DOSSIER PEDAGOGIQUE

Des Femmes

Les Trachiniennes / Antigone / Electre de Sophocle mise en scène WajdiMouawad du mercredi 12 au samedi 15 octobre 2011

Dossier pédagogique réalisé par Rénilde Gérardin, professeur du service éducatif : [email protected] , Contacts relations publiques : Margot Linard : [email protected] Jérôme Pique : [email protected] texte Sophocle traduction en français Robert Davreu mise en scène WajdiMouawad assistance à la mise en scène Alain Roy conseil artistique François Ismert scénographie Emmanuel Clolus costumes Isabelle Larivière assistée de Raoul Fernandez lumières Eric Champoux assisté de Eric Le Brec'h musique originale , Bernard Falaise, Pascal Humbert, Alexander MacSween réalisation sonore Michel Maurer assisté de Olivier Renet maquillages et coiffures Angelo Barsetti illustrations Sophie Jodoin interprétation Camille Adam en alternance avec Bertrand Cantat Olivier Constant Samuël Côté Sylvie Drapeau Bernard Falaise en alternance avec Martien Bélanger (à l’automne 11 – hiver 12) Charlotte Farcet Raoul Fernandez ou Richard Thériault (au printemps 12) Pascal Humbert en alternance avec Benoît Lugué Patrick Le Mauff Sara Llorca Alexander MacSween (à Nantes, Génève) en alternance avec Guillaume Perron (tournée 11 – 12) Véronique Nordey en alternance avec un autre comédien (au printemps 12) Marie-Eve Perron direction de production Maryse Beauchesne direction technique et régie lumières Eric Le Brec'h régie son Olivier Renet régie plateau Eric Morel habilleuse Emmanuelle Thomas

Au Carré de L’Hypoténuse Arnaud Antolinos Abé Carré Cé Carré Maryse Beauchesne adjointe au Québec MarianeLamarre communication Marie Bey presse Dorothée Duplan

Production Au Carré de l’Hypoténuse, Abé Carré CéCarréQuébec compagnies de création Coproduction Centre national des ArtsThéâtre français Ottawa, Théâtre NanterreAmandiers, Célestins Théâtre de , Théâtres départementaux de la Réunion, Mons 2015Capitale Européenne de la Culture,Théâtre Royal de Namur, Le Manège Centre dramatique de Mons, Le Grand T Nantes scène conventionnée LoireAtlantique, Comédie de Genève, Maison de la Culture de Bourges Scène nationale (la Maison de la Culture reçoit le soutien du Ministère de la culture et de la communication, la région Centre, le conseilgénéral du Cher, la ville de Bourges) et Festival d’Avignon, Festival d'Athènes dans le cadre du Réseau Kadmos Soutien Espace Malraux Scène nationale de Chambéry, Théâtre 71 Scène nationale de Malakoff, Théâtredu Nouveau Monde Montréal, Ministère de la Culture des Communications et de la Condition féminine du Québec, Conseil des arts et des lettres du Québec, Ministère des Relations internationales du Québec,Fonds francoquébecois de coopération décentralisée et du Service de Coopération et d’Action culturelledu Consulat général de France à Québec, Participation Théâtre national de Toulouse MidiPyrénées et Délégation générale du Québec à

Wajdi Mouawad est artiste associé au Grand T

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Des Femmes

dossier pédagogique sommaire

Présentation du « projet Sophocle » page 4 Paroles de femmes page 4

LE PROJET ARTISTIQUE

Genèse de la trilogie des femmes page 6 La traduction de Robert Davreu page 8 Extraits des prologues, traduction de Robert Davreu page 10 Le chant et la musique / Le Chœur page 12 Photographies des spectacles page 14 LES TRACHINIENNES, ANTIGONE ET ELECTRE, tragédies de Sophocle Biographie de Sophocle page 17 Sophocle, le père du théâtre moderne page 18 La tragédie grecque La naissance de la tragédie page 19 Le théâtre, expression civique et culturelle page 20 Listes des personnages page 22 Les pièces en résumé page 22 Mythes et destinées artistiques Déjanire page 23 Antigone page 23 Electre page 24 ECHOS DANS LA PRESSE Page 25 L’EQUIPE ARTISTIQUE page 29 Bibliographie, Vidéographie,Sitographie page 35

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Présentation du « projet Sophocle »

Fruit d’une collaboration entre et le poète Robert Davreu, à qui le metteur en scène a passé commande de la traduction, le « projet Sophocle » fédère une équipe artistique franco québécoise autour de la création en cinq années des sept tragédies de Sophocle qui nous sont parvenues dans leur intégralité : Ajax , Antigone , Œdipe roi , Électre , Les Trachiniennes , Philoctète , Œdipe à Colone .

Jusqu’alors intimement nourri par les textes grecs pour ses propres spectacles, Wajdi Mouawad remonte ici à la source en choisissant d’aborder cette œuvre par deux angles et en deux temps : le premier approchant les pièces en trois volets thématiques ; et à terme le second, présentant les sept titres dans leur ordre chronologique.

Ce sont de grandes héroïnes qui traversent le premier opus intitulé Des Femmes , composé des Trachiniennes , d’ Antigone et d’ Electre , portées à la scène respectivement dans ce sens. Entre les lois de la nature et celle des hommes, le destin de chacune de ces femmes est scellé par ses choix ; qu’il s’agisse du désespoir de Déjanire en amour, du désir de vengeance d’Electre dans sa famille, ou de la soif de justice d’Antigone au sein de la cité. Avec la même équipe de concepteurs mais une autre distribution, viendront dans les saisons futures les créations des duos Des Héros avec Ajax et Œdipe , puis Des Mourants constitué d’ Œdipe à Colone et Philoctète . L’ultime étape sera la présentation de l’ensemble des sept pièces à la suite, dans l’ordre d’écriture par leur auteur.

Paroles de femmes

DEJANIRE. […] Et nous voici deux à présent, deux sous la même couverture, à attendre l’étreinte d’un homme. Telle est la récompense qu’Héraclès, le « fidèle », le « noble » Héraclès, m’envoie pour avoir gardé si longtemps sa maison. […] Je vois la jeunesse s’épanouir d’un côté quand de l’autre elle se fane, et le même œil qui se plaît à cueillir la fleur de l’une se détourne de l’autre. J’ai donc tout lieu de craindre qu’Héraclès ne demeure mon époux que de nom et soit en vérité celui de la plus jeune. Mais je le répète s’emporter est indigne d’une femme sensée. […]

Sophocle, Les Trachiniennes , troisième épisode, traduction de Robert Davreu, Actes SudPapiers, 2011, p. 21.

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ANTIGONE. Oui, car cet édit, ce n’est pas Zeus qui, pour moi, l’a fait proclamer, ni la Justice compagne des dieux d’en bas. Non, ces lois, ce ne sont pas eux qui les ont dictées aux humains, et je ne pensais pas tes édits eussent assez de force pour autoriser un mortel à enfreindre les lois non écrites, impérissables celleslà, qui émanent des dieux ! Elles ne sont ni aujourd’hui ni d’hier, mais en vigueur depuis toujours, et nul ne sait quand elles sont apparues. Et il faudrait que moi, en me pliant par crainte à la volonté d’un humain, j’aille risquer le châtiment des dieux. Je me savais vouée à mourir (comment l’ignorer ?), quand bien même tu n’aurais rien proclamé. Mais si je dois mourir avant l’heure, j’ai moi, je te le dis, tout à y gagner : quand on vit comme moi entouré de malheurs sans nombre, comment ne pas tenir la mort pour un bienfait ? Aussi ce sort atroce que tu me promets, ce n’est rien pour moi. Mais si j’avais toléré que le corps du fils de ma mère soit privé de sépulture, de cela, oui, j’aurais souffert. Là, non, pas du tout. Si par hasard je te parais agir comme une folle, fou est peutêtre bien luimême celui qui me taxe de folie.

Sophocle, Antigone , deuxième épisode, traduction de Robert Davreu, Actes SudPapiers, 2011, pp. 2021.

ELECTRE. O pure lumière, et toi, ciel à la terre égal en étendue, que de fois vous aurez entendu mes chants de deuil, que de fois aussi les coups dont je me frappe la poitrine jusqu’au sang, à peine dissipées les ténèbres de la nuit ! Quant à mes veilles nocturnes, c’est ma triste couche entre ces murs abhorrés qui en savent déjà le secret : les pleurs que je répands à flots sur ce père infortuné dont Arès, l’assoiffé de sang, n’a point voulu alors qu’il était en terre barbare, mais que ma mère et son amant Egisthe ont abattu, eux, tels des bûcherons un chêne, à coups de hache meurtrière en plein front, sans que jamais une autre femme que moi, ô mon père, ait émis une plainte sur une mort aussi indigne et pitoyable. Mais moi, je ne cesserai ni mes pleurs ni mes lamentations funèbres, aussi longtemps que je verrai les feux brillants des étoiles ou cette lumière du jour. Non, non, je ne cesserai plus, comme le rossignol qui a tué ses petits, de crier à tous ma douleur devant les portes du palais éternel. O demeure d’Hadès et de Perséphone. O Hermès souterrain, ô Souveraine de la Malédiction, et vous, Erinyes, vénérables filles des dieux, vous qui veillez sur ceux qu’on tue injustement, ceux dont on a ravi l’épouse, venez, secourezmoi, vengez le meurtre de mon père, et ramenezmoi mon frère, car, seule, je n’ai plus la force de résister au poids de la douleur qui m’entraîne.

Sophocle, Electre , prologue, traduction de Robert Davreu, Actes SudPapiers, 2011, p.7.

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LE PROJET ARTISTIQUE

« A aucun moment la question n’a été : comment faire que Sophocle soit actualisé ? A aucun moment. C’est évident. » Wajdi Mouawad

Genèse de la trilogie Des Femmes

[…] « Lorsque s’effritent quelques petites vanités qui sont aussi la beauté de la jeunesse, reste, comme, des restes de mosaïques sur un mur en ruine, l’essentiel à son cœur. Pour ma part, mes désirs sont sortis peu à peu du brouillard : amitié, amour, littérature et salle de répétitions. En dehors de cela, rien ne peut éveiller ma somnolence et c’est à travers ces quatre mots, amitié, amour, littérature et création, que j’ai envie de regarder le mouvement du monde, dans son temps, qu’il soit historique, messianique ou mythique, qu’il soit solitaire ou sagittal. L’aventure de Sophocle est née de ces sensations qu’aujourd’hui je tente de mettre en mots. Vivre une grande aventure de création en compagnie de gens qui me sont chers, comédiens, concepteurs, techniciens ou poètes. Passer le plus clair de mon temps avec eux, rassemblés autour d’une œuvre qui, justement, raconte la perte et la chute de l’enchantement tout en relevant l’horizon de la poésie. Je ne veux pas être ailleurs. Je ne veux pas être étranger. Je veux appartenir à cette communauté qui est celle de ces personnes rassemblées dans le local des répétitions. « Par le sang qui nous lie, oui, toi, Ismène mas sœur » est la première phrase d’Antigone. Ce sang est celui de l’aventure théâtrale dans laquelle nous nous sommes engagés. Ainsi, la comédienne qui joue Antigone, lançant cette phrase à la comédienne qui joue Ismène, devient la comédienne qui dit : « Toi avec laquelle je joue dans cette aventure ». C’est cela que je veux. C’est cela que je recherche. C’est en cet endroit que je me sens vivant. Pour ma part, il ne pouvait être question de mettre en scène une seule pièce de Sophocle. Il me faut le jardin au complet. Justement parce que jamais je ne me suis considéré comme metteur en scène, mais comme un auteur devant, pour toutes sortes de raisons, mettre en scène ses propres textes. Si cela avait pu dépendre de ma volonté, j’aurais souhaité rester auteur en sa chambre, en son jardin, sans responsabilité sur les épaules autre que les mots qui lui viennent. Mais le chemin que je creuse le long de la sphère traverse le paysage du théâtre et celui de la mise en scène. Lisant les œuvres de Sophocle, encore et encore, je découvre d’abord deux trilogies. Celle de Thèbes et celle de Troie. La première regroupe Œdipe roi , Œdipe à Colone et Antigone , et traverse l’histoire de la ville de Thèbes et de la famille de Laïos. La seconde regroupe Philoctète , Ajax , et Electre , et trace le récit des héros troyens. Entre ces deux trilogies flottait le texte des Trachiniennes qui faisait le pont, pour ainsi dire, puisque Héraclès, dont l’arc sera nécessaire à la victoire des Grecs devant Troie, revient de Thèbes. C’était déjà une structure, mais quelque chose ne convenait pas encore entièrement. Ce n’est que lorsque m’est apparue, grâce à Constantin Bobas, enseignant et

