BURKINA FASO REPUBLIQUE FEDERALE

Unité Progrès Justice D’Allemagne Coopération Allemande au MINISTERE DES Développement FINANCES ET DU BUDGET

SECRETARIAT GENERAL

PROGRAMME SANTE SEXUELLE, DROITS HUMAINS (PROSAD)

ETUDE DE BASE SUR LES DROITS DES FEMMES, LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ET LE RECOURS AUX SERVICES JURIDIQUES DANS LA ZONE D’INTERVENTION DU PROSAD .

RAPPORT FINAL

Ouagadougou

Mai 2007

Etude réalisée par CERFODES (Yaro et al.) avec l’appui de l’équipe GTZ/PROSAD

Equipe Cerfodes : Yacouba YARO Alamissa SAWADOGO Wendyam KABORE Augustin NIKIEMA Florent SOME Lalampé E. PARE Marie-Bernadette ILBOUDO Yollande NABYOURE Haoua OUEDRAOGO

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TABLES DES MATIERES LISTE DES TABLEAUX...... 5 LISTE FIGURES ...... 6 REMERCIEMENTS ...... 8 RESUME...... 9 I. PRESENTATION GENERALE...... 13 1.1- Contexte et justification de l’étude ...... 13 1.2. Objectifs de l’étude ...... 15 1.2.1. Objectif général de l’étude ...... 15 1.2.2 Objectifs spécifiques ...... 15 1.3. Méthodologie ...... 16 I.3.1. Echantillonnage...... 16 1.3.2. Revue documentaire...... 17 1.3.3. Collecte des données quantitatives...... 18 1.3.4. Collecte des données qualitatives...... 21 I.3.5. Traitement des données...... 23 I.3.6. Difficultés rencontrées ...... 23 I.4. Définition des concepts clés...... 23 II. CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES DES ENQUETES...... 27 2.1 Age ...... 27 2.2. Niveau d’instruction...... 28 2.3. Occupation principale ...... 29 2.4. Situation matrimoniale...... 30 2.5. Existence juridique des enquêtés...... 32 III. CONNAISSANCES ET APPROBATION DES DROITS DES FEMMES...... 33 3.1. Niveau de connaissance et approbation des droits...... 33 3.2. Catégories de droits connus...... 34 3.3. Raisons évoquées par les enquêtés pour approuver ou désapprouver l’égalité des droits entre l’homme et la femme...... 35 3.4. Sources d’information sur les droits des femmes...... 38 IV. VIOLATION DES DROITS ET VIOLENCES FAITES AUX FEMMES...... 39 4.1. Niveau des connaissances des violences faites aux femmes...... 39 4.2. Définition des violences faites aux femmes selon les enquêtés ...... 44 4.2.1. Comment les femmes définissent-elles les violences ?...... 44 4.2.2. Comment les hommes définissent-ils les violences faites aux femmes ? ...... 44 4.2.3. Typologie/Formes des violences faites aux femmes suivant les régions...... 45 4.3. Ampleur des violences faites aux femmes ...... 48 4.4. Perceptions de l’ampleur des violences faites aux femmes selon les régions...... 53 4.5. Auteurs des violences...... 56 4.6. Appréciation par les enquêtés des violences faites aux femmes...... 56 4.7. Lieu privilégié des violences faites aux femmes...... 57 V. NIVEAU DE CONNAISSANCE ET RECOURS AUX SERVICES JURIDIQUES ET JUDICIAIRES...... 58 5.1 Etat de la connaissance des services de références pour les recours en cas de violences...... 61 5.2 Services de références les plus connus en cas de violences...... 63 5.3 Niveau de fréquentation des services par les femmes...... 65 5.3. Contraintes et difficultés liées à l’utilisation de ces services...... 65

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5.4. Connaissance et position des hommes par rapport aux services de recours en cas de violence ...... 66 VI. ATTITUDES DES POPULATIONS FACE A LA SCOLARISATION, MIGRATION DES ENFANTS ET A L’EXCISION...... 67 6. 1. Opinion des enquêtés par rapport à la scolarisation des enfants ...... 67 6.2. Opinions sur la migration des enfants pour raison de travail...... 68 6.3. Opinions sur l’ampleur de l’excision dans la zone...... 69 6.4 Connaissance sur les conséquences négatives de l'excision...... 70 VII. INTERPRETATION DES RESULATS...... 72 CONCLUSION ...... 74 RECOMMANDATIONS...... 75 BIBLIOGRAPHIE ...... 78 ANNEXE ...... 80

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LISTE DES TABLEAUX Tableau 1:Tableau récapitulatif des données quantitatives collectées ...... 20 Tableau 2 : Récapitulatif des focus ...... 21 Tableau 3 : Point des entretiens individuels approfondis...... 22 Tableau 4: Répartition des femmes et des hommes enquêtés selon la religion déclarée ...... 27 Tableau 5: Répartition des femmes et des hommes enquêtés par région et par tranches d'âge ...... 27 Tableau 6: Répartition des femmes et des hommes enquêtés en fonction de la fréquentation scolaire ...... 28 Tableau 7: Répartition des hommes en fonction du type d’instruction et du niveau de scolarisation ...... 28 Tableau 8: Répartition des femmes et des hommes en fonction de l’occupation principale exercée29 Tableau 9: répartition des femmes et des hommes enquêtés en fonction de la situation matrimoniale ...... 30 Tableau 10: Répartition des femmes enquêtées en fonction du type d'union ...... 30 Tableau 11: répartition des hommes enquêtés en fonction du type d'union...... 31 Tableau 12: Age des femmes enquêtées à la première union en fonction des régions ...... 32 Tableau 13: Répartition des enquêtés en fonction de la possession des documents juridiques...... 32 Tableau 14 : Répartition des enquêtés en fonction de la connaissance et de l’approbation des droits de la femme ...... 33 Tableau 15: Répartition des enquêtés selon leur connaissance des différents droits de la femme ... 34 Tableau 16: Répartition des enquêtés selon les raisons qui justifient leur acceptation ou non de l’égalité des droits pour les femmes et les hommes ...... 36 Tableau 17 : Répartition des enquêtés en fonction des catégories de droits approuvés...... 37 Tableau 18 : Répartition des enquêtés ayant entendu parler des droits de la femme en fonction des canaux d'information...... 38 Tableau 19: Connaissances des violences selon le sexe et par région ...... 39 Tableau 20: Connaissances des violences par les femmes selon la région, et le niveau d'instruction ...... 40 Tableau 21: Connaissances des violences faites aux femmes par les hommes selon la région et le niveau d'instruction ...... 40 Tableau 22: Connaissances des violences par les femmes selon la région et la situation matrimoniale...... 41 Tableau 23: Connaissances des violences par les hommes selon la région et la situation matrimoniale...... 41 Tableau 24: Connaissances des violences par les femmes selon la région et le groupes d’âge...... 42 Tableau 25: Connaissances des violences par les hommes selon la région et le groupe d’âge...... 42 Tableau 26: Connaissances des violences par les femmes selon la région et la religion...... 43 Tableau 27: Connaissances par les hommes des violences faites aux femmes selon la région et la religion ...... 43 Tableau 28: Connaissances des formes de violences par les femmes et les hommes par région...... 45 Tableau 29: Répartition des principaux facteurs favorisant les violences par région et selon le sexe ...... 47 Tableau 30: Répartition des femmes ayant déjà subies une violence quelconque selon la Région.. 48 Tableau 31:Répartition des hommes ayant déjà exercé une violence sur leurs épouses ou leurs filles selon la région ...... 49 Tableau 32: Répartition des femmes victimes de violences selon la région et par groupe d'âge...... 50 Tableau 33 : Répartition des hommes ayant déjà exercés une violence sur une femme ou une fille,

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selon la région et le groupe d’âge...... 51 Tableau 34 : Répartition des femmes victimes de violences selon la région et par niveau d'instruction ...... 51 Tableau 35: Répartition des hommes ayant déjà exercé une violence sur leurs épouses/filles, selon la région et le niveau d’instruction...... 52 Tableau 36: Répartition des femmes victimes de violences selon la région et la situation matrimoniale...... 53 Tableau 37 : Répartition des hommes ayant déjà exercés une violence sur les femmes ou les filles, selon la région et la situation matrimoniale...... 53 Tableau 38: Appréciation de l'ampleur des violences par les femmes et selon la région ...... 54 Tableau 39 : Appréciation de l'ampleur des violences par les femmes selon le groupe d'âge...... 54 Tableau 40: Appréciation de l’ampleur des violences par les femmes selon la situation matrimoniale...... 55 Tableau 41: Appréciation de l’ampleur des violences par les femmes selon la région et le niveau d'instruction...... 55 Tableau 42: Répartition des femmes victimes de violence par région selon les auteurs des violences ...... 56 Tableau 43: Répartition des enquêtés par sexe et selon leur position par rapport aux violences .... 56 Tableau 44: lieu jugé favorable aux violences par sexe, et selon la région...... 57 Tableau 45: Répartition des femmes par groupe d'âge selon le cadre favorable aux violences ...... 57 Tableau 46: Répartition des hommes par groupe d'âge selon le cadre favorable aux violences...... 58 Tableau 47: Statistiques des cas de recours aux services de l’Action Sociale au Sud Ouest en 2004- 2005...... 60 Tableau 48: Statistiques des cas de recours aux services de l’Action Sociale de Fada pour l’année 2006...... 60 Tableau 49: Connaissance des femmes de l’existence des structures de lutte contre les violences faites aux femmes...... 61 Tableau 50: Connaissance de l'existence des structures de lutte contre les violences faites aux femme selon la religion...... 61 Tableau 51: Connaissance de l'existence des structures de lutte contre les violences faites aux femme selon le groupe d’âge ...... 61 Tableau 52: Connaissance de l'existence des structures qui luttent contre les violences faites aux femme en fonction du niveau d’instruction...... 62 Tableau 53: Approbation du droit à la scolarisation de l’enfant par région et par sexe...... 68 Tableau 54: Reconnaissance de la scolarisation comme un droit fondamental ...... 68 Tableau 55: Opinion sur la migration des enfants de 6-14 ans pour raison de travail ...... 69 Tableau 56: Ampleur de la pratique de l'excision en fonction des régions...... 69 Tableau 57: Répartition des hommes et des femmes qui refusent l’excision et qui sont capables de citer trois (03) conséquences immédiates et deux (02) conséquences à long terme de la pratique de l’excision ...... 70 Tableau 58: Connaissance des conséquences immédiates de l'excision en fonction des régions .. 70 Tableau 59: Connaissance des conséquences négatives lointaines de l'excision selon la région ..... 71

LISTE FIGURES Figure 1: connaissance des femmes sur les structures de lutte contre les violences en fonction des régions ...... 63 6

Figure 2: Connaissance des femmes sur les structures de promotion des droits des femmes...... 64

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REMERCIEMENTS

Ce travail est le résultat d’une étude voulue et soutenue par l’équipe technique du Programme Sante Sexuelle, Droits Humains (PROSAD) à travers Eva Neuhaus, Pascaline Sebgo, Dr Guy Zoungrana, Alain Somé, Edwige Sangli, Sémita Kaboré. A cette équipe, il faut reconnaître l’apport technique important de M. Werner Heuler Neuhaus et de Zakari Congo. Notre reconnaissance va également à l’endroit des services déconcentrés du Ministère de l’Action sociale et de la Solidarité Nationale, des Ministères de la Justice, de la Sécurité, de la Défense, ainsi que des ONG et associations pour leurs contributions à la réalisation de ce travail qui est un début à une meilleure connaissance des violences faites aux femmes et à l’élaboration de stratégies et d’actions visant la promotion des droits de celles-ci.

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RESUME

La présente étude est un état des lieux sur les connaissances, les attitudes et les pratiques des populations sur les droits des femmes, les violences faites aux femmes et aux filles. Elle fournit des données statistiques, sociologiques et juridiques sur les violences que subissent les femmes et les filles dans les régions de l’Est et du Sud-Ouest du Burkina Faso, la violation de leurs droits et les recours aux services juridiques. Commanditée par le Programme santé sexuelle, droits humains (PROSAD) de la Coopération Germano-burkinabè, cette étude de base permet de disposer d’indicateurs de base et de suivi pour la réalisation de la phase (2007- 2009) du Programme santé sexuelle, droits humains. L’objectif général est de mesurer le niveau de connaissances, les attitudes, et les pratiques des populations sur les droits fondamentaux des femmes, les violences faites aux femmes et le recours aux services juridiques par les femmes dans les régions de l’Est et du Sud-Ouest. Pour atteindre les résultats, l’étude a adopté une méthodologie qui combine l’approche quantitative et l’approche qualitative. La collecte des données quantitatives, a été réalisée à travers deux types de questionnaires adressés aux femmes et aux hommes des tranches d’âges de 15-24 ans, 25-49 ans et 50 ans et plus. Quant à la collecte des données qualitatives, elle a été réalisée à travers des entretiens individuels approfondis avec des personnes ressources, des focus groups avec des femmes et des hommes, et des entretiens avec des femmes victimes de violences. La collecte des données quantitatives a touché dans les deux régions une population de 1141 individus dont 789 femmes et 352 hommes. La moyenne d’âge des enquêtés est de 32,4 ans pour les femmes et de 39 ans pour les hommes. Quant à l’enquête qualitative, elle a permis de réaliser 9 focus group, 37 entretiens avec des personnes ressources et 17 entretiens avec des femmes victimes de violences.

Sur l’ensemble des femmes enquêtées, 72% n’ont pas été scolarisées. Les femmes de la région du Sud-ouest sont plus scolarisées que celles de l’Est (32,8% contre 23,0%). Pour ce qui est des hommes, 36,6% ont fréquenté l’école (34,7% à l’Est et 38,6 dans le Sud-ouest). L’alphabétisation touche plus les femmes (8%) et les hommes (8,5%) de l’Est que les femmes (2,2%) et les hommes (2,3%) du Sud-Ouest. Les principales occupations professionnelles des femmes sont l’agriculture (40,6%), le commerce (23,1%) et les travaux ménagers (21,5%). Les femmes de l’Est sont plus occupées dans

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l’agriculture (55,3%) que celles du Sud-Ouest (26,4%). La majorité des hommes enquêtés sont des agriculteurs (64,8 %). Seulement 11,1% sont des commerçants . La polygamie est plus répandue dans la région de l’Est que dans le Sud-Ouest. Ainsi 43,9% des femmes et 35,2% des hommes de l’Est sont polygames contre respectivement 25,4% et 19,3% pour le Sud-Ouest. Les fréquences cumulées montrent que dans l’ensemble des deux régions, 20 % des femmes ont été mariées entre 10 et 17 ans (15,6 à l’Est et 24,6% dans le Sud-ouest). Concernant le type d’union, peu de femmes (8,9%) et d’hommes en union (6,0%) ont célébré le mariage civil. La majorité a plutôt célébré le mariage coutumier (48,9% des femmes et 59% des hommes) ou religieux (32,1% des femmes et 35,1% des hommes).

Au niveau de la connaissance et de l’approbation des droits des femmes, on constate que 74,2% des femmes de l’Est contre 69,2% des femmes dans le Sud-Ouest reconnaissent que les femmes ont des droits. Quant aux hommes, ils sont 76,2% dans l’Est contre 79,5% dans le Sud-Ouest à reconnaître que les femmes ont des droits. A la question de savoir si la femme mérite d’avoir les mêmes droits que l’homme, moins de la moitié des femmes (37%) et des hommes (41,8%) ont répondu par l’affirmative. Toutefois, il existe plus de femmes (19,4%) et d’hommes (11,4%) dans l’Est que dans le Sud-Ouest (15,2%) et (5,7%) qui ne connaissent aucun droit de la femme. Dans les deux régions, les principales sources d’informations sur les droits des femmes et des enfants sont la radio (26,5% des femmes et 45,7% de hommes), les causeries discussions (19,4% des hommes et 18,1% des femmes) et la télévision (11,5% des hommes et 17,2% des femmes).

Concernant la connaissance des violences faites aux femmes et aux filles, on constate que 72,2% des femmes et 77,6% hommes ont déclaré en avoir déjà entendu parler. L’analyse par niveau d’instruction (scolarisés d’une part et non scolarisées d’autre part), montre qu’à l’Est 80,9% des femmes scolarisées ont déjà entendu parler des violences faites aux femmes contre 68,5% des non scolarisées. Ces proportions sont de 87,9% et de 65,9% au Sud-Ouest. Les femmes mariées ou en union (régimes monogamique et polygamique) sont les plus nombreuses à avoir déjà entendu parler des violences faites aux femmes et aux filles (76,2% des monogames et 71,2% des polygames) contre 57,4% des célibataires.

L’analyse de la typologie des violences faites aux femmes et aux filles montre que les formes les

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plus fréquentes sont par ordre d’importance les surcharges de travaux domestiques (35,7% des femmes et 38,1% des hommes), les sévices corporels et coups (34% des femmes et 41,5% des hommes), les coups et blessures volontaires (28,5% des femmes et 27,8% des hommes). Les causes des violences sont tributaires de plusieurs facteurs. Les principales causes sont la pauvreté (44,4% des femmes et 46,3% des hommes), les contradictions entre conjoints (36,1% des femmes et 32,7% des hommes) et l’alcool (18,6% des femmes et 17,6% des hommes). Pour ce qui est de l’ampleur des violences faites aux femmes, 33,5% des femmes enquêtées ont déclaré avoir subi une violence quelconque au cours des douze derniers mois. Quant aux hommes, 30,6% (des hommes mariés ou ayant au moins une fille) ont déclaré avoir exercé une violence sur leur femme ou leurs filles au cours des douze derniers mois. Les violences touchent plus de femmes qu’elles n’apparaissent dans les statistiques officielles des services juridiques ou judiciaires.

Les données sur l’appréciation des enquêtés par rapport aux violences faites aux femmes mettent en relief qu’un très grand nombre de femmes (87,2%) et d’hommes (75,3%) désapprouvent ces pratiques. La famille (77,3% des femmes et 83,6% des hommes) est désignée par les enquêtés comme le premier lieu où les femmes subissent les violences. L’époux reste le principal auteur des violences faites aux femmes. Il est cité par 68,9% des femmes victimes de violences. Les parents sont cités par 26,1% des femmes.

Pour l’ensemble des deux régions, seulement 27,2% des femmes enquêtées ont une connaissance des services juridiques qui luttent contre les violences faites aux femmes. L’Action sociale est la structure de recours la plus citée par les femmes (17,1% dans l’Est et 14,9% dans le Sud-Ouest) S’agissant des structures qui font la promotion des droits des femmes et des filles, l’Action sociale est la structure la plus citée par les femmes (12,4%) dont 14,5% à l’Est et 10,4% au Sud-ouest, suivie par les ONG/et Associations (4,1%).

L’une des premières difficultés à l’utilisation des services réside dans la méconnaissance de ces services par les femmes. Très peu de femmes sont informées du rôle des services sociaux et juridiques de recours. Les blocages et des obstacles persistants à l’utilisation des services juridiques résultent de la stigmatisation et des condamnations faites souvent par les autres membres de la communauté à l’endroit des femmes qui font recours aux services juridiques. Des contraintes socioculturelles et économiques obligent de nombreuses femmes à ne pas entreprendre des actions de recours. Ces violences qui sont généralement faites par les époux ou les partenaires sexuels et

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par des parents demeurent un phénomène familial qu’on pourrait caractériser de ‘‘phénomène intime’’ comme le mentionne l’OMS (1997) dans un rapport intitulé les violences contre les femmes .

La migration des enfants pour des raisons de travail est condamnée par 79,1% des femmes et 86,8% des hommes. Quant aux conséquences de l’excision, seulement 24,3% des femmes et 32,3% des hommes sont capables de citer trois conséquences immédiates et deux conséquences lointaines de la pratique.

Les différents résultats relevés dans cette étude appellent les recommandations suivantes :  Sensibiliser les populations par le biais du théâtre forum sur les droits des femmes, l’ampleur des violences et les conséquences sur les femmes, les familles et les communautés ;  Impliquer les responsables coutumiers dans la lutte contre les violences faîtes aux femmes ;  Favoriser les canaux de communication de proximité (radio, causerie débat, enseignant) dans l’information, l`éducation et la sensibilisation des populations.  Former des para-juristes afin qu’ils/elles puissent en collaboration avec les conseillers communaux et les agents sociaux et d’autres personnes ressources au niveau communautaire jouer le rôle de conseillers matrimoniaux et d’accompagnement des femmes victimes de violences et de violations de leurs droits ;  Mettre en place un système de gestion de conflits qui prend en compte les systèmes traditionnels favorables aux femmes et leur doter de compétences sur les droits de la famille en général, de la femme et de la jeune fille en particulier ;  Favoriser l’introduction de l’enseignement sur les compétences de la vie dans les écoles ; primaires à partir de la troisième année (CE1) et dans les lycées et collèges ;  Décentraliser l’Action sociale, jusqu’aux départements. L’absence de l’action sociale aux chefs lieux de province est souvent un frein pour les femmes des villages de les utiliser, surtout quand ce village est relativement très distant du service ;  Plaider pour la création d’un cadre de concertation des intervenants (des organisations de la société civile) pour la promotion des droits des femmes et des enfants. A ce niveau, la Coopération Germano-Burkinabè dispose d’opportunités avec la présence de ses programmes sur le terrain et les expériences de concertation qu’elle a déjà développées dans

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sa zone d’intervention ;  Renforcer l’éducation et la sensibilisation des populations sur les droits des femmes, l’abandon de l’excision à travers des approches de communication de proximité et des débats ouverts au cours d’émissions et des programmes dans les médias (télévision, journaux et radio) ;

I. PRESENTATION GENERALE

1.1- Contexte et justification de l’étude

La situation des femmes et des enfants demeure une préoccupation majeure et un défi pour le développement des différents pays africains. Ces personnes constituent un groupe cible vulnérable dont les droits ne sont souvent pas respectés eu égard au contexte socioculturel et économique. En effet, le constat est que de nombreuses femmes et filles sont exposées à des violences multiples, telles que la pratique de l’excision, le mariage forcé et précoce, les violences physiques et morales, etc. Pourtant, il existe un certain nombre d’instruments juridiques qui les protègent et les défendent de ces différents actes de violences qu’elles subissent. Pour lutter contre les violences, le Burkina Faso a signé et ratifié plusieurs instruments juridiques internationaux et régionaux. Il s’agit notamment de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF), de la Convention relative aux droits des enfants (CDE), de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (CADBE) de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, du protocole additionnel à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif à la femme africaine adopté à Maputo, communément appelé protocole de Maputo, de la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes des Nations Unies. En outre, le Burkina Faso a souscrit à plusieurs engagements internationaux dans le but de lutter contre les violences faites aux femmes. A ce titre, il y a la Déclaration et le programme d’action de Viennes, le Programme et le plan d’action du Caire (Egypte), le Programme d’action d’Istanbul (Turquie) sur les établissements humains (habitat 2) et la Déclaration et programme d’action de Stockholm (Suède). Au plan national, il existe un dispositif juridique et légal, dont l’ensemble des textes adoptés décrivent et précisent les mécanismes de protection des droits des femmes et des enfants. Il s’agit

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de la Constitution du 2 juin 1991, du Code des Personnes et de la Famille (CPF), des textes portant Réorganisation agraire et foncière (RAF), du code pénal réprimant les mutilations génitales féminines, le mariage forcé et précoce, l’abandon de famille, le lévirat, la dot, etc. Ces mesures juridiques, voire politiques, devraient permettre: i) d’assurer l’égalité et l’équité entre l’homme et la femme ; ii) de promouvoir, de protéger et défendre les droits des femmes et des enfants au sein de la famille et de la société ; iii) de lutter contre toute forme de violences faites aux femmes et aux filles et enfin ; iv) de promouvoir l’exercice de la citoyenneté des femmes et leur pleine participation à l’exercice du pouvoir. Malgré, l’existence des textes juridiques qui constitue un atout important, les droits des femmes et des enfants ne sont pas encore respectés. Cela est surtout justifié par les difficultés d’application de ces textes pour des raisons multiples parmi lesquelles : • la méconnaissance par les femmes de leurs droits; • la méconnaissance des institutions judiciaires, juridiques et des conditions d’accès ; • l’ignorance des procédures juridiques pouvant permettre aux femmes d’accéder à la justice ; • l’accès difficile à l’appareil judiciaire ; • le poids de certains facteurs traditionnels et religieux ; • les pesanteurs socioculturelles qui octroient à la femme un statut d’infériorité. Afin d’appuyer le Gouvernement burkinabè dans la lutte pour l’égalité du genre, des partenaires au développement tentent d’apporter leurs contributions. Dans le cadre de la mise en œuvre de ses activités, la Coopération Germano-burkinabè, à travers son Programme de Santé Sexuelle, VIH/SIDA, Droits Humains, Lutte contre le Trafic et les Pires Formes de Travail des Enfants (PSV/DHTE), a entrepris une étude de base sur les droits des femmes, les violences faites aux femmes et le recours aux services juridiques dans les régions de l’Est et du Sud-Ouest du Burkina Faso . Les résultats de cette étude de base permettront de disposer d’indicateurs de base et de suivi pour la réalisation de la phase (2007- 2009) du PROSAD (Programme santé sexuelle, droits humains). Cette étude fait l’état des lieux sur les connaissances, les attitudes et les pratiques des populations sur les droits des femmes et les violences faites aux femmes et aux filles. Elle apporte aussi un éclairage sur la situation des violences faites aux femmes dans les régions du Sud-ouest et de l’Est. Elle apporte des données statistiques, sociologiques et juridiques sur les violences que subissent les femmes dans ces deux régions du Burkina Faso, sur les typologies des violences les plus fréquentes, les auteurs de ces violences, les cadres qui favorisent ces violences faites aux femmes et aux filles. 14

Elle constitue une première au Burkina Faso, car à l’heure actuelle, il existe très peu de données permettant d’apprécier l’ampleur et la perception du phénomène des violences faites aux femmes. L’étude s’est penchée également sur le recours aux services juridiques et judiciaires et l’appréciation de la qualité de ces services offerts aux femmes victimes de violence. Précisons que les services juridiques regroupent tous les services de conseils juridiques, d’orientation et d’accompagnement qui sont assurés par les associations ou ONG des droits de l’homme, y compris l’intervention des services déconcentrés de l’action sociale, tandis que les s ervices judiciaires sont ceux légalement reconnus pour rendre des décisions concernant les conflits familiaux et autres violations des droits de l’homme.

