.Z. Ripley (1927) concernant lS volution de la propri t et sa dispersion en soulignant que ces ouvrages se vendent bien sans pour autant donner lieu  des mois dans les sph res des conomistes et des l gislateurs. Dans son P personal note Q, Ripley souligne avoir pleinement connaissance des crits de cette poque, car il consid re la diffusion des crits de W. Lippman ou encore de Veblen quSil regarde comme "perhaps too promiscuously accusative Q (Ripley, 1927, vi 179 ) de la soci t du r gne de la finance. Ainsi, la diffusion de la finance dSentreprise conf r e par les institutionnalistes ou les auteurs dans leur sillon, peinent  p n trer le milieu acad mique. En revanche, pour sortir de la probl matique uniquement financi re, parmi les institutionnalistes, on trouve galement Henry S. Dennison 180 qui lie le d veloppement intellectuel de lSancien institutionnalisme au management scientifique  la Taylor. Il reprend  la fois les concepts dS absentee ownership et se rapproche alors de la pens e E v blenienne F et de la d marche rationnelle de gestion des ressources humaines.

Vingt-deux ans avant Main Street, Wall Street , Ripley publie Trust, Pools and Corporations (1905). Cet o uvrage est une contribution importante permettant dSexpliquer  la populat ion les mauvaises pratiques des affaires, au d triment de lSint rt public 181 . Cet int rt public  d fendre est, pour lui, le droit des petites entreprises  un b n fice

179 Ripley se r f re  Veblen dSailleurs PVeblenSs Absentee Ownership and Business Enterprise, most stimulating, but perhaps too prom iscuously accusativeQ (1927, vi) compar s aux crits de Brand is. 180 A ce propos, voir la th se de Kyle Donovan Bruce, Activist management: the institutional economics of Henry S. Dennison (1999). 181 Ses actions restant pour autant conservatives selon la Federal Trade Commission (H. Brick, 2006) 

C.:]1 `V  C P:` 1V II juste 182 . La volont de Veblen est similaire, bien que moins explicite puisquSil sSint re sse  ceux qui ont le pouvoir dans le but de perturber lSorganigramme en place. Veblen ne prne pas un retour  la petite entreprise, ni au propri taire-manager comme peut le faire Ripley.

Par ailleurs, en 1905, comme une r ponse  Veblen (1904)  qui il reproche son pessimisme financier, Ripley per oit et rend compte des deux phases du d veloppement des monopoles du tournant du si cle. Il met lSaccent sur la d cennie 1880S comme premi re tape d terminante pour la constitution des soci t s par actions modernes, puis distingue la p riode 1897-1904, avec un point culminant pour le d veloppement des monopoles, en 1902. Veblen parle de business coalition , puis il d finit rapidement le trust :

PIt is notorious, beyond the need of specific citation, that the great business coalitions and industrial combinations which have characterized the situation of the last few years have commonly been the outcome of a long(drawn struggle, in which the industrial ends, as contrasted with business ends, have not been seriously considered, and in which great shrewdness and tenacity have commonly been shown in the stavingQ (Veblen, 1904 [ 1996], 38)

PWhere combination is possible competition is impossible. What is required is a business coalition on such a scale as to regulate the output and eliminate competitive sales and competitive investment within a field large enough to make up a self(balanced, passably independent industrial system, ( such a coalition of business enterprises as is loosely called a PtrustQ.Q (Veblen, Ibid, 241-2)

Ripley, lui, sSattarde davantage sur la notion de trust comme tant:

PAn organization managed by a board of trustees to which all the capital stock of the constituent companies is irrevocably assigned; in other words, the original shareholders accept the trustees' certificates in lieu of former evidences of ownership.Q (W.Z. Ripley, 1905 [1919], xvi-xvii).

182 Selon V. Carlson (1968, 104) son argumentaire a permis dSacc l rer le passage de cette question aupr s de la Securities and Exchange Commission . 

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Par ailleurs, Ripley est un expert du domaine des chemins de fer ainsi quSun participant actif  la politique ferroviaire, notamment durant les ann es 1910. Pour autant, les changements rapides en finance dSentreprise lSam nent  se tourner plus sp cifiquement vers ce champ durant la d cennie suivante et  en faire un d bat public.

Concernant la question de la composition des titres de lSentreprise, Ripley se positionne comme critique de ces actions sans droits de vote quSil consid re comme nocives pour le syst me "as tantamount to a blank check for corporate officers." (Howard Brick, 2006). Il reprend la critique de Veblen quand il distingue pr cisement les preferred des common shares dans son ouvrage de 1904 ([1996], 146) 183 . CSest pourquoi il d nonce particuli rement les common shares sans droits de vote, instrument "moribund" (W.Z. Ripley, 1927, 128), loign du capital tangible pourtant "a vital matter" (Ripley, 1927, 46), un r el danger dSun pouvoir total dans les mains des managers de lSentreprise et la fin de la responsabilit du propri taire 184 (W.Z. Ripley, 1927, 46, 86, 87, 103, 121, 122 128-130). Veblen pose le probl me des preferred non voting stock mais pas celui des common non voting stock .

Finalement on peut consid rer que Ripley avait cette conviction et cette force politique et institutionnelle qui manquaient et chappaien t dans lSapplication pratique  Veblen, malgr des intuitions fortement identiques. Ripley a amen les sujets de corporate finance et corporate governance  lSagenda politique des d bats. Par ailleurs il semble partager des pr dictions communes :

- La disp ersion de lSactionnariat est un probl me plus cons quent que la s paration entre gestion et propri t des parts de lSentreprise - Il faut promouvoir le r el besoin de r gulation du d but du si cle

183 Veblen (1904) r f rence galement sur le trust : R.T. Ely (1900), H.W. Macrosty (1901), E.S. Mead (1903) et E. Jenks (1903). 184 Voir H. Wells (2010), sur ce point entre Ripley et Veblen, mais galement Louis Brand is. 

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Ripley apparat souligner plusieurs l ments de r ponse aux difficult s pos es par lS volution du march et des entreprises. Ces solutions sont cumulatives. Il souligne ainsi le besoin dSun contrle absolu des interm diaires bancaires, dSun recours  la publicit , dSun constat concernant la fin des grandes innovati ons et mutations de march s durant les ann es 1920 185 . Il voque galement lSapparition dSune nouvelle classe de capital ne d limitant plus les obligations, preferred et commons mais le capital avec droit de vote et le capital sans droit de vote. Enfin, il n otifie la volont dSune standardisation comptable avec la Federal Trade Commission .

Ripley fait du shareholder une figure centrale du d bat alors mme quSil lSest d j depuis 1900 chez Veblen. De plus, il a beaucoup dSaura, disposant de tribunes dans les grands magazines les plus lus de lS poque (1925) comme le New York Times. En tout cela, et malgr quelques divergences de parcours, Veblen et Ripley ont t consid r s comme des pr curseurs de Berle et Means.

ii. Arthur Stone Dewing

Arthur Stone Dewing est une des quatre r f rences que Veblen cite  de nombreuses reprises (Veblen, 1923 [1997], 85, 89, 336, 339, 388 186 ). Dewing publie notamment Corporate Promotions and Reorganisations en 1904, The Financial Policy of Corporations en 1919 et Corporation Finance en 1922. En effet, Veblen introduit Dewing pour d crire la grande entreprise, la concurrence et ses innovations versus le monopole, ou encore sa position dominante ayant comme implication la stagnation conomique.

185 Le traitement des common stocks subit un changement majeur dans les ann es 1920 qui devient un instrument de couverture partielle face  la baisse du pouvoir dSachat du dollar ; voir Paul L. Morrison, 1949, 157-158, 161. E.S. Mead (1903, chap. XVI), T.B. Veblen (1904 [1996], 138) et W.H. Lyon (1916, 88) abordent galement ce point. 186 Notons galement que des auteurs comme W.C. Mitchell (1923, 92, 179), B.J. Hendrick (1923, 82, 257) ou Gerstenberg (1923, 336) sont galement voqu s. Ce dernier apparat comme un professeur influent de lSuniversit de New York et comme un auteur dSouvrages longs et importants comme Materials in Corporation Finance (1915) et Financial Organization and Management Business (1924). 

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Tout dSabord, dans son ouvrage de 1904 , Dewing livre plusieurs tudes de cas sur les business enterprise ainsi que sur la place des monopoles naturels, segment de march sur lequel la mise en concurrence viendrait d truire ce march .

Le second livre, The Financial Policy of Corporations (1919 ) sSint resse plus particuli rement  lS volution institutionnelle des larges entit s l gales, leur m thode pour lever des fonds via lS mission de titres ainsi que la diversit de ces titres. Comme Dewing (1919 [1920], 4) le souligne, lSaccroissement de la taille des entreprises et leur multiplication au d but du 20 e si cle annoncent deux probl mes majeurs : le financement de cette activit en croissance et leur organisation. Il parle de " predatory barbarism " (Dewing, 1919, 4) comme une des motivations centrales de lSextension des affaires, donc des r alit s plus psychologiques quS conomiques, tout comme Veblen parlait de "predatory scheme " (Veblen, 1904 [1996 ], 393). Dans les derniers chapitres de lSouvrage, A.S. Dewing sSint resse aux monopoles et trusts ainsi quS la fa on dSobtenir du capital suppl mentaire pour investir, la r partition plus juste des " surplus earnings " en limitant le dividende des actions ordinaires, pour r investir dans de lS quipement ma t riel ou du capital humain (Dewing, 1919 [1920], 571). Il soul ve aussi les notions de E profits secrets F, de manipulations des comptes par les initi s ou encore de division de la responsabilit individuelle avec la conversion de titres avec droits et responsabilit s vers de simples titres de propri t (Dewing, 1919 [1920], 33-69 & 69-109) 187 . La valeur de lSentreprise repose sur la qute de performance et donc passe par les mains des gestionnaires de lSentreprise.

187 De plus, Dewing souligne que la litt rature sur le sujet se densifie durant les ann es suivantes avec la publication de L.H. Haney de Business Organization and Combination (1914) puis de de W.S. Stevens de Industrial Combinations and Trusts (1922). Comme le met en exergue Dewing, Haney tait th oriquement un objecteur de la pens e E v blenienne F et institutionnaliste (R. Tilman, 1992, 295). Il ne fait donc pas de r f rence aux travaux de Veblen sur ces probl matiques, mais pour autant il mod re son propos car Pwith the doubtful exception of Veblen, no one think the strict Pinstitutio nal approachQ has added anything material to the body of economic scienceQ. Pour autant, Ely crit  Haney le 12 d cembre 1906 et lui pr sente lSopportunit de publier : PI think there is an opportunity for a book on business organization. Have you seen Sp arlingSs book called P Business Organization Q just out in the citizenSs library? Could you write something that would supplement that? I believe SparlingSs book is going to prove a success, and I would not exactly duplicate it. It appears that it will be used as a text-book in a considerable number of cases, but that by no means exhausts the field, which is a new and promising one.Q (12 d cembre 1906, RTEP). 

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Pour dresser cet tat du march , il sSado nne  une analyse pluridisciplinaire (histoire et psychologie), peu analytique ou math matis e mais tr s descriptive. De plus Dewing cherche  expliquer quSil est parfois n cessaire de remodeler la structure du capital de lSentreprise ( Donald Mackenzie, 2006, 37) 188 . En cela il est proche de Veblen. LSouvrage de 1919 fait partie des manuels de finance dSentreprise les mieux vendus et r dit s 6 fois jusquSen 1953 (R.L. Norgaard, 1981, 42). Il est parfois consid r comme un texte encyclop dique, une bible qui Pwas the dominant text used in formal education to teach corporate financeQ, le Pchief textbook of financeQ durant des d cennies (J.F. Weston, 1966, 4) enseign  Columbia et Harvard par exemple (Anurag Sharma, 2013).

Enfin, la troisi me r f rence Corporate Finance , publi e en 1922 est galement le premier ouvrage court sp cifiquement d di  lSusage des tudiants en premier cycle (R.L. Norgaard, 1981, 35). Watkins et Young confirment lSimportance des tudes dSauteurs comme Dewing :

PIn the numerous unofficial studies of the growth of combinations in various industries the beginner will find some of the most absorbing chapters which the literature upon the trust movement affords. Collections of material covering several industries have been made by Ripley, W. Z., Trusts, Pools and Corporations (Boston, 1916); Dewing, A. S., Corporate Promotions and Reorganizations (Cambridge, 1914); and Stevens, W. H. S., Industrial Combinations and Trusts (New York, 1913).Q (M.W. Watkins et A.A. Young, 1927, 297, mis en gras par nos soins)

En 1929, Dewing enseigne  Harvard un cours intitul Economics of Corporations et il a lSambition de couvrir un champ dS tude tr s large,  la fois la situation am ricaine mais aussi les principes et caract ristiques europ ens concernant les trusts , les cartels, les monopoles et leur r gulation.

DSailleurs Dewing apparat souvent cit aux ct s de Charles W. Gerstenberg et parfois de W.H. Lough et E.S. Mead. En effet Morgen Witzel (2012) explique que, compar s 

188 Citant A.S. Dewing P remold the capital structure of the corporation Q (Dewing, 1953, 1175). 

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Dewing et Gerstenberg, Lough et E.S. Mead sSint ressent moins  lS volution de la fa on dont on pense la finance dSentreprise quS la mutation de la soci t par actions. En effet, cette poque durant laquelle ils confectionnent leurs th ories est une p riode centrale pour la formation du business moderne des grandes entreprises. Relativement aux autres crits de lS poque, Dewing sSint resse particuli rement  la place du contrle et sa relation avec la propri t du capital  la fin des ann es 1910/1920. I l nSen reste pas moins que Veblen publie avant lui, une synth se sur ces mmes th matiques. Pour autant, Dewing semble ainsi livrer une description institutionnelle d taill e du monde du d but du 20 e si cle.

2. PREMIERS ANALYSTES DE LA FINANCE DSENTREPRISE, MEAD -VEBLEN-LYON : UNE LECTURE COMPARATIVE DES STRATEGIES DSENTREPRISE

LSanalyse de lS conomie dSentreprise se retrouve dans toutes les publications et les changes intellectuels du d but du si cle. Il sSagit dSinsister sur le lien entre Ve blen et ce milieu dS changes intellectuels. La mise en perspective des convergences et divergences des auteurs N d j entam e avec W.Z. Ripley et A.S. Dewing dans la premi re partie du chapitre - sSarticule autour de th matiques communes que sont : monopoles (r f ren ant syst matiquement R.T. Ely 189 , 1900 190 ) et structures dSentreprise, Federal Trade

189 Ely, R.T. (1900). Monopolies and Trusts . CitizenSs Library of Economics, Politics, and Sociology. Alvin Johnson, cofondateur de la New School et premier directeur rentre dSailleurs dans une discussion terminologique par correspondance avec Ely (Archives de Madison, lettre du 18 janvier 1904 ; RTEP, Box 27) 

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Commission et concurrence r gul e (Louis Brand is), soci t s dSinvestissement, extension du cr dit (Veblen, W.H. Lyon), propri t et droits (R.T. Ely, Joseph Underwood Hading (1907), T.N. Carver, Veblen), sa dispersion et sa s paration avec le management (Veblen, Ripley), la n gociabilit des titres, le Pwatering stock Q (E.S. Mead, Veblen, W.H. Lyon), la distinction entre business et industrial capital (Veblen), les externalit s, la transition du trust  la holding (E.S. Mead, W.H. Lyon)G En effet, ces pr occupations dSorganisation conomique du march et de gestion dSentreprise laissent pourtant de ct lSanalyse plus globale mlant corporate finance et corporate governance que lSon d nomme la business enterprise . La litt rature primaire,  cheval entre lS re pr -classique de la finance dSentreprise (avant 1910) et lS re classique (1920), est celle dS E.S. Mead, Veblen et W.H. Lyon. En effet les ann es 1910 marquent le tournant de lS re d d i e  la Pmanagement corporation Q sous lS gide de Rockefeller. On cherche  comprendre lS volution du lien entre la question de droit de vote li e  la propri t et la gouvernance dSentreprise. Or, comme le soulignent M. Becht, P. Bolton et A. Roell dans Corporate Law and Governance en 2007, la notion mme de gouvernance dSentreprise est d riv e dSune analogie avec le droit de vote politique dans la cit (2007, 834) et le droit de vote dans lSentreprise concernant la gestion morale et thique et le retour sur investissement. En tant que pionnier, E.S. Mead (1910 [1928], 31) parle de Prepresentative government Q alors mme que la p riode nSam ne pas de consensus sur les questions de repr sentativit au sein du directoire de la firme (M. Becht, P. Bolton et A. Roell, 2007, 834). Par ailleurs cSest une p riode de mutations, avec la mise en place de r glementations des entreprises par lSEtat mais aussi  travers le mouvement actif de consolidation des combinaisons industrielles. Les capita listes financiers utilisent lSargent

190 Dans des brouillons de Risk, Uncertainty and Profits de trouv s dans les archives  Chicago (1921, TVP, Box 1), on constate que Young critique la th orie dSHerbert Joseph Davenport ( The Economics of Enterprise , 1913, 1918), comme nS tant pas aussi aboutit que celle de Charles J. Bullock ou de T.N. Carver. Young annote le document de Knight en indiquant que ce sont les id es de lSinstitutionnaliste Ely qui priment, Davenport sSen inspire, tout en ne le citant quSune fois (p.25 dans son chapitre sur E Competitive Economics F). Ainsi, tous sSint ressent  la fa on dont la E production moderne F a lieu, comment sSorganisent les affaires, quels sont les aspects thiques  respecter (notamment de comp titivit ), mais finalement ils ne vont pas aussi loin dans leur r flexion, que ne le font Ely ou Veblen,  qui ils empruntent par ailleurs une part du raisonnement.



C.:]1 `V  C P:` 1V II des autres afin de mettre sur pied ces holdings et cr ent Pa discrepancy between industrialistic economic theories and actual economic conditionsQ (B.D. Merino, 1993, 168).

Nous nous accordons avec Harwell Wells (2010) et souhaitons approfondir la place de Veblen dans cette tradition dS tude de lSinstitution E entreprise F qui connat un vif int rt chez les th oriciens du tournant du si cle. Pour cela nous effectuons une lecture comparative avec deux auteurs peu mobilis s, mais que Veblen commente et qui nous apparaissent essentiels  lSanalyse du financement de la P business enterprise Q : Edward Sherwood Mead et Walter Hastings Lyon. La business enterprise est ce que ces derniers nomment la Pcorporation finance Q du nom de leurs ouvrages, respectivement publi s en 1910 et 1916.

Il sSagit dans cette seconde section de souligner les apports et les influences r ciproques de ce triptyque dSauteurs centraux de la finance dSentreprise dans lequel nous int grons Veblen. Notons q uSau cours de cet expos , en fonction des th mes que nous voquons, nous sommes am en s  m langer les opinions dS E.S. Mead, Veblen et W.H. Lyon.

a. Mead-Veblen-Lyon : contexte et premiers positionnements

D s 1904 ([1996], 32, 138, 148-9), puis en 1923 ([1997], 89, 336) Veblen, cite Edward Sherwood Mead concernant lS mergence dSune th orie la corporation finance d s le milieu du 19 e si cle,  partir de descriptions pratiques et factuelles, notamment avec la gen se de la United States Steel Corporation qui est dirig e par Andrew Carnegie. E.S. Mead et Veblen analysent tous deux les mmes m canismes centraux,  savoir les principes de capitalisation ainsi que la pratique du watering stocks .

Edward Sherwood Mead sSav re tre un auteur prolixe qui traite autant de finance dSentreprise, de statut des trusts , dSaspects factuels ou encore de la r organisation des



C.:]1 `V  C P:` 1V II chemins de fer. Il re oit un poste de research fellow sous lSautorit de J.L. Laughlin en 1906  Chicago 191 , alors que Veblen est encore le E petit prot g F de Laughlin. E.S. Mead remercie dSailleurs ce dernier pour ses pr cieux enseignements qui lui ont permis dS crire Corporation Finance en 1910, ouvrage populaire  lS poque. Il lSest mme davantage que celui que Veblen publie en 1904. Veblen dSune part, E.S. Mead dSautre part sont pourtant aussi bien lSun que lSautre des contributeurs des d buts de la finance dSentreprise. De plus, notons quSils ont t bri vement coll gues et fr quentaient les mmes cercles chicagoans,  la mme poque.

E.S. Mead pr sente son ouvrage de 1910 comme un manuel destin  enseigner comment pratiquer la finance dSentreprise. Par ailleurs, soulignons quSalors mme que Veblen termine dS crire lSouvrage The Theory of Business Enterprise , E.S. Mead initie en 1901-1902 le premier cours de management industriel  la Wharton School et apparat comme tant le pionnier, reconnu par la litt rature, concernant la finance dSentreprise. Pourtant il ne faut pas oublier que la r daction de lSouvrage de Veblen est d j bien avanc e.

Leurs analyses prennent place durant une p riode de d raillement du syst me capitaliste, de lSindustriel vers le financier. E.S. Mead sSint resse autant aux questions de conjoncture, de prix et de valeurs des titres que de r putation des agents conomiques dans le capitalisme qui lSentoure.

En 1900 E.S. Mead publie Financial Aspects of the Trust Problem qui est un document court, une premi re bauche de lSouvrage de 1903 Trust Finance, sous un format de plus de 400 pages. Ne serait- ce quSen regardant le sommaire de lSouvrage, on en per oit la port e p dagogique ; ce manuel se constituant comme un cours. A sa publication, lSIndianapolis Journal le pr sente bri vement parmi les nouveaux ouvrages et comme un manuel de r f rence:

PTrust Finance . This volume by Edward S. Meade, of the Wharton School of Finance, of the University of , is for advanced students of financial and capitalistic operations. Or, rather, it is for anyone who wishes knowledge of these advanced operations, for the book is simplicity itself. The

191 Il vient par ailleurs d e lSuniversit de Pennsylvanie (Fiorito, 2012). 

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financial aspect of the trust question is analyzed as follows: (1) The methods employed in the promotion and financing of the trust; (2) the method of its financial management; (3) the basis and ju stification of its capitalization.Q (Indianapolis Journal, Volume 53, Number 124, Indianapolis, Marion County, 4 May)

LSouvrage de E.S. Mead Trust finance; a study of the genesis, organization, and management of industrial combinations (1903) est cit par Veblen d s 1904 dans ses chapitres sur PBusiness Enterprise Q (Chapitre 3) ainsi que PModern Business Capital Q (Chapitre 6) sur lSorganisation des march s non concurrentiels.

PThe history of the formation of any one of the great industri al coalitions of modern times will show how great and indispensable a factor in the large business is the invention and organization of difficulties designed to force rival enterprises to come to terms. E.g . the manoeuvres preliminary to the formation of the United States Steel Corporation, particularly the movement of the Carnegie Company, show how this works on a large scale. CF. E.S. Meade, Trust Finance, pp.204-217 ; Report of the Industrial Commission , vol.XIII., PReview of EvidenceQ, pp. v -vii, with the testimony relating to this topic. The pressure which brings about a new adjustment (coalition) is commonly spoken of as Pexcessive competition.Q (Veblen, 1904 [1996], 32, mis en gras par nos soins)

Veblen r f rence ici un passage de lSouvrage dS E.S. Mead (1903) dans lequel ce dernier crit une br ve gen se de lShistoire du d veloppement de lSUnited States Steel Company, exemple quSil utilise  lSappui de son analyse. Or, la dimension trop descriptive fait partie des reproches adress s  ces premiers manuels. En effet, une partie de leur contenu est ax e sur une analyse factuelle dans laquelle est valoris le Pbig business Q, concentr et pr sent comme tant celui  pratiquer. Pour autant, il sSagit de d crire lS volution des structures mais aussi des fluctuations et mme des crises, que les chocs soient r els ou financiers (E.S. Mead, 1903, 210-213 192 ), en insistant sur la d cennie 1890.

192 PThese re present the improvements at only one of the Carnegie plants, made during a season of depression, and paid for out of earnings. The increased earning power here represented was clear gain. No deductions had to be made for interest payments. The policy of the Carnegie Company was purely industrial. Financial considerations had little weight. Its shares were never in the market. The greater part of its profits was each year invested in the plant. As Mr. Carnegie remarked, he and his partners 

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LSIndianapolis Journal du 4 mai 1903 pr sente lSouvrage de E.S. Mead tel que :

PN o book that has yet been published will make one so familiar with what is necessary to be known of trust as this one, and no book which merely discusses the economic phases of the trust problem will so enlighten as this, which introduces one almost at first hand to the trusts themselves. PTr ust financeQ is a worthy successor to the two former volumes of AppletonSs business series, chi is one of the most noteworthy and valuable sets of books lately publishedQ ( Indianapolis Journal, Volume 53, Number 124, Indianapolis, Marion County, 4 May)

La situation volue tr s rapidement au tournant du si cle. De nombreux handbooks y compris contemporains citent E.S. Mead, qui semble encore aujourdShui avoir une port e descriptive et historique : Polinsly et Shavell, Handbook of Law and Economics , (2007) ; Constantinides, Harris et Stulz, Handbook of the Economics of Finance : Corporate Finance

(2012) ... En 2009, dans PCorporate virtue and the joint-stock company Q K. Hawtrey et S. Dullard amorcent leur introduction avec la citation suivante, qui fait r f rence  lSouvrage de E.S. Mead Corporation Finance , publi en 1910 et r dit en 1928:

PFor more than a century, this has been a recurring theme of business legislation and analysis: for instance, in 1928, an early corporte finance text described the enterprise as an arm of society, a form a of representative governmentQ ( K. Hawtrey & S. Dullard, 2009, 19).

Et pourtant nous nSavons trouv que peu de litt rature secondaire confirmant la place centrale dS E.S. Mead dans la th orie financi re de lSentrepr ise mergente, du tournant du si cle. P.A. McLean et D.G. Brian Jones en 2007 le per oivent comme un Ppioneer in finance education Q  la fois concernant la finance dSentreprise et son enseignement (cf.

Chapitre 4).

PHis three most scholarly works, all in Finance, included The Ebb and Flow of Investment Values (Mead, 1939), in which Mead attempted to relate stock values to the expansion and decline of particular industries, Corporation Finance (Mead, 1910), which is one of the first texts in that field, and Trust knew little about the manufacture of stocks and bonds. They were only conversant with the manufacture of steel. The management of the Carnegie Company represented the acme of productive efficiency.Q (E.S. Mead, 1903, 210-1) 

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Finance (Mead, 1903), the first of MeadSs major works.Q (P.A. McLean & D.G. Brian Jones, 2007, 123) PIn 1907 Mead was promoted to Full Professor and shortly afterwards (1910) he published one of the first college textbooks on Corporate Finance. As an aside, during the first two years of classes at the Harvard Business School (1908 and 1909) Mead delivered a series of lectures on corporation finance using a draft of that same text. The sequencing of Corporation Finance (Mead, 1910) reflects the major financial episodes in the life of an American railway or industrial corporation N its promotion, the materials and methods of capitalization, the management of corporate income, the expansion of the corporation, and its reorganization in solvency and insolvency. The day-to-day financial management of the company (reflected in, for example, the management of working capital) was, for the most part, neglected. Rather, the bookSs primary emphasis was on the instruments a nd practices through which corporations obtained funds, especially long- term funds.Q (P.A. McLean & D.G. Brian Jones, 2007, 124)

Richard L. Noorgard (1981, 42) ne sSint resse pas  Veblen mais notifie lSimportance de E.S. Mead ainsi que de Charles Gerstenberg et de Joseph Howard Bonneville avant la crise. Cela tant dit, il dresse un panorama global et particuli rement d velopp  partir des ann es 1950, qui ne laisse que peu de place  lS mergence des manuels de cette jeune discipline.

E.S. Mead fournit un ouvrage complet signalant le tournant pris  la fin de la pr gnance des chemins de fer, lSexpansion des combinaisons et de la l gislation. Son traitement est parfois consid r trop technique au cours des r ditions de Corporation Finance , induisant une potentielle difficult de compr hension pour les tudiants  qui ce manuel est adress . A lSinverse, Wayne F Gibbs, en 1930 plusieurs ann es apr s la premi re dition, signale que cSest un livre qui m rite dStre consid r comme une introdu ction au financial business pour des tudiants qui nSauraient pas de notions en banque, comptabilit et droit appliqu s  lSentreprise dSaffaires. Pourtant E.S. Mead ne re oit pas que des commentaires bienveillants sur ses crits. En effet,  la publication de The Careful Investor en 1914, J.B. Lippincott parle dSun traitement des questions dSinvestissement et de conjoncture comme Pfrankly popular Q et loin dStre scientifique avec des anecdotes et des r f rences marginales, voire des oublis. PIt is not a book for student of specialistQ,



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ventuellement pour les non-initi s. Ce mme accueil mitig a t r serv aux crits de Veblen. Pourtant E.S. Mead sera tr s largement repris jusquS encore aujourdShui par un pan de lSanalyse conomique et il est r guli reme nt cit comme un auteur important pour lShistoire de la formation aux affaires dans les ann es 1920 -1930.

Par ailleurs, Walter Hastings Lyon est professeur de finance  la DartmouthSs Amos Tuck School et conseiller adjoint  lSInvestment Bankers Association de New York. En 1914 - 1915 il est inscrit dans le curriculum de la Dartmouth et intervient comme enseignant en 2e ann e :

En Commercial Law : P An outline of the main principles of the law of contracts; agency ; bailments, the obligations of common carriers and telegraph companies; bankruptcy and insolvency; insurance; negotiable instruments ; partnerships, joint-stock companies and corporations; the acquisition and transfer of property, and sales of personal property . The course gives such acquaintance with the law as a business man should have in the ordinary conduct of his affairs .Q En Corporation Finance and Investment: P(a) Th e instruments of finance, an analysis of the various forms of securities devised for the purpose of financing corporations; trading on equity, an examination of the principles governing the proportions in which bonds and other obligations of indebtedness, preferred and common stocks, may be issued; financing an expansion, the securities and methods used in financing extensions, branches, combinations and consolidations; bankruptcies, receiverships and reorganizations, amortization, the principles governing the retirement of corporate indebtedness. (b) The market for corporate securities ; study of the principal stock exchanges of the United States and Europe, their organization and methods; functions of speculation; the securities traded in , re-quirements for listed and unlisted securities; stock market quotations and statistics; brokerage; classes of brokers; details of transactions with customers; the marketing of investment securities. (c) The general principles of investment ; classification of invest-ment securities; the analysis of securities for their investment value ; study of the investments of institutions, such as savings banks, insurance companies and educational institutions.Q (The Amos Tuck School Commerce and Industry Dartmouth College Bulletin, New Serie, Volume III, Number 2 Hanover, New Hampshire April, 1914, mis en gras par nos soins)



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Walter Hastings Lyon publie en 1912 Capitalization : A book on Corporation Finance et le r dite plusieurs fois. LS dition de 1916 prend le titre de Corporation Finance et se scinde en deux parties : Part I Capitalization et Part II Distributing Securities Reorganizations . Sa pr face montre sa volont de faire de ses crits des manuels  destination des tudiants, mais aussi pour ceux qui veulent comprendre comment investir dans des actifs dSentreprise ainsi que pour des juristes qui veulent aider leurs clients :

PSince the publication of Capitalization in 1912 suggestions have been made from times to time that a discussion in the same general manner of other top ics of corporation finance would be helpful to students of the subject.Q (W.H. Lyon, 1912, [1916], iii) PI hope the book will continue to be used by students of the subject, not only in the schools but especially by the many young men engaged in financial work who find difficulty in getting help to understand the complex matter of their profession.Q (W.H. Lyon, 1912, [1916], iv)

W.H. Lyon est cit  de multiples reprises par Veblen qui commente Capitalization (1912) sur les questions de valeur de lSinvestissement au regard de la capitalisation des earning-capacity comme d terminant des comportements de management (Veblen, 1923 [1997], 60, 89), de la pratique du trading on the equity (Veblen, 1923 [1997], 60, 93, 332- 3), ou du stock watering (Veblen, Ibid, 60). Mais Veblen utilise galement Corporation Finance (1916) sur la fonction de lS investment-banker dans sa relation avec lSentreprise, sa recherche de profit ( money trust )  travers la vente de titres financiers ainsi que les questions de redistribution et de responsabilit s (Veblen, 1923 [1997], 339). Il est donc pleinement un th oricien de la business enterprise , qui travaille en troite collaboration avec les banking house .

W.H. Lyon d veloppe les concepts centraux de la finance dSentreprise et propose lui aussi une description de ces d cennies qui correspondent bien  une p riode de transition de la propri t des entreprises dSaffaires. En effet, le milieu des affaires effectue d iverses op rations de souscription dans une recherche dS cart dS valuation par le march de la valeur des entreprises. Le r sultat escompt est la facilitation des transferts de pouvoir



C.:]1 `V  C P:` 1V II afin dSobtenir une puissance dSaction sur le march . I ce propos, W.H. Lyon expose que:

P[G] the corporate form of conducting business presents G the opportunity it affords for dividing and recombining the incidents of ownership in varying proportions. By Pincidents of ownershipQ we mean management, income, and risk.Q (W.H. Lyon, 1912, 17-8)

Dans le premier chapitre, W.H. L yon dresse la mme analyse que Veblen mais il nSest pas si critique que ce dernier. W.H. Lyon pr sente une description des mutations de la soci t de business enteprise mais ne va pas  lSencontre du syst me capitaliste. Par ailleurs, sur la m thode, il indique que depuis son premier ouvrage il ne pense plus quSillustrer ses propos avec des cas pratiques est une n cessit . Dans un tel cadre dSenseignement des rudiments (W.H. Lyon, 1912 [1916], iv) quSest celui des ann es 1910, il consid re que la formation th orique peut suffire. Pourtant, on peut soulever une contradiction puisquSil base sa r flexion sur une r elle exp rience du terrain.

W.H. Lyon adresse dSailleurs,  la litt rature avant lui, le reproche dSavoir davantage cherch  d crire plutt quS comprendre pourquoi le march sSest constitu ainsi.

P[G] we shall confine our inquiry to the capitalization of corporations, and not enter on many matters that the general subject of corporation finance might properly lead intoQ ( W.H. Lyon, 1916, v)

CSest la critique habituelle adress e  la litt rature de lS re pr -moderne de la finance dSentreprise.



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b. LSexacerbation de lSimportance des titres financiers et du cr dit : capitalisation, relations de pouvoir et profit dSentreprise

Avec lSexacerbation de la finance de march , nos trois auteurs se penchent sur les enjeux dS mission, de d tention et de diversification des titres. A travers la capitalisation des earnings, se jouent les relations de pouvoir et de domination dans lSentreprise mais galement dans la soci t .

i. Common shares et preferred shares

Dans son texte de 1900 Financial Aspects of the Trust Problem , E.S. Mead indique que le Commercial and Financial Chronicle (vol.68, 1899) dresse une pr sentation technique et pr cise des distinctions et des enjeux entre les common et les preferred shares (1900, 51). Par ailleurs, nous constatons quSil pose, d s 1900 , beaucoup plus clairement que ne le fait Veblen la description des diff rents instruments financiers en pr sence et les enjeux en termes de structure de lSentreprise. A ce propos, Veblen se r f re dSailleurs  E.S. Mead quand il sSagit de d crire le d cli n des actions industrielles et les nouveaut s dans la capitalisation des entreprises.

PNothing is more illusive and delusive than the idea that if a corporationSs stock be only paid in money at the outset it is therefore better off than one that has issued its stock for property that could not be converted for one cent on the dollar. The question is what assets the corporation has got at the time of the particular transaction, and that can be ascertained only by present inquiry.Q N Testimony of F.L Stetson, Report of the Industrial Commission, vol I. p.976. Cf. Meade, Trust Finance, ch. XVI and XVIII.Q (Veblen, 1904 [1996], 138, mis en gras par nos soins)

Comme le souligne W.H. Lyon (1916, 11), tre actionnaire cSest jouer un rle de contrle r el sur lSentreprise tout en prenant des risques, avec un common shareholder au



C.:]1 `V  C P:` 1V II comportement potentiellement hazardeux (W.H. Lyon, 1916, 12). Le contrle de lSentreprise est r serv  lS insider , actionnaire ordinaire (Ibid, 28) alors mme que la d tention de lSactif industriel est pour part celle de lSactionnaire privil gi , outsider .

PWe cannot consider corporate financing apart from ownership, nor ownership part from ownersQ (W.H. Lyon, 1 912, 11)

Par leurs investissements sp culatifs, les porteurs de common shares ne recherchent, quS tre d tenteurs des earnings, sans les responsabilit s de la gestion. Ils sont le partenaire silencieux qui cherchent Pto trade on an even thinner equityQ ( W.H. Lyon, 1912, 70, 80).

Nos trois auteurs se sont ainsi pench s sur ces deux types dSactions et introduisent les pr mices de la th orie du portefeuille. Or, PThe horizontal division into kinds of ownership makes possible a more difficult fitting than fitting a manSs pocket -book. Q (W.H. Lyon, 1912, 9). Ces parts sociales de lSentreprise donnent lieu  deux types de capitalisation des flux de revenus, mme si Veblen ne pr cise pas explicitement quels sont les enjeux sous-jacents. W.H. Lyon lui, nonce la relation entre contrle, droit de vote et mesure du rendement selon le type dSaction :

PIf there is common stock and preferred stock with a limited dividend, the common shareholders may throw their influence in favor of a more hazardous conduct of the enterprise with an expectation of greater profit accruing to them. [G] If the amount of preferred and common were the same, and each had the same voting power, each class would enjoy control equally.Q (W.H. Lyon, 1912, 13)

Comme chez Veblen, la distinction entre actionnaires privil gi s et ordinaires est bien marqu e et ces derniers ont un comportement plus risqu 193 , recherchant toujours un profit plus important. En retour W.H. Lyon introduit la notion de prime de risque comme permettant un revenu additionnel pour certains investissements plus risqu s :

193 On peut alors parler de Business risk puisque lShabilet du gestionnaire est centrale dans les op rations dSinvestissement: Pthe business risk should be a controlling influence in the arrangement of any scheme of financing an enterpriseQ (W.H. Lyon, 1916, 54) . 