6 traducteur, la trilogie des Femmes, que tous s’est mis en place. En effet, regroupant Les Trachiniennes , Antigone et Electre , j’ai vu apparaître deux duos, le premier devenant le duo des Héros : Ajax et Œdipe roi , et le second celui des Mourants : Philoctète et Œdipe à Colone . Femmes/ Héros / Mourants. Comme un poème, un geste pour dire l’enchantement du monde. Savoir aimer, savoir être grand, savoir mourir. De plus, cette structure me délivrait de la narration dans laquelle je me suis aventuré pendant de longues années à travers l’écriture des spectacles précédents. Le reste est aussi une affaire d’amitié. Robert Davreu est poète et sa poésie a contribué à ma fondation artistique. De plus, quoi de plus beau que d’avoir un poète avec soi pour qui, il le dira à son tour, le monde des Grecs porte des résonances similaires aux nôtres puisque ancré dans l’enfance et le soleil de la Méditerranée. Audelà de la nécessité d’avoir une même traduction pour les sept pièces afin d’assurer la cohérence poétique de la langue, il est si beau de créer des traductions risquant le choix de la poésie avant celui de la philologie ou celui de la philosophie. Le théâtre est corps, donc le théâtre est voix. La voix contribue à la pigmentation des couleurs. Bleu est azrak indiquent la même idée d’une couleur que l’on nomme « bleu » en français et « azrak » en arabe. Pourtant, moi qui parle les deux langues, lorsque je dis « bleu », je ne vois pas tout à fait le même bleu que lorsque je dis « azrak ». Pourtant, c’est la même idée. C’est que la langue change la pigmentation des choses. Voilà pourquoi, lorsque l’on veut créer des images profondes rattachées à son âme, il vaut mieux œuvrer avec un poète. La pigmentation de l’œil acquiert un saignement plus brûlant. »

Wajdi Mouawad, in Wajdi Mouawad, Robert Davreu, Traduire Sophocle , Actes SudPapiers, juin 2011.

Conférence de presse du 19 juillet 2011 avec WajdiMouawad

animée par Karelle Ménine et Jean-François Perrier

disponible sur theatre-video.net à l’adresse : http://www.theatrevideo.net/video/WajdiMouawadpourDesFemmes

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La traduction Robert Davreu

Tout récit pourrait sans doute commencer par ces mots que Virgile prête à Enée devant la reine de Carthage : Infandum regina jubes renovare dolorem (Reine, vous m’ordonnez de rouvrir de cruelles blessures , ou ... de renouveler une indicible douleur ). Il le pourrait, s’il est vrai que c’est depuis l’infandum de l’enfance que, dans sa perte irrémédiable ou son désastre, nous parlons tous, et que nous nous parlons sans le savoir. (...) Dans leur inséparabilité et leur différence, la poésie et la traduction sont pour moi complémentairement correspondance à l’autre, à l’altérité de l’étrange, « épreuve de l’étranger », pour faire écho au beau double génitif d’Antoine Berman (Antoine Berman, L’Épreuve de l’étranger . Culture et traduction dans l’Allemagne romantique, Paris, Gallimard, coll. « tel », 1984) , en même temps qu’au « je est un autre » de Rimbaud. Cette épreuve de l’inconnu d’un inconnu destiné à le rester, ajouteraisje est évidemment à la fois jubilatoire, comme celle de l’enfant qui accède à la parole en inventant la langue que pourtant il apprend, et décevante, car la singularité de l’expérience se perd nécessairement dans la conception du monde que la langue, en tant qu’elle est commune, nous impose ou dans laquelle elle nous reprend ironiquement. Jamais le mot ne réussit à dire la chose dans ce qu’elle a d’unique et d’irréductible à toute autre. Cette insuffisance ontologique est assurément une évidence, dont il ne devrait pas y avoir lieu de se désespérer, puisqu’elle est ellemême source de création continue, notamment au contact, à l’épreuve, de cet autre filtre de l’expérience, de cette autre façon de découper et de penser le monde, qu’est la langue étrangère. Et pourtant le désespoir est là, dès lors qu’il s’agit de traduire en poème l’infandum de sa propre expérience, ou de traduire le poème étranger, en tant qu’il est luimême traduction de l’infandum d’un autre, dans la langue commune qui est la sienne. Bien sûr, ce n’est pas la même chose de traduire un poème et d’en écrire un. Et si le poème original est une sorte de traduction, celleci, malgré de possibles variantes, reste à jamais telle qu’elle est, inchangée et inchangeable. L’original est donc toujours la meilleure traduction, la seule possible en vérité. Sa traduction, au sens où on l’entend d’habitude, est pour sa part seconde, de l’ordre du méta, métamorphose ou métaphrasis, comme disent les Grecs, qui, à de très rares exceptions près, en appelle d’autres, à l’infini. Traduisant, non seulement je mets ma langue le français à l’épreuve, pour ne pas dire à la torture, de la langue étrangère, mais aussi à l’épreuve du poète et du poème singuliers que je traduis, quels que soient mes connaissances et mon degré d’empathie à leur égard. En d’autres termes, le mouvement même par lequel je sacralise l’original et le constitue comme tel en le traduisant est tout autant le mouvement par lequel je le perds et le profane. La perte initiale qu’est le poème original se redouble ainsi dans sa traduction. Comment traduire l’intraduisible qui, à côté d’ineffable et d’indicible, est une traduction possible et tout aussi défaillante de l’infandum latin, en ce que l’enfance précisément s’y perd ? Et pourtant, aije dit, seul l’intraduisible mérite d’être traduit. (...)

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La métamorphose que constitue la traduction d’une œuvre dite « originale »m’apparaît comme une anamorphose, si dans le préfixe ana on entend, comme dans l’anamnèse, le mouvement d’une remontée, non seulement vers l’élément proprement poétique de l’original, mais vers l’infandum qu’il nous est enjoint de rénover ou de renouveler. L’œuvre dite originale serait donc une première métamorphose, qui serait ellemême une anamorphose d’un intraduisible que pourtant elle traduit, et toutes les traductions ultérieures qui la fondent comme œuvre originale ne seraient en définitive possibles que dans un rapport à cet antecommencement. Il y a là quelque chose, un je ne sais quoi, qui ressemble au mystère de l’amour et de l’amitié, et qui, de ce fait, signifie aussi à chacun les limites de ce qu’il peut traduire ainsi que, sans doute, les limites de la traduction en général.

Robert Davreu a écrit ce témoignage pour L’OiseauTigre , publication du Cna suite à un échange public avec Wajdi Mouawad.

Ce qui a sans doute été pour beaucoup dans cette décision (de traduire Sophocle, ndl’a) , c’est qu’il s’agissait de traduire d’abord et avant tout pour le théâtre, mais pour le théâtre tel que le conçoit et le pratique Wajdi, c’estàdire comme une entreprise de création indissolublement personnelle et collective, en particulier dans un rapport aux tragiques grecs analogue à celui de ces derniers à la mythologie, à savoir un rapport qui est à la fois de respect et de liberté, mais surtout un rapport sensible où l’expérience vécue compte beaucoup plus que les points de vue nécessairement réducteurs des théories, si légitimes soientelles. La représentation théâtrale grecque, en tant que représentation du mythe, est porteuse d’une présence humaine qui excède et déborde toutes les représentations théoriques qu’on peut en donner. Le propre de l’art, et donc aussi de l’art théâtral, est de réenchanter ce que la science, ou plus exactement l’idéologie scientiste que ne partagent pas forcément tous les authentiques savants, désenchante. C’est là me sembletil, que peut opérer – un verbe qui est à prendre dans tous ses sens – la magie du théâtre. La représentation théâtrale fait venir en présence ce que les représentations théoriques tendant à occulter. Le terme de « représentation » est donc en luimême ambigu, voire équivoque : dans le cas du théâtre, si l’universel est bien visé, c’est à travers le singulier, c’est dans son être singulier, comme unité indissoluble de la chair et de l’esprit ; dans le cas de la « théorie », il s’agit au contraire d’une universalité abstraite, nécessairement telle pour autant que la théorie en question en soit vraiment une. Traduction et mise en scène peuvent et doivent (?) opérer, c’estàdire mettre en œuvre (énergie au sens étymologique du mot) en opérant, au sens de la chirurgie, pour débarrasser le tissu vivant de l’œuvre de ce qui menace de l’étouffer, à savoir de n’en faire que l’illustration d’une idée. En tout état de cause, au terme du faceàface nécessairement solitaire avec le texte, j’allais donc non seulement avoir une sorte de retour immédiat, pouvoir en éprouver la musicalité en l’entendant dans d’autres voix et d’autres phrasés que les miens, écouter autrement ce qu’il dit et ce qu’il ne dit pas, mais le voir incarné par ceux qui vont le projeter devant eux en s’adossant en quelque sorte à lui. […] Robert Davreu, in Wajdi Mouawad, Robert Davreu, Traduire Sophocle , Actes SudPapiers, juin 2011.

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Extraits des prologues

DEJANIRE. Voilà bien longtemps qu’elle est apparue aux hommes comme une évidence, cette parole qui dit que nul ne peut savoir, pour aucun mortel, avant qu’il soit mort, si sa vie lui fut propice ou funeste. Mais la mienne, je sais moi, avant même de descendre au séjour de l’Hadès, qu’elle n’aura été qu’infortune et fardeau ; moi qui, alors que j’habitais encore à Pleuron, dans la demeure d’Oenée, mon père, eus à subir, au temps de mes noces, la plus douloureuse épreuve qu’ait jamais endurée femme d’Etolie. Mon prétendant était un fleuve, Achélôos pour le nommer, qui, sous trois formes différentes, me demandait à mon père : tantôt c’était un taureau tout ce qu’il y a de plus vrai, tantôt un dragon tortueux aux écailles luisantes, tantôt son corps était celui d’un homme, mais d’un homme à front de taureau, et pourvu d’une barbe épaisse dont ruisselaient des flots d’eau vive. Dans l’attente d’un pareil époux, la malheureuse que j’étais ne cessait d’appeler la mort de ses vœux plutôt que d’avoir à seulement approcher d’un tel lit. Bien plus tard, au dernier moment, mais à ma grande joie, parut le glorieux fils de Zeus et d’Alcmène, qui entra en lutte avec lui et me délivra. Comment se déroula le combat ? Je suis bien incapable de le dire, car je l’ignore. Si quelqu’un a pu assister sans trembler à ce spectacle, c’est à lui qu’il appartient de le raconter. Moi, j’étais là, sourde à tout, atterrée par la crainte que ma beauté ne me vouât qu’à souffrir. A la fin cependant, Zeus, arbitre des combats, m’accorda une issue heureuse. Si tant est, toutefois, qu’ « heureuse » je puisse la nommer. Car depuis le jour où la victoire d’Héraclès fit de moi l’élue de son lit, je ne cesse de nourrir frayeur sur frayeur et de me tourmenter pour lui. La même nuit ne chasse un chagrin que pour m’en apporter un autre. Nous avons certes eu des enfants, mais lui, tel un laboureur qui a pris en fermage un champ lointain, ne les voient, en tout et pour tout, qu’au temps des semailles et qu’à celui de la moisson. Telle est sa vie, qui veut qu’à peine rentrée chez lui, il lui faille sans cesse et sans attendre en repartir, attaché qu’il est au service d’un autre. Mais c’est maintenant, alors même qu’il a surmonté toutes ces épreuves, oui, c’est maintenant que je ressens les craintes les plus vives. Depuis qu’il a tué le puissant Iphitos, nous vivons exilés ici, à Trachis, sous le toit d’un hôte ami ; mais lui, où estil ? Nul ne le sait. Ce qui est sûr, c’est que son départ me laisse en proie à de cruelles angoisses. J’ai la quasicertitude qu’il lui est arrivé malheur. Ce n’est pas depuis peu, c’est depuis dix, c’est depuis quinze mois que nous demeurons ainsi sans nouvelles de lui. Oui, c’est certain, quelque terrible malheur lui est arrivé : la tablette qu’il m’a laissée en partant est telle que je prie souvent les dieux de ne pas l’avoir reçue pour mon propre malheur.

