ZIBELINE 08.02 > 01.03.2019 CULTURE LOISIRS TÉLÉ ciné L’hebdo Cult’ 21-22-23 2€50 Etienne Daho visite à Avignon - RD

Les engagements de Renaud Muselier F: 2,50 - 21 pour la culture L 18754 sommaire 21 22 23

politique culturelle (P.4-9) Le Cube du Théâtre Vitez Cité Queer (P.10-11) Les engagements de Renaud Muselier pour la culture Phia Ménard à Marseille, Berre et Vitrolles La Déviation, un lieu à défendre La Nuit des idées à la Maison Jean Vilar Avignon, ville d'exception(s)

événements (P12-21) Étienne Daho à la Maison Jean Vilar Le Café Zimmermann a 20 ans Festival Mars en Baroque Entretien avec Christian Ubl Festival Les Suds en hiver La fin de l’homme rouge d’Emmanuel Meirieu Ceci n’est pas ! À l’ombre de... de la Cie Lunasol Saison Sèche - Cie Non Nova © Jean-Luc Beaujault (Une nuit) de la Cie Folie kilomètre

CRITIQUES (P.22-31) Festival Parallèle, BIAC, le Merlan, la Criée, l’Espace Julien, le Mucem, le Fest’Hiver, le Théâtre Durance, Cie La Hurlante à Montpellier, Opéra de , Festival de Toulon, La Seyne-sur-Mer, le Liberté

au programme de la semaine Spectacle vivant (P.32-43) Musiques (P.43-46) Arts Visuels (P.48-50)

Farci.e, Sorour Darabi © Mehrdad Motejalli

ARTS VISUELS (P. 51-52) Muséonérique au Muséum d’Histoire Naturelle Cinq, Sophie Calle

CONSEILS TÉLÉVISION (P.54-55)

CINÉMA (P.56-59) Événements : Festival La Première fois, Cycle Almodovar au Mucem Critiques : Une intime conviction, La chute de l’empire américain

PHILOLITTÉ (P.43-47) Livres de la semaine : Algeroid, Mauvais œil, Du Big Foot au Yeti, anthropologie de l'imaginaire Philo Kakou Chapelle de la Vieille Charité à Marseille, Feuilleton littéraire de Mathilde Ramadier, Rachel, Monique, Sophie Calle deuxième épisode © Nathalie Ammirati edito Carence d’humanité a menace de disparition d’un journal d’euros lui a été retiré quand d’autres accédaient à n’est jamais une bonne nouvelle. Sur- des aides publiques. Du côté des banques, aucune tout lorsqu’il a pour nom l’Humanité. n’a souhaité accompagner les besoins du journal. Le quotidien fondé par Jean Jaurès en Les tenants du système, confortés par quelques ex- 1904,L contraint de se déclarer en cessation de paie- perts auto-désignés et squatteurs des plateaux de ment, est aujourd’hui placé sous la protection ju- télé, diront qu’il s’agit là de titres symboles d’un autre diciaire d’un tribunal de commerce. temps et qu’il faut s’adapter au nouveau monde. Dé- La presse papier est en crise, on le sait. Et la si- signent-ils ainsi celui qui, de Bolsonaro à Trump, de tuation de l’Humanité pourrait être celle de bien Poutine à Erdogan, de Macron à Merkel, voit dans d’autres publications si elles n’étaient pas liées à de le néo-libéralisme débridé le secret d’un ruisselle- puissants groupes capitalistiques dont l’investisse- ment à succès ? ment, à perte, dans le secteur de l’information, ne Un journal est avant tout écrit par des femmes et vise qu’à fabriquer de la pensée unique. des hommes qui décrivent des faits et les analysent L’Humanité, lui, est indépendant, des financiers au regard de leur sensibilité au monde, de leur rap- comme des vendeurs d’armes. Dans la presse quoti- port à l’humain et à la planète. L’Humanité apporte dienne nationale, il est le seul exemple avec La Croix. une voix dissonante dans le concert des faiseurs de Dans nos régions, il y a aussi La Marseillaise, autre guerre et des casseurs de droits. Récemment, son quotidien aux difficultés chroniques, qui vient de directeur se faisait quasiment exclure d’un débat dépasser son objectif de 75 000 euros de dons via télévisé sur les Gilets jaunes car il refusait d’aborder une plateforme de financement participatif pour le mouvement par le prisme exclusif de la violence, lancer la refonte de ses outils numériques. préférant parler du fond revendicatif. Y a-t-il anec- L’Huma a été porteur de tous les combats d’éman- dote plus parlante pour comprendre le glissement cipation, de justice sociale, de solidarité interna- du traitement journalistique des chaînes d’infor- tionale. Sa fête, en septembre aux portes de Paris, mation en continu ? rassemble des centaines de milliers de personnes Dans un même mouvement, les responsables com- dans un joyeux magma politique, culturel et festif qui munistes, y compris celles et ceux élus à l’Assemblée donne tout son sens au mot populaire. Oui, l’Huma comme au Sénat, sont « exclus » des grand-messes joue un rôle singulier dans le paysage médiatique médiatiques. Invisibles ceux qui, dans l’opposition, car il est l’un des rares à faire réellement vivre le appartiennent pourtant au premier parti de débat d’idées. Pas de ces débats dont les contours en nombre d’adhérents, comme l’a dernièrement sont cadenassés et les conclusions pré-écrites. En affirmé la commission nationale des comptes de réalité, le pluralisme de la presse dérange. Et l’État, campagne. À l’heure où des coups sont méthodi- dont le rôle serait de prendre ses responsabilités quement portés aux principaux conquis sociaux pour l’assurer, aide paradoxalement davantage les issus de la Résistance et du mouvement ouvrier, titres qui n’en ont pas besoin. tous imprégnés de la sensibilité communiste, la Car au-delà de handicaps structurels ou liés au mar- classe dominante semble vouloir également effa- ché, ce sont bien l’État et les banques qui créent les cer des antennes leurs héritiers, toujours actifs et conditions de l’asphyxie de l’Humanité : au sortir bien vivants. des états généraux de la presse, en 2015, un million LUDOVIC TOMAS

ZIBELINE L'HEBDO CULT' Maquette : © Alouette sans tête Administration CULTURE LOISIRS TÉLÉ CINÉ Photo de couverture : © Michel Flandrin. Radio France [email protected] [email protected] 04 91 57 75 11

Chargée des abonnements Directrice de publication Hebdomadaire paraissant le vendredi Marine Jacquens Agnès Freschel [email protected] 06 46 11 35 65 Édité à 20 000 exemplaires Rédaction : par Zibeline [email protected] BP 90007 13201 Marseille Cedex 1 Dépôt légal : janvier 2008 ISSN 2491-0732 Commerciale Rachel Lebihan RETROUVEZ TOUS NOS CONTACTS Imprimé par Rotimpress [email protected] 07 67 19 15 54 Imprim’vert - papier recyclé SUR JOURNALZIBELINE.FR 4 politique culturelle Vitez au Cube

L’Université d’Aix Marseille se dote d’un complexe de salles de spectacles sur son site d’Aix-en-Provence et y installe le Théâtre Vitez, juste à la frontière de la fac de lettres. Rencontre avec Agnès Loudes, qui dirige l’association avec Louis Dieuzayde

© Opération Campus

Zibeline : Quel est le statut du Théâtre une comédienne et metteure en scène, et champ théorique détaché de la pratique Vitez et comment est-il né ? aussi une pédagogue et une chercheuse. qui considère le théâtre comme de la Agnès Loudes : Il est né en 1992 et c’est Ce projet singulier s’inscrivait dans un littérature, et étudie les textes hors des une association, en lien depuis le début mouvement plus général, le théâtre était scènes. À côté de cela Danielle Bré a mis avec l’université. C’est important parce entré dans les facs dans les années 70, en place une formation professionnali- que dès le départ c’est un projet de per- avec la création de théâtres universi- sante, un DEUST. sonnes, pas celui d’une institution. À taires. Mais il n’avait pas forcément cette Il existe des formations d’acteurs, dans les l’époque Jack Lang avait les deux mi- préoccupation têtue d’un rayonnement Conservatoires, les Écoles Supérieures... nistères, l’Éducation et la Culture, et ce réciproque entre l’art et la recherche. Oui mais Danielle Bré était persuadée genre d’aventure pouvait éclore. Et dès Avec Danielle Bré, et Pierre Volx qui a qu’il fallait faire du théâtre dans les facs. 1994 la Ville d’Aix, le Département et la cofondé l’association, le lien était natu- Le Théâtre Vitez est attaché à ça : la for- Région sont entrés au financement aux rel. Et il n’était pas question d’enseigner mation y est liée à la recherche, c’est un côtés du Ministère. le théâtre sans la pratique. lieu d’application, une forme de labo, Pourquoi un tel succès ? Est-ce une chose acquise, aujourd’hui ? comme en sciences, où on étudie, on Modeste quand même, les financements Dans la nuance pas tout à fait ! mais fabrique, on recherche. Avec nos têtes n’étaient pas lourds, ça a marché avec ça va mieux. En 1992 l’enseignement ET nos corps. des bénévoles, des contrats aidés... Mais théâtral était rattaché au département Et c’est bien vu, de faire ça dans une fac ? même si l’époque donnait plus facile- de Lettres. Aujourd’hui il est rattaché à Oh, les praticiens du corps continuent ment sa chance aux nouveaux projets, le celui des Arts, cela change tout au ni- à être vus comme des hurluberlus par Théâtre Vitez a tenu grâce à la singula- veau de l’appréhension de la pratique. certains chercheurs du texte... mais ce rité de Danielle Bré, qui était à la fois une Mais il y a toujours dans l’enseignement n’est pas grave ! Quand le ministère de artiste et une universitaire, c’est-à-dire des Lettres, et parmi les chercheurs, un la Culture a confié à Danielle Bré un 5 Au programme de la semaine Le pas de Bême Adrien Béal s’inspire de l’œuvre de Michel Vinaver, L’Objec- teur (écrit en 1951), qui évoque le refus d’obéir d’un jeune mili- taire, Julien Bême, qui, un jour d’exercice, s’assoit et pose son fusil au sol. Ici il s’agit d’un adolescent qui, bien que bon élève, amphithéâtre de la Fac en 1993, « pour voir » lui ont-ils dit, rend des feuilles blanches à chaque devoir sur table. L’auteur c’était aussi parce que la Culture ne voulait pas financer di- met en scène cette désobéissance et en interroge les consé- rectement l’Université. Les champs restent voisins, un peu quences, ainsi que notre perception des « modèles », avec la méfiants, et c’est constructif. Il y a d’autres lieux comme Cie Théâtre Déplié. ça, hybrides, la Vignette à Montpellier par exemple, mais ils sont historiquement dirigés soit par un universitaire, soit 13 février par un professionnel de la culture. Nous, après Danielle Bré Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com -qui reste conseillère artistique à la programmation- on a imaginé une direction à deux têtes : Louis Dieuzayde est un enseignant chercheur, je suis la cultureuse... Et aujourd’hui directrice d’un lieu de spectacle digne d’une scène conventionnée... Oh non, doucement, je ne dirige pas la Cube ! On y est logés, hébergés, et nous occupons la salle au 4/5e... C’est-à-dire ? Que l’Université se réserve le droit de programmer dans ces murs, qui sont les siens. Cela fait 25 ans, bien avant la fusion des Universités, que l’idée de construire un théâtre dans la Fac revient régulièrement dans les contrats État/Région. L’Opération Campus a enfin permis sa réalisation. Le per- Le Pas de Bême © Martin Colombet sonnel technique et le matériel sont à l’association, la Fac a besoin de nous pour programmer, mis le Cube lui appartient. Il y a donc une salle de 200 places... 187. Et une salle de répétition, une salle de musique de 200 La dispute places très bien insonorisée et vraiment jolie... Mais nous Les étudiants du secteur théâtre d’AMU s’emparent de deux ne sommes pas les seuls habitants du Cube, on y trouve courtes pièces en un acte, La dispute de Marivaux et Nœuds de des services dédiés au personnel, la médecine préventive... Ronald David Laing, le pionnier du mouvement de l’antipsy- nous partageons l’espace, dans l’idée d’un lieu intermédiaire chiatrie au Royaume-Uni, dans une mise en scène de Grégoire entre la fac et la ville. Ingold. Une exploration des géométries du désir qu’aiguisent La programmation garde-t-elle les mêmes axes ? les regards des deux dramaturges. Oui, même si on va pouvoir développer, en particulier grâce à des résidences. Nos axes sont clairs : les compagnies de 26 février au 2 mars la région et les gens sortis des écoles supérieures, les pro- Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com ductions repérées par le réseau Traverses dont nous faisons partie activement même si nous sommes, économiquement, le plus petit producteur... et le théâtre de texte. Pourquoi ? C’est historique, cela correspond à la recherche qui est sou- vent liée aux textes, mais on peut aussi programmer du 65 000 euros et l’Université 43 000 en numéraire, plus 150 000 esti- cirque qui parle, comme à la soirée d’ouverture ! En de- més pour nous héberger. hors de cette programmation professionnelle nous produi- Avec délégation de personnel ? sons 3 spectacles d’étudiants par an, avec des metteurs en Non, c’est l’association qui paye tout le personnel. La région nous donne scène professionnels recrutés par la Fac. Et à côté de cela il 40 000 euros, mais a supprimé sans compensation 12 000 euros qu’elle y a une vraie programmation, avec comité de sélection, des nous donnait sur la ligne de la vie étudiante. Pour le Conseil départe- pratiques amateures. Celles des étudiants, mais aussi des mental, c’est pareil, on a perdu 18 000 euros sur les actions éducatives, adultes et des lycéens. il nous reste 48 000 euros sur les 60 000 d’il y a quelques années. La Et les étudiants viennent au théâtre ? Ville d’Aix quant à elle nous donne en tout 50 000 euros, plus 20 000 Oui, mais pas seulement. Avant les travaux nous avions 8000 euros attribués directement aux artistes sur des aides aux projets. entrées par an, dont 6000 étudiants. Et là, les prochaines Vous ne vivez que de cela ? représentations au Cube affichent complet... On a un peu d’argent de l’ONDA, et de la billetterie, pas beaucoup car Quels sont aujourd’hui vos financements et comment ont- les places sont très peu chères. Le budget total de l’association est de ils évolué ? 350 000 euros, sans augmentation prévue avec ce nouveau lieu. Ils restent très modestes pour une salle de théâtre... et ont ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL plutôt tendance à baisser à la marge. La DRAC nous apporte 6 politique culturelle Les changements de la politique culturelle Renaud Muselier, Président de la Région Sud, régionale a présenté ses vœux à la Culture à la Collection Lambert à Avignon. Et annoncé quelques © JP Garufi changements. Entretien

Zibeline : Pourquoi présentez-vous les projets culturels mais aussi à tra- Quant aux moyens, dès la première an- vos vœux à la Culture à Avignon et pas, vers nos traditions. Grâce à la culture née, nous avons augmenté le budget de comme traditionnellement, au Conseil on peut se sentir à la fois différents et la Culture de 10%, et depuis nous l’avons Régional à Marseille ? unis. Pour ceux qui sont sûrs de sa va- sanctuarisé. Dans un contexte budgétaire Renaud Muselier : Pour deux rai- leur et de sa portée universelle, elle est restreint c’est un effort considérable. sons : d’abord, je voulais que ces vœux un vecteur d’ouverture à l’autre. Mais Lors des Assises, les acteurs culturels se tiennent dans un bâtiment culturel. elle peut au contraire se dresser comme ont formulé un certain nombre de de- La Collection Lambert est aujourd’hui, un mur infranchissable si elle est sec- mandes. Par exemple, celle de plus de grâce à la donation faite à l’État et à taire. Ceux qui veulent l’entourer de fils clarté dans les attributions de subven- l’implication financière des collectivi- de fer barbelés auront toujours tort. Et tions, sur leurs montants et sur les cri- tés publiques, un lieu remarquable qui la première des actions que nous devons tères d’attribution. témoigne de la richesse de l’art contem- avoir en termes de politique culturelle, Les montants sont publics, il s’agit seu- porain. Nous allons d’ailleurs lancer en c’est de garantir la liberté de création. lement de mieux communiquer pour 2019 un Parcours de l’Art contemporain Est-il suffisant de le proclamer et quels que l’information soit disponible pour qui permettra de mettre en valeur l’in- sont les moyens que vous lui donnez ? chacun. Quant aux critères, à budget croyable richesse de notre région dans Le proclamer est toujours important. constant les augmentations que nous opé- ce domaine, dans tous les départements, Nous avons fait barrage à l’extrême droite rons entraînent forcément des baisses. et pour les 5 millions d’habitants de ce il y a trois ans et je n’oublie pas le rôle Nous devons faire des arbitrages, nous territoire. déterminant des acteurs culturels du- essayons de le faire en toute clarté et La deuxième raison ? rant l’entre-deux tours des régionales. sans clientélisme. Eh bien, je suis le Président de la Ré- gion, et justement la culture est pré- sente sur tout le territoire. C’est pour- quoi j’avais tenu à ce que la Conférence permanente des Arts et de la Culture se À Marseille, la Déviation sur la bonne voie tienne à Mougins, dans les Alpes-Mari- times. Les Assises se sont tenues à Mar- Si l’acquisition du lieu Il en fallait des convictions et de la folie seille, et le Vaucluse, avec les Chorégies pour transformer cette ancienne usine et le Festival d’Avignon comme fleurons, devrait se concrétiser, des hauteurs de l’Estaque en espace de est emblématique de la culture dans le la levée de fonds reste résidence permanente ouvert au public. monde. Je suis Marseillais, et Marseille Plutôt que de s’orienter vers un squat à est la capitale régionale, mais je veux nécessaire la pérennité incertaine, les initiateurs faire savoir que je suis attentif à tout le du projet décident d’additionner leurs territoire que je préside. maginer un lieu associatif de création loyers respectifs (3000 euros) pour ou- À propos des Assises de la Culture qui et de recherche artistique, autogéré vrir un lieu à réhabiliter. Aujourd’hui, se sont tenues en novembre, vous y avez Ipar un collectif d’artistes bénévoles, ce sont les cotisations des résidents, des écouté les acteurs culturels et annoncé pouvait déjà relever de l’utopie. Mais membres actifs, des adhérents et les re- un certain nombre de mesures. Qu’en à Marseille, où l’évidence est souvent cettes de la guinguette qui assurent le est-il aujourd’hui ? contredite, ce lieu existe depuis bientôt financement du lieu qui dispose de trois La Culture est pour nous une priorité, elle quatre ans. « À notre arrivée, il n’y avait pôles consacrés aux arts vivants, visuels est une réponse à la crise que traverse ni eau chaude, ni électricité », raconte et à la musique. Mais depuis quelque notre pays. Elle nous permet de forger Malte Schwind, metteur en scène alle- temps, c’est une ambition nouvelle qui une communauté humaine, à travers mand et cofondateur de la Déviation. motive le collectif : acheter la Déviation. 7

Dame de Pique, mis en scène par Olivier Py, NDLR) qu’aucun d’entre eux n’au- rait pu produire seul. Dans cette même logique de mutualisation à l’échelle ré- gionale, j’ai reçu avec plaisir et intérêt le courrier du réseau Traverse en dé- cembre. En 2019, leur Fonds de copro- duction mutualisé accompagnera deux projets. Si le réseau Traverse le souhaite, nous soutiendrons leur mécanisme de coproduction. Vous avez parlé également d’un soutien au financement participatif ? © JP Garufi Oui, nous allons innover en mettant en Les acteurs culturels ont souligné que Eh bien, le Parcours de l’Art contem- place notre propre dispositif, avec la plate- les projets culturels qui auparavant trou- porain par exemple, qui trouvera son forme KissKissBankBank. C’est un drôle vaient des financements complémen- point d’orgue à la Collection Lambert. de nom mais ça marche bien paraît-il. taires dans la politique de la ville, ou Les Chorégies d’Orange fêteront cette Quel sera le rôle de la Région ? l’éducation, ou l’aide à l’emploi culturel, année leurs 150 ans, grâce à la Région. Nous voulons aider les acteurs culturels se trouvaient aujourd’hui privés de ces Les 10 millions de déficit ont été résor- à faire connaître leurs projets. Nous al- ressources. Et que, globalement, les opé- bés, nous avons répondu à l’appel de lons proposer à ceux qui seront retenus rateurs importants avaient été davan- l’État qui demandait un financement dans ce cadre un financement addition- tage soutenus sous votre mandature, au de notre part, et n’a d’ailleurs pas aug- nel. Nous serons la première Région à détriment des plus petites structures. menté le sien. déployer ce genre de démarche. Nous sommes transparents, et je me suis En matière de production, le Pôle Théâtre D’autres mesures ? engagé à trouver des ressources complé- et l’ExtraPôle poursuivront-ils leur tra- La généralisation de l’e-PASS jeunes, mentaires dans ces domaines, et à moti- vail de mutualisation ? avec des journées de médiation afin que ver mes arbitrages. Mais je ne peux pas Oui. Ils ont prouvé leur efficacité en per- les structures culturelles puissent faire compenser les baisses globales du Minis- mettant, par exemple, que Thyeste soit connaître leur offre, et que ce pouvoir tère, ni celles des Départements ou de joué dans la Cour d’Honneur l’été der- d’achat culturel que nous offrons aux certaines Villes. Eux-mêmes d’ailleurs nier. Cette année, nous élargissons le lycéens bénéficie aux librairies, aux ont leurs raisons face à la baisse des do- dispositif à l’opéra. Pour la première fois théâtres et aux cinémas indépendants tations. Je ne peux pas me substituer aux les quatre opéras de la région -Marseille, plutôt qu’aux chaînes ! défaillances de la Ville de Marseille ou Toulon, Nice et Avignon- vont produire ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL du Département des Bouches-du-Rhône. ensemble une forme jeune public et un lors de la cérémonie des vœux au Quels seront donc les nouveaux pro- opéra en mutualisant les coûts. Ce qui va monde culturel le 23 janvier, jets en 2019 ? permettre de créer ensemble un opéra (La à la Collection Lambert, Avignon

À Marseille, la Déviation sur la bonne voie

« Au début, quand le propriétaire nous a annoncé son désir en cas de difficultés. Pour acquérir la Déviation, un peu plus de vendre, nous n’étions pas dans cette logique », reconnait de 440 000 euros sont nécessaires, frais de notaire compris. Malte Schwind. Il n’en manque que quelques milliers aujourd’hui. Quel est le secret ? Après une volte-face des banques, les artistes ont Pour une propriété d’usage opté pour le microcrédit à très faible taux d’intérêt, auprès Mais l’idée a fini par faire son chemin et l’expérience du de particuliers, grâce auquel ils ont d’ores et déjà collecté Mietshsäuser Syndikat depuis les années 80 outre-rhin a des- 80 000 euros qui s’ajoutent aux 50 000 issus des campagnes siné un mode de pensée et d’action alternatif. Ce système, qui de financement participatif et des soirées de soutien. Tout repose sur la solidarité des usagers pour lever des fonds, vise récemment, une bonne âme s’est engagée à prêter 150 000 à « remettre en question la propriété privée au profit d’une sur cinq ans. Au final, « il reste 125 000 euros à trouver, non propriété d’usage pour tous » tout en freinant « la spéculation pas pour acheter mais pour étaler le plus possible les crédits. immobilière » et « la gentrification ». En France, le principe, Cela revient à 25 000 euros par an pendant cinq ans, soit 1 000 très peu développé, est porté par une fédération nationale euros par membre actif annuellement. Cela paraît jouable ». sous l’acronyme Clip. Il existe trois structures dont l’exemple L’optimisme et la détermination déplacent des montagnes. marseillais, les deux autres étant dans le Perche. Parmi les LUDOVIC TOMAS avantages du dispositif, une assurance collective sous forme de transfert solidaire de fonds d’une structure à une autre Pour aider à la réalisation du projet : ladeviation.org 8 politique culturelle Avignon, ville d’exception(s) C’est le slogan de la Ville et en matière de théâtre, il lui colle à la peau, jusque dans son événement Fest’Hiver

es théâtres « historiques » d’Avi- gnon (Le Balcon, Le Chêne Noir, LLes Carmes, Les Halles et Le Chien qui fume) forment un groupe, autopro- clamé Les Scènes d’Avignon, qui au fil des années, de désaccords en réconcilia- tion, a préservé une place particulière. Ils sont tenus par les artistes fondateurs du Off en 1966 et 1967 Gérard( Gélas) ou leurs descendants (Sébastien Bene- detto, fils d’André auquel cette édition rend hommage, mais aussi Alexandra Timár ou Julien Gélas), complétés par des metteurs en scène installés là de- puis 35 voire 45 ans (Gérard Vantaggioli 1973, Alain Timár et Serge Barbuscia 1983). Ces entreprises de théâtre vivent en bonne partie des recettes générées lors du Festival Off et ils perçoivent aussi des La Révérence, Cie Artscénicum © Jérôme Quadri subventions publiques, bien qu’ils pos- sèdent leurs murs qu’ils transmettent en autarcie, le regard tourné vers Paris compagnies vauclusiennes de textes de à leurs enfants comme un bien privé. plutôt que vers la région qu’ils habitent. Catherine Verlaguet (Cie Éclats de scène) Une aberration ? Non, une exception. Si C’est cela aussi, l’exception avignonnaise : ou de Soie, adaptation du chef d’œuvre chacun de ces théâtres a son esthétique ces « historiques » qui sont nés contre d’Alessandro Baricco (Olivier Barrère). et son économie propre, nul doute que le Festival d’Avignon, dans un mouve- leur politique de création, de program- ment de contestation, se sont regroupés Diversité d’esthétiques mation et de soutien aux compagnies en laissant dehors les théâtres ouverts L’ouverture de Fest’Hiver s’est faite avec locales relève du service public, et qu’ils après 1983, qui se heurtent à l’absence l’extravagant et délicieux Détachement animent à l’année, et à perte, une ville de financement public, quelle que soit International du Muerto Coco et ses qui aime le théâtre jusqu’au plus froid la pertinence et l’impertinence de leur Lectures (z) électroniques au Théâtre des de l’hiver. programmation. C’est le cas de La Ma- Halles. La compagnie internationale mais nufacture, de Golovine ou d’Artéphile néanmoins marseillaise (le propre de Ce qui persiste par exemple : qu’importe leur qualité, ils l’exception phocéenne ?) a proposé à un La Ville d’Avignon, en accueillant leur sont arrivés après, dans une ville qui ne public médusé sa poésie sonore animée conférence de presse et en subvention- peut dépenser plus, parce que la culture par les sons incongrus de jouets d’en- nant Fest’Hiver -à peine, 5000 € en tout, -théâtre et patrimoine- fait vivre son éco- fants. Un régal, intelligent, intime, dé- mais elle aide par ailleurs chacune de nomie (privée) mais qu’elle pèse lourd calé, que le public a su goûter. ces salles-, reconnaît les particularités dans ses finances (publiques). Les mêmes spectateurs, ou à peu près, se de cet événement, et les acteurs inter- D’autres arbitrages possibles, fondés retrouvaient le lendemain aux Carmes. rompent les applaudissements à la fin sur le projet d’intérêt public et non la La Compagnie du I (Avignon) proposait pour signaler qu’ils joueront dans le Off règle du premier arrivé ? Il se trouve un récital parodique, le retour de Car- et que : « si le spectacle vous a plu n’ou- que les spectateurs sont là, exclusive- men de la Canciòn sur la scène : les trois bliez pas d’en parler autour de vous...». ment avignonnais l’hiver, et passionnés. femmes, la diva étant entourée d’une Des rituels « privés » qui ne persistent Ce qu’on leur propose témoigne d’une traductrice empressée et d’une musi- guère qu’à Avignon ; le Théâtre des Halles diversité d’esthétique qu’on peine à voir cienne atterrée, jouaient une partition est le seul à appartenir au Réseau Tra- ailleurs, de l’opérette marseillaise à la un peu indécise. Car si la chanteuse se verse qui regroupe aujourd’hui presque poésie sonore, en passant par du diver- laissait applaudir après Carmen ou Fiever toutes les scènes publiques régionales : tissement féministe, du théâtre réaliste comme dans un véritable tour de chant, les autres « historiques » vivent un peu et documentaire, ou des créations par des le comique fondé sur l’agitation de ses comparses et ses références hispaniques outrées empêchait l’émotion musicale, sans parvenir non plus au comique recher- ché. Un trio qui gagnera sans doute à construire des moments aux tonalités plus décidées, successives plutôt que superposées. Au Balcon De Gaulle tirait Sa révérence. La Cie Arscénicum reprenait la création qu’elle avait proposée au Off 2018.Fran - çois Cottrelle, toujours impressionnant, interprète le Général/ Président lors de sa fuite en mai 68 à Baden Baden. Quelques heures historiques pour un théâtre documentaire mais surtout politique, qui ne cache rien des errements de l’homme qui en- visage très sérieusement l’emploi de la force militaire, et s’op- pose à un Cohn-Bendit surgi du public. La pièce de Philippe Chuyen remet en cause la Ve République et sa fausse démocratie CRÉA | Aymeric Duchemin | adgraph.fr Aymeric | CRÉA parlementaire, son incompréhension du peuple. Formellement elle repose sur un parti-pris réaliste, agrémenté d’images d’ar- chives, mais elle sait aussi prendre de la distance, jouer à jouer, faire des entorses habiles au quatrième mur. Et François Cot- trelle, sans singer le général, a comme lui la voix qui se brise, le ventre proéminent et la phallocratie naturelle. Ailleurs Durant la même semaine la jeune compagnie avignonnaise Deraïdenz présentait sa nouvelle création de marionnettes (magnifiques) au petit théâtreTransversal et les Hivernales programmaient Hiverômomes pour des publics scolaires de tous âges : Grrrrr au Théâtre Golovine, une petite forme sur les monstres pour les tout-petits, Aérien de Melissa Von Vépy, pour les ados, dans leur théâtre dont ils seront bientôt délogés sans solution de repli... Le Festival d’Avignon, le 5 février comme tous les premiers mardis du mois, organisait une rencontre avec un artiste qui sera programmé cet été : Roland Auzet, compositeur et met- teur en scène, venait parler de son projet Nous l’Europe ou le banquet des peuples. À la Maison Jean Vilar on fêtait le 31 janvier La Nuit des Idées. Plus de 650 personnes venues entendre Olivier Py déclamer ses sonnets néoclassiques et intimes, évoquant l’exil (introduc- tion à la thématique du Festival d’Avignon 2019 : l’Odyssée), ou Théâtre suivre les danseurs du Conservatoire et les étudiants de théâtre dans leurs propositions impromptues... Quant aux acteurs de LA FIN DE L’HOMME ROUGE Paroles de Gonz’, ces mecs mis en scène par Nadjette Bougha- D’après le roman de Svetlana Alexievitch, prix Nobel de Littérature 2015 lem à partir de paroles recueillies lors d’ateliers d’écriture à Mise en scène Emmanuel Meirieu Avignon Extra muros, ils renouvellent le Théâtre Populaire : ils Avec Stéphane Balmino, Evelyne Didi, Xavier Gallais, Anouk Grinberg, en sont enfin non plus les spectateurs, mais les acteurs et les Jérôme Kircher et Maud Wyler personnages, qui disent leur révolte, l’oppression économique, politique, religieuse, jusqu’au refus de l’assignation genrée. Mardi 26 février 20h30 Encore une exception avignonnaise, sur laquelle Zibeline re- THÉÂTRE DE L’OLIVIER | Istres viendra bientôt. 04 42 56 48 48 | www.scenesetcines.fr AGNÈS FRESCHEL