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PThat part of actual interest which we call premium for the assumption of risk is paid as compensation for hazarding the savings in any special investment.Q (W.H. Lyon, 1912, 224)

En 1912, W.H. Lyon discute de la relation entre capitalisation et revenus ( earnings ) en d finissant les Pincidents of ownership Q comme regroupant Pmanagement, income and riskQ et insiste sur lSid e que la P Corporation finance has developed through the promoters, organizers, or managers of corporations bargaining with capital-owning members of the community Q (W.H. Lyon, 1912, 3) dans une vis e davantage financi re et sp culative que productive. LSobjectif de lSentrepreneur (que E.S.Mead appelle le promoter ) est: Pincrease his capital by selling these securities, should they advance in price.Q (E.S. Mead, 1903, 115)  travers la r alisation de flux dSinvestissement. W.H. Lyon pr cise dSailleurs quSil y a 6 fois plus de common stock que de preferred dans le bilan dSune grande entreprise, et donc quS ct des pr occupations de contrle de lSentreprise, il existe une motivation dSaccumulation de surplus (W.H. Lyon, 1916, 16). Il consid re alors que si lSentreprise met plus de deux types de titres, mieux vaut regarder la capitalisation de la firme dans son ensemble (W.H. Lyon, 1916, 75). Pour autant, pour Veblen il existe une sorte E dSimpasse F dans la gouvernance puisque les int rts des deux classes divergent, ce qui ne parat pas tre le cas chez Lyon :

PIn practice this might not lead to a dead-lock in policy, even though the interests of the two classes were diverse: one shareholder owning a large amount of common and a small amount of preferred might vote his preferred to favor his common.Q (W.H. Lyon, 1912, 13).

On consid re que le focus sur les common stocks sSest effectu dans les ann es 1920 (P.L. Morrison, 1949, 158). Or, nos trois auteurs sSy int ressent bien plus tt. Paul Morrison souligne  cet gard que des auteurs, parmi lesquels W.H. Lyon, ajoutent  lSanalyse un questionneme nt autour des principes dSinvestissement d sormais bien connu dans les ann es 1920, cSest --dire une analyse de Pdiversification and moderate utilization of common stocks Q (P.L. Morrison, 1949, 158).



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ii. Le recours au cr dit et la pratique du Ptrading on equity Q

Nous devons percevoir que Veblen tout comme E.S. Mead et W.H. Lyon, crivent  un moment o lSeffet de levier du cr dit commence  tre compris et d velopp , impliquant des fusions et le d veloppement de soci t s par actions (Chapitre 2, 3, 13, 23). Pour autant, E.S. Mead ne pr sente pas le m canisme de lSeffet de le vier de lSendettement sur la rentabilit alors mme que Veblen consid re la place du cr dit dans lSentreprise dSaffaires comme centrale :

PCorporation finance has always preceded on a capitalization of credit, with fixed charges, carried as far as circumst ances would permit.Q (Veblen, 1923 [1997], 96)

Le cr dit est ce qui permet de cr er un cercle vertueux autour de la valeur capitalis e de lSentreprise, de cr er de P new values by an extension of credit Q (Veblen, 1923 [1997], 355). En effet, le capital tan gible est le collat ral pour le cr dit et lS mission de common shares repose sur la capitalisation des earnings . Cependant, la valeur de cette capitalisation peut tre E manipul e F et si lSon consid re que des ententes sont pass es entre quelques actionnaires, il est possible de manipuler les march s sans que les outsiders ne se rendent compte de lS cart entre la valeur r elle et la valeur de march .

Cependant concernant le cr dit, Spurgeon Bell critique lSapproche E v blenienne F, car pour lui il nSy est pas suffisamment pris en compte les limites de lSextension du cr dit bancaire. Et bien que S. Bell consid re H.J. Davenport et Veblen comme les professeurs les plus inspirants de lS poque  Chicago, il crit  J. Dorfman en 1931:

P[Veblen] he was convinced from our conversations that his theory of business enterprise was somewhat defective at that point and that the book should be expanded so as to include a theory of bank credit in its relation to reactions in business. He suggested to me that I undertake the writing up of such material with a view of its inclusion in his PThe Theory Business EnterpriseQ in an en larged and revised edition. I have never found time, however, to carry out the project as suggested by Dr VeblenQ (Bell to Dorfman, September 19, 1931, JDP, Box 4)



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Les propos de S. Bell repr sentent une critique externe impliquant que Veblen a conscience de lSimportance du march mon taire et de la d termination du taux dSint rt sans pour autant introduire une analyse du cycle ou de politique de cr dit. Veblen consid re un cr dit illimit or, la quantit de cr dit accord e  lS conomie est limit e par la politique mon taire. Selon S. Bell, la faiblesse de la th orie de Veblen tient alors dans le fait de ne pr senter ni limites, ni risques ni incertitudes li s au cr dit bancaire dans ses relations avec la business enterprise . Selon S. Bell, cSest en effet lSabsence dSune th orie du cr dit qui cr e un d saccord majeur avec J.L. Laughlin et qui lui aurait mme valu son d part de lSuniversit .

Pour autant, lSeffet de levier du cr dit que Veblen introduit dans le Chapitre 5 P The use of loan credit Q (Veblen, 1904 [1996], 96) corrobore les caract ristiques du capitalisme tel quSil a t mis en vidence quinze ans plus tard par R.T. Ely dans la troisi me dition du manuel Outlines of Economics de (1893 [1919]). Nouvelles pratiques, terminologies et id ologies concer nant le fonctionnement de lSentreprise mergent  cette p riode et marquent le d veloppement du capitali sme dSentreprise par la suite. Pour Veblen, ce qui explique lSimpasse dans laquelle se trouve la soci t am ricaine au d but du si cle est li e  deux p ratiques de lSentreprise dSaffaires. CSest dSune part la cons quence dSune pratique inflationniste du cr dit et cela est par ailleurs induit par le mode de capitalisation de lSentreprise qui est essentiellement bas sur le passif de son bilan (Veblen, 1923 [1997], 90 ; cf. Partie I).

Or Veblen consid re finalement une cr ation du cr dit de mani re ex nihilo. Mais sans th orie mon taire ou bancaire, lSexc s de rentabilit attribu e  lSeffet de levier du cr dit ne permet que lS mission de titres suppl mentaires, sans besoin de billets de banques ce qui ne cr e alors pas dSinflation r elle.

W.H. Lyon sSattache relativement peu  la notion de cr dit, mis  part quSil peut jouer sur la dur e des obligations. En revanche, de la mme fa on, il consacre tout le chapitre 2



C.:]1 `V  C P:` 1V II au concept de trading on equities. Dans ce contexte, le trading on equity correspond  lS tude des princi pes de gouvernance qui indiquent quels titres peuvent tre mis et dans quelles proportions. Ainsi, ce concept et lS mission de titres reposent sur la capitalisation des earning-capacity . Le trader on equity est lSactionnaire ordinaire. Les autres porteurs de titres prennent des risques moindres. En contrepartie de cette protection contre le risque quSil prend  sa charge, lSactionnaire ordinaire cherche  Pto get other funds into the business on terms that he expect will make his own capital more profitable than it would be otherwise.Q (W.H. Lyon, 1912, 53). W.H. Lyon pr sente la notion de trading on equity comme une technique de financement, avec la question de la n gociation des fonds propres et des titres. Sa qute est alors dSobtenir, avec lSactif dans lequel on vient dSinvestir, un rendement sup rieur au taux dSint rt de la dette (lSobtention dSun cr dit ou lS mission de preferred shares).

PIf the managers of the corporation want to trade on an equity as thin as that, or thinner, they can do so safely only by the creation of a preferred stock- issue. Then if earnings fall below the amount required to pay the preferred dividends, control vested in the common stock does not pass away from it.Q (W.H. Lyon, 1912, 67)

DSo lSenjeu de la n gociation par rapport  lSaugmentation du capital de lSentreprise. En revanche, la variabilit du b n fice et les risques de faillite sont plus importants.

Pour expliquer son propos, il prend un exemple dans lequel il introduit la notion dSeffet de levier de lSendetteme nt sur la rentabilit :

PHe [the manufacturer] reasons that if the can make 15 per cent or even 10 per cent on capital in his business, he will make much more for himself by borrowing money at 6 per cent, or even at 8 or 9 per cent. Thereupon he goes into the money market in one form or another and finds that, though he can borrow $20,000 at a nominal face interest of 6 per cent, a further actual discount bring the real interest up to 8 per cent. He borrows $20,000, on these terms. Suppose he is able to continue making 15 per cent on the invested capital. Before borrowing, his affairs at the end of his fiscal year stood like this: Personal capital invested G $ 20,000 Percentage earned on capital G 15 per cent Return on capital G 3,000



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After borrowing, his annual statement would show: Personal capital invested G $20,000 Borrowed capital invested G 20,000 Total capital G.. $40,000

Percentage earned on capital. 15 per cent Total return on capital G $6,000 8 per cent on borrowed capital G 1,600 Return on perso nal capital G $4,400 That is to say, by borrowing at 8 per cent he has increased the return on his own investment from 15 per cent to a point where it now makes him 22 per cent .Q (W.H. Lyon, 1912, 51-2, mis en italique par nos soins).

Ce type de pratique peut en revanche affecter le contrle de lSentreprise selon la proportion de preferred et de common shares , mais aussi selon la qualit du travail des managers. Ainsi, le manager qui cherche davantage de capital pour tendre lSentrepris e a recours au trading on equity .

Veblen sSint resse  cette notion de trading on equity chez W.H. Lyon et renvoie,  ses crits qui fournissent selon Veblen Pa very competent discussion of this principle Q (1923, 332-3). Dans son chapitre sur PThe rise of corporation Q Veblen cite en note de bas de page la r f rence du chapitre ii PTrading on Equity Q de W.H. Lyon (1912) concernant :

PMore particularly since it is the practice in sound corporation finance to capitalize any increase of earnings that looks at all promising, and cover them with an issue of securities bearing fixed charges. The principle involved in this practice has been called Ptrading on the equityQ. The reason for Ptrading on the equityQ and so increasing the issue of securities with fixed charges as far as the corporationSs earnings will bear, is the urgent need of more capital. The need of more capital in business is insatiable , or Pindefinitely extensibleQ, because funds are a means of competition and business is competitive. This abiding need of more capital has commonly beset the common run of corporations in brisk or ordinary times, and it may rise to the point of desperation in times of depression. All of which holds true in a particular degree for that earlier date which here is in question, before the present, twentieth-century, phase of corporation finance had come into-action. There is always a disposition to trade on a thinner equity, to cover more nearly all assets with an issue of securities with fixes charges; which will bring the concern to insolvency so soon as the earnings fall off materially, as they are likely to do in dull times.



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And the reason for this abiding need of more capital is the competitive use of funds in a rising market; the rise of the market being itself in the main caused by this competitive use of funds.Q (Veblen, 1923 [1997], 93-4, mis en italique par nos soins)

Dans un syst me des affaires toujours avide de plus de capital, Veblen d crit le processus vicieux et cumulatif quSutilisent les entrepreneurs pour mettre de nouvelles actions, qui vont diluer la propri t . En effet, le trader on equity est celui qui assure le fonctionnement de la business enterprise , en tant porteur de common shares et en engageant le processus de dilution. Il le fait avec s curit en optant pour une mission suppl mentaire de preferred share s. La structure actionnariale de la firme dilue ainsi la valeur des actifs, et en cela g n re des mouvements de capitaux. La volont de certains capitalistes de d tenir des common shares leur permet de capter le pouvoir via lSacquisition de droits de propri t .

CSest ce que nous allons voir dans la s ous-section suivante en faisant le lien entre ce trading on equity (W.H. Lyon), le watering stock (E.S. Mead, Veblen, W.H. Lyon) et la notion de goodwill (Veblen).

iii. LSenjeu central de la capitalisation et de la pratique du Pstock watering Q

Pour W.H. Lyon, comme pour E.S. Mead et Veblen, la question centrale est celle de la capitalisation. En effet, comme le notifie Veblen elle peut tre vectrice dSune p riode dSexpansion comme de d pression. LS conomie r elle (fluctuation des prix, rumeurs, type de gouvernance et strat gie) est impact e par les cycles financiers. Ainsi, dSune structure de financement  une autre qui pr sente des titres financiers d multipli s, la structure de gouvernance de lSentreprise en est impact e. LSenjeu de la capitalisation de lSentreprise #subject to active competitionQ est dSatteindre Pthe diluted capitalization as a cover for excessive rates if the issuing corporation is engaged in manufactureQ (W.H.

Lyon, 1912, 88).



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E.S. Mead reprend galement le caract re p cuniaire tr s goste de ces comportements financiers, monopolis s par les common shareholders  savoir banquiers et promoters, sans contrepartie tangible et qui va  lSencontre de lSint rt de la soci t . Mais sa critique nSest pas tant dans ce syst me qui, bien men conduit  une concentration efficace, que dans le choix de la m thode de capitalisation :

PLet us proceed to a further and final contention which represents the serious argument against capitalizing value instead of cost. It has been often charged that the increase of capital without the addition of new funds is opposed to the interests of the community for the following reasons: (1) The Corporation is obliged to pay dividends on this extra, or Pwatered stockQ , which results in higher prices of product to the public. (2) The payment of dividends on a capital larger than the cost of duplicating the corporation's equipment is an inducement to competition, which results in an unnecessary duplication of railroads and mills, and in a waste of the national resources. (3) The issue of securities for which no cash equivalent has been rendered, often results in the sale of large amounts of worthless stocks and bonds to the uninstructed public. These arguments refer to matters of great importance and merit a careful consideration . First, then, as to Pdividends on watered stockQ. The received opinio n is expressed by an eminent writer on social economics in reference to the trusts as follows: PSuch a gigantic attempt to bind burdens upon the whole community of consumers must provoke a violent reaction. These thousand millions of watered stock are simply a legalized demand upon the people for contributions of their substance to those who have given them nothing in exchange .Q# (E.S. Mead, 1903, 295, mis en italique par nos soins)

Cette citation pr cise bien lSenjeu du d bat de la capitalisation entre un actif net comptable et une question de valorisation de la dette. Ainsi, E.S. Mead parle dSune opposition entre une capitalisation de lSentreprise par le march et une valuation par les cots. Ces arguments renvoient  des pr occupations de concurrence et de prise de risque  travers la propri t intangible. De la mme fa on, W.H. Lyon sSinterroge sur une capitalisation bas e sur les earnings ( trading on equity ) ou sur les assets ( watered stocks ) de lSentreprise. Les outsiders qui ne per oivent que la valeur de march sont consid r s comme tant lSP uninstructed public Q ( E.S. Mead, 1903, 295).

Ainsi, les mutations du march et les nouveaux instruments financiers n cessitent normalisation et uniformisation comptables. En effet, il sSav re que lSentrepris e qui



C.:]1 `V  C P:` 1V II ach te un bien ne peut bien souvent pas E confirmer F la valeur de ce bien de mani re ind pendante, cet actif se trouvant  la base du capital de la soci t . Notons que la valeur de l'argent d pens pour les actifs ne quitte en r alit pas la soci t . CSest pourquoi lSachat dSun actif nSest pas consid r comme une d pense et ne vient pas r duire le montant du b n fice. La valeur du bilan reste inchang e, cSest le principe de capitalisation des actifs.

En effet, cSest ce qui est mis en lumi re  travers la sur valuation des titres ou lSexc s de dividendes vers s par rapport  la valeur fondamentale de la soci t : le ph nom ne de watered stock . Et nos trois auteurs sSint ressent 194  cette notion, en abordant les facteurs de risque, sans pour autant en f aire la mme analyse. CSest dSailleurs un d bat pr gnant entre 1890 et la premi re guerre mondiale comme peut le souligner Eric R. Hake (2001) dans PThe Stock Watering Debate : More Light, Less HeatQ :

PStock watering, according to its many critics in the early twentieth century, was a way for unscrupulous robber barons to bilk money from the American public. It could also be seen as part of the revolution in accounting practice that made corporate capitalism possible.Q (E.R Hake, 2001, 423)

Le watering stock est  lS poque une pratique connue puisque lSUS Congress publie entre 1900 et 1902 des documents sur le sujet. LSenjeu est dS mettre des preferred shares  hauteur de la valeur de march de lSactif re u en consolidation. LS mission de common shares est alors per ue comme un bonus, gag par lSestimation future des capacit s de gains, par les promoteurs de lSentreprise.

Ainsi les principes de capitalisation sont galement intrins quement li s chez E.S. Mead aux Pwatered stocks Q.

PUp to this point, no defense of stock watering has been attempted. It has been shown that a corporation, in the strict sense of the term, is "properly" capitalized only when its securities average their face value in the market. It

194 E.S. Mead seulement dans ses crits de 1903 et pas encore en 1900. 

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has been finally shown that while the enforcement of a prohibition against capitalizing an enterprise in excess of the cost of its equipment, would prevent the issue of worthless securities, it would be unnecessary from the standpoint of safety. We have now to consider certain positive benefits which accrue from the practice popularly known as "watering" securities , meaning by that term to describe the original issue on the basis of earnings, and the increase of stock or bonds to keep pace with increasing profits in a word, the capitalization of earnings.Q (E.S. Mead, 1903, 303-4, mis en italique par nos soins)

Parall lement  ce positionnement, W.H. Lyon voque les watered stocks , par opposition  la dry capitalization (W.H. Lyon, 1916, 102):

PWatered stock can take a very useful and entirely proper part in corporation finance [G] effecting divisions and recombinations of the incidents of ownership, O income, control, and riskQ (W.H. Lyon, 1912, 88)

DSailleurs, W.H. Lyon souligne que les watered stock (chapitre 3, 1912, 1916) ne sont pas uniquement li es  la surcapitalisation.

POne needs to remember, too, that a par value of capitalization greater than the value of assets may arise from other causes than stock- watering.Q ( W.H. Lyon, 1912, 1916, 87) PSo that corporation finance would not be so enormously the loser by its [watered stock] abolition as it would be if that were not the caseQ ( W.H. Lyon, 1912, 1916, 86)

Et il insiste sur les avantages de ces combinaisons de titres: PI also incline to the opinion that the real usefulness of stock-watering outweighs the possibilities of harm resulting from it. Probably a requirement of further publicity would prove beneficial.Q (W.H. Lyon, 1912, 105)

En revanche, plus que les watered stocks qui sont une strat gie dSentreprise particuli re, W.H. Lyon et Veblen soulignent tous deux la recherche par les hommes dSaffaires dSune capitalisation arrang e Pfor trading on a thin equityQ ( W.H. Lyon, 1916, 107). Le



C.:]1 `V  C P:` 1V II manager cherche  diluer le capital, or le trading on equity permet de diluer lSimpact du taux dSint rt de lSemprunt.

PThe desire to apportion the element of risk, income and control involved in an enterprise largely accounts for the numerous forms of securities.Q (G) PWe shall discuss this relation of capitalization and earnings under the head of PTrading on the EquityQ ( W.H. Lyon, 1916, 2)

Ainsi, la dilution et la pratique de la n gociation sur les titres de lSentreprise (obligations ou preferred ) permet dSaccroitre le rendement, les earnings , des actions ordinaires. LSentreprise a tout int rt  augmenter son endettement c ar cela lui permet de r aliser un gain financier. CSest ce mme m canisme que Veblen pr sente quand il introduit la notion de goodwill couvert par lS mission de titres. W.H. Lyon souligne galement la pr sence de ces extras earnings :

PEveryone taking this common stock, so far, knows perfectly well that it represents only a right to earnings made above a certain amount.Q (W.H. Lyon, 1912, 100)

DSailleurs, concernant le goodwill, Veblen (1904) cite bri vement E.S. Mead 195 (1902) en note de bas de page :

PSee also a discussion by E.S. Meade, Quarterly Journal of Economics, February 1902, pp. 217 et seq., of how #good(will# may vary in magnitude, or even disappear, when a concern enters a larger coalition; also, on the same general head, W.F. Willoughby," Integration of Industry in the United States,# ibid., November 1902.Q (Veblen, 1904 [1996], 148-9)

Mais,  lSinverse de Veblen, E.S. Mead et W.H. Lyon ne font pas le lien entre goodwill et watered stocks . La question qui se pose avec la dilution est celle qui cherche  comprendre comment se modifie le partage de la marge, des revenus des entreprises et des relations de pouvoir.

195 Il ne fait que citer le goodwill (1903, 109) concernant des dividendes suppl mentaires, du fait dSun transfert de contrat et de goodwill. 

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Par ailleurs, le fait dSavoir peu de fonds propres, tout en raisonnant  partir de la valeur de remplacement du capital permet lSobtention de concentrations dSentreprise s sans collat ral tangible ; et cSest bien contre cela que les autorit s et la l gislation luttent. En effet, la pratique de cette concurrence imparfaite est efficace pour les hommes dSaffaires et laisse suffisamment de place  de nouvelles entreprises sur le march , de par les r sultats d gag s et de par un potentiel de parts de march . Tant quSil y a surcapitalisation, il y a comp tition sur le march ce qui attire toujours de nouvelles entreprises (E.S. Mead, 1903, 298) :

PThe claim that the existence of watered stock stimulates competition has stronger authority to support it. Thus the Wall Street Journal of March 8, 1898: "Any plant which is overcapitalized and which pays dividends on overcapitalization, invites competition by announcing that a competitor capitalizing his plant at its true value can earn dividends. If there is overcapitalization, there is certain to be competition. ... It is an economic law that profits in any line of business will not continue to exceed a fair return on the capital invested in the plant.#Q (E.S. Mead, 1903, 298)

Grce  cette pratique du watering stock , la valeur de lSentreprise apparat surcapitalis e 196 . Cependant, cette pratique nSest pas sans danger. En effet, les op rations de souscrip tion ainsi que la recherche de satisfaction de certains int rts - les d tenteurs des common shares - maintiennent certes dans leurs mains lS entrepreneurship ; mais la dispersion des titres rend ind termin e la fonction du capital. De plus, les actionnaires deviennent peu soucieux des risques.

Sauf que, dans un milieu des affaires  besoin constant de flux de capitaux, il apparat pour W.H. Lyon (1912, 1916, chapitre 3) plus dangereux si lSentreprise ne pratique pas de stock watering . A ce propos, le 14 f vrier 1903 Veblen b n ficie dSune colonne dans le New York Times concernant la PDefense of PWatered StockQQ [Voir Annexe du Chapitre 3]. Il y assimile watered stock et goodwill :

196 Comme le souligne E.R. Hake (2001, 424), dSautres th oriciens et praticiens d e la finance dSentreprise sont critiques du watering et de la sur-capitalization : William Ripley, James Dill ou encore Arthur Anderson. 

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PYou should call it Rgood willS, capitalized good will, something no self- respecting corporation should be withoutQ (Veblen, 1903) Car PIn modern business capital means Pcapitalized presumable earning capacityQ, and that includes the good-will of corporations, which was once known as watered stockQ (Veblen, 1903) PThe preferred stock should be the material capital and the common stock PwaterQ or Pgood -willQQ (Veblen, 1903)

Le capitalized goodwill est devenu par simplification de ce jargon financier, le goodwill . Ce goodwill correspond ainsi  la valeur capitalis e des earnings que lSon ne peut attribuer  la valeur d tenue par les porteurs des preferred ou des common shares .

En 1904, Veblen, nS voque quSune fois les watered stocks , en note de bas de page pour consid rer que ce nSest pas un concept pertinent pour d crire lS conomie qui lSentoure, car cSest justement lSobjectif du manage ment E bien men F de lS poque pratiqu dans les grandes coalitions:

PThe question of #stock watering# #overcapitalization# and the like is scarcely pertinent in the case of a large industrial corporation financed as the modern situation demands. Under modern circumstances the common stock can scarcely fail to be all "water", unless in a small concern or under incompetent management. Nothing but "water" ) under the name of good)will ( belongs in the common stock; whereas the preferred stock, which represents material equipment, is a debenture. "Overcapitalization," on the other hand, if it means anything under modern business conditions, must mean overcapitalization as compared with earning)capacity , for there is nothing else pertinent to compare it with; and earning(capacity fluctuates, while the basis (interest rates) on wh ich the earning(capacity is to be capitalized also fluctuates independently. In effect, the adjustment of capitalization to earning)capacity is taken care of by the market quotations of stock and other securities; and no other method of adjustment is of any avail, because capitalization is a question of value, and market quotations are the last resort in questions of value. The value of any stock listed on the exchange, or otherwise subject to purchase and sale, fluctuates from time to time; which comes to the same thing as saying that the effectual capitalization of the concern, represented by the securities quoted, fluctuates from time to time. It fluctuates more or less, sometimes very slowly, but



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always at least so much as to compensate the long(period f luctuations of discount rates in the money market; which means that the purchase price of a given fractional interest in the corporation as a going concern fluctuates so as to equate it with the capitalized value of its putative earning(capacity, computed at current rates of discount and allowing for risks. Cf. Report of the Industrial Commission, vol. I. p. 587 (Testimony of Rogers); vol. XIII. pp. 106(107 (Testimony of E.R. Chapman). See also Chapter VI below.Q (Veblen, 1904 [1996], 117-8, mis en italique par nos soins)

En fait, de mani re sous- jacente apparat la notion de goodwill qui est, si lSon suit Veblen, beaucoup plus ancr e dans les pr occupations centrales des entreprises du d but du 20 e si cle. La surcapitalisation nSapparat quSau regard dSune comparaison avec les capacit s de gain de lSentreprise : lS cart entre la capitalisation de march et la actual value de ces earnings laisse apparatre un goodwill dans le bilan comptable de lSentreprise.

En 1919, dans The Vested Interests and the Common Man PThe Modern Point of View and the New OrderQ, Veblen affirme que Pwatered stock is now virtually a forgotten issueQ (1919, 66). En effet la valeur des watered stocks N repr sentant le goodwill capitalis (le 1 er dans le chapitre 1) - nSexiste que par comparaison entre la capitalisation avec le cot des actifs que lSaction couvre. La valeur de ces watered stocks est fix e par la propension  d penser des investisseurs sur le march . Veblen consid re quSil nSy a pas surcapitalisation, mais simplement lSa pplication des principes de capitalisation sur le march . La fluctuation des cours ainsi que le cours des taux dSint rts am nent le march  cr er une valeur de goodwill , mais ce nSest en rien un exc s de valorisation. Simplement le jeu ordinaire du march . Pour autant Veblen lie lSexistence de ce goodwill au ph nom ne de watered stock .

Ainsi, il fait apparatre un p otentiel profit additionnel pour lSentrepreneur, le surplus capitalis de lSentreprise : le goodwill. Au-del des pratiques financi res que nous venons de d crire, cette recherche de profit dSentreprise, le probl me du profit seeking et du positionnement des capitaines dSindustrie peuvent tre mis en parall le avec les propos de E.S. Mead et de W.H. Lyon.



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Dans Financial Aspects of the Trust Problem (1900), E.S. Mead d crit la recherche du b n fice du fondateur  travers la revente des titres de lSentreprise sur le march financier (1900, 27). Nous avons analys cela chez Veblen dans les chapitres 1 et 2 de la th se, puisque Veblen reprend et sSattarde sur la surcapitalisation ou la sous -capitalisation des entreprises N selon la phase du cycle financier, plus ou moins propices  lSachat ou  la vente de titres - ainsi que sur le d clin des actions industrielles dans son analyse du cycle. Sa d finition du goodwill se rapproche en cela du b n fice du fondateur chez Hilferding. Par ailleurs dans Finance Capital , Hilferding (1910 [1981], 400 [note 26 p.129, Chapitre 8], 442) mentionne galement E.S. Mead 197 (1903, 243). En effet, dans son chapitre sur la Joint- Stock Company, Hilferding souligne la qute dSappropriation du promoterSs profit au moment dSune augmentation de capital entre banquiers et entreprises puissantes et tablies. Il fait cho  lSanal yse dSE.S. Mead concernant la diminution du taux dSint rt des titres li s aux chemins de fer ( 7- dans 1870S et 3.5- dans 1900S). Cela illustre la captation de la capitalisation du promoterSs profit par seulement quelques personnes.

De la mme fa on chez Veblen, nous avons la captation par les actionnaires ordinaires de ce promoterSs profit . En effet, la structure de financement est telle que ce solde capitalis r sulte dSune situation dans laquelle les taux dSint rts sont plus faibles que le rendement obte nu avec lSactif. CSest dans ce contexte quSil parle dS overcapitalization . Cela correspond  la capitalisation des revenus tir s de lSeffet de levier de lSendettement, qui, en fonction du taux de capitalisation laisse apparatre ou non un goodwill. Ces earnings capitalis s sont distribu s aux actionnaires ordinaires. Notons que le march est prt  r mun rer  un taux dSint rt dSautant plus fort que le risque est important. Or le risque est pris en charge par lSactionnaire ordinaire, le trader, qui par sa p r sence prend le risque et permet en retour de garantir les titres moins risqu s, les preferred shares .

En effet, E.S. Mead souligne que le capital tangible se combine et, par arrangements avec les financiers ou les syndicats de souscriptions, de nouveaux fonds sont lev s. On cherche  r organiser les structures des firmes grce  des transferts dSune entreprise  une autre.

197 Dans lS dition allemande (1907, 171) et fran aise (1970, 192) . 

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Cela se traduit par lS mission de preferred shares en contrepartie de mat riel industriel. La fusion doit amener moins de concurrence et plus de profits et donc un bonus sur les common stocks qui repr sentent Pthe hope of monopoly gains Q. Or cette esp rance de gains se rapproche du goodwill E v blenien F . Les promoteurs de lSentreprise sont l pour assurer un retour sur investissement du capital engag . E.S. Mead souligne galement ce caract re sp culatif:

PIt is found in the fact that, as a result of the activity of the speculative promoter, the profits of industry are capitalized into forms in which the investor can not purchase an interest in them. The investment demand is, therefore, concentrated upon the securities of established corporations which may have passed through the process of reorganization into positions of safety. The consequence of this concentration of a rapidly growing investment demand upon a limited supply of investments is to raise the prices of good securities, and in this way to diminish their yield. This increased price is due to an increase in the demand for good investments at a more rapid rate than the supply of such securities. Safe investments, it is true, are constantly increasing. Q (E.S. Mead, 1903, 358)

Avec un nouveau volume de capital, lS chelle de la structure producti ve et entrepreneuriale sS tend. CSest pourquoi il faut davantage sSattarder sur la distribution des titres de lSentreprise et sur le ct financier des r organisations. W.H. Lyon souligne lSimportance des aspects financiers:

PThough both law and accounting must be referred to in explaining financial matters, I hold an opinion that corporation finance has a distinct channel, and that it is the duty of any one undertaking a presentation of any aspect of the subject to steer a course between the legal and the accounting sides of corporate business. Q (W.H. Lyon, 1916, iii)

Ainsi, grce  des manipulations, lSinvestissement doit, sans mme se pr occuper de consid rations productives, permettre aux d tenteurs des actions ordinaires dSenregistrer un profit. E.S. Mead souligne:

PThey frankly admit, too, that they see increased safety to their own interests in the fact that the corporation must provide for large fixed charges and will probably make efforts to earn a good return on that part of their capital which



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they pronounce ' water. That means that living prices must be maintained prices which will give them an opportunity to make a profit on their own investments." In other words, the large capital of the Steel Trust will, in the opinion of its competitors, influence its managers to a more pacific and conciliatory policy than that formerly pursued, in short, the stock must be " watered "about 100 per cent. The "watering" of securities may be done in various ways.Q (E.S. Mead, 1903, 299)

La capitalisation ne co rrespond alors plus  la valeur r elle de lSentreprise. (W.H. Lyon, 1916, 85). La dilution de la propri t avec les watered stocks, et la forte demande dSactions sur le march doit amener lSinvestisseur du trust  diversifier lSemploi de son capital dans dSautres titres afin dSobtenir un P average yield Q ( E.S. Mead, 1903, 359).

PThis plan of investment, however, is not possible with a high priced stock such as Standard Oil. Such stocks are apt to be closely held by a few insiders, and only a small supply is held by the investing and speculative public.Q (E.S. Mead, 1903, 398).

Le but est de limiter la rumeur sur le march , car les petites ventes cr ent beaucoup de fluctuations des cours des titres. Or  terme le risque est de nSavoir que quelques gros PpromotersQ sur le march . E.S. Mead exemplifie cela avec le cas du secteur de lSacier :

PIt would seem to have been the plain duty of the management of the steel trusts to pass dividends and squeeze out the water in the capitalization of their companies by the accumulation of large surplus reserves.Q (E.S. Mead, 1903, 194)

En effet, dans Financial Aspects of the Trust Problem E.S. Mead explique que le jeu du march a lieu grce au petit investisseur:

PBut although the watering of stocks and bonds may thus be made a means of securing a corporation in the enjoyment of the revenues of monopoly advantage, by interposing an innocent third party, the investor, between the corporation and the public power, it has nothing to do with fixing the schedule of charges upon which the revenues depend.Q (E.S. Mead, 1900, 297)



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Cette pratique de dilution qui am ne la distribution de dividendes, sans contrepartie tangible dans lS conomie r elle est connue. Cela tant dit, reste un myst re autour de la pratique des manipulations du march .

Ainsi, bien quS tant favorable  la concentration du ca pital, E.S. Mead apporte beaucoup dSattention aux respects des lois. W.H. Lyon se positionne galement dans la d nonciation des fraudes (W.H. Lyon, 1916, 83- 4) et la recherche dSune E protection pour la soci t F (W.H. Lyon, 1916, 85).

PIt is charged that stock -watering works a fraud on the investing public through enabling unscrupulous men to deceive people, by a certificate marked "par value, $100,'' with the idea that the corporation has assets of equivalent value. Such deception is common. Promoters of "fake" corporations have a thoroughly organized business. It must be owned that those who are deceived have only taken the view that, nominally at least, the law itself takes. For the law generally says that when a stock certificate of the par value of $100 is issued, it shall have back of it assets of the value of $100. To be sure, the law goes on to say that it will not inquire too closely into the actual value of those things which the corporation states to be of the value of $100.Q (W.H. Lyon, 1916, 83)

Il faut lutter contre ces exc s qui repr sentent les aspects n gatifs du syst me capitaliste du d but du si cle, en cours de financiarisation. Mais ces pratiques financi res comme le watering , nSont pas que des mauvais ct s comme le met en exergue E.S. Mead :

PIn other words, the conclusion of our investigation is that the interests of the corporation, the stockholder, and the public for the public is also benefited by a wide distribution of stable investments unite to indorse the capitalization of earnings. The object of a corporation management should be the maintenance of a moderate and stable rate of return on stocks. Instead of the much-abused practice of stock "watering" being dangerous to the public interest, it is, when properl y conducted, of great general benefit.Q (E.S. Mead, 1903, 312) DSautant que, selon W.H. Lyon:

PThe bankers are not, however, going into this enterprise as a permanent investment; they look forward eventually to selling their securities, making



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their profit on the transaction, and using their funds in a new enterprise.Q (W.H. Lyon, 1916, 89)

Et lSobjectif de ces banquiers, comme le souligne W.H. Lyon, est bien de s parer au sein de la propri t les questions de risque et de rendement par rapport au contrle :

PWe have had to touch on the matter of underwriting in order to bring out the way in which water in the securities of a corporation may act as a solvent to effect divisions of risk, income, and control for results otherwise impossible to get exactly. By means of the stock bonuses the bankers, in the first place, and the underwriters, in the second place, have been able to separate the resultant of income and control coming originally into their hands. Everyone has got what he wanted out of the transactions. Bankers and capitalists, with regard to this particular project at least, show the speculative type of mind. If they were not willing to assume the greater risk in expectation of the larger profit they would not have gone into the undeveloped enterprise. Each in turn has passed on the less risk and the limited income and kept the potentially unlimited income as a compensation for the risk he ran when embarking his funds in an enterprise while it was yet problematical whether the corporation would ever return a fair income on its capital.Q (W.H. Lyon, 1916, 98-9)

E.S. Mead fournit une analyse plus fine des comportements et des probl mes de comptabilit (1900, 45). A travers ce d veloppement plus profond des mutations en jeu, E.S. Mead apporte ses arguments au d bat, avec un positionnement en faveur des concentrations et des combinaisons dSentreprises. Il sSagit de vendre au bon moment Pin the difference between the claims of the two interests Q (E.S.Mead, 1903, 234) afin dSen tirer un avantage.

