Note générale

Voici la deuxième version de la maquette. La première a été relue et corrigée par Monique. Dans la maquette, il y a des notes, suggestions, questions à propos du texte et de la maquette (placement des photos). En jaune, ce sont celles de Monique, En bleu, les miennes.

Après votre relecture et les corrections, Monique relira la troisième version et reverra les titres, chapôs et légendes. Pour la période Red Show, n’hésitez pas à apporter des précisions pour les légendes des photos.

Il manque encore quelques photos. Certains portraits que je n’ai pas encore trouvé, des photos de loges et de cuisine récentes, les double pages Vénus et Lulubelle si possible, etc. Les notes «version Facebook» sont pour Marcos et Céline. Pour l’impression, j’aurai besoin des versions HD. Pour la préface, si l’idée de «mosaïque shooting» vous convient (idée de clientèle multiple, d’horizons divers, etc.), je pense la refaire en mélangeant davantage les photos (et en ajoutant les dernières soirées si vous me les donnez ;-) Pour Pascal, le texte fait 1700 signes (mais il peut être plus court si tu veux).

Je ferai le sommaire quand la maquette sera stabilisée. Certaines pages ont changé de place la semaine dernière, elles peuvent encore bouger !

Il faudra aussi penser à harmoniser l’orthographe des noms de scène. Par exemple : Zenitha ou Zénitha. Le E est majoritairement accentué dans le livre, mais pas dans Facebook. Vérifier auprès de Rémi ?

Enfin et surtout, cette maquette n’est que votre première version. Si vous n’aimez pas une page, si vous voulez remplacer des photos par d’autres que vous préférez, c’est le moment ! bonne lecture !

Didier

artishow cabaret 1 « Celui qui passe à côté de la plus belle histoire de sa vie, n’aura que l’âge de ses regrets et tous les soupirs du monde ne sauraient bercer son âme… » Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit (roman paru en 2008)

2 artishow cabaret artishow cabaret 3 version Facebook

4 artishow cabaret Monique Cabré Vanina Cabré

Photos : Marcos Poidebard assisté de Céline Guerreiro 6 artishow cabaret Sommaire

artishow cabaret 7 8 artishow cabaret Préface

n 2003, l’Artishow accueille un nouvel Préfaceartiste qui prend pour nom de scène Galipette. Ce sera le premier artiste à intégrer la troupe d’une façon régulière. Jérôme est né à Casteljaloux dans le ELot-et-Garonne. Le théâtre est venu à lui par hasard, coup de foudre ! Il intègre la troupe de Roger Louret, solide référence. Comédien, auteur de théâtre et metteur en scène très réputé, Roger Louret a créé la compagnie théâtrale « Les Bala- dins en Agenais » dans les années 1970, qui a pour mission la diffusion du théâtre en milieu rural. Jérôme y évolue avec beaucoup d’aisance et de talent, prometteurs d’une belle carrière. Parallèlement, il crée avec un ami, les Proj’acteurs, une petite compagnie de théâtre qui lui permet d’apprendre toutes les ficelles du métier. Puis il réussit à Bordeaux un BTS Immobilier et bravant l’autorité paternelle décide d’être comé- dien à Paris ! Entre plusieurs petits jobs, il suit durant deux ans des cours au Studio Alain De Bock, école de théâtre et de cinéma. Très fêtard et fréquentant les lieux branchés de la capitale, il fait la rencontre de Dimitri et entre dans le monde du transformisme. Il passe alors les portes de l’Artishow à l’occasion d’une soirée entre copains et s’exclame : « J’ai trouvé ça génial ! Je suis revenu plusieurs fois… et un jour, Xavier m’a demandé si cela m’inté- resserait d’être danseur ? » Quelques essais plus tard, la carrière de Jérôme débute à l’Artishow, il y est toujours ! De la danse, il passe au transformisme. Les conseils avisés de Friedrich de chez Make Up For Ever, marque culte du maquillage professionnel, vont l’aider à parfaire la précision de son maquillage pour être au plus proche de ses personnages : Sheila, Céline Dion fabuleuse,

artishow cabaret 9 Photo de l’entrée (jour ou nuit ?)

10 artishow cabaret Un quartier, un lieu, la cité Souzy

ans ce petit coin du XIe arrondissement Système D et appel aux amis des amis. Certains de Paris, niché Cité Souzy, se cache ont des relations parmi les tapissiers. Ils vont fournir derrière d’imposantes portes, un LIEU ! les rideaux – oubliés les rideaux cousus autrefois Comment est né l’Artishow ? par Simone, la mère de Pascal, à la résidence Jeanne Située dans le quartier Sainte-Margue- d’Arc – d’autres ont des copains dans le bâtiment, Drite, à deux pas de la place de la Nation, cette voie qui ce qui va leur permettre de refaire l’intérieur à prix commence au 39 de la rue des Boulets et qui se ter- raisonnable et d’installer une véritable scène. Sur ce mine en impasse, porte le nom de l’un de ses anciens point ils sont intraitables, il n’est nullement question propriétaires, Souzy. de faire dans l’amateurisme. Des croquis sont établis On sait peu de choses de cette ruelle, si ce n’est et une construction rigoureuse est mise en place afin qu’au numéro 3, il y eut au gré des années, un atelier de permettre d’amortir les pas des danseurs et de de couture, un garage abritant des voitures de collec- leur éviter d’inutiles souffrances. Ce revêtement de tion, une salle d’entraînement de catch et enfin une scène est d’ailleurs fourni par un ami, responsable de école de théâtre qui, le soir venu, devenait le «Théâtre la billetterie de l’. À cette époque, la scène de Proposition » affichant des pièces d’avant-garde. étant en réfection, il profite des chutesde Marley Pascal Papazian et Xavier Barboteu, co-fondateurs mises à disposition. du cabaret, ont repris un restaurant dans le XIIIe Les murs sont peints d’un joli bleu sombre qui ne noir mat en 2002. arrondissement, Le Verdi, où ils produisent le soir dissimule pas le passé du lieu. Le décor va évoluer. leurs spectacles. Il deviendra par la suite l’Artishow, Des roues métalliques, fruits de l’imagination de le premier du nom. L’endroit étant devenu inadapté Pascal et Xavier, sont placées sur chaque pan. Elles à un show régulier, ils cherchent un autre local. serviront de cadre à de grandes horloges, puis à des Pascal déniche alors dans le journal une petite tableaux signés Frantz Saulnier dont certains sont annonce qui l’enthousiasme : Au numéro 3 de la encore présents de ci de là. Aujourd’hui, elles sont cité Souzy, théâtre à vendre ! Il en parle à ses amis et garnies d’un maillage qui supporte des mannequins contacte le propriétaire. Ce dernier souhaite avant en métal, aux bras tendus, très expressifs. toute chose que ce lieu, convoité par les artisans du Côté cuisine, là aussi tout est à faire, aménage- faubourg Saint-Antoine tout proche, demeure un ment, achat de matériel… Rien n’est laissé au hasard, espace culturel. Il est invité à venir voir leur spectacle, chacun apportant son savoir-faire. Et si le moral ressort conquis et accepte la transaction. parfois est à la baisse, l’enthousiasme finit par l’em- Le 1er mai 2002 le nouvel Artishow de la cité Souzy porter. L’imagination s’envole, l’énergie redouble… est entre les mains de 14 associés, amis de Pascal et l’Artishow de la cité Souzy est en train de naître, de Xavier. Tous participent financièrement à ce rachat trouver son identité. et à l’aménagement du local. La première soirée confidentielle du cabaret a lieu le Animés d’un bel esprit d’équipe ils vont façonner 27 mai 2002. L’inauguration officielle est programmée à leur goût cet endroit qui, aujourd’hui encore, porte le mois suivant, deux cents personnes sont invitées. les traces de ses multiples destinées, tel ce numéro Chacun retient son souffle ! sur l’un des murs, témoin de l’emplacement d’une voiture de collection. Ils vont rapidement s’y sentir à l’aise et libres, Mais qui sont donc Pascal, Xavier… et les autres ? d’autant qu’ils sont bien accueillis dans le quartier. Flash back…

artishow cabaret 11 De la résidence Jeanne d’Arc à l’Artishow

12 artishow cabaret De la résidence Jeanne d’Arc à l’Artishow

artishow cabaret 13 Repartons plusieurs années en arrière, résidence Jeanne d’Arc. Comment le cabaret s’est-il construit dans l’esprit des uns et des autres ? Qui en sont les principaux acteurs ?

ascal, la stature imposante, Xavier jouait le m’occupais de l’association de défense des le regard bienveillant, fait rôle de Emcee locataires de cette résidence construite dans partie des gens qu’on ne dans la chanson les années 1970. Une loi imposait un certain Willkommen croise pas mais qu’on ren- de la comédie nombre de mètres carrés dits « sociaux ». Ainsi contre. Il endosse tantôt le musicale avions-nous deux belles salles à disposition où P rôle d’administrateur, poin- Cabaret. nous avons développé des activités de loisir tu, rigoureux et chaleureux, classiques comme des tables de ping-pong, un tantôt celui d’acteur. S’il organise et veille au atelier de théâtre, la projection de films, un labo bon fonctionnement des éclairages, du son et photos… Ces pièces pouvaient également être à l’ensemble de la partie technique, sur scène il louées par les locataires pour des fêtes. C’était campe à merveille Framboise, cette petite fille une chance formidable ! » capricieuse aux tenues vestimentaires déto- Bon élève mais ne souhaitant pas intégrer nantes, qui tire des larmes aux spectateurs, une grande école, milieu trop fermé pour lui, ou la prostituée vulgaire. Il imite à merveille il décide de s’orienter vers la médecine. Il fera Marie-Paule Belle, Lorie ou Nana Mouskou- de brillantes études qui le mèneront non pas à ri… Bref, un show tout en finesse et en exubé- exercer dans un cabinet privé mais au Ministère rance, tant dans le maquillage débordant, que de la Santé. L’univers artistique à cette époque, dans les costumes imposants et les perruques ne l’attire pas spécialement. Parallèlement, il démesurées ! poursuit sa « mission » de défense des locataires En 1974, Pascal, fils unique, a 14 ans. Ses de la résidence Jeanne d’Arc dont il devient le parents, cadres supérieurs, emménagent dans le porte-parole. sud de Paris à Antony, dans la résidence Jeanne Au cours de cette « mission », il peut compter d’Arc où ils resteront de nombreuses années. sur l’amitié, indéfectible de sa voisine Maga- Très vite il s’implique dans la vie sociale. « Je li, du même âge que lui et sur le soutien des

14 artishow cabaret parents de celle-ci, Gaby et Gérard, débordants C’était une autre époque, on parlait peu de ces de dynamisme. Ils viendront d’ailleurs des tendances. On préférait les taire, faire semblant années plus tard, cité Souzy, l’applaudir lui et d’ignorer ces hommes souvent regardés d’un ses amis, dont le cercle s’est agrandi. œil méfiant, qui intriguaient et dérangeaient. Il règne résidence Jeanne d’Arc une ambiance Après avoir quitté la résidence pour le sud de sympathique et franche, un esprit associatif la France, Simone, la mère de Pascal, revient à fort. « Ma vie était vraiment là, confie t-il. Paris après le décès de son mari. Libérée de la Même lorsque j’ai rejoint les bancs de la facul- pression de son époux, elle s’intègre totalement té de médecine, j’ai assumé parallèlement la dans le cercle d’amis de son fils, se mêlant bien présidence de l’association et toujours avec volontiers à cet univers gay. Dès lors, elle sera beaucoup de plaisir ». très proche de lui, de bon conseil et s’offrira Les locataires sont ravis et apprécient le côté même, tardivement, une seconde jeunesse sérieux et solide de Pascal. D’ailleurs Gaby se totalement épanouissante. souvient «… quand nous sommes arrivés en 1976, l’association existait déjà et tout de suite Sous influences… nous en avons fait partie. Pascal s’y investissait L’histoire a donc commencé il y a déjà trente en tant que jeune de la résidence, et il y avait ans et a évolué avec la rencontre de Xavier, alors des fêtes !… C’était un garçon sérieux ; quand employé dans une librairie. Pascal vient d’avoir il s’occupait de quelque chose, il le faisait d’une dix-huit ans et Xavier en a seize. Il est alors un manière très rigoureuse.» client assidu de la librairie où travaille Xavier L’orientation sexuelle de Pascal se dessine et se trouve très attiré par ce jeune homme a en toute discrétion et s’impose malgré les Xavier dans l’air à la fois mystérieux et réservé. réticences de son père et le silence retenu de l’une des Entre un père quasiment absent, une mère sa mère. Cependant, contrairement à ce qui se premières trop souvent en hôpital psychiatrique, une passera pour Xavier, ils l’ont toujours accep- chansons de belle-mère intolérante et un frère de dix ans té sans le blâmer. Pascal voue également une Jeanne Mas son cadet, la vie n’a rien de simple pour cet et la pochette grande admiration à son grand-père, «l’homme du premier adolescent. À lui de se débrouiller avec cette de sa vie », gentil, compréhensif et brillant. 45 tours de la « drôle de vie », de trouver son chemin sans chanteuse. soutien et sans beaucoup de réconfort. L’école ne l’attire pas et il préfère sécher les cours pour s’enfermer dans sa chambre et regarder des films de cinéastes italiens, des classiques américains, des films d’horreur qui le font frissonner, ou encore s’évader dans la littéra- ture fantastique. Sur le plan musical, il écoute

artishow cabaret 15 du hard rock, puis est fasciné par Jeanne Mas, sympathique. J’y trouve ma place et continue avec ses mèches rouges, son style décalé, gore. de développer un imaginaire très fort, inspiré C’est d’ailleurs son demi-frère qui plus tard lui d’un genre cinématographique et littéraire achètera le disque. dérivé de l’horreur. Où sont les nuances dans cette éducation Je lis beaucoup les œuvres de Graham Joyce, brutale ? Il n’y en a pas ! Il lui reste à s’affranchir Ray Bradbury, Serge Brussolo… et bien sûr de ce poids qui pourtant au fil du temps va le de Stephen King. Cet auteur populaire bien révéler. Il se construit un rempart, un monde connu des adeptes du genre fantastique et de lié à la littérature, au cinéma et au hasard de la science-fiction, met en scène dans un style rencontres à la librairie. familier et une ambiance gore, des person- Des mots durs, des claquements de portes, nages vivants et très colorés qui provoquent une violence trop présente, c’est dans cet uni- une peur indicible chez les lecteurs. Il aborde vers tumultueux et incohérent, que l’adolescent aussi régulièrement le thème de l’enfance. J’ai aux limites de la délinquance, tente de trouver dévoré Shining, l’enfant lumière, Dead Zone, un chemin. Misery… et bien d’autres. » « À la maison, aucune discussion ouverte Le cinéma le passionne. Celui de Paul Verhoe- n’est envisageable, raconte t-il. Je suis seu- ven, ce réalisateur néerlandais, surnommé « le lement reconnaissant à ma belle-mère, étant Hollandais violent », est célèbre pour avoir donné mon absentéisme à l’école et dans la tourné des films provocateurs assez durs mesure où elle me voyait dévorer des livres, Yann dans comme Robocop, Total Recall, ou érotiques tels de m’inciter à l’âge de seize ans, à passer un le numéro Basic Instinct ou Showgirls. Celui de Ken Russell, CAP de libraire, puis un BEP. Cet environne- XXXXXXXX. dont il admire la création des effets visuels fan- ment livresque finit par me convenir, mal- En bas, un tasmagoriques, traduit bien les hallucinations gré des patrons libraires échantillon de ses personnages et leurs interrogations sur des influences avec lesquels je ne cinématogra- l’homosexualité. Il y a aussi David Cronenberg suis pas forcément en phiques de qui a pour prédilection l’horreur, le fantastique adéquation. Je garde Xavier. et la science-fiction. Son cinéma cherche mon esprit rebelle. À à approfondir les névroses et les phobies Antony, je vais res- de la société, avec des déchaînements de ter quatre ans, la pulsions refoulées, une atmosphère très patronne est dure que l’on retrouve dans Dead Zone, particuliè- Crash, Cosmopolis… Ou encore Brian De Pal- rement ma dont le cinéma est très marqué par Alfred Hitchcock. Il a connu ses premiers succès avec Phantom of the Paradise, Pulsions… puis dans les années 1980 avec Scarface et Les Incorruptibles notamment. Il regarde aussi des films basiques comme Massacre à la Tronçonneuse avec les personnages légendaires de Leatherface, Chop- Top Sawyer, Sherif Hoyt… qui font monter le taux d’adrénaline.