Licence 3-1064783 10 actualité culturelle lgbt du sud-est À la Criée Olivier Py a fait vivre Miss Knife, et Phia Cité Ménard débarque avec un ouragan féministe. Le théâtre, Queer originellement interdit de femmes, vit une révolution anthropologique Sur les planches, l’assignation vole en éclats

n n’en a plus vraiment conscience mais à leur création, Antigone, Électre, Juliette, Miranda et même Lysistrata Oétaient jouées par des hommes. Quand Shakespeare in- vente le mythe de l’amour impossible, c’est un travesti qui joue la jeune fille. Et la grève du sexe imaginée par Aristo- phane pour obtenir la paix est menée par des hommes traves- tis portant masques, devant un public exclusivement mascu- lin : les femmes étaient interdites de scène et de public dans cette Grèce antique qui a inventé le théâtre. Le travestissement sur les scènes ? Il n’était pas qu’un moyen de pallier l’absence des femmes : Shakespeare, Sophocle, Aris- tophane recrutaient des acteurs « féminins », et plaçaient la question du travestissement (dans Comme il vous plaira ou La Nuit des Rois), et du pouvoir masculin (dans Antigone ou Lysistrata) au centre de leurs pièces. Inventaient même Ti- résias, le mythe de la transexualité réversible. Car évidem- ment, le recours à des acteurs travestis, et féminins, posait la question de l’assignation. Notre répertoire en est marqué, et la question « trans » revient en force aujourd’hui sur les scènes, éclairée par les travaux théoriques sur le genre et la possibilité, légale et médicale, de la transition. Éviter les pièges La richesse de la question LGBTQI+ est la multiplicité, non

close, des lettres. Les cisgenres travestis, les transgenres Saison Sèche - Cie Non Nova - © Jean-Luc Beaujault stealth (les furtifs, soit les transgenres dont on ne voit plus, socialement, le genre de naissance), les transgenres osten- travestissement est historiquement le mode de la représen- sibles ont chacun leur histoire, hétéro, homo ou bi, qui les tation théâtrale du genre, et il fut, à une époque très récente, regarde, tout comme les lesbiennes et les gays ont un rapport le seul moyen de changer de place assignée. à leur identité de genre qui peut varier dans le temps et indi- Plus grave encore, il est des féminismes cruellement excluants. viduellement : si la révolution anthropologique de genre que On connaissait celui qui refuse aux lesbiennes le droit de porter nous vivons a un avantage, c’est bien de donner à chacun la la question féministe au prétexte qu’elles sont minoritaires et liberté de devenir qui il est, sans essentialisme. n’aiment pas les hommes, donc ne comprennent pas l’oppres- Or certains trans ou certains gays regrettent que le travestis- sion masculine. Plus ambigu est celui qui accuse les gays de sement -ou l’esprit backroom années 80 qui symbolise en- ne pas voir les femmes, et franchement odieux celui qui, cet core l’homosexualité au cinéma- fasse office de représenta- été, quand il a comptabilisé les femmes artistes programmées tion populaire de la question queer. Si on peut l’y réduire, le au Festival d’Avignon, a classé Phia Ménard dans la colonne 11

« homme ». Le combat contre le patriarcat est la base même d’Avignon. Un des plus grands festival de théâtre du monde. du combat féministe, mené par des femmes, lesbiennes, bi Il fait cela, il est applaudi, compris, admis, et avec lui toute ou hétéro, des hommes à la sexualité tout aussi diverse, et la question LGBTQI+ fait un bond en avant dans le com- même des croyantes portant voile parfois. Reconstruire un bat contre un patriarcat dominant. Qui ne pourra plus ja- féminisme fondé sur la concordance des luttes inclut, forcé- mais être comme avant, n’en déplaise aux féministes qui ne ment, d’écouter les LGBT. Trans et cisgenres. veulent pas associer leur voix à celle, trop étrange ou trop séduisante, des Queer. Phia Ménard féministe AGNÈS FRESCHEL Saison sèche de Phia Ménard est un des plus beaux, des plus forts, des plus justes spectacles que l’on a pu voir sur les à venir scènes ces dernières années. Dans L’Après midi d’un Foehn, à destination du jeune public, elle faisait danser des marion- Saison Sèche nettes de plastique pour dire -sur la musique emblématique 28 février au 2 mars de Debussy qui a permis à Nijinski de placer la question du La Criée, Marseille désir au centre de la danse moderne- la légèreté et l’envol des 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com corps, leur malléabilité, leur matière. Dans Saison sèche elle place aussi la question politique du L’Après-midi d’un Foehn 26 février genre dans le mouvement, la matière et la dramaturgie. Sept Théâtre de Fontblanche, Vitrolles femmes y sont confrontées à une boite de scène blanche dont 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr le plafond s’abaisse, les maintenant à plat ventre ou courbées jusqu’à ce qu’elles se soumettent à l’assignation genrée, se 27 février castrent douloureusement de leur féminité, endossent des Forum de Berre attitudes viriles et martiales, crient, s’affrontent, détruisent 04 42 10 23 60 forumdeberre.com la maison qui pisse de ses ouvertures triangulaires des mens- er trues noires. 1 mars Théâtre Comoedia, Aubagne En une heure effrénée Saison sèche dit tous les ravages que 04 42 18 19 88 aubagne.fr les sociétés reproduisent depuis des siècles en contraignant les femmes à la soumission, la discrétion et l’hystérie, et les hommes à la compétition, la violence et à la loi. Elle dit, mieux que tous les mots, comment nos gestes, nos pas de l’oie, nos dos courbés, nos coups de feu, nos coups de poing, nos che- velures, nos costumes, nos attributs, notre manière de bouger seul ou d’attraper le mouvement de groupe, comment tout cela est lié à notre genre social qui, décidément, a peu à voir avec nos organes sexuels de naissance. Miss Knife au phallus La démarche d’Olivier Py est tout autre. Elle est celle d’un homme, cisgenre, homosexuel, qui assume d’aimer, par mo- ments travestis, être une femme. Et son récital, Les premiers adieux de Miss Knife, est formidable. Intrinsèquement d’abord, parce que ses musiciens, un quatuor de jazz très mélodique, sont merveilleux, chacun virtuose et tous à l’écoute. Parce Miss Knife chante très bien, juste et avec émotion et nuance, même si le timbre de voix n’est pas toujours des plus agréables. Et surtout parce que les chansons sont très bien écrites : on y retrouve la puissance d’écriture lyrique des pièces de théâtre, la dérision, mais avec plus d’intimité, de confidence, et moins de méchanceté envers les « trouducs » dont il parle ailleurs. Mais l’essentiel n’est pas là. Dans la salle de la Criée, debout, le public applaudissait Oli- vier Py habillé en femme, ou plutôt en dragqueen, talons hauts, faux cils, aigrette démesurée, robes et bas à paillette. Création Qui faisait admirer le décolleté plongeant de son dos, s’al- longeait et battait des jambes en disant « j’adore faire ça ». La Poursuite du Cyclone Disait « y a-t-il encore des hétéros de base dans la salle ? » et répliquait aux femmes qui levaient la main « non une femme Kevin Jean n’est jamais de base ». Cet homme qui se travestit en gardant son phallus – elle s’ap- MERCREDI 27 FÉVRIER 2019 À 19H30 pelle Miss Knife tout de même- est le directeur du Festival JEUDI 28 FÉVRIER 2019 À 20H30 - THÉÂTRE D’ARLES

+ d’infos sur www.theatre-arles.com / 04 90 52 51 51 12 événements Daho raconte Moreau

Le chanteur est venu spécialement à Avignon visiter l’exposition consacrée à la comédienne dont il était très proche à la fin de sa vie

dans ses souvenirs, c’est dans Viva Ma- ria !, de Louis Malle. « Peut-être pas son meilleur film… Mais pour moi, c’était un personnage presque mythologique. » Croi- sée une première fois sur un plateau à Canal+ (« Elle s’est dirigée vers moi, m’a pris par les épaules et m’a dit : je vous aime beaucoup »), une deuxième à la projec- tion du film Clean, d’Olivier Assayas ; la troisième rencontre sera déterminante. Elle a lieu un soir de juin 2008, pendant l’Obsession Tour. « Jeanne est venue me voir à l’Olympia. Je l’ai repérée au premier rang du premier balcon, en face de moi. La voir danser debout sur Epaule Tatoo, c’était quelque chose », se souvient-il, les yeux pétillants. Le concert terminé, la comédienne chanteuse le félicite dans sa loge, particulièrement touchée par son interprétation de Sur mon cou, extrait du Condamné. « Faisons l’intégralité de

Jeanne Moreau, Etienne Daho, Le Condamne à mort, 2011 © C. Raynaud de Lage l’œuvre ensemble », lui lance le musicien, sans avoir imaginé une seconde plus tôt qu’il prononcerait cette phrase. Il n’est pas de hasard, il est des ren- visiblement ému. Dans la dernière salle, dez-vous, pas de coïncidences. » Ce il prend un casque et visionne un extrait Une amitié fusionnelle «23 janvier, Etienne Daho avait ren- du Condamné à mort, l’adaptation en La suite est une histoire d’amitié fusion- dez-vous avec celle qui, dans les der- lecture concert du long poème de Jean nelle. « Les élans sont des choses qui ne nières années de sa vie, bouleversera Genet que Jeanne et lui ont joué dans se maîtrisent pas. On s’appelait tous les la sienne : Jeanne Moreau. L’auteur de la fameuse Cour d’Honneur du Palais jours, on se comprenait. Nous faisions Tombé pour la France s’était promis de des Papes, lors du festival en 2011. C’est partie de la même famille d’esprit, par- visiter, dès sa tournée terminée, l’expo- d’ailleurs son témoignage qui clôt pra- tagions certaines valeurs. La même exi- sition que la Maison Jean Vilar, à Avi- tiquement l’exposition. « C’est une jour- gence de mettre notre travail au centre et gnon, consacre à l’actrice. Ce qu’il fit, le née très particulière », reconnaît Etienne, de le faire avec le cœur et aussi cette sen- surlendemain même du dernier concert regardant les gros flocons de neige qui sation qu’on est là pour faire quelque chose de son Blitz Tour, à Berlin. Comme il le viennent de fendre le ciel d’Avignon. d’utile aux autres. » Pour Le condamné, chante dans Ouverture (album Corps et « c’est elle qui m’a encouragé sur le fait armes, 2000), cette date ne peut être une Un personnage mythologique que je pouvais donner chair à ce texte. « coïncidence ». C’est en effet l’anniversaire Dans sa jeunesse, Etienne Daho découvre On a mis un an à préparer le spectacle, de Moreau, disparue le 31 juillet 2017, à Jeanne Moreau par la musique. « J’avais on a laissé infuser. Mais on a enregistré 89 ans. Pendant plus d’une heure, Daho deux albums à la maison, que j’écoutais les chansons en une prise. J’amenais la s’immerge dans un parcours de photo- beaucoup, à côté de ceux du Velvet Un- musique, elle amenait le théâtre. Chacun graphies, d’enregistrements sonores, derground et d’Iggy Pop. Elle a une voix curieux du monde de l’autre. Elle aimait de documents écrits, de vidéos. « C’est qui pique, au spectre extrêmement bien l’idée d’être la chanteuse d’un groupe de une belle expo, très bien documentée. J’ai équilibrée et d’une grande justesse. » La rock. » Même si, malgré le souhait ini- appris des choses », dira-t-il en sortant, première fois qu’il voit l’actrice à l’écran, tial d’Etienne, Jeanne ne s’est pas laissée CRÉATION ! EXPO PHOTO VERNISSAGE PROJECTION RENCONTRE

LA FRANCE VUE D’ICI #2 Paul Arnaud / Loïc Bonnaure / Jean-Robert Dantou / Jacob Chetrit / Raphaël Helle / Géraldine Millo / Anne Rearick / Frédéric Stucin / Patrice Terraz... Un projet ImageSingulières & Mediapart convaincre de chanter les vers de Genet. Au moment de la répétition à Avignon « il y a avait une grande excitation. Elle était chez elle, elle déclamait des tirades de ses années au côté de Jean Vilar et Gérard Philippe. On était tous amoureux d’elle ». Après Avignon une tournée avait finalement suivi. © Patrice Terraz « Quand on montait sur scène, je la tenais par le bras et l’ame- nais jusqu’à son pupitre. J’attendais 20 minutes dans le noir avant de démarrer. J’avais toujours peur du premier son qui allait sortir de ma bouche. Au fur et à mesure des représenta- tions, elle me mettait en avant », témoigne le musicien. Leur plus grande satisfaction ? « Avoir amené vers le monde un texte initialement tant rejeté, l’avoir rendu universel. » Et Daho de confier : « Jeanne voulait qu’on refasse des choses ensemble ».

Administrateur du Fonds A-t-il envie d’écrire une chanson sur son amie disparue ? « Pas pour l’instant. Elle est déjà présente dans beaucoup de choses ». À commencer par sa propre existence : « Jeanne est JEU. 10 & VEN. 11 une personnalité qui vous change. Je ne suis plus la même JANVIER > 20H30 personne. Un peu comme après avoir rencontré Gainsbourg ». C’est quotidiennement que l’auteur-compositeur-interprète ± 1h15 pense à l’icône du théâtre et du cinéma français. À double ≥ 12 ans Tarifs : 15 / 10 / 5 / 3 € titre. « Elle m’avait dit qu’elle voulait que je jette un œil sur ses affaires mais était restée très vague ». À la lecture du tes- tament, il est désigné comme administrateur et ambassa- deur parmi les trois personnes qui gèrent le Fonds Jeanne Moreau auquel l’actrice sans ayants droit a légué l’ensemble de ses droits moraux, matériels et de ses biens. Parmi les missions de ce qui deviendra une fondation, l’accès des en- fants fragilisés au théâtre et au cinéma. Pas certain d’être à MARDI 26 FÉVRIER 2019 la hauteur de la dernière volonté de son amie, il finit par ac- cepter la tâche, une fois rassuré sur la compatibilité avec son emploi du temps chargé. Mais reste surpris de la confiance 19h > OUVERTURE DE L’EXPOSITION qui lui a été accordée. « Je ne suis qu’une relation de la fin de (entrée libre) son parcours », raconte-t-il avec l’humilité qui le caractérise. Ni hasard, ni coïncidence. 19h30 > PROJECTION LA FRANCE VUE D’ICI - LE FILM LUDOVIC TOMAS ± 30 min / Gratuit sur réservation 20h > VERNISSAGE & RENCONTRE avec les photographes et le réalisateur

L’exposition « Je suis vous tous qui m’écoutez ». Jeanne Moreau, une vie de théâtre se poursuit jusqu’au infos & réservations 13 avril à la Maison Jean Vilar, à Avignon > avenue Raimu, Marseille 14e 04 90 86 59 64 maisonjeanvilar.org > 04 91 11 19 20 / www.merlan.org 14 événements Éternelle jeunesse baroque !

L’ensemble de musique baroque Café Zimmermann montre quelque chose d’hu- mainement très profond. fête ses vingt ans. Un bref retour en compagnie Tout s’imbrique, et la démarche de de ses deux fondateurs, la claveciniste s’interroger sur l’univers qui en- Céline Frisch et le violoniste Pablo Valetti toure les mon- ceaux de par- Zibeline : Un peu d’histoire… l’ai pas choisi titions dont Pablo Valetti : Notre ensemble tient au départ, le on dispose, son nom du Café de Leipzig, tenu par clavecin m’a été en enrichit Gottfried Zimmermann dans les années proposé par mes énormément la 1730, où se retrouvaient amateurs de parents, mais par lecture et donc café et mélomanes pour écouter le Colle- la suite j’ai adhéré à l’interprétation.

gium Musicum dirigé principalement cet instrument et à son C Il y a d’ailleurs un son éli ne lot Fris Mil par ses instigateurs, G. P. Telemann et répertoire, et je me trouve ch © Jean-Baptiste Café Zimmermann… J. S. Bach. Le Café Zimmer- bien dedans. P.V. : Nous sommes tous formés mann était l’équivalent P.V. : Je fais du violon de manière mécanique et virtuose, on se d’une académie en « normal » pour ainsi focalise parfois tellement sur la technique Italie. Comme les dire, orchestre que l’on oublie le sens, et l’interprétation réunions sociales symphonique, dans la musique baroque est le princi- étaient inter- musique de pal. C’est pourquoi c’est une musique qui dites dans la chambre, mu- reste très actuelle par sa capacité à nous rue, on allait sique contem- amener à nous poser des questions, afin au café pour poraine… mais de concevoir son interprétation. parler philoso- très centré sur L’intégrale qui paraît pour les vingt ans phie, partager la musique clas- traduit une évolution… des opinions, te- sique en général. Céline Frisch : Oui il y a une évolution, nir des conversa- La particularité technique, on était plus jeunes, cela s’en- tions intellectuelles. du répertoire ba- tend. Un type d’énergie a changé, on est 20 ans, un ensemble roque est qu’il n’est plus homogènes, avec un discours plus t composé de solistes ve- illo qu’en partie un répertoire, commun, plus construit, plus évident. Pab e M lo Va ptist nus d’horizons divers. Un se- letti © Jean-Ba mais c’est aussi, surtout, une À nos débuts, notre réflexion était plutôt cret de longévité ? démarche que l’on adopte au cours des de l’ordre de l’intuition, avec de l’énergie P.V. : Sans doute parce que nous n’avons études sur la musique baroque : étude du qui débordait. Nous sommes plus pré- pas le quotidien d’un orchestre sympho- contexte de cette musique, de la culture cis, nous réussissons mieux nos idées. nique… D’autre part, les grandes diffé- de l’instrument à l’époque, des techniques La célébrité de Café Zimmermann vous rences de nationalités, de coutumes, de jeu, des méthodes d’apprentissage… enferme dans un répertoire ? Des en- d’âges (25 à 30 ans d’écart entre les plus Tout a évolué, de la manière de jouer aux vies de contemporain ? jeunes et les plus anciens du groupe) instruments eux-mêmes qui ont été mo- Pablo Valetti : On est connus dans un constituent un enrichissement pour difiés. La musique au XVIIe, au XVIIIe certain répertoire, on y est attendus, et il chacun, nous aident à chercher à com- était écrite dans un certain contexte phi- a toujours cette préoccupation de remplir prendre les autres, à se poser des ques- losophique, esthétique, technique, qui les salles. On a une envie d’ouverture en tions sur soi… Pourquoi le choix du ba- lui donne du sens. Il ne s’agit pas de effet, il faut que la rencontre se fasse. On roque aujourd’hui ? reconstituer un son, mais d’essayer de est en contact avec Musicatreize, avec Céline Frisch : C’est d’abord lié au par- connaître les différents contextes. Avant des compositeurs contemporains… On cours personnel de chacun. Nous nous Beethoven, un compositeur n’était pas ouvre d’autres portes ! sommes rencontrés, pour une partie un artiste qui écrivait pour l’humanité, ENTRETIEN RÉALISÉ PAR d’entre nous, à la Schola Cantorum de il écrivait pour le dimanche, pour sa foi MARYVONNE COLOMBANI Bâle qui est justement un lieu d’ensei- peut-être, il était « au service de », il écri- gnement et de recherche autour de ce vait pour quelqu’un, sur commande. Mal- répertoire. Chacun a eu une histoire un gré tout, ces compositeurs font passer peu différente. Pour ma part, mon ins- des choses très profondes : la musique trument a déterminé le répertoire. Je ne de Bach, trois siècles plus tard, nous 15 Dans l’intimité de la famille Bach

Le concert de Café Zimmermann, donné Musicale qui sont jouées dans au théâtre Armand dans le cadre des leur forme originelle. Sinon, pour Scènes intérieures du Festival Inter- le reste du programme, on voit la national de Musique de Chambre de flûte prendre la partie de chant Provence à l’occasion de son vingtième des cantates, l’orgue être rem- anniversaire, suivait un programme ori- placé par le clavecin… L’aria et la ginal, qui tranchait avec les autres ma- fugue sont des transcriptions de nifestations proposées dans les autres Mozart de pièces de Jean-Sébas- structures. Ici, la formation en quatuor tien Bach, compilation d’un cer- -Céline Frisch (clavecin), Pablo Valetti tain nombre d’adagios et fugues. (violon), Petr Skalka (violoncelle), Ka- L’idée de base c’est la famille Bach rel Valter (flûte)- s’attachait à nous faire qui partage un moment de mu- © Aurélien Gaillard entrer dans l’intimité de la famille Bach. sique avec un florilège d’œuvres On se laisse donc porter par l’interpré- Céline Frisch et Pablo Valetti nous en domestiques. Un concert très intime donc. tation fluide, intelligente et sensible des livraient les clés : « C’est le flûtiste qui On sait qu’elle se réunissait très réguliè- musiciens, leur jeu aérien et profond, nous a proposé ce programme, il est parti rement et faisait de grandes fêtes où l’on et leur fantaisie sur scène qui rend hu- de l’idée d’un recueil quasiment familial, chantait et buvait jusqu’à très tard… il mains les géants ! imaginer la famille Bach qui se réunit, paraît qu’en début de soirée ils chantaient M.C. prend des partitions et s’arrange avec les chorals comme ils sont, mais qu’en fin les instruments qu’elle a sous la main de soirée les paroles étaient un peu moins Concert donné le 31 janvier au Théâtre pour jouer. La majorité des pièces de ce vertueuses ! Ils se livraient alors à des Armand, Salon-de-Provence, dans le cadre des concert sont des arrangements, à part improvisations… Ces grands musiciens Scènes intérieures du Festival International celle de Carl Philipp Bach et L’Offrande savaient aussi s’amuser ! » de Musique de Chambre de Provence

lourdes c a s t r o ombres & compagnie u l l a von Commissariat: Anne Bonnin brandenburg l’hier de demain

17 février Commissariat: → 2 juin 2019 Sandra Patron

Musée régional d’art contemporain Occitanie / Pyrénées-Méditerranée 146 avenue de la plage, Sérignan mrac.laregion.fr 16 événements Mars (en baroque), et ça repart !

