Fonds Saint-Marcel Eysseric
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ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DES ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE Fonds Saint-Marcel Eysseric Archives privées, fonds iconographique 1860-1915 31 Fi 1 673 négatifs photographiques sur plaque de verre au collodion et au gélatinobromure d’argent et 2 négatifs sur support souple Répertoire analytique établi par Jean-Christophe Labadie, directeur des Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence Avec la collaboration de Michel Restelli-Gonsaud, responsable des fonds iconographiques, et de Jean-Marc Delaye, photographe Nouvelle édition – mai 2019 -1 - Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence 2 rue de Trélus, 04000 DIGNE-LES-BAINS Texte : Jean-Christophe Labadie, directeur ISBN 978-2-86004-042-6 Mai 2019 -2 - Présentation de l’instrument de recherche Cet instrument de recherche se compose de trois parties : - d’une part, une présentation du fonds respectant la norme générale et internationale de description archivistique ISAD(G) ; - d’autre part, le corps de l’instrument de recherche : il s’agit d’un instrument de recherche analytique, particulièrement utile pour décrire des documents ayant la même typologie appartenant à un fonds coté dans l’ordre du classement lors de son entrée aux Archives départementales ; - enfin, les index (noms de personnes, noms géographiques, mots matières avec le tableau méthodique). Identification du fonds 1.1 Référence FR AD 004/31 Fi. 1.2 Intitulé Fonds Saint-Marcel Eysseric. 1.3 Dates extrêmes 1860-1915 (principalement 1880-1900). 1.4 Niveau de description Pièce (plaque de verre photographique ou négatif souple). 1.5 Importance matérielle 1 673 plaques de verre photographiques et deux clichés sur support souple Contexte 1.6 Nom du producteur Saint-Marcel Eysseric (1831-1915). Certains clichés ont été réalisés par d’autres personnes, en particulier son neveu Marcel Coupier, qu’Eysseric initia à la photographie, en particulier les clichés sur plaques de verre de 9 x 12 cm. 1.7 Notice biographique La seconde moitié du XIXe siècle est une période d’épanouissement du capitalisme, marquée par la deuxième révolution industrielle, dont Saint-Marcel Eysseric est l’un des bénéficiaires. Avec une succession déclarée (les biens fonciers étant sous-évalués), à plus de 525 000 francs, à sa mort, en 1915, Saint-Marcel a singulièrement consolidé son héritage, après la mort de son père en 1865. Il appartient à la frange supérieure de la bourgeoisie moyenne, résident d’une sous-préfecture qui compte, vers 1900, 3 800 habitants. Difficile d’établir des comparaisons : en 1913, un instituteur termine sa carrière à 2 500 francs par an, un professeur d’université, à 15 000 francs. À l’échelle du département, les Basses-Alpes, qui compte seulement 115 000 habitants, la fortune laissée par Eysseric à sa mort est donc très confortable. Homme ordonné, Saint-Marcel rangeait ses « papiers » les plus importants dans une serviette de cuir, portant ses initiales (ME) à dix soufflets : « diplômes, distinctions, Eysseric Marcel [son fils], Suquet, lettres, Grande Bastide, titres, état civil, Joseph Abel Eysseric, divers ». De taille moyenne, 1 m 70 environ, les yeux clairs – gris ou bleus –, les cheveux et une barbe châtain, le menton rond et le teint hâlé 1, Saint-Marcel Eysseric se présente lui-même avec tous les signes de la bourgeoisie du XIXe siècle : par son port, sa manière de se tenir, de se vêtir, en se dotant d’armoiries… -2 - Famille Eysseric s’insère dans une trajectoire familiale qui prend son essor au cours de la Révolution française. Son père, Joseph Abel fut d’abord notaire royal avant d’être juge. En 1825, Abel, épouse à Noyers, gros bourg rural, une fille de la bourgeoisie de Sisteron, Anne Élisabeth Pulchérie Suquet (1805-1889), dont le père est propriétaire et négociant entre Sisteron et Saint- Pierre, à la Martinique. Abel n’était d’ailleurs pas destiné à suivre des études de droit – son père le destinait au commerce – mais la mort de Joseph Auguste, son frère aîné, à l’âge de 22 ans, des suites d’un accident de chasse en 1813, modifia sa destinée. Abel était le fils de Joseph Mathieu, né en 1755, qui avait épousé à Noyers, en seconde noce, Marie-Rose Abel, fille d’un notaire de Châteauneuf-de-Chabre, aujourd’hui dans les Hautes- Alpes. Joseph, le père de Joseph Mathieu, était, quant à lui, maître maçon à Noyers, tout comme son père, Mathieu, époux de la fille d’un ménager de Valbelle. En 1786, Joseph Mathieu est maire et premier consul de Noyers. Au début de la Révolution, en 1790, il est élu maire de Noyers et juge de paix. Son fils, Joseph Abel, rédigea, vers 1826, un mémoire, dans lequel il retraça l’histoire familiale. Il y est souligné que Mathieu, son grand-père, outre son activité de maître maçon, avait la charge de lieutenant du juge seigneurial