Qu’est-ce qui vous a décidé, après sept
ans d’absence et les problèmes de santé
importants que l’on connaît, à revenir au
cinéma ?
Jean-Paul Belmondo : Quand j’ai eu cet
accident vasculaire cérébral il y a six ans,
en Corse, j’étais en pleine forme. Je suis
resté huit mois sans parler, cinq mois
allongé, moi qui étais si actif. Et puis, au
1
cours de ma convalescence, j’ai pu me
rendre compte que des jeunes gens de 20
ans étaient dans un état bien pire que le
mien, paralysés des pieds jusqu’à la tête,
et je me suis dit que finalement j’avais de
la chance.
Quand j’ai quitté l’hôpital, je me suis juré
de me battre pour leur montrer qu’on peut
encore faire quelque chose, je ne savais
pas quoi mais j’en avais la volonté.
Finalement ce sera ce film : “ Un Homme
et son chien (2007) ”. Je le fais pour eux.
2
Avant le projet qui vous a été présenté
par Francis Huster et Jean-Louis Livi,
aviez-vous déjà été contacté par des
producteurs pour effectuer ce retour que
plus personne n’attendait ?
Bien sûr, j’aurais pu retourner avant et
plusieurs fois. Depuis que je vais un peu
mieux, on m’a soumis de nombreux
scénarios. Dans la plupart, voire dans la
totalité d’entre eux, il m’arrivait un
nombre incalculable d’accidents et je
prenais au minimum une balle dans le bras
toutes les dix minutes. Vous voyez le
3
genre ! Je ne veux plus de ce type de films
d’action. J’ai tout refusé. Je ne souhaitais
pas retravailler pour retravailler.
Comment cela s’est-il passé pour “ Un
Homme et son chien (2007) ” ?
Jean-Louis Livi, que je connais depuis le
temps où il dirigeait l’agence Artmédia, a
appelé à la maison. J’ai rencontré Jean-
Louis, j’ai vu le film original de Vittorio de
Sica qui m’avait dirigé il y a presque
cinquante ans dans “ La Ciociara - Paysanne
aux pieds nus (La Ciociara) (1960) ”, j’ai lu
4
le nouveau script écrit par Francis Huster.
Ce personnage, c’est moi. Ils avaient raison
d’insister. J’ai dit : “Je le fais mais à une
condition : vous me filmez comme je suis !”
Qu’est-ce qui vous a réellement séduit
dans le parcours de ce personnage ?
Je ne décide pas de revenir sur un plateau
de cinéma pour la gloire, mais parce que je
me retrouve dans cette histoire,
empreinte de dignité et d’honneur d’un
homme qui a beaucoup vécu, qui paraît en
fin de vie, qui s’accroche à la relation
5
affectueuse qui le lie a son chien parce
qu’il ne lui reste plus que lui. Et puis qui
retrouve, peut-être, une certaine forme
d’espoir dans l’existence. Je vais me lancer
de toutes mes forces dans cette aventure
très particulière qui me tient spécialement
à coeur. Je ne pense pas qu’il y en ait une
autre après. Mais qui sait ?
Est-ce qu’à un moment vous avez eu le trac
?
Je n’ai jamais eu le trac au cinéma. J’y suis
même allé parfois un peu fort dans la
6
décontraction, on me l’a reproché.
Le personnage de Charles, que vous
incarnez, vous a-t-il rappelé certains de
vos autres rôles ?
Absolument pas. Ce film ne ressemble à
rien de tout ce que j’ai pu tourner. Francis
dit que j’aborde un nouveau registre [il
sourit], ce sera à vous d’en juger.
Quel souvenir fort, quel moment d’émotion
garderez-vous de ce tournage ?
J’ai eu l’impression que je ne m’étais
7
jamais arrêté de jouer. C’est une drôle de
sensation, mais je vous jure que je l’ai
ressentie, contre toute attente.
Ce qui est extraordinaire, aujourd’hui,
c’est la façon dont vous transcendez votre
handicap.
Mon handicap ? C’est quelque chose que j’ai
complètement intégré, oublié. Je vis juste
une nouvelle existence, différente...
Vous avez quelques représentants de la
jeune génération comme partenaires, José
8
Garcia, Jean Dujardin. On les compare
beaucoup à vous dans un autre style...
José et Jean sont de formidables acteurs,
ils ont leur style et c’est très bien comme
ça. Il est inutile de comparer ou de les
juger en se référant au passé. Rien ne
m’énerve plus que les vieux de mon âge qui
disent du mal des jeunes.
Le jeudi 20 mars, c’était votre dernier
jour de tournage. Etiez-vous triste ?
La première chose à laquelle j’ai pensé le
matin en me réveillant, c’est que je n’allais
9
plus voir ces camarades qui avaient tous
été mes amis pendant dix semaines.
Eh oui, ça m’a rendu triste. Ce sentiment
ne m’a pas quitté de la journée, mais je
n’avais pas le droit de le montrer. Pour
l’équipe, pour les spectateurs, je devais
paraître le plus heureux des hommes. Je
devais sourire comme je l’ai toujours fait,
quoi qu’il m’arrive. C’est mon rôle. C’est
moi.
10
Belmondo époque Verneuil :
Pour les uns, c'est un grand du septième
art populaire qui s'est éteint. Pour les
autres, un faiseur qui avait trop ou trop
souvent regardé vers Hollywood. Une
critique qui le blessait profondément.
`Peut-être que quand j'aurai un pied dans
11
la tombe, on estimera que j'ai un énorme
talent ´, plaisantait-il déjà dans les années
50. Le public, lui, n'avait pas attendu ce
moment pour le consacrer roi de ce que
l'on n'appelait pas encore, à l'époque, le
box-office. Car plus que tout autre, le
réalisateur d'origine arménienne savait
s'entourer des plus grands et faire
financer des projets colossaux.
C'est pourtant petitement et par une
porte dérobée qu'il arrive au cinéma.
Débarqué à Marseille à l'âge de quatre
ans, à bord d'un cargo rempli d'oranges,
12
Achod Malakian avait vu le jour à Rodosto,
en Turquie, le 15 octobre 1920. Sa famille,
fuyant le génocide arménien perpétré par
les Turcs, s'installe sur la Canebière.
Achod s'inscrit aux Arts et Métiers et
embrasse, plus tard, la carrière de
journaliste. Mais le cinéma l'attire. Et,
comme il aimait à le répéter, c'est grâce à
un autre Arménien, Rouben Mamoulian,
dont il avait admiré le film La reine
Christine, au cinéma Rialto, qu'il décide
d'en faire son métier. A l'occasion du
tournage d'un documentaire sur sa ville,
13
Escale au soleil, il rencontre Fernandel qui
accepte d'en lire le commentaire. Ce sera
le début d'une longue amitié entre les
deux hommes qui travailleront ensemble
sur La table aux crevés, Le boulanger de
Valorgues, Le mouton à cinq pattes - qui lui
vaudra l'Oscar du meilleur film étranger -
et, bien entendu, La vache et le prisonnier.
Ce sera ensuite au tour de Gabin de faire
un bout de chemin avec Verneuil, de
Mélodie en sous-sol au Clan des Siciliens
en passant par Un singe en hiver. Belmondo
(100.000 dollars au soleil, Week-end à
14
Zuydcoote, Peur sur la ville), Delon (Le
clan des Siciliens) seront aussi ses intimes.
`Tous ses films sont nés d'une amitié ou
en ont fait naître une´, écrivait d'ailleurs,
dans un hommage, François Chalais. Puis
vint sa période hollywoodienne, pendant
laquelle on le qualifia de plus américain des
cinéastes français...A la fin des années 70,
son étoile pâlit. I comme Icare ou Mille
milliards de dollars déçoivent. Il s'attelle
alors à la rédaction d'un livre, Mayrig
(maman, en arménien), qu'il portera à
l'écran, en deux parties (Mayrig, 588, rue
15
Paradis), et dans lequel il raconte, enfin,
sa vie de jeune émigré.
En 1996, on décerne à Verneuil un César
d'honneur. Mais ses plus belles
récompenses sont les deux jeunes enfants
que lui donne sa seconde épouse,
Véronique. Aujourd'hui, Sophie, Patrick
(né d'un premier mariage), Sevan et
Kayané ont perdu bien plus qu'un
monument du cinéma...
16
En juin 1944, Albert Quentin, ancien
fusilier-marin en Chine, tient, avec sa
femme Suzanne, rencontrée à La
Bourboule, l'hôtel Stella dans le village de
Tigreville, sur la côte normande aux
environs de Deauville.
17
Il se laisse souvent aller à trop boire, ce
qui le porte à la nostalgie de son service
militaire en Chine. Lors d'un
bombardement en juin 1944, il promet à
Suzanne de ne plus boire si l'hôtel
échappe à la destruction ; promesse tenue.
Quinze ans plus tard, débarque Gabriel
Fouquet, publicitaire. Il boit pour effacer
l'échec de sa vie sentimentale avec Claire
qui vit à Madrid, « voyager » en Espagne
et rêver de tauromachie. Il vient voir sa
fille Marie pensionnaire à Tigreville, dont
18
Mme Victoria, la directrice pourtant
française ne parle qu'en anglais. Les deux
hommes, qui n'ont pas « le vin petit ni la
cuite mesquine », vont connaître deux
jours d'évasion grâce à l'ivresse, l'un en
Espagne et l'autre en Chine. Ce sera
l'occasion d'un duo a cappella sur la
fameuse chanson Nuits de Chine.
L'apothéose de cette soûlographie est
atteinte avec un feu d'artifice «
dantesque » sur la plage. Puis chacun
retournera à sa vie d'avant.
19
Anecdotes : Le roman d'Antoine Blondin
Un singe en hiver avait reçu le prix
Interallié en 1959.
C’est la seule fois où Jean Gabin et Jean-
Paul Belmondo se rencontrèrent à l’écran,
la star du cinéma français et l'acteur
vedette de la Nouvelle Vague.
Le film a été tourné durant l'hiver 1961-
1962, sur la côte normande, notamment à
20
Villerville, qui y apparaît sous le nom de
Tigreville, à Deauville et à Houlgate.
À l'origine, le producteur souhaitait
tourner un film tiré du roman de Roger
Vercel, Au large de l'Eden, histoire d'une
mutinerie menée par un capitaine de
terre-neuvas. Le producteur Jacques Bar
avait donc réservé un bateau chez un
armateur de St Malo. Gabin en montant
21
sur le bateau a trouvé que ça sentait la
morue, que ça lui donnait mal au cœur et
décida de ne pas faire le film. Michel
Audiard proposa alors d'adapter un livre
de Blondin, Un singe en hiver.
Dans la scène du flamenco chez Esnault,
Belmondo ne danse pas le flamenco, il était
doublé pour les gros plans par un espagnol.
Le montage est si bien fait qu'on peut
facilement ne pas s'en rendre compte.
La scène de la corrida avec les voitures
est bien exécutée par Belmondo.
Henri Verneuil est présent dans le film au
22
moment où son nom apparait à l'écran au
générique : il est l'officier allemand qui
monte l'escalier.
23
Aux portes du désert, Castigliano dirige
une entreprise de transports routiers.
Hans doit conduire un chargement
clandestin de cent mille dollars au coeur
de l'Afrique. L'apprenant, Rocco élimine le
chauffeur, vole son véhicule et part avec
sa complice. Castigliano promet alors une
24
forte récompense à Marec s'il récupère le
camion. Commence une folle poursuite...
Anecdotes : Tu sais quand des types de
130Kg disent certaines choses, ceux de 60
Kg les écoutent.
- Mais j'rêve pas, c'est l'équipe de fer.
Tiens, je disais justement à Saïd:
"C'pauvre plouc avec les mauvais yeux qu'il
a maintenant va bientôt falloir mettre des
25
filets au bord de la route, pour pas qu'il
aille se foutre dans le ravin". Et bien bravo
jeunes gens !
- T'as une barre de remorquage ?