Jean-Marc Aymes, le Concerto Soave et leurs invités proposent une dix-septième édition ambitieuse

Des concerts… aux transcriptions et improvisations et à la naissance du Le grand Bach constitue un fil rouge du festival : Un Art de Sturm und Drang. la fugue traverse le magnum opus du cantor à la lumière des autres grands noms du contrepoint sous les doigts, à l’orgue et … et des conférences aux clavecins, de Jean-Luc Ho et Jean-Marc Aymes (le 3 mars Mars en baroque joint cette année plus que jamais le geste à 17h, au Temple Grignan). Bach Remixed, également donné à la parole musicale. Plusieurs conférences auront lieu tout au Temple Grignan (le 21 mars à 20h), réorchestrera au long du festival : Jean Duron présentera l’œuvre pour les flûtes à bec deMichaël Form et le d’André Campra (le 26 février à 18h30 aux clavecin de Dirk Börner des pages Archives Départementales) ; Jean-Marc écrites par le compositeur pour Aymes explorera, sous un angle mu- d’autres instruments. Les élèves sicologique cette fois, l’œuvre du CNSMD de Lyon présen- de Frescobaldi et de Bach (le teront ses transcriptions 28 février à 19h à la Salle de concertos italiens Musicatreize) ; Yves Re- (le 20 mars à 20h à la chsteiner traitera de Salle Musicatreize). l’art baroque de la Le Papa Bach de transcription (le 16 l’Ensemble Arti- mars à 17h à la Bi- fices présentera bliothèque de l’Alca- l’œuvre du compo- zar) ; le même lieu siteur tutélaire du accueillera Patrick point de vue de ses Barbier qui y abor- propres enfants (le dera également les 24 mars à 17h à la deux grandes figures Friche de la Belle de vénitiennes de Vi- Mai). Plusieurs ex- valdi et de Caldara (le traits du Petit Livre 22 mars à 17h) ; Lionel d’Anna Magdalena se- Pons proposera quant à ront enfin joués par les lui un portrait de Marseille élèves du CNRR de Marseille à l’ère baroque (le 26 mars à er e à la Mairie des 1 et 7 arron- V 18h au Musée d’Histoire de Mar- io la in dissements (le 31 mars à 17h). e seille). Des concerts exceptionnels, Co ch ar r d e au Les répertoires français et italiens t H hl-S destinés aux personnes hospitalisées, élo Rü ïse line Gailla Pau ne seront pourtant pas en reste : le réci- rd, ensemble Amarillis © mais accessibles à tous, seront donnés à la tal très féminin de l’Ensemble Amarillis et de la Timone et à l’Hôpital Nord (les 18 et 19 mars à 14h). soprano Hasnaa Bennani honorera ses pages les plus luxu- Enfin, pour la première fois, des masterclasses, dirigées par rieuses (le 8 mars à 20h aux Archives Départementales). Les Sandrine Piau et María Cristina Kiehr seront ouvertes gra- Fêtes vénitiennes d’André Campra seront données à la Criée tuitement aux étudiants et aux professionnels du chant du en version concert : María Cristina Kiehr, entre autres so- 11 au 14 mars. Le répertoire baroque demeurant, malgré sa listes, entonnera sur scène avec le Concerto Soave ce bel et constante évolution, une affaire de transmission ! rare opéra-ballet (le 9 mars à 20h). L’équipe mettra égale- SUZANNE CANESSA ment à l’honneur Pergolèse et Scarlatti (le 15 mars à 20h30, à l’Eglise de Saint Mitre Les Remparts). Elle reprendra du service sous la baguette de Joël Suhubiette pour le célèbre Magnificat de Vivaldi, en compagnie du Chœur de chambre Les Éléments (le 23 mars à 20h30 à l’Eglise des Chartreux). Plus transversaux, les programmes de l’organiste Paul Gous- Mars en baroque sot, le 26 mars à 20h à l’Abbaye de Saint-Victor, et du concert 26 février au 31 mars Astralis rassemblant le Concerto Soave et Musicatreize sur Divers lieux, Marseille leurs terres, le 29 mars à 20h, s’attaquent respectivement 04 91 90 93 75 marsenbaroque.com 17 Un diptyque hybride et incandescent

Le chorégraphe Christian Ubl crée un va-et-vient entre la danse, la parole et la musique dans sa nouvelle création Langues de feu & Lames de fond co-écrite avec Lucie Depauw. Rencontre avant la première à Klap

Zibeline : Vous présentez Langues de feu et Lames de fond comme deux poèmes-documentaires chorégraphiques. Expliquez-nous… Christian Ubl : C’est une rencontre entre l’auteure Lucie Depauw qui détermine son écriture comme un poème-documen- taire, et moi qui suis chorégraphe. On crée une pièce qui vacille entre l’explo- ration du corps, quand le mot ne suffit plus et que le corps peut nous éclairer, ou rendre plus mystérieux ou rendre une force autre que le mot. Qui peut le prolonger ou l’éclairer autrement. Ces poèmes-documentaires ont été écrits pour la pièce. On a travaillé ensemble sur les manières d’aborder le thème du feu, de la contestation incendiaire. Éga- © Marc-Antoine Serra lement sur l’eau, avec la question de la Méditerranée et de la prise de décision est plus complexe : elle incarne à la fois voix off mais c’était trop figé. On prend de l’homme quand il doit la traverser le corps qui est dans l’urgence, dans la le risque de porter le corps et la parole pour atteindre une terre incognita. Cette tempête, et le personnage d’une ministre par deux personnes. collaboration a commencé à Actoral en anti-immigration qui s’est mise dans la Les arts visuels ont toujours occupé une 2016, à l’invitation d’Hubert Colas, et peau d’un migrant… place importante dans votre travail : ici, s’est poursuivie avec ce diptyque. Comment s’articulent et s’équilibrent font-ils jeu égal avec la danse et le texte ? Quelles sont les relations entre les mo- le geste et la parole ? L’idée était d’avoir un tiers de texte, un dules, le premier étant traversé par le Le texte et le geste peuvent s’accorder tiers de danse, un tiers d’arts plastiques feu de la révolte, le second par l’eau ? comme s’opposer, cela dépend. On est et musique. Cela parait rigide mais je Le fil, ce sont les deux éléments car l’un en recherche d’un équilibre entre corps voulais conserver un équilibre et une ne va pas sans l’autre. Le feu c’est l’idée et mots : parfois je danse sur le texte, ac- limpidité ! Il fallait que chacun trouve sa de la révolte, du changement. Dans l’eau compagné sur Le Sacre du printemps, une place. J’ai donc travaillé avec Claudine aussi il y a cette espèce de révolte et de musique historique comme l’est déjà le Bertomeu, architecte-plasticienne mar- sacrifice : quoiqu’il arrive, je dois traver- Printemps arabe. Dans Lames de fond, seillaise, pour réfléchir de manière plus ser. Au début, je fais le rituel de Tarek c’est une création live de Fabrice Catta- large sur les matériaux que je manipule, Bouazizi qui s’est immolé en Tunisie, à lano qui m’accompagne sur scène. Les sur les couleurs qui créent des paysages. mes côtés la danseuse porte le texte. Ce deux poèmes s’enchaînent l’un l’autre car ENTRETIEN RÉALISÉ PAR sont les paroles d’une femme qui évoque c’est la dramaturgie qui amène le lien. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI le feu intérieur, celui qui brûle en elle, et On est dans quelque chose de poétique, le feu extérieur de la société. Dans Lan- ou de plus engagé ou de plus politique gues de feu je suis Tarek et le feu, inver- mais toujours profondément humain. sement dans Lames de fond je suis celui C’est le hasard de la vie qui m’a fait ren- Langues de feu/Lames de fond qui raconte la traversée du point de vue contrer Lucie Depauw et m’a donné en- 1er et 2 mars de celui qui s’engage, et la danseuse est vie de faire cette pièce, de me déplacer. Klap Maison pour la danse, Marseille l’eau. On est en dialogue. Mais la forme On a pensé faire entendre le texte en 04 96 11 11 20 kelemenis.fr 18 événements Des Suds en hiver et en transition

Le festival de musiques de monde arlésien change de visage et de saison

ouble nouveauté pour Suds à Arles : une édition hivernale et un change- Dment de direction. Entretien avec le successeur de Marie-José Justamond, Stéphane Krasniewski Zibeline : Comment vivez-vous ce pas- sage de flambeau ? Stéphane Krasniewski : Je suis arrivé il y a 15 ans à Suds. C’est quelque chose qu’on prépare depuis longtemps avec Paul Wamo © Eric Châlot Marie-José Justamond qui a toujours eu une manière très collaborative de tra- habitants eux-mêmes, comme le Châ- Comment développez-vous vos pro- vailler. Je le vis donc comme une évo- teau de Tarascon ou l’église Saint-Mar- positions dans un contexte général de lution de mon poste, de ma position, cellin à Boulbon. La troisième raison contraintes budgétaires ? sachant que Marie-José est passée à la est d’œuvrer à la saisonnalité de notre Je suis convaincu que si on ne se déve- présidence de la structure. On est sur territoire qui a une offre culturelle très loppe pas, on régresse. Et se développer une transition en douceur. dense l’été mais plus démunie en hiver. permet aussi de convaincre de nouveaux Pourquoi les Suds en Hiver ? Le traditionnel Revivre du festival est partenaires, de créer de nouvelles dy- Pour au moins trois raisons. La première, donc abandonné ? namiques et de renforcer l’existant. Le c’est de rendre visible le travail d’action Tout part du Revivre dont le principe Conseil régional a d’ailleurs réaffirmé culturelle que l’on mène tout au long de était d’organiser un concert au cœur son soutien. Tout cela repose aussi sur l’année auprès du public scolaire qu’on ne de l’hiver et une fête avec tous ceux qui la mobilisation de nos équipes et de leurs peut pas mobiliser pendant les vacances avaient contribué au succès de l’édition compétences. C’est une charge de travail d’été. La deuxième raison est de retisser précédente. L’événement a eu plusieurs supplémentaire. du lien de proximité avec le territoire en formes et a évolué en s’adressant à un Dites-nous quelques mots sur la pro- faisant découvrir les musiques du monde public de plus en plus large, jusqu’à nous grammation musicale. à un public local dans des lieux plein de donner l’envie de faire une version hi- On démarre avec une création de Paul charme et souvent méconnus par les vernale des Suds. Wamo, Marseillais originaire de Nou-

Mieko Miyazaki et Suizan Lagrost © Kramer Oneill velle-Calédonie, porte-parole talentueux de la culture kanak. Autre création, Ô Sud, de Xavier Rebut, accompagné de trois musiciens italiens qui ont colla- boré avec la grande Giovanna Marini et qui revisitent un répertoire de chants d’Italie du Sud. On accueille également un duo nippo-français très rare, avec Mieko Miyazaki, joueuse de koto (ci- thare japonaise) et Suizan Lagrost au shakuhachi (flûte japonaise). Le Chœur battant, c’est le résultat de l’action me- née avec le conservatoire du Pays d’Arles et 200 élèves de classes élémentaires de l’intercommunalité qui ont travaillé avec Emmanuelle Bunel et son Trio Âman autour de chants de la Méditer- ranée. On réinvite Bachar Mar Khalifé, puis on clôture par une rencontre entre Des Suds en hiver et en transition

guitares manouche et flamenca avecAn - des musiques du monde autour du vio- musique des Balkans et orientale avec toine Boyer et Samuelito. loncelliste Yo-Yo Ma. une vingtaine de musiciens sur scène. Comme toujours aux Suds, il n’y a pas Y aura-t-il une touche personnelle dans Il y aura également une journée consa- que de la musique… le prochain festival cet été ? crée aux femmes engagées et à l’Afrique On va mettre en avant le travail effectué Je m’inscris dans une certaine conti- avec Fatoumata Diawara et l’Angolaise par la Radio des Suds, antenne éphé- nuité. Je vais respecter les fondamen- Pongo, ancienne chanteuse de Buraka mère participative du festival, animée taux posés à la création du festival, parce Som Sistema, qui a cartonné aux Trans- par Antoine Chao, qui donne à un jeune qu’il n’y a aucune raison d’y toucher. musicales de Rennes et la djette kenyane public prioritaire un espace pour s’ex- Ma sensibilité s’exprimait déjà aupara- Kampire que l’on verra sûrement par- primer, se former et vivre le festival de vant. Si évolution il devait y avoir, elle tout. Je peux vous annoncer en avant-pre- manière intense, à travers le medium de se fera naturellement, en fonction des mière Bobby McFerrin ! la radio. C’est pour nous une manière de créations musicales, de l’état du monde, ENTRETIEN REALISÉ PAR LUDOVIC TOMAS rendre visible une partie du public qui de l’évolution des goûts des spectateurs n’a pas accès aux médias en les rendant qu’on essaie toujours d’anticiper en les acteurs de l’actualité. Il y a aussi deux accompagnant vers les découvertes. Ca projections : l’une d’Impulso, le film sur ne dépendra pas de la personnalité du Les Suds, en hiver la danseuse de flamencoRocio Molina, directeur. 2 au 10 mars avec qui on a un lien fort ; l’autre de Que peut-on d’ores et déjà annoncer ? Tarascon, Boulbon, Arles, Fontvieille, The music of strangers projet qui ras- Ibrahim Maalouf avec le Haïdouti St-Martin-de-Crau, St-Pierre de Mézoargues semble plusieurs artistes importants Orkestar pour un concert festif entre 04 90 96 06 27 suds-arles.com 20 événements Arles à l’ombre des surréalistes Entre paradoxe et ambiguïté, le rêve et l’imaginaire au cœur de la création

etteure en scène italienne, Simona Acerbi, a quitté son pays natal pour Ms’installer à Arles. Créatrice de la Cie LunaSol, spécialisée dans le théâtre d’ombre, elle initie en 2017 À l’ombre de…, un ensemble de propositions artis- tiques de format court. Au programme, danse, théâtre, exposition, concert. Après À l’ombre de Vincent (Van Gogh) et À l’ombre de Camille (Claudel), voici Ceci n’est pas ! À l’ombre de… Un clin d’œil à René Magritte pour une édition tournée

vers le surréalisme, dans ses dimensions Les Amants, René Magritte (1928), huile sur toile. Museum of Modern Art, New York philosophique et artistique. « Ce mou- vement nous intéresse car il recherche le tableau de Magritte Les amants. Dans à travers son « laboratoire exquis », des- dans l’inconscient les matériaux de la La condition humaine, performance de tiné aux enfants comme aux adultes. création, en refusant ce qui appartient théâtre d’ombres sur une musique de Enfin, la poésie de l’ensembleLes Mi- à la raison. Les surréalistes pensent que Boris Bruguière, elle unit les images mitraillettes viendra clore en musique l’inconscient peut être créateur. Ils placent et les mots dans une même danse, pour la manifestation. le rêve et l’imaginaire au cœur de leur conter de manière poétique nos âmes. L.T. création. Le surréalisme évoque en même Pour C Surréaliste !, la metteure en scène temps la continuité et la rupture, la lo- invite six personnes d’un Esat (établis- gique et l’incohérence », explique Simona sement et service d’aide par le travail) Ceci n’est pas ! À l’ombre de… Acerbi. Celle-ci propose plusieurs mises à devenir les acteurs d’une conférence 15, 16 et 17 février en scène. Avec Paradoxe d’une commu- théâtralisée décalée. Dans Les Egos-ar- Espace Van Gogh, Musée départemental nication, une œuvre en deux volets, elle més, la plasticienne Corinne Sérapion Arles antique, Art et Gourmandise, Arles décline par le théâtre puis par la danse enchaîne performance et atelier interactif 06 03 02 77 29 compagnie-lunasol.fr

Oserez-vous vous mouiller ? epuis 2011, la Folie Kilomètre s’il- l’a encore démontré la mémorable crue et de surprises artistiques, en collabora- lustre dans des propositions ori- du Rhône de 2003. Sur le fil de la réalité, tion avec de nombreux complices. Pre- Dginales pour l’espace public. On a (Une nuit) propose au public d’éprouver mière étape : deux représentations à notamment pu croiser le collectif mar- une situation de crise. Réunis pendant 17h, Arles, les 22 et 23 février. (Une nuit) sil- seillais lors de transhumances pictu- le groupe de spectateurs devra accepter lonnera d’autres communes traversées rales au Frioul durant le festival MIMI de se laisser aller à l’inconnu, d’expéri- par le Rhône ou la Saône jusqu’en avril : (2011 à 2013), de balades littéraires le menter son rapport au risque, à la gestion Salaise-sur-Sanne le 2 mars, Chalon- long du GR2013 (2017, 2018), ou encore de crise, aux relations de groupe, à l’ar- sur-Saône les 22 et 23 mars, Villeur- avec Rivages, drive-in mobile pour bords pentage de territoire… Objectif : « s’im- banne les 29 et 30 mars et Valence les de ville, spectacle itinérant à suivre de- merger dans des enjeux réels, environ- 12 et 13 avril. puis sa voiture. Lauréats d’un concours nementaux et techniques, portés par une JULIE BORDENAVE lancé par le Plan Rhône, les artistes du mise en récit artistique et sensible. » Pen- collectif inventent cette fois un scénario sée avec l’aide d’un comité scientifique (Une nuit) 22 et 23 février original pour sensibiliser à la menace composé de chercheurs, gestionnaires, Arles (de 18h à 10h le lendemain) d’inondation, considéré comme le pre- animateurs et techniciens, la proposition 04 91 77 14 53 [email protected] mier risque naturel en France, comme s’étoffera d’interventions documentaires billetweb.fr/une-nuit LE TARTUFFE de Molière ÉCOLE LE CERISIER I Théâtre L’homme rouge 1 & 2 MARS I 20:30 ENTREMETS ENTREMOTS est tombé THÉÂTRE NONO I Dîner-spectacle 22, 23, 29 & 30 MARS mmanuel Meirieu a fait de l’adaptation de romans et d’essais d’auteurs contemporains à la scène sa spécia- 5 & 6 AVRIL I 20:30 Elité. Après De beaux lendemains (Russell Banks), Des En partenariat avec hommes en devenir (Bruce Machart) ou encore Mon traître Marseille Provence Gastronomie 2019 (Sorj Chalandon) -accueilli en octobre dernier au théâtre de l’Olivier-, entre autres, il adapte sept témoignages issus de deux œuvres de l’écrivaine et journaliste biélorusse Svetlana Alexievitch, La supplication (JC Lattès) et La fin de l’homme LE MISANTHROPE rouge (Actes Sud). À travers ces personnages, c’est la fin de l’utopie communiste qu’il met en scène, en s’attachant plus de Molière aux émotions qu’aux faits historiques, récits portés par les ÉCOLE LE CERISIER I Théâtre écrits du Prix Nobel de littérature en 2015. Si Svetlana Alexie- vitch s’acharne à garder vivante la mémoire de la tragédie 3 & 4 MAI I 20:30 qu’a été l’URSS depuis quarante ans, c’est par le biais de ses « romans de voix » dans lesquels les femmes et les hommes sont des témoins brisés, « voix suppliciées des Goulags, voix des survivants et des bourreaux », voix de celles et ceux qui ont vu partir leurs rêves en fumée. Dans chacun de ses spectacles il fait des personnages de livres « des hommes de chair et d’os, des êtres vivants, humains, [qui] crèvent le quatrième mur pour se confier à nous, parta- ger leurs émotions. Pour se réparer et nous réparer. » Face au public, seuls en scène, Stéphane Balmino, Evelyne Didi, Xavier Gallais, Anouk Grinberg, Jérôme Kircher et Maud Wyle feront se succéder les émotions, celles que S. Alexie- vitch fait entrer dans l’Histoire pour regarder « le monde avec les yeux d’une littéraire et non d’une historienne ». Des paroles vraies, authentiques, sensibles qui ravivent l’utopie. Spectacle coproduit par le dispositif ExtraPôle Région Sud.

DO.M. Treml © Cordula

La fin de l’homme rouge 26 février Pôle Théâtre de l’Olivier, Istres de 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr Création Européen des Suds

35 Traverse de Carthage 13008 marseille Réservations : 04 91 75 64 59 [email protected]

© X-D.R. 22 critiques spectacles Création radicale Retour sur quelques propositions du festival Parallèle, entre danses rituelles et cuiseurs à riz

a femme nue traverse la scène en faisant la roue, un rire diabolique. L L’homme s’engloutit dans une vulve géante : les scènes d’ouverture et de conclusion de HooDie (mot anglais si- gnifiant sweat-shirt à capuche) sont les plus évocatrices de la première création d’Oliver Muller. L’acte de s’encapuchon- ner est ici un désir de dissimulation et de disparition autant que de protection. Mais le lien avec le travail de recherche sur la sorcellerie, à l’origine du spectacle, n’est pas si évident, si ce n’est des objets disposés de manière totémique. Ardu. On passe de la sorcellerie aux danses amérindiennes avec The jaguar and the snake d’Amanda Piña. Ou quand la colo- nisation et la mondialisation déciment les cultures traditionnelles. Assis en cercle, les spectateurs assistent à une hypno- Olivier Muller, HooDie © Laurent Paillier tique cérémonie, entre chamanisme an- cestral et performance contemporaine. est recrachée, se déversant sur une pile Humiliation La chorégraphe, entourée de Lina Ma- de texte dont l’encre finira par baver. At- Avec Cuckoo, Jaha Koo raconte l’histoire ria Venegas et Yoan Sorin, incarne des tablé, il ingurgite et régurgite littérale- d’une humiliation, celle de la Corée du êtres mythologiques aux mouvements ment des morceaux de papiers jusqu’à Sud, passée sous les fourches caudines ralentis. Des créatures constituées à la en donner la nausée. Le texte est broyé, du FMI au moment de la crise écono- fois d’attributs humains, animaux et vé- mâché, lapé, utilisé comme une simple mique asiatique de 1997. Cuckoo, c’est la gétaux. Tour à tour menaçantes et dociles, éponge, avec lequel il se frappe le vi- marque, née de cette crise, de cuiseurs elles dévorent fleurs, plumes, cheveux sage. Avec ce solo, Darabi, artiste queer à riz. Trois modèles sont les co-inter- comme contraintes d’absorber une par- de culture farsi (langue qui n’a pas de prètes de la pièce. Ils parlent, se lancent tie d’elles-mêmes. La musique produite marqueurs genrés), interroge la double des injures, entrent en compétition. À en direct par les machines de Christian question du genre et du langage. Il ex- travers son parcours, celui de proches, Müller crée progressivement un senti- pose ici sa confrontation violente aux l’auteur -qui lui a choisi l’exil- dresse le ment d’oppression. Quand les person- normes qu’il a dû ingurgiter en s’ins- portrait d’une génération sacrifiée par nages crachent du sang, on devine que tallant en France. Saisissant. les politiques menées ces vingt dernières c’est celui de leur propre massacre. Mais Dans Lignes de conduite, la chorégraphe années. Un état des lieux d’une société aucun impérialisme ne pourra au final Maud Blandel s’intéresse à l’évolution sous la pression, où un suicide toutes totalement anéantir une culture protégée de la tarentelle, danse de transe du sud les 37 minutes est à déplorer. Captivant. par les divinités de la nature. Longuet. de l’Italie, de ses origines païennes à sa LUDOVIC TOMAS dimension touristico-festive, en passant Transe par sa récupération par l’Église. Quatre C’est une autre forme de sujétion qu’ex- danseuses évoluent sous une imposante prime Farci.e. Un corps tout fin avance cloche qu’elles baissent d’un cran avant comme désarticulé, hésitant. Sorour chaque nouvelle pièce. La cadence de Darabi prononce un timide « bonsoir », leurs pas accélère au rythme du caril- la seule parole jusqu’au « merci » final. lon. Leur danse, entêtante et rigoureuse, Avec la même incapacité à se mouvoir est en parfaite une osmose. Mais le col- avec assurance, le jeune chorégraphe lectif se décompose, au profit de l’indi- iranien ne parvient pas à boire conve- vidu, comme obéissant à de nouvelles Le festival Parallèle a eu lieu du 26 nablement. La bouteille rencontre avec exigences. Celle du spectacle qui prend janvier au 3 février dans différents difficulté sa bouche. Une fois avalée, l’eau l’ascendant sur le sacré. Entraînant. lieux de Marseille et de la région 23 Chabadabada circassien

a Compagnie réunionnaise Cirquons pas forcément. Si chacun porte un ré- Flex revient au Bois de l’Aune dans cit particulier, la communication entre Lle cadre de la Biac, avec sa toute nou- eux ne passe pas par les mots ; seuls les velle création. Le 2 février, « bébé » avait gestes évoquent luttes, réconciliations, trois jours. Fragile, selon les artistes, rires, interrogations, émulation… Tout mais déjà d’une superbe maîtrise. Un un langage qui a pour unique grammaire mât chinois s’élève au milieu d’une scène celle des corps. Évolutions souples, por- circulaire, enserrée dans la forme d’un tés hallucinants de précision, éblouis- chapiteau à ciel ouvert au cœur de la santes voltiges au mât chinois… Seule salle du théâtre du Jas de Bouffan où la la confiance en l’autre, nécessaire, vi- Cie a déjà interprété avec brio De l’autre tale, bouleversante, permet ces équi- côté, Dobout en bout, Points de suspen- libres improbables, ces chutes maîtri- sion, La pli i donn. À l’art du cirque et sées, ces envols tournoyants autour du aux voltiges acrobatiques époustou- mât en un manège où tout semble sans flantes s’ajoute la marque de fabrique cesse devoir se rejouer. La trompette de de Cirquons Flex qui consiste à proposer Vincent Maillot rejoint les compositions une narration servant de fil conducteur, de Sébastien Huaulmé, et ourle de poé- pour lier en une même tension histoire sie la mise en scène intime et théâtrale et préoccupations contemporaines. Le de Gilles Cailleau. « conte poétique acrobatique » qu’est Ap- © Laura Perrin MARYVONNE COLOMBANI puie-toi sur moi met en scène deux per- raconte à deux voix, en des points de vue sonnages, lui (Vincent Maillot) et elle et appréciations parfois diamétralement (Virginie Le Flaouter), qui ignoreront opposés. On est au bord de la mer ; il l’y toujours le nom de l’autre, tout en l’af- a trouvée ; elle ignore d’où elle vient, Appuie-toi sur moi a été donné du 31 fublant d’une possible appellation, Loup, mais se laisse soigner par cet être aux janvier au 2 février au Bois de l’Aune, Hérodote... Leur histoire commune se comportements qu’elle ne comprend Aix-en-Provence, dans le cadre de la Biac

Déséquilibre

a base du plafond s’écroule, ABASE- grand-mère, un combat de femmes. Elle DOTETODESABA en portugais, le titre tresse ses cheveux puis elle s’en cache L du spectacle en forme de palindrome les yeux, aveuglée, tâtonnante, et dispa- en dit la forme circulaire, et le rapport raît dans les cintres. à une verticalité qui s’effondre. Ce duo Lui l’attend encore. On sent entre eux de cirque proposé par Liz Braga et Pe- comme une relation suspendue, un ciel dro Guerra (compagnie Franco Brési- qui tarderait à se montrer parce que le lienne Na Esquina) repose sur un désé- plafond vient juste de s’ouvrir. Les mots quilibre : le porteur, costaud, muet, à la s’immiscent sans liant dans ce duo cir- présence massive et au regard tendre, culaire où celle qui s’élève et parle a les semble attendre la petite acrobate aux yeux rivés vers le sol où il reste cloué, longs cheveux roux, qu’il soulève, élève, muet, même si lui seul regarde l’autre, observe sans l’étreindre. et le ciel. Un déséquilibre volontaire ? Elle, bavarde, évolue aussi sur son cer- AGNÈS FRESCHEL ceau aérien, puis s’appuie à nouveau sur lui dans un numéro de main à main qui tourne en rond, sur la poussière ocre qu’ils répandent avec leurs pieds. Elle dit les repères qui disparaissent, la dic- ABASEDOTETODESABA a été donné le 23 tature qui s’installe dans son pays de- janvier au Théâtre de Fontblanche, à Vitrolles, le 29 janvier au Théâtre Vitez, à venu lointain, le plafond qui s’écroule, Aix, le 1er février à la Salle de l’Huveaune, l’impossible retour. Elle chante aussi, en à La Penne-sur-Huveaune, et le 3 février au portugais, sa saudade, la chanson de sa Comoedia, à Aubagne dans le cadre de la Biac © Rafael Camisassa 24 critiques spectacles Regarde les hommes se relever

n préambule, Alexandre silence complet, seul subsiste Fray prend la parole pour l’ahanement des corps, qui Edétailler quelles sont les spé- s’ébrouent de manière drôle cificités de l’acrobatie qui ont ou un brin brutale. Parfois guidé la création de Rare Birds : soutenu par quelques notes « un processus, un mouvement de musique, l’effort se fait lu- qui se transforme en autre mou- dique, gracieux, toujours sai- vement, une métamorphose in- sissant et inclusif. Dans ce cessante ». C’est ainsi que le di- spectacle en quadrifrontal, les recteur artistique a conçu cette corps du public constituent nouvelle pièce, s’incluant dans la toile de fond, ondulant de les recherches autour du porté concert pour suivre au plus acrobatique menées depuis 15 près les évolutions des acro- © Slimane Brahimi ans par sa compagnie Un loup bates sur la piste. La simpli- pour l’homme. Pour réinsuffler de l’aléa- bras, mais bien pour les six acrobates cité du dispositif met en exergue le suc toire dans la mise en jeu d’un vocabulaire -une femme et cinq hommes- d’explo- de la discipline : des individus jouant corporel très technique, Rare Birds laisse rer un large panel de possibles : contre- sur leurs différences et leurs complé- aux artistes le soin d’inventer chaque soir balancé, escalade, porté sur le dos, les mentarités pour trouver le juste point leur manière de rallier une figure impo- pieds, à califourchon, tunnel de corps, d’équilibre. sée, à la manière de musiciens de jazz chemin de mains… Au cœur du plateau JULIE BORDENAVE rejoignant un appel au thème. Les règles du Merlan, transfiguré pour l’occasion académiques du main à main s’estompent. en piste circulaire cernée de gradins, les Rare Birds se jouait les 31 janvier Il ne s’agit plus seulement pour un por- figures s’enchaînent puis mutent, tour à et 1er février au Théâtre du Merlan, teur de soutenir son voltigeur à bout de tour individuelles ou collectives. Dans le Marseille, dans le cadre de la Biac

