Littératures Transculturelles Dans La France Contemporaine
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La République réinventée : littératures transculturelles dans la France contemporaine by Ileana Daniela Chirila Department of Romance Studies Duke University Date:_______________________ Approved: ___________________________ Deborah Jenson, Supervisor ___________________________ Laurent Dubois ___________________________ David Bell ___________________________ Roberto Dainotto ___________________________ Subhagnana Xavier Dissertation submitted in partial fulfillment of the requirements for the degree of Doctor of Philosophy in the Department of Romance Studies in the Graduate School of Duke University 2012 ABSTRACT La République réinventée : littératures transculturelles dans la France contemporaine by Ileana Daniela Chirila Department of Romance Studies Duke University Date:_______________________ Approved: ___________________________ Deborah Jenson, Supervisor ___________________________ Laurent Dubois ___________________________ David Bell ___________________________ Roberto Dainotto ___________________________ Subhagnana Xavier An abstract of a dissertation submitted in partial fulfillment of the requirements for the degree of Doctor of Philosophy in the Department of Romance Studies in the Graduate School of Duke University 2012 Copyright by Ileana Daniela Chirila 2012 Abstract This dissertation theorizes the complex contemporary phenomenon of literature produced in French by writers of allophone origins, which is to say, writers born in non-Francophone countries. Vassilis Alexakis, Gao Xingjian, Andreï Makine, Nancy Huston, Dai Sijie, Brina Svit, Amin Maalouf, Shan Sa, Agota Kristof, Milan Kundera, Ya Ding, François Cheng, Eduardo Manet, Hector Bianciotti, Jorge Semprun or Jonathan Littell, are frequently classified as ‚Francophone singularities,‛ even though their number has now surpassed a few hundred. By closely looking at cultural and geo-political realities underpinning these writers’ literature, La République réinventée reconceptualizes notions of ‚exile,‛ ‚migrant,‛ ‚diaspora,‛ and even certain areas of ‚postcolonial‛ literary praxis as a transcultural model of literary production that is emblematic for our globalized society. Intended to reframe the debate around the transcultural literature, this study uses a sociological paradigm of methodological or reflexive cosmopolitanism (Ulrich Beck) in order to define transcultural ideologies and networks, reinforced by unlimited axes of reworked local, transnational, and global focalization. i Contenu Abstract<<<<<<<<<<<<<<<.<<<<<<<<<<<<<..i Remerciements<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<.iv Introduction<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<...1 Chapitre 1. La littérature transculturelle en théorie<<<<<<<<..<.36 Théories de l’exil<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<.36 Littérature postcoloniale, monde, migrante, ou transculturelle ?....39 Transculture et multiculturalisme<<<<<<<<<<<<<<54 La République des Lettres<<<<<<<<<<<<<<<<<.62 Réinvention de paradigmes théoriques : le cosmopolitisme<<<84 Le cosmopolitisme réflexif<<<<<<<<<<<<<<.87 Le cosmopolitisme sociologique<<<<<<<<<<<...91 Le cosmopolitisme littéraire<<<<<<<<<<<<<..95 Chapitre 2. La littérature transculturelle en pratique<<<<<<<<.101 Focalisation de la perspective dans les œuvres transculturelles<104 La focalisation locale dans les œuvres de Ya Ding et Shan Sa<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<....108 La focalisation nationale dans les œuvres d’Atiq Rahimi et Vassilis Alexakis <<<<<<<<<<<<<<<<<...116 ii La focalisation transnationale dans les œuvres de François Cheng , Dai Sijie , Nancy Huston , et Andreï Makine.<<124 La focalisation globale dans les œuvres de Jonathan Littell, Jorge Semprun et Agota Kristof <<<<<...<<<<<.134 Chapitre 3. Le paradigme sino-français, modèle de transculturalité ...<139 Avènement du modèle culturel sino-français : contexte socioculturel, représentation et légitimation<<<<<<<<<142 L’ethnos dans la littérature sino-française<<<<<<<<..<..152 Facteurs dans l’avènement de la littérature sino-française<<.....160 Facteurs externes<<<<<<<<<<<<<<<<..<.161 Facteurs internes<<<<<<<<<<<<<<<.<<..170 Formes narratives et question identitaire dans la littérature sino-française<<<<<<<<<<<<<<<<<<<...<<..177 Conclusions<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<191 Annexe<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<196 Bibliographie<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<..<<215 Biographie<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<..