16 artishow cabaret « Les films fantastiques, voire surréalistes, devant sa porte ma valise à la main, jeté dehors Un final du m’enthousiasment, me transportent, dit-il. par ma belle-mère qui avait découvert mon Red Show très J’admire et je m’imprègne profondément du homosexualité naissante. J’étais d’une timidité diabolique… cinéma italien de Federico Fellini, Pier Paolo extrême et malgré tout, je suis arrivé chez lui Pasolini, Luchino Visconti, Mario Bava, Lui- et j’y suis resté environ sept ans. Une période gi Comencini et tant d’autres. Plusieurs des formidable de notre vie ! » tableaux que je mets en scène sont inspirés de toutes ces fresques. Dans la conception de Comment avez-vous découvert le mes spectacles, je trouve beaucoup de matière transformisme ? dans ce melting-pot culturel, et possède pas « On sortait très peu en boîtes de nuit, préfé- moins de 1 500 DVD, ma richesse !» rant l’atmosphère des restaurants fréquen- Nous sommes au début des années 1980. tés par la communauté gay, à laquelle j’étais totalement étranger. L’animation se faisait en L’approche du transformisme salle. Il n’y avait pas vraiment de scène et il ne s’agissait pas réellement de dîners-spec- Xavier, pourquoi ce style de vie ? tacles, mais de diver- « En fait je ne l’ai pas choisi. Je n’ai aucune atti- tissements autour du Pascal, l’ami de toujours, rance homosexuelle déclarée à cette époque. Il transformisme parti- celui qui l’a accueilli un soir se passera peut-être trois ans avant que Pas- culièrement à la mode. de désarroi, paumé, sa valise cal réussisse à me faire sortir de mon milieu J’étais terrifié ! à la main. pour découvrir autre chose. Il était encore Par la suite, Pascal m’a étudiant en médecine et client de la librairie emmené un peu partout, me faisant découvrir où je travaillais. Il m’a invité à une soirée avec les multiples facettes de ce monde totalement ses copains de faculté, son attirance à mon décalé. En dehors des revues présentées dans égard était évidente mais je fréquentais des les restaurants, je ne connaissais réellement filles ! C’est plus tard que nos sentiments se ni les homosexuels, ni les transformistes, ce sont rejoints. Il a fallu un coup du hasard, un milieu m’était totalement abstrait ». soir de désarroi où, paumé, je me suis retrouvé

artishow cabaret 17 Vous avez bien sûr connu le célèbre Piano dans particulière s’en dégageait. Ces soirées nous Là, il me faudra la cuisine ? emballaient, nous transportaient vers d’autres de l’aide pour Ah oui, LA référence dans l’univers du trans- univers, nous étions totalement éblouis par légender ! On dirait Xavier formisme, un lieu extraordinaire resté dans ces artistes ! Au Piano dans la cuisine, la salle en Stéphanie bien des mémoires. Nous nous rendions sou- était petite et l’ambiance très conviviale. Les de ... vent au fameux 20 rue de la Verrerie dans le spectacles enchaînaient playbacks et parodies IVe arrondissement. C’est dans cet endroit assurés par Momo d’Amour, Rita l’Amphore mythique que dans les années 1980, tous les ou encore Fifi, Fernando Doigts de Fées, de transformistes sont passés. La majorité des vrais professionnels. Cela allait bien au-delà artistes de chez Michou y ont fait leurs premiers du changement d’identité, nous étions face à essais. Un succès tel que deux spectacles par des acteurs de théâtre avec une vraie mise en soir seront proposés. scène, un miroir à deux faces. Pascal et moi, ni Il faut préciser qu’à cette époque, un nou- transsexuels, ni travestis, étions totalement veau quartier est en train de naître dans cette fascinés par l’homme qui tout à coup devient, partie du Marais, entre Beaubourg et la rue avec le plus grand naturel, un personnage des Rosiers. Les loyers étant très modérés, féminin. des jeunes s’y installent et ouvrent des bars, coffee-shops, restaurants… à forte orientation Vous assistez également à la représentation homosexuelle. Deux cabarets d’un genre dif- de Starmania ? férent, vont marquer les mémoires, Le Piano Bien que cet opéra rock franco-québécois Zinc et Le Piano dans la cuisine. ait été créé en 1978, nous y allons avec Pascal Nous y avons passé des moments extraordi- en 1986, notre premier concert, et l’un des naires. Nous étions en pleine période d’émer- tous premiers opéras-rock francophones gence de Mylène Farmer, une atmosphère entièrement chanté. Là, un autre déclic se

18 artishow cabaret Le groupe produit ! Nous assistons à une totale explo- Les spectacles du début féminin sion de lumière, une orchestration parfaite. Dans les années 1984-1985 pour l’anni- Bananarama L’impact visuel est énorme, on en prend plein versaire de son compagnon, Pascal, lui fait la faisait partie du spectacle des les yeux ! Pascal, depuis toujours subjugué surprise d’un petit spectacle entre amis, une années 1990. par les jeux de lumière au niveau scénique, va réussite ! Dès lors, l’expérience se renouvelle puiser là une formidable source d’inspiration à chacun de leur anniversaire. Au fil du temps, technique et artistique. Starmania aura une des soirées à thème, bien sûr inspirées des films influence considérable sur notre façon de d’horreur, se mettent en place, se construisent. revisiter et de faire évoluer nos spectacles « Face à l’engouement suscité, l’habitude qui n’en sont qu’à leurs débuts. s’installe peu à peu de monter sur scène plu- sieurs fois dans l’année à la résidence Jeanne À partir de ces années fortes, votre chemin se d’Arc, puis dans une salle municipale où nous précise ? allons présenter notre premier spectacle Je m’intéresse à de multiples choses, écris transformiste, toujours dans un style gore. des scénarios, m’adonne à la peinture, au des- Nous courons les boutiques d’accessoires sin, je crée même des romans-photos. Une destinés au cinéma fantastique dans le souci terrible envie d’entreprendre m’anime ! Des d’une véritable mise en scène, avec tellement délires que Pascal sait adroitement canaliser. de ferveur et de naïveté », se souvient Pascal En dehors des sentiments qui nous unissent, le sourire aux lèvres. « C’était très artisanal, notre complémentarité est très forte, très un drap en guise de fond de scène, quatre pro- constructive, toujours dans le respect de jecteurs, une machine à fumée, deux copines chacun. pour nous accompagner et le rideau se levait ! Dans un cadre très « bon enfant », pour la fête de fin d’année, nous avons décidé de remonter

artishow cabaret 19 un autre petit spectacle, mieux structuré et qui et quand il le faut, je m’y remets volontiers. » à nouveau a rencontré un franc succès. Nous L’excitation est à son comble et au final le avons répété et développé ce concept drôle, public va applaudir à tout rompre. Le rôle de dérisoire et convivial plusieurs fois par an, en manager qui revient à Pascal ne l’empêche pas amateurs jusqu’en 1995, parallèlement à mon de monter sur les planches, sous le nom de métier de médecin au Ministère de la Santé, Framboise emprunté à un vieux vinyle déniché tandis que Xavier continuait de s’adonner aux Puces de Saint-Ouen. Xavier quant à lui, avec passion à la librairie. » décide de conserver son prénom. Plus tard il La répartition des rôles se fait très naturel- prendra Pétunia pour nom de scène. lement, Pascal prend en charge avec minutie « Nous sommes passés peu à peu à davan- la partie technique tandis que Xavier s’épa- tage de représentations, de professionnalisme nouit dans le choix des numéros, des artistes, aussi, usant de « story boards » pour le dérou- des spectacles et de leur mise en scène. « Les lement du scénario. Nous avons travaillé à numéros présentés au Piano dans la cuisine une chorégraphie plus soignée, réfléchissant ont constitué une vraie source d’inspira- à l’enrichissement des décors, à l’importance tion, rassurante pour des débuts, même s’ils de la lumière » explique Xavier. étaient peu créatifs, précise Xavier. Le show « Chantal Goya, Zizi Jeanmaire, Mylène Far- débutait par un play-back de C’est la ouate mer, Desireless, Jeanne Mas, enfin, l’idole de de Caroline Loeb, puis Chantal Goya, Alain toujours qui d’ailleurs n’est jamais venue à Souchon… de bons souvenirs ! Je faisais moi- l’Artishow ! De nouveaux shows d’une heure et même les costumes, mettant à profit mon quart, vraiment choisis, animés d’une dizaine goût pour le dessin. Que de plaisir j’ai pris à de numéros, avec une prédilection pour les traîner du côté du marché Saint-Pierre, chez années 1980 ». Tati, à fouiller un peu partout pour trouver Afin d’officialiser cette activité, l’équipe des tissus, des accessoires et du maquillage décide de créer l’association Red Show à laquelle bon marché. Que de soirées passées à piquer Rare photo du est confiée l’animation du Nouvel An à la rési- tout premier à la machine robes à paillettes ou vestes spectacle avec dence Jeanne d’Arc. droites, coupées au plus près de mes croquis ! Framboise et Ainsi naît le Red Show ! Cette habitude d’ailleurs ne m’a pas quittée Xavier.

20 artishow cabaret Jean-Yves

a personnalité de Jean-Yves dégage une chaleur humaine palpable. Il excelle dans son rôle de maître d’hôtel et affiche une classe certaine. Accueillant et prévenant, son sourire est franc et naturel. LMais avant cela ? Jean-Yves passe une enfance heu- reuse dans la Sarthe entouré de parents, frère et sœur très aimants. Passionné par l’électricité et l’électro- nique, il fait des études techniques et trouve un poste de dessinateur industriel dans un bureau d’études parisien. Il n’est pas convaincu d’avoir pris la bonne direction mais restera tout de même vingt ans dans la même entreprise. Ses déplacements professionnels l’enchantent, que ce soit dans le Nord de la France ou en Allemagne. Après quelques aventures, à vingt ans, il rencontre Jean-Jacques, persuadé qu’il sera l’homme de sa vie. Les années passent ponctuées de sorties dans les lieux branchés de la communauté gay. Comme les autres, ils passent quelques soirées à l’incontournable Piano dans la cuisine ou à l’Alcazar. Par le plus grand des hasards, Jean-Yves propose son aide à un ami qui vient d’ouvrir une auberge en Nor- mandie et, déclic, la restauration lui plaît ! Il tourne la page pour devenir au fil du temps, un maître d’hôtel aguerri, officiant chez les grands noms de la gastro- nomie. Son talent fait qu’avec naturel, il sait imprimer son « style » chaleureux et convivial. Et lui aussi se prend au jeu de la scène ! Il présente notamment une époustouflante imitation de Charles Aznavour ou de Catherine Lara. Passionné par le théâtre, il propose des numéros de création comme Heureuse ou Le clown, au visage si expressif et si émouvant.

le portrait de Jean-Yves est-il bien placé, par rapport à sa présence dans le texte ?

artishow cabaret 21 Le Red Show Cette période Red Show inaugure, dans l’hi- larité générale mêlée à un brin d’insouciance, des nouveautés scénographiques pour Pascal, Xavier et leurs amis. Cependant, parallèlement à la naissance du Red Show, Pascal et les parents de Magali, sa voisine, son amie, poursuivent avec la même ferveur la défense des locataires de la résidence Jeanne d’Arc. Après bien des déboires internes, la nécessité de renflouer la caisse de l’association s’impose et un nouveau spectacle est programmé. Gaby, la maman de Magali, raconte avec émotion : « les gens payaient un petit peu car on préparait les repas… Comme le spectacle se faisait avec des amis d’enfance de Pascal, lors des répétitions nous rigolions énormément. C’était extraordinaire pour nous. Au début c’était Gérard, mon mari, qui filmait, puis ce fut Stéphane, l’époux de Magali… Après, on a changé de salle, installé des décors, des estrades, des lumières, une salle pour les repas et une autre avec une scène permanente équi- pée d’une sono... Simone, la maman de Pascal avait même cousu les rideaux ! » Désormais, des proches, présents parmi le public, vont s’intégrer au spectacle, monter sur scène et s’essayer au transformisme. Ainsi Gaby et Gérard se transformeront en merveilleux Bonnie and Clyde et joueront La drague de Guy Bedos et Sophie Daumier. Framboise se prendra pour Coccinelle et Xavier adoptera les allures de la Cicciolina, la star du porno italien dans les années 1980. « Cela n’a jamais été grossier, un beau succès dans notre résidence, poursuit-elle. Ce sont des souvenirs extraordinaires, une franche rigolade ! Par la suite, mon mari étant dans les affaires, il les a conseillés et nous avons conti- nué de les suivre dans le XIIIe puis dans le XIe arrondissement, organisant des anniversaires grandioses». C’est à l’occasion de la soirée préparée pour le mariage de Magali, que Gaby et Gérard vont offrir à l’équipe leurs premiers éclairages, un projecteur de poursuites avec le rond qui suit les pas de l’artiste. Des années après, certains invités se souviennent encore de ce spectacle composé de quelques anciens numéros, mais aussi de quelques inédits qui créent un for- midable effet de surprise dans la salle. Chaque spectacle du Red Show est accompagné d’un Framboise dans le rôle de , programme et d’une affiche. Certains ornent lors de la création du duo avec aujourd’hui les murs du cabaret, en souvenir , interprétée par la Diva. de ces débuts animés d’une telle exaltation.

22 artishow cabaret En 1989, Pascal se lance dans la politique, inscrit sur la liste municipale d’un parti de gauche. Échec cuisant mais belle occasion de faire découvrir les numéros du show dans le cadre d’une fête annuelle orchestrée par les socialistes. « Il fallait une certaine dose d’in- conscience, considère t-il avec amusement, pour accepter ». Les années se sont écoulées, il termine son internat et intègre une médecine de santé publique, plus proche de la prévention. Pascal va jusqu’en 1996 s’occuper de la prévention sida, encore à ses tous débuts. La maladie fait des ravages terribles, surtout dans le milieu gay. L’urgence est de réagir et de s’unir pour mener le combat. Il se souvient : « le personnel soignant n’entrait plus en scaphandre dans les chambres des patients atteints du virus comme dans les premiers temps de l’épidémie car on en savait plus sur la maladie. Mais cela suscitait au sein des unités de santé une vraie méfiance, voire une grande hostilité envers les malades. J’ai assisté à des scènes terribles et entendu des propos homophobes terrifiants ». Depuis 1992, aux deux créations annuelles à la résidence, s’ajoute le réveillon du 31 décembre. Cela représente un gros travail de mise en scène, avec cette fois un vrai décor et des thématiques mieux structurées. Une fois, ils organisent un réveillon autour du thème des sorcières avec des décors de cinéma et des invités déguisés en sorcières. Une autre fois, ils proposent une soirée « Bordel des années 1930 », puis une autre année, c’est l’« Égypte » qui est mise à l’honneur. Pour cette occasion, la première partie de la salle est transformée en labyrinthe ponctué de grottes et tombeaux. « Les gens entraient à quatre pattes dans ce dédale et devaient retrouver leur nom inscrit en hiéro- glyphes », précise Xavier. Une mise en scène et une recherche artistique solides, signes précurseurs des shows à venir. Pascal et Xavier quittent la résidence Jeanne d’Arc en 1996. Ennuis de santé pour Xavier, opération traumatisante. Sa thérapie reste le spectacle et chaque nouvelle épreuve viendra inconsciemment prendre place dans la concep- tion de ses tableaux.

Rue de la Colonie C’est le quartier L’année suivante, ils découvrent dans le administratif. magazine gay Illico distribué gratuitement, «au pied de une nouvelle adresse dans le XIIIe arrondisse- la Butte aux ment, rue de la Colonie, dans le quartier de la Cailles» serait Maison Blanche. C’est le restaurant Le Verdi, plus parlant...

artishow cabaret 23 géré par Jean-Yves le maître d’hôtel. Toujours prêts à sortir et curieux de toute nouveauté, ils trouvent l’endroit agréable, accueillant, chaleureux, y retournent plusieurs fois et sym- pathisent avec l’équipe. Jean-Yves devient un ami. Avec Jean-Jacques, son compagnon qui travaille dans un garage, ils viennent voir le spectacle encore présenté à la résidence Jeanne d’Arc. Cette rencontre va s’avérer essentielle pour l’avenir de l’Artishow, une autre page se tourne !

