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Extrait De La Publication Extrait De La Publication Extrait de la publication Extrait de la publication Extrait de la publication Extrait de la publication Extrait de la publication Extrait de la publication INTRODUCTION Ce huitième tome de la Correspondance de Mallarmé contient les lettres actuellement retrouvées, écrites et reçues par lui au cours de l'année 1896. Une année seulement, contre les quelque dix-huit mois des tomes VI et VII, l'unique année du tome V, les deux années du tome IV, les quatre du tome III, les quinze du tome II et les dix du tome I. C'est que la densité de sa correspondance conservée devient de plus en plus considérable en moyenne, cinq lettres par semaine, permettant de reconstituer presque intégralement son emploi du temps. Cet emploi du temps reste terriblement chargé, pour un homme qui avait pris sa retraite à cinquante ans, dans l'espoir de pouvoir se consacrer entièrement à la littérature. En un sens, sa vie est effecti- vement vouée totalement aux Lettres, puisque tout ce qu'il fait se rattache de près ou de loin à cette passion maîtresse. Mais il s'agit trop souvent de la littérature des autres, qu'il s'agisse d'encourager les vivants ou de commémorer dignement les morts. Selon son habi- tude, il félicite ses amis décorés ou honorés Anatole France, de son élection à l'Académie Française, Jules Case et Francis Viélé-Griffin de leur nomination comme chevaliers de la Légion d'honneur, et François Coppée de son élévation au rang de commandeur de l'ordre. Le quart des lettres de ce volume sont adressées en remerciement de l'envoi de livres ou d'articles, par cinquante-cinq collègues; Mallarmé (pour ne citer que quelques exemples) salue impartialement /TJbu roi d'Alfred Jarry et la Rome d'Emile Zola, Le Coupable de François Coppée et Les Villes Tentaculaires d'Emile Verhaeren, le Journal d'Edmond de Goncourt (où Mallarmé est loué dans un passage édulcoré) et Les Hortensias bleus de Robert de Montes- quiou, Das Jahr der Seele de Stefan George et l'Aphrodite de Pierre Louys. Ces lettres de remerciement sont écrites dans ce que Mallarmé appelle « le fameux coup de balai épistolaireet qui a lieu chaque printemps, avant de quitter Paris, et chaque automne, avant de quitter Valvins. En novembre 1896, il annonce à Gene- viève qu'il a cinquante -deux de ces cartes, billets ou lettres à écrire; et il lui demande de dresser la liste des livres qui l'attendent à INTRODUCTION Paris. Pour cette seule année 1896, Mallarmé reçoit soixante et onze envois trente et un poèmes ou recueils de vers, treize romans ou contes, cinq pièces de théâtre, et vingt-deux ouvrages ou articles divers; cette servitude n'ira qu'en augmentant jusqu'à la fin de sa vie. Mallarmé continue à encourager ses collègues et confrères des arts et des lettres par des interventions en leur faveur. Il fait acquérir par l'État un portrait de Verlaine par Cazals; il essaie de faire revenir le jury du Salon de 1896 sur sa décision de ne pas retenir le portrait de Judith Cladel par Robert Picard; mais l'intervention de Mallarmé auprès du peintre officiel Roll reste sans effet. Il a plus de succès en recommandant J. Canqueteau et l'oncle du poète Maurice Du Plessys pour les palmes académiques. Mallarmé recommande Paterne Berri- chon au collectionneur Paul Gallimard en vue de faire acheter à celui-ci un exemplaire sur grand papier d'un recueil de vers; il multiplie les recommandations en faveur de Charles Morice, qui part en Belgique pour faire des conférences et essayer de publier Noa Noa, fait en collaboration avec Gauguin Mallarmé écrit à Arthur Ganshof, du cercle « Excelsiorde Bruges, et à Edmond Deman; Morice continuera à solliciter Mallarmé inlassablement jusqu'à la fin de la vie du poète. Il faut dire aussi que Morice se dévouait à la cause de Mallarmé c'est lui qui finalement organisera un numéro spécial de La Plume en son honneur, et il ne cesse de faire des confé- rences, en France et bientôt en Belgique, dans lesquelles il place Mallarmé au sommet de la poésie contemporaine. Charles Morice agit aussi auprès de Mallarmé en faveur d'autres écrivains ou artistes du musicologue Pierre d'Alheim ou du sculpteur italien Medardo Rosso. D'autres amis demandent à Mallarmé la permission d'amener des collègues aux Mardis Pierre Loup veut lui présenter Roger Clausse, jeune diplomate de ses amis; Mauclair lui recommande le romancier Israël Zangwill, ami du dramaturge et critique anglais Alfred Sutro; Frantz Jourdain lui adresse Jacques Schnerb, qui a fait des eaux-fortes pour illustrer les poèmes de Mallarmé. Mallarmé essaie en vain de canaliser ses rapports avec ses jeunes confrères en leur réservant ses Mardis ils multiplient les