Mobilités Et Migrations Européennes En (Post) Colonies
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Cahiers d’études africaines 221-222 | 2016 Mobilités et migrations européennes en (post) colonies Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/etudesafricaines/18616 DOI : 10.4000/etudesafricaines.18616 ISSN : 1777-5353 Éditeur Éditions de l’EHESS Édition imprimée Date de publication : 1 avril 2016 ISSN : 0008-0055 Référence électronique Cahiers d’études africaines, 221-222 | 2016, « Mobilités et migrations européennes en (post) colonies » [En ligne], mis en ligne le 01 avril 2018, consulté le 24 septembre 2020. URL : http:// journals.openedition.org/etudesafricaines/18616 ; DOI : https://doi.org/10.4000/etudesafricaines. 18616 Ce document a été généré automatiquement le 24 septembre 2020. © Cahiers d’Études africaines 1 Envisagés comme acteurs d’un néo-colonialisme résilient, touristes envahissants, expatriés nantis de privilèges exorbitants, les Européens en Afrique, y compris dans la période coloniale, ont rarement été considérés comme des migrants. Derrière les grands débats sur les relations internationales et transnationales, la question des mobilités a souvent été négligée. Et pourtant, force est de constater que les circulations entre l’Europe et l’Afrique ne se sont jamais complètement interrompues depuis la colonisation et connaissent même aujourd’hui un très net regain. Compte tenu du faible nombre de travaux sur ces thèmes, les contributions réunies dans ce numéro visent à décrire ces mobilités, dans leurs régimes et leurs diversités historiques et contemporaines, mais aussi géographiques (Maghreb, Afrique francophone, lusophone, anglophone). Il est aussi question d’ouvrir la réfl exion à l’échelle des populations européennes en Afrique plutôt que de se concentrer sur les seuls agents nationaux de la colonisation. Les références, dans les articles, à l’histoire coloniale, à la variété des désirs migratoires ainsi qu’à l’importance des contextes locaux socio-historiques, revisitent la lourde question du rapport colonial et ouvre un débat théorique sur le sens de ces mobilités. Centrés sur l’expérience des acteurs, sans négliger pour autant l’évolution des points de vue institutionnels sur ces questions, l’ensemble des articles présentés permet d’envisager les logiques de singularité et d’autonomisation qui caractérisent les mobilités européennes en Afrique. Cahiers d’études africaines, 221-222 | 2016 2 SOMMAIRE Anthropologie des Européens en Afrique Mémoires coloniales et nouvelles aventures migratoires Michel Peraldi et Liza Terrazzoni Hétérotopie entrepreunariale L’Angola, un Eldorado pour la jeunesse portugaise ? Mondes imaginés et expériences de la mobilité dans l’espace lusophone Irène Dos Santos Débuter sa carrière professionnelle en Afrique L’idéal d’insertion sociale des volontaires français à Dakar et Antananarivo (Sénégal, Madagascar) Hélène Quashie Parcours de petits entrepreneurs français à Marrakech Chloé Pellegrini L’éléphant et la glacière Trajectoires et sociabilités de forestiers européens au Gabon Étienne Bourel Mobilités de l’amour Femmes blanches en Afrique subsaharienne De la coopération internationale à la mixité conjugale Karine Geoffrion Chantal, Momo, France, Abdou et les autres Essai de typologie des économies affectives des couples mixtes à Marrakech (Maroc) Corinne Cauvin Verner L’ombre de l’Éducateur : institution scolaire et mission civilisatrice ? Une cage dorée en situation postcoloniale Institution scolaire et présence française dans l’Algérie contemporaine Giulia Fabbiano Pratiques de scolarisation de jeunes Français au Sénégal La construction de l’excellence par le pays des « ancêtres » Hamidou Dia Triangulating between Church, State, and Postcolony Coopérants in Independent West Africa Rachel Kantrowitz Cahiers d’études africaines, 221-222 | 2016 3 Rapport colonial : continuités et bifurcations Les coopérants français en Algérie (1962-1966) Récits croisés pour une ébauche de portrait Sabah Chaïb Moving beyond the Colonial? New Portuguese Migrants in Angola Lisa Åkesson Les Corses au Gabon Recompositions identitaires d’une communauté régionale en situation d’expatriation Vanina Profizi L’« élu » et le « kipanda cha Muzungu » (« morceau de Blanc ») Quête de réussite et parcours identitaires des Italiens au Congo belge Rosario Giordano L’immigration européenne en Afrique à l’épreuve du régime de la « porte ouverte » des territoires sous mandat et sous tutelle internationale Le cas du Cameroun français (1919-1960) Cyrille Aymard Bekono Notes et documents Migrer à contre-courant L’exemple des résidents culturels européens en Afrique de l’Ouest Altaïr Despres et Marta Amico Chronique bibliographique Présence, mobilité et migration vers les Suds Eve Bantman-Masum Analyses et comptes rendus Boris ADJÉMIAN, La