PIn point of fact, as a result of the various manipulations of railway securities in sale and lease, and also by the distribution of assets by privileged issues of securities to stockholders at prices less than the market values, the stockholders who purchased during the last period of low prices have, in some cases, received a very large return on their investment. Q (E.S. Mead, 1903, 234)

Veblen prend fortement position lui aussi,  travers un positionnement tr s id ologique - ce que Ripley lui reprochait dSailleurs - contre ces changements du fonctionnement des



C.:]1 `V  C P:` 1V II entreprises. A lSinverse, W.H. Lyon insiste sur son positionnement mod r , PThough not intending to be controversialQ (W.H. Lyon, 1912, 83), selon lequel:

PIt is not part of our purpose at this point to discuss the relation of rates and capital investment.Q (W.H. Lyon, 1916, 86)

Quoi quSil en soit, ils insistent tous trois sur l e poids de la capitalisation dans le syst me conomique du d but du si cle aux tats-Unis. La pierre angulaire chez E.S. Mead, Veblen et W.H. Lyon est la s curit de ce que lSon appelle le principal face  lSagent, dans la th orie financi re moderne, la vision de la capitalisation des suites de la concentration du capital, la s curit des revenus issu de nouveaux instruments financiers face au ph nom ne de subdivision des titres.

Ainsi autant E.S. Mead que Veblen saisissent lSid e selon laquelle une d tention du contrle de lSentreprise sans se pr occuper de la valeur des actifs physiques, de leur vente ou mme de leur efficacit productive est possible. La valeur du capital financiaris ne refl te en rien la valeur de lSactif, mais bien une valeur de march financier. Ainsi, ces pratiques de watering stocks questionnent et challengent la th orie de la propri t telle quSelle est tablie. Cela ouvre un d bat important entre 1870 et 1914 sur le foncti onnement de lSentreprise industrielle moderne, ses besoins juridiques en termes de propri t , de comptabilit , dSharmonisation des bilans et dS valuation de lSentreprise en valeur.

A ct de lS volution de la th orie et des m thodes de comptabilit , le no uvel ordre conomique et financier (et ses activit s parfois suspectes) a t accept , ce qui a mis fin au d bat. Et les ann es 1920/1930 ont mme consid r ces nouveaux standards financiers et banquiers comme tant une bonne pratique.



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c. Concurrence imparfaite, holdings, trusts et capitainerie

Sans combinaison entre entreprises d j existantes, l'expansion de la valeur des actifs sur la base de la capacit attendue (i.e. la cr ation de goodwill) nSaurait pas t possible. En effet, cSest le fait de vendre les actions au prix de march , sans tenir compte de la structure dSendettement, qui rend ce sch ma possible. Or, les changements en ce sens du tournant du si cle sont vidents.

PBetween 1895 and 1904 a great wave of mergers swept through the manufacturing sector. Nothing like it had ever been seen before, or has been seen since. Although subsequent waves of mergers have occurred, they have typically involved the acquisition of one or more small firms by a larger competitor [G] Brief as the merger movement was, it threatened to make radical changes in the competitive structure of American industry. All told, more than 1800 firms disappeared into consolidations, many of which acquired substantial shares of the markets in which they operated.Q (N. R. Lamoreaux, 1985, 1-2)

Comme le souligne Burton J. Hendrick en 1919, la p riode est tellement associ e  de profondes mutations concernant la structure de march des entreprises quSil consid re que :

PFor the most part we speak a business language which our fathers and grand- fathers would not have comprehended. [G] PInterlocking directoratesQ, Pholding companiesQ PsubsidiariesQ, Punderwriting syndicatesQ and Pcommunity of interestQ all this jargon of modern business would have signified nothing to our immediate ance stors.Q (B.J. Hendrick, 1919 [2002], 2)

Pour autant, il apparat que ce sujet laisse beaucoup de place  la r flexion et lSAmerican Economic Association se saisit de ces pr occupations d s le d but du 20 e si cle (A.W. Coats, 1960).CSest aussi le cas de E.S. Mead, T.B. Veblen, W.H. Lyon ou encore R.T.



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Ely. Ainsi, ce dernier laisse percevoir dans Monopolies and Trust un besoin pr gnant dSanalyse :

PIf there is any serious student of our economic life who believes that anything substantial has been gained by all the laws passed against trusts G this authority has yet to be heard fromQ (R.T. Ely, 1900, 243).

En 1906, James Laurence Laughlin, sans citer lSapport de Veblen sur la question, nous pr sente sa vision du Trust Problem dans Industrial America ; Berlin Lectures of 1906. Il retrace la Pvery recent originQ de ces groupements de capital qui ont t vulgaris s comme des trusts et sont Pthe practical problems which the American people have now to solve, the greatest is that the control of vast corporations.Q (J.B. Clark & J.M. Clark, 1912 [1914], 1). La r gulation des prix de lSindustrie commence durant la d cennie 1860 avec la constitution de pools , notamment de chemins de fer. Mais la diff rence entre les trusts et les pools est que dans ces derni res formes organisationnelles, les membres pouvaient se retirer de lSorganisation sans pr avis. Le chapitre 3 de W.H. Lyon (1912, 191 6) sSintitule  cet effet PFrom the pool to the holding companyQ. Ces pools ont t la cible du Sherman Act de 1890. Notons que les grandes figures de ces organisations parmi lesquelles Rockfeller, ont tr s tt compris la faiblesse de ces structures quS ta ient les pools. En cons quence, ils cr ent d s 1882 la Standard Oil Trust , et en 1887 la Distilling and Sugar Trusts (J.L. Laughlin, 1906, 101). En effet, une prise de conscience fait voluer la l gislation sur les entreprises. La cons quence est une modification de la structure de la firme 198 , sa forme ayant d j d pass le pool (lSaccord temporaire entre entreprises) et se constituant d sormais sous la forme dSun trust (regroupement type soci t anonyme comme un fond dSinvestissement avec un trustee et des b n ficiaires).

Le passage du trust  la holding (soci t  responsabilit limit e avec un contrle dSautres soci t s grce  la d tention de droit de vote et qui lui permet de sSorganiser sous la

198 PThe antitrust law of Missouri, for example, prohibited any "pool, trust, agreement, combination, confederation, or understanding with any other corporation, partnership, individual, or any other person or association of persons, to regulate or fix the price of any article of manufacture.Q(E.S. Mead, 1903, 32) 

C.:]1 `V  C P:` 1V II forme dSune soci t de portefeuille) prend place  la tout e fin du 19 e si cle. E.S. Mead pr sente la loi du New Jersey comme une cons quence importante, marquant le passage dSun avant et dSun apr s pour les coalitions dSentreprises et date ce ph nom ne  1889 (1903, 34) 199 . On peut constater que les crits de E.S. Mead, consid r s par la litt rature secondaire de la finance dSentreprise, sont publi s au moment o la notion de trust finance commence  disparatre. DSailleurs E.S. Mead ne consid re pas le pool ou le trust comme tant de bonnes formes dSorganisations fonctionnant particuli rement bien. Il faut que les trusts en place sur le march , fonctionnent par des r seaux de trusts afin entretenir une bonne situation de march : et cSest sp cifiquement ce  quoi renvoi e la holding company (M. Witzel, 2012, 39 ; E.S. Mead, 1916, 255)). La diff rence entre le trust et la holding est alors que le premier ne consid re quSune petite quantit dSactionnaires -managers presque ind boulonnables de leurs positions alors que la holding ouvre la possibilit  une multitude de petits actionnaires.

En effet, on cherche  lutter contre les concentrations dSentreprises, car comme le souligne J.L. Laughlin PWhatever the gains of trusts may be, to many minds their evils seem to be dominant and menacing to society.Q (1906, 120). CSest une p riode centrale car de nombreuses fusions et r organisations dSentreprises ont lieu grce aux instruments nonc s dans la sous- partie pr c dente, ainsi quS la motivation des magnats et actionnaires pour empocher des avantages p cuniaires. Cela permet des ajustements entre des relations industrielles et politiques mouvantes, en termes de s curit pour la p rennit du fonctionnement de lSentreprise mais surtout pour les relations de pouvoirs en interne. Pour autant, il y a une contradiction entre la n cessaire passation du pouvoir dans ces puissances conomiques que sont les magnats industriels et financiers et la recherche de lSint rt g n ral (J.L. Laughlin, 1906, 100 -1).

199 En effet, il sSagit de souligner quSavec lSadoption du Sherman Antitrust Act en 1890 les trusts du New Jersey ont opt pour la structure de la holding (ou encore industrial combinations ) qui bien que poss dant les mmes fonctions, chappait  la l gis lation de 1890 (E.S. Mead cite lSindustrie du sucre et du p trole  cet gard, 1903, 44, 35). 

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Les crits dS E.S. Mead sont  cet gard passionnants car il est  cheval entre les pr mices de la finance dSentreprise, ses enjeux juridiques, le passage du trust  la holding , et lSge dSor de cette derni re. Finalement, dans cette mise en perspective nous constatons que Veblen ne d crit que peu cela en 1904, ces Platest phases of the industrial developmentsQ n cessitant Pa genetic inquiry into [the] modern business situationQ (Veblen, 1914, 106 et 218). E n effet, il ne fait quS voquer un lien de block-holding avec sa th orie du E vandalisme F de la gouvernance dSentreprise uniquement motiv par le gain p cuniaire, par le contrle financier sur les capitaux de lSentreprise. En revanche Veblen a per u ses enjeux dans les ann es 1920 et notifie la diff rence entre le capitalisme industriel de la fin du 19 e et le capitalisme financier du d but du 20 e :

P[G] the holding-company has been an instrument and an exemplar of that drift of things in the conduct of business which has brought on the current state of things, and which has made the difference between the situation of the nineties and that of the present.Q (Veblen, 1923 [1997], 333)

Il est d s lors reconnu comme un th oricien du block-holding par Matthew Josephson dans The robber barons: The great American capitalists :

PIn examining the careers of our barons in detail we observe them not only combining and organizing but often using a technique of disturbance and derangement for Pblocking the business systemQ at some point, as Veblen has surmised.Q (M. Josephson, 1934 [1962], 145)

La cr ation dSun trust n cessite de forts besoins initiaux en capitaux, or comme lSindique E.S. Mead, ce capital provient de grands agents institutionnels sp culatifs.

PMr. Carnegie could not have chosen a better time to make his attack than when the leading financial interests of the country were anxious to engage in new operations, to whose success a decline in the value of the steel stocks might have proved disastrous, not merely because of the loss of confidence in their projects which the passing of steel dividends would cause, and the chill and paralysis of speculation which would follow, but because of the locking up of capital in securities whose values, raised with so much care and after so long a time, the threatened competition would practically destroy. Mr. Morgan and his friends would have been unworthy the further confidence of the

 

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investing and speculative public had they not done everything in their power to avert the disaster threatened by the steel war.Q (E.S. Mead, 1901, 216)

PThe United S tates Steel Corporation was backed by the strongest financial houses in the United States. It included the Carnegie Company, the strongest steel company in the world; it completely realized the ideal of independence for which all the merging companies had been striving; it exorcised the forbidding specter of competition; and it was offered to the public at a time when the speculator was able to appreciate these advantages at something more than their real value.Q (E.S. Mead, 1901, 217)

Depuis 1890 et avec une apog e dans les ann es 1920, le trust laisse progressivement sa place  la holding company . LShistoire industrielle est marqu e par cette continuit des structures dSentreprise ; le trust nSapparat que comme un P old embryo power Q (J.L. Laughlin, 1906, 100). On constate que les trois plus grosses entreprises des ann es 1920 sont celles qui sS taient d j form es durant la d cennie 1910 en tant que holding ,  savoir : la Standard Oil Company (New Jersey), la United States Steel Corporation et la Eastman Kodak Company .

E.S. Mead souligne lSimportance du d bat sur les coalitions dSentreprises en soulevant plusieurs enjeux induits. Ainsi dans ses crits du d but du si cle, il met en avant une volont de d crire les cons quences des activit s financi res des trusts pour la vie de la communaut et estime quSune certaine r gulation doit n cessairement tre install e. Par ailleurs il insiste sur lSid e quSil est central de rendre ces discussions sur les trusts et autres coalitions famili res dSun public plus large que les seuls concern s,  lSimage des r formes mon taires qui prennent place  la mme p riode et dont les d bats occupent tout le pays.

E.S. Mead questionne particuli rement lSenjeu des droits de vote dans ces regroupements industrialo-financiers. Il insiste sur le rle de chaque cat gorie de titres dans ce contexte :

PIt is well known, and in fact, has often been conceded by promoters, that the preferred stock of the trusts represents the capitalized value of the average earning power of the constituent plants in separation, and that the common

 

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stock represents the capitalization of the "economics of combinationF plus such working capital as was provided by underwriters. In other words, the preferred stock represents value in existence, and the common stock value in prospect.Q (E.S. Mead, 1903, 196)

En effet, il donne lSexemple du Sugar Trust qui d s 1891 et de la RockefellerSs Standard Oil d s 1892 abandonnent la forme du trust . Ils anticipent les mutations du march li es  la l gislation et deviennent des holdings (E.S. Mead, 1903, 44). Selon J.L. Laughlin:

PSo enormous had been the capitalizations of these companies that even the large profits of 1899-1901 constituted a very moderate percentage of return on their stock. It would appear, as already stated, that every consideration of prudence would incline the directors of these companies to reserve practically all their profits in order to strengthen the financial position of their companies. So far from following the path of prudence, however, 67.9 per cent two-thirds of these profits were paid out in dividends, leaving 32.1 per cent for the surplus reserve.Q (J.L. Laughlin, 1906, 178)

Or, d s 1904, Veblen utilise d j le terme de holding pour signifier ces mutations de structures. Veblen ne sSy int resse que peu, mais il en donne une d finition en note de bas de page :

PThe Pholding companyQ is the mature development of this traffic in vendible capital in industrial businessQ. (Veblen, 1904 [1996], 159)

En revanche, en 1923 dans Absentee Ownership , Veblen renvoie aux crits de W.H. Lyon concernant la holding , institution par excellence de la mise en place du triptyque vicieux actions N cr dit N actions via lSeffet de levier de lSendettement sur la rentabilit .

PBut at the outset, when the holding-company was coming into use, it was the effectual means of reorganizing the business of the key industries on an enlarged, more elaborate and more manageable plan. It served to bring these industrial business concerns together into larger agglomerations than had been practicable up to that time, and it served also to detach the ownership of these concerns from their management more widely and effectually than before. By this move the whole apparatus and management of industrial business was placed on a foundation of credit in a more unqualified fashion than before, and thereby the management of the business was enabled to Ptrade on a thinner

 

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equityQ [footnote: the expression Ptrading on the equityQ, as employed in this connection, is borrowed from W.H. Lyon Capitalization , where a very competent discussion of this principle is to be found in chapter ii] than had been practicable.Q (Veblen, 1923 [1997], 332-3)

Pour autant Veblen notifie que la situation a chang par rapport aux premi res holdings du tournant du si cle:

PThe holding-company is no longer viewed with apprehension, as it once was ; nor does it hold that dominant place in the business of credit and capitalization which it held about the turn of the centuryQ (Veblen, 1923 [1997], 332)

En effet, la pratique de la holding sSest impos e petit  petit et ap parat d sormais habituelle. Edward Chamberlin N qui a fr quent le mme environnement durant sa formation - reconnat que Veblen est un pionnier en termes dSidentification du monopoly of custom and prestige (ce que Chamberlin appelle product differentiation ) (C.B. Friday dans C.C. Qualey, 1968, 25). De la mme fa on, Emil Lederer sSint ressait aux monopoles et  leur inefficacit et crit  Veblen dans un courrier du 11 novembre 1924 comme sSil pouvait tre un pont entre th orisation et pratique europ enne s dSune part et am ricaines dSautre part:

PDear Sir, just now I read again your very interesting book: Pthe Theory of Business- EnterpriseQ and I would like very much, to write you several thoughts and perhaps objections about, if it is interesting for you. The political economy, as it is treated generally in America is very interesting for us, not only by the great results, allowed by the special methods used, but also by the lack of many point of views, generally considered in the European scienceQ (Ledere r  Veblen, 11 novembre 1924, TVC, Box 1).

Entre 1899 et 1901, E.S. Mead recense 36 r organisations dSentreprises (1903, 177 -8) et estime un exc dent de b n fice dS peine 3-.On constate quSil nSest pas critique de ces trusts puisquSil consid re quSen 1900 ces coalitions permettent dSatteindre une certaine performance conomique du fait de prix moins lev s, plus stables dSun certain nombre de biens de consommation, qui seraient plus chers en situation de concurrence (E.S.

 

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Mead 200 , 1912 ; L. Fiorito, 2012). En cela il ne rejoint pas les propos E v bleniens F. E.S. Mead sSint resse  la nature de la comp titivit et  la motivation des trusts promoters qui expliquent leurs m thodes de vente des actions et de constitution des regroupements dSentreprises. En effet, la holding nSest rien dSautre quSune petite minorit de propri taires qui d tient le pouvoir et qui est galement contrl e par une petite minorit (Veblen, 1923 [1997], 332). Les r organisations dSentreprises se font grc e  lS mission nouvelle de titres (W.H. Lyon, 1912, 24 et Chapitre 1) ou  des contrats qui concluent  la cession dSactions, des actionnaires individuels vers les trusts , en contrepartie dSun certificat de d tention. Ces d tenteurs sont alors  mme dS li re les trustees qui vont voter afin de g rer ces actions dont on vient dStre d poss d . Ainsi cSest une mani re de restreindre la concurrence sur un march sp cifique. Si lSon poss de des actifs dans plusieurs entreprises, alors le contrle de la part des managers est facile car ils ne sont pas gn s par les actionnaires passifs. En contrepartie, ces titres sont facilement changeables en bourse. CSest ce que lSon appelle pr cis ment lS interlocking directorates , une nouvelle pratique commerciale, typiquement caract ristique de la holding , qui lie les directeurs ou membres des boards entre eux. Ces regroupements sur un certain laps de temps de banquiers dSinvestissement et de courtiers, leur permettent de b n ficier dSavantages financiers. Ainsi, on verrouil le la direction des entreprises dans le sens o, du fait de la propri t et du contrle des actionnaires dans diff rents boards dSentreprise, on interconnecte entre elles ces directions et renforce la concentration tant critiqu e par les lois anti-trusts e t les conomistes de lS poque. Concernant la nature des affaires, Veblen souligne:

PSomething to much the same effect is to be said for the use of Pinterlocking directoratesQ, which also once loomed up in popular apprehension as a formidable, if not a menacing, innovation in the conduct of business. The interlocking directorate has also not passed out of use. It, too, is still a convenient arrangement for purposes of mutual understanding and support but these purposes for which these devices were once resorted to as a means of constraint, have now become habitual matters of routine; and the devices therefore have ceased to claim that degree of attention which they were once

200 Mais galement L. Haney, J. Jenks ou J.B. Clark.  

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presumed to merit. They are no longer of the essence of the case.Q (Veblen, 1923 [1997], 333)

Ce d but du 20e si cle est ainsi une p riode o les promoteurs ont per u dans lSexpansion des trusts une mani re nouvelle de sSenrichir sur le dos de lSorganisation industrielle, via la surcapitalisation. Selon J.L. Laughlin:

PThe usual process of recent promotions includes the following steps: (i) the creation of a new corporation , usually as "a holding company"; (2) the support of underwriters who could provide cash ; (3) the acquirement of options upon the plants by the promoter; (4) the purchase of the plants either outright, or by obtaining the majority of the stock ; (5) the final marketing of the securities of the central company on the stock market, and the manipulation of the price of the securities .Q (J.L. Laughlin, 1906, 127, mis en italique par nos soins)

Par ailleurs, comme J.L. Laughlin le souligne, la position privil gi e des gestionnaires avec les banquiers permet aux grandes entreprises dSavoir acc s  un E meilleur cr dit F. Le syst me de sur-cr dit joue alors  plein (J.L. Laughlin, 1906, 110). En effet, les m thodes de financement limitent la taille de lSen treprise. La multiplication des techniques et des instruments au tournant du 20 e si cle facilite ces modifications dS chelle de production, ce qui en retour implique un besoin suppl mentaire de gestionnaires (J.L. Laughlin, 1906, 116). CSest lSav nement dS une re o le cr dit ainsi que les gestionnaires sont rois. Du fait des besoins de capitaux importants, les risques sont ind niables. Pour autant, en terme productif le trust obtient en pratique une position monopolistique, mme sSil nSa pas la maitrise de toutes les filiales de son secteur (approvisionnement ...).

J.L. Laughlin synth tise et d crit le processus de surcapitalisation, du fait des watered stocks . Cela est de courte dur e car les investisseurs en prennent conscience rapidement.

PObviously, there are well managed and badly managed trusts; some whose earnings are based on permanent, and some on transient, sources of income; some depend on natural advantages and rich resources, some on franchises or on special favors. Between the good and the bad investment the buyer of securities must choose only with his eyes open. [G] The fact that trust securities depend upon earnings; that the earnings of these companies by their



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very nature must fluctuate widely with the inevitable ups and downs of industry and tradeQ (J.L. Laughlin, 1906, 130)

Parall lement  ces volutions de structure, la gouvernance de ces entreprises volue. CSest alors que Veblen notifie cette volution  lSaide de E lieutenants F et de E capitaines F. On recouvre par l- mme lSimportance de la notion dSinstitution chez Veblen, qui perp tue lSid ologie des vested interests (Rick Tilman, 2007, 79). La culture du business est clairement institu e d s les premi res d cennies du 20e si cle et Veblen consid re dans son ouvrage de 1918 que ceux qui entravent justement lSinculcation de la culture dSentreprise face aux principes de la haute finance sp culative sont les hommes dSaffaires. Ainsi, Veblen souhaite diffuser les probl mes que pose sa vision dichotomique du fonctionnement conomique entre industrie et finance et les comportements des agents qui sSy rattachent, qui ne cherchent pas  satisfaire lSint rt g n ral. CSest ce que Veblen met dSailleurs en avant dans le cours quSil dispense sur les "Trusts and Corporations" durant les ann es 1910 (lettre  Mitchell du 20 f vrier 1913), p riode durant laquelle il crit The Instinct of Workmanship (1914). Au contraire, il d fend un meilleur tat dSesprit collectif une fois les grandes figures du pouvoir vinc es. Paradoxalement, ses crits ne tournent quSautour de ces E capitaines F quSil veut voir disparatre. Veblen apparat litt ralement et exclusivement captiv par ces agents du pouvoir.

Veblen parle de deux sortes de PCaptainsQ en 1904, d tenteurs dSactions ordinaires et pr f r entielles. La notion de capitainerie apparat dans toute lSMuvre veblenienne et bien quSil ne le cite pas, peut -tre Veblen a-t- il consult lSouvrage de James Parton de 1884 Captains of industry or men of business who did someting besides making money Pa book for young americans Q. LS re de la business enterprise (1904- 1910), voit le passage dSun capitalisme sauvage  un capitalisme organis qui se d tourne des pr occupations industrielles pour sSattarder sur les commerciales. Ainsi, les Capitaines dSIndust rie y sont les managers (d tenteurs des actions ordinaires) de lSentreprise quand les capitalistes sont de simples apporteurs de capitaux et d tiennent les actions privil gi es. A partir de 1910 on passe 



C.:]1 `V  C P:` 1V II la phase pr datrice de lSentreprise, dans laquelle les Capitaines dSIndustrie deviennent des capitaines strat giques des affaires assist s par des experts, techniciens et ing nieurs. SSaffirme alors la cat gorie des propri taires absents, les vested interests , les Capitaines de Finance. Le probl me qui se pose alors est que le gain issu de lSactivit des entreprises et captur par les mains des capitalistes Pnot by virtue of having produced or earned them G but because they own them.# (Veblen, 1923 [1997], 51). Avec la corporation finance  partir des ann es 1920, les Capitaines de Finance mettent la main sur le march , les industriels deviennent des lieutenants des affaires de la finance (managers) et un soviet dSing nieurs puissant se consolide. En effet, ce sont ces Capitaines dSIndustrie qui laissent naitre les Capitaines de Finance, de Solvabilit (Veblen, 1923 [1997], 354) dans le milieu industrialo- financier et enfin les Capitaines dSErudition dans le milieu universitaire. Burton J. Hendricks reprend la notion en 1919 sans jamais citer Veblen; et Geoffrey Todd discute en 1932 le contraste entre les P sleeping partners Q et les P active directors Q, alors mme quSils oublient les travaux de Veblen comme potentielle source dSinspiration. Pourtant, Veblen tait ancr dans la r alit qui lSentourait en tant qu e t moin privil gi . R.T. Ely, lui, parle de gestionnaires comme des dummy directors qui, grce  lSacquisition du pouvoir, font maintenant partie du executive committee ou finance committee . Par ailleurs, Veblen sSinspire du travail dSEly Monopolies and Trusts (1900) pour ses crits, d s 1904 et en partage une vision similaire.

Ces concentrations dSentreprises ont ainsi permis de nouvelles pratiques financi res d crites par nos trois auteurs, ainsi que la modification de la fonction entrepreneuriale et de propri t du capital.



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d. S paration et dispersion de lSactionnariat : cons quences et solutions

Ce que mettent en vidence les trois auteurs que nous avons tudi s dans ce chapitre cSest  la fois la dispersion de lSactionnariat, mais galement la s paration entre les fonctions de gestion et de propri t dont les tenants voluent au tournant du 20 e si cle jusquSaux ann es 1930. Rendement et responsabilit s manag riales sont ainsi s parables selon W.H. Lyon :

PBy means of the stock bonuses the banker s, in the first place, and the underwriters, in the second place, have been able to Separate the resultant of income and control coming originally into their hands. Everyone has got what he wanted out of the transactions. Bankers and capitalists, with regard to this particular project at least, show the speculative type of mind. If they were not willing to assume the greater risk in expectation of the larger profit they would not have gone into the undeveloped enterprise. Each in turn has passed on the less risk and the limited income and kept the potentially unlimited income as a compensation for the risk he ran when embarking his funds in an enterprise while it was yet problematical whether the corporation would ever return a fair income on its capital.Q (W.H. Lyon, 1916, 98)

Les conomistes d battant sur ces questions dans les ann es 1910S, ne partagent pas n cessairement la mme vision, mais ils sSadonnent  une analyse pointue de la propri t et du contrat dSentreprise comme premier moteur de la concen tration du capital. En retour, si la gestion de ces concentrations est mauvaise, lSimplication est naturellement une mauvaise distribution de la richesse dans la soci t . H. Wells (2010) souligne lSimportance de ce d bat avec lSinvestigation du congr s am ricain sur le money trusts en 1913.

Par ailleurs W.H. Lyon et E.S . Mead tentent dSapporter  travers leurs crits des solutions aux maux des entreprises et  leurs relations avec la soci t . Veblen se positionne davantage comme un critique acerbe, tr s descriptif, du capitalisme financier



C.:]1 `V  C P:` 1V II sSenfermant dans une description des d rives de la soci t sans pour autant sortir de son utopie dSabolition de ces pouvoirs financiers. CSest galement un critique de ses pairs et notamment concernant les manuels dS conomie propos s pour la formation dShommes dSaffaires entre autres :

PThe standard manuals of economic theory make no reference to any such cumulative acceleration in the ordinary rate of output of capitalization of liabilities, as a factor in the economic system with which their speculations are occupied, although writers on corporation finance have called attention to the practice from time to time.Q (Veblen, 1923 [1997], 355)

A un moment o lSon a besoin dSun renouveau des m thodes de la finance dSentreprise avec des pratiques comptables claires et une profession qui encadre cette activit , E.S. Mead (1903, 290-2) comme Veblen (1904, Chapitres 5 et 6), mais aussi W.Z. Ripley (1905, 121- 2) valuent lSefficacit de la mesure des bases techniques de capitalisation des entreprises en mettant au jour la pratique de stock watering impliquant de la surcapitalisation. La double comptabilit , les fraudes possibles ne sont pas favorables  lSimage de lSentreprise (B.D. Merino, 1993, 55). Mais lSanalyse de ces ph nom nes est complexe et n cessite beaucoup dSargent pour comprendre les besoins de lSentreprise moderne (W.H. Lyon, 1916, 81).

Les probl mes de capitalisation sont effectivement au cMur de leurs arguments, puisque lSobjectif sous -jacent est de Pincrea se his capital by selling these securities, should they advance in price.Q (E.S. Mead, 1903, 115). CSest une des raisons pour laquelle les petits investisseurs ont besoins dSinterm diaires et sont ainsi d pendants des banquiers pour juger la valeur des titres. Comme le souligne W.H. Lyon,

PWe cannot determine the adequacy of a return without knowing whether or not the capitalization is fair. Even before that we must settle on something which we can accept on general principles as an adequate return on capital invested in an enterprise.Q (W.H. Lyon, 1916, 224)



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Concernant la valeur de lSentreprise, W.H. Lyon propose donc que lSon raisonne non plus sur la valeur nominale, mais sur la part poss d e par chaque actionnaire (W.H. Lyon, 1912, 84-5).

POne [possible remedies] is to do away with the sta tement Pof the par value of $100Q, and let the certificate stand simply as, say, one share of ten thousand, representing 1/10000 th of the total ownership. That should put the prospective purchaser on inquiry as to whether the total ownership is worth anything, and consequently how much 1/10000 th is worth. Q (W.H. Lyon, 1912, 84)

Parall lement il sugg re lS laboration et une diffusion publique dSun prospectus avec des l ments informatifs sur les commissions, les avantages et inconv nients de certaines actions ... Cela permettrait de ne plus cacher de fausses d penses, ou de modifier le retour r el sur investissement aux outsiders de lSentreprise (1912, 85 -6) 201 . Il a ainsi une d marche pratique en sSattachant  lier juridiction et comptabilit dSentreprise, quand Veblen ne reste que th oriquement vague. W.H. Lyon (1916, 10) insiste sur le fait que la s paration du contrle de la propri t est centrale car on ne peut parler de financement de lSentreprise ind pendamme nt de la complexit du syst me de propri t :

PIt is a well -known fact of American finance that, if the majority shares are scattered, a rather small minority of the stock held by an individual shareholder, or a little group of shareholders working together, can control the corporation almost as surely as if they held an absolute majority of all the stock outstanding. This works on the mathematical basis of an inverse ratio. The more shareholders there are in a particular corporation the fewer shares can control. That fact forms part of the foundation for the desire on the part of the promoters of a corporation that the shares should be broadly distributed. If the corporation's bankers should chance to be essentially distinct from the promoters, their desire for a wide distribution of the shares arises from the fact that the shares probably will then be more tightly held and therefore afford a better basis for the market in the security. This is an important reason for seeking a wide distribution of corporate financial paper.Q (W.H. Lyon, 1912, 78)

201 PIt must be owned that corporation managers do take advantage of large capitalizations to give an impression that the enterprise is making a small or very moderate return on invested capital.Q (W.H. Lyon, 1912, 85-6).

 

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E.S. Mead a une analyse pouss e et explicite de la Pdiversion of earning Q (E.S. Mead, 1900, 52). En effet, il expose lSid e selon laquelle lSexc s de valorisation des actions ordinaires nSest pas uniquement imputable  lSactivit des promoteurs, mais galement  lSestimation des agents conomiques ainsi quS lS valuation publique. Finalement il consid re que les gestionnaires sont importants, sSils m nent  bien leurs responsabilit s. Veblen lui ne met en exergue que les d rives dSune mauvaise gestion et sSobstine  lutter contre ces E capitaines F. Parall lement, les d tenteurs des preferred sans droit de vote apparaissent comme tr s faibles dans les rapports de force entre actionnaires. Erwin Simon (1937, 94) se r f re  E.S. Mead Corporation Finance (1912, 44) pour souligner que cette pratique dSexc s de valorisation de lSactionnaire ordinaire qui est critiqu e par E.S. Mead tout au long de ses crits, a en r alit enclench une p riode de d clin  la fin des ann es 1930. Cela est n cessairement la cons quence de lSapprentissage de 1929 et des mutations des structures de financement, de propri t entre lSavant et lSapr s crise ainsi que des diverses r glementations et l gislations. Simon utilise A.S. Dewing en note de bas de pages (A.S. Dewing, 1934 [3 e ed. de 1919], 193) pour illustrer le propos de E.S. Mead, ce dernier pr sentant un certain nombre dSavantages  cette concentration, notamment en termes dSefficacit du capital, de cots, de taille des usines et donc dSoutput, dSune moindre ampleur de la publicit du fait dSune r duction de la concurrence etc. La concurrence est coteuse et cette concentration est synonyme de baisse globale des cots. Ainsi les premiers th oriciens des trusts , notamment E.S. Mead, pensen t que ces derniers sont bons pour lS conomie surtout sSils ne sont pas r gul s. W.Z. Ripley et W.H. Lyon exposent une vision un peu plus mod r e mme sSils nSatteignent pas les positionnements de Veblen, de J.B. Clark qui souhaite un peu dSintervention ta tique ou de R.T. Ely qui appelle  un r el contrle de ces firmes.

Face  lS Pabsentee ownership Q E v blenien F, W.H. Lyon met en avant un Psilent partner Q qui est un propri taire qui investit sans r cup rer de pouvoir de gestion, mais qui r alise un invest issement risqu . Cette d finition recoupe avec le P common shareholder Q que nous avons pr sent plus haut. Il ne le fait que si sa croyance en ses partenaires actifs est importante, sSils lui ont fait miroiter une r mun ration cons quente. Le P silent partner Q est

 

C.:]1 `V  C P:` 1V II incontrlable car mme sSil est sans contrle il nSest pas forc ment un actionnaire minoritaire (W.H. 1912, 77). Cet investisseur (le banquier dSaffaires) nSest pas un agent permanent (W.H. Lyon, 1912, 89), il nSest que de passage dans lSentreprise dSaffaires et le syst me est fa onn comme tel. A ce titre, W.H. Lyon souligne:

P[G] they look forward eventually to selling their securities, making their profit on the transaction, and using their funds in a new enterprise. Though participating bonds would assure them a share in the speculative profits, such bonds are a comparatively unfamiliar security and would sell at a disadvantage in the investment market. The bankers might take convertible bonds, which, as we have seen, would give them an opportunity to take advantage of the future prosperity of the company. Neither of these forms gives the bankers any means of separating what we may call the speculation from the investment.Q (W.H. Lyon, 1912, 89).

LSensemble de ces arguments nous permettent  nouveau de confirmer lSimportance de cette litt rature mergente de finance dSentreprise a u tout d but du 20e si cle comme le souligne Veblen :

PBut corporation finance, even in that simple and obvious form in which it first went into action during the middle half of the nineteenth century, is not a small and easy matter, to be disposed of in a passing paragraph. It has, in fact, occupied many able writers through many well-considered volumes [footnote Cf, e.g., E.S. Meade, Corporation Finance; H.W. Lyon, Corporation Finance ; A.S. Dewing, The Financial Policy of Corporations ]. Yet there is a little something to be said here in the way of additional comment on the work of the corporation considered as the master institution of the business world during the period when the business situation was maturing into the shape which it has taken on in more recent times.Q (Veblen, 1923 [1997], 89-90)

Cette litt rature anticipe et annonce la th se dSA. Berle et G. Means. Cela tant dit lSanalyse qui ressort des crits de Veblen est davantage lSopposition entre les absentee ownership et la machinerie de lSindustrie dans sa totalit avec lSapparition de la PtechnocracyQ et de la Pproduction for useQ. LSapparition du d bat public sur la dominance des gestionnaires est ainsi  dater dSavant la premi re guerre mondiale. En cela nous nous accordons avec Morgen Witzel sur lSid e selon laquelle

 

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PModern management took on much of its present form during those three decades, especially in the USAQ (M. Witzel, 2007, 31).

3. CONCLUSION

Dans ce travail, il sSagissait dSanalyser la litt rature primaire du 20 e si cle, particuli rement les ouvrages  destination dSun public tudiant entre 1890 et 1929. Nous constatons que lSanalyse de la b usiness enterprise pr sent e par Veblen d s 1904 donne lieu  une pr sentation plus globale de la corporate finance durant la d cennie 1910. Plus que la naissance dSune nouvelle discipline, cette p riode sSaccompagne galement pour les sciences conomiques plus largement, du passage du pouvoir des mains des n oclassiques aux institutionnalistes dans les grandes institutions universitaires am ricaines.

En effet, au sortir de cette poque, est publi lSouvrage central pour la discipline,  savoir The Modern Corporation and Private Property (1932) par A. Berle et G. Means. Ce livre, est accueilli favorablement par la critique car comme le souligne W.Z. Ripley, il permet une valuation substantielle de lSensemble des dimensions de lSentreprise. En effet, A. Berle et G. Means fournissent une tude globale synth tisant les constats des d cennies 1900- 1920 concernant lSanalyse conomique, technique, juridique et de gestion de la firme. En revanche, la litt rature lSa consid r comme initiant les d buts de la gouvernance dSentreprise moderne. Or il faut percevoir lSouvrage dSA. Berle et G. Means comme la conclusion dSun e s rie de livres publi s depuis le d but du si cle 202 . Il nSy a pas de rupture radicale au d but des ann es 1930. Les faits que relatent A. Berle et G. Means et

202 Et parmi lesquels nous trouvons : E.S. Mead, T.B. Veblen, T.N. Carver, W.Z. Ripley, W.H. Lyon, L. Brand is, W. Lippman etc...  

C.:]1 `V  C P:` 1V II quSils th orisent en 1932 sont bien les r sultats compil s dSun processus dS volution des id es et de la th orie de 40 ans.