demandes d'entretiens privés. Gabriel Fabre veut lui jouer la musique qu'il a faite pour le e Colloque sentimentalde Verlaine. Camille Mauclair demande un entretien en tête-à-tête. Stefan George veut le voir « avant son Mardi ». Mallarmé donne rendez-vous à Gustave Kahn chez l'éditeur Charpentier. Mais les Mardis restent au centre de sa vie parisienne. André Fontainas continue à noter ses propos sur Banville, sur Degas, sur l'habit noir; sur la gloire, sur Manet, sur Zola. Une lettre à Louise Chandler Moulton (qu'il réussit à ne pas voir chaque automne) contient le jugement intéressant que les meilleurs romanciers contemporains après Huysmans seraient (pour elle?) les frères J. -H. Rosny et Paul INTRODUCTION Hervieu. Écrivant à Paul Claudel, Mallarmé rapporte que Léon Daudet a parlé superbement de lui. Mallarmé s'entremet pour faire publier des poèmes en prose de Claudel dans La Revue Blanche (ils appartiennent au futur volume Connaissance de l'Est). Claudel envoie à Mallarmé, dans la valise diplomatique, un sceau chinois. Claudel, à Shanghaï, est alors le plus lointain correspondant de Mallarmé. Mais Gustave-Charles Toussaint adresse à Mallarmé une lettre à en-tête du <r Polynésien », paquebot des Messageries Mari- times, pour lui dire qu'il a rencontré en Océanie un poète français, Sébastien-Charles Leconte, avec qui il a parlé de Mallarmé, et qu'il existe à Sydney un groupe de gentlemen épris de la poésie de Mal- larmé (il s'agit du poète australien Christopher Brennan et de ses amis). Mallarmé maintient aussi ses relations avec ses collègues des pays européens. S'il ne peut assister au banquet en l'honneur de Verhaeren à Bruxelles, il y feraprononcer un toast par André Ruyters. Il promet à Rodenbach de le rejoindre un jour en villégiature à Knocke-sur-Mer. Il continue à négocier avec Samuel Prahl en vue d'une tournée de conférences au Danemark, tournée qu'il remet à l'automne et en fait aux calendes grecques. De même pour une tournée projetée en Hollande, dont il sera encore question en 1897, mais qui n'aura pas lieu. En avril 1896il fait des préparatifs pour un voyage à Londres, dont on ignore le but, mais qui reste à l'état de rêve, de même qu'une conférence à Genève, prévue pour l'automne de 1896. Ces projets avortés serviront au moins d'utile alibi pour écarter les importuns. Car Mallarmé continue à vivre à Paris d'une vie trop chargée à son gré d'obligations mondaines. Il remet volontiers certaines invi- tations trop fréquentes, telles celles de l'excellent Alidor Delzant. Mais il en accepte volontiers d'autres à prendre le thé ou à dîner chez les Mirbeau, maintenant installés à Paris; chez les Daudet; chez Julie Manet, avec Monet, Renoir et Degas. Il rend visite aux Régnier avec Geneviève. Il dîne chez Méry Laurent, chez les Rodenbach, chez les Robin, chez Gustave Charpentier, avec Robin et Mirbeau. L'Amé- ricain Richard Hovey tient à sa compagnie, avec celle de Marie et de Geneviève. Il assiste aux concerts Lamoureux. Il se rend à La Bodinière avec Méry Laurent pour La Chanson des joujoux, de Léopold Dauphin et Claudius Blanc; il profite de l'occasion pour se faire photographier avec Méry par Paul Nadar. Il procure pour Julie Manet et ses cousines des places au balcon de l'hôtel du Dr Evans pour voir le passage du Tsar Nicolas II et de la Tsarine Alexandra, lors de leur visite historique en octobre 1896. Mallarmé est requis deux fois en 1896 comme témoin de mariage en avril pour Lucien Muhlfeld; en novembre (avec J.-F. Raffaëlli) pour Edouard Dujardin. Mais l'année est jalonnée aussi de deuils. Extrait de la publication INTRODUCTION Mallarmé assiste en janvier aux obsèques de Paul Verlaine; en juin, à celles de la mère d'Henry Roujon. Le frère de Théodore Duret est tué à Madagascar fin mars, mais la nouvelle ne parviendra à Paris qu'en mai, peu après celle de la mort à Londres de la femme de Whistler. Raphaël, fils de Catulle Mendès, meurt en juillet. Mal- larmé écrit à chaque occasion des lettres de condoléances d'une sim- plicité émouvante. Sa fidélité envers les morts se révèle aussi d'autres manières. Il souscrit au fonds pour la translation des cendres de fuies Laforgue en concession perpétuelle, comme il l'avait fait pour Villiers de l'Isle-Adam l'année précédente. Il s'inquiète auprès de Léon Deschamps de la souscription Baudelaire, en perte de vitesse; il reste président du comité pour ce monument, comité qui ne semble plus se réunir. La mort de Verlaine aura d'autres conséquences pour Mallarmé. Léon Deschamps organise une conférence des poètes pour élire un successeur de Verlaine comme Prince des Poètes. Mallarmé, bien malgré lui, est désigné dans une élection quelque peu fantaisiste.
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