L’imagination au pouvoir !

olière de la Révélation masculine colle sous une chaus- 2007, Julien Cottereau revient dans sure devient objet de Mla région avec son spectacle Ima- curiosité, se trans- gine-toi (créé en 2006) et embarque le pu- forme en instrument blic dans un univers où se fondent tous les de musique, en corde registres avec une fluidité confondante. à sauter, avant d’être Clown, mime, bruiteur, l’artiste armé de mâché consciencieu- son seul petit micro de tête, qui ampli- sement. Le quotidien fie à loisir certains effets sonores, rend se réenchante, point palpable l’invisible : le monstre féroce de départ de tous les qui semble l’avoir chassé d’un paradis, et possibles. Une balle le condamne au balayage et au nettoyage caoutchouteuse est (vous ne vous attaquerez plus aux vitres renvoyée par divers de la même manière après !), le joueur de membres de l’assis- balle, le quémandeur à une porte close, tance, dont certains © X-D.R. l’amoureux transi, le chevalier intrépide, sont conviés sur scène et se prêtent au Cottereau pose son regard d’enfant sur le le dresseur de chien… Le voici comme jeu avec un exceptionnel talent : l’une monde avec finesse et poésie. Rarement surpris de découvrir face à lui la foule de suit le mime dans sa danse et ses rêves, une telle osmose entre un artiste et le spectateurs. Jubilation d’une innocence un autre dribble au foot avec enthou- public a été aussi sensible à Velaux. C’est primordiale retrouvée. Au royaume du siasme, un autre encore endosse le rôle une assemblée debout qui ovationne le « comme si », chaque geste, souligné par du méchant qui retient prisonnière la poète qui se livre à une course cycliste des sons cocasses, crée un sens, donne charmante danseuse… passages inénar- d’anthologie. Magique ! vie à l’improbable, rend visible un uni- rables de bonne humeur et de complicité MARYVONNE COLOMBANI vers dans lequel les mots, devenus inu- potache qui s’enchaînent sur des jingles tiles, cèdent la place aux bonheurs infinis de western. Lunaire dans son costume Imagine-toi a été joué le 1er février à l’Espace de la fantaisie. Un chewing-gum qui se de Pierrot au pantalon trop court, Julien NoVa, Velaux, dans le cadre de la Biac THÉÂTRE SCÈNE CONVENTIONNÉE SAISON V I ART ET CRÉATION 2018-2019 JOLIETTE EXPRESSIONS ET ÉCRITURES Egaré dans LENCHE+MINOTERIE CONTEMPORAINES les limbes

07, 08 & 09 mars Cinq courtes pièces, variations sensibles sur l’amour un projet orchestré par Pierrette Monticelli & Haïm Menahem

© Clement Debailleul L’amour en près une soirée au Mucem en ouverture, la Criée ac- cueillait le seul spectacle exclusivement magique de cette [courtes] pièces ABiennale. Œuvre de la Cie 14:20, qui forme de nom- breux auteurs à la magie nouvelle au CNAC de Châlons-en- www.theatrejoliette.fr - 04 91 90 74 28 Champagne depuis une quinzaine d’années, Wade In The Water se présente comme une sombre digression autour du deuil. Dans un intérieur domestique, un jeune homme s’apprend condamné. Son chemin vers le Royaume des Morts se heurte au quotidien partagé avec son père et sa compagne. Enserré entre la chambre et la cuisine, le huis MARS clos plonge peu à peu vers le surnaturel, en route vers la poésie sonore lente acceptation. Lente, le mot est faible ! Passé la décou- « ET SI VOUS Y verte d’un univers singulier et envoûtant -esthétisme léché, longs fondus au noir entre chaque scène, musique originale CROYEZ ASSEZ, PEUT-ÊTRE d’Ibrahim Maalouf-, l’ennui guette. La qualité de jeu cor- IL Y AURA UN PONEY. » danse porel des acteurs est soutenue, mais les redondances sont Détachement International du Muerto Coco IMAGO-GO légion, et la contemplation hypnotique finit par tourner en [lodudo] producción rond. Basée sur les étapes jalonnant le processus de deuil, VEN 01 MARS 21:00 VEN 08 MARS 21:00 la trame narrative semble servir d’alibi pour déployer les effets magiques -une chaise qui se casse au ralenti sur un musique coup de colère, un corps qui se dédouble pour symboliser LE VOYAGE une confusion mentale, une lévitation pour lâcher prise…- et théâtre clown n’évite pas toujours l’écueil du sensationnalisme. La magie SUPERSONIQUE LE POIDS D’UN FANTÔME nouvelle, qui se propose d’irriguer la création contempo- Cie Inouïe Thierry Balasse Cie Voix Off raine, est encore une jeune discipline. Son surgissement MER 20 MARS 16:00 sur les scènes de théâtre peine pour l’instant à explorer JEU 14 MARS 19:00 d’autres champs que l’expression d’un trouble de perception théâtre de la réalité. On verra alors Wade In The Water comme un musique exercice de style proposant un panel bluffant de possibili- LAÏKA tés magiques ; et c’est déjà un bonheur de voir s’incarner Ascanio Celestini PÉPLUM l’impossible par des effets totalement maîtrisés, à défaut David Murgia Fantazio des qualités théâtrales attendues. MAR 26 MARS 21:00 & Théo Ceccaldi JULIE BORDENAVE VEN 29 MARS 21:00

Wade in the water se jouait du 29 au 31 janvier à la Criée, Marseille, dans le cadre de la Biac CHÂTEAU–ARNOUX SAINT–AUBAN 04 92 64 27 34 WWW.THEATREDURANCE.FR 26 critiques spectacles Sculpter les nuages

Vous entendez les oiseaux ? Cela veut pas sans évoquer une bataille géante de dire que le spectacle a commencé ». polochons ! La bande-son (Simon Mul- «Les jeunes spectateurs deviennent ler) jongle entre sons réels et musique attentifs. Devant eux, un énorme cube baroquisante, tandis qu’à la fin de cette de mousse enserrée, on ne sait par quel merveilleuse demi-heure magique l’ar- miracle, dans des parois constituées de tiste revient avec un petit personnage, filets… Samuel Watts entre en scène tête de marionnette née de la mousse du portant un sac à dos jaune lumineux, se bain, qui permet des adieux tout doux. saisit d’un fragment de mousse échappé Après la représentation, au moment du de cette banquise nuageuse, le modèle, goûter offert par le théâtre (que des pro- le caresse. Mots murmurés, et le mor- duits locaux et savoureux !), est offert ceau devient animal familier posé sur à chacun un petit recueil de trois ado- son épaule. De petits éléments de cette rables « histoires que l’on peut lire après matière volatile se voient ainsi sculptés le spectacle », composées par Thomas pour être ensuite installés précaution- Gornet, Marie Nimier et Alexandra neusement dans le sac. Puis le danseur Lazarescou. Quel beau prolongement ouvre les deux battants du cube, libé- à ce poème vivant de Johanny Bert, Le rant cette blancheur tremblotante et Petit Bain ! onctueuse qui conserve sa forme géo- MARYVONNE COLOMBANI © Jean-Louis Fernandez métrique. L’homme plonge avec délec- tation dans cet amoncellement crémeux, masques ludiques, murs fragiles, sen- se laisse porter par ce gâteau géant, s’y tiers, chemins… l’espace n’est plus que Le petit bain a été joué le 30 janvier niche comme dans un igloo, en détache mouvements changeants. Enfin, s’en- au Théâtre Durance, Château-Arnoux- de larges parcelles qu’il dessine à l’em- fermant dans cet univers de jeux, l’ar- Saint-Auban, le 26 janvier au Cratère, porte-pièce avec son manteau manié tiste fait naître une pluie diluvienne de scène nationale d’Alès, le 6 février à La comme une immense truelle. Nuages, flocons dans une orgie gestuelle qui n’est Garance, scène nationale de Cavaillon

Fougues de rue

ller à la rencontre du public. Cela les récits d’enfances nomades, celles qui composée en direct par Adil Kaced. Les semble presque être un pléonasme transitent de foyers en familles d’accueil, mots sont crus et beaux. L’écriture de Alorsqu’il s’agit d’évoquer le spectacle de centres fermés en prison, et re- Cano est lyrique, elle s’envole à l’as- vivant. Et pourtant. Il y a des degrés, une tour à la case départ. Le per- saut des barres d’immeubles, échelle des rencontres très ample entre sonnage d’Icare (Hugo d’où des familles sortent scène et spectateurs. La Cie La Hur- Giordano) revient les têtes pour attra- lante en a fait un préalable à toutes ses dans son quar- per ces morceaux créations. Le travail porté par Caroline tier. Il est jeune, de théâtre vi- Cano puise son inspiration à la source et pourtant, vant. Il croise des espaces et thématiques qu’elle in- c’est comme des figures vestigue, pour les rendre réinventés, si déjà plus extraites de malaxés, poétisés, au cœur même des rien n’était son enfance lieux et des existences qu’elle traverse. comme (incarnées L’échange est alors direct, physique. La avant. Ses co- par les très langue et le jeu infusent et s’implantent pains ne sont bons Gregory dans des périmètres où ils parlent plus plus là depuis Nardella et Na- fort à ceux qui les reçoivent, public d’ha- longtemps, plus thalie Aftimos), bitants et spectateurs. Après les stupé- personne ne semble fripées, adoucies. Il fiantsJe vous l’avais promis, vu à l’ESAT le reconnaître. Alors il doit fuir encore. Elles, Fou gue AZ La Bulle bleue, et Regards en biais joué court, toujours ; il fuit ses s, Hugo Giordano © garderont les lieux et sa à la ZAT 2018 (à lire sur journalzibeline. souvenirs, il cherche à les retrou- mémoire. fr), c’est dans le quartier Lemasson, tou- ver. Il va, il vient, aux aguets. Il déclame ANNA ZISMAN jours à Montpellier, que cette fameuse son court passé en regardant le public rencontre s’est faite. L’auteure a recueilli à hauteur d’yeux, l’entraîne de rues en Fougues a été joué dans le quartier une multitude d’histoires, puisant dans rues, accompagné par la musique, idoine, Lemasson à Montpellier, le 2 février Cornillon-Confoux | Fos-sur-Mer | Grans | Istres | Miramas | Port-Saint-Louis-du-Rhône THÉÂTRE DE RÉCIT Du réel à la scène Théâtre Humour RÉCITS DE MON QUARTIER COLLECTIF GENA Le Théâtre de Fos | Fos-sur-Mer • Mardi 5 mars 20h30 Durée 1h20 | De 3€ à 12€

Récit d’une correspondance PRISON POSSESSION L’ENTREPRISE CIE Espace Robert Hossein | Grans • Ven. 8 mars 20h30 Durée 1h | De 3€ à 12€

Théâtre LE DERNIER CÈDRE DU LIBAN CIE L’ENVERS DES RÊVES Le Théâtre de Fos | Fos-sur-Mer • Samedi 16 mars 20h30 Durée 1h25 | De 4€ à 15€

Théâtre SANS LAISSER DE TRACE… CIE LA LANGUE PENDUE Théâtre de l’Olivier | Istres • Mercredi 20 mars 20h Du 26 février au 31 mars 2019 Durée 1h10 | De 3€ à 12€

MARS EN BAROQUE Théâtre Festival d’Art et de Musique Baroques à Marseille 17e édition LAÏKA Théâtre La Colonne | Miramas • Mercredi 27 mars 20h30 Durée 1h10 | De 3€ à 12€

Théâtre Humour DEUX MÈTRES DE LIBERTÉ RÉDA SEDDIKI Espace Gérard Philippe | Port-Saint-Louis-du-Rhône Dans l’Atelier du Musicien Vendredi 5 avril 20h30 Durée 1h15 | De 3€ à 12€

Théâtre F(L)AMMES Face à leur destin MADANI COMPAGNIE Théâtre La Colonne | Miramas • Samedi 6 avril 20h30 Durée 1h40 | De 3€ à 12€

Renseignements et réservations : www.scenesetcines.fr (e-billet)

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Une programmation de Jean-Marc Aymes, Concerto Soave Licence 3-1064783 28 critiques musiques Princier

our sa première production lyrique par une distribution en 2019, l’Opéra de Toulon program- où brillaient le ténor Pmait le célèbre Turandot de Puccini, dramatique Amadi dernière pièce théâtrale du transalpin qui Lagha (Calaf) grâce n’eut pas le temps d’en achever la com- à un timbre puissant position, terrassé par la maladie. Dans et gorgé de brillance, la version donnée, c’est le final complété ainsi qu’Adriana par Luciano Berio qui a été préféré à ce- Gonzalez (Liù), so- lui d’Alfano pour son aspect suspendu prano lyrique aux et donc plus ouvert. Portée par un décor aigus chatoyants. unique qui reliait les trois actes dans un Malgré un vibrato lieu atemporel, marqué par la froideur trop ample, la prima d’une architecture révélant les stigmates donna Gabriela d’un faux béton brut de décoffrage, la Georgieva (Tu- mise en scène était rehaussée avec goût randot) campait son par les lumières et la vidéo, jouant ha- personnage avec au- bilement de l’effet de contraste entre le torité. Ce plateau, © Frédéric Stéphan clair et l’obscur pour mettre en relief le complété par des duel entre les deux personnages cen- déclin d’une forme artistique ayant at- choeurs impeccables et un orchestre traux. Ce décor offrait en outre l’avan- teint son apogée par la naissance du 7e rutilant, était dirigé avec maestria par tage d’une double mise en abyme plutôt art, comme si la forme opéra assistait Jurjen Hempel, nous faisant regretter astucieuse. D’un côté, le rond central ici elle-même à son propre étiolement. l’inachèvement de l’ouvrage. qui surplombait le balcon était le lieu de De l’autre, les chanteurs de l’opéra as- ÉMILIEN MOREAU l’apparition vidéo des visages décapités sistaient au drame en position de spec- des prétendants de la princesse, éclairés tateurs, investissant la scène et le balcon comme ceux d’une lune. On pouvait y qui la surplombait, renvoyant aux spec- voir un clin d’oeil au film Le Voyage dans tateurs présents l’image de leur propre Turandot a été donné du 25 au 29 la lune de Méliès en 1902, mais aussi au statut. Vocalement, la partition était servie janvier à l’Opéra de Toulon

Battle Royale du français notamment, mais aussi de contenu, concevant sa formation comme roder un début d’intégrale du viennois un orchestre en miniature et jouant sur qu’ils enregistreront bientôt pour le 250e les timbres. Pierre Colombet, Gabriel anniversaire de sa naissance. La lec- Le Magadure, Marie Chilemme et Ra- ture qu’ils ont donné de son Quatuor phaël Merlin y tiraient de leurs ins- à cordes n° 4, op. 18 en do mineur était truments la palette sonore idéale pour des plus éloquentes, soulignant la per- une musique très picturale. Concluant fection formelle de l’œuvre. Après un le concert par un retour au classicisme premier mouvement en forme allegro avec l’ultime Quatuor à cordes n° 16, op. Quatuor Ebene © Julien Migno de sonate au caractère viennois très af- 135 en fa majeur, les interprètes ont re- ans le cadre de sa programmation firmé, venait l’écriture en fugato de l’An- mis à l’honneur son exceptionnelle créa- L’Hivernal, le Festival de Musique dante. Leur maîtrise des dynamiques tivité grâce à leur complicité, à l’image Dde Toulon et sa Région accueillait atteignait des sommets dans le menuet de l’usage dramatique du silence dans le Quatuor Ébène qui fêtera l’an pro- tandis qu’ils restituaient toute la fougue le premier mouvement et du moment chain ses 20 années d’existence, dans beethovenienne dans l’Allegro final : un de grâce méditative qu’ils nous offraient un programme titré De Vienne à Paris. classique sans faute. Le contraste avec dans le 3e mouvement avec l’assurance Judicieusement conçu, le programme le Quatuor à cordes en Fa majeur du des plus grands. Une merveille. mettait en lumière les oeuvres compo- natif de Ciboure était on ne peut plus E.M. sées par Beethoven d’une part et par saisissant. Délaissant la tonalité pour Ravel ensuite. Il était aussi l’occasion une modalité libératrice, Ravel s’y af- Concert donné le 31 janvier à l’Eglise pour les musiciens de briller dans un franchit également des codes du clas- Saint-Paul, à Toulon, dans le cadre du répertoire dans lequel ils excellent, celui sicisme en bouleversant la forme et le Festival de Musique de Toulon et sa région 29 La terre en partage

e n’est pas parce qu’il se nomme longu » nous conduit à Orezza et le « versu contenue. Cette intensité perdure au cœur Cantu Nustrale que ce bel ensemble mozzu » dans la région de Corte ; là, on des chants sacrés, issus des messes de C s’enferme dans une corsitude étroite ! arpente les rues de Bustinicu à la suite Rusiu et de Sermanu (deux hauts-lieux Le chant est ici tissé d’Histoire, d’évoca- d’un amoureux éconduit (Fiore), ou l’on du chant en Corse). La guitare entre en tions. Le quintette vocal et instrumental part en transhumance au-dessus de Ca- scène, pour l’une des dernières compo- mené par ses deux fondateurs, Chris- nale di Verde (Biasgina)… Autre polypho- sitions du groupe, Umanita. Le thème de tian Ngo Degiovanni (seconde, terza, nie, le madrigal (madricale) s’enracine la fraternité se décline ensuite avec les contre-chant, guitare) et Jean-Mathieu dans la période baroque qui offre le thème « classiques » Catena (L’estaca) de Lluis Colombani (basse, présentation), offrait de la chasse détournée par la contem- Llach, Bella Ciao, ce chant des mondines, à la Seyne-sur-Mer un concert dense qui plation d’une nymphe endormie, dans devenu symbole de résistance. Le public s’attachait à présenter un florilège des di- Eramu in campu… Les voix des cinq in- reprend en chœur la mélodie irlandaise vers courants de la musique vocale corse. terprètes se conjuguent avec une souple de L’arranciaghju (l’oranger), sourit à On écoute des paghjelle, construites clas- élégance, se paillettent d’échos, jonglent l’interprétation potache de Sole mio, et siquement sur des distiques (« paghju », entre profondeur et légèreté avec une sub- se lève pour le Diu vi Salve Regina. Quel paire). La voix centrale, « a siconda », qui tile aisance. L’un des nombreux points voyage ! appelle et donne la mélodie principale, d’orgue du spectacle sera sans doute la AGNÈS FRESCHEL s’enracine sur la basse, socle du chant, composition contemporaine profane, et s’orne des mélismes et envolées libres Fiure, qui évoque les figures des êtres de la terza… On apprend à reconnaître chers qui ne sont plus, simples reflets Concert donné le 20 janvier, l’église Notre les lieux, les villages, les régions, par le sur des photos jaunies. La gravité s’irise Dame de la Mer, à La Seyne-sur-Mer (organisé « versu » (forme) utilisé : ici, le « versu d’élans aériens, bouleversante d’émotion par l’Association des Concerts Seynois)

Victor Solf, prêcheur divinement rock

e 30 janvier, c’était HER sur titre explicitement dédié à Simon. la scène enfumée de l’Espace Le reste du concert a égrené la plu- L Julien. Le genre de concert part des morceaux de l’album, dé- qui rappelle que la musique live voilant parfois quelques surprises mérite bien le sacrifice d’affron- comme une perle à venir, Silence, ou ter les bourrasques glacées d’un l’admirable reprise de Sam Cooke morne soir d’hiver pour se rendre et son Change is gonna come. D’un le nez dans l’écharpe jusqu’à la bout à l’autre, Victor Solf s’est fait salle. Ils furent nombreux d’ail- l’avatar d’une pop-soul urbaine et leurs, les courageux, pour la venue élégante, fort d’un charisme qui du magnétique Victor Solf. Ma- n’aura échappé à personne. Paumes gnétique c’est le mot, envoûtant levées vers le ciel plus que de rai- même, tant la présence scénique son, son attitude théâtrale de prea- du susnommé est écrasante. Rap- cher fiévreux aura mis le public en pelons qu’à la base HER c’est un transe. À moins qu’il ne s’agisse de duo amical, duo réduit à un depuis ses très sulfureux déhanchés qui la disparition de Simon Carpen- n’ont rien à envier à ceux d’Elvis tier, et que l’énergie de lion avec Presley. laquelle Solf assure le spectacle C’était l’avant-dernier concert de délivre un message clair : quitte HER, qui a fini son aventure au à être celui qui reste, il faut as- Zénith de Paris le 2 février. Car surer le show pour deux. en effet, maintenant que l’album Nimbé d’un halo de lumière © Julot Bandit éponyme est terminé (Victor Solf blanche et habillé de l’incontournable costard sur mesure, avait promis à son copain de le mener au bout), d’autres voies le chanteur a ouvert la soirée sur le très white-gospel We s’ouvrent à celui qui désormais s’appellera Victor S. choose, plongeant l’assistance dans un silence de cathédrale ELLORA POSSENTI alors que sa voix puissante emplissait tout l’espace. Un mo- ment d’atmosphère suspendue qu’on retrouvera plus tard avec l’interprétation pudique de Shuggie et son émouvante Le concert de HER a été joué à l’Espace Julien, Marseille, litanie de « spend some more time with you / ‘cause I need it », le 30 janvier. Première partie assurée par Martin Mey. 30 critiques Tohu-bohu numérique

xit le Festival numérique annuel, bienvenue au Liberté Parallèle, Bien- Enale des imaginaires numériques ! Depuis que la scène nationale de Toulon a rejoint la plateforme CHRONIQUES coordonnée par Seconde nature et Zinc, le principe d’explorer les croisements entre « réalité sensible et réalité numé- rique » est identique mais il s’étoffe de propositions produites, coproduites ou inédites. Installations, spectacle, sieste musicale, table-ronde, concert, DJ Set, Sci-Fi Trilogy, In the future they ate from the finest porcelain © X-D.R. vidéos, projection, atelier sculptures/ maquettes, d’écrans et de journal télévisé palestinien. La Palestine, également au vidéos irriguent tous les espaces du reconstitué. Réflexion amèrement fac- cœur de Nation Estate où l’artiste ima- théâtre et au-delà au Télégraphe. De tuelle sur les guerres « en circuit fermé gine un État palestinien sous forme de ce tohu-bohu technologique, on retien- qui se jouent sous nos yeux » impuissants. gratte-ciel luxueux à la lisière de Jéru- dra l’expérience en réalité virtuelle La Autre proposition cinglante signée de la salem… Côté scène, le chorégraphe Hi- vingt-cinquième heure, dans la peau de réalisatrice Larissa Sanssour, SCI-FI roaki Umeda fait sensation dans son Thomas Pesquet, documentaire réalisé TRILOGY, qui tire sa force de l’interac- solo While going to a condition par ses par Pierre-Emmanuel Le Goff et Jü- tion entre le genre SF et la pensée po- oscillations fusionnelles avec l’image et rgen Hansen aux effets vertigineux ! litique. Si son court-métrage A Space le son technologiques. Sans onirisme mais tout aussi anxio- Exodus revisite le mythe de la conquête MARIE GODFRIN-GUIDICELLI gène, l’installation monumentale Auto- de l’espace en réactivant des scènes de matic War d’Alain Josseau met à mal le 2001, l’Odyssée de l’espace et du premier Le Liberté Parallèle, Biennale des imaginaires pouvoir de l’image et de l’information alunissage américain, c’est pour traves- numériques a eut lieu du 30 janvier au 3 en continu dans un triple dispositif de tir la « réalité » en plantant le drapeau février au Liberté, scène nationale de Toulon

Déconstruire le discours sur le sauvage

e rappeur Abd Al Malik a C’est l’urgence de tirer des leçons du passé grandi à Strasbourg dans face à ces méthodes toujours d’actualité L une « banlieue chaude », où qui a poussé Abd Al Malik a participer « des curieux venaient observer au projet. La prise de conscience que ce la cité en bus, sans descendre, discours construit, fait de mépris et de à travers les vitres ». C’est avec rejet, intériorisé par les concernés eux- une émotion particulière qu’il mêmes, peut être déconstruit, le conduit est venu présenter, au Mucem, à employer le mot de « guérison ». Un le film Sauvages, au cœur des processus salvateur qui opère lorsque zoos humains, dont il a enregis- les êtres humains sont mis face à leur tré la voix off. Un long métrage Bruno Victor-Pujebet, Pascal Blanchard, Abd Al Malik © G.C histoire : si les artistes et les historiens couvrant la période 1820-1940, durant question une vision du monde basée sur n’avaient pas fait ressurgir les archives laquelle l’Occident colonisateur exhiba la hiérarchie entre les races, validée par concernant les zoos humains, nous y au- des personnes arrachées à leur pays, en le discours scientifique, orchestrée par rions beaucoup perdu en lucidité, donc commercialisant leur « exotisme ». Selon le pouvoir et les élites. Le rouleau com- en capacité à changer les choses. « Pour- Pascal Blanchard, historien co-auteur du presseur de la « civilisation » s’est ainsi quoi n’ai-je pas vu ces images avant, s’est documentaire avec le réalisateur Bruno servi d’une vitrine populaire pour mettre demandé Bruno Victor-Pujebet en les Victor-Pujebet, 35 000 indiens, abori- en scène le sauvage, afin de légitimer découvrant, pourquoi ne me les a-t-on gènes, ou encore pygmées -mais aussi son exploitation, son oppression, voire pas montrées à l’école ? » bretons ou irlandais- ont alors été ex- son extermination. Impossible de ne pas GAËLLE CLOAREC posés aux regards de plus d’un milliard penser au nouveau président du Brésil, de visiteurs. « On devenait raciste sans le Jair Bolsonaro, qui poursuit dans cette Le filmSauvages, au cœur des zoos savoir, en allant pique-niquer au Jardin voie et s’apprête à faire main basse sur humains (2018), a été projeté le 1er février d’Acclimatation. » les territoires autochtones dans la forêt au Mucem, Marseille, dans le cadre Difficile à cette époque de remettre en amazonienne, pour les « rentabiliser ». des journées « Sortir de l’oubli ». Scène 55 // Mars #DANSE 1er MARS INTRODANS

#THÉÂTRE 5 MARS UNE POIGNÉE DE GENS... VÉLO THÉÂTRE

#MUSIQUE 9 MARS YOUN SUN NAH VOTRE #THÉÂTRE SAI- 15 MARS L’ENVERS DU MUSIC-HALL DANIÈLE LEBRUN / COMÉDIE-FRANÇAISE SON #THÉÂTRE 16 MARS CE QUE J’APPELLE OUBLI 2019 DENIS PODALYDÈS / COMÉDIE-FRANÇAISE

#MARIONNETTE DU 22 AU 30 MARS PRINTEMPS DE LA MARIONNETTE

BILLETTERIE : SCENE55.FR // 04 92 92 55 67

Expositions | Spectacles Sessions de pratique partagée avec les artistes

Centre Hospitalier Montperrin Aix-en-Provence www.3bisf.com LIEU D’ARTS CONTEMPORAINS RÉSIDENCES D’ARTISTES CENTRE D’ART

CHUTE DE CIVILISATION 32 au programme spectacles bouches-du-rhône

Épouse-moi-Tragédies Un amour impossible enfantines Bulle Ogier et Maria de Medeiros, dans « Un kaleïdoscope autour du désir comme une mise en scène de Célie Pauthe pour outil de transgression » tel est, après La gen- cette adaptation, par Christine Angot elle- tillesse en 2016, le fil conducteur de cette Mo même, de son livre autofictionnel Un amour nouvelle création de Christelle Harbonn. impossible. Un livre qui raconte l’histoire Une pièce qui s’est écrite au cours de plu- d’une fille violée par son père et d’une mère, sieurs résidences d’écritures et de recherches amoureuse de son mari, qui détourne les de plateau, inspirée par la structure dra- yeux. Entre reproches féroces d’un côté maturgique de L’éveil du printemps de We- et culpabilité rongeante de l’autre, une dekind, et par la lecture de Le Maître et tentative, à travers le prisme du social et Marguerite de Boulgakov. L’amour et son de l’intime, de se comprendre et de se re- paradoxe, entre dépendance et libération, construire entre mère et fille. « une fiction d’aujourd’hui, qui vacillera entre rêves et réalités ». © Eddie Pearson

26 février au 9 mars Deux comédiens, un acrobate, un vidéaste La Criée, Marseille et un graphiste pour cette création aux 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com Bernardines, du théâtre filmé et projeté en direct qui permet à Mo, jeune homme africain qui comme tant d’autres rêve d’un L’enfant ailleurs plus hospitalier, de se lancer dans un périple, à la fois réel et fantastique, sur © Elisabeth Carecchio le plateau mais aussi dans l’apesanteur des 28 février au 1er mars écrans. Un conte-poème, joyeux et triste, Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org signé Marie Vauzelle et Selman Reda.