<<228 iii Remerciements Je ne pourrais pas commencer ces remerciements sans exprimer ma profonde reconnaissance envers ma directrice de thèse, Deborah Jenson. J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec quelqu’un d’à la fois aussi brillant et aussi humain, et dont le soutien constant, la disponibilité, la patience, la lecture attentive, et les nombreux conseils m’ont permis l’aboutissement de ce travail. Je voudrais aussi exprimer ma profonde gratitude et ma sincère amitié à Subha Xavier, pour la confiance qu’elle m’a témoignée en acceptant de faire partie du jury, même si elle m’avait | peine rencontrée. Je lui serai à jamais reconnaissante pour sa convivialité lors des discussions « sérieuses » et pour sa complicité intellectuelle. J’aimerais adresser une pensée toute particulière à Claire Conceison : chaque rencontre et discussion avec toi est un remontant idéal pour les baisses de moral ou de motivation, et ton enthousiasme et appui m’ont permis d’aborder avec sérénité ma recherche et ma future carrière. Je tiens à dire ici un grand merci à David Bell, dont la lecture minutieuse et les critiques constructives m’ont apporté une foule de compétences essentielles, et à Roberto Dainotto et Laurent Dubois pour les réflexions, les iv questions et les conseils qu'ils m'ont prodigués dans les quelques occasions où nous nous sommes rencontrés. J’exprime toute ma gratitude pour votre aide compétente et pour vos remarques pertinentes : votre œil critique m’a été très précieux pour mieux structurer mon travail et pour améliorer la qualité de ma thèse. Enfin, j’adresse toute mon affection | ma famille. Je ne saurais exprimer tout ce que représentent pour moi mon mari Costel et mes petits Matei et Andrei, mais ils le savent sans doute, et je ne m’épancherai donc pas plus ici, bien que leur présence quotidienne me manque terriblement. v INTRODUCTION *<+ les seuls adjectifs acceptables pour un écrivain sont « bons » ou « mauvais ». Je ne veux pas subir l’outrage géographique, être défini par ma langue ou la couleur de ma peau, entendre parler de créole, métis, Caribéen, francophone, ni de Haïtien, tropical, exilé, nègre, toutes ces notions qui ont un petit air postcolonial. Je veux entendre le chant du monde et je refuse le ghetto. Dany Laferrière1 Tout juste après la défaite du régime communiste en Europe de l’Est, j’ai visité la France pour la première fois. J’étais étudiante dans une université roumaine, département de français, et donc, conformément aux normes d’admission dans l’enseignement universitaire en vigueur | l’époque, j’avais déj| reçu un entraînement assez assidu dans la langue, culture et civilisation françaises, confirmé par la réussite | un examen d’admission très sélectif. J’étais un pseudo- Français en devenir. Lors de ma première visite en France, je m’attendais donc | y repérer facilement les « hauts lieux» tant prônés de sa société, qui m’étaient familiers, 1 Le Monde, 03/02/06 1 croyais-je, gr}ce | cette machine de guerre culturelle qui m’avait appris | les reconnaître. Mais par contre, j’ai eu le choc de confronter un paradigme social complètement étranger, et qui se révélait comme si tout droit sorti d’un scénario babylonien. L’amalgame social reflété dans le bigarré paysage urbain de Saint- Etienne du début des années 90 ne correspondait aucunement | l’image qu’on avait inculquée aux jeunes étudiants de l’Europe de l’Est. Il révélait un multiculturalisme qu’on aurait dû voir traduit dans la littérature et dans les images promues | l’extérieur de l’Hexagone par les réseaux de dissémination de la culture française, mais qui, en réalité, se dissimulait sous la forme d’une enviable homogénéité socioculturelle : la France qu’on projetait | l’extérieur était encore | l’image de la France pré-guerre, celle de la baguette, du béret, de la basse-cour, de la littérature « nationale » et de l’exceptionnalisme. Le mouvement soixante-huitard ? La Guerre d’Algérie ? La colonisation ? L’immigration ? Les beurs ? Le racisme ? Le Chinatown de Paris ? Tout sujet paraissait affecté d’une sorte de diplopie 2 culturelle, traduite par une vision dédoublée de l’objet : l’image de cet objet, peut-être déformée dès sa représentation | l’intérieur de la société française, arrivait encore plus altérée | l’extérieur, et surtout dans les pays ex-communistes, en rendant sa projection 2 En termes médicaux la diplopie est un trouble oculaire qui entraîne la vision double d’un objet unique. 2 pratiquement illisible. Ainsi se fait-il que les Est-Européens visitant la France pour la première fois se trouvèrent dans l’impossibilité d’essayer d’accorder l’image mentale d’une France pré-guerre, solide, unie, monolithique, nationaliste, chrétienne, blanche, avec la réalité de la société pluriethnique, effervescente, en quête de soi, et essayant de venir au terme de sa culpabilisation pour les crimes de la colonisation et du régime de Vichy. On pourrait facilement attribuer cette distorsion de l’information culturelle au schisme qui avait séparé l’Occident et les pays communistes pendant plus de quarante ans, et il est vrai que la réclusion, volontaire on non, des pays de l’Europe de l’Est, a contribué amplement à la marginalisation de ses intellectuels, et | la circulation difficile des biens culturels