Dans un premier temps nous avons montr que malgr le manque dSint rt de la part des conomistes contemporains, la finance dSentreprise, ses th oriciens, ses praticiens et ses manuels de formation sont apparus  lSor e du si c le, puis de mani re exponentielle durant la d cennie 1910. On parle alors de lS mergence de la finance dSentreprise en tant que discipline acad mique. Nous avons soulign les points essentiels d velopp s par la litt rature concernant W.Z. Ripley et A.S. Dewing sur la naissance de la finance dSentreprise, tout en les liants plus sp cifiquement aux propos E v bleniens F. Par ailleurs, bien que peu reconnu comme un pionnier de la finance dSentreprise, notre travail de recherche conduit  consid rer Thorstein Veblen comme un pr curseur de cet v nement, un des premiers  avoir fourni des l ments permettant cette th orisation (1904, 1923) au d but du si cle. DSautant que des conomistes majeurs ( R.T. Ely, A.A. Young, W.C. Mitchell, W.H. Lyon, A.W. Shaw), contemporains de Veblen, sSint ressent  la finance dSentreprise, son d veloppement et sa transmission. Ce sont ces mmes acad miques qui ont pris le pari de pr senter Veblen comme un auteur am ricain central du d but du si cle. Veblen a ainsi t lSun des premie rs  encourager les conomistes  introduire aussi bien les aspects financiers, techniques ou sociaux dans les principes de gestion des entreprises. Pour autant, bien que les auteurs que nous avons pr sent s dans ce chapitre aient de nombreux points dSacco intance, Veblen ne partage pas la vision conservatrice de W.Z. Ripley (1905, 121-2) ni lib rale de E.S Mead (1903, 290-2) sur les questions entourant la capitalisation des entreprises. Bien que souhaitant galement la mise en place de standards comptables conformes aux r alit s de la business enterprise , Veblen d nonce de mani re plus virulente la pratique de cette derni re tout en contribuant largement  la r flexion qui am ne  promouvoir cette discipline comme un champ dS tudes  part enti re.

 

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Dans un second temps, apr s avoir replac Veblen dans le contexte de publication des manuels de finance dSentreprise, nous avons mis en perspective les crits de E.S. Mead (1900, 1903, 1910), T.B. Veblen (1904, 1923) et W.H. Lyon (1912, 1916) au moyen dSune lecture comparative du fonctionnement de lSentreprise entre 1900 et 1923. Le constat est tel que tous trois per oivent une vision proche de la r alit du fonctionnement de lSentreprise dSaffaires de lS poque, sans pour autant partager le mme point de vue sur le bien-fond de cette volution vers un capitalisme financier exacerb . Ils analysent la structure de lSorganisation industrielle, les avantages et les inconv nients de la concentration et les motivations ainsi que les enjeux en termes de propri t et de gestion. Les petits investisseurs d tiennent alors peu dSinformation et sont effectivement consid r s comme les outsiders du syst me. La pr sentation des techniques financi res et lSh ritage des premiers th oriciens sont vidents, malgr le rejet de cette c onomie descriptive par la litt rature de la E finance moderne F. E.S. Mead et W.H. Lyon mettent particuli rement en avant le besoin de nouvelles m thodes de gestion financi re qui encourageraient  un meilleur contrle. Pour autant, la critique la plus acerbe vient de Veblen, qui ne cautionne en rien le syst me. La capitalisation et les pratiques d riv es des march s financiers am nent le d bat au tournant du si cle, face  des regroupements dSentreprises qui semblent tirer profit dSun syst me opaque. La th orie de la propri t est questionn e, au regard des complications amen es par la pratique du trading on equity , des watered stocks , de lSinterlocking directorate s et de la recherche de goodwill ou de captation dSun b n fice de fondation. Autant de termes que nous pouvons toujours rapprocher de la pratique financi re dSentreprise moderne. Puis nous avons soulign leur rapport au passage du trust  la holding et la mutation de la concurrence imparfaite qui sSaccompagne de nouveaux rapports de pouvoir entre diff rentes capitaineries. Enfin, nous avons expos leur vision commune concernant la s paration des fonctions de propri t et de gestion mais aussi et surtout de dispersion de lSactionnariat. Ce sont les cons quences du fonctionnement de lSentreprise dSaffaires depuis la fin du 19 e si cle. W.H. Lyon et E.S. Mead y apportent quelques r ponses. Il en



C.:]1 `V  C P:` 1V II ressort que E.S. Mead, qui apparat avoir un point de vue courant, per oit le march financier comme un facteur dSefficacit notamment  travers la pratique des watered stocks : plus dSactions sont  r mun rer avec la mme E source F. A lSinverse, Veblen met lSaccent sur lSinstabilit amen e par la finance dans la structure dSentreprise. Il souligne lSimportance du capital tangible et les d rives des op rations de cr dit par les op rateurs financiers. On retrouve ici son concept central de goodwill qui est  lSorigine dSun surplus de rendement de lSentreprise,  tau x variable. Il con oit alors la volatilit des earnings comme normale. A travers la pratique du trading on equity , W.H. Lyon introduit les mmes m canismes que E.S. Mead et Veblen, nos trois auteurs tant tous trois des th oriciens du risque.

Au d but du 20 e si cle, les th oriciens partent en r alit de cas pratiques pour institutionnaliser une nouvelle discipline : la finance dSentreprise. Pour autant, malgr les clarifications apport es, le sujet reste difficile  traiter. DSailleurs en f vrier 1922, lo rs dSune conf rence sur Sciences in Business Mitchell sSinterroge encore:

PWhy is there less science in business than in industry? Of what branches of sciences can business make use? What conditions favor applications of sciences to business? What is the present status of science in business? What are the prospects of progress i n the calculable future?Q (Mitchell, f vrier 1922, WCMP)

On a ainsi constat dans ce chapitre lSexistence dSune litt rature primaire descriptive de finance dSentreprise riche, qui, malgr les propos passionn s quSelle provoque au d but du si cle, ne marqu e pas lShistoire de la discipline et est relativement peu tudi e par la litt rature secondaire. Par ailleurs, il faut attendre les d cennies 1940 voire 1950 pour que la finance soit bien tablie dans les curriculums des business schools des universit s am ricaines (Donald MacKenzie, 2006, 37). Cela est notamment d au fait quSavant les ann es 1950S les th ories taient consid r es comme E ad hoc F (A.J. Smith, 1990, 5) du fait dSune exposition tr s d taill e mais avec peu de syst matisation. Quoi quSil en soit tous ces auteurs auxquels nous nous sommes int ress s dans ce chapitre d noncent le fait



C.:]1 `V  C P:` 1V II que lSon soit aux tats- Unis, au d but du si cle, loin dSune communaut vertueuse et que coll gialement cette communaut sS loigne de la responsabilit morale qui est de et attendue par lSentreprise. Cette difficult est li e  la mont e dSune classe sp cialis e qui est la classe manag riale et la croissance d mesur e de la taille des entreprises. Ces entreprises attirent toujours plus de capitaux et cr nt des montages financiers comme signe de r ussite et de richesse. Ces sujets connaissent un cho contemporain  la suite de la crise des subprimes et notamment lSengagement des entreprises dans une d marche de Responsabilit Sociale de lSEntreprise (RSE).



4. ANNEXE DU CHAPITRE 3



!

CHAPITRE 4: FINANCE DSENTREPRISE ET BUSINESS TRAINING IN HIGHER EDUCATION:

HOSTILITES ET POUVOIRS OU LA GUERRE DES CAPITAINES

P[G] the ambitions of the New School [is] to come into touch with the technical men who have to do with the countrySs industry and know something about the state of things and the needs of industry.Q (C. Hasek Marx  Joseph Dorfman retranscrivant lSambition phi losophique de Veblen, 10 mai 1934, WCMP). 0. INTRODUCTION

1. DE LA CORPORATE FINANCE A LSEMERGENCE DU BUSINESS TRAINING : LA PLACE DES UNIVERSITES VERSUS DES ECOLES

a. PCorporate Finance Q : contexte de march de lSapparition de la discipline acad mique b. PBusiness Training Q : adaptation et volution des structures de formation des hommes dSaffaires c. Pouvoir et oppositions : hommes dSaffaires et acad miques

2. HIGHER LEARNING IN AMERICA POUR VEBLEN ET SES CONTEMPORAINS: DES ECRITS QUI CONTRIBUENT AU DEBAT DE LSENSEIGNE MENT DES AFFAIRES

a. La formation aux affaires dans les crits de Veblen b. La formation aux affaires chez Mead, Taylor, Shaw et Gay c. Institutionnalisation et enseignement de la finance dSentreprise : un bilan

3. CONCLUSION

 

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0. INTRODUCTION

PBusiness education in America is unique in its vigor and in its lack of guidance.Q (S. L. Lyon, 1922, ix). Entre la d cennie 1880 et la crise de 1929 apparat une nouvelle discipline acad mique, la finance dSentreprise. Elle soul ve la question de lSauto rit ainsi que des relations de pouvoir internes  lSentreprise. De plus, th orisation de la finance dSentreprise et sciences de lS ducation 203 mergent parall lement comme champs dS tude. Ce qui nous am ne  lier la discipline avec la formation aux affaires dans lSenseignement sup rieur. En effet, les consid rations acad miques mergent de la pratique de la finance en entreprise, ces derni res tant tr s actives dans le dernier quart du 19 e si cle. Les nouvelles fonctions entrepreneuriales dans les concentrations dSentreprises, vont d terminer des besoins de formations aux affaires ainsi que leur mise en place au tournant du si cle.

La d cennie 1880 peut tre consid r e comme une sorte de E nMud F car de mani re concomitante la finance dSentreprise sSinstitutionnalise dans le milieu acad mique, les premiers ouvrages sSy int ressant paraissent, et les premi res coles de business se fondent. Cela motive un int rt pour la finance dSentreprise. Sa mission consiste  fournir une dimension descriptive mais aussi explicative aux grands bouleversements conomiques, aux performances dSentreprises, aux modes de financement et dSorganisation des affaires q ui prennent place au tournant du si cle.

203 En effet, la p riode 1855- 1895 correspond  lS mergence de lS ducation comme un champ dS tude, alors que 1895- 1938 renvoie  lSeffervescence de ses enjeux et aux recommandations pratiques (H. Knox, 1971, 1). Cet enclin scientifique  penser lS ducation permet de r former le syst me am ricain. Pelective systems with many school subjects became popular, and consolidated high schools offering vocational as well as aca demic curricula were establishedQ (Ibid, 3). La business education apparat dans les ouvrages durant la d cennie 1910.  

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Il est question de positionnement de la finance dSentreprise par rapport  la finance de march , de lS volution des structures de lSentreprise, des enseignements cens s refl ter les mutations ou encore de E corruption F au sein des institutions comme celles de lSenseignement sup rieur ( H.T. Washburn, 2008). Un si cle et demi apr s, ces th mes financiers et entrepreneuriaux sont toujours dSactualit . De surcroit, aujourdShui, nous sommes convaincus quSune approche historique pour comprendre les tenants, les aboutissants, et le positionnement des institutions dSenseignement sup rieur au fil du temps est centrale. CSest pourquoi, lSobjectif de ce chapitre est de donner un clairage sur lS mergence et lSampleur de la d iffusion de la finance dSentreprise. Ainsi, son influence se refl te dans les transformations de lSarchitecture des institutions dS ducation mais galement dans la mani re dSenseigner les affaires. Ce travail sSeffectue  travers le prisme institutionnaliste que lSon trouve dans notre lecture des crits de Thorstein Veblen, de ses contemporains et de la litt rature secondaire ayant travaill sur ces sujets transversaux (B. Rosenberg, 1956 ; W.H. Colley and J.B. Hefferlin, 1957 ; C.C. Chandler, 1959 ; H.A. Innis, 1929 ; Joseph Dorfman Papers ; W. Parish, 1973 ; W.J. Barber, 1988 ; F. Donoghue, 2008). I ce titre, K. Bruce et C. Nyland fournissent un travail permettant P to extend the exploration of the link between the pioneers of institutionalist economics and the scientific management movement by examining their shared interest in the stabilization of the business cycle Q (2001, 973). Ils sSatt lent  lier les notions de P Scientific management, institutionalism, and business stabilization Q sur la p riode 1903 -1923. Pour autant, cette litt rature nSinsiste pas syst matiquement sur la place de Veblen et surtout ne fait pas le rapprochement entre Veblen et la business education, hormis lSarticle de Anne Mayhew de 2007 sur P Veblen on Higher Education Q. A ce titre, la th se de Charles Chandler (1959) est un mat riel dSarchives particuli rement important car il fait le lien entre lSinstitutionnalisme de Veblen, son penchant pour lSanalyse de la business enterprise ainsi que de lS ducation. Nous insisterons donc sur cette analyse comparative entre Veblen et ses contemporains sur lSenseignement de la business enterprise , parmi lesquels nous retrouvons notamment Edward Sherwood Mead, d j tudi dans le chapitre pr c dent.

 

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La litt rature secondaire N de la mme fa on quSelle est pauvre sur les conflits entre gestion, conomie, acad miques et hommes dSaffaires - ne souligne que tr s partiellement les liens entre les diff rents auteurs, pionniers de la discipline, ainsi que leurs apports respectifs  celle-ci 204 . Cela nous am ne  nous pencher sur la mise en place des formations des hommes dSaffaires, lS laboration des programmes dans lSenseignement universitaire et dans les coles de gestion financi re et commerciale qui se fondent  lSaube du 20 e si cle. Nous nous concentrons sur la p riode allant de la naissance de la premi re business school , la Wharton School en 1881 205 au Great Crash de 1929, qui est galement lSann e de mort de Veblen. Ce travail sSancre entre autre dans lSexploration dSarchives am ricaines 206 qui nous am ne  poser lSapport des premiers institutionnalistes comme central pour la th orisation et lS tablissement des cursus dSenseignement de la finance dSentreprise. Ce chapitre met en avant la fa on dont les institutionnalistes, et particuli rement le travail pionnier de Thorstein Veblen, ont contribu  faire de la finance dSentreprise une discipline  part enti re. Veblen analyse comment son enseignement dans la formation des jeunes businessmen a t progressivement influenc par la puissance et les valeurs des hommes dSaffaires en place, au d triment de la pr dominance des principes des universitaires qui doivent servir les int rts de la soci t . En effet, nous allons voir comment les institutionnalistes et leurs cercles proches du d but du 20 e si cle cherchent  modeler un lien entre pratique de la firme et th orie du milieu universitaire de la finance dSentreprise.

204 Hormis lSarticle de la sociologue Evelyne Payen -Vari ras de 2009 sur la Harvard Business School qui sSint resse particuli rement  E.F. Gay et A.Shaw et E vise  pr ciser le contexte dans lequel les conomistes sSint ressent  la gestion des entreprises, ainsi que la nature des obstacles quSils rencontrent dans la mise en Muvre des programmes dSenseignement et de recherche de lS cole F (2009, 28). 205 Joseph Wharton y initie le premier cours de gestion concernant le secteur tertiaire de lS conomie. 206 LSanalyse de ces archives a t effectu e dans les Universit s de Columbia [WCMP&JDP], ainsi que de Madison [RTEP].  

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Mais avant toute chose, il nous faut revenir sur une difficult de vocabulaire qui entoure ces sujets du tournant du si cle. En effet, la confusion de cette p riode entre pratique et reconnaissance th orique de la finance dSentreprise ne fait pas apparatr e de hi rarchie claire dans le vocabulaire employ , aussi bien concernant lS volution de sa prise en consid ration que son contenu. La litt rature primaire sSest perdue dans une d multiplication de termes et la litt rature secondaire a entretenu ce flou, recelant de synonymes pour voquer la finance dSentreprise et son enseignement sans donner une nomenclature de lecture simple. En effet la difficult de la discipline th orique est quSelle se positionne  la fronti re entre conomie et gestion et quSelle utilise encore dSautres appellations pour parler de la formation aux affaires. Ainsi, pour parler du pan conomique des affaires on trouve la corporate finance ou la private finance . De la mme fa on, du ct manag rial nous trouvons indistinctement business management , management studies , corporate governance ou encore scientific management. Reste encore  savoir ce que ces d nominations recouvrent. La business enterprise (Veblen, 1904) synth tise ces confusions entre les aspects conomiques et manag riaux (gestion financi re, commerciale, humaine) en reliant finance et gouvernance. DSun ct nous avons le pan th orique (relevant de la pratique) et, de lSautre et en cons quence, la n cessit de formation  deux niveaux pour une pratique  venir, conforme aux pr requis de la soci t . LSinstitution phare de la higher education est lSuniversit . En son sein, gestion et conomie sont respectivement deux champs disciplinaires et dSenseignement sSint ressant  lSentreprise. En cons quence, une conflictualit existe galement entre conomistes et gestionnaires. Soulignons pour autant que les gestionnaires centrent leur analyse sur lSentreprise avec la finance dSentreprise ( corporate finance ) et th orisent la gouvernance dSentreprise ( corporate governance ) tandis que les conomistes sont des th oriciens de la finance de march mais y int grent progressivement les pr occupations de la finance dSentreprise. Mais  la fin du 19 e si cle ces distinctions ne sont plus si videntes. Mme si, longtemps, lSentreprise est rest e une boite noire pour la th orie conomique, les conomistes sSemparent du sujet et sSimposent face aux gestionnaires. En effet, lS conomie cherche  soumettre sa

 

C.:]1 `V  C P:` 1V II domination dans les coles et  conserver le pouvoir  lSuniversit . Nous allons voir quSune conflictualit se cr e  plusieurs niveaux, dans la recherche de domination dSune discipline plutt quSune autre sur la fa on de penser lSentreprise dSaffaires au d but du si cle. Du ct de la formation, nous trouvons tout dSabord les acad miques. Dans le cadre de lSuniversit , ils laborent leurs th ories dont ils diffusent les principes via leurs enseignements dans une formation g n raliste constitu e de savoir et de culture. Pourtant, au cours de la deuxi me moiti du 19 e si cle, avec lSapparition des coles ind p endantes, les hommes dSaffaires bien que sSoccupant de la pratique de lSentreprise, manifestent le besoin dSune formation, dSun savoir -faire appliqu aux grandes entreprises quSils constituent. Ils exigent une formation  la direction de lSentreprise. CSest  ce moment quSapparaissent ce que lSon appelle indistinctement les business training 207 , la business education , ou business studies , vocational training ou encore une part du management studies (les questions de marketing et de gestion par le personnel encadrant). SSopposent alors la vision dSune higher education diffus e par lSuniversit et les besoins du vocational training assouvis par les coles sp cialis es. Nous faisons donc face  une opposition  la fois dSinstitutions qui d coule dSu ne guerre entre les figures centrales des institutions E les Capitaines F mais aussi dSautre part, de la qute dSune domination entre unit s de formation et m thodes disciplinaires. Cette opposition confronte deux visions de la soci t capitaliste ainsi qu Sun repositionnement des disciplines. Dans le dernier quart du 19 e si cle on constate une rupture entre lS conomie et la gestion, la th orie conomique captant les pr occupations des gestionnaires. Par ailleurs, les nouvelles coles, en qute de prestige, cherchent  se rattacher  lSuniversit . Le syst me dS tudes secondaires voit alors lShomme dSaffaires sSins rer dans lSuniversit , d s lors P competitive university Q (Veblen, 1918 a, 129). Au tout d but du 20 e si cle, les managers tentent de consolider la discipline de gestion grce 

207 Quand on parle de business training , il sSagit en r alit indistinctement de formation globale au management, au marketing,  la formation aux affaires,  la sp cialisation dans un certain type de secteur industriel, de finance dSentreprise ... Les auteurs de lS poque y com pris Veblen ne scindent pas la discipline en sous- cat gories comme nous pouvons le pratiquer aujourdShui. 

C.:]1 `V  C P:` 1V II lSargument de la scientificit 208 . Pour autant, nous constatons bien la E victoire F de la science conomique face  la science de gestion quand pl thores de manuels dS conomie incluent les pr occupations du milieu des affaires entre 1890 et 1910. Parall lement, on constate que le premier manuel de gestion  destination des tudiants  lSuniversit est publi tardivement, en 1911 par J. Duncan.

Veblen confirme, avec le positionnement que nous allons d tailler dans ce chapitre, quSil est un vrai conomiste. Il pr sente  la fois une analyse th orique mais aussi du contenu pour les formations, saisissant les enjeux dont il est contemporain. En effet, il part de pr occupations de finance de march (taux dSint rt, prix des actions ...) pour sSint resser ensuite  la finance dSentreprise  travers le concept g n rique et global de Business Enterprise , qui int gre  la th orie conomique les pr occupations manag riales. Dans ce contexte mou vant, il sSagit de montrer le rle de Veblen dans la compr hension du fonctionnement des entreprises, les fronti res floues entre les domaines dS tudes ainsi que des d bats centraux sur le capital aux tats-Unis. Veblen publie un manuel, d s 1904, permettant la synth se entre finance et gouvernance grce  la notion de Pbusiness enterprise Q. La Business Enterprise recoupe ainsi  cette poque autant les pendants du management studies que ceux de la corporate governance et de la corporate finance . Ainsi, elle fait le lien entre E haute finance F et E grande entreprise F 209 . Veblen se veut combatif  lS gard des Robbers Barons , y compris dans le milieu ducatif. Son playdoyer de 1918 The Higher Learning in America : a Memorandum on the Conduct of Universities by Business Men montre ouvertement sa volont dSamener le sujet dans le d bat public et dSavoir une influence sur les v nements qui prennent place durant ces deux premi res d cennies du 20 e si cle ; dSo lSint rt de lS tudier.

208 A ce propos, consulter les crits de Henry R. Towne (1890S), mais bien entendu galement ceux de F.W. Taylor (1911, notamment). 209 Durant la premi re d cennie du 20 e si cle, la fronti re entre le business et le marketing est effectivement floue puisque PNew York University seems to have touched upon some of the material of the present field of marketing in two courses, one Pbusiness organization and practiceQ which included work in markets, goodwill and trademarks, and the other Praw materialsQ which naturally encompassed some reference to methods of marketing such products. But those familiar with the courses do not believe that they should be consid ered to be in the field of marketing.Q (H.H. Maynard, 1941, 384). 

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Une litt rature dispers e N tout comme la discipline  ses d buts - entre histoire, gestion et science de lS ducation sSint resse aux premi res formations aux affaires ainsi quS ses cons quences : E.F. Cheit, 1985 ; C. Goldin et L.F. Katz, 1998 ; A. Ollivier-Mellios, 2004 ; H. Etzkowitz, 2008 ; R. Khurana, 2010 210 . Mais la litt rature secondaire met peu en parall le le d veloppement des sciences ducatives et de la th orie de la finance dSentreprise, pourtant corr l s 211 . Elle oublie et ne d finit pas clairement la finance dSentreprise q ui merge de pl thore de travaux sur les trusts problems 212 durant lSEre Progressiste (1890-1920).

Dans une premi re partie nous nous int ressons  lS mergence des formations d di es aux futur s hommes dSaffaires, puisque lS thos entrepreneurial se d veloppe galement dans le milieu acad mique et dans lSenseignement universitaire. Il sSagit de rendre compte des mutations des institutions dSapprentissage r pondant aux probl matiques de lS poque. L' volution de la structure de lSentreprise, de son organisation et de la terminologie qui y est li e (R.T. Ely, A.A. Young & Co, Outlines of Economics , 1893, 1919, Chapitres VIII, XII, XIII et XXV 213 ; William H. Lough, Corporation Finance , 1909) ainsi que les mutations du march financier impactent la formation des jeunes am ricains. Cela donne naissance  une opposition entre milieu acad mique et magnats financiers de lS poque. Il sSagit de montrer les enjeux de ces coles qui remettent en questi on la supr matie de lSuni versit . Cette derni re est d sormais, en concurrence dans la formation aux affaires face  des besoins dSadaptabilit et de sp cialisation. Cela donne

210 Cet ouvrage est particuli rement int ressant mais se place dans une perspective sociologique. E Khurana consid re que les lites manag riales ont surtout cherch dans les coles de commerce la l gitimit de lSinstitution universitaire et de la science, ainsi que la respectabilit des professions lib rales F (E. Payen-Vari ras, 2009, 28). 211 Except C.W. Barrow, en 1990. 212 DSailleurs, J.Soltow 1 972 dans le review de M.Healf PThe Social Responsabilities of Business Company and Community Q souligne que le concept de trusteeship dans les affaires ne se d veloppe que dans les ann es 1920 et mme surtout 1950 ; quand le gouvernement est enfin dans une posture favorable envers le milieu entrepreneurial. 213 En effet, Outlines of Economics (1893) est un des premiers manuels de th orie conomique de r f rence, qui traite pour part des questions de th orie financi re de lSentreprise. 

C.:]1 `V  C P:` 1V II lieu  une concurrence induite entre conomie et gestion au sein et concernant les institutions dSenseig nement et de formation.

La seconde partie est lSobjet dSune mise en exergue des diff rentes visions de ces enseignements entre 1890 et 1929 parmi les th oriciens de la finance dSentreprise ; qui ont, par ailleurs, un int rt pour la science de lS ducation (E.S. Mead, 1903, 1910 ; F.W. Taylor, 1911 ; Veblen, 1918 ; L.S. Lyon, 1913, 1919, 1922). Une litt rature secondaire (J.F. Weston, 1962) sSint resse particuli rement aux d cennies 1930  1950 succ dant  lS Porganization phase Q ( R.L. Norgaard, 1981, 34), mais pas n cessairement au pan institutionnaliste de lSanalyse ( K.D. Bruce et C. Nyland, 2001), ni  son mergence avant les ann es 1930. Or les coles et les syllabus se r f rant  des cours de P business enterprise Q, P corporate finance Q ou au P business training Q, mergent d j,  lSaube du 20 me si cle. Dans ce contexte, Veblen contribue au d bat. Veblen d fend son point de vue dSacad mique  lSencontre des capitalistes financiers, dans cette E guerre F entre universit s et entreprises ou entre th orie et pratique. La question est alors qui aura le pouvoir face  la r organisation de cette soci t ? Cela rejaillit sur le curriculum car les institutions doivent sSadapter.

Puis nous conclurons sur la place prise par Veblen, qui cherche  enseigner sa r alit de lSentreprise, dans le d veloppement et lSinstitutionnalisation au d but du 20 e si cle, de cette nouvelle discipline scientifique mais aussi et surtout pratique, induisant des transformations des programmes dans les universit s et la naissance des cole s. Il sSagit de dresser un bilan sur ces mutations acad miques au tournant du si cle, de comprendre quelles cons quences cela a engendr es pour la science de lS ducation et plus sp cifiquement quelle p rennit leurs d bats et crits ont-ils eu dans les tudes en conomie des ann es qui ont suivies . Nous montrerons que cela a dSautant plus dSint rt que ces intuitions institutionnalistes sont en partie similaires  celles des th oriciens de la seconde moiti du 20 me si cle.



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1. DE LA CORPORATE FINANCE A LSEMER GENCE DU BUSINESS TRAINING : LA PLACE DES UNIVERSITES VERSUS DES ECOLES

Au tournant du si cle, les rapports de pouvoir dans lSorganisation conomique quSest lSentreprise se modifient et le lobby entrepreneurial 214 vient bouleverser la vie ducative, parall lement  la mutation des firmes. On peut ainsi constater, au d but du 20 e si cle, un r el changement de la relation entre entreprise et universit , cette derni re tant d sormais concurrenc e  la fois par des coles priv es d di es  la formation aux affaires mais aussi en interne du fait dSune lecture duale du rle de lSuniversit par les acad miques, eux-mmes.

a. PCorporate FinanceQ : contexte de march de lSapparition de la discipline acad mique

Il est primordial de consid rer lS mergence de la finance dSentreprise  lSaune de la pratique entrepreneuriale, ainsi que des mutations de la structure du march et du financement de lSentreprise qui lSaccompagnent dans la deuxi me moiti du 19 e si cle.

214 CSest toute la force des grandes familles industriel les am ricaines ainsi que des institutions financi res pr sentent dans le milieu industriel et bancaire. Par exemple, J.P. Morgan  la fois pr sent sur le march bancaire mais exer ant aussi une action majeure sur le march des entreprises, permet les r or ganisations et consolidations. JSutilise ici la notion de lobby entrepreneurial pour parler de ces coalitions, vectrices  la fois de stabilit comme dSinstabilit . Ces alliances transforment le march et agitent de nouvelles relations de pouvoir, de nouveaux jeux de domination donnant parfois lieu  la pratique de lobbying et de corruption pour lSobtention dSune position privil gi e sur le march . 

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En effet, le 19 e si cle, fait concider r volution industrielle et croissance, et voit se d velopper parall lement E un march centralis pour des titres priv s F (Hautcoeur, 2008, 164), puisque les besoins de financement des entreprises deviennent importants. LSentreprise met des titres afin dSavoir la liquidit n cessaire au financement de son fonctionnement.

Pourtant, le constat dress au d but du 20 e si cle, montre que lS mission de titres pour financer les besoins des entreprises nSest en fait que relativem ent limit e. En effet, ces derni res font seulement appel  une poign e de grands banquiers dSinvestissement pour effectuer ces op rations de march . En retour, les banques tirent un profit important de leur rle dSinterm diation ( J.B. De Long, 1991, 206). A la fin du 19 e si cle, Finance et Industrie sSassocient. Il en r sulte une concentration des pouvoirs de gestion et dSorganisation des entreprises et donc du march dans les mains de quelques Capitaines de Finance. Ces capitaines oligarchiques sont capab les dS valuer la performance du travail des gestionnaires dSentreprise et dSen tirer un signal qui leur permet dSorienter le march (cf Chapitre 1). Et en cela, ils en dominent le fonctionnement. Les Robber Barons sont lSincarnation des charismatiques hommes dSaffaires durant le Gilded Age , car ils monopolisent le pouvoir de march dans leurs mains. Ils agissent certes dans une vis e dSaccroissement de la valeur de march de lSentreprise, du fait de la situation de march imparfait, mais ils sont galement responsables de fraudes et de conflits dSint rts (De Long, 1991, 206,208).

NSoublions pas que la p riode se scinde en deux : 1880-1910 et 1910-1929. Nous avons d j soulign la pr sence de cette scission durant les ann es 1910. En effet, durant cette premi re p riode, les grandes entreprises viennent imposer leur mainmise sur le march ; chaque grand entrepreneur ayant sa sp cialisation de march . La seconde p riode connat le fort d veloppement de la finance de march et de la bourse. LSactionnariat se disperse  partir de la deuxi me moiti de la d cennie 1910 et jusquSau raz de mar e provoqu par la crise de 1929. Ainsi, progressivement sur le d but du si cle, lSactivit des entreprises am ricaines - devenant d s lors de E grandes

 

C.:]1 `V  C P:` 1V II entreprises F - explos e ce qui entraine lSexistence dSune structure de march imparfaite. On constate que lSactionnaire nSeffectue plus les choix dSorientation de ces entreprises. LSactionnariat se multiplie de par une accession facile de la population aux march s des capitaux financiers, les activit s de lSentreprise se diversifient et lSactionnaire nSa plus de prise ni sur les d cisions, ni sur la pratique de lSentreprise. CSest dSailleurs ce que souligne tout particuli rement Berle et Means en 1933 puisque les gestionnaires qui dirigent lSentreprise, ayant t mis  mal par la crise, ne sont plus les E Capitaines de Finance F de lSavant 1929. Une aversion merge envers les march s financiers. Cela autorise lSorganisation de E march financiers internes F aux entreprises, au d triment du fonctionnement de march pur, plus risqu . En effet, cette Pmorganization Q renvoie  la cr ation de valeur pour les actionnaires via une rente de monopole, est le symbole dSune concentration financi re que la soci t et la l gislation rejettent. On parle de Pmorganization Q pour voquer la technique de monopolisation de J.P Morgan  la fin du 19 e si cle, notamment via la pratique financi re. J.P. Morgan pratiquait la fusion dans un secteur dSactivit afin de former de grandes entreprises,  tr s forte capitalisation. Le choix de la fusion sSop rait souvent par compl mentarit , comme il a pu le montrer en faisant usage des chemins de fer quSil poss dait et qui repr sentaient le secteur majeur pour le d veloppement conomique dSautres activit s. Grc e  ces regroupements Morgan a r ussi  faire baisser les cots li s aux affaires. Ainsi, la P morganization Q renvoie  la consolidation dans des fiducies, ce qui permet de cr er de grandes entreprises et dSen r cup rer le pouvoir de gestion. La r putation de ces grands magnats financiers permet dSattirer les capitaux, de racheter des entreprises, de fusionner et de stabiliser la situation de monopole, d s lors rentable.

Mais, les rapports de pouvoir sont renvers s par la Grande D pression de 1929. LSactionnariat nSest plus promu comme une valeur stable ou de prestige. On se d tourne du march et on reproche le d veloppement de ces structures qui vont  lSencontre de lS conomie productive, depuis 1880. CSest la d nonciation conomique et sociale des d rives de lSactivit financi re, de lSattrait du p cuniaire. Main Street sSimpose face aux

 

C.:]1 `V  C P:` 1V II faiblesses videntes de Wall Street. DSailleurs comme le souligne J.B. De Long (1991) , il faut attendre 1933 pour que:

PThe Glass -Steagall Act broke the links between board membership, investment banking, and commercial banking-based management of asset portfolios that had marked American finance between 1890 and 1930Q (J.B. De Long, 1991, 211)

Ainsi, structure de march imparfaite et structure financi re voluent effectivement de pair et en deux phases au tournant du si cle. Ces mutations se r percutent sur la th orie et le milieu ducatif. LSenjeu est bien la mise en exergue dSun d sint rt pour lSorigine de la finance dSentreprise, alors quSelle sSinstalle au moment o la finance de march se d bride, durant les ann es 1910. La mise au jour de ces premi res volutions ne sont pas consid r es par la litt rature secondaire alors mme quSil apparat central de comprendre la fa on dont cette discipline arrive  lSuniversit comme une pr occupation acad mique. Elle se constitue comme une branche particuli re, institutionnelle de lS conomie. DSo le retour sur le cadre th orique institutionnaliste.

b. PBusiness TrainingQ : adaptation et volution des structures de formation des hommes dSaffaires

Bien sr, les coles priv es enseignent la comptabilit et la gestion aux employ s depuis le milieu du 19 e si cle. Pour autant,  la fin du si cle leur port e est toute autre. En effet, la formation des employ s laisse place d sormais  des interrogations sur la formation des hommes dSaffaires dont le rle - dans lS conomie capitaliste de la fin du si cle - devient pr minent.

 

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Dans ce contexte mouvant  la fois financier, entrepreneurial et de gouvernance, les r percussions en termes de mise en place de formations des hommes dSaffaires sont importantes. LSuniversit doit sSadapter aussi bien concernant la reche rche, les cursus en business training quSelle doit mettre en place, tandis que parall lement lSoffre de formations se compl te puisque les coles priv es de commerce apparaissent. On parle d s lors de commercialisation des universit s (Kenneth Bertrams, 2008) entrainant des contradictions internes aux principes de lSinstitution. Au mme titre que dans le pr c dent chapitre nous avons lev lShypoth se selon laquelle la finance dSentreprise mergente dans les manuels du d but du si cle serait inint ressante, il apparat utile de comprendre la mise en place et lSinstitutionnalisation de lSenseignement universitaire et de lS tude des th matiques propres au milieu entrepreneurial. Cela reste en effet un sujet in puisable et essentiel pour la compr hension de lS v olution des affaires et des comportements des parties prenantes.

A lSaube du 20e si cle, malgr un certain nombre dSexp riences, autant en Europe quSaux tats- Unis, la tentative de mise en place dSune formation aux affaires de haut niveau nSaboutit toujours pas (F. Redlich, 1957, 35). La place de lSuniversit dans la E vie moderne F est un vrai enjeu au tournant du si cle, dans un contexte am ricain o, les formations commerciale et entrepreneuriale prennent de lSimportance. On peut dSailleurs rattac her cela  des probl matiques actuelles qui tournent autour de lSimplication des entreprises dans les universit s, ou encore de la P corporate university Q (F. Donoghue, 2008, 12) pour enrichir les structures de formation et de d veloppement des comp tences dans lSentreprise 215 .

215 A ce propos, voir les travaux dSAnnick Renaud -Coulon (1996) sur les structures dSapprentissage dans diverses organisations afin de mettre au d fi les anciennes strat gies de business par la mise en application de nouvelles,  travers des formations internes.  

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Une vraie mulation, r pondant  des besoins pratiques, prend place. LSenjeu se porte sur la n cessit dSinstituer des enseignements de business training sur une base scientifique au sein des universit s, et dans des institutions priv es destin es, non plus uniquement aux employ s, mais aussi aux cadres et aux hommes dSaffaires. LSentreprise et ses consid rations pratiques - Ppractical means useful for private gain Q (Veblen, 1904 [1996], 382) - sont une pr occupation du moment, conforme aux mutations du march (N.M. Butler, 2008, 348) et au financement des entreprises par le march des titres.

Pr cisons quSil existe trois niveaux de structures de formation aux affaires entre 1880 et 1915 :

- les Universit s 216 - les coles E modestes F, priv es, appel es Pcommercial colleges Q, Pnormal schools Q ou encore Ptechnical schools Q (E.F. Cheit, 1985, 44) - et les PUniversity based-business school Q N aussi appel es Psecondary schools Q ou Pgraduate school Q de meilleure facture que les coles pr c demment cit es, mais qui se d veloppent plus tardivement. Elles sont rattach es  lSuniversit 217 , ce qui permet dSobtenir un diplme universitaire  la sortie de la formation. LS volution est telle que les tudes pr ofessionnelles sSorientent pleinement dans une approche appliqu e alors que les tudes acad miques prennent un tournant encore plus th orique. Ces Psecondary schools Q sont alors cens es faire le lien entre acad mique et appliqu .