Xavier se souvient : « j’ai continué à travail- ler à la librairie et cela pendant 18 ans au total, dont 11 partagés avec Pascal. Finalement, j’ai réalisé que j’avais toujours été attiré par cet univers fantasmagorique, par les prémices inconscientes du transformisme. Je m’amusais En rendant à maquiller mon petit frère, à créer des romans hommage aux grandes figures photos, des décors de toiles d’araignées » se de la nuit, le Red souvient-il amusé… « et j’adorais organiser Show s’inscrit avec Pascal ces fameuses soirées surprise pour dès ses débuts chaque anniversaire. À force de sortir dans les dans la tradition soirées transformistes, on a essayé de monter des spectacles transformistes. un premier spectacle d’une dizaine de numé- Ici, Framboise ros, Pascal avait loué une machine à fumée. interprète Après, on a répété cette expérience pour les Coccinelle à réveillons des locataires puis on a rencontré différentes Jean-Jacques et Jean-Yves. Enthousiasmés périodes. par notre spectacle, ils viendront par la suite le faire découvrir à leurs amis ». Il faut dire que Jean-Jacques et Jean-Yves connaissaient particulièrement bien l’univers des transformistes, ayant fréquenté des artistes Quittant Paris, Jean-Jacques et Jean-Yves de renom, passé de nombreuses soirées chez partent parfois pour Le Lavandou et retrouvent Madame Arthur dont la devanture colorée attire des amis au Flamenco, lieu mythique accueillant le regard lorsqu’on descend la rue des Martyrs des shows transformistes. Il fut longtemps le à Montmartre. Madame Arthur est sans doute temple des nuits varoises, jusqu’à sa fermeture le premier cabaret transformiste de Paris où se en 1998. Restent gravés dans les mémoires les produisent des artistes transsexuels réputés numéros d’artistes comme Agath, Lili Bartok, comme Coccinelle, Cricri, Baddabou ou Bambi. Rita Patchwork ou encore Dany, Stella… Et Ils fréquentent bien sûr le non moins célèbre pourtant, ils trouvent dans le spectacle de Carrousel de Paris situé rue Fontaine dans le IXe leurs amis parisiens, quelque chose en plus ; arrondissement. Devenu aujourd’hui un music- les numéros sont davantage scénarisés, for- hall, le cabaret s’appelait à ses débuts, Chez midablement mis en lumière, les costumes et Joséphine, créé pour Joséphine Baker. Au cours les décors très travaillés. des années qui ont suivi, il a vu monter sur scène Lors du réveillon du 31 décembre 1995, Pascal, nombre d’artistes encore peu connus comme Xavier et quelques amis décident de faire une Jacques Brel, Georges Brassens ou Juliette Gré- surprise à Jean-Jacques en intégrant Jean-Yves co et plus tard Dalida, Jean Ferrat… À partir de dans leur spectacle. Grand moment d’émotion 1945, la direction du Carrousel désignera Cocci- lorsqu’il apparaît en Juliette Gréco reprenant la nelle pour créer l’évènement. Le Tout-Paris se chanson J’arrive. Révélation également car cette bousculera pour participer aux soirées version expérience l’enchante. Par la suite, il intégrera dîners-spectacles burlesques, accompagnées la scène avec bonheur et talent. d’une troupe d’artistes très appréciés. Dans cet endroit privilégié de Paris, non loin

24 artishow cabaret de la Butte aux Cailles, quartier qui a gardé Décision prise, Pascal propose à Jean-Yves son âme de village, le restaurant Le Verdi et sa de s’associer dans ce rachat. La suite va être cuisine savoureuse sont réputés. Jean-Yves semée d’embûches et durant plusieurs mois, la excelle dans son rôle de maître d’hôtel et sait situation s’avèrera juridiquement très délicate. s’entourer de personnes compétentes qui par- Enfin, le er1 avril 1997, ils sont officiellement à tagent les mêmes valeurs de respect du client la tête du Verdi ! et de prestations dignes de l’art de recevoir à L’aventure continue… et le spectacle aussi ! la française. Parmi ces personnes, Pascalou est une figure L’Artishow sonne comme un jeu de mots incontournable. Originaire du bassin d’Ar- La porte s’est refermée sur le Verdi pour cachon, son parcours est assez atypique. Il s’ouvrir sur l’Artishow, un joli jeu de mots fréquente rapidement le milieu artistique, trouvé par Xavier. La première représentation Peut-être trop régisseur sur les tournages de films, trans- officielle de l’Artishow se déroulera en juin précis pour un formé en Dingo pour la promotion du Parc 1997, il y a tout juste vingt ans ! livre que l’on veut «faire Disney à Marne-la-Vallée mais aussi dans Sur le plan de l’organisation interne, la charge durer» plusieurs toute l’Europe, inscrit aux fameux cours Simon de travail tant du côté de la restauration que années ? pour faire du théâtre… et de temps en temps, dans la création et le déroulement des spec- extra au Verdi aux côtés de Jean-Yves. Leur tacles est telle que Pascal décide, après avoir rencontre et leur entente seront spontanées assuré un mi-temps au Ministère de la San- et réciproques. té, de mettre un terme à son engagement, se Mais lorsque le mois de juin arrive, il repart consacrant pleinement à l’Artishow. vers son sud-ouest natal pour travailler dans Le restaurant marche très bien, l’équipe est Le concept les bars et restaurants de plage. solide et bien rodée, le service impeccable et du Red Show Lorsque Le Verdi s’est agrandi, il a accep- la cuisine toujours aussi délicieuse. Les entre- était aussi té de devenir serveur à temps plein. À Paris, prises alentour se pressent et une centaine de permettre Pascalou sort beaucoup et fréquente cabarets de couverts sont servis chaque midi. Les soi- aux plus et boîtes de nuit. C’est dire si lui aussi a une rées sont plus sereines, les clients préférant assidus des spectateurs de bonne connaissance de cet univers de fête et le charme de la Butte aux Cailles à deux cents s’essayer au de shows et bien sûr de la restauration. mètres de là, pour aller dîner. À l’Artishow, on transformisme. L’équipe est de plus en plus en symbiose et le ne dépasse pas les vingt-cinq couverts. Prouesse de restaurant Le Verdi particulièrement apprécié, Les premiers dîners-spectacles sont mon- double trans- notamment des bureaux alentours, le midi. tés et se déroulent une fois par mois, le show formation pour Gaby et Gérard En revanche, il s’avère que les soirées sont étant assuré par des bénévoles à qui on offre en dans Bonnie trop calmes. Le spectacle est donc le bienvenu échange le couvert. Tout le monde est enchanté and Clyde. et rencontre une audience grandissante. Les représentations se multiplient et certaines soirées se font à guichet fermé. Deux créations annuelles sont en cours. Pascalou, se souvient de ce réveillon de 1995 qui s’est déroulé cette année là à la résidence d’Antony et en parle en termes élogieux. La question a fusé : «Pourquoi ne faites- vous pas ces spectacles au restaurant ? » L’idée est à retenir ! En 1996, le propriétaire du Verdi connais- sant de sérieux problèmes financiers, propose à Jean-Yves de racheter le restaurant dont il assure déjà la gestion depuis quelque temps. Une réflexion commune s’impose autourde la le visuel de création d’une association pour reprendre le Gaby et Gérard restaurant et pérenniser le spectacle de façon est-il bien mensuelle. Pascal et Xavier ont conscience placé ? Nous que l’association de la résidence Jeanne d’Arc sommes arrivés à l’époque de commence sérieusement à s’essouffler et que l’Artishow 1 ? de surcroît, ils n’y habitent plus.

artishow cabaret 25 de ce compromis. Les clients n’étant malgré tout pas très nombreux, il faut ménager les dépenses et Pascal, passionné qu’il est depuis toujours par la cuisine, prend en charge la res- tauration du soir uniquement. Les soirées se transforment en tables d’hôtes très conviviales. Cependant la fatigue se fait ressentir, la soif de soleil est bien réelle et la nécessité de prendre des vacances, sans pour autant fermer l’Arti- show, s’avère indispensable. Coup du hasard, le choix se porte pour cer- tains d’entre eux, sur la Thaïlande. Ils s’y ren- dront plusieurs fois afin de peaufiner certains aspects du show et, chose essentielle, se ren- seigner sur la fabrication des costumes à par- tir des dessins très précis de Xavier et sur les circuits des ateliers de couture. Ils vont même en profiter pour acheter quelques jolies tenues à paillettes qui rehausseront de leur éclat les prochains numéros. Jean-Yves et De retour de ces fabuleux voyages, avec Pascal après désormais le recul nécessaire, ils abordent avec un spectacle Xavier est également de plus en plus pris par le courage les problèmes qui se présentent. Face au de l’Artishow développement des shows et par la mise à profit départ du chef dont la cuisine est si appréciée, de la rue de la de ce qu’il a vu en Thaïlande. « J’ai commencé Pascal prend la relève. En bon organisateur et Colonie. à ajouter dans les scènes des chorégraphies en fin cuisinier, cent couverts ne l’effraient avec des danseurs. Il y avait donc des répéti- pas et la clientèle qui s’était faite discrète ces tions et je travaillais également au restaurant, derniers temps, revient ! au bar, en cuisine. Chaque semaine, la salle de restaurant était transformée en salle de spectacle. Par la suite, cet imposant travail de déménagement nous a fait réfléchir à trouver un lieu plus grand ». Il abandonne alors son métier de libraire. Il monte un spectacle de fin d’année en pui- sant dans les précédents tableaux, tout en y intégrant des nouveautés. C’est à cette occasion que Jean-Jacques va entrer véritablement dans la troupe et prendre le nom de scène de Mamy- ta. Avec panache, il joue le personnage d’une cantatrice déjantée qui interprète Madame Butterfly, une chanson de Kimera.

Entrée en scène de Mamyta Au printemps 1999, après avoir travaillé trente sept ans dans le même garage, Jean- Jacques apprend que l’entreprise va être vendue. Il a alors cinquante-six ans et pas vraiment l’envie d’accepter la proposition de rachat qui lui est faite. Son ami Jean-Yves l’encourage alors à s’investir davantage dans le cabaret, ce qu’il fera par la suite. Néanmoins lorsque le garage trouve finalement acquéreur, la morosité Une chanson de Tina Turner s’installe. Jean-Jacques qui a toujours été très interprétée par actif, se sent tout à coup désemparé et abat- Anthony. tu malgré le soutien de ses anciens copains.

26 artishow cabaret De la Thaïlande à Las Vegas

es voyages constituent autant de chocs culturels que visuels et une nouvelle ouverture dans le monde du spectacle. Jean-Yves et Jean-Jacques d’un côté, Pas- cal, Xavier et Anthony de l’autre, assistent Cen Thaïlande à tous les shows transformistes. L’am- biance est toute autre, les costumes extraordinaires et hauts en couleurs, les chorégraphies et les tableaux beaucoup plus visuels que ce qu’ils ont l’habitude de voir en France. « Nous sommes revenus avec des étoiles plein la tête », se souvient Pascal, tandis que Xavier explique : « Ce pays a joué un grand rôle dans mon parcours, c’est à partir de ce moment là que j’ai mis en place des chorégraphies, davantage travaillé la mise en scène et l’originalité des approches thématiques. Je me suis inspiré de ces spectacles d’une qualité inouïe. J’ai laissé de côté l’esprit un peu trop boys band, pour introduire des danseurs et étudier les chorégraphies ». Ainsi au rythme des rencontres, dans cette ambiance où chaque bar ou boîte de nuit propose un spectacle Anthony au Boat Bar de travestis, les artistes de l’Artishow s’épanouissent. Le metteur en scène et le directeur artistique des deux principaux cabarets de Phuket dont le Boat Bar, pro- posent à Xavier et à Anthony de participer à un spectacle. L’approche est différente car les clients vont et viennent durant le spectacle. Xavier et Anthony s’accordent pour offrir un numéro assez audacieux, un duo chanté et dansé inspiré de Cinéma, joué par la troupe de la com- pagnie théâtrale Roger Louret. Le succès est énorme ! En 2007, ils découvrent la magie de Las Vegas. Long- temps considérée comme « la ville du péché », elle peut prétendre aujourd’hui au titre de capitale mondiale du divertissement. Balade nocturne sur le Strip, la fameuse artère éclairée d’une multitude de néons de toutes les Anthony et Xavier couleurs et direction vers les nombreux lieux de spec- au Boat Bar tacles. « Des spectacles de fous » s’exclame Jean-Yves. Un vrai saisissement là aussi ! Tout est grandiose, monu- mental, démesuré, tout y semble possible. Les artistes osent. Xavier raconte : « J’en ai pris plein les yeux. Je me suis enfin dit “ça y est, il y a des gens qui ont des idées vraiment barjots, donc je vais y aller à fond”. À partir de là, j’ai vraiment eu l’audace de demander aux artistes de faire des trucs de dingues ! ». Des voyages très constructifs pour les artistes de l’Ar- tishow, des shows, des rencontres qui vont les aider à prendre le recul nécessaire pour innover et poursuivre Stéphane, Jean-Yves et l’aventure avec encore plus d’enthousiasme. Jean-Jacques à Las Vegas.

artishow cabaret 27 la vente du salon de thé. Coup de chance, un repreneur se présente. L’aventure de Jean- Jacques à l’Oisivethé prend fin. Dès lors il rejoint l’équipe de l’Artishow à temps plein à la fois pour le service du midi côté restauration et pour participer au spec- tacle, le week-end. Mamyta arrive à l’affiche et devient le personnage emblématique du show, formidable dans ses interprétations mêlant candeur et truculence, aussi bien lorsqu’elle se transforme en Brigitte Bardot avec sa petite robe Vichy, qu’en Mireille Mathieu avec sa coupe de cheveux au bol ou en Yvette Horner, et sans oublier Alice Sapritch dans Mes amants. Et de confier : « Ce qui me plaît, c’est moins la scène que l’ambiance. Si je restais chez moi, je regarderais la télé. Mais j’aime aussi être dans Madame la salle. On rencontre plein de monde, c’est C’est alors que non loin de là, un petit local se Butterfly très sympa. » retrouve libre. de Kimera, Plusieurs années après leur disparition, la le premier Lors de leur voyage en Thaïlande la bande numéro de présence de Jean-Jacques et Jean-Yves hante d’amis avait fait la rencontre d’un Français lancé Mamyta. toujours les murs de l’Artishow. On ressent dans la commercialisation d’objets thaïlandais beaucoup de mélancolie à évoquer cette époque artisanaux. Pourquoi ne pas faire de cet endroit proche. L’émotion dans la voix, Pascal raconte: un salon de thé et une boutique d’objets exo- « Mamyta et Jean-Yves ont développé en même tiques ? L’affaire est conclue. Un second voyage temps un cancer et ont disparu en 2013. Le coup en Thaïlande va leur permettre de faire des repé- fut très dur, nous les avons entourés jusqu’à la rages intéressants mais également d’importer fin, c’était l’âme du cabaret ! Au-delà du travail des articles divers allant des chaises, tables et de deuil personnel, il m’a été particulièrement lampes pour équiper la boutique, à divers objets très dur de répéter chaque soir aux clients et traditionnels destinés à la vente. Enfin le salon amis fidèles ce qui s’était passé. C’est sûr, ces de thé ouvre ses portes et comme Xavier n’a deux là nous ont apporté à tous énormément. pas son pareil pour trouver un nom original, il Flyer distribué à Cette dure période de ma vie reste ancrée en propose l’Oisivethé. Adopté ! Parallèlement, la Gay Pride de moi. » Jean-Jacques s’associe avec les patrons de l’au- 2001. Ils sont présents dans les mémoires, les amis berge en face, La Butte, et ne rechigne pas à aller et artistes qui ne sont plus, leurs photos sont leur donner un coup de main. Entre temps, l’Artishow marche bien et la représentation passe d’un samedi à un week- end par mois. Tracasseries financières et juri- diques. Des amis voisins de la rue de la Colonie, Christophe et Didier, surnommés Tic et Tac, vont les sortir d’affaire. 1999 est décidément une année pleine de rebondissements mais somme toute positive. La fréquentation des shows étant de plus en plus forte. Non loin de là, l’Oisivethé a bien du mal à s’affirmer. Le salon de thé est agréable et souvent rempli. En revanche, la marchan- dise n’attire guère les porte-monnaie et coûte très cher à importer. Il s’ensuit une situation assez particulière de va-et-vient entre le salon de thé et le restaurant pour se partager les tâches. Mais, force est de constater que la solution finale reste

28 artishow cabaret l’accueil avec le bar, une très grande salle avec une véranda et une plus petite. En semaine, c’était un restaurant très agréable grâce à la lumière du jour qui pénétrait par la véranda. Quand arrivait le week-end, on mettait en place un système de rideau occultant qui transfor- mait cette pièce en scène. On utilisait alors la troisième salle comme loge ». Un très gros travail ! En semaine le restaurant seul fonc- tionnait et le vendredi, transformation totale pour le montage du spectacle. Le dimanche remise en place. Entre temps, en 2000, suite à la loi des 35 heures et la mise en place des RTT, une bonne partie de la clientèle change ses habitudes du déjeuner rituel au Verdi et part pour des week- C’était déjà ends prolongés. Le chiffre d’affaires commence l’Artishow à chuter. Bien des questions se posent ! Vendre l’établissement finit par s’imposer mais tout en souhaitant continuer à produire les spectacles. Reste à trouver un autre endroit, un autre quar- tier où continuer la restauration et le cabaret. Ils apprennent que le Piano dans la cuisine qu’ils ont tous fréquenté assidûment, est à vendre. Cet endroit, bien situé dans le Marais, si prestigieux auparavant, est totalement tombé en désuétude. Comme disait Jean-Yves avec son franc-parler : « Ça a connu son époque, mais après, à la fin, le patron faisait le service, la bouffe et le spectacle tout seul, et la vaisselle à Anthony dans l’eau froide car l’eau chaude ne marchait plus». aujourd’hui exposées dès l’entrée du cabaret. une chanson Les relations avec le patron s’avèrent très com- Leurs amis évoquent, entre rire et émotion, de Whitney pliquées et l’idée s’envole. En revanche, il faut Houston. autour d’un verre, le bon vieux temps. Il y a Confirmation réellement trouver un autre lieu. Ce sera Cité ceux des débuts à la résidence Jeanne d’Arc, nécessaire Souzy dans le XIe arrondissement, quartier qui ceux qui, restés fidèles à une même idéologie, compte déjà de nombreuses salles de spectacles. y ont toujours cru. Et puis il y a les autres, qui peu à peu, au fil d’une histoire chaotique, ont eu l’audace de se joindre à la troupe, de jouer la Made in Normandie de Stone et Charden comédie du transformisme, de donner au public réunissait Mamyta et Jean-Yves. l’envie de partager des moments surprenants, attachants.

Mais repartons rue de la Colonie, à l’Arti- show… Tandis que Mamyta fait un triomphe sur scène, Xavier propose à Pascalou d’être danseur. « J’ai fait quelques passages, explique t-il, puis des interprétations pour un final ». Le temps passe et en 2001, le spectacle devient hebdomadaire avec toutes les contraintes que cela entraîne, comme l’explique Pascal : « Nous avons toujours eu la même exigence: un plateau de lumière déjà important, le réaménagement de la salle avec des rideaux afin de pouvoir la transformer. On avait aménagé trois salles :

artishow cabaret 29 Les Classiques Certains numéros, créés à l’époque du Red Show, continuent à être joués à l’Artishow. La mise en scène, les costumes, voire les interprètes ont changé, mais les numéros restent intacts. Ce sont les véritables stars du cabaret.

Le duo Mathieu / Mouskouri Depuis plus de vingt ans, quatre Mireille Mathieu (la Diva, Didier, Mamyta et Xavier) se sont succédées pour donner la réplique à Framboise, seule interprète de Nana Mouskouri.

Dhésabillez-moi & La Parisienne Alternant des extraits de sketches de Sylvie Joly et les chansons de Juliette Greco et de Marie-Paule Belle, Framboise provoque l’hilarité depuis l’époque du Red Show.