1.2. Objectifs de l’étude

1.2.1. Objectif général de l’étude L’objectif général de l’étude est de mesurer le niveau des connaissances, des attitudes, et les pratiques des hommes et des femmes sur les droits fondamentaux des femmes, les violences faites aux femmes et le recours aux services juridiques par les femmes dans les régions de l’Est et du Sud- Ouest (zones d’intervention du PROSAD).

1.2.2 Objectifs spécifiques

De façon spécifique il s’agit de : 1. Identifier les types de violences faites aux femmes et leurs ampleurs dans la zone d’intervention du Programme ; 2. Mesurer le niveau de connaissance des hommes et des femmes sur les droits fondamentaux des femmes et sur l’existence des services juridiques, judiciaires et de promotion ; 3. Mesurer les attitudes des hommes et des femmes vis-à-vis des droits fondamentaux des femmes ; 4. Mesurer la fréquentation et l’appréciation des services juridiques par les femmes ; 5. Identifier les problèmes rencontrés par les femmes pour obtenir réparation en cas de violation de leurs droits (niveau famille, communauté et services juridiques) et les solutions proposées ; 6. Mesurer la proportion des hommes et des femmes qui reconnaissent la scolarisation des enfants comme un des droits fondamentaux de l’enfant ; 7. Mesurer la proportion des hommes et des femmes qui se prononcent contre la migration des enfants (6 à 14 ans) pour des raisons de travail ;

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8. Mesurer la proportion des hommes et des femmes qui se prononcent contre l’excision et qui sont capables de citer trois (03) conséquences immédiates et deux (02) conséquences à long terme de la pratique de l’excision ; 9. Mesurer la proportion des hommes qui condamnent les violences domestiques faites aux femmes ; 10. Formuler des recommandations pour l’amélioration des stratégies en vue d’accroître les niveaux de connaissances, l’acceptation et le respect des droits des femmes et un meilleur accès aux services juridiques par les femmes.

1.3. Méthodologie

I.3.1. Echantillonnage Pour la collecte des données quantitatives, l’étude s’est fixée pour objectif initial d’enquêter environ 1200 personnes (de 15-24 ans, 25-49 ans et 50 ans et plus) dont 600 par région. L’échantillon envisageait de toucher 60% de filles et de femmes, et 40% de garçons et d’hommes, soit 350 femmes et 250 hommes par région. L’échantillonnage a été réalisé à partir de l’ensemble des villages d’intervention de PROSAD qui constitue la population d’étude. Cette population a été estimée à travers une projection en fin 2006, sur la base du recensement général de la population et de l’habitat de l’année 1996 (cf. liste des villages en annexe). Dans l’ensemble, 47 villages de la région du Sud-ouest et 31 villages de l’Est bénéficient de plusieurs interventions thématiques du PROSAD. Ces zones d’intervention totalisent respectivement 9135 et 17649 ménages. L’étude a privilégié l’échantillon par grappe. Les enquêteurs devaient interroger 35 personnes en moyenne par grappe. Au regard de la population de l’échantillon à enquêter, il fallait 17 grappes par région. Généralement, dans les enquêtes sociodémographiques, le village est considéré comme une grappe. Cependant, au sens strict, la grappe est une entité homogène d’habitations ou de concessions dont l’unité d’observation est le ménage. Lors des recensements et des enquêtes démographiques, la grappe est définie comme un lot, un îlot ou un pâté de maisons, d’immeubles ou de concessions. Après avoir fait un cumul de l’ensemble des ménages de chaque région, et par la suite procédé à un tirage aléatoire compris entre un (1) et la somme totale des ménages de chaque région à enquêter, un panel de villages a été retenu comme échantillon de l’étude. A l’aide de la fonction aléatoire (Random) d’Excel, les 17 grappes ont été tirées, soit 34 grappes au total pour les deux régions (voir la formule d’échantillonnage en annexe). Deux grappes ont été choisies aléatoirement au sein de certains villages de l’échantillon. En terme de villages administratifs couverts par l’étude, on en

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dénombre 14 dans le Sud-ouest et 13 dans l’Est, soit au total 27 villages. Au sein de chaque grappe, 15 ménages ont été tirés de façon aléatoire sur le terrain. Dans les ménages visités, une fiche ménage a été d’abord remplie par l’enquêteur. Cette fiche ménage a servi à identifier au moins deux personnes éligibles, c’est-à-dire un homme et une femme ou deux femmes qui répondent aux critères de l’âge (15 ans et plus) dans le ménage. Au niveau des hommes, les chefs des ménages présents étaient d’office retenus pour l’enquête. Un tirage aléatoire est fait dans le cas ou il y a plusieurs femmes. Un numéro d’ordre a été attribué à chaque personne recensée dans les ménages. Les personnes enquêtées étaient choisies de façon aléatoire à partir des numéros d’éligibilité. Pour atteindre le quota prédéfini de femmes et d’hommes, deux ménages sur cinq visités ont été choisis par les enquêteurs pour l’administration des questionnaires aux hommes de 15 ans et plus, alors que dans tous les ménages de l’échantillon, au moins une femme répondant au critère d’âge a été interviewée. Il faut retenir que cet échantillon est représentatif de l’ensemble des zones d’intervention du PSV- DHTE. Cependant cet échantillon ne saurait être représentatif de l’ensemble des deux régions de l’étude, étant donné que dans la base de données qui a servi au tirage, tous les villages de l’Est et du Sud-ouest n’ont pas été comptabilisés. Enfin, bien que l’échantillon ne soit pas représentatif de l’ensemble des deux régions, les données qui en découlent sont des indicateurs pertinents sur les questions de droits des femmes et des enfants, de la violation des droits et des violences faites aux femmes, ainsi que sur les recours aux services juridiques.

1.3.2. Revue documentaire

La revue documentaire a permis de faire d’une part la situation des études réalisées sur les violences faites aux femmes en Afrique, spécifiquement au Burkina Faso, d’autre part, de recenser les textes traitant des droits et de la protection des femmes et des jeunes filles, des violences faites aux femmes et le recours aux services juridiques et judiciaires en Afrique et au Burkina Faso. A cet effet, quelques centres de documentations ont été visités : Ministère de la promotion de la femme, de la justice, de la promotion des droits humains, RECIF /ONG, l’Association des Femmes Juristes (AFJ), le Programme PROSAD. En plus des centres de documentations, l’Internet a contribué à l’accès aux informations sur les droits et les violences faites aux femmes.

L’exploitation documentaire montre que les violences faites aux femmes sont une réalité actuelle qui touche tous les pays. Si les violences conjugales demeurent une des formes les plus répandues

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dans les pays en voie de développement, le harcèlement sexuel et les viols constituent des pans récurrents de violence dans les sociétés développées. D’une manière ou d’une autre, les femmes ont été souvent victimes de violence par des proches (époux, frères) mais aussi par des camarades et collègues d’écoles, de services, etc. Par ailleurs, pour ce qui est du recours aux services juridiques et judicaires, quelques études montrent leur faible utilisation par les femmes quand elles ont été victimes de violences. Cela s’expliquerait par la prédominance du droit coutumier dans nos sociétés et par le règlement des conflits au sein de la famille et avec les amis. En outre, la place de la femme dans la société traditionnelle, les perceptions que les populations ont des institutions juridiques et judicaires modernes, les pratiques coutumières expliquent en partie que les services juridiques et autres services sociaux soient peu utilisés par les femmes en cas de violence. Cette revue documentaire fournit quelques informations qualitatives sur la situation des violences faites aux femmes et les recours aux services juridiques à travers le monde. Cependant, le constat majeur est l’insuffisance des données quantitatives sur le Burkina Faso. C’est ce à quoi la présente étude tente de remédier en apportant aussi bien des éléments quantitatifs que qualitatifs.

1.3.3. Collecte des données quantitatives Elle s’est déroulée du 8 au 22 novembre 2006. La collecte a été effectuée par les deux consultants principaux de l’étude avec l’appui de vingt enquêteurs et quatre superviseurs. Quatre équipes ont été constituées dont deux par région. Les équipes ont travaillé ensemble en se répartissant les différents villages de l’échantillon.

La collecte des données s’est faite à l’aide des questionnaires hommes et femmes. Les enquêtés ont été choisis aléatoirement au sein des ménages après que l’enquêteur ait rempli la fiche de ménage qui permettait d’identifier les personnes éligibles, comme nous l’avons déjà mentionné dans l’échantillonnage.

Cette enquête a été soutenue par la collecte des données secondaires concernant les statistiques sur les violences faites aux femmes disponibles au niveau des services juridiques et judiciaires (action sociale, justice, police, préfecture, gendarmerie, etc.)

La collecte des données a été réalisée avec l’étroite collaboration des responsables de l’action sociale des deux régions de l’enquête.

Les questionnaires élaborés, dont l’un pour les femmes et l’autre pour les hommes, s’articulaient

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autour de sept (7) sections :

- les caractéristiques sociodémographiques des enquêtés ;

- la connaissance et l’approbation des droits des femmes ;

- l’ampleur des violences faites aux femmes ;

- la connaissance et le recours aux services juridiques ;

- les attitudes et perceptions face aux violences faites aux femmes ;

- les difficultés d’accès aux services juridiques ;

- la scolarisation, la migration des enfants et l’excision ;

Au terme de la collecte des données quantitatives, la répartition des enquêtés selon les régions, les provinces, les départements et les villages se présente de la façon suivante. (Cf. le tableau 1)

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Tableau 1:Tableau récapitulatif des données quantitatives collectées

Nombre de personnes à Départ/ communes Villages/ enquêtées TOTAL Provinces Secteurs Nombre de grappe Femmes Hommes REGION DU SUD-OUEST

Gaoua Secteur 2 1 23 9 32 COMMUNE DE GAOUA Gaoua Secteur 4 1 24 9 33 Kompi 1 26 13 39 KAMPTI Kampti 2 51 21 72

LOROPENI Obiré 1 23 11 34 PONI NAKO Dapola 1 25 11 36 LEGMOIN Piri 1 17 12 29 BATIE Batié 1 26 8 34 NOUMBIEL MIDEBDO Midebdo 1 27 9 36 1 22 12 34 BOUGOURIBA DIEBOUGOU Navièlgane 2 46 22 68

OUESSA Hamélé 2 46 18 64 DISSIN Nakar 1 23 12 35 IOBA ZAMBO Zambo 1 23 9 32 402 Total 11 14 17 176 578

REGION DE L’EST

Bilanga 2 44 22 66 BILANGA Bilanga Yanga 1 22 10 32 Barhianga 1 22 13 35 MANI Manni 1 20 13 33 Kouri 1 24 10 34 Piéla 1 21 9 30 PIELA GNAGNA Tangaye 2 48 19 67

DIAPANGOU Diapangou 1 20 11 31 Fada Secteur 3 1 25 9 34 Natiaboani 2 47 19 66 FADA N'GOURMA GOURMA Tanvalbougou 2 48 19 67

Boudieri 1 21 11 32 TAPOA KANTCHARI Kantchari 1 25 11 36

TOTAL 6 13 17 387 176 563 ENSEMBLE DES DEUX REGIONS

TOTAL 17 27 34 789 352 1141 Source : enquête de terrain , CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006 20

1.3.4. Collecte des données qualitatives Elle vise à approfondir les informations sur les attitudes et les pratiques des populations sur : • les droits des femmes, • la violation des droits des femmes ; • les violences faites aux femmes et aux filles ; • les perceptions sur la qualité des services juridiques et judiciaires offerts aux victimes. Elle vise également à approfondir les solutions proposées par les enquêtés pour un meilleur accès aux services juridiques par les femmes. Elle a été réalisée à travers des focus groups avec les hommes et les femmes, des entretiens individuels approfondis auprès des personnes ressources (leaders communautaires, responsables des structures étatiques et d’associations oeuvrant pour la promotion des droits des femmes, responsables des structures judiciaires et juridiques etc.) et des femmes victimes de violation de leurs droits.

- Les focus groups Les focus groups ont permis d’échanger librement sur la question des violences faites aux femmes, et ce d’un point de vue social, sociologique et historique (comment la violence évolue-elle dans les deux régions et comment elle est perçue par les populations et les victimes elles mêmes). Les échanges ont concerné également le recours aux services juridiques en cas de violation des droits des femmes et des filles, des violences faites aux femmes ainsi que l’appréciation de ces services. Au total, dix huit focus groups ont été réalisés avec les femmes, les hommes, (Tableau2).

Tableau 2 : Récapitulatif des focus REGION DE L’EST PROVINCE FOCUS GROUP GOURMA -Focus group hommes de 25 à 49 ans (Natiaboani) - Focus group avec jeunes garçons et filles de 10 à 17 ans de Diapangou -Focus group mixte de 25 à 49 ans (Natiaboani) TAPOA -Focus group avec des garçons de 15 à 24 ans (Kantchari) -Focus group hommes de 50 ans et plus (Kantchari) GNAGNA -Focus group avec des femmes de 25-49 ans (Bogandé) -Focus group avec des femmes de 18-24 ans (Bilanga) -Focus group avec des filles de 15-17 ans à Bogandé. -Focus group avec les jeunes garçons célibataires de 15-24 ans à Bilanga Yanga Nombre de focus 09 REGION DU SUD-OUEST PROVINCE FOCUS GROUP IOBA -Focus group mixte avec des jeunes de 10 à 17ans (Nakar) -Focus group avec des jeunes garçons de 15-24 ans à Hamélé -Focus group avec les hommes 25 à 49 ans (Dano) -Focus group avec les femmes de 50 ans et plus à Dano, -Focus group avec les hommes de 50 ans et plus à Hamélé PONI -Focus group avec des femmes de 25 à 49 ans de Kampti -Focus group mixte avec jeunes de 10 à 17 à Dapola

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NOUMBIEL -Focus group avec des hommes de 25 à 49 ans de Midebdo -Focus group avec des jeunes femmes de 15 à 24 ans de Midebdo Nombre de focus 09 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006

- Les entretiens individuels approfondis (EIA) Les entretiens individuels approfondis ont été réalisés auprès des personnes ressources (responsables des structures et institutions étatiques et communales) qui travaillent dans le domaine de la promotion des droits de la femme et des filles, des responsables d’ONG et d’associations intervenant dans la défense des droits des femmes et des filles, des leaders coutumiers et religieux, des femmes victimes de violences. Au total, 54 entretiens ont été réalisés (cf. tableau 3) Tableau 3 : Point des entretiens individuels approfondis

STRUCTURES REGION PERSONNES RESSOURCES 1. Président du tribunal de Fada ; 2. Procureur du Faso Justice Est 3. Magistrat, collaborateur juridique de l’action sociale 4. Président du tribunal de Gaoua Sud-Ouest 5. Procureur du Faso 6. Conseiller municipal village de Boudiéri Communes Est et Sud-Ouest 7. Conseiller municipal village de Zambo 8. Préfet de Kantchari 9. Préfet de Diapangou 10. Comandant du groupement de gendarmerie nationale de Fada 11. Commandant de la Brigade territoriale de gendarmerie nationale de Fada Est 12. Préfet de Bogandé ; 13. Directeur provincial de la police nationale de Bogandé 14. Préfet de Bilanga Police judiciaire (préfet ; 15. Commissaire central de Police de Fada gendarmes ; police…) Sud-Ouest 16. Commandant de la Brigade territoriale de gendarmerie nationale de Gaoua 17. Directeur Provincial de la Police Nationale de Gaoua 18. Préfet de Zambo 19. Préfet de Diébougou 20. Directrice régionale de l’Action sociale et de la solidarité nationale de l’Est Est 21. Directeur provincial par de l’Action sociale et de la solidarité nationale de Bogandé ; Action sociale et de la 22. Agent de l’action sociale et de la solidarité nationale de Kantchari solidarité nationale 23. Directrice provinciale de l’action sociale et de la solidarité nationale de la Sud Ouest Bougouriba ; 24. Directeur provincial de l’action sociale et de la solidarité nationale du Ioba 25. Directeur provincial de l’action sociale et de la solidarité nationale du Poni 26. Directeur provincial de l’action sociale et de la solidarité nationale du Noumbiel 27. Directrice régionale de la promotion de la femme de l’Est Santé ; Est et Sud-Ouest 28. Directeur régional de la promotion de la femme du sud-Ouest Promotion de la femme 29. Président de l’association Todiyaba de Fada Associations Est et Sud-Ouest 30. Responsable de l’association entraide de Sampéri/Kantchari 31. Coordination provinciales des associations féminines de la Gnagna 32. Secrétaire générale de l’association Maalka de Batié 33. Chef du village de Natiaboani Est 34. Imam des musulmans Tidjania de Natiaboani Leaders coutumiers et 35. Leader religieux musulman de Bogandé. religieux 36. Chef traditionnel (roi des Gan ) de Obiré Sud Ouest 37. Chef traditionnel de Nakar TOTAL EIA 37 22

ENTRETIEN AVEC FEMMES VICTIMES DE VIOLENCES 7 Femmes victimes de Est violences 10 Sud-ouest TOTAL entretiens avec 17 femmes victimes Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006

I.3.5. Traitement des données Les données quantitatives collectées ont été saisies sur Epi-data et transférées sur le logiciel SPSS version 11.5 pour être traitées après une apuration (nettoyage des données). Cette étape a permis d’obtenir la base de données définitive qui a servi à la production des indicateurs et des différents tableaux pour l’analyse.

Les données qualitatives (entretiens approfondis et focus groups) ont été transcrites et saisies sur le logiciel Microsoft Word, formatées et importées sur un logiciel approprié d’analyse des données qualitatives appelé MAXQDA2. Ce logiciel a permis de codifier et de catégoriser les données.

I.3.6. Difficultés rencontrées La collecte des données s’est faite avec quelques difficultés. En effet, l’enquête a été réalisée à une période où les populations enquêtées, en pleine récolte de coton et de céréales, n’étaient pas disponibles. Tôt le matin les villages se vidaient de leurs habitants obligeant les enquêteurs à les rejoindre dans les champs. Une autre difficulté liée à la mise en œuvre de la méthodologie est la traduction de certains concepts en langues locales, en dépit du prétest des outils de collecte . Certaines terminologies « droit de la personne » par exemple n’existent pas dans la traduction locale ; la traduire dans la question posée à l’enquêté (e) constitue en même temps la réponse à la question « qu’entendez-vous par droit de la personne ». On note également l’absence de statistiques ou des difficultés d’accès aux données statistiques auprès des services juridiques et judiciaires.

Avant de rentrer dans le vif de l’étude, il s’avère nécessaire de définir les principaux concepts qui sont fréquemment utilisés dans le rapport.

I.4. Définition des concepts clés

Services juridiques : ils regroupent tous les services de conseils juridiques, d’orientation et

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d’accompagnement qui sont assurés par les associations ou ONG des droits de l’homme, y compris l’intervention des services déconcentrés de l’action sociale. Ces services sont connus sous diverses appellations : boutiques de droits, centres d’écoute, permanences de conseils juridiques, etc.

Services judiciaires : ce sont les structures légalement reconnues pour traiter les différents conflits familiaux et autres violations des droits de l’homme. Il s’agit de la gendarmerie, de la police, de la justice dans ses différents démembrements (parquets, sièges, instructions).

Femme : c’est toute personne humaine de sexe féminin quel que soit son statut social (riche ou pauvre), son statut matrimonial (célibataire, mariée, divorcée, veuve), son âge (nourrisson, jeune, adolescente), son milieu de vie (ville ou campagne …).

Droits des femmes : Ils sont constitués de l’ensemble des droits qui sont reconnus à la femme en tant qu’être humain comme les autres ayant des besoins spécifiques. Par exemple les droits liés à sa fonction de reproduction (grossesse, accouchement, allaitement).

La violence Si la notion de la violence se définit comme l’abus de la force ou un acte qui vise à modifier les comportements et l’attitude d’une personne sans son consentement ou contre sa volonté, la définition des violences faites aux femmes est plus complexe. D’un point de vue général, les violences faites aux femmes sont des actes de force contre le gré ou le consentement d’une personne dû à son statut de femme.

Les violences faites aux femmes Elles se définissent comme toutes les formes de souffrances infligées à la femme, du fait de son statut de femme quel que soit l’auteur des faits. Dans le cadre de la présente étude, trois catégories de violences ont été retenus : les violences physiques, les violences morales/psychologiques, les violences sexuelles.

Les Nations Unies définissent les violences faites aux femmes comme « tout acte de violence dirigé contre le sexe féminin et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la

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privation arbitraire de liberté que se soit dans la vie publique ou dans la vie privée »1.