Sophocle, Les Trachiniennes , prologue, traduction de Robert Davreu, Actes SudPapiers, 2011, pp. 56.

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ANTIGONE. Par le sang qui nous lie, oui toi, Ismène, ma sœur que j’aime, dismoi : de tous les maux qu’Œdipe nous a légués, en connaistu un seul que Zeus veuille nous épargner, à nous les survivantes. Douleur, égarement, opprobre, ignominie, de toutes ces malédictions je ne vois aucune qui ne soit notre triste lot, à toi, comme à moi. Et voici qu’aujourd’hui l’on parle d’un édit que le chef aurait fait, il y a peu, proclamer dans toute la ville. En saistu la teneur ? L’écho t’en estil parvenu ? Ou te sontils encore voilés, ces maux dont nos ennemis s’apprêtent à frapper ceux que nous aimons. ISMENE. Moi ? Mais non, Antigone. Aucune nouvelle, ni apaisante ni pénible, pour ce qui est des nôtres n’est venue jusqu’à moi, depuis l’heure où la mort nous a privées de nos deux frères, tombés tous deux le même jour sous les coups l’un de l’autre. Et depuis le départ cette nuit même, de l’armée des Argiens, rien, je n’ai rien appris d’autre, rien qui soit propre à me réjouir ou à m’affliger davantage. ANTIGONE. C’est bien ce que je pensais. Voilà pourquoi je t’ai fait sortir du palais : toi seule doit m’entendre. […] Hé bien oui, c’est Créon, c’est la sépulture de nos deux frères : à l’un ne vientil pas d’en accorder l’honneur, à l’autre de le refuser ? […]

Sophocle, Antigone , prologue, traduction de Robert Davreu, Actes SudPapiers, 2011, p. 5.

LE PRECEPTEUR. Enfant d’Agamemnon, fils de ce chef qui jadis devant Troie commanda nos armées, tu peux à présent voir de tes propres yeux ces lieux par toi toujours tant désirés. Le voici, cet antique pays d’Argos, objet de tes soupirs, ce bosquet consacré de la vierge, la fille d’Inachos, transportée de fureur par la piqûre du taon ; et voici, cher Oreste, la place Lycienne, vouée au dieu tueur de loups ; et par ici, à gauche, le temple illustre d’Héra. Oui, ce que tu vois ici, dis toi bien que c’est Mycènes où jadis, t’arrachant aux meurtriers d’un père, je te reçus des mains de celle du même sang que toi – ta propre sœur – et t’emportai, te sauvai et t’élevai jusqu’à l’âge où tu es, pour que tu sois un jour le vengeur du meurtre de ce père. Et maintenant Oreste, et toi, Pylade, le plus aimé des hôtes, il faut délibérer, et vite, de l’action à mener. Déjà l’éclat lumineux du soleil éveille, bien distinct, le chant matinal des oiseaux, et les ténèbres de la nuit étoilée se sont dissipées. Avant que personne sorte du palais, mettezvous d’accord. L’heure n’est plus aux atermoiements : le moment est venu d’agir.

Sophocle, Electre, prologue, traduction de Robert Davreu, Actes SudPapiers, 2011, p. 5.

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Le chant et la musique / Le Chœur grec Wajdi Mouawad

Dès lors qu’on commence à rêver à la mise en scène d’une tragédie grecque ; que ce soit Eschyle, Sophocle, Euripide ; se pose immédiatement la question du chœur. Il s’agit d’une question théâtrale : “Comment faiton le chœur ? Quelle est sa fonction ? Qui sont les personnages ?”. Mais cette question est aussi historique : le chœur a donné naissance au théâtre chez les Grecs (un groupe fait un dithyrambe aux Dieux ; jusqu’à ce que s’en détache un individu en désaccord, qui commence à dialoguer avec ce chœur). Puis le théâtre s’est transformé en miroir à l’évolution politique, sociale et démocratique d’Athènes. Ainsi Sophocle, Euripide, Eschyle sontils devenus les grands talents d’un théâtre à l’image de la vie des citoyens et de leur rapport aux Dieux, au monde, à la justice. Le chœur naît de tout cela. Il trouve aussi ses racines les plus profondes dans une conscience métaphysique où l’homme est fondé, texturé par un mouvement irrésistible et démesuré de son corps et de sa chair qui lui font perdre la raison. Ceci se traduisant par le chant, la danse, la folie, le chœur entretient un vrai rapport d’ordre sensuel ; contrairement aux protagonistes qui sont englués dans leurs propres pulsions et une démesure qu’ils sont seuls à vivre. C’est dans cette opposition que naissent les tensions les plus puissantes et poétiques du théâtre grec. Voilà pour moi la question à affronter lorsqu’on décide de monter une tragédie grecque. “Qu’estce qu’un chœur ? Qu’estce qu’un groupe qui dit le même texte d’une seule voix ?”. Aujourd’hui, ces questions renvoient à des images insupportables, qui ont construit des monstruosités dont l’Europe et le 20 ème siècle sont sortis totalement détruits, blessés dans leur humanité et leur conception de l’homme. Plus profondément encore, la divinité comme sens collectif a disparu. Et sans cela, comment savoir à quoi l’on appartient ? Comme j’ai plutôt le sentiment d’appartenir à un éparpillement qu’à un rassemblement, un groupe de quinze personnes disant d’une seule voix le même texte ne représentait rien pour moi ; cela devenait formel, esthétique et déconnecté de ce que je ressens profondément. Par ailleurs, Sophocle est pour moi un poète qui a pressenti une chute profonde dans l’âme et le cœur de ses contemporains. Il y a en effet dans chaque pièce la chute d’une grandeur ; celle des Héros ( Ajax et Œdipe ), celle des femmes ( Les Trachiniennes ) et de la justice ( Antigone ) qui disparaît, avalée par la vengeance ( Electre ) , ou celle d’un monde finissant (Des Mourants : Philoctète et Œdipe à Colone ). Ce sentiment de chute était peutêtre lié à celle d’une époque qui bascule de l’enchantement au réalisme. Un réalisme conduisant dans les meilleurs cas à un monde onirique par la beauté et la force même de l’être humain ; dans les pires à un libéralisme débarrassé du sens des responsabilités envers l’autre, débarrassé d’éthique, débarrassé de morale ou embarrassé d’une morale dogmatique, dure et violente envers ce qui ne lui ressemble pas. Sophocle a ressenti cette chute. Dès lors, dans le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, comment aborder le sens du collectif… lui est aux portes de notre continent, en Afrique, en Amérique du Sud, en Chine, mais pas en Europe ? Comment traiter cette question et donc celle du chœur grec ? Comment l’intégrer à cette problématique sans l’altérer puisqu’il apparaît justement comme un lien d’invention et de formidable création ? Je réfléchissais très sérieusement à ces questions, avec une conviction très forte : les réponses sont dans le texte même de Sophocle. Je me suis donc astreint à lire, relire et relire toujours les pièces, comme un détective privé reviendrait sur les lieux d’un crime qui a pourtant été ratissé pour essayer de trouver une trace, un indice qui aurait échappé malgré tout…

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Les lisant tout en écoutant de la musique, j’ai alors songé à l’aspect musical, voire même la présence musicale. J’en ai écouté de toutes sortes : des musiques hongroises, des musiques que l’on croit provenir des Incas, des musiques venant de l’hindouisme, des musiques arabes… toutes étaient puissantes. Mais comme toutes semblaient justes, aucune ne me convainquait particulièrement. Ce n’était donc pas “la musique” en ellemême, mais toute musique renvoyant à une période ancestrale polythéiste (contrairement à un chant grégorien par exemple) qui provoquait cela. Il me fallait donc encore chercher. J’ai continué à relire en m’interrogeant cette fois sur le collectif : quelle musique, quelle texture, quelle matière, quelle voix, quelle parole...La réponse était dans l’avantdernière strophe du premier chœur d’Antigone : Oui, mais la victoire au nom glorieux / Est venue, joyeuse, à l’appel de Thèbes / La ville aux nombreux chars / Oublions donc les combats d’aujourd’hui / Rendonsnous dans les temples des Dieux / Toute la nuit chantons, dansons pour eux / Et que Dionysos notre guide / Ebranle sous ses pas le sol thébain . Effectivement, de toutes les musiques que j’avais entendues, aucune n’ébranlait véritablement le sol thébain. Et, relisant les pièces, le chœur n’était pas le lieu moral comme je le croyais a priori. Il était devenu le lieu de la déraison, puisqu’il en était né, issu de la folie de Dionysos, de la bacchanale, des fêtes religieuses où l’on entrait dans des états de transe tels qu’on en perdait la raison. Les autres scènes, quant à elles, sont inscrites dans la raison, avec la présence de protagonistes rhéteurs expliquant pourquoi ils vont tuer l’autre ou pourquoi il faut l’enterrer ou non. Mais le chœur est hors de ce cadre et entre dans un rapport violent, puissant, presque chamanique, qui peut “ébranler de ses pas le sol thébain”. A ce moment du travail (je n’étais pas encore en répétitions avec le corps des acteurs), j’ai compris que le pas à pas entre les scènes du chœur et les scènes des protagonistes était un passage à travers une membrane qui sépare précisément la folie de la raison, et que ce passage folieraison / raisonfolie / folieraison / raisonfolie, suscitait un état qui pouvait mener le public vers la catharsis. S’est ensuite posée la question de quelle était la musique qui pouvait faire trembler le sol thébain : et l’idée du rock est apparue. J’ai écouté plein de rock ce vocable regroupe toutes sortes de musiques , certaines fonctionnaient instinctivement et d’autres moins. Les Beatles, Pink Floyd ou Bruce Springsteen ne convenaient pas, par exemple, alors que Nirvana ou Les Doors parfaitement ; alors que j’apprécie tous ces groupes. Et ceux qui fonctionnaient le mieux avaient en communque le chanteur était instinctivement lié au lyrisme, à la poésie, en écrivait, était l’auteur de ses textes : qu’il s’agisse de Jim Morrison ou Kurt Cobain, c’étaient des poètes rockeurs chanteurs. J’ai mis le doigt sur ce que je cherchais depuis le début : cette voix poétique, capable de faire vibrer un texte, dans sa poésie, dans sa beauté, dans son abstraction ; mais en le portant à un degré de folie, où par la musique, on pouvait atteindre une déraison, une déchirure de la voix. Il se trouve que j’ai la chance d’avoir un ami qui est rockeur et qui est Bertrand. J’ai d’abord demandé à Bertrand s’il connaissait quelqu’un. Pour mieux répondre, il a lu Antigone pendant la nuit et m’a dit le lendemain : “Mais moi, je vais essayer”. Je n’aurais pas osé lui demander à cause de son manque de temps. Mais il m’a affirmé : “Mais si, si tu veux, moi !” et j’ai répondu : “Bien sûr que je veux”. Alors nous avons cherché un groupe rock. Je connaissais des musiciens à Montréal, euxmêmes rockeurs : Bernard est guitariste, Alex bassiste et Bertrand m’a présenté un ami de longue date, Pascal Humbert. Le groupe s’est formé de cette façonlà. Et les premières lectures ont confirmé le désir d’aller dans cette direction.