- J'ai tout ce qu'il faut, toujours. Quant
tu roules devant moi j'emporte même un
moteur de rechange. T'arriveras plus à me
surprendre. Enfin ce coup-là on n'aura pas
à creuser, c'est déjà ça. J'aime mieux
t'opérer en surface. Parce que, parti
comme t'étais l'autre coup, en améliorant
un peu, fallait appeler les spéléologues.
26
- Réponds-moi Plouc, dis-moi la vérité.
- Quoi ?
- Est-ce que je suis une putain ?
- Ben... tu couches toujours avec tout le
monde... enfin je veux dire avec les copains
quoi !
- Oui.
- Et y'en a pas un, des fois, qui t'aurait
refilé de l'oseille ?
- Non.
- Et ben alors ! T'es notre petite Angèle.
C'est tout.
27
-Mais ma parole...c'est l'champion de la
ligne, Le cador du volant ! Pardon
monsieur, excusez ma curiosité, vous
seriez t'y pas ensablé des fois ?
-Tu veux savoir, eh ben t'es même pas
drôle !
-Allez mon gars, en avant les pelles et les
tôles. Faut aider son prochain. Beh,
qu'est-ce tu veux... C'est les misères de
l'âge, hein...faut faire semblant de
s'apercevoir de rien. Le pauv' plouc, il a la
vue qui baisse, alors y roule de plus en plus
à côté de la piste. On l'récupère un peu
28
partout... Des fois au Mozambique, des
fois sur la nationale 7, des fois comme
c'est le cas dans l'Fech-Fech... Alors on le
ramène en remorque pour pas qui perde sa
place... Ben, un vieux, faut bien qu'ça
mange !
-T'as fini, oui ?
Figure-toi qu'un jour sur la piste d'Ibn
Saoud j'tombe sur un p'tit ingénieur des
pétroles avec sa Land Rover en rideaux. Il
avait sa bonne femme avec lui, une grande
blonde avec des yeux qui avaient l'air de
rêver, puis un sourire d'enfant... Une
29
salope, quoi.
Tu vas encore traîner un peu, tu feras
encore des p'tites saloperies, comme ça,
pour la gamelle, puis tu glisseras
doucement vers la côte des Palmes. Tu
finiras clodo à Abidjan et tu te feras
descendre un jour en piquant un porte-
monnaie ou un litre de rouge. Je te filerais
bien mon poing dans la gueule, mais t'irais
encore te prendre au sérieux.
Où est-ce que t'as appris que l'argent
faisait le bonheur ? T'as été élevée chez
les laïcs, toi ?
30
Ici c'est une grande famille. Quand un
gars veut une augmentation, il vient me
voir, je l'écoute et hop ! Je le vire.
Dans la vie on partage toujours la merde,
jamais le pognon. Personne...
C'est con un canard, mais ça fait cossu !
31
A Dunkerque, en juin 1940, ses camarades
et lui ayant raté l'embarquement pour
l'Angleterre au plus fort de la Débâcle, le
sergent Julien Maillat, dégoûté et las,
rencontre Jeanne, une jeune femme qui
refuse de quitter sa maison en ruines.
Julien persuade Jeanne de fuir avec lui et
32
dit adieu à ses amis. Une improbable idylle
se noue bientôt entre eux.
Anecdotes : Pour évoquer son sujet, Henri
Verneuil fait le choix du Scope, des
explosions impressionnantes et des
milliers de figurants. Le résultat, quarante
ans plus tard, est d’une poésie et d’une
démesure toujours aussi bluffantes.
33
Chaque plan est composé comme un tableau
dont les arrière-plans sont
particulièrement soignés, qu’il s’agisse des
scènes de bataille (la séquence de
l’embarquement est un véritable morceau
de bravoure) ou des scènes plus intimes,
familières mais soutenues par des
dialogues qui font mouche. Bien qu’elle ne
soit pas toujours très cohérente, la
construction narrative du film, en spirale,
est le cadre parfait pour le parcours
initiatique de Maillat, quête inévitable mais
sans objet, si ce n’est de découvrir une
34
raison d’être au milieu du chaos. Le
désœuvrement des soldats, la peur des
obus et des bombardements des stukas, la
brutalité de la guerre mèneront notre
héros à réaliser l’absurdité de la condition
humaine. Cette prise de conscience inscrit
Week-end à Zuydcoote dans la droite ligne
de l’œuvre de Camus – et plus
généralement de la littérature humaniste
de l’après-guerre (le roman de Robert
Merle paraît en 1949) – mais est
également à replacer dans le contexte de
1964 (date de la sortie en salles), et des
35
prémices des grands mouvements
contestataires.
36
Quatre malfrats organisent un
cambriolage au domicile du richissime
Monsieur Tasko, à Athènes. Ils
neutralisent le gardien de la villa puis,
grâce à leur matériel sophistiqué,
parviennent à ouvrir le coffre-fort et
dérobent une somptueuse collection
37
d'émeraudes. Un policier qui passe à côté
de la villa repère la voiture des malfrats
garée à proximité et est alerté par un
bruit. Azad sort de la villa et feint une
panne de voiture. Le policier ne croit guère
à cette version des faits mais laisse partir
le cambrioleur. En fait, le but du policier
est de récupérer pour son compte
personnel la collection d'émeraudes.
S'ensuit alors un formidable jeu du chat
et de la souris entre le cambrioleur et le
policier.
38
Anecdotes : Acteur casse-cou, Jean-Paul
Belmondo a refusé, comme sur chacun de
ses films, de se faire doubler sur les
cascades du Casse. Ce fut le cas pour
cette séquence de poursuite. Le long
métrage est l'une des cinq collaborations
du comédien avec Henri Verneuil, avec
Cent mille dollars au soleil, Peur sur la
ville, Le Corps de mon ennemi et Les
Morfalous. 39
40
Le commissaire Letellier a vu sa carrière
brisée par le truand Marcucci, à l'issue
d'un braquage qui a mal tourné. Muté dans
un commissariat terne, il continue à
chercher la trace de son ennemi. Au
moment où Letellier apprend enfin le
retour du braqueur à Paris, un mystérieux
41
tueur terrorise la capitale. Il se fait
appeler Minos, par référence à L'Enfer, le
premier tome de la Divine Comédie, de
Dante, se présente à ses victimes puis à
l'opinion publique comme un « justicier »
et étrangle des femmes célibataires à la
vie sexuelle libre. Letellier doit alors
choisir entre assouvir sa vengeance ou
faire son métier de policier et neutraliser
un redoutable tueur en série...
42
Anecdotes : La tour vue pendant le
générique de début avec un immense
baromètre au sommet est la tour Les
Poissons place Charras à Courbevoie. C'est
de cette même tour que Norah Elmer
s'est défenestrée.
La clinique de la « Trinité » où Jean-Paul
Belmondo rencontre pour la première fois
le tueur n'est autre que l'hôpital Antoine-
Béclère à Clamart.
La scène finale a été tournée dans la tour
Avant-Seine sur le front de Seine.
Dans l'une des scènes, Jean-Paul Belmondo
43
effectue une cascade sur le pont de Bir-
Hakeim.
C'est lors de la scène du pont de Bir-
Hakeim qu'un passant a interpellé Jean-
Paul Belmondo pour lui dire : « Bravo
Bébel, même pour cent briques, je ne
l'aurais pas fait » et Bébel l'a regardé et
lui a dit : « Moi non plus ! »
44
Moissac Mais , il la rentabilise bien sa cave
la salope !
Gardien Va savoir , où vont les gens ? y a
48 étages dans cette putain de tour !
Letellier Accompagne ces messieurs
jusqu'a cette putain de porte ! on leur
enverra une putain de convocation !!
Letellier Écoutez je vous arrête tout de
suite , on m'a fait le coup à l'armée : Vous
savez parler anglais ? Bon ben alors ,
corvée de chiottes !
Sabin Letellier , vous n'imaginez pas le
nombre d'affaires de Police qui ont été
45
résolues par des corvées de chiottes !
Moissac Bon , je vais voir Germaine !
Letellier Bonne bourre !
Moissac Ca vole haut avec toi !
Moissac Je l'aimais bien cette voiture. Je
m'y étais habitué !
Letellier Hein ?
Moissac C'est peut-être une bombe !
Letellier Votre roman photo avec votre
chef de service , c'est dégoulinant de
connerie ! Elle l'aime , il est marié et père
de 2 enfants , trouveront ils le bonheur ?
En vente dans tous les kiosques !
46
Moissac Je suppose que tu sais ce que tu
fais !
Letellier Ta gueule !
47
Après avoir purgé une peine de sept ans de
réclusion pour un double meurtre qu'il n'a
pas commis, François Leclerc revient dans
sa ville, Cournai . Il veut tirer au clair
cette sombre affaire et connaître ceux
qui ont tiré les ficelles de cette
machination. Il se rappelle sa fulgurante
48
ascension sociale dans la ville, jusqu'à
cette sombre affaire qui le mena devant
les assises.
Anecdotes : Ce film a été entièrement
tourné dans la métropole lilloise. De
nombreux sites sont toujours
reconnaissables aujourd'hui, comme
l'emplacement du Diplodocus, dans le film
49
Un énorme trou dans le sol.
Cet énorme trou rempli d'eau était le
chantier d'un complexe immobilier occupé
aujourd'hui par des bureaux, des
commerces et le Palais du Nouveau Siècle
et du parking qui se trouve en son sous-sol,
dans le Vieux-Lille. Pour l'anecdote, on
l'appelait « le trou de Mauroy », en
référence à Pierre Mauroy, élu maire de
Lille pour la 1re fois en 1973, et qui avait
présidé à ce projet qui pouvait paraître
pharaonique à l'époque. On y reconnait
aussi, hormis quelques rues (assez tristes
50
dans les années 1970) du Vieux-Lille, une
entrée de l'immeuble Le Forum situé à
l'angle des rues Charles-Saint-Venant et
Gustave-Delory. On y reconnait également
la gare de Tourcoing appelée gare de
Cournai dans le film, ainsi que la rue de
l'Épine.
Plusieurs scènes se déroulent dans les
rues de Roubaix Grand'Rue, rue
51
d'Avelghem ...
La boîte de nuit, dont le logo visible dans
le film est toujours en place aujourd'hui,
est la discothèque Le macumba à Englos,
petit village situé à 5 km de Lille. On y voit
aussi l'ancien abattoir de Roubaix (la
scène devant la prison, où la foule veut
lyncher l'accusé) détruit depuis (à
l'emplacement du lycée Jean-Rostand, rue
de Lavoisier).
Une scène permet aussi de retrouver le
stade Grimonprez-Jooris, que le héros
parcourt seul dans la tribune découverte.
52
Un chauffeur de taxi : Vous avez un
pronostic pour le match (France-
Allemagne) ? Moi je dis que ça va pas être
une promenade. Attention, les Allemands,
sur leur terrain, faut jamais les sous-
estimer.
François Leclerc : Parfois même sur le
notre.
La province fout le camp. La rue du
53
Commerce est devenu un énorme étalage
qui déborde de partout, qui dévore la rue...
Une ville folle, hagarde... Une foire au
gadget, aux portes béantes en miroir,
acier et plexiglas, aux slogans
péremptoires: "A saisir"... "Liquidation"...
"Nos prix qui pulvérisent"... Un monde qui
brade... Qui bazarde... Qui se débarasse
d'objets qui ne servent à rien qu'à être
achetés.
A votre âge et quand on porte votre nom,
les gros mots ne peuvent être que des
citations.
54
On connaît le poids d'un penalty sur un
bulletin de vote.
Le football n'intéresse que les politiciens,
les enfants, et les fabricants de ballons.
55
En Tunisie pendant la Seconde Guerre
mondiale, un convoi de la Légion étrangère
est chargé de récupérer six milliards en
lingots d'or dans la banque d'El Ksour de
Mahdia, afin de les amener en lieu sûr, à
Sfax.
56
Les Allemands déjà présents dans la ville
tirent à vue sur le convoi. Seuls quatre
légionnaires échappent à la fusillade.
Borzik se fait tuer en tentant une sortie
de nuit avec l'adjudant Mahuzard afin de
récupérer armes et munitions.
