VALEURS ACTUELLES –HORS-SÉRIE N° 17 VALEURSACTUELLES.COM 9,90 € HORS- SÉRIE

NOSSOLDATS CESHÉROS Bravoure,coupsd’éclat,sacrifices…Desesoriginesànosjours, lafabuleuseépopéedescombattantsdelaFrance.

A:11,30 €–BEL /LUX :11,30 €–ESP/ITAL/PORT CONT :10,70 € GR :12,50 €–CAN :13,99 $CAN –DOM :10,70 €–TOM : 1700 XPF –CH:17,80 FS –MAR :100 MAD –TUN :12.00 DT L16553 -17H-F: 9,90 € -RD 8 — — 29 novembre2018 PRÉFACE Par François d’Orcival, de l’Institut

LaFrance,unehistoiredesoldats “Nulnepeutsenommercapitainedegensd’armess’iln’estnomméparleroi”(CharlesVII,1445). “LaFrancefutfaiteàcoupsd’épée”(deGaulle,1938).

edestinavouluque la ,bâtie à coupsd’épée, PasdeVeRépublique non plus sans armée, puisque fûtune nation militaire. « Le corpsmilitaire est c’estgrâce à un coup d’Étatmilitaire (à Alger, à Ajaccio) l’expression la pluscomplète de l’esprit d’une quelaIVe République à l’agonie s’abandonnecorps et société », écrit CharlesdeGaulleen1934(Vers âme à un général, de Gaulle… Qui, dix ansplustard, L l’arméedemétier). Soixante-dix ansplustôt, l’his- mettra fin à la “chienlit” de Mai68par un autrecoup, lui torien DenisFusteldeCoulanges observedéjà:«L’état aussimilitaire(sonsaut à Baden-Baden)… socialetpolitiqued’une nation esttoujoursenrapport avec la nature et la compositiondeses armées » (La Cité ntre de Gaulleetses successeurs, unecontinuité exem- antique). plaire dans l’exercice desfonctions de chef desarmées Investie parles armes, la monarchiefrançaise aura E(article15delaConstitution). FrançoisMitterrand résisté grâce à elles. QuandLouis XIV fait graver surses résume,en1983:«Ladissuasion (nucléaire),c’est moi. » canonssadevise “Ultima ratioregum” (“le dernierargu- Le 13 juillet2017, Emmanuel Macron, à peine élu,pro- mentdes rois”), il sait ce qu’ildoit à sonprédécesseur, le clamedevant sesofficiers généraux et chefsd’état-major: petitroi CharlesVII,sauvé parlemiracledeJeanned’Arc, «Jesuisvotre chef. » quidevient grandencréant, au milieu du XVe siècle, ses L’Élyséeest unemaisonmilitaire, Parisunlivre d’his- quinze premièrescompagniesd’ordonnances à cheval, toiremilitaire — sesmonuments,del’Arc de triomphe à recrutantses chefsparmi lesprinces, lesseigneurs et lesgrandscapitaines, et levant la “tailledes gensd’armes” C’estgrâceàuncoupd’Étatmilitaire pour pouvoirles solder. Le jouroùsesrégiments de ligne (àAlger,àAjaccio)quelaIVe Républiqueàl’agonie passent à la Révolution,c’enest fini de l’Ancien Régime.Etc’est à l’arméeque s’abandonnecorpsetâmeàungénéral,deGaulle… la République doit sonsalut à Valmy. Elle invente le service militairedes levées en massedevolontaires,enfait le creusetdela la colonneVendôme,delaMadeleineaux Invalides, ses citoyenneté,enattendant qu’ungénéral, Napoléon Bona- avenues, sesboulevards, sesruesetses ponts, portent parte, reprenne le tout pour se porter au pouvoiretcréer desnomsdebatailles et de maréchaux… La France aexpé- l’Empire,dontl’arête dorsalereste l’armée. dié sessoldats partoutdanslemonde,deMoscou à Narvik, d’Alger à Tombouctou,deSaint-Louis du Sénégal à Kaboul; orsquelaRépublique est à nouveau proclamée, le elle fait défilerses plus beauxrégiments pour sa fête 4septembre1870, au lendemaindeladéfaitedel’ar- nationaleetelleest la seule du continent à le faireavec Lméeimpériale(du second Empire), elle ne sera ins- un tel éclat,victorieuse ou pas. Elle célèbreses victoires talléeque le jour où cettemêmearmée, reconstituée à et mêmeses défaites,Camerone,auMexique,pourla Versailles parThiers, pourra expulser la Communede Légion étrangère,DiênBiênPhù,enIndochine, pour les Parisetyramenerlepouvoir quiseraconfiéàun maré- parachutistes,parce quecefurentdes actesd’héroïsme

E chal,Mac-Mahon! et queles vieuxsoldats ne meurent jamais.

AT • FR A I ICK

TR Photodecouverture:Ruedesarchives/PVDE PA

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 3 SOMMAIRE

Àgauche,unSpadfrançais.Enbas, reconstitutiond’unebatailledudébut delaPremièreGuerremondiale.Page dedroite,parachutistesfrançaisen1944. Enbas,lelogodelaMarinenationale.

“Les chasseurssefont tuer mais ne se rendentjamais!” parJeanMabire 30 Les commandos SASdelaFrancelibre parFrançoisCote 34 “Mon baptêmeparadanslabaie La France,une histoire de soldats du Mont-Saint-Michel” parFrançoisd’Orcival,del’Institut 3 parLouis de Raguenel 38 Les enfantsdelaGloire parArnaudFolch 6 POUR L’HONNEUR DE NOSCOULEURS LESSEIGNEURS DE LA GUERRE Auxarmes,citoyens! “Legio patrianostra” parPhilippeConrad 42 parClaude Jacquemart 14 Mousquetaires, au nom du roi La légendedes béretsrouges et du panache! parLouis Bassompierre 22 parArnaudFolch 46 La marche desCenturions Guynemer,l’asdes as parArnaudFolch 28 parArnaudFolch 50 Les derniers maréchaux parFrançoisCote 54 SASenAlgérie, l’armée au secours despopulations parArnaudFolch 58 CommentlaSécurité militaire traque lesdjihadistes parLouis de Raguenel 62 La gloire de l’Arme parPierre-MarieGiraud 64 GIGN: “S’engager pour la vie” parGaëtanThomas 68

4 — VALEURSACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 L’odysséedelaRoyale Eugène Bullard, au nom de tous lessiens parMarie Clément-Charon 70 parArnaudFolch 105 Grandsamiraux, lesseigneurs de la mer AlbertRoche,lesoldatinconnu auxneuf parJérôme Besnard 74 blessures et… milledeuxcents prisonniers À la conquête de l’arme atomique parArnaudFolch 106 O LI

parPhilippe Delorme 78 Les héroïnesdel’Indo FO “Ma nuit en intervention parSabineDusch 108 PORT RI

avec lessoldats du feu” O D parAmauryBrelet 80 SE SOUVENIR, A MOND S/ DU PANACHE, POURNEPAS MOURIR… GE MA

Écrivains dans lestranchées -I KG

TOUJOURS DU PANACHE! par ÉricLetty 114 -A FR

15 victoiresmythiques “Plus qu’onnepouvait demander N. desarmées françaises à aucunhomme…” RO ID parArnaudFolch 86 parMaurice Genevoix 120 MP CA

Napoléon,leguerrier stratège HélieDenoixdeSaint Marc, R/ parFrédéricValloire 94 sentinelle de l’honneur NOI LE P.

Muiron,lemartyrdupontd’Arcole parMaurice Lemoine 122 .- -J

parArnaudFolch 96 CommandantGuillaume, FP /A

D’esclave à général, le fabuleux destin la viecomme un film RD LA de Yousouf parVladimir de Gmeline 126 IL

par ÉricLetty 98 BOU RI e

Robert Dubarle, “le Bayard du 68 ” OT NZ parCyril de Beketch 102 Bibliographie128 KE

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 5 NOSSOLDATS,CES HÉROS

LesenfantsdelaGloire Sisouventdénigrésparles“bien-pensants”, nossoldatssesontcouverts degloireauservicedelaFrance.Détourparlapetitehistoireavant,dansnotre dossier,d’aborderleurépopéeimmenseetimmortelle.Abécédaire.

ARTICLE15 C’estl’articledenotre Constitution quioctroie le célèbreBataillon de Joinville, a été dissoute au chef de l’État, président du Conseildedéfense en 2002,aveclafinduservice militaire. et de sécurité nationale, le titrede“chef Crééeen1852etrattachée à l’Institut desarmées”.Les articles 20 et 21 précisent national dessportsen1945, elle anotamment quec’est le Premierministre quien“dispose”. vu défilerles cyclistesAnquetiletFignon, lestennismen Lecomte et Noah, BALLONS et leschampionsdumonde de foot de 1998, Le premieremploi Petit, Lizarazu et Zidane. de l’aéronautiquedans lesopérationsmilitaires DÉMINEURS remonte,enFrance, à… Disposantdelaplushaute qualification militaire 1793 avec la créationd’une en la matière,les démineurs brevetésEOD compagnied’aérostiers. (Explosive Ordnance Disposal) sont formésauPôle L’annéesuivante,leballon interarmées Munex(Piam)d’Angers. Ilssont L’L Entreprenant estcrédité ensuiterépartisdansles deuxgroupes régionaux d’un rôle clé dans d’interventionsNedex (Neutralisation- la victoire de la bataille enlèvement-destruction desexplosifs)des armées de Fleurus. de terre(génie) et de l’air(base aérienne) ainsiqu’au seinduGIGN et desplongeurs CAÏD démineurs de la Marine nationale. Tradition de la Légion:danstousles postes, détachements ou garnisons, l’arrivée, le matin, GALETTE de l’officier le plus élevé en grade,surnommé Composé en 1845,lechant de Saint-Cyr “le Caïd”,est honoréepar le clairon;tousles légion- (La Galette)doitson origineaux épaulettes naires présentssemettent au garde-à-vous. Quand sans frangesportées parses élèves le caïd estjoué parune batterie,les tambours lesplusmal classés. Mais ceux-ci estimaient saluentdelamainentre chaque roulement. quececlassement était en réalité un honneur, carils étaient appelés à devenir de meilleurs CHAMPIONS officierssur le terrainque les “fortsenthème”. Pépinière de futuresstars du sport, l’École C’estainsi quelagalette estdevenue symbole normalemilitairedegymnastique de Joinville, d’excellence.

6 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 Ouverturedudéfilé du14 Juillet parlaPatrouille deFrancedevantles Françaisenthousiastes.

20% C’estletauxd’élèves officiers étrangers de la prestigieuse

OM École supérieure .C

ES militairedeSaint-Cyr. AG Fondéeen1802par NIM

MA Napoléon,alors

DGE Premier consul, RI .B l’ESMSaint-Cyr, WW dont la deviseest P-W

AF “Ils instruisentpour R/

.F vaincre”,dispose

NCE en effet d’accords RA

YF d’échangesavec NL plusieurs académies S/O

UE militaires étrangères, OG telle West Point, EH

OD aux États-Unis. BRUN PATROUILLEDEFRANCE,PANACHEFRANÇAIS! De sonvrainom Patrouilleacrobatique de France (PAF), suravions à réaction,etcapablesdevoler jusqu’à 800 elle doitsacélèbreappellation,officialiséelamême kilomètres-heure en se frôlant de 2 à 3mètres au cours annéeque sa création, en 1953,aupilote et journaliste d’exhibitions dont la plus célèbre estl’ouverture JacquesNœtinger qui, emballé parune démonstration du défilé du 14 Juillet.Aux côtésdu“leader”évoluant à Maison-Blanche (Algérie),l’avait rebaptisée en tête (surnommé “Athos1”)figurentseptautres “Patrouille de France”. pilotes:lesdeux “intérieurs”,le“charognard” (placé Stationnéesur la base aérienne de Salon-de-Provence, derrière le leader et appeléàluisuccéderl’année elle répartitses activitésannuelles en deuxparties: suivante), lesdeux “extérieurs” et lesdeux “solos”. entraînement (périodehivernale)etmanifestations La patrouille estrenouveléetousles ansavecl’entrée publiques(unecinquantaine paran, périodeestivale). de troisnouveauxpilotes, cooptéspar lesautres. Aujourd’hui équipéed’Alphajet(depuis 1981,12autotal), Si l’on remonte à la création, en 1935,deson ancêtre elle estcomposéedeneufpilotesd’élite (dontun“rem- la patrouilled’Étampes,l’escadrilleaperdu 10 plaçant”), totalisant un minimumde1500heures de sesaviateurs, dont le dernier en 2002.A.F.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 7 NOS SOLDATS, CES HÉROS Lagarderépublicaine, trouped’élitehéritière delamaisonmilitaireduroi. 3e C’estlerangoccupé parlaFranceenEurope, derrière la Russie et le

R Royaume-Uni, surlabase -D du budgetdelaDéfense ES

AG en valeurabsolue. Ces trois -IM

KG pays sont aussiles seuls, /A surnotre continent, ION

LL à disposerd’une force PO de dissuasion nucléaire. HAM ÉC RV HE GARDERÉPUBLICAINE Si elle doit sonnom actuel à la IIe République parlecolonel Picot, premierprésident de l’Union des (1848), elle estl’héritière de la maison militaire blessésdelafaceetdelatête. Crééepourpayer leurs du roietdelagarde impérialedeNapoléon. opérationschirurgicalesdereconstruction,cette Le plumet de soncasque à crinière noire, association a été financée à partirde1925grâce un le célèbreshako,varie selon lesgrades et lescorps: système de souscription sous formedetombola. plumes de coqpourles cavaliers, de poulepourles Devant sonsuccès, celle-ci futtransforméeen1935en fantassins;rouge pour lesofficiers,tricolore pour Loterienationale, devenue notre Française desjeux. lesofficiers supérieurs.Privilège du commandant du 1er régimentd’infanteriedelaGarde: MARTYRS un plumet de… héron. C’estl’arméedel’air quidétient, en proportion, le plus fort taux de victimes de la GrandeGuerre. GUEULESCASSÉES Surses 17300pilotes et observateurs engagés Désignantles 15000 blessésdéfiguréslors dans le conflit,5533ont été tués, soit31%—près de la Grande Guerre, l’expression a été inventée d’un tiersdes effectifs!

LESHARKISSACRIFIÉSDUCOMMANDOGEORGES

C’esten1959dansl’Oranais, à l’initiative du futurgénéral FLNdudépartementd’Oran éliminés, desmilliersd’armes Bigeard, qu’est créé ce commando de 240hommesexclusi- saisies!Multidécoré (Légion d’honneur,médaille vementconstitué d’anciensfellaghas du FLNetdel’ALN militaire…), l’adjointdeGrillot,lelieutenantYoussefBen “retournés” parson patron,etuniqueFrançaisdemétro- Brahim,serapersonnellementencouragé pardeGaulle pole parmieux,lelégendaire lieutenant GeorgesGrillot — en août1959:«Terminezlapacification,une ère nouvelle dont le prénom deviendra l’appellation du groupe (à s’ouvrirapourl’Algérie »,lui dit-il. Aprèssadissolution droite,leurinsigne,uncroissant et un poignard). à la suitedes accordsd’Évian,laplupart Sous sa devise “Chasserlamisère”,lecommando, de ses hommes serontcependant interdits favorisé parson usagedel’arabe,utilisera les de rapatriementenFrance. Ilsferontpartiedes mêmestechniques de guérillarévolutionnaire prèsde100000 massacrésaprèsle19mars queleFLN:renseignement, enlèvements, opéra- 1962 — BenBrahim étant quant à luiassassiné tionscoupdepoing… En moins d’un an,ses résul- à . En 2010,une promotion de l’École d’appli- tats seront spectaculaires:plus de 80 %des rebelles cation de l’infanterie(EAI) portera sonnom.A.F.

8 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 “LesnouveauxTartuffe contrelagloirefrançaise” Dansle“PetitManueldesvaleursetrepèresdelaFrance”,coécritavecJean-FrançoisChemain, notreamiDimitriCasaliexaltelagloiredenotrearméeetdénoncelarepentance.Extraits. Par Dimitri Casali

aFranceetlesFrançaisont,depuistoujours, de nosAnciens — un sensaigudel’honneur et de la gloire.Consultons comme celuidu L le Larousse.L’honneur: «Ensemble Chant du départ: desprincipesmorauxqui incitent à ne jamais «LaRépublique accomplir uneaction qui fasseperdre nous appelle, sachons l’estime qu’onadesoi ou celle qu’autrui vaincreousachons nous porte. » La gloire: «Renommée mourir! » —, à cette éclatante,célébrité,grand prestige dont jouit jeunessed’origine

quelqu’un dans l’esprit d’un grand nombre E étrangère,dont

de personnes. » Il s’agit,dansles deux cas, AG souventles aïeux EEM

d’une question de regard,celui quenousportons /L ontfaitVerdun, LE

surnous-mêmesetcelui queles autres nousportent. PA débarqué en Italie /O S

Nos batailles résonnent encoredes cris A et en Provence de noschefs,qui toujours préférèrent la mort TS ou bien sauté en MA

à la honte. «Tout estperdu,forsl’honneur!»,s’écrie PE parachutesur Diên

er ILIP

FrançoisI ,prisonnier au soirdeladéfaitedePavie PH Biên Phù,continuons (1525). «Messieurs lesAnglais, tirezles premiers!», à luitendre lesvergesdelarepentancepourfaire lance courtoisement à l’ennemilecomte pénitence de tant de gloire. d’Anterroche au débutdelabatailledeFontenoy Qu’elleparaît éloignée, aujourd’hui,cette quifut,elle, unegrandevictoire(1745). À quoi fait France de l’honneur et de la gloire,notre France, écho le célèbre:«M…!»et «LaGarde meurtmais de son antithèse,celle,misérable et haineuse, ne se rendpas! » du généralCambronne à Waterloo descollectifsdepétitionnaires,des dénonciateurs (1815).[…] desgroupes communautaires, desaccusateurs «Cachezcette gloire que je ne sauraisvoir! », publicsdunouveau terrorisme intellectuel devant protestent lesnouveauxTartuffe, quifontsouvent la 17e chambreduTGI de Paris, desanonymes moinsles difficiles avec d’autres causes quecelle desréseauxsociaux cachésderrière leurs écrans de la France… Évacuonsdes programmes scolaires d’ordinateurs, et celleencore plusgrave lesgrandspersonnages, et lesgrandes victoires, desconcepteurs desprogrammesscolaires et lesnoblesattitudes,ettoutcequi estbeau, de la RuedeGrenelle…! • D. C. et grand, et fort!Plusunmot surAusterlitz, Iéna, Friedland, Wagram et la Moskowa!Napoléon était un dictateur n’est-ce pas?Et Verdun,une absurde boucherie subiepar lesmassesabruties PetitManuel desvaleurs de propagande!Et la Résistance un radeau et repèresdelaFrance, “épiphénoménal” surnageant dans un océan parDimitri Casali de collaboration!Noircissons le tableaunational, et Jean-FrançoisChemain, faisonsrepentance. Si on doit réenchanterlavie, éditionsduRocher,2017, quecenesoitpas avec leschantsmartiaux 160pages,18,90 euros.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 9 NOS SOLDATS, CES HÉROS

L’INVENTEURDEL’UNIFORME OBLIGATOIRE MÉDECINS Le Servicedesanté desarmées Si lesgardesducorps de la maison du roi avaient (SSA)est l’héritier de l’éditde déjà adopté le “bleu turquin”,avecparements, 1708 de LouisXIV créantles chargesdemédecins doublure,culotte et vesterouge,c’est sous et de chirurgiensmilitaires.Ilcompteaujourd’hui l’impulsion de Louvois (1641-1691), secrétaire prèsde1500personnelsdetousgradesenactivité, d’État à la Guerre de LouisXIV,que sont signées ycompris desvétérinaires,auxquelss’ajoutent lesordonnances de 1670 et 1690 rendant obliga- 3000 réservistes. toireleportdel’uniforme.Pourl’habit,les cou- leurs régimentaires sont le gris clairavecpare- ments rouges;pour lesculottes, le bleu,lerouge et OPEX le blanc, lestroiscouleursdes Bourbons;pourles Lesnomsdecodedes opérationsextérieuressont lampionsettricornes en feutre,lenoir. Ph.D. choisispar le chef de l’Étatenpersonnesur propo- sitions(plusieurs) du Centredeplanification et de conduite desopérations(CPCO), elles-mêmes validées parl’état-major. Cescodes font,leplus souvent, référence à la faune, la flore,lagéologie ou la géographie:Castor, Turquoise, Azalée,

SM Salamandre,Serval, Épervier… NA ION/ UT

TIT PAPE INS Surnom donné dans la Marine nationale à l’amiral AN

ONI commandant l’École navale.Enplusdecelui-ci HS et du célèbre “pacha”,d’origine turque,désignant MIT

-S lescommandants d’unité,prèsde500 mots ES

AG propres à cettearmesontutiliséspar lesmarins,

-IM dont de nombreuxd’origine bretonne. KG /A ES AG IM

E- PIONNIERS AG IT L’arméedel’air française estlaplusancienneforce ER

/H aérienne du monde.Créées début1912, lescinq IA

ED premièresescadrilles dépendaientalors de l’armée TM

AR de terre. C’esten1934que l’arméedel’air estdeve- nueune arme à part entière.Deuxans plus tôt, le termed’“escadre” avaitdéjàremplacé celui de “régiment”. MÉDAILLEMILITAIRE,LA“MÉDAILLEDESBRAVES” Surnommée “la Légion d’honneurdusous- elle estdécernéepar le chef de l’Étatsur propo- officier”, “le bijou de la nation”,ouplus sition du ministre de la Défensepour “services souvent “la médailledes braves”,celégendaire militaires exceptionnels” auxhommesdurang rubanjaune et vert clairassorti de la devise et sous-officiers (ainsi qu’aux officiers mari- “Valeur et discipline” a été créé le 22 janvier niersetaspirants). Elle l’estaussi, à titreexcep- 1852 parNapoléon III. «Celuiqui la porteest un tionnel,aux généraux ayantcommandé en chef brave »,dira-t-il. Actuelle troisième décoration devant l’ennemi, telsLyautey, Joffre,Leclerc ou française dans l’ordre de préséance (aprèsla Pétain — lequel l’arborait commeuniquedéco- Légion d’honneuretl’ordre de la Libération), ration lorsdeson procès. A. F.

10 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 COMMENTRETROUVERLATRACE D’UNANCÊTREMILITAIRE ?

Implanté au château de Vincennesetsur neuf POMPONSROUGES autres sitesenFrance, sur450 kilomètres C’estpourseprotégerlecrâne deschocs linéairesd’archives mises à la disposition au passagedel’entrepont ou desportes du public,leService historique de la Défense descabines queles marins ontprisl’habitude (SED)vouspermetderetrouverlatrace de fixerdes pomponsaucentredeleurbéret. Au d’aïeuxayant servi sous lesdrapeaux. départ de toutes lescouleurs, ilssontdevenus Officiersdelagarde impériale, Suisses réglementairementrouges(garance) parundécret d’Ancien Régime,légionnaires,marins, de 1858.Lecol bleu alui aussiune originepra- aviateurs, aumôniers,résistants, prisonniers tique:il était destinéàprotégerledos de l’uni- de guerre,etc.:chacun peut revivre formeblanc desmarins, coiffés, à l’origine, de la carrière et lesfaits d’armesdeses ancêtres queues-de-cheval longues… et sales. ayantservi dans toutes lesarmes.Ph. D. Servicehistorique de la Défense, châteaude Vincennes, 1avenuedeParis,94300 Vincennes. SAINTMICHEL www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr C’est à Hanoi,enIndochine, en 1948,que l’archange Michel futpourlapre- mière fois invoqué par lesparas français, un “EtparsaintMichel, aumônier du 1er RCP achevantainsi son viventlesparachutistes !” sermon: «Etpar saint Michel,vivent lespara- chutistes! » Chargé, dans l’Apocalypse, d’expulser lesmauvais angesduparadis, l’archange Michel, d’abordadopté parles SASbritanniques,est celui quidescend du ciel (comme lesparas)pour combattre à la tête desmilices angéliques. S GE

MA TIREURSD’ÉLITE -I

KG SECRETDÉFENSE De leur vrai nom tireursd’élite de longue distance /A

RY Outrelesecretd’État(projet d’élimination (TELD),ils sont moins de 500. Toujours accompa- TO

IS d’un dirigeant, négociationsentre deux pays gnésd’un spotter chargé d’ajuster lesdonnées de tir MH officiellementennemis, etc.), il existe troisdegrés en fonction des éléments (vent, etc.), ces snipers RO

SF de secret: “Trèssecretdéfense”, “Secretdéfense” d’exception peuventatteindre descibleshumaines RE

TU et “Confidentiel défense”.Lesiège de la DGSE jusqu’à 1500 mètres et un char jusqu’à 1800 mètres. IC

-P ne peut être perquisitionné sans le feuvert Leursarmes:leFRF2(pour lestirsdemoins de 800 PP

XP de Matignon et de l’Élysée. mètres)etlePGM (pourles distancesau-delà) — ce

MA dernierpesant… 17 kilos! CHI/

MAR SÉPULTURES

NDRE CasuniqueenFrance, le célèbre “Doguenoirde ZOUAVES XA

LE Brocéliande”,BertrandduGuesclin (1320-1380), C’estpar un arrêté de 1830,l’annéedelaconquête -A dispose de… quatresépultures — manière,au de l’Algérie, qu’est crééepar le généralClauzel ING

SS momentdesamort, de luirendrehommage.Ses notre arméecoloniale:celui-ci prescritl’organisa- LE viscèressontenterrésaucouvent du Puy-en-Velay, tion,souslenom de “zouaves”,dedeuxbataillons RICH

/E unepartiedeses chairs (ébouillantées dans le vin!) composésde800 hommes au total. Aprèsladéco-

ES dans celuides Cordeliers à Clermont-Ferrand,son lonisation,cesontles (TDM)qui AG

IM cœur à Dinan, sa région natale,etses os à la basi- en ontprislerelais.

G- •

AK liquedeSaint-Denis. Arnaud Folch

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 11

Le pa rt ous de ss les La En tem gl première la eig ps oire Lég et de sur ion, guer nos lig to neur paras ne, us troupes les de ,c tous co has d’ ntinent as seur temps, re saut s s… s. . ét ra ng Le er lor du 4 d’ e sd 14 in rég en fa ud Ju n im 20 (REI) te ille éf en 17 ri il t, e é t .

ALAIN JOCARD/AFP LESSEIGNEURS DE LA GUERRE

“Legiopatrianostra” Symboled’héroïsmeetdesacrifice,laLégionétrangèreaprispartauxplusterribles combats.Retoursurprèsdedeuxsièclesd’uneunitémythique,indissociable delagloirenationale,dontlesvolontairessontdevenusfrançaisparlesangversé.

ne bourgade brûléedesoleilaucœur du légende,lecombatdeCamerone,pendant l’expédi- Mexique:Camerone. Depuis 1892,unmonu- tion du Mexique, opposa précisément 64 légionnaires ments’y dresse, portantune inscription en commandéspar le capitaineDanjou à 2000 Mexicains. PA IR

latinqui signifie: « Ils furent ici moinsde Danjou,35ans,dontlamaingauche amputéeavait /S Usoixante opposés à toute unearmée.Sa masse été remplacéepar uneprothèse articuléeenbois, OMLE

les écrasa. La vie plutôtque le courageabandonna tombeparmi lespremiers, aprèsavoir fait jurer à ses /C LE

ces soldatsfrançaisle30avril 1863. » Entré dans la hommesdecombattre jusqu’au dernier. À la findela DRP

14 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 LaLégionenOpexàBangui,enRépubliquecentrafricaine. Uneforcedeprojectiontoujoursdisponibleetd’uneefficacitéabsolue. bataille — fautedemunitionsducôtédeslégion- C’estle9mars1831que naîtofficiellementlaLégion naires —,cinqd’entre euxsontencoreenétatdecom- étrangère,parla volonté de Louis-Philippe. L’éditconsti- battre.Quatreserontfaits prisonniers;le cinquième, tutifdecette nouvelleunité dispose:«Il pourra être laissé pour mort en raison de graves blessures,par- formédansl’intérieur du royaumeune légion d’étran- viendra miraculeusement à survivreetàs’échapper. gers;maisellenepourraêtreemployéeque hors du ter- LesMexicains déplorentplusde500 tuésetdes cen- ritoirecontinental du royaume.Cette légion prendra taines de blessés. le nom de “Légion étrangère”. » Celafaitalors neuf mois Célébré chaque année, ce combat héroïque va deve- quel’arméefrançaise adébarqué en Algérie. Et c’est nirlesymbole du courageetdel’abnégation d’une vers ce territoire, dont la conquête sera progressive, troupeauservice de la France depuis prèsdedeux quevaêtredirigéelaLégion. À l’époque, le recrute- centsans (lireencadré ci-dessous). ments’effectuepar nationalité.Plustardviendra l’amal-

CAMERONE,LE30AVRILDESMARTYRS C’estle30avril 1906 qu’a lieu la première par120 légionnaires auxordresdulieutenant commémoration officielledelabatailledeCamerone Léon François. La tradition estdepuis perpétuée dans un posteduTonkin, Ta-Lung, occupé chaque année, à lamême date.C.J.

VALEURSACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 15 XXXXX FP /A URE NT VE ONA LB NE LIO Unlégionnairedela13e demi-brigade(DBLE)enreconnaissancesurlesitedufuturcampduLarzacàLaCavalerie.

game,destinéàfondre leshommesenunseulmoule: encerclésnon loin d’Alger, à El-Harrach,par la tribu celuidulégionnaire. Avec unedevise, “Valeur et Dis- desAnnanoua. Ilssontmassacrés(un seulsurvivra) cipline”,que remplaceraen1920 “HonneuretFidélité”, et leurscadavresmutilés. Parmi lesmorts:lelieute- inscrite autrefoissur le drapeaudes Suissesdurégi- nant Cham.UnSuisse, le premierofficierdelaLégion mentdeDiesbach, licencié en 1792 sous la Révolution. tuéàl’ennemi. Troisans plus tard,intervientlatra- gédiedelaMacta.Le26juin 1835,2500hommes, dont un tiersdelégionnaires,quittentOranpourseporter Surtouslespointschauds vers le camp de l’émirAbd el-Kader,ausud-est de la oùlaFranceestengagée ville. Face à un ennemi trèssupérieurennombre, la troupe se replie vers la côte méditerranéenne.Les C’estdoncsur le solalgérien quelaLégion fait sespre- cavaliersd’Abd el-Kaderpassent à l’assaut,tronçonnent mièresarmes.Le23mai 1832,27légionnaires sont et bousculent la colonne, achèvent lesblessés à l’arme

SIDIBELABBÈS,LA“MAISONMÈRE” C’estenAlgérieque la Légion va trouverpendant plus comprisl’intérêt stratégique, leslégionnaires,grands d’un siècleson ancragedéfinitif, sa matrice:SidiBel bâtisseurs commeleurs prédécesseurs romains, vont Abbès. À l’emplacementdecesimpleposte aménagé édifier au fildes années uneville selon un plan très entreles villes d’Oran et de Tlemcen,dontBugeaud avait militaire, avec sesartèresrectilignes et sonquartier en formedeUauquelseradonné le nom du colonel Viénot, commandant du 1er régiment étrangertué àla tête de sestroupes pendantlacampagne de Crimée(1854-1856). Devant le bâtimentcentral se trouve le monumentaux morts de la Légion — un globeentouré de soldatsdebronze —,inauguré en 1931 parlegénéralRolletpourlecentenaire OM .C de la créationdelaLégion.Onyaboutitpar ES

AG une “voie sacrée”,dontlenom rappelle cellequi, NIM en 1916,acheminait à partirdeBar-le-Ducles unités MA

GE jetées dans l’enferdeVerdun. Aprèsl’indépendance RID

.B de l’Algérie, le monumentseratransporté à Aubagne, base de replis du 1er RE,où,bordé par WWW SidiBelAbbès.LedrapeaudelaLégiondécorédelaLégiond’honneur. desrangs de rosiers, il demeure aujourd’hui. C. J.

16 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 LES SEIGNEURS DE LA GUERRE Cravateverteetképiblanc… Latenuedeslégionnairescomprendnombred’élémentstraditionnels,soigneusementcodifiés. Revuededétail.

jusqu’auxsergents-chefs.Uniquedistinction KÉPIBLANC pour lescaporaux-chefs et sous-officiers (ainsique pour lespersonnelsdelamusique et lespionniers): Autrefois couvrant unebande doréeentre un képi rougeau la galetteverte bandeaubleucentral et lesfranges rouges. frappé de la grenade à sept flammes, cet héritier descouvre-képiskakis CEINTUREBLEUE blanchis parlesoleilest porté pour la première fois en 1930 lors d’uneparade. Arboréàpartir de À l’origine, un accessoire 1939,ilneseracependant officiellementadopté, en lainedecouleur pour lessorties et cérémonies,qu’à partir de variable adoptéepar les 1964. À noterque lesofficiers, armées d’Afrique sous-officiers et caporaux- pour éviterles chefs ayantplusdequinzeans refroidissements, de serviceportent le képi noir. facteurs d’affections BÉRETVERT intestinales. Codifiéedepuis 1862,sacouleur esttoujours Porté parlapremière fois par bleueetsalargeurde40centimètres. la 13e DBLE (demi-brigadedelaLégion étrangère) durant la SecondeGuerre CRAVATEVERTE mondiale,ildevient le béret réglementairedel’ensemble Réglementaire depuis du corps à partirde1959. 1946,son adoption estdue au nécessaire ÉPAULETTES“VERT écoulement desstocks ETROUGE” desanciens “chantiers Héritage desGardes de jeunesse” suisses, ellesfont de l’Occu- partiedelatenue depuis 1868 pation. • et sont portées parles soldatsdurang A. F.

LAGRENADEÀSEPTFLAMMES Officialisé en 1874,cesymbole desgrenadiers avec sesdeux flammeslatéralesinclinées estnotamment utilisé surles fanions, les épaulettes vers l’extérieur. Surles épaulettes, la grenade destenuesdesortieetles insignesdebéret. estsurmontéedetroischevronsverts, à l’instardes 8

01 C’estprogressivementqu’il aprisson allure actuelle autres unitésayant appartenu à l’arméed’Afrique.A.F. C-2 VI

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 17 XXXXX RY TO IS MH RO SF RE TU IC /P ES AG IM G- AK

P- LespionniersdelaLégion, AF N/ héritiersdessapeurs SO

AM delaGrandeArméedeNapoléon. SS Enbas :unlégionnaire OMA enuniformeauXIXe siècle. TH “Légionnaire,vousêtessoldats pourmourir.Jevousenvoie làoùl’onmeurt !”

blanche.Les troisjournées de la Mactacoûteront aux sonordrederetrait.Sur les6000 hommesexpédiés Français262 tuésoudisparus et 308blessés. Parmi troisans plus tôt, ne rentrent en France que63offi- eux, unecentainedelégionnaires. cierset159 hommesdetroupe. Paradoxe: ce sont les La Légion serviradésormais surtousles points carlistesvaincus quiviendrontgrossirles effectifs chauds où la France sera engagée — en Afrique, en décimésdelaLégion. Asie ou surlesol métropolitain, malgré sonstatutini- tial.AussitôtaprèslecombatdelaMacta,lavoici trans- portéeenEspagne, où s’affrontent,pourlasuccession AuTonkin,premièreapparition du roi FerdinandVII,les partisans de sa filleIsabelle ducélèbre“Boudin” et ceux de sonfrère,don Carlos. Le Royaume-Uni, la France et Jusqu’à l’époque contemporaine,latroupe d’élite se le Portugal prennent parti trouvera engagéepartout.LegénéraldeNégrierle pour la première,laPrusse, proclamera sans ambagesen1884:«Légionnaires, l’AutricheetlaRussiepourle vous êtes soldats pour mourir.Jevousenvoie là second.L’aventures’achève où l’on meurt!»IlsmourrontdoncenCrimée, en en tragédie. À quel prix!En Indochine, en Afrique, au Proche-Orient. Ilsmour- décembre 1838,laLégion reçoit rontaussi surlesol français, pendantles deux guerresmondiales (lireencadré page 20).Des batailles restent à jamais mémorables: Tuyen QuangetLang Son, en 1885;Bir Hakeim,en 1942;Dong-Khê, en 1950;DiênBiênPhù,en 1954. La première,portant le nom de la vieille citadelle situéeentre le Yunnan chinoisetle deltatonkinois où la Légion seraassiégéepar 88 lesChinois et lesbandestonkinoises (les Pavil- lonsnoirs), verranotamment s’illustrerlesergent C’estlenombredepas — lents — Bobillot,devenudepuis, avec d’autres soldats surlequel défile la Légion par légendaires (lireencadrépage 19),l’une des figures minute, contre 120pourles autres mythiquesdelaLégion.C’est aussi à cettebataille corps, et 140pourles chasseurs. querenvoie,entre autres, le Boudin,l’hymne tradi- tionnel de la Légion:«Au Tonkin, la Légion immor- telle / À Tuyen-Quang illustra notre drapeau »

18 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 LES SEIGNEURS DE LA GUERRE Entrésdanslalégende… OutrelecapitaineDanjou,héros-martyrdelabatailledeCamerone,nombred’officiersbâtiront leurréputationauseindelaLégion.Impossibledetouslesciter.Envoiciquelquesfigures.

onsidéré comme le “père” de la Légion Premierministre de Pompidou,ainsi que étrangère,lefutur généralRollet,intègre le lieutenant-colonel DimitriAmilakvari, l’unité d’élite comme lieutenant-colonel. descendantd’une grande famillegéorgienne C Cet officier hors normes prenantdes libertés quiimmigra en France aprèslarévolution avec sa hiérarchiecomme bolchéviqueenRussie. Commandantdela“13” T

SV avec lesrègles à BirHakeim, il seratuéàEl-Alamein. Y/ vestimentaires (ilchausse La promotion1954-1956deSaint-Cyr portera NC

GE volontiers desespadrilles sonnom.Biend’autresméritent d’être cités: SA et,quand le soleil esttrop le futur Pierre Ier de Serbie,qui,nesupportant EW

TN ardent,s’abritesousune pasl’attaque allemandecontrelaFrance, /T e

ES ombrelle rose!) estdoté s’engage au 5 bataillon de la Légion en 1870; AG IM Gal Rollet d’un courageetd’unsens le lieutenant-colonel G-

AK tactique exceptionnels. vendéen Gabriel Brunet Commandant du régiment de Sairigné,tuéen 1948 en de marche de la Légion étrangère (RMLE) Indochinealors qu’à son pendantlaGrandeGuerre, il devient, en 1931, tour,ilcommandela“13”; avec ses étoiles de généraldebrigade,lepremier le commandant Segrétain, inspecteur de la Légion étrangère.Sousses ordres disparu en 1950 dans les pendantlaguerre1914-1918,lecapitaineMaire combats de la RC4;le deviendra,par son DIAS lieutenant-colonel IME PierrePaulJeanpierre panache, l’un des Gaucher,autre comman- WIK “mousquetaires” de dant de la “13”,tuéàDiên Biên Phù;lemythique la Légion.Ils’illustrera lieutenant-colonel Jeanpierre,commandant au Maroc, commandera du 1er régiment étranger de parachutistes(REP), le 1er régiment étranger tué pendantlaguerre à Sidi BelAbbès, d’Algérie;le commandant et reprendra du service HélieDenoixdeSaint

DimitriAmilakvari O DIAS

en 1939. PH Marc,qui, à la tête du IME

RA er

WIK PendantlaSecondeGuerre 1 REP, rejointleputsch A- mondiale, s’illustrent Monclar,qui “rempile” en MM d’avril1961;lecolonel GA

1950 pour allercommander le bataillonfrançais T/ Philippe Érulin, UL en Corée;Pierre Kœnig,qui commandela TA commandantdu2eREP à re AR 1 brigadefrançaise libre à BirHakeimavec, sous EL PhilippeÉrulin Kolwezi en 1976.Etcombien sesordres, le capitainePierreMessmer, futur CH C. J. MI d’autres… •

LALÉGENDEDESPIONNIERS Le jourdudéfilédu 14 Juillet,ils ne manquentjamais orangeleurbarrant le buste, ilsconstituent à l’appel, clôturant le plus souventlelongcortège la dernière unité de ce type de l’arméefrançaise. militaire. Barbus, coiffésetgantésdeblanc,hache Ce sont leshéritiersdes sapeursdelaGrandeArmée noire à l’épauledroite,letablier de cuir de buffle de Napoléon.A.F.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 19 XXXXX LE EL UZ VA LA O- OT PH CK TO YS

AM 8900 AL E/ C’estlenombredelégionnaires, IANC tous grades confondus, servant ALL

RE aujourd’hui en France. Soit 7% TU

IC deseffectifsdel’arméedeterre. AP PriseDP d’armesàl’occasiondelafête deCameroneàAubagne,oùaété transférélemonumentdeSidi “Générosité,ardeur, BelAbbès.Enbas:l’uniforme avantlaSecondeGuerremondiale. goûtdel’aventure,fidélitéauchef, mystère,aussi…”