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Photographies des spectacles

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LES TRACHINIENNES, ANTIGONE et ELECTRE Tragédies de Sophocle

Biographie de Sophocle

Sophocle, en gr. Sophoklês . Poète tragique grec (Colone, 496 – Athènes, 406). Né d’une famille aisée, il vécut la période la plus brillante de l’histoire athénienne. Il prit part à plusieurs expéditions militaires et exerça par deux fois les fonctions de stratège, entretenant des relations étroites avec Périclès, Phidias et Hérodote. Esprit de large ouverture, il sut accueillir les idées morales, politiques et religieuses qui avaient cours dans l’Athènes de son temps, se réservant de les interpréter librement, sans toutefois en contester les principes. – Bénéficiaire d’une technique dramatique qui atteignit avec lui son plus haut degré de perfection, il s’est vu attribuer cent vingtsix pièces dont soixantedouze au moins furent couronnées. Correspondant à un choix effectué par des grammairiens au 2 ème s., il ne nous reste de son œuvre que sept tragédies : Ajax (Aias , v. – 450), Antigone (Antigonê , v. – 442), Œdipe roi (Oidipous turannos , v. – 430), Electre (Êlektra , v. – 425), les Trachiniennes (Trakhiniai , v. – 415), Philoctète (Philoctêtês , v. – 409) et Œdipe à Colone (Oidipous epi Kolônô , 401). – Contemporain d’un gouvernement démocratique qui assignait aux citoyens le plein exercice de leur responsabilité, Sophocle ne pouvait plus reconnaître aux dieux le rôle prépondérant qu’Eschyle leur conférait dans la conduite des affaires humaines. Plus que les lois inéluctables de la fatalité, les mobiles psychologiques, qui acheminent le héros vers sa perte ou sa gloire, lui a apparaissent désormais propres à déterminer son destin. De là le caractère plus véridique des rapports qui s’établissent entre les personnages ; de là aussi les innovations que Sophocle introduisit dans la technique tragique : une action plus riche de péripéties et de retournements, le rôle accru des parties parlées au détriment du chœur, l’usage d’un vocabulaire plus quotidien, moins littéraire que celui d’Eschyle. – Devenu le spectacle de l’homme et de sa liberté naissante, de son bonheur toujours menacé, de la noblesse de ses épreuves et de la grandeur de sa volonté, la tragédie, selon Sophocle, ne perd cependant rien de sa traditionnelle majesté. Elle a traversé les âges, proposant encore aux Modernes les plus hautes leçons de beauté et de morale avec les figures exemplaires d’Œdipe, trouvant dans son propre anéantissement le seul chemin vers la lumière, et d’Antigone, combattante inflexible de la justice. Le Petit Robert 2.

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Sophocle, le père du théâtre moderne

Des cent vingttrois tragédies écrites par Sophocle, sept seulement nous sont connues intégralement. S’il n’est pas nécessaire de dire l’immensité du tragédien et poète grec qu’il fut, il convient toutefois ici d’interroger brièvement son œuvre et son influence sur le théâtre moderne. C’est aux côtés d’Eschyle et d’Euripide que Sophocle occupe une place singulière tant ses innovations furent considérables pour le reste de l’histoire du théâtre. Au moins quatre sont primordiales. Alors la seule forme existante de l’époque, le dialogue, s’est vue bouleversée par l’arrivée d’un troisième personnage. Ce changement capital, qui, en outre, a significativement réduit l’intervention du chœur dans la tragédie, marque de toute évidence le début d’un nouveau théâtre, lequel est toujours le nôtre aujourd’hui. Si Sophocle renonce à la trilogie eschyléenne, dite « liée », c’est pour lui substituer une nouvelle unité, la trilogie libre, où, désormais, chaque tragédie constitue un tout autonome. Les dieux, occupant l’essentiel de la scène d’Eschyle ou d’Euripide, n’interviendront plus que par des oracles chez Sophocle et laissent place aux hommes, dorénavant au chœur du théâtre antique. Enfin le décor subira lui aussi un changement fondamental et se verra amplement amélioré. Le héros sophocléen est profondément isolé et esseulé dans sa lutte, mais pourtant en quête de soutien. C’est le cas d’Antigone, qui invite sa sœur Ismène à une intervention commune que refuse cette dernière. Ou bien d’Electre, croyant Oreste mort, rejetée de sa famille. Ou encore de Philoctète abandonné. Et de tous les autres. A l’exception des Trachiniennes , toutes les tragédies de Sophocle portent le nom du personnage principal et ne désignent plus le chœur. Elément révélateur qui rend compte, entre autres, de la place de plus en plus importante qu’acquiert l’individu. Ce héros évolue au cœur d’une structure qui alterne les parties chantées, articulée comme suit : le prologue, le parodos qui correspond à l’entrée du chœur (dirigé par le coryphée), les épisodes coupés par les stasima (chants du chœur) et l’exodos qui synchronise la sortie du chœur.

Wajdi Mouawad , Robert Davreu, Traduire Sophocle , Actes SudPapiers, juin 2011.

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La tragédie grecque La naissance de la tragédie Son origine La grande innovation athénienne, […] c’est la tragédie. Son début peut être daté : entre 536 et 533, Thepsis donna première tragédie lors des Dionysies urbaines réorganisées par Pisistrate. Des chœurs tragiques existaient peutêtre, en particulier dans le Péloponnèse, parfois associés à des cultes héroïques, mais la tragédie offre un plus grand éventail de thèmes présentés dans une forme plus élaborée. […] l’épopée avec ses scènes solidement construite fournit le meilleur point de départ – et la quasi totalité des sujets de tragédie. Athènes était du reste l’endroit où les rhapsodes récitaient le plus Homère. Ajoutons qu’une tradition fort ancienne faisait des chœurs – chants et danses – l’accompagnement obligé des fêtes de la communauté.

Sa nature L’acte créatif de Thepsis pourrait se comprendre ainsi, selon G. F. Else : il choisit un héros épique, interprète sa destinée et centre l’action sur un moment décisif de celleci ; il utilise le mode élégiaque (iambes de type solonien), combiné avec des chants choraux. L’idée de faire alterner le dialogue et le chant peut venir du dithyrambe. La transformation du héros en un être humain qui souffre et affronte sa destinée, dont la passion est ressentie par le chœur qui devient intermédiaire entre le héros et le spectateur, voilà l’élément tragique par excellence. L’auteur traite d’un drame dont les spectateurs connaissent les circonstances et l’issue car tous ces mythes leur sont familiers (guerre de Troie et conflit des Atrides, exploits d’Héraclès, malheurs d’Œdipe et de sa race) ; il fait un triple choix : il concentre toute l’attention sur une action unique ; il sélectionne les éléments de la légende qui lui conviennent le mieux ; il traite à sa manière la face intérieure des héros : sentiments, psychologie, réflexion, vertus et faiblesses ; il utilise le mythe pour aborder les problèmes du pouvoir et de la liberté, les questions d’actualité ; ainsi parvientil à donner au drame une signification qui lui soit personnelle.

Sa représentation Des contingences matérielles obligent à renforcer les effets : la foule des spectateurs est immense, le décor inexistant et au nombre de un ou deux, puis trois. Ainsi se justifient les masques, les longues robes, les cothurnes, et, plus encore, la structure très sobre des scènes : un ou deux personnages alternent monologues, dialogues rapides, échanges de propos avec le chœur. Celuici joue un rôle considérable dans les débuts de la tragédie mais nous ignorons malheureusement comment il évoluait : chant, rythmes et gestes nous échappent totalement mais devaient donner à ces représentations une puissance et une beauté que nous ressentons mal aujourd’hui. C’est la prestation de chœur autant que celle de l’auteur qui est primée dans le concours.

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Sa signification « nationale » Autant qu’une innovation littéraire, la tragédie est un fait social et politique ; nous ne pouvons guère en parler que pour le moment où son organisation est achevée, dans le courant du V ème s. Aux Grandes Dionysies comme plus tard aux Lénéennes, la cité règle tout. Fête religieuse, fête de l’esprit, mais aussi fête de la collectivité. Son rôle dans la formation d’un esprit national a souvent été comparé à celui de l’école primaire dans notre III ème République. Un certain esprit de communion y règne peutêtre, surtout dans les Lénéennes, plus modestes et plus intimes, et dans les Dionysies avant que le développement de l’empire maritime n’en ait fait une occasion d’étaler la puissance athénienne. Tous y viennent, y compris les étrangers, les métèques, les femmes et peutêtre même les esclaves. L’agitation, les interventions du public, la consommation d’un frugal repas, marquent le déroulement de ces spectacles qui se succèdent dans interruption du matin au milieu de l’aprèsmidi. Tout est là pour attirer un énorme public : la fête de Dionysos, le caractère unique de chaque représentation (les pièces, produites seulement à l’occasion des ces festivals, ne seront, pendant longtemps, reprises que dans les théâtres de dèmes, lors des petites Dionysies), la curiosité de voir comment sera traité un sujet connu, le plaisir d’être rassemblés pour une affaire commune. Tout concourt à faire du théâtre le symbole de la Cité classique telle que nous la voyons à travers Athènes.

Le théâtre, expression civique et culturelle Le fonctionnement L’organisation des fêtes est une entreprise nationale qui s’intègre dans l’année religieuse. Toute fête a ses processions, ses compétitions sportives ou musicales. […] La responsabilité de l’organisation incombe à l’archonte éponyme. C’est lui qui choisit les trois pièces tragiques autorisées à concourir, qui leur trouve le riche citoyen prêt à assurer cet impôt volontaire, la chorégie. Le coût le plus important est le budget du chœur (quinze personnes et le flûtiste) auquel il faut assurer masques et costumes ainsi qu’un salaire pour le chef du chœur, seul professionnel avec les acteurs. Pour chaque pièce il faut trois acteurs au maximum qui assurent tous les rôles. Le plus important – le protagoniste – est payé par la cité. L’auteur fait fonction de directeur pour les répétitions. La chorégie est une liturgie qui peut être onéreuse mais elle assure au citoyen une grande notoriété. Les concours ont lieu à partir du 5 ème s. au pied de l’Acropole. A côté d’un sanctuaire dédié à Dionysos on creuse les gradins du théâtron dans la colline. Seuls les sièges d’honneur sont en pierre. L’ orchestra est l’aire circulaire de terre battue où évolue le chœur ; la skènè , à l’origine simple tente où se changeaient les acteurs, devient une façade qui sert de décor. A l’issue des représentations, les jurés, tirés au sort, décernent le prix du poète victorieux et du meilleur chorège. Des prix spéciaux sont attribués aux acteurs. Après la fête, dans le théâtre même, une séance de l’ Ekklèsia , est consacrée à la critique de l’organisation des fêtes. C’est donc une véritable entreprise nationale que

20 ces grandes Dionysies. Et, sous Périclès, l’Etat avance aux citoyens pauvres les deux oboles de droit d’entrée qui servent à l’entretien du théâtre.

Le théâtre de Dionysos à Athènes

Nous sommes loin d’avoir la liste de tous les auteurs qui ont concouru et le hasard a en partie présidé au choix des pièces qui nous sont parvenues. Cependant dès le milieu du 5 ème s., les pièces d’Eschyle ont le droit d’être rejouées. Au 4 ème s. c’est le cas de Sophocle et d’Euripide. Le choix de ces grands auteurs (qui ne furent pas toujours couronnés) et donc en partie le choix des anciens.