Violences physiques : Tout acte volontaire sur un individu dont les effets sont visibles sur le physique de la victime. Exemple : une gifle qui laisse des traces sur une joue, des coups et blessures (bastonnades, fouettages, morsures, etc.), des mutilations visibles sur le corps (amputation d’un membre, section d’une partie du corps, etc.).

Violences morales/psychologiques : Se sont des attitudes, des expressions et des considérations volontaires qui agissent sur le moral d’une personne et créent en elle un sentiment permanent de frustration et de complexe d’infériorité. On y trouve les injures, les menaces, le manque de respect de la personne, la limitation de la liberté d’aller et de venir, le refus d’adresser la parole à une personne, etc.

Violences sexuelles : C’est un acte sexuel ou sexué noué avec une personne sans son consentement. Il s’agit du viol, du harcèlement sexuel, de l’attentat à la pudeur, etc.

Enfant : c’est toute personne de l’un ou de l’autre sexe qui n’a pas atteint 18 ans révolus.

Droits de l’enfant : ensemble des dispositions juridiques qui permettent aux enfants de vivre et de survivre, de se développer, de mener une vie décente, conformément à l’article 27 de la CDE. Le droit à une vie décente signifie le droit à la vie et à la satisfaction de ses besoins de base (nourriture, soins, logement, etc.).

Droits : c’est un ensemble d’avantages et de privilèges que la loi accorde à un individu ou à un groupe d’individus, membre d’une société. Le droit permet de revendiquer les avantages et les privilèges aux autres membres ou à l’Etat. Cela relève des droits subjectifs et qui se traduit souvent par l’expression « j’ai le droit de.... ».

Devoirs : C’est l’ensemble de ce que la loi oblige à faire ou à ne pas faire. Dans les rapports humains, ce qui est un droit pour une personne constitue un devoir pour les autres. Dans la vie de couple par exemple, ce qui est un devoir pour l’homme est un droit pour la femme, et vice versa : le droit à la fidélité, ne pas frapper sa femme, participer aux charges du ménage en sont des exemples.

Droits de l’Homme ou Droits Humains : Les droits humains sont l’ensemble des privilèges et

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1 In déclaration sur l’élimination des violences à l’égard des femmes, NU 1993.

avantages reconnus à tout individu en vertu de sa qualité d’être humain, dans ses relations avec l’Etat et les autres individus, en vue d’assurer le respect de sa dignité d’être humain. Les droits humains sont reconnus à tout être humain indépendamment de son sexe, de son origine sociale, de sa race, de sa couleur, de son opinion politique, de son ethnie, de sa religion. Ils sont garantis par les lois internationales et nationales. Cependant, il arrive que la loi elle-même constitue une violation des droits humains. La reconnaissance par la loi de la peine de mort peut être considérée comme une négation de la dignité humaine.

Jouir d’un droit : C’est posséder des avantages et des privilèges sur un objet ou une personne. Tous les être humains quel que soit leur statut, leur sexe, etc. jouissent de tous les droits reconnus aux individus sans discrimination.

L’exercice du droit : Exercer son droit, c’est user des avantages et des privilèges qui vous sont reconnus. L’exercice du droit est soumis à des conditions juridiques (avoir la majorité et jouir de ses facultés mentales), matérielles (moyens matériels et financiers) et socioculturelles (liées au contexte).

Droits civils : Ensemble des droits qui protège l’individu contre toute intrusion dans sa vie personnelle, sa famille et des violations concernant ses biens. C’est aussi l’ensemble des droits dont une personne jouit dans ses relations avec les autres. C’est par exemple le droit à la vie, à l’identité, à l’intégrité physique, à la garde de ses enfants mineurs, etc.

Droits sociaux culturels : C’est l’ensemble des droits qui permettent le développement social de l’individu, le protège contre les risques sociaux de tout genre et favorisent le développement des capacités intellectuelles et des talents artistiques. Ce sont notamment : le droit à la santé, à l’éducation, à la sécurité sociale, au sport, aux loisirs, à la création artistique…

Droits économiques : C’est tous les droits qui permettent à l’individu de pouvoir mener une activité lucrative, d’exercer une profession, d’accumuler des richesses, de devenir propriétaire de biens etc. Ces droits permettent de s’épanouir sur le plan économique et contribuent à créer des conditions d’une vie décente. Ce sont, le droit d’entreprendre, le droit de propriété, le droit de gérer librement ses biens, le droit à la terre, etc.

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Droits civiques/politiques : C’est l’ensemble des droits et libertés qui permettent au citoyen de participer à la vie nationale et à la gestion des affaires publiques. Il s’agit du droit de voter et de se faire voter, le droit d’occuper un poste public, le droit de s’associer, etc.

II. CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES DES ENQUETES

Comme nous l’avons mentionné plus haut, la collecte des données dans les deux régions (Est et Sud-Ouest) a touché une population de 1141 individus dont 789 femmes, 352 hommes. Dans l’ensemble, les musulmans sont les plus nombreux (36,6% pour les femmes et 34,7% pour les hommes). Chez les femmes comme chez les hommes, les trois religions dominantes déclarées par les enquêtés de l’Est sont respectivement les religions musulmane (41,6% et 39,8%), catholique (31,8% et 32,4%) et protestante (19,6% et 19,3%). A l’inverse, la religion traditionnelle occupe une place importante dans le Sud-Ouest. Elle concerne 40,3 % des hommes et 23,4% des femmes de cette région contre 8,5% pour les hommes et 6,5% pour les femmes à l’Est. C’est par ailleurs la religion la plus déclarée par les hommes enquêtés du Sud-Ouest. (cf. tableau suivant-4).

Tableau 4: Répartition des femmes et des hommes enquêtés selon la religion déclarée Sexe FEMMES HOMMES Sud- Ensemble Sud- Ensemble Religion Est Ouest Proportion Effectifs Est Ouest Proportion Effectifs (%) (%) (%) (N) (%) (%) (%) (N) Musulmane 41.6 31.8 36.6 289 39.8 29.5 34.7 122 Catholique 31.8 25.9 28.8 227 32.4 14.2 23.3 82 Protestante 19.6 8.2 13.8 109 19.3 8.0 13.6 48 Traditionnelle 6.5 23.4 15.1 119 8.5 40.3 24.4 86 Aucune religion 0.5 10.7 5.7 45 0.0 8.0 4.0 14 Total (%) 100 100 100.0 100.0 Effectif (N) 387 402 100 789 176 176 100.00 352 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

2.1 Age La moyenne d’âge est de 32,4 ans pour les femmes (31,9 à l’Est et 32,8 au Sud-ouest). La répartition des femmes par tranche d’âge donne 27,2 % de femmes de 15 à 24 ans, 61% pour celles de 25 à 49 ans et 11,8% pour les femmes de plus de 50 ans (cf. Tableau5).

Tableau 5: Répartition des femmes et des hommes enquêtés par région et par tranches d'âge Sexe FEMMES HOMMES Est Sud- Ensemble Est Sud- Ensemble Groupes 27

Effectifs Proportion Effectifs Proportion (%) (N) (%) (N) 15 à 24 ans 27,9 26,6 27,2 215 14,2 22,2 18,2 64 25 à 49 ans 61,8 60,2 61,0 481 53,4 56,3 54,8 193 50 ans et plus 10,3 13,2 11,8 93 32,4 21,6 27,0 95 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Effectif (N) 387 402 100 789 176 176 100,0 352 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

L’âge moyen des hommes est de 39 ans. La tranche d’âge de 25 à 49 ans représente 54,8%. Pour l’ensemble des deux régions, les hommes de 50 ans et plus représentent 27% des enquêtés contre 11, 8% chez les femmes de cet âge.

2.2. Niveau d’instruction La majorité des femmes n’ont pas fréquenté l’école (tableau 6). Elles représentent 72% des femmes enquêtées, dont 77% à l’Est et 67,2% au Sud-ouest. Les femmes de la région du Sud-ouest sont plus scolarisées que celles de l’Est (32,8% contre 23,0%). Pour ce qui est des hommes, 36,6% ont fréquenté l’école, dont 34,7% à l’Est et 38,6 dans le Sud- ouest. Il n’existe pas de différence significative entre les hommes dans les deux régions, a contrario de ce qui se constate entre eux et les femmes (28%).

Tableau 6: Répartition des femmes et des hommes enquêtés en fonction de la fréquentation scolaire Sexe FEMMES HOMMES Sud- TOTAL Sud- TOTAL A fréquenté Est Ouest Proportion Effectifs Est Ouest Proportion Effectif l’école (%) (%) (%) (N) (%) (%) (%) s (N) Oui 23,0 32,8 28,0 221 34,7 38,6 36,6 129 Non 77,0 67,2 72,0 568 65,3 61,4 63,4 223 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Effectifs (N) 387 402 100,00 789 176 176 100,0 352 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

L’alphabétisation touche plus les femmes (8%) et les hommes (8,5%) de l’Est que les femmes (2,2%) et les hommes (2,3%) du Sud-Ouest (cf. tableau 7)

Tableau 7: Répartition des hommes en fonction du type d’instruction et du niveau de scolarisation FEMMES HOMMES Sexe TOTAL Sud- TOTAL Type Est Sud- Proportion Effectifs Est Ouest Proportion Effectif d’instruction (%) Ouest(%) (%) (N) (%) (%) (%) s (N) Aucun 65,6 62,4 64,0 505 47,7 54,0 50,9 179 Coranique 3,4 2,5 2,9 23 9,1 5,1 7,1 25 28

Alphabétisé 8,0 2,2 5,1 40 8,5 2,3 5,4 19 Primaire 11,6 19,7 15,7 124 17,0 21,6 19,3 68 Secondaire 11,4 13,2 12,3 97 17,6 17,0 17,3 61 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Effectifs (N) 387 402 100,0 789 176 176 100,00 352 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

La proportion d’alphabétisés plus élevée dans l’Est que dans le Sud-ouest s’explique par le fait que les cinq provinces de cette région font partie des 20 provinces prioritaires en matière de scolarisation. De nombreuses actions y sont entreprises par le gouvernement et ses partenaires au développement. Pour compenser la faible scolarisation, des ONG comme ‘‘Tin Tua’’ mènent essentiellement des activités dans le domaine de l’alphabétisation et sa présence dans l’Est a contribué à faire de l’alphabétisation des adultes une des réalités de cette région.

2.3. Occupation principale Dans l’ensemble, les principales occupations des femmes sont l’agriculture (40,6%), le commerce (23,1%) et les travaux ménagers (21,5%). L’agriculture occupe plus de la moitié des femmes dans la région de l’Est (55,3%) contre 26,4% des femmes du Sud-Ouest. Par contre le commerce est plus pratiqué par les femmes du Sud-Ouest (30,8%) contre 15 % pour celles de l’Est. La majorité des hommes enquêtés sont des agriculteurs (64,8 %). Seulement 11,1% sont dans le commerce. Les autres activités telles que l’élevage, l’artisanat occupent moins les populations enquêtées (cf. Tableau8).

Tableau 8: Répartition des femmes et des hommes en fonction de l’occupation principale exercée Sexe FEMMES HOMMES Sud- Ensemble Sud- Ensemble Occupation Est Ouest Proportion Effectifs Est Ouest Proporti Effectif principale (%) (%) (%) (N) (%) (%) on (%) s (N ) élève/étudiant 3,1 4,7 3,9 31 5,1 1,7 3,4 12 Sans emploi 4,7 7,0 5,8 46 2,8 4,0 3,4 12 Agriculture 55,3 26,4 40,6 320 65,3 64,2 64,8 228 Elevage 0,5 0,5 0,5 4 3,4 1,7 2,6 9 Artisanat 1,3 1,5 1,4 11 2,3 4,0 3,1 11 Commerce 15,0 30,8 23,1 182 10,8 11,4 11,1 39 Emploi salarié à la Fonct. Publique 0,3 1,2 0,8 6 4,0 2,8 3,4 12 Emploi salarié privé/ ONG 1,8 2,5 2,2 17 5,1 10,2 7,7 27 Ménage 17,8 25,1 21,5 170 ------Autres 0,3 0,2 0,3 2 1,1 0,0 0,6 2 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Effectif (N) 387 402 100,0 789 176 176 100,0 352 29

Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

2.4. Situation matrimoniale. Concernant la situation matrimoniale, 72,1% des femmes et 72,8 des hommes enquêtés déclaraient être mariés ; la polygamie est plus développée dans la région de l’Est que dans le Sud-Ouest. En effet, 43,9% des femmes et 35,2% des hommes de la région de l’Est ont déclaré être des polygamiques, contre 25,4% pour les femmes et 19,3% pour les hommes du Sud-Ouest. Par contre la proportion de veuves dans la région du Sud-Ouest est non négligeable. Elles représentent 10,4% contre 2,6% pour la région de l’Est (cf. tableau 9).

Tableau 9: répartition des femmes et des hommes enquêtés en fonction de la situation matrimoniale

Sexe FEMMES HOMMES Sud- TOTAL Sud- TOTAL Situation Est Ouest Proportion Effectifs Est Ouest Proportion Effectif matrimoniale (%) (%) (%) (N) (%) (%) (%) s (N) Célibataire 12,1 20,1 16,2 128 15,9 29,5 22,7 80 Mariée monogame 38,0 37,3 37,6 297 46,0 44,9 45,5 160 Mariée polygame 43,9 25,4 34,5 272 35,2 19,3 27,3 96 Fiancée 0,8 0,7 0,8 6 1,1 1,1 1,1 4 Divorcée 0,3 0,5 0,4 3 0,0 1,1 0,6 2 Séparée 0,5 0,7 0,6 5 0,0 0,6 0,3 1 Union libre (concubinage) 1,8 4,7 3,3 26 1,1 2,3 1,7 6 Veuve 2,6 10,4 6,6 52 0,6 1,1 0,90 3 Total (%) 100.0 100.0 100.0 100.0 Effectif (N) 387 402 100.0 789 176 176 100.0 352 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Concernant le type d’union, peu de femmes qui vivent ou qui ont vécu en union (8,9%) ont fait le mariage civil. Dans la région du Sud-Ouest 11% des femmes ont célébré le mariage civil contre 6,8% pour celles de la région de l’Est. La majorité des femmes se sont mariées selon les règles de la coutume (48,9%) ou de la religion (32,1%). (cf. tableau 10).

Tableau 10: Répartition des femmes enquêtées en fonction du type d'union 30

Région FEMMES Ensemble Est Sud-Ouest Proportion Types d'union (%) (%) (%) Effectifs (N) civil 6,8 11,0 8,9 58 coutumier 45,7 52,2 48,9 320 religieux 36,2 27,7 32,1 210 coutumier+religieux 9,2 3,1 6,3 41 Union libre 2,1 6,0 4,0 26 Total 100 100 Effectifs 337 318 100 655 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Pour les hommes, on observe la même tendance que chez les femmes. En effet, très peu d’hommes qui vivent ou qui ont vécu en union ont fait le mariage civil (6,0%). Beaucoup ont fait plutôt le mariage religieux (35,1%) et surtout coutumier (56,7%) ; (cf. tableau 11.)

Tableau 11: répartition des hommes enquêtés en fonction du type d'union Région Ensemble Est Sud-Ouest Proportion Types d'union (%) (%) (%) Effectifs (N) Mariage civil 7,5 4,1 6,0 16 Mariage coutumier 51,4 63,1 56,7 152 Mariage religieux 39,7 29,5 35,1 94 1,4 3,3 2,2 6 Total 100 100 Effectifs 146 122 100 268 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

L’âge moyen des hommes à la première union est de 24,7 ans. En fonction des régions, il est de 24,6 ans dans l’Est et 24,9 ans dans le Sud-Ouest. Chez les femmes, l’âge moyen à la première union est de 18,1 ans pour l’ensemble des deux régions. Il n’existe pas de différence significative entre les deux régions (17,9 ans dans l’Est et de 18,1 ans dans le Sud-Ouest). Même si l’âge moyen à la première union observée dans les deux régions est au dessus de l’âge légal du mariage (17 ans), il importe de souligner l’importance du mariage précoce. Les fréquences cumulées montrent que dans l’ensemble des deux régions, 20% des femmes ont été mariées entre 10 et 16 ans. (15,6% dans l’Est et 24,6% dans le Sud-ouest)

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Tableau 12: Age des femmes enquêtées à la première union en fonction des régions

Région EST SUD-OUEST ENSEMBLE Proport Fréquenc Effectif Propo Fréquence Effectifs Proportio Fréquences Effectifs ion (%) es s rtion s cumulées n (%) cumulées Age cumulées (%) (%) (%) 10 ans 0,0 0,0 0 0,3 0,3 1 0,2 0,2 1 11 ans 0,3 0,3 1 0,3 0,6 1 0,3 0,5 2 12 ans 0,6 0,9 2 0,3 0,9 1 0,5 0,9 3 13 ans 0,6 1,5 2 0,0 00 0,0 0,3 1,2 2 14 ans 1,2 2,6 4 2,8 3,7 9 2,0 3,2 13 15 ans 6,2 8,8 21 11,2 15 36 8,6 11,8 57 16 ans 6,8 15,6 23 9,7 24,6 31 8,2 20,0 54 17 ans 33,5 49,1 114 10,6 35,2 34 22,4 42,4 148 18 ans 10,6 59,7 36 10,6 45,8 34 10,6 53,0 70 19 ans 12,9 72,6 44 10,9 56,7 35 12,0 64,9 79 20 ans 10,3 82,9 35 13,7 70,4 44 12,0 76,9 79 21 ans 3,8 86,8 13 2,5 72,9 8 3,2 80,0 21 22 ans 2,4 89,1 8 4,7 77,6 15 3,5 83,5 23 23 ans 1,8 90,9 6 3,7 81,3 12 2,7 86,2 18 24 ans 1,2 92,1 4 1,2 82,6 4 1,2 87,4 8 25 ans et plus 3,5 95,6 12 6,9 89,4 22 5,1 92,6 34 Ne sais pas 1,5 97,1 5 3,4 92,8 11 2,4 95,0 16 Sans réponse 2,9 100 10 7,2 100 23 5,0 100 33 Total 100 340 100 321 100.0 661 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

2.5. Existence juridique des enquêtés La notion de l’existence juridique fait référence à la possession par les enquêtés des documents juridiques. On constate que l’acte de naissance ou le jugement supplétif et la carte d’identité sont les documents que déclarent posséder la majorité des enquêtés. Toutefois, on constate que 19,3% des femmes contre 7,1% des hommes ne possèdent aucun document juridique, soit un écart de 12,2 points entre hommes et femmes.

Tableau 13: Répartition des enquêtés en fonction de la possession des documents juridiques

Sexe FEMMES HOMMES

Est Sud-Ouest Ensemble Est Sud-Ouest Ensemble Documents (%) (%) (%) (%) (%) (%) Possédés Acte de Naissance ou 74.4 72.6 73.5 75.0 85.8 80.4 jugement Supplétif Carte d'identité 42,1 55,0 48,7 66,5 71,6 69,0 Acte de mariage 3,4 5,2 4,3 5,1 2,3 3,7 Acte de divorce 0,3 0,0 0,1 0,0 0,0 0,0 Aucun 23,8 14,9 19,3 9,7 4,5 7,1 Effectifs 387 402 789 176 176 352 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006 32

III. CONNAISSANCES ET APPROBATION DES DROITS DES FEMMES

3.1. Niveau de connaissance et approbation des droits La connaissance et l’approbation des droits des femmes/filles par les populations constituent un aspect important dans l’application et la promotion de ces droits. Au niveau de la connaissance, 71,6% des femmes enquêtées reconnaissent des droits à la femme (74,2% l’Est contre 69,2% au Sud ouest). Ce pourcentage est de 78,1% pour les hommes (76,7% à l’Est contre 79,5% au Sud Ouest) (cf. tableau 14). A la question de savoir si la femme mérite d’avoir les mêmes droits que l’homme, moins de la moitié des enquêtés ont répondu par l’affirmative. Il est aussi surprenant de constater que les femmes (46%) qui pensent qu’elles ne méritent pas d’avoir les mêmes droits que les hommes soient presque aussi nombreuses que les hommes (47,4%). Selon les régions, ces proportions sont de 45,5% à l’Est et de 46,5% au Sud-ouest pour les femmes contre 48,9% à l’Est et 46% au Sud-ouest-Ouest pour les hommes. Cela est probablement lié aux conditions de leur socialisation. Comme l’a dit une enquêtée de 26 ans, mariée, non scolarisée lors du focus group réalisé avec les femmes de Bogandé « L’homme et la femme ne doivent pas avoir les mêmes droits, du fait que les femmes quittent leurs familles pour rejoindre les hommes. Cependant, filles et garçons ont les mêmes droits, mais pas la femme et l’homme ».

Tableau 14 : Répartition des enquêtés en fonction de la connaissance et de l’approbation des droits de la femme

Les femmes ont- elles des droits ? Sexe FEMMES HOMMES EST SUD OUEST Ensemble Est Sud-Ouest ENSEMBLE Modalités (%) (%) % (N) (%) (%) % (N) Oui 74,2 69,2 71,6 565 76,7 79,5 78,1 275 Non 6,5 12,9 9,8 77 9,1 10,8 9,9 35 Ne sais pas 19,4 17,9 18,6 147 6,8 9,7 8,2 29 Sans réponse 0 0 0 0 7,4 0,0 3,7 13 Total 100 100 100 789 100 100 100 352 Effectif 387 402 176 176 La femme mérite t- elle d’avoir les mêmes droits que l’homme ? Oui 39,8 34,3 37,0 292 42,0 41,5 41,8 147 Non 46,5 45,5 46,0 363 48,9 46,0 47,4 167 Ne sait pas 13,7 20,1 17,0 134 9,1 12,5 10,8 38 Total 100 100 100 789 100 100 100 352 Effectif (N) 387 402 176 176 Source : enquête CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006 33

3.2. Catégories de droits connus Quant on s’intéresse aux catégories de droits, les données révèlent dans l’ensemble un faible niveau de connaissance des enquêtés. Ce sont les droits sociaux qui sont les plus connus par les enquêtés. Cette catégorie de droit est aussi connue par les femmes que par les hommes. Les droits les plus cités sont surtout le droit à la santé (56,1% des femmes dans l’Est et 25,6% dans le Sud ouest ; 58,5% dans l’Est et 36,4% dans le Sud Ouest pour les hommes), le droit aux votes et aux postes politiques (33,1% à l’Est et 34,3% au Sud Ouest pour les femmes contre 11,9% et 13,1% pour les hommes) et le droit à l’éducation (30% et 30,6% pour les femmes contre 39,2% et 40,9% pour les hommes). Les autres catégories de droits sont peu connues par l’ensemble des enquêtés. Cependant, les hommes connaissent mieux les droits des femmes que les femmes elles-mêmes. Une proportion non négligeable d’hommes reconnaît les droits économiques (droit d'entreprendre et de posséder des biens : 27,8% à l’Est et 25,6% au Sud ouest), droit à la formation et au savoir (respectivement 24,4% et 11,9%), les droits civils (droit à la parole, 22,7% et 14,8%), droit à l'intégrité physique (10,2% et 14,8%). Le pourcentage des femmes qui ne connaissent aucun droit est très élevé par rapport à celui des hommes, surtout dans la région de l’Est. En effet, dans la région de l’Est 19,4% des femmes ne connaissent aucun droit contre 11,4% des hommes. Dans le Sud Ouest les femmes sont 15,2% contre seulement 5,7% pour les hommes. (cf. tableau 15).