La Légion compte aussises combatsoubliés. En 1264 hommes de troupe. En Tunisie, en 1942-1943, 1870-1871, un tiersdes effectifs engagéstombent dans elle participe à la campagne victorieusedes Alliés, la guerre contre la Prusse. Soit un pourcentagesupé- inclusedansl’arméed’Afrique du généralGiraud, et rieur à celuideses pertes de 1914-1918. Au débutdes iraensuite se battre en Italie avec le généralJuin. années 1890,unbataillon de la Légion estengagé « Sur la terre imprégnéedusangdes légionnaires, dans la difficile campagne menéeauDahomey (l’ac- le soleil ne se couche jamais »:aprèsl’Indochineet tuel Bénin)contreleroi Behanzin et sesredoutables l’Algérie, la Légion seraencoreengagéedanslaplu- amazones,maisaussi au Soudan et à , part desinterventionsarmées menées parlaFrance, derrière Lyautey. AprèslaPremière Guerremondiale, dont, évidemment, en 1978,leparachutagesur Kolwezi la Légion se batcontreles Druzes au Levant.Ache- (Zaïre), où le 2e REPsauvera lesEuropéensprisau véeen1934, la guerre du Maroclui coûte piège pardes rebelles katangais. « J’ai trouvéàla 74 officiers,158 sous-officiers et Légion étrangère lesmêmes vertusmilitaires que partout ailleurs, mais sansdoute poussées à leur plus haut niveau,parfois même de manière excessive:la LABOUCHERIEDESDEUX générosité,l’ardeur, le goûtdel’aventure, la confiance, la fidélité au chef,lapudeur et le mystère aussi, l’at- GUERRESMONDIALES tachement à la France,leurpays d’accueil »,résu- mait le généralDary,ancienchef de corpsdu2eREP Surles 42843 légionnaires engagésdans au moment de son “adieuaux armes”. la Grande guerre,5931 perdront la vie À ceux qui, à l’instar de CharlesHernu,ministre en Europe, 815enOrient, 348 au Maroc de la DéfensedeFrançois Mitterrand,sesont et 55 au Tonkin.Présent dans lescombats interrogéssur la nécessité de conservercette lesplusdurs, le régimentdemarche de la troupe exceptionnelle qui, à l’origine, n’était Légion étrangère (RMLE) deviendra, à la destinéequ’à servirhorsdelaFrancehexago- finduconflit,lerégimentleplusdécoré nale,l’histoirearépondu, et continue chaque de France.Aucours de la SecondeGuerre jourdelefaire:non!Inscritedansles gènesde mondiale,laLégion,qui s’illustrera l’arméefrançaise,etpluslargement de la France, en particulier à Narvik et BirHakeim, dontelledétientune part du prestige,l’irrem- comptera encoreplusdevictimes: plaçable Légion doit perdurer.Comme elle l’atou- 9017 tués, dont prèsd’unmillier avant jours fait :dansl’honneur et la fidélité. • l’armisticedu22juin1940. A. F. ClaudeJacquemart

20 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17

FP /A ES AG IM TY ET /G LL CHE IT .M FJ EF -J DR Lalégendedesbéretsrouges Fidèlesàla“prièredupara”,ilsrefusentlerepos,lasantéetlarichesse.Réclamentl’insécurité, l’inquiétude,latourmenteetlabagarre.AuservicedelaFrance.Etdesagrandeur.

efroid s’engouffre parrafales dans l’avion qui plus tard le généralBigeard.Ungeste chevaleresque gronde et secoue.Composé de sespremiers quirestera à jamais gravé dans lesannales desarmées volontairesdes SASdelaFrancelibre formés françaises… au LibanetenSyrie,lepeloton parachutiste Venant aprèsles commandossautant surlaFrance L françaisduLevants’apprête à sauter surlesol à libérer, lespremiers à porter le béretrouge (ama- de la mère patrie occupée. Justeavant le “go!”,ils en rante), c’esteneffet la guerre d’Indochinequi a appellent à leur patron,saint Michel.L’archangequi, permisaux parasdecommencer àécrireleurlégende. selon l’Apocalypse de saintJean, chassa lesmauvais Dès1945. Dans cetimmédiat après-guerre,l’Indoet angesduparadis… Le tonest donné. sesbataillonsdeparachutistes coloniauxsontlades- Forced’exception,armed’élite,les parasseront tination idéalepourune jeunessefougueuse et roman- de toutes lesmissionsimpossibles.Parfois celles de tique, lasséedel’ancienmonde et avide d’aventures la dernière chance,comme lorsques’élancerontdans nouvelles.Les parass’y engagerontcorps et âme. l’enferdeDiênBiênPhùdesgaminsd’àpeine20ans Primus interpares (“Premierparmi lespairs”). quin’avaient jamais sauté.Etqui se sacrifieront non Ses faitsd’armes s’y écriventdanslapeine et le pour l’empire moribond,maispourles copainspiégés sang.Ainsi à Tu Lê,enoctobre 1952.L’opération qui, dans la fournaise de cettecuvette isoléedelahaute parmi lespremières, hisseraavecle6eBPC(bataillon région tonkinoise, à plus de 300kilomètres de la de parachutistescoloniaux) les “parascolo” au sommet base arrière.«Simpleespritdecamaraderie », écrira de la gloire.Largués à l’aveugleenpleinezoneenne-

22 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 LES SEIGNEURS DE LA GUERRE

LAPRIÈREDUPARA “Je m’adresse à vous, monDieu Carvousdonnez Ce qu’onnepeutobtenir quedesoi. Donnez-moi,mon Dieu,cequi vous reste, Donnez-moi ce qu’onnevousdemande jamais. Je ne vous demandepas le repos Ni la tranquillité, Ni celledel’âme,nicelle du corps. Je ne vous demandepas la richesse, Ni le succès, ni même la santé. Tout ça, monDieu, on vous le demandetellement, Quevousnedevez plus en avoir! Donnez-moi,mon Dieu,cequi vous reste, Donnez-moi,ceque l’on vous refuse. Lesparassautent Je veux l’insécurité et l’inquiétude (exerciceconjoint Je veux la tourmenteetlabagarre, aveclesBritanniques). Etque vous me lesdonniez,mon Dieu, Àdroite,l’insigne debéretdestroupes Définitivement. aéroportées. Quejesoissûrdeles avoirtoujours Carjen’aurai pastoujourslecourage De vous lesdemander. Donnez-moi,mon Dieu,cequi vous reste, Donnez-moi ce dont lesautresneveulent pas, Mais donnez-moi aussi le courage, miepourdégagerunpetit posteencerclé par12000 bo doi vietminh, lesseulement400 parasdeBigeard Et la forceetlafoi. sont rapidementconsidéréscomme perdus parl’état- Carvousêtesseul à donner major. Unesemaine plus tard,ils resurgirontpour- Ce qu’onnepeutobtenir quedesoi.” tant de la jungle.Harassés, affamés, en haillons, à courtdemunitions. Mais avec leursblessésetquelques- Texte écrit parAndré Zirnheld, parachutiste desFrançaislibres, unsdes camaradesqu’ils étaient partis sauver… membre du SAS, qui sera le premier officier para françaistué Commentont-ils résistéàcettepiste infernale? en Égypte en 1942 lors d’uneopération commando. Commentlecaporal-chef Quillacqa-t-ilréussi à ren-

“Donnez-moi,monDieu,cequivousreste, Donnez-moicedontlesautres neveulentpas…”

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 23 FP /A EZ GU CK JA LIBAN,LESMARTYRSDUDRAKKAR Beyrouth,23octobre 1983,6h20:le conducteur d’un camion bourré de 250kilos de TNT se fait exploser à l’entréedu“posteDrakkar”, un immeublede8étages servant de cantonnement à unepartiedes 2000 militairesfrançais trer avec sept balles dans le corps?Commepourles de la forceinternationaledesécurité mise hérosdelaRC-4deuxans plus tôt, et ceux de Diên en placeunanplustôtsousl’égide de l’ONU. C’est Biên Phù deuxans plus tard,quellefoi,quelleforce l’acte terroriste le plus meurtrier de l’Histoire animaitces hommes,les sergents Malaclet et Muriel, contre nosforces armées:58morts, tous parachu- le lieutenant Trapp,lesous-lieutenant Ferrari, le para tistes (55du1er RCP, 3du9eRCP),et15blessés. Wagner? Pluslegardien libanaisdel’immeuble et sa famille. Deux minutes plus tôt, un autre véhicule piégé avaitfait241 victimes parmi Lestenuesléopardredoutéesjusqu’au lessoldats américainsbasés à l’aéroport finfonddeszonesrebelles de Beyrouth. Les deuxattentats ont été revendi- quéspar l’Organisation du djihad islamique. A. F. S’ilsn’étaient pasdes enfantsdechœur,les paras de cesbataillonscoloniaux,des commandosoude la Légion étaient de jeunes garçonshabitésd’une foiinébranlable en leurschefs:Bigeard, SaintMarc, Jeanpierre,Segretain,Faulques, Broizat, Trinquier, Château-Jobert,Dufour, Ducournau… Autant de commandantsqui avaientsuobtenir de leurshommes “ce qu’aucunebêteaumonde n’aurait fait”.Sauter Del’Indoàl’Algérie, unefoiinébranlable enleurschefs.

24 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 Pagedegauche,soldatsdu1er RCPàYamoussoukro(Côte-d’Ivoire),en2003, avantundépartenmission.Ci-dessous,leretourdeBigeard(aucentre) àHanoi enseptembre1954,aprèsquatremoisdedétentiondanslescampsvietminh.

QUANDLEBÉRETAMARANTEAFAILLIDISPARAÎTRE…

Porté pour la première fois parles SASdelaFrancelibre (lirepage34), le béretrouge (amarante) futimposéàtous lesparachutistesd’Indochine en 1952 parlegénéraldeLattre, excepté pour la Légion.Avant d’être généralisé en 1957 à l’ensemble lestroupes aéroportées de l’arméedeterre (légionnaires et commandosmarineconservantleurbéret vert). Après le putsch d’Alger,lebéretkakiclair,typeGurka,remplacelerouge,jugé trop “sulfureux”.Une humiliation quineseralevéequ’en juillet 1968.L.B. P AF dans la mitraille, se lancer à l’assaut d’un adversaire Ameillag,en1958sur Sidi AhmedetTimimoun. Les dix fois supérieurennombreetenmatériel… opérationss’enchaînent: Couronne,Courroie, Lesaccords de Genève signés, lesparas vont abor- Jumelles, Pierresprécieuses, Étincelles, Flammèche, derlaguerred’Algérieamers mais nontraumatisés Cigale,Trident… parladéfaiteenIndochine, qu’ils attribuent, à juste Entraînéspar deschefsaguerrisenIndochine, titre, auxpolitiques. À peinelibérésdel’enfer des lesparas vont exceller dans cetteguerrecontre- campsvietminh,ils reprennentpresque immédia- révolutionnaire. Avec leshélicoptèresqui viennent tement la routedes Aurès, du Constantinois, de la de faireleurapparition,ils en ontdésormais les Kabylie, de l’Oranie et de l’Algéroisoùvientd’écla- moyens.Néen Indo,lemythe para trouve sa consé- terune nouvelleguerreavecles attentatsdelaTous- cration en Algérie.Comme hier,c’est la guerre saintsanglante (1er novembre 1954). deslieutenants et descapitaines. La vesteléo- Constituées à 90 %d’appelés, les10eet 25e divi- pard et la casquetteBigeard (lirepage28) sont sionsparachutistes(DP)vontsauteren1957sur redoutées jusqu’auxzones rebelles lesplusrecu-

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 25 12 TO HO -P DR Soldatsdugroupementdecommandoparachutiste (GCP)du8e RPIMaenpatrouilleen2008 lées.Pendant huitannées,les parachutistes danslavalléeduNijrab,enAfghanistan. “métro”, “colo” ou légionnaires ne quitteront jamais le terrain. De jour commedenuit à tra- quer lesrebelles. Dans lesmontagnes,les oueds, lesforêts, le désert… et pour ces civils qui, surleForum d’Alger, lesavaient acclamésle13mai 1958.Depuislanuittragiquedu 1er novembre 1954,ils ont tout tenté pour honorer Faceàlacalomnie lespromessesfaitesaux populationsmusulmanes etauxcampagnesantimilitaristes de lesprotégerduFLN et pour conserverledépar- tement algérien à la France.Lorsqu’ilfut clairqu’ils Aprèsles dunesdeColomb-Béchar,les sommetsde allaient devoir trahir leur parolesix ansaprèsavoir Kabylie, le massifdes Aurèsetl’offensive avortée dû abandonner leurssupplétifs du Vietnam du Nord, surSuez,illeurfautencorealler gagner la bataille plusieursdeces centurions choisirontlarévolte. d’Algerpar desopérationsdepolicequi leslaisse- Mais le pronunciamiento tournecourt.Les paras, ront écœurésetdésemparésaprèsleputschraté et dans leur ensemble,ensubirontles conséquences: lesaccords d’Évian. régiments dissous, humiliésoumis à l’index,bérets CommeenIndo, ilsnesesontpas battuspourles rougesinterdits (lireencadré page 25)… Orchestrées politiques quiles ontlâchés, mais pour lescopains à la suitedecedésastre,des campagnesantimilita-

ÀUZBIN:ÀUNCONTREHUIT ! L’intervention en Afghanistan (2004-2012)restera gés étaient… huit fois plus nombreuxque nosparas, marquéepar l’embuscade tenduepar lestalibans ceux-ciont accompli d’incroyablesactes de bravoure, à unesection du 8e RPIMa (régiment parachutiste remontant inlassablement à l’assaut malgré d’infanteriedemarine),le18août2008, dans la vallée lesblessures,lasouffrance, l’épuisement, la soif d’Uzbin. Dixmorts et vingtetunblessés. À l’occasion et l’effroi.Plusieurs se sont aussisacrifiéspoursauver de cesseize heuresdeterriblescombats où lesinsur- camaradesouchefs de section.L.B.

26 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 LES SEIGNEURS DE LA GUERRE

TROUPESDEMARINE :“ETAUNOMDEDIEU,VIVELACOLONIALE !”

3:c’estlenombrederégiments destroupes parlepère CharlesdeFoucauldlorsque de marine portantlebéret amarante: cestroupesdechoclesauvèrentd’une mort 1er RPIMa (régiment parachutiste certaine lors desrévoltes antifrançaises d’infanteriedemarine, Bayonne),3eRPIMa du Sud algérien.Soldats d’élite,les 20000 (), 8e RPIMa (Castres). Héritières “marsouins” et “bigors”,chantantleur desCompagnie ordinairesdelamer créées hymneaugarde-à-vous, ont été projetés parlecardinal de Richelieu en 1622, dans toutes lesopérationsextérieures lesprestigieuses troupes de marine (TDM) de cesquarantedernièresannées.L’ancre au képi bleu nuit sont nées de la fusion, de marine qu’ils portentsur leur béret en 1967,del’infanterieetdel’artillerie (enphoto, l’insigne de la spécialité coloniales. Avantcela, ellessesontillustrées parachutiste), quiles différencie de toutes jusqu’en… Chinecontreles sociétéssecrètes lesautresarmes,est leur fierté. À Fréjus, le menaçantles légationsoccidentales. muséedes Troupes de marine (frejus.fr) Leur crideralliement, « Et au nom de Dieu, rend hommage à leurfabuleuse vive la coloniale! »,est celuilancé épopée. L. B. ristes clouent d’abordles parachutistesaupilori. Pas seulementles Massu, Bigeard, TrinquierouLePen; lessimples soldatsaussi.Tous, lesvivants et lesmorts. Commesilefaitdeporterlebéretamarante faisait d’euxdes assassinsenpuissance. Mais c’était comptersanslaforce destraditions. Et leur prestige toujours intact chez lesjeunes patriotes. Lesrégiments parasvontcontinuer d’at- tirer. Aprèsune traverséedudésert de dix ans, lesvoilà de nouveau projetésenAfrique:opérations Bigeard :“Unepisteaudestin Bison, Lamantin,Tacaud, Manta… Nos parachutistessontauTchad, imprévisible,oùlamortfrappe en Mauritanie,auZaïre,enCen- quandellelechoisit…” trafrique. Leslégionnaires du 2e REPsautent surKolwezi.AuLiban, sous le béretbleudes soldatsdelapaixdel’ONU, passer,audestinimprévisibleoùla mort frappe lesparas multiplientencoreles faitsd’armes.Conti- dansledécorqu’elle achoisi,comme l’a écrit le géné- nuent à verserleursang. Avec, toujours,cet esprit ralBigeard dans Piste sans fin (Grancher, 2000). para où primentlagénérosité,l’entraide, le don de Piste cruelle,parfois glorieuse, mais souvent jalon- soi,comme durant l’embuscade tragique tendue néedesacrificesinutilesoùl’on ne se bat plus que parles talibansdanslavalléed’Uzbin, en Afgha- pour soncopain,son voisin »… nistan,le18août2008 (lireencadré page de gauche). Ajoutéàla discipline, c’estcet esprit “béretrouge” La France,cejour-là,redécouvre ses hérosmodernes. quiapermis à nosparas de dépasser lesreproches Quel’onretrouve encore au Tchad, en Centrafrique, et lesdoutesnésdes brumes de la guerre,etde au Gabon, au Congo, au Rwanda,enIrak, au Zaïre, repartir,comme toujours,versd’autresfronts,vers en ex-Yougoslavie,maisaussi dans tous lesconflits d’autres missions. AinsiduMali, aujourd’hui,oùla périphériques de la guerre froide et face auxnouvelles nouvellegénération resteconsciente, commele confrontations nationalistesouterroristes… disait encoreBigeard,que « ceux qui lesont quit- Pour leshommesaubéretamarante,c’est par- tésles regardent et ne leur ontpas encore dit de tout,detouttemps,lamême quête: s’accrocher à s’arrêter ». • « cettepiste quel’onhait mais dont on ne peut se LouisBassompierre

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 27 XXXXX MMA GA S/ CIE SO AS RS PORTE RE LamarchedesCenturions HérosducélèbrelivredeJeanLartéguy,lesparasdeBigeardenAlgérieontinventé la“guerrenonconventionnelle”. DécriéeenFranceparles“bien-pensants”, latactiquevictorieusedesCenturionsestaujourd’huienseignéeparl’état-major…américain.

’est à la découverte parhasard, dans une dence. Centurionsd’hier, centurionsd’aujourd’hui. oasissaharienne, de deux inscriptionsgra- Lesmêmeshommes. À la fois indocilesetdiscipli- vées surundébris de colonneromaine que nés. Proieetgibier. En butteaux mêmesincessantes Jean Lartéguy(1920-2011) doit d’avoirsou- guérillas surces terres lointaines et à la même incom- Cdain trouvé le titredulivre quiferala préhension là-bas,trèsloin, de la part des éliteset légendedeses héros à la casquette léopard (lirepage despolitiques… suivante):«TitusCaius Germanicus,centurion à « Lesképisblancstenaient lesmêmes postesde la Xe Légion »,indiquait la plus ancienne;«Friedrich guetque leslégionnairesdeCornelius Balbus, rien Germanicus,centurion au 1er REP »,signalait la n’était changé, racontera-t-il. Assisfaceaudésert, seconde. Pour l’ancien militairedevenujournaliste je rêvais à cesdéfenseurs oubliésdu“limes” qui et romancier, c’estune révélation:leparallèle entre regardaientdanslelointain manœuvrerles esca- sescompagnonslégionnaires,auprèsdesquelsil dronsnumides.Quand viendrait la nuit, cescava- campaitcejour-là pour un reportage, et lesloin- liers, qui savaient leur faiblesse, lesattaqueraient, tainssoldats de Césarlui apparaîtcomme une évi- et ilsdevraient se défendre seuls, sansespérer de

28 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 Constantinois,1956.Àdroite,lecolonelBigeard LES SEIGNEURS DE LA GUERRE surleterrain.Ilportelacasquette“lézard”quideviendra réglementairepourlestroupescolonialesen1958.

Desparaspartagés entredevoird’obéissance etespritrebelle.

secours. Tandis qu’à Rome,leSénat était devenu lesmains,sansêtrecouverte parl’autorité poli- un marché où tout était à vendre,etlapolitique tiquequi lui avait donné l’ordre de juguler l’insur- unefoire d’empoigne où tous lescoups étaient rection du FLN partousles moyens,maisdétournait permis. Le rapprochement aveclaIVeRépublique pudiquement lesyeuxquant à l’application de ces allaitdesoi. » moyens. » Ceuxqui,aprèsavoir vécu l’abandonde Publiésen1960, et vendus à… un million d’exem- l’Indochine, ne se résoudrontpas au lâchagede plaires, lesCenturions ancrerontdansles espritsla l’Algérie deviendront lesPrétoriens,titre de son renomméedeces paraspartagésentre devoird’obéis- roman suivant. sanceetespritrebelle.Ses personnages assoiffésde Impossible en effet pour ces centurions, si emblé- victoire,maisenproie au doutesur leur mission, matiques destroupes d’élite de l’époque, passées leursmoyens et leurssupérieurs si éloignésduter- de l’une à l’autre, de dissocierl’IndoduDjebel. Le rain,Lartéguyest aussi allé leschercherdanslaréa- dramevécu en Extrême-Orientexpliquepourune lité.Dudéjàlégendaire Marcel Bigeardilferale large part la révolteetleputschdes “soldatsperdus” flamboyant colonel Raspéguy. C’estenpartant du de 1962.Enattendant,c’est un nouvel “artdela capitaineClaude Barrès, petit-fils de l’écrivain, qu’il guerre” quevontinventeretthéoriser lesparas de créeralecapitaine Esclavier, tandis quelecomman- Raspéguy-Bigeard. Commeledit Boisfeuras dans dant Jean Pouget,rescapé de Diên Biên Phuetinterné le roman,«le tempsdel’héroïsme estbien mort (…). au terrible camp n° 1, prêteracertainsdeses traits Lesarmées nouvellesn’aurontplusnipanachesni au capitainedeGlatigny. musiques. Ellesdevront être efficaces ».Objectif: s’adapteraux méthodes de l’ennemi. Le harceler parpetitsgroupes,sansattendrele“grandaffron- “Unenouvellearméecapablede tement” quineviendrajamais, et s’appuyersur le vaincredessoldatsrévolutionnaires” renseignement, obtenu partousles moyens, pour déclencherdes opérationscoups de poing. Une “sale Cesparas romantiques et désabusés«aspiraient, guerre”,dirontles belles âmes.Maisune guerre vic- diraLartéguy, à un nouvelordreplusjuste,plus torieuse.Aupoint,plusdequarante ansplustard, pur,etàunenouvellearmée, affranchiedelarou- de voir lesCenturions largement citésdanslemanuel tine et de conceptionsdésuètes, capable de vaincre de guerre du généralPetraeus, commandant des dessoldats révolutionnaires,cequi supposait forces américaines en Irak et en Afghanistan. Tandis qu’elle s’inspirât elle-mêmedeméthodesrévolu- quelaFrance, elle,n’auraque réprobation à leur tionnaires. Pour ce faire, ajoutait-il,elle devait s’af- égard… • franchir de sestraditionsrespectablesetsesalir Arnaud Folch

LA“CASQUETTEBIGEARD” C’estenAlgériequ’estapparupourlapremière fois ce n’en estcependant pasl’inventeur.Devenue couvre-chef avec protège-nuque couleurcamouflage réglementairepourtoutesles troupes coloniales porté,enplusdubéret rouge,par lesparas.S’ilest en 1958,cette casquette souple futeneffet inspirée, resté célèbre sous l’appellationde“casquetteBigeard”, dèsl’Indochine, parcellesdel’Afrikakorps celui-ci,lepremier à la faireadopter parses hommes, de Rommel et de l’arméejaponaise. A. F.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 29 XXXXX FP /A ET AG LS JOE “Leschasseurssefonttuer maisneserendentjamais !” “Camerone”deschasseursalpins,quilefêtentchaqueannée,lecombatàuncontrecent deSidi-BrahimenAlgérie(23-26septembre1845)faceauxtroupesd’Abdel-Kader estunsommetdel’héroïsmemilitaire.TirédulivredeJeanMabireChasseurs alpins, l’incroyablerécitdecetépisodeàlafoistragiqueetglorieux.Extraits.

es cavaliersarabessurgissent. Ilssontdes cen- — Donnez-moi ce papier,dit Géreaux. taines,des millierspeut-être.Ils s’élancentau Et le capitaine écrit surlebilletenvoyé parAbd galop contre le marabout [petit fortin,NDLR]. el-Kader:«Plutôtmourirque de nousrendre. » Bien protégésderrière leursmurs, chasseurset Le message estretransmisdelamême manière. L hussardsles fusillent à bout portant. Le flot ennemi Quelques minutesplustardune vive fusillade sera reflue.D’autresassaillants arrivent.Lamontagne la réponsedel’Émir au refus de Géreaux. estblanche de burnouscomme s’il Un nouveau message arrive cependantpeu après. neigeait… Un messagerdel’Émir [Abd — Cette fois,dit Lévy,c’est plus grave. Abdel-Kader el-Kader,chef de la résistanceaux annonce qu’ilafait desdizaines Français, NDLR] s’avance.Géreauxrefusedelelais- de prisonniersparmi noscama- serentrerdanslemarabout-forteresse. L’homme rades et qu’ils seront décapitéssi doit passer un messagepar-dessuslemur à l’aide nous refusonsdenousrendre. d’unelonguetigederoseaufendue. C’estune simple — Répondez-lui quenoussommes feuilledepapiercouvertedecaractèresarabes. sous la garde de Dieu,ordonne

— L’Émir nous demande de nousrendre, traduit A Géreauxqui n’aplusd’autres BC E

Lévy.Sinon,ilseraimpitoyable. 12 ressources.

30 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 Pagedegauche,ci-contre:chasseursalpinsentenuedemontagne LES SEIGNEURS DE LA GUERRE àl’entraînement.Enbas :JeanMabire,ancienchasseuralpin. Ci-dessous,àdroite :lecordechasse,emblèmedececorpsd’élite.

Et le capitaineajoute à mi-voix: — Espéronsqu’ilnesaitpas quenousmanquons d’eau, de vivresetdemunitions. Un troisième messagearrive.Ilest rédigé en fran- çaispar un desprisonniers, quil’a écrit sous la menace. « Vous êtes perdus, déclarel’Émir.Jevous réduirai parlaforce ou parlafamine. » Épuisé parsablessure, le capitainedeGéreaux s’est étendu à l’ombredumarabout. C’estlecaporal Lavayssière quiprend le crayon de sonchef et écrit Deuxcoupsdefeu. d’unegrosse écritureappliquée: « MerdepourAbd el-Kader.Les chasseurs se font tuer mais ne se rendent L’officiers’écroule. jamais. » Géreauxtrouve la forcedesourire. Sesgardiens — C’estexactementceque j’aurais écrit,murmure- t-il. luitranchentlatête. L’Émir,pourtant, ne renonce pas à obtenir la red- dition desencerclésdeSidi-Brahim. Il expédieun nouveau messager queles assiégésreçoivent à coups de fusil. Alors, il fait venir le capitaineadjudant- s’amoncellentdevant lesdéfenseurs du marabout. majorDutertre. Fait prisonnier quelques heures Lesassiégéss’entirentsansmal.Seulunsous-offi- auparavant,l’officierpeutencoremarcher malgré cier,levieux sergentSteyaert,déjàblesséàla cuisse, sesblessures.Onlui demandedeconseiller à ses reçoitune ballequi luitraverseles deuxjoues sans camaradesdeserendre. même luifracturer la mâchoire. […] — Tu leur dirasque s’ilsrefusent, tu auraslatête À l’aube du 24 septembre, l’émir Abdel-Kader tranchée! […] décide,avant de leverlecamp, de réduirelagar- Dutertre estconduit parsix Arabes à unecin- nisondumaraboutdeSidi-Brahim.Unnouveau mes- quantainedemètres d’un desmursdepierres.Iln’a sage au capitainedeGéreauxprovoquelamême plus surlui qu’unpantalondéchiré et unechemise réaction queles troismissivesdelaveille. LesArabes en lambeaux.Sansses lunettes, il ne voit pasgrand- resserrent alorsleurdispositifetcommencent à chose mais distinguequelquesvaguessilhouettes ouvrir un feunourri surles défenseurs.Bienabri- autourdumarabout. tés, hussardsetchasseurs laissent pleuvoir cette — Tous noscamarades sont tombés, leur crie-t-il. Il grêledeballessansbroncher. ne resteque vous. Ne vous rendezpas et résistez — Nous lesauronspar la faim et la soif, décide alors jusqu’à la mort! Abdel-Kader. […] Deux coupsdefeu claquent.L’officiers’écroule. Le soleil de l’aube [dulendemain, 25 septembre, Ses gardiens luitranchentalors la tête et l’un d’eux NDLR] va trouverles chasseurs et leshussards, assoif- va la brandir sous lesmursdumarabout. Unedéto- féstoutautantqu’affamés. Leursmaigres provisions nation et l’Arabes’écroule,entenanttoujoursdans sont épuisées depuis longtemps. Alorsles défenseurs sonpoing serré la cheveluredumalheureuxDutertre. du marabout de Sidi-Brahimensontréduits à mâchon- Lesassautsvontalors se succéder. Chaque vague nerdes herbes et desfeuilles. La soifdevient un sup- estbriséepar le feudes carabiniersetles cadavres plicepireencore. Lesmalheureuxvontboire leur

AUXORIGINESDESDIABLESBLEUS C’esten1888,souslaIIIe République,qu’ont été créés (corps desfusiliersdes Montagnes,1744) et de la lesdouze premiersbataillonsdechasseurs à pied Révolution (Chasseurs du Gévaudan,Volontaires du affectés à la défensedes Alpes:les Bataillonsalpins de Dauphiné,Légion desAllobroges, puis Chasseursdes chasseurs à pied, quel’usage transformera rapidement Alpes,entre 1791 et 1793). Les troupes de montagne sont en Bataillonsdechasseurs alpins (BCA). Ce sont les regroupées depuis 1999 au sein de la 27e brigade héritiersdes troupes de montagnedel’AncienRégime d’infanteriedemontagne (BIM), ex-division alpine.A.F.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 31 LES SEIGNEURS DE LA GUERRE T VIOLLE R- OGE /R HARLINGUE RT ALBE

urine, additionnéedequelquesgouttes d’uneunique fusil au lieutenant de Chappedelaine quileremplace bouteilled’absinthequi passedemainenmain. […] alors dans lesrangs. […] Tous souhaitent unesortie, pleine de risques. S’il — Combiennousreste-t-ildecartouches?demande faut mourir,autantêtrefrappé d’uneballe quepérir l’officier. lentement de faim et de soif au milieu despires hal- Le compte estvitefait. lucinations. […] — Quatre parhomme,mon capitaine. Le 26 septembreaumatin,lecapitaine dit à Chap- — Advienne quepourra. Nous allons charger à la pedelaine et à Rosaguti: baïonnette. […] — Si nousrestons ici, noussommesvoués à unemort Desadversaires surgissent de plus en plus nom- certaine. Alors il vaut mieuxtoutrisquer et mourir breux. C’estune véritable maréehumaine.Lelieu- lesarmes à la main. tenant de Chappedelaine,atteint de deuxballes, Le lieutenant et le chirurgien approuvent leur tombelepremier.Ilest mort. Ou ne vaut guère chef.Géreauxdonne aussitôtses ordres pour le mieux. Dans quelques secondes, il aura la tête départ: tranchée. — Il faut rester en carré.Vingt hommesenavant; vingtenarrière.Etquinze de chaque côté.Objec- tif, le port de Djemaa-Ghazouet. Départ à sixheures “Àlabaïonnette!” du matin. ordonnelegradé Surpris, lesassiégeants,qui ne s’attendaientpas à unesortie, sont bousculésetlapetitetroupe prend Le capitainearrive à rassemblerquelquessurvivants la direction du nord-est,verslerivageetlaliberté. dans un bouquet de figuiers,aupiedduvillage de […] Ouled-Ziri,prèsd’une source.Avant de mourir,ses De tous lesdouars, deshommessurgissentpour hommes vont pouvoir étancherleursoif. Entouré barrer la route auxchasseurs et auxhussardsres- du chirurgienRosagutietdel’interprète Lévy,l’of- capésdeSidi-Brahim.Des coupsdefusil claquent, ficier,totalement à bout de force, arrive encore à tout proches. Troiscarabiniers, lesjambesfracas- commander: sées,tombent à terre. —Formez le carré! — Nous ne pouvonsplusmarcher,disent-ils à leurs Ils ne sont plus quequelquescarabiniersetdeux camarades.Nousnevoulons pastombervivants ou troishussardspouressayerdefaire front à une entreleurs mains. Achevez-nous, lesamis! meute hurlante quidévale lespentesdel’ouedMersa. Un hussard estfrappéàsontourdanslecou.Deux Leschasseurs d’Orléansles accueillent à coupsde de sesvoisins le soutiennentetleblessé donne son baïonnetteouàcoupsdecrosse. Unehorrible mêlée

32 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 Photodegauche :dansle“marabout”deSidi-Brahim, avantlasortiehéroïque.Àdroite :cartepostaledudébut duXXe siècleconsacréeauxchasseursalpins.

“BLEUCERISE”ET“JONQUILLE”

“Bleu cerise”:c’est l’expression utiliséepar leschasseurs alpins pour désigner la couleur rouge.Laquellen’est jamais prononcée

I à troisexceptionsprès:le rouge(de la Légion IV

RK d’honneur)deleurfourragère,lebattant /A

ES du drapeautricolore et… leslèvres desfemmes. AG

IM De même la couleurjaune se dit “jonquille”.A.F. G- AK commence. D’autres indigènesarrivent à la curée, à la mortetàla captivité.Lecaporal Lavayssière ne venusdudouar de Sidi-Amar. commande plus qu’à unepetitetroupedefantômes Cette fois,c’est la fin. […] surgis de quelqueenfer.Ilest le seul à posséder Peu à peu, toute tentativedeformeruncarré encoresacarabine, sans uneseule cartouche.Tous devient illusoire et chaque combattant estentouré lesautresont perduleurarmedanslamêlée. Deux parune grappe d’ennemis. La plu- part vont périrtoutprèsdusalut. Carlepostecôtier n’estplusqu’à quinze centsmètres! “Unehorriblemêléecommence. Le capitainedeGéreauxest tué parmi lespremiers. Puis tombele Cettefois,c’estlafin.” chirurgien Rosaguti et le sergent- majorMerley. […] Bientôt, il ne resteplusque le caporalLavayssière et unevingtaine d’hommes. hommes vont encore mourir d’épuisemententom- —Àla baïonnette!ordonnelegradé.Onvaessayer bant dans lesbrasdeleurs camarades. Troisautres de rejoindreDjemaa. Chacun pour soi! succomberontplustard à leursblessures. À ce moment, troiscoups de canonspartent enfin Desdéfenseurs du marabout de Sidi-Brahim, il du fort.Unprojectiletombe au milieu despoursui- restealors onze hommes vivantsetlibres, dontun vantsqui se dispersent. Leschasseurs rescapés seul hussard. courentencoreplusvite. Ilsdoivent remonterla Et c’estainsi qu’unminuscule lieu-dit d’Oranie pente escarpéedel’oued, carlabourgadeportuaire entrera à jamais dans l’histoire deschasseurs d’Or- se trouve surl’autre rive.Enfin, ilsarrivent épuisés, léans, ancêtres desAlpins. • sous ses murailles. — Halte! Lessentinelles ontprisles quelques survivants quisurgissentcomme desdiables pour desindi- gènesrevêtusdes défroquesdesoldats français massacrés. “Chasseurs alpins,des Vosges Enfin, ilssefontreconnaître. De toutelacolonne auxdjebels,1914-1964”, Montagnac, il ne restepas un seul officier ni un seul de Jean Mabire,Presses de la Cité, sous-officier. Et seize hommes seulementont échappé 1984,460 pages.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 33 XXXXX TO HO KP OC ST MY LA /A ION CT OLLE YC OR ST HI RY TA MILI LescommandosSAS delaFrancelibre FaisantpartiedesSASbritanniques,cesparasfrançaisontparticipéauxcampagnesd’Afrique duNordpuisàcellesayantsuivileDébarquementenEurope.Unsurcinqyaperdulavie…

epremier mortdujourJest tombéàprèsde releva et,désarmé,fut fauché parune rafale alle- 300kilomètres desplagesduDébarquement. mande.Ses camarades eurent le tempsdesedisper- C’était un caporalparachutistefrançaisde28 seretderejoindre le maquis de Saint-Marcel, à ans, Émile Bouétard.Ilavait été parachuté proximité. L dans la nuit du 5au6juin avec un stick du 4 th Leur histoire commence presquequatreans plus Special AirService (SAS) à Plumelec, au sud-ouest de tôt, le 29 septembre1940,jouroùle généraldeGaulle Ploërmel (Morbihan). Objectif de l’opération:faire décide la créationdela1re compagnied’infanteriede diversion,afinderetenir lestroupes allemandesqui l’air. « Lorsquenousnousbattrons, demain,pourchas- occupaient la Bretagne au moment où lesAlliésallaient serl’occupant de France,les parasseront lespremiers débarquer. Aprèsavoir touché le solvers0h30, le à participeraucombat »,annonce-t-il.Lecomman- jeuneparasetrouva isolé avec lessiens.Leronflement dement de la compagnieest confié au capitaineGeorges du bimoteur quiles avaitparachutés éveillaunposte Bergé.Deuxfoisblessé durant la batailledeFrance, allemand.Ilfut repéré.Unviolent échange de tirs s’en- celui-ci estarrivé en Angleterre le 21 juin.Entouré de suivit;Bouétard futblessé.Munitions épuisées,ilse 24 volontaires, il obtientlebrevetdeparachutiste mili-

34 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 LES SEIGNEURS DE LA GUERRE Légendelégendelégende

Auteurdela“prièredupara”, l’aspirantZirnheldestfauché parlesballesdesstukas.

tanniques,David Stirling. Lequel recherche précisément deshommesentraînésaux opérationsdecommando… Quelques mois plus tôt, Stirlingaeneffet convaincu son état-majordelui confier desmissionsdesabotage au soldes avionsdelaLuftwaffe, quialamaîtrisedu ciel en Méditerranée. Pour cela,ilacréé uneunité ultra-spécialisée, organiséeenpelotonsdecinqousix combattants, les sticks,dontiltrouve le nom, Special JeepdeSASfrançais AirService Brigade (SAS), et la devise, “Whodares enaoût1944. wins” (“Quiose gagne”). AprèsaccorddeDeGaulle, Desopérations il incorpore leshommes à son1er régiment SASsous commando l’appellationdeFrench Squadron (escadron français). d’uneaudacefolle pourprendrel’ennemi sursesarrières. Spécialistesdesmissionsdesabotage derrièreleslignesennemies taire, suit l’entraînementdes commandosets’initie En juin 1942,les sticks françaisréalisentavecsuccès auxtechniques de sabotage dans une école desser- desraids destructeurs contre desaérodromesetdes vicessecrets britanniques. basesnavales de l’Axejusqu’à… 400kilomètres der- En mars 1941,Bergé et quatredeses hommessont rière le front. Au même moment, Bergé et cinq SAS parachutésenFrancepourune reconnaissancede sont débarquéspar un sous-marin surlacôte nord de troissemaines. En mai, un autregroupe fait exploser la Crète,occupéepar lesAllemands depuis 1941.Objec- la centrale électriquedePessac (Gironde),alimentant tif:l’aéroport d’Héraklion,enGrèce,basestratégique le traficferroviaire et la base allemande de sous-marins de la Luftwaffeoùsont détruits22appareils.Mais de . Puis, toujours commandéepar Bergé, Bergé estcapturé et expédiéàl’oflag de Colditz, en uneunité d’unetrentaine d’hommesrejoint le Proche- Saxe.(OùStirlingsera égalementinterné aprèssacap- Orient.Enjanvier 1942,ledétachementest affectéà ture en 1943,toutcomme le successeur de Bergé,le Kabret,uncampd’entraînementdes parachutistes capitaineJordan. Tous ont été libérésen1945.) britanniques au bord du canaldeSuez. Le Royaume- À l’été puis à l’automne1942, lesSAS participent Unicontrôle alors l’Égypte, quesouhaitentconqué- auxdeuxbatailles d’El-Alamein durant lesquelles les rirles forces italiennes et allemandes(l’Afrikakorps) Britanniques mettentunterme à la percéedel’Afri- depuis la Libye. C’estlàqueles Françaisfontlaconnais- kakorpsenÉgypte, puis chassentdéfinitivement les sanced’unjeune lieutenant desforcesspéciales bri- forces de l’Axedupaysavant de conquérirlaLibye.

DEGAULLE :“ENTRETOUS,LESPLUSEXPOSÉSETLESPLUSAUDACIEUX” Dans unelettredatéede1953, le généraldeGaullearendu de la libération en Bretagne, dansleCentre, hommage à sescompagnonsd’armes SAS. « Pour lespara- dansl’Ardenne;avant-gardejetéeduhautdes airs chutistes,laguerrecefut le danger,l’audace,l’isolement, danslagrandebataille du Rhin;voilà ce qu’ils ontfait, écrit-il. Entretous, lesplusexposés, lesplusaudacieux, jouanttoujours le toutpourletout, entièrement livrés lesplussolitaires ont été ceux de la France libre. Coups à eux-mêmes,aumilieudes lignesennemies. Voilà où de mainenCrète,enLibye,enFranceoccupée;combats ilsperdirent leursmorts et récoltèrent leur victoire. » F. C.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 35 ParachutistesduSAS,hérosdesForcesfrançaiseslibres,enFrance enaoût1944.Enbas,Stirlingautempsdu“LongRangeDesertGroup”.

