Rapport FNS Maroc 2007 #Fin
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
ÉCOLE NATIONALE FORESTIÈRE D’INGÉNIEUR Pertinence et faisabilité d’une réserve de biosphère dans les provinces d’Ifrane et de Khénifra ? Étude réalisée dans le cadre de la formation « Forêt – Nature – Société », du 13 février au 2 mars 2007 sous la direction de : Dr. Maya Leroy, enseignante en sciences de gestion, Pierre-Marie Aubert, doctorant AgroParisTech-ENGREF, Montpellier Par les étudiants de la promotion : Stéphanie Bricout, Morgane Derycke, Johanna Donvez, Emmanuel Escroignard, Sébastion Irola, Emile Fonty, Marie Laval, Jonathan Migeot, Julien Panchout. 2007 i Avant propos L’étude présentée ici s’inscrit dans le cadre de la formation « Forêt, Nature et Société » de l’École Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts (AgroParisTech ENGREF). Ce travail a pour objectif pédagogique de confronter les étudiants à un cas concret de gestion environnementale dans un contexte d’aide au développement. Ce stage collectif s’inscrit dans le cadre de la convention entre l’École Nationale Forestière d’Ingénieurs (ENFI, Salé, Maroc) et l’AgroParisTech ENGREF. Les auteurs sont issus de diverses formations (Universités et Écoles d’ingénieurs) couvrant plusieurs disciplines (sciences sociales, foresterie, écologie, agronomie). Remerciements Nous tenons à remercier chaleureusement toutes les personnes que nous avons rencontrées au cours de cette mission et qui ont participé à l'accomplissement de ce travail, et en particulier : − Les enseignants français et marocains qui ont participé et appuyé l’encadrement de ce stage (AgroParisTech, CIRAD, ENFI,...) ; − L'école nationale forestière d’ingénieurs qui nous a accueillis et sans laquelle nous n'aurions pas eu tant d'informations ; − Les membres du projet au service provincial des eaux et des forêts d'Ifrane à Azrou pour leur disponibilité, leur gentillesse, leur participation et tous les équipements qu'ils ont volontiers mis à notre disposition ; − Les personnes du projet à Khénifra ; − Les institutionnels de Rabat, Meknes, Azrou, Ifrane et Khénifra... qui nous ont volontiers accordé de leur temps ; − Aziz, notre logeur du « Dernier lion de l'Atlas » pour le temps qu'il nous a consacré et pour l'accueil de son auberge. Et plus généralement les marocains pour leur gentillesse et leur hospitalité. ii Sommaire 1 Introduction 1 2 Eléments de Contexte 4 3 Cadre de l’étude et méthodologie employée 22 4 Résultats – Analyse 31 5 Discussion 91 6 Conclusion 137 iii Glossaire − Agdal – opération traditionnelle de mise en défens − Alfa – plante herbacée vivace − Azaghar – plaine − Amazighe – langue berbère, exclusivement orale elle se divise en trois dialectes : le tarifit, dans le Nord-Est; le tamazight, dans le Moyen Atlas, dans la partie septentrionale du Haut Atlas et dans la région du Sud-Est; et le tachelhit, dans la partie méridionale du Haut Atlas et la région du Sud-Ouest − Caïd – représentant du Ministère de l’intérieur au niveau local - équivalent d’un sous préfet français − Dir – piémont − Douar – groupement d’habitats, niveau social traditionnel (inférieur aux fractions) − Hakem – juge communal − Jbel – hauts plateaux − Makhzen – nom donné traditionnellement par les berbères à l’autorité centrale, désigne à la fois l'Etat et l'autorité − Melk – propriété privée − Naïb – représentant de tribus − Nouala – habitation rudimentaire − Oued – rivière ou lac − Raïs – président de municipalité ou de la commune rurale − Timahdite – ville du Maroc de la région de Meknes – Tafilalet, désigne aussi la race de mouton élevée dans cette région − Wali – Gouverneur de Région − Wilaya – Au Maroc, le terme wilaya recouvre deux réalités distinctes. Tout d'abord le nom donné à l'administration d'une des 16 régions du Maroc. À la tête de chaque Wilaya se trouve un Wali nommé par le Roi. Mais aussi les Préfectures, collectivités territoriales de niveau inférieur à la région, et équivalent des provinces en zone urbaine, s'appellent en arabe, mais non en français, des wilayats. Il en existe 26, contre 45 provinces. Elles ont à leur tête un gouverneur, au même titre que les provinces. 1 INTRODUCTION Le Maroc est un pays en pleine mutation, tant sur le plan économique que social. Durant les vingt-cinq dernières années, les filières touristique et agricole ont connu un essor important. Parallèlement, le Royaume, soutenu par la communauté internationale, a investi dans les infrastructures (routes, électricité…) et les services publics (santé, éducation…) pour accompagner son développement économique et améliorer le niveau de vie de ses sujets. Ces investissements ont favorisé la modernisation de la société marocaine. L’avènement de Sa Majesté Mohammed VI a marqué un tournant dans la vie politique du pays. La transition démocratique qu’il a initiée s’est traduite par la promotion d’un modèle de démocratie participative et la décentralisation des services. En parallèle de ces évolutions, le Maroc affiche la volonté de préserver son milieu naturel. À cette fin, différents outils nationaux et internationaux sont à la disposition du Royaume. Les « parcs nationaux », définis par le Dahir