Du Reculet Aux Sommets Alpins : Quels Changements Sur Les Crêtes ? Les Cahiers De La Réserve Naturelle | N°1 Cahiers De La Réserve Les Naturelle
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Du Reculet aux sommets alpins : quels changements sur les crêtes ? Les cahiers de la Réserve naturelle | N°1 cahiers de la Réserve Les naturelle 1 2 Du Reculet aux sommets alpins : quels changements sur les crêtes ? Cet ouvrage constitue le premier volume des cahiers de la Réserve naturelle nationale de la Haute Chaîne du Jura. Il est également le recueil des actes du colloque scientifique international qui s’est tenu les 10 et 11 mars 2016 dans les locaux de la Communauté de communes du Pays de Gex. 1 Préambule La Communauté de communes du Pays de Gex (CCPG) porte et mène à travers son pôle «environnement » différentes actions en faveur des espaces naturels, forestiers et agricoles. Depuis 2003, accompagnée par l’état, la CCPG est gestionnaire de la Réserve naturelle nationale de la Haute Chaîne du Jura. Avec ses 11 000 ha, cette Réserve naturelle nationale (RNN) est une des plus grandes réserves nationales de France. Ainsi la CCPG affirme sa volonté d’assumer les missions de la RNN qui sont : « Gérer les sites, protéger les milieux naturels, informer et sensibiliser le public» L’étude interdisciplinaire « Reculet Crêt de la Neige » remplie totalement ses missions. Financée par la CCPG et le CD01, cette étude a pour objectif d’apprécier les changements intervenus sur la Haute Chaîne du Jura dans les écosystèmes d’altitude durant les 40 dernières années. Les résultats permettront, d’une part de développer et de mener les actions de gestion les plus appropriées de la RNN et, d’autre part de répondre aux questions sur la genèse et la caractérisation de l’état actuel des écosystèmes et sur la tendance évolutive. Les axes de recherche sont nombreux : végétation, pastoralisme, faune sauvage, flore. Durant 3 ans, l’étude a mobilisé sur le terrain, un partenariat d’acteurs locaux et transfrontaliers : chasseurs, alpagistes, naturalistes, élus, université Joseph Fourier de Grenoble, laboratoire d’écologie alpine, haute école du paysage d’ingénierie et d’architecture de Genève. Si le rendu scientifique présente un enjeu nécessaire, l’information auprès de la population revêt un caractère essentiel : le volet scientifique (colloque) est complété par diverses manifestations (conférences, ateliers, animations et expositions) à destination du grand public et surtout des enfants. L’information à la population et le développement du volet pédagogique permettent de mieux comprendre la gestion de la RNN et ses enjeux. Enfin, cette étude permet de comprendre une part de notre histoire à travers l’évolution des pratiques pastorales et des activités humaines sur la Haute Chaîne. Cette étude est notre patrimoine. Se soucier de notre patrimoine naturel pour les générations futures est l’affaire de tous. Je souhaite remercier M. le préfet et M. le sous-préfet, les services de l’état, les équipes de la RNN, les membres du comité consultatif et du conseil scientifique de la RNN mais aussi tous les acteurs, tous les partenaires de ce projet pour le remarquable travail effectué, nécessaire à notre territoire. Enfin, je vous laisse découvrir ce livret qui a lui aussi toute son importance dans le rendu de cette étude. Muriel Bénier Vice-présidente en charge de l’environnement, du développement durable et de la Réserve naturelle Maire de Thoiry 2 Du Reculet aux sommets alpins : quels changements sur les crêtes ? 3 Préambule C’est en présence de M. Stéphane Donnot, sous-préfet de Gex, de Mme Véronique Baude, vice-présidente du Conseil Départemental, de Mme Muriel Benier, vice-présidente de la Communauté de communes du Pays de Gex en charge de la Réserve Naturelle et d’un nombreux public que s’est ouvert le colloque international dont les actes sont publiés aujourd’hui. « Du Reculet aux sommets alpins : quels changements sur les crêtes ? » Quel titre ambitieux pour ce colloque, mais quelles promesses de découvertes et de surprises durant ces deux jours ! Vous n‘imaginez pas quel fut mon soulagement le 10 mars 2016, à l’ouverture du colloque qui représentait l’aboutissement de quelques longues années de patience et de persévérance. En effet, ce projet a vu le jour au sein du Conseil Scientifique de la Réserve naturelle nationale de la Haute Chaîne du Jura, il y a près de 6 ans. Cette idée a jailli comme une évidence, après que Patrice Prunier, éminent enseignant chercheur à HEPIA (Haute Ecole du Paysage de l‘Ingénierie et de l’Architecture) ait réalisé en 2008 avec Florian Mombrial, actuellement collaborateur scientifique aux Conservatoire et Jardin Botaniques de la ville de Genève, une cartographie actualisée de la zone du Reculet et Crêt de la Neige. Or, nous disposions d’un remarquable document élaboré à la fin des années 1960 et publié en 1972 par M. Claude Béguin, à savoir, une cartographie au 1:5000ème des groupements végétaux de la même zone. Cette superbe carte m’a servi, comme à beaucoup d’autres