Le plus légendairedes raidsSAS de cettepériodea lieu surlabaseaérienne de Sidi Haneisch,danslenord de l’Égypte, en juillet 1942.Délaissant la tactique des petitesformations, le majorStirlingprend la tête d’un détachement de 18 Jeep armées de 50 mitrailleuses. Trois équipages sont français. Lesvoitureseffectuent deux passagessur la piste, détruisantplusde30avions. Auteur de la Prière du para (lirepageXX),l’aspirant françaisZirnheldyserafauché parles balles desstukas. Fin1942, de Gaulle décide de rassemblerenGrande- Bretagne les élémentsfrançaisduSAS pour lespré- parer à la libération de l’Europe. Lesguerriersde l’AfriqueduNordsefontsoigner.Puisreprennentl’en- traînement en Écosse avec plusieurscentaines de volontairesarrivésdemétropoleetdes colonies.Les exercicessedéroulentdansdes conditions effroyables: marchesinterminables, sautsdejouretde nuit, manœuvresles plus périlleuses…

Tactiquedu“hitandrun” : frapperfortetdécrochervite Formidablement aguerris, 32 de cesparas,répartis en quatre sticks dontcelui du caporalBouétard, sautentsur le Morbihanetles Côtes-du-Nord(aujourd’hui Côtes-d’Armor)danslanuitdu5au 6juin 1944.Outre l’objectif décrit plus haut d’y fixerles 80000 soldats allemandsqui ystationnent,ils sont chargésd’acti- verles groupesderésistants et d’organiser le para- chutage de leurs camarades, de conteneurs d’armes et de matériel.Autre mission,détruire tout ce qui peut servir à l’ennemi:ponts, routes, tunnels, dépôts de carburant… AprèsleDébarquement, environ 500SAS seront déployésduLoir-et-Cher à l’Allier.Ils vont harceler E

AG lesarrièresdelaWehrmacht selonlatactiqueduhit EM

LE andrun,frapper fort et décrochervite (encadré,page E/ xx). À l’issue de troismoisdecombats,ils sont envoyés USIS-DIT au reposenChampagne,puisenGrande-Bretagne. À la mi-décembre,200 d’entreeux sont encoreengagés dans la batailledes Ardennes, où unecontre-offen- sive allemande vientd’enfoncer le frontdes Alliés. “QUIOSEGAGNE” En avril1945, la Wehrmachtcherche à gagner du tempspourseretrancherenbon ordrederrière le Les régiments de SASfrançaisont Rhin. Établie auxPays-Bas, danslaprovinceorien- un héritier revendiqué:le1er régi- tale de la Drenthe, sa lignedefront bloquelapro- ment de parachutistesd’infanterie gression destroupes canadiennes. Prèsde700 de marine (1er RPIMa)deBayonne, hommes desdeuxrégiments françaisdeSAS ysont appartenantaucommandement parachutés. Chaque stick s’estvuconfier unemis- desopérationsspéciales.Lequel sion de destruction ou de protection d’un pont,d’un arepris leurdevise, “Quiose gagne”. canal, d’un aérodrome, en plus desinitiatives de

36 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 LES SEIGNEURS DE LA GUERRE

SASAUSECOURSDELARÉSISTANCE :LAFUREURETLAGLOIRE

La lutte desSAS françaisenFrance le 16 aoûtsur lesplagesdeFrance, unecolonne deplusieurs milliers occupéeaprèsleDébarquement aprèsavoir scindé en quatre groupes d’Allemands, équipésdeblindés, ressemble à unecavalcade furieuse, ses équipagesdeJeepilvaengager d’automitrailleuses, de Panzerfaust… à unechasseinfernale où le gibier unediagonale mortellequi le Troisdes Jeep prennent en enfilade c’estl’Allemand. Parachutés conduiradelaNormandie la rueoùsont stationnées lesforces avantmême le jourJoudébar- à la Saône viaOrléans, en retraite. Surplusieurs centaines quésavecleurJeepdansles Montargis,Auxerre, de mètres,c’est un mitraillage semaines qui suivent, les pour finalement atteindre forcené,uncarnage qui couche groupes de SASvontessaimer La Vineuse,non loindeCluny. d’innombrablesennemis.Les Jeep vers Nantes,verslaVienne, les À partirdu28août, avec les remontent toutelacolonne,l’écrasant Charentes, ou au plus profond quatreJeepqu’il agardées sous un feud’enfer.Quand la 1re DB de territoires où pullulent avec lui, il multiplieles accro- pénètredanslevillageenfind’après- encore lesforces de la Wehr- chages avec l’occupantqui midi, les12SAS de Combaudsont macht. C’estlecas de l’escadrondu maintenant se replie.Jusqu’au morts. Leur bilan:prèsd’unmillier lieutenant GuydeCombaud-Roque- 4septembre,danslevillage d’Allemands tués. Yves Le Bescond brune. Arrivant en 1943 à Londres de Sennecey-le-Grand,ausud aprèsunséjourdansles prisons de Chalon-sur-Saône… Ce quis’est L’abbaye du village voisin de La Ferté espagnoles,l’officierderéserve passé ce jour-là défiel’imagination. abrite la Maison de la Résistance intègre à 37 anslecentred’entraîne- Le groupe de quatre Jeep de Combaud et de la libération du Châlonnais ment desparachutistes. Lâché pénètredanslaville, où eststationnée et le muséedel’ÉpopéeSAS.

Ponts,routes,tunnels,dépôtsd’armes etdecarburant,convoisennemis : rienneleurrésiste !

déstabilisation destroupes allemandes.Maisl’opé- de la zone prévueenordre dispersé.Ils ne disposent ration a été malpréparée. Gênéspar de nouveaux d’aucuncontact surleterrain.Lors de cettedernière types de radars peuefficaces,les pilotesdes avions mission avantlafindelaguerre, lesSAS de la France de parachutage peinent à identifier leszones de lar- libreessuientdelourdes pertes:plusde30hommes gage.Les hommes sont lâchés à 500mètres d’alti- sont tuésaucombatouexécutés, 60 blesséset70 tude,deuxfoisplushautqu’à leur habitude.Beaucoup faitsprisonniers,enseulementhuitjours. d’entreeux se blessent, atterrissent à deskilomètres Au nombred’environ un millier entre1940 et 1945,les FrançaislibresrattachésauSAS ont infligéàl’arméeallemande despertesconsidé- rables: desmilliersdesoldats allemandsont été tués, blessésoufaits prisonniers. Lesassautsde cescommandos ontlargementcontribuéàsaper O

OT le moraldes troupesallemandesenreflux,cequi

PH était leur vocation.Maisils onteux aussiessuyé

OCK de lourdespertes:prèsd’unhomme surcinq… Issu ST e

MY de cettecompagnie de hérosméconnus,le2 régi- LA

/A mentdechasseurs parachutistes fera partiedes 18

VE unitésfaitescompagnonsdelaLibération à titre HI RC collectif. • RA WA FrançoisCote

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 37 XXXXX VA “Monbaptêmeparadanslabaie duMont-Saint-Michel” Àl’occasiondes70ansdelacélébrationdelaSaint-Michel,notrejournalisteLouisdeRaguenel asautéau-dessusdelabaieduMont-Saint-Michel.Unsautorganiséàl’initiativedugénéral PatrickCollet,commandantdelabrigadeparachutiste(11e BP).Reportage.

prèsavoir embarquéà17h15, le 27 sep- profitons de la chaude lumière de cette finseptembre tembre dernier, depuis l’aéroportdeDinard- pour prendrequelquesphotos avec lesparas ayant Pleurtuit(Ille-et-Vilaine), avec sauté du même avion.L’occasionaussi d’échangeret essentiellementdes parasdu8eRPIMa, de mieuxconnaîtrelasingularité desparachutistes A l’avion ouvresaporte.Pas le tempsd’avoir au sein de l’arméedeterre (lire aussi page 22). le vertige ou de retenir sonsouffle.Nousvoilà lancés Troupe d’élite de l’arméedeterre,labrigade para- à 250kilomètres parheure dans le vide,au-dessus de chutiste — la “BP” — compteprèsde8500hommes cettebaieimmense de 500kilomètres carrés. Après surentraînésettestésenpermanenceaprèsavoir unecinquantainedesecondesdechute libreentre le franchiune sélection sévère. rocher de Tombelaine et celuidusaint patron des Dans le cadredel’opération Barkhane,lematin du paras, le parachutes’ouvre.Ladescente estaussi spi- saut,l’arméefrançaise alargué 120paras dans la rituelle… On ressentune vive émotion en passant au- région de Ménaka au Mali:80d’entre euxont sauté dessus de l’archange de 800kilos couronnant la flèche de deuxTransall;40 autres ont été larguésd’unA400M. de l’abbaye du Mont. À l’atterrissage, au milieu de la Uneimportante démonstration de forcequi s’estpeu baie,dansles préssalés, noussommesaccueillispar réaliséedecette manière cesdernièresannées.Mais desmoutons quenousvenonsmanifestementpertur- aussi unegrandepremière carles parasfrançaisexpé- ber. Unefoisles parachutes rangésdansles sacs,nous rimentaient leur nouveau parachutededernière géné-

38 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 Pagedegauche:notrecollaborateurenpleinsaut. LES SEIGNEURS DE LA GUERRE Ci-dessousàdroite :avantlesaut,aucôtéd’unparadela11eBP. Enbas :CélébrationdelaSaint-Michel,àParis.

11e BPETALERTEGUÉPARD

Placéeendisponibilité immédiate permanente,laforce d’intervention rapide de la 11e brigade parachutiste estcapable de larguern’importe où sonpremier échelon de 800hommes, avec armes, équipementetmunitions, en seulement vingt-quatre heures. Un exploittechnique

et humain. C’estcequ’on appellel’alerte Guépard,déclenchée VA sept fois depuis 2015 en opérationsextérieuresmaisaussi, et c’estmoins connu, surleterritoirefrançaispourl’ouragan Irma ou encore lorsdes attaques terroristesduBataclan, au Louvre et à Nice surlapromenade desAnglais.L.deR.

“Mevoilàlancé à250km/h danslevide !” VA

ration,qui équiperaprogressivement l’ensembledes parachutiste de 2008 à 2010 aprèsavoir commandé troupes aéroportées.C’est égalementlapremière fois le 8e RPIMa, à l’issuedeplusieurs passagesdansle quel’avion de transportmilitaireA400M,critiqué régimentoùil anotamment été moniteur para- lors de sonlancementetencore plus à la suited’un chutiste. crashenEspagneen2015 pour une “erreur d’assem- Pour l’occasion,tousles régimentsdelaBPont blage”,effectuaitunlargage en opération parl’ar- été représentés — certainesunitéssontactuellement rière. À terme, l’avion devrait être en mesure de faire projetées en opérationsextérieuresauMalieten sauter lesparas parles portes latérales, permettant Irak.Les parasfrançais étaient entourésdeleurs ainsidediviser pardeuxletemps de largage. camaradesbritanniques,américains, allemandset espagnols. Dans le détail, 16 th AirAssault Brigade, 173 rd Airborne Brigade Combat Team, 82 nd Airborne Deuxjoursplustard,lamessecélébrée Division, Luftlandebrigade et Brigada Paracaidista àSaint-LouisdesInvalides “Almogavares”. La commémoration adébutéà9h30par une SaintMichel avéritablement été fêtéàla date messecélébréeenlacathédraleSaint-Louis desInva- exacte,c’est-à-direle29septembre, à Paris, surle lidespar l’évêqueaux armées,Mgr de Romanet. À Champ-de-Mars, à l’initiativeducommandantde 11 heures, s’esttenue surleChamp-de-Mars uneprise la BP,legénéralPatrick Collet,etenprésencedu d’armesouverte au public,aucours de laquelle a été chef d’état-majordel’arméedeterre,legénéral lueavecbeaucoupd’émotion la prière du para. • Jean-PierreBosser, quifut patron de la brigade LouisdeRaguenel

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 39

de De Pour sm ousquet Arm no pa ées rtout aires de sc ,t te l’ho ouj du rr des e, Le our roi de de soldats ou s, aux rn l’ ier au air v derniers oy ,M serv nne age de leur arin de ice l’ la an en “J ma

du eanne II at dra réchaux, au

io ur -d nale GIGN peau. ’A rc

s ”. … ,

DENISALLARD/REA L’HONNEUR DE NOSCOULEURS Auxarmes,citoyens ! Sila“levéeenmasse”de1793signel’anIdelaconscription,celle-citrouveenfaitsonorigine danslamiliced’AncienRégime.Retoursuruneidéeetunsystèmequineferontl’objet d’unvraiconsensusqu’après1871.EtquelesFrançaisregrettentaujourd’hui. ES AG IM G- AK

42 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 20 C’estlepourcentagedelapopulation française ayantprispart à la guerre èscemoment,jusqu’à celuioùlesennemis de 1914-1918. Contre 7%pour auront été chassésduterritoire de la Répu- les guerresnapoléoniennes. blique, tous lesFrançaissontenréquisi- tion permanente pour le servicedes armées. D Lesjeunesgensirontaucombat.Les hommes mariésforgeront lesarmes et transporteront les le célèbredécret du 23 août1793signe aussi, sans le subsistances;lesfemmesferont destentes, deshabits savoir,l’actedenaissance de la conscription univer- et servirontdansles hôpitaux;les vieillardsseferont selle,devenue, à l’exception de rarespériodes,notre porter sur lesplacespubliques pour exciterlecou- principalmodederecrutementjusqu’à la décision rage desguerriers, prêcher la hainedes rois et l’unité prisepar JacquesChirac, en 1997,deson arrêtdéfi- de la République. En instituant la “levéeenmasse”, nitifle31décembre 2002. En ruptureaveclaFrancetraditionnelle(oùchacun remplissait lesfonctionsdeson état, la noblesse se Troupesfrançaisesconstituées réservantlemétier desarmes), c’estcependantdans d’appelésen1792-1793. la milice d’Ancien Régime quecette conscription trouve sonorigine. Leschosesavaient commencé d’évoluer bien avant la Révolution… C’esteneffet unearméepermanente et soldéequi est, à la findecet Ancien Régime, à la dispositiondumonarque. Forméedevolontaires, auxquels s’ajoutentdes contingents étrangers,cette armée, la plus puissante d’Europe,compteprèsde

“ARMÉEDEMÉTIER ÉGALEARMÉED’ASSASSINS”

Dans la lignéedeMontesquieu,Diderot et les “esprits éclairés” se font lesplusardents défenseurs de la conscription. À l’article “Armée”, l’Encyclopédie ditsouhaiter que«danschaque condition,lecitoyenait deux habits, l’habit de son étatetl’habit militaire ».Dansson Soldat- Citoyen de 1780,Servansouhaitelaconstitution de légionsformées d’orphelinsetdefils d’indigents. L’arméedemétier,ilest vrai,aalorstrèsmauvaise presse. Pour Voltaire,elleest synonyme de « meurtriers qui louent leursservices » et « d’assassins enrégimentés ».Rousseauyvoit unearméedeconquêtevouée à « l’asservissement descitoyens ».«Tout citoyen doit être soldat par devoir, nul ne doit l’être parmétier »,résume-t-il. Contre les«phalangesmercenaires »,onrêve, dans lessalons, d’une«arméecitoyenne » héritière desAthéniensetdes Romains.L’égalité desdroits impliquant celledes devoirs, la liberté impose donc le service de la communauté.Ph. C.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 43 XXXXX ES AG IM G- AK S/ Y’ EB TH SO

200000 hommes à la veilledelaRévolution.Ses pensés, entreautres, lesmédecins,maîtres d’école effectifs étant jugésinsuffisantslorsdes guerresde et officiers de justice. Bien quepeu contraignant (un la Ligued’Augsbourg,Louis XIV estlepremier à ins- rassemblementd’une semaine ou deuxpar an en tituer unemilice afindefournirauroi dessoldats tempsdepaix, le maintien de l’ordre à l’intérieurdu supplémentaires(ordonnance du 29 novembre 1688). royaumeetlagarde desplacesfortesenpériodede Chaque paroissedoitdésigner et équiper deshommes, guerre), ce service militairen’enest pasmoins vio- choisisparmi lescélibatairesde20à40 ans, et devant lemmentcontesté.Les tiragesausort, où chacun servirdeuxans.Letirageausortest institué peu veut éviterdetirer le fatal “billet noir”,sontl’occa- après. La paix revenue, la milice estdissoute en 1697. sion de troublesetdebagarres. « Uneespèce de Mais arrive,quatreans plustard, le déclenchement guerrecivile entre lespaysans », écrit Turgot. de la guerre de Succession d’Espagne:elleest réta- blie;185000 hommessontlevés. L’impopularité du système conduitcependant à un nouvelabandon en Mirabeauhostileàlaconscription 1708.Suivi d’un retour en 1711… aunomdela“libertéindividuelle” L’ordonnance du 25 février1726permet à beau- coup d’y échapper, en particulier lesplusfortunés. À partirde1775, décision estprise de ne plus ras- La listedes conscritsest souventlaissée à l’arbitraire semblerlamilice en tempsdepaix. Simplementenre- desintendants,qui s’en serventsouvent pour… faci- gistrés, lestirésausortnesontplusastreints aux literlerecouvrement de l’impôt. Ce n’estqu’en 1774 exercices. Le système n’en continue pasmoins d’être quedes règles précisesseront fixées.Sontainsi dis- vécu commearbitrairepar lesruraux — lesquelsle

1870,LESERVICEUNIVERSEL…ETPOPULAIRE Au lendemaindudésastre de 1870etdelaproclamation à l’imagedeJeanMacé,créateurdelaLigue française de la IIIe République,laloi Gissey (27juillet1872) de l’enseignement, militent “pour la patrie, parlelivre institue le servicemilitaire universel. Bien qu’encore et parl’épée”,lapuissancedusentiment nationaliste inégaldanssaduréeetpermettantdenombreuses et de l’esprit de revanche convaincront lesFrançais exemptions, ce système d’arméedeconscription de la nécessité de cettearmée, désormaisreconnue devientalors l’objet d’un large consensus. Ajouté commelamanifestation la plus éclatante au travaildefondréalisé parles instituteurs qui, de l’attachement à la Nation.Ph. C.

44 — VALEURSACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS “L’Enrôlementdesvolontaires, le22juillet1792”, parAugusteVinchon. dénoncentrégulièrementdansles cahiers de doléances des états généraux. À l’inverse, les “beaux esprits” de l’époquesepro- noncentpour (lire encadré page 43).Detellesvues sont cependantaux antipodes de celles de l’opinion dominante.Mirabeaului-mêmes’y oppose au nom de la liberté individuelle.Créées le 13 juillet1789 à Paris, lesgardesnationalesnesontainsi pasconsi- 78000 dérées commedes corpsmilitaires.Maisdevantl’ac- C’estlenombred’appeléssousles cumulation desnuages, leschosesvontrapidement drapeaux en 2002,dernière année évoluer… Dèsdécembre 1790,undécret précise qu’en du service militaire obligatoire. casdeguerre, lesgardespourront être requises par l’arméeenlieuetplace desmilices, définitivement supprimées.Laproclamation de la Patrieendanger, le 11 juillet 1792,amène la levéedenouveauxbatail- lons de volontaires, mais leursqualitéslaissent à désirer. Au pointque le généralBiron lesjuge«plus embarrassantsqu’utiles ».Sur les300000hommes prévuspar leslevées,seuls 200000 onteffective- mentrépondu à l’appel, lesdeuxtiers rejoignantleurs Sous Napoléon,c’est cettemême loiJourdan qui foyers unefoisterminéelacampagnede1792. fournira à l’Empereur lessoldats dontilabesoin. La nouvelle Assembléeabeaules supplierde Jusqu’en 1810,cette conscription ne concerne qu’un rester en poste, leseffectifs,début1793, sont trop contingent annuel de 80000 hommes.Cen’est insuffisants pour faireface à la coalition.Le24février, qu’aprèslacampagnedeRussieque les besoins un nouveaudécret décide donc la levéede300000 deviendront beaucoupplusimportants. De retour volontaires — quineserontenfaitque la moitié.Au au pouvoiraprèsles Cent-Jours, LouisXVIII abolit coursdel’étésuivant, la levéeenmasse fournira la conscription (article 12 de la Charte). Mais l’insuf- néanmoins auxarmées jusqu’à 400000 hommes supplémentaires, portantles effectifsauniveau Plusdevingtansaprèssasuppression, jusqu’alors inégalé de 800000 hommes. À Wattignies,Wissem- lesFrançaissontfavorables bourgetFleurus,ces soldatsde aurétablissementduservicemilitaire. l’an II vont garantir la surviedela République jacobineetconquérir la rive gauche du Rhin. Mais ce recoursaux masses fisancedunombredes volontairesaboutit à la loi ne pouvaits’installer dans la durée, et leseffectifs Gouvion-Saint-Cyr du 10 mars 1818,qui préciseque fondent rapidement. L’article9de la Constitution « l’arméeserecrute pardes engagements volontaires du 8fructidor an III précise alors que«tout citoyen ou,encas d’insuffisance,par le recoursaux appe- doit sesservices à la patrie et au maintien de la lés ».Tirésausortdanschaquecanton, lesmauvais liberté.Ildoitrépondre toutes lesfoisque la loil’ap- numérosdevront fairesix ansdeservice!Laconscrip- pelle à la défendre ». tion ne correspondplusici qu’aux besoins en hommes; Troisans plus tard,aumomentoùunenouvelle l’obligation civiquen’est plus mise en avant. coalition se dressecontreFrance, la loiJourdan du En 1832 et 1868,les lois SoultetNiel maintien- 5septembre1798met surpiedunsystème de conscrip- drontlapossibilité de l’appelaux conscrits. Trèsiné- tion durable quifonde le service militaire à la fran- galitaire, ce service autorisant le remplacementet çaise.Tousles citoyens de 20 à 25 anssontconcernés l’exonération durera jusqu’à la défaitede1870. Date mais ne serontappelésqu’en fonction desbesoins, à partir laquelle l’espritderevanche la rendra enfin en commençantpar lesplusjeunes. Pourtant,là populaire (lireencadré page précédente).Plusde encore, lesrésultatsnesontpas à la hauteur:surles vingtans aprèssasuppression,une majorité de Fran- 400000 hommesespérés, on déplore environ 150000 çaissedit favorable à sonrétablissement. • insoumisoudéserteurs. PhlippeConrad

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 45 POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS

Mousquetaires,aunomduroi etdupanache ! SansAlexandreDumas,cettepetiteunitéseraitoubliéedetous.Ripailleuseetpaillarde, ellefutaussiuneauthentiquetrouped’élite.Àl’épopéeparseméed’exploits.

equi me causeunplaisir extrêmechezmes Mousquetaires —,c’est sous lesordresduCardinal, mousquetaires, c’estcette gaieté avec durant le siège de (1627),qu’ilsvivront laquelleils se présentent à tout ce qu’on leur baptême du feu. Ilsmultiplient lesexploits à leur dit d’attaquer. C’estainsi queLouis XIII, Saint-Martin-de-Ré:engagésdanslecorps expédi- Cfondateuren1622delaCompagnie des tionnaire, les32mousquetaires parviennent à forcer mousquetairesduroi,louaitl’étatd’espritsiempreint le blocusanglais.Impressionné,Richelieu lescouvre de panache de cetteunité qu’Alexandre Dumasfera d’éloges: à euxseuls, dit-il,ils se montreraient entrer deux siècles plus tard dans notrepanthéon capablesde«percerunfrontdebataillonjusqu’à national.Indociles,ripailleurs,buveurs, joueurs, la queue »!Autre démonstration de bravoure à coureursdejuponsetquerelleurs,cesontcepen- La Rochelle même, où le futurcapitaine lieutenant dant avanttoutdes soldatsd’élite,puissamment desmousquetaires,leBéarnais Tréville, de sonvrai armésdèsl’origine,enplusdeleur épée, d’un rare nom Jean ArmandduPeyrer, comte de Trois-Villes, mousquet (d’où leur nom)remplaçantl’arquebuse estgrièvementblessé.Lui aussiest l’un deshérosdu — mais nécessitantalors pasmoins de neufopéra- roman de Dumas. tionspourêtrechargé et déchargé! Troupe de choc,donc, elle estréunie dèssacréa- tion à la maison du roi pour assurersaprotectionet “Capables,àeuxseuls,depercer celledesacour. Mais ce sont surles plus rudeschamps unfrontdebataillonjusqu’àlaqueue” de batailleque vont être amenés à combattre, et à mourir,ces soldatssurentraînésvêtus d’une “casaque Alorsque leurseffectifsatteignentdésormaisplu- à quatrepansdelaine bleue doubléederouge” (les sieurs centainesd’hommes, ceux-ci sont engagés couleurs de la livréeroyale),brodéesur chaque pan peuaprèsaupas de Suse,enactuelleItalie. En s’em- d’“unecroix fleurdeliséeenvelours agrémentéede parant de cetteplace forte, ilspermettentaux Fran- fils d’or et d’argent”.Ets’ilsedéplace élégamment çaisdetenir l’ultra-stratégiquedéfilécommandant à cheval, c’est à pied quelemousquetairecombat. le Piémont.Le9mars 1629, à la tête de l’infanterie Moins autonomesque Dumasneles adécrits, ces française,ils bousculentencoreles troupes du duc hommes, même dotésd’unchef propre (dontlepre- de ,allié auxHabsbourg.Denouveau blessé mier futlemarquis de Montalet), sont subordonnés à deux reprises,Trévillecapture de sespropres au commandement d’un autrecorps,plusimpor- mainsungénéralespagnol, le ducdeSavoielui tant,celui deschevau-légers (cavaliers et lanciers), échappant de peu. euxaussi directementrattachésauroi.Si, parla Le prestige desmousquetaires estsiéclatantque suite, lesmousquetaires serontamenés, en quelques le roi décide de s’en nommer capitaine. LouisXIII circonstances, à s’opposeraux hommes de Riche- choisitlui-même la plupartdes mousquetaires, les- lieu,lorsque celui-ci s’opposera lui-même à LouisXIII quelssontlogéschez desparticuliersdufaubourg — périodedurantlaquelleDumas situe lesTrois Saint-Germain, à proximité du Louvre où s’effectue

46 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 Athos,Porthos,Aramisetd’Artagnan,leshéros des“TroisMousquetaires”, d’AlexandreDumas. 1622 C’estl’annéedecréation, par LouisXIII, de la Compagniedes mousquetons, puismousquetaires, du roi.L’unité estdéfinitivement dissoute en 1816,sousLouis XVIII. RY RA IB EL UR CT PI NI TI GOS EA /D ES AG IM G- AK LES“GRIS”ETLES“NOIRS” Plus qu’avecLouis XIII,c’est sous LouisXIV queles mousquetairesatteignentleurapogée. Leur accordant uneattention et un soin particuliers, le Roi-Soleilles réorganiseendeuxcompagniesde300 hommes, désignées d’aprèslarobedeleurs chevaux:les “gris” pour la première,casernéerue du Bac;les “noirs” pour la seconde, fixéefaubourgSaint-Antoine.C’est lui, encore,qui lespared’une nouvelle tenue, “soubreveste bleue,doublée de rouge et frappéedegrandescroix”.A.F.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 47 XXXXX AquarelledePaulGavault, exposéeaumuséeAlexandre-Dumas duchâteaudeMonte-Cristo. T RME ME ES

ILL 1844 /G

ES C’estle14marsdecette AG

IM année, sous formed’un G- AK feuilleton dans le journal Le Siècle,que paraissent LesTrois Mousquetaires unepartiedeleurservice.Brasarmé du pouvoir d’AlexandreDumas. royal, cettepetitetroupe quibrilleaucombat, et dont lesplusjeunesn’ont que16ou17 ans, domine aussiles spectacles équestres et dansemême pour lesfêtes de la Cour en 1635. Lesjeunesnobles en rêvent.Nombreuxviennent militaire où défilent,avant de fairecarrière,nombre du Béarn, où un lien avec Trévillefacilite l’incorpo- de jeunes aristocrates, tel Saint-Simon.Participent ration.Parmi eux: sescousins Henri d’Aramits aussi à desopérationsdepolice:arrestation de Fou- (Aramis) et Armand de Sillègued’Athos (Athos), quet pard’Artagnan(1661), répression de révoltes mort en duel en 1643 surlePré-aux-Clercs,ainsi que dans le Vivarais(1670)ouenBretagnecontreles Bon- son beau-frère IsaacdePortau(Porthos). Venu de nets rouges(1675)… Mais la guerre resteleurpremier Gascogne,Charles de Batz de Castelmore, ditd’Ar- métier,enparticulier lessiègesdevilles,qu’évoque l’étendarddesapremière compagnie: unebombe lancéesur unecité avec la Detouteslescampagnes, devise “Où elle s’abat,lamortaussi!” Lesmousquetaires sont de toutes les fiersdeselancer campagnes, se faisantune fierté d’être enpremièreligne ! envoyésdansles premièresvagues d’assaut et lesopérationsles plus péril- leuses.Cesonteux quisauvent l’hon- tagnan,qui adoncréellementexisté,est incorporé neur de l’armée, le 23 mai1706, lors de la terrible en 1633 (lire page suivante). défaitedeRamillies. Euxencorequi font tomber Arrive le 14 mai1643. La mort du roi.Orphelins, Maastricht, siège au coursduqueld’Artagnanest lesmousquetaires le sont d’autant plus quetrois ans tué lors d’un assaut téméraire. « J’ai perdu d’Arta- plus tard Mazarin, quin’apprécieguère leur indé- gnan en qui j’avaislaplusgrandeconfianceetm’était pendance,prend prétextedesupprimer « unedépense bon à tout », écrit, éploré,Louis XIV à la reine. desmoins nécessaires » pour dissoudre l’unité et en AprèslamortduRoi-Soleil,les mousquetaires créer uneautre,attachée à sa personne, à partir des s’éloignent deschampsdebataille. Seul fait d’armes: anciensdelagarde de Richelieu.Scindéeendeux, leur charge contre lesAnglais à Fontenoy, le la compagnieest néanmoins rétablie parLouis XIV 11 mai1745. La routine et lesintrigues lesgagnent. en 1657.Officiellement dévolus à l’accompagnement C’estdoncdansune quasi-indifférence que, en du roi “à la chasse et à la promenade”,les 150hommes 1775,sousLouis XVI, à find’économies, la maison quilacomposent retrouvent rapidementleur fina- militaireduroi estdémantelée, et lescompagnies lité guerrière. À peinereformée, l’unité rejointl’ar- de mousquetairesavec. Ellesneserontbrièvement méedeTurenne,s’illustrantl’annéesuivante à la reconstituées quedeuxans, sous LouisXVIII, célèbrebatailledes Dunes (lirepage XX) et au siège entre1814et1816. Avantderevivre pour l’éter- de Dunkerque. nité, à partir de 1844,souslaplume d’Alexandre Dans le même temps, la mission desmousque- Dumas. • taires se diversifie. Ilsjouentlerôle d’uneacadémie Arnaud Folch

48 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 LesMémoires(apocryphes) POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS ded’Artagnan,rédigés vingt-septansaprèssamort. Lemystèred’Artagnan “D’Artagnanetlagloireontlemêmecercueil”,écrivitdeluiSaint-Blaise. Maisquiétait-ilvraiment ?

eCharles de Batz de Castelmore,son vrai nom, AlexandreDumas alaissé dans lesTroisMous- Dquetaires cet inoubliableportrait:«Figurez- vousdon Quichotte à dix-huitans;don Quichotte décorcelé,sanshaubert et sanscuissard (…). Visagelongetbrun;la pommette desjoues saillante, signe d’astuce;lesmuscles maxillaires énormément développés, indice infaillible où l’on reconnaîtleGascon, même sansbéret, et notre jeune homme portait un béretorné d’une espèce

de plume;l’œil ouvert et intelligent;lenez crochu, T ME

mais finement dessiné;tropgrand pour un ado- ER

lescent, trop petitpourunhomme fait, SM LE et qu’un œil exercé eûtprispourunfils de fermier IL /G

en voyage,sanslalongue épéequi,pendue ES AG

à un baudrierdepeau, battait lesmollets IM G-

de sonpropriétaire, quand il était à pied,etlepoil AK hérissé de sa monturequand il était à cheval. » en revanche de sonenfance.Aupoint queGatien de Courlitz débute ainsises MémoiresdeMon- Marié,deuxfils,etdivorcé sieur d’Artagnan:«Je ne m’amuserai pointici pourcaused’infidélité… à rien rapporterdemanaissance,parce que je ne trouve pasque je puisse rien dire qui soit Problème:silepersonnage, né au château digne d’êtrerapporté… » de Castelmore, à Lupiac (actuel département Nettement plus “traçable” estson parcourschez du Gers), abel et bien existé,ycompris sous son lesmousquetaires,qu’il intègreaprèsles gardes- surnom de d’Artagnan,riennepermetdecertifier françaisesdeMazarin, dont il estunfidèle,en1658, sa description. De luin’existeeneffet qu’unseul soittrente-sixans aprèslacréationdelacompa- portrait — dont l’authenticité de plus n’estpas gnie,aveclegrade de sous-lieutenant. Avantd’en garantie.Demêmeses aventures, telles que devenir l’un deschefs (capitaine lieutenant)peu contées parDumas,s’inspirent-elles de mémoires avantsamortdevantMaastricht(25 juin 1673). Si apocryphes rédigésen1700, vingt-septans après Dumasnégligelaplupartdeses exploits militaires sa mort,par un certainGatiendeCourtilz au seindeson unité,il“oublie” aussi, et surtout, un de Sandras, lequel s’estcependant appuyé autre épisode clé:son mariage, le 3avril 1659,en surdes écrits épars laisséspar d’Artagnan. l’égliseSaint-André-des-Arts à Paris, avec Anne- Unecertitude:lecélèbremousquetairen’est Charlotte de Chanlecy,dontilauradeux fils.Six ans pasnéen 1607,comme le prétend l’écrivain(qui plus tard,celle-ciobtiendra cependantleursépara- luidonne 18 ansen1625), mais,selon lesregistres, tion pour caused’infidélité.Aumoinssaréputation entre1611et1615. On ignore tout ou presque de séducteurn’est-ellepas usurpée… • A. F.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 49 POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS GeorgesGuynemer, le9septembre1917. Ci-dessous, l’insignedel’escadrilledesCigognes. Guynemer,l’asdesas Tombéà23ans,lecapitainepilotedelaGrandeGuerreaux53victoires (homologuées,enréalitébienplus)incarnel’espritchevaleresquedenotreaviation. Etlagloireimmortelledeses“as”.Portrait.

roppetit,trop maigre,pas assez de muscles. n’estque sept ansplustard, le 9juin1910, qu’a eueu Né maladivement chétif à Parislejourde lieu,enFrance, le raid d’entraînement pionnier d’un noël1894, au pointque sesparents ontlong- « aéroplane militaire employé réellementauxbesoins tempscraintdeleperdre, GeorgesGuyne- de la guerre ».Dontnul,alors,n’imagine la place Tmer, lesannées passant,agrandi,maiss’est décisive qu’ilseraamenéàprendre… « Au risque à peineremplumé.LorsquelaGrandeGuerre éclate, de scandaliser bien deslecteurs, nous n’hésitons et qu’ilveuts’engager,son un mètresoixante-dix, pas à déclarertoutd’abord qu’ilnefautpas songer sespauvres 40 kilos, sa poitrine creuse et sesmembres à utiliser nos machines volantes commeengins malingres font l’effet d’un couperet:inapte!Il sup- offensifs », écrit,commentantl’exploit,lejournal plie sesparents de fairejouer leursrelations. « Lorsqu’on hebdomadaire l’Illustration.Pourtoutlemonde,y n’apas tout donné,onn’a rien donné »,leurdit-il. comprisl’état-major, « le véritablerôle de l’aéro- Mais rien n’yfait: ni sonpère Paul,saint-cyrien,ni plane, commecelui du dirigeable,c’est de fairede sa mère Julie, néeDoyneldeSaint-Quentin,descen- l’exploration »:analyse du terrain, repérage des dante de LouisXIII parson aïeule Bathilde d’Or- mouvementsdetroupes… léans, mère du duc d’Enghien,neparviennent à infléchir la commission de révision.Quelques années auparavant, “Georges-le-freluquet”,comme ses “Unbouledogue camaradesducollège Stanislaslesurnommaient, quinelâchejamais !” s’estdéjàvu fermer,pourles mêmesmotifs, lesportes de Polytechnique. Qu’importent lesmissionspourGuynemer:ilveut Désespéré,ilerre, en vacancesdansleSud-Ouest, voler! Bien queson postenel’y autorise pas, son surlaplage d’Anglet,d’où,unmatin,ilaperçoitdes enthousiasme luipermet de convaincre l’un desins- avions militaires se poser.Ilserend aussitôt à la tructeurs,qui acceptedeleformerensecret. Le base de Pauetparvient,cette fois, à se faireenrô- 21 janvier1915, il devientofficiellement élève pilote. ler. Mais commesimple élève mécanicien,cantonné Aprèsavoir effectué sonpremier volensolitaire à au sol, et interdit de formation de pilote.Inconnue, bord d’un Blériot 6cylindres 50 HP,ilobtient son ou presque, l’arméedel’air à l’époquen’a pasle brevet troismoisplustard. « Le plus beau jour de mêmeprestigequ’aujourd’hui. Et lesvolontaires ma vie », écrit-il à sesparents.Ila20ans. Dans trois sont peunombreux… Le premiervol desfrères ans, il seramort. Accomplissant,entretemps, l’une

Wright,aux États-Unis, ne date quede1903. Et ce desplusextraordinaires épopées de notre histoire ANA SI BRO AM CA TE

“TÉNACITÉINDOMPTABLE,ÉNERGIEFAROUCHE,COURAGESUBLIME…” IO IBL /B

Chaque 11 septembre, date anniversaire de sa mort, Resteralepluspur symbole desqualitésdesarace: INI l’arméedel’air célèbre surses baseslesouvenirde ténacité indomptable, énergie farouche,courage ST GO

Guynemer parune prised’armes.Laquelleest clôturée sublime.Animé de la foilaplusinébranlable dans EA /D

parlalecturedesadernière citation: «Mortauchamp la victoire, il lègueausoldatfrançaisunsouvenir ES d’honneur,le11septembre 1917.Héros légendaire,tombé impérissable quiexaltera l’espritdesacrifice AG IM en plein ciel de gloire,aprèstrois ansdelutte ardente. et provoquera lesplusnobles émulations. » A. F. G- AK

50 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 XXXXX

VALEURSACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 51 Àgauche :logoactueldel’arméedel’air. Àdroite :dessinparudans “l’Illustration”,rendanthommageàladoublevictoireenuneseule minutedeGuynemer,le25mai1917.

militaire. Carpourlejeune Guynemer, surdoué, étrangères. Auxquelles s’ajoutent 21 citationssup- tout va allertrèsvite. plémentaires à l’ordredel’armée… Celui queson capitainesurnomme “le Boule- Pour la plupartpeintsenjaune,toujours bapti- dogue”,tant«il ne lâche jamais »,est admisle8juin sés VieuxCharles,dunom de sonpremier avion, et 1915 à l’escadrilleMS.3, dite desCigognes. Ses pre- pavoisésdelafière devise desCigognes, “Faireface”, mièresmissionsd’observation révèlent sonexcep- sesappareils successifs (Morane-Saulnier,Nieuport, tionnel sang-froid,essentiel au bontravail des Spad VII, XIIetXIII) entrentaveclui dans la légende. photographes. Sesappareils étant régulièrement percéspar des éclatsd’obus, il en obstrueles trous avec de simples morceaux de toile. Et redécolle! Lesailesdéchiquetées, Arrivele19juillet1915: surunMorane-Saulnier lebrascriblédeballes… “Parasol” simplement équipé d’unemitrailleuse montéesur affût, il abat sonpremier avion ennemi, Mêmesionlui aprêté uneliaison avec l’actriceYvonne un AviatikC.I, ce quilui vaut la médaille militaire Printemps, future épousedeSachaGuitry,Guyne- assortiedecette citation:«Pilote plein d’entrain et mersemontreaussi discretsur le plancherdes vaches d’audace,volontaire pour lesmissionsles pluspéril- qu’intrépide dans lesairs. Obligé d’atterrirencatas- leuses. Aprèsune poursuite acharnée, alivré combat trophe,les ailesdéchiquetées, à sept reprises,dont à un avion allemandqui s’estterminé parl’incen- unefoislebrascriblé de balles,ilabatlemême dieetl’écrasementdecedernier. » Première victoire, nombred’avionsallemands au coursduseulmoisde première médaille, première citation:les débuts mai1917, dont quatreenune seule journée, dontdeux d’uneincroyable série… à 8h30et8h31, le 25.Deuxmoisplustard, c’estune En un peuplusdedeuxans, le jeuneprodige,qui meute de… dix appareilsfrappésdelacroix de fer finira capitaine, se verraeneffet reconnaître53succès qu’ilaffronte seulavecsuccès. Il estaussi le premier dans lesairs(plus 35 autres “non homologués” par pilote alliéàabattreunbombardierlourd allemand lestrèsstricts décomptesdel’arméedel’air — lire (Gotha G. III).Les « qualitésprimordiales quidis- encadré page de droite), décerner, outresamédaille tinguentlevraichasseur »,tellesque ce modesteles militaire,laLégion d’honneur et la Croixdeguerre alui-même résumées dans un hommage à un autre (25palmes),ainsi qu’une dizainededécorations grandas, René Fonck (lireencadré ci-dessous) :«Ins-

FONCK,“L’OISEAUDEPROIE” Il estcelui quivengera Guynemer (35victoires).Là-haut, il sent en abattant dans lesairs, moinsde l’ennemi,illedistingue nettement troismoisaprèsson décès, le pilote à 8ou10kilomètres sansêtrevu. allemand responsabledesamort. Il choisitsaproie.Quelquesballes Mais le capitaineRené Fonck (1894- suffisent, il n’yajamais de riposte. » 1953, photo)est surtoutl’homme Doté d’unevue exceptionnelle, aux75victoires homologuées l’homme, parailleurstireurd’élite, (plus52revendiquées) — le seul était capable de percer à la carabine

ES à devancer le jeune hérostombé unepièce de monnaie à 50 mètres AG

-IM en 1917.D’abord apprenti mécanicien — distance à laquelle un individu KG commeGuynemer,ceVosgien normalnepeutmêmepas /A

OR d’originemodeste (son père était l’apercevoir!AprèslaGrandeGuerre, CT ouvrier dans unescierie)rejoindra il devient député de centre droitde OLLE

TC luiaussi l’escadrilledes Cigognes. sa région natale,maissafidélité au IN

PR Contrairement à Guynemer,ilne maréchal Pétain durant l’Occupation

HE sera en revanche jamais touché par luivaudra d’être brièvement /T

ES un avion ennemi. «Fonck dépasse incarcéréàla Libération,avant AG

IM tout ce quel’onpeutimaginer:ce d’être totalementblanchi. Un épisode E-

AG n’estpas un homme,c’est un oiseau quiexpliquecependant l’injustesort RIT

HE de proie, diradelui l’as Marcel Boyau quelui aréservé la postérité.A.F.

