Montagnac. 6000 Ans D'histoire
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MONTAGNAC 6000 ans d'histoire MONTAGNAC 6000 ans d'histoire par André Nos avec la collaboration de chercheurde Michel au Feugère C.N.R.S. Préface de Jean-Pierre Donnadieu de l'Université Paul Valéry de Montpellier C 1991, Ed. LES AMIS DE MONTAGNAC Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. Préface J'ai été très sensible à l'honneur qu'André Nos m'a fait lorsqu'il m'a demandé de préfacer cette considérable "Histoire de Montagnac", dont il a entrepris la rédaction avec le concours de Michel Feugère, la collaboration du docteur Salvaing, de Pierre Grasset et de Claude Achard, et les conseils du personnel des Archives départementales de l'Hérault. A-t-il voulu par là me remercier de l'avoir mis sur le chemin des quatre vingt sept liasses de notes et documents accumulés par Joseph Favas, qui n'est pas allé au-delà d'un projet de même nature, mais qui a facilité l'œuvre de successeurs qu'il ne croyait pas si proches, en les déposant à Montpellier? Je ne peux, quant à moi, que me féliciter des connaissances accumulées dans cet ouvrage, qui permet de découvrir six mille ans d'une petite ville de notre département. En 1843, était parue à Béziers une "Histoire statistique et archéologique de la ville de Montagnac", sans nom d'auteur. Vite identifié, Rey-Lacroix, en deux parties qui touchaient un peu à tout, sauf à la fin de l'ancien Régime, écrivait là un ouvrage caractéristique de son temps, mêlant les notes de lecture aux suppositions hasardeuses, ne citant jamais les noms des "explorateurs" qui l'avaient mis sur la trace de tel ou tel document; il n'en reste pas moins l'auteur d'une des premières monographies consacrées à une commune de l'Hérault. Toute autre est la démarche suivie pour la réalisation de "l'Histoire de Montagnac": Michel Feugère et André Nos ont recherché dans le terroir, les archives, la mémoire collective, et les ouvrages et articles publiés depuis cent cinquante ans, ce qu'il fallait pour situer l'objet de leur étude dans le temps et l'espace. L'organisation de la démarche, structurée par la chronologie, fondée sur la reproduction de documents, étayée par la cartographie, est scientifique dès le départ et tient ensuite toutes ses promesses. A la fin du siècle passé, Albert et Paul Fabre ont jeté les bases d'une connaissance de l'Hérault dans un style typique de la troisième République à ses débuts, en relation avec la recherche locale effectuée par les instituteurs, tandis que Jules Sautriot exprimait sur la Révolution et sur le protestantisme à Montagnac une vision polémique, que soutenait alors le cardinal de Cabrières et son entourage de curés historiens. Au début de notre siècle, Joseph Favas accumulait lectures, notes et ville.documents: ses activités ne lui ont pas laissé le temps d'en faire une histoire de sa Pour tout ce qui touche à Montagnac et à son histoire, à partir des années 1950, la rencontre entre les universitaires, tels que mes maîtres le médiéviste Jean Combes et le moderniste Louis Dermigny, des condisciples comme Robert Saint-Jean et Guy Romestan, des professeurs des universités de la région, le montagnacois Robert Combès, Robert Laurent, Michel Peronnet, Geneviève Gavignaud, Jean Sagnes, et des étudiants, se fait avec sérieux et passion avec d'autres chercheurs, lors de colloques historiques, ainsi à Pézenas en 1976, à Creissels et à Montagnac en 1987, ou au sein de revues comme les "Cahiers de Pézenas", devenus aujourd'hui "Etudes sur l'Hérault", et naturellement les "Bulletins" des Amis de Montagnac, présidés par le docteur Salvaing et regroupant 250 membres. Là n'est pas, cependant, la profonde originalité de ce livre, qui se fonde aussi sur la lecture des Histoires du Languedoc et le dépouillement méticuleux des archives écrites conservées à Montpellier. La reproduction par le dessin d'objets antiques, l'utilisation d'écrits inexploités, comme les "Mémoires" du juriste Philippy, né à Montagnac et contemporain des guerres de religion et les journaux des deux derniers siècles, ou inédits, tel le "registre" des curés Delsol, à la veille de la Révocation, ou le carnet de souvenirs du facteur au télégraphe Buard, apportent une autre dimension à cette histoire. Il en est de même des anecdotes populaires et des légendes locales, des correspondances privées, des souvenirs des anciens de la commune, des citations en 1"patois", occitaniste si vivant André jusqu'à Nos retrouve nos jours, le début de sobriquets, de sa carrière chansons, de savant. poésies, dans lesquels De cette ville, au riche terroir utilisé depuis soixante siècles, aux Foires si actives durant cinq cents ans, à la population nombreuse et diverse dans ses choix religieux ou politiques, nous