Les trois légionnaires restants découvrent
l'artilleur Beral assis dans les toilettes
d'un bâtiment. Grâce à une batterie de
105 encore en état de marche et servie
par Beral, les Allemands siégeant dans la
ville sont délogés et tués.
Augagneur et Boissier ont dans l'idée de
57
récupérer l'or alors que Mahuzard tient à
continuer la mission initiale.
Anecdotes : Avant le générique final, on
peut voir la phrase « J'étais l'homme le
plus riche du monde, l'or m'a ruiné » en
référence au livre de Blaise Cendrars
L'Or.
Il s'agit du dernier film, sorti en salles de
son vivant, écrit par Michel Audiard. Ses
58
deux derniers scénarios, La Cage aux
folles 3 et On ne meurt que deux fois,
sont sortis quelques mois après sa mort,
en juillet 1985.
Dans le film, le blindé allemand est en fait
un SK-105 Kürassier
La version originale du film est américaine
: De l'or pour les braves
Avant de proposer le rôle à Bébel, le
réalisateur songea à Victor Lanoux et
Gérard Lanvin.
Le film a fait 3,6 Millions d'entrées en
France, et 700 000 en RFA.
59
Il y a des circonstances où il vaut mieux
voir arriver un mauvais Français qu'un bon
Allemand.
Mahuzard : Les conneries on les fait avant
d'entrer à la Légion, pas pendant!
Beral : Ah pardon, en ce qui me concerne,
je ne suis pas limité dans le temps, je ne
suis pas légionnaire.
60
Beral : Qu'est-ce qu'il fait? On la saute!
Mahuzard : Lui aussi il la saute!
61
Belmondo époque Lautner :
Réalisateur et scénariste français,
Georges Lautner, fils de la comédienne
Renée Saint-Cyr, est né le 24 janvier 1926
à Nice, en France.
C’est le métier exercé par sa mère qui
détermine en grande partie son choix de
devenir cinéaste. En effet, après des
études de droit, Georges Lautner s’oriente
vers le cinéma en devenant d’abord
62
assistant-réalisateur. Cette première
expérience va le familiariser davantage
avec les techniques cinématographiques.
C’est ainsi qu’il réussit, en 1958, à réaliser
son premier film, La Môme aux boutons. Il
y dirige Serge Davri, Lucette Raillat et
Lisette Lebon.
Deux années plus tard, il signe Marche ou
crève avec, comme interprète, Bernard
Blier. Celui-ci sera associé à de nombreux
films de Georges Lautner tels que Le
Monocle noir en 1961 ou encore Le
Septième Juré en 1962.
63
La carrière de Georges Lautner prend une
nouvelle dimension lorsque celui-ci
s’associe au dialoguiste Michel Audiard.
Cette collaboration donnera lieu à l’énorme
succès des Tontons flingueurs en 1963, un
film réunissant une pléiade d’acteurs,
notamment Lino Ventura, Bernard Blier et
Jean Lefebvre.
Georges Lautner va alors accumuler les
coups d’éclat, devenant un personnage
marquant du paysage cinématographique
français. Ainsi, après Les Tontons
flingueurs, des films comme Les
64
Barbouzes (en 1964), Ne nous fâchons pas
(en 1966), Le Pacha en 1968, Flic ou voyou
en 1979 Le Professionnel en 1981,
interprété par Jean-Paul Belmondo,
connaîtront la même réussite.
Après avoir fait ses preuves dans le genre
comique, il change de registre et s’essaie
au drame en réalisant, en 1970, La Route
de Salina, dans lequel il met en scène Rita
Hayworth. Il dirige également Les Seins
de glace en 1974 et Mort d’un pourri en
1977, avec Alain Delon. Toutefois,
l’expérience ne s’avérant pas concluante,
65
surtout commercialement, le cinéaste
renoue avec la comédie en s’attachant les
services de Jean-Paul Belmondo dans Le
Guignolo en 1980. Il tourne encore
Joyeuses Pâques en 1984, La Vie dissolue
de Gérard Floque en 1987, puis L’Invité
surprise 1989.
La disparition de son collaborateur, Michel
Audiard, en juillet 1985 marque un
tournant majeur de la carrière du
réalisateur. Par la suite il hésitera entre
comédies et films policiers, signant en
1988, La Maison assassinée, suivi de son
66
dernier film, L’Inconnu dans la maison, en
1992.
Depuis, Georges Lautner se consacre à la
télévision, rédige On aura tout vu, un
ouvrage autobiographique paru en 2005, et
écrit des scénarios de bandes dessinées
telles qu’On achève bien les cons, en 2004.
67
Stanislas Borowitz est un flic de la «
police des polices » qui use de méthodes
particulièrement expéditives pour contrer
les ripoux. Envoyé à Nice pour lutter
contre la mafia, il se fait passer pour un
petit malfrat du nom d'Antonio Cerruti
auprès des truands et découvre une 68
organisation policière en collaboration
avec les mafieux de la ville. Si son enquête
commence bien, la situation tourne bientôt
à la bouillabaisse avec l'arrivée de sa fille
fugueuse, sa rencontre avec un auteur,
bourgeoise jalouse, et son adjoint. Mais
les inspecteurs ripoux Rey et Massard
veulent absolument lui nuire.
69
Anecdotes : Flic ou Voyou est le premier
film de la carrière de Jean-Paul Belmondo
à dépasser le million d'entrées sur Paris et
sa périphérie
Site au succès du film, les scénaristes ont
l'idée de faire un second film à l'attention
de Belmondo : Le Guignolo. On y retrouve,
outre Belmondo, la plupart des autres
comédiens du film : Georges Géret,
Charles Gérard, Michel Galabru, Philippe
Castelli, Tony Kendall ou encore Michel
Beaune
Dans le film, le film qui est projeté au
70
cinéma est un autre film de Georges
Lautner, tourné trois ans auparavant : Pas
de problème !, qui fut rebaptisé, pour le
film, Le Terminus des prétentieux, titre
prévu initialement pour Les Tontons
flingueurs
Claude Brosset s'appelle Volfoni, en
hommage à un autre film culte du cinéaste
: Les Tontons flingueurs, dans lequel
Bernard Blier et Jean Lefebvre
s'appellent également Volfoni.
Curieusement la version télévisée du film
est expurgée d'une scène par rapport à
71
celle sortie au cinéma. Quand le
personnage de Belmondo dort sur le bord
de l'autoroute et se fait attaquer par une
bande de méchants, dans le film il ouvre sa
veste et montre le revolver qu'il a, à sa
ceinture, d'un air de s'excuser de devoir
les interrompre, avant de tirer sur la
voiture des méchants et de leur faire
baisser leurs pantalons. Cette scène a été
supprimée pour laisser seulement le tir sur
la voiture.
72
Eh, les gars ! Ces trucs là, on devrait
jamais avoir à s'en servir. D'autant qu'on
peut obtenir les choses autrement. J'en
suis sûr. Tenez, en demandant. Pardon
Messieurs, pourriez-vous ôter vos
pantalons, s'il vous plait ? J'ai dit, ôtez
vos frocs ! J'aimerai voir ce que vous
portez en-dessous. On dit que la soie
revient à la mode.Edmonde : Vous laissez
votre voiture ?
Borovitz : Ce n'est pas ma voiture !
Edmonde : (La voiture de Musard explose)
Mais... les...
73
Borovitz : Je vous répète : ce n'est pas ma
voiture.Grimaud : Bon, alors on t'a envoyé
de Paris pour enquêter sur la mort du
commissaire Bertrand. T'appelles ça une
enquête administrative. Moi, je veux bien,
mais alors permets moi de te dire,
Stanislas, que l'administration a drôlement
changé.
Borovitz : Tu parles qu'elle a changé ! Le
commissaire Bertrand, pourri jusqu'à l'os,
se fait descendre par les inspecteurs Rey
et Massard, également pourris jusqu'à l'os
et également payés par Achille qui, lui, une
74
justice à lui rendre, n'appartient pas à
l'administration.Charlotte : Je suis
enceinte !
Borovitz : Écoute ma petite fille, on t'a
autorisé à reprendre des fraises. Sers toi
et ne complique pas tout !
Charlotte : J'ai quatorze ans et demi et je
suis enceinte ! T'entends ce que je te dis ?
Borovitz : Tu as quatorze ans et demi, et
75
tu es enceinte ! C'est bien, très bien !
Mais, ne te prends pas pour une surdouée !
D'après ce que j'ai lu dans une revue
littéraire, certaines petites négresses se
marient dès l'âge de 8 ans.
Edmonde : Oui, c'est comme Mozart
d'ailleurs. Déjà tout petit, il faisait des
trucs épatants.Borovitz : Bien, hein, ton
nouveau bureau ! J'aime beaucoup le
turquoise.
Musard : Comment tu sais ?
Borovitz : Oh, j'ai jeté un coup d'œil en
remontant mon petit réveil.
76
Musard : Ton petit réveil ? Dis donc, ce
serait pas un réveil du genre qu'on
remonte qu'une fois ?
Borovitz : C'est ça ! Si t'as des volontés à
exprimer, une prière que t'aimes bien, ou
un mot historique à balancer, magne-toi, ça
va péter dans 15 secondes !
Massard : Divisionnaire Borovitz. La police
des polices. Grand spécialiste du
nettoyage.
Rey : Divisionnaire ou pas divisionnaire, ça
change rien !
Massard : Ouais ! Alors là, je crois que
77
t'as tort. Tu sais comment on l'appelle ?
Rey : Comment ?
Massard : Le Blanchisseur ! Ça te dis rien
? Pas de cœur, pas de sentiment, pas
d'attache ! Nous, on est fragiles comme
des nouveaux-nés !
78
Alexandre Dupré, voleur récemment libéré
de prison, est chargé de passer la
frontière italienne avec une mallette.
Cette mallette contient un briquet, dont il
ignore qu'il cache un microfilm. Une horde
d'espions étrangers se lance à ses
trousses dans Venise.
79
Anecdotes :
Un marchand de tableaux est un voleur
inscrit au registre du commerce.
Tout le charme de l'Orient... Moitié
loukoum, moitié ciguë... L'indolence et la
cruauté... En somme, le Coran alternatif.
Irène : Si vous le voulez bien, nous
dînerons de bonne heure : mon mari doit
80
prendre le train de 22h00 pour
Strasbourg. Je crains fort que nous
prenions le café sans lui.
Alexandre Dupré : Vous faites bien de me
le dire... J'apporterai le lait et les
croissants.
Alexandre Dupré : Vous savez quelle
différence il y a entre un con et un voleur
?
Joseph : Non...
Alexandre Dupré : Un voleur de temps en
temps ça se repose.
81
Agent des services secrets français,
Josselin Beaumont est envoyé au Malagawi
(petit pays d'Afrique censé synthétiser
les anciennes colonies d'AOF à l'aube des
années 1980 et la politique africaine de la
France), pour y abattre le président Njala,
dictateur local et ennemi des intérêts 82
français. Entre temps, la situation
politique ayant changé, les services
secrets français n'ont plus aucune raison
de faire abattre Njala et, plutôt que de
simplement le rappeler, dénoncent
Beaumont au président Njala. On arrête
Beaumont, le drogue pour obtenir des
aveux, le juge puis le condamne pour haute
trahison à une longue peine de travaux
forcés dans un bagne où il sera torturé.
Deux ans plus tard, parvenant à s'évader,
Joss rejoint Paris où il n'a plus qu'une idée
en tête : se venger de ses supérieurs tout
83
en accomplissant sa mission initiale :
abattre Njala. Cette mission, Joss a
l'intention de l'exécuter lors du voyage
diplomatique de celui-ci en France.