22 février au 2 mars Les Bernardines, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net Tartuffe Le Cerisier, c’est l’école internationale des arts et des écritures de la scène, ouverte en 2017 par le Théâtre Nono, qui s’adresse L’entre-deux à de jeunes comédien.nes entre 18 et 26 Pauline Goerger et sa toute récente com- ans. Dix d’entre eux.elles se confrontent pagnie crée en 2018 Les Grimaçants s’inté- à la pièce « anti-dévots » de Molière, écrite resse au langage pour le dénuder et mettre entre 1664 et 1669, où « l’hypocrisie comme à jour « …ce qu’on ne veut pas voir, qu’on art social d’une époque » résonne plus que ne veut pas se dire. Et trouver les chemins jamais aujourd’hui dans notre société du pour le dire ». À l’issue d’une « résidence de paraître. confection » d’une semaine dans la salle de © Maryline Jacques Lenche organisée par le Théâtre Joliette, Marionnettiste et plasticienne, Élise Vi- elle présentera une étape de travail de sa gneron nous a émerveillés en 2016 avec prochaine création L’entre-deux. Une ten- Anywhere et sa marionnette de glace, un tative, à travers la recherche d’une nouvelle spectacle qui tourne toujours à l’internatio- écriture théâtrale, d’ouvrir de nouveaux nal. Sa nouvelle création invite le public à horizons. Entrée libre sur réservation.

se déplacer dans le théâtre, « aux lisières du © Cordula Treml plateau, un entre-deux où l’on fait d’étranges 22 février 1er & 2 mars découvertes », pour une déambulation vers Théâtre Joliette, Marseille Théâtre Nono, Marseille la fragilité des êtres et des choses. Ile, tours, 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr 04 91 75 64 59 theatre-nono.com château, destin, un théâtre d’objet nourri de l’univers fantastique de Maeterlinck et d’extraits de La mort de Tintagiles.

26 au 28 février Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net Les NouveLLes Hybrides Saison 2018/2019 Mécanique Librement inspiré par le célébrissime roman de Burgess Rencontres Orange mécanique, adapté en 1971 de façon retentissante au cinéma par Stanley Kubrick, Anima Théâtre a porté son at- tention sur la fascination particulière que la violence peut littéraires Luberon et Pays d’Aix- exercer sur les adolescents, cette période de la vie où il s’agit de trouver à la fois qui l’on est et une place au sein de sociétés Marseille pas très accueillantes. Violence gratuite et violence motivée, une mise à distance et en question par la marionnette, une invitation à l’échange et au débat, à partir de 13 ans.

1er & 2 mars Théâtre Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr

Da Capo En neuf tableaux, la Cie ITEM offre un duo chorégraphique et théâtral qui initie le public (accessible aux enfants à partir de 3 ans) à la relation entre les corps et les objets. La danse Emmanuel Adely, Alban Lefranc, de Daphné Abécassis et Pauline Meguerditchian (ou Va- Emmanuelle Heidsieck, Arno Bertina, lène Roux Azy) s’entremêle à la présence de gros ballons Ian Monk, Yannick Grannec, Dominique blancs, de livres, rencontre une mouche provocante (née de Manotti, Joël Baqué, Lucy Mushita, la fantaisie d’Offenbach ?) sur les musiques de Vivaldi, Ma- rin Marais, Aphex Twin, Maurice Ravel, Kronos Quartet… Marc Alexandre Oho Bambe, Kidi Bebey

Les NouveLLes Hybrides 04 90 08 05 52 www.lesnouvelleshybrides.com © Camille Metari

13 février Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

Fabien Traditionnellement, le théâtre Comoedia programme le 28 février, jour anniversaire de la naissance de , une pièce de l’auteur aubagnais. L’intrigue de la pièce de cette année se déroule au Luna Park, où le photographe Fabien exerce. Un ensemble de personnages « monstres de cirque » y évoluent : le nain hongrois, le « Captain », un géant de 2m30, l’« homme-oiseau », la « femme à barbe », mais aussi une pa- tineuse, un acrobate… Avec la complicité de Nicolas Pagnol, la Cie Dans la cour des grands, mise en scène par Marc Pis- tolesi fait revivre cette pièce oubliée depuis 1956.

28 février Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr 34 au programme spectacles bouches-du-rhône

Feu ! The Great Tamer

Hugo au bistrot © JFMphotographie © Julian Mommert

La sortie de résidence, l’an dernier au 3bisf, Un plateau qui devient un champ de blé avait remporté les suffrages (lire journal- après une nuée de flèches, une scène dont zibeline.fr). Voici la mouture définitive de le cadre brut semble recouvert de feuilles Feu !, par la Cie Les Estivants, pièce dé- de charbon, les fantômes de Niel Arms- jantée qui aime à se jouer des codes, les re- trong, des Parques, d’Atlas ou de Narcisse tourner, les titiller, les bousculer, les inver- hantent les lieux sujets à toutes les ana- ser… Une œuvre qui nous parle du théâtre, © Kim Weber morphoses. Cruauté, légèreté et onirisme de ses illusions, de la création, tout aussi Et si Victor Hugo revenait aujourd’hui ? Si se conjuguent dans l’évocation des grands nécessaire que difficile, dans une mise en on le croisait par hasard au bistrot, quelle peintres, Botticelli, Raphaël, El Greco, Rem- scène de l’auteure, Johana Giacardi. saveur prendraient alors ses mots, ses pen- brandt, Magritte… Dimitris Papaioannou sées ? Jacques Weber redonne vie au poète nous offre un univers peuplé de symboles, 28 février et polygraphe, s’empare de ses textes et bouleversant de beauté. 3bisf, Aix-en-Provence les porte dans un café, sur une adaptation 04 42 16 17 75 3bisf.com de Christine Weber. Magali Rosenzweig 27 et 28 février donne la réplique à l’écrivain, la littérature Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net quitte les salons pour se confronter au réel. Une rencontre vivifiante ! Mon traître 27 février au 2 mars Jeu de Paume, Aix-en-Provence Yannick Grannec 08 2013 2013 lestheatres.net

Les quatre saisons Les six interprètes du Ballet Preljocaj Junior offrent cette année des extraits des Quatre saisons d’Angelin Preljocaj sur la musique de Vivaldi dans les costumes « POF » (Prototypes d’Objets en Fonction- nement) et la « chaosgraphie » de l’artiste ©Mario Del Curto plasticien Fabrice Hyber. Nous sommes Emmanuel Meirieu adapte et met en scène conviés à un spectacle de virtuosité jubi-

deux romans autobiographiques de Sorj latoire et de liberté baigné des lumières Grannec © Bruno Charoy Pasco Yannick Chalandon, Mon traître (2008) et Retour de Patrick Riou. Les Nouvelles Hybrides poursuivent leur à Killybegs (2011). Le choc de la trahison exploration de la littérature contemporaine (Denis Donaldson, leader de l’IRA, avait en invitant l’auteure Yannick Grannec, trahi tous ses compagnons de route, dont qui, lors d’un entretien animé par Maya celui qui pensait être son meilleur ami) est Michalon, abordera les thèmes de son der- rendu par une écriture libératrice. Pas de nier roman, Le Bal Mécanique (Anne Car- jugement, mais un constat, bouleversant rière, 2016). Suivra un moment musical dans son implacable netteté. (Attention, Cinq jours de Paul Klee de Claire-Mélanie déconseillé aux moins de 12 ans) Sinnhuber pour soprano, harpe et alto par

© Jean-Claude Carbonne Brigitte Peyré (soprano) et l’ensemble Mu- 28 février & 1er mars siques Présentes. Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 27 février au 2 mars 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr Pavillon Noir, Aix-en-Provence 1er mars 04 42 93 48 14 preljocaj.org Médiathèque des Carmes, Pertuis 04 90 08 05 52 lesnouvelleshybrides.com au programme spectacles bouches-du-rhône 35

To Da Bone

La trouvaille de Luc Ma grand-mère s’appelle Bœuf… La Cie Tara Théâtre invite le jeune (et ce- Mina est une petite fille qui aime les mots, lui qui l’est moins) public à son « théâtre « comme des trésors, des îles mystérieuses à noir de marionnettes » avec l’histoire de découvrir, qui lui donnent la liberté d’inven- Luc qui est injustement accusé de vol. Les ter sa vie et de concevoir un univers, […] de héros sont ici confrontés aux injustices grandir ». Son père, Babou, ne sait ni lire ni et le spectateur suit avec délectation les écrire, mais il sait raconter, et tous deux méandres de l’intrigue forte en suspense passent leur journée à discuter. La comé- et en rebondissements. dienne et metteure en scène Dominique © Tom de Peyret © Tom Sicilia aborde tout en douceur l’amour des Spécialisé dans les danses post-Internet, le mots, pour les enfants dès 7 ans. collectif (La)Horde a transposé le jumpstyle sur une scène. Cette danse très physique née en Belgique et aux Pays-Bas à la fin des années 90 a connu un pic de popularité dans les années 2000 grâce à YouTube. To Da Bone réunit une dizaine de jumpers du monde entier, repérés et recrutés grâce à leurs vidéos, qui, silencieusement ou sur une musique électro hardcore, pointent et cognent leurs pieds sur le sol avec une

belle énergie. © Eclosion 13 13 février 20 février Théâtre Le Sémaphore, Port-de-Bouc Théâtre Les Salins, Martigues 04 42 06 39 09 04 42 49 02 00 les-salins.net theatre-semaphore-portdebouc.com © Claudine Vigneron

1er mars Maison du Peuple, Gardanne Maintenant demain Swift ! 04 42 65 67 00 ville-gardanne.fr À partir des Voyages de Gulliver de Jona- than Swift, la compagnie Skappa ! & As- sociés s’engouffre dans les traces laissées Verino dans les villes par les humains, des pistes Avec une aisance jubilatoire, Verino sai- imaginaires pour conduire à la découverte sit l’absurde du quotidien, et le transcrit de l’Autre. Embarquement pour un voyage en une écriture serrée portée par un jeu aux proportions démesurées où l’ombre d’une grande finesse. Stand-up hors normes et la lumière seront les compagnons de où l’improvisation rend chaque spectacle route d’un personnage, sorte de Gulliver unique. Celui de Velaux est une version moderne, confronté à la naissance d’un enrichie où foisonnent les saynètes drola- monde rapide et surprenant. tiques qui passent notre monde au scalpel de l’humour. Attention aux zygomatiques ! Luc Langevin © Yann Orhan Luc Langevin © Yann Télépathie, téléportation, lévitation, mais aussi poésie et mentalisme sont au cœur du deuxième spectacle de l’illusionniste québécois Luc Langevin. Ce showman hors pair, charmeur et beau parleur, de- venu une référence en matière de magie nouvelle, bluffe aussi bien les rêveurs que

© Pascalito les cartésiens ! © Christophe Loiseau 1er mars 1er mars Espace Nova, Velaux 27 & 28 février 04 42 87 75 00 espacenova-velaux.com Théâtre Le Sémaphore, Port-de-Bouc Théâtre Les Salins, Martigues 04 42 06 39 09 04 42 49 02 00 les-salins.net theatre-semaphore-portdebouc.com 36 au programme spectacles bouches-du-rhône vaucluse

Je demande la route The Great disaster

Monsieur Kropps, l’utopie en marche Et quelle utopie ! La vie en collectivité, le mieux vivre ensemble, l’idée d’un partage des richesses et d’un moyen d’en profiter… À l’heure des grands débats organisés un peu partout dans le pays, celui-là relève du projet révolutionnaire ! Les personnages imaginés par la Cie Gravitation, dissémi- nés dans le public, provoquent une parole passionnante. Roukiata Ouedraogo © Fabienne Rappeneau © Laurent Gros - Erick Priano

C’est son parcours que Roukiata Ouedraogo Giovanni Pastore était plongeur à bord du raconte dans ce spectacle, de son Burkina Titanic, il y nettoyait les 3177 cuillères à Faso natal jusqu’aux scènes de théâtre et dessert des passagers de première classe. à France Inter. Avec beaucoup d’humour Il ne sera pas comptabilisé parmi les vic- et d’autodérision elle évoque les décalages times. Le texte de Patrick Kermann, mis culturels entre l’Afrique et la France, mais en scène et joué par Olivier Barrère, fait aussi des sujets plus graves comme l’ex- parler Giovanni du fond de la mer, pour cision, qu’elle a subie à 3 ans, ou l’immi- conjurer l’oubli, pour évoquer sa vie et © Cie Gravitation gration, la santé et l’éducation. celle des humains, migrants comme lui, 1er mars qu’il a côtoyés, dans une langue poétique Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 2 mars et truculente. 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr Espace Pièle, Cornillon-Confoux 04 90 55 71 53 scenesetcines.fr 1er & 2 mars Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com Un amour de Camus La poursuite du cyclone Soirée en deux temps autour d’Albert Camus avec Raphaël Enthoven. Après une Sept reines… lecture de Noces, « invraisemblable poème en prose que rien n’égale, dans l’œuvre du maître, hormis quelques fragments du Pre- mier homme », le philosophe donnera une conférence sous forme de commentaires. © Kevin Jean

En résidence de création au Théâtre d’Arles © Carla Neff depuis la saison dernière, le danseur et Et si les rôles étaient inversés ? Si les si- chorégraphe Kevin Jean revient avec ce rènes (d’Alexandrie) succombaient au chant spectacle qui y sera créé. « Comment dé- d’amour des marins, et pas le contraire ? truit-on un monde ? », « Ça prend combien C’est le postulat de départ du texte de Mar- de temps ? » C’est avec la rage et l’énergie tinage dont s’empare le collectif avignon-

d’un cyclone qu’il veut envisager le monde Raphael Enthoven © DR nais le Bleu d’Armand dans cette nou- d’après son passage, « plus juste, inclusif, velle création. Entre la Bretagne, où elles égalitaire, tolérant, bienveillant », imaginant 21 février migrent à la saison des amours, et l’Égypte Théâtre du Chêne Noir, Avignon une danse-manifeste comme une pensée 04 90 86 74 87 chenenoir.fr où les femmes-poissons déplorent le sui- en mouvement. cide d’une de leurs reines au fil des étés, « abattue par l’hiver breton et l’impossible 27 & 28 février amour », la pièce questionne la féminité, Théâtre d’Arles ses attributs et ses fantasmes. 04 90 52 51 51 theatre-arles.com Sept reines, épopée d’un crachin d’amour 1er mars Théâtre des Carmes, Avignon 04 90 82 20 47 theatredescarmes.com au programme spectacles vaucluse 37

Les contes de ma Mère l’Oye

Comment j’ai dressé un escargot… Il y a des oiseaux dans l’aquarium Elle aime les bielles, la tôle découpée, les engrenages et les tiges d’acier. Mais elle les agrémente de plumes de paon, de cygne ou d’oie, et anime ses sculptures méca- niques-organiques avec de mini-moteurs. Magali Rousseau, artiste en compagnon- nage cette année au sein du Vélo Théâtre, y expose ses créations poétiques, inspirées de spectacles.

© DR © Quatuor Anches Hantées Entrée libre, sur réservation. De la rencontre à la relation amoureuse, Charles Perrault inspire décidément les créa- puis l’histoire d’un couple, jusqu’au di- teurs contemporains. Le conteur Jean Ma- vorce, le texte de Matéi Visniec se fait lou- nifacier, accompagné du Quatuor Anches foque et poétique, toujours extravagant et Hantées, propose d’initier les jeunes géné- décalé. Serge Barbuscia le met en scène, rations à la musique classique par le biais avec Salvatore Caltabiano dans le rôle de ses histoires intemporelles. Et personne de Gérard, un écrivain racontant les épi- n’est exclu ! Le spectacle, étant mimé, est sodes, fétichiste et mystérieux (dresser un accessible pour les sourds et malentendants. © Magali Rousseau escargot pour…), de son histoire d’amour À partir de 7 ans. 17 février au 29 mars passée avec Madame, avant de réaliser que Vélo Théâtre, Apt son inspiration était en elle… 2 mars 04 90 04 85 25 velotheatre.com L’Autre Scène, Vedène 04 90 31 07 75 lautrescene.com Comment j’ai dressé un escargot sur tes seins 1er & 2 mars Théâtre du Balcon, Avignon Périple 04 90 85 00 80 theatredubalcon.org Entrelacs Conçu et interprété par Claire Latarget, Virginie Gaillard et Mathieu L’Haridon, Footballeuses Entrelacs est un parcours artistique destiné aux tout-petits, à partir de 18 mois. L’in- fluence de Louise Bourgeois s’y fait sentir, notamment dans son rapport aux textiles, au tissage, et son approche des liens fa- miliaux. Parents bienvenus. Suivez le fil ! Dans le cadre des Dimanches de Greli-Grelo. © Eric Pierron © Philippe Savoir Le périple, c’est celui d’Eva Perón, ou plu- L’adversité, ça soude une équipe. On peut tôt celui de son corps embaumé après son dire que les femmes adeptes du ballon rond décès à 33 ans, des suites d’un cancer fou- ne manquent pas de ce type de stimulant ! droyant. Une chorégraphie butô signée Il s’agit de s’imposer face aux joueuses ad- Lorna Lawrie (assistée de Carole Tricard) © Sonia Garcia Tahar verses, mais également, de manière plus lui rend hommage, comme le peuple ar- diffuse, de résister aux préjugés sur le foot- 12 & 13 février gentin éploré le fit en 1952. Très engagée ball au féminin, qui ont la peau dure. La Vélo Théâtre, Apt auprès des descamisados (sans chemises), 04 90 04 85 25 velotheatre.com pièce chorégraphique de Mickaël Phelip- elle avait une telle aura que son cadavre peau dévoile le sens du rythme et la puis- fut dérobé par la dictature militaire qui sance de jeu de douze d’entre elles. renversa son président d’époux.

16 février 22 février L’Autre Scène, Vedène Vélo Théâtre, Apt 04 90 31 07 75 lautrescene.com 04 90 04 85 25 velotheatre.com 38 au programme spectacles alpes bouches-du-rhône var

Et si vous y croyez assez... Eh bien, dansez maintenant

La rage des petites sirènes Les marionnettistes du Rodéo Théâtre proposent une délicieuse virée en com- pagnie de sœurs sirènes et leur chat si- rène. Cette odyssée sous-marine, émaillée de rencontres, les amènera à s’interroger © Carole Filiu Mouhali sur l’identité, et à découvrir que la diffé- Le Détachement International du Muerto rence n’empêche pas de s’apprécier. Un Coco annonce d’entrée de jeu la couleur : spectacle avec de vrais morceaux de cla- ceci n’est pas un spectacle. Non, c’est une quettes dedans. « investigation documentaire » imprégnée, À voir en famille dès 6 ans. comme toujours avec cette compagnie, de poésie sonore. Le parcours personnel de Ra- 2 mars phaëlle Bouvier vers la magie. La « vraie », Usine Badin, Gap avec ses rituels performatifs, aussi bien 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu © DR que la « fausse », prestidigitatrice. 8 & 9 mars Alexandra Cismondi danse sa propre his- Théâtre Massalia, Marseille Et si vous y croyez assez, 04 95 04 95 75 theatremassalia.com toire, celle d’une fillette divisée entre deux peut-être il y aura un poney camps familiaux, qui, devenue femme, er 1 mars tente d’opérer sa « réunification ». Dirigée Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr par Émilie Vandenameele, sur une cho- Europe connexion régraphie de Sidney Leoni, elle rassemble Dans le cadre de ses Traversées dans les sa part « ritale » et sa part française, rap- communes des Hautes-Alpes, le Briançon- proche sa bourse démunie de son bagage nais propose une pièce de Vincent Franchi, aisé, relie son vécu à Toulon avec ses sou- Quatorze sur un thème trop peu traité par le monde venirs de Limoges... de la culture. Le monologue d’un lobbyiste (Nicolas Violin, très bon), chargé de dé- 28 février au 2 mars fendre l’industrie des pesticides auprès des Théâtre Liberté, Toulon instances européennes, qui va connaître 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr -tardivement et sans remise en question de son mode de vie- une prise de conscience inusitée, dans un métier où la morale est Mélancolie(s) un frein. Le collectif In vitro, adepte d’un théâtre très vivant, dirigé par la metteure en scène © Guillaume Ducreux Julie Deliquet, fait résonner le monde d’au- Aborder la guerre de 14-18 par l’humour, jourd’hui à travers cette adaptation de deux il fallait oser ! C’est le pari de la Cie Cas- œuvres majeures d’Anton Tchekhov : Ivanov sandre, qui s’attaque aux racines de la et Les trois sœurs. Une adaptation nourrie grande boucherie. En remontant 38 jours d’improvisations, qui désacralise le texte avant son déclenchement, concentrés en (« même si tous les mots sont de Tchekhov, deux heures de spectacle historique. Six ou presque… »), où le cinéma fait son ap- comédiens incarnent de multiples per- parition, et qui prolonge la réflexion du sonnalités de l’époque, ayant participé à collectif sur la disparition d’un monde et l’engrenage fatal : généraux, dignitaires, ses illusions. journalistes... Dans un clin d’œil appuyé aux insuffisances du « devoir de mémoire » officiel. © Roxane Samperiz 26 février La Passerelle, Gap 26 février, La Grave 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu 27 février : Villard St-Pancrace 28 février : Guillestre © Simon Gosselin 1er mars : L’Argentière-La Bessée Théâtre du Briançonnais, Briançon 1er & 2 mars 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr au programme spectacles var 39

Bajazet

Jamais seul Art Un théâtre qui fait irrésistiblement penser « Tu n’as pas de consistance, tu es un être à la chanson d’Alain Souchon sur la foule hybride et flasque ! » assène son ami de 30 sentimentale, aussi bien qu’à la poésie de Pontet © Vincent ans au pauvre Ivan (Jean-Pierre Darrous- Jacques Prévert... Quinze comédiens inter- La pièce en alexandrins de Jean Racine, sin). En cause, un tableau entièrement prètent une quarantaine de personnages jouée en virtuoses par les acteurs de la Co- blanc acheté par Serge (Charles Berling), englués dans leur quotidien, entre liste de médie-Française, dirigés par Éric Ruf. Dé- pomme de discorde autour de laquelle ils courses et désamour ravageant. Patrick Pi- mesure des sentiments dans l’atmosphère vont se déchirer, avec le troisième prota- neau met en scène un texte de Mohamed explosive d’un sérail... un grand classique goniste, Marc (Alain Fromager). Selon Rouabhi qui ne cède pas au désespoir, et riche en intrigues amoureuses et politiques Yasmina Reza, il n’y a pas d’amitié qui lui oppose une féroce énergie vitale. entremêlées. La rivalité de frères ennemis tienne lorsqu’il s’agit d’apprécier (ou de est basée, selon la formule consacrée, sur déprécier) l’art contemporain ! une histoire vraie : le fratricide ordonné en 1635 par le sultan ottoman Mourad IV.

26 février Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com © Eric Miranda © Svend Andersen 1er & 2 mars Sur la route de Poucet 15 février Châteauvallon - Scène Nationale, Ollioules Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 22 02 02 chateauvallon.com 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

Le voyage Machine de cirque Scénariste, romancier, dramaturge... Il Ils ont survécu à l’Apocalypse. Pour aller aura fait ses preuves dans tous les styles, à la rencontre d’autres rescapés, le collec- l’auteur italien Tonino Guerra. Mais c’est tif de circassiens québécois Machine de à ses talents de poète que Beatrice Baruf- cirque rivalise d’ingéniosité et de talent : fini et Agnese Scotti rendent hommage, haute voltige, acrobatie, jonglerie… Une dans ce spectacle destiné au jeune public, performance en constante accélération, de 4 à 7 ans. Rico et Zaïra sont au soir de d’une précision extrême, dont l’humour leur vie, mais ils n’ont jamais vu la mer : réjouit le cœur des pauvres humains sou- tous deux décident, main dans la main, de mis à la loi de gravitation. cheminer jusqu’à elle. © Arnaud Bertereau

Une version moderne du Petit Poucet, mais façon thriller. L’ogre est un homme d’af- faires insatiable, tandis que le héros, hanté par la culpabilité, mange des champignons hallucinogènes... Si la musique tire vers l’Amérique des 70’s, avec ses airs de gui- tare planante, la chorégraphie est inspi- © DR. © Darek Szuster rée du hip-hop, et le mélange des genres er 27 février brouille un peu plus la frontière entre le 1 mars Le Carré, Sainte-Maxime Théâtre du Rocher, La Garde Bien et le Mal. 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com À partir de 10 ans.