30 artishow cabaret Chantal Goya D’abord seul sur scène, Xavier s’est entouré de lapins sexys, puis de nombreux personnages pour un numéro toujours plébiscité.

Les Visiteuses du soir Créé dans le XIIIe arrondissement par Mamyta, la chanson de Brindille est maintenant interprétée par Xavier.

Les dessous chics La chanson de Serge Gainsbourg interprétée par Jane Birkin a été incarnée par Xavier, puis par Vénus. Depuis plus de vingt ans, des milliers de spectateurs se contorsionnent pour observer la nudité des danseurs.

artishow cabaret 31 Cité Souzy de seniors, particulièrement friands de spec- Et voilà notre troupe d’artistes et de restau- tacles transformistes et adeptes des déjeu- rateurs arrivée à la Cité Souzy. On fait le tour ners-spectacles. « J’avais conservé, tout à fait de table des amis proches, des acteurs et des par hasard, une plaquette datant du temps danseurs, tous sont partants pour participer du premier Artishow dans le XIIIe arrondis- financièrement. sement, d’une entreprise qui organisait des L’inauguration officielle du nouvel Artishow déjeuners-spectacles pour seniors. Nous se fait en juin 2002, après une avant-première avons renoué contact » raconte Pascal. où seulement une quinzaine de privilégiés Même si il y a un fort potentiel Cité Souzy, sont présents. Petite déception, la clientèle de la salle et la restauration sont à revoir et ne l’établissement précédent n’a pas forcément sont pas adaptés à ce type de clientèle. Pascal suivi, loin de là. L’esprit de groupe aide à sur- se souvient : « On avait fait une salle avec des monter les moments difficiles dont des soucis petites tables rondes très conviviales et Jean- d’ordre juridique et administratif. « Quand Yves avait fait découper des plateaux pour des l’un d’entre nous avait un coup de blues, les tables de quatre à six personnes. Très sympa- autres le remettaient en selle » confirme l’un thique mais pas du tout fonctionnel pour un d’entre eux. Heureusement, l’Artishow bénéficie d’un bel et solide appui, celui de l’agence Actions et Loisirs spécialisée dans la commercialisa- Le premier dépliant tion de spectacles, notamment de cabarets du cabaret en 2002, parisiens. Elle a pour clientèle des groupes avec les artistes de l’époque.

32 artishow cabaret établissement qui veut rece- leurs prestations sur scène. voir des groupes de quatre- Déjà maquillés, dès l’entrée vingt à cent personnes. Il ils donnent le ton ! Certains fallait, soit se faire plaisir, soit passent parmi les rangées de être rentable ». Au final, des tables répondant à toutes les tables de deux sont alignées, questions curieuses, se prê- séparées de quelques centi- tant volontiers à immortali- mètres, comme dans bien des ser ce formidable moment par cabarets, ce qui en plus facilite un selfie ou une photo-sou- le service. Restait à trouver la venir prise par Céline, pho- bonne formule pour le repas ! tographe adorable, discrète La première idée fut celle et souriante. d’une assiette-dégustation Mais un cabaret n’est pas un copieuse autour d’un thème. restaurant et la règle du timing C’était original mais sortait doit être respectée. Alors c’est du traditionnel « entrée, plat, l’heure : lumière sur scène ! dessert » auquel les groupes restaient attachés. L’équipe De nouveaux acteurs du cabaret va alors s’adapter Cité Souzy, dès leur instal- à leurs souhaits et revenir à lation, de nouveaux acteurs un concept et à une cuisine ont intégré la troupe dont Sté- classiques hautement appré- phane en 2002 et Jérôme dit ciés, afin de les recevoir dans les conditions Galipette, en 2003. les plus agréables possibles pour passer un Stéphane est un très bon danseur autodidacte. moment inoubliable. « Je suis fier d’être danseur à l’Artishow. C’est Pari gagné côté salle et côté spectacle, le public grâce à ce cabaret que j’ai pu avoir une vie stable est conquis par la performance des artistes, leur qui me plaît. Si je n’avais pas eu la chance de côté burlesque qui ne frôle jamais la vulgarité, rentrer à l’Artishow, je pense que j’aurais ter- leur simplicité et la chaleur ambiante. miné très mal », explique t-il. Avec Xavier, il Malgré l’apport indéniable d’Actions et Loi- partage le même goût du spectacle bien fait et sirs, gage de qualité, « ce furent deux ans de travaillent volontiers ensemble. galère absolue. Il a fallu tout recréer, se faire Jérôme est également un personnage clé connaître et garder la foi. Nous avons remonté du cabaret et son parcours lui permet de très la pente, multiplié et fidélisé la clientèle. Une vite assimiler les rôles proposés par Xavier. Il progression lente, tâtonnante mais sécuri- se souvient : « On a déjà fait le spectacle pour sante » explique Pascal. quatre personnes. On se posait alors des ques- Il est très difficile de faire accepter dans tions : Est-ce que ça va marcher ? Est-ce qu’on les mentalités qu’il y a des diversités dans y croit ? Mais oui, on y croit, donc on va tout l’univers du transformisme. L’Artishow ne faire pour réussir ». Il m’est arrivé de dire à se compare pas à Michou, il est différent. Et Pascal « Ne me paye pas ce soir, nous n’avons pourtant cette allusion à Michou revient sans pas fait de recettes. À l’époque, je travaillais cesse. Les articles de presse lors de l’arrivée toujours et deux fois par semaine je ne pouvais Cité Souzy, se font discrets laissant deviner pas participer au spectacle. Un jour Pascal m’a une certaine réticence. L’équipe lance des demandé de faire un choix et j’ai tout laissé pour invitations aux « people » et là, le monde du l’Artishow. Là, on peut choisir sa famille. Dès spectacle et les médias va réagir doucement. que quelqu’un ne va pas bien, tout l’Artishow Le succès revient. En bon gestionnaire, Jean- est derrière lui pour l’aider… C’est davantage Yves veille attentivement au déroulement du une famille qu’une entreprise… déjeuner ou dîner-spectacle et constate qu’il Il n’y a aucun côté malsain. Il existe encore faut vraiment soigner l’accueil, très impor- de gros a priori et une nette confusion sur le tant pour mettre rapidement les clients dans métier de transformiste. Beaucoup font encore l’ambiance. Le repas doit impérativement être l’amalgame entre travesti, drag-queen, trans- une réussite afin de mettre tout le monde en sexuel et transformiste. Le transformisme est bonne forme pour apprécier le show. Le ser- un métier artistique sans connotation sexuelle. vice est assuré par certains artistes en plus de On joue simplement un personnage ».

artishow cabaret 33 Talons et Crampons L’équipe de C’est leur première sortie en tant que caba- Galipette sera à l’origine de la rencontre l’Artishow au ret. « Tous ceux qui furent présents lors de des membres de l’Artishow avec l’équipe de tournoi de cet évènement « sportif » ne pourront jamais football Talons L’Acces’soir Café, café et night-club situé à et Crampons oublier notre Mamyta en bleu, avec de grosses Paris, rue des Blancs-Manteaux. Le courant en juin 2004. paillettes, et Framboise toute de rose vêtue », passe tout de suite. Un soir, on leur demande s’esclaffe Galipette. Le soir même, la remise de de bien vouloir participer à Vincennes à la la coupe est organisée à l’Artishow. « Pour ce prochaine édition de Talons et Crampons, une rendez-vous, confirme Pascal, il y aura quand fête organisée autour d’un tournoi de football même près de trois cents personnes qui passe- féminin, réunissant la majorité des night-clubs, Framboise ront dans le cabaret. On organise un mini-show bars et restaurants gays. Un grand moment ! et Mamyta d’un quart d’heure. C’est vraiment le premier en 2005. évènement qui nous a fait connaître ».

Le Rainbow Attitude Nous sommes en 2004, lors de la première édition du Salon gay Rainbow Attitude à la Porte de Versailles. L’Artishow est contacté et se produit sur la grande scène pour deux spec- tacles. Le jeudi, c’est un succès d’estime mais le samedi, les artistes font un show époustouflant de trois quarts d’heure devant quelque huit cents personnes. Un triomphe ! Aujourd’hui encore certains clients se souviennent de cette prestation éblouissante. « Bien sûr, elle l’est pour nous aussi et elle va nous assurer une belle notoriété dans l’univers gay. On se bouscule aux portes de l’Artishow, mais n’oublions pas que le plus important reste le bouche à oreille véhiculé par nos seniors » confie Pascal.

34 artishow cabaret Jean-Jacques

é à Paris, Jean-Jacques a été élevé par sa Jean-Yves confie : « Quand je voyais les photos de Jean- grand-mère. À quatorze ans, il entre en Jacques à l’armée, il était toujours en robe et talons apprentissage dans un garage. C’est lors aiguilles. Il faisait déjà du spectacle. Il était à l’époque de son service militaire qu’il découvre le avec Daphnée, la grosse Bertha des Incroyables de monde du spectacle et monte sur scène Bobino. C’était marrant ». Qui ne se souvient du film Npour des petits rôles qui lui rapportent quelques sous, de Jean Renoir, La grande illusion ! Durant la Première simplement pour s’amuser. Après cet épisode, il retrouve Guerre mondiale, les soldats montaient des petites un emploi dans un petit garage à Boulogne-Billancourt revues transformistes qui transportaient de rire et de où il restera finalement plus de trente ans. joie les copains. À Paris, c’est la fête ! Il connaît de nombreuses aventures Jean-Yves savait par le biais de sa famille, qu’il aimait amoureuses avec des hommes issus de la Jet Set jusqu’à se travestir. Le persuader ne fut pas très difficile et c’est ce qu’il se stabilise. Déjeuners chez Lasserre, soirées au ainsi que Jean-Jacques devint Mamyta ! Raspoutine ou à L’Étoile, jusqu’au décès prématuré de son dernier compagnon. Il n’a alors que vingt-quatre ans. Peu de temps avant, il avait rencontré Jean-Yves lors d’un voyage au Cambodge. Il décide alors de le revoir. Très vite, ils se mettent en couple et pendant que Jean-Yves travaille au Verdi, Jean-Jacques est au garage. Le soir il côtoie une clientèle très fortunée, des ambassadeurs de la nuit comme Galia ou Régor, le patron du célèbre club gay Le Scorpion. Préciser ce qu’était le Scorpion ?

artishow cabaret 35 Tous les amis sont présents et, précise Pascal, « comme nous refusions de faire une fête avec notre spectacle, nous avons demandé à nos amis belges de venir et de monter sur scène. Ils se sont produits durant une heure trente. Ce fut un beau succès. C’était phénoménal, parce que le style était différent. De plus, ils étaient très impressionnés de monter sur une scène parisienne. Le prestige du cabaret à Paris, c’est quelque chose que nous avons du mal à palper, mais qui existe ». C’est à partir de ce moment qu’il fut décidé de provoquer chaque année, un week-end franco-belge alliant nos shows respectifs.

Esprit de troupe Très fidèles à leurs partenaires, les membres fondateurs du cabaret privilégient vraiment l’esprit de troupe, à l’image de celle qu’on rencontre dans le cirque. Il règne à l’Artishow une atmosphère familiale, un état d’esprit qui se démarque des autres cabarets. Les artistes réguliers ont abandonné le statut d’intermittent et acquis une situation stable, chose qui existe peu en France dans ce milieu. « J’avais choisi cette philosophie afin que les acteurs n’aient pas le souci de courir le cachet, pour qu’ils se Framboise sentent sécurisés, pleinement libérés de toute et les Vous les Nos amis belges, l’accord parfait ! entrave pour mener au plus juste leur numéro. danseurs connaissez Depuis l’époque du restaurant Le Verdi, l’Ar- Sur le plan administratif c’est aussi, avouons- Jérôme, depuis si tishow entretient une amitié solide avec deux Stéphane et le, plus simple » précise Pascal. longtemps ? transformistes belges, Zénitha et Rubis. Pour Rolando. le réveillon du 31 décembre 2006 (ou 2003 ???), Place aux artistes ! Pascal et Stéphane décident de se rendre à Affiche de Bruxelles et par la même occasion rencontrer 2007. Zénitha qui les entraîne pour la soirée dans un petit restaurant qui propose un dîner-spec- tacle. « Ce souvenir est inoubliable, raconte Pascal. J’étais très admiratif de leur manière différente de faire les choses. Ils avaient une structure mobile, sans scène, sans décor. Il leur fallait vraiment naviguer au milieu des tables. Nous avons découvert un public et une troupe formidables, avec Zénitha et Rubis, un garçon plein d’énergie. C’était la vie sur terre personnifiée ! » Après la disparition doulou- reuse de Rubis, Zénitha rencontrera Caprice, son nouveau partenaire avec lequel elle créera une troupe qui désormais participe aux Fêtes de Gand l’été. Quelques années plus tard, décision est prise de faire une grande fête à l’occasion des vingt ans de l’Artishow et des dix ans de sa structure.

36 artishow cabaret L’anniversaire belge

Le 1er avril 2007, l’Artishow organisa une soirée unique : les artistes étaient dans la salle pour applaudir leurs confrères belges.

Rubis était un artiste aux talents multiples, capable d’exprimer toutes les émotions dans un seul numéro. Lire aussi son portrait p. XX.

Ci-contre, Zénitha et Rubis. En bas à gauche, XXXXXXXX. Au centre, Pascal est entouré de Simone et de Gaby, après le spectacle.

artishow cabaret 37 Photo des loges en attente. Marcos doit en faire prochainement.

En coulisses

38 artishow cabaret En coulisses

artishow cabaret 39 ssocier le burlesque à l’émotion, Reflets, le Il griffonne, écrit des scénarios, arrache des le rire aux frissons, porter l’imi- portrait de pages, recommence, dessine avec minutie ses tation jusqu’au transformisme, Mamyta par prochains costumes, avance dans sa quête d’un Marcos. A constitue un art à part entière. spectacle innovant, audacieux, pour surprendre On est au théâtre, tantôt théâtre le public, se retrouver dans son regard. Il aime de boulevard, tantôt théâtre tragédien, on est au ce doute, ce défi et ce stress qui le font avancer, music-hall. On ressent un sentiment curieux chercher au plus profond de lui-même, sortir de où toutes ces sensations se bousculent, à tra- ses tripes ses souffrances enfouies et ses rires. vers une mise en scène signée Xavier Barbo- Il va inconsciemment puiser dans les mélo- teu. Soignée, travaillée au millimètre, elle est drames de son enfance, dans les expériences parfois totalement déjantée, « barrée » comme humaines de son adolescence, dans ses années il le souligne d’un œil malicieux. de librairie, dans ses rencontres. C’est aussi un Modeste, enthousiaste, Xavier exprime à acteur complet, très drôle, lorsqu’il chante par travers ses créations artistiques une sensibilité exemple La foufoune ou imite Chantal Goya, et très intériorisée, une recherche d’esthétisme un personnage parfois lunaire, parfois machia- et d’élégance qu’il souhaite offrir aux artistes vélique, qui se cache derrière un masque dans qui l’accompagnent et aux spectateurs venus des scènes baroques. se divertir à l’Artishow. C’est un passionné, il Le style de l’Artishow se dévoile, éclate, dans ne définit pas son activité comme un métier une explosion et un jeu de lumières fantastique. mais plutôt comme un mode de vie. Nous sommes bien loin du transformisme Xavier aime surprendre les acteurs. Il mesure répétitif et plus proches de la comédie et du leur personnalité, connaît leurs limites, choisit théâtre dont la majorité des intervenants sont les personnages auxquels ils vont s’identifier issus. Alternant trouble, fou rire et émotion, en fonction de leur sensibilité, et ça marche ! le cabaret affiche son identité.