Avisée de son plan, l'ancienne hiérarchie
de Josselin commence à passer des nuits
blanches. Le redoutable commissaire
Rosen, avec son équipe, va tout mettre en
œuvre pour « stopper » Beaumont. Rosen
échouera dans sa traque et sera abattu
par Beaumont. Désormais, ce dernier aura
le champ libre pour poursuivre jusqu'au
bout sa mission. Faisant momentanément
84
croire à sa mort, alors que c'est Rosen qui
se trouve à la morgue, il prend en otage
Farges, un subalterne de Rosen qui a
découvert la véritable identité du mort,
pour arriver jusqu'à Njala, abrité dans un
château. Un tour de passe-passe : Joss
donne son revolver vide à Njala et l'attire
vers la fenêtre. Ce dernier ne peut
s'empêcher de le pointer sur Joss. À ce
moment, Farges, croyant que c'est
Beaumont qui tient le revolver, abat
malencontreusement le président. Alors
que Beaumont s'apprête à quitter les lieux
85
en hélicoptère, le ministre, pressé par le
colonel Martin, donne finalement l'ordre
de le « stopper ». Ce sera chose faite
quand le colonel Martin transmet à Farges
l'ordre de « stopper » Beaumont, qui sera
tué d'une rafale de fusil mitrailleur.
86
Anecdotes : Après «Flic ou voyou» et «Le
Guignolo», tous deux réalisés par Georges
Lautner, Jean-Paul Belmondo (alors au
faîte de sa gloire) a pour projet de
tourner «Barracuda» de Yves Boisset, un
film d’aventures se déroulant aux Caraïbes
et inspiré en partie par l’affaire Claustre
(l’enlèvement d’une Française, retenue en
otage au Tchad de 1974 à 1977, qui se
transforma en affaire d’état). Mais les
deux hommes ne parviennent pas à
s’entendre. «Il y a eu, disons,
incompatibilité de conception sur le
87
projet», rapporte Boisset. «Après avoir
travaillé six à sept mois sur le scénario et
fait des repérages aux Antilles, on ne s’est
pas mis d’accord sur le scénario :
Belmondo voulait faire un film d’aventure
et se refusait à toute allusion à l’affaire
Claustre. Moi, au contraire, j’avais envie de
réaliser à la fois un film d’action qui
mettrait le doigt sur certains aspects
obscurs de cette affaire». Alexandre
Mnouchkine, le producteur attitré de
Belmondo (depuis «Cartouche»), n’est pas
intéressé lui non plus par «Barracuda» et
88
propose à Yves Boisset d’adapter pour sa
vedette un roman de l’Anglais Patrick
Alexander, «Mort d’une bête à la peau
fragile» (paru en 1978 chez Gallimard).
Le cinéaste refuse mais Belmondo suit les
conseils de son producteur. «Je trouvais le
livre très bon et comme je voulais faire,
derrière «Le Guignolo», quelque chose de
plus grave, et que je voulais revenir au
89
policier…». Tout naturellement, le film est
proposé à Georges Lautner qui est libre
pour entamer la préproduction. Michel
Audiard s’attelle au scénario et aux
dialogues. Le roman, qui se déroule en
Angleterre, doit être «francisé» mais
hormis ce détail, le script final suit à la
lettre l’histoire originale. Certaines
répliques viennent même directement du
livre. Pourtant, la première version
proposée ne semblait pas convenir, comme
s’en souvient Lautner : «L’adaptation était
partie sur une fausse route et quinze
90
jours avant le film, on a eu le choix entre
arrêter le film et le corriger. On l’a
corrigée avec Jacques Audiard et
l’équipe». Le tournage débute en mai 1981
en Camargue avec les scènes africaines de
la détention de Joss Beaumont, agent
secret français envoyé pour assassiner le
dictateur N’Jala puis trahi par sa
hiérarchie. Des étudiants noirs de
l’université de Montpellier sont engagés
pour faire de la figuration. Le décor du
village attaqué par l’armée pose problème
au metteur en scène. «En retard sur le
91
scénario, je n’ai pas pu surveiller les
travaux et je n’ai pas pu arriver sur place
avant la veille du tournage. Le village était
très bien fait, mais les cases étaient trop
éloignées les unes des autres. Impossible
d’en avoir au moins deux dans le même
cadre. Si je voulais la présence du village,
il fallait que je m’éloigne. Je me suis posté
à cinq cents mètres avec un téléobjectif
sur la caméra. Tous les plans de cette
séquence sont tournés au téléobjectif.
C’est ce qui lui donne ce grain particulier,
ce côté documentaire. Finalement, un
92
incident peut parfois nous obliger à
trouver des solutions système Démerde
qui peuvent être meilleures que celles
envisagées».
A propos de la partie africaine, le pays
désigné dans le film est imaginaire, le
Malagawi. Or, le résumé du dossier de
presse (et tous ceux qui ont suivi depuis
vingt-cinq ans !) parle du Malawi,
authentique pays africain commandé alors
93
par un dictateur, président à vie. Le nom
devait figurer dans le scénario avant
d’être modifié sur le tournage. L’équipe
rejoint ensuite Paris pour de nombreuses
scènes en extérieurs (Gare du Nord, 5 rue
des Eaux –l’appartement de Beaumont,
l’hôtel Intercontinental, etc.) dont la
moindre n’est pas celle de la poursuite en
voitures réglée par Rémy Julienne sur le
parvis et les escaliers du Trocadéro ! Les
autorisations tardant à venir, Belmondo
fait intervenir son père Paul, sculpteur
membre de l’Académie des Beaux-Arts, qui
94
rend la chose possible. Les intérieurs sont
tournés aux studios d’Epinay. Jean-Pierre
Lavoignat assiste pour «Première» aux
scènes se déroulant dans l’ancien
appartement de Joss Beaumont. «C’est la
journée catastrophe : un projecteur
tombe sur le plateau dans un fracas
épouvantable. Le miroir de la luxueuse
salle de bains que l’on déplace pour
faciliter un mouvement de caméra vole en
éclats. Un cadre tombe du mur. Belmondo,
dans une tirade de noms de gangsters –ou
de flics, qui sait ?- (Ndla : Beaumont
95
énumère à sa femme les noms des
principaux protagonistes de l’affaire) en
oublie toujours un, toujours le même – tant
et si bien que cela tourne au gag, malgré
les prises successives !...».
Comme souvent, le casting est «solide».
«Le problème dans beaucoup de films que
j’ai tournés, explique Belmondo, c’est que
très souvent, je n’ai pas eu face à moi de
96
méchants qui faisaient le poids. J’ai donc
suggéré aux producteurs d’engager Robert
Hossein, afin de me retrouver confronté à
un acteur d’envergure me donnant
beaucoup de fil à retordre». (Tout de
même, Omar Sharif dans «Le Casse»,
Bruno Cremer dans «L’Alpagueur» ou
Adalberto Maria Merli dans «Peur sur la
ville» étaient carrément à la hauteur !).
Hossein, avec qui il a tourné dix ans
auparavant «Le Casse», se révèle un
redoutable commissaire Rosen, flic violent
prêt à tout pour neutraliser Beaumont.
97
«Le Professionnel» marque aussi les
retrouvailles de Belmondo avec d’autres
acteurs comme Jean Desailly («Le
Doulos»), Elizabeth Margoni («Le Corps de
mon ennemi») et son ami de toujours
Michel Beaune. Bernard-Pierre Donnadieu
incarne l’inspecteur auxiliaire Farge (après
avoir été une petite frappe dans «Le Corps
de mon ennemi») et s’en réjouit. «Dans les
films de Belmondo, on pourrait croire qu’il
n’y en a que pour Bébel ; c’est vrai dans
une certaine mesure car les seconds rôles
sont des faire-valoir de Bébel, mais il
98
manifeste énormément de respect pour
les acteurs avec qui il travaille. Il a une
conception du domaine des seconds rôles
qui, à mon avis, rejoint la mentalité des
metteurs en scène américains». Jean-
Louis Richard (qui reviendra dans «Le
Marginal»), Cyrielle Claire et Pierre
Saintons (excellent en N’Jala) relèvent de
cette «conception». Quant à André Weber
(un «régulier» de chez Georges Lautner :
«Les Barbouzes», «Le Pacha»…), son rôle
de clochard échangeant ses vêtements
avec Beaumont semble être une référence
99
directe à «Ho !» de Robert Enrico. A noter
encore la présence de têtes familières
comme Baaron (le président du tribunal),
l’Africain au gong des émissions de
Stéphane Collaro ; le culturiste antillais
Serge Nubret (le médecin au procès),
apparu dans plusieurs peplums dont «Les
Titans» de Duccio Tessari ou l’ex-
champion de boxe Maurice Auzel (un des
flics chargés de filer la call-girl), grand
ami de Belmondo à qui il donne
régulièrement la réplique. Alors que la
postproduction commence, Ennio
100
Morricone est choisi pour composer la
bande originale. En attendant qu’il débute
son travail, Georges Lautner choisit, parmi
quelques disques qu’on lui soumet, un
thème du musicien.
Il est séduit par «Chi Maï», un morceau du
film italien «Maddalena», réalisé par
Jerzy Kawalerowicz en 1971. «J’ai monté
le film avec ce disque. Après la première
projection, tout le monde était emballé. Je 101
vais à Rome. Morricone enregistre la
nouvelle musique dans la couleur de «Chi
Maï». Je monte le film avec cet
enregistrement. Projection : déception.
Belmondo a dit, et tout le monde aussi :
«Oh, oh, ça va pas !». J’ai remis le 45
tours». René Château, qui est chargé de la
publicité sur les films de Belmondo depuis
plusieurs années, se souvient : «Nous
avons sur-utilisé ce thème en le mettant
sur tous les moments faibles du film. Une
idée reprise du «Docteur Jivago» où le
célèbre air de Maurice Jarre («La Chanson
102
de Lara») revenait sans cesse en leitmotiv
alors qu’elle ne représentait qu’un petit
passage du film. Cela a été une des raisons
principales de l’énorme succès du
«Professionnel»… La musique masquait les
trous du scénario…». Fait amusant, «Chi
Maï» est également présent dans un
feuilleton de la BBC, «The Life and Times
of David Lloyd George» diffusé en
Grande-Bretagne deux mois avant le début
du tournage du «Professionnel».
A la sortie du film, Jean-Pierre Lavoignat
évoque avec Jean-Paul Belmondo son
103
projet de film sur le gangster Jacques
Mesrine et lui demande : «Malgré votre
image de marque, vous accepteriez de
mourir comme ça ?».
Ce à quoi la star répond : «Pourquoi pas ?».
Il faut dire que «Le Professionnel» n’a pas
été présenté à la presse et que la fin du
film n’est donc pas encore connue… Mais la
question s’est réellement posée à la
104
production. Belmondo et Lautner étaient
d’accord pour faire mourir Joss Beaumont
alors qu’il se dirige vers l’hélicoptère, une
fois N’Jala tué (par Farge). «Tout le
monde était contre nous», rappelle
Lautner. «Notre raisonnement n’était pas
faux. Nous faisions des films avec
Belmondo en agitateur comique, sur le ton
de la dérision, de la légèreté. La mort du
héros donnait soudain une certaine gravité
à ce cinéma de détente. Quand Alain Poiré
est sorti de la projection privée, il a
téléphoné à notre producteur du moment,
105
Mnouchkine : «Sacha, si Belmondo meurt à
la fin, vous perdez deux cent cinquante
mille entrées sur Paris». J’avais tourné
une autre fin : Belmondo partait dans
l’hélico avec une très jolie fille, Marie-
Christine Descouard… Mais nous avons
tenu bon. Belmondo se fait descendre, et
on reste sur son cadavre avec la musique
de Morricone. On en prend plein la
gueule».
106
Stéphane Margelle est un riche industriel
et surtout un séducteur. Persuadé que sa
femme Sophie a pris l'avion dans la
journée, il ramène chez lui Julie qui ne sait
pas où dormir. Mais une grève surprise
empêche Sophie de partir et elle rentre à
107
l'improviste en pleine nuit et les surprend.
Pour s'en sortir, Stéphane fait passer
Julie pour sa fille, dont il aurait oublié de
lui parler, et qui est enceinte. De ce
mensonge vont en découler bien d'autres
et Stéphane va s'empêtrer toujours
davantage...