52 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS

LALÉGENDEDESAS Avoirabattu au moins cinq avions: c’estlacondition requisepourdevenir un as. Au total, 182pilotesysontparvenusdurant la Grande Guerre,dont37sontmorts au combat,et27, parlasuite,dans desaccidents d’avion. À euxtous, ilstotalisent 1756 victoireshomologuées contre 3950 revendiquées.Cette différences’explique parletrèsstrictcomptageimposé parl’armée de l’airfrançaise (laplussélectivedumonde): pour qu’une victoire soit inscrite à sontableau de chasse,unpilote doit avoirabattuson adversaire à l’intérieurdeses propresligneset disposerd’aumoins deuxtémoins au sol. Après René FoncketGuynemer,Charles Nungesser (1892-1927)est le troisième as de la guerre 14-18 (43victoires homologuées,11probables). Pour le second conflit mondial,lapalme revient à Pierre Clostermann(1921-2006): 33 victoirescertaines,5nonhomologuées.A.F. COM

S. joie que lesdeuxmitrailleusesdeGuynemer étaient GE enrayées »,araconté l’as allemand Carl Menckhoff. MA NI Au lieu de luilaisser la viesauve,illerejoignit et MA

GE l’abattit. Tombésaux environsde10heuresnon loin RID

.B de Poelkapelle(Belgique), à huit kilomètres derrière WWW leslignesallemandes, soncorps et sonappareil, sans doute pulvériséspar lesobusanglais, n’ont Chevaleresque,ilépargne jamais été retrouvés. La mort du hérosde sonadversaire 23 ans, devenu gloire àlamitrailleuseenrayée. nationale, ne seraoffi- ciellement annoncée quele26septembre. tantanéité,souplesse et coup d’œil. » Espritcheva- Ce jour-là,pouratténuer l’émotion desjeunes éco- leresque aussi, telcejouroù,affrontantlegrand liers, lesmaîtres d’école leur apprendrontqu’ilavait pilote allemand ErnstUdet, il choisitdel’épargner volé si haut qu’iln’avait pu redescendre. Préfigu- en le saluantdelamainaprèsque la mitrailleuse de rant,aveccinqans d’avance,lecélèbre Cantique de sonadversaires’est enrayée… l’aile d’Edmond Rostand:«Gloire à celui qui part / Ce panache,unautre pilote du Kronprinz, Kurt Et puisque plus jamais on ne voit reparaître!/Nul Wisseman,n’enferapas preuve,le11septembre1917. ne l’arapporté /Nul ne l’avuredescendre… Ah!c’est « Surpris parGuynemer à 50mètres à peinepar- qu’ilest,peut-être/Monté,monté,monté! » • derrière,ilsecroyait perdu,lorsqu’il s’aperçut avec Arnaud Folch

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 53 XXXXX RY TO IS MH RO SF RE TU IC /P ES AG IM G- AK Lesderniersmaréchaux DerniersFrançaisàêtreélevésàladignitédemaréchal,toutséparaitJuin,deLattre, LeclercetKœnig.Exceptéleursformidablesqualitésmilitairesetleurengagementdécisif durantlesecondconflitmondial.Portraits.

54 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 Àgauche :legénéraldeLattre,nommémaréchal POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS àtitreposthumeen1952.Ci-dessous,àdroite :lemaréchalJuin recevantsonbâtondesmainsduprésidentAuriol,lamêmeannée.

epuisqu’iln’yaplusdeconnétables(1627), la dignité de maréchal est, cheznous, le sommetdeshonneursmilitaires.Maisaprès la guerre 1939-1945,celle-ci esttropasso- D ciée à Pétain pour en investir d’autres. Quatre de nosgénéraux vont cependant finir par être honorés.C’estundéputé de droite,Guy Jarros- son(RI), quifitvaloir, en1951,quele silencerevenait àdiminuerlapartde laFrancedanslavictoire.Pro- blème:onnesavaitmêmepluscomment procéder! Renseignementspris,onfinitpar(re)découvrirque lanominationétaitduressortdugouvernementpour

unvivant,tandisqu’elleétait de celuidel’Assemblée ES AG

pour la dignité accordée à titreposthume. Ce futle IM G- caspourdeLattre,nommétroisjoursaprèssamort, AK en1952.IdempourLeclerc quelquesmoisplustard. Kœnig, lui, ne le sera qu’en1984(parMitterrand), libère lesports en… douze jours, traverse le Rhône à prèsdevingtansaprèssadisparition.SeulJuin,dis- Arles(malgré lesponts coupés) puis envoie la 1re divi- tingué en 1952,leseradeson vivant. sion blindée(DB)etla1re division française libre(DFL) surlarivedroite. Lesquellesremontent vers Lyon et Dijon. L’arméeseretrouve à Mulhouse puis, fin DELATTRE, novembre 1944,devant lesVosges. L’hiverest rude. De Lattre l’utilise pour instruireetdiscipliner les LEGENTILHOMMEVENDÉEN 100000 FFI quilerejoignent. Unetâche aussimili- Issud’une familledegentilshommesvendéens, Jean taireque politique, tant la France estdivisée:àTunis, JosephMarie GabrieldeLattredeTassigny, né en c’estséparémentqu’arméed’Afrique et troupes gaul- 1889,enaconservé l’élanetl’élégance. Auxquels listes avaientdéfilé… s’ajoute un goûtdufaste et du cérémonial aussifort UnefoisColmarlibéré,ilentre en Allemagnele quechez un maréchal de Saxe.CavalieraprèsSaint- 31 mars 1945,puisperce jusqu’à Ulmetaulac de Cyr, il obtient, en 1915,derejoindre l’infanterie. Il est Constance — exploits dont on apeu parlé.Blessé pour blessé quatre fois.PuisceseraleMaroc,oùla France sestroupes, de Lattre plaidera avec émotion à la radio mène la guerre dans le Rif. De Lattre estensuite nommé le jour de Noël1944, en faveur de ceshommes«qui à l’état-majordeWeygand.Arrive la Seconde Guerre ne sentent passetendreverseux l’amour dupays ». mondiale.Commandantdela14edivision d’infante- rie(DI), il bloque l’avance despanzers à Rethel, du 16 maiau11juin 1940. Demeuré dans l’arméed’armis- JUIN,LEPIED-NOIRPATERNEL tice,ilcréel’école descadresd’Opme(Puy-de-Dôme), Pied-noir(et fier de l’être!),Alphonse Juin estnéàBône, commeilleferaplustard à Douera (Algérie) et à Coët- en Algérie, en 1888.Filsd’ungendarmedontlepère quidan,dontilest le “père”.Partout le même objec- était déjàétablilà-bas,ilintègreSaint-Cyr et participe tif: former des«hommesdedevoiretdecaractère ». à la GrandeGuerredansles rangsdes tirailleurs maro- Lorsqueles Allemandspénètrentenzonelibre,le cains, ce quilui vaut deux blessures,dont la pertede 11 novembre 1942,ilordonne de fairefeu.Conséquence: l’usagedeson bras droit. Capitaine, il sertensuite unecondamnation à dix ansdeforteresse. Dont il auprèsdeLyautey, enthousiasmé parson jeune offi- s’évade.Puisilest nomméàla tête des200000Fran- cier.DéfendantLilleen1940, il estfaitprisonnier. Libéré çaisdelaIre arméequi vont débarquerenProvence. l’annéesuivante,ilremplaceWeygand à la tête des CommeJuinenItalie, de Lattre doit se faireune place. Le plan allié le charge de libérerToulonetMar- DeLattrecondamné seille, ce quidoitleretenir jusqu’à la finseptembre, tandis queles Amé- àdixansdeforteresse… ricainsfoncerontverslenord.Il dontils’évade ! refused’attendreaussi longtemps,

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 55 LESERMENTDEKOUFRA

«Jurez de ne déposerles armes quelorsque noscouleurs, nosbellescouleurs, flotteront surlacathédraledeStrasbourg. » Leclerc,2mars1941

parvienne à imposersatactique:délaisser lesvallées trop bien défenduesetpasser parles crêtes.Unplanimpossiblesur le papier,maisleseulréaliste.Sur tous les fronts la “signature” Juin,mélangeper- S

GE manent d’audace et de raison.Ceseral’écla- MA

-I tante victoire du Garigliano. Le front de KG Kesselring estouvertsur 25 kilomètres.La /A

DT trouéedécisive. Rome tombele5juin, Sienne le 3juillet.Juinveutalors foncer sur DUPON lesAlpes et,par l’Istrie, vers l’Europe cen- ION

CT trale. Objectif: prendre l’Allemagneen COLLE tenailles et devancer lesSoviétiques.Chur- chill approuve,pas lesAméricains. Ceux- ParmilesaïeuxdeLeclerc, ci visentlaProvence, ce seralaProvence. Avec cette campagne,Juin n’en estpas moins entré dans le cercle descombattants trèsfermé desgrandshommesdeguerre. Sonpres- tige estconsidérable. « Il afaitrevivre l’arméedela descroisades. MarneetdeVerdun »,dit de luilegénéralMarshall. Tout en demeurant, toujours,leplushumaindes chefs, paternel et gouailleur. troupesd’Afrique du Nord. De cettearméeildira, à l’issue de la campagne d’Italie:«Ma penséereconnais- sante allait au généralWeygandqui l’avait constituée LECLERC, à Alger en lui forgeant sonâme et me l’avait léguéeau moment de l’employer. » Nomméàla tête des100000 L’ARISTOCRATEPICARD hommes du corps expéditionnaire françaisenItalie De sonvrainom Philippe de Hauteclocque — Leclerc (CEF), C’estlàqu’ilvaserévéler. Lorsqu’ildébarque à estson patronymedeguerre —,cePicard, futurporte- l’aéroport de Naples,personnepourl’accueillir:depuis drapeaudelacroix de Lorraine, estledescendant la débâcle de juin 1940,les Françaissontdédaignés. d’unelonguelignéemilitaire. Plusieursdeses ancêtres L’arméedeJuinvaeffacer ce souvenir avec sonsang. ontcombattu durant lescroisades, d’autres furent offi- Fin1943,les Alliéspiétinent au basdelaBotte, ciersdeNapoléon.Néen 1902,ilest trop jeunepour devant la ligneGustave et le mont Cassin.Juin obtient la GrandeGuerre. Cavalier,ilsertauMaroc au 8e d’attaquer le massif du Pentano, où lesAméricainsse spahis, puis dans un goum (unité d’infanterieindi- sont cassé lesdents.Intrépide,illance la 2e division gène commandéepar lesFrançais).Ilaimecepays. Et d’infanteriemarocaine(DIM) qui, aprèsdeuxassauts, se battre.Alors instructeur à Saint-Cyr, dont il est conquiertlepiton. Galvanisé,l’undeses hommes,l’as- diplômé,ilprofite d’unepermissionpouryretourner pirant Magaud,sejette,unchapeletdegrenadesautour fairelecoupdefeu!En1940, capitainedansunétat- de la taille, pour neutraliser un groupe de mortiers majorencerclé,ils’évade,retrouve le front. Blessé,et ennemis. encorefaitprisonnier,ils’évade à nouveau. Suivrontd’autresassauts. Autantdevictoires.Ilfaut En juillet 1940,ils’envolepourLondres.Première cependantattendreleprintemps 1944 pour queJuin mission:rallier le Cameroun à de Gaulle. C’estensuite

56 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 Pagedegauche:vignetteéditée,aprèssamort,enl’honneurduchefdela2e DB. Ci-dessous :KœniggouverneurmilitairefrançaisdeBerlin(à gauchedumaréchal Montgomery, dugénéralClayetdugouverneurbritannique,Robertson),en1945. le Tchad. À l’issue d’uneincroyable traverséedudésert, il conquiertl’oasis de Koufrale1er mars 1941,puisle Fezzan,avant de remontersur Tripoli. Ce qui était la “forceL”(pourLeclerc)vadevenir au Marocla2edivi- sion blindée(DB), mêlant à ses5000 hommes les10000 autres,tousvolontaires, qu’ilagrège surplace.Cesera la division française choisiepourdébarquerenNor- mandie.Objectif final:libérerParis. Leclercest un extraordinaire manieurdechars, jouantaumieux de la vitesseetdelamobilité.Sadoc- W GNO

trine:si l’ennemi résiste, il faut le contourner,ledébor- MA /I

der. C’estainsi que, répondant à l’appeldes FFI ayant ES déclenché trop tôtl’insurrection,ilabordelacapitale AG IM parlesud avantmême queles renforts allemandsaient G- AK eu le tempsd’arriver. Même manœuvre à Baccarat, puis à SaverneetàStrasbourg. Volontiers cassant mais fulgurant, Leclercest tou- retour à Brest, il s’embarque pour Londresle19juin. joursenavant.Sapréparation esttoujoursminutieuse. Kœnigest de toutes lespremièresopérationsgaul- Il s’appuie aussisur la puissancedefeu américaine: listes:,invasion de la Syrie… Appeléàorgani- «Nousbattonsdepuisquatre mois lesAllemands,qui serles Forces françaiseslibres(FFL)duLevant, il ne manquent pasdechars, parcequ’ilsn’ont aucun prendlatêtedesa1re brigade, quirejoint Montgomery appuiaérien » (l’inverse de mai1940), dit-il. À la fin en Tripolitaine.Le1er février1941, mission luiest confiée du conflit,toutunsymbole:sadivision le conduit de fixerles AllemandsdevantBir Hakeim, important jusqu’au nidd’aigle d’Hitler. pointd’eau au sud de Tobrouk. Composé de légion- naires,fusiliersmarinsetartilleurs,lepetit corpstien- draseize joursencerclé,attaqué parchars,canonset KŒNIG, avions… Le 11 juin,Kœnigdécide d’unesortieenforce et rejointles lignes alliées.Churchill rendra hommage L’ALSACIENSORTIDURANG à cetexploit ayantpermisaux troupesdePalestine Seul desquatremaréchauxdelaSeconde Guerremon- d’arriver. L’opération devient légendaire. diale à être sorti du rang,Marie-PierreKœnig, né en Parlasuite,Kœnigest affectéàl’état-major à Alger, 1898 à Caen,s’engage à 19 ans, en 1917. À la findu avec l’objectif,pluspolitique,d’atténuer lesfrictions conflit,ilest sous-lieutenant,décoré de la médaille entre “légalistes” et “dissidents”.Puisilseranommé militairepoursaconduiteaufeu.Ilsertensuite au commandant supérieurdes FFI,chargé de coordon- Maroc, au seindelaLégion.Arrive1940. Avec ses nerles actionsd’Eisenhoweretdes maquisards. • légionnaires,ilparticipe à l’expédition de Narvik. De FrançoisCote

LEURAPRÈS-GUERRE ■ JeandeLattreIl sera envoyé fin1950enIndochine, de Gaulledesamaisonmilitaire.Cedernier luirendra où il fondenotamment l’arméevietnamienne. Il convainc cependant hommage lorsdeson décès, en 1967. parailleurs(pour un temps) nosalliésdelajustesse ■ PhilippeLeclerc Il estenvoyé en Indochinedèsaoût1945. de ce combat.Ilmeurt en 1952,quelquesmoisseulement Bien quedépourvu de moyens,ilreprend pied à Saïgon aprèsson fils Bernard, tué au combat à Ninh Binh. et Hanoï,combat, négocie. De retourenFrance ■ AlphonseJuinAprèsleconflit,ilserasuccessivement en juillet 1946,leplusgaulliste desmaréchaux résident généraldeFranceauMaroc, inspecteurgénéral de la SecondeGuerre mondialesetue l’annéesuivantedans desforces armées françaisespuiscommandantinterallié un accident d’avion prèsdeColomb-Béchar,enAlgérie. desforces terrestres atlantiquesdusecteurCentre- ■ PierreKœnig Seul à effectuerune carrière politique, Europe. Sans rejoindreles insurgés, ce pied-noirattaché engagé au RPF, le parti gaulliste,ilseranotamment à sa terres’opposera à l’indépendance algérienne. ministre de la Défensenationale en 1954 et 1955. Au pointque,maréchal de France,ilseraprivé par Il meurt en 1970.F.C.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 57 XXXXX ES AG IM G- AK SASenAlgérie,l’armée ausecoursdespopulations Soinsmédicaux,distributiondevivres,scolarisation…Loindescaricatures, lesSectionsadministrativesspécialisées,enplusdelaluttecontreleFLN,sesontdévouéescorps etâmeauxpopulationslocales.Payantsouventdeleurvieleurextraordinaireengagement…

58 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 “L’arméedepacificationàl’œuvre:premièreleçon POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS d’écritureparuninstituteurrappelé” (cartepostalefrançaise).Ci-dessous,l’insignedesSAS.

eFLN ne s’yest pastrompé.Dansune note internedu10mars1958consacréeaux SAS, 752 lesrebellesalgériensjugent«dangereuse (…) l’assistancemédicale gratuite et l’action C’estlenombredemembres desSAS Lmédico-sociale » pratiquéepar cesmilitaires assassinéspar le FLNentre 1955 français, aidésd’un«personnelqualifié de médecins et 1962. Parmi eux, 70officiers auxiliaires »,«d’assistantes sociales » et de « moni- et 33 sous-officiers.Auxquels teursdejeunessemusulmane ».«Dangereuses »,aussi, s’ajoutent plusieursmilliers cartroppopulaires, l’ouverturedeCentres de forma- de blessés, mutilésettorturés… tion de la jeunesse algérienne (CFJA),declubs spor- tifs gratuits et de cesinnombrablessallesdeclasse gérées parles SAS, lesquellesrisquent, seloneux,«de toucher lesparentsd’élèves, de lespossédermême, surtout si l’on songe à cescantinesscolairesqui sou- lagent lesfamillesnombreusesetpauvres, éveillent Dèslaconquêtedel’Algérie, alorsrepaire de pirates la reconnaissance,donclaconfiance ».D’où lesmul- barbaresques auxmains desTurcs,en1830, lesmili- tiples assassinatsdontserontvictimesces soldatspas taires françaissesontpréoccupés, outreladomina- commeles autres… tion desarmes,d’établir desrelations de confiance C’estpar un arrêté de 1955 du gouverneur général avec la population musulmane. Le généraldeBour- de l’Algérie, JacquesSoustelle,suivi d’un décret pré- mont garantit à tous leshabitants le respectdeleur sidentiel de De Gaulle du 2septembre 1959 précisantles missionsdeses chefs, quesontcréées lesSections “Notrepremiersoin :reconstruire administrativesspécialisées (SAS) visant au « développement écono- lesvillages,créerdesmarchés, mique et social » despopulations établirdesécoles…” algériennes. Mortquarante-trois ansplustôt, le généralGallieni, paci- ficateur du Sénégal, du Tonkin et de Madagascar,avait liberté,deleurreligion,deleurs propriétés, de leurs parfaitement résumé,enson temps, ce queseront l’ob- commercesetdeleurs femmes.Puisviendrontentre jectif et lesméthodes de ces képisbleus,mis en place autres, à partir de 1933,les bureauxarabes (lireenca- au commencementdes troubles:«Le meilleur moyen dré page 60).Toutaussi pacificatriceaétél’action du pour arriver à la pacification, déclarait-il,est d’em- servicedesanté militaire, quidébarque en 1830 avec ployer l’action combinéedelaforceetdelapolitique 270officiers de santé et 5hôpitaux de 500lits. En jan- (…).Ilfautnousrappeler quenousnedevonsdétruire vier 1831,lavaccination contre la varioleest imposée qu’à la dernière extrémité,etdanscecas encore,ne à Algeretdansles tribusvoisines. Lesarrêtésde1845 ruiner quepourmieuxbâtir.L’officier ne doit pas et 1847 du ministre de la Guerreprescrivirent l’admis- perdre de vueque sonpremiersoin (…) seraderecons- sion gratuite descivilsdans38hôpitaux et de mul- truire le village,d’y créer immédiatementunmarché tiples “infirmeries indigènes”.En1870, le servicede et d’y établirune école.L’actionpolitique estdebeau- santé sera ouvert auxpopulationslocales:4000 lits coup la plusimportante;elle tire sa plusgrande force militaires sont transférésaux hôpitaux civils. de la connaissance du pays et de seshabitants (…). C’estdanslalignéedeces actions, et afind’as- C’estlaméthode de la tached’huile.Onnegagne du surer«la liberté et l’égalité de tous lesAlgériens », terrain en avant qu’aprèsavoir organisé celui qui est telque le prônera le général Ély,alors chef d’état- en arrière.Cesontdes indigènesinsoumisdelaveille major, queSoustelle décidera de créer sonService qui nousaident à gagner lesinsoumisdulendemain… » desaffairesalgériennes, représenté surleterrain

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 59 XXXXX

Ci-contre,soldatsfrançais surveillantunchantier. Pagededroite:membre desSASprotégeantlesjeux d’enfantsalgériens. ES AG IM G- AK

pardes officiers nomméschefsdes Sectionsadmi- dans certainssecteurs, atteintprèsde50%en 1962! nistrativesspécialisées.Ceux-ci essaimerontdans Dont plus de 100000 élèvesformésdansles écoles lesbleds (campagnes)maisaussi, à partir de 1957, de l’armée… dans lesgrandes villes (Alger,Oran, Constantine…) et leursbanlieuesauseindes Sectionsadministra- tivesurbaines(SAU).Cecorps desAffairesalgé- Médecinsetinfirmièresmilitaires, riennesvarapidements’étoffer,jusqu’à compter victimesdesattentatsduFLN 700SAS gérant chacun unepopulation de 10000 à 20000 habitants, le plus souventdelamêmeethnie. Tous volontaires, lesenseignants desSAS s’inves- Comptant,en1960, pasmoins de 1400 officierset tissent, pour la plupart, trèsau-delà de leursrespon- 650 sous-officiers,auxquelss’ajoutent 3700 atta- sabilités. Un rapportd’inspection évoqueainsi une chéscivils, lessoldats desSAS sont notamment institutrice,MlleCorneau,«en pleineactivité,en chargésdel’assistancemédicale gratuite (AMG), train d’épouiller,passeraushampoingetdoucher développéedanstoute l’Algérie, de la distribution unequarantainedefillettes de l’école ».Plusméconnu de vivres et de vêtementsdansles villages lesplus encore estleurengagementauservice desdroitsdes reculésetdudéveloppementdelascolarisation: femmes musulmanes, dans le cadredel’ordonnance quasiment nulen1954,letauxdescolarisation, du 4février1959adaptantlestatutdelafemme

LESHÉRITIERSDES“BUREAUXARABES” Créé parlecapitaine Lamoricière, agriculteurs. C’estpourquoiils firent le ministreradical JulesFavre le premier bureau arabevoitlejour échouer la politique du cantonnement en conviendra en 1871:«L’éternel en 1833,troisans aprèslaconquête et entreprirent unevéritable colonisa- honneur desofficiers desbureaux de l’Algérie. Ilsserontconsidérable- tion en créantdes villages indigènes. arabes estd’avoirsudevenir et rester mentdéveloppés, à partirde1844, Ils s’efforcèrent aussi de lutter contre lesamisdes indigènes. » Sous la pres- parlegénéralBugeaud.Pourtantpeu le paludisme, d’améliorer l’économie sion descolonsopposésaupouvoir suspect de sympathiepour indigène en introduisant du matériel militaire, lesbureaux arabes furent le colonialisme, l’historien Charles- et descultures nouvelles. » C’est à leur supprimés à partirde1870, pour céder RobertAgeron en décrit le fonctionne- instigation quelesénatus-consulte la place à descommunesmixtes mentdansson Histoire de l’Algérie de 1865 déclarafrançaisles indigènes confiées à desadministrateurscivils. contemporaine (Puf,1984): algériens, leur accordantlacitoyen- Quelquesrares bureauxrestèrent « Lesbureauxarabes, véritables neté entière en échange de leur cependantenplace jusqu’en 1880. gouvernants destribusde1844 à 1880, renoncement à leurstatutcivil Ceux-ci, surtout, furentrecréésau tentèrent d’associerles musulmans de droitlocal,ledroitmusulman — Marocsouslaforme du Service des au progrès économique.Ils voulaient ce qu’unnombretrèslimité accepta. affairesindigènes. Lequelsubsista sédentariser lespasteurs- À l’originehostile à cesbureaux, jusqu’à l’indépendance,en1955. A. F.

60 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS

Assistance médicalegratuite, distribution devivres etdevêtements… ES AG IM G- AK tant le statut de la femmemariéealgérienne à celui (SPL,1977).Enplusdes soldatseux-mêmes, des de la métropolitaine:abandon de la contrainte pater- dizaines de ces médecins et infirmièresseront en nelle,inscription à l’étatcivil, égalité desdeux époux effet assassinéspar lesrebelles, tellemédecinaspi- devant la loi, divorcejudiciaire… rant Feignon,delaSAS de Djillali, dans l’Oranais, Lesquelque 700médecins militaires et 1300 égorgé le 29 mars 1956 parceux-là mêmesqu’il infirmièrestravaillantenliaison avec lesSAS vont avaitsoignésquelquesjours auparavant… subireux aussideplein fouet la violenceduFLN. Un acte d’autant plus lâcheque,rappelled’An- Lequel ne se contente pasdemenacer lesfamilles doque, « tous lesmusulmansqui désiraient être musulmanes dont lesenfants sont scolarisésou soignéspouvaient entrersansaucun contrôle dans de… détruire lesmédicaments distribués, quali- le SAS et circuler tout à loisir danslecampement ». fiésde«mauvais médicaments colonialistes », Ce quin’est plus le casaujourd’hui:aux mainsdu ainsiqu’en témoigne l’un deschefsdes SAS, Nico- nouveau pouvoirdepuis l’indépendance,ceuxqui lasd’Andoque,dansson livre Guerre et paix en ontsubsisté sont devenus descamps retranchés. • Algérie, l’épopéesilencieuse desSAS:1955-1962 Arnaud Folch

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 61 XXXXX E S N FE DE LA DE RE TE MINIS CommentlaSécuritémilitaire traquelesdjihadistes Luttecontrel’Étatislamique,connaissancedescapacitésdel’ennemi… Plongéeinéditeaucœurdenotreservicederenseignementsàl’écoutedumonde.

’est à Creil(Oise), dans un ensemble de bâti- civiletmilitaire”,une action devenueindispensable mentsanonymessurprotégés, quesetrouvent avant, pendantetaprèschaqueopération militaire. lesyeuxetles oreilles de la France dans les En Irak et en Syrie, ce sont euxqui aiguillentles zones de conflit armé:1000 personnes en frappesaériennesenconstituant des “dossiersd’ob- C tout,sur les1800que compte la Direction jectif”,sousforme de cartes inéditesultra-précises, du renseignement militaire(DRM).Derrière le nom identifientles ciblesets’assurent qu’iln’y apas de barbared’“intelligencedes données dans le domaine civils alentour (no strike list), avantqu’un Rafale ou

62 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS ÀlaDRM,descartesultra-précises identifientlescibles. un Mirage ne pulvérise sonobjectifentirantunmis- sile Scalp ou unebombe à guidagelaser.AuMoyen- Orient,c’est encorelaDRM quiaapporté sonappui LADRMENCHIFFRES auxopérationsmenées parles Kurdes.Ainsi de ce jour, au sud-est de Mossoul,oùcescombattantssou- ■ 1992 Création. tenuspar la France ont été informésqu’un camion ■ 1800 Les effectifs, militaires bourré d’explosifs était parvenu à forcer plusieurs et civils, dont 26 %defemmes barrages et fonçaitsur eux. Sans le renseignement en 2016. imagefournipar un avion légerdesurveillanceetde ■ 350 Le nombredespécia- reconnaissance(ALSR), plusieursdizainesdemorts listesenguerre électroniquequi auraient étéàdéplorer. vont être recrutésd’ici à 2020.

Expertsenvoyéssurlesthéâtres d’opérations en étudiantminutieusementtoutesles empreintes numériques.Maisaussi en envoyant desexperts Àla DRM, où la collectesuperposéedes données géo- surles théâtresd’opérationspourfaire parler le localisées et datées, dite “renseignement géospatial”, matériel récupéré.Voire,s’ilest trop endommagé, estdevenue unescience, il estessentiel de réussir à en examinantdirectementunélémentdansses faireparlerlamémoiredes cartes,des photographies, laboratoires de Creil. Règled’or:protégerl’inté- desconnexionsInternet, desnuméroscomposés, des grité desdonnées.«On travaille toujourssur les conversationstéléphoniquesouradio,ouencoredes copies »,nousprécise-t-on. infrastructures civilesetmilitaires d’un pays.Cette L’unedes missionshistoriques de la DRMest par mémoire constituelecarburant de nosmilitaires qui ailleurs de connaîtreles capacitésmilitaires de nom- parviennent, notamment, à exploi- tern’importe quel ordinateur de djihadistetué. Lesyeuxetlesoreilles «Ici, on croise tout »,résume un officier. Avecl’aidedelin- delaFrancedansleszones guistes, les geeks du Centre de deconflitarmé recherche et d’analyseducyber– espace (Crac)poussentles télé- phones, puces,ordinateurs et disquesdursretrouvésdansles combatsaumaxi- breuxpays. Au casoù… C’estainsi elle quisurveille mumdeleurcapacité,ycompris lorsqu’ils semblent lessujetsultrasensiblesdes capacitésnucléairesde bons à jeter à la poubelle.Les spécialistesdela l’Iran ou de la CoréeduNord.Elleobserve égale- DRMrecueillent,analysent et exploitenttoutce ment, via sesspécialistesdel’imagerieetdelacar- qu’ils trouvent.«On cherche aussi à savoir qui tographiesatellite,l’évolution du conflit en merde appelle qui,par exempleaux abordsdustade de Chineméridionale. Où la DRManotamment pu Raqqa,enSyrie,qui aservi de quartier général découvrirqu’unevingtaine de récifs auraient été et de prison à Dae’ch »,confieuncolonel. Les transformésenbases militairespar la Chine… • limiers de la DRM étendentleurs investigations LouisdeRaguenel

LA“MINED’OR”DESRÉSEAUXSOCIAUX Outreses outils de pointe de reconstitution de zones unespécialiste de la collecteensourceouverte.Mises en troisdimensions, dignes desmeilleurs jeuxvidéo, en lignepar lesutilisateursdeYouTube, Facebook et de captation du renseignementphotographique Twitter, cesinformationsconstitueraient désormais et électromagnétique(conversationsaudio), la DRM 90 %durenseignementcollecté!Aupoint,poursuit- fait largementappel à « la mine d’or que constituent elle,que « la source ferméeest aujourd’hui utilisée lesréseauxsociaux »,comme nous le confie pour vérifier la source ouverte. ».L.deR.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 63 POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS Héritièredelaprévôtéetdelamaréchaussée, lagendarmerie,prochedescitoyens,aétédetouttemps l’unedesinstitutionsfavoritesdesFrançais. Lagloiredel’Arme CrééeilyaprèsdeseptsièclessouslesCapétiens,lagendarmerie estl’unedenosplusanciennesinstitutions.Comptant,outrelecolonelBeltrame, nombredehérostropsouventméconnus.Historique. Par Pierre-Marie Giraud*

njustement «ignoréeoumarginalisée »,comme le combat,maisaussi le plus ancien combattant fran- ditl’historien Jean-NoëlLuc,lagendarmerien’a çaisformellementidentifié.Ilest honoré tous les longtemps été connue qu’autravers de caricatures. 16 févrierlorsdel’hommage national auxgendarmes Au XIXe siècle, c’est le gendarme Pandore,néde tombésenservice.La109e promotion (2003-2004) Il’imagination deschansonniers: un brave un peu de l’École desofficiers de la gendarmerie nationale pleutre élevé dans la crainte de Dieu et de sessupé- (EOGN) de Melun porte égalementson nom. rieurs.Puiscefurent, desannées 1960 à 1980,les aven- Quatre siècles plus tard,sousl’empirenapoléo- turescomiquesdumaréchal deslogis-chef Cruchot nien,Antoine Foulon estsous-lieutenant à la 4e légion (Louis de Funès),commandantaucinéma de la bri- de gendarmeried’Espagne,oùil mène combat sur gade de gendarmeriedeSaint-Tropez… combat,multipliant lesactionsd’éclat — ce quilui Venant aprèsles exploits du GIGN (Groupe d’in- vaudra la Légion d’honneurpourfaits de guerre tervention de la gendarmerienationale, lire page 68), exceptionnels. À 42 ans, il esttuéprèsdeBilbao,le l’exceptionnellebravoureducolonel Beltrame,tué 10 avril1813. Foulon restel’undes officiersdegen- en mars 2018 parunterroristeislamiste après darmerie lesplusglorieux. Cité sept fois tant à l’ordre s’être volontairementsubstituéàuneotage à Trèbes de l’arméeque dans le livred’ordelagendarmerie, (Aude),achangé le regard de nombredeFrançais il estlepremier officier de l’Empire tuéàl’ennemi surcette magnifiqueinstitution,jusqu’alors aussi à donnerson nom à unepromotion de l’EOGN,la reconnue queméconnue. 105e (2000-2001) — laquelle précède la promotion Pour autant,qui connaîtles cinq nomsdebatailles “Capitaine-Gauvenet”,dontlecolonel Beltrame est inscritessur le drapeaudelagendarmerie (lireenca- sorti major. dré page 67)?Qui connaîtceuxdeses hérosLeGal- lois de Fougières, AntoineFoulon, Jean Vérines, WillyPelletier,Camille Mathieu ou Jean d’Hers,dont lesnomsignorésont été donnés à plusieurspromo- LAGENDARMERIEENCHIFFRES tionsdesous-officiersetsous-officiers de gendar- merie? ■ 1339 Naissancedelaprévôté. ■1677 Devientlamaréchaussée. ■ 1791 Appellation définitive de “gendarmerie Actionsd’éclat,opérationsglorieuses, nationale” faitsdeguerreexceptionnels… ■ 3 Les missions de la gendarmerie:police judiciaire,policeadministrative, missions Le premier, l’écuyerLeGallois de Fougières, se dis- militaires de police et de défense. tingue il yaplusdesix siècles,le25octobre 1415, à ■ 130000 Nombredegendarmesd’activeetde Azincourt (Pas-de-Calais), la plus célèbrebataillede réservistesopérationnels,dont6700officiers. la guerre de CentAns.Aucours de cettedéfaitecui- ■ 3150 Nombre de brigades territoriales sante pour la cavaleriefrançaise,déciméepar les (enmétropole et outre-mer). archers anglais, pasmoins de 6000 chevaliers sont ■ 109 Nombre d’escadronsdegendarmesmobiles. tués. Parmi eux, Le GalloisdeFougières, prévôtdes ■ 2009 Annéedepuis laquelle la gendarmerie, maréchaux, chargé de surveiller lesgensdeguerre quifaittoujourspartiedes forces armées,aété en campagne.C’est le premiergendarmetuéau rattachéeauministère de l’Intérieur.

64 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 XXXXX OM .C ES AG NIM MA GE RID .B WWW

VALEURSACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 65 XXXXX A RE D/ AR ALL ICK TR PA

Peuprésente dans lescombats de 1914-1918, où elle estleplussouvent cantonnée à l’arrière pour veiller à la mobilisation,lagendarmeriedéplorera cependant 710tués, tandis que5000 de seshommesserontdéco- 95% résdelacroix de guerre.BlesséàVerdun et au chemin desDames,lechefd’escadron Jean Vérines, autrehéros C’estlapartduterritoirenational, de l’Arme,est l’unedes “gueulescassées” de la Grande comprenant 50 %delapopulation, Guerre. Outresabravouredansles tranchées,ildevien- surlaquelleexercelagendarmerie nationale dra, au prix de sa vie, le symboledel’espritderésis- (Zone de gendarmerie nationale). tanceengendarmeriedurantl’Occupation.Car durant cettepériode, et loin descaricatures,sides gendarmes collaborèrent effectivement à la traque desrésistants ou auxrafles,d’autress’engagèrent contre l’occupant et sauvèrent de nombreux Juifs. Vérinesest l’un d’eux. gnements militaires.Arrêté le 10 octobre1941 à la casernePrince-Eugène,ilest misausecret à la prison de Fresnesavant d’être transféréàcelledeDüssel- Lecapitainecourage dorf.Condamnéàmort le 30 août1943, il estfusillé tuéparlesJaponaisen1945 le 20 octobre. En 1947,lacaserne Prince-Eugène, immense bâtimentbarrant la placedelaRépublique, AffectéàParis, il participedèsl’été1940 au réseau sera rebaptiséedunom de Jean Vérines, qu’honore Saint-Jacques, unetrèsactiveorganisationderensei- aussi la 51e promotion de l’EOGN (1947-1948).

MATHIEU,LEDERNIERDES“JUSTES” Ayantpermis à desJuifs françaisetétrangers d’échapper mortl’annéedernière à 102ans,honoré avec sa femme à la déportation,dix-huitgendarmesont été reconnus et sa mère en 1976.Affecté, à l’été 1941, à la garde du camp Justes parmi lesnations parlecomité françaispourYad de Drancy,Mathieu avaitsauvé troisJuifsavant de les Vashem. Dernier d’entreeux à recevoir ce titreausein aider,avecsafemme, à franchir la lignededémarcation de l’arme:legarde républicain à piedCamille Mathieu, en compagniedeleurs familles.P-M.G.

66 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS Défilédejeunesréservistes,hommesetfemmes, aucentred’entraînementdesforcesdegendarmerieàSaint-Astier.

CINQBATAILLESINSCRITESAUDRAPEAU

À côté des fièresdevises “Honneur inscritssur le drapeaudelagendar- clé de la conquêtedel’Algérie et patrie” et “Valeur et discipline”, merie,Hondschoote est également parlaFrance. cinq nomsdebataillessontbrodés le nom de la 93e promotion ■ Sébastopol(1855) En septembre dansles plis du drapeau de l’EOGN (1988-1989). 1855,durantlaguerredeCrimée, de la gendarmerie. ■ Villodrigo(1812) Le 23 octobre deuxbataillonsdurégimentde 1812,une légion de gendarmes gendarmerie à pieddelagarde ■ Hondschoote(1793) Le 8sep- à chevalbousculeles dragons impérialeparticipent à l’assaut tembre 1793,la32edivision de anglais à Villodrigo (Espagne). et à la prisedelaville de Sébastopol. gendarmerie enlève à la baïonnette ■ Taguin(1843) Le 16 mai1843, ■ Indochine(1946-1954) Durant la buttedumoulindeHondschoote, 30 gendarmesparticipent à la prise cetteguerrecoloniale de huit ans, prèsdeDunkerque,assiégéepar de la smalad’Abd el-Kader parles lesgendarmesperdront655 lesAnglais.Premier descinqnoms troupesduduc d’Aumale, épisode hommes, tuésoudisparus. P-M. G.

TorturéparlaGestapo, ilnelivrequ’unseulnom: lesien

Autre hérosdelagendarmeriedurantl’Occupa- l’attaquedes garnisonsfrançaises(2500 morts), tion:WillyPelletier.Résistantdelapremière heure l’officier et ses équipes de saboteursfontsauter (dèsdécembre 1940), il meurt dessuitesdeses bles- troisponts stratégiques.Une semaine plus tard, sures à l’hôpitalmilitaire allemand de Nantesen le 18 mars 1945,Jeand’Hers, à bordd’une petite mai1944. Il avait30ans.Torturé parlaGestapo pen- vedette et à la tête d’unequinzained’hommes, est dant unesemaine,iln’avait livré qu’unseulnom:le de nouveau en première ligne. Face à lui, 200Japo- sien.Entre sonentréedanslaRésistance et sa fin nais établis surles deuxrives d’un fleuve,auxquels tragique,Pelletier multipliales missionsderensei- il infligedelourdes pertes.Maisl’opposition est gnementetdesabotage, d’organisation desmaquis trop nombreuse: il tombe, fauché parune rafale ainsique d’assistance auxréfractaires du Service de mitrailleuse.Ilseranommé Compagnon de la du travailobligatoire (STO)etaux pilotesalliésdont Libération en janvier1946. lesavionsavaient été abattus. L’unedes plus grandes Associéàla batailledeMedjezel-Bab, survenue casernes du groupement de gendarmeriedeLoire- durant la campagne de Tunisie, sonnom a été Atlantique porteson nom depuis 1984. adopté parles 47e et 48e promotionsdel’EOGN À prèsde10000 kilomètres de là,etalors que (1946-1947). Hommagedelagendarmerie, hom- la guerre s’achève en Europe,unautre officier de mage de la Nation à ce grandgendarme.Unhéros gendarmerievasedistinguer. Père de sept enfants, parmi tant d’autres. • chef de la résistancearméedansl’ouest de la Cochinchine, en Indochinefrançaise,Jeand’Hers, 34 ans, esttuéparles Japonaisenmars1945. Affecté commecapitaine dans notre lointainecolonieen mars 1940, il refuseladéfaiteetdevient le chef de *Pierre-Marie Giraud la résistance de l’Ouestcochinchinois. Il fait notam- estnotamment l’auteur mentparvenir auxBritanniques desrenseigne- d’Arnaud Beltrame, mentsmilitaires de première importance sur l’héroïsmepourservir l’implantation japonaise. Le 9mars1945, lors du (Mareuil Éditions, coup de forcejaponaissur l’Indochinemarqué par 175pages,16,50 euros).

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 67 XXXXX

26décembre1994. LeGIGNintervientsurletarmac del’aéroportdeMarseille-Marignane, oùlespassagersd’unAirbusA320

P sontprisonniersdesislamistes. AF T/ Touslesotagesserontlibérés ! OBE SG GE OR GE GIGN :“S’engagerpourlavie” Crééilyaquarante-cinqans,leGrouped’interventiondelagendarmerienationale estl’unedesmeilleuresunitésdecontre-terrorismeaumonde.Sélectionnésetformésàladure, sesmembresforment“l’élitedel’élite”delamaisonbleue.

180mètres de leurscibles, lesneuftireurs simultanés. Lesquelstouchent à la tête ou à la gorge d’élite sont tapisderrière desrochers depuis lesterroristes du Frontdelibération de la côte des l’aube.Peu avant16heures, l’ordredetir Somalisqui avaientprisenotagesdansunbus 31 tombeenfin. Lestémoins entendentun enfantsdemilitaires sous la chaleursuffocante de Àseul coup de feu. En réalité,quatretirs Djibouti.