Tableau 15: Répartition des enquêtés selon leur connaissance des différents droits de la femme Sexe FEMMES HOMMES SUD SUD EST ENSEMBLE DROITS CONNUS OUEST EST OUEST ENSEMBLE % % (%) (N) % % % N

Droit à la santé 56,1 25,6 40,6 320 58,5 36,4 47,4 167

Droit à l'éducation DROITS SOCIAUX 30,0 30,6 30,3 239 39,2 40,9 40,1 141

Droit à l'identité 11,1 16,4 13,8 109 11,4 7,4 9,4 33

Droit à l'intégrité physique 10,6 3,5 7,0 55 10,2 14,8 12,5 44

Droit à la vie associative 13,2 10,7 11,9 94 13,1 9,7 11,4 40

Droit à la parole 0,5 0,2 0,4 3 22,7 14,8 18,8 66

Droit à l'héritage - 0,2 0,1 1 6,3 6,8 6,5 23 Droit d'avoir la garde des enfants DROITS CIVILS en cas de divorce 0,5 0,2 0,4 3 3,4 2,8 3,1 11 Droit aux votes et aux postes CIVIQUE/POLITIQUE politiques 33,1 34,3 33,7 266 11,9 13,1 12,5 44

DROITS Droit à la formation et au savoir ECONOMIQUES 4,4 7,7 6,1 48 24,4 11,9 18,2 64 34

Droit de gérer ses biens - 0,2 0,1 1 13,1 4,0 8,5 30

Droit d'entreprendre et de posséder 0,3 0,2 0,3 2 27,8 25,6 26,7 94

Droit à la terre - 0,2 0,1 1 8,5 1,7 5,1 18

NSP 3,1 3,5 3,3 26 10,2 7,4 8,8 31

Aucun droit 19,4 15,2 17,2 136 11,4 5,7 8,5 30 352 EFFECTIF 387 402 789 176 176 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006

3.3. Raisons évoquées par les enquêtés pour approuver ou désapprouver l’égalité des droits entre l’homme et la femme A la question de savoir pourquoi les enquêtés pensent que la femme mérite ou ne mérite pas d’avoir les mêmes droits que l’homme, le tableau 16 résume les raisons évoquées. La première raison avancée par ceux qui ont répondu par l’affirmative, c’est que la femme est aussi un être humain comme l’homme : 18,1% dans l’Est et 16,9% dans le Sud ouest pour les femmes contre 24,4% dans l’Est et 22,2% dans le sud Ouest pour les hommes. Cela est confirmé par un des enquêté lors du focus group avec les hommes de Midebdo lorsqu’il déclare : « L’homme et la femme ont les mêmes droits, ils ont les mêmes capacités, de nos jours les femmes peuvent être même des gendarmes ». Un autre femme, lors du focus group mixte à Natiaboani déclarait ceci : « l’homme et la femme ont les mêmes droits parce qu’ils sont tous des être humains. Ils sont nés de la même manière et ont les mêmes sentiments »

Quant à ceux qui évoquent la supériorité de l’homme sur la femme pour ne pas leur reconnaître les mêmes droits, on note 23,9% pour l’ensemble des hommes enquêtés des deux régions contre 27,4% pour les femmes. Il en ressort que la proportion des femmes qui accordent un statut de supériorité à l’homme est plus importante que la proportion des hommes qui revendiquent ce statut. On observe par ailleurs une proportion plus élevée des hommes dans le Sud-Ouest (respectivement 26,7% et 21,0%) (cf. Tableau15). L’enquête qualitative montre également que la plupart des hommes pensent que la femme ne peut pas être chef de famille parce que c’est l’homme qui marie la femme. Les propos suivants recueillis lors du focus group avec les hommes de 25 à 49 ans à Midebdo dans le Noumbiel illustrent bien cette perception: « A mon avis, la femme doit être toujours à l’écoute de son mari, l’homme est supérieur à la femme car c’est lui qui marie la femme et l’amène à la maison, et il est responsable de la femme. La différence entre les droits de l’homme et de la femme,

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c’est le fait que l’homme est le maître de la famille. » A Dano dans le Ioba, au cours des discussions avec les hommes de 25 à 49 ans, un participant déclarait : « La femme reste femme, l’homme reste l’homme. Si une femme veut dépasser ses droits, elle devient homme ».

Tableau 16: Répartition des enquêtés selon les raisons qui justifient leur acceptation ou non de l’égalité des droits pour les femmes et les hommes La femme mérite d'avoir les mêmes droits que l'homme parce que : FEMMES HOMMES Sexe SUD Raisons évoquées EST ENSEMBLE Est Sud-Ouest Ensemble OUEST La femme est égale à l'homme 13,7 11,4 12,5 16,5 18,8 17,6 La femme est un être humain 18,1 16,9 17,5 24,4 22,2 23,3 On nous a éduqué dans ce sens 1,0 0,7 0,9 2,3 1,1 1,7 Cela participe à une certaine justice 4,9 5,7 5,3 4,5 3,4 4,0 Cela participe au développement 12,4 5,0 8,6 16,5 8,0 12,2 Effectifs (N) 387 402 789 176 176 352 La femme ne mérite pas d'avoir les mêmes droits que l'homme par ce que : L'homme est supérieur à la femme 27,9 26,9 27,4 26,7 21,0 23,9 L'homme travaille plus que la femme 6,5 9,5 8,0 15,3 13,1 14,2 L'homme est responsable de tout dans la famille 23,8 19,7 21,7 25,6 17,0 21,3 Effectifs (N) 387 402 789 176 176 352 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006

Les violences faites aux femmes Certaines femmes et jeunes filles soutiennent que le mari a un droit de correction sur sa femme. Lors du focus group organisé avec les filles de 15-17 ans à Bogandé, une de 16 ans, de niveau de la classe de 4 ème a dit : « Un homme a le droit de corriger sa femme pour que sa femme soit correcte ». Une autre de 17 ans, du niveau de la classe de 3ème renchérit : « Le mari a le droit de corriger sa femme parce qu’il y’a des femmes qui ne s’occupent même pas bien de leurs enfants. Il y’a des femmes aussi, elles vont laisser leur mari et aller chercher des garçons dehors. Quand c’est comme ça, le mari doit la corriger ». A la question de savoir si l’homme a le droit de battre sa femme, une femme de Bogandé de 28 ans répond en ces termes : « Oui, il peut la châtier si elle

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persiste dans la désobéissance » focus femmes 25-49 ans, Bogandé . Ceci signifie que les violences de l’homme sur la femme sont perçues par certaines d’elles comme étant dans l’ordre normal des choses. Ce qui confirme les analyses faites par l’OMS 2 sur l’approbation par certaines femmes de la violence par elles subie. Tableau 17 : Répartition des enquêtés en fonction des catégories de droits approuvés sexe FEMMES HOMMES SUD EST SUD OUEST ENSEMBLE EST OUEST ENSEMBLE DROITS APPROUVES % % % (N) % % % N

Droit à la santé 57,9 26,4 41,8 330 58,5 30,1 44,3 156

Droit à l'éducation DROITS SOCIAUX 29,5 31,3 30,4 240 33,0 37,50% 35,2 124

Droit à l'identité 18,9 16,2 17,5 138 14,8 1,70% 8,2 29

Droit à l'intégrité physique 17,6 4,5 10,9 86 14,8 10,20% 12,5 44

Droit à la vie associative 8,3 9,2 8,7 69 12,5 6,8 9,7 34

Droit à la parole 0,8 0,2 0,5 4 19,9 9,1 14,50 51

Droit à l'héritage 4,4 4,5 4,4 35 8,0 2,8 5,4 19 Droit d'avoir la garde des DROITS CIVILS enfants en cas de divorce 0,8 0,2 0,5 4 2,3 1,7 2,0 7 CIVIQUE/POLITIQ Droit aux votes et aux postes UE politiques 11, 6 6,7 9,1 72 15,3 9,7 12,5 86 Droit à la formation et au savoir 1,3 0,5 0,9 7 26,1 8,5 17,3 25

Droit de gérer ses biens 1,0 0,2 0,6 5 14,8 2,3 8,5 61 Droit d'entreprendre et de posséder 0,8 0,2 0,5 4 27,8 21,0 24,4 30 DROITS Droit à la terre ECONOMIQUES 1,0 0,2 0,6 5 11,9 2,3 7,1 25

NSP 8,8 8,7 8,7 69 0,6 0,6 0,6 2

Aucun droit 8,8 8,7 8,7 69 1,1 0,6 0,9 3 TOTAL 100 100 100 100 100 100

EFFECTIFS (N) 387 402 789 176 176 352 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006

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2 OMS, 1997 : les violences contre les femmes, WHD, Genève, 45p

Le respect ou l’application des droits de la femme implique non seulement la connaissance, mais aussi l’approbation de ces droits. Les données du tableau 17 montrent que l’approbation des droits est corrélée à la connaissance desdits droits..On retrouve presque les mêmes proportions au niveau de la connaissance qu’au niveau de l’approbation. Il s’agit par ordre d’importance, du droit à la santé, du droit de vote, du droit à l’éducation. On constate également que les hommes approuvent plus les droits des femmes que les femmes elles-mêmes.

3.4. Sources d’information sur les droits des femmes. Plusieurs canaux d’information ont concouru à informer les populations sur les droits des femmes. Pour l’ensemble des deux régions, la principale source d’information est la radio, suivie des causeries, des discussions et la télévision. Cependant, lorsqu’on considère le sexe, on s’aperçoit que la proportion des hommes qui sont informés par la radio est approximativement deux fois supérieure à celle des femmes. De même, il existe une différence significative pour ce qui est de la télévision (11,5% pour les femmes, contre 17,2% pour les hommes). Cela pourrait s’expliquer par le fait que les femmes ne possèdent généralement pas des postes radios ou du fait que leurs occupations ne leur permettent pas de suivre les émissions à la radio ou à la télévision. Autre constat important à relever est la proportion assez élevée (23,9%) des femmes de l’Est qui ont pour sources d’informations les causeries débats contre seulement 15% pour celles du Sud-Ouest. Le même constat est fait au niveau des agents sociaux (10,8% contre 1,4%) (cf. tableau 18). Tableau 18 : Répartition des enquêtés ayant entendu parler des droits de la femme en fonction des canaux d'information FEMMES Sexe HOMMES Sud- Sud- Est Ensemble Est Ensemble Ouest Ouest Canaux d’information (%) (%) (%) (%) (%) (%) Radio 26,4 26,6 26,5 42,7 49 45,7 Causeries/Discussions 23,9 15 19,4 16,4 20 18,1 Télévision 8 15 11,5 15,8 18,7 17,2 Amis 10,2 7,1 8,6 9,9 6,5 8,3 Parents 15,1 9 12 9,9 5,8 8 Journaux 2 2,8 2,4 6,4 9 7,7 Chefs coutumiers/religieux 5,4 1,7 3,5 7,6 6,5 7,1 Agents sociaux 10,8 1,4 6,1 9,4 1,9 5,8 Enseignant/e 1,4 4,5 3 6,4 3,9 5,2 ONG/Association 3,4 2,5 3 8,2 1,9 5,2 Personnel de santé 3,1 0,6 1,8 2,3 0,6 1,5 Autorités administratives 1,7 0,6 1,1 3,5 0,6 2,1 Affiches 0 0 0 1,8 1,3 1,5 Théâtre 2,6 0 1,3 2,9 1,9 2,5

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Autres 6 4,8 5,4 7 2,6 4,9 Effectif d’ensemble (N) 352 354 706 171 155 326 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

IV. VIOLATION DES DROITS ET VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

4.1. Niveau des connaissances des violences faites aux femmes Dans l’ensemble, les données montrent que le pourcentage d’hommes ayant déjà entendu parler des violences faites aux femmes est plus élevé que celui des femmes. C’est le même constat à l’intérieur d’une même région. Ainsi, 72,2% des femmes enquêtées déclarent avoir déjà entendu parler des violences qui leur sont faites. La différence entre les deux régions n’est pas significative (71,3% dans l’Est contre 73,1% dans le Sud-ouest). Les hommes représentent 77,6% dans l’ensemble des deux régions à avoir déjà entendu parler des violences faites aux femmes. La proportion est la même dans les deux régions : 77,8% à l’Est et 77,3% au Sud-ouest. (Cf. tableau 19). Tableau 19: Connaissances des violences selon le sexe et par région Région FEMMES HOMMES

Total Total Déjà entendu parler EST SUD Proportions Effectif EST Sud-Ouest Proportions Effectif des violences (%) OUEST (%) (%) (N) (%) (%) (%) (N) Oui 71,3 73,1 72,2 570 77,8 77,3 77,6 273 Non 28,7 26,9 27,8 219 22,2 22,7 22,4 352 100,0 100,0 100,0 Total (%) 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 387 402 789 176 176 352 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006

Si l’on considère le niveau d’instruction atteint, la connaissance des violences faites aux femmes varie. L’analyse selon le niveau d’instruction (scolarisé et non scolarisé) montre que 80,9% des femmes scolarisées de la région de l’Est ont déjà entendu parler des violences faites aux femmes contre 68,5% des non scolarisées. Au Sud-ouest, la proportion est de 87,9% contre 65,9%. Pour ce qui est des hommes, les données montrent que 95,1% des scolarisés contre 68,7% des non scolarisés déclarent avoir déjà entendu parler des violences faites aux femmes. Au Sud-ouest, on constate que 85,3% des scolarisés contre 72,2% de non scolarisés on déclaré avoir déjà entendu de parler des violences faite aux femmes et aux filles. A l’Est, ces proportions sont respectivement de 95,1% contre 68,7% (cf. tableaux 20 et 21).

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Tableau 20: Connaissances des violences par les femmes selon la région, et le niveau d'instruction

Niveau d’instruction REGION DE L'EST Scolarisé Total Non scolarisé Déjà (%) Effectifs (%) Proportions (%) entendu parler des violences (N)

Oui 68,5 80,9 71,3 276

Non 31,5 19,1 28,7 111 100 Total (%) 100,0 100,0 Ensemble (N) 298 89 387 REGION DU SUD OUEST

Oui 65,9 87,9 73,1 294

Non 34,1 12,1 26,9 108

Total (%) 100,0 100 402 Ensemble (N) 270 132 100,0 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006

Tableau 21: Connaissances des violences faites aux femmes par les hommes par région et par niveau d'instruction

Niveau d’instruction REGION DE L'EST Total Scolarisé Non scolarisé (%) (%) Proportions Effectifs Déjà entendu (%) (N) parler des violences 95,1 Oui 68,7 77,8 137

Non 31,3 4,9 22,2 39 100 Total (%) 100,0 100,0 Ensemble (N) 115 61 176 REGION DU SUD OUEST

Oui 72,2 85,3 77,3 136

Non 27,8 14,7 22,7 40

40

100 Total (%) 100,0 100,0 Ensemble (N) 108 68 176 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Selon l’état matrimonial, les femmes mariées dans des foyers monogamiques (76,2%) et polygamiques (71,2%) sont les plus nombreuses à avoir déjà entendu parler des violences faites aux femmes dans la région de l’Est. Ces proportions sont de 73,3% pour les femmes mariées dans un foyer monogame et 77,5% des polygames dans la région du Sud-ouest. Il est aussi important de noter que les veuves de l’échantillon représentent 60% dans l’Est et 71,4% dans le Sud-ouest qui ont déjà entendu parler des violences faites aux femmes. La spoliation subie par ces veuves, qui est un acte de violences exercées sur elles, explique ces pourcentages élevés. Les célibataires sont un peu plus que la moitié (57,4%) dans l’Est à déclarer avoir déjà entendu parler des violences. Elles sont aussi nombreuses que les mariées ou les veuves (72,8%) dans le sud-ouest (cf. tableau 22). Tableau 22: Connaissances des violences par les femmes selon la région et la situation matrimoniale EST Situation matrimoniale

Déjà Mariée Mariée Fiancée Divorcée Séparée Union libre Veuve Total entendu parler Célibataire monogame polygame (%) (%) (%) (concubinage) (%) Proportions Effectif des violences (%) (%) (%) (%) (%) (N) Oui 57,4 76,2 71,2 100,0 0,0 100,0 71,4 60 71,3 276 Non 42,6 23,8 28,8 0,0 100,0 0 28,6 40 28,7 111 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 47 147 170 3 1 2 7 10 387 SUD OUEST Oui 72,8 73,3 77,5 33,3 50 0 73,7 71,4 73,1 294 Non 27,2 26,7 22,5 66,7 50 100,0 26,3 28,6 26,9 108 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 81 150 102 3 2 3 19 42 402 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Pour les hommes, les célibataires représentent 85,7% et les mariés monogames 75,3% dans la région de l’Est à avoir déjà entendu parler de violences faites aux femmes et aux enfants. Au Sud- Ouest, ces proportions sont respectivement de 71% et 82% (cf. tableau 23). Tableau 23: Connaissances des violences par les hommes selon la région et la situation matrimoniale

REGION DE L'EST Situation matrimoniale marié marié Union Total Déjà entendu Célibataire monogame polygame Fiancé Divorcé Séparé libre Veuf Proportions Effectif parler des violences (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (N) Oui 85,7 75,3 79,0 50,0 50,0 100,0 77,8 137 41

Non 14,3 24,7 21,0 50,0 50,0 0,0 22,2 39 Total (%) 100 100 100,0 100,0 100,0 100,0 100 Effectif (N) 28 81 62 2 2 1 176 REGION DU SUD OUEST Oui 71,0 82,0 68,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 77,0 136 Non 29,0 18,0 32,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 23,0 40 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 52 79 34 2 2 1 4 2 176 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Pour l’ensemble des deux régions, les femmes de la tranche d’âge 25-49 ans sont celles qui sont les plus informées par rapport aux violences faites aux femmes (75,7% à l’Est et 75,6% au Sud-Ouest). Lorsque l’on considère les régions, la proportion des femmes de 50 ans et plus qui ont des connaissances sur les violences faites aux femmes dans la région de l’Est (57,5%) est moins élevée que dans le Sud Ouest (73,6%). Cette spécificité dans le Sud Ouest s’explique-t-elle par l’ampleur des violences qui touchent tous les âges ou par l’intensité des actions qui sont menées par les ONG et associations et services étatiques? (cf. tableau 24).

Tableau 24: Connaissances des violences par les femmes selon la région et le groupes d’âge.

Groupe d’âge EST

Total Déjà 15 à 24 ans 25 à 49 ans 50 ans et plus entendu parler des violences (%) (%) (%) Proportions (%) Effectifs (N) Oui 66,7 75,7 57,5 71,3 276 Non 33,3 24,3 42,5 28,7 111

Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Effectif (N) 108 239 40 387 SUD OUEST Oui 67,3 75,6 73,6 73,1 276 Non 32,7 24,4 26,4 26,9 108

Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Effectifs (N) 107 242 53 402 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

On constate que la tranche des 25-49 ans reste le groupe au sein duquel on note une proportion élevée de ceux qui ont déjà entendu parler de violences faites aux femmes. Les hommes de 50 ans et plus représentent plus de 70% à l’Est comme au Sud-Ouest à avoir déjà entendu parler de violences alors que chez les femmes de l’Est elle n’était que 57,5%. (cf. tableau 25).

Tableau 25: Connaissances des violences par les hommes selon la région et le groupe d’âge. Groupe d’âge REGION DE L'EST Total Déjà 15 à 24 ans 25 à 49 ans 50 ans et plus entendu parler des violences (%) (%) (%) Proportions (%) Effectifs (N) 42

Oui 84 80,9 70,2 77,8 137 Non 16 19,1 29,8 22,2 39 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Effectif (N) 25 94 57 176 REGION DU SUD OUEST Oui 66,7 81,8 76,3 77,3 136 Non 33,3 18,2 23,7 22,7 40 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 39 99 38 176 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Selon la religion, le niveau de connaissance des femmes sur les violences varie. En effet, pour la région de l’Est, les femmes de religion musulmane représentent la proportion la plus élevée de celles qui ont déjà entendu parler des violences (75,2% contre seulement 24,8% qui n’en ont jamais entendu parler). Viennent ensuite les femmes de la religion catholique qui représentent 65,9%. Dans la région du Sud-ouest, les femmes protestantes (87,9%) sont les plus nombreuses à avoir entendu parler des violences faites aux femmes et aux filles, suivies des femmes catholiques (79,8%) et les femmes musulmanes (73,4%) (cf. tableau 26). Tableau 26: Connaissances des violences par les femmes selon la région et la religion Religion REGION DE l’EST Déjà Total entendu parler Musulmane Catholique Protestant Traditionnelle Aucune Proportions Effectifs des violences (%) (%) (%) (%) (%) (%) (N) Oui 75,2 65,9 68,4 88 0,0 71,3 276 Non 24,8 34,1 31,6 12 100,0 28,7 111 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Effectif (N) 161 123 76 25 2 387 REGION DU SUD OUEST Oui 73,4 79,8 87,9 61,7 69,8 73,1 294 Non 26,6 20,2 12,1 38,3 30,2 26,9 108 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 128 104 33 94 43 402 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

A l’Est (97,1%) comme au Sud-Ouest (85,7%) des protestants sont les plus nombreux à avoir entendu parler des violences faites aux femmes (cf. tableau 27).

Tableau 27: Connaissances par les hommes des violences faites aux femmes selon la région et la religion

Religion REGION DE L'EST Déjà Total entendu parler Musulmane Catholique Protestant Traditionnelle Aucune Proportions Effectif des violences (%) (%) (%) (%) (%) (%) (N) Oui 78,6 70,2 97,1 60,0 77,80% 137 Non 21,4 29,8 2,9 40,0 22,20% 39

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Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 100,00% Effectif (N) 70 57 34 15 176 REGION DU SUD OUEST Oui 80,8 84,0 85,7 76,1 50,0 77,3 136 Non 19,2 16,0 14,3 23,9 50,0 22,7 40 Total (%) 100,0 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 Ensemble (N) 52 25 14 71 14 176 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

4.2. Définition des violences faites aux femmes selon les enquêtés

4.2.1. Comment les femmes définissent-elles les violences ?

Les tendances des définitions qui se dégagent, font référence à ‘‘tout ce qui constitue des souffrances pour la femme’’, quelle que soit l’origine de ces violences. Les données montrent que 70% des femmes enquêtées dans l’Est et 51% de celles du Sud-Ouest sont pour cette assertion. 27% des femmes de la région du Sud-Ouest et 7,2% de celles de l’Est ont défini la violence comme un acte qui est fait à la femme pour lui faire mal parce qu’elle est femme. Lorsqu’on demande aux femmes de définir les violences faites aux femmes à travers deux variables, (définition1 et 2), les réponses touchaient généralement aux refus du mari de manger les repas , de contribuer aux dépenses des ménages , aux injures sournoises rappelant souvent à la femme sa très modeste condition sociale , à des insultes assimilant la femme aux animaux ayant constitué sa dot , etc.