Adapté d'une pièce de boulevard, ce film
est sorti à l'époque où Jean-Paul Belmondo
connaissait des succès réguliers dans des
films d'action où il réalisait de
nombreuses cascades, d'où l'aspect
hétéroclite de l'ensemble : après une
108
séquence d'ouverture montrant Belmondo
faisant des cascades en bateau, en
hélicoptère, sans grand rapport avec
l'histoire, l'intrigue se transforme en
vaudeville très théâtral (le mari, la femme,
la maîtresse en plein quiproquos). De
nouveau, à la fin, Belmondo part faire des
cascades dans les rues de Nice sans autre
justification scénaristique que de
remonter le quota d'action.
109
110
Me Jacques Emile Marie Loursat est un
très brillant avocat qui a sombré dans
l'alcoolisme à la suite du suicide de sa
femme. Sa fille Isabelle, qui le rend
responsable du décès de la mère, ne lui
parle plus depuis 10 ans.
111
Une nuit, alors qu'il rentrait ivre d'une
maison close, Loursat entend un coup de
feu à l'intérieur de sa demeure alors qu'il
se trouvait devant sa porte d'entrée. Il
découvre, peu après, un jeune homme
agonisant au second étage : Joël Cloarec.
Très vite, les soupçons de la police se
tournent vers Antoine Manu, ami
d'Isabelle, lequel se retrouve très vite
inculpé, puis renvoyé devant les assises.
Loursat entreprend de le défendre...
112
Le film est un remake des Inconnus dans
la maison, film de Henri Decoin, sorti en
1942, dans lequel le rôle de l'avocat était
tenu par Raimu.
Ce film allie drame et humour. L'intensité
va en crescendo jusqu'au point d'orgue : la
seconde journée du procès.
On peut lire très brièvement le nom d'une
113
maison de vins de Beaune sur la collerette
d'une bouteille que Jean-Paul Belmondo
débouche en début de film.
Il s'agit de la dernière réalisation au
cinéma de Georges Lautner suite au faible
succès commercial obtenu par L'Inconnu
dans la maison.
« Les vieux boivent, les jeunes se
droguent. Tout le monde s'emmerde. »
114
Belmondo époque Deray :
Jacques Deray débute comme acteur dans
de petits rôles au cinéma.
Devenu assistant en 1953, il travaille
notamment avec Gilles Grangier, Luis
Bunuel et Jules Dassin. Il aborde la
réalisation en 1960 avec Le Gigolo, drame
115
psychologique interprété par Alida Valli et
Jean-Claude Brialy. Son deuxième film,
Rififi à Tokyo (1963), film policier
entièrement tourné au Japon, reçoit une
critique très favorable sans pour autant
connaître un réel succès public, mais
confirme ses qualités d'habile technicien
de la mise en scène pour films de genre, en
particulier policier.
Il faut attendre 1969 et le sombre drame
psychologique La Piscine pour que Deray
soit considéré comme un cinéaste
populaire de premier ordre et que
116
débutent ses longues collaborations avec
l'acteur Alain Delon et le scénariste Jean-
Claude Carrière. Le film suivant, Borsalino,
réunit Alain Delon et Jean-Paul Belmondo,
qui sont alors les deux vedettes les plus
populaires du cinéma français. Évocation
de la pègre marseillaise des années 1930,
Borsalino connaît un très grand succès
populaire.
Parmi les autres films notables de Jacques
Deray, on compte Flic Story, inspiré de la
traque du ganster Émile Buisson par le
policier Roger Borniche, Un papillon sur
117
l'épaule, polar kafkaïen mettant Lino
Ventura en vedette, et On ne meurt que
deux fois, un film noir réunissant Michel
Serrault et Charlotte Rampling. Cinéaste
discret, la fin de sa carrière sera
considérée par la critique comme
décevante et son dernier film L'Ours en
peluche, pourtant inspiré d'un livre de
Georges Simenon, est particulièrement
mal reçu.
Deray ne se consacre plus alors qu'à la
télévision.
118
Marseille, 1930. Roch Siffredi, un jeune
voyou récemment libéré de prison, décide
de retrouver sa compagne, Lola. Mais
pendant qu'il purgeait sa peine, celle-ci
s'est entichée d'un certain François
Capella, truand lui aussi. Après une
rencontre orageuse, les deux hommes
119
deviennent amis ; étant recrutés pour
mener des actions douteuses pour le
compte de notables peu scrupuleux, ils se
rendent compte qu'ils peuvent en faire
plus et décident de conquérir la ville
ensemble. Dénués de scrupules et
imaginatifs, ils s'attaquent aux parrains de
Marseille nommés Pauli, propriétaire d'un
restaurant et de l'approvisionnement de
Marseille en viande et Marello,
propriétaire d'un casino clandestin. Après
une opération de sabotage dans les
entrepôts de viande appartenant à Pauli
120
ayant mal tourné, ils se retirent à la
campagne pour se faire oublier, recruter
de nouveaux membres dans leur bande,
acheter de nouvelles armes et préparer
leur vengeance, ils exécutent ensuite Pauli
devant son restaurant à l'aide de
mitraillettes Thompson ; ils gagnent
ensuite leur place parmi les notables de
Marseille. Toutefois, Roch estime que
l'election au poste de député de l'avocat
Maître Rinaldi ne leur est pas favorable
car ce dernier bénéficie de l'appui total
de Marello .Capella lui conseille de ne rien
121
faire pour l'instant car ils seraient les
premiers soupçonnés. Or, Maître Rinaldi
est touché de deux balles alors qu'il joue
au tennis, Capella croit que Roch est
l'auteur de cet attentat et ils se
brouillent. Peu de temps après, Rinaldi est
assassiné à l'hôpital, Capella apprend que
le meurtrier n'est autre que " le danseur "
, qui pour se venger de l'incendie de son
local par Roch a assassiné Rinaldi pour
semer le trouble entre Roch et Capella et
voir Marello se venger afin de récupérer
les deux empires criminels. Un membre de
122
la bande se charge d'exécuter "le
danseur" . Réconciliés et pour se venger de
Marello qui a tenté de les tuer, les deux
amis échaffaudent un plan audacieux
consistant à aller jouer au casino de
Marello, le tuer discrètement et organiser
au même moment un braquage du casino
par leur propre bande . Ce plan réussit à
merveille et leur permet de prendre le
contrôle de Marseille, face à une police
impuissante qui sait parfaitement qu'ils ne
sont pas innocents mais qui ne dispose
d'aucune preuve pour les arrêter . Roch
123
organise alors une réception pour fêter
leur succès mais Capella lui fait
comprendre qu'il vaut mieux que lui-même
parte de Marseille pour ne pas briser leur
amitié et qu'ils ne s'entretuent pas.
124
Anecdotes :
Pendant l’été 1968, Jacques Deray tourne
La Piscine dans une villa de Ramatuelle.
Après chaque journée de travail, une fois
l’équipe partie, il aime à se retrouver avec
Alain Delon. "Je me souviens de ce soir-là,
dans ce lieu abandonné, de notre
conversation à une voix, qui allait donner
naissance à une autre formidable aventure
: Borsalino. Alain vient de lire le livre
d’Eugène Saccomano, "Bandits à Marseille"
et particulièrement un chapitre sur
Carbone et Spirito qui régnèrent en
125
maîtres absolus sur la pègre marseillaise
dans les années 30. Jean-Paul Belmondo et
Alain Delon seront les deux personnages.
Quelques mots lancent la machine : "J’en
serai le producteur", dit Alain Delon."
Contacté, Jean-Paul Belmondo ne se
prononce pas mais Alain Delon continue sur
sa lancée. Il sait que leur réunion à l’écran
fera des étincelles, eux qui ne se sont
croisés qu’à leurs débuts dans Sois belle
et tais-toi et au détour d’un plan de Paris
brûle-t-il ?. Jacques Deray écrit avec
Jean Cau et Claude Sautet trente pages
126
qui sont ensuite transmises à Jean-Claude
Carrière pour le scénario définitif. "Nous
voulions faire un film de gangsters,
explique ce dernier, mais dans une
certaine tradition française, celle de
Jacques Becker. C’est-à-dire un certain
intimisme et un certain humour à
l’intérieur d’une histoire violente. Le
premier problème était donc de trouver le
ton et le charme du film. Le second
problème de scénario consistait à faire un
film de deux heures sans intrigue
construite et sans nœud dramatique. Nous
127
voulions faire une chronique, on voulait
faire un fleuve qui n’ait, à la limite, ni
début, ni fin, et qui charrie des
personnages secondaires, des anecdotes
qui se croisent, qui s’entrecroisent. "
Alain Delon est satisfait par le script et le
soumet à Jean-Paul Belmondo, qui accepte
aussitôt. Le projet prend alors une grande
ampleur et pour le financer, Alain Delon
128
s’associe avec la Paramount. Le film,
intitulé Carbone et Spirito, est annoncé en
mars 1969. Aussitôt, le milieu marseillais
tente de faire pression sur la production.
Le frère de Paul Carbone s’épanche dans la
presse : "Si on tourne ce film, je sais bien
ce qu’on va dire : que mon frère et Spirito
étaient des gangsters et qu’ils ont fait pis
que pendre. Cela, je ne le veux pas parce
que c’est faux." De plus, le scénario évoque
l’Occupation, période pendant laquelle les
deux caïds ont collaboré. Plus personne à
Marseille ne veut s’impliquer dans le film
129
et Jacques Deray reçoit même des
menaces par téléphone. Alain Delon, qui a
quelques relations dans le milieu et ne s’en
est jamais caché, décide de prendre le
taureau par les cornes et s’envole pour la
Corse. "À son retour, se souvient Jacques
Deray, tout démarre sur de nouvelles
bases qui compromettent à peine l’esprit
du film. Le titre provisoire Carbone et
Spirito sera modifié ainsi que le nom des
personnages. L’histoire s’arrête en 1939 –
quelques critiques nous le reprocheront.
Les héros de Marseille 1930, nouveau
130
titre, s’appellent désormais Roch Siffredi,
nom emprunté à notre régisseur vedette
bien connu dans la cité phocéenne, et
François Capella." Alain Delon a finalement
l’idée du titre définitif, Borsalino, d’après
la célèbre marque de chapeaux.
Jacques Deray tient à ce que Marseille
soit le troisième personnage du film. Il se
plonge dans les journaux et les archives de
131
l’époque et obtient même l’aide de
Jacques-Henri Martigue, qui met à sa
disposition ses photos prises dans les
années trente. "À ce moment-là, il n’y avait
pas encore de musée de l’automobile, et
j’ai pu récupérer des tas de voitures de
l’époque. J’ai aussi complètement
transformé plusieurs rues de Marseille !
On avait enlevé les clous, les antennes, les
feux rouges… J’ai fait venir des vieux
trains à vapeur dans les gares…" Le
décorateur François de Lamothe construit
une maquette de 50 mètres de haut du
132
pont transbordeur, qui enjambait le port
de Marseille jusqu’en 1944. "À trois
semaines du tournage alors que tout est
presque prêt, se souvient Jacques Deray,
il se produit un phénomène rare, une
dévaluation du dollar. Le budget du film qui
a été calculé en dollars est brutalement
amputé de 17%. Alain Delon et son
directeur de production nous convoquent,
Carrière et moi, et nous disent : "Il faut
enlever 17% sinon le film ne peut pas se
faire." Affres du scénariste, qui a eu
beaucoup de peine à équilibrer les deux
133
rôles, et qui doit maintenant trancher dans
son travail. Nous nous y sommes tous mis,
préférant couper de longs morceaux au
lieu de rogner ici et là.
Toute une scène de train est supprimée,
ça coûte cher les trains d’époque, qui plus
est avec un déraillement. C’était la scène
finale, qui s’inspirait directement de la
mort de Carbone. Nous avons épargné nos
17% - et tourné le film. " Le tournage 134
débute à la mi-septembre 1969. Une des
premières scènes est la rencontre
Siffredi-Capella qui se solde par une
bagarre. Jacques Deray doit travailler
avec le cascadeur Yvan Chiffre, qui a été
imposé par Alain Delon (les deux hommes
sont amis depuis l’inachevé Marco Polo en
1962). Il n’apprécie pas du tout ce passe-
droit et le fait savoir à Chiffre, dès leur
première rencontre, insistant sur le fait
qu’il est le seul maître à bord. Lors de la
séance préparatoire de la scène, le
réalisateur lui indique qu’il veut un combat
135
dans le style de L’Homme tranquille de
John Ford. "Aussitôt, je lui fais remarquer
que ce n’est pas possible : la morphologie
des deux acteurs n’est pas la même. Dans
L’Homme tranquille, il y a Victor MacLaglen
et John Wayne, qui font tous deux 1, 95m.