1er mars Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr 40 au programme spectacles alpes-maritimes gard

Introdans Le récital des postures

LoDka Ah, la Russie, ses oligarques, sa vodka... et ses clowns. Vous aviez adoré le Slava’s snowshow ? Revoici la Famille Semianyki, dotée d’un humour corrosif et d’une vi- talité à toute épreuve, qui sillonne la pla- Het debat © Hans Gerritsen nète de succès en succès. Pas de barrière La Cie Introdans, venue des Pays-Bas, mêle de langue, leur éloquence ne recourt pas la danse au jeu d’acteur, sous l’influence aux mots. LoDka (barque, en russe), c’est de ses fondateurs, Ton Wiggers et Hans une métaphore de la vie humaine : nous © Anne-Laure Lechat Focking, venus des deux disciplines. Six sommes tous sur le même bateau, et pour pièces courtes de son répertoire seront in- le maintenir à flot, il vaut mieux se serrer Yasmine Hugonnet réinvente son corps, terprétées par les membres de la troupe, les coudes ! qu’elle façonne et détourne comme autant chacune dans un univers particulier : le de sculptures vivantes. À la manière d’un hip-hop, les chansons cubaines, le swing Xavier Leroy, autre chorégraphe danseur ou encore la musique néerlandaise. qui ploie des membres pour se transfor- mer en quelque chose qui ne ressemble Het Debat, Takademe, Malasangre, presque plus à un homme, la danseuse Three, Ella, Black Cake suisse se métamorphose en une faran- 1er mars dole de poses, de personnages, de formes Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 scene55.fr qui peu à peu la racontent et la dévoilent. © DR 13 & 14 février 2 mars Odéon, Nîmes Anthologie du cauchemar Théâtre de Grasse 04 66 36 65 00 theatredenimes.com 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com

Blockbuster Pierre et le loup La Cie (1)Promptu transpose cette pièce, musicale avant tout, en une chorégraphie qui, en plus des thèmes sonores associés à chaque personnage, leur offre un mou- vement de danse. Pierre sautille, l’Oiseau est rapide comme le vent, le Grand-père © Karl Biscuit a la tremblote, le canard marche avec des Lorsque la Cie Système Castafiore se lance palmes, et le loup... est puissant, troublant... © Dominique Houcmant GOLDO dans une anthologie, cela ne peut pas être Une jolie façon de pénétrer dans l’univers banal. Dans la foulée d’une résidence au de la danse. Dès 6 ans. Voilà un O.T.N.I (objet théâtral non iden- Théâtre de Grasse, la nouvelle création tifié) ! LeCollectif Mensuel, avec Nicolas pour cinq danseurs de Marcia Barcellos Ancion à l’écriture, a puisé dans plus de 160 (chorégraphie, costumes) et Karl Biscuit films cultes la matière de sonBlockbuster , (musique, vidéos, mise en scène) tourne montage de quelque 1400 séquences en une autour du cauchemar, cette expression folle histoire pleine de courses poursuites, onirique de nos angoisses et de nos désirs de trahisons... Cinq comédiens et musiciens les plus secrets. s’emparent de tous les personnages (Stal- lone, , Julia Roberts...), bruitages 27 février et doublage compris. Une pièce-film avec Théâtre de Grasse © Jean-Claude Carbone des enjeux bien ancrés dans le réel : scan- 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com 2 mars dales financiers, insurrection populaire... Forum Jacques Prévert, Carros Drôle et politique. 04 93 08 76 07 forumcarros.com

20 au 22 février Théâtre , Nîmes 04 66 36 65 00 theatredenimes.com au programme spectacles hérault bouches-du-rhône 41

Romances inciertos, un autre Orlando

Le jeu de l’amour et du hasard Le Groenland Benoît Lambert (CDN Dijon), régulière- Elle part. Loin. Vers le froid. Le Groen- ment accueilli au Cratère, se promène entre land... Une fuite ? Une mère part, un soir, répertoire classique et pièces contempo- en emmenant sa fille. Monologue déchi- raines. Ce texte de Marivaux est l’un des rant, porté par Florie Abras, le texte de plus joués, et sa fraicheur, sa subversion Pauline Sales est une confidence sur le (les femmes sont aux commandes) n’ont besoin de transmission, doublé par la dif- © Nino Laisné pas fini de nous séduire. Le metteur en ficulté d’être.Anna Zamore met en scène scène offre ici à 4 jeunes comédiens en Trois personnages, trois enveloppes, trois une langue intime et universelle, où les contrat de professionnalisation d’endosser approches musicales et physiques, trois mots sont empoignés comme une matière les premiers rôles, aux côtés d’aînés qui les histoires de corps, interprétées par le fa- vivante, face au public, sans subterfuges. guident dans les dédales du marivaudage. buleux François Chaignaud, danseur et La nouvelle création de la Cie montpellié- chorégraphe, dans une mise en scène de raine Les Grisettes. Nino Laisné, accompagné par des mu- siciens de l’Opéra Orchestre national de Montpellier. Travestissements, métissages (musicaux, culturels), « mini-épopées dont les héroïnes jouent des rôles qui ne sont pas les leurs ». Une splendeur. (lire journalzi- beline.fr) © V. Arbelet © V. © Marc Ginot 19 février 20 & 21 février 12 au 16 février Le Cratère, Alès Théâtre Jean-Claude Carrière, Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr Domaine d’O, Montpellier 04 66 52 52 64 lecratere.fr 0 800 200 165 domainedo.fr

1er mars Théâtre de la Colonne, Miramas scenesetcine.fr Singspiele Les idées grises Bastien Dausse et François Lemoine (Cie Barks) créent un monde où les repères ont mA changé. Le haut n’est plus au-dessus de Il y a peu, le Cratère présentait un duo leur tête, le bas n’existe plus. Entre cirque père/fils (Des gestes blancs). Satchie Noro et illusion d’optique les deux acrobates in- et Yumi Rigout sont mère et fille. mA, pour ventent un western contemporain où réel Maman, pour « espace entre » aussi, dans et irréel ne sont pas là où on les attend. cette langue japonaise qu’elles partagent. Qu’il est bon de laisser un peu de côté nos © S. Rouaud Entre cirque, danse classique, aïkido, elles réflexes cartésiens, d’accepter l’absurde, s’imbriquent, se mesurent, s’épaulent, éva- David Mambouch, seul sur scène, fait dé- de partir à la rencontre d’autres valeurs... luent ce qui les sépare et les rapproche : filer les visages sur sa figure, qu’il ne dé- (à partir de 6 ans) un homme a disparu. voilera jamais. Une série de masques, de costumes, convoque une pléiade de person- nages. On en reconnaît certains, les autres sont anonymes. La gestuelle s’adapte à l’en- veloppe. Et c’est un panorama du monde, le nôtre, singulier et pluriel, que présente la chorégraphe Maguy Marin. (création sonore : David Mambouch)

12 au 14 février © Laurent Philippe Théâtre des 13 vents, Domaine 13 & 14 février de Grammont, Montpellier 04 67 99 25 00 13vents.fr

Le Cratère, Alès © Daniel Michelon 04 66 52 52 64 lecratere.fr 27 & 28 février Théâtre Jean-Claude Carrière, Domaine d’O, Montpellier 0 800 200 165 domainedo.fr 42 au programme spectacles hérault

Usure Dans la farine invisible de l’air Un corps qui s’use... Cela semble d’em- Dernière création de la Cie Doré (Mont- blée négatif, surtout s’il s’agit de celui d’un pellier), constituée de cinq doux dingues, danseur. Brahim Bouchelaghem, pro- autrement dit des clowns. La gueule enfa- dige du hip hop passé chez Merzouki et Stomp rinée, ils ne sont pas pour autant des naïfs. Attou, désormais chorégraphe à la tête de Plutôt des poètes de la vie contemporaine, la Cie Zahrbat, s’affronte à ce dilemme. la tête en l’air, le corps arrimé au rythme Entouré de six interprètes, il questionne le d’une musique très présente (composée passage du temps, qui, s’il est destructeur, par Fixi), véritable sixième personnage peut aussi être abordé comme une révéla- de ce chœur tendre. tion qui permet de multiplier le processus créatif. Danse de jouvence... 14 & 15 février Théâtre Jean Vilar, Montpellier 04 67 40 41 39 theatrejeanvilar.montpellier.fr 14 février Le Kiasma, Castelnau-le-Lez © STOMP 0 800 600 740 montpellierdanse.com C’est une expérience quasi spirituelle que d’assister à une performance de Stomp. Cette compagnie américaine de percus- Du vent dans la tête sion électrise le public depuis 1991 (20 000 La fresque représentations pour 15 millions de spec- tateurs !). Les 8 Stompers, à la fois musi- ciens, danseurs, clowns, sont mis en scène par Luke Cresswell et Steve McNicholas, qui distillent leur puissance et leur folie entre humour et virtuosité. Une sympho- nie pop et tribale.

2 & 3 mars Le Corum, Montpellier © JeanHenri 0 800 600 740 montpellierdanse.com Les cours d’écoles maternelles sont sou- vent de haut lieux philosophiques. Il en passe des questions, des concepts, dans la tête des bouts de choux pendant la récré. Chorus Line / Titans Serge Boulier (Bouffou Théâtre) et ses La venue en France du performeur et marionnettes (avec Nathalie le Flanchec) chorégraphe grec Euripides Laskaridis restituent ces problématiques enfantines constitue en soi un événement tant ses à hauteur de toutes les oreilles (dès 4 ans). passages sont rares chez nous. Il présente, Peut-on arrêter le cours du temps en fixant © Jean-Claude Carbonne au Centre chorégraphique, une étape de l’horloge sans ciller ? En évoquant un conte inspiré des récits travail de sa future création (Chorus Line, chinois, Angelin Preljocaj entraine ses restitution publique d’une recherche sous 21 & 22 février dix interprètes dans une chorégraphie tout forme d’atelier pour jeunes danseurs), et, Théâtre Jean Vilar, Montpellier en finesse et sensualité : l’histoire d’un en co-accueil avec Montpellier danse, Ti- 04 67 40 41 39 theatrejeanvilar.montpellier.fr amour fantasmé, qui mêle merveilleuse- tans, un duo (avec Dimitris Matsoukas), ment le rêve et la réalité. Le chorégraphe succession d’images choc, où les titans dessine, avec les pas des danseurs, les che- olympiens n’ont qu’à bien se tenir. Atten- veux des femmes, une histoire tradition- tion les yeux ! nelle qui réveille nos désirs et nos questions d’aujourd’hui. Sur la musique de Nicolas Godin (groupe Air), et dans les costumes d’Azzedine Alaïa.

19 & 20 février Le Corum, Montpellier 0 800 600 740 montpellierdanse.com © Elina Giounanli Titans

18 février, Chorus Line 21 février, Titans ICI, Centre chorégraphique, Montpellier 04 67 60 06 79 ici-ccn.com au programme spectacles hérault musiques bouches-du-rhône alpes-maritimes 43

Campana Titoune et Bonaventure Gacon ont joué plus de 300 fois leur magnifique spectacle Matamore, duo tant inégal que complémen- Traviata, vous méritez un Genre de clown taire (il est colossal et débonnaire, elle est avenir meilleur minuscule et mutique), très haut en émotion et finesse. Leur nouveau spectacle Cam- pana (avec un autre duo, les multiinstru- mentistes Thomas et Bastien) continue sur le fil : entre numéros à couper le souffle (trapèze, portés ahurissants) et petits riens qui font que ces virtuoses évoquent nos vies à tous. (lire journalzibeline.fr) © Pascal Gely Quelle chance de pouvoir assister à ce spec- tacle ovationné partout où il se joue... Porté par le désir et l’engagement du metteur © Marc Ginot en scène Benjamin Lazar, du directeur Alter (Didier Chaix) et Go (Philippe Gou- musical Florent Hubert et de la sublime dard), clowns patentés, ont voulu pour comédienne Judith Chemla il est à la fois cette pièce revenir au terreau de la créa- musique, théâtre intime, lecture attentive © Philippe Laureneon tion : l’improvisation. Explorer leur imagi- du classique de Verdi, fidèle aux origines et naire d’acteur, le faire entrer en collusion 19, 20, 22 & 23 février d’une modernité sans affects. C’est d’une avec celui du public. Au fil des rencontres Espace Chapiteau, Frontignan évidence et d’une beauté qui bouleverse 04 67 74 02 02 theatredesete.com et des représentations, le spectacle évo- tous les aprioris. Une véritable redécou- lue et se recompose. Un projet Hors des verte de l’expérience du spectacle vivant. murs, pour mieux provoquer les croise- ments. (Réservations directement auprès 20 & 21 février des Maisons pour Tous) Quand j’étais petit je voterai Théâtre Molière, Sète En 2002, suite au séisme provoqué par 04 67 74 02 02 theatredesete.com 28 février, Maison pour Tous François l’arrivée de Le Pen au deuxième tour des Villon, Montpellier 04.67.45.04.57 présidentielles, Boris Le Roy publiait ce 23 mars, Maison pour Tous Marie roman, à destination des futurs électeurs, Percussions en folie Curie, Montpellier 04.67.75.10.34 nos enfants. Repris sous forme théâtrale, le 29 mars, Maison pour Tous Georges Brassens, Montpellier 04.67.40.40.11 spectacle (à partir de 8 ans) évoque l’élection theatrejeanvilar.montpellier.fr des délégués de classe. C’est drôle, mais aussi très instructif. C’est bon, de refaire le monde, avec le regard d’adolescents... Mise en scène Émilie Capliez, avec Simon Pineau et Elsa Verdon ou Cloé Lastère. Aujourd’hui, Sauvage Les créations du chorégraphe Fabrice Lam- © DR bert prennent place et sens dans un espace L’ensemble Polychronies se dédie à l’art de très plastique, très mouvant aussi. Les lu- la percussion et offrira un spectacle consa- mières de Philippe Gladieux ont le don cré à cet art particulier avec des partitions d’animer les scénographies enchantées de aux noms évocateurs, Emmanuel Séjourné ses spectacles (pour celui-ci, Shahalladyn (Tribus Martiennes), Pierre Jodlowski (24 Khatir a conçu une sorte de ciel protec- loops), Aïko Miyamoto (Cinabres), Thierry teur au-dessus des 8 interprètes). Claude de Mey (Musique de tables), Manfred Ama- © Guillaume Durieux Lévi-Strauss est convoqué, inspirant ce deus Menke (Eine Kleine Tishmusik) et dernier opus de sa Pensée sauvage... 20 février Rupert Kettle (Dining Room Music). Flo- , Mireval Centre culturel Léo Malet rent Fabre (directeur artistique), Bernard 04 67 74 02 02 theatredesete.com 15 février Boellinger, Bernard Pereira, Mathieu Théâtre Molière, Sète Schaeffer, s’y livreront avec appétit. Miam ! 04 67 74 02 02 theatredesete.com 9 février Foyer de l’Opéra, Marseille 04 91 55 11 10 / 04 91 55 20 43 opera.marseille.fr 44 au programme musiques bouches-du-rhône vaucluse

Nemanja Radulović Renaud Capuçon et les Lausanne Soloists Le violoniste virtuose que l’on ne présente plus, Renaud Capuçon, et son Guarneri del Avant-première Gesù de 1737 poursuit sa tournée accom- Ce nouvel instrument avait séduit Mozart pagné de l’ensemble qu’il vient récemment et fit rapidement la conquête de l’orchestre. de créer avec ses meilleurs étudiants de la Son succès ne s’est pas démenti depuis, la Haute École de Musique de Lausanne où il clarinette trouve dans les œuvres du XXe enseigne. Le premier concert de cette jeune et du tout jeune XXIe une place de choix. et brillante formation des Lausanne Soloists L’ensemble Musicatreize dirigé par Roland est réservé au GTP, sur un programme qui Hayrabédian lui rend hommage avec Flo- met en valeur les cordes avec les trois concer- rent Pujuila (clarinette) sur un programme tos pour violon de Bach puis la Sérénade éclectique qui offrira entre autres pépites pour cordes en ut majeur de Tchaïkovski. deux avant-premières de Vincent Trollet et Adrien Trybucki, ainsi qu’une création 10 février de Tapio Tuomela. L’instrumentiste se li- Scène 55, Mougins vrera à des improvisations après l’interpré- 04 92 92 55 67 scene55.fr Nemanja Radulovic © DR tation de pièces de Donatoni et Denisov. Le violoniste atypique Nemanja Radulović revient à l’Opéra de Marseille qu’il a déjà 15 février Femmes, je vous aime conquis par sa virtuosité, ses audaces, et sa Salle Musicatreize, Marseille C’est l’aube des années folles, la femme est manière d’aborder les œuvres les plus éclec- 04 91 00 91 31 musicatreize.org modèle, inspiratrice, ange, démon, inter- tiques avec la même pertinente profondeur. prète et muse. L’art se pense autrement, Accompagné de l’ensemble Double Sens, il confronté aux progrès techniques et aux donnera sa lecture de Jean-Sébastien Bach, Magdalena Kozena & Orchestra autres cultures de l’Afrique ou de l’Ex- Vivaldi, Tchaïkovsky, Dvořák, Khatchatou- trême Orient. Entre Modigliani, Vuillard, rian, Chostakovitch, Rimski-Korsakov… Foujita, Satie, Debussy, Ludivine Gombert (soprano), Maya Berdieva (piano) et Ca- 12 février therine Michaud (conférencière) offrent Opéra, Marseille un panorama d’une subtile finesse auquel 04 91 55 11 10 / 04 91 55 20 s’ajoute la délicieuse dégustation de choco- 43 opera.marseille.fr lats d’Aline Géhan, chocolatier à Avignon. Bon, c’est la Saint Valentin !

L’auberge du cheval blanc 14 février (19h et 20h30) Léopold (Grégory Benchenafi), maître Musée Angladon, Avignon d’hôtel à l’Auberge du Cheval Blanc, est 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr éperdument amoureux de sa patronne, Jo- sepha (Jennifer Michel) qui n’a d’yeux que pour l’avocat Guy Florès (Marc Larcher). Nuit hongroise L’arrivée de Bistagne (Antoine Bonelli) L’une des meilleures formations de Hon- qui vient, accompagné de sa fille Sylvabelle grie, l’Orchestre Symphonique Alba Regia

(Charlotte Bonnet), pour une histoire de Magdalena Kožená © CEMA Oleg Rostovtsev accompagnera pour ce concert exception- brevet plagié, va bouleverser tout cela. Bref, L’Orchestra of the Age of Enlightenment nel des solistes hors pair, le ténor virtuose cela se termine par des mariages, opé- dirigé par Giovanni Antonini vient pour Benjámin Beéri, et les deux incroyables rette oblige, sous la direction musicale de la première fois au GTP avec la “Cecilia violonistes que sont les sœurs Amira et Bruno Conti ! Bartoli tchèque”. La voix bouleversante de Mariam Abouzahra (âgées de 10 et 12 la mezzo Magdalena Kozena se glissera ans). Au programme, Ruralia Hungarica 23 & 24 janvier dans les partitions de Gluck, à la foison- op.32 de Dohnányi, Mazeppa de Liszt, les Odéon de Marseille nante virtuosité, puis de Mozart dont l’in- Danses hongroises de Brahms, les Danses 04 96 12 52 70 odeon.marseille.fr croyable Parto parto de La Clémence de Titus de Marosszék de Kodály sous la direction (composé pour voix de castrat). Le concert de Dániel Dinyés. s’achèvera sur sa Grande Symphonie en sol majeur (n° 40) à la grâce mélancolique. 22 février Opéra Confluence, Avignon 15 février 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net au programme musiques hérault alpes-maritimes bouches-du-rhône 45

Zakouska

Don Pasquale Big Bang Music Dans cet opéra bouffe de Donizetti, le thème Ça décoiffe sur scène avec ce Big Band et du vieux barbon qui épouse une jeunette ses vingt musiciens prêts à faire trem- et s’oppose aux intérêts amoureux de sa bler les murs du théâtre Toursky. Crée en famille est traité avec humour, accumule 2015, ce groupe XXL réunit des jazzmen les situations cocasses dans une mise en confirmés accompagnés des étudiants du © V.Lutz abyme jubilatoire du théâtre. Le riche et Conservatoire de Marseille. C’est donc tout presque septuagénaire Don Pasquale (Bruno Derrière ce drôle de nom se cache un qua- un régiment de cuivres bien affûtés qui Taddia) ne décolère pas de voir son unique tuor -deux femmes et deux hommes- réuni s’attaquera aux légendes du genre, du cool héritier Ernesto (Edoardo Milletti) épris autour d’un même amour des cultures jazz de Quincy au hard-bop d’Horace Silver, d’une jeune veuve sans fortune Norina méditerranéennes. En découle un troi- en passant par l’explosif Buddy Rich. Une (Julia Muzychenko). Il fait appel à son sième album, La Criée, qui s’écoute comme soirée qui s’annonce très funky. ami, le Docteur Malatesta (Tobias Green- un carnet de route un peu malmené par halgh) pour trouver une solution… Tout les rencontres et les voyages. D’un port à finira « bien » sous la direction musicale l’autre, de Marseille à Athènes, leur mu- de Michele Spotti. sique s’est ainsi enrichie de tout un folklore 20 au 26 février européen qu’ils transmettent par la voix, Opéra Comédie, Montpellier accompagnés des violons, des guitares et 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr de l’accordéon.

1er mars La Carrière du libertin Cité de la Musique, Marseille d'Ames © Jeremy Martineau, Le Voleur 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com 1er mars Théâtre Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 toursky.fr Gurdjieff Project

Maciej Obara Quartet Connu pour son jeu passionné et langou- reux, le saxophoniste improvisateur polo- nais Maciej Obara vient charmer le public du Moulin à Jazz avec son nouvel opus, si- gné chez ECM. À la tête d’un quartet avec Dominik Wania au piano, Ole Morten Vaagan à la contrebasse et Gard Nilssen à la batterie, le groupe -moitié norvégien,

Amélie Robins © A. Faucheur © X DR moitié polonais- élabore un jazz profond Inspiré d’un corpus de huit gravures du Le duo d’Opus Neo présente Gurdjieff Pro- et feutré, nourri par la beauté des paysages peintre anglais William Hogarth, intitulé ject, hommage au susnommé composi- scandinaves. La Carrière du Débauché, The Rake’s Pro- teur et spiritualiste Georges Ivanovitch gress (La Carrière du libertin) d’Igor Stra- Gurdjieff. À partir des volumes musicaux vinsky évoque les étapes de la déchéance écrits par ce dernier dans les années 1920 d’un jeune homme crédule, Tom Rakewell au cours de voyages à travers le monde, (Julien Behr) entraîné par son diabolique Ivana Grahovac et Olivier Maurel jouent serviteur, Nick Shadow (Vincent Le Texier). au violoncelle et au piano des compositions Il abandonne sa fiancée, Anne Trulove Amé( - contemplatives. Elles racontent l’histoire de lie Robins), dilapide sa fortune et joue son ce personnage atypique baigné par les arts âme aux cartes en une partition riche de sacrés d’Égypte, d’Asie centrale et du Tibet. subtiles ambiguïtés dirigée par Roland Böer © Urszula Tarasiewicz dans une mise en scène de Jean de Pange. 2 mars 2 mars Cité de la Musique, Marseille Le Moulin à Jazz, Vitrolles 04 42 79 63 60 charlie-jazz.com 1er au 5 mars 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com Opéra de Nice 04 92 17 40 79 31 opera-nice.org 46 au programme musiques bouches-du-rhône vaucluse alpes

Renaud Garcia-Fons The Yellbows

Klarthe Trio Le Klarthe Trio s’attaque aux plus grands de la musique classique, armés d’une cla- rinette, d’un hautbois et d’un basson. Plus d’une fois primés pour leur indéniable vir- tuosité, Julien Chabod, Marc Lachat et Guillaume Bidar abordent avec brio des © Facenda thèmes familiers comme La Traviata et Quartet déjanté à l’élégance toute rétro, Don Giovanni de Verdi, ou des variations nœuds papillons et cravates bien ajustés, sur Là ci darem la mano de Mozart. Un derbies aux pieds, les truculents Yellbows concert organisé dans le cadre de l’opéra- ont quitté le bayou et débarquent avec leur tion « Les mercredis du Conservatoire ». humour et leur attirail de curieux instru- © Solene Person ments. Un bluegrass rafraichissant et joyeux Le virtuose de la contrebasse à cinq cordes qui ne se prive pas d’emprunter au blues, pose ses mélodies à Paris, sa ville natale, en au jazz, au folk et rock pour secouer tout ça s’inspirant du livre de Romain Gary, La vie et en faire un détonant mélange. De quoi

devant soi. David Venitucci à l’accordéon © DR. swinguer jusqu’à l’aube ! et Stephan Caracci au vibraphone et à la 27 février batterie, complices en innovation, com- Théâtre de Fos 2 mars plètent ce trio jubilatoire qui nous emporte 04 42 11 01 99 scenesetcines.fr Centre départemental, Rasteau dans un Paris cosmopolite et tolérant, où 04 90 33 97 32 auditoriumjeanmoulin.com se mêlent le jazz, le musette et même des grooves actuels. Kami Octet 15 février Écrit comme une histoire, celle de l’exil Piadas dei Gigants Forum de Berre d’un personnage parcourant des territoires 04 42 10 23 60 forumdeberre.com imaginaires, Spring Party est le premier al- bum de la formation Kami Octet. Grand ensemble de huit musiciens organisés dans Abou Diarra la tradition des orchestres de jazz et de free music, le groupe propose des com- positions aussi puissantes qu’aériennes, structurées autour d’une rythmique nar- rative millimétrée, qui laissent la place à des espaces sonores amples et poétiques. Manu Théron © Cie du Lamparo Les cinq artistes de la Cie du Lamparo, Da- mien Toumi (chant, tambour sur cadre), Geoffroy Dudouit (chant), Guillaume Mau- © Victor Delfim © Victor pin (chant), Manu Théron (direction ar- Dans son quatrième album Koya, le musi- tistique, chant, tambour sur cadre) et Tho- cien, chanteur et compositeur malien Abou mas Georget (chant), mettent leurs pieds Diarra, joueur de kamele n’goni (sorte de dans ceux des géants, Pasolini, Kerouac, luth), donne à son blues mandingue des Rimbaud, en une polyphonie populaire et tonalités moins traditionnelles. Sur des KamiOctet © Burlo Jack savante qui nous entraîne dans les terres arrangements de Nicolas Repac, guita- 1er mars fertiles des musiques occitanes où l’on , Cavaillon riste et bricoleur de samples aux grooves La Garance croise la poésie de Roland Pécout, génial 04 90 78 64 64 lagarance.com électros, et les timbres bluesy de l’harmo- marcheur et militant des renouveaux de la nica de Vincent Bucher, son instrument culture et de la langue occitanes. À décou- à 12 cordes, au lieu des 6 habituelles, se vrir grâce au Festival de Chaillol ! transforme en harpe, basse ou percussions. 21 février, Église, Aspremont 1er mars 22 février, Église, Espinasses Forum de Berre 23 février, Église, Saint-Bonnet 04 42 10 23 60 forumdeberre.com 24 février, Église, Baratier festivaldechaillol.com

48 au programme arts visuels bouches-du-rhône

Jeanne Susplugas Premier volet de deux chapitres successifs, à Marseille puis à Istres, Désordre 1 s’ins- pire des dispositifs plastiques de Jeanne Susplugas, qui interroge la place de l’indi- vidu dans la société, notamment dans l’espace familier de la maison, pour l’immerger dans des installations in situ. Sous couvert de l’humour et avec une fine approche de la séduction des matériaux, l’artiste montpelliéraine nous rappelle que les apparences sont parfois trompeuses… M.G.-G.

jusqu’au 11 avril Château de Servières, Marseille 04 91 85 42 78 chateaudeservieres.org

Flying house © Jeanne Susplugas

Collection Divers Comme l’hiver n’est pas encore terminé, cette Collection Divers consti- tue un bon motif pour rester au chaud. Avec les œuvres de A.J. Cha- ton, A. Accorsi, C. Boursault, N. Ravaud, A. Gérard, L. Sabatté, E. Galtier & H.A. Watling, réunies sans thématique commune mais au- tour de leurs singularités. C.L.

jusqu’au 2 mars Galerie Porte-Avion, Marseille 04 91 33 52 00 Eva Galtier & Hazel Ann Watling, Flora, 2017, diptyque acrylique sur polyester imprimé, (100x80cm) x2. Photo courtesy artistes/galerie Porte-Avion

La France vue d’ici #2 Le second volet du projet porté par Images singulières et Mediapart (Zib’12) développe la thématique de la jeunesse, de l’enfance jusqu’au travail en passant par l’école, à travers le regard d’une dizaine de photographes. Une autre ma- nière de répondre à la question « à quoi ressemble la société française contem- poraine ? » par la diversité des approches visuelles. M.G.-G.

26 février au 30 juin Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

© Géraldine Millot

Agnès Jouhandeaux « Où se trouve le Cent-yeux Argus aujourd’hui ? ». Et quid de Narcisse, Vénus et autres figures mythologiques ?Agnès Jouhandeaux revisite les mythes anciens pour leur offrir une approche plus actuelle. Sous les apparences des mises en scènes, la photographe interroge notre rapport au monde, entre individuel et universel. C.L.