4.2.2. Comment les hommes définissent-ils les violences faites aux femmes ? Pour les hommes, les violences faites aux femmes se réfèrent au mauvais traitement de la femme. Lors d’un focus-group avec les hommes du Ioba, un homme précisait que « ce mauvais traitement se traduit souvent par la bagarre entre un homme et sa femme et qui s’en suit de coups et d’insultes ». (focus group des hommes de 50 ans et plus Hamélé).Un autre renchérit que les violences ne sont pas seulement des coups assénés à sa femme, mais c’est aussi quand on décide d’avoir des copines ou des maîtresses en refusant à la femme ce que nous les hommes croyons normal pour nous. Tout le monde sait que l’infidélité est défendue systématiquement chez la femme dagara, au risque de mettre en péril sa vie et celle de son époux ; pourtant ce n’est pas le cas pour les hommes. Pour moi, c’est une violence faite contre elle » (focus group des hommes de 50 ans et plus, Hamélé) Un autre enquêté de 45 ans précise que les violences faites aux femmes sont entre autres la dot que l’on paye à sa belle-famille. Ce qui fait que, les hommes assimilent souvent les femmes aux vaches

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payées aux parents. En effet, si je paye des vaches comme une dot pour avoir ma femme, je la considère comme mon bien et dans ce cas s’il arrive qu’elle ne respecte plus ce que je veux je dois lui rappeler que j’ai payé ma dot » (focus group des hommes de 25 à 49, Dano). Dans l’Est, les jeunes de 15 à 24 ans ont mentionné au cours des focus group, les travaux champêtres, la non scolarisation des filles, les travaux domestiques, la discrimination entre les femmes dans les foyers polygames comme étant des violences faites aux femmes.

4.2.3. Typologie/Formes des violences faites aux femmes suivant les régions L’analyse de la typologie des violences faites aux femmes a permis de cerner les violences les plus fréquentes. Pour l’ensemble des deux régions, les formes les plus citées de violences sont par ordre d’importance les surcharges de travaux domestiques (35,7% des femmes et 38,1% d’hommes), les sévices corporels (34% pour les femmes et 41,5% pour les hommes), les coups et blessures volontaires (28,5% pour les femmes et 27,8% pour les hommes). La violence morale est citée par 32,7% des femmes contre 25,3% d’hommes. Le refus de contribuer aux charges du ménage est cité par 21,8% des femmes et 17,9% des hommes. L’importance de certaines formes de violences est à souligner au regard de la proportion des personnes qui les ont citées. Les travaux domestiques est une des formes de violence la plus évoquée à l’Est. Elle est citée par les femmes (52,2%) que par les hommes (52,8%). Contrairement au Sud-ouest, où les femmes sont peu sollicitées dans l’agriculture, dans l’Est, ce sont les « chevilles ouvrières » de cette activité. Au Sud-ouest, les coups et blessures volontaires sont citées par 40% des femmes et 36,9% d’hommes comme l’une des formes de violences les plus dominantes, contre seulement 16,5% pour les femmes et 18,8% pour les hommes à l’Est. A Batié dans le Noumbiel, une femme 49 ans affirmait que battre les femmes est un sport favori pour les hommes d’ici . Tableau 28: Connaissances des formes de violences par les femmes et les hommes par région

Sexe FEMMES HOMMES Formes de violences Sud-Ouest Total Est Sud-Ouest Total EST (%) (%) (%) (%) (%) (%) Sévices corporels 36,7 31,3 34,0 46,6 36,4 41,5 Mutilations génitales féminines 8,0 6,0 7,0 7,4 4,5 6,0 Mariage forcé/précoce 24,5 10,7 17,5 24,4 10,8 17,6 Violences morales 32,0 33,3 32, 7 24,4 26,1 25,3 Abus sexuel/harcèlement/viol 10,9 14,4 12,7 6,8 15,9 11,4 Trafic des enfants 1,3 2,7 2,0 1,7 1,1 1,4 Exploitation du travail des filles 2,1 2,7 2,4 3,4 1,7 2,6 Grossesses contestées/refus de paternité 4,1 5,0 4,6 4,0 10,2 7,1 45

Avortement forcé 2,8 0,2 1,5 1,7 1,7 1,7 Coups et blessures volontaires 16,5 40,0 28,5 18,8 36,9 27,8 Problèmes d'héritage 3,1 4,7 3,9 4,0 4,5 4,3 Surcharge de travail domestique 52,2 19,9 35,7 52,8 23,3 38,1 Refus de contribuer aux charges du ménage 25,3 18,4 21,8 21,6 14,2 17,9 Abandon du domicile conjugal 13,2 7,2 10,1 15,9 6,3 11,1 Ne sais pas 6,2 8,5 7,4 7,4 7,4 7,4 Autres 15,8 14,9 15,3 14,8 14,2 14,5 Ensemble (N) 387 402 789 176 176 352 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006 Pour l’ensemble des femmes, on relève que 17,5% ont cité les mariages précoces ou forcés comme faisant partie des formes de violences les plus récurrentes. Pour le cas des mariages forcés, il existe une différence significative entre les deux régions, car à l’Est, les femmes sont deux fois et demi plus nombreuses que celles du Sud-ouest à le citer comme violence (24,5% contre 10,7%). Chez les hommes, on observe les mêmes tendances (24,4% à l’Est et 10,8% au Sud-Ouest) Presqu’autant de femmes (12,7%) que d’hommes (11,4%) ont évoqué les abus sexuels, le harcèlement sexuel et les viols (cf. tableau 28)

4.7. Causes des violences faites aux femmes Les causes des violences sont tributaires de plusieurs facteurs (cf.Tableau 29). Pour l’ensemble des deux régions, les principales causes sont la pauvreté, les contradictions entre conjoints et l’alcool. En considérant le sexe, les causes citées par les femmes sont : la pauvreté (44,4%), les contradictions entre conjoints (36,1%) et l’alcool (18,6%). Cependant les causes citées par les femmes différent par région. Les femmes de l’Est citent la pauvreté comme la première cause (61,2%) alors que les contradictions entre conjoints constituent la première cause chez les femmes du Sud-ouest (45%). A l’Est comme dans le Sud-Ouest, l’alcool est cité par une proportion non négligeable de femmes (16,8% à l’Est et 20,4% au Sud-Ouest). La pauvreté est citée en premier lieu à l’Est (55,1%) par les hommes. Par contre dans le Sud-Ouest les contradictions entre conjoints est la première cause citée par les hommes (42, %). Dans le Sud- Ouest, l’alcool est l’une des principales causes des violences faites aux femmes (19,9%). Dans le Sud-Ouest, des participants d’un focus group décrivaient que « ici, c’est l’alcool ; les femmes s’adonnent trop à l’alcool, une fois qu’elles ont bu, elles se croient tout permis. Elles injurient leurs époux. Dans ces conditions, ceux-ci se fâchent et portent la main sur elles ». La pauvreté a été définie par les femmes des focus groups dans le Sud-Ouest comme le « manque de moyens minimum pour satisfaire les besoins élémentaires de la famille ». Cet état des faits, met

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l’homme dans une situation d’agressivité, d’aigreur, surtout quand la femme, en certaines circonstances ou régulièrement, supplée aux besoins de la famille ou lui rappelle ses obligations.

Tableau 29: Répartition des principaux facteurs favorisant les violences par région et selon le sexe

FEMMES HOMMES Sexe Total Total Sud- Sud- EST Est Ouest Proportions Effectif Ouest Proportions Effectif Principaux facteurs (%) (%) (%) (%) (N) (%) (%) (N) favorisant les violences La pauvreté 61,2 28,1 44,4 350 55,1 37,5 46,3 163 Contradictions entre conjoints 26,9 45,0 36,1 285 23,3 42,0 32,7 115 Conflits 8,5 13,4 11,0 87 4,5 13,6 9,1 32 L'alcool 16,8 20,4 18,6 147 15,3 19,9 17,6 62 Inégalité homme/ femme 10,6 13,9 12,3 97 2,8 5,7 4,3 Les pratiques traditionnelles 10,6 3,2 6,8 54 6,8 2,3 4,5 16 L'infidélité d'un des conjoints 6,7 10,0 8,4 66 5,7 13,1 9,4 33 Refus des rapports sexuels 4,7 4,7 4,7 37 4,0 5,1 4,5 16 Dot 0,3 3,0 1,6 13 0,6 2,8 1,7 6 Place de la femme dans la famille et la société 6,2 10,4 8,4 66 5,1 0,6 2,8 10 Autres principaux facteurs. 12,7 10,4 11,5 91 14,2 6,3 10,2 36 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 387 402 789 176 176 352 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Certaines femmes sont victimes de violence tout simplement parce qu’elles n’accouchent pas ou parce qu’elles n’accouchent que des filles. Dans une telle situation, les hommes rejettent toujours la responsabilité sur les femmes. Le récit de vie N° 1 retrace l’histoire d’une femme victime de violence parce qu’elle n’accouche que de filles.

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Récit de vie N° 1 : Exemple de violences faites à une femme par le fait qu’elle n’accouche que des filles. Je vis avec DS comme mon époux depuis 25 ans. Depuis le mariage, j’ai eu cinq enfants qui sont toutes des filles. Mon époux ne cessait de se plaindre. Après un certain temps, comme il a vu que je ne pouvais pas lui faire des garçons, il a décidé de chercher une autre femme. Alors il m’a fait rentrer au village dans ma famille. Entre temps, comme les choses ne marchaient plus très bien en côte d’ivoire, lui-même est rentré au village. Un jour, il me convoque à l’action sociale et à ma grande surprise, il me demande de lui rembourser ses bœufs ou à défaut, que je lui garantisse quelque chose en remplacement des bœufs qu’il réclame. Mon mari m’a toujours reproché de ne lui avoir pas fait de garçons. Mais je pense que cela dépend de la volonté de Dieu. Comme je ne lui faisais pas de garçons, mes cinq filles sont alors délaissées et détestées. Avant qu’on ne rentre au village, son frère cadet lui a apporté une autre femme. Cette deuxième a fait deux enfants dont une fille et un garçon. Malheureusement, suite à la rougeole, le garçon est décédé à l’hôpital de Gaoua. Alors, j’ai été accusé de sorcellerie et il m’a dit de quitter sa cour en me traitant de tous les maux. J’ai donc rejoins ma famille il y a de cela 02 ans. Maintenant, il me demande de rembourser la dot qu’il a payée pour m’épouser.

4.3. Ampleur des violences faites aux femmes

Dans cette section, il s’agit de cerner les femmes qui ont déjà subi des violences domestiques. Pour l’ensemble des enquêtées, 33,5% ont déclaré avoir déjà subi une violence. Elles représentent 30,2% dans l’Est contre 36,6% dans le sud-ouest. Il n’existe pas de différence significative. Dans chacune des deux régions, on constate que pratiquement une femme sur trois a déclaré avoir été victime de violences (cf. tableau 30).

Tableau 30: Répartition des femmes ayant déjà subies une violence quelconque selon la Région . Région EST SUD OUEST Total Modalité (%) (%) Proportions (%) Effectifs (N Oui 30,2 36,6 33,5 264 Non 69,8 63,4 66,5 525 Total (%) 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 387 402 789 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006

Comme le mentionnaient les documents consultés (OMS, 1997, Oxfam, 2006), la violence domestique demeure un tabou très peu évoqué en dehors du cercle familial ne permettant pas de cerner son ampleur réel. Par ailleurs, les services juridiques et judiciaires sollicités pour fournir des données sur les cas de violences traitées, suite aux recours des victimes n’ont pas pu mettre à notre disposition des statistiques complètes (voir Tableau47 et 48 dans la section v).

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A l’analyse des déclarations faites lors des focus groups réalisés avec des femmes de 25-49 ans à Kampti, celles-ci ont laissé entendre que les violences faites aux femmes touchent plus de femmes qu’elles n’apparaissent dans les statistiques officielles des services juridiques ou judiciaires. En effet, une femme de 33 ans déclarait ceci : « les violences que nous subissons avec les hommes sont quotidiennes. Ce sont des violences qui relèvent des habitudes de la plupart de nos hommes que nous considérons comme leur seconde nature » focus group de femmes de 25 à 49 ans, Kampti) . Une autre, âgée de 45 ans, soutenait cette assertion en nous faisant remarquer que dans tout couple, il existe tous les jours des disputes. Quand l’homme ne vous traite pas de moins que rien, il vous méprise en ne vous adressant pas la parole. Partout les femmes sont quasiment tous les jours victimes de tels comportements de leurs conjoints ou de leurs partenaires. C’est quand nous ne pouvons plus supporter que nous en venons à les faire éclater au grand jour à travers des disputes avec des coups ou des injures de part et d’autre (focus femmes de 25 à 49 ans, Kampti).

La proportion d’hommes qui déclarent avoir exercé une violence sur une femme ou sur une fille pendant les douze derniers mois est de 30,6%. Cette proportion est sensiblement la même dans les deux régions enquêtées (29% dans l’Est et 32,3% dans le Sud Ouest). Cet indicateur est significatif de l’exercice de la violence faite aux femmes par les hommes, étant donné que c’est pratiquement un homme sur trois qui a exercé la violence sur une fille ou sur une femme. (Cf.. tableau31).

Tableau 31:Répartition des hommes ayant déjà exercé une violence sur leurs épouses ou leurs filles selon la région

Région Total Est A déjà exercé (%) Sud-Ouest une violence Proportions (%) Effectifs (N) (%) Oui 29,0 32,3 30,6 104 Non 71,0 67,7 69,4 236 Total (%) 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 176 164 340 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006

Selon le témoignage d’un homme lors d’un focus-group, les violences morales constituées principalement d’injures et de comportements irrespectueux à l’endroit des femmes sont effectivement les premiers actes de violence. Tu ne peux pas te mettre à battre ta femme comme ça. Souvent, quand nous voulons leur faire quelques reproches, elles commencent par nous insulter. Ce sont ces insultes qui nous obligent à les battre, car les injures proférées sont insupportables: seules les femmes ont cet art d’insulter très mal. Pour les taire, on est obligé de les battre (J. C. S, 32 ans).

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L’analyse par groupe d’âge et par région montre que dans l’Est, plus la femme est âgée, plus elle est exposée aux violences. Elles sont 37,5% des femmes de 50 ans et plus ont déclaré avoir été victimes de violences domestiques. Elles sont quasiment deux fois plus nombreuses que les jeunes de 15-24 ans (20,4%) à avoir subi des violences. Par contre dans le sud-ouest c’est totalement l’inverse. En effet, ce sont les jeunes filles et femmes de 15-24 ans qui sont relativement les plus nombreuses à avoir subi les violences (37,4%) que les femmes de 50 ans et plus (32,1%). Cela amène à dire que cette forme de violence est fondamentalement fonction des régions (cf. tableau 32).

Tableau 32: Répartition des femmes victimes de violences selon la région et par groupe d'âge.

Groupe REGION DE L'EST d’âge Total 15 à 24 ans 25 à 49 ans 50 ans et plus

(%) (%) (%) Proportions (%) Effectifs (N) Déjà été victime de violence Oui 20,4 33,5 37,5 30,2 117 Non 79,6 66,5 62,5 69,8 270 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 108 239 40 387 REGION DU SUD OUEST Oui 37,4 37,2 32,1 36,6 147 Non 62,6 62,8 67,9 63,4 255 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 107 242 53 402 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Le contexte socioculturel qui tend à valoriser la femme âgée comme une mère, garante des traditions, peut être une raison explicative de cette situation. Pour les femmes du Sud-ouest que plus la femme prend de l’âge, plus elle est consacrée à un rôle de gardienne de la concession. Par contre, à l’Est, la polygamie très pratiquée à laquelle s’ajoutent certaines pratiques de délaissement des femmes en âge avancé ou infécondes sont des éléments qui aident à comprendre que les femmes de 50 ans et plus soient plus exposées aux violences que celles de 15-24 ans.

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En considérant l’âge, les hommes qui déclarent avoir exercé une violence sur une femme ou une fille au cours des 12 derniers mois, sont généralement ceux des 15-24 ans (44 % à l’Est et 40,6% au Sud-ouest). Les 50 ans et plus représentent 35,1% à l’Est et 28,9% au Sud-ouest (cf. tableau 33). Tableau 33 : Répartition des hommes ayant déjà exercés une violence sur une femme ou une fille, selon la région et le groupe d’âge. Groupe REGION DE L'EST d’âge Total

15 à 24 ans 25 à 49 ans 50 ans et plus Proportions Effectif A déjà exercé une violence (%) (N) Oui (%) 44,0 21,3 35,1 29,0 51 Non (%) 56,0 78,7 64,9 71,0 125 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 25 94 57 176 REGION DU SUD OUEST Oui (%) 40,6 30,9 28,9 32,3 53 Non (%) 59,4 69,1 71,1 67,7 111 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 32 94 38 164 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006

Selon le niveau d’instruction, prenant en compte les deux catégories de scolarisées et de non scolarisées, on s’aperçoit que l’instruction n’a pas d’effet tangible sur le risque d’exposition de la femme à la violence. En effet, à l’Est les femmes scolarisées qui ont déclaré avoir été victimes de violence représentent 35,6% pour le niveau primaire et 34,1% pour le niveau secondaire contre 28,6% pour les non scolarisées. Au sud-ouest, ces proportions sont de 38% pour le niveau primaire et 35,8% pour le secondaire contre 36,3% pour les non scolarisées. Entre les deux régions, il n’existe pas de différence significative. Lorsqu’on est instruit, on aperçoit mieux les violences faites aux femmes et aux filles. Les femmes scolarisées comprennent que les violences ne constituent pas un acte « normal » dans le couple, contrairement à celles non instruites qui pensent que certaines violences qu’elles subissent sont « normales » dans tout couple . L’analyse selon le niveau d’instruction montre qu’il n’existe pas de différence significative entre le niveau primaire et le niveau secondaire. (cf. tableau 34).

Tableau 34 : Répartition des femmes victimes de violences selon la région et par niveau d'instruction

Niveau d’instruction EST Total Aucun Primaire Secondaire

(%) (%) (%) Proportions Total Déjà été victime de violence (%) (N) 51

Oui 28,9 35,6 34,1 30,2 117 Non 71,1 64,4 65,9 69,8 270 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 298 45 44 387 REGION DU SUD OUEST Oui 36,3 38,0 35,8 36,6 147 Non 63,7 62,0 64,2 63,4 255 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 402 Ensemble (N) 270 79 53 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006

En prenant en compte les deux catégories de scolarisées et de non scolarisées, on s’aperçoit que la proportion des hommes ayant déclaré avoir déjà exercé une violence sur une femme ou une fille est plus élevée que ceux qui n’ont pas fait l’école. On note qu’à l’Est 36,7% des hommes du niveau primaire et 35,5% au niveau du secondaire ont déclaré avoir exercé une violence sur une femme ou une fille. Ces proportions sont de 47,4% et de 26,7% au Sud-Ouest (cf. tableau 35).

Tableau 35: Répartition des hommes ayant déjà exercé une violence sur leurs épouses/filles, selon la région et le niveau d’instruction.

Niveau d’instruction REGION DE L'EST Secondaire/ Total Aucun Primaire supérieur (%) (%) Proportions Effectif A déjà exercé une violence (%) (%) (N) Oui 25,2 36,7 35,5 29,0 51 Non 74,8 63,3 64,5 71,0 125 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 115 30 31 176 REGION DU SUD OUEST Oui 25,9 47,4 26,7 30,7 54 Non 74,1 52,6 73,3 69,3 122 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 108 38 30 176 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

L’analyse selon la situation matrimoniale des femmes montre que les femmes en situation de polygamie sont plus exposées aux violences que les mariées monogames. En effet, 37,6% des femmes polygames dans la région de l’Est et 46,1% de celles du Sud-ouest ont déclaré avoir subi des violences. Pour les mariées monogames, ces proportions sont respectivement de 21,8% et de

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28,7% (cf. tableau 36).

Tableau 36: Répartition des femmes victimes de violences selon la région et la situation matrimoniale.

Situation REGION DE EST matrimoniale Mariée Total Mariée Union libre Célibataire Fiancée Divorcée Séparée Polygame (concubinage) Veuve (%) Monogame (%) (%) (%) Propor- Total Déjà été victime (%) (%) (%) (N) de violence (%) Oui 23,4 21,8 37,6 33,3 100,0 100,0 42,9 30,0 30,2 117 Non 76,6 78,2 62,4 66,7 0,0 0,0 57,1 70,0 69,8 270 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 47 147 170 3 1 2 7 10 387 REGION DU SUD OUEST Oui 44,4 28,7 46,1 33,3 50,0 33,3 31,6 28,6 36,6 147 Non 55,6 71,3 53,9 66,7 50,0 66,7 68,4 71,4 63,4 255 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 81 150 102 3 2 3 19 42 402 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Le statut matrimonial n’a pas d’influence sur le comportement de l’homme à exercer une violence sur les femmes et les filles. En effet, parmi les polygames, 25,8% dans l’Est déclarent avoir exercé une violence sur une femme ou une fille au cours des douze mois précédant l’enquête. Dans le Sud- ouest ils représentent 32,4%. Quant aux célibataires ayant exercé une violence sur une femme ou une fille, ils sont 39,3% dans l’Est et 33,3% dans le Sud-ouest (cf. tableau 37). Tableau 37 : Répartition des hommes ayant déjà exercés une violence sur les femmes ou les filles, selon la région et la situation matrimoniale.

Situation REGION DE L'EST matrimoniale Total Marié Marié Union Célibataire Fiancé Divorcé Séparé Veuf Monogame Polygame Libre (%) (%) (%) (%) (%) Propor- Effectifs A déjà exercé (%) (%) (%) (%) (N) une violence Oui 39,3% 28,4% 25,8% 0,0% 50,0% 0,0% 29,0% 51 Non 60,7% 71,6% 74,2% 100,0% 50,0% 100,0% 71,0% 125 Total (%) 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% Ensemble (N) 28 81 62 2 2 1 176 REGION DU SUD OUEST Oui 33,3% 34,2% 32,4% 0,0% 0,0% 100,0% 0,0% 0,0% 32,3% 53 Non 66,7% 65,8% 67,6% 100,0% 100,0% 0,0% 100,0% 100,0% 67,7% 111 Total (%) 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% Ensemble (N) 42 79 34 2 1 1 3 2 164 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

4.4. Perceptions de l’ampleur des violences faites aux femmes selon les régions Pour ce qui est de la perception de l’ampleur de la violence dans les localités, 40,2% des femmes

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enquêtées (43,9% dans l’Est et 36,6% dans le Sud-ouest) déclarent que les violences faites aux femmes dans leurs localités sont répandues. Il convient de noter qu’aussi bien à l’Est qu’au Sud- ouest, la majorité des femmes ignorent l’étendue de la situation des violences ou pensent que les violences ne sont pas répandues dans leur région; soit respectivement 56,1% et 63,5%. Ces proportions regroupent les enquêtées qui ont répondu par ‘‘non’’ et par ‘‘ne sais pas’’ à la question à savoir si les violences sont répandues dans leur région. (cf. tableau 38) Tableau 38: Appréciation de l'ampleur des violences par les femmes et selon la région

Région EST SUD OUEST Total

(%) (%) Violences répandues Proportions (%) Effectifs (N) Oui 43,9 36,6 40,2 317 Non 31,3 29,9 30,5 241 Ne sait pas 24,8 33,6 29,3 231 Total (%) 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 387 402 789 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

L’analyse par groupe d’âge de l’étendue de la violence dans leur localité montre que le groupe d’âge de 25 à 49 ans connaît mieux l’étendue de la violence (42,6%) par rapport au groupe d’âge de 15-24 ans (35,8%) et celui de 50 ans et plus (37,6%) (Tableau39).