Sophocle Sophocle, très tôt entré en compétition avec Eschyle (en 468 il remporte sa première victoire), est contemporain du siècle, mais ses tragédies conservées […] sont postérieures à 450 et nous reportent au temps de Périclès, dont il est l’ami. […] Son intervention est décisive dans l’évolution de la tragédie grecque et même du théâtre en général. Il centre ses pièces autour d’une personnalité de héros dont le caractère est défini. Le chœur devient spectateur et doit traduire les réactions de l’auditoire. Et le héros doit choisir : demeurer fidèle à luimême ou accepter un compromis. C’est ce qui donne aux pièces de Sophocle un caractère d’actualité qui en fausse malgré tout la perception historique. Comment saisir la dialectique profonde entre la justice des dieux et la liberté des hommes, qui est au cœur de ses tragédies, alors que ces mots, justice et liberté, ont pris des résonances si différentes à travers les époques, y compris la nôtre ? La beauté de la langue tragique, la puissance de ces images sont, elles aussi, des miroirs difficiles à appréhender. Quelle résonance exacte avaientelles sur les Athéniens entassés sur les bancs de bois, nous ne le saurons jamais. Ce que nous pouvons le mieux cerner […] c’est l’aspect à la fois national et religieux de ces célébrations collectives qui eurent très vite leurs admirateurs dans toute la Grèce.

Extraits de M.-C. Amouretti, F. Ruzé, Le monde grec antique , Hachette Supérieur, 2003.

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Listes des personnages

Les Trachiniennes Antigone Electre

Déjanire Antigone Le Précepteur La Nourrice Ismène Oreste Hyllos Le Chœur Pylade Le Chœur Le Coryphée Electre Le Coryphée Le Garde Le Chœur Le Messager Hémon Chrysothémis Lichas Tirésias Clytemnestre Iole Eurydice Le Coryphée Le Vieillard Le Messager Héraclès Le Second Messager

Les pièces en résumé

Les Trachiniennes A Trachis, Déjanire, prévenue par son fils Hyllos du retour de son mari Héraclès, est folle de joie. Ce sentiment s’estompe et se transforme lorsque Lichas, messager et compagnon d’Héraclès, lui apprend que ce dernier est accompagné par la jeune Iole pour laquelle il brûle. Folle de jalousie, elle fait envoyer à Héraclès une tunique trempée dans le sang de Nessos, pensant ainsi se garantir l’amour d’Héraclès. Mais le sang est empoisonné, et au lieu de raviver son amour pour elle, Déjanire le condamne à une mort lente. Apprenant l’événement, elle se suicide alors que son époux arrive à Trachis.

Antigone Pour avoir enterré son frère rebelle Polynice, tué dans sa lutte avec son frère Etéocle, Antigone, qui a enfreint le décret de Créon, doit être punie de mort. Le tyran refuse de revenir sur sa décision malgré les lamentations du chœur des vieillards de Thèbes et les supplications de son propre fils Hémon, fiancé d’Antigone. Seuls les présages de Tirésias le font changer d’avis, mais il est trop tard.

Electre Agamemnon, le roi de Mycènes, a été assassiné par son épouse Clytemnestre et son amant Egisthe qui règnent désormais tous deux sur la cité. Electre, fille d’Agamemnon, connaît depuis une existence misérable au palais de Mycènes. Elle espère ardemment le retour de son frère Oreste pour venger le meurtre de leur père.

Wajdi Mouawad , Robert Davreu , Traduire Sophocle , Actes SudPapiers, juin 2011.

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Mythes et destinées artistiques Déjanire

NESSUS

Du temps que je vivais à mes frères pareil, et comme eux ignorant d'un sort meilleur ou pire, les monts Thessaliens étaient mon vague empire et leurs torrents glacés lavaient mon poil vermeil.

Tel j'ai grandi, beau, libre, heureux, sous le soleil. Seule, éparse dans l'air que ma narine aspire, la chaleureuse odeur des cavales d'Épire inquiétait parfois ma course ou mon sommeil.

Mais depuis que j'ai vu l'Épouse triomphale sourire entre les bras de l'Archer de Stymphale, le désir me harcèle et hérisse mes crins ;

car un Dieu, maudit soit le nom dont il se nomme, a mêlé, dans le sang enfiévré de mes reins, au rut de l'étalon l'amour qui dompte l'homme.

José Maria De Heredia , Nessus , in LesTrophées, 1893

Guido Reni , Déjanire enlevée par le centaure Nessus , 16171621, huile sur toile, Musée du Louvre, Paris.

Antigone

William Henry Rinehart , Antigone versant une libation sur la tombe de Polynice , 1867, marbre, MetropolitanMuseum of Art, New York.

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[…] Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone, c’est la petite maigre qui est assise làbas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule ne face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir. […] Jean Anouilh , Antigone , début du prologue, La Table Ronde, 1946 / 2008.

Electre […] ELECTRE. Tu me dis tout par ta présence. Taistoi. Baisse les yeux. Ta parole et ton regard m’atteignent trop durement, me blessent. Souvent je souhaitais, si jamais un jour je te retrouvais, de te retrouver dans ton sommeil. Retrouver à la fois le regard, la voix, la vie d’Oreste, je n’en puis plus. Il eût fallu que je m’entraîne sur une forme de toi, d’abord morte, peu à peu vivante. Mais mon frère est né comme le soleil, une brute d’or à son lever… Ou que je sois aveugle, et que je regagne mon frère sur le monde à tâtons…Ô joie d’être aveugle, pour la sœur qui retrouve son frère. Vingt ans mes mains se sont égarées sur l’ignoble ou sur le médiocre, et voilà qu’elles touchent un frère. Un frère où tout est vrai. Il pourrait y avoir, insérés dans cette tête, dans ce corps, des fragments suspects, des fragments faux. Par un merveilleux hasard, tout est fraternel dans

Oreste et Electre devant la tombe d'Agamemnon , Oreste, tout est Oreste ! […] amphore à figures rouges, vers 335320 avant Jean Giraudoux , Electre , Acte I, scène 8, Le livre J.C. (détail). de Poche, 1937 / 1987.

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ECHOS DANS LA PRESSE

Wajdi Mouawad sauvé par Sophocle

La lecture des tragiques grecs fut fondatrice pour Wajdi Mouawad. Aujourd'hui patron de deux compagnies, à Paris et à Montréal, le metteur en scène d'origine libanaise y a retrouvé les questions qui le hantent. Avant Avignon, il présente « Des femmes », une trilogie de Sophocle, en avant première à Cenon (Gironde), jusqu'au samedi 2 juillet.

Il pourrait être l'auteur tragique d'aujourd'hui : à Avignon, en 2009, sa tétralogie « Le Sang des promesses » enflammait le public et racontait, sur fond de guerre et d'exil, l'errance souffrante de personnages à la recherche de leurs origines. Sans tordre le cou à la longue histoire du théâtre ni forcer la comparaison, on peut dire que peu d'artistes comme Wajdi Mouawad, ces dernières années, ont aiguisé leur art à cette meulelà. Il revient en force, cet été, au festival, avec, « Des femmes », une trilogie de Sophocle composée des Trachiniennes, d' Antigone et d' Electre . D'autres cycles suivront (« Des héros », « Des mourants » (1)), puisque le projet de Mouawad est de mettre en scène les sept pièces connues du poète tragique d'ici à 2015. A 20 ans, il lit l' Iliade et l' Odyssée, tout Eschyle, Sophocle et Euripide, et cela le sauve. Le mot n'est pas trop fort : jeune homme, il pousse la porte de l'Ecole nationale de théâtre de Montréal et découvre sa voie. La lecture des Grecs lui permet de recoller « les morceaux du puzzle ». Tous ces éléments comme autant de souffrances accumulées : la guerre du Liban des années 1970 ressentie dans sa chair alors qu'il a 8 ans, le premier exil de Beyrouth à Paris ; le deuxième, à 15 ans, plus douloureux encore, de Paris vers Montréal. Francophone passionné dont la vraie terre d'élection, déjà, était la littérature, il se retrouve alors un peu hors sol dans une société américanisée qui valorise sans doute moins les mots que les images.

« Le tragique est une lumière douloureuse qui révèle aux hommes leur aveuglement. Ajax ne supporte pas la vérité et se tue. Aujourd'hui, il se serait trouvé un bon avocat. »

Aujourd'hui patron de deux compagnies, à Paris et à Montréal, directeur du prestigieux Théâtre français du Centre national des arts d'Ottawa, il n'oublie pas ses premières lectures fondatrices : « J'ai eu la chance redécouvrir ces textes au bon moment. Je n'ai pas vécu le « tragique » dans toute l'ampleur du mot, mais l'ai frôlé sans le savoir. Et à force de lire ces auteurs, j'ai entendu leur message : « Ne présume pas de toi. Ne dis pas : Jamais, je ne commettrai d'acte épouvantable. » Car tous leurs héros ne cessent de claironner leur vertu et sont pourtant rattrapés, à la fin... Que seraisje devenu, moi, chrétien maronite d'origine, si j'étais resté au Liban ? Seraisje entré dans les milices responsables des massacres de Sabra et Chatila ? Je n'en sais rien. La fréquentation des tragiques grecs m'a rendu très modeste face à cette question. J'applique leur « connaistoi toi même » – que j'ai mis quelques années à dégager de la gangue psychanalytique dans laquelle le XXe siècle l'a enfermé. Il s'agit de « connaître » sa mesure : si tu penses que tu es un dieu, c'est

25 démesuré. Si tu crois que tu n'es rien, c'est sousévalué. Entre le rien et le dieu, où estu, toi ? Le héros tragique agit avec démesure en pensant qu'il est un dieu. L'Ajax de Sophocle, par exemple, tutoie Athéna et s'apprête à tuer sous ses yeux tous les généraux grecs dont Ulysse, le protégé de la déesse ! Ce type de dérapage existe dans l'actualité d'aujourd'hui, chez les hommes politiques, par exemple. Quand Athéna montre ensuite à Ajax sa démesure, il devient aussitôt un héros tragique : sa vérité lui apparaît avec une telle clarté qu'il en est ébloui mais dévasté. Le tragique est une lumière douloureuse qui révèle aux hommes l'aveuglement dans lequel ils sont. Ajax ne supporte pas la vérité et se tue. Aujourd'hui, il se serait trouvé un très bon avocat... » Quand Wajdi Mouawad cesse d'écrire ses sagas violentes et lyriques, souvent inspirées par le chaudron méditerranéen, pour laisser son « intériorité » en jachère ; quand il souhaite n'être « que » metteur en scène de sa bande fidèle et engagée, c'est naturellement vers Sophocle qu'il se tourne. Un auteurclé de l'histoire du théâtre comme de la démocratie… Comme si à Athènes, au Ve siècle avant notre ère, Sophocle mettait en scène des rois et des reines, des histoires de famille où tous s'entretuent, afin de faire la preuve, par le pire, de la nécessité d'une nouvelle organisation politique. « Ses œuvres sont des signaux d'alerte et l'on voit bien comment, de pièce en pièce, la lumière est de plus en plus rouge. Après Les Trachiniennes, où Déjanire, la femme d'Hercule, tue son mari sans le vouloir vraiment, Electre traite de l'agonie d'un système. Sophocle y décrit un monde sans justice et sans loi. Electre veut que son frère, Oreste, tue sa mère et son amant, Egisthe, pour venger leur père. La reine Clytemnestre répond qu'elle a tué Agamemnon parce qu'il a tué leur propre fille… C'est sans fin. Les anciens Grecs découvrent à la même époque que les Hindous que la vie est faite de souffrances, mais n'y répondent pas comme eux par la distance. Ils comptent sur la pensée et le langage, et créent la démocratie, le théâtre et la philosophie pour les diluer et les dépasser. La scène devient alors le lieu d'identification privilégié des citoyens. » Là où se joue la fameuse catharsis, la sublimation de leurs maux. Mouawad se sent plus proche de Sophocle que d'Eschyle ou d'Euripide. Car chez lui, point d' « obéissance absolue aux dieux » comme chez Eschyle ni de « cynisme » comme chez Euripide. « Sophocle est celui qui doute, oscille entre espoir et désespoir, avant d'aboutir à Œdipe à Colone, sa dernière pièce, en forme de réconciliation avec le monde, écrite à l'âge de 82 ans. »