Heinke Rbken souligne PT he oldest business schools are often also the most renowned and reputable organizationQ (2004, 27) or justement, nous nous int ressons  lS mergence de ces premi res coles. Ces derni res sont dSailleurs lSobjet dSenqutes

216 Publiques ou priv es . CSest dans une forme priv e que les premi res universit s sont cr es et dSaill eurs ce syst me reste tr s r pandu aux tats-Unis. 217 Les coll ges vont en effet tre, pour part, absorb s par lSUniversit au tournant du si cle (A. Ollivier - Mellios, 2004, 63).  

C.:]1 `V  C P:` 1V II comme unit dSanalyse des besoins de r formes ducatives entre 1895 et 1938 (Knox, 1971, 5). En effet, la p riode 1880-1915 donne naissance  de tr s nombreuses business schools 218 .

La premi re, en 1881 est la Wharton School of the University of Pennsylvania 219 , dont la cr ation est due  lSinitiative dSun riche homme dSaffaires, Joseph Wharton qui souhaite faire don de 100 000$  lSUniversit de Philadelphie afin de cr er la premi re cole am ricaine de finance et de commerce. Or, la r ponse donn e par lSuniversit est quSune telle cole nSy a pas sa place (E.F. Cheit, 1985, 43- 45). CSest pourquoi la Wharton School reste longtemps la seule institution ind pendante vou e  la formation professionnelle des affaires pour les hommes dSaffaires en devenir.

PIt was these considerations, then, that determined Mr. Wharton to establish this school. First: the belief that the business classes of our country need a higher training as much or more than any other classes; second, the view that the Commercial of Business College, however valuable its curriculum, is by

218 Leon C. Marshall disait mme  ce propos "Within the field of technical business education there has often been such a proliferation of courses that it is scarcely humanly possible that the content can be of university or professional-school grade" (L. C. Marshall 1928: 95). (Citation apr s, H. Rbken, 2004, 29). Leon C. Marshall est par ailleurs consid r comme un institutionnaliste par M. Rutherford (2010 ; 2011) selon L.Fiorito et S. Nerozzi (2016). 219 Voir F. Redlich (1957) pour le lien avec les pr occupations internationales des affaires et celui entre la JastrowSs Handelschochschedule et Harvard. En r alit la Harvard Business School connait Edwin F. Gay comme premier doyen en 1908 (qui sSest galement engag dans la New School) et Edmund James devient le premier directeur de la Wharton Schoo l, en 1887,  son retour dSAllemagne. Les besoins dSun enseignement des affaires sur une base scientifique prennent alors place dans les esprits de lS poque (voir S.A. Sass, The Pragmatic Imagination: A History of the Wharton School 1881-1981 , 1982). Redligh souligne que PWharton, according to James, had created a model of education for successful business management and efficient public service by businessmenQ (1957, 83). Par ailleurs, Taussig tait un ami personnel de Jastrow, il nSest ainsi pas tonnant quSil d veloppe un vif int rt pour les d veloppements parall les aux tats-Unis, notamment par les institutionnalistes Ely, Young, Gay et Veblen. Par ailleurs lSuniversit am ricaine sSest dSune part inspir e du mode de fonctionnement anglais, mais a ussi allemand notamment pour le d veloppement de la recherche au sein des universit s (A. Ollivier-Mellios, 2004, 64). Rappelons que les premi res coles de business prennent place en Allemagne. DSailleurs, les conomistes am ricains les plus influents sur lS mergence du management et de la finance dSentreprise - comme R.T. Ely - ont t form et influenc par lS cole historique allemande. Pa steady stream of German-trained economists began returning to north America during the 1870s. Columbia University hired J.B. Clark, R. Mayo-Smith and E.R.A. Seligman. To the University of Pennsylvania went S.N. Patten, J.F. Johnson, E.J. James, R.P. Falkner and E.R. Johnson. This movement also included F.W. Taussig and , who both went to Harvard, and Richard T. Ely and Henry C. Adams, appointed to positions at Johns Hopkins University. Later, Ely and Adams moved to the University of Wisconsin and University of , respectively.Q (B.D.G. Jones et D.D. Monieson, 1990, 103) 

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its very nature unable to give this higher training; third, the fact that the American college, however real and valuable its higher training, does not in its present form furnish a kind of higher training which appeals to the business sentiment of the community, as is shown by the fact of the small number of youths looking to business careers who enter college.Q (E.J. James, 1892, 14)

Il faut attendre 17 ans pour que les besoins pratiques dSorientation vers des formations entrepreneuriales soient pris en consid ration. En effet, le d but du si cle voit apparatre un d bat sur la diversification des parcours dS ducation, ce que lSon appe lle le curriculum .

La Chicago Booth School of Business 220 et la Haas School of Business  Berkeley, sont toutes deux cr es en 1898. Concernant lS cole de Chicago, lSimpulsion est donn e par lSarriv e de J.L Laughlin en 189 2, et en 1898 au College of Commerce and Politics dont la vocation est de chercher, selon William Rainey Harper N alors pr sident de lSUniversit de Chicago - P [a] scientific guidance and investigation of great economic and social matters of everyday importanceQ car ce sont Pthe crying needsQ (1895). La Haans School, elle, est rattach e  lSuniversit de Californie et devient la premi re business school publique.

La premi re graduate school des tats-Unis apparat tre la DartmouthSs Amos Tuck School qui est cr e en mme temps que la School of Commerce, Accounts and Finance  New York en 1900. Quant  la Harvard Business School, elle est fond e en 1904 mais nSouvre quSen 1908. Vingt- cinq coles de ce type sS tablissent entre 1900 et 1913 aux tats -Unis (N.M. Butler, 2008, 349) alors que le pays devient E un temple de la consommation F, dans lequel la publicit , le marketing et le management y ont une place de premier ordre. En effet, le manager se construit et se d veloppe comme un agent ayant int gr toutes ces nouvelles sous- disciplines pour g rer lSen treprise  grande chelle. La confiance, lSautorit et la l gitimit de ce gestionnaire dSentreprise sont des  lSinstitution qui le

220 Elle nSest alors quSune cole de premier cycle. En 1902 quand Henry R. Hatfield prend la place de doyen, elle est renomm e School of Commerce and Administration. En 1916 elle devient galement une structure pour des programmes doctoraux en mme temps quSapparat lSAACSB, lSAmerica n Association of Collegiate Schools of Business qui est une agence dSaccr ditation pour les coles de commerce. 

C.:]1 `V  C P:` 1V II forme, que ce soit les business schools controvers es, ou lSuniversit en conflit interne avec les graduate schools qui y sont progressivement rattach es.

Toute la difficult du tournant du si cle est la place de lSuniversit am ricaine. Elle est relativement jeune 221 , alerte aux pratiques de la soci t , consciente des modifications et des cots dSadaptation dont elle doit fair e face. Mais, elle doit aussi maintenir sa place parmi lSoffre diversifi e et concurrentielle de formations  lSintention des jeunes hommes dSaffaires. Face aux premi res coles qui nSoffraient finalement pas grand -chose dSutile  leurs tudiants il fallait trouver un moyen de dynamiser et de rendre attractif lSenseignement sup rieur. Pour autant, lSuniversit se donne originellement comme objectif dSoffrir  tous les tudiants de premiers cycles une formation la plus compl te culturellement. Deux voies sont alors ouvertes : dSune part lS tablissement dS coles sp cialis es et dSautre part la modification en interne  lSuniversit des curriculums qui permet dSint grer le besoin dSorientation vers une formation professionnelle. Il tait visiblement  lS poque difficile de savoir pour quelle adaptation opter, Harvard comme de nombreuses universit s ne fait pas exception.

PInas much as the University of Wisconsin and Harvard University were the original centers of influence on the development of marketing thought (Bartels 1962, 34), those two institutions were chosen as the major sites of primary research. The collections of Edwin Francis Gay, first dean of the Harvard business school, and of Richard T. Ely, first director of the school of economics at the University of Wisconsin, were major sources of data, as were the collections of several other scholars a ssociated with those intuitions.Q (B.D.G. Jones & D.D. Monieson, 1990, 102-3).

DSun ct , lSuniversit cherche  d fendre ses principes dSautonomie, de diffusion de culture et dSorganisme de recherche. Parall lement elle cherche des financements aupr s de partenaires avec lesquels elle va d velopper des partenariats et un E paternalisme bienveillant F et ne veut pas perdre la face devant les coles proposant des parcours

221 Les universit s am ricaines sS tablissent entre 1636 (Harvard University) et 1890 (Chicago University) et particuli rement durant la seconde moiti du 19 e si cle. LSE Association of American Universities F nSest cr e quSen 1900 dans le but dSuniformiser les enseignements dispens s aux tats-Unis (A.Ollivier-Mellios, 2004, 70) 

C.:]1 `V  C P:` 1V II professionnalisant et qui attirent tudiants, professeurs et professionnels. Entre les principes et le rle que se donne lS universit ainsi que les r ponses quSelle doit apporter aux enjeux de soci t , lS cart est tel que cela ouvre une br che dans lequel un d bat se cr e. Malgr le fait quSelle soit alerte et consciente (notamment au regar d des int rts financiers en jeu), elle ne peut que lutter contre ce ph nom ne. En effet, lS universit est prise en taux dans une contradiction entre risques d ontologiques et int ressement financier.

Preuve de ces aspirations  autre chose et de la capac it dSadaptation interne  lSinstitution universitaire, dans le Wisconsin, lSEtat recrute deux professeurs,  savoir R.T Ely et J.R. Commons, qui sSint ressent  la question sociale (Ollivier -Mellios, 2004, 73). Ceci est bien la preuve, au moins symbolique de la volont de rapprocher lSuniversit de la soci t et de ne pas uniquement suivre les pr ceptes de rentablit et dSefficience dict s par le march . Et pourtant, nous allons le constater, les rapports de pouvoir et les oppositions vont se faire sentir concernant la place de chaque institution, cole et entreprise, dans la vie am ricaine du d but du 20 e si cle (I.c).

LSuniversit a un rle central dans la mutation des soci t s222 , elle en est une institution phare. La question reste de savoir si :

- on dispense une ducation destin e aux lites ( conomiques/manag riales ou intellectuelles/universitaires) ? - on forme  divers besoins dans une vis e utilitariste ? - ou encore si lSuniversit doit proposer un nouveau mod le culturel face aux mutations soci tales et des mMurs 223 ?

222 CSest notamment sur elle que repose les capacit s dSinnovation, la gestion de la diversit ; elle veille  lSobjectivit , lSacc s de tous  la culture, ainsi que la r solution dSun certain nombre de d fis qui se posent  elle, apr s la guerre de S cession. 223 LS rosion de certaines valeurs et lSapparition de nouvelles sont int gr es  la r flexion de lSuniversit qui cherche  ne pas perdre pied face  des valeurs capitaliste, entre autres. A.Ollivier-Mellios ajoute, que cela tant dit lSuniversit nSest pas toujours le lieu de lSinnovation et revt plus ou moins un caract re conservateur (2004, 67). 

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A lSimage de Veblen on peut ainsi sSinterroger sur lSorientation donn e  lSenseignement aux tats-Unis aux 19 e et 20 e si cles ainsi quSaux fondements qui les animent :

PThe difference between the modern university and the lower and profes sional schools is broad and simple; not so much a difference of degree as of kind. There is no difficulty about apprehending or appreciating this difference; the dispute turns not on the practicability of distinguishing between the two, but on the desirability of letting such a distinction go into effect. It is a controversy between those who wish to hold fast that which once was good and those who look to make use of the means in hand for new ends and meet new exigencies. The lower schools (including the professional schools) are, in the ideal scheme, designed to fit the incoming generation for civil life; they are therefore occupied with instilling such knowledge and habits as will make their pupils fit citizens of the world in whatever position in the fabric of workday life they may fall. The university on the other hand is specialized to fit men for a life of science and scholarship; and it is accordingly concerned, with such discipline only as will give efficiency in the pursuit of knowledge and fit its students for the increase and diffusion of learning. It follows that while the lower schools necessarily take over the surveillance of their pupils' everyday life, and exercise a large measure of authority and responsible interference in that behalf, the university assumes (or should assume) no responsibility for its students' fortunes in the moral, religious, pecuniary, domestic, or hygienic respect. Doubtless the larger and more serious responsibility in the educational system belongs not to the university but to the lower and professional schools. Citizenship is a larger and more substantial category than scholarship; and the furtherance of civilized life is a larger and more serious interest than the pursuit of knowledge for its own idle sake. But the proportions which the quest of knowledge is latterly assuming in scheme of civilized life require that the establishments to which this interest is committed should not be charged with extraneous duties; particularly not with extraneous matters themselves of such grave consequence as this training for citizenship and practical affairs. These are too serious a range of duties to be taken care of as a side-issue, by a seminary of learning, the members of whose faculty, if they are fit for their own special work, are not men of affairs or adepts in worldly wisdom.Q (T.B. Veblen, 1918a, 15)

Face  une soci t qui se complexifie, le savoir nS chappe pas ce ph nom ne de complexification au tournant du si cle. Cela am ne beaucoup de d bats, particuli rement chez les conomistes mais pas uniquement. En effet, la relation de facto entre les magnats financiers et les instances dS ducation soul ve la question N toujours dSactualit N du



C.:]1 `V  C P:` 1V II partenariat financier 224 et fait craindre une corruption potentielle, allant  lSencontre de lSint rt collectif et de la qualit de lSenseignement :

PNot only did the academic community turn its back on these business schools; even some parts of the business community opposed the newly created schools of commerce-despite the fact that business schools tried to pay special attention to the managerial point of view.Q 225 (E.F. Cheit 1985, 45)

En effet  partir du moment o le business contrle lS ducation on peut sSinterroger sur lSint grit de lSinstitution. I ce propos, Jennifer Washburn explique que:

P[...] the single greatest threat to the future of American higher education [is] the intrusion of a market ideology into the heart of academic lifeQ (J. Washburn, 2008, x)

En effet, on peut l gitimement sSinterroger sur la destination de lSargent qui circule dans ces coles. Ces r flexions entre magnats et lobbys ne sont pas d connect es des r alit s dSaujourdShui.

c. Pouvoir et oppositions : hommes dSaffaires et acad miques

En guise de r ponse aux bouleversements des mMurs et institutions aux tats -Unis, lSuniversit adopte une position et un rle diff rents de ce quS taient les siens  lSorigine. N cessairement, les rapports de pouvoir entre hommes dSaffaires (par ailleurs donateurs pour les institutions dSenseignement) et professeurs se modifient.

224 John D. Rockfeller par exemple finance le budget de la Harvard Business School de 1908  1913 grce  la cr ation dSun General Education Board. CSest un canal essentiel de financement de ces institutions. 225 PBy the end of the 1950s, criticism had become so widespread that the Ford Foundation and the Carnegie Corporation initiated a comprehensive study of the entire field, which enormously influenced the course of business education.Q (E.F. Cheit, 1985, 45)  

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PCompetitive performance of the economy declined as business schoo l enrollments grewQ (E.F. Cheit, 1985, 43)

Nous lSavons vu, la r volution acad mique r pond  des besoins de pratique et de recherche traduisant  la fois le manque de financement au sein des universit s et lSinvention de lS P entrepreneurial university Q qui prend place  la toute fin du 19 e si cle (H. Etzkowtiz, 2003, 109). Cela se fait avec lSaide des grands magnats qui financent ces coles mais sont galement capables de les mettre en difficult si ils ne renouvellent pas leur engagement financier 226 .

DSautant, quSapr s la th orie et les structures, cSest au tour de lSenseignement de se modifier (contenu et m thode) au d but du 20 e si cle N avec le High school movement (1910-1940) (C. Goldin & L.F. Katz, 2001, 1). De plus, comme le souligne le professeur Reinhold Niebuhr dans Moral, Man and Immoral Society (1936) la notion de pouvoir est partout, y compris dans lSinstitution ducative qui se trouve face  un conflit dSint rt entre les modalit s de financement de lSenseignement sup rieur et de sa finalit :

P[G] conflict is inevitable, and in this conflict power must be challenged by power. That fact is not recognized by most of the educators GQ (R. Niebuhr, 1936, xiv) DSailleurs, ces oppositions vont perdurer jusque dans les ann es 1960. En cause, la trop grande professionnalisation de la formation du point de vue du milieu acad mique.

PIn any event, Veblen clearly had the notion that, in the absence of business influence, and the RautocraticS direction by those imbued with business principles, institutions devoted to the modern disinterested learning might have come into existence as a consequence of competition among universities engendered by the influences then becoming evident at Chicago and Johns Hopkins.Q (A.Mayhew, 2007, 158)

226 Par exemple, Rockefeller Company via la General Education Board en 1910 qui ne renouvelle pas le partenariat avec la Harvard Business School.  

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Du ct des gestio nnaires, lSimpression est que les attentes et les besoins pratico- pratiques de lSentreprise ne trouvent pas rapidement ni efficacement dS cho dans les formations propos es aux hommes dSaffaires. LSuniversit ne donne pas de signe de motivation pour dispenser un enseignement professionnel r clam par les hommes dSaffaires, les institutions ne sSadaptent pas facilement et se cr davantage une concurrence qui divise.

PPut most sharply, academics above all want professional schools to meet the scholarly standards of the university, whereas practitioners put highest value on competence that is demonstrably relevant to practice.Q (E.F. Cheit, 1985, 53)

CSest la raison pour laquelle les firmes ont adopt de nouvelles strat gies en interne de d veloppement, modifi ant ainsi les fronti res de lSentreprise avec lSabsorption de fonctions telles la formation. De ce fait entre 1900 et 1940 le milieu de la recherche r agit, et de nombreux Pindependent research organizations Q apparaissent face  un manque de recherches sur lSindustrie dans le milieu acad mique (D.Mowery, 1983, 353). Par exemple Joseph Willits et Anne Bezanson ont cr la premi re Pbusiness school research center Q en 1921 grce au parrainage financier de la Carnegie Corporation , dSo le symbole contre lequel de nombreux universitaires se sont soulev s  savoir la disparition des institutions professionnelles ind pendantes,  partir du moment o ces coles se rattachent  lSuniversit . En 1905, Henry Pritchett alors pr sident de la Carnegie Foundation for the Advancement of Teaching, se demande non sans ironie E Les Universit s sont-elles en passe de devenir des entreprises industrielles ? F (K.Bertrams, 2007, 9). C. Goldin et L.F. Katz montrent quSau d but du si cle 48- des tudiants des coles professionnelle s sont dans des coles ind pendantes, alors quSils ne sont plus que 19- en 1934 (Goldin & Katz, 1998, 14). Ind pendamment du fait quSil y ait une relative inertie de la recherche acad mique, ce sont les coles qui prennent le relai en accueillant toujours davantage dS tudiants et de professeurs. Cela tant dit, lSuniversit tente de riposter et les deux parties prenantes y trouvent leur compte. En retour, lSuniversit peut reconqu rir des tudiants mais en cela le savoir sSasservie au capital. Parall lement ,  

C.:]1 `V  C P:` 1V II lSuniversit marginalise ceux qui pensent diff remment, plus radicalement et qui sSopposent aux administrateurs et aux hommes dSaffaires. Les business schools  la recherche de prestige, abandonnent leur ind pendance pour se rattacher  lSuniversit et devenir des graduate schools . Ce sont donc ces coles professionnelles qui ont permis  lSu niversit de se d velopper pleinement et de se d mocratiser, au cot, cependant de mutations profondes des principes guidant lSuniversit . Les programmes acad miques d di s aux affaires apparaissent alors dans ces formations universitaires annexes.

PProfessional schools, which had been mainly independent entities, shifted to being embedded in universities.Q (C. Goldin & L.F. Katz, 1999, 38)

PThe shifts in the formati ve years profoundly altered the higher education industry. The decade around the turn of the twentieth century witnessed the flourishing of the American research university and the emergence of public- sector institutions as leaders in educational quality.Q (C. Goldin & L.F. Katz, 1999, 37)

Parall lement, certains professeurs y compris ceux des business schools, d plorent cette nouvelle structure dSenseignement tripartite :

PPWe have created a monster, Pdeclares H. Edward Wrapp, Professor of Business Policy at the University of Chicago.Q (cited after E.F. Cheit, 1985, 43)

Conform ment  ce que d fend T.B Veblen, lSuniversit doit former des ttes pensantes et non pas des Pmoney-makers Q (E.F. Cheit, 1985, 43-45). Or, comme Veblen le soutient dans The Higher Learning of America :

PThe greater number of these state schools are not, or are not yet, universities except in name. These establishments have been founded, commonly, with a professed utilitarian purpose , and have started out with professional training as their chief avowed aim. The purpose made most of in their establishment has commonly been to train young men for proficiency in some gainful occupation ; along with this have gone many half-articulate professions of solicitude for cultural interests to be taken care of by the same means. They have been installed by politicians looking for popular acclaim, rather than by men of scholarly or scientific insight , and their management has not infrequently been entrusted to political

 

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masters of intrigue, with scant academic qualifications.Q (Veblen, 1918b , 31, mis en italique par nos soins)

Le soucis est ainsi Pthe predilection for #practical efficiency# that is t o say, for pecuniary success [which is] prevalent in the American community.Q (Veblen, 1918a, 224) et les id es retrogrades v hicul es par les trustees .

PBy force of the same businesslike bias the boards unavoidably incline to apportion the funds assigned for current expenses in such a way as to favor those "practical" or quasi-practical lines of instruction and academic propaganda that are presumed to heighten the business acumen of the students or to yield immediate returns in the way of a creditable pub licity.Q (T.B. Veblen, 1918a, 59)

Et cSest bien de cela dont il est question quand on parle de lSopposition des pouvoirs des hommes dSaffaires face aux universitaires.

Les hommes dSaffaires ont un r el int rt dans les curriculums qui prennent place  cette p riode dans les instances dSenseignement, car ils doivent correspondre aux besoins dSefficience pratique de lSentreprise. Ils font donc attention aux comp tences req uises pour les futurs hommes dSaffaires, comp tences dont ils ont pu eux -mmes manquer. Or les besoins sont tr s mouvants ce qui rend lSanalyse et lSinterpr tation difficiles. J.P. Morgan et autres grands magnats sSint ressaient  ce qui se passait dans lS enseignement. CSest galement la raison pour laquelle ils financent massivement les programmes de formation, leur permettant dSorienter ces curriculums et formations dans le sens de leurs besoins. Marian V. Sears dans The American Businessman at the Turn of the century, en reprenant lSIndustrial Commission (vol XIX, 1902, 636) souligne:

PBusinessmen and nonbusinessmen were beginning to recognize the need for more of such schools and for getting students to attend.Q (M.V. Sears, 1959, 409)

 

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Veblen critique particuli rement Carnegie, Cooke, Piermont and Co. en r action  ces actes de corruption de lSenseignement sup rieur, en tant guid s par des principes sup rieurs li s  lSargent. En effet, ces derniers sont int ress s par ce qui se passe  lSuniversit et sont prts  payer pour obtenir un droit de regard et du pouvoir de d cision en son sein. En 1910 la fondation Carnegie publie dSailleurs un rapport sur lSefficacit des milieux acad miques et industriels.

En 1892 avant la Convention of the American Banke rsS Association , sur le th me School of

Finance and Economy, Edmund J James 227 Pperhaps the best observer of business education of the time Q (L.S. Lyon, 1922, 282) fait une allocution intitul e PEducation for Business Q pour vanter les m rites de la Wharton School dont il est alors le directeur. A cet effet, il rappelle lSimportance des besoins dSinstitutions au regard du nombre dS tudiants croissants, alors que le nombr e dS coles professionnelles (L.S . Lyon, 1922, 1) nS augmente pas suffisamment rapidement :

Pit is safe to say then as our educational conditions lie, that the only opportunity for higher education now open to youths looking forward to a business career is to be found in one of these institutionsQ (E.J. Jame s, 1892, 11) PMr. Carnegie, who declared that he did not know any successful business men who are college graduatesQ [G] et James r pond, cSest car Pour colleges are not educating our business menQ (E.J. James, 1892, 12 -3) P[G] to give an idea of the scope and aims of the school. Our methods are directed to producing so far as college training can do it, educated young men with a taste for business vigorous, active workers, of study character and independent opinion, having a lofty faith in all things good, and able to give a reason for the faith that is in themQ. (E.J. James, 1892, 19)

DSailleurs, au sein mme des universitaires on constate que la d fense dSune certaine vision ducative plutt que dSune autre scinde le milieu en deux camps. Les acad miques

227 Il a par ailleurs effectu un voyage en Europe, financ par les banquiers de la convention, afin de sSinspirer du syst me. Il consid re que le syst me am ricain nSa rien  envier  celui des europ ens. (1892, 10) 

C.:]1 `V  C P:` 1V II comme Charles William Eliot 228 , Benjamin Ide Wheeler, ou encore Alfred North Whitehead (voir Cheit, 1985) vont d fendre une formation aux affaires au sein des universit s pour ne pas voir se d velopper parall lement des E university based-business school F . Certains professeurs se comportent alors comme des E industrial research manager F (Etzkowitz, 2003, 113) faisant converger entreprise et universit 229 . Les imp ratifs de profitabilit des affaires rentrent en contradiction avec la mission d sint ress e de lSuniversit . A lSinverse, certains universitaires ne comprennent pas ces positionnements. Ils soulignent notamment le nivellement par le bas de la qualit  la fois des enseignements du fait des business schools, mais aussi de la recherche (H. Rbken, 2004, 29).

Nous pr senterons leur vision dans la sous-section suivante. En effet, on peut facilement dresser une opposition entre ces Pindustrial research manager Q et ceux qui consid rent quSil existe un manque de f ormation scientifique aux affaires et qui d fendent lSid e que de g n rations en g n rations la scientificit dans lSenseignement se perd. Pour la discipline industrielle, il sSagit de ne consid rer que des retours dSexp riences professionnelles personnell es. Les d fenseurs dSune universit th orique les consid rent comme des formateurs improvis s aupr s des tudiants, qui leurs enseignent de multiples erreurs. Bien sr, comme le souligne H. Rbken (2004), au moment de lS mergence de la finance dSentreprise, il nSy avait pas de controverse sur lSenseignement de la finance dSentreprise. En r alit , de nombreuses querelles de m thodes et de d bats autour de th mes centraux prennent rapidement place. La relation conflictuelle entre entreprise et cole se tisse autour des questions basiques - comment et o lSenseigner N dans une perspective de d veloppement conomique qui place au centre, les affaires. La sp cialisation dans la formation sera, par la suite, de nombreuses fois d plor e (Bossard et Dewhurst, 1931 par exemple).

228 Il a permis de donner  Harvard un statut prestigieux  lSuniversit concernant le ple recherche quand il en devient pr sident  partir de 1869 (jusquSen 1909). 229 Par ailleurs, PStanford took the collective entrepreneurial role in the 1930s in organizing the intellectual property generated in the university and in firms related to the university into a common projectQ (A.Ollivier -Mellios, 2004, 66) 

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PA study of business schools published in 1930 reported that between 1915 and 1924 "such a veritable craze for business education swept the country that 143 more [business schools] were added; so that at the opening of the year 1925, 183 [probably more] American colleges had 'departments' or ' s c h o o l s ' . . . or some other formally organized unit of instruction. " (E.F. Cheit 1985, 45)

Leur engagement est notamment de comprendre les probl matiques soulev es par lSessor de ces coles du rant une p riode d j anim e (les ann es 1910) de d bats et dSoppositions th oriques divers.

Cette volution majeure des institutions am ricaines du tournant du si cle est soulign e par L.S. Lyon (1922) dans A Survey of commercial Education in the Public High Schools of the United States. En effet, il souligne (cf table I ci-dessous (L.S. Lyon, 1922, 1)) quSen 1893 les tudiants inscrits dans les private commercial schools sont au nombre de 115 748 alors que les coles publiques nSaccueillent que 15 220. Il nSy a que peu dS volution jusquSen 1915 pour les coles priv es, puisque lSon y d nombre 183 286 tudiants tandis que le ph nom ne sSinverse pour les coles publiques qui connaissent une explosion de leurs

tudiants, qui sont multipli es par 1270.5 en 1915.

Cela recoupe avec le chapitre 3, qui met en lumi re lSimportance de la fulgurance des d cennies 1910 et 1920. A ce titre, la Wharton School marque lShistoire par son succ s, et par les cours th oriques et scientifiques que lSon y dispense,  la fois dSenseignements



C.:]1 `V  C P:` 1V II g n raux et professionnels. Notons tout de mme que durant le 19 e si cle ses enseignements de finance se r f rent en r alit  la finance publique et que ce nSest quSau d but du 20 e si cle quSapparaissent les cours sur lSinvestisseme nt ou la finance dSentreprise. Pourtant, il se trouve que la Wharton School se passerait bien des enseignements g n raux 230 , alors mme que N nous le verrons dans la sous-section suivante - Veblen en promeut lSint rt face  la domination des hommes dSaffaires sur lSinstitution ducative.

PGrowing up as he did during the Age of the Robber Barons, Veblen has good reason to be critical of American business practices.Q (W.H. Cowley & J.B. Hefferlin, 1957)

G en entreprise comme  lSuniversit .

PVeblen h as assumed that the difference between theoretical and practical knowledge is a difference in kind rather than degree. It is for this reason that the practical studies are to be excluded from the university. Many professional educators accept VeblenSs assu mption but draw the opposite conclusion, namely that the theoretical should be suppressed on behalf of the practical.Q (C.C. Chandler, 1959, 226)

Et finalement la question sous-jacente est de savoir ce que nous attendons, en termes macro conomiques, des hommes dSaffaires et de la structure interne de lSentreprise. Le comptable doit- il travailler en faveur des hommes dSaffaires ou pour E la v rit du march F ? Ces mutations exigent des experts-comptables afin de d velopper des techniques aidant  la fois les hommes dSaffaires  prendre de bonnes d cisions mais aussi des comptables financiers donnant une information appropri e sur la valeur dSune entr eprise pour les investisseurs ext rieurs. Les comptables ont donc pour cela d sSallier

230 PNor did a Wharton School education lead directly to a business careerQ. Historian Edward Chase Kirkland observes that "in the light of modem educational practice," the Wharton School was largely "a device to give students at the University of Pennsylvania a major in history and social science.". Edward Chase Kirkland, Dream and Thought in the Business Community 1860-1900 (Ithaca, NY: Cornell University Press, 1956), p. 98.Q Au d but la Wharton a dSailleurs t cr itiqu e comme tant trop tourn e vers les sciences sociales, elle tait trop acad mique, et pas assez tourn e vers la formation professionnelle.



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 des associations professionnelles pour am liorer leurs performances de gestion. Quels sont les objectifs de ces fonctions entrepreneuriales ? DSinstaurer une E formation lib rale F permettant dSapprendre le jeu du march et de rendre dominante lSinstitution E entreprise F ? Le probl me est la propagation du comportement des managers, v hicul au sein des institutions ducatives aupr s de lSensemble de la population en formation, que ce soit les actionnaires, citoyens, r gulateurs ... la r putation des universit s am ricaines au regard des financiers et des managers est en jeu. De plus, la consolidation avec les business school modifie leur pouvoir et influence.

2. HIGHER LEARNING IN AMERICA POUR VEBLEN ET SES CONTEMPORAINS : DES ECRITS QUI CONTRIBUENT AU DEBAT DE LSENSEIGNEMENT DES AFFAIRES

Comme nous venons de lSexpliciter dans la partie pr c dente, un mouvement important perturbe la r partition des fonctions de lS ducation entre diff rentes institutions aux tats-Unis, au tournant du 20 e quand de tr s nombreux tudiants cherchent une formation en business . D sormais, PA university is in competition with other corporations of learning Q (C.C. Chandler, 1959, 193). De plus, le tournant du si cle, malgr la prosp rit des universit s et des coles de formation qui y sont rattach es, connat un climat dShostilit entre acad miques et hommes dSaffaires. Les businessmen tendent  imposer leur pouvoir conomico- financiers et leurs principes dans lSenseignement universitaire. R ciproquement, une partie des universitaires se positionnent  lSencontre d e la philosophie diffus e dans lSentreprise. En effet, ces derniers N parmi lesquels Veblen, ou L.S. Lyon - comptent bien conserver leur pouvoir symbolique au sein de lS universit 



C.:]1 `V  C P:` 1V II priori philanthrope. Un rapprochement soci t /universit est n cessaire, car de r els besoins de formation apparaissent avec lSinstitutionnalisation de E nouveaux F m tiers. Pour autant, le probl me est que la soci t est ici repr sent e par le milieu des hommes dSaffaires dont les valeurs ne vont ni dans le sens de lSint rt collectif, ni dans celui dSune culture d sint ress e. Par ailleurs le fait que ces hommes dSaffaires prennent part  la gouvernance des universit s fait craindre une corruption de la part de ces derniers dans lSorientation de lSinstitution de formation et de recherche  leur b n fice. Les cons quences de la phase de consolidation de la culture manag riale (1900-1920) se transmettent galement  lSuniversit , comme culture l gitime 231 . Les auteurs qui se penchent sur cette question au d but du si cle cherchent  faire prendre conscience de la mutation du rle et de lSincarnation de la E fonction ducation F. DSailleurs H. Knox, qui travaille sur lShistoire de la discipline science de lS ducation liste parmi les plus c l bres r formateurs de lS ducation et parmi e ux on trouve John Dewey et Thorstein Veblen. Il souligne dSailleurs que ce champ d S tude est particuli rement marqu  Columbia, Chicago et Stanford (1971, 3) ; au mme titre que notre discipline acad mique de business finance . Dans les deux derni res institutions Veblen a t respectivement fellow et professeur associ .

a. La formation aux affaires dans les crits de Veblen

Veblen publie en 1918, dans le contexte riche de la d cennie 1910, un ouvrage au nom explicite: The Higher Learning in America: A Memorandum on the Conduct of Universities by

231 En effet, le levier manag rial devient central pour la culture dSentreprise. Cette culture manag riale est a lors inculqu e  lSuniversit aupr s des tudiants car lSinstitution y adh re. Par ailleurs, cette logique manag riale sSest galement introduite dans les r gles de gouvernance de lSuniversit . LSuniversit doit d sormais adapter ses formations aux besoins dSenseignement des savoirs et des proc d s de gestion dSentreprise. La gestion mme des unit s dS ducation est tenue en partie par les hommes dSaffaires. La culture manag riale dSentreprise sSimmisce dans tous les domaines de la vie conomique et sociale. En cela elle en devient naturellement l gitime aux yeux de tous. 

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Business Men. Il nSy donne pas dSexemple pr cis dShommes dSaffaires contre lesquels il se positionne. Il r agit contre Pthe greater bulk, of the printed matter issued Q (1918b, 35) et le conservatisme et la superficialit quSils v hiculent. En effet, Veblen semble vouloir guider la soci t  lSencontre dSune domination de la formation professionnelle. Il souhaite la diffusion dSun enseignement bas sur des connaissances et des savoirs purs 232 . Il livre une att aque en r gle  lSencontre de ces principes capitalistes qui sSimmiscent dans tous les domaines de la vie sociale. La connaissance et le d veloppement dSune certaine curiosit sans contrainte doivent tre les seuls buts de lSuniversit (Veblen, 1923 [1997], 43). Or, PPresidents, governing boards, administrative staff and faculty are all part of the community that has created modern educational accounting 233 Q (A. Mayhew, 2007, 165). En effet, Veblen est un d fenseur de lSuniversit face aux id aux p cuniaires. Dans sa lutte contre le E syst me pr dateur F Veblen met en avant lSid e selon laquelle

Pthe institutions of the higher learning furnish a good example of what happens to ostensibly non-invidious enterprises under the guidance of pecuniary canonsQ (J. Dor fman, 1934 [1961], 189).

Charles Cla rence Chandler, dans sa th se P Institutionalism and Education: an inquiry into the implications of the philosophy of Thorstein Veblen Q soutenue en 1959 dans le Michigan, insiste sur le fait que:

PIn spite of his pervasive influence VeblenSs writings have been largely neglected by the professional educator . Such a neglect cannot be defended since Veblen addresses himself to the very issues with which the professional educator must ultimately be con cerned.Q (C.C. Chandler, 1959, 1) POne of the anomalies which has perplexed us in this study is the almost complete neglect of the writings of Thorstein Veblen by American educators. This is not necessarily to imply that Veblenism provides an adequate foundation for a philosophy of education. The neglect is anomalous only in the sense that veblenism is an integral part of a broad movement in American social

232 Anne Mayhew (2007) sSinterroge  ce propos sur le fait que Veblen d veloppe une vision perspicace ou bien celle dSune soci t qui nSaurait jamais exist , mais quSil chercherait malgr tout  d fendre. De la mme fa on, David Riesman souligne  ce propos une r ticence envers lSanalyse Ev blenienneF: Psomewhat snobbish view that gives the highest status to research and the lowest to PbureaucracyQ and policitcsQ (introduction The Higher Learning in America , 1954, xv). 233 Que lSon peut lire comme la formation moderne  la comptabilit . 