de 1934, sont les plus utilisés. Leur nombre a augmenté significativement depuis 1995 (passage de 3 à 9 en 10 ans). Dans ce pays aux espaces très anthropisés, les mesures de protection ne peuvent ignorer le développement économique et humain, le Dahir n’exclut pas du reste les activités économiques. Sur le plan international, le Maroc a signé plusieurs conventions environnementales (convention sur la diversité biologique, convention sur le patrimoine mondiale, convention Ramsar sur les zones humides, convention de lutte contre la désertification, etc.). La réserve de biosphère est, par ailleurs, un des outils que le Maroc estime être en mesure d’atteindre à la fois l’objectif de développement et de protection de l’environnement. La création récente d’une telle réserve autour de l’arganeraie dans la région du Sous-Massa au sud du pays est citée en exemple par les autorités en charge de la protection de l’environnement (haut commissariat). Le Moyen Atlas est une région qui réunit tous ces enjeux. La cédraie, figure emblématique de ces espaces, est à la croisée de préoccupations écologiques, économiques et sociales. Sa grande biodiversité en fait un patrimoine riche à défendre. La région dispose aussi de nombreuses zones humides qui servent de refuges pour les oiseaux migrateurs. La cédraie offre des services écologiques (rétention et filtration d’eau, maintien des sols) qui bénéficient aux populations situées en aval des hauts plateaux. Les ressources qu’elle fournit lui confèrent, d’autre part, des atouts forts pour aider au développement des populations locales (élevage, vente de produits forestiers, tourisme). La préservation de ces 1 écosystèmes représente donc un enjeu majeur pour le développement du Moyen Atlas. Le contexte humain de la région se définit par une population majoritairement rurale et dispersée dans l’espace. Ses principales ressources économiques et alimentaires s’appuient sur l’élevage et l’agriculture. Des projets de développement, financés par différents bailleurs de fonds internationaux et par le Royaume du Maroc, se sont focalisés sur l’amélioration des conditions de vie sur ces territoires. Nous citerons à ce titre les deux projets actuels sur lesquels nous avons travaillé et les projets qui les ont précédés : − Le projet « Aménagement et Protection des massifs forestiers de la Province d'Ifrane » financé par la coopération française. Il fait, il intervient près de dix ans après le projet de gestion des parcours périforestiers financé par la Banque Mondiale dans les années 1990. − Le projet de « Développement Rural Participatif dans le Moyen Atlas Central de la province de Khénifra » financé par l’Union Européenne, qui fait suite à un projet de la coopération allemande (GTZ), qui avait débuté en 1986. Dans le cadre de la mise en place des aires protégées au Maroc, l’aide publique au développement joue un rôle important dans les mécanismes de gestion environnementale. Il s’agit ici de comprendre comment s’élabore et est mis en œuvre la prise en charge annoncée des problèmes d’environnement dans le cadre de l’aide internationale. En d’autres termes, il est nécessaire d’étudier les dispositifs de gestion mis en place avec l’aide publique internationale bilatérale ou multilatérale (Leroy, 2006). Tout un système d’appuis financiers, réglementaires, institutionnels et techniques est fourni par l’aide des Etats et des bailleurs de fonds. Le projet « Aménagement et de protection des massifs forestiers de la province d’Ifrane » sur lequel nous avons le plus travaillé, s’inscrit clairement dans la coopération bilatérale entre la France et le Royaume du Maroc. Néanmoins, le Parc national d’Ifrane reste un outil créé par la volonté de Sa Majesté Mohamed IV dans un contexte de pression internationale pour la sauvegarde de la biodiversité affirmée lors la conférence des Nations Unies de Rio de Janeiro en 1992 . Le projet est financé en partie par l’Agence française de développement (AFD) et le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM), le Royaume du Maroc et les Communes rurales. De plus, des bureaux d’études français (SOGREAH et BRL) en ont réalisés et réalisent encore les plans d’aménagements avec l’aide technique du CIRAD. 2 Notre sujet d’étude est complexe puisque nous sommes face à une interconnexion entre une annonce forte de volonté de gestion environnementale de l’écosystème cédraie1 et un processus de changement social aux niveaux local, et national appuyé par des projets de développement. La problématique de notre étude est la suivante : Dans le cadre institutionnel et opérationnel de la mise en place d’aires protégées autour des cédraies du Moyen Atlas marocain, quelles sont la pertinence et la faisabilité d’une réserve de biosphère dans les provinces d’Ifrane et de Khénifra ? Pour répondre à cette question, nous adopterons la démarche de l’Analyse Stratégique de la Gestion Environnementale (Mermet et al., 2005). Grâce à ce cadre théorique nous avons réalisé un diagnostic précis des acteurs impliqués de façon plus ou moins directe dans la gestion du territoire, ainsi que les interactions qui existent entre eux et les stratégies qu’ils développent.