68 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS

Ce 4février1976, le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale(GIGN), membredes troupes LEGIGNENCHIFFRES aéroportées, se révèle au monde. Pour cesmilitaires d’élite,c’est unedoublepremière — dans la mise en ■ 400 Effectif actuel. œuvre de leur techniquedutir simultané comme ■ 2456 Missionsaccomplies. dans l’expertise du feudeprécision,aujourd’hui ■ 618 Otageslibérés. encorel’une de leursgrandes forces.C’est aussi la ■ 288 Forcenésmaîtrisés. première fois qu’ils sont appelés à intervenir en dehors ■ 11 Morts en service. de l’Hexagone. Troisans plus tôt, lesjalonsdecejoyau de la gen- darmerie sont poséspar ChristianProuteau.Jeune sous-lieutenantde29ans, il n’estentouré quedeseize gendarmes. « Deshommesdéterminés, prêts à aller preneurs d’otages du Groupe islamiquearmé (GIA) jusqu’aubout, tout en défendant,toujours,lerespect projettent de faireexploserl’avion de ligneau-dessus de la vie »,témoigne-t-il. Crééele3novembre 1973, de la capitale.L’ordredeCharles Pasqua,ministre de l’équipecommandorégionaled’interventionest renom- l’Intérieur, au chef d’escadron DenisFavier, quicom- méeGIGN le 1er mars 1974. mande le GIGN,est simple:«L’avion ne doit pasredé- Sesdébuts sont épiques. Lesmilitaires,dontla coller. » À 17h12, le “topaction” estdonné.L’assaut deviseest alors “Sauver desviesaumépris de la sienne”, s’effectue — unepremière — sous l’œil descaméras doiventsemontrer inventifspourtrouverles ressources de télévision.Juchéssur despasserelles,les militaires nécessaires à leur mission.Des poidslourds privés font face auxterroristes pendantseize longuesminutes; sont ainsiréquisitionnéspourlaconstruction du rem- 1500 balles sont tirées.Dix gendarmesserontblessés, blai du standdetir du fort de Charenton. Lesgen- mais tous lesotagesserontsaufs!Une opération qui darmes font égalementune apparition dans le film Peursur la ville avec Jean-PaulBelmondo. “Legroupe,c’estunefamille ; Dont cesinventeursdelades- cente en rappel en hélicoptère nousvivonsunepassion.” repartentavecdenouvelles cordes offertespar la production… « Le groupe,c’est unefamille; nousvivionsune passion, se souvient un ancien,Daniel confirmeaumonde entier lescapacitésexception- Cerdan. J’y ai perdu descamarades mais leurmort nellesdugroupe contre la piraterie aérienne. n’apas entravé notre détermination. » Cettesolida- En 2015, lors de leur intervention contre lesfrères rité estindispensable devant le danger.Auprintemps Kouachi, lesmilitairesduGIGNutilisent leur nouveau 1988,seize gendarmessontprisenotagespar desindé- véhicule Sherpa,conçu à l’originepourfaire face à une pendantistes kanaks en Nouvelle-Calédonie.Ces der- prised’otage dans un gros-porteur commel’A380. Les niersdisposentd’unarsenal considérable.Fixé au islamistes assassins desjournalistesdeCharlieHebdo 5mai,durantl’entre-deux-toursdel’élection prési- sesontréfugiésdansune imprimerie, à Dammartin- dentielle,l’assaut estterrible. Épauléspar d’autres en-Goële (Seine-et-Marne).Grâce à ce véhicule blindé, militaires,les douze hommes du GIGN sont accueillis lesgendarmessauvent un otageréfugiéàl’étage. parundéluge de balles.Deuxmembres du 11e Choc Lorsque lesdeuxterroristes tentent unesortie, les décèdent et quatresoldats,dontdeuxduGIGN,sont tireursd’élite,positionnés à unecentainedemètres du blessés. Dix-neuf ravisseurspérissent. bâtiment, ne leur laisserontaucunechance. Face à Al-Qaïda et Dae’ch,leGIGN,dansl’ombre, se prépare et agit.L’unité de contre-terrorisme est Lescordesutiliséesdans“Peursur présentesur lesthéâtresd’opérationsles plus chauds laville”offertesauxsupergendarmes pour lesmissionsles plus périlleuses, ycompris de protectionrapprochée. Depuis 2007,l’escadron para- Sixans plus tard,leGIGN fait de nouveau la une. Un chutiste d’intervention de la gendarmerienationale, Airbus A300 estimmobilisé surletarmacdel’aéro- dédiéàcettetâche,aétéintégré au GIGN. • port de Marignane. En ce lendemaindeNoël, lesquatre GaëtanThomas

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 69 XXXXX OS OT PH NM /M SE ES PR L’odysséedelaRoyale LesgrandshommesetlesplusbellesheuresdelaMarinebalisentlescollectionsdesonmusée, àParis.Àtraverssespièces,c’estlafabuleusehistoiredelaRoyalequisedessine. Visiteguidéeavecsondirecteur, lecommissairedelaMarineVincentCampredon.

u’importent lessoubresautsdel’histoire, Plus intéressé parsapuissance terrestreetagri- leschangements de régime et de noms. cole,leroi laisseralecardinal à la manœuvre. Pour sesmatelots, sesofficiers,maisaussi Nommé “grandmaître, chef et surintendantgéné- pour lesFrançais, la Marine,devenue raldelanavigation et du commerce de France”, Q “nationale”àla Révolution,restera tou- celui-ci unifieleLevant (Toulon) et le Ponant (Lorient). jours l’immortelleRoyale. «C’est le cardinal de Riche- C’estaussi luiqui établit parordonnance, en 1634, lieu,sousLouisXIII, qui acréé l’institution,raconte l’administration et la discipline de la flotte.Inspiré VincentCampredon,directeur du muséenational de la législation desHollandais, alors maîtres des de la Marine.Ensupprimantles féodalités, il a mers,cecodeservira de base à Colbert, l’autre concentré le pouvoir et estdevenu maîtred’une grandartisan de la centralisation du pouvoirau marinedeguerre d’État. » Unerévolution.Car «aupa- service de la Royale. ravant,poursuit-il,onlouait lesservicesdeGénois Sous LouisXIV,ceventfavorable continuera de ou de Hollandais, et desbateauxdecommerce souffler surlaMarine:«Àcette époque, régnaientla livraientcombat.Ainsi queles galèresjusqu’à la guerred’escadre, avecses militairesetses marins, deuxième moitié du XVIIe siècle. » et celledite de course, avecnos grands corsaires

70 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 Ornementsdepoupe delagalèreLa Réale. L’undesjoyauxdumusée delaMarine.

d’Étatcomme le Dunkerquois Jean Bart.Les Hollan- dais ont alorsperdu la batailledeTexel,que retrace unetoile de Jean-Baptiste Isabey. » Nommé premiersecrétaired’État à la Marine en 1669, Colbertest le nouveau pilote de la Royale. Créateurdelafonction de commissairedelaMarine, l’intendantqui gère à terrel’entretien et la logis- tiquedelaflotte,ilfonde aussilanotion d’inscrip- DanslabaiedeChesapeake, tion maritime,qui aperduré jusque dans lesannées 1960,etdedomaine public maritime,toujours en lavictoiredécisive vigueuraujourd’hui. «Son ordonnance de 1681 est un monument de la Marine, explique Vincent Cam- del’amiraldeGrasse. predon. Elle prévoit des écolespourles officiers et un système de conscription et de formation pour les équipages. Mais aussi deschantiersnavals, desarse- naux et desports sur toutesles côtes. Ainsique la gestion desforêtsroyales: on cesselesystème qui

ENAMÉRIQUE,LAREVANCHECONTRELAPERFIDEALBION

Les nombreuxcombats navals de la guerre aussiceconflit,auquel prendront notammentpart d’indépendance américaine, soutenue le “hérosaméricain” La Fayetteetlecommandant parlaFrance, seront l’occasiondesevenger de l’Hermione Latouche-Tréville. « En basdes jardins de l’Angleterre.Premier grandaffrontement du Trocadéro,une plaque rappelle la victoiredécisive franco-anglais, la batailled’Ouessant(1778) de l’amiral de Grasse danslabataille de la baie a été peinte parThéodore Gudin. Seizetoiles de Chesapeake en 1781 »,indique le directeur de Auguste-LouisdeRosseldeCercy retracent du muséedelaMarine. M. C.-C.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 71 XXXXX

70 C’estlenombre desbâtiments de surface de laMarine nationale. S’y ajoutent dixsous- marins,tous à propulsion

E nucléaire,dontquatre AT

FR armésdemissiles IA

ICK nucléairesbalistiques. TR PA

consistait à vendreduboisdeconstruction auxHol- Arrive la tourmente révolutionnaire:«Une déroute, landais pour leur acheterensuite desnavires. » raconte VincentCampredon:l’ordonnance de Col- Grâceaux réformes de Colbertetaux institutions bert estannulée, la hiérarchie à bord disparaît… qu’ilmet en place, la Royale,autemps de LouisXV, Lesnobles émigrant pour échapper à la guillotine, deviendralapremière marine du monde. Et c’estau il n’yaplus d’officiers.L’undes raressouvenirsde roi “bien-aimé” quelaMarinedoitson musée. «En cette époqueest le haut-reliefdupiédestal du monu- 1748, l’ingénieur navalHenri-LouisDuhamel du Mon- ment de la place de la République, à Paris,montrant ceau offrira sa collection de modèles,poursuitle le naufrage du VengeurduPeuple lors du combat directeurdumusée.D’abord exposéeauLouvre,elle d’Ouessantdu13prairialanII. » Lesmétiersdela amorceles collections.Auxquelless’ajoute la com- marine s’ouvrent à tous,ainsi queles arsenaux. Deve- mande à JosephVernet d’unesériedevuesdes ports nuenationale, la Royale part à la dérive. de France.Sur ses15toiles, 13 sont exposées au musée. » Idem pour le modèle du LouisXV,vaisseau à troisponts de 110canonsqui servit à l’éducation LesFrançaisvontaffronterungénie maritime du souverain — contraintcependantsur delastratégie,Nelson le tard à de sévèrescoupesbudgétaires. L’embelliereprend avec LouisXVI qui «s’intéres- Napoléon devratoutreprendre à zéro,oupresque. saitbeaucoup à la Marine. La campagneaméricaine Quinze modèlesdenavires de guerre de l’Ancien ad’ailleursruiné ses finances. » Le rois’impliquera Régime et de sa propre flotte luipermettaientde aussidansles grandesexpéditions. Au point, dit-on, peaufinerses tactiques. Cette collection Trianon,en de questionneraupieddel’échafaud: «A-t-ondes bois précieux, estune perledumusée — elle abrite, nouvelles de M. de La Pérouse? » entreautres, le modèle du Triomphant. «L’Empe-

LECANOTDEL’EMPEREUR

À sonbord,Napoléon avisité l’arsenald’Anvers Paris,qui l’asauvé desbombardementsdeBrest,raconte et inspecté la flotte.Longde18mètres,construit VincentCamprenon.Début août1943, aprèshuitjours de en troissemaines, c’estleseulcanot d’apparatconservé voyage en train, il traverseraParis en camion.D’abord en France.ExpédiéàBrest à la chutedel’Empire, entreposé dansles jardins, il ne fera sonentrée à Chaillot il se dote en 1858 d’unenouvelledécoration — Neptune qu’enaoût1945. Aprèsqu’il afallu… percer un murpour en figure de proue et la couronne auxquatreangelots le fairerentrer. » Le canotaretrouvé l’arsenaldeBrest surlerouf. «C’est la création du muséedelaMarine, à en octobre 2018.Aprèssoixante-quinze ansd’exil. M. C.-C.

72 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 Pagedegauche :lecommissairedelamarineVincentCampredon,directeurdumusée delaMarine.Derrièrelui,l’œuvredupeintreofficieldelaMarineNicolasVial. Ci-dessous :labatailled’Ouessant(1778),peinteparThéodoreGudin. NE RI MA LA DE AL ION AT EN SE /MU EC NT DA SousNapoléonIII,laRoyale estlapremièremarinedumonde etlaplusmoderne.

reur avait de grandesambitions.Ilrelancera la continue le directeur.Aveclui se poursuit la montée construction.Anversdevient le grandarsenal de enpuissance amorcéepar Louis-Philippe:dévelop- l’Empire. » En revanche,plusdeministre, de grades, pement desports,entréeenforcedelarévolution ni d’ordre… «Toute la flotte était regroupée à Bou- industrielle danslaMarine… D’où le Pyroscaphe de lognepourdébarquer en Angleterre.Ilreste certes Jouffroy d’Abbans, inventeur de la machine à vapeur. quelquesgrandsmarins, maisl’amiralLatouche- Ainsique deuxgrandespremièresmondiales:La Gloire, Tréville,hérosdelaguerreaméricaine, meurt. Cela frégate cuirassée à voile et à vapeur,etleNarval, préfigureladéfaite de Trafalgar.D’autant que, sous- un sous-marin opérationnel.LaRoyaleest alorsla entraînés, lesFrançais, venusdeCadix avecdes première et la plus modernemarinedumonde. » • Espagnols, vont affronter un géniedelastratégie, MarieClément-Charon Nelson.Cejour-là,riennesepasse commeprévu et l’Empereur doit renoncer à soninvasion. » Témoi- Muséenational de la Marine, PalaisdeChaillot, gnagedececombatfuneste au murdumusée: la 17 place du Trocadéro-et-du-11-Novembre,75116 toiledeLouis-PhilippeCrépinreprésentantleRedou- Paris. Tél.:01.53.65.69.69. Musee-marine.fr. table bord à bord avec le Victory. (Fermé depuis mars 2017,lemusée «C’est sous Napoléon III,passionné d’innovation, rouvrira,rénové,en2022. Brest,Port-Louis, quelaFranceconnaîtson apogéesur le plan naval, Rochefort et Toulon demeurent ouverts)

VALEURSACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 73 Ci-dessous:AbrahamDuquesne. Pagededroite :timbreéditéen1941 enl’honneurdeJeandeVienne.

Grands amiraux, lesseigneurs delamer DepuisleMoyenÂge, originairesdetouteslescôtes deFranceetparfois del’intérieur,nosamiraux ontfaitlagloire denotremarinedeguerre. Focussurleursfigures lesplusemblématiques. TO HO KP OC ST MY LA S/A MP TA JRS -P OM .C ES AG NIM MA GE RID .B WWW

74 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS

JEANDEVIENNE, LECROISÉ C’esttrèsloindulittoral, en Franche-Comté,que Jean de Vienne (1341-1396)voitlejour. Dès1358il combat lesGrandes Compagnies quipillentles cam- pagnes françaises. En 1373,leroi CharlesVlenomme amiral de France.Fondateur despremiersgarde- côtes, il lance, durant la guerre de Cent Ans, des expéditionsnavales contre lesAnglais.En1385, il débarque en Écosse à la tête d’une flotte de 180 naviresafind’envahir l’Angleterre par le Nordmais, lâché parles Écossais,doit battre en retraite. De fait,lenouveau IlbombardeleportdeGênes, roideFrance, CharlesVI, ne fait pas alorsqu’ilestâgé preuve du même engouementpourles chosesdelamer queson père.Sous-uti- deprèsde75 ans ! lisé,JeandeViennedécide de rejoindre la croisade du roideHongrie,Sigis- mond de Luxembourg,contreles Ottomans.Ilest de Getaria. En 1644,ilest nommé,avecl’accordde tué le 25 septembre1396lorsdelabatailledeNico- Mazarin, amiral majordel’escadre de Suède parla polis, surlarivedroite du Danube, au nord de l’ac- reineChristine.Danslecadre de la guerre du Tors- tuelle Bulgarie.Cette défaitedes chrétiensmarque tenson,ilcombatpourelleles flottesdanoise et nor- la findes croisadespourl’Europe occidentale.Per- végienne.S’ilest anobli peuaprèspar LouisXIV,il pétuantlesouvenir de cetamiralmédiéval, la fré- ne réintégreralamarinefrançaise qu’en1661, à la gate de lutte anti-sous-marine Jean-de-Vienne a été demande expressedeColbert.En1669, il estnommé désarméeenjuillet dernier aprèstrente-quatreans lieutenant généraldes armées navales, mais sa car- de bons et loyaux services. rière estbloquéepar sonrefus acharné d’abjurerle protestantisme.En1676, il commande la flotte fran- çaise à la batailled’Alicudi,aunorddelaSicile, où ABRAHAMDUQUESNE, il remporte unevictoirestratégiquefaceaux Hollan- LEHUGUENOT dais et auxEspagnols.Lamêmeannée, contre les mêmesadversaires,ettoujoursaularge de la Sicile, Né dans unefamillecalvinistenormandeoriginaire il triomphe à Agosta. Duquesne continuera de servir desenvironsduportdeDieppe, AbrahamDuquesne en Méditerranéejusqu’en1684, annéeoùil bombarde (1610-1688)suitles traces paternellesensedestinant le port de Gênes, alors qu’ilest âgé de prèsde75ans ! à unecarrière maritime. Commandant du Saint-Jean, En 1682,ilavait déjàétél’artisandubombardement un navire de 24 canons, il s’illustre notammentdès d’Alger, sans toutefoisparvenir à s‘emparerdela 1638 face à uneescadre espagnolelorsdelabataille Villeblanche.

AMIRALDEFRANCE,LEMARÉCHALMARIN C’esten1270, au coursdelaVIIIe croisade,que le roi LouisXIV rétablit l’office en 1669.Celui-ciest encore LouisIXcréé la distinction d’amiral de France, supprimé sous la Révolution (15mai 1791), avantd’être équivalente à celledemaréchal dans l’arméedeterre. à nouveau rétablisousNapoléon (1814).Actuellement, Durant le Moyen Âge,son titulaire, outreson titre si aucun amiral de France n’estencore vivant, de chefdelaflotte royale,bénéficiaitd’ungrand office la distinction existe toujours,comme le précise de la Couronne.L’amirauté de France estsupprimée l’article 19 de la loi de 2005,stipulant que«le titre en 1627 parRichelieu,nouveau grandmaîtredela de maréchal de France et celuid’amiraldeFrance navigation,qui veut exercer seul le pouvoir. constituentune dignité dansl’État ».A.F.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 75 Ci-contre: JeanBart. Pagededroite : lebailli deSuffren. ES AG IM G- AK S: OTO PH JEANBART, largedel’île hollandaisedeTexel, à la tête d’une LECORSAIRE flottilledunkerquoise,ilrécupère un important La viedeJeanBart(1650-1702),c’est avanttout convoi de blé norvégien destinéàla France et l’épopéed’uncorsaire flamand. NéàDunkerque, arraisonné parles Hollandais.Cette victoire auda- port le plus septentrional de France,ilentre au cieuse contribue à sauver la France de la famine service de LouisXIV commecorsaire au débutde quilaguettait. Suite à cetexploit,ilest anobli.Le la guerre de Hollande (1672-1678). À l’issuede 17 juin 1696,ilemporte unenouvellevictoireen celle-ci,patronné parVauban, il rejointlamarine merduNord, surleDoggerBank, entrel’Angle- royale.En1689, alors qu’ilaétécapturé parles terreetleDanemark, encoreune fois au détri- AnglaisetenferméàPlymouth,ils’évadeavecle mentdes Hollandais.Enrécompense,ilest nommé chevalierdeForbinetgagne la côte bretonne à la chef d’escadre (officiergénéral) de la province de rame à bord d’unesimplechaloupe. Il estalors Flandreen1697. Il meurtprématurémentdanssa nommé capitainedevaisseau. Le 29 juin 1694,au villenatale, qu’ilauracontribuéàarrimerdéfi- nitivement à la France.Son fils François-Cor- CapturéparlesAnglais,ils’évade nilBart(1677-1755) suivra lestraces de sonpère en devenant vice-amiral de la flotte du Ponant. entraversantlaManche La frégate antiaérienne française Jean-Bart estopérationnelledepuis1989. Elle apour àbordd’unesimplechaloupe! marraine la villedeDunkerque.

76 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS

un officier protégé et incompétent.De1781 à 1784,il RENÉDUGUAY-TROUIN, accumule lesvictoires dans l’océan Indien face à l’ami- LEMALOUIN ralanglais Edward Hughes, grâce à unenouvelletac- tiquedecombatmaritimeque Nelson reprendra à C’est à l’abri dessolides remparts de Saint-Malo que soncomptepourdéfairelaflotte de Villeneuve à Tra- René Trouin,sieur du Gué (1673-1736), voit le jour. falgar. À sonretour, LouisXVI fait de luiunvice-ami- De 1689 à 1697,muni d’une “lettre de course”,il ral. Ayantracheté biendes défaites passées de la devient, commebeaucoupdeses compatriotes marine française,ilest au faîte de sa gloire. L’ordre malouins, capitainecorsaire dans le cadredela de Maltelenomme ambassadeur auprèsduroi,et guerre de la Ligue d’Augsbourg. En 1696,ilréalise c’est à Paris, couvertd’honneurs, qu’ilmeurt préma- sonpremier exploitencapturant le vice-amiral hol- turément,uséparses voyages.Lebailli de Suffren landaisWassanaer. Cela luivautd’êtreincorporé demeureaujourd’hui à l’étrangerlepluscélèbredes l’annéesuivantedanslamarineroyaleaveclegrade amirauxfrançais. Le sous-marinnucléaire d’attaque de capitainedefrégate.Ilseraanoblipar le roide Suffren sera livré fin2019 à la Marine nationale. France en 1709.Envoyé en direction descôtesdu Brésilpar LouisXIV et sonministrePontchartrain, il estleprincipal artisandelaspectaculaireprise de FRANÇOISDARLAN, RiodeJaneiro, le 12 septembre1711, auxdépens des LEGRANDCOMMIS Portugais. Trouin en revientavecunfabuleuxbutin. En 1715,ilest nommé chef d’escadre, puis adminis- Étrange destin quecelui de FrançoisDarlan(1881- trateurdelaCompagnie desIndes et enfin, en 1728, 1942), le plus célèbreamiralfrançaisduXXesiècle. lieutenant généraldes armées navalesetcomman- Fils d’un ministre républicaindelaIIIe République, deurdel’ordre royaletmilitairedeSaint-Louis.Mort élève de l’École navale,protégé du ministreGeorges et enterréàParis, sa dépouille repose depuis 1973 Leygues, il connaîtune avancéerapide:contre-ami- dans la cathédraledesavillenatale. Le nouveau sous- ralen1929, vice-amiral en 1932 et enfin “amiral marinnucléaire d’attaque Duguay-Trouin doit de la flotte”,titre créé spécialement pour être livréàla Royale en 2021. luien1939. Artisandelarenaissance de la Marine nationalejusqu’en1930, il estchoqué et heurté parlebom- PIERRE-ANDRÉDESUFFREN, bardement de Mers el-Kébirpar LEHÉROS lesAnglais le 3juillet 1940. Darlan devientvice-président du Conseil De noble soucheprovençale, Pierre- dans le gouvernement du maré- André de Suffren(1729-1788) est chal Pétain (9 février1941-18 avril admisdès1737dansl’ordrede 1942). Avantd’êtrecontraint de Maltepuisen1743dansles démissionnerdeceposteenfaveur gardes de la Marine, à Toulon. de Pierre Laval, dontc’est le retour, L’annéesuivante,ilparti- lesAllemands luireprochantses cipe à sa première bataille revendicationspermanentes.Il navale face auxAnglais.Il demeure néanmoins l’héritier navigueaux Antilles et au désigné du Maréchal. Canada,est fait prisonnier par Présent à Alger, au chevet de son lesAnglais, avantd’assurer son fils malade,lorsdudébarque- service à Maltefaceaux Barba- ment allié de novembre 1942 en resques. Pendantdelongues années, AfriqueduNord, il estrapide- il alterneles embarquements surles ment nommé haut-commissaire naviresduroi de France et ceux du grand pour la France en Afriquepar les maîtredel’Ordre.En1772, il devientcapi- Américains. Mais il estassassiné au palais tainedevaisseaupuis, en 1778,participe d’Été d’Alger, le 24 décembre 1942,par Fer- à la guerre d’indépendance américaine nand BonnierdeLaChapelle, un étudiantmonar- au sein de l’escadre de l’amiral d’Estaing, chiste de 20 ansprochedes réseauxgaullistes. • quepar ailleurs il détesteetdéfinitcomme JérômeBesnard

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 77 POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS Àlaconquête del’armeatomique SideGaulleestl’incontestablepèredenotreforcededissuasion, lagestationdecelle-ciacommencédanslescoulisses delaIVe République.Récit.

7h04exactement, au momentoùle haut- parleurannonçait zéro,unpoint d’une extraordinaire brillance, même à travers deslunettesqui laissaient à peineentre- Àvoir lesoleil enplein jour,apparutlàoù était le sommet de la tour.Puisinstantanément, ce futl’immense boule de feuqui duradeuxoutrois secondes, montant à toutevitesse dansl’espace. Enfinlenuage quel’onvit se former dansleciel, alorsque la terre était encore dansl’obscurité,com- mençait à présenter la clarté de l’aube. C’estences COM termes expressifsque le généralCharles Ailleret, S. alorscommandantdes armesspéciales,décrit l’ex- GE MA plosion de la première bombeatomiquefrançaise, NI MA prèsdeReggane,dansleSaharaalgérien,le13février GE RID

1960.BaptiséeGerboisebleue,lesuccèsdecette .B opération,qu’ilraconte dans sonlivre l’Aventure WWW atomique française.Comment naquit la forcede frappe (Grasset,1968), était l’aboutissementde scientifiquesettechniquesenvue de l’utilisationde quinze années d’un cheminementdiscret,entamé l’énergie atomique dansles diversdomaines de la dèslelendemaindelaLibération… science,del’industrie et de la défensenationale ». Bien qu’à la pointe de la recherche avantguerre Le départ de De Gaulle en janvier1946semble avec Irène et FrédéricJoliot-Curie,prixNobel en freinercette dynamique. Officiellement,laIVeRépu- 1935,les physiciens françaisserontmis à l’écart du blique proscrit l’utilisation militairedel’atome,mais programmenucléaire Manhattanpar les États-Unis. leslaboratoirespoursuivent leurs études. Le 8mars Dèsle11juillet 1944,lorsd’unséjourauCanada, de 1946,Zoé,lapremière pile à l’oxyded’uranium Gaulledécouvre cependantles progrèsdeses alliés. modéréàl’eaulourde, “diverge” surlesitedufort Lesbombardements d’HiroshimaetNagasaki,en de Châtillon,prèsdeParis.Danslemêmetemps,la août1945, achèvent de le convaincre:laFrancedoit poudrerieduBouchet, à Vert-le-Petit(Essonne),s’em- elle aussiselancer dans la course à l’atome. En tant ploie à produirequelquesmilligrammesdepluto- queprésident du gouvernementprovisoire, il charge nium,nécessaires à la fissionnucléaire. le ministre de la Reconstruction,Raoul Dautry,de Avec l’essai de la première bombesoviétique, en jeterles basesd’une industrienucléaire.Le18octobre 1949,lemonde entredeplain-pieddanslaguerre de la même année, uneordonnancecréeleCommis- froide.L’Étatfrançaiscomprendalors l’urgente obli- sariat à l’énergie atomique.Quoique organisme civil, gation de se doter de sespropres moyens de défense. le CEAreçoitpourmissiond’effectuerdes «recherches En 1952,FélixGaillard, secrétaired’État à la prési-

78 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 XXXXX ES AG IM G- AK Ci-dessus :explosionau-dessusdeMururoaen1971. denceduConseil,impose un plan quinquennalpour Pagedegauche :11septembre1966.DeGaulle, l’énergie nucléaire,endépitdes bêlementsdes “paci- accompagnéd’AlainPeyrefitte,PierreBillotte fistes” inféodés à Moscou — dont le communiste etPierreMessmeràborddu“DeGrasse”. Lapremière Joliot-Curie,signatairedel’Appel de Stockholm. Les explosionthermonucléairefrançaiseau-dessusdeHao. premiers essais britanniques dans le bush austra- lien,enoctobre 1952,puislerejet du projet de Com- munauté européenne de défensedeuxans plus tard, inciterontplusque jamais la France à entrer dans le NOMDECODE : “club atomique”. “OPÉRATIONCANOPUS” Lesdessousd’unedécisionquifait Les accordsd’Évian signésavecleFLN algérien (18mars1962) luiimposantd’abandonner entrerlaFrancedanslecerclefermé sesexpériences nucléairesdansleSahara, despuissancesnucléaires la France se tourne vers lesatollsdeMururoa et de Fangataufa,enPolynésie-Française,oùle Le 26 octobre 1954,PierreMendès-France,président premieressai aérien se déroulele2juillet 1966. du Conseil, créelaCommission supérieure desappli- Sous le nom de code Opération Canopusa cationsmilitaires de l’énergie atomique (CSAMEA). ensuitelieudeuxans plus tard,le24août1968, Deux semaines plus tard,ildonne le feuvert à un notrepremier essai d’unebombe H. Au total, programmedefabrication d’armesnucléairessuper- 46 essaisnucléairesaériensserontréalisés visé parlegénéralJeanCrépinetleprofesseur Yves en Polynésie. Suivront, à partirde1975, Rocard,père du futurPremier ministre.Son suc- desessaissouterrains:146 au total. cesseur, EdgarFaure,continueradanslamêmevoie: Dont le dernier, effectué sous le mandat le budget du CEAest porté de 40 à 100milliards de de JacquesChirac,le27janvier 1996. A. F. francs (150 millionsd’euros). Aprèslacrise de Suez, en octobre 1956,oùParisetLondres ontdûplier devant le chantage nucléaire de Moscou,lesocia- À peinerevenuaupouvoir,deGaulleconfirme listeGuy Mollet,naguère pacifiste, donneune nou- cettepolitique,dontilavait été le précurseur.Le velleimpulsion au programme. Pour quelques jours 5juillet1958,celui quin’est pasencorelepremier encore président du Conseil, FélixGaillardprend président de la Ve République avertitlesecrétaire enfin “la” décision,le11avril 1958:une séried’ex- d’Étataméricain John Foster Dulles:«Unechoseest plosionsexpérimentales est programméedansle certaine, nous aurons l’arme atomique. » • Sahara pour le premiertrimestre 1960. PhilippeDelorme

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 79 XXXXX FP /A RIS PA DE RS IE OMP -P URS PE SA T/ HO IC NP JULIE “Manuitenintervention aveclessoldatsdufeu” Outrelaluttecontrelesincendies,lessapeurs-pompierssontenpremièrelignepourlesecours auxvictimes.Notrereporter,AmauryBrelet,asuiviunebrigadedunorddeParis,rueBlanche. Reportage.

Installéeaucœur du IXe arrondisse- pour ramasser SDFetpersonnes alcoolisées. « Trois ment de Paris, la brigadedes pom- samedis sur quatre,de22heures à 7heuresdumatin, piersmilitaires de la rueBlancheest çan’arrêtepas, confieDavid,sergent-chef.Dansle un villagedanslaville. Ilssont104 nord de Paris, çacraint.Quand lesmecsdes cités en tout,dontdeuxfemmes, venusde descendent le soir,ilnefaut passepromener. Ça toutelaFrance, à se relayerpourassurer leur ser- devient dangereux. » vice.Danslacour, uneplaquenoire listeenlettres d’or lesnomsdedix-huitcombattants “morts au Unesonnerieretentit. Deux coups feu”.La7ecompagniecouvreles Ier et IXe arrondis- brefs et un vrombissement. C’estle sements. Lespompiersont dixminutes maximum signal.Dansleposte de contrôle,le pour arriversur leslieux.Enjournée, lespoints “stationnaire”,vissé devant sesordi- chauds se situentprèsdelagareSaint-Lazare, de nateurs, vientderecevoirunappel l’Opéra et desgrandsmagasins. La nuit,leuracti- d’urgencetransmispar le centre opérationneldes vité se concentresurtout à la sortiedes bars et des sapeurs-pompiers de la capitale.Accouru,lecaporal- clubs, fréquentéspar 70 %detouristes étrangers. chef Françoisconsulteune feuillejaune,qui indique Lespompierssontalors régulièrementmobilisés le lieu et le type d’intervention,sesaisitd’une radio

80 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 5

C’est, en pourcentage, la part despompiers militaires au sein de laprofession en France(78 % sont dessapeurs-pompiers volontaires, 17 % dessapeurs-pompiersprofessionnels). Parmieux:les soldatsdelaBrigade dessapeurs-pompiersdeParis (BSPP, 8600 soldats),duBataillon de marins- pompiers de Marseille(BMPM, 2400 personnes),maisaussi du 1er RCAde Canjuers(infanteriedel’arméedeterre).

Enopérationsurleterrain.Sur4000appelsd’urgencequotidiens, 1600concernentlespompiers.

Ausol,unedamede88ans, diabétiqueetcardiaque, vientdefaireunmalaise.

et parcourt le plan géantduquartieraffiché au mur. l’ambulancedes pompiers,lecaporal-chef François Unefoisrentré,ilrédigera sonrapport. La procédure estlechef d’agrès, le patron à bord.Lecaporal Flo- esttoujours la même.Sur 4000 appels d’urgencequo- rian et le sapeur Jérôme le secondent. Direction:rue tidiens, 1600 concernentles pompiers,dontuntiers Condorcet.Une dame de 88 ans, diabétiqueetcar- d’erreursetd’abus. diaque,vient de faireunmalaise et de chuter dans Première intervention de la soirée. Dans le véhi- sonappartementdu6eétage.Sur place, l’équipe cule de secoursetd’assistanceaux victimes (VSAV), procède à un examen rapide desfonctionsvitales de la patiente (pouls, tension,respiration,tempéra- ture,etc.).Madeleine souffre d’unedouleur à l’épaule. SIGNÉNAPOLÉON Pour l’emmener à l’hôpitalLariboisière,toutproche, lespompierslaportent à bout de brassur unechaise C’estpar un décret impérial du 18 septembre 1811, dans l’escalier. « On n’en afaittomber quedeux créantlaBrigade dessapeurs-pompiersdeParis aujourd’hui »,plaisante Florian. Le petit-fils, qui (BSPP),qu’apparaîtpourlapremière fois le terme l’accompagne,sourit. Cinq minutes plus tard,aux de “sapeur-pompier”.Les premièrespompes urgences,lavieilledamereconnaîtles lieux:«C’est à incendie françaisesdatentduXVIIe siècle. ma résidence secondaire. »

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 81 XXXXX PP XP /MA NCE VE RO AP /L CH EI SP

Retour à la caserne. Dans la salle à clocharde édentée: «Vous avezune cigaretteetdu manger,le“foyer”,une quinzaine feu? »Sonvoisinvient d’uriner.Puanteur.Les pom- de pompiers,aux cheveuxcourtset pierspeuvent attendre jusqu’à troisquartsd’heure tatouagesaux bras, dînentbruyam- avanttoute priseencharge… ment. Lesblagues fusent.Ondiscute filles,sportsetmusique devant la télévision.L’am- Ce week-end,des bénévolesdel’ordre biance estbon enfant.«Nous sommesune grande de Maltesontvenus en renfort. « C’est famille.Onest tous solidairesles unsdes autres, anormalementcalme, cesoir », confieunsapeur. Il faut bien déconner pour décom- remarque l’un d’eux. Chaque année, presser. » la casernedeBlanche effectue11000 départs, surtoutpoursecourirdes victimes (mala- Alerte.Sirène hurlante et gyrophare. dies,agressions, tentatives de suicide), rarement Dans un restaurant de la ruedeDouai, pour éteindredes incendies(5%). « On fait beau- unefemme vientderendreson repas. coup de social, concède le sergent-chef David.Les Examen médicalimprovisé surle personnesâgées,souvent seules et sansfamille,sont trottoir,entre deuxclients. Sonvisage bien contentes de nousvoirarriver. » Si la tâche est estpâle, satension au plancher. Auxurgences de rude,toussontdes passionnés. « Il n’estpas obliga- l’hôpitalLariboisière,l’équipeest accueilliepar une toire d’être foupourtravailler ici,mais çaaide », peut-onliresur la portedulocal deslieutenants. Françoisetson équipevontsecoucher.

“SAUVEROUPÉRIR” La sonnerie déchirelanuit. En une minute, le caporalFlorian sortde C’estladevisedes sapeurs-pompiers sonlit,s’habille, enfile sesbottes, de Paris. La devisedes autres descendlarampe,démarreleVSAV. sapeurs-pompiers est Lesautressuivent.Ungarçon de 18 “Courageetdévouement”. ans, saoul, s’esteffondré surlepalierd’unapparte-

82 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 POUR L’HONNEUR DE NOS COULEURS

Pagedeauche : lesmarins-pompiers deMarseille enintervention aprèsl’effondrement dedeuximmeubles, 4 rued’Aubagne. Ci-contre : C’estlenombredepompiers secoursd’urgence morts en opération depuis àParis ; le débutdel’année2018. unejeunefemme etsafille sontemmenées àl’hôpital. AgressionaumétroPigalle.

Patrick,19ans, E AT FR alevisageensang… IA ICK TR PA ment où se dérouleune fête d’anniversaire trèsarro- de la placeClichy. « Tirs à l’arme à feuetplaies à sée. Au pied de l’immeuble cossu, unepetitefoule l’arme blanche »,grésillelaradio.Unhomme areçu en tenuedesoiréelance auxpompiers:«Amenez le uneballe dans la jambe. « Il yasouvent desbagarres brancard! » Uneadolescente ales larmes auxyeux. entre clientsnord-africains, là-bas »,assureun Plus de peur quedemal.OriginairedeNeuilly, gradé.Maisdéjà,unautre appelretentit. Il yadu Ludwig se réveilleaprèsavoir maculé l’ascenseur. grabuge à la station Blanche. Surplace un homme « Cescuitessonthabituelleschezles jeunes, explique ivre,lenez en sang,rampe dans un wagondumétro Florian,maisellesnesontpas de notre ressort. » immobilisé.Ilest incontrôlable. Lescoups pleuvent. Lespompierstraînent le forcené surlequai, le sou- Nouvellesonnerie. Cettefois-ci,il lèvent parlepantalonjusqu’audehors. Dans l’am- s’agit d’uneagression.Assissur les bulance, l’inconnusedébat, vomitetfrappele marchesdelastation Pigalle, Patrick, sapeur Jérôme.Levéhicule accélère.Sirène et gyro- 19 ans, alevisageensang. De retour phare. d’unesoiréeenboîte de nuit,ilareçu «un coup de lame » au frontlorsd’une rixe dans les Auxurgences,l’homme balancele couloirs du métro. Tout autour,six policiersetdes brancard, cogneles vitres et crache agents de la RATP assurent la sécurité et questionnent surles infirmières. « Ce charmant lestémoins.«C’étaient deuxMaghrébins! » hurlela monsieurest complètementtorché! victimeagitée. Sa bande d’amis tente de le calmer. Mettez-lesouscontention »,ordonne FlorianetJérôme luibandentlatête. Commeles le médecindegarde,qui demande un test HIVaprès autres,ilest conduit à Lariboisière,l’undes deux queFlorian s’estfaitmordre à la main droite.Retour hôpitaux du secteuravecBichat. à la caserne. Le caporaldevra se rendre dans la mati- née à l’hôpitalmilitaire BégindeVincennes pour Pasletemps de se rendormir.Une examens, avantdeporterplainte.«Avec la trithé- autre équipeest partie à toutevitesse. rapiepréventive, tu vaspisserorange! »,blagueun Unenouvelleagression vientdese pompier. Le petit-déjeuner estservi.Une nouvelle produire à la sortieduHammam journéecommence. • Club,une discothèquesituéeprès AmauryBrelet

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 83

tou jo Grande ur Recon Des sb pa quand at sd st ssionné itut ai ll io es n, l’his sd su Du et e rl to up es to gran us li ire eux les ds cont mê de Ta me pa hér inents Fr ctique, ana s, an os, de ce pou la cél ba rr s’ nache, ta courage ec écr èbre il ré le er d’ it Au la che so au “f st uri erli ua et bout af tz,

sa nonymes… ra en nc crifices du

20 es e” 17 fusil. . . ! : DAVIDWCERNY/REUTERS TOUJOURS DU PANACHE !

15victoiresmythiques desarméesfrançaises Couvertesdegloiresurleursoletàl’étranger,nostroupesontremporté àtraversl’histoired’innombrablesbatailles.Dontcertaines,parleuréclatou leursconséquences,ontlaisséunetraceindélébiledansnotreromannational.

86 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 Pagedegauche :“laBatailledeTolbiac”, d’AryScheffer(1837). Ci-dessous :“laBatailledePoitiers”, deCharlesdeSteuben(1837) ; châteaudeVersailles,galeriedesBatailles. . OLIO TF POR ORI AD /MOND ES AG IM G- AK

TOLBIAC,

LEMIRACLEDECLOVIS desArabes, le chef francadoptelatactiquedurem- Roi desFrancssaliens, Clovis est part:soldats regroupésenmasse compacte proté- appelé au secourspar Sigebert géspar leursboucliers,etlancespointées face aux le Boiteux, chef de l’autrepeuple assautsdes assaillants. Abdal-Rahman et seshommes 496 franc, lesRipuaires.Cantonnés sont laminés. Surses 20000 combattants, prèsde autour du Rhin,avecpourcapitalel’actuelle Cologne la moitié sont tués, contre moinsde1000 du côté (Allemagne), ces dernierssontvictimesd’une ten- desFrancs. La dynastie carolingiennes’impose. tative d’invasion de la part de leursvoisins,les féroces « Sans CharlesMartel […],laFrance était unepro- Alamans. Clovis lève unearmée. Lesdeuxtroupes vince mahométane », écriraVoltaire. s’affrontent à Zülpich(en latinTolpiacum,francisé en Tolbiac).Enpasse d’être écrasé parson ennemi plus nombreux, le chef franc, païen, en appelleau PARIS, Dieu chrétien de son épouseClotilde, promettant LARÉSISTANCED’EUDES de se convertirs’Illui apportelavictoire. Aussitôt après, le chef alaman esttuéd’un coup de francisque. Aprèsavoir remonté la Seine, et Ses hommes fuient.Grâce à cettevictoire, et après tout pillé surleurpassage,les s’être fait baptiser,ilselancera à la conquête de la Vikingsetleurs 700drakkars Gauleromaine – quideviendra la France. 885 parviennent sous lesmursde Paris(alorsconcentréesur l’île de la Cité). Sonchef Siegfriedréclamelelibre passage desponts afinde POITIERS, se dirigerverslariche Bourgogne.Enéchange de LAGLOIREDECHARLESMARTEL quoi,promet-il, la capitale sera épargnée. Le Franc Eudes, comtedelaville, refuse. Suiventdeuxjours Conduitespar Abdal-Rahman,les d’assautsacharnésque lesParisiens repoussenten G

SIN troupes musulmanes,qui occupent utilisant lesponts pour placer leursarchers et déver- ES

HL l’Espagne, multiplientles razzias serdel’huile bouillante.Siegfried doit renoncer.