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philosophy from which professional education has borrowed heavily. Whereas John Dewey has had a tremendous influence upon American education, his spiritual brother, Thorstein Veblen, has literally been a voice in the wilderness.Q (C.C. Chandler, 1959, 173)

Mme si nous nous accordons majoritairement sur le reste de son analyse, nous ne sommes pas compl t ement dSaccord avec cette position, qui tenait peut -tre en 1959 mais moins aujourdShui et certainement plus en sociologie quSen conomie. Ainsi, une certaine part de la litt rature secondaire sSint ressant  Veblen tente de montrer son vif int rt pour la formation des jeunes am ricains. CSest le cas de la th se de Chandler, particuli rement int ressante mais peu reprise par la litt rature secondaire sur Veblen. La biographie quSHarold Innis lui consacre d j en 1929, souligne lSimportance de la prise de conscience par Veblen de la place de la formation des hommes dSaffaires, ins r e dans une critique sociale plus globale (Bertrams, 2007, 3). Le positionnement E v blenien F, concernant le rle de lS ducation et lSinsertion des hommes dSaffaires dans la formation, est conforme aux th ories connues de Veblen sur la s paration entre industrie et finance, manager et propri taire, la th orie des instincts et les probl mes de gouvernance interne  la structure entrepreneuriale. Joseph Dorfman (1934), le pr sente galement comme un p dagogue. Et dans une lettre de C. Hasek Marx  Joseph Dorfman du 10 mai 1934 (WCMP, Box 46) il fait part des ambitions de Veblen:

POn October 19, 1919, Veblen wrote me in part as fellows: PNow, it is an intimate part of the ambitions of the New School to come into touch with the technical men who have to do with the countrySs industry and know something about the state of things and the needs of industry. In fact, some of us are beginning to see that Psocial researchQ means, in good part, industrial research of a very objective and even mechanical character, if it is to mean anything substantial.Q (Marx  Dorfman, 10 mai 1934, WCMP).

Veblen, lui- mme corrobore lSid e selon laquelle PThe rest of my work as instructor has to do with the modern organization of business enterpriseQ ( JDP, 17 d cembre 1904 ). CSest  ce titre, nous dit Innis que Veblen encourage E ses disciples F progressistes et notamment Mitchell



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 mettre sur pied (en 1919) la PNew School for Social Research 234 Q, Pa triumph of clever business management Q (WCMP, Box 7). DSailleurs, le premier directeur de cette cole est James Harvey Robinson, qui, selon Mitchell (Archives, lettre  Dorfman mai 1934 ; WCMP, Box 46), tait un fervent admirateur de Veblen, dSo la connexion de Veblen avec cette cole.

Une litt rature secondaire plus r cente consid re la port e des propos E v bleniens F sur les probl mes croissants de lSenseignement sup rieur, sans pour autant que lSon ne puisse consid rer quSil labore une th orie g n rale (Chandler, 1959, 1 -2). En 2008, Frank Donoghue souligne que Veblen est un pionnier de la d fense du syst me universitaire dans lSenseignement sup rieur face  lShostilit du milieu entrepreneurial (2008, xiii). Il est par ailleurs tr s au fait des pourparlers entre universit s et trusts industrialo-financiers. Ces m c nes des grandes fondations permettent de E reconfigurer lSuniversit F via le financement de son fonctionnement lSorientation vers leurs int rts 235 . Dans une lettre que Veblen adresse  Mitchell, il y fait part de son engagement dans lSenseignemen t sur les Ptrusts and corporations Q au moment o il crit The Instinct of Workmanship (JDP Archives,

234 CSest dSailleurs  cette p riode, que Veblen rencontre Howard Scott. Ce dernier est lSun des tenants du mouvement technocratique des ann es 1920/1930 sur lequel travaille Veblen N mme si ce mouvement social est l g rement post rieur  la mort de Veblen ; il lSinitie dans ses derniers travaux. CSest en 1920 selon une lettre de Mitchell  Dorfman du 18 mai 1934, (JDP, box 7) ou entre 1918 et 1920 selon R.W. Evans (2007, 127). (voir Ardzrooni , L. (1933). Veblen and Technocracy. Living Age , 344 , 39-42.) 235 PPDoubtless the larger and more serious responsibility in the educational system belongs not to the university but to the lower and professional schools . Citizenship is a larger and more substantial category than scholarship; and the furtherance of civilized life is a larger and more serious interest than the pursuit of knowledge for its own sake .Q (Veblen, 1918, 50) The university should pursue the idle c uriosity, because this is the manifest function of the university. It is not its function to train lawyers or teachers. It is not its function, continues Veblen, to serve as a correction house for delinquent and untamed boys and girls. When the university attempts to assume a multiplicity of presumably divergent functions, the consequence is that no function is adequately served. In particular, the pursuit of knowledge for its own sake is suppressed. If the generality of men regard the pursuit of the idle curiosity as the sole manifest function of the university, why is that function not fulfilled? The answer is that business controls education. This which is conducive to good business is not conducive to the search for truth. Business and education do not mix. The business man is a calculator of the Pmain chanceQ. He operates in the spirit of Pquieties, caution, compromise, collusion, and chicaneQ.Q (Chandler, 1959, 190, mis en italique par nos soins) Malgr une vision tr s pessimiste  lSimage de celle de Veblen, nous nous accordons avec Chandler sur lSanalyse des id es. 

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20 f vrier 1913) 236 . En effet, Veblen, bien quSint ress par la transmission de la discipline 237 de la finance dSentreprise aupr s des tudiants, consid re justement quSil faut donner aux jeunes am ricains une formation g n rale 238 . Veblen souhaitait la dispense de cours universitaires th oriquement d velopp s sur les notions centrales des affaires comme le cr dit ou les principes de gestion (A. Mayhew, 2007). Pour autant, cette formation se doit dStre d tach e de toute emprise des mains des hommes dSaffaires qui d veloppent un Ppractical bent Q et donc  qui il ne faut confier ni la conduite des universit s, ni le choix des formations qui ne seraient orient es que vers des pr occupations p cuniaires (W. Parish, 1973, 149-150). En effet, le contrle des hommes dSaffaires au sein des universit s e st en r alit concentr l o se tient le pouvoir,  savoir le conseil dSadministration. Veblen indique:

PA college of commerce is designed to serve an emulation purpose only N individual gain regardless of, or at the cost of, the community at large N and it is, therefore peculiarly incompatible with the collective cultural purpose of the university. It belongs in the corporation of learning no more than a department of athletics.Q (T.B. Veblen, 1918a , 154)

236 On consid re dSautant son engagement et ses pr occupations quand il ajoute, Pthe Carnegie negotiations closed the other day with a final negation of my proposal, not quietly to my surprise the reason given by president Woodward bring the adoption of a policy on the part of the institution not to employ or subsidize more commented with universities but on the other hand to keep the work of the institution distinct and under a set organizationsQ ( Veblen  Mitchell, 20 f vrier 1913, JDP). 237 Divers articles sur le modus operandi E v blenien F sur son comportement en classe ont t publi s. Pour cela voir Wasser, S. F. (2004). Veblen in the classroom: A view from his studentsS notes. International Review of Sociology , 14 (3), 535-542 ou encore Uselding, P. (1976). Veblen as Teacher and Thinker in 1896-97: The Hagerty Notes on How the Economist Derived His Criticism of the Structure of Classical Economic Theory. American Journal of Economics and Sociology : 391-399. 238 DSailleurs, alors mme quSinitialement ce nS t ait pas le positionnement de la Harvard Business School cSest ce que va prner Wallace Do nham d s la fin des ann es 1920 avec la mise en place de cours dShistoire de lSentreprise notamment (R.D. Cuff, 1996, 19) et il E recentre les travaux du Bureau of Bus iness Research sur la p dagogie de lS tude de cas et abandonne le m moire de recherche de fin de cursus F (E. Payen-Vari ras, 2009, 38). En effet, son doyen (de 1919  1942) croit beaucoup dans la formation professionnalisante et pratique des enseignements et non pas dans une classe,  lSimage dSune mati re scolaire. Or Harvard a une influence importante sur lSorientation des business schools durant ces ann es et il y a une forte importance des historical studies dans la formation aux affaires: Pas Harvard business historian Alfred Chandler recently observed, PdonSt forget, the heart of this schoolSs curriculum has always been the case study, and the case study is precisely what a historian does, what a historian is trained to doQ (A.M. Kantrow, 1986, 82). 

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Appliquant sa logique pragmatique  lS ducation, Veblen publie en 1918 The Higher Learning in America : A Memorandum Of the Conduct of Universities by Business Men, Phighly controversial book on educationQ (C.C. Chandler, 1959, 7) dans lequel il souligne clairement quSil consid re lSapprentissage comme une fin en soi (1918, 1943, dans la pr face dSIvar Berg, xxvi). Veblen apparat alors tr s critique concernant les institutions quSil a fr quent es. Pour donner plus de sens  son propos, Veblen explique, dans une lettre quSil adresse au Professeur Jacques Loeb le 10 f vrier 1900 PAlso, I had left over from the manuscript of the book on Business enterprise a somewhat long chapter which offered an analysis of the working of business enterprise in the administration of a university.Q (JDP, Columbia University) pour lSint grer dans ses crits suivants, plus sp cifiquement orient s vers lSenseignement sup rieur et donc plus engag s. Pour Bernard Rosenberg (1956) tout comme W.H. Cowley et J.B. Hefferlin (1957) cet ouvrage est central pour lS tude de Veblen car il concentre les valeurs importantes concernant le fonctionnement des entreprises et lSinfluence des boards de dirigeants sur lS ducation au sens large. Les hommes dS affaires ne doivent pas venir empi ter sur les pr requis de la communaut acad mique en voulant interf rer dans les choix et initier leurs valeurs  lSuniversit . Optimalement, lShomme dSaffaires cherche  ce que la hi rarchie soit la mme dans lSentreprise, dans lSadministration et  lSuniversit (Veblen, Chapitre 3 PThe Academic Administration and Policy Q, 1918).

PThe training given by the America n school of PcommerceQ is detrimental to the communitySs material interests, because the principles which dominate them are the business communitySs principles of financiering and salesmanshipQ (J. Dorfman, 1934 [1961], 407)

Veblen rejette la sp culation, y compris celle li e  lSutilisation de la science et de lSenseignement. Pour autant, cela peut presque apparatre comme un paradoxe car Veblen a d j mis fin  sa carri re universitaire lorsque lSouvrage de 1918 est publi . Cela tant dit, la position de Veblen est forte, et il la conserve tout le reste de sa vie. Elle consiste  refuser que la logique de march ne lSemporte sur lSenseignement des jeunes



C.:]1 `V  C P:` 1V II am ricains, y compris ceux engag s dans une formation professionalisante  partir du moment o ils sont  lSuniversit .

PHe is concerned with the intrusion of business principles and interests into the higher learning. He attempts to mitigate this evil by advocating the divorce of the university from the practical concerns of the society.Q (C.C. Chandler, 1959, 228)

A lSinverse, il promeut une formation pluridiciplinaire, bas e sur le d veloppement dSune large culture g n rale. A ce titre, W. Hastings Lyon (1916) rejoint le positionnement E v blenien F puisquSil explique dans sa pr face que par rapport  la premi re dition (1 912), il fait le choix de ne plus consid rer d sormais comme d sirable dSutiliser de vrais exemples dans ses cours. Cet engagement sSexplique tr s certainement de part ses positions acad miques  Chicago N centre n vralgique des changements en sciences sociales o un cercle de discussion dynamique, pluridisciplinaire avait lieu , ainsi que dans le Wisconsin o il cotie R.T. Ely, A.A. Young. De plus, d s la fin des ann es 1890, des rencontres- discussions ont lieu toutes les semaines  lSUniversit du Wiscon sin avec des professeurs comme R.T. Ely 239 et des tudiants diplm s. Veblen prend part  ce s minaire ainsi quS dSautres cercles acad miques 240 . En effet, lSUniversit du Wisconsin f d re une tradition institutionnaliste notamment autour de personnes comme James Hagerty, S. Sparling, , E.D. Jones G 241 qui sont les premiers contributeurs au d veloppement de la pens e manag riale (Brian Jones & Monieson, 1990).

239 Pour autant, notons quSEly ne partage pas le point de vue de Veblen sur la formation g n raliste des tudiants. En effet, PHe [Ely] cited his German education for the realization that book knowledge and practical experience must be combined, especially for business education (R.T Ely, undated). He also liked to quote Commons that Pacademic teaching G is merely brains without experience; the practical extreme [however] is experience without brains; one is half-baked philosophy, the other is rule of thumbQ (Ely 1938, p.186)Q (Brian Jones & Monieson, 1990, 104). Ainsi R.T. Ely consid re le retour dSexp riences comme la meilleure des formations alors que J.R. Commons consid re que la pratique trop pouss e ne permet pas une formation satisfaisante. Les institutionnalistes ne parlent donc pas non plus dSune mme voix concernant ces sujets. 240 Cela est notamment d  sa notori t suite  la publication du fameux The Leisure Class . 241 Ayant dSailleurs tous tudi s en Allemagne. 

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Sur la fa on dSenseigner la finance dSentreprise  lSuniversit , Veblen sSest visiblement inspir du livre de James McKeen Catell University Control , pour crire son ouvrage de 1918, quSil cite deux fois en notes de bas de page (Cowley et Hefferlin, 1957).

Veblen est notamment convaincu par lSid e selon laquelle les E classes F qui sSint ress ent au fonctionnement de la business enterprise et  ses probl mes pratico-pratiques sont en r alit inaptes  mettre en place les apprentissages n cessaires  son bon fonctionnement et sa p rennit . En effet, les businessmen cherchent  orienter les formations aux affaires. Or lSinqui tude nonc e par Veblen est que cette classe de rentiers est me par des pr occupations bien plus court-termistes que celles des ing nieurs 242 et des acad miques.

PVeblenSs discussion of the origins of the higher learning is on ly a preliminary to his major theme. Stated briefly, he argues that the leisure class, under the canons of conspicuous consumption and conspicuous leisure, controls the content and aims of the higher learning. The leisure class has little regard for knowledge which is useful or serviceable to the community. It rejects educational innovations. It refuses to contribute to the development of new areas of knowledge. It sneers at such practical studies as technology and even relegates sciences to the PlowerQ schools.Q (C.C. Chandler, 1959, 185-6)

La le on est que lShomme dSaffaire s pr sente la figure de celui dans les mains duquel il ne faut placer aucune responsabilit , ni entrepreuneriale, ni acad mique 243 selon Veblen. DSailleurs,

PAccording to Lev Dobriansky, Veblen had begun work on the Higher Learning in America as early as 1905, the time he left the University of

242 Voir Lundgreen, P. (1990). Engineering education in Europe and the USA, 1750 N1930: The rise to dominance of school culture and the engineering professions. Annals of science , 47 (1), 33-75 concernant lSacc s  la formation dans les pays an glo- saxons plus tardifs quSen Europe continentale et le lien avec la bureaucratie plus que sur lSindustrialisation. 243 En effet, lShomme dSaffaires ne doit en r alit pas avoir de fonction pour Veblen puisque le Soviet doit remplacer cette hi rarchie et cette domination industrialo-financi re. Une nouvelle structure de pouvoir, de propri t et gestion des moyens de production est vou e  terme  sSimposer, supprimant la fonction de lShomme dSaffaires. Les lites des affaires oisives ne sont pas rentables ou producti ves pour la soci t . Les hommes dSaffaires lui apparaissent r pugnants tant ils correspondent  ce quSil d finit comme tant la classe des loisirs. Ils doivent se d sengager de la vie des entreprises. Il a un positionnement ambigu (relativement au progr s technique tout en ne cherchant que le profit ...). LSindustrie doit lSemporter sur les affaires. Ainsi  long terme ing nieurs et acad miques r cup rent le pouvoir. 

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Chicago. However, the bookSs publication was postponed for at least thirteen years for fear of recriminations by coll ege administrators.Q (W. Parish, 1973, 148)

Avec son ouvrage de 1918, il pr sente lSinstitution acad mique comme devant chercher non pas la reproduction des classes sociales (comme peut le faire lSentreprise) et la dichotomie permanente entre industrie et finance, mais  orienter vers dSautres prati ques le comportement des hommes dSaffaires, dans cet ge dSor du P capitalistic system Q (1904 [1996], 1). En effet, Veblen sSoriente dans une d marche anthropologique et de compr hension des premiers d veloppements de lSindustrie, comme la souligne F.W. Tau ssig dans une lettre du 20 novembre 1911 quSil adresse  George Woodwards (JDP, Box 54). Pour cela, il sSadresse  la Carnegie Institution, mais pour d velopper une toute autre id ologie que ce qui se trame dans les business schools de lS poque. En effet, lSid e que le petit cercle des ing nieurs 244 doit prendre le contrle des institutions (entreprise et universit ) nSest pas nouveau, cSest d j ce que prne le mouvement du management scientifique men par Frederick Winslow Taylor.

Pourtant, Veblen nSa pas t vu comme un P educational reformer Q245 dans la litt rature, mais presque plus comme un traditionnaliste 246 dans sa fa on de percevoir la finance dSentreprise dans le milieu de lSenseignement. Une des explications apparat chez C.C. Chandler:

PHis pessimistic and negative frame and mind prevented him from appreciating the full significance of his own social philosophy. This is particularly true in respect to education. The close relationship between institutionalism and education largely escaped Veblen. Nevertheless, there is

244 Morris Cooke crit  Dorfman le 25 mai 1932 Pmost of our conversations [avec Veblen] as I recall them had to do with the larger function of the engineer in the organization of society. He took a great deal of interest in the giant power survey and the fact that it was a piece of work that was being carried out by engineers rather than by politiciansQ (JDP, Box 3). 245 Mme si, A. Flexner et R.M. Hutchin paraissent sSen inspirer ; tout comme Charles Chandler qui a r alis sa th se sur les implications de sa philosophie sociale pour lSenseignement professionnel (1959) en traitant largement des travaux de Veblen, et sur laquelle nous nous basons pour ce chapitre. 246 Il y a galement eu de nombreuses critiques parmi les analystes de Veblen ; Chandler (1959, 13) souligne quSArthur Kent Davis en 1941 PVeblen has fallen into a labyrinth of fundamental errors and muddled confusionQ. 

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an institutionalist conception of education clearly implied in the social philosophies of Veblen and his disciples.Q (C.C. Chandler, 1959, 219)

Ainsi Veblen tait lSun des ducateurs les plus pessimistes. Il nSav ait pas foi dans la possibilit dSefficience de la soci t  obtenir un r sultat valable du syst me ducatif (C.C. Chandler, 1959, 210, 222). De ce fait, Veblen va encore plus loin dans ses propositions. Selon Chandler,

PVeblen would exclude professional education from the university, because the training of teachers is too practical, it corrupts the proper function of the university. Veblen, however, would not argue that the training of teachers ought to be narrowly practical. Nevertheless, his exclusion of the teacher from the university would tend to cultivate a narrowness of outlook of which VeblenSs philosophy is vehemently critical.Q (C.C. Chandler, 1959, 229) PAlthough Veblen bitterly attacked the higher learning, he was well aware that educational authority rested outside the confines of the university. He proposed to abolish university administrations and governing boards but did not seriously believe that this was possible as long as educational authority rested in the hands of business. He attacked the curriculum of higher education but observed that the dominant practical of the day will G govern the detail lines of academic policy, the range of instruction offered, and the character of the personnel GQ (C.C. Chandler, 1959, 195) Pourtant Gustavus Tuckerman dans sa revision critique - Should one read Veblen? - de f vrier 1936 souligne en reprenant les propos de Max Lerner que Veblen P was a godsend 247 for college instructors Q. Mais la propagation des id es concernant la formation aux affaires ne conna t son ge dSor quSapr s les ann es 1920 or Veblen sSy penche bien avant cette p riode propice. Nous pouvons ainsi rassembler les motivations et combats de E.S. Mead, et W.H. Lyon (cf. Chapitre 3) durant la d cennie 1910 concernant les transformations de l Senseignement des disciplines destin es  la formation des futurs hommes dSaffaires ; dSautant que Veblen cite ces deux auteurs en 1923, comme des r f rences pionni res. Veblen se positionne comme beaucoup plus virulent  lSencontre du business mais aussi beaucoup plus radical concernant la formation des tudiants que ne peuvent lStre E.S. Mead et Leverett Samuel Lyon.

247 Il faut lire ce t erme comme Pun don du cielQ i.e. une personne utile, pr cieuse. 

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b. La formation aux affaires chez E.S. Mead, F.W. Taylor, A.W. Shaw et E.F. Gay

Autour de Veblen, gravitent quelques th oriciens sSint ressant aussi bien  la corporate finance , quSau management et aux business training tels E.S Mead, F.W. Taylor, E.F. Gay, A.W. Shaw ... Une connexion intellectuelle a lieu entre ces auteurs. Et ce, autant dans le contenu de leur th orie que dans leur vision de la formation et de lS ducation des hommes dSaffaires. Ainsi, Veblen nSest pas le seul  r fl chir au cas de conscience pos  lSinstitution ducative, par les volutions dont ils sont contemporai ns.

McLean et Brian Jones (2007) nSins rent pas Veblen dans la filiation de la business finance , mais ils y placent Edward Sherwood Mead en soulignant que la finance dSentreprise est une branche de lS conomie institutionnelle. Il sSav re que E.S. Mead, Pthe educator Q248 selon M.Witzel (2007, 32), est lSun des tous premiers  se sp cialiser explicitement dans ce champ 249 , alors mme que la litt rature ne sSest pas particuli rement int ress e  ses travaux. Il nSa donc connu relativement que peu de post rit . De plus, tout comme Veblen, PMead believed that Pthe primary business of a universityQ was to teachQ (Goodwin, 1928 cited after McLean et Brian Jones, 2007, 121). Pour autant, E.S. Mead nSa jamais pris de position id ologique tr s tranch e, comme peut lSavoi r fait Veblen sur lS ducation sup rieure au tournant du si cle aux tats-Unis. Et par ailleurs, comme nous lSavons vu dans le chapitre pr c dent tous deux ne partagent pas les mmes conclusions concernant la concentration des firmes.

248 Cela dit, d j en 1889 Thomas Carey publiait le recueil PayneSs business educator, a complete encyclopedia of business knowledge and epitome of US and State law. 249 Il r dige galement un m morandum sur les cours de marketing  la Wharton School (H.H. Maynard, 1941, 382). Il sSagit de PNeglected elements in a business educationQ, The Wharton News, Vol. 1, No.1. (1928) 

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DSailleurs - contrairement  Veblen N E.S. Mead adh re aux principes de la Wharton School 250 et y d die sa vie dSenseignant. Il entame une th se  lSuniversit de Pennsylvanie, juste au moment o se s parent le d partement dS conomie de lSUniversit et lS cole de commerce 251 (Ibid, 120). Par la suite il fait toute sa carri re  la Wharton School o il enseigne 252 la finance dSentreprise mais o il initie galement les cours de management et de comptabilit au d but du 20 e si cle (Ibid, 122). Selon Witzel PThrough MeadeSs classrooms passed many of the future business leaders of AmericaQ. En 1907, E.S. Mead publie une critique dans The Journal of Acccountancy concernant lSenseignement de la comptabilit et apparat lui aussi engag dans la p dagogie et les m thodes dSapproche de la discipline qui ne lui paraissent pas satisfaisantes ( E.S. Mead, 1907, 193- 4). Pragmatiste comme Veblen, on retrouve dans sa vision de lSenseignement de la business finance , les principes th oriques quSil d veloppe dans ses ouvrages. Bien quSil cautionne lSutilisation de la m thode de cas sur les affaires industrielles (McLean et Brian Jones, 2007, 120), contrairement  Veblen. Par ailleurs son engagement se poursuit en devenant diteur de journaux tourn s  la fois vers le milieu industriel et financier. Il fait ainsi partie de ces avant- gardes dSentrepreneurs institutionnels, qui sont  la fois acad miques mais aussi managers et qui de fait, per oivent les besoins et les int rts  servir de la classe manag riale dans leur quotidien. E.S. Mead apparat ainsi, presque comme lSincarnation parfaite du conflit entre business et ducation, antith se ce que repr sentait Veblen.

250 Il a mme voulu crire un ouvrage pour les 75 ans de lS cole, mais  sa mort son travail nS tait pas fini, et ses notes nSont pas t retrouv es (McLean et Brian Jones, 2007, 125). 251 E.S. Mead est dSailleurs form par des professeurs sSinspirant de lS cole historique allemande, comme Simon N. Pattern, son directeur de th se ; de mme il sera research fellow  Chicago (1896-1898) sous lSautorit de Laughlin. A la fin de sa carri re on propose  Mead un poste  la New Business School  Temple University mais il refuse car il aurait lSimpression de trahir lSinstitution qui lSa P no urritQ toute sa vie (Mead, 1972, 32 cited after McLean et Brian Jones, 2007, 125). 252 Il a galement enseign  la Harvard Business School en 1908 et 1909 (McLean et Brian Jones, 2007, 118). 

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Avoir une conviction sur les modalit s dSenseignement est galement un point commun avec Leverett S. Lyon Pheavily institutionnalist Q selon Rutherford (2001, 20) 253 qui sSy penche de mani re approfondie en 1913 avec Elements of Debating : A Manual for Use in High Schools and Academies , en 1919 avec A Survey of commercial Education in the Public High Schools of the United States quSil int gre dSailleurs en partie dans son ouvrage de 1922 254 , Education for Business 255 . Il sSav re tre un pionnier en management (N.H.Engle, 1959) et lie directement les probl matiques des affaires  ceux de lSenseignement. M. Rutherford (2005b) le pr sente comme un docteur en conomie issu de Chicago (1921), qui est devenu PDean of Commerce and Head of the Department of Economics at Washington Universi tyQ et qui a entre autre enseign PThe Nature of IndustryQ  la Brookings Graduate School, affili e  la Washington University  St Louis et cr e en 1923.

En 1919 il dresse un bilan sur lS volution de lSenseignement des affaires depuis 30 ans et la fulgurance de sa croissance. Il pr cise dans sa preface que PBu siness education has never been subjected to an PoverviewQ.Q (1919, ix) . Il consid re que PThe public high school has become a formidable competitor of the private commercial school in the field of business education.Q (1919, 1) et pr sente un certain nombre de statistiques notamment issues du Report of the Commissioner of Education, for the Year Ended June 30, 1916 .

PThe facts which have been presented make it evident that the secondary schools of the United States are functioning more and more largely in training

253 En 2011, M. Rutherford souligne: PMordecai EzekierlSs notes from LyonSs course [1925] P Nature of Industry Q, also exist. The course is heavily institutionalist too. It begins with a discussion of the problem of psychology and economics, including references to Veblen and J.M. Clark, then deals with the history of the organization and control of industrial activity, stressing the role of custom, religion, laws and court decisions, trade practices, as well as individual enterprise, public enterprise, and the issue of culture lag. The course also has sections on capital creation and a great deal on ways of organizing industries, the roles of government and private enterprise, and government administration. A significant amount of the rest of the course is made up of student presentations on topics relating to their particular areas of interest, such as PFrontier Problems in TransportationQ, PMeasuring ProductionQ, PElements in Business ForecastingQ, and PAspects of Mineral ProductionQ.Q ( M. Rutherford, 2011, 173) 254 Cette mme ann e, est cr e P The Association of collegiate Schools of Business Q. Dans les ann es 1930 de nombreuses publications auront lieu sur ces mmes centres dSint rts. Par exemple James Bossard et Frederic Dewhurst University Education for Business: a study of existing needs and practices (1931) ou encore des travaux comparant lS ducation am ricaine et anglaise avec James Bowie Education for business management: the case for the further development of education facilities (1930). 255 Attention, il ne sSagit pas de W.H. Lyon que nous avons trait dans le chapitre 3. 

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for business. They are replacing to as considerable degree the business college which developed earlier to meet the commercial demands of large-scale, wide market business in America. The importance of the function which they are assuming and the extent to which the assumption has been made justify a study of present conditions in secondary commercial work. It becomes pertinent to investigate the types of secondary commercial courses, and to inquire as to their length, their organization, their purposes, their methods, and the teaching staff that controls and directs them.Q PFinally, there is reason for an inquiry into the chances of change in high - school business education, for considering the rigidity and flexibility of its structure, and for speculating on the opportunity for improvement and guidance.Q (L.S. Lyon, 1919, 2 -3)

Il reprend galement une enqute r alis e sur 225 high schools (1919, 5-8), initi e par lS cole de commerce et dSadministration de Chicago Pmaking an effort to find out at first hand just what the high schools of the country are doing in training for commercial workQ (Ibid, 5).

PNo school reported less than 10 per cent of their pupils in commercial courses, 9 reported 50 per cent, and 4 reported 60 per cent. Three schools reported more 60 per cent of their students in this type of work.Q (L.S. Lyon, 1919, 9) Il affirme:

PSocial-business subjects, directed and taught as they are, sometimes by strictly commercially minded individuals and sometimes by persons of purely classical training, cannot be relied upon to present any definite body of knowledge or consistent point of view.Q (L.S. Lyon, 1919, 39)

LSouvrage de 1922 est particuli rement int ressant puisquSil sSagit dSun manuel avec des questions  chaque fin de chapitre permettant la discussion concernant les business studies entre tudiants, professeurs et diff rentes institutions. Le but est ainsi

PBut to make the book valuable to students, the evidence was laid out in some detail, conflicting attitudes were expressed, questions interpolated and material otherwise introduced for the constant discussion and reaction of class work. These introductions into the skeleton of thought make it possible for



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the student to develop a view through his own thinking, but they constitute something of an interference to the reader who wishes to see quickly approach and conclusions only.Q (L.S. Lyon, 1922, xii)

Dans une lettre que Leverett Samuel Lyon adresse  Dorfman le 27 aot 1932, il indique sa volont dSinscrire, sur le Dunker Hall d di  lSEcole de Commerce et de Finance en cours de construction  lSUniversit de Washington, le nom des auteurs influents dans ce champ de la th orie conomique :

PMembers of our economics and business staff were asked to suggest the names of those men that they believed could most appropriately be used. VeblenSs name was included in the list. I cannot repeat with c ertainty all of the thought we may have had in making the selections, but I am sure we were influenced N I as dean of the school had the final decisions to make N by the fact that Veblen had written so penetratively of economics in general, particularly concerning the nature of business enterprise as part of an economic system. Quite regardless of oneSs views as to the soundness of all of VeblenSs observations on this point, it seems to me that he was early in pointing out some of the most interesting aspects of business in an economic system.Q (L.S. Lyon  J. Dorfman, 27 aot 1932, JDP, Box 3)

Frederick W. Taylor, a galement jou un rle important au moment de la mise au jour du management comme domaine scientifique, dans une approche qui tente de rendre respectable le domaine des affaires (Hindy Lauer Schachter , 2010). DSailleurs les think - tanks des grandes entreprises, engagent une r flexion concernant lS ducation et pour ce faire sSinspirent pour part des recherches concernant lSefficacit au travail, m en es par Taylor. Or ce dernier,  lSinverse de la posture veblenienne, propose une formation  la science du management via lSexp rimentation 256 (Taylor, 1895) ; cSest dSailleurs pour prouver lSefficacit de son approche que Taylor est devenu un ing nieur -consultant en 1893.

256 En 1906 S.E Sparling publie Introduction to Business Organization (quSil r dite en 1919) dans lequel il centre son analyse sur lSexp rience. Ce positionnement est galement partag par Leon C. Marshall (1913), coll gue de L.S. Lyon. 

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Ce propos est galement partag par Edward David Jones qui est le premier  enseigner le marketing (Jones & Monieson, 1990, 104). Il pense N tout comme la German Historical School sous laquelle il a t form - que la Pscience of business Q doit tre pratiqu e par des professionnels afin dSassurer un bien -tre g n ral (R.T. Ely, 3 f vrier 1918 dSapr s une correspondance avec E.D. Jones, apr s Jones & Monieson).

Ainsi, Taylor fait connatre ses th ories au moment de lSexpansion de lSuniversit et des coll ges de formation professionnelle et entraine avec lui un certain nombre de disciples. Sa vision sSimpose face  celle de Veblen, dSo un manque de post rit de ce dernier. Pour autant, Veblen et Taylor partagent une position commune sur la n cessit de la pr minence des ing nieurs, mme si leurs visions de lSenseignement sSopposent. En effet, les curriculums se modifient au profit de la voie manag riale et professionnelle. CSest la raison pour laquelle il monte sa Taylor Society en 1912 afin de diffuser id es et pratiques avec, entre autres, Edwin F. Gay et Harlow Pearson 257 .

En effet, alors quSen 1908 E.F. Gay est le doyen de la School of Business de lSUniversit dSHarvard 258 , il fait le choix des curriculums : quoi enseigner et comme nt. LSobjectif affich dS E.F. Gay est de promouvoir le management scientifique dans une phase de gestion publique des trusts et des d s quilibres des pouvoirs de march . Il suit en cela les pr ceptes tayloristes. E.F. Gay invite mme F.W. Taylor N parmi dSautres E experts F - dans le cadre de ses cours sur lSorganisation industrielle pour dispenser des conf rences. Les th mes trait s sont tr s novateurs pour lS poque. Ils concernent autant le travail que les modes de financement et sont tr s en phase avec lSactualit sur lSorganisation de lSindustrie. Mme si F.W. Taylor pense que PWorkmen can only be studied side by side and shoulder to shoulderQ ( F.W. Taylor, 1909, 86; cit e par H.L. Schachter, 2010, 442), E.F. Gay insiste et F.W. Taylor accepte dSinterv enir dans la formation (M.T. Copeland

257 H. Pearson tait directeur de lSAmos Tuck School of Administration and Finance, et malgr le fait quSil soit un fervent admirateur de Veblen, il a inaugur la Taylor Society. Il persuade mme certains confr res, comme Morris Cooke de d velopper des conf rences sur le management scientifique. 258 A sa cr ation, elle fait le choix dStre en phase avec la nouvelle r alit de lS conomie am ricaine . 

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1958). En r alit , le positionnement de E.F. Gay est compliqu car il est  la fois ins r dans un r seau dShommes dSaffaires et de banquiers dSinvestissement 259 qui cherchent  supprimer la concurrence mais aussi dSun a utre ct proche avec les ateliers, les conseils dSentreprise, des professeurs partisans de m thodes scientifiques et ceux qui sSy opposent.

Taylor continue galement  promouvoir la recherche et les tudes doctorales dans son d partement 260 . Quoi quSil en soit, tous contribuent  lS laboration des nouveaux programmes dSenseignement et de formation. Sorte dSid al de r forme quSil incarne dans une institution dynamique d di e aux affaires. En cela il se distingue de Veblen  propos des r formes propos es par le monde de lSentreprise et interpr t es comme un progr s conomique et social. E.F. Gay nSest pas compl tement oppos aux propos E v bleniens F bien quSil adh re  la m thode de F.W. Taylor 261 . En effet, en 1908 afin dSaccompagner la logique de F.W. Taylor, E.F. Gay propose un cours dSorganisation industrielle dont le but est de promouvoir, par ailleurs, les int rts des ing nieurs et des universitaires.

Par ailleurs, Gay travaille en troite collaboration avec Frank W. Taussig qui est alors  la t te du d partement dS conomie de Harvard et qui E r dige le premier projet dSorganisation du cursus de lS cole F (E. Payen-Vari ras, 2009, 28). Or Taussig d veloppe galement une haute estime de Veblen. Gay est aussi favorable sur le fait dSapprendre  la f ois les principes g n raux des affaires, ainsi que de diffuser dans ces mmes enseignements des exp riences professionnelles pour ne pas avoir quSun savoir

259 Il a comme bras droit un interlocuteur privil gi en la personne de Thomas W. Lamont qui est le vice-pr sident de la BankerSs trust de New York depuis 1903. 260 Il a en quelque sorte un positionnement ambigu puisque comme nous lSindique Evelyne Payen - Vari ras E il se passionne finalement pour le projet de lS cole et d ploie une nergie consid rable pour en d fendre les int rts  la fois aupr s de lSadministration de Harvard et aupr s des donateurs potentiels F (2009, 29). 261 PIn 1914- 1915, the school offered a course specifically entitled PThe Taylor System of Management.Q (Schachter, 2010, 443) 

C.:]1 `V  C P:` 1V II th orique et abstrait. Il int gre cependant la place centrale donn e aux priorit s des hommes dSaffaires. En effet, dSune part il cherche  diminuer les cours magistraux pour rassurer ces businessmen sur la formation professionnalisante notamment avec lS tude de cas. Or, pr cis ment, Veblen est tr s critique de lSenseignement de ces cas pratiques, d nu s de contenu pour lui. Par ailleurs E.F. Gay sSoppose  Veblen  propos de lSinfluence de lS conomie politique n oclassique au tournant du si cle. E.F. Gay et F.W. Taussig d veloppent  Harvard une pens e entrepreneuriale et manag riale des affaires dans le d partement dS conomie (Jones & Monieson, 1990) 262 . Pour autant Gay ne renonce pas  la scientificit des travaux universitaires et  lSimportance de la r flexion dans les formations.

