La Chapelle Romane De Notre-Dame-Du-Pont Et Ses Fresques. Leynhac, Cantal
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LA CHAPELLE ROMANE DE NOTRE-DAME DU PONT ET SES FRESQUES LEYNHAC CANTAL ABEL BEAUFRÈRE Conservateur des Antiquités et Objets d'Art du Cantal En hommage à tous ceux qui unirent leur efforts pour sauver de la disparition la chapelle de Notre-Dame-du-Pont : Mademoiselle Marguerite Clauzet, Monsieur François Enaud, Inspecteur principal des Monuments historiques, Monsieur Gabriel Dodinet, Architecte des Monuments de France. NOTE PRÉLIMINAIRE A 8 km de Maurs, sur la paroisse de Leynhac, s'accroche à mi-pente, au-dessus du cours encaissé de la Rance, la chapelle de Notre-Dame-du-Pont. Un pont de bois, celui qui lui a donné son nom, permet d'accéder à la rive droite, où s'insinuent les lacets interminables de la route de Maurs à Leynhac. La masse sommaire de l'édifice, qu'allège seulement un étroit campanile, sa simplicité architecturale revêtue de grisaille, sa toiture de tuiles rouges, rien ne décèle au premier abord que ce monument puisse détenir entre ses murs sept cents ans de souvenirs. Jusqu'au début de ce siècle, on ignorait tout de son histoire. C'est alors qu'Antoine Thomas, membre de l'Institut, découvrit à la bibliothèque du Vatican un manuscrit qui avait échappé aux compilateurs de la Gallia Christiana. Il contenait la biographie latine de deux moines, Bertrand de Griffeuille et Guillaume Robert, écrite au début du XIIIe siècle par l'un de leurs disciples anonymes du prieuré de Notre-Dame-du-Pont. Suivait un cartulaire abrégé de ce prieuré, unique document de longue haleine que nous possédions, sur la langue parlée en Haute-Auvergne au XIIe siècle. En avril 1908, Antoine Thomas publia dans les Annales du Midi les documents qu'il avait découverts, en les accompagnant de commentaires savants (1). La biographie latine des deux religieux comporte 120 lignes, le cartulaire en langue romane 400 environ. (1) Antoine THOMAS, Annales du Midi, 1908, pp. 162-203. Traduction de la biographie latine, p. 165. Texte de la biographie latine, p. 175. Texte du cartulaire, p. 181. La même année, Marcellin Boudet, soucieux de révéler à notre province des textes qui enrichissaient son histoire, publia trois longues études dans la Revue de la Haute-Auvergne (2). Le sujet fut largement repris et complété en 1933, dans la même publication, par Félix Jalenques (3). Préalablement, l'abbé J.-B. Chabau, en 1888, dans son ouvrage sur les « Pèlerinages et sanctuaires de la Sainte Vierge dans le- diocèse de Saint-Flour », avait inséré une notice sur la chapelle du Pont (4). En 1902, A. de Rochemonteix avait consacré plusieurs pages au petit monument dans son ouvrage « Les églises romanes de de Haute-Auvergne ». Grâce à tous ces érudits, l'histoire de la chapelle du Pont prenait peu à peu de la consistance. Ses fondateurs, Bertrand de Griffeuille et Guillaume Robert, jusqu'alors inconnus, nous apparurent animés d'une activité prodigieuse. On doit au premier les prieurés de Notre-Dame de Griffeuille, dont le nom le suivra désormais (paroisse de Montvert) ; Notre-Dame-de-Laramière (Rouergue), Notre-Dame d'Espagnac (canton de Livernon, arron- dissement de Figeac), Notre-Dame d'Escalmels (Saint-Saury), Notre- Dame-du-Pont (Leynhac). Guillaume Robert, après la mort de son maître et ami, continua son œuvre et fonda tour à tour Notre-Dame de Vauclair (Molom- pize), Notre-Dame de Beaulieu (Saint-Martial), et Notre-Dame de Muratet (Champagnac). Découronné de ce passé de gloire, immobile et bien clos cependant, le monument somnolait dans le silence et la décrépitude. En 1964, à la mort de son propriétaire qui vivait loin du pays, il fut possible d'y pénétrer. Dès qu'elle eut acquis la chapelle, Mlle Marguerite Clauzet, issue d'une honorable famille de Maurs, s'appliqua à la sauver, et tout d'abord restaura à grands frais la toiture délabrée. Il fut dès lors possible de rechercher si des fresques — dont on connaissait l'existence par une tradition chuchotée — avaient survécu à des maux séculaires. Les sondages exécutés par les soins de l'Administration des Beaux-Arts furent positifs. M. F. Enaud, inspecteur principal des Monuments histori- ques, prit l'affaire en main, secondé localement par M. G. Dodinet, architecte des Bâtiments de France. MM. J.-A. Vidal et J.-C. Bouyer, (2) M. BouDET, « Deux moines défricheurs, fondateurs de neuf monastères : Bertrand de Griffeuille et le cartulaire de Notre-Dame-du-Pont ». Revue de la Haute-Auvergne, 1908, pp. 135-168, 286-315, 404-435. (3) Félix JALENQUES, « Notre-Dame-du-Pont et son prieuré dans les souvenirs du passé ». 1 Revue de la Haute-Auvergne, 1933, pp. 125-158, 208-247. (4) Il existe de cette époque une Notice sur Notre-Dame-du-Pont de l'Abbé LAFARGUE. artistes spécialisés, qui ont donné leur mesure au château d'Anjony, au château d'Auzers et à l'église Saint-Vincent de Saint-Flour, accomplirent une patiente restauration de 1988 à 1970. La chapelle du Pont, outre son intérêt archéologique, est un témoin de l'expansion du monachisme qui transforma la France à partir de la deuxième moitié du xi' siècle (5). Elle mérite à ces titres divers d'être connue, protégée, révérée. La chapelle de Notre-Dame-du-Pont. (5) Pour le plaisir de rappeler des noms prestigieux, connus de tous, citons entre autres les maisons religieuses de la Chartreuse, Fontevraud, Cîteaux, Clairvaux, les plus célèbre de toutes. .