Mythologie jusqu’au 23 février Galerie La Fontaine Obscure, Aix-en-Provence

Argus © Agnes Jouhandeaux au programme arts visuels bouches-du-rhône vaucluse var 49

Fondation Vasarely 1966 : Victor Vasarely ébauche un projet plastique et architectural comme une œuvre d’art total. Janvier 2019 : fin des travaux de res- tauration du bâtiment aixois. Proposant des documents d’archives et photographiques exceptionnels, l’exposition retrace l’histoire de ce projet unique rendu à l’identique aujourd’hui au public. C.L.

Une œuvre manifeste restaurée, 1973-2019 8 février au 31 mars Fondation Victor Vasarely, Aix-en-Provence 04 42 20 01 09 fondationvasarely.org

Relevés dans le cadre de la restauration de l’intégration ALOM, 2018. crédit Fondation Vasarely

À l’est de Bamako « Que sont devenus les étudiants maliens formés en ex-URSS ? » s’inter- roge Françoise Huguier, commissaire de l’exposition À l’est de Bamako et responsable d’un workshop aux Rencontres de la photographie de Bamako en 2017. Ce sont ainsi 6 photographes maliens qui, plongés dans l’histoire, ont enquêté et témoignent des années 1960 à travers une moisson de documents, archives, portraits et photographies. M.G-G.

8 février au 4 mai Fondation Blachère, Apt 04 32 52 06 15 fondationblachere.org

© Seyba KEITA

Jean-Jacques Surian Ceci n’est pas une rétrospective mais quand même... Le visiteur en- joué pourra découvrir une large sélection d’une œuvre prolixe depuis les années 60 qui se veut libre, humoristique ou impertinente, licen- cieuse parfois, nonobstant qu’il y croise Velasquez, Millet, Van Gogh ou des références à la Bible. C.L.

Le désordre du temps jusqu’au 31 mars Centre d’Art Sébastien, Saint-Cyr-sur-Mer 04 94 26 10 20 saintcyrsurmer.fr

Jean-Jacques Surian, Ruth et Booz, 2018, technique mixte sur toile, 200x300cm

Thèm’Art 2019 Quatorze plasticiens concourent au Prix Thèm’Art qui sera remis le 22 février en présence de la plasticienne Véronique Schwob. Initiée par le philosophe Philippe Granarolo, l’exposition-concours s’accompagne d’un colloque, « Crises », avec comme invité d’honneur le philosophe, essayiste et compositeur français Vincent Cespedes. Et trouve un écho dans une programmation spécifique au cinéma Le Rocher : Ulysse et Mona, Un beau voyou, La Chute de l’empire américain. M.G.-G.

22 février au 3 mars Galerie G., La Garde 04 94 08 98 00 ville-lagarde.fr

Artistes Them'Art © X.D-R 50 au programme arts visuels alpes-maritimes gard hérault

Dérobées & Tainted Love / Club Edit À l’invitation de la Villa Arson, Flora Moscovici et Linda Sanchez ont croisé leurs pra- tiques de la lumière, de la couleur et des matériaux pour créer, in situ, l’installation Dé- robées dans la Galerie Carrée. Parallèlement, une trentaine d’artistes investissent les Ga- leries du Patio et Cyprès pour une plongée dans l’univers du clubbing, proposant ainsi une version « Club Edit » de l’exposition Tainted Love produite au Confort moderne à Poitiers en 2017. M.G.-G.

8 février au 26 mai Villa Arson, Nice 04 92 07 73 84 villa-arson.org

TAINTED LOVE - Nicole Wermers, The Viloet Revs, 2016 - Emilie Pitoiset, Tainted Love 2017. Confort Moderne. Photo Pierre Antoine Daniela Montecinos Quand la peinture interroge la photographie...et réciproquement. Jusqu’à présent consacrée à la photographie, la galerie menée par Pa- trice Loubon innove en invitant en chaque début d’année un médium autre. Les peintures et dessins de Daniela Montecinos (conçus à par- tir de photographies) inaugurent ce nouveau créneau où s’invite notre fascination pour les images. C.L.

Ceci n’est pas une photo jusqu’au 2 mars Galerie Negpos, Nîmes 04 66 76 23 96 negpos.fr Daniela Montecinos, Trésor 1, huile/toile, 30 x 40cm, 2019 (en cours). Photo courtesy D. Montecinos/Negpos

Laura Lamiel Depuis une quarantaine d’années, Laura Lamiel recompose une réa- lité plastique, en livrant des installations apparemment minimalistes, mais qui incidemment déjouent notre perception du réel. Marie Co- zette, nouvelle directrice du Crac de Sète, assure le commissariat de l’exposition, qui présente des œuvres récentes ou crées spécifiquement pour Les yeux de W, invitation à un voyage optique et intérieur. A.Z.

16 février au 19 mai Centre régional d’art contemporain, Sète 04 67 74 94 37 crac.laregion.fr

Laura Lamiel, Popote, 1997-2019, Bois, bois laqués, matériaux divers – 243 x 243 x 243 cm. Photo : Aurélien Mole / Courtesy Marcelle Alix, Paris.

Mrac Le Mrac continue son œuvre de mise en lumière fine et généreuse d’ar- tistes reconnus mais forcément connus du « grand public ». Lourdes Castro est l’une des grandes figures de l’art portugais contemporain, encore largement méconnue en dehors de son pays. Ombres & Com- pagnie retrace son parcours, des années 50 à 90, dont son encyclopédie des ombres, qu’elle appelle ses Albums de Famille. Ulla von Branden- burg nous entrainera dans une mise en scène quasi théâtrale à l’échelle du lieu (L’hier de demain). A.Z.

17 février au 2 juin Musée régional d’art contemporain, Sérignan 04 67 17 88 95 mrac.laregion.fr Lourdes Castro, Sombra Projectada de , 1965. Peinture à l’huile sur « ciré» noir, 89 x 130 x 2 cm. © Museu Coleção Berardo. critiques arts visuels 51 Chimères numériques La Fabulerie ajoute des écrans au Muséum d’histoire naturelle

e Muséum d’histoire naturelle de Marseille fêtera bientôt son L bicentenaire. Pour « réveiller les collections » de ce vieux mon- sieur, La Fabulerie, tiers-lieu du numérique installé depuis 2010 à côté du commissariat de Noailles, a eu carte blanche. On peut accéder jusqu’au 24 février au fruit de ce travail, dans une exposition tem- poraire au premier étage du Mu- séum. Muséonérique invite petits et grands à découvrir la face ca- chée de l’institution, dont on ne voit habituellement qu’une infime partie : le travail patrimonial, les différents métiers, les imposants fonds (1 % desquels seulement sont couramment exposés). L’occasion Oeils de verre utilisés en taxidermie © G.C. d’apprendre que le Muséum national, Sur un mur de pixels, un ours noir raconte en voie de perdition. On se prend à rêver, à Paris, s’est lancé dans un vaste pro- l’histoire de son espèce, qui aujourd’hui comme M. Walter, de sorties en forêt, gramme de numérisation des collec- fouille les poubelles d’Amérique du Nord. le shirin-yoku prescrit par les médecins tions d’histoire naturelle en France, qui Sa voisine, une marmotte, est pertur- japonais pour leurs patients stressés, et commencera par les herbiers, particu- bée par le réchauffement climatique, on se jure que ce week-end, on ira voir lièrement fragiles, avant de passer aux le puma concolor couguar est officiel- par soi-même si il y a encore des écu- autres secteurs. lement considéré comme disparu. La reuils dans les calanques. Le numérique viendrait donc à la res- chute de la biodiversité est terriblement Avant de partir, pour laisser une chance cousse des établissements de conserva- déprimante, mais plus encore si l’on doit au numérique, on tente un petit jeu. tion, pour appuyer leurs missions de pré- en passer par un écran énergivore pour Dommage ! Si l’on s’amuse volontiers à servation, faciliter l’accès des publics à se « reconnecter à la nature ». Dans l’un composer, sur une tablette, une chimère leurs trésors... et permettre, comme c’est des dispositifs audio, un taxidermiste de au corps de scarabée, avec une tête de le cas dans les musées d’art et d’histoire, Sologne, M. Walter, évoque son métier, cétoine dorée, des ailes de cigales et de commercialiser plus facilement des qu’il exerce « pour que les gens connaissent des pattes de bousier, on découvre avec produits dérivés ? Nous n’en sommes pas leur faune et la respectent ». L’ambition est déplaisir que le résultat final peut vous encore là, peut-être, mais le visiteur qui que le jeune visiteur, sortant du Muséum, être envoyé par mail... seulement si l’on pénètre dans les beaux murs du Palais sache si l’animal furtivement croisé lors accepte de recevoir « les actualités liées Lonchamp est toutefois très vite amené à d’une balade nocturne était une fouine, aux activités culturelles du Muséum et de se poser des questions. Car La Fabulerie, ou une martre. La Fabulerie ». Il aurait été souhaitable en acteur convaincu que l’avenir est là, Ainsi encouragé, on quitte vite les ani- de pouvoir dissocier les deux, comme intercale des écrans entre les animaux maux parlants pour se replier... vers les cela devrait être systématiquement le empaillés et les outils des taxidermistes. vitrines les plus classiques de l’exposi- cas en matière de collecte de données... C’est ludique, « interactif », on s’instruit tion. Un squelette de kangourou qua- Mais que fait donc la Cnil* ? sans effort. De sympathiques lunettes sté- siment dans la position du Penseur de GAËLLE CLOAREC réoscopiques installées à hauteur d’enfant Rodin attire l’œil, de même que la poésie côtoient d’esthétiques modèles anciens en négatif des empreintes moulées de la * Commission nationale de de téléphones en bakélite, où l’on peut plus grande à la plus petite - éléphant, l’informatique et des libertés coller son oreille pour écouter, grâce à zèbre, autruche, tortue...-, et même les la technologie moderne, des voix péda- crottes d’espèces de nos contrées. Renard, jusqu’au 24 février gogiques fort agréables. sanglier, lapin... Tous savoirs qui étaient Muséonérique Las ! C’est un indicible sentiment de tris- extrêmement utiles à nos prédécesseurs, Muséum d’histoire naturelle, Marseille tesse qui s’invite de manière inattendue. intelligence collective malheureusement 04 91 14 59 50 culture.marseille.fr 52 critiques arts visuels Les histoires de Sophie Sophie Calle fait une première halte remarquée à Marseille en glissant ses petits cailloux simultanément dans cinq musées.

Devenue artiste par hasard » comme elle le confesse, Sophie Calle a fait «de sa vie une œuvre, repoussant toujours plus loin les limites de l’intime. Elle en déroule le fil de manière frag- mentaire et vit cette première expérience comme une simulation : « Je n’ai jamais exposé dans un musée français hors de Histoires vraies, Sophie Calle © Nathalie Ammirati Paris, ni à Lyon ni à Grenoble, sauf une déjà dévoilés sous d’autres latitudes et ouvert pour l’occasion. Tel le Petit Pou- fois au Frac Marseille. Là où je me suis dans différentes configurations, Sophie cet, elle a dispersé dans les salons, l’anti- le plus rapprochée d’une exposition de Calle ayant tenu à construire elle-même chambre et le boudoir petits mots, vête- ce nom, c’était au musée Fabre à Mont- les expositions selon les espaces et mê- ments fétiches, photographies, mobilier pellier mais ce n’était pas une exposition ler productions anciennes et inédites. que l’on repère à l’aide d’un jeu de piste monographique ». Native de Nîmes où Comme une invitation à relire son his- textuel délicieux à lire. Partout la mort elle aime se ressourcer, elle entretient toire à l’ironie déstabilisante. rôde, la perte, la souffrance : celle de ses un lien privilégié avec la région : après parents qui « ont mis trois mois à mou- Arles, Avignon, Lacoste, Aix, « à Marseille Sophie Calle cinq sur cinq ! rir », celle de son chat dont elle a conservé je suis passée de rien à cinq d’un coup ! » Exceptée dans l’exposition Voir la mer une touffe de poils, celle de sa tante cen- s’exclame-t-elle en riant. Sa présence est au musée Borély qui « n’a rien à voir tenaire qui a brodé ses initiales sur un donc un événement pour ceux qui ne avec [sa] vie », toutes les œuvres mises drap exposé à la vue de tous. Comme connaissent pas son art du récit fondé en situation tricotent des bouts de sa vie son propre matelas de jeune fille à moi- sur une fiction personnelle : ils pourront sentimentale, familiale, amicale à partir tié cramé jeté à terre dans une alcôve. suivre le parcours sans sens giratoire de nombreux textes, de photographies et Aucun prénom n’est dissimulé, ni ce- obligatoire car chaque halte est distincte de vidéos. D’objets aussi, qui lui ont ap- lui de Valentine sa tante, ni celui de sa l’une de l’autre. Les amateurs éclairés, partenu (ou non ?), mis en scène au mu- mère « appelée successivement Rachel, Mo- eux, retrouveront des morceaux de vie sée Grobet-Labadié exceptionnellement nique Szyndler, Calle, Pagliero, Gonthier, Que faites-vous de vos morts ?

elle est la question qu’en 2017 Sophie Calle a posée aux Sophie Calle était invitée à parler le 24 janvier dernier à la visiteurs de son exposition Beau doublé M. le marquis librairie Maupetit. Et des raisons de cette question-titre. So- Tau musée de la Chasse et de la Nature (Paris). Durant les phie Calle à Marseille : un événement ! Le public était donc quatre mois de l’exposition, ce ne sont pas moins de très nombreux, la salle d’exposition de la librairie seize livres d’or qui ont été remplis par d’ano- littéralement envahie, pour rencontrer cette ar- nymes mains. Des réponses, laconiques par- tiste mondialement reconnue, qui s’est livrée fois, parfois cyniques, le plus souvent émou- avec beaucoup de naturel (et un humour cer- vantes et sincères. Bribes d’histoires intimes, tain, malgré la gravité du propos) au jeu des petits bouts de vie que l’artiste a sélection- questions-réponses. À l’époque où on lui a nés, scannés et agencés dans un livre d’ar- proposé d’investir le musée de la Chasse et tiste tout récemment paru. Ces déclarations de la Nature, elle songeait à tout arrêter : anonymes y côtoient quelques textes et des son père était mort un an plus tôt, elle était photographies de Sophie Calle : clichés en en panne d’inspiration, de désir. Or ce lieu noir et blanc de pierres tombales, pris pour la poétique l’a séduite, lui a donné envie de s’y S op e hie um plupart dans un cimetière californien en 1978, qui Ca e Pl faufiler et d’y rendre hommage à ses chers dispa- lle © Jean-Mari portent étrangement les mots « mother » « father »… rus, son père, mais aussi des amis, et son chat Souris plutôt que les noms des morts ensevelis. Ses toutes pre- (sic). Elle vient d’ailleurs de faire graver un triple vinyle : plus mières photos, a-t-elle précisé. C’est de ce livre d’abord que de 30 titres composés et interprétés par des pointures de la Sindler » à laquelle elle consacre un requiem à la chapelle de la Vieille Charité. Petit rappel de son exposition éponyme à l’église des Célestins dans le cadre du Festival d’Avignon 2012, augmentée ici de girafes empaillées, preuves de son goût totalement assumé pour la taxidermie. D’ailleurs, n’a- t-elle pas acheté une girafe à la mort de sa mère, ne l’a-t-elle pas installée dans son atelier et baptisée « Monique » ? Par contre on ne connaitra pas les prénoms des stambouliotes filmés près du Bosphore qui réservent à sa caméra leur pre- mier regard sur la mer car l’artiste s’est concentrée sur leurs visages, leurs émotions et le bruit des vagues. Disséminés avec malice entre une assiette décorée, un vase précieux, des miniatures en verre, les films de Voir la mer marquent une rupture stylistique dans son travail. Mais ont-ils vraiment « rien à voir avec [sa] vie » ? Rien n’est moins sûr. Tout, dans cette profusion protéiforme, est intrinsèquement lié et le moindre détail a son importance : la couleur des ri- deaux qui dissimulent ses photographies accrochées dans les collections du musée des Beaux-arts, le choix des tiroirs ouverts dans les vitrines du Muséum d’histoire naturelle, le mot « Souci » finement brodé, lumineux en néon, photo- graphié… Partout Sophie Calle livre ses états d’âme sans fausse pudeur, sans faux-semblant, sans fard. Une autofiction troublante dont la force tient, justement, dans sa sincérité. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI jusqu’au 22 avril Cinq – Sophie Calle Parce que, Musée des Beaux-Arts Voir la mer, Palais Boréli Le chasseur français, liberté surveillée, À l’espère, Muséum d’Histoire naturelle Histoires vraies, Musée Grobet-Labadié Rachel, Monique, Chapelle de la Vieille Charité musees.marseille.fr

chanson française et internationale en souvenir de Souris ! Pour elle, le mur (sur lequel elle installe ses textes, ses photos) c’est le père ; le livre, c’est la mère. Des deux, elle dit avoir un égal besoin. Les ayant perdus, à sa manière, elle les fait revivre. Par l’acte artistique, qui est tout –elle insiste là-des- sus - sauf une thérapie. Et ce faisant, elle interroge chacun sur son rapport à ses morts, à la mort. FRED ROBERT

Sophie Calle était invitée à la librairie Maupetit (Marseille) le 24 janvier, en prélude à la première exposition marseillaise de l’artiste. Huit œuvres (dont deux toutes nouvelles), cinq lieux où elle s’est « glissée en essayant de ne pas les abîmer » (lire ci-dessus)

Que faites-vous de vos morts ? Sophie Calle (et des visiteurs du musée de la Chasse et de la Nature) Éditions Actes sud, 32,50 € Les films à ne pas louper cette semaine Les saphirs de Wayne Blair dimanche 10 février à 20h55 petit Les noces rouges de Claude Chabrol lundi 11 février à 20h55 Zazie dans le métro de Louis Malle écran lundi 11 février à 21h L’enfant d’en haut de Ursula Meier mercredi 13 février à 20h55 Testostérone : une hormone pas si « mâle » La cérémonie samedi 9 février à 22h25 de Claude Chabrol dimanche 17 février à 20h50 La testostérone aurait un impact sur l’implantation des che- Le boucher veux, la pilosité faciale, les muscles… et l’humeur. Son importance de Claude Chabrol est toutefois controversée ces derniers temps. Kirsten Esch fait lundi 18 février à 20h55 un point sur l’état des recherches en Europe. Si le présupposé lien de l’hormone à l’agressivité n’est pas avéré, l’hormone renforce- Clérambard rait en revanche les liens de solidarité, afin de consolider les liens d’Yves Robert lundi 18 février à 21h pro-sociaux. Plus troublant : la relation supposée entre testosté- rone et prédisposition à l’autisme. Le documentaire alerte aussi Juste avant la nuit sur les risques liés au dopage à la testostérone dans le milieu spor- de Claude Chabrol tif, mais aussi à sa mise en vente libre sur les réseaux sociaux. lundi 18 février à 22h25 Arte enfonce le clou avec la diffusion le lendemain du documen- taire La fabrique d’Arnold Schwarzenegger, à 23h10. Un rapport de Gloria cause à effet ? de John Cassavetes mercredi 20 février à 20h55

Vasarely, l’illusion avec les architectes est passionnante. Seul porteur. On le renomme Abdul, suite à sa pour tous témoignage encore visible de son utopique conversion à la religion musulmane. 35 ans dimanche 10 février à 9h25 Cité polychrome du bonheur : le Centre plus tard, ayant bénéficié d’un programme Ce riche documentaire s’ouvre sur l’inau- Architectonique d’Aix-en-Provence, dont de réconciliation mis en place par les deux guration du portrait de Pompidou à Beau- l’exposition Fondation Vasarely, une œuvre pays, José peut enfin retrouver une famille bourg en 1977, réalisé par Vasarely. L’Op manifeste restaurée célèbre l’historique qui le croyait mort. Art - art optique - est alors partout : en jusqu’au 31 mars. (voir P.49) vitrine, dans les galeries… La réalisatrice Catherine Bénazeth retrace la biographie de ce « Warhol à la française », né en Hon- Les parcs naturels… grie en 1906, et qui aurait nourri sa fas- Abdul et José en minuscule cination pour les séries en observant la dimanche 10 février à 22h25 lundi 11 février à 19h manière dont sa mère rangeait les confi- tures ! Contemporain des constructivistes, À travers l’incroyable parcours de José, Vraie bouffée d’air avec cette mini-série le peintre nourrit une appétence pour l’art les réalisateurs Luigi Acquisto et Lurdes consacrée à trois des plus beaux parcs na- social. Après des débuts dans la publicité, Pires retracent une réalité méconnue de tionaux français. Chaque soir jusqu’à mer- il trouve peu à peu son vocabulaire, ins- l’occupation du Timor par l’Indonésie. En credi, la caméra de Laurent Frapat nous piré de motifs puisés dans son environ- 1978, José, alors âgé de neuf ans, survit au plonge dans trois biotopes très différents. nement (galets de plage, carreaux de faïence crash d’un avion, et se fait kidnapper par Premier volet ce lundi avec le massif des du métro…), avant de publier Le Mouve- un bataillon indonésien dans les montagnes. Ecrins, perle entre Alpes du nord et Alpes ment, véritable manifeste de l’art ciné- Aux côtés d’autres garçons raptés, José est du sud réunissant plus de 150 sommets tique, en 1955. L’évocation du travail mené alors contraint de travailler comme culminant au-delà de 3 000m d’altitude. 55

Un véritable « Himalaya français » selon Gaston Rebuffat. La Le troisième monde série se poursuit avec le Mercantour mardi, puis la Guade- jeudi 21 février à 20h55 loupe mercredi. Originalité : en guise de mini intermèdes, des insectes de synthèse échappés du film Minuscule 2 – Les France Ô nous propose une plongée dans l’histoire de l’archi- mandibules du bout du monde (en salles depuis le 30 janvier) pel des Kerguelen, situé à une semaine de navigation des côtes s’invitent dans les paysages, pour de courts sketches animés réunionnaises. Isolées en plein Océan Indien entre l’Australie, incrustés dans les prises de vue réelles. l’Afrique du Sud et l’Antarctique, ces îles font partie des Terres australes et antarctiques françaises depuis leur découverte en 1772 par Yves de Kerguelen, qui les surnomme alors « le troisième monde ». Le réalisateur Robert Genoud s’empare de son sujet Sauvetage en mer de Timor par un aspect sombre de la colonisation : dans les années 1930, sept pêcheurs de langoustes Bretons et 42 Malgaches sont aban- jeudi 14 février à 20h55 donnés sur l’île Saint-Paul par les baleiniers français qui les em- Le dilemme aurait pu trouver sa place dans un film de ployaient. Quelques décennies plus tard, c’est Nicolas Dupont-Ai- Ruben Östlund (Snow Therapy ; The Square) : faut-il tenter gnan qui, candidat à la présidentielle de 2017, propose de faire de sauver les 40 passagers d’une embarcation à la dérive en de ce territoire aride un lieu d’exil pour djihadistes français de pleine mer, au risque de se mettre soi-même en péril ? Bâtie retour de Syrie… comme un thriller psychologique, cette courte série austra- lienne met en scène une famille australienne et une famille JULIE BORDENAVE irakienne dans un éprouvant face-à-face. Le réalisateur Glen- dyn Ivin a à cœur d’évoquer la position radicale de son gou- vernement vis-à-vis des réfugiés gagnant les côtes austra- liennes via l’Indonésie, tout en évitant le manichéisme dans l’auscultation des motivations de chacun de ses protagonistes. Arte diffuse en une soirée la totalité des 4 épisodes de 52 mi- Et aussi… nutes. Capitaine Thomas Sankara dimanche 10 février à 14h Femmes du chaos vénézuélien mardi 12 février à 20h30 Beauté fatale USA, la loi des armes jeudi 14 février à 21h45 mardi 12 février à 20h50 À Wallis et Futuna, les rondeurs excessives sont un canon La France de l’entre-deux guerres de beauté chez les femmes, quitte à mettre en danger leur mardi 12 février à 21h santé. La malbouffe ne permet plus d’honorer la convivialité culinaire issue d’une culture ancestrale. Multiplication des Ma mère, le crabe et moi maladies respiratoires et cardiovasculaires, problèmes de mercredi 13 février à 21h fertilité et cancers ont mené l’hôpital à ouvrir un service dé- Néo-fascistes, populistes : dié, pour aider les jeunes Wallisiennes frappées d’obésité faut-il en avoir peur ? morbide, qui s’accentue après le mariage. La réalisatrice Mé- mercredi 13 février à 21h lanie Dalsace récolte des témoignages, s’invite dans les séances hospitalières et esquisse une analyse sociologique. Paul Auster, le jeu du hasard En une île soumise aux tempêtes ravageuses, les concepts mercredi 13 février à 22h35 de fertilité et de survie sont primordiaux : pour enfanter et Yalta, le crépuscule des géants pallier les catastrophes naturelles, le corps de la femme se jeudi 14 février à 23h40 doit d’apparaître comme fort et résistant. Jeanne Moreau l’affranchie lundi 18 février à 15h30

Les superpouvoirs de l’urine Palace of soul samedi 16 février à 22h20 vendredi 15 février à 0h45 Pyongyang s’amuse Avec cette série documentaire, Aline Afanoukoé revient mardi 19 février à 22h45 sur les grandes heures de l’émission américaine Soul Train, Je dis donc je suis qui fit les honneurs à la soul et au funk. Coup d’envoi à 0h45 mardi 19 février à 23h40 avec un gros plan sur Stevie Wonder, compositeur du célèbre Superstition chez Motown, qui brûlait la piste de l’émission Populisme, dégagisme, les démocraties en crise dès janvier 1973. Suivront dans les autres épisodes diffusés mercredi 20 février à 21h jusque tard dans la nuit : Michael Jackson, Aretha Flankin, High energy, Le disco survolté des années 80 James Brown, Al Green ou encore Barry White. vendredi 22 février à 22h30 56 au programme cinéma C’est toujours La première fois !

Cela fait maintenant 10 ans que l’équipe du festival La première fois, engagée et pleine d’énergie, nous propose des premiers gestes de cinéma documentaire.