Tableau 39 : Appréciation de l'ampleur des violences par les femmes selon le groupe d'âge. Groupe d’âge 15 à 24 ans 25 à 49 ans 50 ans et plus Total

(%) (%) (%) Violences répandues Proportions (%) Effectif (N) Oui 35,8 42,6 37,6 40,2 317 Non 31,2 30,1 31,2 30,5 241 Ne sait pas 33,0 27,2 31,2 29,3 231 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 215 481 93 789 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Selon le statut matrimonial, Les femmes qui vivent ou qui ont vécu en union sont les plus nombreuses à déclarer que les violences sont répandues dans leurs localités (union libre 46,2%, union polygamique 44,5%, veuves 42,3% et union monogamique 40,1%). Pour ce qui est des célibataires, seulement 29,7% savent que les violences faites aux femmes et aux filles sont répandues dans leur localité (cf. tableau 40).

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Tableau 40: Appréciation de l’ampleur des violences par les femmes selon la situation matrimoniale.

Situation Total matrimoniale Mariée Mariée Union libre Célibataire Fiancée Divorcée Séparée Veuve monogame polygame (concubinage) (%) (%) (%) (%) (%) Proportions Effectif (%) (%) (%) Violences (%) (N) répandues Oui 29,7 40,1 44,5 16,7 100,0 20,0 46,2 42,3 40,2 317 Non 34,4 32,3 28,3 33,3 0,0 20,0 23,1 28,8 30,5 241 Ne sait pas 35,9 27,6 27,2 50,0 0,0 60,0 30,8 28,8 29,3 231 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 128 297 272 6 3 5 26 52 789 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Dans l’ensemble, les femmes qui ont fréquenté l’école perçoivent mieux l’étendue des violences faites aux femmes que celles qui n’ont pas fréquenté l’école (43,4% contre 38,9%). Cependant, il n’existe pas de différences significatives en fonction du niveau d’instruction. Il est aussi, surprenant de constater que les proportions des femmes du niveau primaire qui perçoivent l’étendue des violences sont légèrement supérieures à celles du niveau secondaire (53,3% contre 45,5% dans l’Est et 40,5% contre 37,7% dans le Sud-Ouest).

Tableau 41: Appréciation de l’ampleur des violences par les femmes selon la région et le niveau d'instruction.

Niveau d’instruction REGION DE L’EST Total Aucun Primaire Secondaire (%) (%) (%) Proportions Total Violences répandues (%) (N) Oui 42,3 53,3 45,5 43,9 170 Non 31,5 35,6 25,0 31,3 121 Ne sais pas 26,2 11,1 29,5 24,8 96 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 387 Ensemble (N) 298 45 44 REGION DU SUD OUEST Oui 35,2 40,5 37,7 36,6 147 Non 27,4 35,4 34,0 29,9 120 Ne sais pas 37,4 24,1 28,3 33,6 135 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 402

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Ensemble (N) 270 79 53 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

4.5. Auteurs des violences Pour les femmes qui ont déjà subi une violence, les auteurs sont principalement les époux. En effet, 68,9% ont cité leur époux. Dans l’Est, elles sont 77,8% contre 61,9% dans le Sud-ouest. Les parents sont cités par un peu plus d’une femme sur quatre (26,1%). Ces indicateurs viennent confirmer les analyses observées ailleurs qui notaient que l’époux reste le principal auteur des violences au sein du couple. La violence que subit une femme est avant tout une violence intime, c’est-à-dire qui vient du partenaire sexuel comme le mentionne les rapports des l’OMS (1997) du RECIF/ONG-BF (1995) et du Secrétariat Général des Nations Unies (2006).

Tableau 42: Répartition des femmes victimes de violence par région selon les auteurs des violences

Région EST SUD OUEST TOTAL (%) (%) Auteurs des violences (%) Mon mari 77,8 61,9 68,9 Mes parents 28,2 24,5 26,1 Mon copain 0,0 9,5 5,3 Amis 1,7 2,7 2,3 Communauté 2,6 1,4 1,9 Coépouse 0,0 2,7 1,5 Mon fiancé 0,9 0,0 0,4 Mon maître/professeur 1,7 2,0 1,9 Voisin 1,7 0,0 0,8 Autres 7,7 12,2 10,2 Total (%) 100,0 100,0 100,0 Effectifs (N) 117 147 264 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

4.6. Appréciation par les enquêtés des violences faites aux femmes. Les données sur l’appréciation des enquêtés par rapport aux violences faites aux femmes mettent en relief qu’un très grand nombre de femmes et d’hommes (87,2% des femmes dont 88,1% à l’Est et 86,3% au Sud-Ouest, surtout de femmes, 75,3% des hommes) désapprouvent ces faits. (cf. tableau 43).

Tableau 43: Répartition des enquêtés par sexe et selon leur position par rapport aux violences

FEMMES HOMMES Total Total

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Proportions Effectifs Proportions Effectifs (%) (N) (%) (N) Pas de position 7,80 8,20 8,00 63 5,7 9,1 7,4 26 Désapprouve 88,10 86,30 87,20 688 75,0 75,6 75,3 265 Approuve 2,30 2,70 2,50 20 6,8 2,8 4,8 17 Ca dépend 1,80 2,70 2,30 18 10,2 11,9 11,1 39 Ne Sait Pas 2,3 0,6 1,4 5 Total (%) 100,00 100,00 100,00 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 387 402 789 176 176 352 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

4.7. Lieu privilégié des violences faites aux femmes. La famille est désignée par les enquêtés comme le premier lieu où les femmes subissent les violences (77,3% des femmes contre 83,6% des hommes). Par ailleurs, la communauté n’est citée que par 5,3% des femmes et 5,8% des hommes. Dans la catégorie « autres » qui regroupait les marchés, les débits de boissons, la brousse, les champs, un peu plus de 8% des enquêtés sans distinction de sexe ont cité ces espaces comme étant propices aux violences faites aux femmes (cf. tableau 44).

Tableau 44: lieu jugé favorable aux violences par sexe, et selon la région.

Sexe FEMMES HOMMES Total Total Sud- Sud- EST Propor Effectif Est Proportion Ouest Ouest Effectifs Cadres favorables aux (%) tions s (%) s (%) (%) (N) violences (%) (N) (%) Communauté 7,2 3,5 5,3 42 6,7 5,0 5,8 16 Famille 76,5 78,1 77,3 610 79,1 87,9 83,6 229 Lieu de travail 3,4 1,0 2,2 17 4,5 0,0 2,2 6 Ecole 6,5 7,7 7,1 56 -- Autres ( marché, débit de boisson, brousse, champs) 6,5 9,7 8,1 64 9,7 7,1 8,4 23 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Effectifs (N) 387 402 789 134 140 274 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

En fonction des groupes d’âges, la catégorie « autre » est citée en seconde position comme un lieu propice aux violences par les femmes et les hommes de 25-49 ans, 50 ans et plus. Cependant, les jeunes filles de 15-24 ans ont plutôt cité l’école (10,7%). Quant aux jeunes garçons du même groupe d’âge, ils ont cité la communauté en seconde position comme lieu propice aux violences faites aux femmes (19%) (cf. tableaux 45 et 46).

Tableau 45: Répartition des femmes par groupe d'âge selon le cadre favorable aux violences

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Groupe d’âge Total

15 à 24 ans 25 à 49 ans 50 ans et plus Cadres (%) (%) (%) Proportions Effectif favorables (%) (N) pour les violences Communauté 5,6 5,4 4,3 5,3 42 Famille 74,0 79,0 76,3 77,3 610 Lieu de travail 2,3 1,9 3,2 2,2 17 Ecole 10,7 5,4 7,5 7,1 56 Autres (marché, débit de boisson, brousse, champs) 7,4 8,3 8,6 8,1 64 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 215 481 93 789 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Tableau 46: Répartition des hommes par groupe d'âge selon le cadre favorable aux violences.

Groupe d’âge Total

15 à 24 ans 25 à 49 ans 50 ans et plus Cadres Proportions (%) (%) (%) Effectif (N) favorables (%) pour les violences Communauté 19,0 3,6 7,1 5,8 16 Famille 76,2 88,8 75,0 83,6 229 Lieu de travail 0,0 1,2 4,8 2,2 6 Autres (marché, débit de boisson, brousse, champs) 4,8 6,5 13,1 8,4 23 Total (%) 100,0 100,0 100,0 100,0 Ensemble (N) 21 169 84 274 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

V. NIVEAU DE CONNAISSANCE ET RECOURS AUX SERVICES JURIDIQUES ET JUDICIAIRES

D’emblée, il importe de savoir que le recours aux services juridiques et judiciaires demeure timide. En outre, les services n’ont pas encore une bonne maîtrise de la gestion des bases de données relatives aux violences subies par les femmes. Cependant cette étude a permis d’obtenir quelques statistiques auprès des services de l’Action sociale au Sud-ouest et partiellement dans l’Est, plus précisément à Fada. Le tableau 47 donne une vue d’ensemble des types de violences qui ont conduit les femmes victimes de violences à recourir aux services juridiques (plus précisément l’Action sociale) dans la région du Sud-ouest au cours des années 2004 et 2005. Les conflits conjugaux (violences morales, abandon de domicile, adultère…) constituent de loin le type de violence le plus fréquent. Cela est suivi des contestations de grossesses, des conflits liés à la pension alimentaire et à la garde des

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enfants, à la non contribution des hommes aux charges du ménage (fuite de responsabilités). Le récit de vie N°2 est l’histoire d’une femme de Dano victime de contestation de grossesse.

Récit de vie N°2 : Z.O : Avec des problèmes de grossesse contestée, je suis à 38 ans devenue comme un enfant de la rue. Les parents m’ont abandonnée. Je suis devenue comme un enfant de la rue, chassé par mes parents, moi une femme de 38 ans ayant déjà de grands enfants. Je ne pensais d’ailleurs plus accoucher, et quand j’ai eu la grossesse de Ramir, j’ai dit au monsieur que c’était lui l’auteur de la grossesse. Il a nié jusqu’à présent, prétextant que des gens lui auraient dit qu’il n’était pas le seul à me fréquenter. Ce qui est dommage, c’est que dans cette situation mon père ne veut rien comprendre. Les voisins qui ont accepté m’accueillir chez eux en attendant que mon père décolère ont vite fait de me laisser tomber car mon père ne leur parlait plus. Depuis hier, j’ai pris cette maisonnette par l’intermédiaire d’une vieille femme qui a eu pitié de moi.

J’avoue que j’ai honte d’avoir un enfant dont le père refuse d’assumer la paternité. J’ai même déposé la semaine dernière l’enfant devant sa porte. La police m’a reproché cela en disant que l’enfant n’avait pas 03 mois (le 13 novembre elle aura 03 mois) et que si quelque chose lui arrivait, je serai responsable. J’ai souvent envie de me suicider face à cette honte. J’ai même arrêté mon petit commerce car tout Dano parle de mon cas. Si je suis une femme légère, j’aurais fait un enfant depuis les 15 ans que je suis revenu auprès de mes parents. On me dit de l’amener à la justice mais pour se rendre à Gaoua, il faut de l’argent pour se déplacer mais aussi pour les dossiers. Je n’en ai pas actuellement. Je subis mon sort. Mon fils qui a 18 ans actuellement, a préféré aller fréquenter à Kpaï. Il ne supporte pas de voir sa mère traitée de la sorte.

Au vu de ces résultats, la plupart des violences ont eu lieu en famille. Cela confirme les données de l’enquête qui mettent en avant la famille comme le lieu propice des violences faites aux femmes. Bien que notre analyse se focalise sur une approche régionale (Est versus Sud-Ouest), il est intéressant d’apprécier ces statistiques en considérant les provinces. Le type de violence varie en fonction des provinces d’une même région. Par exemple en 2004, le Poni et la Bougouriba ont enregistré 17 cas de grossesses contestées contre 66 dans le Ioba. On recense 51 cas de conflits conjugaux au Poni contre 12 au Ioba, 31 cas à la Bougouriba. Certains types de violences ont été enregistrés dans une localité et pas dans les autres. C’est par exemple des non contributions aux charges du ménage où 105 cas ont été notifiés au cours des années 2004-2005 au Poni et aucun cas dans les deux autres provinces, du mariage forcé au Ioba où on a trois cas enregistrés, aucun cas au Poni, et un à la Bougouriba. Le mariage forcé n’est pas un problème récurrent dans cette région.

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Tableau 47: Statistiques des cas de recours aux services de l’Action Sociale au Sud Ouest en 2004-2005

Type de violences Poni Ioba Bougouriba Total 2004 2005 Total 2004 2005 Total 2004 2005 Total 2004-2005

Contestation de grossesse 17 43 60 66 34 100 17 22 39 199

Conflits conjugaux 51 62 113 12 30 42 31 44 75 230

Non contribution aux charges 09 96 105 00 00 00 00 00 00 105 du ménage Coups et blessures volontaires 31 10 41 00 01 01 00 00 00 42 Mariages forcés 00 00 00 02 01 03 01 00 01 04 Problème d’héritage 03 02 05 00 00 00 01 01 01 05 Violences sexuelles 11 11 22 00 00 00 00 00 00 22 Réclamation de dot 11 03 14 05 07 12 00 00 00 26 Excision 00 00 00 03 05 08 00 00 00 08 Trafic d’enfants 00 00 00 36 23 59 00 00 00 59 Problème de garde d’enfants et 00 00 00 00 00 00 49 68 117 117 pension alimentaire Source : enquête de terrain , CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006

Quoique ne disposant pas de l’ensemble des données de la région de l’Est, le tableau suivant donne une idée des types de violence pour lesquels les victimes ont eu recours aux services de l’Action sociale. Il faut noter que dans la région de l’Est, ces données ne sont pas disponibles pour les années précédentes (2004-2005), il en est de même pour les localités autres que Fada ; ce qui limite l’analyse et ne permet pas une comparaison entre l’Est et le Sud-ouest. Cependant les statistiques obtenues permettent quelques constats à savoir que les conflits conjugaux, la garde des enfants et les pensions alimentaires constituent les principaux cas de recours pour les victimes.

Tableau 48: Statistiques des cas de recours aux services de l’Action Sociale de Fada pour l’année 2006 Types de violences Nombre Contestation de grossesses 28 Conflits conjugaux 72 Violences sexuelles 01 Violences morales (répudiation, menace de mort, enfant incestueux, exclusion pour 09 sorcellerie, tentative d’avortement, échange de femme) Mariages forcés 20 Garde d’enfants et pensions alimentaires 49 Enlèvement de mineurs 24 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Les mariages forcés ainsi que les grossesses contestées et les enlèvements de mineurs qui peuvent s’assimiler à des rapts pour mariage sont aussi des éléments de recours vers les services juridiques (cf. tableau 48). Si le recours aux services juridiques et judiciaires demeure timide, il importe de savoir quels sont

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les niveaux de connaissance que les femmes ont de ces services ?

5.1 Etat de la connaissance des services de références pour les recours en cas de violences La connaissance des services juridiques demeure faible. Pour l’ensemble des deux régions seulement 27,2% des femmes enquêtées ont une connaissance des services juridiques. Il n’existe pas de différence significative entre l’Est (26,6%) et le Sud-ouest (27,9%) (cf. tableau 49). Tableau 49: Connaissance des femmes de l’existence des structures de lutte contre les violences faites aux femmes

Région ENSEMBLE Connaissance de SUD OUEST EST (%) l'existence des structures qui luttent (%) contre les violences faites aux femmes. % N

Oui 26,6 27,9 27,2 215 Non 62,3 61,4 61,9 488 Ne sais pas 11,1 10,7 10,9 86 Total 100 100 Effectifs (N) 387 402 100 789 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

La majorité des femmes ignorent également l’existence des structures de lutte contre les violences faîtes aux femmes, quelle que soit la religion. (cf. tableau 50). Quand on se réfère à la situation matrimoniale, plus de la moitié des femmes quel que soit le type de l’union ignore les structures de lutte

Tableau 50: Connaissance de l'existence des structures de lutte contre les violences faites aux femme selon la religion

Religion ENSEMBLE Musulmane Catholique Traditionnelle Aucune Protestante (%) Connaît des structures de (%) (%) (%) (¨%) % N lutte contre les violences Oui 29,4 33,0 31,2 15,1 6,7 27,2 215 Non 59,2 54,6 59,6 73,9 88,9 61,9 488 Ne sais pas 11,4 12,3 9,2 10,9 4,4 10,9 86 TOTAL (%) 100 100 100 100 100 EFFECTIF (N) 289 227 109 119 45 100 789 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Selon le groupe d’âge, les femmes de 25-49 ans sont plus nombreuses à connaître les structures de lutte contre les violences faites aux femmes (29,3%). Elles sont suivies de celles de 15-24 ans (25,1%) et de celles de 50 ans et plus (21,5) (cf. Tableau51). Tableau 51: Connaissance de l'existence des structures de lutte contre les violences faites aux femmes selon le groupe d’âge 61

Groupe d'âge ENEMBLE 15 à 24 ans (%) 25 à 49 ans (%) 50 ans et plus (%) Connaissances des structures de lutte % N Oui 25,1 29,3 21,5 27,2 215 Non 64,2 60,1 65,6 61,9 488 Ne sais pas 10,7 10,6 12,9 10,9 86 TOTAL (%) 100 100 100 EFFECTIF (N) 215 481 93 100 789 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

L’instruction est un facteur de discernement et de compréhension. Les femmes alphabétisées ou scolarisées (niveau primaire et secondaire) sont plus informées sur l’existence des structures de lutte contre les violences faîtes aux femmes, soit respectivement 30,0%, 45,2% et 50,5% que celles qui n’ont pas accédé à l’instruction. Le fait d’avoir fréquenté l’école offre plus d’opportunité d’être informé sur l’existence de ces structures, puisque 48% des femmes qui ont fréquenté ou été alphabétisées en connaissent au moins une contre 19% de celles qui n’ont aucune instruction (cf. tableau 52).

Tableau 52: Connaissance de l'existence des structures qui luttent contre les violences faites aux femmes en fonction du niveau d’instruction

Plus haut Niveau d'instruction ENSEMBLE Aucun Coranique Alphabétisé Primaire Secondaire

% (N) Connaissances des structures de lutte Oui 17,6 39,1 30,0 45,2 50,5 27,2 215 Non 68,7 52,2 57,5 0,5 44,3 61,9 488 Ne sais pas 13,7 8,7 12,5 4,0 5,2 10,9 86 TOTAL (%) 100 100 100 100 100 EFFECTIF 505 23 40 124 97 100 789

Le récit de vie N°3 est l’exemple d’une femme victime de violence qui a eu recours aux services de l’action sociale. Cet acte de recours a été mal perçu par les autres femmes et le reste de la communauté.

Récit de vie N°3 : Exemple de recours qui s’est soldé par un résultat positif (K.M, 32 ans)

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J’ai eu une semaine de dispute avec mon époux sur la gestion d’enfants confiés. Mon époux prétextait que je n’apportais plus de soins aux enfants confiés. Une discussion s’engagea qui aboutit à des coups et blessures. C’était la première fois que mon mari me violentait de la sorte. Je saignais de partout. Face à cette situation, je décidai de recourir à l’action sociale, non pour faire condamner mon mari mais solliciter une médiation. Ce qui a porté fruit. Cependant, pour aller à l’action sociale et convoquer mon mari, à la suite de la dispute, ce n’est pas facile à Dano. Dès que les autres femmes apprennent que tu as convoqué ton époux, tu deviens comme la brebis galleuse. Chez la plupart des femmes d’ici, un homme qui bat sa femme c’est normal et cela est aussi un processus pour bien ou mieux se mettre ensemble. Mon cas a été diffusé partout ici à Dano. On m’a même dit que c’est parce que je ne suis pas dagara que j’ai osé aller à l’action sociale. Sinon, une vraie femme dagara supporte les coups de son époux. Moi, je retiens que ma démarche a été concluante car depuis lors, mon époux et moi avons des disputes mais il évite de porter la main sur moi. Je crois que n’eut été cette convocation à l’action sociale, il est certain qu’il aurait continué à me battre. Désormais il se maîtrise mieux ». Le mari a effectivement reconnu qu’il est honteux pour un éducateur de son état de se retrouver à l’action sociale avec son épouse devant des collègues et camarades de jeux. Cette convocation l’a peinée et depuis lors, il a pris la résolution de ne plus la battre. Cependant, ce qui a été bien dans cette convocation c’est que l’épouse dont les paroles étaient venimeuses se contrôle aussi pour ne plus l’injurier.

5.2 Services de références les plus connus en cas de violences Les structures de lutte contre les violences faites aux femmes les plus citées par ordre d’importance par les femems sont : l’Action sociale (17,1% à l’Est et 14,9% au Sud Ouest), la Police (4,9% à l’Est et 10,4% au Sud Ouest) et la Gendarmerie (4,7% à l’Est et 9,0% au Sud Ouest) (cf. graphique 1). Figure 1: connaissance des femmes sur les structures de lutte contre les violences en fonction des régions

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S’agissant des structures qui font la promotion des droits des femmes et des filles, la structure la plus citée par les femmes demeure l’Action sociale, soit 12,4% des femmes enquêtées (14,5% à l’Est et 10,4% au Sud-ouest). Elle est suivie par les ONG/et Associations (4,1%). La majeure partie des femmes ignore les autres structures (cf. graphique 2).

Figure 2: Connaissance des femmes sur les structures de promotion des droits des femmes

Pour les procédures et les conditions d’accès à ces structures, on note également que la proportion des femmes qui les connaissent est insignifiante (8,1%). Par région, elles sont 9,0% à l’Est et 7,2% au Sud-ouest. Sur l’ensemble des femmes enquêtées, seulement 2,7% ont déclaré avoir eu recours à ces structures (2,6% à l’Est et 2,7% au Sud-ouest). Cela pourrait s’expliquer par le fait que les femmes ne connaissent pas les procédures et les conditions d’accès à ces structures et surtout par la stigmatisation dont sont victimes celles qui font recours aux services juridiques.

Le phénomène de violences faites aux femmes et l’action de promotion des droits des femmes et des filles étant une affaire du genre, il concerne aussi bien les femmes que les hommes. On observe

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des proportions presque insignifiantes des hommes qui ont connu des cas de recours aux services juridiques et judiciaires par les femmes. En effet, ils ne représentent que 10,8% dont 8,5% à l’est et 13,1% au sud-ouest.

5.3 Niveau de fréquentation des services par les femmes seule une très faible proportion de femmes ayant été victimes de violence a déjà eu recours à une structure juridique (7,8%). Les femmes de la région du Sud-ouest sont comparativement plus nombreuses que celles de l’Est à avoir eu recours à de telles structures, (13,3% contre 4,8%). De même, la proportion de celles qui vivent en milieu urbain et qui ont eu recours à un tel service est plus important que celle des femmes vivant en milieu rural (14% et 65%) et enfin les femmes instruites plus que les non instruites ( 10% et 4%).