40 artishow cabaret Flash sur la lumière indispensable, générateur de brume à densité Le contrôle de la lumière et des éclairages est variable, permet de donner de la matière à la essentiel à la mise en scène d’un spectacle. À lumière, de créer une ambiance et des effets l’Artishow on en mesure toute l’importance. spéciaux. C’est à la fois très technique et très Pascal, passionné par cette dimension artis- créatif. Le travail de programmation se fait en tique et créative, raconte : amont selon un vrai code des couleurs, chaudes « Ma fascination pour les effets de lumière ou froides, très utile pour mettre les spectateurs remonte à l’adolescence. Lorsque j’éprouve une dans l’ambiance. émotion par rapport à un morceau de musique À partir de mon système informatique, je ou à une atmosphère par exemple, elle se maté- peux choisir l’orientation du miroir, la couleur rialise dans mon esprit sous forme d’éclairage, projetée, l’intensité, le motif (taches…), créer d’ambiances lumineuses. Mon premier vrai un effet stroboscopique, adapter le focus… Au choc s’est produit en 1986 lors de la reprise de total seize canaux me permettent de régler les Starmania. J’y ai découvert l’utilisation de ce différentes fonctions. Chaque numéro est ainsi qu’on appelle les « lumières asservies », des paramétré en amont, un gros travail dont la projecteurs automatiques pilotés à distance dimension artistique est passionnante. Après qui produisent de la « lumière vivante », d’une il suffit d’appuyer sur un bouton pour envoyer qualité bien supérieure à celle diffusée par de le programme lumineux. Au fil du temps, j’ap- simples projecteurs. Ensuite, sont arrivés sur porte quelques innovations comme ce rideau le marché les scanners permettant d’orienter de faisceaux laser qui ouvre le spectacle ». le miroir sur lequel est dirigé le faisceau lumi- « Avec Pascal nous sommes en parfaite sym- neux. Progrès énorme ! biose, poursuit Xavier. Je lui donne la tonalité Mon deuxième choc, je l’ai connu lors d’un du numéro, lui indique les émotions que je concert de au Zénith de Paris. souhaite faire passer et à ce stade il prépare un Là, en raison des progrès technologiques, j’ai jeu de lumières qu’il va affiner lorsque je vais assisté à une féérie de « lumière vivante ». On lui faire découvrir la mise en scène. Quand je commençait déjà à monter des spectacles avec reprends certains numéros et que j’effectue Xavier et un ami m’a fabriqué un petit boîtier quelques petits changements, côté coulisse qui m’a permis de mieux « commander » la il rectifie la programmation de l’éclairage. En lumière. Après quelques années, les scanners fait, j’interviens très peu dans cette partie sont devenus accessibles en termes de prix. Puis Ci-dessous, essentielle qui est celui des jeux de lumière, et à très vite tout a été informatisé et on a inventé l’interface l’inverse, Pascal m’accorde une totale confiance de program- le protocole DMX, permettant de laisser libre mation du pour la composition du show ». cours à sa créativité. Peu à peu, pour un plus protocole Tout comme Xavier garde en mémoire des grand confort et aussi dans un souci financier, DMX512 scènes à travailler pour de futurs numéros, j’ai remplacé les projecteurs par des leds. permet de Pascal « intériorise » les flashs lumineux qu’il a Techniquement, tous les projecteurs sont créer des ressentis et compose par avance des ambiances. ambiances raccordés aux blocs de puissance placés sur la lumineuses Ce processus créatif au long cours permet de scène. Pour matérialiser le faisceau lumineux, riches et dy- mieux structurer la pensée et allège le travail on utilise une machine à brouillard. Cet outil namiques. porté sur les spectacles à venir.

artishow cabaret 41 L’envers du décor Dans les loges À l’entrée extérieure, les artistes et toute L’effervescence règne ! Dans une frénésie par- l’équipe de l’Artishow fument une dernière fois délirante, les artistes vont et viennent. cigarette et discutent entre eux. En salle on Le lieu est petit, plein de vie. Chacun connaît dresse les tables. Elles sont décorées avec parfaitement sa partition et le timing à res- goût, au début reprenant la thématique du pecter. Une heure est prévue pour le temps de spectacle, accordant le choix des couleurs, préparation. Il règne une très bonne ambiance, les petits éléments décoratifs ou l’esthétique tous se côtoient entre rires et blagues. Les cha- des menus. mailleries sont aussi de mise. Selon les jours, certains acteurs ou dan- Les miroirs encadrés d’ampoules sont alignés seurs assurent l’accueil et la réception en de chaque côté de la pièce. Typiques de toute salle. Vénus et Bastien par exemple sont déjà loge d’artiste, ils ne sont pas sans susciter dans maquillés mais pas encore costumés, ce qui les esprits quelques flashs de vieux films ou de n’est pas le cas de Lulubelle qui dans une pièces de théâtre Chacun a sa place devant un magnifique robe de soirée accueille les clients miroir et ses habitudes pour se préparer tran- et donne ainsi le ton. Avec beaucoup de pro- quillement. Le maquillage est précis, rapide, le fessionnalisme elle sait trouver pour chacun geste est sûr, bien rôdé. Quantité de crayons, le mot juste, se prête volontiers au jeu des de palettes multicolores, de pots de crème, de photos-souvenirs et répond aux questions tubes de fond de teint généreusement étalé, des uns et des autres sur le déroulement de de rouges à lèvres aux teintes vives sont dis- la soirée. persés de ci de là. Quelques retouches, parfois

42 artishow cabaret Anthony En 1991, Pascal et Xavier font une rencontre marquante à La Champmeslé,­ le bar lesbien le plus ancien de Paris. Ils sympa- thisent avec Anthony, superbe éphèbe guadeloupéen. Une amitié sincère se crée, puis une attirance partagée. Anthony avec sa plastique magnifique, s’avère être sur scène un artiste stupéfiant. Son interprétation de Whit- ney Houston et son brio dans les rôles de composition vont don- ner encore plus d’impact au spectacle du cabaret. Il affiche une superbe Grace Jones, Tina Turner ou Donna Summer, jusqu’à ce qu’il rencontre un garçon qu’il suivra à Toulouse, délaissant l’Artishow. Des années plus tard, on entend encore parfois au cours des conversations évoquer « l’époque Anthony ».

François Très tôt attiré par le théâtre et l’univers artistique, François commence par suivre l’ensei- gnement du célèbre Cours Florent. Passionné par le trans- formisme, il rejoint la troupe de l’Artishow comme danseur et y François et restera quatre années. Il se fait Stéphane se détendent remarquer et apprécier par sa avant belle personnalité et par sa faculté à faire ressentir au public la d’entrer en moindre émotion. Il quitte le cabaret pour monter une pièce de scène aux théâtre. Grand amateur de littérature, écrivain, il se réjouit de côtés de la parution de son dernier ouvrage 17ème Arr., superbe recueil Galipette, qui incarne de poèmes et de récits poétiques sur ce joli coin de Paris et… Sheila 1970. revient régulièrement retrouver sa bande d’amis à l’Artishow ! importantes, peuvent s’imposer durant le Rubis spectacle (pour exemple lorsque Mikaela passe En 2008, l’équipe de l’Artishow de Véronique Sanson à Édith Piaf). Le rendu se se rend à Mons en Belgique, à doit d’être au plus proche du personnage imité. l’occasion de l’exposition ayant Dans les loges, l’accueil est chaleureux, on pour thème les costumes créés s’y sent bien. La petitesse de la pièce invite à la pour le spectacle Rêves. Formi- confidentialité. Le portant central déborde de dables retrouvailles avec leurs robes fourreaux jetant mille feux, de corsets, amis belges dont Rubis avec le- de robes à frou-frou garnies de satin lumineux, quel un vrai lien se noue. Horreur, de jupons en tulle, de plumes, de strass, de ce garçon d’un dynamisme fou paillettes ou de sequins, explosant de couleurs, et d’une jovialité formidable, qui d’une extravagance bien étudiée, de costumes ne vivait que pour le spectacle, s’éteint subitement. Un vrai d’époque qui font rêver, superbes, travail- choc ! Cette disparition les laisse tous dans un total désarroi. lés dans les moindres détails. Et oh surprise ! « J’ai toujours le mot qu’il m’a laissé la première fois qu’il est Voici que se côtoient la tenue de Bécassine, venu, je n’arrive pas à le décoller du miroir de ma loge, confie celles de PiouPiou et de Pandi Panda ! D’autres Pascal. On lui avait permis de réaliser son rêve, accéder à une vêtements sont plus classiques, plus sobres, scène parisienne. Le petit papier tombera un jour, tout seul, destinés à certains rôles comme celui d’Édith mais tant que nous serons là, je ne le retirerai pas ! » Afin de lui Piaf dans sa petite robe noire toute simple, rendre un dernier hommage la salle de l’Artishow fut baptisée de Christine and the Queens, ou à des imita- du nom de Rubis. tions d’Annie Cordy ou de Véronique Sanson.

artishow cabaret 43 Les mutations d’une salle Décors, chaises, arts de la table, la salle du cabaret évolue chaque année pour accompagner l’univers du spectacle.

Murs noir mat, agrémentés de photos et d’affiches, sol en sisal, tables rondes et rectangulaires, rideau de scène rouge : la salle était déjà chaleureuse en 2002. En 2007, l’artiste Mélissa Martins réalise des peintures en trompe l’œil au centre des nouvelles roues métalliques.

Les roues ont successivement accueillis des horloges pour ShowTime, les portraits de Frantz Saulnier, des mannequins et des photos de Marcos.

44 artishow cabaret Une photo récente de ce type serait mieux

Joseph Bouglione D’une grande gentillesse et sim- plicité, Joseph Bouglione est le dernier de la fratrie Bouglione. « Lorsque je suis à Paris, mon plaisir est de faire la tournée des cabarets, l’âme qui s’en dégage m’émeut toujours aussi fortement ». Joseph Bouglione a rencontré la troupe de l’Artishow par l’intermédiaire d’amis appartenant au milieu artistique et depuis ne manque pas un de leurs nou- veaux spectacles. « Pascal est un artiste, d’une sensibilité extrême et Xavier, plus réservé, très attachant, ne manque pas de surprendre. Le contact est tout de suite passé, nous appartenons à la belle famille des gens du spectacle tout simplement. »

Yvette Leglaire Sacré personnage que cette Yvette Leglaire (nom emprunté en hom- mage à Yvette Guilbert) ! Daniel, couramment appelé Yvette, in- carne à merveille cette vieille chan- teuse alcoolique extravagante et « déjantée », qui suscite l’hilarité du public. En dehors de son show chaque dimanche soir au Point Virgule à Paris, il se produit volon- tiers à l’Artishow, fidèle à ses amis de longue date. Il rejoint la troupe pour des soirées exceptionnelles, marraine de Tous ces vêtements prestigieux sont alignés Best of Surprise ou de soirées plage Hairspray, interprète La dans un ordre bien précis, celui des passages sur Leglaire Dance… Un talent fou se cache derrière ce person- scène, et attendent leur tour. Il n’est pas rare nage totalement délirant et très bien « ficelé » et derrière que le matin même, Xavier soit concentré sur Yvette-Daniel, une générosité absolue. la machine à coudre pour effectuer quelques rectifications. Ysa Ferrer Les accessoires s’accumulent prêts à être sai- Chanteuse, actrice et compositrice sis le moment venu : masques, diadèmes char- au grand cœur, pleine de charme, gés de cabochons, éventails, ballons, baguettes, Ysa a commencé sa carrière en tant sacs, gants, bijoux rutilants pour apporter une que comédienne dans une série touche finale particulièrement chic et visuelle, télévisée, tout en menant une car- boas… sans oublier la fameuse « petite » culotte rière dans la chanson. Lorsqu’elle qu’exhibera Xavier sur scène lorsqu’il chan- pousse les portes de l’Artishow, elle tera dans l’hilarité générale Ma p’tite culotte. tombe sous le charme des lieux et Comment ne pas rester bouche bée devant une de cette ambiance familiale. « J’ap- telle profusion ! précie cette liberté d’expression, Sur de longues et larges étagères, au-des- “l’âme” qui se dégage de chaque artiste qui, au-delà des sus des miroirs, sont disposées chaussures et tableaux présentés, exprime ses propres émotions, raconte perruques. Chaussures plates à lacets, à hauts à sa façon sa propre histoire ». C’est un véritable coup de talons, parfois difficiles à supporter (d’ailleurs cœur pour cette douce artiste devenue la marraine de l’Ar- lorsque les artistes jouent des scènes en cos- tishow et qui se produit volontiers sur la scène. « Ce style de tume d’époque et que les robes traînent à terre, cabaret doit exister. Les artistes font leur show avec classe, ils sont pieds nus), bottes cloutées démesurées sans vulgarité, dans la grande tradition du music-hall mo- le plus souvent fabriquées dans un simili cuir derne. C’est une histoire d’amitié qui me remplit de fierté. » verni rouge ou noir qui attire l’œil.

artishow cabaret 45 Les costumes, du dessin à la scène Presque tous les costumes de l’Artishow sont réalisés sur mesure. Tout commence par un dessin de Xavier…

Une longue explication est parfois nécessaire pour expliquer les exigences d’un costume. L’esthétique ne suffit pas. On lui demande aussi d’être solide et facile à porter.

46 artishow cabaret Les perruques les plus variées sont réguliè- Répétition cours à leur délire pour mieux faire oublier la rement remises en forme, recoiffées boucle de la fin du réalité du quotidien. Divertir tout en restant spectacle par boucle, lissage après lissage. On s’exclame pour la cohérents dans leur rôle, en associant la danse, devant tant d’exubérance, on touche du doigt soirée l’art théâtral et la fantaisie, telle est leur philo- les matières, on reconnaît la perruque chou- anniversaire, sophie. Ils offrent un show de vérité, de sincé- croute que Pascal portera sur scène habillé en en juin rité, de talent, exprimé avec grâce et pudeur. tyrolienne, ou encore la perruque Candy gar- 2017. Une belle harmonie se dégage de l’ensemble. nie de bonbons, les coiffes baroques chargées « Les rôles semblent joués avec beaucoup de d’aigrettes et de métal, la longue tresse blonde naturel, ce vers quoi nous aspirons, mais tout dont Stéphane, le danseur mauricien, se jouera est très réfléchi en amont » précise Sweety. lors d’une soirée thématique… Près de la loge de Pascal, l’ordinateur est Le spectacle est terminé, les artistes à la connecté pour l’éclairage et le son et une petite sortie du cabaret se tiennent à la disposition niche permet d’avoir un œil sur l’entrée du des clients, prêts à signer des autographes, à cabaret. Un grand miroir est installé dans le coin répondre aux questions, à recevoir les félici- de la pièce pour juger du résultat final avant de tations d’un public aux anges, époustouflé. monter sur scène Pendant ce temps, d’autres membres de et le tour est joué. Le public est prêt à plonger l’équipe remettent la salle en ordre, essuient les Une fois le spec- dans ce monde de l’éphémère verres, tout en échangeant leurs impressions tacle commencé, lors d’une courte pause. Lorsque le spectacle l’ambiance change et le rythme s’accélère. se déroule le midi et le soir, la cadence s’accé- L’organisation est de rigueur. Pas question de lère et généralement les acteurs n’ont pas le gêner les mouvements des uns et des autres ni temps de se démaquiller et de se remaquiller. qu’une bousculade vienne casser la cadence. Après le dernier show, le démaquillage est Cachés derrière des cils surdimensionnés, les vivement attendu afin que la peau ait le temps regards se font perçants, profonds. de se reposer jusqu’au lendemain. Les acteurs enfilent un jean ou autre tenue confortable. La La magie opère ! métamorphose est totale, surprenante. Le défi est relevé, les spectateurs sont dans Vers une heure du matin, parfois un peu l’attente et conquis dès l’arrivée en scène des plus tard selon l’affluence, le cabaret ferme premiers acteurs. Ils vont à un rythme soutenu ses portes. apporter de l’énergie et du rêve, laisser libre

artishow cabaret 47 Zénitha et Caprice Depuis plusieurs années, l’Artishow a tissé des liens privilégiés avec un couple de transformistes belges, Zénitha et Caprice, au caractère bien trempé, bourrés d’énergie et d’humour. Dans une taverne de Bruxelles où elle était cliente, Zeni- tha s’est essayé au transformisme et a conquis le public. Cela a duré… trente ans ! « L’Artishow, c’est une grande histoire d’amitié et chaque année, nous retrouvons nos amis sur la scène du cabaret durant un week- end. Un vent de folie, d’humour et d’émotion emplit la scène dans un tourbillon de numéros version franco-belge, totale- ment hilarants. En Belgique, nous nous déplaçons pour les spectacles. On adore ce mode de vie qui provoque souvent de nouvelles rencontres, c’est pour nous très important. »

Blanche « Toujours croire en ses rêves, tra- vailler et aimer », telle est la devise de Blanche, célèbre artiste transfor- miste qui ne cache pas son plaisir à remonter régulièrement sur la scène de l’Artishow. Passionnée, loyale, d’une grande gentillesse et simplicité, elle a embrassé plusieurs carrières : directrice artistique dans l’univers du luxe et de la mode, artiste, chanteuse, meneuse de revue. Elle passa de nombreuses années en Italie, avant d’ouvrir à Paris un Pia- no-Bar, Le Masque Rouge, dans le IVe arrondissement. Elle continue de parcourir le monde en chantant et se produira prochainement à New-York. Comme l’écrit si bien le Daily News à propos des fameuses soirées music-hall qu’elle anime : “I’m just Blanche. Everything else is a secret.” Tout est dit et à découvrir.

Martine Superstar Photo récentes des C’est lors d’une exposition à l’Ar- loges en attente tishow que Martine Superstar dé- couvre les charmes et l’authenticité du cabaret. Comédienne, chan- teuse et animatrice, Martine et son complice Adrien Champion, présentent une personnalité bien affirmée et un solide parcours artis- tique. On raffole des Toc Toc Show qui mettent en scène des artistes de tous horizons, au talent fou, qui provoquent dans la salle des fous rires en cascade. Martine est également la marraine de certaines soirées à thème et monte sur la scène de l’Artishow pour des parodies burlesques. « Je n’oublie pas qu’ici on m’a permis de m’exprimer. Je me souviens de Mamyta qui à mes débuts me donnait l’illusion, lors de mes passages sur scène, que j’étais une star. Cette sensibilité et cette élégance m’ont beaucoup touchée. »

48 artishow cabaret Nicoletta Nicoletta a connu l’Artishow avec des amis tout simplement, un soir comme tant d’autres car elle a pour habitude de fréquenter les cabarets. Cette fois, elle ressent une attirance plus particulière. L’Artishow pré- sente un spectacle moderne, très drôle et surtout sans vulgarité. « Tout est beau à l’Artishow ! J’aime le raffinement des costumes, la précision du maquillage, ces artistes sont faits pour la scène. » Elle adore l’enchaînement des tableaux, leur variété et leur dynamisme, la qualité de la mise en scène. « Ils ont ce talent d’observation, toute cette mi- nutie à parodier des personnages, c’est un vrai don. » Nicoletta se plait à y emmener ses amis de province afin de passer de vraies soirées parisiennes. « Au cabaret, le sens artistique est profond, l’équipe est accueillante, le repas est délicieux, c’est drôle, on se détend. Lorsque mon personnage a été parodié, je me suis véritablement vue sur scène, gros fou rire ! »

Sabine Paturel Pétillante de malice, craquante avec sa voix de petite chipie, Sabine Paturel, chanteuse, comédienne, peintre, fondatrice d’une école de théâtre, a rencontré la troupe de l’Artishow en allant applaudir un de leurs spectacles. « J’ai été im- pressionnée par Xavier, son imagination débordante, sa vivacité d’esprit, son côté décalé. Très vite nous avons tra- « Ce sont des artistes, vaillé ensemble sur l’écriture de chansons, la chorégraphie, les costumes de concerts… Cette complicité est pour moi ils sont magnifiques. exceptionnelle et a créé un lien amical très fort entre nous L’Artishow n’est pas un cabaret, et toute l’équipe. » Sabine se produit à l’Artishow pour des c’est un temple où les hommes se soirées exceptionnelles et continue d’enchanter le public. transforment en œuvres d’art. » Christian Lebon Homme de scène, chanteur et Hervé Vilard grand ami de Charles Trenet, pré- sentateur et concepteur de mani- festations artistiques, Christian est un personnage charmant et plein de délicatesse, au discours passion- nant. Son entrée à l’Artishow s’est faite grâce à Martine Superstar et à ses soirées Toc Toc Show. Magnifique rencontre entre gens de talent ! Christian est venu y chanter et il y présente désormais le « Tremplin des talents », des artistes de tous styles qui en sélection finale bénéficient de prestations formidables dont celle de se produire durant une semaine sur la scène de l’Artishow. « J’ai retrouvé à l’Arti- show cette ambiance cabaret –music-hall, cette atmosphère très conviviale que j’avais connue au Canotier du Pied de la Butte à Paris. Avec Pascal et ses amis artistes, nous avons le même ressenti, le même enthousiasme à vouloir encourager les jeunes talents et à faire vivre le spectacle. »

artishow cabaret 49 Esprit de troupe Initiée à l’époque du Red Show, l’esprit de troupe est toujours d’actualité. Travailler à l’Artishow, c’est aussi faire partie d’une famille.