Mehran Tamadon, invité d’honneur Cette année, la manifestation qui se dé- roulera dans plusieurs lieux à Marseille, du 26 février au 3 mars, invite le cinéaste iranien Mehran Tamadon dont le film Bassidji, qui pose la question de com- ment filmer celui qu’on considère comme l’ennemi, fera l’ouverture au Gyptis le 26 février à 20h. Le lendemain à 14h, il animera une master class à l’Alcazar et on pourra voir à La baleine son dernier film,Iranien. Invité d’honneur, Mehran Tamadon a droit à une Carte Blanche : Bassidji, de Mehran Tamadon © Aloest distribution

Effervescence espagnole e Pepi, Luci, Bom et autres filles du introduira le cycle, avant la projection de Abril et Antonio Banderas, devrait nous quartier, film de 1980, on garde en Parle avec elle (2002), éblouissant mélo convaincre qu’il n’a pas pris une ride de- Dmémoire une scène étonnante de qui remporta l’Oscar du meilleur scé- puis 1990. Un DJ set signé Cosmic Fuzzi jouissance urinaire. Un scénario corrosif, nario. S’ensuivra un concert de Borja introduira et conclura la fête. donc, pour ce roman-photo punk signé Flames (poésie et chants espagnols). Le 8 Le 22 mars, pour terminer le cycle, le Pedro Almodóvar, cinéaste phare de la mars, pour la Journée internationale des Mucem s’exporte hors-les-murs jusqu’à Movida espagnole, période l’Estaque, avec le fameux d’intense créativité et de re- film des origines, Pepi, etc., nouveau culturel qui suivit sur l’écran de l’Alhambra, la mort de Franco. Le réali- précédé d’un concert de sateur aurait déclaré* que la Nicolas Cante. Précisons meilleure façon de prendre que chaque soirée permet- une revanche sur l’époque tra de se restaurer sur franquiste était d’en nier place, dans une ambiance jusqu’à l’existence, ce qu’il de cabaret, avec tapas (et fit en répertoriant les inter- peut-être sangria ?). No- dits soudainement levés : tez également qu’une pro- drogue, adultère, « perver- grammation parallèle aura sions sexuelles », bref, tout Tout sur ses femmes de Sergio G. Mondelo © Groupuscule lieu au Vidéodrome 2, à La ce qui serait susceptible de chambouler droits des femmes, on pourra voir Volver Baleine et au cinéma Le Prado, en colla- l’institution du mariage et de la famille. (2005), autre pépite, avec une Penelope boration avec CinéHorizontes. Les productions ultérieures d’Almodóvar, Cruz en grande forme. Pedro Almodóvar GAËLLE CLOAREC auquel le Mucem consacre un temps aime ses actrices, et grâce au documen- fort, sont moins torrides, mais gardent taire de Sergio G. Mondelo, Tout sur ses * à lire dans l’Encyclopædia Universalis la trace de cette effervescence native. femmes, projeté en première partie de William Benedetto, directeur du cinéma soirée, on saura tout (ou presque), sur sa L’Alhambra, a conçu une programmation relation à elles. Le moment musical se 1er, 8, 15 & 22 mars déclinée en quatre temps, tous impré- fera en compagnie de la chanteuse Syl- Almodóvar ¡ Popular, intimista y extravagante ! gnés de chaleur madrilène. Le 1er mars, vie Aniorte Paz. Le vendredi suivant, Mucem, Marseille le critique du Monde Thomas Sotinel le duo terrible d’Attache-moi !, Victoria 04 84 35 13 13 mucem.org 57

le film qui l’inspire : Avant l’aurore de sélectionnés, venus de Chine, du Ma- édition, il y aura une deuxième fois ! Nathan Nicholovitch, la rencontre sal- roc, d’Algérie, de Belgique, de France, de En effet, les 2 et 3 mars, on pourra re- vatrice d’un prostitué et d’une petite Suisse, d’Israël. Ils racontent un monde trouver ces premiers gestes de cinéma, fille au Cambodge, le 27 à 20h30. Le 28 déchiré, nous parlent de lutte, comme La en continu, à la Brasserie Communale, à 17h 30, le film qui l’a marqué : Je suis le bonne éducation de Yu Gu ou Jess, vent de un nouveau lieu du Cours Julien où on peuple d’Anna Roussillon, un dialogue face de Sophie Glanddier. Du temps et pourra aussi « voir Noailles » avec l’AARSE complice que la réalisatrice a établi avec de la mémoire comme Nulle part avant et … « Écouter la plaine » avec le collectif un paysan égyptien qui suit les boule- d’Emmanuel Falguières. Certains sont Copie Carbone. versements de son pays, par la lucarne présentés pour la première fois comme Une édition anniversaire qui va nous de sa télévision. À 20h30, un film qu’il En parler de Charlène Biju où elle in- réserver de beaux moments. trouve incontournable, - à juste titre- terroge la relation avec ses parents ; Bo- ANNIE GAVA un témoignage fondamental sur la place rhom Hakini de Brahim Waabach, un singulière du cinéma dans la société ira- film né d’un désir de se réconcilier avec La Première fois nienne, Close up d’Abbas Kiarostami. l’enfant que le cinéaste a été. Sisyphe de 26 février au 3 mars Pour ces rendez-vous avec ce cinéaste ira- Driss Aroussi, une méditation sur la vie divers lieux, Marseille nien, essentiel, il est conseillé de réserver. et la mort, au milieu du Sahara maro- festival-lapremierefois.org cain. Ces films et bien d’autres seront Les premiers films projetés au Vidéodrome 2, le partenaire Parmi les 300 reçus, 15 films ont été « historique » du Festival et pour cette

CRAC – Centre Régional d’Art Contemporain Exposition du 16 février Occitanie / Pyrénées Méditerranée à Sète au 19 mai 2019

Laura Lamiel

Les yeux de W Paris. Alix, Mole / Courtesy Marcelle Aurélien , 1985. Photo:

Popote

Centre Régional d’Art Contemporain 26 quai Aspirant Herber F-34200 Sète Occitanie / Pyrénées-Méditerranée – Sète +33 (0)4 67 74 94 37 – [email protected] crac.laregion.fr

Ouvert tous les jours de 12h30 à 19h (sauf le mardi) et le week-end de 14h à 19h – Entrée libre et gratuite

CRAC-Sete-01-Laura-Lamiel-AP-Zibeline-200x140-Exe.indd 1 20/12/2018 15:38 58 au programme cinéma La Chute de l’empire américain

La chute de l'empire americain, Denys Arcand © Jour2Fête

ntroduire Spinoza, Nietzsche, Platon, call girl, des requins de la finance in- dernière, avocat libidineux et sans scru- Aristote, Schopenhauer et les impéra- ternationale, un ex-taulard rugueux et pules, vont former une drôle d’équipe. Itifs kantiens dans les dialogues d’un bougon, ex-motard, devenu spécialiste Occasion de revoir quelques rudiments polar, c’est forcément décalé et hilarant. d’« optimisation fiscale », et interprété en évasion fiscale et de faire rebondir une Se servir de la philosophie pour justifier par Rémy Girard, le Rémy de la Chute action soutenue par l’enquête de deux des choix scénaristiques, c’est même bi- et des Invasions. En toile de fond, la mi- flics Maxim( Roy et Louis Morissette), grement malin. La malice est sans doute sère sociale : des Inuits dormant sur les un duo mixte, digne des innombrables ce qui caractérise La Chute de l’empire trottoirs québécois, la soupe populaire séries du genre qui nourrissent notre américain, dernier opus de Denys Arcand. pour les naufragés du système. imaginaire télévisuel. Car Denys Arcand Le réalisateur canadien avait marqué les Pierre-Paul -deux apôtres en un seul pré- n’évite pas les clichés, il les utilise, les eighties avec Le Déclin de l’Empire amé- nom !- est docteur en philosophie, plus met dans la perspective mythologique ricain (1985), film générationnel où il se intelligent que la moyenne, donc… pauvre. de notre époque. Les intentions bonnes moquait des valeurs et des idéologies de Le monde appartient aux crétins, c’est et mauvaises se mélangent, le fric sale baby boomers trop gâtés en pleine crise sa conviction ! Chauffeur-livreur, il aide fait dans l’humanitaire. La candeur de de maturité. Œuvre suivie en 2003 par Les dans son temps libre les plus démunis Pierre-Paul sert la forfaiture. Les vers Invasions barbares, un film aussi drôle comme il peut. Témoin d’un hold-up qui de Racine deviennent un appât pour se mais plus grave puisqu’on y retrouvait tourne au carnage, son dilemme ne dure prostituer et la morale est sacrément Rémy, le prof d’économie canadien, « so- guère : il récupère les sacs d’argent sale, brouillée. L’Empire de Trump et consorts cialiste voluptueux » en train de mourir abandonnés au milieu des cadavres. Des n’en finit pas de chuter et de brouiller à l’heure d’un bilan pas toujours positif. millions de dollars qu’il va devoir faire les codes. Du Déclin à la Chute, le titre de ce petit circuler dans les circuits internationaux ELISE PADOVANI dernier semblerait indiquer une suite pour les blanchir et échapper à la jus- et une fin à ce qui pourrait être une tri- tice. Pour s’atteler à la tâche, Pierre-Paul Film de logie de la Comédie humaine selon Ar- (incarné par Alexandre Landry), Rémy, la semaine cand. Malgré les nombreux clins d’œil son ancienne compagne (comptable de aux films précédents, il n’en est rien. On métier), son nouvel Amour, une escorte quitte ici les Bourgeois universitaires incarnée par la ravissante et talentueuse La chute de l’empire américain, pour la Marge : un intello déclassé, une Maripier Morin, un ex-client de cette de Denys Arcand, sortira le 20 février (2h09) philolitté 59 Une intime Profonde Alger Film de conviction la semaine

e premier film d’Antoine Raimbault est le fruit d’une obsession : celle du cinéaste pour la célèbre « Affaire LViguier », qui a vu juger deux fois Jacques Viguier pour le meurtre de sa femme, encore portée disparue à ce jour. Cette recherche assidue de la vérité dans les moindres re- coins des faits et des suppositions est de toute évidence une matière cinématographique inépuisable. Elle ne peut alors que se voir mise à mal quand la justice rappelle son bon droit à exclure toute imagination d’un verdict, et tout jugement d’un procès. Une intime conviction se situe en permanence sur cette ten- sion, qu’elle exacerbe et dont elle fait sa raison d’être. Ma- rina Foïs incarne la part fictive de l’affaire : elle est plus bed Abidat, fondateur des Éditions Images Plu- que convaincante en jurée du premier procès, certaine de rielles, poursuit son exploration de la ville d’Alger l’innocence de l’accusé et de plus en plus convaincue de la Aet publie un recueil de photographies d’un type culpabilité d’un des témoins. Elle épluche les conversations particulier. Pour constituer Algeroid, l’artiste a sillonné de chacun d’eux, mis sous écoute, et découvre non sans la ville durant trois ans, avec un appareil Polaroïd : le vertige les rouages d’une vaste machination. Ou comment modèle 330, datant de la fin des années 1960. Chaque plusieurs proches de la victime, persuadés de la culpabilité personne photographiée s’est vue remettre le cliché ins- de Viguier malgré une remarquable absence de preuve, ont tantané, Abed Abidat n’en conservant que le négatif, qu’il pu échafauder une série de faux témoignages et autres sup- restitue sans le retoucher dans l’ouvrage. positions pour le faire inculper. Son Alger, c’est donc avant tout une humanité frontale, Face à elle, Olivier Gourmet incarne Eric Dupond-Moretti, qui se prête au jeu du portrait, le temps d’un échange le défenseur aguerri et sentencieux de la présomption d’in- de regards. Des hommes, pour la plupart (« Une photo- nocence, qui n’est pas non plus dépourvu d’ambiguïté. Son graphe aurait pu aborder plus de femmes », précise-t-il) goût du sang n’a d’égal qu’un désir de pureté et de cloison- acceptent de poser dans leur cadre quotidien, droits de- nement qui ne semble jamais réellement en adéquation vant l’objectif. Un poissonnier en marinière, un barbier avec le monde dans lequel il évolue. Sa scène de plaidoi- en pleine action, un maraîcher rêveur, un flâneur des ri- rie, très belle, a pourtant quelque chose d’inquiétant dans vages... Quelques enfants aussi, de gracieuses fillettes et son désir de désamorcer tout ce qui a eu lieu jusqu’alors. des petits très affairés, dans les rues de la ville blanche, Entre les deux camps, Raimbault semble avoir choisi : c’est souvent comparée à Marseille (« leur grand point commun, presque dommage. ce sont les immeubles délabrés »). Le procédé technique, SUZANNE CANESSA qui produit des images légèrement saturées, aux rouges très rouges, aux sépias appuyés, et maintient les rayures et surexpositions du négatif, apporte un côté intempo- Une intime conviction, de Antoine Raimbault, rel aux images. Ce chat qui joue dans des filets de pêche est sorti le 6 février (1h50) avec un poulpe plus gros que lui, ce bélier broutant de la paille dans une cagette en plastique, ce petit singe per- ché sur l’épaule juvénile de son maître ajoutent à l’im- pression d’éternité : ils auraient pu vivre au temps où la cité n’était qu’un comptoir phénicien en pays berbère. Alger la contemporaine a les racines profondes d’une ville fondée au IVe siècle avant notre ère, tout comme Massilia était une colonie grecque il y a 2 600 ans... et ce ne sont pas quelques antennes paraboliques défigurant les façades, ou des hordes de touristes pressés, qui les rendront superficielles. GAËLLE CLOAREC

Algeroid Photos : Abed Abidat / Texte : Samir Toumi Éditions Images Plurielles, 25 € Une intime conviction © Severine Brigeot 60 philolitté Pour une anthropologie de l’imaginaire

l est des catalogues qui dépassent lar- qui a eut lieu au Musée, « L’Humain, entre sur ce qui fait l’humain, depuis les codes gement leur fonction d’évoquer telle réalité et imaginaire » (1er juillet 2007). On de représentation des corps, à ceux des Iou telle exposition, temporaire ou pas, y aborde les (n’oublions pas le pluriel !) pensées, des sentiments, des aspirations et constituent par la teneur et la richesse arbres généalogiques de l’Homme et du métaphysiques. Ainsi, la représentation de leurs articles scientifiques des points genre Homo, la classification du vivant, des Néanderthaliens n’a cessé d’évoluer d’ancrage qui soulignent la géographie des mythes au fil de notre appréciation subjective et à quel point le savoir est des Hommes-sauvages de de nos connaissances à leur propos. L’art mouvant, et que chaque par le monde, la cryptoan- pariétal et les sculptures qui sont parve- « vérité » peut être remise thropologie, les cyclopes, le nus jusqu’à nous permettent d’élaborer en cause, par l’apport de sens des mythes et leurs de premières définitions et d’évaluer le nouveaux éléments, de fondements… On sourit à regard que l’être humain a porté sur lui- nouvelles démarches, de l’évocation de l’imposture même et ce qui l’entourait… La science et nouveaux raisonnements, de Piltdown, et d’autres l’imaginaire se côtoient et s’enrichissent, la mise en œuvre de nou- farces qui mirent les nerfs mais aussi se confrontent. Et les offen- velles techniques… à partir des archéologues et des pré- sives créationnistes pseudo-savantes sont de l’exposition Du Big Foot historiens à rude épreuve. abordées avec pertinence dans ce recueil au Yeti, anthropologie de Que diriez-vous si l’on dis- dense et précieux. l’imaginaire qui a fait date simulait dans des strates MARYVONNE COLOMBANI au Musée de la Préhistoire de Quinson, un de terres datées de milliers d’années des ouvrage de référence a été édité sous la di- « preuves » de l’existence de telle ou telle Du Big Foot au Yeti, anthropologie de rection de Gilles Boëtsch et Jean Gagne- espèce considérée comme plus récente ? l’imaginaire, sous la direction de Gilles pain, reprenant les thèmes de l’exposition On s’interroge à la suite de l’inégalable Boëtsch et Jean Gagnepain, Musée de et rendant compte des actes du colloque livre de Vercors, Les animaux dénaturés, Préhistoire des Gorges du Verdon, 8 €

Dans la nasse ne couverture noir et blanc, un une couverture idéale). Face à cette nasse dessin original (on doit celui-ci de gros poissons, les flics ne savent pas Uà Olivier Bonhomme), telle est toujours comment manœuvrer. Heureu- la très graphique signature d’EquinoX, sement Cécile Stéphanopoli est là. Un per- une nouvelle collection de romans noirs sonnage que cette Cécile : commissaire, dirigée par un fin connaisseur. Aurélien lesbienne, elle est tendue comme un arc, Masson a longtemps collaboré à la fameuse pas toujours soignée, pas vraiment ai- Série Noire (Gallimard) avant de prendre mable mais terriblement compétente. À en charge EquinoX, « une collection noire ses côtés ou face à elle, Marie Van Moere qui entend gratter là où ça fait mal » et qui fait vivre toute une galerie de personnages publiera en majorité des auteurs franco- saisissants par l’attention apportée aux dé- phones. Parmi eux, Marie Van Moere tails, l’acuité des dialogues, les moments dont Mauvais Œil est le deuxième roman, d’introspection auxquels tous, même les après un premier thriller très remarqué, plus secondaires, ont droit. Le roman d’ac- Petite Louve, paru en 2014. Mauvais Œil tion prend ainsi une véritable épaisseur donc. Le titre donne le ton. L’action, cette psychologique. fois encore, se déroule en Corse, où l’au- méthodes des voyous corses et l’insigne FRED ROBERT teure vit. Elle connaît bien cette île pleine collusion des hommes d’affaires locaux de silence et de fureur, de violences et de avec le milieu sont plus que vraisemblables. comptes pas toujours réglés. Alors, dans Et on ne s’étonne pas que les menaces et le cadre somptueux du golfe d’Ajaccio et les morts s’enchaînent lorsque Toussaint la touffeur caniculaire de juillet 2017, elle Galea revient sur l’île, bien décidé à venger brode habilement une sombre histoire. Une la mort de son associé Attilius Mattéi et à histoire visiblement élaborée à partir de reprendre les rênes d’un certain nombre documents et d’affaires avérés, qui sonne d’affaires, dont l’exploitation d’Acqua Glo- Mauvais Œil Marie Van Moere vrai même si on est dans une fiction. Car les ria, une entreprise aquacole florissante (et éditions Les Arènes, collection EquinoX, 16 € 61

«Cacou » ; en provençal, celui qui se la pète, qui fait le fanfaron. En grec Kakou est le génitif de kakos, mauvais, laid. Donc Philo Kakou, la philosophie du mauvais !

Philo Kakou : Aristote et le pas fini !

ui, on s’amuse beaucoup avec Aris- C’est donc dans la physique qu’il faut emboiter des sphères pour tote ces derniers temps. On lui a fait comprendre ce qu’est l’univers. Parlons plutôt du cosmos : c’est Ole coup du père Noël et de Charlie un ensemble clos de sphères emboitées qui part de la Terre et Hebdo ; mais on va essayer d’être un peu va jusqu’aux étoiles, planètes, Soleil. Le monde sublunaire, en moins kakou en revenant aux fondamen- dessous de la Lune est imparfait, parce que soumis à la corrup- taux de la philosophie : la métaphysique ! Fi- tion et au mouvement. Le monde supralunaire (au dessus de la

dZ nie la récré ! Lune, hein, on a compris j’espère !) est au contraire incorrup- © TnK1Pr tible et soumis au seul mouvement circulaire. Rappel : Platon plantait un monde intelligible pour donner du sens aux choses sensibles ; Aristote lui met un crochet Et le pas fini alors ??? Eh bien c’est l’infini, quand à la Renais- du gauche, genre « C’est quoi ces foutaises d’un monde séparé du sance on passera du monde (ou du cosmos) à l’univers. nôtre ? », et va chercher l’intelligibilité dans les choses mêmes. Pour lui, l’intelligibilité est présente en chaque être. Ce qui est La croyance tirait son sens dans un monde comme production intelligible est la forme. C’est ce qui est en général. Par exemple de Dieu, parfaitement fini ; si l’univers est infini c’est que Dieu la forme d’un chien est ce qui est commun à tous les chiens. n’a pas fini son travail…

Et le pas fini dans tout ça ? Eh bien ce n’est pas dans la méta- Vous comprenez le truc… ? physique qu’on le trouve, mais dans la physique d’Aristote, ou RÉGIS VLACHOS philosophie seconde (vous avez compris j’espère quelle est la première !) 62 feuilleton littéraire Solal et la comète

épisode 2: Ralentir

a fréquence cardiaque ra- ses clefs de voiture, prêt à partir. résumé de l'épisode 1 lentit tandis qu’il retrouve « Allez, oublie-la va, t’en connaitras Dans le métro, Solal, Sla surface de la terre. Les d’autres, des jolis flirts comme ça. jeune étudiant en histoire, dernières gouttes de sueur perlent Tu crois pas qu’elle t’aurait attendu se retrouve captivé par une jeune le long de son front. Il les essuie sur le quai si elle avait eu si envie femme se tenant sur le quai au bout de son nez, réajuste la ca- que ça de te rencontrer elle aussi ? » d’en face. C’est le coup de foudre. puche de son anorak pour se pro- Solal ne dit mot. Amir cherche juste Après quelques minutes d’un in- téger du mistral. Déboussolé, So- à l’aider, à sa façon. Alors il rentre tense jeu de regards, il court pour lal met quelques secondes avant accueillir la première cliente qui la rejoindre et saute dans son train. de retrouver son chemin. Il tourne vient d’arriver, une dame discrète Mais elle descend à la station suivante sans qu’il s’en rende en face du théâtre, presse le pas qui fouille dans le bac des cartes compte. Les probabilités pour qu’il malgré la soudaine lassitude venu postales anciennes. la retrouve sont faibles... Mais il l’alourdir. Il aurait bien besoin d’une La journée passe lentement. Les n’est pas du genre à renoncer. sieste, mais Amir doit être en train clients typiques défilent : des spécia- de bouillir au magasin. listes d’antiquités avec qui il peut se Solal remonte la rue d’Aubagne risquer à parler histoire, des ama- sans faire attention aux détails aux- teurs de brocante qui marchent au quels il est d’habitude sensible. Il ne coup de cœur, des Parisiens qui ont sourit pas à l’épicier du marché qui lu quelque part qu’on pouvait trou- le salue au passage. Il ne regarde ver les mêmes objets qu’aux puces ni le ciel, ni ses pieds. Il avance. Il de Saint-Ouen mais moins chers... se demande en boucle ce qu’il au- Le soir, une vieille dame aux che- rait dû faire pour retrouver Ma- veux soigneusement tirés en un chi- dame Comète sur son quai à temps. gnon se dirige droit sur lui, la main Après deux cents mètres il aperçoit tremblante sur sa canne. Solal sou- Amir qui fume une clope devant rit, demande s’il peut l’aider. Elle l’entrée du magasin face à un tas prend une grande inspiration et lui de meubles –un fauteuil Voltaire, explique le plus sérieusement du une table basse en fer et une mul- monde qu’il faut absolument qu’elle

M at titude de cartons de toutes tailles. retrouve une boule de cristal sur pe- hild em eRa uilh madier © Chloé G « Excuse, Amir, j’ai eu... un pro- tits pieds dorés qu’elle avait vue sur blème de métro. une étagère, il y a quelques temps. Mathilde Ramadier débute ses - C’est bon, t’en fais pas, je suis « Sans elle, vous comprenez, je études à l’école d’arts appliqués Oli- de bonne humeur aujourd’hui. ne vois rien », assure-t-elle. Pour- vier de Serres à Paris, puis obtient - Ah oui ? Alors laisse-moi te tant, elle ne porte pas de lunettes et un master de philosophie contempo- raine à l’École normale supérieure. raconter la vérité ! semble bien voir où elle va, pense Ses premiers romans graphiques pa- - OK OK, mais seulement si tu Solal, amusé. Il regarde sur les éta- raissent en 2011.Elle publie aussi des m’aides à charger la camionnette, gères où se trouvent la vaisselle et essais libres.Vivant entre Berlin et hein » répond Amir en désignant les bibelots, puis sur le long buffet Arles, ses sujets de prédilection sont les meubles d’un coup de menton. vitré où sont exposées les curiosi- l’écologie, le féminisme, la sexualité Alors Solal lui raconte tout dans tés, comme les canaris empaillés. et les mutations du monde du travail. le menu détail avec enthousiasme, « Vous l’avez vue quand, cette en Orphée revenu des enfers. À la boule de cristal ? Il y a quelques fin du récit, Amir lui sourit. Il s’es- semaines ? suie les mains sur ses cuisses, sort - Comment ?

en co-production avec La Marelle 63

épisode 2: Ralentir

- Vous l’avez vue il y a quelques jours ? C’était repasser et voir l’affiche. peut-être mon collègue qui était là ! Alors qu’il marche d’un pas léger dans sa rue, son - Nooon ! répond-elle. Il y a des années de cela ! téléphone vibre. C’est Patrick. Il n’appelle jamais, Vous n’étiez peut-être même pas né ! » Puis elle se sauf en cas de problème. C’est louche. La dernière dirige vers la porte en ricanant. fois c’était pour une fuite d’eau pour laquelle il ne « Vous m’appellerez quand vous l’aurez retrou- voulait rien payer et avant cela, pour un courrier des vée ! lance-t-elle encore. flics qu’il attendait comme la peste et que Solal devait - Comment ? réceptionner à sa place. Six mois qu’il lui sous-loue - Oh, vous saurez bien me trouver... » Et elle dis- sa chambre de bonne, il commence à le connaître, paraît dans la nuit. ce vieux parano. Solal décroche, retient son souffle. Solal, les bras croisés derrière la caisse, pense Il n’a vraiment pas besoin d’ennuis maintenant, on alors à consulter une voyante : cette histoire loufoque n’est que le 14 et il ne sait pas comment il finira le de boule de cristal lui a donné envie d’essayer... Mais mois s’il doit payer une facture de plus. pour l’heure, il reste obsédé par cette rencontre qui Patrick, qui s’encombre rarement de politesse, n’a pas vraiment eu lieu –et qui aurait dû advenir, il embraye immédiatement sur le vif du sujet : il a vu en est certain. Il remet de l’ordre sur le comptoir, fait deux hommes avec des valises à roulettes dans la le tri dans la caisse, enlève les post-it qu’il avait collés cage d’escalier, un qui descendait, puis un autre qui partout, ce qui lui donne une idée : après avoir fermé, montait quelques minutes plus tard, un jour qu’il ré- il ira scotcher une petite annonce avec son numéro cupérait son courrier au rez-de-chaussée. Il a suivi le sur les murs de la station de métro. La bonne vieille deuxième des yeux et vu d’en bas qu’il s’arrêtait sur le méthode, à l’ancienne, pour commencer sa quête. palier de l’appartement. Selon lui, une seule explica- Il sort une pile de papier machine, un feutre noir et tion à ces va-et-vient inhabituels : Solal sous-loue en s’apprête à écrire, le poignet en lévitation au-dessus douce sur Airbnb. Ce dernier, croyant rêver, ne peut de la feuille. L’inspiration ne vient pas tout de suite. s’empêcher de pouffer. « Tu m’as foudroyé du regard et » Non, elle va me « Te fous pas de ma gueule, se défend Patrick. prendre pour un con. Solal raye sa phrase et froisse - Mais enfin c’est ridicule, je suis étudiant, je vis dedans. la feuille. « Tu étais là, seule dans ton manteau beige, - T’es pas toujours là, tu vas voir ta famille, t’as j’ai couru pour te voir mais » Non, non, non, trop pa- des vacances. Et Bi-Bi machin, tous les jeunes font ternaliste. Il soupire, ferme les yeux, mâchonne le ca- ça maintenant, j’ai vu un reportage. puchon du feutre, qui sent fort la chimie. « On s’est - Mais Patrick, c’est impossible de toute façon, l’ap- regardés longtemps, on s’est souri, j’aurais aimé te part est bien trop petit, et insalubre, tu le sais bien, rencontrer mais tu as filé comme une comète. C’était depuis le dégât des eaux, ça pue. À ce sujet... ici, sur ce quai, hier vers 12h52. Solal. » Et il note son - Écoute, j’ai pas le temps de discuter, et si c’est numéro en prenant le soin de séparer chaque couple pour me rabâcher encore cette histoire de gouttes de chiffres par un tiret, pour être sûr que ce soit bien d’eau tu peux aller te chercher un appart ailleurs. » lisible. Il passe la feuille trois fois à la photocopieuse, Solal laisse passer deux secondes, espérant que attrape un rouleau de scotch, son anorak, les clefs et la colère redescende. se sauve. « Tu fais tes affaires et demain tu te tires. »

Une heure plus tard, de retour à Noailles, il sa- voure son idée géniale. Il a pu scotcher ses affiches, personne n’a rien dit. Il a même croisé une dame de l’âge de sa mère qui l’a regardé tendrement. L’im- mense majorité des gens qui prennent le métro ef- fectuent un trajet routinier : l’Inconnue va forcément Suite du feuilleton dans le prochain numéro... Histoire à danser — Zibelin.pdf 1 23/01/2019 17:19

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