RIC 732 en France dans le butdel’envahir Hérosdelabataille, Eudesserachoisicomme roi à /E

ES et de l’asservir.Allié auxBurgondes,leFranc Charles- la mortdeCharles le Gros,en888. Étant ainsi à l’ori- AG

IM Martel,futur grand-père de Charlemagne, estchargé gine de la lignéedes Capétiens, du nomdeson petit- G-

AK de lesarrêter.Dépourvu de cavalerie, le pointfort neveu,HuguesCapet,sacré un siècleplustard.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 87 DU PANACHE, TOUJOURS DU PANACHE ! ES AG -IM KG -A ES AG IM G- AK

JÉRUSALEM,L’HÉROÏSME 27 juillet au moment où ceux-cis’engagentsur le pont de Bouvines,traversantlaMarcque,aux envi- DEGODEFROYDEBOUILLON ronsdeLille. Alors queles assaillants sont troisfois Partisencroisade (lapre- plus nombreux,lacavalerie de Philippe Auguste, mière)pourlibérerles lieux quimanquelui-même d’être tué,multiplie lescontre- saints de la domination offensives. Les armées ennemies sont mises en 1099 turque,GodefroydeBouil- déroute,ses chefsenfuite.Célébréeavecfaste,cette lonetses 5000 hommesconquièrent d’abordBeth- victoire permet au roideFranced’asseoir sonpou- léem.Puisparviennent,lelendemain,devant voir centralsur le pays.Oùnaît, à cetteoccasion, Jérusalem, objetdeleurpéripleengagé… troisans un profond sentimentnational. plus tôt. Aprèsplusieurs assautsinfructueux, lescroi- sésentamentlesiège de la cité,qui finitpar tomber un mois plus tard — le 14 juillet!Les survivantsmusul- mans sont massacrés. Le royaume chrétien de Jéru- salemest fondé.GodefroydeBouillonenprend la tête.Refusantletitre de roi de la villeoùmourut le Christ,ilest dénommé avoué du Saint-Sépulcre.

BOUVINES,LECOUPD’ÉCLAT DEPHILIPPEAUGUSTE

Dépossédé douze ansplustôt ES de ses fiefsdunorddelaFrance AG -IM

parPhilippeAuguste,leroi KG /A

1214 d’Angleterre Jean sans Terre N IO

coaliseenune gigantesque arméetousles ennemis LL

de la France,dontles Germains et lesFlamands. MPO HA C

Aprèsavoir débarquéàLa Rochelle et s’être empa- É rées d’Angers,ses troupes attaquentles Françaisle RV HE

88 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 XXXXX S GE MA -I KG /A DIA ME RT /A ES AG IM E- AG RIT HE Degaucheàdroite :“laConquêtedeJérusalemparGodefroydeBouillon”, deCarlTheodorvonPiloty(1855-1860,Munich,MaximilianeumCollection); “laBatailledeBouvines”,d’HoraceVernet(1827, galerie desBatailles);“laBatailledeCocherel”(illustration). Enbasàgauche :“laBatailledeTaillebourg”, d’EugèneDelacroix(1837,galeriedesBatailles). TAILLEBOURG, LACHARGEDESAINTLOUIS Refusantdecéderl’autorité surses terres au frère de COCHEREL, LouisIX, le comte de Poitiers, 1242 le puissant baron poitevin LEPIÈGEDEDUGUESCLIN Hugues de Lusignan,enappelle à sonallié le roi Allié auxAnglais, CharlesII d’Angleterre Henri III. À la tête de 30000 hommes, de Navarre, quirevendique le roideFrancevient au secoursdeson frère.Ilest la Bourgogne, veut empêcher hébergé au châteaudeTaillebourg,qui surplombe 1364 le sacredeCharles V à Reims. le premierpontsur la Charente.Dechaquecôtéde Ses troupespillent le pays entrelaSeine et la Loire. celui-ci, se font bientôtfaceles deuxarmées.Le Mais le futurroi de France peut comptersur le chef 21 juillet,leroi de France ordonneune charge mas- de sesarmées,l’intrépide BertrandDuGuesclin, sive auxcavaliers,qui déboulentduchâteau.Les quiparvientjusqu’à Cocherel(actuel département troupesennemiesrefluent. Deux joursplustard, de l’Eure), à deux kilomètres du petitmontfortifié uneautre batailleles achève.Henri III signe la paix. où se sont regroupées lestroupes adverses.Le16mai, La France récupère sa suzeraineté surlePoitou, le afind’éviterdeseheurter auxredoutablesarchers Maine, l’Anjou et la Normandie. anglais, Du Guesclin feintune retraite.Tombant dans le piège,les troupes ennemies quittent leur fortinetdévalent la collinepourles atta- Voltaire :“SansCharlesMartel, quer.Maisles Français, préparés à la manœuvre, font volte-face, se ruentsur leursadversaires laFranceétaituneprovince et lesmettentendéroute au corps à corps. CharlesdeNavarre doit céderses possessions mahométane.” normandes.EtCharles Vest sacré roi.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 89 S GE MA

-I XXXXX KG N/A IO LL PO HAM ÉC ERV S-H GE MA -I KG /A DT ON DUP ION CT COLLE

Degaucheàdroite :“laLevéedusiège d’Orléans”(XIXe siècle,gravure) ; “Marignan”, parAlexandre-Évariste Fragonard(1836,galeriedesBatailles); “RichelieusurladiguedeLaRochelle”, d’Henri-PaulMotte(1881,musée desBeaux-ArtsdeLaRochelle); “laBatailledeFontenoy”,d’Horace Vernet(1828,galeriedesBatailles).

ORLÉANS, LALÉGENDEDEJEANNED’ARC LesAnglais occupant le nord MARIGNAN, de la France, la villepuis- er sammentfortifiéed’Orléans, LETRIOMPHEDEFRANÇOISI 1429 tenuepar lesFrançais, fait Moins d’un an aprèsson sacre, figure de “verrou”àfairetomberpourconquérir le jeuneFrançoisIer,allié avec le sud du pays resté fidèle au dauphinCharles.Pen- lesVénitiens, entreprend de dant un an,les Anglaiss’enapprochent, procédant 1515 récupérerses droits surleduché à un encerclementprogressifdelaville, qu’ils de Milan, allié auxmercenaires suisses. À la tête atteignent le 23 octobre1428, débutdusiège.La d’unetroupe de 30000 hommes, dontson plus villeest cernéedeneufbastilles.Aprèss’êtrefait célèbresoldatlechevalier Bayard,ilparvient à fran- adouberpar le dauphin,Jeanned’Arc vole au secours chir lesAlpes,puis établit soncamp à Marignan d’Orléans, où,forçantles lignes anglaises, elle par- (aujourd’hui Melegnano) à unedizaine de kilomètres vient à pénétrer finavril 1429.Aprèsplusieurs sor- de Milan. L’affrontement débute le 13 septembrepar ties ponctuées de succès, sestroupesprocèdent à une charge de la cavaleriefrançaise conduite par l’assaut finalcontrelaprincipaleplace forteanglaise, le roienpersonne. Puis, transforméeencorps-à- le fort desTourelles,oùl’ennemi perd plus d’un mil- corpssanglants, la batailledoitcesser avec la nuit, lier d’hommeset600prisonniers. Ç’enest fini du sans qu’aucun camp n’aitprisl’avantage(le roidor- siège d’Orléans. CharlesVII estsacré roideFrance mant à moinsde100 mètres deslignesennemies). à Reims le 17 juillet suivant. Le combat reprend dèsl’aubedulendemain matin. Rejoint par3000 Vénitiens, l’arméefran- çaise parvient àécraser la coalition adverse, ÀFontenoy, unofficierfrançais : dont lespertessont énormes(10000 morts). En plus de la Lombardie, puis, à la faveur “MessieurslesAnglais, d’un traité avec le pape,deParme et Plai- tirezlespremiers !” sance, FrançoisIer ygagnera uneextraor- dinairerenommée.

90 — VALEURSACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 DU PANACHE, TOUJOURS DU PANACHE ! S GE MA -I KG /A ON OLLI HAMP ÉC RV HE

par20000 hommes côté terre, Richelieufaitconstruire surmer unegigantesque diguehaute de 20 mètres, longue de 1500 mètres et arméedecanons. Fortes d’un totaldeplusde200 naviresdeguerreetderavitaille- ment, troisexpéditionsanglaises successives, dontla première conduitepar le célèbreduc de Buckingham, vont s’ycasserles dents. L’échecdeladernière d’entre ellesaboutit le 28 octobre à la reddition sans condi- tionsdelaville, quiaperdu lesdeuxtiers de seshabi- tants. C’en est fini du contre-pouvoir protestant. IO OL ORTF IP FONTENOY, OR AD

ND LEDÉFIDELOUISXV /MO

ES Ancienne possessionfrançaise, AG la cité fortifiéedeTournai (en G-IM actuelle Belgique)avait été rat- AK 1745 tachéeaux Pays-Bas autrichiens, alliésdes Anglais, en 1713.Louis XV se fixe l’objectif de la reconquérir. Face à ses45000 hommes, une LAROCHELLE, immense coalition,constituéedeplusde60000 sol- dats britanniques,autrichiens et néerlandais. Prenant LESIÈGEDERICHELIEU la tête de sonarmée, le roideFrances’installe à quelques Riche citéeportuaire et forti- kilomètres de Tournai.Lancéele11mai,labatailleva fiéeoctroyéeaux protestants se déroulernon loin,danslaplainedeFontenoy. C’est parl’éditdeNantes(1598), à l’occasion de celle-ci qu’unofficierfrançais, le comte 1628 La Rochelle,ouvertementsou- d’Anterroches, prononçasacélèbre adresse: « Mes- tenuepar lesAnglais, estdevenue un « Étatdans sieursles Anglais, tirezles premiers! » Constituésde l’État »,selon lespropres mots de LouisXIII, quecelui- permanentesattaques et contre-attaques,les terribles ci ne peut tolérer. Il charge doncRichelieu,son plus combatsserontlongtemps incertains, avantque l’ad- importantministre, de soumettrecette placeforte de versaire,usé,nefinissepar rompre. Grâce à la prise 28000 habitants. Commencé en septembre1627, le de Tournai, LouisXVprendra possessionenmoins de siège va durerunan. Outrel’encerclementdelaville deuxans de l’ensemble desPays-Basautrichiens.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 91 XXXXX ES AG IM G- AK

VALMY,L’ARDEURDESSOLDATS DELARÉVOLUTION Soutenus parles émigrésfran- çais, PrussiensetAutrichiens

envahissentlaFrancerévolu- ES AG

1792 tionnaireetmarchentsur Paris IM G- pour libérerLouis XVI. Depuis la capitulation de la AK placeforte de Verdun,le2septembre, cela semble n’être qu’une question de jours.Maisdanslacapi- tale,Dantonenappelle à « l’audace, encore de l’au- dace,toujoursdel’audace »,et, surleterrain,les AUSTERLITZ, généraux DumouriezetKellerman rassemblent 45000 gardes nationauxprêts à « mourir pour la LECHEF-D’ŒUVREDENAPOLÉON liberté ».Cantonnés à Sainte-Menehould,non loin Appuyéemilitairementpar de Châlons-sur-Marne,les Françaissontséparésde la Russie et financièrement leursadversaires,ennombresupérieur, parune vaste parleRoyaume-Uni,l’Au- prairiedont émergelemoulin de Valmy. Le 20 sep- 1805 triche envahitlaBavière,alliée tembre,Prussiens et Autrichiensdéclenchentla de la France,que Napoléon décide d’allerlibérer. canonnade.LechevaldeKellermannmeurt sous lui. Aprèsavoir vaincu à Ulm, Munich et Vienne,l’Em- Pasladétermination dessoldats de la Révolution, pereurentreprenddedéfairedéfinitivementl’armée quihurlent à pleinpoumon«Vive la nation! » Ajou- austro-russe,cantonnée à Austerlitz,enactuelle téeaux 30000 bouletsenvoyéspar lesFrançais, cette République tchèque, qu’ilatteint finnovembre. détermination fait reculerl’adversaire. Chefdel’ar- Confrontéàunearméenettement plus nombreuse méecoalisée, le ducdeBrunswick ordonne peuaprès (100000 hommescontre65000), Napoléon va feindre la retraite.Mêmesiles pertes furent modestes de la faiblesse — replirapidedeses troupes lors d’es- chaque côté (entre 200et300 morts), cettepremière carmouches, émissaires envoyéspournégocier la grande victoire de la Révolution aura uneportée paix… Il a, en revanche,parfaitement étudié le ter- considérable. Au pointque,dèslelendemain,la rain et minutieusementpréparé ses maréchaux, monarchieest abolie et la Ire République proclamée. tandis queses éclaireursl’informent desmouvements ennemis.Tropconfiants,ceux-ci déclenchent l’offensive le 2décembre,maissontaus- Danton :“Del’audace, sitôtpris à revers parune terrible contre- attaque. En quelques heures, c’estla encoredel’audace, débâcle:lacoalition compte plus de toujoursdel’audace.” 16000 morts, blessésetdisparus. La carte de l’Europesera entièrementredessinée.

92 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 DU PANACHE, TOUJOURS DU PANACHE !

Degaucheàdroite :“Valmy”, parJean-BaptisteMauzaisse(1831, châteaudeVersailles);“Austerlitz”, parJob(illustration);“leRavin delamortàVerdun”,parFerdinand- JosephGueldry(1916,Paris, muséed’Histoirecontemporaine) ; legénéralLeclercàlalibération deParis. ES AG -IM KG T-A OLLE VI

VERDUN, R- GE LESAUVETAGEDEPÉTAIN RO Convaincus queles Français PARIS, sont à bout de force, lesAlle- mandsdécident de les écraser LALIBÉRATIONDELECLERC 1916 à Verdun (Meuse), important CantonnéàArgentan, à verrou surlaroute de Paris, où se trouve déjà leur 200kilomètres de la capitale, puissante5earmée. Lestranchées défenduespar nos et soutenupar de Gaulle,le poilus ysontdeplussouvent réduites à uneseule 1944 généralLeclerc,chefdela ligne(au lieu de deux ou troisailleurs). Stratégie 2edivision blindée(DB), décide de désobéir à son choisie:destirsdecanon non paspar salves mais en supérieurhiérarchiqueaméricain et de lancer ses continu.Cedéluge d’obus (1 225piècestirées pen- charsausecours de Paris, où l’insurrection popu- dant neufheuresd’affiléele21février, premierjour lairepatine, faute de munitions. Sans soutienaérien, de la bataille) ne suffit pourtantpas à fairerenon- seshommesseheurtentdanslaproche banlieue à cer lesFrançais, quirésistentfarouchement. En de fortspôlesderésistance,lui valant despertes revanche, lesvainesetmeurtrièrescontre-offensives importantes. Entré dans la capitale le 24 août, il doit décidées parl’état-majorfrançaisfontdes ravages combattrecertainsdes 16000 Allemandsencorepré- parmi la troupe. La nomination du généralPétain va sents,faisant usagedeson artillerie contre despan- tout changer:plus économe en viehumaine,celui- zers et descolonnesblindées.Autotal,labataillede ci fait tourner leseffectifsetaménagerune route, Parisauracoûté130hommes à la 2e DB.Leclerc la “voie sacrée”,permettant de meilleursapprovi- signeralecessez-le-feuaveclegénéralvon Choltitz. sionnementsetévacuations. Dans ce gigantesque Avantd’accueillir de Gaulle le 25 aoûtetd’être à ses carnage (700000 victimes au total!), c’estl’Alle- côtéslorsdeson célèbrediscours: « Parisoutragé! magnequi cédera la première.Prémices, deuxans Parisbrisé!Paris martyrisé!MaisParis libéré! » • plus tard,desacapitulation. Arnaud Folch

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 93 XXXXX S AR IO IS /V ES AG IM G- AK Napoléon,leguerrierstratège C’estsurleschampsdebataille,d’abord,quel’Empereurafaitnaîtresalégende. Longtempsrabaisséparcertainshistoriens,etendépitdesonterriblebilanhumain, Napoléonfutunimmensechefdeguerre.

orsque, le 27 mars 1796,Bonaparte prend brève campagne,lafacedel’Europeachangé.Un soncommandement à la tête de l’arméed’Ita- géniemilitaireest né. lie, sa pratique de la guerre se limite,ou Il yapeu,ilétait de bonton de rabaisserlestra- presque, à la canonnade de Toulon (1793). tège.Certes, l’administrateurfut peut-êtresupé- LMais il alu, ressassé,annoté toutelalitté- rieuraugénéraletlenombredeses morts immense rature de guerre.Ilenconnaîtpar cœur lesexemples, (2 millions de victimes civilesetmilitairesenEurope lesprincipes,les variantes. Apotassé desnuits de 1799 à 1815). Il n’empêche:bienplusque le Concor- entièresplans, cartes et mémoires. De l’arméequ’il dat, le code civiloulaBanquedeFrance, c’estbien commande et de celles qu’ilvaaffronter, il sait tout: la gloire militairequi afaitnaître, et perdurer,la effectifs réels, moral, terrain, situation, routes, posi- légende napoléonienne. tions, unités… Résultat:enquelquesjours ce frelu- quet de 26 anss’impose à destroupes indisciplinées et démoralisées,met au pasdes généraux expéri- “L’artdelaguerreestunartsimple, mentés — « Ce petitbougrem’a fait peur »,dira toutd’exécution” Augereau —,remportevictoiresur victoire contre desennemis aguerrisettrèssupérieurs en nombre « L’artdetaguerre estunart simpleettoutd’exé- (Autrichiens, Sardes), jusqu’à gagner à Lodile cution,iln’y arien de vague, tout yest de bonsens, surnom de “PetitCaporal”.Unanpasse;les vic- rien n’yest idéologie »,assuraitl’Empereur. Sa toires ontcontinué de s’accumuler:Bassano, Arcole, méthodedecommandement n’ariend’intuitif:dans Rivoli,Mantoue,etc.L’ItalieduNordest conquise, la préparation d’unebataille, tout estpesé et ana- lesAlpes autrichiennesfranchies, la routedeVienne lysé.Pourautant, il n’existe pasdesystème de guerre ouverte. Lestraitésdepaixsesuccèdent.Enune napoléonien. « II n’yapoint de règles précises, déter-

94 — VALEURSACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 DU PANACHE, TOUJOURS DU PANACHE !

NapoléonaprèslacapitulationdesAutrichiensàUlm, le19 octobre1805.Devantlesblessésennemis, l’Empereursoulèvesonbicorne pourrendrehommageàleurcourage. 130

C’estlenombretotal de batailles minées, expliquait-il. Tout dépendducaractère que engagées parNapoléon, la nature adonné au général, de sesqualités, de ses avantetaprèsson sacre. défauts,delanaturedes troupes, de la portéedes armes, de la saisonetdemille circonstancesqui font queles choses ne se ressemblent pas. » Troisgrandsprincipes stratégiques s’imposent malgré tout à lui, dèslapremière campagne d’Ita- lie. Le premier:concentrer un maximumdeforces surunchamp de bataillerestreint afindeconcou- Desmouvements rir à uneactionuniqueetêtreleplusfortenun pointetàun momentdonnés. Un résultat obtenu surprisespourdiviser parlasurprise et pardes mouvements rapidesqui lestroupesadverses. divisentl’adversaire. Deuxième principe: établir uneligne d’opérationsqu’ilfautconserver à tout prix.Celle-cipermetd’acheminer vivresetmuni- tions, d’évacuerles blessés, et éventuellementdese replier. Troisième principe:promouvoir uneaction morale et psychologiqueauprèsdeses troupespar desproclamations exaltantes, desrécompenses, des bulletins. S’yajoutentquelquesautresrègles de moindre importance:logistiquelégère,souplessedel’emploi descorps d’arméeapparus en 1800,etregroupement guerre de l’Ancien Régime,oùdesprofessionnels de l’artillerie et de la cavalerieendefortesréserves. cherchaient à se ménager, à s’esquiver plus qu’à Mais aussifaculté de se plieraux circonstances, souci détruire l’adversaire.Encesens, et parl’importance de se ménagerplusieurs possibilitésjusqu’à l’arrivée desmassesd’hommesengagés, parl’expansion des de renseignements déterminants surlapositionde ressources consacrées à la guerre,etparcequ’ilne l’ennemi. Sans oublier le coup d’œil pour prendre conçoitpas la guerre commeune mesure extrême, l’initiative de l’attaque, lancer et maîtriser la manœuvre, un ultime recours, mais commeune guerre totale, pousserl’ennemi à la faute. pivotdesapolitique extérieure,Napoléon annonce Aucune des130 batailles de Napoléon n’estla lesdeuxsiècles futurs. • réplique d’uneautre.Maistoutesrompent avec la FrédéricValloire

LESCHEVAUXDEL’EMPEREUR Témoignagedeson incroyable témérité,maisaussi dont la première lettre indiquel’annéedeleurachat de sa… chance:sur la centaine de chevauxqu’autilisés parles écuries impériales.Avant cettedate, Napoléon durant sonrègne, unevingtaine sont morts et surdérogation de l’Empereur, certains ont sous luiaucours de sesbatailles. À partirde1808, été baptisésdenomsdevictoires,telsAusterlitz, la plupartdeses destriersportent un nom Marengo ou Wagram.A.F.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 95 XXXXX COM S. GE MA NI MA GE RID .B WWW Muiron,lemartyrdupontd’Arcole AidedecampetamideBonaparte,c’estluiquiafaitbarragedesoncorpspoursauver lefuturempereur.Ilavait22ans.

nconnudes Français, sonnom figure pourtant du royaume. Sonpère estconseillergénéralde surl’undes bas-reliefsdel’Arc de triomphe, face LouisXVI,son grand-père ancien médecindeLouis XV. à l’avenue de la Grande-Armée. NéàParisle10jan- Pour le petitJean-Baptiste,l’avenir s’annonce d’au- vier 1774,Jean-Baptiste Muiron estissud’une tant plus radieuxqu’auxfacilitésoffertespar sa nais- Iriche famille attachéeaux plushautesinstances sances’ajoutentderares dispositions: corps solide

96 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 LecolonelMuiron,àdroite.Tombé DU PANACHE, TOUJOURS DU PANACHE ! àl’eauaprèsavoirsacrifiésavie, onneretrouverajamaissoncorps.

LA“RECONNAISSANCEÉTERNELLE” DEL’EMPEREUR et résistant, esprit vifetcurieux,tempérament che- valeresque… Jamais Napoléon n’oubliera sonanciencompagnon. Attiré dèsson plus jeuneâge parlacarrière mili- « Il asacrifié sa vie poursauverlamienne »,raconte-t-il, ému, taire, il intègreadolescent l’école d’artillerie de Douai, jusqu’à la findeses jours. Luivouantune « reconnaissance qu’ilquitteenmai 1789 — à 15 ans!—avec le grade de éternelle »,ilprend la famille Muiron sous sonaile, veillant lieutenant en second.Promucapitaine quatreans plus à ce qu’ellenemanquederien, puis luiléguera un important tard,ilparticipe en 1793 auxcombats de Toulon,oùil héritage. Il nomme comted’Empire le père de Jean-Baptiste. estblesséàla cuisse d’un coup de baïonnette… C’estlà AprèsladéfaitedeWaterloo, “colonel Muiron” sera l’un des qu’ilrencontre un autrebrillantcapitaine d’artillerie, pseudonymes utilisé parl’Empereurpourtenterd’échapper alors inconnu, Bonaparte, dontildevient « le premier auxAnglais. entre-temps, le nomdeson ancien aide decamp disciple »,comme le décrit Jean-Luc Gourdin, auteur sera donnéàunefrégate (la Muiron) — surlaquelleilrentrera de la seulebiographie à luiêtreconsacrée, l’Ange gar- d’Égypteen1799. Conservéecomme monument à Toulon diendeBonaparte,lecolonelMuiron (Pygmalion-Gérard à partirde1807,celle-cicoulera,frappéepar la foudre, Watelet, 1997). Jean-Baptiste, dèslors, sera « dévoué en 1855.Unmodèle réduit de la frégate sera aussispéciale- corpsetâme » au futurempereur, dontildevient aussi mentréaliséàsa demande.Placé,deson vivant,danssa l’ami, au pointd’êtreprésentéàsa mère Letizia. chambre à coucherdelaMalmaison,ilest aujourd’hui conservé au muséedelaMarine, à Paris. A. F. Ledestinfracasséd’unofficier intrépide Aprèsune première vainetentative pour passer le pont menéepar la division Augereau,lasituation Unefoissablessureguérie, le jeuneofficier, tout juste menacedes’enliser. Clouéssur place, lessoldats ne marié et devenucolonel,rejoint Bonaparte, fraîche- veulentplusavancer.C’est alors queBonaparte sur- mentnommé généraldel’arméed’Italie. Lorsque vient, harangue seshommes, descend de cheval, tire Muiron parvientauquartiergénéral, à la findumois sonsabre,s’empared’undrapeau, fait sonner la d’avril1796, l’armisticevient d’être signéavec lesSardes. charge et s’élanceavecson état-majorsur le pont. Mais lesAutrichiens s’accrochent. Chas- sésduMilanais, ilss’appuientsur la place fortedeMantoue quiverrouille la partie Laballel’atteintdepleinfouet. estdelaplaineduPô.Objectifdes Fran- çais:refouler lesarmées de secoursautri- Sonsangéclabousse chiennes et s’emparerdelacitadelle. levisagedeBonaparte. Intrépide,Muiron combat sous lesmurs de Mantoue, participesabre au clair à la victoire de Castiglionele5mai1796, puis, à la tête En tête,Marmont; à sa droite,Muiron.Soudain,au de seshommes, forcel’entréedeVérone, où s’installe milieud’unviolent tirdeflanc, ce dernieraperçoit Bonaparte. De Parislui arrive uneautre grande nou- un soldat autrichienmettant en joue Bonaparte. velle:il sera bientôtpère. N’écoutantque sa bravoure, le jeunecolonel se jette Arrivelefuneste 15 novembre.Nommé aide de camp devant luipourfaire barragedeson corps.Laballe de Bonapartequelquesjours plus tôt, Jean-Baptisteche- tiréepar l’Autrichien l’atteintdeplein fouet.Son vauche avec luiendirection du villaged’Arcole, où le sang éclabousselevisagedeBonaparte. “généralVendémiaire”,repousséàCaldiero,veutprendre Il faut battre en retraite.Tombé du pont,lefutur l’ennemi à revers.Maisayant deviné la manœuvre,les empereur ressortdel’eau trempé,ensanglanté et Autrichiens se tiennent prêts. Circonstance aggravante, couvertdeboue. La passerelle ne sera jamais franchie. le terrainest détestable:une succession de digues étroites, Ce n’estque plus tard,par un autrechemin,que sera de marais,unétroitpontdeboissurl’Alpone (unaffluent pris le villaged’Arcole. Englouti dans leseauxde de l’Adige) qu’ilfautfranchir sous le feuennemi, puis l’Alpone,lecorps de Muiron ne sera pasretrouvé. • 200mètres à découvert… Arnaud Folch

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 97 D’esclaveàgénéral,lefabuleux destindeYousouf Quasiinconnu,cetauthentiquehérosdelaconquêtealgérienneamultipliélescoupsd’éclat pendantlesbatailles.Retoursuruneextraordinaireépopée.

98 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 DU PANACHE, TOUJOURS DU PANACHE !

ucarrefour de l’Orient et l’Occident, une viecomme un roman d’aventures… Lesori- ginesmêmesdeJosephVantini,dit Yousouf, restentnimbées de mystère.Ilseraitnéen A1808 surl’île d’Elbe,oùil aurait aperçu Napoléon en 1814,etbénéficié de l’affection de la prin- Yousoufen1863, GE

cessePaulineBonaparte.Son père l’envoie étudier en MA parDisdéri. EE

Italie,maislebateau à bord duquel il embarque est /L Pagedegauche, capturé parles Barbaresques.Vendu commeesclave ARD gravuredeBenjamin RN au beyturcdeTunis, il estinstruitpourservirdans BE Roubaud(palais AN

sa gardepersonnelle,les mamelouks.Reçuauseinde JE Longchamp, ce corps à 14 ans, sa valeur au combat luiattirela E- muséedesBeaux-Arts AG

faveur du beymaisune liaisonclandestinenouéeavec EM deMarseille). LE uneprincessetunisiennelecontraint à fuir.Avecla E/ complicité du consul de France, le comte Mathieude IN IN-F X- Lesseps, et de ses fils JulesetFerdinand, il trouve LU refuge surlebrick français Adonis,qui met le capsur Alger, et parvientdevantlavillele14juin1830. Juste au moment où débarque le corpsexpéditionnairedu VenduaubeydeTunis, généraldeBourmont, marquant le débutdelaconquête de l’Algérie… savaleuraucombat éclatedèsses…14ans Soncorpsdebachi-bouzouksdécimé paruneépidémiedecholéra conquêtealgérienne.Iljoue un rôle de premierplan dans l’occupation de Bône en 1832 (lireencadré ci-des- Engagé commeinterprète auprèsdecedernier,You- sous),sedistingue durant la retraite quisuitl’échec souf s’illustredanstousles combats. Nommé kha- devantConstantine en 1836.Ilcontribue aussi à la lifa(lieutenant)del’aghades Arabes,ilvenddes prisedelasmala d’Abdel-Kaderen1843 (lireenca- pierres précieusesrapportées de Tunispourrecru- dré page 98),traque l’émirpendant quatreans, man- teretéquiper à sesfrais descavaliers indigènesavec quant à plusieursreprisesdelecapturer, conduitl’aile lesquelsilmaintient l’ordreaux alentoursd’Alger. gauchedelacavalerie à la batailled’Islyen1844, s’il- Le généralClauzel,successeurdeBourmont, lui lustre lors de la prisedeLaghouaten1852,participe demande alors de créer un escadron de mamelouks, à la pacification de la Kabylieen1857… Pendantla d’où sera issu,plustard, le corps desspahis. Dèslors, guerre de Crimée, en 1854,ilcréesur le modèle des Yousoufest associé auxprincipaux épisodesdela spahisuncorps de bachi-bouzouks — décimé parl’épi-

L’INCROYABLECOUPDEBLUFFDEBÔNE « Le plus beaufaitd’armes du siècle. » C’estainsi de Yousoufetd’Armandy pour retourner la situation. quelemaréchal Soult(1796-1851) qualifial’occupation Accompagnésdeseulementtrentemarinsvolontaires de Bône,enAlgérie. Tout commencedébut1832 de La Béarnaise,les deuxhommess’introduisirent lorsque Ibrahim, qui yapris le pouvoir,faitappel dans la placele27mars1832enescaladantlemur auxFrançais. Savary,commandantenchef en Algérie, d’enceinteavecune échelle de corde.Puisils hissent envoie la goélette La Béarnaise, chargéed’hommes le drapeaufrançais. Ajoutéàquelquesexécutions et de vivres.Parmi eux:lescapitainesYousouf spectaculaires,lebluff fonctionne jusqu’à l’arrivée et Buissond’Armandy.Maisavant leurarrivée, dessecours,dix joursplustard:les32Français lesBônois, pousséspar la famine, ontouvert lesportes parviennent à s’imposer à 130Turcs prêts à trahir, de leurville à l’arméeconstantinoise. La situation tout en tenant en respect les… 5000 hommes d’Ibrahim, bloqué dans la citadelle(la casbah),est de l’arméeconstantinoise!C’estcecoupd’éclat désespérée. Il va falloirl’extraordinaire coup d’éclat quiapermis à Bône de devenirfrançaise. É.L.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 99 DU PANACHE, TOUJOURS DU PANACHE !

Youssoufetlemaréchal COM

S. BugeaudenAlgérie GE en1846,parÉmileVernet-Lecomte MA NI (châteaudeVersailles). MA GE RID .B WWW

démiedecholéra quiravagealors l’armée — et com- indigène,avant d’être nommé dans le corps desoffi- mande douze bataillonsdelagarde du sultan ottoman ciersfrançaisen1851. À peineplusdetrois ansplus à la batailledel’Alma, remportéesur lesRussespar tard,ilcommande la division d’Alger. Et en 1860, le généraldeSaint-Arnaud. au lendemaind’une fantasia qu’ilaorganiséepour Ce guerrier conquiertaussi lescœurs. Sous le règne la visite à AlgerdeNapoléon III,lagrand-croix de de Louis-Philippe, Vandini ditYousouf assisteaux fêtes la Légion d’honneur luiest décernéepar l’empereur données à Fontainebleau pour le mariageduduc d’Or- en personne. léansetde la duchessedeMecklembourg, devient un Mais Yousouf, adulé parses hommes,s’attireaussi “lion” de Parisetprend d’assaut lesboudoirsdela de solidesinimitiés. Ses ennemis luireprochentses capitale… Le 1er mars 1845,souslesecondEmpire, il façonsdesatrape oriental,l’accusentdebrutalitéà épouseAdélaïde, la sœur de l’un de sessous-officiers. l’égard despopulations indigènes. Malgré lespuissants Le peintreorientalisteHoraceVernetetson épouse appuis dontilbénéficiedansl’entourage de Napoléon III représententses parentslorsdelamessedemariage. (Fleury, grand écuyerdelaCouronne,fut sonaidede camp), ces attaques conduisentMac-Mahon,nommé gouverneurdel’Algérie, à l’envoyerenFrance. Nommé Aduléparseshommes,onluireproche commandant de la 10e division militaire à Montpellier, sabrutalitésurleschampsdebataille il quitte Algerle8avril1865sousles ovationsd’une foulevenue luirendrehommage.Maisl’Orientmanque Sa carrière militaire évolueenparallèle à sesfaits à l’ancien mamelouk, auquel pèse la viedegarnison. d’armes. En 1842,Bugeaud,qui le compare à Murat, Dépérissant rapidement,ilmeurt le 16 mars 1866 à le nomme colonel à la tête desspahisd’Algérie; en Cannes.Son derniermot:«Algérie. » • 1845,ilreçoitses étoiles de généraldanslecadre ÉricLetty

ATTAQUE-SURPRISECONTRELASMALAD’ABDEL-KADER Yousoufajoué un rôle de premierplandanslaprise mais sa capitale mobile estdéfendue par5000 guerriers. de la smalad’Abd el-Kader,le16mai 1843.Lepremier Quoique leursforcessoient… dixfoisinférieures, il entend parler,par un marabout prisonnier, YousoufetlecolonelMorrisconseillentd’attaquer. de l’existencedececampementitinérant de 20000 « Je ne suis pasd’une race habituée à reculer »,répond personnes.Ilsuggère au ducd’Aumale, fils du roi Louis- le prince.Cinqcents spahis et chasseursd’Afrique Philippe, de s’en emparer. Le 2mai 1843,une colonne chargentendeuxcolonnes. En face,lasurprisetourne se metenroute pour rechercher la smala. Aprèsplusieurs à la déroute.Quelque troiscents guerriersarabes jours de quêteinfructueuse,celle-ci estenfinrepéréeprès sont tués. Les Françaisramènenttroismilleprisonniers, de la source de Taguine. Lui-même parti à la recherche parmi lesquelslafamilledel’émir, et un riche butin. d’uneautre colonnefrançaise,Abd el-Kader estabsent, Et ne déplorentque neuftuésetdouze blessés. É.L.

100 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 Voyagez avec CROISIÈRE SUR LE NIL CIRCUIT DE 9JOURS/7NUITS àpartir de 1995€/PERS. Nombre de places limité !

DU 18 AU 26 MARS 2019 – VOYAGE CULTUREL

Le Nil, ce fleuve mythique et majestueux, serpentant au milieu d’une terre désertique, apermis la vie et afécondé une civilisation exceptionnelle. La multitude de temples et de nécropoles entre Louxor et Abu Simbel témoignent de ce passé glorieux et religieux. Naviguer sur le Nil, c’est assurément remonteràtravers les millénaires et comprendre la forcevitale Vous serez et spirituelle que représentait le Nil pour les pharaons. accompagné par Frédéric PAYA, Au fildes étapes de cette croisière, vous serez émerveillés parles trésors rédacteur en chef archéologiques et culturels de cette région :lepremier centre religieux de du service économie l’Égypte antique àKarnak, le temple de Philae où affluaient les pèlerins, la 092100065 de Valeurs actuelles majesté du temple d’Abu Simbel... LIC Cette lente navigation sur le Nil vous révèleraune culture exceptionnelle, où le règne successif des pharaons s’associe au culte des dieux. Voyages ctus -©I itR

/W + LES TEMPS FORTSDUVOYAGE : Fotolia

:© AncienneThèbes, Barrage d’Assouan, Temples d’Abou Simbel, MuséedeLouxor. photos Temple de Philae, Crédits

ICTUS VOYAGES Tél:0141 12 04 80 E-mail :[email protected] XXXXX DR RobertDubarle, “leBayarddu68e” Deuxpetitesrues,l’uneàGrenoble,l’autredanssonvillagenataldeTullins(Isère)portentsonnom. Mortà33ansenhérosdelaGrandeGuerre,cechasseuralpinlaisseaussi,danssescarnets retrouvés,letémoignagepoignantdesonpatriotisme—jusqu’ausacrificesuprême.Récit.

102 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 LecapitaineDubarleenuniformedechasseuralpin. DU PANACHE, TOUJOURS DU PANACHE ! “Monvieux,ilesttempsd’yaller. Aurevoir”,lance-t-il àsonadjointàl’heuredesonultimeassaut.

lest bientôt18heures, ce 15 juin 1915,quand le Mobilisé commeofficierd’ordonnance dès1914, capitaineRobertDubarle rejointses hommes du il repousse la proposition de songénéralderester 68e bataillon de chasseursalpinsdansune tran- à sonservice pour partir au front. Sonenthousiasme chéedelacote955 qu’ils occupent depuis 3heures n’ariend’unaveuglement. Dubarlesaitoùil va,ce Idu matin. L’incessant bombardement allemand quis’y passe, et soupçonne déjà un long et terrible embrase l’atmosphère et retournelaterre depuis conflit: «L’Allemagne estformidablement arméeet desheures. préparée, témoigne-t-il débutaoût. Si nousenvenons Côté français, lespréparationsd’artillerie infruc- à bout, ce ne sera qu’auprixdes plus grands sacri- tueusessesuccèdent et nosobusneparviennentpas fices. » àéventrerces positionsoùl’ennemiaétablides Le 26 août, il estdevant l’ennemi à Clézentaine, lignes de défensequasi infranchissables.Des réseaux dans lesVosges. Sonpremier combat.Laconique,il de fils de fermêlésd’abattis protègentdeprofondes notedansson journal de guerre:«Obus à deux tranchées,danslesquellesdes abrissolides ont été mètresdemoi et de ma section.Pas de mal. » Le aménagés. 5septembre,ilpasse la frontière allemande:«Émo- Mais ce piton, couvertd’impénétrablessapins tion. » Émotion encore, en ,devant l’accueil il yaquelquesjours encore, constitueladernière chaleureux réservé auxchasseurs alpins parles vil- défenseallemande à l’ouestdeMettraetil doit lageois«libérés ».Maisces moments laissent rapi- tomber.Quoiqu’il en coûte.Ets’illefautauprix dement la placeaux épreuvesetauchagrin.Le de la viedececapitaine de 33 ans, magnifiquesoldatcité cinq fois, ancien député Républicainindé- “Dansladouleurquimedéchire, pendantdel’Isère,setenantprêt, depuis toujours, à l’ultime sacri- jeresteplein fice, commeentémoigneson abon- derésolutionetdecourage.” dantecorrespondance, en partie publiéeen1918par sonancien amietcollègue, l’ex-présidentduConseil Louis 26 octobre, il écrit à sa belle-sœur Charlotte:«L’autre Partout. lieutenantdemacompagnie a été tué hier à mes Né le 16 octobre1881dansleGrenobloisausein côtés. Avant de partir il avaitfait desrecomman- d’unefamille de robe,onzeans aprèsque lesAlle- dations à sonordonnance pour le casoùil serait mandseurentamputé la France de sonAlsace-Lor- tué.Jeleplaisantaistoutencourantetnousriions raine, Durbarle n’aura sa viedurantd’autre ambition ensemble.Quelquesinstantsaprès, il tombait à mes quedelaver l’affront “boche” et de servirson pays. côtés, la tête traversée. » Dans le même courrier il évoqueunautre événe- mentdéchirant:«Undemes chasseursaeulajambe “Obusàdeuxmètresdemoi briséeaudébut de l’action;j’entendais sesplaintes etdemasection.Pasdemal.” et impossible de sortir de nospositionsoùnous nous battionsuncontrecinq, sous unefusilladefurieuse. En 1901 déjà, à l’heuredelaconscription,lejeune Et le frère du blesséétait prèsdemoi,qui tirait avec Robert écrit :«Jamais je n’ai mieux compris le calmeetsang-froid, tout en pleurant. Et cela,ma sublime du mot “Patrie”,qui renfermedansles pauvreCharlotte,mefaitl’âme un peu lugubre. » bornes étroitesdeses lettrestousnos espoirs, « J’aimerais mieux êtrefrappé moi-même », écrit- toutesnos tendresses, toutenotre vied’homme il peuaprès. Un terriblesentiment quin’aurasans avec sessouriresetses larmes. » Mais c’est à l’au- doutejamais été aussiprégnantqu’à la mortdeson tomne1908, en Allemagne, queseforge sonidée frère,tombé en héros à la tête de sa compagnieen surles Allemands. En voyage à Berlin avec des prenantune tranchée. Témoignage de Barthou:«Les amis, il écrit:«Nous en avonsconservé uneimpres- deux frèress’adoraient. La mort d’André futpour sion de tristesse à la suite de la visite de l’église Robert un coup terrible. Leslettres quej’aisousles de la garnison,ilyalàsoixante-dix drapeaux yeux, et auxquelleslerespect de la vie intimem’in- pris à la guerrede1870. (…) En sortant de là,nous terdit de faire desemprunts, exhalent lescris émou- ne faisionsqu’évoquer lesfuturscombatsqui ven- vantsd’une tendressedéchiréequi souffre geraient le passé. » horriblement. »

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 103 DU PANACHE, TOUJOURS DU PANACHE !