Ci-dessus, Gaby et Gérard préparent la salle pour un réveillon à la salle de la résidence d’Anthony. Ci-contre, le public d’un spectacle du Red Show en 1996. Ci-dessous, photo des artistes dans les loges de la rue de la Colonie aux débuts du du restaurant L’Artishow. Programme du spectacle du Red Show en 1993, réalisé par Xavier.

50 artishow cabaret Magali, Marie-claude, Catherine Une équipe administrative hors pair ! Esprit de troupe Magali est l’amie d’enfance de Pascal, la petite sœur, celle qui ne l’a jamais lâché depuis leurs jeunes années à la résidence Jeanne d’Arc. Régulièrement, elle rejoint l’Artishow pour découvrir les nouveaux spectacles et participer à la billetterie. Marie-Claude est à l’origine du contact établi entre Pascal et l’agence Actions et Loisirs lorsque l’Artishow évoluait rue de la Colonie. Cette agence qui propose des visites guidées touristiques et artistiques, des spectacles cabaret… à des groupes de seniors, a été très vite séduite par l’Artishow. Une solide relation d’amitié et de fidélité s’est établie par la suite cité Souzy. Devenue Pathy Voyages, l’agence dirigée par Marie-Claude, a très rapidement lancé la formule dé- jeuner-spectacle cité Souzy, pas moins de 6 000 clients dès la première année. Depuis 2003, l’appui, le professionnalisme et les conseils précieux de Catherine, ont permis à l’Arti- show d’affronter d’importantes difficultés bancaires. « J’ai été séduite par la sincérité de Pascal et conquise par l’ambiance franche et simple qui règne à l’Artishow. Une amitié profonde nous lie, je reste à son écoute et pour le plaisir assure régulièrement les réservations ».

Florian Tiré à quatre épingles, des yeux de biche savamment maquillés, Florian est du genre « pince sans rire », plein d’humour dissimulé. C’est l’homme de toutes les si- tuations, incontournable. Toujours là où il faut, il sait aussi bien régler l’éclairage qu’intervenir sur tout autre problème technique qui peut se présenter, souvent dans l’urgence. En salle durant le spectacle, il veille l’œil aiguisé au bon déroulement de la soirée. Sa partition est comme pour les autres membres de l’Artishow, parfaitement réglée. Il est prêt, le moment venu, à jeter le boa à Zizi Jeanmaire interprétée par Mikaela, à attraper au vol « la petite culotte » lancée par Xavier lorsque son numéro s’achève ou à recevoir Pascal dans ses bras à sa sortie de scène, lorsque la marche pour descendre de l’estrade a été oubliée. Effet de style pour les spectateurs, grande rigolade pour l’équipe de l’Artishow qui, elle, n’est pas dupe !

En cuisine… Le repas et la qualité des produits proposés sont dé- terminants pour la réussite de la soirée-spectacle. D’origine ivoirienne, Yannick est un jeune cuisinier qui prépare avec beaucoup de savoir-faire une cui- Peut-être éviter sine traditionnelle hautement appréciée des clients de trop entrer de l’Artishow, notamment une pâtisserie savoureuse. dans les détails De haut en bas : Repas et détente avant le début Sympathique, réactif, sa bonne humeur contribue à à propos de d’une soirée ; Pascal et Stéphane après le départ la bonne ambiance des coulisses côté cuisine. Il est la nourriture : des clients ; photo de groupe sur le bateau de secondé par Lucien, autre fan de l’Artishow. Passion- même si la croisière en 2009 ; Simone et Galipette lors bon, ça reste né, il propose également sur Internet, des recettes de l’anniversaire du cabaret en 2007 et Yann en quand même cuisine. (photo plus récente de la cuisine ?) surprenantes et délicieuses. industriel... artishow cabaret 51 52 artishow cabaret Galipette

n 2003, l’Artishow accueille un nouvel artiste qui prend pour nom de scène Galipette. Ce sera le premier artiste à intégrer la troupe d’une façon régulière. Jérôme est né à Casteljaloux dans le Lot-et- EGaronne. Le théâtre est venu à lui par hasard, coup de foudre ! Il intègre la troupe de Roger Louret, solide réfé- rence. Comédien, auteur de théâtre et metteur en scène très réputé, Roger Louret a créé la compagnie théâtrale « Les Baladins en Agenais » dans les années 1970, qui a pour mission la diffusion du théâtre en milieu rural. Jérôme y évolue avec beaucoup d’aisance et de talent, prometteurs d’une belle carrière. Parallèlement, il crée avec un ami, les Proj’acteurs, une petite compagnie de théâtre qui lui permet d’apprendre toutes les ficelles du métier. Puis il réussit à Bordeaux un BTS Immobilier et bravant l’autorité paternelle décide d’être comédien à Paris! Entre plusieurs petits jobs, il suit durant deux ans des cours au Studio Alain De Bock, école de théâtre et de cinéma. Très fêtard et fréquentant les lieux branchés de la capi- tale, il fait la rencontre de Dimitri et entre dans le monde du transformisme. Il passe alors les portes de l’Artishow à l’occasion d’une soirée entre copains et s’exclame : « J’ai trouvé ça génial ! Je suis revenu plusieurs fois… et un jour, Xavier m’a demandé si cela m’intéresserait d’être danseur ? » Quelques essais plus tard, la carrière de Jérôme débute à l’Artishow, il y est toujours ! De la danse, il passe au transformisme. Les conseils avisés de Friedrich de chez Make Up For Ever, marque culte du maquillage professionnel, vont l’aider à parfaire la pré- cision de son maquillage pour être au plus proche de ses personnages : Sheila, Céline Dion fabuleuse, Madonna, Hélène Ségara, Julie Piétri, Christine and the Queens… des numéros de ressemblance et des numéros d’interpré- tation comme Con te partiro chanté par Donna Summer ou Loreen, dans le tableau Euphoria… Extraverti, blagueur et très attachant, Jérôme fait preuve d’un joyeux tempérament, n’hésitant pas à mettre l’am- biance, prenant un malin plaisir à taquiner les autres. Pour la rentrée, il a un projet théâtral avec Oscar Sisto, comédien et metteur en scène d’origine argentine, connu notamment pour sa prestation télévisuelle dans la Star Ac’. Souhaitons-lui le meilleur !

Galipette dans le rôle de Dalida du spectacle ShowTime en novembre 2008. À droite, Grégory.

artishow cabaret 53 54 artishow cabaret Stéphane

imer la vie » est sa devise et le message qu’il souhaite faire passer. Stéphane est natif de l’île Maurice et a grandi au sein « de la DDASS avec ses frères et sœurs. Des années qu’il qualifie de fabuleuses et qui lui Aont beaucoup appris. Arrivé à Paris sans papier en 1999, il va connaître une période très difficile, reclus chez sa mère. Son « coming-out » sera très mal perçu par l’univers familial, sachant qu’à l’île Maurice, l’homosexualité est proscrite. Papiers en poche, il part à la découverte de la capitale et fait connaissance avec le MAG (Mouvement d’affirmation des jeunesg ays, lesbiennes, bi et trans) fondé en 1985. Une révélation ! Parallèlement, attiré depuis toujours par la beauté des fleurs, il passe un CAP de fleuriste. Passion qu’il continue d’entretenir en réalisant encore quelques compositions florales pour le cabaret, participant à sa décoration. Très fêtard, il fréquente les soirées entre amis, les boîtes de nuit, sans se laisser tenter par les risques liés à la drogue ou à la prostitution qui ne sont malheureusement pas que des clichés. Sa rencontre avec Pascal va être décisive ! Il lui propose en 2002 d’intégrer la revue en tant que danseur, disci- pline où il excelle. Passionné, autodidacte, il s’inspire des ballets de Maurice Béjart et d’Alvin Ailey, danseur et chorégraphe afro-américain renommé, évoluant entre des bases classiques et une gestuelle contemporaine. Il se souvient : « Comme un soir il manquait un danseur, Pascal et Xavier m’ont demandé de le remplacer… Ma première chorégraphie, c’était Les Dessous chics, le tube de Jane Bir- kin, et mon deuxième passage, un extrait de la comédie musicale Roméo et Juliette. Magnifiques moments ! » Sur scène avec Bastien et parfois avec Sweety, c’est l’accord parfait ! Il campe, entre autres, le personnage de Pinocchio, un ange nostalgique, ou se transforme en « petit lapin en chocolat ». « Je suis fier d’être danseur à l’Artishow. C’est grâce à Pascal et au cabaret que je peux avoir une vie stable qui me plaît » confie-t-il. C’est un homme heureux, un grand timide au caractère affirmé et au visage d’ange qui, comme il le dit, « tente de donner sur scène un maximum de plaisir au public ». Il ne renie en rien ses racines mauriciennes, mais constate qu’il y a beaucoup de différences au niveau de la culture et des mœurs. Son projet serait d’ouvrir un restaurant là-bas, mais c’est compliqué et trop tôt !

Stéphane en novembre 2010.

artishow cabaret 55 Mikaela

arc a pris pour nom peaufiné son maquillage et la de scène celui gestuelle de ses personnages, de Mikaela. Il a pour atteindre une ressemblance débarqué de Nice d’un réalisme surprenant. il y a une tren- Après une longue coupure, Marc Mtaine d’années. Particulièrement décide de réintégrer la scène. sympathique, il est d’une nature L’univers du spectacle et du réservée dans sa vie privée et transformisme lui manque. Ain- totalement extraverti lorsqu’il si, décide t-il de revisiter certains monte sur scène. classiques, s’immisce dans de Il se découvre plusieurs passions, nouveaux personnages tels Édith la coiffure, mais aussi la danse Piaf, Véronique Sanson ou Annie et le transformisme. C’est ain- Cordy, à l’Artishow. si qu’il travaillera cinq ans au Marc profite de son temps libre fameux cabaret Madame Arthur pour s’épanouir dans la danse à Montmartre, solide référence. et pratiquer le fitness. Amou- Mikaela est une grande passion- reux du calme et de la nature, née de danse. Elle a fait partie du il se ressource ainsi, dans cette spectacle Boy. Elle a débuté avec atmosphère paisible, pleine de les personnages de Zizi Jean- fraîcheur. Son actualité est cen- maire et de Jeanne Mas et avec trée sur la préparation d’une belle le temps, a méticuleusement soirée dédiée à Serge Gainsbourg.

56 artishow cabaret artishow cabaret 57 Avez-vous une plus belle photo de Vénus parmi les récentes ? Contrainte : il faut pouvoir mettre son texte sur la moitié de la photo.

58 artishow cabaret Vénus

avid a choisi Vénus pour Dnom de scène et ça lui va bien ! Il a grandi en famille, dans un milieu agricole. Aujourd’hui tous sont fiers de son parcours et viennent volontiers l’applaudir. Pas très attiré par les études, il a eu dès l’âge de 17 ans l’envie de se lancer dans la vie active. Son premier travail fut d’intégrer la restauration. Il voulait connaître toutes les facettes du métier. Il occupera d’ailleurs un poste de responsable durant une dizaine d’années. Lors d’une soirée passée avec des amis, les idées fusent, les paris sont lancés et David se retrouve sur une scène de spectacle. Déclic ! Il est totalement subjugué et décide de suivre cette voie. L’Artishow ! Il y a quatre ans, le contact s’établit via les réseaux sociaux avec Gilles dont le nom de scène est Lulubelle et qui porte le même nom de famille que David. Ils discutent de leurs projets, sympathisent et se retrouvent à l’Artishow. L’ambiance qui y règne le ravit, il s’y sent bien. D’un naturel très réservé et introverti, il se libère sur scène. Il n’y a pas de burlesque dans son jeu, il préfère les numéros où l’émotion doit passer telles ses imitations de Sia, de Lara Fabian ou de Stéphanie de Monaco. Vénus veut être belle ! Très pointilleux, David gère lui-même le choix de ses costumes, est très concentré sur son maquillage, ses numéros sont en parfaite symbiose avec ses personnages. Le public est admiratif, sidéré par l’ordonnance de sa gestuelle, par les expressions de son visage. Une onde de frisson parcourt la salle lorsqu’il interprète et met en vie la chanson de Charles Aznavour Comme ils disent. Très profond, avec beaucoup de classe, il arrache quelques larmes discrètes aux spectateurs. Si nous retrouvons David sur scène, il participe également au service en salle, toujours avec sourire et élégance. Ses prestations terminées, il travaille au Banana Café, bar à la mode du 1er arrondissement de Paris qui pro- pose des soirées thématiques. Et quand son emploi du temps le lui permet, rien de tel que quelques bons moments entre copains. Il a reçu une proposition de single sur le thème des années 1980. Belle opportunité ! Souhaitons-lui de « faire un tabac » !

artishow cabaret 59 Cette photo serait parfaite si Lulubelle chantait les yeux ouverts ! Dans l’idéal Nicoletta serait bien…

60 artishow cabaret Lulubelle

illes a choisi pour nom de scène Lulubelle, ça sonne joliment ! Il vient tout droit des environs d’Albi, dans le Tarn. Tout petit déjà, il était un grand fan de Sylvie Vartan et de Dalida qu’il s’amusait à imiter devant son miroir. Il a grandi dans un petit Glotissement, menant une vie douce et agréable, entouré de ses proches. Les soirées en famille se déroulaient entre valses et tangos accompagnées de petits spectacles qui se répétaient chaque été, avec pour nouveauté un numéro de French cancan. Gilles a toujours rêvé de cinéma et de paillettes. Nul doute qu’il était prédestiné à une vie d’artiste ! Débarquant à Paris, il intègre une école de cinéma et parallèlement travaille à la Samaritaine. Puis durant douze ans, il sera attaché de presse. Aujourd’hui, ce professionnalisme se ressent lorsqu’il accueille et converse avec le public de l’Artishow. Robes longues scintillantes, chaussures à talons, apprêtée et superbe, Lulubelle entretient une relation privilégiée avec la clientèle, prend la pose pour une photo, discute volontiers, met tout de suite les spectateurs à l’aise. Gilles a toujours apprécié les soirées entre copains, notam- ment les soirées disco. Il travaille beaucoup et profite de la vie au maximum, tant et si bien qu’il y a six ans, il craque et fait un burn-out qui l’obligera à une longue pause. Par l’entremise de Vénus il se rend de plus en plus souvent à l’Artishow, très sensible non seulement au style du spectacle, mais aussi à la convivialité qui se dégage du lieu. Après avoir débuté à l’accueil, Lulubelle franchit le cap de la scène aux côtés de Galipette, Vénus et… des autres ! Les per- sonnages qu’elle interprète, tels Annie Cordy, Rika Zarai… lui collent littéralement à la peau tant la ressemblance est frappante. Lulubelle prend soin de son corps et surtout de sa peau qui souffre, comme pour les autres artistes, des maquillages char- gés et répétitifs. Elle fait tout pour être « belle ». Elle choisit elle-même avec beaucoup de goût ses costumes, chaussures et bijoux. D’un naturel solitaire, Gilles n’en apprécie pas moins les contacts. Amoureux de la vie et des choses simples il aime aussi flâner dans le parc de Vincennes dès les beaux jours, lire tranquillement ou faire des balades à vélo. Côté famille c’est plus compliqué. Il affiche une certaine rete- nue face à ses parents dont il craint les réactions homophobes. À cinquante ans, il n’a pas de projet particulier pour les années à venir si ce n’est, bien sûr, de poursuivre sa carrière à l’Arti- show, sa seconde famille.