savons aujourd'hui, grâce à André Nos et Michel Feugère, après Rey-Lacroix et Favas, beaucoup. Tout n'est pas dit, cependant, et il reste à approfondir les pistes aujourd'hui ouvertes: que l'on ouvre les yeux pour regarder la terre ou les façades des maisons, les armoires pour en sortir les papiers de famille, et il y aura beaucoup à faire encore par les montagnacois et leur "Amis" pour la connaissance et la sauvegarde de leur patrimoine commun. Mais aussi que les hommes d'aujourd'hui se plaisent à croire en l'avenir, en découvrant les épreuves auxquelles leurs pères ont su survivre: entre mer et montagne, Rhône et Pyrénées, etMontagnac la raison. ne peut que continuer à vivre: j'ai eu ici le plaisir d'en percevoir la cause Jean-Pierre Donnadieu, Université Paul Valéry, Montpellier Armoiries de Montagnac D'Azur, dans le champ, globe de sable surmonté d'une croix haute d'argent en pal, fleurs de lis à dextre, fleurs de lis à senestre d'argent, écu accolé de deux branches de laurier ou support dit ornement renversé formant couronne. (délibération Mai 1826 ADH 1D4) Présentation Avant toute chose, je dois remercier tous ceux qui m'ont aidé dans la réalisation de ce modeste travail. Tout d'abord Monsieur Jean-Pierre Donnadieu qui, non seulement, a bien voulu préfacer cet ouvrage mais encore m'aider de ses conseils. Je remercie aussi notre Président M. le Docteur Jean Salvaing dont les informations et les encouragements permanents m'ont été très précieux. relecture.Je remercie M. Pierre Grasset qui a assuré consciencieusement le travail de Je ne peux oublier, dans ces remerciements, mon ami M. Claude Achard qui me communique en permanence tous les documents qui peuvent m'intéresser; M. Michel Feugère qui a bien voulu mettre ses compétences au service de l'histoire archéologique de Montagnac, ainsi que tout le personnel des Archives de l'Hérault qui a très souvent simplifié mes recherches, enfin tous ceux qui m'ont procuré documents ou témoignages, ainsi que tous ceux qui ont permis l'édition d'un pareil ouvrage. En cette occasion, il faut évoquer la mémoire de F. Rey de Lacroix qui, en 1843, a écrit la première histoire de Montagnac ainsi que Joseph Favas, chercheur obstiné qui, pendant plus de cinquante ans, a étudié l'histoire de notre ville mais qui n'a jamais rien publié. J'espère que ce travail satisfera, au moins en partie, la curiosité de ceux qui l'attendent depuis si longtemps. Pour les Amis de Montagnac qui pourraient s'inquiéter des sujets de nos conférences futures, je tiens à les rassurer, les recherches sont loin d'être terminées et certains sujets sont rapidement abordés dans "Montagnac, 6000 ans d'histoire". Ce livre se contente de faire, rapidement, le point sur l'état des recherches en 1991. Chemin faisant, on s'aperçoit qu'écrire l'histoire d'un lieu est bien difficile quand on appartient soi-même au milieu dont on veut parler. Le passé d'une ville ressemble un peu à celui d'un être humain, l'auteur se dégage difficilement de ses passions ou de ses à priori, quand il en rend compte. Mais l'histoire locale est pour tout le monde, auteur et lecteur, l'occasion d'un profitable retour sur soi. L'existence d'une ville dans un lieu donné, son développement, les faits de son histoire nous amènent à nous poser des questions. Le cas de Montagnac est particulièrement intéressant. Comment imaginer qu'une ville qui avait déjà 3 000 habitants au XVe siècle, n'en ait pas davantage aujourd'hui alors que les potentialités économiques étaient nombreuses au départ? On peut tenter de trouver quelques explications à partir de l'étude du site ou des grands événements qui ont marqué l'histoire de la ville. Tout d'abord s'agit-il d'une ville? Nous verrons que, jusqu'à la Révolution on peut donner ce titre à Montagnac, au delà, on pourrait parler de bourg si le nom existait dans notre région, en réalité il s'agit d'un village. Voyons ensuite le site. Pourquoi une agglomération s'est-elle développée dans un tel lieu? Les implantations gallo-romaines ne manquaient pas, que ce soit à Brignac, à Saint-Martin, à Lavagnac ou à Saint-Pierre-de-Pabiran, véritable village jusqu'au XVe siècle. Montagnac se trouve tout d'abord à la jonction de deux zones différentes: la zone collinaire garumnienne et une zone envahie par la mer à la période miocène avec ce que cela représente de dépôts: « Joignons patiemment par une ligne sur notre surface départementale les localités de Montouliers, Puisserguier, Cazouls, Murviel, Causses, Autignac, Fouzilhon, Neffiès, Péret, Nébian, Montpeyroux, Popian, Puylacher, Valemagne, Montagnac, Bessan, nous aurons dessiné les côtes sinueuses d'une mer qui, dès après l'âge Anthracothérien, est venue baigner notre surface sur ces points et remplir une profonde échancrure.