Maquettedemonumentauxmortsengrès.Unhommageinscritdanslapierre.

Puis vientletourdeson beau-frère,lecomman- dant Chanzy.«Dansladouleur quimedéchire, écrit- il,jereste plein de résolution et de courage, désirant ardemment vivre pour tous cesorphelins quiont VERBATIM tant besoin de moi, maisdésirant plusardemment encore fairemon devoir et servir monpays. » «Jamaisjen’aimieux comprislesublime du mot “Patrie”, “AllonsMessieurs,enavant ! qui renferme C’estpourlaFrance !” dans lesbornes étroites de seslettres Cette sensibilité vibreaussi parfoispourl’ennemi: tous nosespoirs, «Quandlecombatfinit, je voisdescadavresallemands, toutes nostendresses, j’éprouvetoujoursdel’émotion et de la pitié.Notam- toutenotre vied’homme ment il yaquelquetemps,j’aivulecadavre d’un sous- avec ses sourires officierallemand. D’unepâleur de cire,couché sur le et seslarmes. » flanc, avec un visage juvénile et charmant,jen’aipu RobertDurbarle, m’empêcher d’exprimer ma compassion. » dansune lettre Cesmoments d’humanité ne l’empêchentpas de écrite en 1901. livrer de furieuxassauts. Toujours en avantdeses hommes.Ainsi du récit à sa femme, le 20 avril, de la terrible batailleduSchnepfenried livréetrois jours plustôt: «J’ai fait mondevoirdemon mieux et nos chasseurs ont été superbes.Nousavonstous chargéàla baïonnetteenpoussant descris épou- vantables. LesBochesont fuienpartie, le reste a été cloué sur place. » Mais bien souvent, commeles 27 et 28 mai, c’est à leur tour d’être clouéssur place parles bombardements faisantpleuvoirsur lesFran- çaisune moyennede40obus à la minutesur une lignedemoins de 150mètres. Arrivele15juin, 18 heures.L’ordre d’attaquer la cote 955 tenuepar lesAllemands.Lorsque celui-ci parvientaucapitaine Dubarle, tous savent queles lignes ennemies,bienqu’écrabouillées sous un orage de feuetd’acier,sontencoretrop bien tenues par desnidsdemitrailleuses pour quel’onpuisserien espérer, excepté de nouveauxsacrifices,deceénième assaut. À l’heuredite, au momentdecouriraufeu,Dubarle se tourne vers le lieutenant Sabatier et luidit sim- plement: «Monvieux, il esttemps d’yaller.Au revoir. » Sabatier le raconteraplustard: «Il adis- paru parmises chasseurs, s’estmis à leur tête (…)

E Il asauté le parapetet, à 20 mètres en avant de nos AT

FR lignes,ilaététouché parune balle en plein cœur. » IA

ICK Justeletemps, à l’adressedeses hommes, de pro- TR

PA noncer sesderniersmots: «AllonsMessieurs, en avant, et n’oubliez pas:c’estpourlaFrance! »• CyrildeBeketch

104 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 DU PANACHE, TOUJOURS DU PANACHE ! EugèneBullard.Ancienboxeur,amideChaplin, dePicassoethérosdeguerre.

Décoré de la croixdeguerre, il EugèneBullard,au décide,une fois guéri,derepartirau front. Mais lesséquellesdeses bles- sureslui interdisentleretourdansl’in- nomdetouslessiens fanterie. Ce seraleparifou de l’aviation, où il devient, fin2016, le premierpilote noirdel’Histoire. Membre du 5e groupe Ex-légionnaireetpremierpilotenoirdel’Histoire,ceFranco- de chasse,etaux commandesdeson Spad S. VIIarborantsadevise “Tout Américaincombattantdesdeuxguerresmondialesaétéqualifié sang coulerouge”,ilabatdeuxavions de“hérosfrançais”pardeGaulle.Uneviedigned’unroman. allemands. Aprèsguerre, mariéàuneFran- çaise,ildevient l’un desroisdes nuits parisiennes. Il ouvreplusieurs caba- rets dans la capitale,côtoie le prince nvéritablehéros français, et de Galles,selie d’amitié avec Picasso, le plusfrançaisdes Améri- Chaplin, MistinguettetHemingway cains. C’estainsi quelegéné- — lequel s’inspirera de luipourson raldeGaullerendrahommage, personnagedebatteur dans Le soleil Uen 1960, à celuiqui fut, sous se lève aussi. le drapeaufrançais, le premierpilote noir de l’histoire.Entre autres… Car ce n’estpas unevie,maisune multi- Quinzemédailles, tude d’existences,touteshéroïques, dontlaLégiond’honneur ! qu’a vécues Eugène Bullard, de sa nais- sance en 1895 en Géorgieségrégation- Mais la nouvelleguerremenace. Par- niste à sa mortdanslamisère en 1961. lant couramment allemand,Bullard Fils d’un ancien esclave, Eugène, estrecruté parlecontre-espionnage fuyant le racisme, se réfugieenAngle- françaispoursurveillerles riches terreen1912.Devenuboxeur, il clientsvenus d’outre-Rhin quise débarque à Paris à la findel’année pressentdansses établissements. En suivante pour ydisputeruncombat 1939,ilseréengage dans l’armée. à l’Élysée-Montmartre. La découverte Affecté au 51e régiment d’infanterie de la France agit surlui commeun d’Orléans, il réclamederetourner au coup de foudre.Lorsque la guerre front, où il estgrièvement blesséàla colonnevertébraleenjuin 1940.De COM

S. retour aux États-Unis, il devient un GE ardent propagandistedel’entréeen VERBATIM MA

ANI guerre.Puisrevient en France en 1954, M

GE où il estinvitéàranimerlaflamme du

“LAFRANCEM’ADONNÉ RID .B Soldat inconnu. Cinq ansplustard, il

LAVRAIESIGNIFICATION WWW obtientlaLégion d’honneur — sa quin- DELALIBERTÉ,DEL’ÉGALITÉ zième médaille!Avant, en 1960,d’être reçupar le généraldeGaulle, quile ETDELAFRATERNITÉ. éclate, se vieillissant d’un an (ilena qualifie à cetteoccasion de « héros JENEPOURRAIJAMAIS alors17),Bullard s’engage dans la français ».Atteint d’un cancer de l’es- Légion étrangère.Affecté au 3e régi- tomac, il meurt dans le dénuement le LUIREMBOURSER mentdemarche,ilest aussitôtenvoyé plus completunanaprès, aux États- TOUTCEQUEJELUIDOIS.” au combat dans la Somme, la Cham- Unis.Oùil estenterré dans sonuni- Eugène Bullard,lorsdelaremise pagneetàVerdun,oùil alamâchoire formedelégionnaire. • de sa Légion d’honneur,en1954. et la jambeperforées. Arnaud Folch

VALEURSACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 105 XXXXX R .F LLE VI AU RE S: OTO PH AlbertRoche,lesoldatinconnu auxneufblessures et…milledeuxcentsprisonniers Incroyabledestinqueceluidecepaysanhéroïque,surnommé“lepremiersoldatdeFrance” parFoch.Jamaispromumalgrésesinnombrablesexploits.

arré 40, rangéeNord, tombe15. C’estici, il estdéclaré inapte. Qu’à cela ne tienne:ilsepré- dans le petitcimetière Saint-Vérand’Avi- sente au camp d’instruction d’Alban, quil’affecteau gnon,que repose,anonyme,celui quele 30e bataillon de chasseurs. Mais là encore sa faible généralissimeFochprésentapourtant à la constitution,qui luivautles railleriesdeses cama- C foule, en 1918,comme « le premier soldat rades, le dessert. Luiqui rêve d’alleraufrontsevoit de France ».Delui,hormiscette pierre tombale, ne cantonné dans destâchessubalternes.Qu’importe: subsiste guère qu’unmodeste busteassorti d’une bravant unenouvellefoisledestin, il fait semblant inscription de quelques mots dans sonvillagenatal de s’évader, ce quilui vaut la “punition” recherchée de Réauville(Drôme), ainsiqu’uneplaqueaccolée d’uneaffectation en première ligne. Direction l’Aisne, au jardin municipaldeSorgues où ce super-héros dans lesrangs desDiablesbleus du 27e bataillon de de chairetd’os, ayantrisqué millefoislamortsur chasseurs alpins.Là,lejeune homme se fait immé- leschampsdebataille, est finalementdécédé,à44 diatementremarquer parses supérieurs:volontaire ans… d’un accidentdelacirculation. pour toutes lesmissions à risque,ilvamultiplierles 5mars1895. C’estunenfantmalingrequi voit le plus incroyablesexploits — tout en restant2eclasse! jour dans la petite fermedes Roche. Albert estsi En Alsace,unblockhaus allemand bourré de chétifqu’à 19 ans, mobilisé pour la GrandeGuerre, quinze mitrailleusesbarre la route auxattaques

106 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 AlbertRoche(à gauche)aucôtédumaréchalFoch, DU PANACHE, TOUJOURS DU PANACHE ! àStrasbourg,en1918.Enbas :enopération durantlaGrandeGuerre. françaises. Roche convainc sessupérieurs:«Lais- sez-moipartir, j’en fais mon affaire. » La nuit,alors queles Allemandsallumentunpoêle pour se réchauf- fer, il rampejusqu’aufortinennemi, monte surle toit et jetteplusieurs grenades dans le tuyau. Une SOUSLEFEUENNEMI… dizainedesoldats sont tués. Croyant à uneattaque ETDEVANTLEPELOTONFRANÇAIS ! massive, lessurvivantsserendent.Aussi calmement qu’il était partipoursamission,Roche en revient L’histoire est à peinecroyable. Pendantlabatailleduchemin avec huit prisonniersetlesmitrailleusesintactes. desDames,Roche se portevolontairepourramener Quelques semainesplustard, à Sudel,dansles Vosges, un capitaineblessé, évanoui surlechamp de bataille tous sescompagnonsdetranchées sont abattus. à proximité destranchées allemandes. Le jeune soldat rampe Plutôtque de fuir,ilbraque en créneau lesfusilsde sixheuressouslefeu ennemipourrejoindre l’officier,puis sescamaradesmorts et court de l’un à l’autrepour encore quatre heurespourletraîner non loin de noslignes, tirer.Pensant la ligneencoresolidementtenue,les où desbrancardierslerécupèrent, toujours inconscient. Allemandsbattent en retraite.«Il afaittoutcela, Épuisé,Roche s’endortsur placedansuntrou de guetteur. et il n’apas le moindre galon de laine! »,commen- C’estalors quesurgitune patrouillefrançaise,convaincue, tera Foch,stupéfait,enapprenantson extraordi- malgré ses dénégations, d’avoiraffaire à un déserteur. naire épopée. La sentence estimmédiate:«Abandon de poste sous le feu, fusillé dansles vingt-quatre heures. » De soncachot, à l’aube, il écrit à sonpère:«Dans une heurejeserai fusillé,mais Ilextraitlui-mêmeuneballefichée je t’assure que je suis innocent ».Aumoment où le peloton danssamâchoire s’avance,coupdethéâtre:toutjuste sorti du coma,lecapitaine qu’ilvient de sauvers’interpose et confirmesaversion!A.F. Et ce n’estqu’undébut. Au total, le soldat Roche, par ailleurs éternel gailuron,feraprisonnierspas moins de… 1180 Allemands. L’équivalentd’un bataillonentier!Fait lui-même prison- nier avec sonlieutenantetquelques autres soldats, il parvient à s’emparer de l’arme de l’un de sesgeôliers, tue plusieursgardes, libère l’ensemblede sescompagnons, puis revient à sa base avec quarante-deux prisonniers… tout en portantson officier blessé surledos. Outreses extraordinairesexploits — dont l’un afailli luicoûterlepeloton Il sera aussi invitéàla d’exécution (lireencadré) —,Roche table du roid’Angleterre, serablesséàneufreprises.Maisrefu- George V. Clemenceau, serasystématiquementd’êtresoigné admiratif,lui offrirason à l’arrière.Unjour, il s’opère lui-même étui à cigarettes.Devenu pour extraire uneballe fichéedanssa cantonnier et pompier mâchoire inférieure… volontaire,cet homme Jamais promu,lejeune soldat sera quiatriomphé desplus en revanche décoréàde nombreuses terriblespérilsmeurt à reprises:médaillemilitaire(7cita- Avignon le 15 avril1939 tions),,Légion d’hon- dessuitesd’unbanal acci- neur (chevalier en 1918,officieren dent de la route. Passi 1937)… En 1920,ilfaitpartiedes douze banal, en réalité:lavoi- soldatsdésignéspourchoisirleSoldatinconnu,puis ture quilerenverse n’estautre quecelle,conduite desseptchargésd’enporterlecercueillorsdela parsafille, de… l’ancien président de la République, cérémonie du 11 novembre 1920 à l’Arcdetriomphe Émile Loubet. • (l’inhumationdéfinitive aeulieule28janvier 1921). Arnaud Folch

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 107 DU PANACHE, TOUJOURS DU PANACHE ! A MM -GA CE AN -FR NE TO YS KE Leshéroïnesdel’Indo OutrelacélèbreGenevièvedeGalard,surnommée“l’AngedeDiênBiênPhù”, nombredefemmes, pourlaplupartméconnues,sesontillustréesenIndochine.Hommage.

rèsdedeuxmille. C’est le nombre de PFAT du feu. « En croisant lesdifférentessources,onpeut (Personnelsféminins de l’arméedeterre) en conclure quecent à deux centsfemmesont trouvé envoyésenIndochinedurantlaguerre. Trop la mortenExtrême-Orient, soit entre 5et10%des souventignorées deslivresd’histoire, nombre effectifs militairesfémininsengagéssur place »,estime P de ceshéroïnes s’étaient déjà illustrées dans l’historienne ÉlodieJauneau,auteurd’une étude inti- lesrangs desForcesfrançaiseslibresaucours du tulée «Les “mortes pour la France” et les “anciennes second conflit mondial, telles lesex-“Rochambelles” combattantes”:l’autre contingent de l’arméefran- — surnom donné auxambulancièresdela2eDB du çaise en guerre(1940-1962) ». généralLeclerc —,qui serontparmi lespremières à débarquer à Saigon.Suivrontles “transmissionnistes”, lesplieusesdeparachutes,les convoyeusesdel’air,les “Sijemeurs,qu’onmelaisselà, infirmières(parmi lesquelleslafuturesénatrice et prèsdemescompagnonsd’armes…” secrétairegénérale du groupe Valmonde, éditeur de Valeursactuelles,Magdeleine Anglade), lesinfirmières Pour certaines,lamortfrapped’entrée. Le 10 mars parachutistes… Le contrairedeplanquées.Aucune 1946, à peinedébarquéeavecla9edivision d’infan- d’entreelles,pas même lessecrétaires,n’est à l’abri teriecoloniale,laRochambelle Françoise Guillain

108 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 O

PH

RA

MMA

GA

I/ Pagedegauche :arrivéeàl’hôpitalLanessan,àHanoï,ï, AP dudeuxièmeconvoideblessésévacuéss deDiênBiênPhù,le18mai1954. Ci-contre:GenevièvedeGalard,dernièreinfirmière françaiseprésenteàDiênBiênPhù. 1972 C’estl’année à partirdelaquelle lesconvoyeuses de l’airont obtenu le droitdeporterdes grades. Unedécision d’autant plus injustementtardive qu’après sous),oulanon moins héroïque ambulancière de l’Indochine, nombre de celles-ci brousseGilberte Urbain.Enfévrier1948, celle-ci fait trouverontencore la mort face à uneembuscade vietminh. À côté d’elle,l’une de en Algérie. Parmielles,Jacqueline sescoéquipièresest tuéed’une balleenpleinetête. (diteJaïe) Domergue et Chantal Éclabousséepar sonsang, l’ennemi, aprèsl’avoir traî- Jurdy, péries en hélicoptère en 1957 née, finitpar la croire morteetl’abandonne.Sitôtles et 1959.Les convoyeuses ont Viêts éloignés, Gilberte,plutôtque de s’enfuir,s’em- participé depuis,etsanscasse, à toutes nosopérationsenAfrique noire:Tacaud, Manta, Épervier, etc. Éclabousséedesang, lesViêtslacroyantmorte, finissentparl’abandonner… estabattueprèsdeHaiphong.«Si je meurs, avait- presse de s’occuperdes soldatsfrançaismoribonds. elle souhaité, qu’onmelaisselàoùje serai tombée, « Lessoldatssontjeunes, ilsont besoin de femmes près prèsdemes compagnons d’armes. Ne craignez rien, d’euxqui soient fraternellesetles soignent, confiera- je suis prête. » Quelquetemps plus tard tombera t-elle. Nous lesaccompagnons à toutesles attaques, aussi, entreautres, la capitainedentistePaulette deux femmes avec unecinquantainedesoldats. » Gravejal, tuéelorsd’une attaquevietminh… Même la fonction de plieusedeparachutenéces- D’autres y échappent miraculeusement, telleAline site uneincroyable abnégation.«Pour Diên Biên Lerouge,audestin finalement tragique (lireci-des- Phù,nousavons plié quatre mois nuit et jour, se sou- ALINELEROUGE,AMBULANCIÈREMARTYRE Sonextraordinaire histoire,etson martyre final, de nouveauxactes de bravoure luivaudront auraient mérité de fairel’objet d’un livre. uneseconde citation puis,ennovembre1948, la Légion Nous sommes en 1945. À peinedébarquéeenIndochine, d’honneur.Rapatriéesanitaire,elledécide de repartir l’ambulancière Aline Lerouge reçoitunéclat d’obus unetroisième fois.Ladernière.Le24novembre 1950, qui la cloueausol,gravementblessée. Aprèsavoir fait assistéed’une infirmière et un brancardier, elle évacue semblant d’être morte afindenepas être achevée deux blessésversHanoï.Sur le chemin, la traversée parl’ennemi, elle se relève titubanteetensanglantée d’unerivière impose d’embarquerlevéhicule puis… récupère “ses” blesséspourregagnerl’hôpital surunbac.Celui-cichavire.Les deuxblesséssurvivront. de Lagson… Au coursdeson deuxième séjour, Aline,l’infirmière et le brancardier se noient.S.D.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 109 XXXXX

ValérieAndré.Chirurgienne,infirmière, pilote,elleseralapremièrefemme élevéeaurangdegénéral. 2% D BIL

IN C’estlaproportion de femmes TE militaires présentes en Indochine LLS durant le conflit,par rapport à D-U

BIL l’effectif totaldes troupes françaises IN

TE quiyfurentengagées.Entre 5et10%

LLS d’entreelles ytrouverontlamort. /U ES AG IM G- AK

vientAugusta Marot. Nous marchionsaucafé fort Plus célèbredeces héroïnes:Geneviève de Galard, et au Maxiton (médicament employé commeexci- surnommée “l’Ange de Diên Biên Phù” parles Amé- tant,NDLR). Quand ce n’était passuffisant,nous ricains. Dèsjanvier 1954,cette infirmière de 28 ans avions droit à uneintraveineuse. (...) Lesparas nous accompagne lesblessésdepuis Diên Biên Phù dans attendaientenbout de tablepour prendre leur para- desDakotamédicalisés. À partir du 13 mars 1954, chute. Certains n’avaientjamaissauté,ceserait lesbombardements s’intensifient, les évacuations leurpremier saut et peut-êtreledernier… » L’Indo- sanitaires deviennent de plus en plus difficiles. Le chinemarqueaussi l’arrivéesur le terraindes infir- 28 mars,touché parles Viets, sonavion ne redécolle mièrespilotes secouristesdel’air (IPSA), lesconvoyeuses pas. Jusqu’à la chute, elle sera la dernière infirmière de l’air. Leur mission: rejoindrepar voie aérienne à partager le sortdes plus de 10000 soldatssurvi- leszones lesplusdangereuses afind’y évacuerles vant de la cuvettedeDiên Biên Phù.Danscehuis grands blessés. Plusieursytrouverontlamort:Béa- clos de souffrance, “Mamzelle”,comme l’appellent trice de l’Épine à PhnomPenhen1948, Gisèle Pons aussi leslégionnaires,assiste lesdocteursGrauwin, à Saïgon en 1951,biend’autresencore… médecinchef du camp,etGindrey.«Toujours sou-

VALÉRIEANDRÉ,PREMIÈRE départ,en1953, cettechirurgienne et antennechirurgicale est à l’œuvre », pilote,spécialiste des évacuations a-t-elle raconté.Ladernière année, FEMMEGÉNÉRAL sanitaires,totalisera500 missions au plusfortduconflit,elleeffectuera de guerre.«Unemission succède pasmoins de 129volsopérationnels, à l’autre à un rythme souvent transportant seule165 blessésvers Parachutiste militaire, ValérieAndré épuisant. (...) Notrehélicoptère vole lespostesmédicaux.En1976, elle sera rejointl’Indochine commemédecin du matinausoirentre leszones la première Française à être élevée capitaineenjanvier 1949.Jusqu’à son de combat et Hoah Binh où une au rang de général. S. D.

110 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 DU PANACHE, TOUJOURS DU PANACHE ! GilberteUrbain,assiseaumilieudelégionnaires devantlesruinesdutempled’AngkorVat. 16

C’estlenombredeconvoyeuses de l’airqui pratiquèrent des évacuations sanitaires

R et ont été présentes à Diên Biên Phù. .F ■ Yvonne Crozanet NAM

ET ■ Paule Bernard VI

N- ■ AiméeClavel IGO ■ Michaëla de Clermont-Tonnerre SA ■ Brigitte de Kergorlay ■ JacquelineDomergue riante,Geneviève bougeait lpied immobile,glissait ■ Arlette de La Loyère un peu de cotonsouslegenou,frottait avec un peu ■ ValériedelaRenaudie d’alcool le molletinerte, donnait à boire. (...) En la ■ ChristinedeLestrade voyant, lesBlancs commeles Jaunes,les Noirsetles ■ Marie-Pierre de Montgolfier Nord-Africainssemblaient être sortis pendant ■ SolangedePeyerimhoff quelquesminutes d’un mauvaisrêve »,araconté le ■ Alberte Othnin-Girard premier. « Par leur courageetleur professionna- ■ Élisabeth Gras lisme, ce sont desconvoyeusesdelatrempedeGene- ■ Yolande Le Loc viève de Galard qui ont contribué ensuite à l’entrée ■ Michèle Lesueur desfemmesdansl’arméeproprementdite,ycom- … et Geneviève de Galard pris dansquelquesunités à vocation combattante », affirmeJeandeLaGuérivière,auteurd’Indochine, l’envoûtement (Seuil,2006). “Ellesfontcroireauxblessés Longtempscaché,lerôleexemplaire desprostituéesdesBMC qu’ilssontencoredeshommes. Ouqu’ilsleredeviendront.” Mais desfemmeshéroïques, à Diên Biên Phù,il yeneut d’autres, nonmilitaires et longtempstues: lesprostituées desbordels militaires de campagne (BMC)installéssur lescentres de résistance “Béa- prostituées qui œuvrent dansdes sallessouter- trice” et “Gabrielle”.Béatrice,tenupar la Légion raines. » « Ces fillessontdes soldats,devrais sol- étrangère,compteune vingtainede“pensionnaires” dats, témoignerades années plus tard à vietnamiennes;Gabrielle, où officient lestirailleurs l’écrivain-reporter AlainSanders le docteurGrauwin. algériens, unequinzaine de Nord-Africaines.Elles Tous mes blessés, tous mes amputés, mes opérésdu auraient pu partir, ellessontrestées.«Àla finces ventre... Il faut qu’ils pissent,qu’ilsfassent leurs femmes sont devenuessecouristes, témoignelejour- besoins. Il faut leslaver.Ilfautleur parler. (...) Ces nalistePaulPelissier. Aprèslachute de Diên Biên petitesprostituées,cesontdes anges. Desanges de Phù,les Vietnamiennes onttoutes été exécutées par miséricorde. Ellesm’aident à aider lesblessés. Elles lesVietminh. LesAlgériennes,elles, ont été libérées, lesfontmanger, ellesles font boire,ellesles font tout au moinscellesqui ont survécu au siège,puis espérercontretoute espérance. Ellesleur font croire à la longue marche et à la détention.Confinéedans qu’ils sont encore deshommes. Ou qu’ils le rede- sonblocopératoire,submergéedetravail,Gene- viendront. » • viève de Galardignore alorsledévouement de ces Sabine Dusch

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 111

po ur (“le Écriv ne Vie ux”) ains, Une ,d ode ans Jacques poètes àl pa Se le ’a film miti Perrin ée “le ,c Po tàl Cr inéastes sm abe (l rte af sou e“ de id -T Cr urs él ambour” abe ca it de éa de pit -T ,a ut not ambour”) emp nos ulat nciens de ou au re Pierr sd ve va mé ion milieu el et eS ad leur mo s, co Jean choendoer éc les ri mbatt ol sé ire d’u Roche oni nir pas ter sation d’

na r… espo ff fo ants… nelles

se er rt bî . . ur me ir

, s . COLLECTION CHRISTOPHEL SE SOUVENIR, NE PASMOURIR Écrivains danslestranchées GravésdanslapierreduPanthéon:lesnomsdes560écrivainsmorts pendantlaGrandeGuerre.D’autres,ayantsurvécu,resteronsaussimarquésàvie. Leursportraitsetœuvres.Nonexhaustif. AN

ERNESTPSICHARI, YANN-BERBLEIMOR, BIH MOR

LEMYSTIQUE LEBARDE DU ES

Néle 27 septembre 1883 à Paris, Mortauchamp d’honneur commed’autres AL NT

Ernest Psichari,petit-fils d’Er- poètes, le sous-lieutenantYann-Ber(Jean- ME TE

nest Renan parsamère,s’en- Pierre)Calloc’h,dit Bleimor,est l’un desarti- AR gage dans l’arméeen1903. sans du renouveau de la langue bretonne. EP SD

Aprèsavoir servi au Congo Natifdel’île de Groix, fils d’un pêcheur mort VE CHI

commesous-officier,ilpublie en mer, il avaitsouhaité devenir prêtre sans AR

T en 1908 un premierlivre, Terres qu’illui soitdonné d’yparvenir.Tuéle 10 avril1917 à

VIOLLE de soleiletdesommeil,etobtient CourbatdeCerisy, dans la Somme, il laisse un recueil R- ses galons d’officier à l’école de “lais bretons” intitulé Ar en deùlin (À genoux), d’une OGE

/R d’artillerie de Versailles,avant poésieâpreetmystique,traverséederaislumineux: d’être affecté pendanttrois ans «Jesuislegrand veilleurdeboutsur la tranchée, /Je en Mauritanie.Rentré en France, sais ce quejesuisetjesaisceque je fais ;/L’âmede HARLINGUE

RT il publie en 1913 l’Appeldes l’Occident, sa terre,ses filles et ses fleurs/C’est toute armes.DédiéàCharlesPéguy, la beauté du monde quejegarde cettenuit./J’enpaye- ALBE ce roman oppose la mystique du métier militaireet raicher la gloire,peut-être. Et qu’importe?/Lesnoms de l’action auxnuées pacifistes et humanitaristes. desimmoléslaterre d’Armorles gardera:/Jesuisune Influencé parPaulBourgetetCharles Maurras,et étoile claire qui brille au front de la France. /Jesuis proche de JacquesMaritain, Psichari se convertitau le grand guetteur debout pour sonpays. » catholicisme, allant,lorsque la guerre éclate, jusqu’à envisagerderentrer dans lesordres. Le 22 août1914, il tombe à la batailledeRossignol.Publié aprèssa GUILLAUMEAPOLLINAIRE, mort, sondernier livre, le Voyage du centurion,fait L’ARTISTE le récitautobiographiqueducheminementversle christianisme d’un officierfrançaisenAfrique, Poète encore,Guglielmo ApollinaredeKostrowitzky, confrontéàl’islam. ditGuillaume Apollinaire,s’est battu pour la France

114 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 T avantmême de devenir fran- ou Jean Giono (le GrandTroupeau,1931;Refusd’obéis- VIOLLE

R- çais. NéàRome en 1880 de père sance,1937).Tousnedeviendrontpas paspacifistes,

OGE inconnuetd’une mère polo- commeBarbusseouGiono;maistouspourraient /R naise, il arrive à Parisen1900. écrire, commecedernier,vétérandel’Artois, de NGUE Critique d’art, amidePicasso, Verdun,delaSomme,duChemin desdames et gazé

HARLI de Derain, de Vlaminck,ilsou- en 1918 : «depuisvingt ans, malgré la vie,les douleurs RT tientles nouvelles tendancesartistiquesetlecubisme et lesbonheurs, je ne me suis paslavé de la guerre. ALBE naissant. Engagé en décembre 1914,ilsertcomme L’horreur de cesquatre ansest toujoursenmoi.Je sous-lieutenant d’artillerie à partir d’avril1915. Natu- portelamarque. Tous lessurvivants portentla ralisé françaisle14mars1916, il estgrièvement blessé marque. » à la tempetrois joursplustardpar un éclat d’obus, dans lescombats du Bois desbuttes. Resté affaiblipar unetrépanation,ilmeurt de la grippe espagnolele9 GEORGESDUHAMEL, novembre 1918,deuxjours avantl’armistice. Dans LEMÉDECIN un poème intitulé Tristessed’une étoile,publié dans Calligrammes,ilévoquesablessure:«Une À l’inversed’unCéline, dont le

belle Minerveest l’enfant de ma tête /Une étoile de Voyage estuncri de dégoût T

sangmecouronne à jamais… » contre la guerre,mais VIOLLE aussi contre l’humanité, R- OGE

GeorgesDuhamel /R LÉONDEMONTESQUIOU, (1884-1966),chirur- gien au seindes ambu- L’ARISTOCRATE HARLINGUE

lances mobiles(les« RT BE

Ferventroyaliste et positiviste, le comte autochir »)pendant le AL n’ajamaisgardé sondrapeau dans sa conflit,exprime dans sonroman Viedes mar- poche.Ilfaitpartiedecette génération tyrs,publié en 1917,sacompassion pour les de penseurs et d’activistes d’Action fran- hommesqu’ilasoignésenpremière ligne, à Verdun çaise quisesacrifierontpourlapatriesanssepré- commesur la Somme. Dans Civilisation,prixGon- occuper, même un instant, de la légitimité du régime. court 1918,illivre en outreune réflexionsur la guerre MortspourlaFrance, pour l’Union sacréeetle«cher opposant la civilisation industrielle,qui aproduit le et vieuxpays ». conflit et sesravages, à la véritablecivilisation,qui est«danslecœur de l’homme ». JEANGIONO,LEVÉTÉRAN De nombreuxromanciersont BLAISECENDRARS, tiré de leur expérience du front L’AMPUTÉ la matière de livres trèsdiffé- OM rents. C’estlecas de René Ben- Autre grandtémoin, FrédéricLouis .C ES

jamin (Gaspard,publié en 1915), Sauser,dit Blaise Cendrars (1887- AG IM

HenriBarbusse(le Feu,1916), 1961)est né en Suisse.Engagé volon- AN Pierre MacOrlan (lesPoissons taireen1914,versé dans la Légion EM RIDG NS

morts,1918; Bobbataillonnaire, étrangère,ilest grièvement blessé .B MO

OM 1931), André Maurois(lesSilences en septembre1915etamputé du bras WWW IC

IK du colonel Bramble,1918),Céline droit. Naturalisé françaisenfévrier1916, il entreprend

T-W (Voyage au bout de la nuit,1932), d’écrire, sous le titre la Main coupée,unrécitdans

OLLE RogerVercel(CapitaineConan, lequel il relate sonexpérience du champdebatailleet VI

R- 1934), Pierre DrieuLaRochelle brosse avec sympathieleportraitdeses camaradesde GE

RO (la Comédie de Charleroi,1934), combat.Lelivre ne paraîtraqu’en 1946.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 115 SE SOUVENIR, POUR NE PASMOURIR

DRIEU,CÉLINE:D’UNEGUERREL’AUTRE Pour lesdeuxgrands écrivains, l’ancien ennemi estdevenul’allié. Durant la Grande guerre,Louis-FerdinandDestouches,dit Céline, et Pierre Drieu La Rochelle onttousdeuxcombattu et été blessésface auxAllemands.Lepremier a été décoré de la croixdeguerre;lesecond adécouvert dansles tranchées la fraternité d’armes. Tous deux verserontpourtantdanslacollaboration aprèsladéfaite de 1940.ChezDrieu,cechoix,qui le conduisit à se suicider le 15 mars 1945,s’expliquepar uneadhésion romantique au « socialisme fasciste ».Céline,lui,préférait le nazisme au communisme,qu’il haïssait depuisunvoyageenURSSen1936. Anarchiste et pacifiste, il manifesta dèsavant-guerreunantisémitismevirulent, accusant lesJuifs de pousser au conflit.Condamné parcontumace en 1950 à unepeine légère,ilfut amnistié un an plustardetmourut à Meudon en 1961. É.L.

PHOTO12/ESTATEDRIEULAROCHELLE- WIKICOMMONS OM .C ES AG

IM paix, la paixlui ressemble. » Il publie en 1949 sonjour-

AN GEORGES

EM nalde1939-1940, lesEnfants humiliés,amerbilan de

DG BERNANOS, la guerre mécaniqueetinfâmepuisdelapaixsignée RI .B pardes mainsdecadavres.

WW LECATHOLIQUE

S-W Réformé en 1914,ilréus- ANO

RN sit à s’engagerauseindu ROLANDDORGELÈS, BE 6erégiment de dragons

OUP LEJOURNALISTE

-L aprèsavoir été volontaire AN

JE dans l’aviation.Ilseraplu- Journaliste,habitué de Montmartreavant la LE

IL sieurs fois blessé au champ guerre,Laurent Lecavelé,dit Roland Dorgelès

AM d’honneur.Son catho- (1885-1973), parvient à s’engageren1914, bien SF

VE licisme et sonmaur- qu’ilait été précédemmentréformé.D’abord CHI AR rassismeleconduisent fantassin, il combat en Argonne, en Cham- à respecterl’adversaireetàvomirlapropagande. pagne, puis dans l’Artois, avantdepasser Commebeaucoupd’autres, il distinguerapar la dans l’aviation.Décoré de la Croixde suite«l’espritdel’avant »–innocence,vigueur, guerre,ilprésidera aprèslaguerrel’Asso- courageetgénérosité,de«l’esprit de l’arrière » ciation des écrivains combattants. Il publie, – cynisme, veulerie et tactique ;ceuxqui s’exposent en 1919 lesCroixde bois,unroman quipeint sans com- fièrementdeceuxqui profitent médiocrement.«L’es- plaisancelaviolencedelaguerre, la vieetlamortdes prit de l’avantfaitlaguerre, c’estl’arrière qui fait la soldats, et pour lequel il reçoitleprix Femina.

JEUNESPOÈTESDANSLAGUERRE Moins connus qu’Appolinaire ou Pischari,laGrande desséchée!»Le NantaisSylvain Royé (1891-1916), tombé guerre aaussi privé la France de jeunespoètesautalent à Douaumontle24mai 1916,compose égalementune prometteur, tel Jean-MarcBernard (1881-1915), proche trèsbelle Prière destranchées :«D’autres heures naî- de l’Action française.Avant d’être tué parunobusen tront, plus belles et meilleures./LaVictoireluira surle Artois le 9juillet 1915,ilécrit un De Profundis:«Duplus derniercombat. /Seigneur, faitesque ceux qui connaî- profond de la tranchée/Nous élevonsles mains vers trontces heures /Sesouviennentdeceuxqui ne revien- vous /Seigneur :Ayezpitié de nous /Etdenotre âme drontpas. » É.L.

116 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 CharlesPéguy, lepatriote Socialiste,maispatriote,ilesttombé,tuéd’uneballe enpleinetête,dès1914.Retoursurunedestinéeexemplaire, marquéeparl’amourdesLettresetdelaFrance.

«Heureuxceuxquisontmorts pour la terrecharnelle, Maispourvu que ce fûtdansune justeguerre. Heureuxceuxqui sont morts pour quatrecoins de terre. Heureuxceuxqui sont morts d’une mortsolennelle.(…)

Heureuxceuxqui sont morts pour descitéscharnelles.

Carellessontlecorps de la cité de Dieu. COM S.

Heureuxceuxqui sont morts pour leur âtreetleurfeu, GE MA

Et lespauvres honneursdes maisonspaternelles. » NI MA GE RID

es célèbresvers(1873-1914), tirésd’Eve, .B paraissentpresque prémonitoireslorsque WWW Cl’on pense à la mort de CharlesPéguy (à droite surlaphoto),toutaudébutdelaGrande guerre.Ils ontparfois servi à présenter leur tiquerépublicaine estpatriotique,ycompris auteur commeunva-t-en-guerre, paropposition lorsqu’ildénoncelepouvoir corrupteurde à Jean Jaurèsetaucampdelapaixqu’incarne l’Argent:«Lespatries sont toujoursdéfendues aussil’antimilitaristeGustave Hervé,auteur en parles gueux,livrées parles riches », écrit-il. 1905 de Leur Patrie.Péguylui répond en publiant Or Péguyest conscientdelamontéedes périls. la même annéeNotre patrie.Larupture de ce En 1911,latension entrelaFranceetl’Allemagne socialiste républicainetdreyfusardavecla autourdel’affaire d’Agadir,qui fait suiteau« gauche et sonrapprochement avec desnationa- coup de Tanger » de 1905 et confirmeles visées listes commeMaurice Barrès, s’explique parun allemandes surleMaroc, constitueune première changementdenaturedusocialisme français à alerte.Prévoyantleconflit,l’écrivainmilite pour cette époque.Péguynedoitrien à Marx.Samys- un réarmement matériel et moraldelanation. En 1910,dans Victor-MariecomteHugo,ilécrit :«Le soldatmesurelaquantité de terreoùon parle une langue où règnent desmœurs, un esprit, une PÉGUYEN7DATES âme, un culte,une race.Lesoldatmesurela ■ 1873 Naissance à Orléans. quantité de terreoùune âmepeutrespirer. Le ■ 1894 Entre à l’École normale supérieure. soldatmesurelaquantité de terreoùun peuple ■ 1897 Premier article dans La Revue ne meurtpas. » socialiste. Lieutenant de réservelorsque se déclenche le ■ 1905 NotrePatrie. premierconflit mondial, CharlesPéguytombe le ■ 1910 Notrejeunesse et le Mystère 5septembre 1914 à la tête de sa section,tuépar de la charité de Jeanned’Arc. uneballe en pleinfront, à la batailledel’Ourcq, ■ 1913 L’Argent. précédant la victoire de la Marne. « Heureuxles ■ 1914 Mort à Villeroy(Seine-et-Marne) épismursetles blésmoissonnés. » • É.L.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 117 SE SOUVENIR, POUR NE PASMOURIR

CEUXDE40 Surles traces de leursaînés, nombre d’écrivainsont aussi servi dansl’arméefrançaise au coursdusecondconflit mondial.

■ JacquesPerret (1901-1992, à gauche)Ceroyaliste s’en- gage en 1939 dans lescorps francs,oùil estdécoré de la Médaillemilitaire et de la Croixdeguerreavecpalme. Fait prisonnier et interné en Allemagne,ils’évade en 1942 et rejointlemaquis. Ces épisodessontracontés dans le Caporal épinglé (1947),adapté au cinéma par Jean Renoir, et Bande à part (prix Interallié 1951). ■ RobertMerle (1908-2004)Mobilisé,ilpartsebattre à Dun- kerque,oùil estfaitprisonnier. Sonexpériencedelaguerrelui ainspiré le roman Week-end à Zuydcoote,prixGoncourt1949, portéàl’écran en 1964 parHenri Verneuil avec Jean-PaulBelmondo. ■ JulienGracq (1910-2007)Mobilisé en août1939aveclegrade de lieutenant dans l’infanteriesousson vrai nom de LouisPoirier,ilest,comme Merle,faitprisonnier au coursdes combatslivrésautourdeDunkerque.Dansson roman Un balcon en forêt (1958),Gracq évoquenotamment la drôle de guerre et l’attentedel’ennemi. ■ RomainGary (1914-1980, à droite,enhaut)Deson vrai nom Roman Kacew, né en Lituanie,ilest mobilisé pendantlaguerrecomme sergentmitrailleur dans l’arméede l’air, avantderejoindre Londresaprèsl’armistice.Engagé dans lesforces aériennes de la France libre,promuofficieren1941, il estaffecté au groupe de bombardement Lorraine.Blessé en 1944,ilest fait compagnondelaLibération.Ilaévoqué cette époquedansunroman autobiographique, la Promesse de l’aube (1960). É.L.