« Il n'y a pas la moindre provocation de ma part. Ma motivation est avant tout artistique : je voulais un chœur de style rock et j'aime la voix de Bertrand Cantat. »

Si le jeune Wajdi a eu besoin du théâtre grec pour se saisir de la vie et l'interpréter, le metteur en scène aguerri s'empare toujours aussi spontanément de ces texteslà pour trouver des réponses. On lui demande s'il n'a pas, à son tour, présumé de la tolérance de ses concitoyens en ayant invité Bertrand Cantat – après que l'ancien chanteur de Noir Désir a purgé sa peine pour le meurtre de Marie Trintignant – à rejoindre les douze autres interprètes, comédiens et musiciens, sur la scène d'Avignon ou de Montréal… Il brandit son Sophocle. Et tranche avec fermeté à l'aide d'une réplique d'Antigone au roi Créon, qui lui interdit d'enterrer son frère, coupable de trahison envers la patrie : « Il n'y a pas de honte à honorer ceux qui sont issus de la même chair [...] Je suis faite pour aimer, non pour haïr. »« Moi aussi, je suis fait pour aimer, commentetil, et la question que je pose est très claire : comment prendon soin du vivant qu'il est, lui, Bertrand Cantat, et non pas du vivant qu'on aimerait qu'il soit ? Mais il n'y a pas la moindre provocation de ma part. Ma motivation est avant tout

26 artistique : je voulais un chœur de style rock et j'aime sa voix. Et puis j'ai une foi absolue, radicale, dans l'art. Je me suis promis de faire le meilleur spectacle possible, comptant sur le théâtre pour que personne, dans le public, ne soit prisonnier de l'image de Bertrand Cantat sur la scène. »

Sévèrement attaqué au Québec en avril (2), il s'est d'abord braqué, drapé aussi dans une sorte d' ubris (la démesure des héros grecs) ! Trois semaines avant la première, il considère les choses de façon plus apaisée : « J'entends bien aujourd'hui les arguments comme « ce n'est pas encore le temps pour lui de revenir à son métier », et même si je m'interroge sur l'instance qui décidera du « bon » moment, il y a dans le calendrier de tournée des représentations avec ou sans Bertrand Cantat. Le public choisira. » Chacun, selon son envie ou sa conscience, ira ici ou là. A l'écoute, on l'espère, de la voix des Grecs. Emmanuelle Bouchez, sur http://www.telerama.fr , le 25 juillet 2011.

(1) « Des héros » : « Ajax », « Œdipe roi ». « Des mourants » : « Philoctète », « Œdipe à Colone ». Nouvelles traductions de Robert Davreu, éd. Actes SudPapiers. (2) Au Québec, l'affaire a pris une tournure politique, comme à Barcelone, où le Festival grec a déprogrammé le spectacle. Bertrand Cantat a décidé de ne pas jouer à Avignon , par respect pour la douleur de la famille Trintignant.

L’ex-Noir Désir illumine «Des Femmes», création bancale de Wajdi Mouawad. Sophocle en Cantat triste

La dernière fois qu’il avait chanté en public, c’était le 13 octobre 2010 à Mérignac, dix jours après une première apparition à Bègles et trois ans après sa sortie de prison, en octobre 2007. C’est encore une salle de la banlieue bordelaise qui a accueilli mardi soir Bertrand Cantat. Comme si et sa région étaient décidément le seul endroit au monde où le fondateur du groupe Noir Désir, meurtrier de sa compagne Marie Trintignant en juillet 2003, pouvait se produire en public, sans soulever de controverses. La première représentation, mardi, s’est même déroulée dans un certain anonymat. Les 700 places de la grande salle du Rocher de Palmer, luxueux espace musical inauguré en septembre à Cenon, n’étaient pas toutes occupées, seule la présence d’une voiture de police, garée sur le terreplein devant la salle, attestant du caractère particulier de la soirée. Cette fois pourtant, il ne s’agit pas d’une courte apparition à la fin d’un concert le temps de deux ou trois chansons. Le metteur en scène québécois d’origine libanaise Wajdi Mouawad (également auteur et cinéaste) n’a pas seulement demandé à Cantat de composer et de jouer live la musique pour la trilogie Sophocle qu’il présente sous le titre Des femmes. Dans les trois pièces (les Trachiniennes, Antigone, Electre), le chanteur interprète seul toutes les paroles du chœur. Ou plutôt devait interpréter.

ÂME. Partie du Canada, où le spectacle doit être présenté en 2012, une violente polémique a rebondi en France, où Des Femmes figure à l’affiche du prochain Festival d’Avignon. JeanLouis Trintignant, père de Marie Trintignant, qui était censé enregistrer à Avignon une lecture pour , avait

27 fait savoir qu’il refusait de se produire dans la même ville que le meurtrier de sa fille. «Par respect de la douleur de JeanLouis Trintignant», le chanteur avait annoncé qu’il renonçait aux représentations d’Avignon. De même, il ne participera pas à la tournée canadienne. D’autres dates ont dû être annulées. Le festival grec de Barcelone, où Des femmes devait être créé ces joursci, ayant déclaré Cantat non grata , Wajdi Mouawad et sa troupe se sont rabattus sur des terres plus hospitalières, à Cenon donc. Les trois pièces y sont créées successivement cette semaine, avant deux intégrales vendredi et samedi. Mardi, pour la première des Trachiniennes, il est vite apparu que Cantat était, en plus du compositeur, l’âme d’un spectacle qui, sans lui, est à la peine. Sans doute le projet atil besoin de se rôder et ne peuton préjuger, d’après la première partie de la trilogie, du résultat final. Reste qu’à chaque intervention de Cantat, la représentation prend un sens et une force qui, le reste du temps et pour l’heure, lui font défaut. Difficile de démêler chez Mouawad la part d’intuition géniale, de générosité, de naïveté et de calcul dans la décision de faire de Cantat le chœur de son projet. Retraduite du grec par le poète et traducteur Robert Davreu (1), la langue de Sophocle dans la voix du chanteur résonne et trouble à chaque syllabe : «Nuit étoilée, malheurs, richesses/ Rien qui soit durable pour les humains/ Tout brusquement s’en va/ Qui à quelque autre échoit/ Lequel le perd à son tour.» Toujours au second plan, dans la pénombre, visage barbu et silhouette légèrement alourdie, Cantat porte très haut le besoin de dire.

MOMIE. Les Trachiniennes raconte la méprise de Déjanire, qui, croyant offrir à son époux Héraclès une tunique enduite d’un philtre d’amour, l’empoisonne et le condamne à mort dans d’horribles souffrances. La mise en scène de Mouawad n’évite pas l’écueil de l’emphase kitsch. La simplicité du décor des chaises étant contredite par des panneaux monumentaux et l’utilisation d’une machinerie lourde. Pas évidente non plus, la décision de faire interpréter Héraclès mourant par la même actrice qui joue Déjanire. Le passage de l’un à l’autre personnage donnant lieu à une scène tragicomique que l’on imagine involontaire, où Héraclès apparait étendu sur son catafalque comme un blessé et entouré de bandelettes sur un lit d’hôpital, avec le chœur Cantat donc muet au chevet de la momie : pire qu’une provocation, une faute de goût. Le chœur, à ce momentlà, a déjà dit tout ce qu’il avait à dire, notamment dans une séquence a cappella aux accents flamenco ( «Du Cantat Hondo », résumait judicieusement une spectatrice). «Que doisje en premier pleurer ? Quel malheur le plus achevé ?/ Impossible pour moi, hélas, d’en décider. […] Puisse un vent favorable et violent/ Se lever sur cette demeure/ Pour m’emporter loin d’ici/ De peur que je ne meure d’effroi. » Le vent l’a emporté. René Solis, sur http://next.liberation.fr , le 30 juin 2011.

(1) Actes SudPapiers.

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L’EQUIPE ARTISTIQUE

Wajdi Mouawad Né en octobre 1968, l’auteur, metteur en scène et comédien Wajdi Mouawad a passé son enfance au Liban, son adolescence en France et ses années de jeune adulte au Québec avant de vivre en France aujourd’hui. Il obtient en 1991 le diplôme en interprétation de l’École nationale de théâtre du Canada à Montréal et codirige aussitôt avec la comédienne Isabelle Leblanc sa première compagnie, Théâtre Ô Parleur. En 2005, il crée les compagnies de création Abé Carré Cé Carré avec Emmanuel Schwartz au Québec et Au Carré de l’Hypoténuse en France. Parallèlement, il prend en 2000 la direction artistique du Théâtre de Quat’Sous à Montréal pour quatre saisons. Associé avec sa compagnie française à l'Espace Malraux, scène nationale de Chambéry et de la Savoie, de 2008 à 2010,il est en 2009 l’artiste associé de la 63 ème édition du Festival d’Avignon, où il propose le quatuor Le Sang des Promesses . Depuis septembre 2007, il est directeur artistique du Théâtre français du Centre national des Arts d’Ottawa. En septembre 2011, il devient artiste associé au Grand T scène conventionnée LoireAtlantique. Sa carrière d’auteur et de metteur en scène s’amorce au sein du Théâtre Ô Parleur en portant au plateau ses propres textes : Partie de cachecache entre deux Tchécoslovaques au début du siècle 1991, Journée de noces chez les Cromagnons 1994 et Willy Protagoras enfermé dans les toilettes 1998, puis Ce n’est pas la manière qu’on se l’imagine que Claude et Jacqueline se sont rencontrés coécrit avec Estelle Clareton 2000. C’est en 1997 qu’il effectue un virage en montant Littoral 1997 qu’il adapte et réalise au cinéma en 2005 ; expérience qu’il renouvelle avec Rêves 2000, puis 2003 qu’il recrée en russe au Théâtre Et Cetera de Moscou et Forêts 2006. En 2008, il écrit, met en scène et interprète Seuls . En 2009, il se consacre au quatuor Le Sang des Promesses , qui rassemble, en plus d’une nouvelle version de Littoral , les spectacles Incendies , Forêts et une création Ciels . Wajdi Mouawad propose en mars 2011 sa dernière création intitulée Temps . Il écrit également un récit pour enfants Pacamambo , un roman Visage retrouve , ainsi que des entretiens avec André Brassard : Je suis le méchant ! Comédien de formation, il interprète des rôles dans sept de ses propres spectacles, mais aussi sous la direction d’autres artistes comme Brigitte Haentjens dans Caligula d’Albert Camus 1993, Dominic Champagne dans Cabaret Neiges noires 1992ou Daniel Roussel dans Les Chaises d’Eugène Ionesco 1992. Plus récemment, il interprète Stepan Fedorov dans la pièce Les Justes de Camus mise en scène par . Parallèlement, il met en scène d’autres univers : Al Malja 1991 et L’Exil de son frère Naji Mouawad, Voyage au bout de la nuit de LouisFerdinand Céline, Macbeth de Shakespeare 1992, Tu ne violeras pas de Edna Mazia 1995, Trainspotting de Irvine Welsh 1998, OEdipe Roi de Sophocle 1998, Disco Pigs de Enda Walsh 1999, Les Troyennes d’Euripide 1999, Lulu le chant souterrain de Frank Wedekind 2000, Reading Hebron de Jason Sherman 2000, Le Mouton et la baleine de Ahmed

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Ghazali2001, Six personnages en quête d’auteur de Pirandello 2001, Manuscrit retrouvé à Saragosse opéra de Alexis Nouss 2001, Ma mère chien de Louise Bombardier 2005et Les trois Sœurs de Tchekhov 2002 encore en tournée. Il se consacre aujourd’hui à porter au plateau les sept tragédies de Sophocle.