On peut dSailleurs voir dans la New School, fond e en 1919, une r ponse  la cr ation de la Taylor Society 263 . Pourtant, E.F. Gay et Archibald W. Shaw 264 - dans une vision combin e dSun praticien et dSun universitaire - per oivent, tout comme Veblen, les limites de la th orie tayloriste qui ne sSint resse quS la charge de la gesti on industrielle. Ils ne partagent tous trois pas cette vision troite du management. Gay et Shaw ont soutenu la mise en place du business education  Chicago et pensent comme Veblen que lSon doit confronter les tudiants  une pens e du management 265 , ne pas simplement les

262 Mais ce ne sont clairement pas les seuls, en 1915 F.W. Taussig dans Principles of Economics d veloppe les d buts de lSentrepreneurship mais cSest aussi le cas de F. Knight qui le compl te en 1921 ou de F. Walker qui consolide le d bat sur les consid rations de lSentrepreneur. 263 Mitchell en a dSailleurs t assez proche, sans jamais vraiment rejoindre cette soci t ( K.D. Bruce et C. Nyland, 2001, 956).Sur les controverses de la place des ing nieurs et les liens entre institutionnalistes et E tayloristes F voir Chrys Nyland (1996) PTaylorism, John R Commons and the Hoxie Report Q, Janet Knoedler (1997) PVeblen and Technical Efficiency Q et J. Knoedler et Anne Mayhew (1999) PThorstein Veblen and the Engineers : a reinterpreation Q. 264 En 1912, au sein de la Harvard Business School il initie un cours de politique des affaires avec la volont de se confronter  des probl mes et  lSexp rience (Payen -Vari ras, 2009, 31). Il tait diteur  Chicago mais prend un cong en 1910 pour venir enseigner  Harvard, apr s avoir lui-mme t form par la m thode de Taylor (R.D. Cuff, 1996). Shaw souligne que le succ s du taylorisme apparat au d but de la professionnalisation du management (1914, 217) dans son manuel bas sur les cours quSil a dispens s. Il permet galement de cr er le Bureau of Business Research en 1911 (Payen-Vari ras, 2009, 38) dont lSinitiative est salu e par Gay pour les efforts de scientificit ainsi que de praticit des affaires. 265 De la mme fa on, dans son cours de Business Policy (1911-1912) Shaw a cherch  appliquer des principes g n raux pour comprendre la pratique du management (R.D. Cuff, 13). 

C.:]1 `V  C P:` 1V II ancrer dans des exp riences et des probl mes particuliers des affaires 266 , qui se veulent r els. (R.D. Cuff, 1996, 11).

Par ailleurs, F.W. Taylor et Veblen peuvent partager leur faible croyance dans le pouvoir de lSinstitution univers itaire  former des gestionnaires et des cadres.

Notons que lSouvrage dSArch Wilkinson Shaw, An approach to Business Problems (1916), semble davantage suivre la mouvance institutionnaliste que celle n oclassique. Bien que connaissant lSouvrage de 1904 il nS voque cependant Veb len que dans son chapitre sur PDemand Creation and Physical Supply Q (A.W. Shaw, 1916, 109). Shaw se base sur le bilan des six premi res ann es dSenseignement  la Graduate School of Business Administration  lSUniversit dSHarvard af in de compiler des informations sur la r alit des mutations de lSentreprise, des affaires (classification des activit s, lSappr hension des probl mes de production, de distribution, dSorganisation) et du financement qui les accompagne. Notons pourtant que lSouvrage An approach to Business Problems ,  lSoppos de The Theory of Business Enterprise (1904), nSa pas t r dit apr s 1951 ( R.D. Cuff, 1996, 19).

En 1996, Cuff sSinterroge PTo what extent other pioneers 267 in graduate business education shared a similar view of the relationship between historical and management study remains an open ques tionQ (1996, 20). Je crois que lSon peut sSaccorder sur le fait que tous les auteurs que nous venons dS voquer partageaient de nombreux avis

266 A.W. Shaw partage galement sa vision sur les standards thiques des affaires (A.W. Shaw, 1916, 109), P The adoption of a new point of view was the starting-place in the development of the Taylor system of shop management. If scientific management means anything, it means an entire divorce from traditionQ (Ibid, 21). 267 Voir les travaux H.H. Maynard (1941), L.D.H Weld (1941). Early experience in teaching courses in marketing. Journal of Marketing , 5(4), 380. Ils retracent lShistoire des tous premiers enseignements (avant 1910), notamment avec l es investigations pionni res dSE.D. Jones, lSinstauration des premiers cours. Le premier a lieu en 1902 : PThe distributive and Regulative Industries of the United StatesQ ( H.H. Maynard, 1941, 382) sur industrial management.) ou encore la mise en place des associations am ricaines de marketing (1915). E.D. Jones consid rait dSailleurs le marke ting comme une discipline centrale  transmettre au cours de la formation aux affaires. 

C.:]1 `V  C P:` 1V II communs, malgr certains points de divergences. Pourtant, comme le montre Chester Barnard dans une correspondance avec J.R. Commons du 18 d cembre 1936, lSinstitution universitaire doit sSadapter et chercher  se normaliser:

PAll the courses now given unde r the hand of commerce, economics etc. by the extension department, together with such new courses as may be selected, are to be collected into a group to be known as the School of Business and Finance. (This term is chosen advisedly in order to differentiate it from the school of political science. The word PbusinessQ is no inclusive as to render unnecessary additions like PcommerceQ or PaccountsQ. On the other hand, the word PfinanceQ is not superfluous because PfinanceQ comprise public as well as private relations, and thus includes the relations of private individuals to the government). The school is to be managed by a director and is to be controlled by an administrative board composed of the president of the university and of five additional members; the director of the extension department, the director of the school, the dean of Columbia College, and two representatives of the department of economics. The instructors in the school shall constitute Pthe officers of instruction.QQ (Barnard  Commons, 18 d cembre 1936, WCMP, Box 7)

La r volution impos e par F.W. Taylor, balaye pour part les auteurs pionniers tels Veblen ou E.S. Mead. Ainsi, mme sSil a fallu r pondre  la r alit des affaires, le milieu acad mique nSa finalement th oris que relativeme nt tardivement la pratique de la business finance et du management dSentreprise. Les universitaires nSont que peu particip  cette mutation du tournant du si cle (R.D. Cuff, 1996, 9 ; R.A. Gordon et J.E. Howell, 1959, 5), mais ils ont interpr t le ph nom ne  post riori, avec 10 ans de d calage au d marrage 268 . Le triomphe de F.W. Taylor sSimpose, avec le management scientifique et lSexp rience acquise sur le terrain de lSentreprise.

Or Veblen incarne lSun des points de vue du d bat sur la r forme de lSenseignement sup rieur : celui qui d fendait le milieu universitaire. Il apparat hostile  la prise de

268 En effet, un peu plus tardivement, lSouvrage de W.J. Ashely avec Commercial Education (1926) et celui dSEdwin Robert Anderson Seligman The Early Teaching of Economics in the United States (1927) traitent des mmes sujets avec un r el int rt dans le mode de fonctionnement de ces coles. DSailleurs Seligman en crivant  R.C. McCrea le 14 octobre 1915 (JDP, Box 52) lui propose de discuter: Pa second tentative draft of the memorandum of the projected school of business and finance which I think will meet some of your criticismsQ.



C.:]1 `V  C P:` 1V II contrle par les businessmen des institutions de formation, tout comme F.W. Taylor par ailleurs. Bien que Veblen partage un certain nombre dSaccointances concernant la r alit des affaires avec F.W. Taylor, E.F. Gay et A.W. Shaw, ils ne partagent pas les mmes conclusions concernant lSenseignement, Veblen ayant un positionnement radical .

c. Institutionnalisation et enseignement de la finance dSentreprise : un bilan

Suite  la mise au jour de lSimportance de la corporate finance et de la publication dSouvrages et manuels, la d cennie 1910 sSatt le  comprendre quel degr de sp cialisation donner  ses cours de business training , enseignement rest jusquSalors  la marge et prof r dans les d partements de sciences sociales. On peut ainsi se demander quel rle ont jou ces th oriciens mergents de la finance dSentreprise, notamment institutionnalistes, dans E la r volution entrepreneuriale am ricaine F du tournant du si cle. Durant notre travail dSarchives nous avons trouv une correspondance entre The Chairman of the school of business training qui crit au doyen de son Universit (Texas), W.J. Battle, et qui souligne la v ritable pr occupation concernant le fait de r pertorier lSensemble des business training et commerce courses de toutes les universit s afin de mettre en place un Pgeneral curriculum for business trainingQ. Nous sommes en 1913:

PI have also given a list of the business training courses given in those universities, and have also tried to show the degree of specialization allowed in the taking of the AB degree or other bachelor degrees.Q (26 novembre 1913)

Il sSagit d s le d but d es ann es 1910 de mettre en place un programme plus ambitieux,  savoir dSeffectuer une tude sur les dispositions alors en place, concernant lSenseignement commercial aux tats-Unis (mais aussi en Europe : en Angleterre, en Allemagne G) et de tenter dSuni formiser la formation aux affaires dans le pays, de la



C.:]1 `V  C P:` 1V II standardiser 269 . En effet, au cours de ce d but de si cle, de nombreuses initiatives se mettent en place, chacun jouant de sa particularit et de sa conviction. Encore un exemple, lSAlexander Hamilton In stitute - fond en 1909 - se propose dSorganiser des cours par correspondance 270 pour lS tude des affaires 271 . Ainsi nous avons vu dans les sections pr c dentes que le contenu des cours se modifie, ainsi que la fa on dSenseigner. En r alit , il faut remonter  la mme p riode que celle des mutations des entreprises pour voir apparatre les premiers crits modernes sur lSenseignement am ricain de la pratique de lSentreprise. Ainsi, on peut consid rer la publication de Noah Porter en 1870, The American Colleges and the American Public comme lSun des ouvrages pionniers, faisant la transition. Veblen a dSailleurs tudi  Yale sous lSinfluence de ce conservateur moraliste quS tait Porter mais aussi de William Graham Sumner. Pourtant lSinstitutionnalisation de ce ph nom ne et des changements induits nSont lieu quSapr s les ann es 1910. Dans le cadre de la mise en place de nouveaux cursus, au d but du 20 e si cle, destin s aux tudiants ambitionnant de devenir dirigeants dSentreprise, la question soulev e est celle sSattachant  la mani re dSenseigner lSadministration des affaires, y compris par Veblen. Cette volont dSorienter au mieux la p dagogie appliqu e  la business finance sSincarne dans lSinstitution quSest la Graduate School of Business .

En 1916, lS American Association of Collegiate Schools of Business est cr e avec pour mission dSaccr diter les tablissements de formation de gestion et des affaires 272 . Elle publie en 1919 un document compilant allocutions, programmes et m thodes dSenseignement des diverses institutions sp cialis es. Le tournant de la d cennie 1910 est pris et il est marqu . Selon H.M. Larson (1948, 886) ce document est pr cieux  lS poque, car il diffuse une vraie philosophie de la business education  imposer dans toutes les unit s de

269 Voir lSannexe du chapitre 4 , la pr sentation du formulaire de la School of Commerce and Administration de lSUniversit de Chicago concernant la Commercial education in public high schools . 270 Remarque: International Correspondence Schools publie en 1901 The business manSs pocketbook, a handbook of reference for business men . 271 voir Modern Business : a series of texts prepared as part of the modern business course and service , 1919, par Joseph French Johnson, fondateur et doyen de la School of Commerce . 272 Cette derni re existe toujours et a dSailleurs accr dit lSESSEC en Fra nce en 1997. 

C.:]1 `V  C P:` 1V II formatio n. La fa on dSenseigner la discipline fait donc partie des d bats de lS poque. Walter Parish dit de Veblen : Phe witnessed in American higher education in his timeQ 273 (1973, 146), notamment lors de son passage  Chicago durant lequel il a connu sa p riode la plus prolixe (Ernest Sutherland Bates lettre  Dorfman, d cembre 1934, JDP ; Parish, 1973, 178). Comme le dit W.J Barber il y a Pan atmosphere of academic entrepreneurshipQ  lSuniversit de Chicago et une Pbusiness communityQ en croissance qui font que les id es de Veblen se sont d velopp es dans ce contexte. De la mme fa on, lSouvrage de 1918 trouve son origine dans une critique non dissimul e des institutions quSil a fr quent es 274 et tout particuli rement de lSuniversit de Chicago, alors pr sid e par William Rayney Harper avec qui Veblen nSavait pas de bons rapports. Pour autant comme nous lSavons galement dit, la p rennit des propos de Veblen nSa pas eu lieu. Les explications se trouvent tr s certainement  la fois dans sa vision tr s pessimiste, la difficult de compr hension de ses propos mais aussi dans ses positions acad miques dSopposition syst matique et parsem es de quelques incidents et d saccords avec lSinstitution. CSest dSailleurs  lSissue de cela quSil renonce  la fin de carri re acad mique de mani re pr coce.

Parall lement aux manuels et aux syllabus de cours, les diteurs de revues accompagnent lSinstitutionnalisation de cette discipline alors quSaucun journal sp cialis nSa accompagn son mergence 275 . Les publications concernant les affaires existent depuis le Moyen- cge 276 , mais la multiplication des supports et leur fr quence dS dition prennent un tournant  partir des ann es 1880S ( H.M. Larson, 1948, 1964, 841-2). Ces publications

273 Fid le  sa r putation, Pwriters who have commented on the question of VeblenSs position on higher education have often asserted that Veblen either changed his mind or contradicted himself on the question of the place of vocational training and professional education in institutions of higher learningQ (W. Parish, 1973, 146) notamment vis  vis de D. Riesman (1953) ou C.C. Chandler (1959) qui soulignent le grand cart que fait Veblen entre son ouvrage de 1899 dans lequel il consid re le vocational training comme utile et celui de 1918 o il d nonce la contamination par les coles de lSactivit de lSuniversit . Or nous pensons que ce ne sont pas des contradictions N comme le souligne implicitement W. Parish -, mais que Veblen fait voluer logiquement sa pens e par rapport aux r alit s qui lSentourent. 274 Pour autant Anne Mayhew (2007, 158) consid re que les raisons qui am nent Veblen  dresser ce constat et ces conclusions, sur le syst me ducatif am ricain  la fin du si cle, ne sont pas si claires. 275 DSo le d veloppement dSouvrages et de manuels, qui sont un format plus courant. 276 Tout en ne concernant que des domaines comme lSartisanat, lSindustrie manufacturi re G 

C.:]1 `V  C P:` 1V II accompagnent le capitalisme des chemins de fer et de lS assurance. Les revues sp cialis es sSorientent aussi davantage vers un public tudiant et la th orie du propri taire -manager se propage et se diffuse grce  lSapparition des revues Corporation Report et The Financial Journal (H.M. Larson, 1948, 841). Par ailleurs la Harvard Business Review , revue centrale en finance dSentreprise nSapparat que tardivement en 1922 (subventionn e par A. W. Shaw 277 ), et le premier journal acad mique The Journal of Business  Chicago, en 1928. Cela peut en partie expliquer le moindre impact des ouvrages de 1900-1910 face aux articles plus courts des ann es 1920S, plus facilement lisibles et plus percutants. Seules les publications plus populaires comme le Magazine of Business apparaissent en 1900 278 .

Pourtant, si on poursuit un pe u notre p riode dSanalyse, alors mme quSil y a une offre et une demande de ce type de cours dans les coles et universit s am ricaines, on peut faire le constat quSen P Industrial Organization Q aucune th se nSa encore t soutenu en 1937 aux tats-Unis alo rs quSil y en a 26 en 1941 (WCMP, Box 14). De la mme fa on, on per oit lS lan impuls par la fin des ann es 1930 conce rnant le PGovernment Business Q avec respectivement 4 puis 14 th ses (contre 59 en Pbanking Q, 59 en Peconomics Q, 60 en Plaw Q et 56 en Pmarketing Q). Enfin, ces derni res apparaissent en 1941, comme tant concentr es dans les E ples historiques F de d veloppement et de d bat de ces questions ;  savoir  Columbia (5), dans le Michigan et en Californie.

Une litt rature assez vaste sSint resse  lSenseignement du management,  lSP academic education for business Q (F. Redlich, 1957), N.S.B. Gras et H. M. Larson (1931), V. Carlson (1968), W.J. Barber (1988), R.D. Cuff (1996), J.C. Spender (2005)), mais peu soulignent lSimpulsion r elle dans lS laboration des programmes de cours quSont pu avoir les premiers institutionnalistes am ricains parmi lesquels nous pla ons R.T. Ely, A.A. Young, Veblen ou encore E.F. Gay. Pour cela, il faut jeter un coup dSMil aux archives,

277 Shaw a galement t lS diteur de System  partir de 1903, un magazine d di au management via la Shaw-Walker Company. Il a ainsi crit dans la revue Harvard Quarterly Journal of Economics ,  partir de 1912. 278 Il est remplac par Business Week end en 1929.



C.:]1 `V  C P:` 1V II o nous pouvons percevoir que la motivation est r elle. En effet, le 14 octobre 1915 Selingman crit  R.C. McCrea (JDP):

PI am sending you a second tentative draft of the memorandum of the projected school of business and finance which I think will meet some of your criticisms. All the courses now given under the hand of commerce, economics etc. by the extension department, together with such new courses as may be selected, are to be collected into a group to be known as the School of Business and Finance. (this term is chosen advisedly in order to differentiate it from the school of political science. The word PbusinessQ is no inclusive as to render unnecessary additions like PcommerceQ or PaccountsQ. On the other hand, the word PfinanceQ is not superfluous because PfinanceQ comprise publi c as well as private relations, and thus includes the relations of private individuals to the government). The school is to be managed by a director and is to be controlled by an administrative board composed of the president of the university and of five additional members; the director of the extension department, the director of the school, the dean of Columbia College, and two representatives of the department of economics. The instructors in the school shall constitute Pthe officers of instructionQ. Th e school of business and finance shall be financially a part of the department of extension teaching. This arrangement shall continue until such time as it may seem wise to separate the school from extension teaching. General objects. 1. Accounting 2. Transportation 3. Insurance 4. Finance 5. Industrial organization (including factory management) 6. Business and commercial administration 7. Foreign trade and consular service 8. Relation of business to government 9. Business and commercial law (school of business and finance). The object is to afford a sound theoretical basis, thorough preparation, and, so far as possible in any school, practical training for business work. The courses are designed 1. For those college students who wish to secure a more thorough and exact knowledge of the principles, organization and methods of the commercial, industrial and financial world, than is furnished by the other departments of the University. 2. For those desiring to enter upon a business career in immediately after leaving high school. 3. And for those individuals already engaged in business who desire to secure a broader insight, not only into the occupation they may have already selected, but also into those branches which mais be allied therewith.Q (E.R.A. Seligman  R.C. McCrea, 14 octobre 1915, JDP).

Ensuite il indique les diff rentes possibilit s dSadmission avant dSintroduire les Pcourses of studiesQ : PIntroductory courseQs , permettant  tous les l ves y compris ceux nSayant pas suivi



C.:]1 `V  C P:` 1V II les deux ann es au college dStre admis ; PRegular or normal coursesQ ; PAdvanced coursesQ (business techniques and administration) et PPure research courses in the technique of business Q.

Ces questionnements donnent lieu  un ballet continu durant cette p riode. Pour autant on constate un faible impact des premiers th oriciens de lSentreprise ayant des pr occupations p dagogiques sur la mise en place de ces formations. Le nombre exponentiel de travaux d di s  la finance dSentreprise 279 est impressionnant, et montre la richesse r elle du d but du si cle. Il est ainsi relativement facile de se perdre dans la masse de publications mergeant au tournant du si cle. DSo lS dition de compilations avec par exemple Ethel Cleland et Five hundred business books (1919), ou encore Linda Morley et Adelaide Kight et 2400 business books and guide to business literature (1920, la premi re dition en 1916 ne d nombrait que 1600 ouvrages !), et qui cite Veblen (1904) parmi les ouvrages de r f rence.

Malgr tout nous souhaitons souligner quSil y eu des implications et une port e ind niables des propos E v bleniens F. On le per oit dans la r ception de ses cours, dans les archives am ricaines que nous avons parcourues, ainsi que dans les divers E retours de Veblen F dans lSactualit depuis une dizaine dSann es. James E. Hagerty est un tudiant ayant suivi  Chicago un s minaire (12 octobre 1897) de Veblen 280 dont il retranscrit lSanalyse dans des notes, mises en vidence par P. Uselding dans un article de 1976. Or, il deviendra par la suite lSun d es premiers acad miques et professeurs du champ du marketing (d s 1936). De plus, durant cette re progressive (1890-1920) Harold Rugg est lSun des ducateurs les plus connus mme si, il ne marque la litt rature ducative avec la publication de ses manuels quSentre 1929 et 1940, apr s lSinfluence E v blenienne F. Ayant fr quent tous deux Chicago, Veblen et Rugg ne se rencontrent pourtant pas

279 Nous aurions galement pu citer Business and Education de Frank Vanderlip (1909), Origin and Progress of business education in the United States dSEdmund James (1913), Higher Education and Business standards de Willard Eugene Hotchkiss (1918) G 280 Notons le p etit rle de Veblen  lS gard de J .E. Hagerty: POn 26 May 1897, Veblen wrote to Ely to recommend a student of his by the name of Hagerty who was an applicant for a scholarship. Veblen commented that Hagerty, who took the History and Scope and Method of Political Economy from him, had Pshown both capacity and spirit in scientific workQ and slyly commended him for having Pfewer preconceptions than most graduate studentsQ at Chicago.Q (R. Tilman, 1992, 308). 

C.:]1 `V  C P:` 1V II puisque Rugg y arrive en 1915 et Veblen quitte lSuniversit de Chicago en 1906. Mais il apparat que Rugg doit une part de sa r flexion aux crits de Veblen. DSailleurs, Chandler souligne:

P[G] for a man whose works are not well known among professional educators, this is giving Veblen unusual prominence. Unfortunately, professor Rugg does not give us the kind of documentation which would substantiate his high regard for VeblenSs contributions. He makes no detailed analysis of either VeblenSs philosophy or social psychology. It is anomalous that no educator to our knowledge has followed RuggSs lead. No one has developed the implications for education of VeblenSs philosophy through a detailed study of his writings. That such a study is needed seems evident.Q (C.C. Chandler, 1959, 8).

Veblen est en effet tr s critique de lSid e du business, d velopp comme tel, qui a auj ourdShui un cho aussi bien dans nos un iversit s que dans la soci t . Mais la critique ne supporte pas le choc que va tre la vague de cr ations des business schools et les jeunes tudiants vont devenirs ces capitaines des affaires tant d cri s. Il faut attendre 1945 pour quSil y ait 55 business schools avec un premier cycle populaire, et une hausse de leur fr quentation  partir de 1945 (Cheit, 1985, 45). Sa critique et celle de ses pairs ne permet pas de ralentir leur croissance, mme si cela veille certaines consciences sur la d connexion entre les deux sph res ; d connexion maintes fois reprises dans lShistoire du 20 e et 21 e si cle. De plus, comme le souligne C.C. Chandler:

PVeblen has grossly exaggerated the influence of business in the American culture. He has almost entirely neglected the countervailing power of such groups as organized laborQ (C.C. Chandler, 1959, 243)

Les tentatives dSinstaurer autre chose se trouvent vaines, mais cela est conforme  la croyance de Veblen. Comme le souligne par la suite Abraham Flexner 281 , Veblen doutait que la formation aux affaires puisse devenir une r elle discipline dans lSinstitution acad mique, mme sSil souhaite fortement que les f ormations permettent aux tudiants

281 Ce dernier a dSailleurs t Secr taire g n ral  lSEducation Board de 1913  1928 ainsi que le premier directeur de lSInstitute for Advanced Study  Princeton 1930-1938. 

C.:]1 `V  C P:` 1V II de cr er des jugements ind pendants. Veblen voit donc dans cette agitation du tournant du si cle un vrai enjeu pour les responsabilit s sociales et le rle de E lSEcole F.

3. CONCLUSION

Dans ce travail, il sSagissait de mettre en exergue les profondes mutations du tournant du si cle concernant lSenseignement sup rieur et ses instances de formation, induites par les grands bouleversements de lSorganisation industrielle et de lSentrepreneur iat. Cela nous a amen  dresser une analyse des propos E v bleniens F sur cette p riode au regard des crits de certains de ses contemporains, auteurs des premiers manuels de finance dSentreprise et initiateurs de la finance dSentreprise au sens large ainsi que de la business education .

PHe [Veblen] would have argued that a university is something more than curricula, books, laboratories, students, and buildings. The integrity of a university or of any other institution is defined by a complex set of relationships which exist between men and their environment, both human and non-human. The integrity of a society is defined by the relationships which exist between institutions.Q (C.C. Chandler, 1959, 242)

Dans un premier temps, nous avons voqu lSapparition des premi res coles de formation dShommes dSaffaires, et lSenjeu c oncur rentiel que cela a pos pour lSu niversit . Il sSagissait de montrer que suite aux mutations des structures de march , le besoin de d veloppement de la corporate finance (en pratique et acad miquement) n cessitait lSapparition de business training pour les futurs hommes dSaffaires. Nous avons ainsi pr sent les rapports de pouvoir dans cette nouvelle institutionnalisation  la fois de la place de lSUniversit et de lSEntreprise. Des oppositions entre professeurs,



C.:]1 `V  C P:` 1V II chercheurs, hommes dSaffaires, ou encore pr sidents dSuniversit s apparaissent. LShistoire de lSuniversit et de lSenseignement recoupe en r alit celle de la controverse m thodologique am ricaine sur lSapproche de leur histoire conomique entre 1881 et 1930.

Dans un second temps, nous avons montr que ces faits concident avec les pr occupations de Veblen puisquSen 1918, il publie un ouvrage relativement peu repris post rieurement The Higher Learning in America sur les modalit s de transmission du savoir  lSuniversit , notamment dans la formation des hommes dSaffaires. La question de lSautorit et du pouvoir entre entreprise et universit , la dichotomie E v blenienne F entre principes industriels et financiers existe encore. Cet ouvrage traduit justement cette vision duale de la soci t quSil gr ne tout au long de son Muvre  un moment o le management cherche  se l gitimer. Cela nous a donc amen  pr senter les diff rentes approches des hommes dSaffaires et du milieu acad mique concernant les programmes de formation des affaires, au sein des quels celui de finance dSentreprise nSest quSun exemple. Bien que peu reconnu comme un pionnier de la finance dSentreprise, nous consid rons Thorstein Veblen comme un pr curseur participant aux d bats sur lSenseignement de cette discipline (1904, 1923). Veblen ne compte pas laisser la mainmise des E Capitaines dSIndustrie F dicter lSenseignement sup rieur et devenir des E Capitaines dSErudition F. DSo la guerre de pouvoir entre les diff rentes E capitaineries F, notion ch re  Veblen.

En r alit il faut attendre les ann es 1940/1950 pour que se d veloppe une litt rature, une approche de recherche scientifique et des cours massivement suivis sur lS entrepreneurship . Avec les ann es, c es probl matiques nSont pas perdu de leur superbe et ne sont pas d nu es de sens aujourdShui. Veblen se fait le d fenseur dSune u niversit qui diffuse du savoir afin de garantir une objectivit scientifique,  une discipline devenue acad mique et th orique alors quSelle nS tait que p ratique. Pour se faire, il ne faut alors pas laisser sSinstaller, all geance aux hommes dSaffaires. En effet, on peut aujourdShui



C.:]1 `V  C P:` 1V II encore, au regard de lSentreprise qui sSins re petit  petit dans lSuniversit depuis la loi P cresse LRU de 2007 ou encore les classements des diff rentes coles de commerce et la remise en cause de certains MBA, sSinterroger sur la nature du service E ducation F. La r volution manag riale qui point au d but du 20 e si cle peut tendre  faire croire que depuis plus dSun si cle lSuniversit nSest plus quSun des syst mes productifs sur le march de lS ducation, ou cette derni re nSest quSun produit de consommation pour tudiant. Il faut sSabstraire de lSillusion de la nouveaut de nos d bats contemporains. Or nous lSavons constat le d veloppement de ce type de finance dSentreprise via un enseignement r alis par le milieu des affaires conduit au d veloppement ducatif dSune discipline E pure F cr ant la scission entre les vested interests et lS conomie r el le.



4. ANNEXE DU CHAPITRE 4

Documents pr sent s par L.S. Lyon dans son ouvrage de 1922 (5-8) A Survey of commercial Education in the Public High Schools of the United States.









!

CONCLUSION GENERALE

LSactivit du secteur de la finance dSentreprise g n re de fortes valeurs ajout es. Elle regroupe  la fois les activit s de d cisions, de conseils strat giques mais aussi, les modalit s de financement n cessaires au fonctionnement de la firme. La question qui se pose est de savoir si pour financer la croissance de la firme, il est pr f rable dSeffectuer une fusion acquisition ou de lever des fonds sur le march , par endettement. Affaires N projets N cr dits N acquisitions, voil les matres-mots de la fina nce dSentreprise, aujourdShui comme hier. Au regard des dix ann es de crise qui continuent de faire lSactualit , nous pouvons percevoir  quel point la finance, quSelle soit dSentreprise ou de march est le cMur du fonctionnement dSune conomie de march m ondialis e.

Si lSon regarde lSouvrage de 2011 de Bengt Holmstrm et Jean Tirole Inside and Outside Liquidity , derniers E Prix Nobel F dS conomie des ann es r centes, on se rend compte quSils ne disent rien sur le goodwill ou sur les titres subordonn s. Pourtant, ils sont une r alit factuelle et chiffr e de la finance dSentreprise comme de march , aussi comptent - ils parmi les pr occupations des entrepreneurs et des organismes de normalisation comptable. Actuellement, la finance se trouve face  un clatement de sa discipline, certains sujets tant trait s totalement en dehors du contexte macro conomique. Or, en 1904, dans le chapitre 7 " Theory of Modern Welfare" , Veblen livre une analyse macro conomique en mettant en relati on la baisse des taux dSint rts avec les manipulations de march et lS volution du goodwill.

Au travers de cette th se, nous avons ainsi cherch  montrer  quel point Veblen est un auteur fascinant, qui nSapparat pourtant pas dSembl e comme un th oric ien financier dans la litt rature conomique. LSapproche E v blenienne F est pluridisciplinaire, parfois



CQJHC%s1QJ GXJX`:CV C compliqu e et difficile  suivre. Pourtant, malgr la r putation qui a pu lui tre adress e, son approche reste avant tout pr coce et coh rente, sur des r alit s conomiques qui sont encore proches des ntres aujourdShui. Notre conclusion se veut r capitulative des apports de Veblen, auteur atypique de la th orie financi re de lSentreprise. Avec la vision large du capital, il rompt avec lSanalyse n oclas sique et sSins re dans les d bats du tournant du si cle. Nous ferons cela en deux temps, conform ment aux deux parties qui constituent la th se.

Dans un premier temps nous soulignons un apport th orique et analytique fort concernant la notion de goodwill. Ce goodwill a t mis en perspective par rapport  la structure financi re ainsi que par rapport  la structure de gouvernance de lSentreprise. Dans un second temps, tout en soulignant la singularit de Veblen en tant quS conomiste, nous avons mis ses pr opos en perspective avec lSenvironnement acad mique, de march et institutionnel dans lequel il a volu . Cette seconde partie donne lieu  une lecture contextuelle des propos et positions de Veblen, concernant la finance dSentreprise et son enseignement. Nous pr ciserons lSint rt dSactualiser la pens e E v blenienne F au regard de la pratique de la finance dSentreprise aujourdShui. Enfin, nous conclurons ce travail en mentionnant quelques difficult s auxquelles il a fallu faire face durant cette th se. Ce qui nous autorise  mettre en exergue ses limites, tout en ouvrant la voie  quelques pistes et projets de futures recherches.



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1. ENJEUX ET APPORTS DE LA THESE : LE VEBLEN E THEORIQUE F DU GOODWILL ET LE VEBLEN E PRATIQUE F DE LSENSEIGNEMENT

Ma th s e sSinscrit dans une litt rature qui t moigne de lSimportance de Veblen comme conomiste E engag F, th oricien de la finance dSentreprise. LSambition tait de replacer Veblen dans le syst me th orique de la finance dSentreprise, mais aussi dans les mutati ons profondes du march financier et celles des structures dSentreprise. Nous nous trouvons ainsi  la fronti re entre lS conomie, la gestion et les sciences de lS ducation. Les propos de Veblen ont clair et tay , parfois sans consid ration, de nombreux d bats. Ils ont de plus, t centraux pour la constitution de la pens e et la formation de nombreux conomistes majeurs parmi lesquels W.C. Mitchell, J.K. Galbraith, H. Innis, E.Penrose, G. Hodgson, G. Myrdal, C.E. Ayres, etc. Veblen livre une analyse inn ovante et non neutre de la finance. En effet, il sSattarde sur la d formation des bilans comptables, lSanalyse des anticipations et croyances sur le march financier ainsi que les relations de pouvoirs qui en d coulent. Tout cela forme un ensemble qui vien t perturber lS conomie de march et joue de, et sur la cyclicit du capitalisme. Les probl mes qui sont ceux de Veblen se posaient d j avant lui et, de la mme fa on aujourdShui, nous nous interrogeons toujours sur lSexplication des chocs, la r solution d es crises et sur le grippage de la finance dSentreprise. Pourtant, bien que la r flexion sur la th orisation macro conomique et financi re de lSentreprise soit ouverte depuis plus dSun si cle, chaque perturbation majeure de lS conomie est li e  une nouvel le salve de financiarisation. Cela a dSailleurs t le cas lors du tournant ordolib ral qui a donn la primaut  lSentreprise. Galbraith en digne d fenseur et admirateur de Veblen a anim le regain dSint rt pour ses th ses.



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Notre travail de th se permet de mettre en exergue trois axes qui sSalimentent mutuellement:

- Tout dSabord, le goodwill est le fil conducteur de la pens e conomique E v blenienne F, ainsi que celui de cette th se et il sSagit de le placer dans une perspective historique, de pratique comptable ainsi que dans la litt rature lSayant consid r .

La th orie du goodwill chez Veblen est en partie implicite. Pour autant, il met en vidence cette notion centrale relativement tt par rapport aux d veloppements th oriques quSil va connatre. Il ins re le goodwill dans les r flexions autour de lS tablissement de comptabilit dSentreprise et surtout, il consid re sa signification conomique autour dSun double levier. Enfin, Veblen le met en perspective dans la structure de financement et de gouver nance de lSentreprise. Nous avons isol et d cortiqu , dans une premi re partie analytique, les m canismes induits par le goodwill et sa th orisation. Chez Veblen, le capital renvoie  lSensemble des actifs de lSentreprise donnant acc s  des droits mon taires, et valu s par le march financier. Cette lecture ouvre une analyse plus globale en termes de structure dSinvestissement et de gouvernance. Pourtant, il sSav re que Veblen fait preuve dSincompl tude dans lSexposition de son propos, tout comme la litt rature qui sSy est int ress e le fera. Cela a donn lieu  un m lange dSanalyses et dSincompr hensions autour de sa fa on de penser. Les erreurs ou omissions lui sont pour part imputables, du fait de son style, de son analyse intuitive et de ses non-dits n cessitant parfois de lire entre les lignes. Cette litt rature secondaire, parpill e, passe donc en partie  ct de ce concept central qui contient en r alit toute sa structure th orique E plus ou moins robuste F. Je me souviens, quSau d but de la th se, je me suis confront e  une erreur triviale mais particuli rement marquante. Dans la traduction en fran ais du livre de R. Heilbroner (2001, 242), la notion de goodwill apparat comme tant de la E bonne volont F garantissant les actions ordinaires. Or chez Veblen, le goodwill fait partie de la



CQJHC%s1QJ GXJX`:CV C conception large du capital qui renferme le capital tangible, le capital financier donc le cr dit et toutes les valeurs fictives ou pour le moins sur valu es par le march . Il en fait un m canisme central de financement des activit s conomiques.

- Le goodwill a deux volets chez Veblen.

Un premier goodwill est li  lSeffet de levier de lSendettement sur la rentabilit de lSentreprise, un second renvoie  la situation de monopole, avec lSapparition de la rente de monopole. Le premier goodwill est un goodwill de fondation, le second est plus strat gique, car on y trouve les avantages informationnels, les brevets, etc. capt s par les common shareholders . Ce second goodwill est alors au cMur de lSanalyse des strat gi es dSinvestissement entre insiders et outsiders , dans la filiation de la Q-Investment Theory . En effet, la base du goodwill est la consid ration des anticipations de rendements qui ne sont pas les mmes selon la place occup e dans lSorganigramme de lSentre prise. Le trop grand jeu de certains insiders peut se retourner contre eux, si la conjoncture perturbe la m canique de communication financi re et provoque un ph nom ne de retournement des cycles financiers. Dans un contexte de crise, cette double lecture est particuli rement int ressante. Or nous lSavons dit, lSanalyse du goodwill est incompl te. Pourtant, cSest la notion qui permet  Veblen dS laborer une th orie conomique non n gligeable dans le cadre dSune conomie de march s financiers, o la banque nSest quSun interm diaire. Ce concept lui permet dSintroduire les asym tries dSinformation entre insiders et outsiders , la position privil gi e de lSentreprise, la manipulation des valeurs de march et la quasi -rente.

- En sus de ce goodwill, Veblen fournit des mat riaux (ouvrages et cours) qui initient une filiation de early-descriptive corporate finance qui sSav re centrale pour comprendre les enjeux et les probl mes pass s et actuels de la discipline de la th orie financi re de lSentreprise.