artishow cabaret 61 62 artishow cabaret Bastien

rphelin, placé à la DDASS, Bastien désir ressenti de toujours aller plus loin dans la per- voue dès son plus jeune âge, une formance artistique. Comme la majorité des autres grande passion pour l’univers artis- artistes de la troupe de l’Artishow, Bastien assure tique, notamment la danse. À quatre le service en salle et encore surpris d’être parvenu ans, il fait ses premiers pas et dès lors à intégrer ce cabaret mythique, se mêle timidement One lâchera plus la scène. Quelques années plus tard au public en fin de spectacle. il s’exerce au chant puis entre au Conservatoire de Parallèlement, il a réussi son entrée à l’Académie danse de Montpellier. Internationale de Comédie Musicale, qui regroupe Arrivé à Paris en 2012, dans un souci d’indépen- le chant, le théâtre et pour lui, essentiellement la dance financière, il trouve une place de serveur danse contemporaine. C’est très dur, coûteux, mais dans un café de Gennevilliers. D’un naturel fragile, il s’accroche, il a de la volonté, la danse, c’est toute timide mais solide, il persévère mais ne s’épanouit sa vie ! pas. Il cherche en divers endroits un milieu qui lui Il aimerait plus tard pouvoir se produire seul sur convienne davantage et se retrouve un beau jour à scène et développer ses multiples talents sous sa l’Artishow ! Là, le déclic se produit et l’alchimie avec propre identité. Les débuts de sa vie ont été difficiles. Stéphane l’autre danseur, fonctionne à merveille. Il y a puisé toute sa force, son énergie et s’est lancé Chacun intervient dans la chorégraphie et à chaque le défi de devenir chaque jour un artiste qui laisse spectacle, le plaisir éprouvé est palpable, les spec- briller sur scène mille petites étoiles. Une bien belle tateurs sont conquis par cette aisance sur scène, ce revanche sur la vie.

artishow cabaret 63 64 artishow cabaret Sweety

l est le dernier à avoir rejoint la troupe de l’Arti- show en décembre 2016 et se distingue des autres artistes par une particularité : il chante en live. Maxime a 29 ans et déjà un solide bagage derrière lui. Originaire de Cannes, il a eu une enfance heu- Ireuse, bien entouré par une famille à l’esprit ouvert et par des amis très proches. À l’âge de six ans, il apprend le piano et dévoile une sensibilité artistique qu’il développera tout au long des années à venir. Son physique agréable et son sourire naturel le rendent tout de suite attirant et sympathique. Il offre un tempérament très joyeux et extraverti. Maxime aime rire, faire rire et profiter de la vie. À ses heures, il écoute beaucoup de musique et se défoule en marchant nez au vent. Il se dit épicurien et adore partager de bons petits plats entre copains. Arrivé à Paris depuis dix ans, il a suivi les cours de l’Académie Internationale de Danse et a fait partie d’une troupe appelée Bonbon Cabaret qui lui a permis de tisser de nombreux liens dans l’univers du spec- tacle. Ah Bonbon Cabaret ! Il en parle le sourire aux lèvres. « Nous étions trois copains, Lady Karamel, Fénix et moi, dit Sweety Bonbon. On emmenait le public dans un spectacle transformiste complète- ment fou, une ambiance music hall mêlant le live, le comique, le burlesque, tout cela sur une note hispanique. C’était plein d’énergie et d’originalité, une bonne école ! » Un soir de fête, la petite troupe décide de louer une salle afin de passer une bonne soirée et atterrit par hasard à l’Artishow. Belle et décisive rencontre ! Sweety est engagé pour intégrer le spectacle. Il aime cet échange, ce contact avec le public qu’il approche toujours avec une petite touche d’hu- mour. Il danse également aux côtés de Bastien et de Stéphane, un vrai plaisir. Et comme les autres artistes, il participe au service en fin de soirée, la vie de cabaret quoi! Maquillage et robes longues très glamour font de lui sur scène une vraie diva. Mais dans la vie de tous les jours Maxime se sent « très mec » comme il le souligne, et bien dans sa peau.

artishow cabaret 65 De tableaux en tableaux

66 artishow cabaret De tableaux en tableaux

artishow cabaret 67 ui aurait pu penser que le jeune Mikaela Démarche artistique Xavier serait un jour le chef d’or- dans les rôles de chestre d’une troupe d’artistes Quel est l’élément majeur dans cette démarche Véronique Q transformistes ! Il est resté le Sanson artistique? même, avec ce sourire timide, et de Zizi Un projet doit à la fois être clair et se présenter cette gentillesse, cette sensibilité à fleur de Jeanmaire. comme un labyrinthe dans lequel on se perd peau et cette façon de s’éclipser en temps Page de volontiers. Si les émotions passent, c’est réussi. droite, voulu pour se retrouver avec lui-même et Pétunia. Au-delà du projet, de l’esthétique, il y a une faire le point. confiance, une complicité indispensables qui Derrière ce personnage fragile, très intime, s’établissent avec les partenaires. au charme discret, se cachent des émotions, des souvenirs d’enfance, des ressentis qu’il Quelles sont les exigences d’un spectacle ? croyait enfouis, une pudeur mêlée d’une vio- Il faut rester cohérent dans son rôle de saltim- lence qu’il laisse parfois éclater dans sa mise banque, s’exprimer avec son corps, se jouer de en scène. Addict à la littérature et au ciné- la lumière et de la transparence à travers ma fantastique, il s’épanouit dans des une écriture théâtrale et une mise en univers parfois absurdes, scène originales. C’est une belle mais toujours cohé- et difficile aventure ! rents dans leur complexité. Il s’y Comment construisez-vous complaît, s’im- vos spectacles, vos tableaux ? prègne de cette Cette construction se fait petit magie communi- à petit, avec une bonne dose cative. Il entraîne le d’imagination. Au début, curieux public dans une poé- de bien des univers, je piochais des tique très personnelle idées à droite, à gauche. J’entendais toujours décalée, qui touche des sons, je voyais des images, ce qui m’a les étoiles, SA signature. amené à me sensibiliser aux décors de théâtre,

68 artishow cabaret artishow cabaret 69 à monter mes propres mises en scène, à être avance, ce n’est pas calculé. Parmi ces sources Ci-dessus, plus judicieux, plus exigeant, à maîtriser une d’inspiration j’en garde quelques unes au fond les danseurs fragilité à la frange du possible et de l’adapta- de ma mémoire qui ressurgiront au moment Sweety, Stéphane et tion. C’est aussi pour moi une sorte de psycha- propice pour faire vivre certains tableaux, faire Bastien. nalyse inconsciente, un règlement de compte, ressortir la structure artistique du message que À droite, un banal en fait, avec un passé tumultueux que je je veux faire passer. J’ai ainsi à peu près cinq duo d’Annie retranscris sous une forme désopilante, atta- spectacles ébauchés, en réserve. Cordy avec chante, entre rires et émotions. Je recherche aussi sur internet le côté Mikaela et Lulubelle. Dans le XIIIe arrondissement (le premier « actuel » pour être au fait des nouveautés Artishow qui a succédé au restaurant Le Ver- musicales. De même j’écoute l’avis des danseurs Page di), c’était assez basique. Je reprenais par- qui sont plus jeunes, je regarde les images sur la suivante, fois la chorégraphie que je voyais se décliner toile, les clips et je m’en inspire. L’obligation que Galipette interprète pas à pas dans des clips. Par la suite, j’ai com- je me donne est de trouver deux ou trois per- Christine mencé à créer des choses plus personnelles. Il sonnages qui collent à l’actualité, à la tendance, and the m’arrive par exemple d’entendre par hasard même si je ne les apprécie pas totalement. Le Queens une musique dans n’importe quel endroit. Si personnage de Christine and the Queens est à avec elle me plaît, je l’écoute la nuit, casque sur les l’image de ce principe. Galipette a su reprendre Stéphane et Bastien. oreilles. Si j’ai un petit coup de frisson, je mets parfaitement son jeu de scène, son contrôle du de côté ces phrases musicales en sachant que corps et sa façon de se déplacer. je les utiliserai plus tard. C’est une question de sensibilité. Lorsque je suis ainsi, en totale Et la mise en scène ? immersion, je vois une image qui passe, qui Je m’inspire beaucoup du cinéma italien et me donne l’envie d’en faire quelque chose, de plus particulièrement du Giallo, ce genre me l’approprier. Je ne choisis pas le thème par cinématographique né dans les années 1960

70 artishow cabaret artishow cabaret 71 72 artishow cabaret artishow cabaret 73 qui affiche des scènes de meurtre particuliè- longs-métrages une scène en contre-plongée rement sanglantes alliées au mystère, à la vio- qui m’a inspiré pour faire un enchaînement lence, à l’excès. Ce style a influencé les grands dans le tableau centré sur Lady Gaga, choisis- réalisateurs que j’admire comme Mario Bava, sant justement un axe, une représentation qui Sergio Leone, Hitchcock ou encore Antonioni va du bas vers le haut. ou Fellini dont le surréalisme me transporte. Tout est une question d’écoute, de regard Pasolini est plus « hard », moins utilisable. pour parvenir à donner au spectateur du plaisir, Néanmoins, son côté baroque, exubérant, du divertissement, mais aussi le surprendre. hyper maquillé me plaît. Louis-Ferdinand Céline disait : « …le lec- Il peut m’arriver également de voir un film teur s’attend à un mot et moi je lui en donne un d’horreur, par exemple de Dario Argento, autre autre… ». Il faut rendre les personnages à la grand maître du Giallo et d’en extraire des fois naturels, affectifs, accessibles et… garder éléments. Il y a notamment dans un de ses la tête dans les nuages !

74 artishow cabaret En 2007, la mise en scène du duo Mathieu/Mouskouri jouait avec les nerfs du spectateur choisi : il était attaché à la roue par Nana Mouskouri habillée comme wonderwoman. Ce 11 novembre, la “victime” était Marcos.

Votre relation aux acteurs ? Je leur impose peu de choses préférant rester proche des raisons qui les amènent à être sur scène. Chacun vit son personnage selon sa ges- tuelle, sa personnalité. De ce fait, ça les tire vers le haut quand il leur correspond. Il n’empêche que leur première réaction est souvent négative et se traduit par un « je ne lui ressemble pas » ! Et pourtant… Lulubelle correspond tout à fait à Rose Laurens et Mikaela à Véronique Sanson ou à Édith Piaf. L’émotion produite dans la salle se ressent profondément. J’aime diriger un artiste, le pousser au-delà de ce qu’il pense pouvoir donner.

artishow cabaret 75 Je me sens en symbiose avec les acteurs parce mettre entre parenthèses chez moi pendant Ci-dessus, que je les connais bien, ce sont des amis. Une deux jours, regarder des films tout en man- Galipette confiance mutuelle est nécessaire d’autant que geant un fast-food, une soirée à l’américaine, joue les vampires les répétitions ou les enchaînements se font quoi ! Mais je suis rapidement en « manque de dans Kiss dans le désordre. Ils sont un peu perdus et ne création », sauf si je suis en vacances et encore ! me Dracula. voient pas en temps réel l’aboutissement du À droite, travail. En revanche, à la fin, lestoryboard permet Pourquoi ne pas choisir une femme pour un ambiance de planifier, d’organiser l’ensemble des plans spectacle transformiste ? vénitienne et tableau qui constitueront le tableau, de reconstituer le J’ai effectivement essayé d’engager des femmes de transition puzzle. J’ai plaisir à effectuer moi-même toutes pour certains tableaux. Mais à mon sens, ce dans ces étapes, comme un brouillon qu’on recopie n’est pas une réussite. La femme va rester ShowTime. au propre. Auparavant, je créais les chorégra- femme et adoptera un style glamour. Cela ne phies mais désormais je les mémorise ou encore présente pas beaucoup d’intérêt, car ce sont j’improvise au fur et à mesure et parfois c’est vraiment les transformations qui importent, top ! Il m’arrive aussi de demander aux artistes davantage que des adaptations qui manquent de me proposer leur propre vision de la scène de naturel. De mon point de vue, c’est moins qu’ils interprètent. percutant. La faculté d’improviser est essentielle. Par exemple une lumière s’éteint. Le fait d’être La réalisation, la mise en scène sont-elles une dans le noir ne doit pas faire quitter la scène, forme de thérapie ? bien au contraire ! Il faut rester, assumer ce L’enfance ressurgit. Pascal le remarque alors genre de situation. que pour moi, c’est inconscient. Le père est Je reconnais avoir une vilaine manie, sûre- souvent présent. La violence, elle, s’atténue au ment inconfortable pour mes partenaires, celle fil des années. Néanmoins, à chaque musique, de travailler dans l’urgence. Ils sont inquiets, lors de chaque mise en scène, je dégage quelque dans l’attente. chose enfoui au fond de moi.

Comment vous ressourcez-vous ? En un mot, quelle est votre référence ? Je ne me ressource pas beaucoup. Je peux me Pinocchio !

76 artishow cabaret artishow cabaret 77 Réinterprétation de la scène de la douche du film Psychose d’Alfred Hitchcock. Framboise téléphone pour alerter du danger que représente Norman Bates (François).

78 artishow cabaret Didier et Christophe Leur amitié avec Pascal et Xavier, puis avec les autres membres de l’équipe, date de l’époque du Verdi et n’a cessé de se renforcer au fil du temps. Déjà, lors des spectacles du Red Show, il n’était pas rare que Christophe passionné par la technique, assure les éclai- rages. Très vite, dès la création de l’Artishow, Xavier propose Proposition à Didier de mettre en scène ses talents de danseur, puis de d’ajout transformiste, ce qu’il fera jusqu’en 2005. Entre temps, ils sont devenus associés et leur collaboration artistique et technique est restée très précieuse. Ils seront longtemps présents dans les coulisses pour veiller à l’aspect technique et renforcer la communication. Didier et Christophe font partie des piliers de l’Artishow. Belles rencontres, belles émotions, beaux parcours, c’est ça l’Artishow !

Yohan Yohan a suivi un parcours atypique. Ses diverses expériences en font un professionnel de la communication. Client de l’Artishow depuis 2013, il apprécie l’ambiance chaleureuse, le contexte original du cabaret. Avec Pascal des relations amicales sincères vont très rapidement se nouer et Yohan va mettre son dyna- misme et son expertise à profit, dans la rénovation de l’espace accueil du cabaret, l’organisation de la cuisine, le dressage des tables… apporter à l’Artishow un souffle de modernité tout en lui conservant sa personnalité. « Il a une idée par mi- nute », confie Pascal amusé. Oui des projets pour l’Artishow, il en a mille qu’il met en place progressivement, avec succès et sans se départir de sa bonne humeur et de son humour. Son enthousiasme et sa prestance savent séduire, convaincre et contribuer au rayonnement de l’image du cabaret.

Emmanuelle Emmanuelle suit l’évolution de l’Ar- tishow depuis son implantation rue de la Colonie. Scripte de formation, elle est depuis plusieurs années jour- naliste pour Moto-net. Passionnée par la vidéo, elle a réussi avec brio sa première expérience de captation du spectacle en 2001 puis a enchaîné… jusqu’à ce clip particuliè- rement bien ressenti, conçu par Xavier pour Sabine Paturel. De- puis elle assure les vidéos des soirées événementielles. « J’aime témoigner par ce biais, d’une ambiance, m’immiscer dans les coulisses, saisir ce travail artistique qui échappe aux specta- teurs. À la fin du show, je me prête volontiers aux interviews du public dont les sensations et les sentiments sont particu- lièrement constructifs. Une vraie vie de cabaret qui me plaît » !

artishow cabaret 79 Ci-dessus, Place au spectacle ! se fait sur un effet « cage » procuré par un rideau le tableau L’impatience est palpable dans la salle. Alors, laser. Le nouveau show s’intitule Génération Corteo c’est parti pour 1 h 45 de pur bonheur ! Une des Artishow. Les numéros se succèdent entrecou- lors de sa création caractéristiques du cabaret est que rien n’est pés par des sorties de scène ou desblack-out qui en octobre figé. Le renouvellement est permanent. plongent le plateau dans le noir et permettent 2010. Lorsque l’équipe de l’Artishow fut enfin un changement de ton. structurée, passant des copains bénévoles à Sweety affiche une belle plastique dans des une équipe pérenne, elle put adopter un format robes de soirées magnifiques et excelle dans de spectacles de plus en plus élaborés dans leur son rôle de chanteur en live. Il est le seul à faire concept. Après Métamorphose, le dernier show du direct, les autres acteurs jouant en playback. de la rue de la Colonie, il y eut notammentDiva , Xavier poursuit dans cette ambiance légère, Rêves, ShowTime, Légendes… Diablo en 2016 en accentuant le côté comique, faisant partici- et tout récemment Génération Artishow, plus per le public présent dans la salle. Avec sa petite proche dans sa conception de ShowTime, très robe rose bouffante et sa perruque crêpée ornée inspiré du voyage de Xavier à Las Vegas. d’un gros nœud assorti, il chante timidement Les spectacles s’articulent autour de diffé- Ma ptite culotte et Mon cul. Le public conquis, rents tableaux réunissant parfois cinq à sept applaudit. personnages, comme c’est le cas dans le tableau Mikaela se lance avec une gestuelle et une Corteo. Certains sont anciens mais revisités dynamique parfaites, dans une imitation de avec des costumes nouveaux ou retouchés, Véronique Sanson. Elle entonne les plus grands avec des enchaînements différents, et bien sûr succès de la chanteuse dont Rien que de l’eau, d’autres sont totalement innovants. Il est pri- Chanson sur ma drôle de vie… Dans la salle, le mordial de ne pas lasser le public, ni les acteurs. public est « embarqué », tape des mains, les Lors des dernières mises en scène, l’ouverture paroles sont reprises en chœur.