COLLECTION PERSONNELLE -ALBERT HARLINGUE/ROGER-VIOLLET

MAURICEGENEVOIX, guerre,maisdes amitiéstissées avec ceux quisonttombés:«On LENORMALIEN vous atuésetc’est le plus grand L’écrivainqui asansdoute le mieuxrestitué la vie descrimes. Vous avezdonné quotidiennedes poilus pendantlaPremière Guerre votrevie,etvousêtesles plus mondiale resteMaurice Genevoix (lireaussi page malheureux.Jenesaisque cela, 120).Avecunsaisissant talent descriptif,cenor- lesgestesque nousavons faits, malien devenu sous-lieutenantd’infanterieacouché notresouffranceetnotre gaieté, surlepapierses souvenirsdeguerre, en s’appuyant lesmotsque nousdisions, les surles lettresenvoyées à sesproches depuis les visagesque nousavionsparmi tranchées.Cinqlivresensontnésentre 1916 et lesautresvisages,etvotre mort.» 1923,ultérieurementregroupéssousletitre Ceux À la findes Croixdebois,Dor- de 14.L’ouvrage estdédiéàsonami le lieutenant gelèsexprimait luiaussi la même angoissedutemps d’active Robert Porchon, tué parunobuslorsdes quipasse surles tombes : «Mes morts,mes pauvres sanglantscombats aux Éparges,devantVerdun, morts,c’est maintenantque vous allezsouffrir, sans le 20 février1915. croixpourvousgarder, sans cœursoùvousblottir. Genevoixlui-même sera grièvementblessé,dans Je croisvousvoirrôderavecdes gestesqui tâtonnent, le même secteur, le 25 avril. Leslignesqu’iltrace et chercher danslanuit éternelle tous cesvivants auxdernièrespages de ce témoignagesontempreintes ingratsqui déjà vousoublient». • d’unedouloureuse nostalgie, non pas, certes, de la ÉricLetty

118 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 Saint-Exupéry,leconsentement ausacrifice Cen’estquesoixanteansaprèssamort,en1944,quel’onretrouveradanslarade deMarseillelesrestesdel’aviondel’écrivain-pilote.Unefintragiqueàlaquellesepréparait l’immortell’auteurdu“Petitprince”.

e31juillet 1944,leLightningP-38 à bord duquel le commandant AntoinedeSaint-Exupéry (ci- L contre) s’était envolé de Bastia pour effectuer unemission de reconnaissance au-dessus de Lyon, ne rentrapas. À 44 ans, il semblaitavoir disparu, commelePetit Prince,dansles étoiles.Jusqu’à ce qu’en1998, un pêcheur marseillais remonte dans ses filets unegourmette portantlenom du pilote disparu. Cettedécouverte allait finalement per- mettre de retrouver l’épave de l’avion, gisant par70 mètres de fond dans la radedeMarseille, prèsde l’île de Riou,aprèsavoir été abattu soixanteans plus tôtpar un chasseurallemand.

“Entroissemaines,nousavonsperdu 17équipagesur23.Nousavons fonducommeunecire” La guerre,l’auteurdeTerredes hommes,pionnier de l’aéropostale,s’y était trouvé engagé dès1939, au seinduGroupeaérien de reconnaissance 2/33,avec

le gradedecapitaine.Enmai 1940, unemission au- ES AG

dessus d’Arraslui vaut d’obtenir la Croixdeguerre IM G- avec palmeetlui inspire le livre Pilotedeguerre, AK dans lequel il décrit le spectacle quedonne un pays en pleine débâcle,oùlessoldats se battentetsefont aussisur la défaite:«Il ne faut pasjugerlaFrance tuer bravement sans bien comprendreoùestleur sur leseffets de l’écrasement. Il faut jugerlaFrance devoir, où lescommunicationssontrompues, et sur sonconsentementausacrifice », écrit-ilenrap- dont lesvillages se vident de leur population lancée pelant que«centcinquante mille Françaisdepuis surles routes de l’exode. Unepagailledanslaquelle quinze jours sont déjà morts ». la mort « manque de sérieux »,sanspourautant Le capitaine, dont l’avionbardé de camérasest cesser de préleverson tribut :«En troissemaines poursuivipar deschasseurs ennemisouencadré nousavons perdudix-sept équipagessur vingt- parles tirs de DCA, récuse ceux qui, à l’étranger, trois. Nous avonsfondu commeune cire », prétendentjuger sonpaysetsecontententde témoigne-t-il. contempler soneffondrement.«La liberté,non seu- Cette reconnaissance au-dessus d’Arrasen lement de la France, maisdumonde,est en jeu: flammesfournit l’occasion à Saint-Exupéry de déve- nousestimonstropconfortable le posted’arbitre. lopper unebelle réflexion surlacivilisation,mais C’estnousqui jugeons lesarbitres. » • É.L.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 119 SE SOUVENIR, POUR NE PASMOURIR Genevoix :“Plusqu’onnepouvait demanderàaucunhomme…” Dédié“àlamémoiredesmortsetaupassédessurvivants”, lerécitfaitparMauriceGenevoix desaguerrede1914-1918estàlafoislerécitbrutduquotidiendanslestranchées etl’undessommetsdenotrelittérature.Extraits.

et quirestent là sans bouger,lecœur serré,les nerfs QUARANTEHEURESQUE malades, tressaillantaux appels éperdus quelanuit NOUSSOMMES jetteverseux sans trêve: DANSUNFOSSÉPLEIND’EAU «Àboire! — Est-cequ’on va me laisser mourir là? uarante heuresque noussommesdansunfossé — Brancardiers!... pleind’eau.Letoitdebranches, tresséàla hâte —Àboire! surnos têtesetcalfeutré de quelques brinsde — Ah! paille, a été transpercé en un instantpar l’on- — Brancardiers!... » déefurieuse. Depuis, c’estunruissellement continuautourdenousetsur nous. Q Immobiles,serrésles unscontreles SIVOUSYALLEZ,LESBALLES autres en desattitudestourmentées et raidies,nousgrelottonssansrien VOUSTUERONT nousdire. Nos vêtements glacentnos Porchonmarche à côté de moi,précédant la section chairs;nos képismouilléscollent à notre crâneetserrent de tête.Jelui demande: nostempesd’une étreinte continue,douloureuse.Nous «Tuentends? tenons à hauteurdes chevilles nosjambesrepliées contre — Quoi donc? nous; mais il arrive souventque nosdoigtsengourdis — La fusillade. se dénouentetque nospieds glissentauruisseaufan- — Non!» geux qu’est le fond du fossé.Nos sacs ontroulé là-dedans Commentest-cepossible qu’iln’entende pas? À et lespansdenotre capote ytraînent. présent,jesuissûrdenepas me tromper. Cetteespèce de pétillementtrèsfaibleetqui pourtantpique mes oreilles sans interruption,c’est la batailleacharnée C’ESTL’HEUREOÙLESBLESSÉS vers laquelle nousmarchons, et quihalète là,de l’autrecôtéde cettecrête quenousallonsfranchir. CRIENTLEURSOUFFRANCE Allons-y, dépêchons-nous. Il fautque nousnousy La nuit tombe. Le froiddevient vif. C’estl’heure où, lancions, tout de suite, au pleintumulte,parmi les la bataille finie,les blessésqui n’ontpas été encore balles qui filent raideetqui frappent.C’est néces- relevéscrientleursouffranceetleurdétresse. Et ces saire. Carles blessésqui s’en venaient vers nous, appels,ces plaintes, cesgémissements sont un sup- d’autres, d’autres,d’autres encore, c’estcomme si, plicepourtousceuxqui lesentendent;supplice cruel rien qu’ensemontrant, avec leursplaies, avec leur surtoutaux combattantsqu’uneconsignerive à leur sang,avecleurallured’épuisement, avec leursmasques poste, quivoudraientcourirversles camaradespan- de souffrance, c’estcomme s’ilsavaient ditetrépété telants, lespanser,les réconforter, et quinelepeuvent, àmeshommes:

120 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 eux, ou ellesvousblesseront,comme ellesont fait nous. N’yallez pas!» Et la bête vivante renâcle, frissonneetrecule. «Porchon,regarde-les. » J’ai ditcelatoutbas.Toutbas aussi, il me répond: «Mauvais;nousauronsdumal tout à l’heure. » IN QU

TO L’ESSAIMMORTELFOUAILLEL’AIR, LE

IN LEDÉCHIQUETTE LA /A

ES Je placemes hommes au milieu d’un vacarmeeffroy- AG

IM able.Ilmefautcrier à tue-tête pour queles sergents G-

AK et lescaporauxentendentles instructionsque je leur donne. Derrière nous, unemitrailleuse française crache furieusement et balaye la route d’une Parlui,lavoixde“ceuxde14” trombe de balles. Nous sommes presquedans l’axedutir,etlesdétonationsseprécipitent,si nousexhorte violentesetsidrues qu’onn’entend plus qu’un fracas rageur,ahurissant,quelque chose comme ànepasbaisserlagarde. un craquement formidablequi ne finirait point. Parfois, la pièce fauche,oblique un peuversnous, et l’essaim mortel fouaillel’air,ledéchiquette, nousenjette au visage leslambeaux tièdes. «Voyez,c’est la bataille qui passe. Voyezcequ’elle En même temps, desballesallemandes filent à travers afaitdenous, voyezcomme on en revient.Etilyen lesfeuilles,plussournoisesdumystère destaillis;elles ades centaines et descentaines qui n’ont paspunous frappent secdansles troncs desarbres, ellesfracassent suivre,qui sont tombés, qui ont essayé de se relever, lesgrosses branches, hachentles petites, quitombent qui n’ontpas pu,etqui agonisentdansles bois,par- surnous, légèresetlentes; ellesvolentau-dessus de tout.Etilyenadescentaines et descentaines qui la route,au-devant desballesdelamitrailleuse,qu’elles ont été frappés à mort,toutdesuite,aufront, au semblent chercher, défier de leur voix mauvaise.On cœur,auventre,qui ont roulé sur la mousse, et dont croirait un duel étrange,innombrableetsansmerci, lescadavresencorechauds gisent dansles bois,par- le duel de toutes cespetites chosesdures et sifflantes tout.Vousles verrez, si vous yallez. Mais si vousy quipassent,passent,claquent, tapent et ricochent allez, lesballesvoustueront, commeelles ont fait avec desmiaulementscoléreux,là,devant nous, sur la routedontles cailloux éclatent, pulvérisés. «Couchez-vousaufonddufossé!Nevouslevez LE“CHANTREDELAMÉMOIRE” pas, bonDieu!» AUPANTHÉON En voilà deuxqui viennentd’êtretouchés:le plus proche de moi, à genoux, vomitlesangethalète; Emmanuel Macron l’aannoncé le 6novembre 2018, l’autre s’adosse à un arbreetdélace uneguêtre, à dans le cadredelacommémoration du centenaire de la fin mainstremblantes, pour voir «oùqu’c’est » et «comme de la Première Guerre mondiale:l’anciencombattant c’est ». • et grand écrivainferason entréeauPanthéon le 11 novembre 2019.Manière d’honorer,outre l’homme et son œuvre, «Ceux de 14, simplessoldats,officiers,engagés, appelés, militaires de carrière,sansgrade et généraux,maisaussi lesfemmes Ceux de 14, engagées auprèsdes combattants(…). Genevoix, a-t-il ajouté, parMauriceGenevoix, futlechantredecette mémoire.Par lui, la voix de “ceuxde14” Garnier-Flammarion, ne cesse de nous exhorter à ne pasbaisser la garde ».A.F. 960pages,9,90euros.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 121 XXXSE SOUVENIR,XX POUR NE PASMOURIR A IP /S OY UL SO

122 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 HélieDenoixdeSaintMarcen1995.“Ensoi, aucunedestinéen’estmédiocre,confiait-il.Onpeuttoujours, àunmomentouàunautre,sehausserau-dessusdel’étiage.”

HélieDenoixdeSaintMarc, sentinelledel’honneur Danssonlivre“lesSentinellesdusoir”, l’anciencommandantrevisitesonpassécouturé descicatricesdel’Histoirepourendégagerdesvaleursuniverselles. Etentirerdessemencesd’espoir.

epoète,leprêtreetlesoldat. Symbole d’idéal, nourri de Montherlant et de Malraux, de Mauriacet de don de soietdedésintéressement, ces trois de Bernanos,deConrad et de Stevenson, de Kipling figuresqui sont,selon Baudelaire,les plus et de Psichari,lejeune hommerôdait auxlisièresde dignes de respect, se rejoignent dans le per- l’étatreligieux quand la défaitede1940détermina, Lsonnaged’HélieDenoixdeSaint Marc (1922- commepourl’undeses frères, sa vocation militaire. 2013), telqu’il se raconte notammentdansson livre Sans le traumatismedeladébâclefrançaise,l’effon- lesSentinelles du soir,oùil précise,avecpudeur et drementsubit de tout un universdecertitudesetde humilité:«Je ne voudrais surtoutpaspasser pour un foi, l’itinéraireultérieurd’HéliedeSaint Marc et de gourou,unhéros ou un donneur de leçons. Je ne suis certainsdeses compagnonsdecombatnepeutse qu’un témoin.Lehasardafait quemavie acroisé cer- comprendre. tains événementsqui ont marqué l’histoire de ce siècle. Dès1941ilparticipe à l’action clandestineduréseau En soi, aucune destinéehumaine n’estmédiocre. On de résistance Jade-Amicoltoutenpréparant le concours peuttoujours, à un moment ou un autre, se hausser de Saint-Cyr. Arrêté parlaGestapo en juillet 1943, au-dessusdel’étiage. » internéàPerpignanpuis à Compiègne, il estdéporté Dans le Sud-Ouest de sonenfance,son père avocat en septembre au camp de Buchenwald,puis, un an luiaenseignéàne jamais attacherson étoile à un plus tard, à celuideLangenstein. Il ne devra sa survie homme,sigrand soit-il,mais à des fidélités, desconvic- tions, religieuses ou philosophiques, pérennes. «C’est manquer à sa propredignité,maisaussi à ladignité “J’AICHOISILALÉGION” de celuiqu’on admire, écrit-il,que de se montrer incon- ditionnel d’un homme.Tel qui a été admirable à un «Auseindel’armée, j’ai choisi la Légion, momentdesavie ne l’estplus à un autremoment. Je écrit-ildans LesSentinelles du soir, n’aimepasle sentiment d’admiration quejesenspar- car cetteinstitution permet à deshommes fois chez certainsjeuneslorsdes conférences queje qui pour une raison ou une autreveulent prononce,etjefaistout pour le désamorcer. » refaireleurvie de recommencersur desbases De sa mère,lejeune hommed’avant guerre aretenu neuves. On yjugeunhomme non sur sonpassé, cetteautre leçon,donnéeenselivrant à destravaux sonparaîtreetson avoir, maissur sonêtre, sur d’aiguille:«Tusais,letravail et le courage, c’estcomme ce qu’iladeplusprofondenlui.Unlégionnaire ce quejefaisici,point parpoint, pas à pas. » Élevé ne se batpas pour sonpays, poursafamille, dans l’imagerie glorieused’une France répandantles mais pour rester fidèle à un contratmoral bienfaitsdesacivilisation en AfriqueetenAsie, rêvant personnalisé parses officiers. Il faut donc de l’aventure colonialedes Lyauteyetdes Foucauld, que ceux-ci soient dignesdeson adhésion. »

VALEURSACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 123 XXXXX P AF AS/ HOM NT AI LV SY

qu’à l’aide fraternelled’uninfirmier puis d’un mineur lion de Vietnamiensverslesud.Iln’oublierajamais letton quidétournentdes médicaments et volent du le spectacledeces hommes quis’accrochentaux pain pour lui. Dans l’universconcentrationnaire, Saint ridellesdes camionsfrançaisetàquionfaitlâcher Marc découvre à la fois le pire et le meilleurdel’homme. prise à coupsdecrosse: «J’ai dû,sur ordre,aban- Le sadisme, l’humiliation et la lâcheté,maisaussi la donner en Indochinedes populations promisesau générosité,ladignité,lasolidarité.Laissé pour mort massacre. Cela adéterminé ma réponseaugénéral en avril1945, soigné parles Américains, il revienten Challe en 1961. » France pour entrer à Saint-Cyr. À la sortie, il choisit En 1954,lecapitaine de SaintMarcest muté au 1er la Légion étrangère (lire encadré page 123). régiment étrangerdeparachutistes,aveclequelil participe à l’opération de Suez et mène lespremiers “Laprisondétruit. combatscontreleFLN.Trois ansplustard, il devient aide de camp du généralMassu et se marie. En 1961, Jenecondamnepasceuxqui nommé commandant en second du 1er REPilaccepte s’effondrent.J’aifaillilefaire.” à la demande du généralChalled’engager sonrégi- mentdanslarévolte. Entre1948et1954lelieutenantpuiscapitaine de « J’ai pris ma décision surlefildu rasoir.Jepen- SaintMarcferatrois séjours en Indochine, surla saisqu’il yavaitplusderisques de perdre quede RC-4, la “route du sang”,qui relieLangSon à Cao chancesdegagnermaisqu’il fallait le faire.Quand Bang, à la frontière chinoise,etau2ebataillon étran- le putschaéchoué j’avaistrois solutions:lesuicide, gerdeparachutistes(2eBEP), à la tête d’unecom- la clandestinité ou accepterderépondre de mesactes pagnie de légionnaires vietnamiens. À l’instar de devant la justice. » beaucoupd’autressoldatsfrançais, le Vietnam sera C’estcette dernière voie qu’ilchoisit,afindecou- pour luiune seconde patrie (lireencadré ci-dessous). vrir ceux qu’ilavait engagésdanslarébellion.En À l’issue de sa troisième affectation,l’officierassiste juin 1961,auterme de sonprocès, le commandant de aprèslachute de Diên Biên Phùàl’exoded’unmil- SaintMarcest condamnéàdix ansderéclusion.Interné

“AUVIETNAM,AVECLESVIETNAMIENS” «Nousn’avionspas le sentiment, au Vietnam,d’être leur patrie contrelecommunisme. De même, une troupe d’occupation étrangère, raconte-t-il. en Algérie, un peuplustard, nous ne nous Nousnousbattionscontredes Vietnamiens considérerionspas commeles défenseurs maisavecd’autres Vietnamiens, désireuxdedéfendre desprivilègesdes grands colons. »

124 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 SE SOUVENIR, POUR NE PASMOURIR

InaugurationàBéziers,le14mars2015, delarueduCdt-Denoix-de-Saint-Marc, ALGÉRIE :“L’OBÉISSANCE (ex-ruedu19-mars-1962),parlemaire, ENCONTRADICTIONAVECL’HONNEUR” RobertMénard.Àsadroite,Blandine deBellecombe,filledeSaintMarc, En 1961,aumomentduputschenAlgérie, «oùétaient etThierryRolando,président la fidélité et la loyauté? interroge-t-il. On ne peut duCerclealgérianiste, comprendre ce dilemmeque si on replaceles événements premièreassociationpied-noiredeFrance. dans un contexte pluslarge:l’effondrementdelaFrance en 1940,leconflit entrevichystes et gaullistes, la guerrefranco-française.Biensûr, il estnormal quelemilitairesoit auxordresdupolitique. Il n’yapas de paysviable sansrespect de cetterègle. Mais je crois aussi que, quelquefois, l’obéissance estencontradiction Unhommerestéfidèle avec l’honneur.Pourmoi,cefut le casen1961 ». àsesrêvesetvaleurs dejeunesse.

heures noires que j’ai vécues, écrit-il,ces souffrances de squeletteambulant entièrement occupé parlatâche àla Santé puis à Clairvaux, il achèvera sa peine à Tulle. de ne pastomber, cesheures blanches dansmacel- « Sij’aisouffertphysiquement davantagedansles lule,ladétressedes soirsdecombat quandlamort camps,moralementc’est en prison que j’ai enduré le avait fauché mescamarades,toute cettefaceobscure plus.Laprisondétruit.Jenecondamnepas ceux qui de la destinéehumainem’a rendu naturellement apte s’yeffondrent. J’ai failli le faire. » à ressentir l’éblouissement de la vie. » Gracié en 1966, il tire un traitsur sonpassé mili- À reboursd’une complainte nostalgiqueoucom- taireetentameune nouvelle viecomme responsable plaisante, lesSentinellesdusoir sont le testamentd’un desressources humaines dans uneentreprisemétal- homme quiessaiedeprésenter sa vérité noncomme lurgique de Lyon.Une vingtained’années plus tard, unecertitude mais de « l’offrirentremblant,comme sa biographie, écritepar LaurentBeccaria, puis la un mystère ».Toutlecteurytrouvera desraisons d’agir, publicationdeses mémoires, projettent sous leslumières d’espéreretdecroire.Etlaconviction réconfortante, cethomme discret. si bien évoquéepar JosephConrad, que« temporel repose surquelquesidées trèssimples,si simples qu’ellesdoivent être aussi vieillesque lui:la Jusqu’aubout,niaigreur, croyance quelebien vaut mieuxque le mal, quela niressentiment,nipessimisme loyauté l’emportesur le mensonge et le couragesur la lâcheté… Enfinque la fidélité incarnelasuprême Jusqu’à sesderniersjours,iln’a eu de cessedepar- valeurici-bas.Pourlereste,lajoieetladouleur en ce courirlaFrance et le monde pour répondre aux mondesepénètrent mutuellement, mêlant leurs formes demandesdeconférences,aux questionsque dési- et leursmurmuresdanslecrépusculedelavie aussi raient luiposer lycéens, étudiants ou jeunes officiers, mystérieuse qu’un océan assombri »... • curieuxdeconnaîtreceque tait ou déformel’histoire MauriceLemoine officielle.Curieux aussideconnaîtreunhomme resté fidèle à sesrêves de jeunesse, queles circonstances ontplacé dans dessituationsextrêmesetqui achoisi lesloisnon écrites de l’éthique contre lescodes des juristes et la raison d’Étatdes politiques. Ce choix, dicté parl’honneuretlafidélité,le “réprouvé” HéliedeSaint Marc l’adurementpayé. Mais sans céder à l’aigreur, au ressentiment, au pes- Éditionsdes Arènes, 1999, simisme, quiauraienttaraudé beaucoupd’autres. « Les 202pages,18euros.

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 125 L HE OP

ST XXXXX RI CH ION CT COLLE L/ VE AU CH RICK AT SP OTO PH DR 1/ TF ./ OD PR NN RE MS/ IL AF IR /L D. RO AP EL /B MLF -A DR CommandantGuillaume, laviecommeunfilm Figurelégendairedesguerresd’Indochineetd’Algérie,navigateurhorspair,ilavaitinspiré àPierreSchoendoerfferlepersonnagedu“Crabe-Tambour”.Portrait.

e fleuve… La brumedupetit matinaccro- Fils du généralGuillaume,hérosdelaSeconde chéeaux eaux grises desméandres indochi- Guerre mondiale,Pierre, né en 1925 à Saint-Malo, nois, le halètement régulier desmachines, commence pars’illustrer en Indochine, où il effectue et le sondetrompe quiprécède le bruitsourd deux séjours. Jeunelieutenantdevaisseau, il se dis- L destirsdemortier.Lorsque,les yeux perdus tingue à la tête d’uneunité desdivisionsnavales d’as- dans le vague, plongé dans sessouvenirsetrongé saut,les fameusesDinassau, quiopèrent d’audacieux parlaculpabilité,lepersonnagedumédecinjoué coupsdemaintrèsau-delà deslignesvietminh,venant parClaude Rich dans Le Crabe-Tambour évoque notammentenaideaux populationscatholiques. cetteaventuremagnifiqueetque la caméra,lente- À la findecette guerre,ilest l’officier le plus ment, glisse dans un silencemoite entreles rives décoré de la marine française.C’est alorsqu’ildécide boueuses, un sentimentdeplénitude s’empare du d’uneentreprisecomplètementfolle jamais réalisée spectateur.L’inconnu et sespromesses,une cer- jusque-là:revenir jusqu’en France à bord d’une taineforme de nostalgie, l’espoir de vivredes jonquetraditionnelle.Dansles quarantièmesrugis- momentsaussi forts… sants, sa radio tombeenpanne,ilsubit de multiples Si lesaventures du Crabe-Tamboursontune ver- avaries. La Marine le croitmort, jusqu’au jouroùil sion romancéedeceque vécutlecommandantGuil- réapparaîtaux Seychelles. Il remonte ensuitelelong laume, disparuen2002, sa vien’enressemble pas descôtesd’Afrique de l’Est,chargé parleministère moins à un roman,oùles épisodes épiquessesuc- de la Défensederenseigner surlaprésence éven- cèdent sans relâche. Avec pour filconducteurune tuelle de bâtiments soviétiques dans la zone.Ilcroi- passion pour la merqui n’ajamaisfaibli. sera,denuit, un sous-marin en pleinravitaillement,

126 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 SE SOUVENIR, POUR NE PASMOURIR

VERBATIM

«Unmarin aventureux, soldat héroïque,rebelle pour la bonne cause, celledelaFrance et de sonarmée. » Ci-contre:JacquesPerrin Du commandant RaymondMuelle, interprétantlepersonnage surlecommandantGuillaume, du“Crabe-Tambour”, sonancienfrère d’armes. largementinspirédelavie dePierreGuillaume (photodegauche, àl’issuedesonprocès).

tous feux éteints.Son périples’arrêtesur lescôtes Aprèsavoir terminé de purgersapeine à la prison de Somalie, où despirates danakils le retiennent en de Tulle, en compagnienotamment du comman- otageplusieurs semaines. dant HéliedeSaint Marc (lirepage122),PierreGuil- Affecté dans uneunité de sous-marins à Brest, il laumemonte unesociété d’affrètement maritime, rejointensuite l’Algérie, où sonfrère,officierpara- en commençantpar acheter unevieillebarge à Elf- chutiste,vient d’être tuéàla tête de soncommando Aquitaine. Unevie d’aventuresetdemer.Ilarmera de chasse.Faitexceptionnel, il réussit à obtenir le com- un bateau pour unedes opérationsdeBob Denard mandement de cetteunité,aveclaquelleils’illustre auxComores,travailleracomme hydrographeen aussi brillammentqu’en Indochine. Arabie saoudite,réussira à faireressortirdel’île de Sein un chalutierpolonais échoué en utilisant de vieilles méthodes de navigation.Pourtant, un pro- Aprèsleputschd’Alger,l’OAS verbeledit: “L’île de Sein ne relâche jamais sa proie.” puislaprison « C’était un trèsgrand marin, un manœuvrierhors pair,del’étoffed’unTabarly »,diradelui Schoen- Arrive1961etleputschd’Alger:son destin bascule. doerffer. En poste à Mers el-Kébir, il se rend auprèsdel’amiral Si HéliedeSaint Marc impressionne parsahauteur de Kervillepourlui demanderdeprendre parti.Celui- de vueetlanoblessedeson esprit,lecommandant ci refuse, ce quin’empêche pasGuillaume de partici- Guillaume impressionne d’abordpar sa vieetlerécit perauputsch. Parrespect pour la parole donnée. Condamnéàune peineavecsursis, il prévientqu’il ConvoyeurdeBobDenard entreradanslaclandestinité.Adjoint auxComores, du généralJouhaud et du comman- dant Camelin au sein de l’OAS, il est hydrographeenArabie… arrêtéàun barrageroutier en mars 1962.Direction lesprisons de FresnesetdeRouen. « À NoëletàPâques,ledirecteur qu’ilpouvait en faire. On gardera le souvenir d’un de la prison nousautorisait à réveillonner avec une aventurier horsnormes, commecertaines époques en ou deuxcaisses de bière, araconté sonanciencompa- ontproduit,etpourlesquels lesguerres coloniales gnon de celluleMarcProhom. Nous en avionspourla s’offrirent commelecadre idéal au déploiementd’une nuit àécouter leshistoiresdeGuillaume. C’était un énergie et d’un couragephysiqueque notre débutde type merveilleux, il avaitunvéritabledon de conteur, sièclenepermetplusguère de trouver. • maissansforfanterie.Etavecça,unevitalitéincroyable. » VladimirdeGmeline

VALEURSACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 127 BIBLIOGRAPHIE DiênBiênPhù,le23mars1954.L’étaus’estrefermésurlecampretranché, lescombattantsattendentunenouvelleattaquedesbataillonsvietminh. ES AG IM G- AK Bergot,Mabire,Sergent : lesguerriersdelaplume Qui,parmiceuxqu’enthousiasmentlepanacheetl’espritdesacrificedenostroupesd’élite,n’apas vibréauxépopéesguerrièresd’ErwanBergot,JeanMabireetPierreSergent ?Àlireouàrelire.

ncien officierdelaLégion en Les CadetsdelaFrancelibre (Presses Vosgesaux djebels (Presses de la IndochineetenAlgérie, Bergot de la Cité,1978), La 2e DB (Presses de Cité,1984, lire page 30). (1930-1993),dontlenom est la Cité,1980)etBir-Hakeim:février- RésistantpuisofficierdeLégion, porté parune promotion de juin 1942 (Presses de la Cité,1989). plus tard l’un deschefsdel’OAS, Sergent A Saint-CyrCoëtquidan, est Parachutiste,puischasseuralpin (1926-1992), de soncôté,est enparti- l’auteur d’unecinquantaine d’ouvrages. en Algérie,Mabire(1927-2006),s’il culier l’auteur des Maréchauxdela Parmi eux: Deuxième Classe à Diên aconsacré l’essentieldeson œuvre Légion:l’Odysséedu5eétranger Biên Phù (LaTable ronde,1964), Les à la Seconde Guerremondiale, aaussi, (Fayard, 1977), de La Légion sautesur Paras (Balland,1971), La Légion (Bal- et notamment, écrit Guillaumele Kolwezi (adapté au cinéma,Presses de land,1972), la Légion au combat, Conquérant (Art et Histoire d’Eu- la Cité,1979), Camerone (Fayard, 1980), Narvik,Bir-Hakeim, Diên Biên Phù rope, 1987), Les Ducs de Norman- Paras-Légion:le2eBEP en Indochine (Presses de la Cité,1975), Bataillon die (Lavauzelle, 1987), GrandsMarins (Presses de la Cité,1982) et 2e REP Bigeard, Indochine1952-1954,Algé- normands (L’Ancre de marine,1993), (Presses de la Cité,1984). • rie1955-1957 (Presses de la Cité,1976), mais aussi Chasseursalpins, des Arnaud Folch

128 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 LeGrandCirque dePierreClostermann Flammarion,2001,478 pages,25,40euros. L’arméefrançaise sacrifice ultimepourassurer lesmis- Le livreque tout pas- horsdeFrance sionsque notre pays estimait fonda- sionné d’aviation de mentales. Troisouvrages écritspar guerre se doit d’avoir ls quittent la terredeFrancepour desmilitaires ou desjournalistes lu.Jamais égalés, ces servir surtousles continents.Depuis spécialisésdéveloppent l’histoire de “mémoires de guerre” Iunecinquantaine d’années,la cesmissionsetlesortdeceuxqui de Pierre Closter- France aprojeté sesforcespourinter- s’yengagèrent. • Y. L. B. mann,l’asdes as fran- venir et jugulerdes guerresciviles, Dictionnairedesopérationsextérieures çaisdusecond conflit desguerres d’invasion et la guerre del’arméefrançaise,sousladirection mondial, rédigésentrois volumes terroriste.Liban,Zaïre,Bosnie,Côte- dePhilippeChapleauetJean-MarcMarill. à partirdeson Journal,ont été vendus d’Ivoire, Sahel, Centrafrique… sur NouveauMonde,452 pages,45euros. à plus de 3millionsd’exemplaires tous ces théâtres, lessoldats fran- LaTaskForceSabre,deJean-MarcTanguy. depuis leur parution en 1948. çaisont fait montre de leur savoir- Histoire&Collection,132pages,25 euros. faire, de leur professionnalismeet EngagéspourlaFrance,deGillesHaberey Histoiredel’arméedel’air aussi de la grandeurdenos armes. etRémiScarpa.PierredeTaillac, etdesforcesaériennesfrançaises Ilsont été nombreux à consentirle 352pages,39,90euros. duXVIIIe siècleànosjours dirigéparJean-MarcOlivier Privat,2014,548pages,23 euros. Marinenationale grandesbatailles.Présente à deChristopheDubois chaque page,lapassion de l’auteur Difficiledefaire plus ETAI,2006,144pages. pour sonsujet transparaîtaussi exhaustifque cet dans sesdescriptionsdétaillées ouvragecollectif Cet ouvragequi présente lesforces desconditionsdevie de ceux rédigé pardes spé- vivesdelamarines’attache également quiont fait le prestige et l’honneur cialistes reconnus. à décrirelavie quotidiennedes marins de notre marine de guerre. Despremiersballons et leurstraditions. jusqu’auxderniers Trèscomplet surla LaLégionétrangère modèlesd’avions forced’action deDouglasPorch de chasse,enpassant partoutes navale,notamment Fayard,1994,844pages,38,70 euros. lesinnovationsettoutesles batailles, l’emblématique racontées ellesaussi dans le détail, porte-avions L’unedes bibles sur unesomme pour passionnés. Charles-de-Gaulle. la Légion,retraçant sous la formed’une LesAvionsdelaGrandeGuerre LaRoyale,l’histoireillustrée fresque épique mais deJackHarrisetBobPearson delaMarinenationalefrançaise scrupuleuse toute Acropole,2014,194 pages,25 euros. deJeanRandier l’histoire de cette Maîtresduvent,2006,888pages. unité horsnorme. Grâce à 250dessins L’auteur est profes- d’unetrèsgrande pré- Absolument indispensable pour seurd’histoiremilitaire à l’École cision,cebeaulivre tous lespassionnés, ce magnifique navale aux États-Unis. offre un panorama ouvragerelié grandformatdeprès complet de l’évolution de 1000 pages LaSagadesparas desdifférents et plus de 2000 dugénéralRobertGaget appareils,biplans illustrations JacquesGrancher, 1998,572 pages. et triplans, engagéspar tous lespays retrace quatre dans le conflit.L’auteurdes textes, siècles d’histoire Raressontles livres consacrés Jack Herris, ingénieuraéronautique de la Royale, à l’histoire desparas dans soninté- de formation,est un ex-pilote de sesgrands gralité.L’ouvrage du généralRobert de l’US Navy. hommesetde ses Gagetenest un,ajoutant à son

VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 — 129 BIBLIOGRAPHIE

Fondateur Raymond Bourgine 24, rue Georges-Bizet 75116 Paris Pour obtenir votrecorrespondant, composer directement le 01.40.54suivi desquatrechiffres entreparenthèses. Abonnements : 01.55.56.70.94 www.valeursactuelles.com GROUPEVALMONDE exhaustivité unepas- Président Étienne Mougeotte Vice-président Charles Villeneuve sion pour ces hommes DVD:Hélie COMMISSIONÉDITORIALE qui, écrit-il, « ont deSaintMarc, Étienne Mougeotte, Charles Villeneuve, le goûtdurisque, témoindusiècle Jean-Claude Dassier,Françoisd’Orcival l’esprit de sacrifice, Réalisé parMarcela RÉDACTION Directeurdelarédaction GeoffroyLejeune l’amour de la Patrie Feraru,cinéaste et Directeuradjointdelarédaction Tugdual Denis (1150) Directeursdéléguésdelarédaction pour honneur ». historiennepassionnéedelacause Arnaud Folch (1151), Cyril de Beketch (1207) Rédacteursenchef France:RaphaëlStainville (1160), pied-noire,etfidèle desassocia- MickaëlFonton (1157). Monde :Antoine Colonna (1149). Économie-Finance:Frédéric Paya (1155). Bigeard,l’albumsouvenir tionsderapatriés, ce DVDcom- Culture :Laurent Dandrieu (1136). Défense-Police-Justice:Louis de Raguenel (1109). Le Rocher,140pages,29,90euros. posé d’images d’archives et de Internet :Bastien Lejeune (1163). témoignages exceptionnels vient CHRONIQUEURS Catherine Nay, Denis Tillinac, Philippe Barthelet, Michel Gurfinkiel. Un utilecomplé- tout justedeparaître. Avec la par-

France Rédacteur en chef adjoint:SolangeBied-Charreton (1147). mentaux formi- ticipation du regretté Jean Piat, Reporter:Patricia de Sagazan (1182), Charlotted’Ornellas (1139). ÉconomieetEntreprises Rédacteur en chef adjoint:MariedeGreef- dablesouvrages il nousemmène surles traces Madelin (1152).Chef de service politique économique: de l’ancien général d’HélieDenoixdeSaint Marc, JoséePochat (1166). Culture Reporter:Olivier Maulin (1206). (Aucune bêteau dont la viepourraitserésumer Histoire François d’Orcival(1169). Artdevivre Chefdeservice:Virginie Jacoberger-Lavoué (1134). monde,LaPensée à la devise de sa chère Légion L’incorrect Anne-LaureDebaecker (1165). Hors-séries Rédacteur en chef:YvesLeBescond (1168). moderne, 1956; étrangère: “Honneuretfidélité”. Internet Reporters:AmauryBrelet(1198), Thomas Morel (1194). Iconographie Chef de service:Patrick Iafrate(1192). Pistesans fin,La Commande(15 euros) etrenseignements: Adjoints: Élisabeth Ham (1211),Romain Rouger (1167). Documentation Chef de service et responsable Penséemoderne,1956;Pour unepar- SecoursdeFrance,29,ruedeSablonville, de la diffusion numérique:Marie Vercelletto(1196). celle de gloire,Plon, 1975; Ma guerre 92200Neuilly-sur-Seine.Tél.:01 4637 5513 ; RÉALISATIONETFABRICATION Rédacteurencheftechnique Nicolas Gigaud(1187). d’Indochine,Hachette-Carrère,1995; courriel:[email protected] Secrétairesderédaction Diane Manière (1208), PatrickMané (1188), Emmanuelle Barbou des Places (1199), Josiane Ruiz (1189). Ma guerre d’Algérie,Hachette-Carrère Premierrédacteur-graphiste,conceptiongraphique Yves Le Bescond (1168). Rédacteurs-graphistes Fabrice Fournier (1183), Nicolas Lemay(1184). 1995,etc.).Cebeaulivre revientsur le Responsabledelaphotogravure,rédacteurinfographe Olivier Aujean (1148). parcours prodigieux de Marcel Bigeard, maréchauxeux- ADMINISTRATION–GESTION–DÉVELOPPEMENT célébrant aussises valeurs mêmes mais sur 24, rue Georges-Bizet 75116 Paris.Fax:01.40.54.11.81. PrésidentduDirectoire,directeurdelapublication Erik Monjalous de patriotisme et de devoir. le maréchalat,deses Directricedéléguéecommunicationetdiversifications Ariel Fouchard(1102). Directeuradministratifetfinancier Éric Baracassa (1130) origines à l’époque Comptabilité CorinneBrice (1116),ChantalKientzy(1118), Nathalie Locart(1119), Bérangère Blanchard(1108). MaréchalJuin contemporaine:que Servicesgénéraux CorinneLandry (1113),JosephAgius(1110), Armelle de la Vergne (1298). deJean-ChristopheNotin signifieexactement PUBLICITÉ Tallandier,2015,720pages,28,90euros. cettedignité,ses Directricedepublicité Marine Burrus (1106). Directeurdepublicité Christophe Petitjean (1153). valeursetses fonc- Planningmedias.figaro 01.56.52.20.60. Le livrerécent le plus completconsa- tions?Unesomme quilui avalu, DIFFUSION–ABONNEMENTS–LIBRAIRIE Directeurmarketingclientsabonnés Sébastien Loison (1161) cré au plus mystérieux en 2011,leprixd’Histoiremilitaire Servicediffusion Valérie Dubuy(1159), Sophie Roland (1135). Serviceabonnements : 01.55.56.70.94. desmaréchauxdela du ministère de la Défense. Ventesaunuméro Seconde Guerremon- Gilles Marti (01.40.54.12.19) — e-mail:[email protected] diale — le seul à avoir HistoiredelaPremièrearmée SERVICEABONNEMENT 4, rue de Mouchy60438 NoaillesCedex obtenu sonbâton de son française Tél.:01.55.56.70.94-Fax:01.40.54.11.81 vivant.Jean-Christophe deJeandeLattredeTassigny Copyright2018 -Valeurs actuelles-Le Spectacle du Monde. Les manuscrits non insérésnesontpas rendus.Saufdansles cas où elle estautoriséeexpres- Naudin,déjàauteur de nombreux NouveauMondeÉditions,670pages,26euros. sément par la loi et les conventions internationales,toutereproductiontotale ou partielle du présent numéro estinterditeetconstituerait unecontrefaçon ouvrages surlaguerre1939-1945, sanctionnéepar lesarticles 425etsuivants du code pénal. ADAGP, Paris 2018,pourles œuvres n’élude rien,notammentle“clash” Écrit parlegénéraldeLattrede de ses membres. Impression Léonce Desprez -France d’après1961avecdeGaulledecepied- Tassigny, ancien commandant de No decommissionparitaire 0920 C79794 re No ISSN 0049-5794 noir amoureux de sa terrenatale. cetteI arméefrançaise,l’ouvrage, Valmonde et Cie, SA au capital de 1526926 € passionnant,mêle Actionnairemajoritaire Privinvest Médias Histoiredesmaréchaux le tondumémoria- RCS ParisB775 658 412 Siret 775658 41200165 ADAGP, Paris 2016,pour les œuvresdeses membres. deFranceàl’époquemoderne liste à celui Origine du papier:Allemagne deFadiElHag de l’historien. Taux de fibres recyclées:0% Certification:PEFC NouveauMondeÉditions,600pages,24euros. Unehistoiredédiée “Eutrophisation” Ptot:0,016 kg/tonne à sessoldats racontée CE NUMÉRO COMPREND UN ENCART “ABONNEMENTS” BROCHÉ ENTRE LESPAGES 98 ET 99. L’auteur,docteur en histoire,arédigé sans artifice un livrepour érudits non surles de romancier.

130 — VALEURS ACTUELLES — Hors-série — Numéro 17 Photo :©Alban Jimenez -Conception :Digital first 12 Boulevard Malesherb Boutique UN STYLE, es en -7 ligne 5008 UNE :w Paris RÉFÉRENCE ww.mettez.com |T él. :+ 33 (0)1 42 65 33 76 CROISIÈREFLUVIALE EXCLUSIVITÉ RUSSIE

VOLS AU DÉPART DE TOUTE LA FRANCE

PENSION COMPLÈTE

EXCURSIONSINCLUSES

12 JOURS/11NUITS PRIXLECTEURS DÈS € EXCLUSIVITÉCROISIÈRERUSSIE 1899 DATES:DE MAI ÀSEPTEMBRE2019 NOMBREDEPLACES LIMITÉ -VALABLE JUSQU’AU 31/12/2018

ITINÉRAIRE: MOSCOU-OUGLITCH -IAROSLAVL -GORITSY -KIJI -MANDROGA -SAINT-PÉTERSBOURG

DEMANDEZ NOTRE DOCUMENTATION

ParTéléphone : code << ValeursActuelles >> Flashez moi 01 81 80 37 42 Parmail : [email protected] -ParInternet : Rive-Gauche.fr/Russie En Agence : 3av. de l’Opéra75001 Paris -5Rue de le Buffa 06000 Nice

-

Mentions légales:IM078100038 -RCS VersaillesB401.998.166 -Tarif indiquéTTC par personne au départ de Paris. Garantie Financière:ATRADIUS -Conformément àlaloi Informatique et Liberté du 6janvier 1978, vous bénéficiez d’undroit d’accèsetderectification desdonnées vousconcernant: VA1810