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Veblen se positionne comme un r formateur du capitalisme financier mais aussi de lS ducation, en pr sence dSune litt rature de finance dSentreprise, mergente  la fin du 19 e si cle et tr s r active. Un d bat sSouvre aux tats -Unis au tournant du si cle sur les formations propos es. Ce d bat donne lieu  des discussions entre conomistes majeurs qui auront des cons quences sur des g n rations dS conomistes et de gestionnaires sSint ressant aux business studies . La r flexion sur lSuniversit sSattache  se demander de quelle fa on a t cr e une Pcorporate university Q qui serait quasiment un mod le financier de gestion du business dans lS ducation,  lSimage de ce qui se passe dans la firme. DSun ct , lSentreprise est une institution qui refl te diff rentes cultures organisationnelles et strat giques. De lSautre, lSinstitution universitaire cherche, elle aussi,  r pondre  des principes de r sultats tout en conservant son thique. Mais, elle a galement besoin de partenaires financiers pour faire face  ses d penses. Bien que Veblen d fende une recherche et un enseignement acad mique purs et autonomes, lSuniversit ne peux sSabstraire totalement des m thodes de fonctionnement de la soci t , hormis dans un monde utopique. Soulever une question concernant la d fense de la r elle existence dSun syst me ducatif comme le propose Veblen est l gitime. DSautant plus que, malgr un r el cho de nos jours sur lS volution des rapports en treprises/universit s, la financiarisation de lS ducation est une vraie r alit tout particuli rement dans les pays anglo-saxons, mais galement en France.

Au contraire, d fendre une ducation th orique peut paratre tre une promotion de lS litisme, quand bien mme lSinstitution est cens e ne faire aucune distinction entre les individus. Il peut, en effet, paratre peu coh rent philosophiquement quSune analyse globale de lSenseignement sup rieur arrive  une telle conclusion. LSenseignement public et la recherche doivent- ils vraiment sSopposer aux formations professionnelles et au syst me conomique dans lequel ils sSins rent ? Veblen a cherch  prendre un leadership innovant dans lS ducation aux affaires mme sSil nous semble que lSinfluence sur la vie publique et sociale via la transformation dSinstitutions ne passe jamais par des r formateurs temp r s. Cela tant dit, il ne faut certainement pas avoir un avis aussi tranch comme celui de Veblen. Ainsi pour r pondre aux attentes, lSuniversit doit se



CQJHC%s1QJ GXJX`:CV C don ner pour ambition de d velopper lSesprit critique des tudiants tout en restant une institution gratuite, grand public qui donne lieu  une formation diplmante afin de r pondre aux besoins des entreprises en main dSMuvre, et de d bouch s  terme pour les jeunes. DSautant plus quSaujourdShui, les formations professionnelles sont mises en avant comme permettant de lutter contre le chmage et dStre employable rapidement. DSailleurs la publication dSun rapport du National Center for Research in Vocational Education (Berkeley) en aot 1993 le souligne: Pvocational -technical education has been lifted from relative obscurity to a place of prominence in the ongoing debate surrounding school reformQ .

Enfin, on peut douter dSune r ussite du fonctionnement des entre prises r ellement fond e sur la qualit de lSenseignement sup rieur. En effet, les comportements culturels dSune soci t peuvent tre consid r s comme lSinfrastructure de lS conomie. Le d clin de valeurs et de principes ducatifs nSest pas forc ment unique ment  imputer au r gime conomique. Le socle de la soci t est plus quSun tat mat riel. On enseigne comment raisonner  propos des march s, comment y valuer lSincidence de nos actes, mais les probl mes rencontr s en pratique sont en fait  mi-chemin entre la th orie et les outils et les instruments  leur disposition dans lSentreprise. En retour, les responsabilit s de lSenseignement et ses limites se posent. CSest pourquoi sSimpose de d velopper un esprit critique, sain, concernant les limites de toute activit .

Enfin, en sus de la d fense des institutions, une r elle th orie sous-jacente  leur position publique prend place chez chacun des auteurs tudi s et particuli rement chez Veblen. Cela donne lieu  une lecture compar e avec deux auteurs centraux pour la discipline que sont E.S. Mead et W.H. Lyon ainsi quSun positionnement par rapport  des principes acad miques et une thique professionnelle concernant la mani re dSenseigner cette discipline (L.S. Lyon), dSabord pratique devenue th orique.

Ainsi , dans cette th se nous avons consid r quSil tait n cessaire dSadapter une d marche  la fois analytique et contextuelle pour apporter une lecture diff rente et compl mentaire de lSMuvre de Veblen. Nous avons soulign , dans le dernier chapitre, la faible sse des tudes sur lSentreprise dans la formation doctorale de lS poque. En revanche



CQJHC%s1QJ GXJX`:CV C aujourdShui, les structures de financement des entreprises sont une th matique largement tudi e dans le cadre des th ses et des m moires de lSenseignement sup rieur.

Il y a eu, tout au long du 20 e si cle aux tats-Unis comme en Europe, une prosp rit importante des disciplines commerciales. AujourdShui, les formations les plus demand es sont celles qui dispensent les meilleurs enseignements en comptabilit et finance.

Ainsi nous pr sentons la lecture analytique de Veblen concernant lSentreprise dSaffaires, dans une perspective et des enjeux aussi bien micro conomiques que macro conomiques. Nous d nombrons trois apports de la th se  lS tude de Veblen :

1. Le goodwill est mal compris au tournant du si cle, Veblen en th orise sa pratique et ses enjeux.

Nous soulignons dans ses travaux, la logique dSun double goodwill : lSeffet de levier dSendettement sur la rentabilit en plus de la recherche dSune position d e monopole.

2. Le goodwill nSest pas quSun simple l ment comptable et nous montrons que Veblen en a une lecture dS conomiste et de gestionnaire.

Son analyse sSint gre dans lS tude de la th orie des choix dSinvestissement . Nous avons construit un quivalent du q-ratio chez Veblen car il propose une analyse dans la filiation de celle de Keynes (1930, 1936) et Tobin (1969) . Veblen a la particularit de livrer une tude en termes dS volution du management et de la propri t . Le goodwill  lSimage du promoterSs profit pour Hilferding dicte la gouvernance dSentreprise .

Puis nous consid rons comme essentiel la perception du contexte intellectuel de Veblen pour comprendre  la fois son positionnement concernant le capitalisme financier de



CQJHC%s1QJ GXJX`:CV C lSentreprise dSaffaires mais aussi de ses implications en termes dSinstitutions et de r gles r gissant universit s et coles.

3. Nous montrons que Veblen est un auteur important des premiers manuels de finance dSentreprise et tr s au fait des publications de son poque. Par ailleurs son engagement  lSencontre du capitalisme lui permet dSavoir un positionnement fort concernant le milieu ducatif et de mettre en vidence des rapports de pouvoirs centraux.

Une lecture comparative nous permet de le positionner au mme plan que des auteurs comme W.Z. Ripley ou E.S. Mead. Nous montrons que Veblen fait le lien entre la micro conomie de lSentreprise dSaffaires et la macro conomie de la finance dSentreprise au moment o cette nouvelle discipline est acad miquement initi e . Il fait partie de ces nouveaux th oriciens dSun vocabulaire propre  la finance dSentreprise.

Enfin,  travers ses propos engag s  lS gard du devenir de lSenseignement sup rieur et des valeurs morales de la soci t , Veblen met en vidence des rapports de pouvoirs entre universit s et entreprises mais aussi entre gestion et conomie qui permettent de comprendre les difficult s de lSimposition de la nouvelle discipline finance dSentreprise.

Les institutionnalistes prennent part aux discussions de politiques conomiques sur le bien-fond des op rations commerciales et financi res mais aussi sur les contradictions et le fonctionnement inefficace de lSenseignement sup rieur durant les ann es 1910-1920.



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2. LSACTUALITE DE LA FINANCE DSENTREPRISE

Que ce soit les modifications des normes IFRS apr s la crise, lSadoption de normes comptables europ ennes, la recherche de standards internationaux, le CICE, les questions dSassouplissements des normes dS valuation pour les banques, ou plus banalement les discours de candidats  lS lection pr sidentielle : lSentreprise est au cMur des discussions et des mesures conomiques. Au-del des d bats mon taires, il existe des d bats sur le capital au sens large ainsi que sur la fa on de g rer lSentreprise, son thi que et de percevoir son rle dans la r partition des richesses. En effet, le traitement des entreprises pose des interrogations r currentes aux pouvoirs publics et la cotation sur les march s induit des obligations comptables, r gies par lSAutorit des Mar ch s Financiers et le r f rentiel comptable international. Des critiques post-crise ont t adress es aux entreprises, critiques principalement canalis es dans les recommandations de r gulation de gouvernance dSentreprise. DSailleurs, en France d s 2013, u ne mission parlementaire de r flexion sur lS thique, la transparence et la responsabilit des entreprises a t amorc e. LSactualit des ann es r centes fait cho  une r elle volont de changements en mati re de l gislation et de droit de l'entreprise, pourtant plutt toff e en France, et sur la pertinence des structures internes des firmes. La mission parlementaire a port son d volu sur la question de la cr dibilit des entreprises car son impact n'est pas seulement interne mais concerne l' tat de sant de l' conomie toute enti re. La recherche d'une gouvernance stable, ouverte et quitable est ainsi de mise dans une perspective d'int gration europ enne. La gouvernance d'entreprise est, depuis le d but du 20 e si cle, une pr occupation centrale de nos soci t s mondialis es dans lesquelles les firmes occupent un rle incontournable. Et surtout, elles prennent le pas sur les r gulations tatiques dans la gouvernance mondiale. En effet, les activit s strat giques  l' chelle de la plan te ont rendu ces firmes, puissantes et influentes, notamment via leurs activit s de



CQJHC%s1QJ GXJX`:CV C lobbying. Face au comportement des dirigeants du CAC40 et  lSimpression E court- termiste F des strat gies dSentreprise, des d bats et r visions l gislatives ont lieu sans pour autant transformer r ellement la fa on de penser lSentreprise. CSest pourquoi il est important que la grande firme d gage une image de transparence de son fonctionnement conomique, en vertu dSid aux de justice sociale avec des principes de gouvernance qui semblent justes.

La structure capitalistique de lSentreprise est pr minente pour d terminer ses modalit s de gouvernance. Cette gouvernance doit chercher  impliquer davantage les diff rentes parties prenantes dans les d cisions, tout en prot geant l'int rt des investisseurs financiers, et en r partissant de mani re plus quitable les flux dans l'entreprise. Ainsi, la nature et la place du dirigeant de l'entreprise varient en fonction de sa taille. La recherche constante d'une E bonne gouvernance F apparat comme un objectif n vralgique. Ce graal se manifeste  travers un enjeu de transparence qui peut tre consid r comme la cons quence thique de la gouvernance. L'entreprise se voit dans l'obligation de divulguer un certain nombre d'informations sur son fonctionnement, de respecter ses engagements de contrats, de garantir la qualit de ses prestations ou produits, etc. Cette exigence de transparence apparat essentielle pour un contrle efficace. Cependant, cette notion peut ais ment faire l'objet de manipulations au sein de la structure d'entreprise, quelques agents bien inform s annihilant ses effets thiques attendus. Cela est d'autant plus ardu que l'on consid re un retournement de la r volution manag riale avec la r cup ration par les actionnaires du pouvoir au d triment des dirigeants (les managers).

Cependant, remarquons pour l'anecdote que cette recherche de transparence dans l'entreprise est historiquement associ e  des scandales industriels et financiers. Depuis les scandales financiers dSEnron, du Cr dit Lyonna is, de la pratique des lobbys sur lSorientation des normes, divers comit s consultatifs et organismes de r gulation mettant des recommandations ont t mis en place. C'est toujours dans ce contexte que sont interrog es les E bonnes F pratiques de gouvernance et nous retrouvons bien le cadre analytique E v blenien F (J.V. Cornehls, 2004). Le syst me comptable en tant



CQJHC%s1QJ GXJX`:CV C quSinstrument de stabilisation de lSenvironnement conomique, est en retour, affect par les volutions conomiques et financi res. Inversement, il contribue aussi fortement  lS volution du capitalisme financier.

Il apparat que lSon cherche actuellement  penser autrement la finance de march comme dSentreprise, qui parfois peuvent apparatre comme des gros mots. Depuis la crise, on a recentr la pr occupation sur lSid e selon laquelle, connatre la valeur dSune entreprise est centrale  la fois pour faire entrer de nouveaux investisseurs dans le capital de lSentreprise, que pour fu sionner deux firmes.

LSP Accounting for goodwill Q apparat comme lSun des probl mes les plus intrigants, au regard des controverses soulev es par son traitement et particuli rement raviv es par la situation conomique des ann es 2000. La question de lS valuation dSune entreprise sans march pour rep re, apparat comme un exercice d licat. En effet, il existe deux m thodes de valorisation dSune entreprise : - La valeur dSentreprise patrimoniale (avec le goodwill) - La valeur dSentreprise par les flux de tr sor erie actualis s

La valorisation de lSentreprise nSest pas particuli rement fiable car elle a lieu au moment o elles se regroupent. La notion de goodwill am ne une vraie d fiance  lS gard de lSefficience de march . Une des questions contemporaines qui se pose est de savoir si la valeur de lSentreprise est E corrig e du goodwill F ? Ainsi, Veblen soul ve effectivement une question importante car certains actifs apparaissent sous ou sur valu s et m ritent dStre corrig s. Veblen a mis en vidence ce superb n fice, un b n fice qui exc de la rentabilit normale des actifs nets g n r e par lSentreprise. Pour le d terminer il sSagit de capitaliser la rente de goodwill. AujourdShui, ceux qui effectuent les valuations ont recours  de nombreux outils qui sont  leur disposition pour tre les plus pr cis possibles. Or la normalisation institutionnelle de la comptabilit sSest effectu e au cours du 20 e si cle, dSo un certain aveuglement sur le sujet au d but de la p riode.



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Le contexte de mise en exergue de lSimmat rialit nSest ainsi pas vident, tout d pend du niveau de protection juridique et des possibilit s dSisoler lSactif de lSentreprise en tant que P going concern Q, duquel le goodwill nSest pas s parable. Pourtant, il apparat central au regard de lSimportante croissance externe des entreprises, via le rachat de concurrents, le regroupement dSentreprises ou la prise de contrle. Le ph nom ne nSest pas nouveau et lSon sait que cela g n re un important goodwill  lSactif du bilan. En effet, on peut accepter de payer une sorte de E surprix F lors dSun rachat qui procure un avantage, du fait de lSimage de marque de lSentreprise en question. Il existe deux valeurs de march : la valeur globale (potentielle) et la P fair value Q (r elle) de lSentreprise. Le goodwill es t r siduel et son traitement est compliqu , du fait de son h t rog n it . La question tait r cemment tourn e vers lSamortissement ou non de cette grandeur. Si lS cart de valorisation du patrimoine est n gatif (potentiel P badwill Q) il sSinscrit alors comme E provisions pour risques et charges F au passif. La difficult est quSil existe diff rentes valuations comptables, ce qui pose un probl me dSuniformisation de traitement. En effet, on parle de m thode de P business combinations Q ou de P pooling of interests Q, cette derni re nS tant dSailleurs permise en France par le comit de r glementation comptable que depuis 1999.

Finalement, on peut consid rer le goodwill comme la mesure de notre ignorance comptable, dSarbitrages th oriques sur la comptabilisation. Il rel ve du choix par une tutelle comptable de r gles concr tes de traitement. Or en Europe et aux tats-Unis, on ne fait pas les mmes choix, et les pratiques restent h t rog nes face  des fronti res confuses. Cela a par exemple t longtemps le cas pour le traitement des logiciels, au regard des strat gies de march s financiers et des droits de propri t intellectuelle. Ce qui rend par ailleurs la comparaison des r sultats plus ardue. D j dans la th orie de Veblen, mais encore aujourdShui, le traiteme nt du goodwill est un l ment sensible de la communication financi re des entreprises qui parfois, dissimule la signification conomique de cette charge pour lSentreprise. Les traitements comptables du goodwill demeurent complexes face  la classification dSun l ment r siduel et



CQJHC%s1QJ GXJX`:CV C h t rog ne. Il reste comme un actif posant probl me aux th ories comptables et conomiques.

3. LSACTUALITE DE LA PENSEE VEBLENIENNE ET INSTITUTIONNALISTE

Nous affirmons que Veblen est, certes un E grand conomiste F (R. Heilbroner, 2001, 216-252) mais surtout un macro- conomiste financier. Il conceptualise, tout en contextualisant, la fa on dont sa th orie financi re de lSentreprise permet de percevoir lSagencement des relations entre les parties prenantes des entreprises , via le cr dit sp culatif et la manipulation de la communication financi re sur le march . La pr dation et la course au p cuniaire existent dans toutes les institutions.

LSactualit de la pens e de notre auteur est bien r elle. Au cours de lS laboration de cette th se, nous avons d couverts son originalit , ses prises de positions acad miques, politiques, ... Veblen est un th oricien  la fois passionn et marginal dans un paysage conomique qui volue, durant une p riode intense. Comme tous les grands auteurs il renferme une part de complexit de par ses influences, ses fondements th oriques mais il ouvre de larges perspectives conomiques, sociales et institutionnelles.

Veblen est critique de lS conomie politique en affirmant quSil faut rompre avec cett e ignorance du compartimentage entre r alit financi re et industrielle que pratiquaient les n oclassiques et qui ne permet ni dSestimer la charge de la dette, ni de percevoir lSessence de lSentreprise dSaffaires du d but du 20 e si cle. CSest la raison pou r laquelle Veblen m rite plus de reconnaissance dans le domaine de la finance dSentreprise.



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Comme lShistoire de la pens e a pu le montrer, la fa on de lire Veblen nSest pas unique. Une litt rature secondaire importante 282 sSest pench e sur les divers crit s de Veblen et sur les diff rents aspects de son analyse : sa th orie des instincts, la classe des loisirs, sa vision de la r partition et de la production, lS volutionnisme de lS conomie, la th orie de la connaissance, la philosophie pragmatique, lSinstab ilit des cycles. Cependant, la mise en perspective avec la litt rature am ricaine intellectuellement fourmillante des ann es 1890- 1910 sur les relations de pouvoir, le capital, la monnaie G reste trop faiblement tudi e. Pl thore de travaux se sont attaqu s  son Muvre, et nous ne sommes pas les seuls  avoir rep r son analyse et les implications de la notion de goodwill quSil pr sente, sans pour autant d voiler tout lSint rt actuel que cela renferme. DSo lSenjeu de ce travail de th se de doctorat. La lecture de Veblen nous apprend beaucoup sur notre soci t dSaujourdShui. CSest un conomiste E total F, tr s rudit et avec une bonne perception et matrise des ph nom nes conomiques et de la th orisation des m canismes sur des questions essentielles.

Nous affirmons que Veblen livre un contenu th orique dans ses crits, malgr ce que la litt rature contemporaine et secondaire peut parfois crire. Une analyse du contexte apparat n cessaire dans cette mise en perspective de lShistoire de la pens e conom ique. Pour cela, les archives sont le mat riau le plus passionnant. Ne serait-ce que pour le traitement de ces documents, il apparat important dSavoir effectu cette tude archivistique.

De la mise en exergue de ce travail, Veblen dresse un constat de fragilit du syst me capitaliste du d but du 20 e si cle. LSinfluence de Veblen est non n gligeable, bien que ses implications en finance ne soient pas les plus d velopp es ; mais par contre elle se cantonne aux tats- Unis. CSest une Muvre originale et riche que nous propose la pens e

282 Et nous constatons que relativement peu de th ses se sont consacr es  son tude en France : William Jaff (1924), Annie Vinokur (1968), Jol Jalladeau (1971), Dominique Agostini (1987) V ronique Dutraive (1993), Laura Bazzoli (1994), Philippe Broda (1995), Olivier Brette (2004), Cyril H doin (2009), Alfonso Giuliani (2011) et Julien Mendez (2012). Et surtout, cette derni re est la seule avec la pr sente th se  traiter de dynamique macro conomique financi re chez Veblen. 

CQJHC%s1QJ GXJX`:CV C am ricaine du tout d but du si cle et qui nSest que mal connue en Europe, encore aujourdShui. Or cSest une pens e innovante qui se distingue des approches europ ennes n oclassiques pr -keyn siennes, du mod le de la synth se ou en core de lSapproche post - Modigliani-Miller de la dynamique financi re.

Nous pouvons dSailleurs consid rer quSaujourdShui, ce E f odalisme entrepreneurial F contre lequel a lutt Veblen, est mis  mal par les changements de r gulation et de gouvernance. En effet, se d veloppent dans les ann es r centes des strat gies manag riales tourn es vers une structure actionnariale plus d mocratique. Par ailleurs, comme on a pu me le faire remarquer lors de conf rences, la th orie des organisations telle quSelle est e nseign e dans les business schools aujourdShui se r f re largement  Veblen, tout comme le marketing qui souligne les enseignements de la classe des loisirs.

Dans cette th se, nous avons essay de rendre  sa juste valeur la part de lSancien institutionnalisme E v blenien F qui peut tre int gr dans les cours de finance.

4. LIMITES DE LA THESE ET PISTES DE RECHERCHES FUTURES

Les deux articles et deux chapitres dont nous venons de pr ciser les enjeux contiennent selon toute vraisemblance des limites q uSil convient de signaler. La complexit N passionnante N de lSauteur nous a demand du temps, ce qui ne nous a pas permis de traiter toutes les perspectives envisag es. En effet, ce sont des faiblesses sur lesquelles il faudra travailler, apr s la th se, afin dSapprofondir lSanalyse.

 

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Tout dSabord, nous nSinvestiguons que peu le travail de Veblen au regard du th or me de Modigliani-Miller, notamment pour une question de coh rence et de temporalit . Notre th se sSint resse  lS mergence de la th orie financi re de lSentreprise, or le th or me de 1958 correspond  lS tablissement dSune th orie moderne qui va r volutionner la fa on de penser le financement de lSentreprise. Elle met  mal les r flexions de g n rations enti res dS conomistes qui ont raisonn sur lShypoth se selon laquelle, la structure financi re nSest pas neutre. Bien sr, une salve de th oriciens cherchant  comprendre les d terminants de cette structure apr s Modigliani- Miller ont tent dSannihiler ce postulat. Les gestionnaires financiers ont fait lSerreur de croire que lSemprunt est cr ateur de valeur en augmentant la profitabilit de lSentreprise. Or tous, auparavant, mettent au centre lSimportance du cr dit. D s lors, dans une classe de risque donn e, lSentreprise ne peut accroitre sa valeu r quSen sSendettant. I travers la reconsid ration de la valorisation financi re, le cr dit, qui tait un instrument dSinvestissement et vecteur dSinnovations financi res, est d sormais un simple instrument commercial.

Par ailleurs, nous nSavons pas abord les travaux mettant en filigrane les intuitions pr cises de Veblen, reprises par W.C. Mitchell qui ont aliment sa propre th orie. Au regard de quelques courriers et documents trouv s dans les archives, cela semble pourtant possible. Nous avons particuli rement fait le choix de ne pas traiter de notre sujet apr s la mort de Veblen en 1929. Mais ce travail de th se aurait certainement n cessit un compl ment dSanalyse en le mettant en perspective avec les travaux de J.A. Schumpeter, E.H. Chamberlin ou encore E. Penrose et H.Minsky. DSautant que lShistoire de la pens e conomique doit tre vue  lSaune dSun aller -retour avec les l ments contextuels mais aussi dSun dialogue entre auteurs qui se r pondent ou sSopposent. On peut ainsi envisager une double lecture avec les auteurs centraux de la th orie financi re du 20 e si cle sur les concepts de base, qui rappellerait et synth tiserait la place majeure de Veblen.

 

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Enfin, nous aimerions poursuivre le travail analytique amorc entre E.S. Mead, Veblen et W.H. Lyon qui ne reste quS lS tat E un peu plus que d broussaill F. Ce trading  haute fr quence  partir du private equity et lS volution du vocabulaire dShier  aujourdShui doit pouvoir tre retrac de mani re plus pr cise. Pour cela, il faudra n cessairement approfondir la n buleuse dSauteurs autour de ces manuels de finance dSentreprise ainsi que prendre en consid ration la r ception de ces ouvrages. Cela me permettrait de travailler sur une mise en perspective historique, comptable et dSenseignement de la pratique notamment de ces stocks watering, en r pondant  lSarticle dS E. R. Hake (2001).

DSautre part, en sus du d passement de ces limites, la th se ouvre des pistes de recherche qui nous semblent int ressantes  poursu ivre. La quantit dSarchives que nous avons recueillies sans les exploiter alimentera ce travail. Deux pistes nous apparaissent principalement.

- Tout dSabord un travail analytique et contextuel sur le lien entre Veblen et Berle encore trop faiblement exploit aujourdShui par la litt rature et qui poursuivrait le propos d velopp dans cette th se selon lequel Berle et Means ne sont pas  la naissance de la gouvernance dSentreprise (OSKelley, 2010 ; Wells, 2010)

Cela permettrait dSavoir une compr hension plus fine de la prise en compte de cette entreprise moderne et dans le E syst me dSentreprise F de Veblen  Galbraith en passant par lSimpact de Berle. En effet, d s la premi re page de leur ouvrage de 1932 The Modern Corporation and Private Property , Berle et Means citent Veblen tout en sachant que le champ de la gouvernance dSentreprise est amorc par ces derniers. LSobjet de cet ouvrage est dSinitier une r flexion sur lS volution de la grande entreprise ainsi qu e sur le principe de s paration entre propri t et contrle de la firme,  travers une tude statistiques dense. Il sSagit dS tudier la filiation et lSh ritage communs entre ces auteurs centraux pour la th orisation de lSentreprise dSaffaires. Tous trois t raitent des mutations de la propri t dans un syst me capitaliste et insistent sur la mont e de puissances industrielles et

 

CQJHC%s1QJ GXJX`:CV C financi res aux int rts antinomiques durant 3 p riodes diff rentes. Nous nSavons pas trait les archives collect es sur Adolph Berle  Hyde Park  la Franklin Roosevelt Library.

- Un second travail pourrait porter sur une contextualisation plus large des travaux de Veblen, au regard des d bats sur le capital qui prennent place au tournant du si cle.

En effet, il semble int ressant dSi nvestiguer une piste que nous avions soulev e au d but de la th se, mais que nous nSavons pas poursuivie  savoir un lien entre Veblen et Mikhail Ivanovich Tougan Baranosky. Veblen fait r f rence  de multiples reprises dans son ouvrage de 1904 aux travaux de Tougan, tout comme Schumpeter ou Hilferding. Tougan publie Crises industrielles en Angleterre en 1894 et sSint resse  lS pargne et au cr dit dans un syst me conomique bas sur lSaccumulation du capital. Parall ment, le d bat am ricain sur la nature d u capital, du cr dit et de la formation des taux dSint rt est initi par lSarticle dSIrving Fisher Appreciation and interest et ouvre un d bat mon taire de 1896  1913. Conform ment  ce que recherchait E.S. Mead, le d bat sur lSentreprise devrait tre aussi important dans la soci t que celui sur la monnaie. Il sSagirait de chercher pourquoi le d bat sur le capital financier i.e. dSentreprise et les restructurations de ce capital ne connait pas la mme popularit que celui sur la monnaie et la cr ation de la banque centrale. Car les sources de ces d bats sont proches. Ces deux th matiques apparaissent en effet centrales pour la vie conomique, et intrins quement li es dans la course au carr magique de Kaldor. En effet, monnaie et finance sont difficilement s parables. Or Veblen nSapparat pas comme un th oricien de la monnaie 283 alors mme quSil crit au moment du d bat pour la cr ation de la FED. Il voque bri vement les enjeux de la monnaie en 1904 dans une mise en comparaison avec la th orie de Bohm- Bawer k ainsi que dans un chapitre d di  la description de lSavant entreprise moderne et

283 Pour cela voir les travaux de th se de J rme Maucourant La monnaie dans la pens e institutionnaliste (1994).  

CQJHC%s1QJ GXJX`:CV C rapidement dans le chapitre XII PThe larger use of creditQ de lSouvrage de 1923 (352). Le syst me conomique am ricain apparat pauvre puisque sans banque centrale, avec encore un syst me dS talon -or et un r el d bat ouvert sur le capital. Alors quSil nSy a pas consensus sur la gestion des entreprises, il y a consensus sur la n cessit dSune banque centrale. Veblen rejette la dichotomie classique monnaie (ou capital) N marchandise. La th orie am ricaine peut bien poursuivre cette dichotomie finance/monnaie, ce nSest pas le cas des institutionnalistes. Pourtant, Veblen pr sente la FED comme une institution tant capable dS viter le retour du cycle (et donc la crise) grce  u ne bonne politique mon taire face  une finance d stabilisatrice.

Le travail de Veblen, riche, coh rent se pr sente au cMur des d bats de lS poque actualisables aujourdShui. Sa vision du march et du capitalisme nSapparat pas comme d pass e. Ce qui permet dSouvrir des pistes dS tudes qui font que ce travail de th se nSest quSun petit pas devant lSimmensit des possibles en termes de recherche et de qute de connaissances comme de savoirs ...

 

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Ressources Archivistiques: WCMP : Wesley Clair Mitchell Papers. Rare Books and Manuscript Library, New York, NY, Columbia University. JDP : Joseph Dorfman Papers. Rare Books and Manuscript Library, New York, NY, Columbia University. TVPHP and AABP : Thorstein Veblen Papers and Adolph Augustus Berle Papers. NARA: National Archives and Records Administration, Hyde Park, New York, FDR Presidential Library TVPC : Thorstein Veblen Papers, Special Collections Research Center, University of Chicago Library. RTEP : Richard Theodore Ely Papers. State Historical Society of Wisconsin Library, WI, Madison. TVC : Veblen Collection, Carleton College Archives, MN, Northfield. AAYP : Allyn Abbott Young Papers, Harvard University Archives, Pusey Library, Harvard University.



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ABSTRACTS

Abstract 1: Thorstein Veblen published an important book in 1904, The Theory of Business Enterprise , in which he focused on the financial theory of the business enterprise. Although this book was an early contribution to corporate finance, it is little-known compared with Absentee Ownership , published in 1923. From the perspective of his institutionalist tradition, Veblen observes and describes the transition of business enterprise to corporation finance. We can identify a trinity: credit, shares and goodwill. For Veblen, this trinity refers to predation, oligarchic power and goodwill-seeking, which are the guiding principles of the new era of corporate governance. Our aim is to bring to the light the links established by Veblen between credit, shares and goodwill that seem too little explored in the literature. According to Veblen, credit, shares and goodwill form a system which lay at the heart of American business in the early 20 th century. Through his work The Theory of Business Enterprise , Veblen gives us an early and significant U.S analysis of the two-sided concept of goodwill. The book was one of the first institutionalist studies of the firm, opening the way for many other works on behavior within and between companies. In order to highlight this, we propose a literature review allowing a comprehensive analysis of the evolution of the concept of goodwill, its definition, valorization, and ambiguities. This overall perspective is not made by the literature. Key words: common shares and preferred shares, corporate finance, credit, earning capacity, goodwill, insiders and outsiders, Veblen JEL codes : B15, G32, G34

Abstract 2: The beginning of the 20 th century saw the first steps in a tradition of leading economists explaining the link between corporate finance, investment and financial structure. The writings of John Maynard Keynes (1930) and James Tobin (1969) deal with the development of an investment theory based on the financial structure. In this context, we give a new presentation of Wicksellian and Keynesian theories. The initial impetus given by Knut Wicksell (1898) with his system of two interest rates must be emphasized (Schmidt, 1995). However, these studies do not mention Thorstein Veblen (1904, 1908, 1923), one of the founding fathers of institutionalism, who remains unknown, particularly in this tradition, although recent literature (Ganley, 2004; Gagnon, 2007; Cochrane, 2011; Mendez, 2012) considers that he made a real contribution to capital theory. He made an early American analysis of corporate governance structure, which emerged as a central issue in the early 20 th century in light of the development of financial instruments, shareholder behavior and corporate equity valuation concerns. Our work is based on a critical review of the literature, which is guilty of omissions, lack of accuracy and errors of formalization. The theory of the non-neutrality of the financial structure remains wholly relevant today, so that in this paper, we focus on the reasons why VeblenSs corporate financial analysis should not be forgotten. Key Words: capital valuation, corporate governance, financial structure, goodwill, investment theory, Keynes, promoterSs profit, MyrdalSs Q, TobinSs q, Veblen, Wicksell, windfall profits. Codes JEL: B15, D24, D46, D72, E22, G32, G34



Abstract 3: At the end of the 19th century, the first corporate finance textbooks appear in the United States. The intention is to provide to the first management business schools an explanatory dimension of major economic upheavals of the market structure, business performance, funding methods and organization of business taking place at the turn of the century. It is also in this context that anchor the writings of Thorstein Veblen (1904, 1918, and 1923). The objective of this paper is to shed light on the emergence of the corporate finance through the institutional prism of the author, his contemporaries and his close followers. Indeed, we are interested in the development of the first corporate finance textbooks, and teaching methods of this new discipline, since institutionalized. We focus on the period 1881-1929, even as some contemporary economists believe that corporate finance developed before the 1950s was little interest. This work is an opportunity for a review of economics literature on the emergence of this new academic discipline, while management and history are disciplines that have been more interested in it. This idea, supported by an archival work in the US concerning Veblen (performed at the universities of Columbia, Carleton, Madison, Chicago and the Franklin Roosevelt Library in Hyde Park) begs the tradition of the first institutionalist N and circles with whom they were interacting N as central to the theory of corporate finance. We highlight in a second part the respective contributions of Mead, Veblen and Lyon on these pioneering theories of the Pbusiness enterpriseQ and business strategies. We highlight their reading of the relationship between power relations and capitalization through their study of common and preferred shares, the use of credit and practices of Ptrading on equityQ, and Pstock wateringQ. We relate this to the PveblenianQ notion o f goodwill in order to draw conclusions about the imperfect market structure and the evolution of the forms of shareholding. Indeed, we will see how institutionalists of the early 20 th century seek to bring corporate finance to become a separate discipline, and how it should be implemented in university education. Key Words: American archives, corporate finance textbooks, entrepreneurial function, financial structure, goodwill, institutionalism, Lyon, Mead, mergers and trusts, modern business organization, stock watering, trading on equity, Veblen. Codes JEL: B15, A23, G3

Abstract 4: Between 1880 and 1929 the new academic discipline of Corporate Finance brings the issue of authority and power inside the firm. This chapter emphasizes how institutionalists N particularly the pioneering work by Veblen (1904) N contributed to bring Corporate Finance to become a separate discipline. He analyzes how his teaching in higher education was progressively influenced by the power and the point of view of businessmen, to the detriment of that of scholars and academics. This will be about highlighting the profound changes of the turn of century concerning higher education and its instances, induced by the great upheavals of the business enterprise. A scattered secondary literature is derived from management, sociology and science of education, but little from economy. Moreover, there is no interest in it before the 1930s and does not make the link between corporate finance and institutionalism. Initially, we highlight the emergence of the first business schools as a competitive challenge for the University. The changes in market structures and the practice of corporate finance allow the emergence of these business trainings and provoke power relations between university and firms, as well as internally. Secondly, VeblenSs concerns (1918) had to coincide with the way in which knowledge was transmitted to the University and the question of authority in the industry-finance relationship. These theoretical and training analyzes are shares within the triptych E.S. Mead (1903, 1910), T.B. Veblen and S. L. Lyon (1913, 1919). Secondary literature mentions only very partially the pioneers of the discipline and their positioning.

Key Words: Business Training, businessmen, Corporate Finance, Higher Learning in America, management and business schools, university, Veblen. Codes JEL: B15, A23, G3





R sum Abstract

Ma th se s'int resse  la th orie financi re de My PhD dissertation focuses on the theory of l'entreprise qui merge entre 1880 et 1929, ainsi the corporate finance that emerged between quR lRapport de Veblen. 1880 and 1929, as well as the contribution of Veblen. Tout d'abord nous mettons en exergue les contributions analytique et macro conomique First, we highlight VeblenRs analytical and que livre Veblen concernant la business macroeconomic contributions to the business enterprise. Il met en avant un triptyque enterprise. He highlights a trinity cr dit-actions-goodwill grce auquel nous credit-equity-goodwill by which we assert that affirmons qu'il est un th oricien "pr -moderne" he is a "pre-modern" theorist of corporate de la finance d'entreprise. Sa vision du goodwill finance. His vision of goodwill allows him to lui permet de dresser une th orie de draw up a theory of investment that is rooted in l'investissement qui s'ancre dans la filiation de la the affiliation of the Q-Theory. It thus offers a Q-Theory. Il propose ainsi un regard pionnier sur pioneering look at the management of an le management d'entreprise, avec son analyse enterprise, with its analysis of the behavior of du comportement de l'insider et de l'outsider. the insider and the outsider.

Dans un second temps,  travers un travail Secondly, through an archival work and an d'archives et une investigation dans les premiers investigation into the first corporate finance manuels de finance d'entreprise, nous manuals, we present a reading of the pr sentons une lecture de l' mergence de cette emergence of this academic discipline, resulting discipline acad mique, issue de la pratique des from the practice of large companies. A first grandes entreprises. Un premier vocabulaire et vocabulary and the first theories emerge. In les premi res th ories mergent. Par ailleurs, un addition, there is a wider debate about d bat plus large prend place concernant education in the United States and the l' ducation aux Etats-Unis et institutionalization of business education in l'institutionnalisation de l'enseignement des higher education, in which Veblen takes part. affaires dans la higher education, auquel Veblen prend part.

Mots Cl s Keywords

Cr dit, Finance d'Entreprise, Goodwill, Businessmen, Corporate Finance, Corporate Gouvernance d'Entreprise, Hommes d'Affaires, Governance, Credit, Financial Valuation, Institutionnalisme, Investissement, Manuels et Goodwill, Handbooks and Business Training, Formations aux Affaires, Valorisation Financi re, Institutionalism, Investment, Veblen. Veblen.