80 artishow cabaret Et voilà qu’apparait Stéphane le danseur ! Il autour du clown tendre et fragile. Les acteurs Comme un marque un temps plus serein, répondant à une évoluent dans un espace trouble, entre illusion ouragan, chorégraphie très étudiée avant que l’ouverture et réalité. On assiste à une séquence sublime Vénus devient ne se fasse sur les Fleurs du Mal. de non-dits. Le personnage incarné par Sté- princesse de Changement de ton ! Lulubelle, Mikaela et phane, l’enfant au ballon et au costume marin, Monaco le Bastien, danseur très sculptural, font une sur- exprime la nostalgie de l’enfance, de l’abandon, temps d’un prenante apparition, suivis de Xavier habillé en du manque affectif et relationnel, de la violence. numéro. bourgeois, visage dissimulé derrière un masque. On y remarque souvent la présence dissimulée La scène, toute de mystère, incarne le bien et du père et de la mère. Xavier entraîne le public le mal et fait référence au jeu de l’actrice et de dans une poétique de la distraction et du drame la chanteuse britannique Sarah Brightman. très personnelle. Le côté gore se remarque notamment dans Puis le spectateur est à nouveau plongé dans Kiss me Dracula, interprété par Galipette, très un autre univers au travers de personnages statique, revêtue d’un costume et d’une coiffe empruntés au cinéma italien de Visconti, dans noirs somptueux, mis en lumière par un éclai- la réalisation de Mort à Venise et Les Damnés. rage rouge, sur une musique où se ressentent Plusieurs numéros adoptent un ton plus léger, des battements de cœur. Unique ! plus chanté. Vénus incarne à merveille Jane Le tableau Corteo est inspiré d’un spectacle Birkin et ses Dessous chics, Sweety chante Mon du Cirque du Soleil, cirque canadien créé en Apollon, Mikaela et Lulubelle, Annie Cordy… 1984, spécialisé dans le cirque contemporain. Galipette se transforme en une superbe Céline Il met en scène plusieurs acteurs qui parti- Dion chantant Encore un soir, Vénus revient cipent à une parade festive imaginée par un avec sa perruque asymétrique imiter la chan- clown. Danse, comédie, jeux d’acteurs, Corteo teuse Sia, accompagnée des deux danseurs de allie le tout dans une ambiance de fête foraine la troupe. Le public s’emballe à nouveau !

artishow cabaret 81 82 artishow cabaret Le cinéma sur scène

Les évocations cinématographiques sont nombreuses et fréquentes à l’Artishow. En haut, le spectacle Légendes ouvrait avec les personnages des dessins animés de Walt Disney. Ci-contre, la fée bleue du conte italien Les aventures de Pinocchio. Ci-dessus, une scène du film Circonstances atténuantes (1939) célèbre pour la chanson Comme de bien entendu avec Arletty et Louis Jouvet. En bas à droite, évocation du film Mortelle randonnée de Claude Miller, avec Isabelle Adjani.

artishow cabaret 83 Lulubelle Mikaela, se cache derrière le Truc en plumes Le talent est tel, qu’il n’est pas forcé, personne dans de Zizi Jeanmaire et se fait plus mélancolique ne triche. Il éclate naturellement emportant les xoxoxox quand elle interprète Élisa de Gainsbourg. spectateurs de tableaux en tableaux, d’artistes xoxoxoxxo. Page de Autre grand moment de la soirée, lorsque dans en artistes, à un rythme inouï dans une folle droite : sa petite robe noire, elle donne le frisson en diversité. Le public applaudit à tout rompre ! Xavier imitant Édith Piaf. C’est l’excellence ! Le public interprète retient son souffle. L’émotion est à son comble Autres moments privilégiés Desireless, quand elle entonne La vie en rose, La foule, Milord Soirées VIP auxquelles assistent des artistes Florian lors de la soirée ou encore L’Hymne à l’amour. Énergie, force, toutes générations confondues ainsi que des Années 80 vérité, authenticité dans la ressemblance, dans médias, soirées de gala, notamment avec Sabine et Jean- l’expression des sentiments, des gestes, le Paturel, Presse, thématiques (Noël, Jour de l’an, Yves dans public ne s’y trompe pas. Piaf est réellement Halloween, Saint-Valentin…), sont organisées. sa dernière devant lui. Et que dire des fameuses soirées Plage dont interpréta- tion de SOS Changement de rythme. Lulubelle se prête certaines véhiculent une fraîcheur, une légè- d’un terrien avec talent à l’imitation de Rika Zarai interpré- reté et une vérité qui font que le spectateur en détresse. tant quelques uns de ses plus grands succès : participe, s’attache aux personnages. Elles Balapapa, Tante Agathe ou Hava Naguila. se déroulent à l’entrée extérieure du cabaret. Galipette, accompagnée des deux danseurs, Selon les années, on assiste à une succession joue une très réaliste Christine and the Queens. de tableaux où les acteurs apparaissent vêtus Vénus mime toute la réserve de Stéphanie de de kimonos de toutes couleurs, somptueux, Monaco quand elle interprète Comme un oura- laissant surgir Stéphane, le danseur, portant gan et Sweety, formidable chanteur et danseur, de très hautes bottes noires particulièrement se fait très latino sur Bambino. sexy et une longue tresse blonde qui lui sert Le final, tableau récent dans les spectacles, d’accessoire. Dans un accord parfait, Bastien réunit tous les acteurs autour des Spice Girls. danse également vêtu d’une tenue associant

84 artishow cabaret cuir et métal, très hard ! La chorégraphie a adopté un rythme saccadé, un caractère dur, à la limite de la violence et la mise en scène, une alternance des styles et des rythmes. Citons également les soirées « surprise » faites à Yvette Leglaire, à Xavier (soirée Pétu- nia’s birthday), à Pascal… les week-ends fran- co-belge chaque année, les soirées Légendes, Lady Gaga ou encore Mylène Farmer, Serge Gainsbourg… les Toc Toc Shows… Et en ce 15 juin 2017, la soirée « spécial anni- versaire » des 15 ans de l’Artishow. Champagne!

artishow cabaret 85 Folles soirées Soirées uniques ou rendez-vous réguliers, l’année est ponctuée de nombreux événements exceptionnels.

Chaque année, au 14 juillet et au 15 août, les soirées Plage débutent par un mini show dans la cour, suivi d’une animation et d’un shooting photo. En 2017, Lulubelle proposait un relooking aux spectateurs avec sa collection de perruques.

Dans la salle, le dîner est ponctué d’animations surprises, ici avec Framboise.

Chaque année, le cabaret fête son anniversaire, parfois à l’occasion d’une soirée thématique.

86 artishow cabaret En 2011, Yza Ferrer participait au spectacle lors de la soirée caritative Folles soirées Rejendo, Légendes pour le Japon au profit des victimes du tsunami.

Squelettes et toiles d’araignées dans la salle, sorcières et monstres à l’entrée, les amateurs d’Halloween adorent avoir peur à l’Artishow.

À la fin de la soirée Années 80, Xavier sort d’une boîte surprise pour chanter Oh mon bateau. Éric Morena présent dans la salle le rejoint sur scène pour terminer la chanson. Moment inoubliable pour ceux qui l’ont vécu. artishow cabaret 87 Quelques spectacles marquants

2000

2008

2010

2014

88 artishow cabaret artishow cabaret 89 La citation d’Hervé Vilard est mieux placée mais me Si on laisse la citation d’Hervé Vilard en page 49, on pourra semble moins percutante visuellement ! Mais je n’ai pas appeler cette double «L’Artishow est une œuvre d’art» une vision de l’ensemble du livre, j’en suis au stade d’une (par exemple) succession de pages, donc on en reparlera.

Composition d’après l’œuvre de Piet Mondrian (1872-1944)

90 artishow cabaret « Ce sont des artistes, ils sont magnifiques. L’Artishow n’est pas un cabaret, c’est un temple où les hommes se transforment en œuvres d’art. » Hervé Vilard

artishow cabaret 91 92 artishow cabaret La fête continue

artishow cabaret 93 Artishow de la cité Souzy évolue depuis donner le ton. Depuis cette date, le chiffre des 20000 maintenant 15 ans avec les acteurs de spectateurs par an est largement dépassé ! Les médias l’ombre et ceux de la scène. ont, petit à petit, relayé l’information, que ce soit les On mesure le sens de l’aventure, le radios comme Gaydal Radio, RTL ou Europe 1, les talent naturel de tous journaux comme Télérama, VSD, Le Figaro ou encore Le L’ceux qui sont aux commandes, en Parisien, sans oublier les sites de ventes de cuisine, au bar, à l’accueil, à la régie, spectacles sur internet. ou dans les coulisses. Il règne en ce En 2018, toute la troupe lieu surprenant de contrastes qui sera présente aux Folies vous happe dès le portail passé, une Bergère à Paris, couron- harmonie, une élégance naturelle, nement suprême ! un côté festif qui d’emblée séduit. « Rien n’est acquis » L’Artishow est bien plus qu’un conclut Pascal modeste- cabaret transformiste. Il a réus- ment. Et, « loin de se reposer si la synthèse parfaite entre la sur des chiffres encoura- comédie, le théâtre, la danse, le geants, nous n’avons de transformisme et même les arts cesse d’offrir un spectacle clownesques, porté par une toujours plus élaboré, une mise régie lumières et son jamais en scène époustouflante avec vus dans un tel endroit. des artistes au meilleur d’eux- Au niveau des médias, mêmes. Mon souhait est de l’élément déclencheur fut continuer à lire l’enthousiasme l’interview de Pascal pour sur les visages à la sortie du spec- France 3 dans le journal tacle, et à apporter du bonheur télévisé de 13 heures en aux autres. Que les lumières de novembre 2015. Quelques l’Artishow continuent de briller minutes lui ont suffi pour et que la fête continue! » trouver les mots justes et

94 artishow cabaret La succession de prises de vue me semble casser l’ambiance globale du livre ??? Peut-être faire un choix plus restrictif ??

Didier : On peut ne garder que la dernière photo et remplacer les autres par une photo festive. Une soirée Plage 2017 ?

Prolongez la fête en partageant vos plus belles photos sur les réseaux sociaux.

artishow cabaret 95 ce serait bien de finir avec une belle photo de groupe récente (final ?)

96 artishow cabaret ce serait bien de finir avec une belle photo de groupe récente (final ?)

artishow cabaret 97 98 artishow cabaret Marcos, l’œil du cabaret

on léger accent fait sourire ses amis artistes aussi bien qu’ici. Je suis très attaché à ce lieu et chaque de l’Artishow. Marcos Poidebard est né fois que j’y viens, j’ai du mal à en partir et lorsque j’en de mère argentine et de père français. parle je me surprends à dire « chez nous » ! Je porte ce Son enfance, il l’a passée dans la banlieue cabaret dans mon cœur depuis des années. J’y ressens de Buenos Aires élevé dans cette double un élan de sympathie et de convivialité, un rapport Sculture qui va le forger. humain franc, sincère. » Il suit des études de publicité et par chance, sa grand- Marcos a abordé le cabaret et l’univers du transfor- mère lui offre un billet d’avion pour Paris. De petits misme qu’il adore, en passant très jeune par le théâtre, boulots en petits boulots, il décide de poursuivre cette la photo et l’écriture. Il a l’expérience des storyboards aventure parisienne qui sonne comme un cadeau. « Je qui lui permettent d’imaginer des pièces de théâtre, me suis lancé dans la découverte du pays d’origine de de glisser dans les plans des improvisations. Au final, mon père, de ses régions, de sa gastronomie et, au fur la photo et surtout la communication qu’elle véhicule, et à mesure, j’ai pris conscience que la culture française au sens propre du terme, l’ont emporté. faisait partie de moi », explique-t-il. « Je dois donner de moi-même pour capter l’atten- « Quelques voyages dans les pays européens voisins tion, me sentir « plein » intérieurement pour avancer. et la rencontre d’amis artistes, écrivains, musiciens… Je me nourris du talent des autres, je suis admiratif m’ont aidé à me perfectionner en Français. Par la suite, devant la facilité des artistes à se maquiller, à s’adap- l’art de la photo s’est imposé à moi. J’ai commencé ter rapidement à un texte écrit dans une autre langue. par flâner dans les rues saisissant le moindre effet Je me souviens de Lulubelle mimant une chanson en visuel puis, des artistes de scène m’ont permis de faire chinois, c’était à s’y méprendre ! connaissance avec le milieu du transformisme et le Il y a un véritable savoir-faire à choisir telle ou telle monde des paillettes. En avril 2006, en découvrant perruque, tel trait de maquillage, tel costume… ce sont l’Artishow, j’ai eu l’intuition de me trouver au bon des artistes très complets qui savent aussi bien danser endroit. En dix ans j’y ai rencontré nombre d’artistes, que faire du play-back, exercice très difficile, et ils le partagé leur intimité et fixé sur la pellicule des visages, font bien, avec talent et simplicité, là est leur force. des scènes, des ambiances uniques ». Ils ont aussi une capacité à rire d’eux-mêmes ! Vous « Bénéficiant d’une certaine expérience dans la pub, voyez, Pascal en petite fille XXL et bien il en rit encore le théâtre et même en psychologie, j’ai mis à profit à chaque représentation ! Mamyta également était cet ensemble d’acquis qui se sont retrouvés dans ma douée d’une autodérision magnifique. façon d’appréhender les gens à travers la photo. J’aime Le spectacle n’inspire ni la moquerie, ni un ressenti les mains, les contacts et « me faire un film » grâce au de vulgarité parce que c’est bien fait, le spectateur sent support photographique. qu’il y a derrière chaque artiste un travail qui force le Mon aventure avec l’Artishow a commencé très respect. Si ce défi n’était pas relevé, on tomberait très simplement en sonnant à la porte. J’ai été accueilli vite dans le ridicule et dans l’ordinaire. par une équipe sympathique avec laquelle le courant En dehors du cabaret, mon style de photos dépend est tout de suite passé ! Auparavant, j’avais fréquenté des opportunités. Je ne crois pas dans la créativité, pas mal de cabarets mais je ne me suis jamais senti je pense qu’il faut communiquer et s’en donner les

artishow cabaret 99 version Facebook

100 artishow cabaret Pourquoi la succession de guillemets à partir de … J’avais un sujet… jusqu’à la fin de la colonne ? Cela répond t-il à une exigence particulière ?

Didier : j’ai supprimé les guillemets intermédiaires + guillemets anglais pour la pensée du spectateur.

moyens. J’ai visité de nombreuses expositions qui m’ont déçu, non pas par la qualité des photos, mais par leur présentation. Dans certaines, je n’ai pas eu de ressenti. Il m’est arrivé aussi de ne pas tout aimer, de ne pas tout comprendre dans le regard et le travail du photographe. Mais au final, j’avais appris et là était mon but. »

L’exposition photographique « 10 ans de paillettes » présentée par Marcos le 9 octobre 2016 à l’Artishow se veut un hommage à tous ces personnages emblé- matiques qui, comme Mamyta ont contribué à forger l’âme et l’image du cabaret. La mise en valeur des photos et du cabaret trans- formé en salle d’exposition par Xavier est particuliè- rement réussie. « J’avais un sujet, des images que je voulais montrer. Ensuite je suis passé à la création. J’avais quelques belles photos, mais rien ne se passait en moi! Je tenais à montrer quelque chose de valable, que ce soit beau, qu’il y ait du travail derrière. Chaque portrait prend du temps et le spectateur doit se dire : “Ah le mec il a bossé !” Aujourd’hui, ici à l’Artishow, j’ai le sentiment d’avoir bouclé la boucle avec ce travail. Je tenais à les honorer, tout comme ceux qui ne sont plus là. Ces deux amis, Jean-Jacques et Jean-Yves, m’ont bouleversé et c’est ma façon de leur rendre hommage. Quand j’ai vu les photos de Mamyta sous les lumières hier soir lors de la mise en scène, les larmes me sont montées aux yeux ! Je ne voulais pas de surcharge ni exposer trop de photos afin que chacune soit reçue comme un coup de poing. Je me devais de leur donner le meilleur de moi-même », conclut Marcos. version Facebook

Marcos, en 2017, entouré des artistes belges Caprice et Zenitha.

artishow cabaret 101 102 artishow cabaret Les photos de ce livre sont de Marcos Poidebard et Céline Guerreiro à l’exception des pages suivantes : P. XX à XX : Photos amateurs, que prest voluptas dolo quatibu santor Enis moluptam et, si derferrorem collections privées/droits réservés. acea nestruptur sum vollora tibusae quam, ut dundae endundit Torporep udanimil expelig endipidunt iumqui optati aut ut laboreptae. Et modipiet am volupta ex es sita none as voluptatquia vendae volorem cori faceriam laborib eratis eni vit dolorem volutempos dolorer orestende vendis re non net ulparumet aut est harum fugiam acit es pratiat isitaspid ut quunt apiet facia dernam ex et, net rest, et non rest, sit la doluptibusae cum que conse imporese velestrunt am quid quiae eostrunt. aceressint ea nus autatur ibuscium aspieni mendebisquam voluptatusa Quia quia volumquae volupta rem ipsus, quidem qui dolupturibus dolo ernam ut ideresti doluptatecum tumquam fugias escimin ctinihi elia vel iditianimet et faceriosam, conet ut vel eum fugitaspel ipsus, simus. lluptatem rent.

artishow cabaret 103 Merci aux associés, Hil eosam untia derro consed quodio eos eostiis acid ma secaturiste laciaepe eum explitatem evenihi liquias perentium . Merci aux artistes Hil eosam untia derro consed quodio eos eostiis acid ma secaturiste laciaepe eum explitatem evenihi liquias perentium . Merci au public Hil eosam untia derro consed quodio eos eostiis acid ma secaturiste laciaepe eum explitatem evenihi liquias perentium

Ce livre est édité par artishow cabaret éditions 3 cité Souzy – 75011 Paris Direction artistique : Didier Hochet Achevé d’imprimer en octobre 2017 par Imprimerie XXXXXX Dépôt légal : octobre 2017 ISBN :

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