fanfare du négus. Les Arméniens en Éthiopie (XIXe-XXe siècles) Paris, éditions de l’EHESS (« En temps et lieux »), 2013 Alain Gascon Michaela BENSON & Karen O’REILLY (eds.), Lifestyle Migration. Expectations, Aspirations and Experiences London, Ashgate, 2009 Brenda Le Bigot Augustin EMANE, Docteur Schweitzer, une icône africaine Paris, Fayard (« Les quarante piliers »), 2013 Andrea Ceriana Mayneri Cahiers d’études africaines, 221-222 | 2016 4 Dominique CHANCÉ & Alain RICARD (dir.), Études Littéraires Africaines Numéro spécial : « Traductions postcoloniales » no 34, 2012 Elisabet Carbó Suzie GUTH, Exil sous contrat. Les communautés de coopérants en Afrique francophone Paris, Silex Éditions, ACCT, 1984 Sylvain Beck Marjolaine PARIS, Le business franco-nigérian à l’heure de l’Afrique émergente Paris, Karthala (« Hommes et sociétés »), 2013 Martin Rosenfeld Denise PAULME & Deborah LIFCHITZ, Lettres de Sanga Paris, CNRS Éditions, 2015 Julien Bondaz Anne-Marie PLANEL, Du comptoir à la colonie. Histoire de la communauté française de Tunisie, 1814-1883 Paris, IRMC, Riveneuve éditions, 2015 Hugo Vermeren Benjamin RUBBERS, Faire fortune en Afrique. Anthropologie des derniers colons du Katanga Paris, Karthala (« Les Afriques »), 2009 Marwa El Chab Musée de la Corse, Corse-Colonies. Colloque 19-20 septembre 2002 Corte, Éditions du Musée de la Corse ; Ajaccio, Éditions Alain Piazzola, 2004 Marie Peretti-Ndiaye Colloque « Des Nord(s) vers les Sud(s) : état de la recherche sur les mobilités » Paris, EHESS, 20-21 mai 2015 Alexandra Poli Ouvrages reçus Cahiers d’études africaines, 221-222 | 2016 5 Anthropologie des Européens en Afrique Mémoires coloniales et nouvelles aventures migratoires Michel Peraldi et Liza Terrazzoni 1 Ce numéro a pour objet et ambition de décrire les modes de présence et de mobilité des Européens dans quelques pays d’Afrique subsaharienne et du Maghreb. De ce point de vue, la première nécessité est d’abord de tenir inventaire, décrire sans a priori, les formes d’une expérience sociale qui s’est considérablement diversifiée et se diversifie encore sous nos yeux, sans pour autant que le sens qui lui est donné, y compris par les sciences sociales, ait varié en conséquence. Nous avons ici choisi de privilégier un regard anthropologique, autrement dit de faire le pari de la multiplicité des pratiques, contre l’univocité du sens énoncé. Il y a là un défi intellectuel, dont nous voudrions d’abord tracer les contours, au moins parce que cette posture anthropologique vient bousculer des habitudes de penser et prendre à revers quelques préjugés. 2 Les Européens en Afrique ont rarement fait l’objet d’une attention socio- anthropologique. Bien que de plus en plus de travaux s’emparent de ce thème1, les réponses à notre appel à contributions montrent que ces recherches sont encore très localisées, sur le Maroc, l’Algérie, le Sénégal, l’Angola, le Gabon ou le Congo. C’est donc moins un choix orienté par l’intérêt que nous aurions eu pour certains terrains qui nous a guidés, qu’une élaboration au gré des propositions reçues. En ce sens, si ce numéro est exploratoire, il reflète néanmoins bien la concentration des chercheurs sur certaines régions, celles qui attirent leur curiosité par la visibilité des Européens. 3 Lorsque les sciences sociales se sont intéressées à cette population, ce fut le plus souvent au prisme de l’histoire coloniale (Knibiehler, Emmery & Leguay 1992 ; Planel 2015), du tourisme (Cauvin Verner 2007 ; Chabloz & Raout 2009), de la gentrification des vieux centres urbains (Kurzac-Souali 2006 ; Coslado, McGuiness & Miller 2013), de l’expatriation (Cruise O’Brien 1972 ; Verquin 2000) ou de la coopération (Guth 1984 ; Henry & Vatin 2012). 4 Ils sont régulièrement envisagés comme les acteurs d’un néo-colonialisme résilient, des touristes envahissants, ou des expatriés nantis de privilèges exorbitants, alors que leurs Cahiers d’études africaines, 221-222 | 2016 6 motivations, itinéraires et expériences avant, pendant ou après l’époque coloniale, ont pourtant été assez peu décrits. 5 Malgré les aléas de la colonisation, malgré des relations internationales tendues et parfois des relations diplomatiques interrompues, les circulations de l’Europe vers l’Afrique, et plus précisément entre ex-colonies et ex-puissances colonisatrices, si elles se sont taries, n’ont jamais vraiment cessé après les Indépendances. Aujourd’hui, et depuis ces vingt dernières années, elles connaissent même un net regain (DFAE 2013). Les Européens sont de plus en plus visibles sur le continent africain où ils « domicilient », selon les cas, leurs activités économiques, leurs rêves et aspirations ou encore leur vie amoureuse. Si bien qu’aujourd’hui on peut recenser, comme le font ici un certain nombre d’articles, des entrepreneurs français au Maroc ou au Gabon, des expatriés ou aventuriers