5.3. Contraintes et difficultés liées à l’utilisation de ces services. L’une des premières difficultés à l’utilisation des services réside dans la méconnaissance de ces services par les femmes. Pour elles, l’Action sociale n’existe que pour les personnes handicapées ou qui sont totalement démunies. Très peu de femmes sont informées du rôle des services sociaux et juridiques de recours. En outre les femmes n’ont pas suffisamment de connaissance de leurs droits en cas de violence sur leur personne. Elles ignorent les fondements de leurs droits civiques et privés quand elles subissent des violences de la part des hommes. Par ailleurs, la représentation sociale de la structure judiciaire constitue un sérieux handicap. Pour les femmes, la justice est vue comme une institution qui doit leur porter secours dans les cas de violence et non comme une structure qui doit dire le droit conformément aux textes en vigueur en la matière. C’est en ce sens qu’un informateur soutient que : « c’est comme du secours ! Elles viennent à la justice sans avoir nourri l’esprit de punition de l’auteur des violences. Elles viennent avec l’esprit de secours pour solliciter que nous puissions nous ingérer pour leur permettre d’avoir un peu plus d’air serein dans la famille ou dans le foyer (…) alors que nous, nous devons, face à certaines infractions, d’ailleurs à toutes les infractions, procéder tel que nous avons été formés, quand on constate une infraction (…).Si elle se présente à notre niveau, nous faisons une réquisition au médecin pour constater l’état des blessures, nous produisons un certificat médical et face à ça si c’est une infraction, une contravention, on poursuit, si c’est un délit, ça dépend si c’est plus de 7 jours. En ce moment le mari ou le concubin doit être poursuivi conformément à la loi pénale. Cela devient en ce moment un grand problème pour la femme parce qu’elle est venue demander secours dans son esprit, elle n’a pas dit de venir boucler le père de ses enfants ».

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(Magistrat, Est) En plus de ces représentations sociales, quelques raisons sociologiques importantes contribuent à ne pas motiver les femmes à recourir aux services sociaux ou aux services juridiques et judiciaires. C’est la perception et quelques fois l’intolérance de la communauté à l’endroit des femmes qui sollicitent ces services. Une femme victime déclarait au cours des échanges avec elle que « très souvent quand vous convoquez votre époux à l’Action sociale, on vous considère comme une femme bandite, rebelle. Les autres femmes ne sont pas tolérantes à l’endroit des femmes qui vont à l’Action sociale àfortiori à la Police ou au tribunal. Elles vont même te fuir comme si tu étais une pestiférée » (A.S, 28 ans, Victime, Ioba). Une autre surenchérit en témoignant : « je suis allée convoquer mon mari à l’Action sociale parce qu’il m’a battue, j’ai été pratiquement abandonnée par toute la famille. J’ai failli perdre mon foyer (c’est -à-dire être répudiée), car une femme qui convoque son mari devant des autorités, cela est considéré comme un affront fait à la famille. Ce n’est pas le mari seul qui est concerné mais toute la famille, voire toute la communauté » (B.S, 33 ans, victime, Ioba). Une autre femme victime du refus de paternité de son enfant que l’Action sociale référait à la Justice pour résoudre son problème, refusa avançant qu‘ elle risquait non seulement d’être la risée de toute la ville, mais en plus ceci exige qu’elle dépense beaucoup d’argent dans les déplacements de son lieu de résidence au Tribunal ( Dano à Gaoua) ; par ailleurs, il faut disposer d’un peu de fonds pour le séjour à Gaoua et pour engager les dossiers . Elle conclut par une grande résignation : je préfère me cloîtrer dans cette maisonnette, car depuis quelques temps avec cette histoire mes parents m’ont mise dehors. A 42 ans je suis comme un enfant de la rue (S. S, 42 ans, victime de violence). De façon générale, les services judiciaires ne sont utilisés par les femmes que comme dernier recours, quand rien n’est plus possible à résoudre par les familles ou par les chefs traditionnels et religieux.

5.4. Connaissance et position des hommes par rapport aux services de recours en cas de violence Les structures qui luttent contre les violences faites aux femmes sont plus connues par les hommes que par les femmes. Ils sont 38,4% des hommes connaissent une structure de cette nature (39,8% dans la région de l’Est et 36,9% dans la région du Sud-ouest).Les structures les plus citées sont, l’Action sociale (60%), la police (29,6%), la gendarmerie (23,7%), les ONG/associations (15,6%). Quant aux femmes, seulement 27,2% ont affirmé connaître une structure de lutte contre les

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violences. Les structures les plus citées présentent presque la même configuration chez les femmes que chez les hommes. Au niveau des femmes, l’Action sociale qui est citée par 58,1% des répondants suivie par la police (28,4%), la gendarmerie (25,1%), les ONG/associations (9,3%), La différence selon le milieu de résidence est très élevée, car 64,3% des hommes vivant en milieu urbain connaissent une telle structure contre 34,5% de ceux vivant en milieu rural. Contrairement aux femmes, les autres facteurs tels que la religion ou l’ethnie ne sont pas discriminatoires dans la détention de cette information. Plus de la moitié des hommes (53,1%) qui déclarent connaître une structure de lutte contre les violences faites aux femmes connaissent les procédures et/ou les conditions d’accès à ces services juridiques. Cette proportion est sensiblement la même dans les deux régions enquêtées soit 54,4% dans l’Est et 52% dans le Sud-ouest. Plus d’un tiers des hommes déclare connaître des femmes qui ont eu recours à des services juridiques, et les raisons des ces recours concernent essentiellement la maltraitance à savoir les coups reçues de leur compagnon ou mari, ou des questions de reconnaissance de grossesse ou de paternité. Même si la proportion des hommes ayant assisté au moins une fois à une campagne de sensibilisation ou d’information sur les droits et les violences faites aux femmes ou aux filles est plus élevée que celle des femmes, elle reste néanmoins faible. Seulement 16% des hommes interrogés ont assisté à une telle campagne (21% dans la région de l’Est et 11,2% dans celle du Sud- ouest). Quant aux femmes 12,8% ont déclaré avoir assisté à une campagne de sensibilisation (17,6% dans l’Est et 8,2% dans le Sud-ouest). Parmi les enquêtés ayant assisté aux campagnes de sensibilisation, 97% des femmes et 92% des hommes disent être très satisfaits ou satisfaits de ces campagnes. Seulement, 40% des hommes pensent qu’il est légitime qu’une femme ait recours à un service juridique en cas de violence faite sur elle, et la position des hommes sur cette question n’est pas très différent selon la région (40% dans l’Est et 38% dans le Sud-ouest).

VI. ATTITUDES DES POPULATIONS FACE A LA SCOLARISATION, MIGRATION DES ENFANTS ET A L’EXCISION

6. 1. Opinion des enquêtés par rapport à la scolarisation des enfants Très peu de personnes enquêtées ont déclaré que l’école est inutile. Partout, dans les deux régions

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plus de 95% des enquêtés ont reconnu que l’école était au moins une bonne chose. C’est ce qui explique que pratiquement tous le enquêtés étaient unanimes à approuver le droit des enfants d’aller à l’école (cf. tableau 53).

Tableau 53: Approbation du droit à la scolarisation de l’enfant par région et par sexe

FEMMES ENSEMBLE HOMMES ENSEMBLE L'enfant a droit d'aller à l'école EST (%) SUD OUEST (%) % N Est Sud-Ouest % N Oui 97,7 95,5 96,6 762 97,2 99,4 98,3 346 Non 0,8 1 0,9 7 1,7 0,6 1,1 4 NSP 1,6 3,5 2,5 20 1,1 - 0,6 2 Total 100 100 100 100 Effectif 387 402 100 789 176 176 100 352 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006 Néanmoins, ils sont encore nombreux les parents qui ignorent que refuser de scolariser un enfant, c’est simplement le priver d’un de ses droits fondamentaux. En effet 19,2% des femmes ne reconnaissent pas la scolarisation comme un droit fondamental, si on se réfère aux données sur celles qui ont dit non ou ne savent pas. Il existe une différence significative entre les femmes de l’Est (23,5%) et celles du Sud-ouest (15,1%), (cf. Tableau54). Tableau 54: Reconnaissance de la scolarisation comme un droit fondamental

Sexe FEMMES HOMMES

L’école est un droit SUD SUD Fondamental de l’enfant EST OUEST ENSEMBLE EST OUEST ENSEMBLE OUI Effectif 296 341 637 165 169 334 Proportion (%) 76.5% 84.8% 80.7% 93.8% 96.0% 94.9% NON Effectif 14 17 31 1 2 3 Proportion (%) 3.6% 4.2% 3.9% .6% 1.1% .9% NE SAIT PAS Effectif 77 44 121 10 5 15 Proportion (%) 19.9% 10.9% 15.3% 5.7% 2.8% 4.3% TOTAL Effectif 387 402 789 176 176 352 Proportion (%) 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

6.2. Opinions sur la migration des enfants pour raison de travail La migration des enfants pour raisons de travail constitue un des thèmes d’intervention de la Coopération Germano-burkinabè. L’étude montre que les attitudes des populations semblent

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évoluer (cf. Etudes sur le trafic et les pires formes de travail des enfants 3). Ainsi 11,3% des hommes et 15,3% des femmes ont affirmé que la migration des enfants pour des raisons de travail est une bonne chose. La sensibilisation doit être renforcée pour éclairer davantage ceux qui soutiennent cette migration des enfants (cf. tableau 55).

Tableau 55: Opinions sur la migration des enfants de 6-14 ans pour raison de travail

FEMMES HOMMES Sexe SUD SUD Opinions des enquêtés EST OUEST ENSEMBLE EST OUEST ENSEMBLE Très bonne Effectif 8 9 8 3 5 8 chose % 2,1% 2,2% 2,1% 1,7% 2,8% 2,3% Effectif 51 62 51 11 15 26 Bonne chose % 13,2% 15,4% 13,2% 6,3% 8,5% 7,4% Mauvaise chose Effectif 306 308 306 155 150 305 Proportion (%) 79,1% 76,6% 79,1% 88,1% 85,2% 86,6% Sans opinion/ Effectif 22 23 22 7 6 13 aucune idée Proportion (%) 5,7% 5,7% 5,7% 4,0% 3,4% 3,7% Total Effectif 387 402 387 176 176 352 Proportion (%) 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006

6.3. Opinions sur l’ampleur de l’excision dans la zone. L’excision est combattue au Burkina Faso depuis plus d’une décennie. Il s’agit de parvenir au seuil d’une tolérance Zéro d’ici 2010 contre cette pratique. A la question de savoir si l’excision est répandue dans la zone, 13,1% des femmes enquêtées et 12,8% des hommes déclarent ne pas savoir. Il n’existe pas de différence significative entre les sexes et entre les régions (cf. Tableau56).

Tableau 56: Ampleur de la pratique de l'excision en fonction des régions

FEMMES ENSEMBLE HOMMES ENSEMBLE L'Excision est-elle répandue ? EST (%) SUD OUEST (%) % N Est Sud-Ouest % N Oui 3,9 5,7 4,8 38 6,8 5,7 6,3 22 Non 84,5 79,9 82,1 648 80,1 81,8 81,0 285 NSP 11,6 14,4 13,1 103 13,1 12,5 12,8 45 Total (%) 100 100 100 100 Effectif (N) 387 402 100 789 176 176 100 352 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE , novembre 2006

3 PSV-DHTE/GTZ/Kfw/CERFODES, Etude de base sur le trafic et les pires formes de travail des enfants dans69 la région sud-ouest du Burkina Faso, 2004. PSV-DHTE/GTZ/Kfw/Fonds Enfant/CERFODES, Etude de base sur le trafic et les pires formes de travail des enfants dans la région Est du Burkina Faso, 2005

6.4 Connaissance sur les conséquences négatives de l'excision. Pour les conséquences de l’excision, un gros effort reste encore à fournir à tous les niveaux et plus spécifiquement au niveau des femmes. Les femmes (75,7%) comme les hommes (67,7%) ne peuvent pas citer trois conséquences immédiates et deux conséquences lointaines de l’excision (cf. tableau 57).

Tableau 57: Répartition des hommes et des femmes qui refusent l’excision et qui sont capables de citer trois (03) conséquences immédiates et deux (02) conséquences à long terme de la pratique de l’excision

Sexe FEMMES HOMMES Refuse l’excision et capable de citer 3 conséquences immédiates SUD SUD et 2 conséquences lointaines EST OUEST ENSEMBLE EST OUEST ENSEMBLE OUI Effectifs 121 71 192 60 35 95 % 31,3% 17,7% 24,3% 41,1% 23,6% 32,3% NON Effectifs 266 331 597 86 113 199 Proportion (%) 68,7% 82,3% 75,7% 58,9% 76,4% 67,7% TOTAL Effectifs 266 331 597 146 148 294 Proportion (%) 68,7% 82,3% 75,7% 100,0% 100,0% 100,0% Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Quant aux conséquences immédiates que les enquêtés ont cité, on retient la mort (42,1% pour les femmes et 41,8% pour les hommes), l’hémorragie (41,8% pour les femmes et 44,9% pour les hommes) et la douleur (32,1% chez les femmes et 26,7% chez les hommes) (cf. Tableau58). Tableau 58: Connaissance des conséquences immédiates de l'excision en fonction des régions FEMMES ENSEMBLE HOMMES ENSEMBLE Conséquences négatives immédiates de l'excision EST SUD OUEST % N Est (%) Sud-Ouest (%) % N Mort 41,9 42,3 42,1 332 43,2 40,3 41,8 147 Hémorragie 44,2 39,6 41,8 330 41,5 48,3 44,9 158 Douleur 36,2 28,1 32,1 253 29,0 24,4 26,7 94 Infections 15,2 13,2 14,2 112 23,3 14,8 0,2 67 Infection à VIH/SIDA 18,3 10,0 14,1 111 26,7 16,5 21,6 76 Tétanos 14,2 5,5 9,8 77 18,8 10,2 0,1 51 Choc mortel 8,0 2,2 5,1 40 6,3 5,7 6 ,0 21 Lésion d'organes voisins 3,4 2,0 2,7 21 2,8 1,7 0,0 8 Difficulté d'uriner 3,6 1,0 2,3 18 4,0 0,6 23,0 8 Anxiété/dépression 0,5 1,2 0,9 7 1,1 0,6 0,9 3 Autres 2,1 2,5 2,3 18 2,8 6,8 4,8 17 Total (%) 100, 0 100,0 100 100 Effectif (N) 387 402 100,0 789 176 176 100 352 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006 70

Quant aux conséquences lointaines, il y a les problèmes d’accouchements (53,7% de femmes et 50,2% d’hommes) ; la mort (28,1% de femmes et 27,2% d’hommes) et la stérilité (17,6% de femmes et 18,5% d’hommes),(cf. tableau 59).

Tableau 59: Connaissance des conséquences négatives lointaines de l'excision selon la région

HOMMES ENSEMBLE FEMMES ENSEMBLE Conséquences négatives lointaines de l'excision Est (%) Sud-Ouest (%) % N EST SUD OUEST % N Douleur 11,4 5,7 8,5 30 15,2 11,4 13,3 105 Problème à l'accouchement 52,8 54,5 53,7 189 53,7 46,8 50,2 396 Mort 36,4 19,9 28,1 99 33,3 21,4 27,2 215 Stérilité 23,3 11,9 17,6 62 23,3 13,9 18,5 146 Infection à VIH/Sida 16,5 16,5 16,5 58 14,5 11,4 12,9 102 Difficulté d'uriner 2,8 - 1,4 5 2,1 2,5 2,3 18 Chéloïdes 0,6 - 0,3 1 - - - 0 Kystes 2,3 1,1 1,7 6 1,3 0,7 1,0 8 Impossibilité de faire les rapports sexuels 9,1 3,4 6,3 22 4,9 5,0 4,9 39 Fistules 1,1 0,6 0,9 3 - 0,2 0,1 1 Anxiété/dépression 0,6 1,1 0,9 3 1,3 0,2 0,8 6 Mauvais souvenir 3,4 0,6 2,0 7 2,3 2,2 2,3 18 Incontinence urinaire 3,4 - 1,7 6 1,3 0,5 0,9 7 Rétention des règles 1,1 - 0,6 2 1,0 0,2 0,6 5 Frigidité 8,5 0,0 5,7 20 3,1 0,7 1,9 15 Diminution du plaisir sexuel 8,0 3,4 5,7 20 4,7 2,7 3,7 29 Divorce dans le couple 3,4 1,1 2,3 8 2,1 0,5 1,3 10 Autres 2,3 5,1 3,7 13 1,8 5,7 3,8 30 Total (%) 100 100 1 00 100 Effectif (N) 176 176 100 352 387 402 100 789 Source : enquête de terrain, CERFODES – GTZ/PSV-DHTE, novembre 2006

Tous ces résultats sur les conséquences de l’excision appellent au renforcement des actions engagées pour la lutte contre cette pratique.

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VII. INTERPRETATION DES RESULATS

De cette étude, 71,6% des femmes et 78,1% des hommes enquêtés reconnaissent des droits à la femme. Cependant, à la question de savoir si la femme mérite d’avoir les mêmes droits que l’homme, moins de la moitié des enquêtés ont répondu par l’affirmative et les femmes sont aussi nombreuses que les hommes à penser qu’elles ne méritent pas d’avoir les mêmes droits que les hommes. Cette situation est liée aux conditions de leur socialisation. En effet, la communauté inculque aux enfants que les garçons sont différents, voire supérieurs aux filles. La socialisation des enfants se fait dans cet esprit de supériorité pour les garçons et d’infériorité pour les filles. Ce qui explique le fait que peu d’enquêtés reconnaissent que la femme mérite d’avoir les mêmes droits que l’homme. L’étude permet a permis de savoir que les violences faites aux femmes demeurent un phénomène discret de société, et presque tu par les victimes et les auteurs, elles touchent une proportion relativement importante de femmes des zones d’intervention du PROSAD. En effet, un tiers des femmes ont reconnu avoir été victimes de violences. Ce chiffre est probablement loin de la réalité, quand on sait que les femmes hésitent encore à déclarer les violences qu’elles subissent. Cependant, il est très important et très utile de disposer d’indicateurs qui appellent à des actions en faveur de la promotion des droits des femmes. Quant aux hommes qui sont les principaux auteurs de ces violences, 1/3 d’entre eux déclarent avoir déjà exercé une violence sur une femme/fille au cours des douze derniers mois. Parmi les hommes qui exercent les violences, les jeunes de 15-24 ans représentent plus de 40% au niveau des deux régions à avoir exercé une violence sur une femme. C’est dire que si la violence est exercée par le groupe d’âge des 15-24 ans, il existe une urgence à les sensibiliser. La violence est perçue par plus de 40% des femmes comme un phénomène qui est répandu dans leurs localités. Cette étendue de la violence est plus perçue par les femmes en union polygamique et les femmes en union libre. Les femmes en union polygamique sont les plus exposées aux violences dans l’Est. En outre, dans l’Est, les femmes en âge avancé subissent plus que les jeunes et les adultes des violences. Par contre au sud-ouest, ce sont les jeunes femmes de 15-24 ans et les veuves qui sont exposées aux violences. Toutefois, les femmes du Sud-ouest reconnaissaient que les femmes en âge avancé sont aussi délaissées et ressemblent plus à des gardiennes des concessions qu’à des épouses. Ce qui évidemment explique que certains conjoints entretiennent de plus jeunes femmes partenaires « au dehors ». 72

L’époux reste dans tous les cas le principal auteur des violences faites aux femmes. Il est important de savoir que l’instruction n’est pas un élément discriminant dans les comportements des hommes violents. En effet scolarisés ou non, il n’existe pas de différence significative dans l’exercice de la violence. Ce qui indique que la violence est d’abord un fait dû à l’environnement socioculturel. La famille est présentée comme le cadre le plus propice aux violences., Quand la violence est exercée en famille sur une épouse et devant les autres membres, il est certain que ce genre de pratiques ne peut que conduire à une perception de la violence comme un phénomène normal. La famille comme cadre privilégié de ces violences laisse penser que ces actes se déroulent très souvent en présence des enfants. Ce qui au plan éducatif ne peut que renforcer les pratiques de violences chez ces enfants qui en adopteront comme un mode de gestion dans leurs futurs ménages. D’ailleurs à force de subir les violences, certaines femmes finissent par l’accepter comme un fait normal dans le couple. Cette perception de la normalité de la violence dans le couple est d’ailleurs utilisée pour décourager les femmes à recourir aux services de références pour y trouver des solutions conséquentes. La pauvreté, les contradictions entre conjoints, la consommation de l’alcool constituent des facteurs déterminants des violences faites aux femmes et aux filles. En effet, certains hommes qui ne disposent pas de moyens pour satisfaire aux besoins de leurs familles et aux leurs se retrouvent très souvent dans des états de violences caractérisées. Ils n’hésitent pas alors à exercer la violence sur les femmes qui leur rappellent leurs obligations. Quand à l’alcool qui n’est pas seulement l’apanage des hommes, mais aussi de certaines femmes, surtout dans le Sud-ouest, il occasionne des mésententes entre conjoints qui se soldent par des disputes pouvant entrainer des violences physiques et morales. Par ailleurs, il est important de noter que plus les femmes sont instruites, plus elles ne perçoivent plus les violences comme un phénomène normal. En effet, si les femmes non instruites sont moins nombreuses à reconnaître qu’elles ont subi des violences, en revanche, les femmes scolarisées ou alphabétisées sont plus sensibles aux violences exercées par les hommes à leur endroit. L’instruction est également un facteur discriminant pour la connaissance des services de recours et des services juridiques. En dépit du faible nombre de femmes qui déclarent connaître des structures de recours juridiques ainsi que les conditions et les procédures de recours, et qui en conséquence les utilisent peu, on relève que les femmes instruites ou alphabétisées sont plus de 40% à recourir à ces services. L’alphabétisation et l’instruction sont donc des éléments déterminants qui peuvent contribuer à l’utilisation des services juridiques par les femmes.

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Il est cependant important de savoir que des blocages et des obstacles persistants à l’utilisation des services juridiques se fondent sur la stigmatisation et la condamnation faites souvent par les autres membres de la communauté à l’endroit des femmes ayant eu recours à des services juridiques. Toutefois, si les services juridiques classiques sont très peu utilisés pour résoudre les violences faites aux femmes, il est ressorti au cours de cette étude que d’autres alternatives de recours sont possibles pour régler les violences faites aux femmes. En effet, les conflits conjugaux qui constituent l’élément le plus important des violences domestiques sont souvent résolus auprès des chefs de terre au Sud-ouest. Très souvent, la juridiction traditionnelle tranche en faveur de la femme. Cette démarche communautaire mérite d’être analysée en profondeur dans les deux régions afin de s’en inspirer au mieux pour servir de stratégie de promotion des droits des femmes et des filles dans les milieux traditionnels.

CONCLUSION

Les violences faites aux femmes sont une réalité patente dans les zones d’intervention du programme PROSAD (régions de l’Est et du Sud-ouest du Burkina Faso). On est édifié par l’ampleur du phénomène, car plus d’une femme sur trois (33,5%) déclare avoir déjà subi une violence, tandis que plus de 30% d’hommes enquêtés reconnaissent avoir exercée une violence quelconque sur leur conjointe ou leur fille. En dépit du silence qui entoure les violences subies par les femmes, les contraintes socioculturelles et économiques obligent de nombreuses femmes à ne pas entreprendre des actions de recours. Ces violences qui sont généralement le fait des époux, ou des partenaires sexuels et des parents restent un phénomène familial. Si selon les enquêtés, les principales causes de violences faites aux femmes sont relatives à la pauvreté, à la contradiction entre les conjoints et à la consommation de l’alcool, on note une différence significative entre le Sud-ouest et l’Est. Dans l’Est les femmes et les hommes attribuent ces violences à la pauvreté, alors que dans le Sud-ouest, ce sont les contradictions entre conjoints qui poussent à des situations de violences. Si dans l’Est, les entretiens montrent que la charge domestique constitue la première forme de violence que les femmes subissent, elle s’explique par le fait que la femme est sollicitée dans les champs domestiques en plus des travaux qui lui incombent dans son ménage. Par ailleurs cette montre que si les populations enquêtées reconnaissent l’existence des droits de la femme et de la fille, elles mettent quelques résistances à leur concéder tous les droits. Certains enquêtés ne 74

manquaient pas de souligner que la femme ne mérite pas d’avoir les mêmes droits que l`homme. Cette délimitation de certains droits aux femmes par les hommes et les communautés, fait que certaines femmes finissent par croire qu’elles ne méritent pas de jouir des mêmes droits que les hommes. Ce qui constitue un frein au recours et à l`utilisation des services juridiques par les victimes. En plus, le faible recours aux services juridiques est soutenu par des pesanteurs socioculturelles qui mettent en avant la stigmatisation des utilisatrices des services. En effet, recourir aux services de l’Action sociale suscite quelques fois une incompréhension de la part des autres membres de la communauté qui n’hésitent pas alors à traiter de «bandite» ou «d’effrontée» celle qui convoque devant l’administration, l’auteur des violences qui est le conjoint. Eu égard à tous ces constats, les recommandations ont été faites pour juguler les violences faites aux femmes et promouvoir les droits de celles-ci. Un travail qui se fera avec les communautés adoptant une démarche axée sur le genre.