local. Fortune La fortune de Saint-Marcel Eysseric est en partie atypique. Les valeurs mobilières y occupent une place prépondérante, en particulier les actions, ce qui explique pourquoi Eysseric a souvent été désigné comme un « industriel » ayant été d’ailleurs administrateur de société. Une fortune mobilière L’épargnant de la seconde moitié du siècle achète principalement de la rente ou des obligations de chemins de fer, à l’intérêt garanti par l’État. Ne faisant que modérément appel au crédit, l’épargnant se tourne vers les valeurs industrielles et les fonds étrangers. En 1913, 31 % des portefeuilles sont constitués par des rentes, 37 % par des obligations et 32 % par des actions, l’ensemble produisant un rendement de 3 à 5 %. La fortune mobilière est celle qui a le plus augmentée depuis le Second Empire : la fortune financière représente, en 1913, 40 % de la fortune privée, contre 11 % en 1870. Fait notable, une grande masse des capitaux est investi par les Français à l’étranger, en faveur de la Russie tout d’abord, puis la Turquie, en partie dans des emprunts d’État publics. En comparaison, l’empire colonial capte peu les capitaux métropolitains 2. Si l’on s’en tient à la déclaration de sa fortune par ses héritiers, en 1915, Saint-Marcel Eysseric possèdait, et c’est une surprise, une fortune essentiellement mobilière, pour 60 %, dans laquelle les actions avaient la plus grande place. Celles-ci représenteraient presque la moitié de son patrimoine. Accessoirement, et bien moins que la bourgeoisie de son époque, Eysseric détenait de la rente d’État à 3 % et, surtout, 100 obligations de la Dette ottomane, évaluées 30 875 francs à sa mort. L’essentiel de sa fortune en actions provient de 60 actions de la société nouvelle des raffineries de sucre Saint-Louis et de 298 actions nominatives de la société anonyme des allumettes « Caussemille jeune et compagnie et Roche et compagnie», un capital évalué à 163 900 francs. L’histoire de la société des allumettes de la Belle-de-Mai, à Marseille, est bien connue, grâce au travail de Pierre Emmanuel Danan 3. En investissant des sommes importantes dès 1874, Eysseric a bénéficié de la politique industrielle de cette société marseillaise, après la constitution du monopole d’État de la fabrication et du commerce des allumettes, qui s’applique à partir -3 - d’octobre 1874. La société utilisa les indemnités versées par l’État pour s’installer, avec succès, en Italie et en Belgique et y poursuivre une activité très rentable. Les propriétés immobilières La valeur et les revenus des propriétés bâties ont suivi une augmentation bien supérieure à ceux de la terre. L’essentiel de son patrimoine immobilier, dont il a hérité en partie, est constitué de sa maison, à Sisteron, de domaines ruraux, de deux moulins et de quelques pièces de terre, de vigne et de pré, qu’il loue en partie. Le tout est estimé à plus de 200 000 francs à sa mort. À Sisteron, Eysseric vit au clos Sainte-Ursule, un ancien couvent des Ursulines vendu comme bien national par le district de Sisteron en 1793, qu’il a acquis de la famille Fichet en juin 1881, alors qu’il demeure à Paris, au prix de 80 000 francs, somme qu’il a intégralement versé aux vendeurs peu avant la rédaction de l’acte 4. La maison a un étage et couvre au sol une superficie de plus de 1 300 m2. Elle est située dans un clos de près d’un hectare, à l’entrée de Sisteron. À la Baume, sur l’autre rive de la Durance, il possède une maison, ancien couvent des Dominicains. Il détient enfin le domaine de la Madeleine, loué 1 100 francs par an, plus des accessoires. La plupart de ses possessions se situent dans la vallée du Jabron. Le domaine de la Grande Bastide en est la pièce maîtresse : 170 ha sur les communes de Noyers et de Bevons. À ce bien s’ajoutent le domaine du Petit Chaussans (12 ha), le domaine de Chausson ou Chaussans, acquis par Saint-Marcel Eysseric en 1913 (47 ha), les domaines de Cheylanne et de Cheylannette, communes de Valbelle et Bevons (195 ha), enfin deux moulins à Valbelle. La France d’avant 1914 est largement un pays rural. Tout au long de son existence, Eysseric a arrondi ses propriétés foncières et les a mises en valeur en recourant au faire-valoir indirect, grâce à des fermiers. Un héritier « bien » marié Une partie de la fortune, en particulier immobilière, de Saint-Marcel Eysseric provient d’héritages, surtout de son père, Joseph Abel, mort en 1865 à Sisteron. Saint-Marcel en est le principal héritier, avec un capital foncier estimé 90 000 francs. En septembre 1868, au moment du partage 5, il reçoit les propriétés foncières, le domaine de la Grande Bastide, le domaine de Cheylanne et les moulins de Valbelle, le domaine du Jas de Madame, tous situés sur les communes de Noyers, de Valbelle et de Bevons, dans la vallée du Jabron, berceau de la famille Eysseric, ainsi que le domaine de la Baume et la maison paternelle, rue Saunerie, à Sisteron.