Alain Delon et Jean-Paul Belmondo ont une
morphologie plutôt longiligne, ce qui
implique un style de bagarre totalement
différent. (…) À l’exposé de mes
arguments, Jacques Deray se fâche rouge.
-Monsieur Chiffre, je vous avais bien mis
en garde : je suis le metteur en scène et
136
je veux que la bagarre se fasse comme je
veux. C’est bien compris ?"
La scène est tournée selon les instructions
de Jacques Deray. Deux jours plus tard,
après la projection des rushes, Yvan
Chiffre se jette à l’eau. "Ça fait faux... On
n’y croit pas." Aussitôt, Alain Delon et
Jean-Paul Belmondo demandent à
retourner la scène selon ses indications.
Sur le plateau, Jacques Deray ne cache
pas son irritation mais se plie au bon
vouloir de ses stars. Après la projection
de la nouvelle version, il reconnaîtra
137
cependant que Chiffre avait eu raison.
Une autre scène physique va poser
problème, celle où l’ancien catcheur André
Bollet (dans le rôle du caïd Poli) gifle
Nicole Calfan (qui a folâtré avec Capella).
"Bollet devait s’arrêter à un centimètre de
ma joue, mais il avait tellement peur de me
faire mal qu’on n’arrivait pas à tourner, se
souvient l’actrice. Alain est alors allé le
138
voir en lui disant : "Tu lui en mets une
magistrale, et il n’y aura qu’une prise.
"Alain m’a ensuite prévenu que cela serait
une gifle pour de vrai, mais qu’avec Jean-
Paul ils avaient préparé des glaçons afin
d’atténuer ma douleur. Comme promis, il
n’y eut effectivement qu’une seule prise."
Le tournage se passe agréablement et
dans la bonne humeur. Sur le port, entre
deux prises, Jean-Paul Belmondo et Alain
Delon parient mille francs avec un
gendarme qu’il n’est pas capable de sauter
dans l’eau tout habillé. Le fonctionnaire
139
s’exécute immédiatement… "Avec Jean-
Paul, nous étions en perpétuels fous rires,
se souvient Catherine Rouvel. Il fallait que
quelqu’un vienne nous demander d’arrêter
car nous gênions le tournage !" Qu’en est-il
des deux stars, dont la presse guette la
moindre mésentente ? "Il n’y a pas eu
vraiment de conflit, affirme Jacques
Deray. On ne peut pas dire qu’il y avait
entre eux une amitié débordante, mais ils
faisaient leur boulot. Il fallait en face
d’eux un metteur en scène qui aime bien
les acteurs pour leur donner de
140
l’importance à tous les deux et ne pas
jouer l’un par rapport à l’autre." Le
maquilleur Charly Koubesserian, grand ami
de Bébel, renchérit : "Quitte à casser des
légendes, je témoigne que tout s’est très
bien passé durant ce tournage. Il y avait
bien sûr une compétition entre les deux
stars, une compétition amicale. Et les
accrochages qu’il y a eu - car il y en eut
quelques uns - ne furent que les
accrochages habituels entre deux stars."
Pour la musique, Alain Delon et Jacques
Deray veulent que Claude Bolling arrange
141
et réenregistre des vrais airs de l’époque.
Mais le compositeur leur demande de lui
faire confiance et de le laisser leur
proposer des créations originales.
À titre d’exemple, il fait écouter au
réalisateur un morceau qu’il vient
d’enregistrer pour un 45 tours non encore
édité. "J’ai senti Jacques Deray se fixer
immédiatement sur ce son de piano
bastringue quand il m’a simplement dit "je
142
veux ça !" J’étais très ennuyé puisque
cette mélodie n’était pas "disponible" et je
lui ai expliqué que j’allais lui faire une
musique dans le même genre. Jacques me
répondit qu’il ne voulait pas d’une musique
dans le même genre. Il voulait cette
mélodie-là et pas une autre !" Le titre sera
un énorme succès et contribuera au succès
du film.
Par contrat, il était prévu que l’affiche et
le générique soient ainsi libellés : "Adel
Production présente Belmondo/Delon". Or,
une fois la maquette de l’affiche réalisée
143
(par René Ferracci), l’acteur-producteur
refuse de la présenter à sa co-vedette.
Lorsque cette dernière s’aperçoit qu’est
écrit "Paramount présente une production
Alain Delon : Belmondo/Delon dans
Borsalino", il intente un procès. La justice
ne lui donnera raison qu’en 1972 mais en
attendant, il refuse de participer à la
promotion et le différent est largement
évoqué dans la presse. Ce qui n’empêche
pas le film faire un triomphe…
144
Le commissaire Philippe Jordan est un flic
aux méthodes expéditives et encombrant
pour ses supérieurs comme pour ceux qu'il
traque. Notamment pour ses méthodes peu
en rapport avec la légalité, mais ne
manquant pas d'efficacité. Récemment
145
muté à Marseille, il veut mettre hors
d'état de nuire Sauveur Meccaci, un
trafiquant de drogue pour qui Jordan
éprouve de la rancœur. Pour cela, après
une poursuite en hélicoptère puis en
sautant sur un bateau, il saisit deux cents
kilos d'héroïne et les jette à la mer. Mais
Jordan est renvoyé suite à la découverte
d'un cadavre dans son living pour le faire
tomber. Jordan se retrouve dans un
commissariat de police parisien, un «
placard à balai », où il fait équipe avec
l'inspecteur Rojinski, l'un de ses amis dans
146
le commissariat.
Mais Jordan s'est toujours fixé un
objectif : coincer Meccaci. Et il ne néglige
aucune piste pour obtenir des témoignages
contre lui. Il fréquente donc les lieux les
plus mal famés de la capitale, se liant au
passage avec Livia Maria Dolores, une
prostituée qu'il défend contre ceux qui lui
reprochent de parler à un flic. Il compte
aussi sur ses vieilles connaissances :
Francis Pierron, patron d'une salle de boxe
qui s'occupe aussi de machines à sous ; «
Tonton », qu'il a mis à l'ombre, mais qui le
147
renseigne à condition qu'il arrache sa fille
au squat des Antillais.
Ainsi Jordan arrive-t-il à « Freddy le
chimiste », ancien complice de Meccaci.
Contre une somme rondelette, Freddy
accepte de témoigner, mais un sbire de
Meccaci le tue. Jordan rattrape le tueur,
qui ne dit rien. Puis Meccaci fait abattre
Francis car il a refusé sa « protection ».
Jordan se venge en neutralisant les tueurs
lors d'une course-poursuite en voiture.
Contacté par un certain Baldi, Jordan doit
arriver jusqu'au caïd, mais il déjoue un
148
piège en neutralisant les tireurs, qui ont
tué Baldi sur leur passage.
Avec l'arme de Baldi, Jordan rencontre
Meccacci afin de le tuer et le tue.
Quelques heures plus tard, Rojinski
annonce à Jordan l'assassinat de Meccaci.
Le commissaire prend un air étonné.
149
Anecdotes :
Le Marginal marque les retrouvailles entre
Jean-Paul Belmondo et le réalisateur
Jacques Deray treize ans après Borsalino.
Ils se retrouveront trois ans plus tard
pour Le Solitaire.
La scène de la poursuite entre les bandits
qui roulent dans une Plymouth Volare et le
commissaire Jordan dans sa Ford Mustang
1967 survitaminée se veut un hommage à la
scène de poursuite de Bullitt et à Steve
Mac Queen (décédé trois ans plus tôt).
Elle a été tournée à Aubervilliers mais
150
aussi dans le 19e arrondissement, le long
du bassin de la Villette et dans le 13e
arrondissement sur le boulevard Auguste
Blanqui. Deux Ford Mustang ont été
utilisées pour la poursuite. L'une des deux
Mustang a été préparée par Joe Cote à
Villepinte. Elle est dotée de pneus plus
larges et disposait d'environ 400 chevaux,
elle a été rachetée par un collectionneur.
La deuxième Mustang, qui a été
endommagée par Jordan lors de la
poursuite, est une Mustang classique avec
les pneus d'origine ; elle fut longtemps
151
entreposée à La Ferté Alais avant d'être
détruite.
- On balance pas, on renseigne. C'est bien
connu
- Est-ce que Louis XVI se plaisait à
Versailles? Pas sûr. Mais il habitait chez
son père. Je suis assez pour ces traditions
là.
- Si je le trouve pas avant que Meccachi le
trouve, Alfred, la chimie française sera en
deuil, comme pour Pasteur. Mais y'aura pas
152
de boulevard Alfred.
J.P Belmondo
- Si il a eu une jeunesse agitée, je lui
promets une vieillesse paisible... Pendant
vingt ans, en centrale.
- Pourquoi appuyer sur une gâchette quand
il suffit d'appuyer sur un bouton?
153
Le commissaire Stan et son ami,
l'inspecteur Simon, envisagent de quitter
la police pour aller mener une existence
plus paisible aux Antilles. Dans une boîte
de nuit, en faisant une visite de routine, ils
repèrent Schneider, un redoutable truand,
l'ennemi public n° 1. Au moment de
l’appréhender, Simon se fait tuer par le
154
criminel. Stan décide de rester dans la
police et cherche à venger Simon. Parrain
de Christian, le fils de Simon, qui vit
tantôt en pension, tantôt chez lui, il prend
en charge son éducation.
Deux ans ont passé et Stan est à la tête
de l'Office de répression du banditisme
lorsqu'on lui signale que Schneider refait
surface à Paris. Une longue traque
commence...
155
Anecdotes :
Il s'agit du dernier film dans lequel Jean-
Paul Belmondo incarne un personnage de «
superflic ». Les résultats financiers du
film constituent un échec selon les
critères habituels des films interprétés
par Belmondo. Pour l'acteur, le Solitaire
était « le polar de trop. J'en avais marre
et le public aussi »1. Il s'agit, en outre, du
dernier film d'action pure contenant des
cascades effectuées par Bebel lui-même,
puisqu'il sera victime d'un grave accident
quelques mois après, en essayant, pour une
156
émission de télévision, de se poser à pleine
vitesse sur le toit d'un 4×4 en étant
accroché au train d'atterrissage d'un
avion. Après ce film, Jean-Paul Belmondo
tournera — dans un registre très
différent — Itinéraire d'un enfant gâté
de Claude Lelouch l'année suivante qui lui
permettra de renouer avec le succès, de
renouveler son image et de remporter le
César du meilleur acteur (prix qu'il
refusera cependant. Il se consacrera
ensuite davantage au théâtre qu'au
cinéma. Ce film marque également la
157
dernière collaboration entre Belmondo et
Jacques Deray, après trois collaborations
ensemble (Par un beau matin d'été en
1965, Borsalino en 1970 et Le Marginal en
1983). Dans la scène de la boîte, aux
toilettes, en sortant, Michel Creton récite
une partie de la tirade du sketch de
l'addition, utilisé dans Les Bronzés,
lorsque la discussion vient à porter sur
l'ouverture d'un restaurant dans les îles.
Collègues et néanmoins amis dans le film,
Jean-Paul Belmondo et Michel Creton le
sont également dans la vie privée.
158
Belmondo époque Lelouch :
Abandonnant ses études, Claude Lelouch
part effectuer des reportages dans le
monde entier (Quand le rideau se lève,
filmé illégalement en URSS en 1957).
Après avoir tourné plusieurs courts-
métrages dans le cadre du Service
Cinématographique des Armées, il fonde
159
en 1960 sa propre maison de production,
Les Films 13, et réalise son premier long
métrage de fiction, Le Propre de l'homme,
cuisant échec financier et critique. Si ses
essais suivants ne sont guère remarqués
(La Femme spectacle est même censuré en
1964), il obtient un succès d'estime avec
Une fille et des fusils, inspiré des thrillers
américains.