Depuis plusieurs années, chaque étape du travail de Wajdi Mouawad marque un rapprochement entre les pratiques théâtrales en France et au Québec. La création de Littoral en 1997 à Montréal lui offre l’opportunité d’une tournée française qui conduira la jeune équipe québécoise jusqu’au festival d’Avignon. Incendies est créé en France, avec une équipe totalement québécoise et une coproduction entre théâtres français et québécois. Avec Forêts , en 2006, la collaboration devient également artistique, réunissant interprètes, concepteurs, techniciens, équipes de production partagés entre la France et le Québec. En 2009, le processus se poursuit avec Le Sang des Promesses , réunissant durant deux saisons soixante personnes françaises et québecoises. Dès lors, tous ses spectacles engagent conjointement ses deux compagnies de création fondées en 2005, Au Carré de l’Hypoténuse en France et Abé Carré Cé Carré au Québec.

Au Carré de l’Hypoténuse C’est pour explorer de nouvelles méthodes de travail et s’enrichir d’expériences différentes que Wajdi Mouawad a implanté une partie de son aventure artistique en France. Dans la perspective de la création du spectacle Forêts est donc née l’initiative de monter une structure française. L’histoire du spectacle se situant des deux côtés de l’océan, il semblait naturel que l’équipe artistique et administrative soient construites sur le même mode. La compagnie emprunte son intitulé aux mathématiques de Pythagore, en référence au théorème homonyme : dans un triangle rectangle, le carré de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés.

Abé Carré Cé Carré Fondée par Wajdi Mouawad et Emmanuel Schwartz, la compagnie prend sa source dans les envies de ses deux directeurs artistiques en leur permettant une liberté quant à la création et la production des spectacles. Ces deux comédiensauteurs metteurs en scène se sont rencontrés lors des Auditions Générales du Quat’Sous. Issus de deux générations, situés à des étapes différentes dans leur relation à la création, ils ont lié leurs efforts pour travailler ensemble et séparément, en créant leur outil. Cette compagnie est inspirée et guidée par le triangle rectangle de Pythagore, nommé selon le théorème A2 + B2 = C2.

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Biographies Camille Adam France >Les Trachiniennes, Antigone, Électre Le Chœur – chant Après un double cursus universitaire en théâtre et conception de projets artistiques, elle participe à plusieurs expériences scénographiques notamment au Grand Théâtre de Bordeaux, au Théâtre de L'Odéon et au Théâtre des Amandiers. Travaillant dernièrement aux côtés de Clyde Chabot, Catherine Baÿ, elle est aussi comédienne dans des courts métrages, performances in situ et projets collectifs tel que Formats 3. Chanteuse, elle collabore à divers projets musicaux dont le chœur pop Les Crane Angels. Elle crée Et puis les artisans au TNT à Bordeaux au sein du collectif Le projectif, puis signe en 2009 la comise en scène des Quatres Jumelles de Copi. Parallèlement, elle mène des ateliers de recherche et interventions en arts du spectacle à l'université Montaigne à Bordeaux.

Angelo Barsetti Québec > Maquillages et coiffures Issu des arts plastiques, il se fait connaître dans les milieux de la danse et du théâtre comme maquilleur. Depuis plus de vingt ans, il collabore auprès de metteurs en scène tels André Brassard, René Richard Cyr, Eric Jean, Claude Poissant et développe une grande fidélité avec Denis Marleau, Brigitte Haentjens et Wajdi Mouawad, pour lequel il crée les maquillages de Willy Protagoras enfermé dans les toilettes , Rêves et Le Sang des Promesses . Il est aussi très lié aux chorégraphes Catherine Tardif, Sylvain Emardet Louise Bédard. Angelo Barsetti se consacre de plus en plus à la photographie.

Bertrand Cantat France >Les Trachiniennes, Antigone, Électre Le Choeur composition et chant Depuis le début des années 80 et jusqu’en 2010, il appartient au groupe Noir Désir au sein duquel il chante, joue de la guitare et de l’harmonica en plus de signer les textes. Avec la production d’une dizaine d’albums en studio ou live, et de nombreuses tournées à l’international, les orientations musicales du groupe sont imprégnées d’influences allant de MC5 à Brel et Ferré. Dans le cadre ou en parallèle de cette aventure internationale, il multiplie les collaborations artistiques, notamment avec Theo Hakola de Passion Folder, Akosh S, Alain Bashung, Têtes Raides, Brigitte Fontaine, Denez Prigent, Eiffel, Sixteen Horsepower, Rodolphe Burger entre autres. Il avait prêté sa voix dans le spectacle Ciels de Wajdi Mouawad.

Eric Champoux Québec > Lumières Issu de l’Ecole nationale de Théâtre de Montréal cuvée 1997 où il rencontre Wajdi Mouawad, il crée pour lui les éclairages de Ma Mère Chien de Louise Bombardier, Les trois Sœurs deTchekhov, Incendies, Forêts , Seuls , Temps ... Il travaille également avec Alice Ronfard pour Désordre publique et L’Avare de Molière, Yves Desgagnés pour Le Songe d’une nuit d’été et Les Joyeuses commères de Windsor de Shakespeare, Claude Poissant pour Le Traitement , Marie Gignac pour Leçon d’anatomie ... Il crée les lumières d’une récente production du Cirque du Soleil sous chapiteau OVO . Il est également artiste peintre ; dans son travail les médiums se rencontrent et se mélangent (http://ewchampoux.emonsite.com/ ).

Olivier Constant France >Les Trachiniennes Lichas / Antigone Le garde / Électre Pilade Après le Conservatoire Royal de Bruxelles et l'Ecole du Théâtre National de Strasbourg en 1999,il travaille notamment avec Laurence Vielle, Pietro Pizzuti, Georges Aperghis, Luca Ronconi dans Ce soir on improvise de Pirandello, Guillaume Delaveau dans Peer Gynt d’Ibsen, Lisa Wurmser dans Le Maitre et Marguerite de Boulgakov, Philippe Adrien dans Le Roi Lear de Shakespeare et Ivanov de Tchekhov, Gloria Paris, Alice Laloy, AnneLaure Liégeois dans Embouteillage , Edouard II de Marlowe et La Duchesse de Malfi de Webster en 2010. Il crée avec Christian Gangneron le monologue de Wajdi Mouawad Un Obus dans le coeur . Il travaille également au sein de la Compagnie Les Loups, qui crée Canis Lupus puis Les Éphémères d’après Virginia Woolf. Auprès de Wajdi Mouawad, il joue dans Forêts et Ciels .

Emmanuel Clolus France > Scénographie Au théâtre et à l’opéra, il signe pour Stanislas Nordey une trentaine de scénographies, dont Incendies de Wajdi Mouawad. Au Festival d'AixenProvence, il a réalisé les décors de la création mondiale Le Balcon de Peter Eötvös. Parallèlement, il a travaillé avec différents metteurs en scène dont Frédéric Fisbach, François de Carpentries, Arnaud Meunier et actuellement Eric Lacascade. Depuis Forêts , il signe les scénographies des spectacles de Wajdi Mouawad.

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Samuel Côté Québec > Les Trachiniennes Hyllos / Antigone Hémon / Électre Oreste Diplômé en interprétation du Collège LionelGroulx en 2009, il participe à plusieurs créations collectives et travaille auprès de metteurs en scène comme Daniel Paquette, Reynald Robinson, MarieFrance Marcotte, Catherine Bégin, Jean Turcotte, Suzanne Garceau notamment au service de pièces de Corneille, Racine, Molière, Strindberg, Steinbeck, aussi bien que d’auteurs contemporains. On le voit notamment dans Roomtone de Nico Gagnon mis en scène par Sébastien Gauthier, et tout dernièrement dans Les Incroyables Aventures de Thierry Ricourt de MarieLise Chouinard.En 2010, il met en scène Au bout du fil de Evelyne de la Chenelière. Parallèlement à ses rôles d’interprète dans des productions théâtrales, télévisuelles et de courtsmétrages, il dirige des ateliers de théâtre pour la jeunesse au Québec.

Robert Davreu France > Traduction Prag de philosophie, il enseigne la littérature comparée à l’Université Paris VIII de 1990 à 2009. Poèteédité chez Gallimard, Seghers, AM Métailié et Belin, ses deux derniers recueils Au passage de l’heure et Moments perdus sont publiés chez José Corti. Il traduit de nombreux auteurs anglosaxons dont Keats, Shelley, les Brontë, Thomas Hardy, Henry James, Arnold Bennett, Philip Larkin, E.E. Cummings,Graham Swift. Du grec, il a traduit l’ Érotokritos de Cornaros (José Corti/AET) et récemment Insenso de Dimitris Dimitriadis (en collaboration avec C.Bobas, Éditions Espaces 34) . Ancien membre du bureau de lecture de FranceCulture, il collabore régulièrement à des programmations en matière de fictions et de poésie et appartient, depuis sa fondation, au comité de rédaction de la revue Po&sie . Le prix Baudelaire de la traduction lui a été décerné en 1985 par le British Council et la SGDL.

Sylvie Drapeau Québec > Les Trachiniennes Déjanire, Héraclès / Électre Clytemnestre Issue de l’Ecole nationale de théâtre de Montréal, elle est actrice dans plusieurs productions cinématographiques, et reçoit le Prix Jutra de la meilleure actrice de soutien en 2002 pour 15 Février 1839 de Pierre Falardeau. On la voit surtout au théâtre dans une cinquantaine de pièces, dirigée par Eric Jean, Carl Béchard, Denis Marleau, Brigitte Haentjens, MarieThérèse Fortin, André Brassard, Pierre Bernard, Lorraine Pintal mais aussi Françoise Faucher, Alice Ronfard, René Richard Cyr, Martine Beaulne, Denise Filiatrault, Alexandre Marine notamment, pour qui elle interprèteles rôles titres notamment de Marie Stuart de Schiller, Un tramway nommé désir de Tenesse Williams et en 2010 Vassa de Gorki. Plusieurs prix d’interprétation lui ont été décernés dont Le Masque, le Prix GasconRoux ou le Prix de l'Association des critiques de théâtre.

Bernard Falaise Québec > Les Trachiniennes, Antigone, Électre Le Choeur composition et guitare Guitariste, compositeur et improvisateur, il explore des domaines musicaux variés en utilisant aussi bien l’écriture traditionnelle que la technologie numérique. Il collabore au sein de nombreuses formations dont Klaxon Gueule, Miriodor, Les Projectionnistes, Foodsoon et auprès de personnalités comme André Duchesne, Pierre Cartier, Urbain Desbois, Frank Martel, Pierre Labbé, Michel F. Côté, Martin Tétreault et Lori Freedman. Il écrit des pièces pour divers ensembles musicaux dont le Quatuor Bozzini et Quasar et réalise les disques de Frank Martel, Jorane, MarieJo Thério et Les Païens notamment. Récipiendaire du prix Opus « disque actuel/électro de l’année » pour le cd Clic en 2007, il signe de nombreuses bandes sonores pour le cinéma et la télévision, le théâtre, la danse pour Robert Lepage, David Pressault, Marcelle Hudon, Hélène Langevin, Brigitte Haentjens entre autres.

Charlotte Farcet France > Antigone Antigone / Électre Chrysothémis Ancienne élève de l’École Normale Supérieure, agrégée de Lettres Modernes, elle est dramaturge. Elle a accompagné le travail de Jacques Nichet, Adrien Mondot, MarieThérèse Fortin, Yannick Jaulin. Elle collabore depuis 2008 aux créations de Wajdi Mouawad Seuls, Ciels et Temps . Elle est l’auteur des postfaces des publications de Littoral et Incendies parus aux éditions Babel.