naturalistes, de guide pour l’exploration de ce territoire mythique, cœur de la Réserve naturelle. Nul doute que la comparaison des 2 cartographies allait nous permettre d’appréhender les changements susceptibles de s’opérer sur la montagne. Mais, observer des évolutions progressives ou régressives, ce n’était pas une finalité en soi. Par contre, essayer de comprendre les facteurs à l’origine de ces modifications est apparu comme un objectif majeur. Avec le Conseil Scientifique, autour de Patrice, nous avons lancé des hypothèses dont la vérification nécessitait de s’entourer de spécialistes pas toujours disponibles localement. En effet, pour tenter de comprendre le mécanisme de ces évolutions nous avons été amenés à interroger le passé, en explorant les archives historiques avec Alexandre Malgouverné (historien local), ou encore les archives environnementales stockées dans les humus sous forme de grains de pollen avec Pascale Ruffaldi (Université de Besançon). Parmi les constatations faites sur le terrain, certaines concernait le pin à crochets qui orne les sommets et les pentes fraiches du Crêt de la Neige. Sa croissance et sa régénération soulevait des questions auxquelles Daniel Béguin (HEPIA) a tenté de trouver des réponses. Bien sûr, on ne pouvait pas ignorer l’impact des grands herbivores sur le tapis végétal que ceux-ci soient domestiques (ovins ou bovins) ou sauvages (sangliers et chamois). Le pastoralisme qui remonte au moyen-âge a façonné les espaces ouverts d’altitude. Jean-Bruno Wettstein (Bureau d’Agronomie), Camille Doline (SEMA) et Alexandre Malgouverné se sont attelés à ce problème avec la collaboration de quelques alpagistes. Quant aux sangliers, Claude Fisher (HEPIA) s’est entouré de la collaboration des chasseurs locaux du pays de Gex et de la Valserine, des agents de l’ONF et 4 Du Reculet aux sommets alpins : quels changements sur les crêtes ? de l’ONCFS pour étudier leur occupation du territoire grâce à des captures, des marquages et des suivis télémétriques. Le Chamois nouveau venu sur la chaîne (après la dernière guerre selon Robert Hainard et le Dr. Burnier : Creux de Branvaux 1946) ; son régime alimentaire a fait l’objet d’investigations poussées par une équipe de l’Université de Savoie dont Anne Loison. Cette étude a été aussi l’opportunité d’étudier les éventuels évolutions de plantes mythiques de notre Haute Chaîne, qui à elles seules justifieraient le classement en Réserve naturelle. Ce sont entre autres, le chardon bleu, la grassette de Reuter, l’orobanche du séséli et tout un cortège de plantes qualifiées d’arctico-alpines en raison de leur double et originale répartition, des sommets alpins aux toundras arctiques. Irène Till, Jean Christophe Clément du LECA (Laboratoire d’Ecologie Alpine), Véronique Bonnet du CBNA (Conservatoire Botanique National Alpin), et Patrice Prunier et Fanny Greulich (HEPIA) se sont attaqués avec brio à ce problème. L’équipe qui a réalisé cette étude n’a pas hésité à utiliser des techniques modernes d’investigation, analyses génétiques, radio télémétrie. Un drone a permis d’obtenir de belles images du tapis végétal et des anciennes traces d’occupation humaine. Nos chercheurs se sont même entourés de la collaboration d’auxiliaires minuscules, les mouches Syrphides, dont la présence ou l’absence permet de juger de l’état de conservation d’un milieu. Bref, ce travail a nécessité, comme nous pouvons le constater, une collaboration exemplaire entre chercheurs et diverses institutions et ce n’est pas le moindre de ses mérites. Mais, pour réaliser cet ambitieux programme, il a fallu trouver des financements et ce ne fut pas le moindre de nos soucis. Je voudrais remercier Jean-Paul Roux qui n’a pas ménagé sa peine et grâce auquel nous avons pu obtenir un soutien financier majeur du Conseil départemental et de la Communauté de communes du Pays de Gex. Cette étude devint si familière (mais non routinière) qu’on ne la désigna bientôt plus que par son acronyme ERCN (Etude Reculet Crêt de la Neige). Le colloque qui a dépassé le cadre local pour évoquer des problématiques identiques en Suisse, en Italie ou en Autriche, est une première manière de « rendre » ce qui nous a été prêté. Mais, outre cette manifestation ambitieuse à destination d’un public averti, une exposition accompagnée d’ateliers de démonstration, et des conférences ont été organisées à Gex, puis à Thoiry. Les actes du colloque, ainsi publiés, constituent le n°1 des Cahiers de la Réserve Naturelle, projet de publication déjà ancien, mais que nous n’avions pu réaliser jusqu’à présent. Pour en terminer, il convient de remercier tous ceux, et ils sont nombreux, qui se sont mobilisés durant ces 5 ans et jusqu’à aujourd’hui. Les citer tous serait fastidieux et je craindrais d’en oublier trop. Mais je ferai une mention spéciale d’une part à l’équipe d’HEPIA : Jane, Fanny, Joanne, Patrice, Claude, Daniel et tous les autres qui ont très largement œuvré pour cette étude et ce colloque et d’autre part à l’équipe (actuelle et passée) de la Réserve Naturelle et de la CCPG.