Mais c'est avec Un homme et une femme,
dans lequel Jean-Louis Trintignant et
Anouk Aimée vivent une passion amoureuse
sur la plage de Deauville, que Claude
160
Lelouch connaît brusquement la gloire en
1966. Palme d'Or au Festival de Cannes et
couronné par deux Oscars, le film -qui
donnera lieu à une suite 20 ans plus tard-
étonne par son style pris sur le vif, dû à la
spontanéité des comédiens (qui ne
connaissent leurs répliques qu'au dernier
moment) et à la virtuosité d'un filmage en
caméra légère. Cette méthode deviendra
la marque de fabrique d'un cinéaste qui se
frottera à différents genres, de la
comédie sociale (Smic, Smac, Smoc) à la
fresque historique (Toute une vie) en
161
passant par le polar (Le Voyou en 1970).
Adoptant le plus souvent un ton léger (L'
Aventure c'est l'aventure et sa bande de
Pieds Nickelés), il reste fidèle à la
thématique des Hasards ou coïncidences,
titre d'un film de 1998.
Amoureux des acteurs, Claude Lelouch
fait tourner les stars du cinéma français-
Deneuve, Montand ou encore Belmondo
dans Itinéraire d'un enfant gâté- mais
fait aussi régulièrement appel à des
comédiens non-professionnels, de Bernard
Tapie à Patricia Kaas. A l'intérieur de
162
castings souvent pléthoriques, on note la
présence de fidèles tels que Villeret (qu'il
révèle dans Le Bon et les méchants en
1976), Huster et Charles Gérard.
Brouillant les frontières entre réalité et
fiction, le cinéaste filme volontiers les
femmes de sa vie -Evelyne Bouix, Marie-
Sophie L. et Alessandra Martines - dans
des films-fleuves qui font s'entrecroiser
les époques (Les Uns et les Autres, un de
ses plus gros succès) et les intrigues
sentimentales (Il y a des jours... et des
lunes, Tout ça... pour ça !).
163
Se lançant régulièrement des paris fous,
Claude Lelouch retrace la passion entre
Piaf et Cerdan dans Edith et Marcel
(1983), conte une histoire d'amour qui
court sur 2000 ans dans La Belle histoire
(1992) et transpose le chef d'oeuvre de
Victor Hugo à l'époque contemporaine
dans Les Misérables en 1994. Si ses
audacieuses entreprises ne rencontrent
pas toujours le public, il obtient au fil du
temps la reconnaissance d'une partie de la
critique. Réalisateur, scénariste,
producteur, et parfois distributeur,
164
Claude Lelouch se lance en 2004 un
nouveau défi en échafaudant une trilogie
intitulée Le Genre humain. Mais après le
cuisant échec du premier volet, il doit
renoncer à ce projet. Meurtri, il tourne
incognito son film suivant, Roman de gare,
présenté en Séance spéciale à Cannes en
2007 avant de retrouver son actrice
principale Audrey Dana, trois ans plus tard
pour Ces amours-là, une fresque
sentimentale emblématique de son œuvre,
à laquelle il pense depuis 40 ans.
165
Le hasard encourage la rencontre aux
États-Unis d'une actrice et d'un
compositeur, tous deux français. Laissant
son mari et sa fille à Paris, Françoise,
actrice de cinéma renommée, s'envole
pour les États-Unis, où l'attend un
tournage. Compositeur, Henri, marié à une
166
Italienne, est venu seul à New York pour
enregistrer la musique du film. Les aléas
du tournage les conduisent bientôt tous
deux à Los Angeles. Là, ils font
connaissance, prennent un verre ensemble
et deviennent amants. Le lendemain, Henri
décide de retarder son retour de vingt-
quatre heures pour emmener Françoise à
Las Vegas. Une nouvelle nuit d'amour plus
tard, ils louent une voiture et entament un
périple à travers les États-Unis avec
l'intention de rejoindre New York....
167
Enfant trouvé élevé dans le milieu du
cirque, Sam Lion a dû faire une
reconversion forcée après un accident de
trapèze et est devenu chef d'entreprise.
Mais la cinquantaine passée, il se lasse de
ses responsabilités et de son fils, Jean-
Philippe, dont la collaboration ne lui est
168
pas d'un grand secours. Il décide alors de
disparaître en mer. Mais son passé va le
rattraper en la personne d'Albert
Duvivier, un de ses anciens employés. Il se
perd puis prend peu à peu conscience de
l'essentiel de sa vie.
Anecdotes :
Sam : Il s'appelle Sam, il a six mois et je
169
suis grand-père, c'est ça ?
Victoria : ...
Sam : Où est le père ?
Victoria : ...
Sam : Il est pas là ? Normal
Victoria : ...
Sam : Le papa est au courant au moins ?
Victoria : ...
Sam : C'est mieux comme ça. Vous voulez
connaître le fond de ma pensée ?
Victoria : ...
Sam : Je suis l'homme le plus heureux du
monde.
170
Sam : Bon eh ben, y va falloir la jouer très
serré.
Al : D'accord.
Sam : T'es prêt ?
Al : Qu'est-ce que vous entendez par
"serré" exactement ?
Sam : Ca veut dire qu'à partir de
maintenant tu feras plus un geste, tu diras
plus un mot sans m'en parler. Et en 6 mois
tu vas devenir le roi du business en
France. T'es prêt ?
Al : Ouais...
Sam : Puis alors tu vas changer de costard
171
hein... parce que les rayures avec les
rayures ça va pas du tout.
Al : Ah je savais pas m'sieur.
Sam : Alors à partir de demain tu vas
prendre une chambre en ville. Dans un
hôtel. De luxe. 4 étoiles. Pi tu vas
apprendre à dire bonjour.
Al : Pardon ?
Sam : Je dis qu'tu vas apprendre à dire
172
bonjour. C'est la chose la plus importante
dans la vie. Si tu dis bien bonjour t'as fait
la moitié du chemin. Dis-moi bonjour.
Al : Bonjour.
Sam : Non, là t'as l'air de m'dire au
revoir. Dis-moi vraiment bonjour.
Al : Bonjour.
Sam : Non, dis-moi bonjour comme si
j'étais un malade.
Al : Ben, bonjour...
Sam : Refais-le voir ça.
Al : Bonjour...
Sam : Voilà, je sens que tu es prêt à faire
173
des choses pour moi, mon cas t'intéresse
plus que le tien. C'est ça qui intéresse les
gens : c'est que tu leur parle d'eux, pas de
toi. Allez redis-moi bonjour.
Al : Bonjour.
[Sam fait la moue]
Al : Non, j'l'ai loupé celui-là. J'm'en suis
rendu compte après... Bonjour...
Sam : Voilà, tu vois, tu le sens de toi-même
maintenant.
Al : Oui, j'le sens. J'peux sourire en même
temps ?
Sam : Tu peux si on sent dedans une
174
certaine compassion.
Sam : Etant donné que tu vas être
confronté à pas mal de choses que tu ne
connais pas, tu vas faire semblant de les
connaître. Et le meilleur moyen de faire
croire que tu connais tout, c'est de jamais
avoir l'air étonné. T'as compris ? Parce
que toi, tu as souvent l'air étonné. C'est
ton défaut.
[Al est étonné]
175
Sam : Tu vois ?
Al : Oui...
Sam : Bon, on va faire un p'tit test. J'vais
t'dire deux ou trois choses étonnantes
comme ça mais qui devront pas t'étonner.
Al : D'accord.
Sam : T'es prêt ? T'es bien concentré ?
Al : Oui m'sieur.
Sam : Tu sais que ton père était avec le
petit pompiste avant ?
[Al a l'air super étonné]
Sam : Tu vois...
Al : Oui mais...
176
Sam : Ah ben oui mais... non ça doit pas
t'étonner.
Al : D'accord oui, non mais là c'est...
Sam : Ah ben oui, c'est étonnant mais ça
doit pas t'étonner.
Al : D'accord, d'accord.
Sam : Là t'imagines ton père à la pompe
avec le p'tit pompiste.
Al : Oh !
Sam : Ah ben voilà non mais tu
recommences...
Al : Vous avez pas un autre exemple ?
Sam : Ah non mais c'est un exemple
177
saisissant.
Al : D'accord mais celui là il est
saisissant...
Sam : Alors tu te reconcentres.
Al : Ok.
Sam : Tu sais qu'tu ressembles au christ
?Sam : Voilà ! Tu es replongé.
Al : Il faut que je ne fasse rien ?
Sam : Tu ne fais rien. Presque l'œil lointain
178
tu vois ?
Al : Un peu endormi...
Sam : Pas trop...
Al : D'accord.
Sam : Rien.
[Silence, Al ne fait rien]
Sam : Tu vois.
Al : D'accord, là je... allez-y là parce que
je le...
Sam : Non, j'te dis rien, c'est ça qui dois
t'étonner. J'ai senti un p'tit étonnement
dans ton regard.
Al : Non... ça m'étonnerait là, j'ai pas... j'ai
179
fait comme vous m'avez dit là.
Sam : Tu sais que tu me plais bien toi ?
[Al fronce les sourcils pour cacher son
étonnement]
Sam : Voilà....
Al : Mais oui mais je sais pas si...
Sam : C'est ça la chose étonnante.
Al : C'est gênant parce que je sais pas si
vous êtes dans le test ou...
Sam : Ah non on est dans le test.
Al : Oui, non, mais vous me dites...
Sam : Oui mais ça devrait pas t'étonner.
Al : Oui d'accord.
180
Sam : Bon, t'es croyant ?
Al : Ben... euh... je sais pas m'sieur, je sais
pas c'qui faut dire, c'est comme vous
voulez, c'est pas...
Sam : Avec mon fils t'es très croyant,
avec ma fille t'es complètement athée.
Al : Parfait. Et avec vous, je dois être
comment ?
Sam : Moi je crois qu'aux mathématiques.
181
Donc on a que ce qu'on mérite.
Al : Et vous pensez que... que je mérite
d'être là avec vous ?
Sam : Je commence à le croire.
Sam : Dis donc, pendant que j'y pense, dis
aussi à ton père de plus écouter derrière
les portes, ou alors qu'il nous donne
carrément un coup de main.
182
Début XXe siècle. Henri Fortin (Jean-Paul
Belmondo), accusé à tort d'avoir tué son
patron, le comte de Villeneuve, est
condamné au bagne. Sa femme Catherine
(Clémentine Célarié) se réfugie avec leur
fils Henri dans la région d'Arromanches,
chez un aubergiste grippe-sou. 183
À la suite d'une évasion manquée, Henri
père meurt. Devenu adulte, Henri fils
(Jean-Paul Belmondo) est sacré champion
de boxe des poids moyens.
En 1940, devenu déménageur, il aide André
Ziman (Michel Boujenah), sa femme Elise
(Alessandra Martines) et leur fille Salomé
(Salomé Lelouch) à fuir les persécutions
nazies. Pendant leur voyage vers le Jura, il
se fait raconter l'histoire de Jean Valjean
(également interprété par Jean-Paul
Belmondo), surnom qui lui a été donné en
hommage à sa force herculéenne...
184
Anecdotes : “Les Misérables” est un film
qui a mobilisé d'énormes moyens. On
citera les 3000 costumes choisis ou créés
par Dominique Borg, et dont les styles
courent sur plus d'un siècle, de 1830 à nos
jours. Il faut aussi évoquer la cinquantaine
de lieux de tournage, de la Normandie à
la Franche-Comté en passant par le Val
185
d'Oise. Et l'ensemble des matériels
requis, de la Renault modèle 1905 aux
péniches de débarquement de l'opération
“Overlord”, sans omettre la locomotive à
vapeur des années 40, et tous les
matériels équipant les poilus de 14...
Pour la réalisation des décors proprement
dits, Claude Lelouch a fait appel à
Jacques Bufnoir, avec lequel il avait déjà
travaillé sur six films (“Edith et
Marcel”, “Viva la vie”, “Partir,revenir”, “Un
homme et une Femme, vingt ans
déjà”, “Attention bandits” et “Itinéraire
186
d'un enfant gâté”).