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Raoul Fernandez France > Les Trachiniennes Le messager / Antigone Le Coryphée Issu d’une formation universitaire théâtrale, il travaille aux Ateliers Couture Opera Garnier sous la direction de Rudolf Noureev et Patrick Dupond et effectue des stages aux EtatsUnis, en Italie avec Jerzy Grotowski, à Cuba et en Russie avec Anatoli Vassiliev. Partageant sa carrière entre création de costumes et jeu, il travaille avec JeanFrançois Sivadier dans La Dame de chez Maxim de Feydeau, JeanMarie Patte à l’Odéon, Marcial Di Fonzo Bo dans Le Frigo de Copi. En 2011, il joue Le Funambule de Genet et réalise les costumes de deux opéras : La Métamorphose de Levinas à et Le Dialogue des Carmélites à Séoul. Il collabore depuis vingt ans avec Stanislas Nordey avec Incendies de Wajdi Mouawad, Porcherie de Pasolini, Cris de Laurent Gaudé et dernièrement Les Justes de Camus.

Pascal Humbert France / EtatsUnis > Les Trachiniennes, Antigone, Électre Le Choeur composition et basse Cofondateur avec Elsa Drezner du groupe Tanit de 1981 à 1985, il collabore avec Theo Hakolaau sein de Passion Folder jusqu’en 1991. Avec le batteur JeanYves Tola et David Eugene Edwards, ils fondent l’année suivante les Sixteen Horsepower, qu’il réintègre de 1997 à 2005. Parallèlement, il développe un projet plus personnel nommé Lilium et avec lequel il réalise trois albums. Il retrouve en 2007 David Eugene Edwards au sein de son groupe Wovenhand. Par ailleurs, il collabore à plusieurs albums dont Little Scratches avec Rob Ellis et John Parish, ou God’s country avec Bruno Green. Il compose également les bandes originales des films L’Ete Indien puis La Cage d’Alain Raoust.

Sophie Jodoin Québec > Illustrations Artiste montréalaise, sa démarche de création se concentre principalement sur la représentation de la figure humaine par le biais du dessin, de la peinture, de la photographie et de la vidéo. L’usage exclusif du noir et blanc, le phénomène sériel de répétition et l’épuration de la présentation visuelle font partie du langage de l’artiste. Ses œuvres de la série Régiment et de Small Dramas&Little Nothings ont été choisies pour les affiches et le programme de la saison 20092010 du Théâtre français du Centre national des Arts dirigé par Wajdi Mouawad, sous le titre « Nous sommes en manque ».( www.sophiejodoin.com )

Isabelle Larivière Québec > Costumes Costumière et scénographe, elle a créé les costumes pour Denis Marleau du Complexe de Thénardier et collabore depuis plusieurs années au travail de Wajdi Mouawad en réalisant les costumes de Six personnages en quêtes d’auteur, Les Troyennes , Les trois Soeurs , Ma Mère chien , Seuls ainsi que ceux de chacun des spectacles du Sang des promesses . Par ailleurs, elle a signé la scénographie d’ Incendies à sa création.

Patrick Le Mauff France >Antigone Créon / Électre Égisthe Après avoir suivi la formation de l’école de Strasbourg, il mène une carrière de comédienmetteur en scène et dirige le Festival des Francophonies de 2000 à 2006. Ces dernières années, il rejoint la compagnie Blonba à Bamako comme metteur en scène associé pour les spectacles Bougouniéré invite à dîner et SudNord, le kotèba des quartiers et crée en 2010 Vérité de soldat de JeanLouis SagotDuvauroux. Parallèlement, il monte Le Prisonnier, un opéra de Luigi Dallapiccolla sous la direction musicale de Jerôme Kaltenbach. Pour Wajdi Mouawad, il a joué dans Littoral et Forêts .

Sara Llorca France >Antigone Ismène / Électre Electre Elle est formée par son père Denis Llorca, puis Dominique Valadié au Conservatoire National Supérieur d'Art dramatique de Paris (promotion 2009) où elle travaille auprès de Nada Strancart, YannJoël Collin, Stéphanie Loïc, Andrjez Seweryn, PierreFrançois Garel. Par ailleurs, elle est dirigée par Jacques Lassalle, Georges Werler et Michel Bouquet. Elle met en scène notamment sa sœur Odja dans le spectacle musical Carline d'Acanthe d’Emmanuel Faventines. Depuis 2006, elle s'associe à l'architecte Charles Vitez pour créer avec des camarades du Conservatoire les spectacles Tambours dans la nuit de Brecht, Les Deux Nobles Cousins de Shakespeare et Fletcher, Théâtre à la campagne de David Lescot, et prépare de prochains projets. Elle chante aussi pour le groupe rock Les Indolents.

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Alexander MacSween Québec >Les Trachiniennes, Antigone, Électre Le Choeur composition et batterie Musicien et compositeur, il a participé à de nombreux projets de danse, théâtre et cinéma, travaillant avec Marie Brassard, André Gingras, François Girard, Brigitte Haentjens, Interlude T/O, Robert Lepage, José Navas et Necessary Angel Theatre Company notamment. En tant que batteur, il est actif dans les milieux du rock, de l'improvisation et de la musique électronique et a joué avec Paolo Angeli, Michel F. Côté, Bionic, Frank Gratkowski, The Nils, Sam Shalabi et Martin Tétreault. Ses performances musicales solo et installations sonores ont été présentées dans de nombreux festivals, incluant CitySonic, Sonorama et Mutek. Il enseigne par ailleurs le traitement du son en temps réel pour les arts de la scène au CECN ainsi que dans d’autres formations en Europe et en Amérique du Nord. http://alexandermacsween.com

Michel Maurer France > Réalisation sonore Issu de l'école du TNS, il est cofondateur avec Hervé Pierre et François Chattot du Théâtre du Troc. En parallèle de tournées internationales comme régisseur son avec Jacques Rosner, Elisabeth Maccoco, Maguy Marin, JeanPierre Vincent, il conçoit dès 1981 les bandessons de nombreux spectacles de Robert Gironès, Gilberte Tsaï, JeanPaul Farré, Bernard Murat, JeanLouis Thamin, François Rancillac, mais aussi Pierre Meunier, Bernard Bloch, Dominique Pitoiset, Philippe Berling, Christian Schiaretti, Claire Lasne... Il enseigne à l'Ecole supérieure D'Art Dramatique du TNS et à l'Ensatt depuis quinze années. Pour Wajdi Mouawad, il a signé la réalisation sonore du Sang des promesses et de Seuls .

Véronique Nordey France > Antigone Tiresias / Électre Le percepteur Comédienne, elle joue au cinéma auprès de réalisateurs tels Raymond Rouleau, JeanPierre Mockyou dernièrement Lucile Hadzihalilovic, Noémie Lvovsky, Anne Fontaine, Juliette Garcias et JeanXavier de Lestrade. Parallèlement, elle mène une carrière au théâtre sous la direction de metteurs en scène comme Jean Tasso, Alain Meilland, JeanChristophe Saïs, Garance Dor… Avec Stanislas Nordey, elle cofonde la compagnie Nordey en 1987 et joue dans plusieurs de ses spectacles, dont Violences de DidierGeorges Gabily, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne de JeanLuc Lagarce, Electre d’Hugo von Hofmannsthal, Das System de Falk Richter, Incendies de Wajdi Mouawad et Les Justes d’Albert Camus où elle rencontre Wajdi Mouawad. Elle a signé les mises en scène de L'Occasion de Mérimée, La nuit est aussi un soleil d'Arrabal et Iphigénie de Michel Azama. Elle a également enseigné l’art dramatique pendant une vingtaine d’années.

Marie-Eve Perron Québec / France > Les Trachiniennes, Électre Le Coryphée Après une licence en communication, elle suit le Conservatoire d’art dramatique de Montréal jusqu’en 2004. Depuis, elle a notamment travaillé comme comédienne sous la direction de Stanislas Nordey dans Forces . Fondatrice et directrice de la compagnie Les filles/dégaine, elle s’installe à Paris en 2008, signe son premier spectacle solo Marion fait maison et met en scène Le Baiser de et avec Valérie Puech. Depuis deux ans, elle incarne le personnage de Cathycassecouilles dans la série « Les Invincibles » diffusée sur Arte, pour lequel elle obtient une nomination au Festival de Monte Carlo. Elle prépare actuellement sa prochaine création solo Gars . Elle a joué dans Forêts et Littoral de Wajdi Mouawad.

Alain Roy Québec > Assistance à la mise en scène A sa sortie de l’École Nationale de Théâtre du Canada en production en 1984, il exerce différentes facettes de son métier : éclairagiste, directeur de production et technique. C’est à ce titre et celui de régisseur qu’il travaille pendant dix ans au Théâtre de Quat’Sous à Montréal. C'est là que Claude Poissant lui confie sa première assistance à la mise en scène et qu’il collabore ensuite à ce titre avec Denis Marleau, Denise Filiatrault, Denis Arcand, René Richard Cyr, Lorraine Pintal, Paul Buissonneau, Robert Lepage, Michel Tremblay entre autres... dans plus de quatrevingtdix productions théâtrales. Depuis 2001, il pratique son métier aux côtés de Wajdi Mouawad.

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Bibliographie Sophocle, Les Trachiniennes , traduction de Robert Davreu, Actes SudPapiers, 2011, Sophocle, Antigone , traduction de Robert Davreu, Actes SudPapiers, 2011, Sophocle, Electre , traduction de Robert Davreu, Actes SudPapiers, 2011, Wajdi Mouawad, Robert Davreu, Traduire Sophocle , Actes SudPapiers, 2011, Eschyle, Les Choéphores , Euripide, Electre , Sophocle, Electre , Le Livre de Poche, 2005, Olivier Py, Les Choéphores , in L’Orestie d’Eschyle, ActesSudPapiers, 2008, Hugo von Hofmannsthal, Elektra (livret de l’Opéra de Richard Strauss), Flammarion, 2002, Jean Giraudoux, Electre , Le Livre de Poche, 1987, Jean Anouilh, Tu étais si gentil quand tu étais petit , pièce tirée de l’ Electre de Sophocle et de l’ Electre d’Euripide, La Table Ronde, Eugene O’Neill, Le deuil sied à Electre , L’Arche, 1931, Marguerite Yourcenar, Electre ou la chute des masques , Plon, 1943, Eschyle, Les Sept contre Thèbes , Les Belles Lettres, 2002, Vittorio Alfieri, Antigone , 1789, Jean Cocteau, Antigone , Folio, 1922, , Antigone , L’Arche, 1948, Marguerite Yourcenar, Antigone ou le choix , Plon, 1957,

Vidéographie - Electre , film grec de Michael Cacoyanis, d'après l' Electre d'Euripide, 1962, - Le deuil sied à Électre , film de Dudley Nichols, d’après la trilogie d’Eugene O’Neill, (1947).

Sitographie extraits de mise en scène de l’opéra Elektra de Richard Strauss : http://www.youtube.com/watch?v=wtMMYZcYib0&feature=fvst , Eugène Durif, Variations Antigone, 2009 : http://www.theatrecontemporain.net/spectacles/VariationsAntigone , Un court extrait de la première à Cenon : http://www.youtube.com/watch?v=AUU3AGl2Zh8 , Wajdi Mouawad parle du spectacle Des femmes : http://www.youtube.com/watch?v=WaRRlhggaw4 .

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LA COMEDIE DE REIMS Centre dramatique national Direction : Ludovic Lagarde 3 chaussée Bocquaine 51100 Reims Tél : 03.26.48.49.00 www.lacomediedereims.fr

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