RECOMMANDATIONS Les constats faits dans cette étude appellent aux recommandations suivantes A l’endroit des autorités communales, régionales et des populations

 Sensibiliser les populations à travers le théâtre forum sur les droits des femmes les violences les conséquences sur les femmes, les familles et les communautés. Cela va consister à soutenir ou à mettre en place des troupes de théâtres locales qui vont avoir des activités ciblées sur la lutte contre les violences faites aux femmes et la promotion des droits des femmes et qui vont sensibiliser les hommes, les jeunes, les femmes et les enfants, la population en général sur les droits des femmes et sur les recours possibles en cas de violation de ces droits.

 Instituer des journées de quarante-huit heures (48h) de lutte contre les violences dans les

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familles pour renforcer les dialogues entre conjoint. Durant ces journées, les femmes et les hommes échangeront pour identifier les vraies causes qui provoquent les violences en leur sein. Lorsque ces causes sont identifiées, chacun s’engagera à les éviter tant que c’est possible et à adopter d’abord un comportement de dialogue et d’échanges.

 Impliquer les responsables coutumiers dans la lutte contre les violences faîtes aux femmes et la promotion des droits des femmes.

 Favoriser les canaux de communication de proximité (radio locale/communautaire, causerie débat, enseignant) dans l’information, l`éducation et la sensibilisation des populations. Les radios, les causeries débats pourront avoir des thématiques choisies à partir des résultats de la présente étude réalisée auprès des populations, les services techniques et les associations qui interviennent sur le terrain pour lutter contre les violences et promouvoir les droits des femmes. Au cours des émissions radio ou des causeries débats, on pourra inviter les hommes et les femmes à réfléchir ensemble sur les résultats majeurs qui se dégagent de cette étude. Par exemple pourquoi la communauté s’oppose-t-elle implicitement au recours des services juridiques quand des femmes sont violentées constamment par des conjoints ? Avec les enseignants c’est de susciter pendant les cours d’éducation civique, le respect de l’autre et de la différence, la culture de la paix et surtout de promouvoir l’équité entre homme et femme.

 Former des para-juristes afin qu’ils/elles puissent jouer le rôle de conseillers matrimoniaux et d’accompagnement des femmes victimes de violence et de violation de leurs droits. Ces para-juristes seront choisis parmi les jeunes, les femmes et les hommes ayant un niveau minimum de CM2 et une certaine notoriété et seront placé sous l’encadrement des services de l’action sociale.

 Mettre en place un système de gestion de conflits conjugaux qui prend en compte les systèmes traditionnels favorables aux femmes et leur doter de compétences sur les droits de la famille en général et des droits des femmes et de la jeune fille en particulier. Ces structures pourront comprendre les élus locaux et les para juristes, des responsables coutumiers et religieux et d’autres personnes influentes. Une rencontre de concertation

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pourrait être organisée de façon périodique avec l’Action sociale sur place. La mise en place de ces structures nécessite une enquête préalable sur l’existence de telles structures au niveau local et leurs pertinences par rapport à la gestion des conflits familiaux.

A l’endroit des autorités nationales  Favoriser l’introduction de l’enseignement des compétences de la vie dans les écoles primaires à partir de CE1 et dans les lycées et collèges. Cet enseignement va préparer les jeunes filles à s’approprier leurs droits, les revendiquer et savoir se défendre en cas de violation de leur droit. Aussi, les garçons seront informés sur les droits et seront avertis à travers ces enseignements des conséquences des violences faites aux femmes.

 Décentraliser l’Action sociale, jusqu’aux départements. L’absence de l’action sociale aux chefs lieux de province est souvent un frein pour les femmes des villages de les utiliser, surtout quand ce village est relativement très distant du service. Les relais communautaires (para juristes, leaders communautaires et autres) doivent être dotés de moyens adéquats pour renforcer les actions au niveau des villages.

 Renforcer les compétences des agents de santé à détecter les violences faîtes aux femmes. En effet en formant des agents de santé à détecter les signes de violences faites aux femmes lorsque celles-ci viennent solliciter des soins, ils peuvent devenir des éducateurs et des agents de sensibilisation sur le phénomène, et ce qu’il faudrait faire. Ils constituent des alliés importants aux acteurs judiciaires et extra judiciaires dans la recherche des preuves de violences physiques et de viol par exemple.

 Renforcer les compétences des officiers de police judiciaire dans l’accueil et la prise en charge des femmes victimes de violations de leurs droits ainsi que la collaboration avec les services sociaux, les parajuristes et autres acteurs extrajudiciaires

 Sensibiliser les populations sur le rôle des structures judiciaires et des acteurs extrajudiciaires (agents sociaux, parajuristes…)

A l’endroit des partenaires au développement dont la Coopération Germano-Burkinabè.

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(PROSAD)  Plaider à la généralisation de l’expérience des services des conseils juridiques au niveau communautaires et auprès des services de l’action sociale dans les chefs lieux de provinces. L’approche novatrice « conseils juridiques au niveau communautaire » actuellement développée par PROSAD dans les régions de l’Est et du Sud Ouest pourrait servir d’exemple à d’autres intervenants  Plaider pour la création d’un cadre de concertation des intervenants pour la promotion des droits des femmes et des enfants. A ce niveau la Coopération Germano-Burkinabè dispose d’opportunités avec la présence de ses programmes sur le terrain et ses expériences de concertation déjà développées dans sa zone d’intervention.  Renforcer l’éducation et la sensibilisation des populations sur les droits des femmes, les violences faites aux femmes et l’abandon de l’excision à travers des approches de communication de proximité telle que « l’approche famille », « l’approche leaders » et « l’intégration des modules contre les MGF dans l’enseignement primaire et secondaire » actuellement soutenues par PROSAD, l’approche « programme intégrée de communication (PIC) » soutenue par l’UNICEF, les Pays Bas et d’autres partenaires. Ces approches de communications de proximité pourraient être soutenues par des débats ouverts au cours des émissions et des programmes dans les médias (télévision, journaux et radio…)  Soutenir les services juridiques et judiciaires à la mise en place d’outils de suivi/évaluation et à la tenue d’une base de données complète et à jour des statistiques relatives aux cas de recours traités sur les violations des droits de la femme.

BIBLIOGRAPHIE AFJ/BF, 2002, Module de formation sur les droits de la femme , Ouagadougou, 90p

AFJ/BF, 2003, Module de formation sur les droits de la femme , Ouagadougou, 40p

AFJ/BF, Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF), Ouagadougou, 17p

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OMS, 1997 : les violences contre les femmes, WHD, Genève, 45p ;

Oxfam-Quebec, 2006 : Etudes sur les violences faites aux femmes en Afrique de l’Ouest, 120p

PSV DHTE : Module de formation sur les droits de la femme et les violences faites aux femmes , Ouagadougou, avril 2006 PSV DHTE : rapport de formation des formateurs/trices régionaux en droits de la femme et violences faites aux femmes, octobre 2005 PSV DHTE : rapport de formation des parajuristes sur les droits des femmes et les violences faites aux femmes, juillet 2005

RECIF/ONG-BF, 1995, Le mariage forcé au Burkina Faso : une forme de violence contre les femmes , Ouagadougou, 50p

Secrétariat Général des Nations Unies, 2006 : M ettre fin à la violence à l’égard des femmes : des paroles aux actes (2006).

Thymée Ndour, 2006 : les violences liées au genre en milieu scolaire en Afrique Subsaharienne : Etat des lieux, pistes d’actions et perspectives conduite par

UNICEF/MASSN, 2001, Etude sur les violences sexuelles faites aux enfants : Etudes prospectives sur les abus sexuels et l’exploitation des enfants à des fins commerciales, Ouagadougou, 140p

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ANNEXE

1) Formule d’échantillonnage

z2.(1-p) d2.p n = 1 z2.(1-p) 1 + ( -1) N d2.p)

Degré de signification 95% z Ecart correspondant au degré de signification 1,96 N Effectif de la population étudiée p Moyenne attendue q 1-p d Degré de précision voulu n taille d'échantillon s Ecart-type

2) Quelques indicateurs sur les droits de la femme et les violences faites aux femmes et leur ampleur

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Identifier les  Typologie des violences faites aux femmes ; types de Tableau 1 :- Répartition des hommes et des femmes enquêtés en fonction des types de violences connus violences faites aux femmes et Sexe FEMMES HOMMES leurs ampleurs Sud-Ouest Total Est Sud-Ouest Total EST (%) Formes de violences (%) (%) (%) (%) (%)

Sévices corporels 36,7 31,3 34,0 46,6 36,4 41,5 Surcharge de travail domestique 52,2 19,9 35,7 52,8 23,3 38,1 Coups et blessures volontaires 16,5 40,0 28,5 18,8 36,9 27,8 Violences morales 32,0 33,3 32,7 24,4 26,1 25,3 Refus de contribuer aux charges du ménage 25,3 18,4 21,8 21,6 14,2 17,9 Mariage forcé/précoce 24,5 10,7 17,5 24,4 10,8 17,6 Autres 15,8 14,9 15,3 14,8 14,2 14,5 Abus sexuel/harcèlement/viol 10,9 14,4 12,7 6,8 15,9 11,4 Abandon du domicile conjugal 13,2 7,2 10,1 15,9 6,3 11,1 Grossesses contestées/refus de paternité 4,1 5,0 4,6 4,0 10,2 7,1 Mutilations génitales féminines 8,0 6,0 7,0 7,4 4, 5 6,0 Problèmes d'héritage 3,1 4,7 3,9 4,0 4,5 4,3 Exploitation du travail des filles 2,1 2,7 2,4 3,4 1,7 2,6 Avortement forcé 2,8 0,2 1,5 1,7 1,7 1,7 Trafic des enfants 1,3 2,7 2,0 1,7 1,1 1,4 EFFECTIFS 387 402 789 176 176 352

Tableau 2: Femmes ayant subi des violences cours des 12 mois précédents l’enquête

Provinces

EST SUD OUEST Total Recours aux services Juridiques Oui Effectif 117 147 264 Proportion (%) 30.2% 36.6% 33.5% Non Effectif 270 255 525 Proportion (%) 69.8% 63.4% 66.5% Effectif 387 402 789 TOTAL Proportion (%) 100.0% 100.0% 100.0%

Mesurer le niveau de Tableau 3 : # et % des hommes et des femmes qui connaissent 3 droits fondamentaux des femmes et des enfants. connaissance des hommes et des Sexe FEMMES HOMMES femmes sur les SUD SUD droits Capables de citer 3 droits EST OUEST ENSEMBLE EST OUEST ENSEMBLE fondamentaux des femmes et OUI Effectifs 111 75 186 69 56 125 sur l’existence Proportion (%) 28.7% 18.7% 23.6% 39.2% 31.8% 35.5% des services NON Effectifs 276 327 603 107 120 227 juridiques Proportion (%) 71.3% 81.3% 76.4% 60.8% 68.2% 64.5% disponibles en cas de violation TOTAL Effectifs 387 402 789 176 176 352 de ces droits Proportion (%) 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 81

Mesurer les Tableau 4 : # et % des hommes et des femmes qui approuvent les droits fondamentaux des femmes. attitudes des CIBLES FEMMES HOMMES hommes et des femmes vis-à-vis des droits DROITS APPROUVES % % % (N) % % % N fondamentaux

Droit à la santé des femmes 57,9 26,4 41,8 330 58,5 30,1 44,3 156

(approbation) Droit à l'éducation DROITS SOCIAUX 29,5 31,3 30,4 240 33,0 37,50% 35,2 124

Droit à l'identité 18,9 16,2 17,5 138 14,8 1,70% 8,2 29 Droit à l'intégrité physique 17,6 4,5 10,9 86 14,8 10,20% 12,5 44 Droit à la vie associative 8,3 9,2 8, 7 69 12,5 6,8 9,7 34

Droit à la parole 0,8 0,2 0,5 4 19,9 9,1 14,50

Droit à l'héritage 4,4 4,5 4,4 35 8,0 2,8 5,4 Droit d'avoir la garde des enfants DROITS CIVILS en cas de divorce 0,8 0,2 0,5 4 2,3 1,7 2,0 Droit aux votes et aux postes CIVIQUE/POLITIQUE politiques 11,6 6,7 9,1 72 15,3 9,7 12,5 86 Droit à la formation et au savoir 1,3 0,5 0,9 7 26,1 8,5 17,3 25 Droit de gérer ses biens 1,0 0,2 0,6 5 14,8 2,3 8,5 61 Droit d'entreprendre et de posséder 0,8 0,2 0,5 4 27,8 21,0 24,4 30 DROITS Droit à la terre ECONOMIQUES 1,0 0,2 0,6 5 11,9 2,3 7,1

NSP 8,8 8,7 8,7 69 0,6 0, 6 0,6

Aucun droit 8,8 8,7 8,7 69 1,1 0,6 0,9 TOTAL 100 100 100 100 100 100 EFFECTIF 387 402 789 176 176 352 Mesurer la Tableau 5 : # et % des femmes qui ont eu recours aux services juridiques dans les cas de violences subies ; fréquentation et l’appréciation Provinces des services A eu EST SUD OUEST ENSEMBLE juridiques par les recours aux services femmes juridiques Oui Effectif 3 4 7 % 2.6% 2.7% 2.7% Non Effectif 114 143 257 % 97.4% 97.3% 97.3%

Effectif TOTAL 117 147 264

Tableau 6 : Appréciation des services juridiques reçus par les femmes.

Région région ENSEMBLE 82 Appréciation du service reçu. EST SUD OUEST très satisfaisant Effectif 0 5 5 % .0% 62.5% 38.5%

Effectif 5 3 8 satisfaisant % 100.0% 37.5% 61.5%

Total Effectif 5 8 13

% 100.0% 100.0% 100.0%

Mesurer la proportion des Tableau 7 : # et % des hommes et des femmes qui reconnaissent la scolarisation des enfants comme un des droits hommes et des fondamentaux de l’enfant femmes qui Sexe FEMMES HOMMES reconnaissent la scolarisation des L’école est un droit SUD SUD enfants comme fondamental de l’enfant EST OUEST ENSEMBLE EST OUEST ENSEMBLE un des droits OUI Effectif 296 341 637 165 169 334 fondamentaux de l’enfant. Proportion (%) 76.5% 84.8% 80.7% 93.8% 96.0% 94.9% NON Effectif 14 17 31 1 2 3 Proportion (%) 3.6% 4.2% 3.9% .6% 1.1% .9% NE SAIT PAS Effectif 77 44 121 10 5 15 Proportion (%) 19.9% 10.9% 15.3% 5.7% 2.8% 4.3% TOTAL Effectif 387 402 789 176 176 352 Proportion (%) 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% Mesurer la proportion des Tableau 8 :# et % des hommes et des femmes qui refusent la migration des enfants (6 à 14 ans) pour des raisons de travail hommes et des femmes qui se Opinion sur la migration des enfants de 6-14 ans pour raison de travail prononcent pour le refus de la FEMMES HOMMES migration des Sexe SUD SUD enfants (6 à 14 Opinions des enquêtés EST OUEST ENSEMBLE EST OUEST ENSEMBLE ans) pour des Très bonne Effectif raisons de 8 9 8 3 5 8 chose travail % 2.1% 2.2% 2.1% 1.7% 2.8% 2.3% Effectif 51 62 51 11 15 26 Bonne chose % 13.2% 15.4% 13.2% 6.3% 8.5% 7.4% Mauvaise chose Effectif 306 308 306 155 150 305 Proportion (%) 79.1% 76.6% 79.1% 88.1% 85.2% 86.6% Sans opinion/ Effectif 22 23 22 7 6 13 aucune idée Proportion (%) 5.7% 5.7% 5.7% 4.0% 3.4% 3.7% Total Effectif 387 402 387 176 176 352

Proportion (%) 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0%

Mesurer la Tableau 9 :# et % des hommes et des femmes qui refusent l’excision et qui sont capables de citer t rois (03) conséquences proportion des immédiates et deux (02) conséquences à long terme de la pratique de l’excision . hommes et des femmes qui se Sexe FEMMES HOMMES prononcent pour le refus de l’excision et qui Capable de citer 3 sont capables de immédiats et 2 conséquences SUD SUD citer trois (03) lointains EST OUEST ENSEMBLE EST OUEST ENSEMBLE83 conséquences OUI Effectifs 121 71 192 60 35 95 immédiates et deux % 31.3% 17.7% 24.3% 41.1% 23.6% 32.3% conséquences à

long terme de la Proportion (%) 68.7% 82.3% 75.7% 58.9% 76.4% 67.7% pratique de TOTAL Effectifs l’excision. 266 331 597 146 148 294 Proportion (%) 68.7% 82.3% 75.7% 100.0% 100.0% 100.0%

Mesurer la proportion des Tableau 10 : # et % des hommes qui condamnent les violences domestiques faites aux femmes hommes qui Opinion des enquêtés sur les violences faites aux femmes condamnent les violences FEMMES HOMMES domestiques Sexe SUD SUD faites aux Opinions des enquêtés EST OUEST ENSEMBLE EST OUEST ENSEMBLE femmes Aucune position Effectif 15 11 26 10 16 26 % 3.9% 2.7% 3.3% 5.7% 9.1% 7.4% Désapprouve Effectif 336 373 709 132 133 265 cela % 87.0% 93.0% 90.1% 75.0% 75.6% 75.3% Approuve cela Effectif 12 4 16 12 5 17 Proportion (%) 3.1% 1.0% 2.0% 6.8% 2.8% 4.8% ça dépend Effectif 23 13 36 18 21 39 Proportion (%) 6.0% 3.2% 4.6% 10.2% 11.9% 11.1% NSP Effectif 0 0 0 4 1 5 Proportion (%) 0% 0% 0% 2.3% .6% 1.4% Total Effectif 386 401 787 176 176 352

Proportion (%) 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0%

3) Liste des villages ayant servi à l’échantillonnage dans la région du Sud-Ouest Nbre de Département Population Population. grappes Province Commune Village/Secteur 1996 2006 Ménages retenues PONI Sidoumoukar 797 813 124 84

Commune de Gaoua Secteur 8, Niobini 2588 2639 402 Secteur 6/Tambili 674 687 105 Secteur 2/Tielkan 5409 5515 841 1 Secteur 4 2328 2374 362 1 Secteur 5/Chefferie 1306 1332 203 Gbomblora Gbomblora 163 166 25 Tobo wélétéon 249 254 39 Tobo 769 784 120 Bouroum-Bouroum Bouroum-bouroum 2382 2429 370 Kampti Kompi 531 541 83 1 Kampti 7468 7615 1161 2 Loropeni Obiré 874 891 136 1 Tikera 311 317 48 Gbonfréra 651 664 101 Djigoué Saramassi 114 116 18 Nako Kpatoura 330 336 51 Hemkpoa 189 193 29 Dapola 883 900 137 2 Malba Kpélé 1098 1120 171 NOUMBIEL Legmoin Legmoin 802 930 142 Kouri 382 443 68 Dankana 382 443 68 Baupiel 589 683 104 Piri 802 930 142 1 Batié Secteur 1 2306 2673 408 Secteur 2 593 687 105 Secteur 3 1415 1640 250 1 Secteur 5 138 160 24 Kamatéon 603 699 107 Koriba 649 752 115 Koudjo 670 777 118 Dimania 624 723 110 Zilatéon 564 654 100 Midebdo Midebdo 641 743 113 1 Boussoukoula Boussoukoula 500 579 88 BOUGOURIBA Diébougou Bapla 1236 1431 218 1 Navièlgane 1392 1612 246 2 Bondjigui Mougué 804 931 142 Tiankoura Orkounou 381 441 67 Kankoura 60 69 11 Iolonioro Gairo 264 306 47 IOBA Ouessa Hamélé 3182 3589 547 2 Dissin Nakar 1 4197 4734 722 1 Tansebla 815 919 140 Zambo Zambo 1152 1299 198 1 Koper Memer 1217 1373 209 Total 55474 59904 9134 17 Source : Recensement général de la population et de l’habitat 1996 (INSD)

4) Liste des villages ayant servi à l’échantillonnage dans la région de l’Est 85

Nbre de Département Population Population. grappes Province Commune Village/Secteur 1996 2006 Ménages retenues Gnagna Bilanga Bilanga 2973 3883 640 2 Bilanga Yanga 3244 4237 699 1 Sekouantou 1799 2350 387 Bogandé Bogande Secteur 3 1367 1785 294 Léoura 1866 2437 402 Mani Barhianga 1245 1626 268 1 Manni 5387 7035 1160 1 Piéla Kouri 2351 3070 506 1 Piéla 7889 10303 1699 1 Tangaye 2779 3629 598 2 Gourma Diapangou Balga 2475 3093 480 Diapangou 1514 1892 293 1 Fada N'Gourma Fada N'Gourma Sect.3 3414 4267 662 1 Momba 388 485 75 Natiaboani 5777 7220 1120 2 Tanwalbougou 3034 3792 588 2 Matiacoali Matiacoali 3150 3937 610 Nassougou 1590 1987 308 Tibga Hamtouri/ Hamtiouri 688 860 133 Yamba Nayouri 1129 1411 219 Yamba 1377 1721 267 Tapoa Diapaga Diapaga 5017 7161 1048 Koryombo 693 989 145 Kantchari Boudierie 2834 4045 592 1 Kantchari 5423 7741 1133 1 Sakoani 2591 3698 541 Partiaga Boungou 412 588 86 Nadiabonli 2114 3018 442 Partiaga 4153 5928 868 Tansarga Bodiaga 2622 3743 548 Tansarga 4014 5730 838 Total 85309 113661 17649 17

Source : Recensement général de la population et de l’habitat 1996 (INSD)

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Publié par : Programme Santé Sexuelle, Droits Humains (PROSAD)

Unité Centrale de Gestion du Unité Régionale de Gestion du Unité Régionale de Gestion du Programme (UCGP) Programme du Sud-Ouest (URGP) Programme de Est (URGP) 01 BP 1485 Ouagadougou 01 01 BP 1485 Ouagadougou 01 01 BP 1485 Ouagadougou 01 Burkina Faso Burkina Faso Burkina Faso Tél. : (226) 50 39 26 97/ Tél. : (226) 20 90 00 18 Tél. : (226) 40 77 11 93 50 39 20 47 20 90 02 20 70 31 77 09 50 39 37 30 70 17 85 01 Fax : (226) 50 39 24 52 Fax : (226) 20 90 00 18 Fax : Email : [email protected] Email : [email protected] Email : [email protected]