Jacques Bufnoir, habitué des grands défis
(il a entre autres décoré “Chouans”,
de de Broca, et “Indochine” de R.
Wargnier), a dû créer pour “Les
Misérables” 52 décors originaux.
187
Belmondo époque Becker :
Fils du réalisateur Jacques Becker, il est
le frère d’Étienne Becker et de Sophie
Becker (épouse de Pierre Vaneck). Jean
Becker débute sa carrière en tant que
stagiaire dans le film de son père, Touchez
pas au grisbi en 1953, film qui contribue à
relancer la carrière de Jean Gabin. Il
188
reste assistant-réalisateur des films de
Jacques Becker pour Montparnasse 19
(1958) et Le Trou (1959). Il est aussi
assistant-réalisateur pour Julien Duvivier
et Henri Verneuil. Son père meurt juste
après avoir fini Le Trou, et Jean Becker
se lance dans l’aventure de la réalisation
avec Un nommé La Rocca avec Jean-Paul
Belmondo (1961), qu’il emploiera dans
Échappement libre et Tendre voyou. Ces
films obtiendront des succès
commerciaux. Après avoir réalisé les
épisodes de la série télévisée à succès Les
189
Saintes Chéries et Pas de caviar pour
tante Olga, incursion inattendue dans le
comique farfelu, il fait une pause de près
de vingt ans avant de revenir derrière la
caméra pour réaliser L’Été meurtrier avec
Isabelle Adjani et Alain Souchon (1983).
Le film obtient un énorme succès et se
voit nommé au Festival de Cannes pour la
palme d’or et aux Césars. En 1986, il
obtient le César du meilleur film
publicitaire pour Le Clemenceau. Depuis le
succès public et critique d’Élisa avec
Vanessa Paradis et Gérard Depardieu,
190
Becker tourne régulièrement avec les
mêmes acteurs, entre autres, Jacques
Villeret, Suzanne Flon et André Dussollier
pour les succès Les Enfants du marais
(avec Michel Serrault), Un crime au
paradis (avec Josiane Balasko), inspiré du
film La Poison de Sacha Guitry, et
Effroyables jardins (avec Thierry
Lhermitte et Benoît Magimel) d’après le
livre éponyme de Michel Quint. Il a fait
tourner Daniel Auteuil et Jean-Pierre
Darroussin dans Dialogue avec mon
jardinier, sorti en 2007. Puis c’est au tour
191
d’Albert Dupontel de tenir le rôle principal
de Deux jours à tuer où il partage l’affiche
avec Marie-Josée Croze et Pierre Vaneck.
En septembre 2009, il tourne La Tête en
friche, dans sa patrie de Charente-
Maritime, avec Gérard Depardieu et Gisèle
Casadesus. Il est le Président d'honneur
de Un réalisateur dans la ville, en 2010 à
Nîmes, festival parrainé par Carole
Bouquet et Gérard Depardieu. Il est le
grand-oncle de deux acteurs de la série
Plus belle la vie, Aurélie Vaneck et Thibaud
Vaneck.
192
Roberto La Rocca, au passé trouble, s'est
retiré des « affaires » à la campagne. Un
jour, un informateur lui apprend que son
ami Xavier Adé a été injustement
incarcéré pour meurtre. Afin de venir en
aide à son ami, La Rocca contacte à
Marseille Villanova, l'ex-associé de Xavier
193
qu'il soupçonne de cette machination. Lors
de leur affrontement, La Rocca l'abat et,
du coup, renoue avec le milieu en
accaparant son tripot. Il poursuit
néanmoins son objectif en joignant
Geneviève, la sœur de Xavier. Lors d'un
racket, il est blessé et capturé. Il
retrouve Xavier en prison. On leur propose
d'anticiper leur libération s'ils acceptent
de participer au déminage de garrigues
maritimes restées piégées depuis la
Seconde Guerre mondiale. Lors de l'une de
ces dangereuses opérations, Xavier perd
194
un bras en voulant protéger La Rocca. Cet
acte héroïque leur vaut d'être
immédiatement libérés. Pour l'avenir,
Xavier et Geneviève souhaitent s'associer
avec La Rocca en achetant ensemble une
grande propriété. Sans en informer La
Rocca, Xavier profite de l'infirmité de
Nevada, un riche truand, pour lui
extorquer l'argent nécessaire. Pendant
que Xavier est parti signer l'acte d’achat,
les hommes de main de Nevada font
irruption à son domicile où ils trouvent La
Rocca et Geneviève. Durant la rixe qui
195
s'ensuit, Geneviève est mortellement
blessée en s'interposant devant le
revolver qui visait La Rocca. Celui-ci rompt
définitivement son amitié avec Xavier qu'il
rend responsable du décès de Geneviève.
Anecdotes : Insatisfait de l'adaptation
cinématographique de son roman
effectuée par Jean Becker, José Giovanni
196
réalisera sa propre version en 1972, sous
le titre La Scoumoune, toujours avec
Jean-Paul Belmondo en vedette…
Au début des années 1960, Jean-Paul
Belmondo vint par deux fois à Martigues
lors des tournages des premiers longs
métrages de fiction des fils de deux
talentueux réalisateurs. En 1961, il est en
compagnie de Pierre Vaneck dans les
garrigues martégales2 pour les scènes du
déminage dans le dramatique Un nommé La
Rocca réalisé par Jean Becker3 tandis
qu’en 1963 il se retrouve avec Jeanne
197
Moreau sur un quai du centre-ville pour
quelques plans de la comédie Peau de
banane réalisée par Marcel Ophüls4. Deux
productions franco-italiennes filmées en
noir et blanc par des fils qui, en dignes
héritiers de leurs pères, deviendront
également de talentueux cinéastes.
198
David est un contrebandier de bijoux et
d'or. Il est commandité pour passer au
Liban une voiture chargée d'or. Il est
accompagné de la charmante Olga. Il
décide au cours du voyage de faire
cavalier seul. Olga l'accompagne par
obligation. Son patron, mécontent, lance
ses tueurs à leurs trousses...
199
200
Fraîchement et violemment renvoyé de son
travail suite à un accident de voiture,
Antoine Maréchal dit "Tony" et son ami
Bob décident de se faire entretenir par
des femmes fortunées qui leur permettent
le temps d'une liaison de mener grand
train.
201
Aux sports d'hiver, il rencontre Muriel qui
tombe amoureuse de lui et lui propose de
vivre ensemble. Il part aussitôt au bras
d'une riche héritière. Plus tard, à Cannes,
il ne peut assurer les appétits sexuels de
la baronne von Strasshofer. Le voici
installé sur le yacht de la belle, où il fait la
rencontre de Véronique, dont il s'éprend.
Mais celle-ci loin d'être dupe, cerne
rapidement le caractère de l'individu, et
ne le croit pas quand il lui dévoile la vérité.
Antoine reviendra en France continuer sa
vie de gigolo...
202
Anecdotes :
- O tempora, O mores!
- Quoi?
- J'essaye de tirer l'enseignement des
choses. Le drame de l'homme moderne
c'est la franchise, la sensibilité. Surtout
avec les dames. Ca pardonne pas. Tu sais
on devrait toujours les mener à la
203
baguette, jamais mollir.
- J'ai jamais molli!
- Oh, toi, toi, toi! J'essaye de poser des
principes philosophiques et tu ramènes
tout à ta petite personne! J'te cause plus,
tiens!
J.P. Belmondo/J.P. Marielle
204
BONUS
205
Belmondo époque Rappeneau :
Jean-Paul Rappeneau débute au cinéma
comme assistant. Il collabore notamment à
des courts métrages d'Edouard Molinaro.
Puis il s'essaie au scénario. En 1958, il
travaille sur une adaptation des Trois
Mousquetaires pour Jacques Becker, mais
le projet s'arrête avec le décès du
206
réalisateur. En 1959, il co-écrit le scénario
de Signé Arsène Lupin d'Yves Robert. Son
talent se confirme dans ses collaborations
avec Louis Malle : Zazie dans le metro,
d'après Raymond Queneau, en 1960 et Vie
privee en 1961. En 1964, il co-signe le
scénario de L' Homme de Rio de Philippe
de Broca. Les trépidantes tribulations de
Jean-Paul Belmondo rencontrent un
énorme succès.
Après avoir écrit pour les autres, Jean-
Paul Rappeneau se consacre à son premier
film en tant que réalisateur et scénariste.
207
La Vie de château remporte le prix Louis-
Delluc en 1966. Malgré un succès public et
critique, Rappeneau s'absente des écrans
pendant cinq ans. En 1971, il revient avec
Les Maries de l'an II, incarnés par Jean-
Paul Belmondo et Marlène Jobert. En
1973, il retrouve le tandem De
Broca/Belmondo pour Le Magnifique, dont
il est une nouvelle fois le co-scénariste.
A partir de 1975, Jean-Paul Rappeneau
met ses talents de scénariste au service
de ses réalisations seulement. Auteur
complet, il écrit et met en scène les
208
aventures rocambolesques du Sauvage,
incarné par Yves Montand. Le film est un
succès, public et critique. Perfectionniste,
le cinéaste prépare longuement ses
projets, ce qui explique les longs moments
d'absence qui jalonnent sa carrière. Voilà
pourquoi Jean-Paul Rappeneau attend six
ans avant de sortir Tout feu tout flamme
(1981). Il y retrouve Yves Montand, cette
fois en compagnie d' Isabelle Adjani. Le
film est encore plébiscité par les
spectateurs.
Long silence à nouveau, puis en 1990, Jean-
209
Paul Rappeneau crée l'évènement avec
Cyrano de Bergerac. La critique salue son
adaptation de la pièce d'Edmond Rostand.
Gérard Depardieu excelle en Cyrano. Fort
de ce succès, Rappeneau décide de porter
à l'écran Le Hussard sur le toit de Jean
Giono, roman célèbre et réputé difficile à
adapter.
En 2003 sort Bon voyage. Le film
bénéficie d'un scénario original et d'un
casting prestigieux. Il marque les
retrouvailles de Jean-Paul Rappeneau,
Gérard Depardieu et Isabelle Adjani.
210
1793, Nicolas Philibert, qui a fait fortune
au Nouveau-Monde après y avoir été exilé,
revient en France pour divorcer.
Il retrouve sa femme Charlotte dans le
camp des royalistes où elle est aimée d’un
marquis et courtisée par un prince. Après
maintes péripéties, ils finissent par 211
divorcer. Mais plus tard, aux côtés des
soldats de l’An II qui défendent la
République, ils s’aperçoivent qu’ils s’aiment
encore.
Anecdotes : Jean-Paul Rappeneau avait
pensé à Catherine Deneuve, mais celle-ci
n'était pas libre. Puis à Julie Christie et
Warren Beatty qui aurait pu aussi le
212
produire. Le producteur fit appel à
Marlène Jobert. Jean-Paul Rappeneau
souhaitait à l'origine faire tourner Claude
Jade et Michel Duchaussoy pour le frère
et la sœur incestueuse. Il fait finalement
tourner Laura Antonelli (futur fiancée de
Belmondo) et Sami Frey. Patrick Dewaere
très jeune à l'époque a un petit rôle de
jeune soldat de la révolution dans les
séquences finales.
Le film a été tourné en 1968. Certaines
scènes de la révolution se sont inspirées
des évènements de mai 1968 qui ont eu
213
lieu peu de temps avant le tournage.
Le film a été tourné en Roumanie pour
pouvoir mettre en œuvre un très grand
nombre de figurants. Mais il a rencontré
de grosses difficultés de mise en œuvre
du fait de différences culturelles1. Son
tournage a été beaucoup plus long que
prévu, du 3/8/1968 au 17/12/1968.
Mention spéciale pour la musique de Michel
Legrand. Totalement originale, elle
reconstitue l'ambiance musicale d'époque
avec les airs grandiloquents de la
révolution triomphante. Certains passages
214
musicaux sont aussi en parfaite adéquation
avec l'action, comme celui de l'apparition
de Charlotte descendant un escalier en
colimaçon.
FIN
215